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FR: Littérature, arts plastiques, cinéma, poésie, théâtre, architecture : tous les domaines de la création ont pour objet commun le manifeste. Texte-action protéiforme et iconoclaste, il s’inscrit à la fois dans l’histoire de sa... more
FR: Littérature, arts plastiques, cinéma, poésie, théâtre, architecture : tous les domaines de la création ont pour objet commun le manifeste. Texte-action protéiforme et iconoclaste, il s’inscrit à la fois dans l’histoire de sa discipline tout en bousculant ses codes, en un geste performatif d’indiscipline. Véritable « agent provocateur », remède contre la normativité qui a connu son heure de gloire à l’époque des avant-gardes, le manifeste est d’abord le texte par excellence de l’engagement de l’artiste, de l’utopie et de la révolte, questionnant sans cesse les entrelacs de l’artistique et du politique.
Ses usages contemporains, néanmoins, invitent à questionner la forme même du genre et sa subversion fondamentale : pratiqué souvent en solitaire plutôt qu’en groupe, transformé en installation, performance ou catalogue d’exposition, voire détourné à des fins publicitaires, le manifeste véhicule une imagerie de la protestation qui se fait parfois mise en scène et par là, remise en question de tout ce qu’il entendait initialement rejeter. À qui profite le manifeste ? Quels discours et engagements sert-il ? Lui est-il encore possible d’être indiscipliné ? C’est à ces questions que tente de répondre le présent numéro.

EN:

Literature, arts, cinema, poetry, theatre, architecture… all creative domains have in common the manifesto. An iconoclastic and multiform action-text, it is both in line with the history of its discipline while rewriting its rules in an undisciplined gesture. It is not only a true “agent provocateur,” a remedy against standardisation which had its hour of glory at the time of the avant-garde, but also a text that shows the artists’ engagement, their utopia and their revolts, and constantly challenges the links between the arts and politics.
Its contemporary usage, nonetheless, lead us to question the form of the genre itself and its fundamentally subversive character: often practised solitarily rather than in a group, transformed into an art installation, a performance, an exhibition catalogue, or even diverted for the purpose of advertising, the manifesto conveys an image of protest that sometimes ends up being just a show, thereby bringing back into the picture that which it was initially designed to reject. So who benefits from the manifesto? Which messages and engagements is it trying to put over? Can it still be undisciplined? These are some of the questions the present issue addresses.
"Dear reader, You are about to enter the strange world of the Outranspo. Before you do, in lieu of a proper introduction, here are a few pieces of information that may help you better appreciate our project: The Outranspo is a group... more
"Dear reader,

You are about to enter the strange world of the Outranspo. Before you do, in lieu of a proper introduction, here are a few pieces of information that may help you better appreciate our project:

The Outranspo is a group composed of thirteen people, which means that among us there are thirteen different styles, aesthetics, writing habits, and political positions. We cherish this diversity.
The Outranspo, by definition, is multilingual: some of the pieces are in English, others in French, most are derived from or incorporate more than one language.
Our love for languages encompasses a love for different medias, which is why you will find within our projects aspects of text, sound, music, image, video…
The Outranspo has friends. Many friends. All over the world and in all languages. We arrogantly call them « paraOutranspians » but the truth is, many of them are « preOutranspians » and have greatly inspired us. Some of them have been invited to contribute to this issue, and we are extremely happy that many of them have accepted.
The Outranspo flirts with visual poetry, and we are not computer scientists: this is why some of the texts have to be opened in PDF files.
There is plenty more to come soon, and comments are extremely welcome and actively invited: visit us at our newborn website, still in its first infancy: www.outranspo.com

With that, and without further ado, enjoy the linguistic festivities!


Table of Contents

1. Acts de fundación (text)                   
    Camille Bloomfield
    Rachel Galvin
    Pablo Martín Ruiz

2. Classification of Translation Constraints & Procedures (text, drawings)
    Outranspo
    Pablo Martín (First Author)
    Jonathan Baillehache (Classifications)
    Lily Robert-Foley (Diagrams)
   
3. Renga-O (text)
    Santiago Artozqui
    Camille Bloomfield
    Chris Clark
    Irène Gayraud
    Pablo Martín Ruiz
    Lily Robert-Foley

4. Waves (A form) (text)
    Santiago Artozqui

5. The Lost Poem of Emily Dickinson (text)
    Santiago Artozqui
    Jonathan Baillehache
    Camille Bloomfield
    Irène Gayraud
    Lily Robert-Foley

6. Sound translation of A l’Enfant du Crepuscule by Irène Gayraud (text, sound)
& Une voix persiste au travers (text, sound)
    Irène Gayraud (text)
    Outranspo (text)
    Fernando Munizaga (music)
    Marina Ruiz (voice)

7. Tlönslation (text)
    Chris Clark

8. Lily and Cam play Xu Bing (text, image, video)
    Camille Bloomfield (Video)
    Lily Robert-Foley

9. Soundtranslation of “In My Home Country” by Mahmoud Darwish (text)
    Outranspo
    Jonathan Baillehache (Arrangement)

10. Poèmes Oulipchiens (text, video)
    Santiago Artozqui   

11. La traduction parfaite (text)
    Eliana Vicari

12. Tomorrow or tomorrow or tomorrow (text)
    Ari Lieberman

13. Outransmess(e) (text, sound)
    Outranspo
    Lily Robert-Foley (Arrangement)
    Santiago Artozqui (Mix)
À partir de recherches dans le fonds d'archives de l’Ouvroir de littérature potentielle, Camille Bloomfield analyse les stratégies d'un groupe original qui a toujours revendiqué sa différence avec les avant-gardes de son siècle. Par... more
À partir de recherches dans le fonds d'archives de l’Ouvroir de littérature potentielle, Camille Bloomfield analyse les stratégies d'un groupe original qui a toujours revendiqué sa différence avec les avant-gardes de son siècle. Par l’étude de sa constitution, de son évolution en termes humains, historiques et géographiques, par l’analyse de son habitus collectif et de sa posture rhétorique, le groupe est abordé comme un système relationnel au développement autonome et au discours construit : un monde. L’histoire de celui-ci (sa fondation, sa consolidation, son expansion internationale et artistique) croise le récit que ses acteurs en ont fait au fil des interviews, articles et publications. Alternant perspective individuelle et collective, macro- et micro-histoire, humour et sérieux à la manière oulipienne, l’ouvrage donne à Queneau, Perec, Calvino et leurs joyeux comparses en écriture une place que l’histoire littéraire ne leur avait pas encore faite.
"Translating constrained literature / Traduire la littérature à contrainte", dossier coordonné par C. Bloomfield et D. Schilling, Modern Language Notes (French Issue), The Johns Hopkins University Press, vol. 131 n°4, septembre 2016, 162 p.
Sous la direction de Camille Bloomfield et Claire Lesage, Gallimard/ Editions de la BnF, novembre 2014, 207 p. L’Oulipo (Ouvroir de littérature potentielle) est le groupe littéraire français le plus ancien du champ contemporain. Depuis... more
Sous la direction de Camille Bloomfield et Claire Lesage, Gallimard/ Editions de la BnF, novembre 2014, 207 p.

L’Oulipo (Ouvroir de littérature potentielle) est le groupe littéraire français le plus ancien du champ contemporain. Depuis 1960, il œuvre, réunion après réunion, publication après publication, à une refondation de la littérature à l’aide de contraintes d’écriture souvent inspirées des structures mathématiques et ludiques. Suivi de près par un petit cercle d’amateurs fidèles, connu des amoureux de jeux de langage comme des auditeurs des «Papous dans la tête» sur France Culture, largement exploité par les enseignants pour leurs classes, l’Oulipo a également influencé nombre d’écrivains et d’artistes contemporains, tant français qu’étrangers.
Le catalogue de l’exposition qui se tiendra à la BnF (sur le site de la bibliothèque de l’Arsenal, où sont conservées les archives de l’Oulipo) vise à faire mieux connaître ce groupe à la fois ancien, marqué par de grandes figures comme Queneau ou Perec, et toujours actif. Il présente les arcanes d’un fonctionnement encore teinté d’une aura de mystère (la vie collective du groupe) et invite le lecteur à observer, à différentes échelles, les étapes d’une création aux contours multiples (manuscrits, mais aussi œuvres de groupes associés, les Ou-X-Po : Oubapo, Oulipopo, etc.).
Pour demeurer fidèle à l’esprit de l’Oulipo, le catalogue propose, en même temps qu’un sommaire classique, des parcours ludiques et interactifs, fondés sur l’enquête et le jeu (trouver les contrepèteries et les phrases dissimulées dans les titres du catalogue, naviguer dans un sommaire fléché à la manière de L’Augmentation de Georges Perec, ou débusquer les contraintes d'écriture du catalogue). Des inédits ainsi que des créations oulipiennes viennent compléter le volume.
***IN ENGLISH*** A study of the Oulipo archives serves as the basis for an analysis of the strategies of the group, which has always claimed to be different from other avant-garde and literary movements of its century. Examination of its... more
***IN ENGLISH***
A study of the Oulipo archives serves as the basis for an analysis of the strategies of the group, which has always claimed to be different from other avant-garde and literary movements of its century. Examination of its foundation and evolution in historical, geographical, and human terms, as well as its construction of a collective habitus, allows us to approach the group as a relational system, with its autonomous development and public positioning – ie : a world. The work starts with a study of the archives as a source for the writing of history which is both precious and to be handled with caution, while attempting to measure the importance of this material in the apparatus of the collective memory. The history of the Oulipo papers, but also a genetic study of manuscripts from La Littérature Potentielle and Genèse de l’Oulipo, lead us to formulate an Oulipian approach to the archives and the functioning of the group at work. We then contrast the history of the « Oulipian world » (its foundation, consolidation, expansion) with the « story » as written by its actors, those « characters from an unfinished R.  Queneau novel ». A classification by periods is combined with an analysis of those Oulipian texts which define the group’s posture and its common culture. The final part describes the relationship of Oulipo with the world – in the geographic sense – and the place it holds in the « World Republic of Letters ». Since its conception, the principal of writing under constraints has been thought of as an international one, and foreign correspondants were recruited as intermediaries, notably for translation and reception of the group in Italy and the United States.

***IN FRENCH***
À partir d’une étude du fonds d'archives de l’Oulipo, la thèse tente de cerner les stratégies d'un groupe littéraire qui s'est toujours dit différent des mouvements et avant-gardes de son siècle. En étudiant sa constitution, son évolution en termes humains, historiques, et géographiques, ainsi que la construction de son habitus collectif, le groupe est abordé comme un système relationnel au développement autonome et au discours construit : un monde. La réflexion part d’une étude de l’archive comme matériau à la fois précieux et risqué de l’écriture de l’Histoire, et se propose de mesurer la place que tient ce matériau dans le dispositif de mémoire collective. L’histoire du fonds Oulipo, mais aussi l’analyse génétique des manuscrits de La Littérature potentielle et de Genèse de l’Oulipo, permettent de dégager une pensée oulipienne de l’archive et un fonctionnement du groupe au travail. On confronte ensuite l’Histoire du « monde oulipien » (sa fondation, sa consolidation, son expansion) avec son histoire, telle qu’elle est écrite par ses acteurs, ces « personnages d’un roman inachevé de R.  Queneau ». Un travail de périodisation croise une analyse des textes oulipiens qui nous renseignent sur la posture et la culture commune du groupe. On s’attache, enfin, à décrire les rapports de l’Ouvroir avec le monde – entendu au sens géographique, et la place qu’il tient dans la « République mondiale des lettres ».  Dès sa conception, le principe de l’écriture à contraintes fut pensé comme international et des correspondants étrangers furent recrutés, qui jouèrent un rôle de passeur, notamment dans les traductions et la réception du groupe en Italie et aux États-Unis.
Les noms de Queneau, Perec et Roubaud sont souvent associés comme ceux d’un père spirituel et de fils reconnaissants et fidèles malgré leur autonomie littéraire rapidement conquise. Cette parenté méritait bien une journée d’étude... more
Les noms de Queneau, Perec et Roubaud sont souvent associés comme ceux d’un père spirituel et de fils reconnaissants et fidèles malgré leur autonomie littéraire rapidement conquise. Cette parenté méritait bien une journée d’étude et un numéro spécial des Cahiers Raymond Queneau.
Les articles de la présente livraison se consacrent avec rigueur, pertinence et humour à certains aspects de cet héritage, à certaines formes (parmi beaucoup d’autres) de cette filiation. on pourra lire ainsi des analyses sur le «noyau» d’un récit, le germe de «récits à foison », sur la présence de Paris chez ces trois auteurs, sur ses autobus, et en particulier (à défaut d’une ligne s) sur une ligne 29 qui mérite bien une «ode» – sans oublier une réflexion plus philosophique sur des influences asiatiques communes.
Une étude, en marge de ce dossier « QPR », sur une certaine Sally, fille cachée de Queneau, vient avec brio, donner une dernière touche à ce tableau de famille.
Que ce numéro proposé par quelques quenologues, perecologues et roubaulogues passionnés soit un lieu de rencontre à la fois instructif et plaisant.
Cet article propose une étude statistique de l’évolution quantitative connue par le genre manifestaire de 1886 à 2009, dans l’objectif de situer ses « âges d’or » et de vérifier ainsi les idées répandues à son sujet. Dans cette étude, qui... more
Cet article propose une étude statistique de l’évolution quantitative connue par le genre manifestaire de 1886 à 2009, dans l’objectif de situer ses « âges d’or » et de vérifier ainsi les idées répandues à son sujet. Dans cette étude, qui s’appuie sur des informations tirées de Manart, une base de données recensant les manifestes artistiques et littéraires du XXe siècle, deux corpus sont mis en comparaison, constitués à partir de critères de sélection différents (critère définitoire et critère de réception). Croisant les approches et les données, une étude contrastive portant sur le manifeste nous semble être la seule qui puisse présenter des résultats solides et un tant soit peu objectifs.
Ce texte vise à présenter la base de données Manart, un outil à vocation participative et à large spectre qui a pour objectif de recenser les manifestes artistiques produits au XXe siècle dans tous les domaines de l’expression créative... more
Ce texte vise à présenter la base de données Manart, un outil à vocation participative et à large spectre qui a pour objectif de recenser les manifestes artistiques produits au XXe siècle dans tous les domaines de l’expression créative sans se limiter à un espace géographique précis. La mise sur pied de cette ressource est notamment le fruit d’une journée d’études interdisciplinaires ayant porté sur le manifeste artistique contemporain, organisée à l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS). En plus de susciter nombre d’interrogations, la base permet, par exemple, de mener des études statistiques et de dégager des pistes de réflexion susceptibles de conduire à une définition et à une analyse du genre manifestaire, tout en favorisant la collaboration.
Romancier, éditeur, cycliste, passionné de marionnettes, « esclave de l’Oulipo » devenu président, « prosateur écrivant des poèmes », nouvelliste, homme de théâtre, chargé de cours à l’université, auteur de polars et de textes pour la... more
Romancier, éditeur, cycliste, passionné de marionnettes, « esclave de l’Oulipo » devenu président, « prosateur écrivant des poèmes », nouvelliste, homme de théâtre, chargé de cours à l’université, auteur de polars et de textes pour la jeunesse, directeur d’un centre régional des lettres, attaché culturel, Paul Fournel est un homme aux multiples facettes, polygraphe comme quelques autres de ses amis oulipiens. Lancé en littérature par Raymond Queneau, il publie son premier roman, L’Equilatère, à l’âge de 25 ans avant de terminer à 28 ans sa thèse sur le Guignol lyonnais. Son expérience d’éditeur et de directeur littéraire, ses longs séjours à l’étranger (San Francisco, Le Caire, Londres) scandent la trajectoire d’une vie commencée à Saint-Etienne dans le sillage des grands champions cyclistes dont il se plaît à rappeler le souvenir : dans la tradition de Blondin, il est sans doute un des plus grands écrivains actuels du sport. Maître de la forme brève, il a publié des recueils de nou...
Cette introduction tente de circonscrire la notion de manifeste en rappelant son caractere fondamentalement interdisciplinaire, ainsi que sa fortune variable aupres de la critique et des artistes. S’inspirant des travaux de Perriault et... more
Cette introduction tente de circonscrire la notion de manifeste en rappelant son caractere fondamentalement interdisciplinaire, ainsi que sa fortune variable aupres de la critique et des artistes. S’inspirant des travaux de Perriault et Besnier, la notion d’interdiscipline est rapportee a celle d’indiscipline pour mettre en evidence la necessite d’une approche transversale et fluide des savoirs. C’est aussi la methodologie de certaines des contributions qui est presentee : le recours a une base de donnees (la base Manart), objet categorisant par excellence, pour travailler sur des corpus tels que les manifestes doit etre explicite et rapporte a une reflexion plus large sur les humanites numeriques. Enfin la politique du manifeste est abordee par l’etude des divers discours et gestes d’indiscipline contenus dans ce numero, ainsi que par un deplacement de l’interrogation vers ceux a qui « profite » le manifeste, cette forme de combat detournee parfois a des fins contradictoires.
Ars poetica et ars oulipiana Lorsqu’on remonte aux origines de l’expression « art poetique », on se souvient qu’en latin, « ars » avait notamment les sens d’« habilete acquise par l’etude ou par la pratique » et de « talent », s’opposant... more
Ars poetica et ars oulipiana Lorsqu’on remonte aux origines de l’expression « art poetique », on se souvient qu’en latin, « ars » avait notamment les sens d’« habilete acquise par l’etude ou par la pratique » et de « talent », s’opposant a la fois aux idees de natura, d’ingenium et de scientia. C’est de ce sens-la qu’est issu celui de « metier, profession », engendrant par la suite artifex. Le mot a ensuite servi a traduire le concept grec de tekhne, d’ou sa valeur de « traite », et c’est au terme de ce long processus qu’est nee la locution francaise « art poetique »1. Force est de le constater, ces semes de l’« habilete » et de la « technique » ont perdu de l’importance avec le temps. On les retrouve neanmoins, soit au sein de locutions figees comme « arts et metiers », soit sous la forme d’un debat esthetique qui, depuis l’Antiquite jusqu’au surrealisme, en passant par la querelle des Anciens et des Modernes, poserait la question ainsi : existe-t-il un « genie de l’artiste » ? Aut...
Translating constrained literature / Traduire la littérature à contrainte, C. Bloomfield et D. Schilling (dirs.), Modern Language Notes (French Issue), The Johns Hopkins University Press, vol. 131 n°4, septembre 2016, p.964-984.
L’article étudie les trois manifestes de l’Oulipo (« La Lipo [Le premier manifeste] », « Le second manifeste », et « Troisième manifeste. Prolégomènes à toute littérature future »), à l’aune du lien existant entre leur date de publication... more
L’article étudie les trois manifestes de l’Oulipo (« La Lipo [Le premier manifeste] », « Le second manifeste », et « Troisième manifeste. Prolégomènes à toute littérature future »), à l’aune du lien existant entre leur date de publication et le positionnement du groupe dans le champ littéraire. Pour ce faire, cette étude resitue ces textes dans une perspective plus large, celle de l’histoire des manifestes du XXe siècle, et permet notamment de constater l’anachronisme que suppose la publication du troisième à une époque où l’on produit moins de manifestes. Publié a posteriori dans une anthologie de poésie, ce dernier relègue, par là même, le genre du manifeste au statut de document historique.
Biens symboliques / Symbolic Goods. A Social Science Journal on Arts, Culture and Ideas. Issue Arpenter la vie littéraire | Surveying Literary Life , 2018
in "Les patrimoines en recherche(s) d'avenir", sous la direction d'Etienne Anheim, Anne-Julie Etter, Ghislaine Glasson Deschaumes, Pascal Liévaux, coll. "Les passés dans le présent", Presses universitaires de Paris Nanterre, 2019 "La... more
in "Les patrimoines en recherche(s) d'avenir", sous la direction d'Etienne Anheim, Anne-Julie Etter, Ghislaine Glasson Deschaumes, Pascal Liévaux, coll. "Les passés dans le présent", Presses universitaires de Paris Nanterre, 2019

"La base Manart réunit, pour chaque manifeste qu'elle recense, des informations descriptives et critiques : en cela, elle permet d’interroger les logiques sous-jacentes à la construction diachronique du genre manifestaire, au carrefour entre production et réception, démarche quantitative et qualitative.

Transdisciplinaire et participative, Manart s’inscrit dans le mouvement du libre open access, contribuant à faire du patrimoine documentaire un processus relationnel dynamique. Les protocoles de conservation et de consultation rendus possibles par les digital humanities deviennent ainsi autant de repères pour des méthodologies de recherche innovantes, notamment la visualisation de données générée selon des paramètres géographiques, linguistiques, matériels, etc.

En s’appuyant sur des recherches déjà conduites grâce à Manart (fréquence de parution des manifestes, rapport collectif-singulier, évolution des supports, manifestes par domaine, notamment dans les arts plastiques, en littérature, en architecture), la communication s’intéressera à la manière dont les potentialités de la technologie (notamment les bases de données et les ressources patrimoniales numérisées) modifient notre rapport à l’histoire des arts. Elles autorisent, par exemple, une circulation plus souple entre les échelles micro- et macro- (R. Koselleck, F. Hartog). Elles permettent, en outre, de tenir compte des dimensions visuelles et performatives fortes d’un objet singulier et difficilement saisissable tel que le manifeste. La mise en relation avec des collections de manifestes numérisées déjà existantes est l’un des prolongements logiques du projet qui va dans ce sens.
Entre matérialité du texte sorti de son support et de sa mise en page (tel qu’il est présenté le plus souvent) et immatérialité du fac-similé virtuel, entre manifestes numérisés d’hier et manifestes numériques d’aujourd’hui, comment le numérique modifie-t-il notre rapport aux notions de patrimoine, d’authenticité, et remet en cause, plus largement, l’idée même de vérité du texte ?"
« The age of manifesto is over. The grand ideologies are dead. History has ended. Relativism and apathy reign. It’s funny to think that only a decade ago all of those statements were considered credible enough to be in common currency ».... more
« The age of manifesto is over. The grand ideologies are dead. History has ended. Relativism and apathy reign. It’s funny to think that only a decade ago all of those statements were considered credible enough to be in common currency ».
Ouvertement provocateur, possiblement espiègle, l’article « The manifesto » qui introduit le numéro spécial anniversaire de la revue Icon Magazine (2007) – 50 ans = 50 manifestes – restitue remarquablement bien l’état d’âme de la critique lorsque, dans les années 1980, elle décréta de manière assez unanime la mort du manifeste et de son corollaire dans le monde des arts, l’avant-garde. Désormais destiné à être classé comme objet désuet, pratique révolue, « vieille lune » , le manifeste avait pourtant vécu un âge d’or bien héroïque, lorsque les avant-gardes du premier tiers du XXe siècle – futurisme, dada et surréalisme en première ligne – avaient choisi ce format incendiaire comme théâtre discursif de leur bataille contre le monde et les arts d’hier au nom de ceux de demain.
Et pourtant, en dépit de cette mort largement proclamée, des manifestes n’ont jamais cessé de paraître, mieux : « le manifeste est de retour », comme le constate désormais une large partie de la critique dans les domaines des lettres, des arts plastiques, mais aussi de l’architecture et du militantisme .
Mais alors, qu’est-ce qui est manifeste, qu’est-ce qui fait manifeste, et quel est ou sera le visage du manifeste au XXIe siècle ?
Presentation of Manart (www.basemanart.com), an online database of the literary and artistic manifestos issued worldwide during the XX century.
Translating constrained literature / Traduire la littérature à contrainte, C. Bloomfield et D. Schilling (dirs.), Modern Language Notes (French Issue), The Johns Hopkins University Press, vol. 131 n°4, septembre 2016, p.964-984.
Research Interests:
##FRANCAIS## Les œuvres de la toute première femme à l’Oulipo, la poète française Michèle Métail, utilisent la plupart du temps des contraintes dans leur composition : syntaxiques et lexicales, comme dans le poème infini débuté en 1973,... more
##FRANCAIS##
Les œuvres de la toute première femme à l’Oulipo, la poète française Michèle Métail, utilisent la plupart du temps des contraintes dans leur composition : syntaxiques et lexicales, comme dans le poème infini débuté en 1973, Compléments de nom, littérales comme dans Cent pour cent, métriques comme dans La Route de cinq pieds, ou visuelles comme dans la série des Gigantextes. Si malgré cela elles se distinguent de la production oulipienne, c’est que ces contraintes comportent aussi une forte dimension sonore et performative, qui évoque plutôt la poésie-action d’un Bernard Heidsieck – dont Métail fut très proche... Entre les courants, donc, mais aussi entre les arts (calligraphie, peinture, installation, musique contemporaine) et les cultures (la Chine des formes poétiques anciennes, l’Allemagne des avant-gardes, l’Autriche du Wiener Gruppe), l’œuvre de Michèle Métail est paradoxale en ce qu’elle assume une originalité à la fois tranquille et spectaculaire, ancrée dans la tradition et profondément expérimentale, dans un parcours à la fois solitaire et collectif (elle a fréquenté l’Oulipo entre 1975 et 1998, et elle a beaucoup travaillé avec le compositeur Louis Roquin). C’est cette œuvre encore méconnue que l’on se propose d’étudier ici, en mettant l’accent sur la conception « métaillienne » de la contrainte et ses différences avec l’approche oulipienne.

##ENGLISH##
Michèle Métail, constraints & contiguities

The works of the first woman to ever take part in Oulipo, the French poet Michèle Métail, mostly use constraints in their composition: syntactic and lexical ones, as in the « infinite poem » started in 1973, Compléments de nom, literal ones as in Cent pour Cent, metrical ones, as in La Route de cinq pieds, or even visual ones, as in the Gigantextes series. Nonetheless, these works differ from the Oulipian production partly because they include a very strong sound and performance dimension, which evokes the “action poets” such as Bernard Heidsieck – a heritage which Métail claims openly. Between movements, but also between arts (calligraphy, painting, installation, contemporary music) and cultures (Métail is a specialist of ancient Chinese poetic forms, avant-garde in Germany or the Austrian Wiener Gruppe), her works is paradoxical in the sense that it assumes both a peaceful and a spectacular originality, in-between traditions and yet profoundly experimental, in a both solitary and collective itinerary (she took part in Oulipo between 1975 and 2001, and has worked a lot in collaboration with composer Louis Roquin). Our intent here is to shed some light on this mostly unknown work, insisting of Métail’s conception of the constraint and how it differs from the Oulipian one.
Quiconque tenterait d’avoir un aperçu global de l’œuvre de Jacques Jouet constaterait rapidement que le politique, en tant que thème, posture discursive ou pratique engagée, y occupe une place centrale. Celle-ci est revendiquée par... more
Quiconque tenterait d’avoir un aperçu global de l’œuvre de Jacques Jouet constaterait rapidement que le politique, en tant que thème, posture discursive ou pratique engagée, y occupe une place centrale. Celle-ci est revendiquée par l’auteur, comme en témoigne une de ses déclarations récentes dans un questionnaire adressé à des écrivains – ceux qui sont aujourd’hui perçus comme des héritiers de Georges Perec. À la question posée par Maryline Heck de savoir s’il se reconnaît dans le programme perecquien de Notes sur ce que je cherche – le fameux quatuor : sociologique / autobiographique / ludique / romanesque –, J. Jouet indique clairement : « … le programme perecquien n’est pas le mien. Le "sociologique" ? Non. Pour moi, ce serait plutôt le politique  » - où l’on note l’emploi au masculin du terme « politique ».
J. Jouet est membre de l’Oulipo depuis trente ans (1983), et s’il ne s’est jamais déclaré, comme Perec, « oulipien à 97%  », on sait le rôle capital que le groupe a joué dans sa trajectoire littéraire et intellectuelle. Ce contexte est a priori paradoxal avec un engagement politique, puisque l’Oulipo s’est toujours présenté comme un groupe apolitique, du moins collectivement. Comment être un écrivain politique dans un groupe apolitique ? Retracer brièvement le parcours de Jacques Jouet, du communisme à l’esprit républicain, nous permettra de mieux comprendre les diverses manifestations du politique dans son œuvre (la « République-roman », les discours grotesques, les figures de militants, la démocratie poétique), et ainsi la façon dont il a dessiné son propre parcours, à la fois autonome, engageant et engagé, au sein de l’Oulipo.
Ce texte vise à présenter la base de données Manart, un outil à vocation participative et à large spectre qui a pour objectif de recenser les manifestes artistiques produits au XXe siècle dans tous les domaines de l’expression créative... more
Ce texte vise à présenter la base de données Manart, un outil à vocation participative et à large spectre qui a pour objectif de recenser les manifestes artistiques produits au XXe siècle dans tous les domaines de l’expression créative sans se limiter à un espace géographique précis. La mise sur pied de cette ressource est notamment le fruit d’une journée d’études interdisciplinaires ayant porté sur le manifeste artistique contemporain, organisée à l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS). En plus de susciter nombre d’interrogations, la base permet, par exemple, de mener des études statistiques et de dégager des pistes de réflexion susceptibles de conduire à une définition et à une analyse du genre manifestaire, tout en favorisant la collaboration.


Abstract

The Manart database: a compilation of twentieth century artistic and literary manifestoes

This article focuses on the Manart participative database, a broad-reaching compilation of twentieth century artistic manifestoes in all creative disciplines, with no geographical limits. This database was the result of a daylong interdisciplinary gathering on contemporary artistic manifestoes held by the École des hautes études en sciences sociales. A thought-provoking collaborative tool, the database enables statistical explorations that could lead to the definition and analysis of manifestoes as a genre.

Auteurs : Viviana Birolli, Camille Bloomfield, Mette Tjell et Audrey Ziane
Titre : Manart : une base de données sur les manifestes artistiques et littéraires au XXe siècle
Revue : Études littéraires, Volume 44, numéro 3, automne 2014, p. 149-150
URI : http://id.erudit.org/iderudit/1025487ar
DOI : 10.7202/1025487ar
Research Interests:
Résumé Cet article propose une étude statistique de l’évolution quantitative connue par le genre manifestaire de 1886 à 2009, dans l’objectif de situer ses « âges d’or » et de vérifier ainsi les idées répandues à son sujet. Dans cette... more
Résumé

Cet article propose une étude statistique de l’évolution quantitative connue par le genre manifestaire de 1886 à 2009, dans l’objectif de situer ses « âges d’or » et de vérifier ainsi les idées répandues à son sujet. Dans cette étude, qui s’appuie sur des informations tirées de Manart, une base de données recensant les manifestes artistiques et littéraires du XXe siècle, deux corpus sont mis en comparaison, constitués à partir de critères de sélection différents (critère définitoire et critère de réception). Croisant les approches et les données, une étude contrastive portant sur le manifeste nous semble être la seule qui puisse présenter des résultats solides et un tant soit peu objectifs.

Abstract

The golden era of the French artistic and literary manifesto
A contrastive study relying on the Manart database

This paper is a statistical study of the quantitative evolution of the manifesto between 1886 and 2009, seeking its “golden eras” and a validation of all that it was purported to be. This study, based on contents from the Manart database of twentieth century literary and artistic manifestoes, compares two corpuses yielded by different selection criteria. Indeed, only a contrastive study of manifestoes relying both on approaches and data can present unquestionable and reasonably objective results.
Par son existence meme, en tant que groupe, on pourrait supposer que l’Ouvroir de litterature potentielle est naturellement enclin à une ecriture collaborative. L’histoire des avant-gardes montre pourtant que ce type de travail n’est pas... more
Par son existence meme, en tant que groupe, on pourrait supposer que l’Ouvroir de litterature potentielle est naturellement enclin à une ecriture collaborative. L’histoire des avant-gardes montre pourtant que ce type de travail n’est pas systematique dans les mouvements litteraires. La conception oulipienne de l’ecrivain comme artisan, le fonctionnement tres democratique du groupe, ou encore sa longue histoire commune (depuis 1960 àaujourd’hui) sont-ils des elements qui ont favorise les projets collectifs ou au contraire, les ont-ils ralentis, voire rendus impossibles ? L' analyse des dossiers preparatoires de quelques uns des ouvrages signes individuellement ou du nom «Oulipo» (en particulier Oulipo 1960- 1963. La littérature potentielle et L’Atlas de litterature potentielle) permettra de comprendre comment, concretement, a pu avoir lieu l’emergence de plusieurs publications reellement collaboratives.
Oulipo. Catalogue de l’exposition, Camille Bloomfield et Claire Lesage (dirs.), Gallimard/BnF, octobre 2014, p.30-38.
Research Interests:
"I traduttori di Perec : inchiesta su una specie in via di moltiplicazione (Prima parte : Italia)", enquête auprès des traducteurs italiens de Perec, in Georges Perec trent’anni dopo, I quaderni dell’Oplepo, n°2, Edizioni Oplepo,... more
"I traduttori di Perec : inchiesta su una specie in via di moltiplicazione (Prima parte : Italia)", enquête auprès des traducteurs italiens de Perec,
in Georges Perec trent’anni dopo, I quaderni dell’Oplepo, n°2, Edizioni Oplepo, Naples, 2014, p.33-47.
in Formes Poétiques Contemporaines, n°8, op. cit., p. 115-119.
Research Interests:
Résumé L’article étudie les trois manifestes de l’Oulipo (« La Lipo [Le premier manifeste] », « Le second manifeste », et « Troisième manifeste. Prolégomènes à toute littérature future »), à l’aune du lien existant entre leur date de... more
Résumé

L’article étudie les trois manifestes de l’Oulipo (« La Lipo [Le premier manifeste] », « Le second manifeste », et « Troisième manifeste. Prolégomènes à toute littérature future »), à l’aune du lien existant entre leur date de publication et le positionnement du groupe dans le champ littéraire. Pour ce faire, cette étude resitue ces textes dans une perspective plus large, celle de l’histoire des manifestes du XXe siècle, et permet notamment de constater l’anachronisme que suppose la publication du troisième à une époque où l’on produit moins de manifestes. Publié a posteriori dans une anthologie de poésie, ce dernier relègue, par là même, le genre du manifeste au statut de document historique.

Abstract

Oulipo’s manifestoes
On the road to oblivion?

The article looks at the three manifestoes written by Oulipo (“La Lipo [Le premier manifeste]”, “Le Second Manifeste” and “Troisième Manifeste. Prolégomènes à toute littérature future”) in the context of the link between their publication date and the group’s positioning in the literary field. To that end, the author examines these works in the wider timeline of twentieth century manifestoes, focusing on the anachronistic publication of the third Manifesto at a time when there was a lull in the genre. Published much later as part of a poetry anthology, that third text turns manifestoes as a genre into mere historical documents.

Auteur : Camille Bloomfield
Titre : Les manifestes à l’Oulipo : la disparition d’une forme ?
Revue : Études littéraires, Volume 44, numéro 3, automne 2014, p. 35-46
URI : http://id.erudit.org/iderudit/1025479ar
DOI : 10.7202/1025479ar
Tous droits réservés © Université Laval, 2014
Research Interests:
De la pseudo-société secrète, du cercle restreint et autonome des débuts, l'Oulipo est passé à un réseau élargi dont les limites ne sont plus fixées par ses membres. Mais le groupe fait-il pour autant partie de la « littérature mondiale »... more
De la pseudo-société secrète, du cercle restreint et autonome des débuts, l'Oulipo est passé à un réseau élargi dont les limites ne sont plus fixées par ses membres. Mais le groupe fait-il pour autant partie de la « littérature mondiale » ? Cette notion, développée au début des années 2000 dans les études comparatistes, désigne « à la fois une réalité concrète, l’ensemble des littératures nationales, et un processus d’intégration plus ou moins hypothétique : le passage de la littérature en régime mondial  ». Elle combine donc un état et un mouvement, qu’il s’agit d’articuler pour l’analyse selon l’époque et le lieu de l’objet d’étude. C’est une littérature qui gagne en traduction, et qui est diffusée en grande partie par des passeurs, ces acteurs du champ culturel au métier souvent fluctuant et multiple (éditeur, traducteur, critique…) qui font circuler et connaître les œuvres.
Notre postulat est que les stratégies que l’Oulipo, ce « groupe-monde  », met en place de manière parfois impensée sont celles de la littérature mondiale, et que c’est donc par une mondialité de l’approche qu’il faut les appréhender. Le principe de la contrainte, par exemple, est absolument transnational et transculturel, de même que la notion de « potentiel », qui s’applique à toute forme de création ; les « plagiaires par anticipation » viennent du monde entier ; et les premiers éditeurs envisagés sont étrangers (maisons – Jonathan Cape, ou revues : temps mêlés, Il Caffè, Scientific American, Word Ways). L’Oulipo à ses débuts est mieux reçu dans les milieux étrangers que dans son champ d’origine . Or ces échanges ont de réelles conséquences littéraires : textes bilingues, traductions inter-oulipiennes, jeux sur les homophonies d’une langue à l’autre, adoption de formes fixes étrangères sont autant d’aboutissements créatifs de ces stratégies de la littérature mondiale. Si la mondialité de l’Oulipo était en germe au moment de la fondation, c’est avec les œuvres littéraires « entre les langues » qu’elle prend toute son ampleur.
Dans un article intitulé « Translation as a measure of international consecration », Gisèle Sapiro pose, à propos des traductions de l'oeuvre de Pierre Bourdieu, la traduction comme outil de mesure du capital symbolique d'un écrivain (et... more
Dans un article intitulé « Translation as a measure of international consecration », Gisèle Sapiro pose, à propos des traductions de l'oeuvre de Pierre Bourdieu, la traduction comme outil de mesure du capital symbolique d'un écrivain (et par extension, d'un groupe), au sein d'un public plus large que celui des pairs. C'est aussi un outil de mesure de sa mondialisation. On a vu dans le chapitre précédent que si la composition internationale du groupe des années 1960 avait donné en ce domaine de solides fondations à l'Ouvroir, son appartenance à la littérature mondiale s'était aussi faite par les créations littéraires qui intégraient des langues étrangères. Les traductions des oeuvres oulipiennes prolongent ce mouvement en l'amplifiant, puisque c'est d'abord par ce biais que l'Oulipo se fait connaître à l'étranger, en Europe, bien sûr, et aux États-Unis. Quelle est la réception de l'Oulipo hors de France et en quoi diffère-t-elle de la réception française ? Dans quels pays l'Oulipo at -il le plus d'échos ? Observer en quoi cette réception est influencée par les traductions, leur histoire et ceux qui les défendent (les passeurs), permettra de voir comment le groupe est repris, transformé, parfois même détourné au cours de sa circulation internationale – comment, en d'autres termes, il devient objet de littérature mondiale. Après un bref panorama des traductions de quelques oeuvres emblématiques de l'Oulipo, deux exemples de réception très différentes (Italie et États-Unis) seront développés pour permettre d'aborder le groupe à l'aune de la sociologie des échanges culturels, dont la traduction est le premier et peut-être plus important vecteur, et l'étude des « passeurs » un second axe privilégié. D'une part, on observera un phénomène d'imitation (Italie) de ce qui devient très vite une « tradition » oulipienne, et d'autre part un phénomène de détournement, contestation et réinterprétation de certaines pratiques dans un champ qui désormais dicte les lois de la modernité littéraire à l'échelle mondiale (États-Unis).
Les membres de l’Oulipo furent parmi les premiers à utiliser l’informatique dans la littérature, au cours des années 60 et 70. En retraçant les prémices de ce rapport alors innovant à la machine, des tentatives expérimentales de Raymond... more
Les membres de l’Oulipo furent parmi les premiers à utiliser l’informatique dans la littérature, au cours des années 60 et 70. En retraçant les prémices de ce rapport alors innovant à la machine, des tentatives expérimentales de Raymond Queneau ou François Le Lionnais jusqu’à la création de l’ALAMO en 1981, on observera également la manière dont une certaine pensée de la machine littéraire émerge alors, en particulier autour de la combinatoire, des graphes, et de la syntaxe de langages informatiques. Aujourd’hui encore, de nombreux poètes numériques et designers ont mis la notion d’algorithme au cœur de la création, se revendiquant de cet héritage oulipien.
Que ce soit pour des raisons purement professionnelles, par plaisir ou par conviction littéraire, les auteurs oulipiens sont souvent aussi des traducteurs. Cela n'a jamais été souligné clairement, et pourtant ils représentent un... more
Que ce soit pour des raisons purement professionnelles, par plaisir ou par conviction littéraire, les auteurs oulipiens sont souvent aussi des traducteurs. Cela n'a jamais été souligné clairement, et pourtant ils représentent un pourcentage important de la composition du groupe : 17 oulipiens sur 40 ont en effet déjà traduit ou co-traduit au moins un livre, soit environ 42% d'entre eux. Cette attirance pour la traduction n'a rien d'étonnant puisqu'il s'agit d'un exercice de langue particulièrement contraignant, ayant beaucoup de points en commun avec l'écriture à contrainte elle-même. Ce qui est moins évident et que l'on suppose ici est que cette activité, pratiquée chez certains dès la création de l'Oulipo, a pu nourrir un imaginaire de la langue et une forme d'écriture qui se retrouvera ensuite dans les travaux du groupe. Aussi, un bref parcours des principales réalisations par les oulipiens dans ce domaine devrait permettre de dégager des postures de traduction, et de vérifier la proximité de ces postures avec celles adoptées par le groupe à propos de l'écriture. En particulier, il est frappant de constater la grande liberté avec laquelle la traduction est abordée dans l'Ouvroir, tendant souvent à l'adaptation ou à la transposition. Quelle place a donc la traduction dans le système plus général de la contrainte et du potentiel oulipiens ?
« J’égarai ma subjectivité, mais je trouvais un monde » écrivait Goethe, le père du « roman de formation ». Un monde dans lequel s’ancrent des personnages de fiction destinés à vivre les expériences d’un quotidien ordinaire. Le roman de... more
« J’égarai ma subjectivité, mais je trouvais un monde » écrivait Goethe, le père du « roman de formation ». Un monde dans lequel s’ancrent des personnages de fiction destinés à vivre les expériences d’un quotidien ordinaire. Le roman de formation se veut en opposition avec la littérature d’évasion ; on ne recherche pas l’accomplissement de rêves mais celui de l’Homme. À l’image de Julien Sorel dans Le Rouge et le Noir, le héros mûrit et évolue dans la société de son temps, devenue le théâtre d’une nouvelle conception de l’existence… Franco Moretti accompagne son lecteur dans une analyse de ce genre littéraire qui a révolutionné la pratique du roman : c’est en effet, à la fois, un support de compréhension sociologique, politique et psychologique.
Richement documentée, cette étude majeure nous entraîne au coeur du processus de création qui vit naître, entre autres chefs-d’oeuvre, Le Rouge et le Noir de Stendhal, Illusions perdues de Balzac, L’Éducation sentimentale de Flaubert, David Copperfield de Dickens, Un héros de notre temps de Lermontov…

Traduit de l’italien par Camille Bloomfield et Pierre Musitelli
Traduction de l’italien par Camille Bloomfield : poèmes de Patrizia Valduga et Mariangela Gualtieri, Revue L’Intranquille n°7, Dossier "Poésie italienne", Atelier de l’Agneau, septembre 2014, p.11-21.
Research Interests:
Camille Bloomfield a traduit la prose et la poésie de cet inédit de THOREAU (1817-1862) en français. Le texte est présenté de façon bilingue, accompagné et éclairé par un extrait de HISTOIRE DE LA MONTAGNE d'Elisée RECLUS (1830-1905).... more
Camille Bloomfield a traduit la prose et la poésie de cet inédit de THOREAU (1817-1862) en français. Le texte est présenté de façon bilingue, accompagné et éclairé par un extrait de HISTOIRE DE LA MONTAGNE d'Elisée RECLUS (1830-1905). Eloge croisé de la montagne et de la randonnée, ce livre montre Reclus en solitaire et plus âgé, après bien des épreuves, visitant les montagnes suisses. Quant à Thoreau, il se promène en compagnie, lisant Virgile, interrogeant les bergers, dans sa montagne du Massachusetts : "Les myrtilles que la montagne avait procurées, ajoutées au lait que nous avions acheté, constituèrent notre souper frugal, tandis qu'en guise de divertissement, le chant vespéral de la grive des bois résonna le long de la crête" Tous deux veulent échapper à l'industrialisation. "Là-bas, sous la fumée, sous une couche d'air vicié par d'innombrables respirations, quelque chose de blanchâtre indique une grande cité". RECLUS y crie son amour de la montagne.
Journée d’étude « Différences de potentiel… » Maison française d’Oxford, 20 juin 2013 Camille Bloomfield (Université Paris 3 Sorbonne Nouvelle, ANR DifdePo) Graphes, réseaux, et représentation socio-historique de l'Ouvroir de... more
Journée d’étude « Différences de potentiel… »
Maison française d’Oxford, 20 juin 2013
Camille Bloomfield (Université Paris 3 Sorbonne Nouvelle, ANR DifdePo)

Graphes, réseaux, et représentation socio-historique de l'Ouvroir de littérature potentielle (Oulipo).

Diaporama de la présentation en téléchargement.
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Alphabet, de Philippe Jaffeux, est une œuvre fascinante qui consacre à chaque lettre située entre A et O une machine poétique propre. Dans O L’an/ (Atelier de l’Agneau, 2012), la machine est à la fois visuelle (chaque poème évoque la... more
Alphabet, de Philippe Jaffeux, est une œuvre fascinante qui consacre à chaque lettre située entre A et O une machine poétique propre. Dans O L’an/ (Atelier de l’Agneau, 2012), la machine est à la fois visuelle (chaque poème évoque la forme du CD-Rom), contrainte (le nombre de lettres et de mots y est aussi importante que le nombre d’occurrences du « o » dans certains mots, par exemple), combinatoire (par une syntaxe répétitive et alternée)… Le texte se fait litanie étourdissante, derrière laquelle on perçoit une sorte de mystique cryptée. On est en présence de Perec, mais aussi de Queneau, et de l’Oulipo en général.


Philippe Jaffeux’s Alphabet is a fascinating piece in which a distinct poetic machine is dedicated to each letter between A and O. In O L’an/ (Atelier de l’Agneau, 2012), the machine is at the same time visual (each poem evokes the shape of a CD-Rom), constrained (i.e. the number of letters and words is as important as the number of times in which ‘O’ appears in certain words), and combinatory (through a repetitive and alternate syntax)… The text becomes a dizzying litany, behind which one detects a sort of cryptic mystique. We are in the presence of Perec, but also of Queneau, and of the Oulipo in general.