Passer à l'action. Les mobilisations émergentes, 2007
La protestation collective, entendue comme une action concertée en vue de défendre ou de promouvo... more La protestation collective, entendue comme une action concertée en vue de défendre ou de promouvoir une cause, constitue aujourd'hui un canal d'expression reconnu et spécialisé, voire normalisé dans les régimes démocratiques. L'analyse de l'action protestataire s'est développée en s'intéressant plus particulièrement à des organisations et des mouvements qui ont connu un relatif succès, bien plus qu'à des mobilisations larvées, mort nées ou tout juste naissantes. Les acteurs des mobilisations ont eux-mêmes comme références les expériences de mobilisations antérieures (« décembre 95 »), qu'ils estiment réussies. En se précisant et s'affinant, l'analyse a été marquée par un déplacement progressif de sa focale du « pourquoi » vers le « comment » des mobilisations. Délaissant les interrogations initiales sur les motifs de révolte et les discours déterministes inspirés par « l'illusion étiologique », les scientifiques s'intéressent aujourd'hui plutôt aux conditions et formes de mise en oeuvre des mouvements sociaux. Le parti-pris, partagé dans cet ouvrage, est de suivre les processus concrets d'action collective avant de les expliquer. Autrement dit, c'est poser l'hypothèse que le surgissement et le déroulement de mobilisations collectives relèvent de logiques pour partie autonomes qui ne peuvent se ramener à des causalités externes. Cette inflexion a eu le grand mérite d'attirer l'attention sur les phases d'émergence et de développement, et plus spécifiquement sur les ressources, le travail de mobilisation, les formes et alliances organisationnelles, les savoir-faire impliqués dans les dynamiques d'action collective. Elle a ainsi donné l'occasion d'étudier avec précision les conditions de structuration d'une action collective.
Ce texte analyse les modes de catégorisation de l'action publique dans les villes. Par-là, il scr... more Ce texte analyse les modes de catégorisation de l'action publique dans les villes. Par-là, il scrute la montée d'un style gestionnaire et les systèmes d'acteurs qui s'en font les relais.
Cette conclusion soulève les questions que posent les groupes d'intérêt du point de vue des décid... more Cette conclusion soulève les questions que posent les groupes d'intérêt du point de vue des décideurs locaux. Elle délimite également les chantiers possibles pour poursuivre la réflexion amorcée dans cet ouvrage.
Gouverner sous pression ? La participation des groupes d'intérêt aux affaires territoriales, 2016
Cette introduction de l'ouvrage "Gouverner sous pression" revient sur les conditions et les modal... more Cette introduction de l'ouvrage "Gouverner sous pression" revient sur les conditions et les modalités d'usage de la catégorie de groupe d'intérêt dans les affaires territoriales. Elle a ainsi pour premier objectif de baliser le questionnement dans la littérature existante et de préciser le statut d’une réflexion sur la catégorie de « groupe d’intérêt » pour l’étude de la politique territoriale. Une fois ce travail effectué, elle problématise les deux axes d’analyse de l’ouvrage : tout d’abord, le renouvellement des modes d’articulation entre la sphère politico-institutionnelle et la société qui, s’il participe à une territorialisation des intérêts, contraint leur définition et leur représentation ; ensuite, l’inégale maîtrise par les groupes d’intérêt des droits d’entrée dans les affaires territoriales qui impliquent l’apprentissage de modes d’action.
Le travail politique n’est pas une activité solitaire d’un élu dans une institution. Il n’est pas... more Le travail politique n’est pas une activité solitaire d’un élu dans une institution. Il n’est pas non plus uniquement encadré, aidé et soutenu par les fonctionnaires en poste (les administrateurs du Parlement et les directeurs des services des collectivités territoriales) ou par les groupes structurés autour d’un parti ou d’une « famille politique ». Entre le milieu des années 1970 et le début des années 1980, le recrutement de collaborateurs a été officiellement autorisé par l’octroi de crédits permettant de les rémunérer. Devenus depuis des agents participant au travail politique dans les institutions, ces nombreux collaborateurs (assistants parlementaires, membres des cabinets des collectivités territoriales, secrétaires de mairie) se sont imposés, certains sous une forme collective (les équipes des parlementaires et les cabinets des exécutifs locaux), d’autres sous une forme individuelle (les fidèles conseillers de certains élus). Tous entourent, encadrent, anticipent, écoutent et rendent compte : ils pallient la difficulté éprouvée par nombre d’élus à ne plus pouvoir satisfaire seuls les obligations de leurs mandats électifs, à ne plus pouvoir agir dans deux espaces en même temps (l’institution et la circonscription). Cet ouvrage est le premier à se pencher sur cette transformation du métier politique par la division nouvelle du travail entre les élus et leurs collaborateurs. Son objectif est double. Le premier est de cerner les catégories de personnels qui composent cette nébuleuse des collaborateurs, au statut peu protecteur et aux carrières peu connues en dehors de leur précarité. Le second est de comprendre tant la part qu’ils prennent au travail politique que la relation particulière qu’ils nouent avec leurs élus et les institutions. Avec ces deux ouvertures sur l’étude du travail de collaboration avec les élus, l’équipe de chercheurs (sociologues, historiens, juristes et politistes) qui a collaboré à cet ouvrage espère offrir une meilleur compréhension des conditions dans lesquelles une partie du travail politique s’effectue, la partie la moins visible, la plus fantasmée, celle composée par ces « hommes de l’ombre ».
Les villes connaissent aujourd'hui une nouvelle actualité. Elles s'imposent comme des lieux centr... more Les villes connaissent aujourd'hui une nouvelle actualité. Elles s'imposent comme des lieux centraux de traitement de toute une série de problèmes. Dans ce contexte, la modernisation de l'action urbaine est devenue un enjeu de réflexion. Cet article aborde le rôle joué par un petit monde d'experts savants dans la rationalisation d'un langage d'action à mesure que se diversifient les instruments et terrains d'intervention dans les villes. Plus précisément, il vise à examiner les principes de raisonnement d'un discours d'expertise et ses effets de réalité.
Si l’on convient désormais aisément que les entourages (conseillers, cabinets, etc.) des élus son... more Si l’on convient désormais aisément que les entourages (conseillers, cabinets, etc.) des élus sont eux-mêmes de véritables acteurs politiques, peut-on en dire autant des consultants ? Cette figure de la fabrique de l’action publique, devenue presque banale tant elle est omniprésente, reste pourtant peu étudiée dans les travaux sur le politique. Le projet de cet article, et du dossier qu’il introduit, est d’esquisser quelques pistes de réflexion en la matière, soit trois manières de considérer le rôle politique des consultants. L’article discute d’une part l’influence présumée qu’ils exercent sur les (ou en lieu et place des) appareils administratifs ; il examine d’autre part l’accent mis par les consultants sur les procédures et les méthodes, qui tend à occulter les enjeux politiques plus qu’à les neutraliser ; il s’interroge enfin sur la contribution que ces acteurs intermédiaires apportent à une normalisation de l’action publique.
Cet article revient sur les élections municipales de 2008 à Nice en s'intéressant aux stratégies ... more Cet article revient sur les élections municipales de 2008 à Nice en s'intéressant aux stratégies discursives des trois principaux candidats. Il analyse pour ces candidats les manières de définir leurs rapports aux lieux et leurs qualités. Il propose une analyse de la production du crédit en politique.
Les maires urbains semblent aujourd’hui s’impliquer massivement dans l’élaboration de projets d’a... more Les maires urbains semblent aujourd’hui s’impliquer massivement dans l’élaboration de projets d’action publique qui leur permettraient de mobiliser des soutiens. Le texte discute la thèse d’une légitimation politique par les outputs qui serait une réponse à une société pluraliste et plus différenciée. Il revient, pour cela, sur les investissements requis pour un usage politique de l’action publique avant de pointer du doigt les incertitudes d’une telle forme de gouvernement.
Le maire doit aujourd’hui savoir s’entourer d’adjoints qui concourent à l’administration territor... more Le maire doit aujourd’hui savoir s’entourer d’adjoints qui concourent à l’administration territoriale. Cet article traite des qualités prisées dans la sélection des adjoints à partir d’une analyse portant sur les communes urbaines. Il revient, d’abord, sur les principales caractéristiques sociographiques de ce personnel exécutif en insistant sur la sélectivité des profils à mesure que l’on progresse dans la hiérarchie municipale et que la taille des communes s’accroit. L’article aborde, ensuite, les attentes et les calculs politiques qui président à la cooptation des adjoints. Finalement, la composition d’un exécutif urbain obéit à une diversité de logiques qui reflète la complexité de ses missions.
La notion d’exécutif local est ici mobilisée dans le but de jeter un nouvel éclairage sur des que... more La notion d’exécutif local est ici mobilisée dans le but de jeter un nouvel éclairage sur des questions éminemment classiques et toujours aussi cruciales. D’une part, elle renvoie à une réflexion sur la différenciation des positions de pouvoir au sein des institutions en mettant particulièrement l’accent sur la sélection des acteurs et la répartition des responsabilités. D’autre part, la notion pousse à réinterroger les rapports des membres politiques d’un exécutif avec les administrations dont ils sont les responsables en s’intéressant, notamment, aux enchevêtrements dans le fonctionnement concret d’une collectivité.
Le département des Alpes-Maritimes est un bastion de droite. Une droite hégémonique mais aussi di... more Le département des Alpes-Maritimes est un bastion de droite. Une droite hégémonique mais aussi divisée et tiraillée, entre concurrence partisane et rivalités familiales. Cette hégémonie n'est pas sans lien avec les transformations profondes-urbaines, économiques et sociologiques-qu'a connues ce département aux cours des dernières décennies.
Alors que les Alpes-Maritimes constituent l’un des départements les plus solidement acquis à la
d... more Alors que les Alpes-Maritimes constituent l’un des départements les plus solidement acquis à la droite gouvernementale, la capitale azuréenne apparaît comme un fief quasiment imprenable. Le premier tour de la présidentielle dessine pourtant un paysage politique plus contrasté : au centre de surenchères et de convoitises, Nice est aussi le lieu de recomposition des droites.
Cette étude permet d’aborder la protection sociale sous un angle trop souvent
négligé, à savoir p... more Cette étude permet d’aborder la protection sociale sous un angle trop souvent négligé, à savoir par les dispositifs d’action non étatiques qui, tout en conservant leurs spécificités, tendent néanmoins à être des composantes essentielles des politiques publiques. Ces dispositifs constituent des outils d’intervention intermédiaires se cumulant aux prestations légales. Nous défendons l’idée selon laquelle les caisses de retraite concourent au fonctionnement des politiques sociales pour personnes âgées, les modalités de cette articulation variant néanmoins dans le temps.
Cet article s’interroge sur le sens que revêt l’expertise et les évolutions qui l’affectent. S’ap... more Cet article s’interroge sur le sens que revêt l’expertise et les évolutions qui l’affectent. S’appuyant sur une revue de littérature, il part du décalage entre l’écho croissant rencontré par cette notion et les incertitudes entourant son identification. L’expertise renvoie à une fonction d’interface qui constitue dans le même temps les conditions de sa variété et de sa fragilité. De ce point de vue, la comparaison de contextes institutionnels différents (les États-Unis et l’Union européenne) permet de saisir la diversité des formes et des usages de l’expertise. À rebours, elle rend compte des spécificités de la situation française même si l’auteur identifie des transformations récentes qui décloisonnent le mode administratif classique de mobilisation de l’expertise.
Cette contribution revient sur l'expérience de la construction du tramway à Nice pour les commerç... more Cette contribution revient sur l'expérience de la construction du tramway à Nice pour les commerçants durant les années 2000. Après avoir replacé les choix autour du tramway dans une démarche de restructuration urbaine, le papier revient successivement sur le management politico-administratif des relations avec les commerçants lors de ce (long) chantier. Il se termine par une mise en perspective des effets d’un tramway, en insistant davantage sur la recomposition de la représentation des commerçants que des commerces.
Cette contribution s'intéresse aux modes d'action de commerçants de détail face aux restructurati... more Cette contribution s'intéresse aux modes d'action de commerçants de détail face aux restructurations urbaines: comment parviennent-ils à faire valoir leurs intérêts? L'approche privilégiée ici met en rapport les échelles de mobilisation sociale et les dynamiques économico-urbaines.
Cet article s’intéresse à une situation de succession politique apparue à Nice dans les années 19... more Cet article s’intéresse à une situation de succession politique apparue à Nice dans les années 1990 à la suite de la fuite de Jacques Médecin et l’arrivée au pouvoir de Jacques Peyrat. Alors que les travaux privilégient traditionnellement les périodes de stabilité dans l’analyse de la gouvernance urbaine, l’étude de ce cas permet de réfléchir sur les conditions et modalités d’un changement politique. Elle croise les logiques de compétition politique et d’action publique pour éclairer la difficulté à construire un nouvel ordre politique. Elle offre l’opportunité de remettre sur le métier les enjeux de leadership et de révéler les logiques diffuses du pouvoir urbain contemporain.
This article examines the evolution and the organization of francophone urban studies. Based on a... more This article examines the evolution and the organization of francophone urban studies. Based on a review of the first twenty one issues of Métropoles, the paper examines the construction and development of this scientific field within the French scientific context and in terms of international scientific trends. Four dimensions are proposed in turn: the disciplinary balances, the objects considered, the areas covered and the methodologies followed. The paper reveals the significant place occupied by public policy analysis, which attracts many authors, notably from geography and urbanism. Since its creation, Métropoles has progressively adopted the debates and concepts that mark the English-speaking community. However, this paper reveals a limited interest for theoretical and political reflection. This paper also offers a number of perspectives which might enrich and renew cumulative research.
Aux mandats locaux restent associées les qualités du dévouement, de la proximité, de l’authentici... more Aux mandats locaux restent associées les qualités du dévouement, de la proximité, de l’authenticité1. Cette croyance bien développée, et en premier lieu chez/par les élus eux-mêmes, mérite pourtant d’être prise avec recul. En tout cas, elle contraste singulièrement avec les résultats de multiples travaux de recherche qui insistent depuis quelques années sur deux points : d’une part, l’inscription croissante de l’action publique au coeur de l’activité politique locale ; d’autre part, la transformation des politiques publiques locales dans le sens d’une plus grande fragmentation des intérêts et spécialisation des savoirs, d’une montée des incertitudes et des risques. Ce contexte interroge dès lors les modes de gouvernement locaux, c’est-à-dire la capacité à traiter des problèmes et à prendre en charge les intérêts sociaux locaux. À ce titre, il suscite des besoins de compétences techniques et de professionnalisme auxquels les élus locaux peuvent difficilement échapper s’ils veulent se doter d’une capacité à agir. Au niveau des villes – qui seront ici privilégiées –, on observe un souci croissant des élus de mettre en exergue l’exemplarité de leur gestion dans une logique de rayonnement et d’attractivité. Cet objectif s’exprime par la définition de stratégies de développement, le lancement de projets ambitieux de requalification des espaces publics, l’organisation de grands événements, la signature de conventions, etc. Mais il suppose des ressources appropriées et notamment la construction de modes de médiation qui, bien qu’elle ne soit pas nouvelle, devient plus que jamais décisive dans un contexte fragmenté2. On voudrait dès lors revenir ici sur l’évolution des moyens nécessaires aux élus pour agir en insistant plus particulièrement sur la mobilisation de ressources techniques et professionnelles. Se dessine en effet un renouvellement des formes d’expertise associé à l’évolution des modes de légitimation des élus locaux. Ces évolutions donnent l’occasion de réinterroger la figure, souvent agitée, de la « technocratie » là où, plus raisonnablement, apparaît une nouvelle division du travail politico-administratif au sein des institutions locales.
Passer à l'action. Les mobilisations émergentes, 2007
La protestation collective, entendue comme une action concertée en vue de défendre ou de promouvo... more La protestation collective, entendue comme une action concertée en vue de défendre ou de promouvoir une cause, constitue aujourd'hui un canal d'expression reconnu et spécialisé, voire normalisé dans les régimes démocratiques. L'analyse de l'action protestataire s'est développée en s'intéressant plus particulièrement à des organisations et des mouvements qui ont connu un relatif succès, bien plus qu'à des mobilisations larvées, mort nées ou tout juste naissantes. Les acteurs des mobilisations ont eux-mêmes comme références les expériences de mobilisations antérieures (« décembre 95 »), qu'ils estiment réussies. En se précisant et s'affinant, l'analyse a été marquée par un déplacement progressif de sa focale du « pourquoi » vers le « comment » des mobilisations. Délaissant les interrogations initiales sur les motifs de révolte et les discours déterministes inspirés par « l'illusion étiologique », les scientifiques s'intéressent aujourd'hui plutôt aux conditions et formes de mise en oeuvre des mouvements sociaux. Le parti-pris, partagé dans cet ouvrage, est de suivre les processus concrets d'action collective avant de les expliquer. Autrement dit, c'est poser l'hypothèse que le surgissement et le déroulement de mobilisations collectives relèvent de logiques pour partie autonomes qui ne peuvent se ramener à des causalités externes. Cette inflexion a eu le grand mérite d'attirer l'attention sur les phases d'émergence et de développement, et plus spécifiquement sur les ressources, le travail de mobilisation, les formes et alliances organisationnelles, les savoir-faire impliqués dans les dynamiques d'action collective. Elle a ainsi donné l'occasion d'étudier avec précision les conditions de structuration d'une action collective.
Ce texte analyse les modes de catégorisation de l'action publique dans les villes. Par-là, il scr... more Ce texte analyse les modes de catégorisation de l'action publique dans les villes. Par-là, il scrute la montée d'un style gestionnaire et les systèmes d'acteurs qui s'en font les relais.
Cette conclusion soulève les questions que posent les groupes d'intérêt du point de vue des décid... more Cette conclusion soulève les questions que posent les groupes d'intérêt du point de vue des décideurs locaux. Elle délimite également les chantiers possibles pour poursuivre la réflexion amorcée dans cet ouvrage.
Gouverner sous pression ? La participation des groupes d'intérêt aux affaires territoriales, 2016
Cette introduction de l'ouvrage "Gouverner sous pression" revient sur les conditions et les modal... more Cette introduction de l'ouvrage "Gouverner sous pression" revient sur les conditions et les modalités d'usage de la catégorie de groupe d'intérêt dans les affaires territoriales. Elle a ainsi pour premier objectif de baliser le questionnement dans la littérature existante et de préciser le statut d’une réflexion sur la catégorie de « groupe d’intérêt » pour l’étude de la politique territoriale. Une fois ce travail effectué, elle problématise les deux axes d’analyse de l’ouvrage : tout d’abord, le renouvellement des modes d’articulation entre la sphère politico-institutionnelle et la société qui, s’il participe à une territorialisation des intérêts, contraint leur définition et leur représentation ; ensuite, l’inégale maîtrise par les groupes d’intérêt des droits d’entrée dans les affaires territoriales qui impliquent l’apprentissage de modes d’action.
Le travail politique n’est pas une activité solitaire d’un élu dans une institution. Il n’est pas... more Le travail politique n’est pas une activité solitaire d’un élu dans une institution. Il n’est pas non plus uniquement encadré, aidé et soutenu par les fonctionnaires en poste (les administrateurs du Parlement et les directeurs des services des collectivités territoriales) ou par les groupes structurés autour d’un parti ou d’une « famille politique ». Entre le milieu des années 1970 et le début des années 1980, le recrutement de collaborateurs a été officiellement autorisé par l’octroi de crédits permettant de les rémunérer. Devenus depuis des agents participant au travail politique dans les institutions, ces nombreux collaborateurs (assistants parlementaires, membres des cabinets des collectivités territoriales, secrétaires de mairie) se sont imposés, certains sous une forme collective (les équipes des parlementaires et les cabinets des exécutifs locaux), d’autres sous une forme individuelle (les fidèles conseillers de certains élus). Tous entourent, encadrent, anticipent, écoutent et rendent compte : ils pallient la difficulté éprouvée par nombre d’élus à ne plus pouvoir satisfaire seuls les obligations de leurs mandats électifs, à ne plus pouvoir agir dans deux espaces en même temps (l’institution et la circonscription). Cet ouvrage est le premier à se pencher sur cette transformation du métier politique par la division nouvelle du travail entre les élus et leurs collaborateurs. Son objectif est double. Le premier est de cerner les catégories de personnels qui composent cette nébuleuse des collaborateurs, au statut peu protecteur et aux carrières peu connues en dehors de leur précarité. Le second est de comprendre tant la part qu’ils prennent au travail politique que la relation particulière qu’ils nouent avec leurs élus et les institutions. Avec ces deux ouvertures sur l’étude du travail de collaboration avec les élus, l’équipe de chercheurs (sociologues, historiens, juristes et politistes) qui a collaboré à cet ouvrage espère offrir une meilleur compréhension des conditions dans lesquelles une partie du travail politique s’effectue, la partie la moins visible, la plus fantasmée, celle composée par ces « hommes de l’ombre ».
Les villes connaissent aujourd'hui une nouvelle actualité. Elles s'imposent comme des lieux centr... more Les villes connaissent aujourd'hui une nouvelle actualité. Elles s'imposent comme des lieux centraux de traitement de toute une série de problèmes. Dans ce contexte, la modernisation de l'action urbaine est devenue un enjeu de réflexion. Cet article aborde le rôle joué par un petit monde d'experts savants dans la rationalisation d'un langage d'action à mesure que se diversifient les instruments et terrains d'intervention dans les villes. Plus précisément, il vise à examiner les principes de raisonnement d'un discours d'expertise et ses effets de réalité.
Si l’on convient désormais aisément que les entourages (conseillers, cabinets, etc.) des élus son... more Si l’on convient désormais aisément que les entourages (conseillers, cabinets, etc.) des élus sont eux-mêmes de véritables acteurs politiques, peut-on en dire autant des consultants ? Cette figure de la fabrique de l’action publique, devenue presque banale tant elle est omniprésente, reste pourtant peu étudiée dans les travaux sur le politique. Le projet de cet article, et du dossier qu’il introduit, est d’esquisser quelques pistes de réflexion en la matière, soit trois manières de considérer le rôle politique des consultants. L’article discute d’une part l’influence présumée qu’ils exercent sur les (ou en lieu et place des) appareils administratifs ; il examine d’autre part l’accent mis par les consultants sur les procédures et les méthodes, qui tend à occulter les enjeux politiques plus qu’à les neutraliser ; il s’interroge enfin sur la contribution que ces acteurs intermédiaires apportent à une normalisation de l’action publique.
Cet article revient sur les élections municipales de 2008 à Nice en s'intéressant aux stratégies ... more Cet article revient sur les élections municipales de 2008 à Nice en s'intéressant aux stratégies discursives des trois principaux candidats. Il analyse pour ces candidats les manières de définir leurs rapports aux lieux et leurs qualités. Il propose une analyse de la production du crédit en politique.
Les maires urbains semblent aujourd’hui s’impliquer massivement dans l’élaboration de projets d’a... more Les maires urbains semblent aujourd’hui s’impliquer massivement dans l’élaboration de projets d’action publique qui leur permettraient de mobiliser des soutiens. Le texte discute la thèse d’une légitimation politique par les outputs qui serait une réponse à une société pluraliste et plus différenciée. Il revient, pour cela, sur les investissements requis pour un usage politique de l’action publique avant de pointer du doigt les incertitudes d’une telle forme de gouvernement.
Le maire doit aujourd’hui savoir s’entourer d’adjoints qui concourent à l’administration territor... more Le maire doit aujourd’hui savoir s’entourer d’adjoints qui concourent à l’administration territoriale. Cet article traite des qualités prisées dans la sélection des adjoints à partir d’une analyse portant sur les communes urbaines. Il revient, d’abord, sur les principales caractéristiques sociographiques de ce personnel exécutif en insistant sur la sélectivité des profils à mesure que l’on progresse dans la hiérarchie municipale et que la taille des communes s’accroit. L’article aborde, ensuite, les attentes et les calculs politiques qui président à la cooptation des adjoints. Finalement, la composition d’un exécutif urbain obéit à une diversité de logiques qui reflète la complexité de ses missions.
La notion d’exécutif local est ici mobilisée dans le but de jeter un nouvel éclairage sur des que... more La notion d’exécutif local est ici mobilisée dans le but de jeter un nouvel éclairage sur des questions éminemment classiques et toujours aussi cruciales. D’une part, elle renvoie à une réflexion sur la différenciation des positions de pouvoir au sein des institutions en mettant particulièrement l’accent sur la sélection des acteurs et la répartition des responsabilités. D’autre part, la notion pousse à réinterroger les rapports des membres politiques d’un exécutif avec les administrations dont ils sont les responsables en s’intéressant, notamment, aux enchevêtrements dans le fonctionnement concret d’une collectivité.
Le département des Alpes-Maritimes est un bastion de droite. Une droite hégémonique mais aussi di... more Le département des Alpes-Maritimes est un bastion de droite. Une droite hégémonique mais aussi divisée et tiraillée, entre concurrence partisane et rivalités familiales. Cette hégémonie n'est pas sans lien avec les transformations profondes-urbaines, économiques et sociologiques-qu'a connues ce département aux cours des dernières décennies.
Alors que les Alpes-Maritimes constituent l’un des départements les plus solidement acquis à la
d... more Alors que les Alpes-Maritimes constituent l’un des départements les plus solidement acquis à la droite gouvernementale, la capitale azuréenne apparaît comme un fief quasiment imprenable. Le premier tour de la présidentielle dessine pourtant un paysage politique plus contrasté : au centre de surenchères et de convoitises, Nice est aussi le lieu de recomposition des droites.
Cette étude permet d’aborder la protection sociale sous un angle trop souvent
négligé, à savoir p... more Cette étude permet d’aborder la protection sociale sous un angle trop souvent négligé, à savoir par les dispositifs d’action non étatiques qui, tout en conservant leurs spécificités, tendent néanmoins à être des composantes essentielles des politiques publiques. Ces dispositifs constituent des outils d’intervention intermédiaires se cumulant aux prestations légales. Nous défendons l’idée selon laquelle les caisses de retraite concourent au fonctionnement des politiques sociales pour personnes âgées, les modalités de cette articulation variant néanmoins dans le temps.
Cet article s’interroge sur le sens que revêt l’expertise et les évolutions qui l’affectent. S’ap... more Cet article s’interroge sur le sens que revêt l’expertise et les évolutions qui l’affectent. S’appuyant sur une revue de littérature, il part du décalage entre l’écho croissant rencontré par cette notion et les incertitudes entourant son identification. L’expertise renvoie à une fonction d’interface qui constitue dans le même temps les conditions de sa variété et de sa fragilité. De ce point de vue, la comparaison de contextes institutionnels différents (les États-Unis et l’Union européenne) permet de saisir la diversité des formes et des usages de l’expertise. À rebours, elle rend compte des spécificités de la situation française même si l’auteur identifie des transformations récentes qui décloisonnent le mode administratif classique de mobilisation de l’expertise.
Cette contribution revient sur l'expérience de la construction du tramway à Nice pour les commerç... more Cette contribution revient sur l'expérience de la construction du tramway à Nice pour les commerçants durant les années 2000. Après avoir replacé les choix autour du tramway dans une démarche de restructuration urbaine, le papier revient successivement sur le management politico-administratif des relations avec les commerçants lors de ce (long) chantier. Il se termine par une mise en perspective des effets d’un tramway, en insistant davantage sur la recomposition de la représentation des commerçants que des commerces.
Cette contribution s'intéresse aux modes d'action de commerçants de détail face aux restructurati... more Cette contribution s'intéresse aux modes d'action de commerçants de détail face aux restructurations urbaines: comment parviennent-ils à faire valoir leurs intérêts? L'approche privilégiée ici met en rapport les échelles de mobilisation sociale et les dynamiques économico-urbaines.
Cet article s’intéresse à une situation de succession politique apparue à Nice dans les années 19... more Cet article s’intéresse à une situation de succession politique apparue à Nice dans les années 1990 à la suite de la fuite de Jacques Médecin et l’arrivée au pouvoir de Jacques Peyrat. Alors que les travaux privilégient traditionnellement les périodes de stabilité dans l’analyse de la gouvernance urbaine, l’étude de ce cas permet de réfléchir sur les conditions et modalités d’un changement politique. Elle croise les logiques de compétition politique et d’action publique pour éclairer la difficulté à construire un nouvel ordre politique. Elle offre l’opportunité de remettre sur le métier les enjeux de leadership et de révéler les logiques diffuses du pouvoir urbain contemporain.
This article examines the evolution and the organization of francophone urban studies. Based on a... more This article examines the evolution and the organization of francophone urban studies. Based on a review of the first twenty one issues of Métropoles, the paper examines the construction and development of this scientific field within the French scientific context and in terms of international scientific trends. Four dimensions are proposed in turn: the disciplinary balances, the objects considered, the areas covered and the methodologies followed. The paper reveals the significant place occupied by public policy analysis, which attracts many authors, notably from geography and urbanism. Since its creation, Métropoles has progressively adopted the debates and concepts that mark the English-speaking community. However, this paper reveals a limited interest for theoretical and political reflection. This paper also offers a number of perspectives which might enrich and renew cumulative research.
Aux mandats locaux restent associées les qualités du dévouement, de la proximité, de l’authentici... more Aux mandats locaux restent associées les qualités du dévouement, de la proximité, de l’authenticité1. Cette croyance bien développée, et en premier lieu chez/par les élus eux-mêmes, mérite pourtant d’être prise avec recul. En tout cas, elle contraste singulièrement avec les résultats de multiples travaux de recherche qui insistent depuis quelques années sur deux points : d’une part, l’inscription croissante de l’action publique au coeur de l’activité politique locale ; d’autre part, la transformation des politiques publiques locales dans le sens d’une plus grande fragmentation des intérêts et spécialisation des savoirs, d’une montée des incertitudes et des risques. Ce contexte interroge dès lors les modes de gouvernement locaux, c’est-à-dire la capacité à traiter des problèmes et à prendre en charge les intérêts sociaux locaux. À ce titre, il suscite des besoins de compétences techniques et de professionnalisme auxquels les élus locaux peuvent difficilement échapper s’ils veulent se doter d’une capacité à agir. Au niveau des villes – qui seront ici privilégiées –, on observe un souci croissant des élus de mettre en exergue l’exemplarité de leur gestion dans une logique de rayonnement et d’attractivité. Cet objectif s’exprime par la définition de stratégies de développement, le lancement de projets ambitieux de requalification des espaces publics, l’organisation de grands événements, la signature de conventions, etc. Mais il suppose des ressources appropriées et notamment la construction de modes de médiation qui, bien qu’elle ne soit pas nouvelle, devient plus que jamais décisive dans un contexte fragmenté2. On voudrait dès lors revenir ici sur l’évolution des moyens nécessaires aux élus pour agir en insistant plus particulièrement sur la mobilisation de ressources techniques et professionnelles. Se dessine en effet un renouvellement des formes d’expertise associé à l’évolution des modes de légitimation des élus locaux. Ces évolutions donnent l’occasion de réinterroger la figure, souvent agitée, de la « technocratie » là où, plus raisonnablement, apparaît une nouvelle division du travail politico-administratif au sein des institutions locales.
Malmenée par l’urbanisation de la société, la commune reste solidement ancrée dans l’administrati... more Malmenée par l’urbanisation de la société, la commune reste solidement ancrée dans l’administration territoriale des différents pays de l’Union européenne. Débordée par des dynamiques sociodémographiques et économiques, elle est toujours magnifiée comme un échelon de proximité incontournable. Pourtant, elle n’échappe pas aux velléités réformatrices visant à spécifier les territoires urbains. Elle doit faire face à la résurgence de réformes institutionnelles, remises au goût du jour en France avec la dernière réforme territoriale et l’émergence du statut de « métropole ». Plusieurs pays se sont ainsi engagés, avec un succès limité, dans la mise en place d’institutions urbaines et métropolitaines. Au-delà d’une révision institutionnelle de grande ampleur, les communes urbaines françaises se recomposent et se décomposent autour d’une diversité de périmètres qui, ne se superposant pas, compliquent le fonctionnement démocratique local. Par ces biais, le fait urbain s’inscrit progressivement dans l’ordre juridico-politique.
Dans un contexte de dégradation des conditions de travail
et d’emploi, les mobilisations collecti... more Dans un contexte de dégradation des conditions de travail et d’emploi, les mobilisations collectives dans le monde de la recherche publique demeurent rares. À partir d’une observation prolongée au moment du lancement du mouvement « Sauvons la recherche » (SLR), Stéphane Cadiou et Gaël Franquemagne reviennent sur les dynamiques permettant de comprendre en quoi les différences de statuts pèsent dans l’engagement, y compris pour des individus pourtant dotés de ressources importantes : attentes et intérêts diffèrent entre statutaires et non-statutaires, ce qui n’est pas sans effet sur les positionnements durant les phases du conflit.
Quelles sont les formes concrètes de l'articulation des recherches et études urbaines avec l'acti... more Quelles sont les formes concrètes de l'articulation des recherches et études urbaines avec l'action publique locale ? Le cas de Bordeaux est emblématique d'une municipalité, qui après son renouvellement en 1995, a mobilisé l'ensemble des dispositifs susceptibles de donner corps à sa volonté d'agir. Des organismes universitaires créés dès les années 1950, et jouant plutôt la carte des notables, ont donné naissance à des équipes plus jeunes, plus spécialisées et plus incisives. Quelques personnalités, le plus souvent géographes, sont devenus les experts en aménagement de la ville, auprès des élus de droite comme de gauche et auprès du public. Une connaissance partagée du projet urbain s'est ainsi progressivement mise en place, grâce au travail de l'agence d'urbanisme, l'A'URBA.
Uploads
Books by CADIOU Stéphane
Cet ouvrage est le premier à se pencher sur cette transformation du métier politique par la division nouvelle du travail entre les élus et leurs collaborateurs. Son objectif est double. Le premier est de cerner les catégories de personnels qui composent cette nébuleuse des collaborateurs, au statut peu protecteur et aux carrières peu connues en dehors de leur précarité. Le second est de comprendre tant la part qu’ils prennent au travail politique que la relation particulière qu’ils nouent avec leurs élus et les institutions.
Avec ces deux ouvertures sur l’étude du travail de collaboration avec les élus, l’équipe de chercheurs (sociologues, historiens, juristes et politistes) qui a collaboré à cet ouvrage espère offrir une meilleur compréhension des conditions dans lesquelles une partie du travail politique s’effectue, la partie la moins visible, la plus fantasmée, celle composée par ces « hommes de l’ombre ».
Papers by CADIOU Stéphane
Cet article traite des qualités prisées dans la sélection des adjoints à partir d’une analyse portant sur
les communes urbaines. Il revient, d’abord, sur les principales caractéristiques sociographiques de
ce personnel exécutif en insistant sur la sélectivité des profils à mesure que l’on progresse dans la
hiérarchie municipale et que la taille des communes s’accroit. L’article aborde, ensuite, les attentes
et les calculs politiques qui président à la cooptation des adjoints. Finalement, la composition d’un
exécutif urbain obéit à une diversité de logiques qui reflète la complexité de ses missions.
droite gouvernementale, la capitale azuréenne apparaît comme un fief quasiment imprenable. Le
premier tour de la présidentielle dessine pourtant un paysage politique plus contrasté : au centre de
surenchères et de convoitises, Nice est aussi le lieu de recomposition des droites.
négligé, à savoir par les dispositifs d’action non étatiques qui, tout en conservant
leurs spécificités, tendent néanmoins à être des composantes essentielles
des politiques publiques. Ces dispositifs constituent des outils d’intervention
intermédiaires se cumulant aux prestations légales. Nous défendons l’idée
selon laquelle les caisses de retraite concourent au fonctionnement des politiques
sociales pour personnes âgées, les modalités de cette articulation variant
néanmoins dans le temps.
une revue de littérature, il part du décalage entre l’écho croissant rencontré par cette notion et les
incertitudes entourant son identification. L’expertise renvoie à une fonction d’interface qui constitue
dans le même temps les conditions de sa variété et de sa fragilité. De ce point de vue, la
comparaison de contextes institutionnels différents (les États-Unis et l’Union européenne) permet de
saisir la diversité des formes et des usages de l’expertise. À rebours, elle rend compte des
spécificités de la situation française même si l’auteur identifie des transformations récentes qui
décloisonnent le mode administratif classique de mobilisation de l’expertise.
Cette croyance bien développée, et en premier lieu chez/par les élus eux-mêmes, mérite pourtant
d’être prise avec recul. En tout cas, elle contraste singulièrement avec les résultats de multiples
travaux de recherche qui insistent depuis quelques années sur deux points : d’une part, l’inscription
croissante de l’action publique au coeur de l’activité politique locale ; d’autre part, la transformation
des politiques publiques locales dans le sens d’une plus grande fragmentation des intérêts et
spécialisation des savoirs, d’une montée des incertitudes et des risques. Ce contexte interroge
dès lors les modes de gouvernement locaux, c’est-à-dire la capacité à traiter des problèmes et
à prendre en charge les intérêts sociaux locaux. À ce titre, il suscite des besoins de compétences
techniques et de professionnalisme auxquels les élus locaux peuvent difficilement échapper
s’ils veulent se doter d’une capacité à agir.
Au niveau des villes – qui seront ici privilégiées –, on observe un souci croissant des élus de mettre
en exergue l’exemplarité de leur gestion dans une logique de rayonnement et d’attractivité.
Cet objectif s’exprime par la définition de stratégies de développement, le lancement de projets
ambitieux de requalification des espaces publics, l’organisation de grands événements, la signature
de conventions, etc. Mais il suppose des ressources appropriées et notamment la construction
de modes de médiation qui, bien qu’elle ne soit pas nouvelle, devient plus que jamais décisive
dans un contexte fragmenté2. On voudrait dès lors revenir ici sur l’évolution des moyens nécessaires
aux élus pour agir en insistant plus particulièrement sur la mobilisation de ressources techniques et
professionnelles. Se dessine en effet un renouvellement des formes d’expertise associé à l’évolution
des modes de légitimation des élus locaux. Ces évolutions donnent l’occasion de réinterroger
la figure, souvent agitée, de la « technocratie » là où, plus raisonnablement, apparaît une nouvelle
division du travail politico-administratif au sein des institutions locales.
Cet ouvrage est le premier à se pencher sur cette transformation du métier politique par la division nouvelle du travail entre les élus et leurs collaborateurs. Son objectif est double. Le premier est de cerner les catégories de personnels qui composent cette nébuleuse des collaborateurs, au statut peu protecteur et aux carrières peu connues en dehors de leur précarité. Le second est de comprendre tant la part qu’ils prennent au travail politique que la relation particulière qu’ils nouent avec leurs élus et les institutions.
Avec ces deux ouvertures sur l’étude du travail de collaboration avec les élus, l’équipe de chercheurs (sociologues, historiens, juristes et politistes) qui a collaboré à cet ouvrage espère offrir une meilleur compréhension des conditions dans lesquelles une partie du travail politique s’effectue, la partie la moins visible, la plus fantasmée, celle composée par ces « hommes de l’ombre ».
Cet article traite des qualités prisées dans la sélection des adjoints à partir d’une analyse portant sur
les communes urbaines. Il revient, d’abord, sur les principales caractéristiques sociographiques de
ce personnel exécutif en insistant sur la sélectivité des profils à mesure que l’on progresse dans la
hiérarchie municipale et que la taille des communes s’accroit. L’article aborde, ensuite, les attentes
et les calculs politiques qui président à la cooptation des adjoints. Finalement, la composition d’un
exécutif urbain obéit à une diversité de logiques qui reflète la complexité de ses missions.
droite gouvernementale, la capitale azuréenne apparaît comme un fief quasiment imprenable. Le
premier tour de la présidentielle dessine pourtant un paysage politique plus contrasté : au centre de
surenchères et de convoitises, Nice est aussi le lieu de recomposition des droites.
négligé, à savoir par les dispositifs d’action non étatiques qui, tout en conservant
leurs spécificités, tendent néanmoins à être des composantes essentielles
des politiques publiques. Ces dispositifs constituent des outils d’intervention
intermédiaires se cumulant aux prestations légales. Nous défendons l’idée
selon laquelle les caisses de retraite concourent au fonctionnement des politiques
sociales pour personnes âgées, les modalités de cette articulation variant
néanmoins dans le temps.
une revue de littérature, il part du décalage entre l’écho croissant rencontré par cette notion et les
incertitudes entourant son identification. L’expertise renvoie à une fonction d’interface qui constitue
dans le même temps les conditions de sa variété et de sa fragilité. De ce point de vue, la
comparaison de contextes institutionnels différents (les États-Unis et l’Union européenne) permet de
saisir la diversité des formes et des usages de l’expertise. À rebours, elle rend compte des
spécificités de la situation française même si l’auteur identifie des transformations récentes qui
décloisonnent le mode administratif classique de mobilisation de l’expertise.
Cette croyance bien développée, et en premier lieu chez/par les élus eux-mêmes, mérite pourtant
d’être prise avec recul. En tout cas, elle contraste singulièrement avec les résultats de multiples
travaux de recherche qui insistent depuis quelques années sur deux points : d’une part, l’inscription
croissante de l’action publique au coeur de l’activité politique locale ; d’autre part, la transformation
des politiques publiques locales dans le sens d’une plus grande fragmentation des intérêts et
spécialisation des savoirs, d’une montée des incertitudes et des risques. Ce contexte interroge
dès lors les modes de gouvernement locaux, c’est-à-dire la capacité à traiter des problèmes et
à prendre en charge les intérêts sociaux locaux. À ce titre, il suscite des besoins de compétences
techniques et de professionnalisme auxquels les élus locaux peuvent difficilement échapper
s’ils veulent se doter d’une capacité à agir.
Au niveau des villes – qui seront ici privilégiées –, on observe un souci croissant des élus de mettre
en exergue l’exemplarité de leur gestion dans une logique de rayonnement et d’attractivité.
Cet objectif s’exprime par la définition de stratégies de développement, le lancement de projets
ambitieux de requalification des espaces publics, l’organisation de grands événements, la signature
de conventions, etc. Mais il suppose des ressources appropriées et notamment la construction
de modes de médiation qui, bien qu’elle ne soit pas nouvelle, devient plus que jamais décisive
dans un contexte fragmenté2. On voudrait dès lors revenir ici sur l’évolution des moyens nécessaires
aux élus pour agir en insistant plus particulièrement sur la mobilisation de ressources techniques et
professionnelles. Se dessine en effet un renouvellement des formes d’expertise associé à l’évolution
des modes de légitimation des élus locaux. Ces évolutions donnent l’occasion de réinterroger
la figure, souvent agitée, de la « technocratie » là où, plus raisonnablement, apparaît une nouvelle
division du travail politico-administratif au sein des institutions locales.
territoriale des différents pays de l’Union européenne. Débordée par des dynamiques sociodémographiques
et économiques, elle est toujours magnifiée comme un échelon de proximité
incontournable. Pourtant, elle n’échappe pas aux velléités réformatrices visant à spécifier
les territoires urbains. Elle doit faire face à la résurgence de réformes institutionnelles, remises
au goût du jour en France avec la dernière réforme territoriale et l’émergence du statut de
« métropole ». Plusieurs pays se sont ainsi engagés, avec un succès limité, dans la mise en place
d’institutions urbaines et métropolitaines. Au-delà d’une révision institutionnelle de grande ampleur,
les communes urbaines françaises se recomposent et se décomposent autour d’une diversité
de périmètres qui, ne se superposant pas, compliquent le fonctionnement démocratique local.
Par ces biais, le fait urbain s’inscrit progressivement dans l’ordre juridico-politique.
et d’emploi, les mobilisations collectives dans le monde de la
recherche publique demeurent rares. À partir d’une observation
prolongée au moment du lancement du mouvement « Sauvons
la recherche » (SLR), Stéphane Cadiou et Gaël Franquemagne
reviennent sur les dynamiques permettant de comprendre en quoi
les différences de statuts pèsent dans l’engagement, y compris
pour des individus pourtant dotés de ressources importantes :
attentes et intérêts diffèrent entre statutaires et non-statutaires,
ce qui n’est pas sans effet sur les positionnements durant les
phases du conflit.