Benjamin Gagnon
Université du Québec à Trois-Rivières, Études Québécoises, Graduate Student
Les grands centres urbains du XIXe siècle dépendent de l’exploitation des espèces animales, tant pour leur force de travail que pour l'alimentation. Les transformations que connaissent ces villes suscitent de nouveaux problèmes... more
Les grands centres urbains du XIXe siècle dépendent de l’exploitation des espèces animales, tant pour leur force de travail que pour l'alimentation. Les transformations que connaissent ces villes suscitent de nouveaux problèmes (congestion des transports, pollution, épidémies, etc.) qui influencent les rapports entre la population urbaine et les animaux. Dans ce contexte, les gouvernements des villes en viennent à considérer certaines espèces comme une forme de « nuisance » et à appliquer des restrictions de plus en plus sévères pour encadrer leur présence avant de favoriser leur éviction des centres urbains. Cette étude s’intéresse à l’évolution des rapports entre la population urbaine et les animaux dans les villes de Montréal et de La Nouvelle-Orléans dans la seconde moitié du XIXe siècle. Que ce soit pour des enjeux de sécurité et de circulation (chapitre 1), d’hygiène et de santé publique (chapitre 2) ou d’éthique et de moralité (chapitre 3), les restrictions qui touchent différentes catégories d’animaux à cette époque témoignent de l’émergence d’une véritable « question animale ». Dans leur volonté d’organiser la ville et de contrôler le comportement des individus qui l’habitent, les administrations municipales cherchent à évacuer les éléments qu’ils jugent nuisibles : cette exclusion concerne à la fois les humains et les animaux. Ce sont en effet certains de leurs comportements dans l’espace public (l’errance, le vagabondage, la violence) et les déchets qu’ils produisent (fumiers, excréments, matières organiques) qui caractérisent la nuisance. Certaines espèces sont davantage concernées que d’autres par ces réglementations, ce qui démontre que la notion de « nuisance » est elle-même appelée à varier en fonction de diverses considérations économiques, politiques et culturelles : pressions des acteurs sociaux, utilité économique, conditions de l’exploitation, etc. L’analyse d’un corpus de sources constitué de réglementations, d’articles de journaux et de rapports municipaux pour les deux villes étudiées nous permet d'abord d’affirmer que, dans l’espace urbain, il n'y a pas une entité unique à laquelle correspond le terme « animal ». Nous avons plutôt affaire à des animaux, dont la place dans la ville se décline selon un gradient qui varie de l’utile au nuisible. Cette dynamique révèle également une volonté d’organiser l’espace urbain qui transforme considérablement les rapports entre les populations humaines et animales dans la seconde moitié du XIXe siècle et pousse certains de leurs membres aux marges de la cité. L’approche comparative, appliquée à Montréal et à La Nouvelle-Orléans, confirme le paradigme d’exclusion des animaux observé pour d’autres villes occidentales dans la seconde moitié du XIXe siècle. Néanmoins, elle révèle la coexistence d’une diversité de représentations des animaux dans l’espace urbain qui fluctue selon les contextes et les particularités locales. L’une des contributions de cette étude est d’arrimer une perspective déjà exploitée par quelques historiens avant nous (Bradbury, Kheraj, Paulin, Rondeau) aux considérations éthiques et morales soulevées par la présence animale en ville. Alors que les mauvais traitements perpétrés à l’égard des animaux, même en public, étaient autrefois considérés comme normaux, on assiste progressivement à un rejet des comportements cruels et violents. La formation de l’espace urbain se manifeste entre autres à travers une réflexion sur l’acceptable et le nuisible qui remet en question les relations que les populations humaines entretiennent avec les animaux.
Research Interests:
Les grands centres urbains du XIXe siècle dépendent de l’exploitation des espèces animales, tant pour leur force de travail que pour l'alimentation. Les transformations que connaissent ces villes suscitent de nouveaux problèmes... more
Les grands centres urbains du XIXe siècle dépendent de l’exploitation des espèces animales, tant pour leur force de travail que pour l'alimentation. Les transformations que connaissent ces villes suscitent de nouveaux problèmes (congestion des transports, pollution, épidémies, etc.) qui influencent les rapports entre la population urbaine et les animaux. Dans ce contexte, les gouvernements des villes en viennent à considérer certaines espèces comme une forme de « nuisance » et à appliquer des restrictions de plus en plus sévères pour encadrer leur présence avant de favoriser leur éviction des centres urbains.
Cette étude s’intéresse à l’évolution des rapports entre la population urbaine et les animaux dans les villes de Montréal et de La Nouvelle-Orléans dans la seconde moitié du XIXe siècle. Que ce soit pour des enjeux de sécurité et de circulation (chapitre 1), d’hygiène et de santé publique (chapitre 2) ou d’éthique et de moralité (chapitre 3), les restrictions qui touchent différentes catégories d’animaux à cette époque témoignent de l’émergence d’une véritable « question animale ». Dans leur volonté d’organiser la ville et de contrôler le comportement des individus qui l’habitent, les administrations municipales cherchent à évacuer les éléments qu’ils jugent nuisibles : cette exclusion concerne à la fois les humains et les animaux. Ce sont en effet certains de leurs comportements dans l’espace public (l’errance, le vagabondage, la violence) et les déchets qu’ils produisent (fumiers, excréments, matières organiques) qui caractérisent la nuisance. Certaines espèces sont davantage concernées que d’autres par ces réglementations, ce qui démontre que la notion de « nuisance » est elle-même appelée à varier en fonction de diverses considérations économiques, politiques et culturelles : pressions des acteurs sociaux, utilité économique, conditions de l’exploitation, etc. L’analyse d’un corpus de sources constitué de réglementations, d’articles de journaux et de rapports municipaux pour les deux villes étudiées nous permet d'abord d’affirmer que, dans l’espace urbain, il n'y a pas une entité unique à laquelle correspond le terme « animal ». Nous avons plutôt affaire à des animaux, dont la place dans la ville se décline selon un gradient qui varie de l’utile au nuisible. Cette dynamique révèle également une volonté d’organiser l’espace urbain qui transforme considérablement les rapports entre les populations humaines et animales dans la seconde moitié du XIXe siècle et pousse certains de leurs membres aux marges de la cité.
L’approche comparative, appliquée à Montréal et à La Nouvelle-Orléans, confirme le paradigme d’exclusion des animaux observé pour d’autres villes occidentales dans la seconde moitié du XIXe siècle. Néanmoins, elle révèle la coexistence d’une diversité de représentations des animaux dans l’espace urbain qui fluctue selon les contextes et les particularités locales. L’une des contributions de cette étude est d’arrimer une perspective déjà exploitée par quelques historiens avant nous (Bradbury, Kheraj, Paulin, Rondeau) aux considérations éthiques et morales soulevées par la présence animale en ville. Alors que les mauvais traitements perpétrés à l’égard des animaux, même en public, étaient autrefois considérés comme normaux, on assiste progressivement à un rejet des comportements cruels et violents. La formation de l’espace urbain se manifeste entre autres à travers une réflexion sur l’acceptable et le nuisible qui remet en question les relations que les populations humaines entretiennent avec les animaux.
Cette étude s’intéresse à l’évolution des rapports entre la population urbaine et les animaux dans les villes de Montréal et de La Nouvelle-Orléans dans la seconde moitié du XIXe siècle. Que ce soit pour des enjeux de sécurité et de circulation (chapitre 1), d’hygiène et de santé publique (chapitre 2) ou d’éthique et de moralité (chapitre 3), les restrictions qui touchent différentes catégories d’animaux à cette époque témoignent de l’émergence d’une véritable « question animale ». Dans leur volonté d’organiser la ville et de contrôler le comportement des individus qui l’habitent, les administrations municipales cherchent à évacuer les éléments qu’ils jugent nuisibles : cette exclusion concerne à la fois les humains et les animaux. Ce sont en effet certains de leurs comportements dans l’espace public (l’errance, le vagabondage, la violence) et les déchets qu’ils produisent (fumiers, excréments, matières organiques) qui caractérisent la nuisance. Certaines espèces sont davantage concernées que d’autres par ces réglementations, ce qui démontre que la notion de « nuisance » est elle-même appelée à varier en fonction de diverses considérations économiques, politiques et culturelles : pressions des acteurs sociaux, utilité économique, conditions de l’exploitation, etc. L’analyse d’un corpus de sources constitué de réglementations, d’articles de journaux et de rapports municipaux pour les deux villes étudiées nous permet d'abord d’affirmer que, dans l’espace urbain, il n'y a pas une entité unique à laquelle correspond le terme « animal ». Nous avons plutôt affaire à des animaux, dont la place dans la ville se décline selon un gradient qui varie de l’utile au nuisible. Cette dynamique révèle également une volonté d’organiser l’espace urbain qui transforme considérablement les rapports entre les populations humaines et animales dans la seconde moitié du XIXe siècle et pousse certains de leurs membres aux marges de la cité.
L’approche comparative, appliquée à Montréal et à La Nouvelle-Orléans, confirme le paradigme d’exclusion des animaux observé pour d’autres villes occidentales dans la seconde moitié du XIXe siècle. Néanmoins, elle révèle la coexistence d’une diversité de représentations des animaux dans l’espace urbain qui fluctue selon les contextes et les particularités locales. L’une des contributions de cette étude est d’arrimer une perspective déjà exploitée par quelques historiens avant nous (Bradbury, Kheraj, Paulin, Rondeau) aux considérations éthiques et morales soulevées par la présence animale en ville. Alors que les mauvais traitements perpétrés à l’égard des animaux, même en public, étaient autrefois considérés comme normaux, on assiste progressivement à un rejet des comportements cruels et violents. La formation de l’espace urbain se manifeste entre autres à travers une réflexion sur l’acceptable et le nuisible qui remet en question les relations que les populations humaines entretiennent avec les animaux.
Research Interests:
Le XIXe siècle marque le début du phénomène d’industrialisation dans les pays européens. L’intensification de l’activité industrielle en France et en Grande-Bretagne engendre l’apparition de nouvelles formes de pollutions, sources de... more
Le XIXe siècle marque le début du phénomène d’industrialisation dans les pays européens. L’intensification de l’activité industrielle en France et en Grande-Bretagne engendre l’apparition de nouvelles formes de pollutions, sources de conflits face à la détérioration des milieux naturels et milieux de
la santé. D’emblée, il semble que la notion de pollution est appelée à se transformer dans le temps en fonction des conjonctures et des discours. Ces phénomènes ont suscité l’intérêt de nombreux historiens, notamment Le Roux et Fressoz pour le cas français et Brimblecombe et Thorsheim pour le cas britannique. Ces derniers se sont employés à comprendre les répercussions relatives aux nuisance industrielles et à analyser les interprétations exprimées par les divers acteurs de l’époque (population, autorités et industriels). En ce sens, nous posons la question suivante : dans quelles mesures la pollution des activités industrielles a-t-elle soulevé des réactions au sein des populations et des autorités en France et en Grande-Bretagne au XIXe siècle ?
GAGNON, Benjamin, Caroline MOTAIS, Benjamin PICARD JOLY et Camille TRUDEL. « Santé, environnement et pollution industrielle en France et en Grande-Bretagne au XIXe siècle ». Le Prométhée, no 4 (hiver 2016) : p. 35-50.
la santé. D’emblée, il semble que la notion de pollution est appelée à se transformer dans le temps en fonction des conjonctures et des discours. Ces phénomènes ont suscité l’intérêt de nombreux historiens, notamment Le Roux et Fressoz pour le cas français et Brimblecombe et Thorsheim pour le cas britannique. Ces derniers se sont employés à comprendre les répercussions relatives aux nuisance industrielles et à analyser les interprétations exprimées par les divers acteurs de l’époque (population, autorités et industriels). En ce sens, nous posons la question suivante : dans quelles mesures la pollution des activités industrielles a-t-elle soulevé des réactions au sein des populations et des autorités en France et en Grande-Bretagne au XIXe siècle ?
GAGNON, Benjamin, Caroline MOTAIS, Benjamin PICARD JOLY et Camille TRUDEL. « Santé, environnement et pollution industrielle en France et en Grande-Bretagne au XIXe siècle ». Le Prométhée, no 4 (hiver 2016) : p. 35-50.
Research Interests:
Cet article porte sur la perception de la mondialisation néolibérale par les auteurs de la revue L'Action nationale dans les années 1990 et 2000. Dans les faits, cette « nouvelle conjoncture mondiale » apparait tantôt comme une menace à... more
Cet article porte sur la perception de la mondialisation néolibérale par les auteurs de la revue L'Action nationale dans les années 1990 et 2000. Dans les faits, cette « nouvelle conjoncture mondiale » apparait tantôt comme une menace à la souveraineté économique et politique du Québec, tantôt comme une justification supplémentaire de la nécessité de mener le projet national à terme. L'analyse des articles de la revue révèle un discours où critique du néolibéralisme et préoccupations nationales se côtoient. Article paru dans L'Action nationale, vol. CIV, no 10 (décembre 2016).