Je m’occupe essentiellement des textes de Raymond Roussel et de Georges Perec en tant que traducteur et en tant que critique. Je m’efforce comme traducteur de transposer en espagnol la complexité textuelle des écrits de ces auteurs en respectant leurs contraintes d’écriture souvent difficiles. Je l’ai fait pour le grand lipogramme de Perec qu’est La Disparition, pour les “Textes-genèse” de Roussel et pour Quel petit vélo à guidon chromé au fond de la cour de Perec. J’ai écrit sur Raymond Roussel deux monographies La méthode de Raymond Roussel (1998) et Raymond Roussel. Teoría y práctica de la escritura (2002). Je suis aussi auteur d’une cinquantaine d’articles sur des problèmes concernant les rapports de la contrainte au récit, le statut du paratexte et la problématisation de la traduction à travers des textes à contraintes. Je m’intéresse depuis quelque temps aux rapports des textes avec les supports sur lesquels ils se présentent, aux usages de la langue dans les arts plastiques et à la littérature numérique. Dans ce domaine j’ai réalisé avec Philippe Bootz et Inés Laitano la remédiatisation hypertextuelle de Nouvelles Impressions d’Afrique de Raymond Roussel. Je co-dirige avec Christelle Reggiani et Christophe Reig la revue Formules des créations formelles et la série Raymond Roussel de La Revue des Lettres Modernes."
Contemporary French and Francophone Studies, Oct 20, 2021
Abstract A strong kinship links Raymond Roussel’s work to that of Édouard Levé. Both are based on... more Abstract A strong kinship links Raymond Roussel’s work to that of Édouard Levé. Both are based on the exploration of the duplication of forms and the questioning of the gaps that appear when one form reveals two, or when the forms do not adhere to the objects to which they are supposed to be applied. Both Roussel’s procedural writing and Édouard Levé’s series of photographs exploit the potential of homonymy, but they proceed in different ways.
RYTHME ET RHÉTORIQUE DE LA VARIATION Les lectures publiques réalisées par des comédiens illustren... more RYTHME ET RHÉTORIQUE DE LA VARIATION Les lectures publiques réalisées par des comédiens illustrent bien la réussite de Perec à l’heure de rendre dans le Petit vélo, à travers l’écrit, le débit de la langue parlée, accomplissant ainsi un de ses tours de force langagiers. Dans ce texte, l’effort de l’écriture semble surtout orienté vers l’obtention d’un rythme tendant, dans sa rapidité et ses changements, à imiter le souffle de la langue parlée. À la création de cet effet contribue notamment un..
Résumé Les œuvres d’Édouard Levé sont encadrées par un dispositif de lecture qui nous permet de l... more Résumé Les œuvres d’Édouard Levé sont encadrées par un dispositif de lecture qui nous permet de les situer en rapport avec la biographie de l’auteur, de dégager les principaux traits de sa poétique, de formuler des hypothèses génétiques. Ses travaux se révèlent ainsi d’une grande cohérence, comme autant de variations sur une série de gestes et de questionnements à la fois très simples et très radicaux. En s’inspirant largement du Procédé de Raymond Roussel Levé a fondé une partie de son œuvre sur une poétique des décalages consistant à brouiller les rapports des mots aux images. Cette poétique est mise en œuvre dans trois séries Homonymes, Angoisse et Amérique, produites par une même contrainte linguistique et des protocoles de réalisation semblables, mais chacune répond à des attitudes et des effets différents de ces contraintes et de ces protocoles. Il s’agit dans Angoisse de créer une fiction, dans Homonymes d’interroger le panthéon culturel et dans Amérique d’offrir un négatif de l’american dream.
Cet article est un compte-rendu du livre : Érik Bullot, Roussel et le cinéma, Nouvelles Éditions ... more Cet article est un compte-rendu du livre : Érik Bullot, Roussel et le cinéma, Nouvelles Éditions Place, coll. « Le cinéma des poètes », 2020, 128 p., EAN : 9782376280613.
Cet article est un compte-rendu du livre : Érik Bullot, Cinéma Roussel : pour un cinéma rousselli... more Cet article est un compte-rendu du livre : Érik Bullot, Cinéma Roussel : pour un cinéma roussellien, Crisnée : Yellow Now, coll. « Côté cinéma », 2021, 96 p., EAN 9782873404796.
On se souvient de l’explicit du texte liminaire de Comment j’ai écrit certains de mes livres : En... more On se souvient de l’explicit du texte liminaire de Comment j’ai écrit certains de mes livres : En terminant cet ouvrage je reviens sur le sentiment douloureux que j’éprouvai toujours en voyant mes œuvres se heurter à une incompréhension hostile presque générale. (Il ne fallut pas moins de vingt-deux ans pour épuiser la première édition d’Impressions d’Afrique.)Je ne connus vraiment la sensation du succès que lorsque je chantais en m’accompa-gnant au piano et surtout par de nombreuses imitatio..
Cet article est un compte-rendu du livre : Pierre Bazantay (éd.), L’Étrange usine. Analyse et tra... more Cet article est un compte-rendu du livre : Pierre Bazantay (éd.), L’Étrange usine. Analyse et transcription des manuscrits retrouvés de Nouvelles Impressions d’Afrique de Raymond Roussel (1877-1933), Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 2019, 310 p., EAN 9782753576384.
Contemporary French and Francophone Studies, Oct 20, 2021
Abstract A strong kinship links Raymond Roussel’s work to that of Édouard Levé. Both are based on... more Abstract A strong kinship links Raymond Roussel’s work to that of Édouard Levé. Both are based on the exploration of the duplication of forms and the questioning of the gaps that appear when one form reveals two, or when the forms do not adhere to the objects to which they are supposed to be applied. Both Roussel’s procedural writing and Édouard Levé’s series of photographs exploit the potential of homonymy, but they proceed in different ways.
RYTHME ET RHÉTORIQUE DE LA VARIATION Les lectures publiques réalisées par des comédiens illustren... more RYTHME ET RHÉTORIQUE DE LA VARIATION Les lectures publiques réalisées par des comédiens illustrent bien la réussite de Perec à l’heure de rendre dans le Petit vélo, à travers l’écrit, le débit de la langue parlée, accomplissant ainsi un de ses tours de force langagiers. Dans ce texte, l’effort de l’écriture semble surtout orienté vers l’obtention d’un rythme tendant, dans sa rapidité et ses changements, à imiter le souffle de la langue parlée. À la création de cet effet contribue notamment un..
Résumé Les œuvres d’Édouard Levé sont encadrées par un dispositif de lecture qui nous permet de l... more Résumé Les œuvres d’Édouard Levé sont encadrées par un dispositif de lecture qui nous permet de les situer en rapport avec la biographie de l’auteur, de dégager les principaux traits de sa poétique, de formuler des hypothèses génétiques. Ses travaux se révèlent ainsi d’une grande cohérence, comme autant de variations sur une série de gestes et de questionnements à la fois très simples et très radicaux. En s’inspirant largement du Procédé de Raymond Roussel Levé a fondé une partie de son œuvre sur une poétique des décalages consistant à brouiller les rapports des mots aux images. Cette poétique est mise en œuvre dans trois séries Homonymes, Angoisse et Amérique, produites par une même contrainte linguistique et des protocoles de réalisation semblables, mais chacune répond à des attitudes et des effets différents de ces contraintes et de ces protocoles. Il s’agit dans Angoisse de créer une fiction, dans Homonymes d’interroger le panthéon culturel et dans Amérique d’offrir un négatif de l’american dream.
Cet article est un compte-rendu du livre : Érik Bullot, Roussel et le cinéma, Nouvelles Éditions ... more Cet article est un compte-rendu du livre : Érik Bullot, Roussel et le cinéma, Nouvelles Éditions Place, coll. « Le cinéma des poètes », 2020, 128 p., EAN : 9782376280613.
Cet article est un compte-rendu du livre : Érik Bullot, Cinéma Roussel : pour un cinéma rousselli... more Cet article est un compte-rendu du livre : Érik Bullot, Cinéma Roussel : pour un cinéma roussellien, Crisnée : Yellow Now, coll. « Côté cinéma », 2021, 96 p., EAN 9782873404796.
On se souvient de l’explicit du texte liminaire de Comment j’ai écrit certains de mes livres : En... more On se souvient de l’explicit du texte liminaire de Comment j’ai écrit certains de mes livres : En terminant cet ouvrage je reviens sur le sentiment douloureux que j’éprouvai toujours en voyant mes œuvres se heurter à une incompréhension hostile presque générale. (Il ne fallut pas moins de vingt-deux ans pour épuiser la première édition d’Impressions d’Afrique.)Je ne connus vraiment la sensation du succès que lorsque je chantais en m’accompa-gnant au piano et surtout par de nombreuses imitatio..
Cet article est un compte-rendu du livre : Pierre Bazantay (éd.), L’Étrange usine. Analyse et tra... more Cet article est un compte-rendu du livre : Pierre Bazantay (éd.), L’Étrange usine. Analyse et transcription des manuscrits retrouvés de Nouvelles Impressions d’Afrique de Raymond Roussel (1877-1933), Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 2019, 310 p., EAN 9782753576384.
Pour son numéro 17, Formules a souhaité inviter chercheurs et créateurs à arpenter et fouiller le... more Pour son numéro 17, Formules a souhaité inviter chercheurs et créateurs à arpenter et fouiller les « mondes contraints » – c’est-à-dire les univers de fiction engendrés par les créations à contraintes – et à s’interroger sur ce qui fait leur spécificité en regard des mondes fictionnels que nous offrent, plus généralement, les créations « non formelles ». Les relations entre contrainte et fiction ont été le plus souvent abordées sous l’angle de la production, du processus qui, à partir (par exemple) d’une « équation » linguistique arbitraire (comme le disait Robert de Montesquiou à propos de Roussel), permet d’aboutir à ce que l’on nomme, banalement, une histoire. Il s’agit, en revanche, dans les pages qui suivent de tenter un déplacement du regard pour essayer de cerner la nature des mondes de fiction contraints, qu’ils s’actualisent à travers le roman, la poésie, la bande dessinée ou les arts plastiques… Interrogeant l’espace et le temps, la référentialité et la réflexivité des univers fictionnels contraints, les articles critiques et les textes de création qui composent ce numéro esquissent, en somme, la cartographie des mondes de fiction créés par les contraintes, pour cerner leur éventuelle spécificité, analyser leurs lois internes, et faire saillir leurs potentialités poétiques. On verra ainsi comment une des particularités de la contrainte semble être de pousser les créateurs à concevoir des mondes clos avec des lois internes bien définies, c’est le cas du palindrome qui règle la vie de la planète NogegoN ou encore du procédé de Raymond Roussel qui dans Locus Solus engendre un univers de fiction dont tous les éléments tendent à se dédoubler. L’exploration des potentialités de la contrainte mène aussi les créateurs à travailler sur les supports et à dissoudre finalement les frontières entre le linguistique, l’iconique et le physique. On découvrira ainsi comment Chris Ware, Antonio Altarriba ou Philippe Jaffeux exploitent les possibilités des supports pour les faire pleinement participer des univers de fiction qu’ils créent. Enfin, la contrainte semble aussi conduire les créateurs et les chercheurs vers une certaine dissolution des frontières génériques entre le théorique et le fictionnel comment le montrent de manière exemplaire les textes de Patrice Hamel, de Adrien Houillère et Léo Duquesne et de Louis-Augustin Roy.
Il s’est donc principalement agi d’esquisser une poétique matérielle (une poétique du support) da... more Il s’est donc principalement agi d’esquisser une poétique matérielle (une poétique du support) dans une perspective intersémiotique et interdisciplinaire. Les actes du colloque tenu à Cerisy-La-Salle constituent la dernière livraison de la revue Formules. Se sont rassemblés des participants venus de plusieurs continents (de l’Amérique du Nord à l’Australie) : théoriciens, critiques, spécialistes de littérature, de génétique textuelle, de poésie sonore, de musique ainsi que des créateurs (écrivains, auteurs de bandes dessinées et plasticiens).
Oulipo mode d’emploi, ouvrage dirigé par Christelle Reggiani et Alain Schaffner, 2016
Que ce soit pour des raisons purement professionnelles, par plaisir ou par conviction littéraire,... more Que ce soit pour des raisons purement professionnelles, par plaisir ou par conviction littéraire, les auteurs oulipiens sont souvent aussi des traducteurs. Cela n'a jamais été souligné clairement, et pourtant ils représentent un pourcentage important de la composition du groupe : 17 oulipiens sur 40 ont en effet déjà traduit ou co-traduit au moins un livre, soit environ 42% d'entre eux. Cette attirance pour la traduction n'a rien d'étonnant puisqu'il s'agit d'un exercice de langue particulièrement contraignant, ayant beaucoup de points en commun avec l'écriture à contrainte elle-même. Ce qui est moins évident et que l'on suppose ici est que cette activité, pratiquée chez certains dès la création de l'Oulipo, a pu nourrir un imaginaire de la langue et une forme d'écriture qui se retrouvera ensuite dans les travaux du groupe. Aussi, un bref parcours des principales réalisations par les oulipiens dans ce domaine devrait permettre de dégager des postures de traduction, et de vérifier la proximité de ces postures avec celles adoptées par le groupe à propos de l'écriture. En particulier, il est frappant de constater la grande liberté avec laquelle la traduction est abordée dans l'Ouvroir, tendant souvent à l'adaptation ou à la transposition. Quelle place a donc la traduction dans le système plus général de la contrainte et du potentiel oulipiens ?
Il s'agira ici de la lettre, de la lettre certes prise "au pied", au plus près de la matérialité ... more Il s'agira ici de la lettre, de la lettre certes prise "au pied", au plus près de la matérialité du texte, mais aussi, dans l'autre sens de l'expression, envisagée dans ses aspects inventifs les plus jubilatoires. Il est question dans cet ensemble de travaux des divers usages que les oulipiens ( et d'autres inspirés ou familiarisés avec les poétiques oulipiennes) ont fait de la lettre, des fictions et des architectures textuelles qu'elle permet d'engendrer. Les auteurs réfléchissent ainsi sur les principales contraintes fondées sur la lettre, sur les processus susceptibles d'investir cet élément, a priori asignifiant, de valeurs sémantiques fortes. Plusieurs travaux s'intéressent aussi au rôle que réservent à la lettre les nouvelles formes et les nouveaux supports qu'est en train d'épouser l'écriture littéraire.
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Papers by Hermes Salceda