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Nouvel 2009a = NOUVEL (P.) KASPRZYK (M.) coll. POITOUT (B.) coll. – De la ferme au palais. Les établissements ruraux antiques de Bourgogne du nord, IIè-IVè siècles p.C., in Leveau (Ph.), Raynayd (Cl.), Sableyrolles (R.) Trément (F.) dir. – Les formes de l’habitat gallo-romain. Terminologies et typologies à l’épreuve des réalités archéologiques, Actes du colloque AGER VIII Toulouse 2007, Aquitania, Bordeaux, 2009, p. 361-390 (Aquitania supplément 17). Etude typologique des établissements ruraux antiques de Bourgogne du nord et de l'organisation des réseaux d'occupation
… : revue interrégionale d' …, 2007
9 C'est le cas dans la parcelle 5 et dans la parcelle 8 du quartier Est.
Le site de La Saulsotte, « Le Vieux Bouchy » se trouve à l'extrémité occidentale du département de l'Aube, dans le lit majeur de la vallée de la Seine (Bassée auboise). La fouille a permis de mettre en évidence des occupations des époques Néolithique, de la fin de l'âge du Bronze, du premier âge du Fer, du second âge du Fer, de l'époque romaine et du haut Moyen-Age. Durant le Néolithique moyen, on assiste à la mise en place d'une vaste enceinte délimitée par un fossé, englobant une aire d'environ 3 hectares. Les structures Néolithiques sont peu nombreuses et se limitent à quelques fosses très arasées. À l'âge du Bronze on observe deux bâtiments sur poteaux et par une trentaine de structures de combustion de plan rectangulaire, semi-excavées, comblées par des blocs de grès rubéfiés, qui s'apparentent aux actuels fours polynésiens. L'analyse de leur répartition sur l'ensemble du décapage montre des regroupements caractérisés par des alignements et des orientations similaires. Une nouvelle occupation se met en place au début du premier âge du Fer, matérialisée par un vaste enclos délimité par des fossés palissadés qui entourent un espace d'au moins 6000 m 2. Deux porches sur poteaux de plan rectangulaire sont aménagés perpendiculairement à deux interruptions des fossés sur le côté occidental de l'enclos. A l'intérieur de l'enclos ont été fouillés quelques bâtiments sur poteaux qui peuvent correspondre à des greniers et des fosses. Au second âge du Fer, le sud-est de la surface décapée est occupé par une ferme comprenant une dizaine de bâtiments. Contrairement à de nombreuses fermes gauloises fouillées dans le nord de la Gaule, elle ne semble pas avoir été délimitée par un enclos fossoyé. Le matériel recueilli suggère une occupation débutant au IIIe s. av. J.-C. et se poursuivant jusqu'au début de l'époque romaine. Autour du changement d'ère et au début du Ier siècle ap. J.-C., l'occupation est toujours constituée de bâtiments sur poteaux. Vers 50-75 ap. J.-C., l'établissement est profondément restructuré. Sur un léger monticule sableux on observe la construction d'un bâtiment résidentiel en pierre et d'un bâtiment muni d'un hypocauste (en limite d'emprise au Nord), le tout constituant la pars urbana d'un établissement agricole. Le site paraît abandonné dans le courant du IIe siècle ap. J.-C. Une dernière phase d'occupation est attestée au cours du haut Moyen-Age (VIIIe s. ap.). De nombreux creusements observés dans le bâtiment résidentiel antique alors ruiné, suggèrent que celui-ci est partiellement réoccupé et démantelé à des fins de récupération. Il est possible que cette occupation soit liée à un atelier de potiers contemporain qui a été fouillé dans les années 1980 à une cinquantaine de mètres au nord-ouest.
Le Néolithique du nord de la France dans son contexte européen : habitat et économie au 4e et 3e millénaire avant notre ère. Actes du 29ème colloque interrégional sur le Néolithique (Villeneuve-d’Ascq, 2009), Revue archéologique de Picardie, n° spécial 28, p. 77-103. , 2011
Textes réunis par
Tome 74-1, 2017 AGGLOMÉRATIONS, VICI ET CASTRA DU NORD DE LA GAULE ENTRE ANTIQUITÉ TARDIVE ET DÉBUT DU HAUT MOYEN ÂGE Sous la direction de Michel Kasprzyk et Martial Monteil Gallia et Gallia Préhistoire ont été créées en exécution de la loi n o 90 du 21 janvier 1942 (article 1), remplacée par le décret n o 45-2098 du 13 septembre 1945 (article 8) chargeant le Centre national de la recherche scientifique « d'assurer et de diriger la publication des recherches et des résultats des fouilles archéologiques ». Ces deux revues sont les organes d'une unité de service et de recherche du CNRS (USR 3225). Par ailleurs, les informations archéologiques font l'objet d'une publication en ligne : journals.openedition.org/adlfi/ Deux collections de suppléments accueillent les études trop importantes pour paraître dans les revues.
Le site de Saint-Martin-des-Entrées se rattache à un modèle d'occupation caractéristique de la plaine de Caen au second Age du Fer, sous la forme d'enclos compartimentés abritant des structures domestiques, agricoles et artisanales au sein d'un terroir déjà largement anthropisé. S'il s'est avéré impossible de cerner précisément les phases d'occupation qui s'y sont succédées, la céramique a néanmoins permis de situer cet ensemble dans le courant du IIe siècle avant J.-C. Au sein d'un lot mobilier diversifié, représentatif des activités artisanales et domestiques (cuisine, métallurgie du fer et du bronze, productions textiles), certains objets métalliques ainsi que les nombreux restes carpologiques recueillis semblent révélateurs d'un statut socio-économique relativement élevé, fondé sur l'importance des productions agricoles et des pratiques de stockage à long terme qui leur sont liées, à partir des structures spécialisées aménagées dans le sol (caves, « souterrains », …). A ce titre, le site constitue un exemple, encore trop méconnu régionalement, d'établissement agricole à caractère « aristocratique » probable, trouvant de proches parallèles en Bretagne, à l'est du Bassin parisien ou dans le sud de l'Angleterre.
2012
* CHEVET Pierre, MONTEIL Martial – Les relations entre villes et campagnes, p. 33-34. * CHEVET Pierre, MONTEIL Martial – L’utilisation de l’eau, p. 48-50. * MONTEIL Martial –La mort, p. 68-72
Suite au diagnostic réalisé en novembre 2008 au lieu dit « Am Neuen Berg » (resp. d’opération : Ch. Croutsch) sur un terrain concerné par la construction d’un lotissement d’habitations, une fouille préventive a été prescrite sur une superficie d’1,2 hectare. Elle a révélé deux occupations principales, respectivement datées de l’époque antique (fin du 2e siècle - fin du 4e siècle) et du haut Moyen Âge (6e - première moitié du 9e siècle). Elles prennent place dans un environnement naturel très favorable, un coteau exposé au sud en bordure d’une zone humide, sur une voie de passage privilégiée qui longe le massif du Marlenberg. Les vestiges antiques correspondent à un établissement rural, composé de bâtiments de plain-pied et de structures à vocation sans doute artisanale (cabanes excavées, fours, foyers). Le site naturel offre un contexte favorable aux activités agropastorales, largement confirmées par les résultats de l’analyse carpologique et de l’analyse pollinique. Après un hiatus apparent d’au moins un siècle, l’occupation reprend dans le deuxième tiers du 6e siècle. Les vestiges couvrent toute la superficie du site fouillé et s’étendent vraisemblablement au-delà. Les structures mises au jour correspondent à un habitat et sont classiques pour ce type de site (bâtiments de plain-pied, cabanes excavées, foyers, fosses). Les activités identifées sont là aussi essentiellement tournées vers l’agropastoral. La culture des céréales est confirmée par la présence de greniers et de silos pour le stockage des grains, ainsi que d’une cabane ou aire de travail destinée au séchage des céréales. L’élevage est confirmé par les restes fauniques. Le tissage a également été mis en évidence, sans doute à une échelle domestique. Enfin, une zone de forge a été mise au jour, prouvant le travail du métal sur le site. Cette première opération archéologique menée sur le territoire de la commune a permis d’apporter de nouveaux éléments sur l’origine du village actuel, mais aussi de poursuivre les recherches portant sur l’occupation historique du Kochersberg, zone densément occupée au haut Moyen Âge. Elle a également permis d’enrichir les données disponibles concernant les établissements ruraux, qu’ils soient antiques ou alto-médiévaux.
Les aménagements et les modes de construction
Débutons cette enquête par l'analyse du degré d'équipement des différentes catégories de sites. Il transparaît dans le ou les modes de couverture employés, la présence de pièces chauffées (révélées par des tubulures et des pilettes), de balnéaires (ainsi que l'adduction d'eau), de bassins ornementaux ou par l'existence d'un lieu de culte associé à l'établissement.
Le tableau fig. 13 et les graphiques fig. 14a et 14b présentent les proportions de sites des différentes catégories ayant fourni des tuiles ou des dalles sciées. On observe que toutes ces catégories présentent ces éléments. Néanmoins, ils sont rares sur les sites de type ER1 (12 % disposent de dalles sciées, 20 % de tegulae, aucun ne présente les deux modes de couverture associés) alors que la totalité des établissements ER3 et ER3a documentés en possèdent. La présence ou l'absence de ces matériaux ne semblent donc pas réservées à certains types de site, même si la proportion de sites utilisateurs augmente en fonction de la taille de l'établissement. L'utilisation des dalles sciées en couverture paraît réservée à certaines zones géographiques, proches des ressources (le Tonnerrois et les plateaux calcaires de Basse Bourgogne en général) plutôt qu'à certains types d'établissements. Dans ces régions, on observe souvent l'association des deux modes de couverture et ce même sur des établissements ER2 de taille réduite. Ces deux matériaux ne doivent donc pas être considérés comme des éléments discriminants.
Figure 14
La présence de balnéaires, leur complexité ainsi que l'utilisation d'hypocaustes sont variables en fonction de l'étendue du site et de son degré d'organisation ( fig. 14c, 14d . 11b). Ce n'est donc ni la présence de balnéaires ( fig. 14d) encore moins de pièces chauffées par hypocauste (révélée par la présence de tubulures en terre cuite, fig. 13c) qui permettent une identification des sites les plus importants, mais la taille et la multiplication des uns ou des autres. Les volumes d'eau nécessaires à leur fonctionnement ont d'ailleurs souvent nécessité la construction d'aqueducs comme celui qui aboutissait au site de Saint-Moré En Gaudrée et utilisait les sources de Saint-Moré 48 . Ils sont donc généralement associés aux établissements les plus importants ( fig. 14e).
Ce n'est que sur ces sites (ER3a) que l'on observe la présence de constructions adoptant le plan caractéristique des temples à plan centré galloromain. Ils apparaissent sous la forme d'une pièce centrale entourée d'une galerie, le tout souvent clôturé par un péribole ( fig. 14f). Les rares comparaisons disponibles, par exemple l'établissement de Richebourg 49 , permettent d'y voir autant un temple domanial qu'un mausolée. L'absence de fouille sur ce type de structure dans notre région ne permet d'ailleurs pas de trancher avec certitude, même si la similitude entre ces constructions et les temples voisins nous fait pencher 47-Delor et al. 2002, 1*, 345-351. 48-Nouvel 2004 fig. A546 ; Delor et al. 2002, 8*, 595. 49-Barat 1999Barat, dir. 2007, fig. 453. fig. 13).
Figure 546
Figure 453
-------pour la première des hypothèses. Leur mise en scène varie en fonction de l'importance des établissements. À Prégilbert Plaine de Crisenon ( fig. 9c), la construction, à déambulatoire reposant sur des dés de pierre, est disposée dans l'aile sud des communs, à proximité de la partie résidentielle. À Cravant Val Suzon et à Sceaux-en-Terre-Plaine Les Craies, elle est située à l'extrémité opposée des communs et adopte un plan centré ( fig. 9a et 9b). À Asquins Champs des Églises ( fig. 11b), une construction monumentale, reposant sur un podium à caisson est visible au centre de la première cour, répondant à une volonté évidente de monumentalisation. Il serait tentant d'y voir, non pas un temple de type gallo-romain, mais un véritable édifice cultuel de modèle italique. Dans les établissements de statut inférieur, ce genre de construction n'existe pas. On y rencontre par contre des lieux de culte moins structurés, prenant la forme de niches pourvues de statues de facture locale. Elles ont été observées dans les caves (Joux-la-Ville Les Bouchies) ou dans une pièce annexe de la partie résidentielle (Grimault La Tête de Fer) 50 . Enfin, la présence de bassins semble un caractère réservé aux établissements les plus vastes et les plus complexes (fig. 14f). Tous les aménagements de ce type apparaissent sur les sites de statut supérieur. Encore certains ER3 en sont-ils dépourvus, alors que tous les ER3a dont nous possédons le plan complet en disposent. La fonction de ces aménagements, parfois de grande taille, nous échappe partiellement. Si certains consistent probablement en des aménagements piscicoles, comme à Molesme en Côte d'Or 51 , l'utilité de la plupart semble se limiter à l'ornementation. Les exemples, plus ou moins développés, visibles sur les La superposition des critères hiérarchiques visibles dans les plans mis en oeuvre, les superficies bâties et les équipements présents confirment donc partiellement l'existence de différences de statut marquées au sein de l'habitat rural de cette région. 50-Delor et al. 2002, 11*, 435, fig. 591 et 8*, 393, fig. 12. 51- Petit et al. 2006. Elles recoupent, en partie seulement, l'importance de la mise en oeuvre de matières nobles et onéreuses dans leur élévation et leur ornementation.
Figure 591
Les matériaux et les choix décoratifs
L'opposition entre une maison en pierre de taille et une chaumière symbolise, pour nos contemporains, celle qui existe entre un site de statut élevé et un autre de statut inférieur. Pourtant, cette opposition est souvent artificielle, les choix de matériaux dépendant essentiellement des disponibilités locales. Ainsi, l'utilisation de maçonneries ne semble pas, à la lumière de la documentation disponible ici, réservée aux établissements de statut supérieur. À l'inverse, certaines zones, en particulier les fonds de vallée alluviale, n'offrent aucune ressource dans ce domaine. Les établissements gallo-romains y sont aménagés en matières périssables et apparaissent sous la forme de nébuleuses de trous de poteaux et de fossés 52 . Ces sites présentent pourtant parfois des superficies et des éléments mobiliers qui peuvent les faire comparer, pour la plupart, aux multiples ER2 de Basse Bourgogne, qui voient la généralisation de la pierre à une période relativement précoce 53 , et, pour d'autres, aux établissements de statut supérieur. À l'inverse, les établissements les plus modestes des plateaux calcaires mettent en oeuvre la pierre de façon récurrente 54 .
La présence de blocs de construction en grand appareil et d'ornements architecturaux dépend elle aussi largement des potentialités locales ( fig. 15a). Les sites les plus modestes de plateau calcaire (Châtel-Gérard Le Cul de Vausse 55 ) ont ainsi livré des bases de pilastres qui manquent cruellement sur les établissements les plus riches de Champagne crayeuse, où les carences en pierre de construction ont conduit à une récupération généralisée de ce genre de matériaux. Si une partie de cette parure monumentale a parfois été conservée (Migennes Champ de l'Église / La Côte Mitière 56 ), les vestiges qui 52-Ainsi à Néron à Gurgy (Delor et al. 2002, 1*, 415, fig. 548-550) ou aux Prés Carillon/Guerchy à Seignelay (Delor et al. 2002, 2*, 625, fig. 923. 53-Nouvel 2004Nouvel 2005. 54-Civry-sur-Serein Côme Lauthereau, Annoux Les Poumois : Nouvel 2004, 2, fig. A236 et A35. 55-Delor et al. 2002, 4*, 300, fig. 318. 56-Delor et al. 2002 fig. 666 à 669. en subsistent ne permettent pas d'en mesurer l'ampleur initiale.
Figure 15
Figure 666
D'autre part, les choix architecturaux dépendent largement des évolutions chronologiques. Si l'emploi de la pierre est confirmé sur de nombreux sites dès l'époque augustéenne, il semble au départ limité aux établissements les plus importants 57 . Un phénomène similaire peut être observé à partir du iv e s. À cette période, les établissements de statut supérieur mettent largement en oeuvre la maçonnerie alors que les plus modestes n'utilisent plus que le bois, comme celui de Censy Senailly 58 . 57-Annay-sur-Serein Le Beugnon Nouvel 2005. 58-Kasprzyk & Nouvel 2001Nouvel 2006b. La détermination du statut des établissements à travers les matériaux employés s'avère donc moins aisée qu'à travers l'analyse de leur plan même. Toutefois, la mise en oeuvre de matériaux nobles et onéreux recoupe en partie ces observations : bien que la présence de ces éléments (marbre, mosaïque, peintures murales, stucs, sculpture en ronde-bosse et éléments architectoniques, fig. 13 et 15a à 15e) dépende en grande partie de l'importance des recherches menées sur les sites, quelques spécificités peuvent être identifiées.
La présence de sols mosaïqués semble la plus caractéristique ( fig. 15e) --- Fig. 15 : Proportion de sites de chacun des types utilisant des modes décoratifs spécifiques (voir le tableau fig. 13).
-------par l'ensemble des éléments architecturaux sculptés, les occurrences de sculpture en ronde-bosse de qualité ( fig. 15c, . 15b).
Ainsi, si certains éléments semblent réservés aux établissements ruraux les plus étendus et les plus organisés (en particulier la présence de mosaïques et de placages de marbre), la diffusion des éléments architectoniques, des peintures murales et des stucs s'observe sur les établissements plus modestes. Ce constat souligne à la fois l'importance de la romanisation autant que la volonté des propriétaires ou des exploitants les plus modestes d'imiter les catégories les plus élevées à travers des aménagements onéreux.
Au terme de ce tour d'horizon, il convient donc de nuancer la réalité de catégories de sites hiérarchisées et imperméables les unes aux autres, fondées sur une opposition nette entre de vastes établissements concentrant tous les témoins de richesses et une multitude de sites modestes.
Certes, trois groupes de sites ruraux, présentant des caractères communs, peuvent se dégager de notre étude.
Le premier, nommé ER1, se caractérise par un bâtiment unique mais aussi par l'absence de toute ostentation. Une minorité seulement porte une couverture en tuiles, en dalles sciées ou en laves. Il convient donc d'interpréter cette catégorie de faible superficie et sans aménagement comme des annexes agraires. On ne saurait cependant rejeter d'emblée la possibilité d'unités d'exploitations modestes, animées par des propriétaires tout particulièrement modestes ou par une catégorie d'exploitants dépendants.
La catégorie ER2 semble nettement plus hétérogène. Tous les sites présentant un plan caractéristique de ce type, ou presque, sont couverts avec des matériaux transformés, fabriqués à proximité ou à moyenne distance (dalles sciées sur les plateaux de basse Bourgogne, tuiles ailleurs). Nombreux sont ceux qui disposent d'aménagements de qualité, tels que des pièces sur hypocauste ou des balnéaires, bien que d'autres se révèlent d'une pauvreté navrante. Tous présentent une partie résidentielle, soulignant qu'il s'agit bien d'un cadre de vie permanent, mais dont les aménagements sont très variables. Son ornementation plus ou moins luxueuse laisse ici entrevoir la possibilité, sur certains, d'investissements personnels, fruits d'un labeur indépendant et des nombreux excédents livrés par une période faste de production. Il n'est cependant pas impossible que d'autres soient le lieu de vie d'exploitants dépendants, disposant de fonds propres.
Quand la documentation disponible est suffisante, on note que les établissements présentant des plans de type ER3 possèdent la totalité des critères d'ornementation. Ils sont d'ailleurs les seuls à être dotés de mosaïques et, lorsque les informations sont suffisamment fines, d'adduction d'eau sous la forme d'aqueducs parfois conséquents. Toutefois, entre les ER3 et ER3a, on voit clairement que les seconds disposent de tous les ornements, contrairement aux ER3 qui sont parfois privés de mosaïque. Tout concourt à voir dans ces sites le cadre de vie d'exploitants indépendants. Le luxe et l'organisation même des parties résidentielles indiquent des similitudes d'ostentation et d'ornementation qui contribuent à des objectifs similaires. La mise en oeuvre de plans audacieux, s'appuyant sur de vastes perspectives, laisse supposer la circulation de plans d'architecte et une volonté d'ostentation évidente, mettant en scène la partie résidentielle par rapport aux communs. Les matériaux autant que l'organisation générale des lieux d'habitation font écho aux domus aristocratiques qui s'édifient au même moment dans les capitales de cités. Il serait tentant de voir, derrière ces établissements, une seule et même catégorie sociale, celle des aristocrates dont la puissance repose sur leurs possessions foncières.
Les caractères propres aux ER3 (qui semblent, pour certains, être l'aboutissement de l'évolution d'établissements de statut inférieur), montrent une certaine émulation autant que des possibilités de fluctuations au cours du temps entre ces diverses catégories.
Cependant, la présence d'éléments qui pourraient être considérés comme luxueux sur des établissements modestes confirme également la communauté de pratique et de mode de vie parmi les populations rurales, qu'elles vivent dans de vastes demeures ou dans des fermes plus modestes. Les efforts, observables sur les sites intermédiaires, pour disposer d'équipements de qualité (balnéaires, peintures murales, stucs) et consommer des produits similaires à ceux des propriétaires les plus favorisés, soulignent cette acculturation et ce mimétisme qui caractérisent le monde rural de cette région durant l'Antiquité gallo-romaine.
L'ensemble de ces constatations repose sur des critères qui restent bien évidemment discutables. Si le croisement des données mobilières et immobilières corrobore partiellement les hiérarchies livrées par l'observation des plans et des différences de superficie, elle ne permet cependant pas d'individualiser des cas ou des parcours particuliers. Il faudrait, nous en sommes conscients, encore affiner cette démarche, en prenant en compte le mobilier de ces sites et tenter de tracer des évolutions types de la période laténienne à la tardo-antiquité.
La présence d'éléments en ivoire, d'ornements ou de statuaire en bronze sur des sites de taille moyenne souligne par ailleurs que les matières les plus onéreuses peuvent apparaître sur des sites relativement modestes 59 . Face à un tel constat, seule une analyse proportionnelle des corpus de mobilier permettrait d'affiner les hiérarchies proposées ici à partir des organisations internes, des équipements et des matériaux utilisés. Cela nécessiterait la mise à disposition de corpus exhaustifs et comparables. Leur nature même, issue de contextes variables (découvertes anciennes, fouilles récentes partielles ou exhaustives, prospections), empêche encore cette approche en Bourgogne. Enfin, il est impossible de mesurer l'importance des récupérations et des atteintes postérieures qui peuvent avoir réduit par la suite, artificiellement, leur potentiel mobilier. Sans parler de pillages anciens, les activités de récupération n'ont pas manqué de s'attaquer en priorité aux matières les plus nobles, en particulier le métal 59-Nouvel 2007a. et le marbre exploité dans les fours à chaux. Si certains établissements en livrent en proportion importante, la pauvreté de certains autres (Migennes Champ des Églises par exemple, dans une moindre mesure Escolives-Sainte-Camille), comparée à l'investis-sement architectural consenti par leur propriétaire, permet de mesurer le fossé entre la réalité de leur richesse et la documentation archéologique effectivement exploitable. répartition et évolution des hiérarchies rurales en bourgogne du nord.
Évolution des hiérarchies rurales au cours du Haut-Empire.
Le croisement des données structurelles (surface et organisation interne) et fonctionnelles (équipement, luxe des aménagements) confirme donc, dans ses grandes lignes, l'existence de hiérarchies bien affirmées dans cette région au cours du Haut-Empire. Il permet, en particulier, d'observer l'émergence, comme dans les autres régions de la Gaule intérieure, de vastes établissements à l'organisation interne rigoureuse et présentant tous les caractères du luxe. Reste à déterminer l'origine de ces formes caractéristiques.
Des différences de taille et d'organisation interne similaires sont déjà lisibles au sein des établissements laténiens. L'accroissement des données au cours des dernières années permet d'opposer quelques rares établissements sur deux cours comme ceux d'Herblay (95) ou de Batilly (45) à une multitude d'établissements formés de bâtiments ouvrant sur une cour centrale et entourés d'un fossé périphérique, généralement quadrangulaire 60 . Cependant, contrairement à la période qui suit, le mobilier récolté sur ces sites ne permet pas d'opposer clairement ces deux populations 61 . Ce sont essentiellement la nécropole, dans laquelle sont déposées les richesses du propriétaire, et la matérialisation des monuments funéraires plus ou moins nombreux et imposants qui permettent de mesurer la richesse d'une communauté 62 . Les deux grands types d'établissement observés en Bourgogne du Nord correspondraient donc à la romanisation d'un plan préexistant.
Il est toutefois difficile, par manque de documentation, de préciser la période de réaménagement, qui correspond à une "romanisation" du bâti 63 de ces établissements de statut supérieur. Par contre, les prospections terrestres sont à même de déterminer les phases d'abandon des différents éléments qui les constituent, en particulier celle de la vaste partie résidentielle qui les différencie des établissements plus modestes. Il est donc plus aisé, à partir de notre corpus, d'examiner précisément la fin du processus que sa genèse.
Rares sont les sites de la zone d'étude ayant atteint, à une période ou à une autre, le statut supérieur (ER3) qui ont fait l'objet de fouilles récentes. Seuls quelques dossiers (Migennes, Escolives, Auxerre Sainte-Nitasse, Annay-sur-Serein, Champlay, Noyers-sur-Serein, La Chapelle-Vaupelteigne, Mailly-la-Ville, Nuits-sur-Armançon) permettent de préciser leurs origines et la datation de leur phase de monumentalisation. Il apparait que les ER3a d'Escolives-Sainte-Camille, de La Chapelle-Vaupelteigne et Annay-sur-Serein ont connu une monumentalisation plus ou moins précoce, entre le début du i er s. p.C. (Annay-sur-Serein) et le iii e siècle (Escolives-Sainte-Camille) 64 . Tous se caractérisent toutefois par un projet de grande ampleur réalisé d'un seul jet. Les parties résidentielles ont connu dans tous ces cas des remaniements importants au cours de leur occupation, en particulier durant la tardo-antiquité. À l'inverse, des établissements comme La Tête de Fer à Grimault, du Champ des Églises (Migennes), de Sainte-Nitasse (Auxerre) ou des Berrons (Brienon-sur-Armançon) semblent le fruit d'une évolution plus longue. À Grimault, les phases les plus anciennes correspondent à un établissement modeste, que la taille et le plan font comparer aux autres occupations rurales de statut moyen de cette région ( fig. 12). De même, à Migennes, les états les plus anciens sont sans commune mesure avec la monumentalisation qui prendra place à partir du iii e s. 65 . L'aspect éclaté de certains sites ER3, en particulier celui de Brienon-sur-Armançon Les Berrons 66 , souligne d'ailleurs leur origine relativement modeste. Certains de ces sites passeront même par tous les stades intermédiaires avant d'atteindre le statut d'ER3a à une période tardive, au iii e s., par exemple, pour le site de Tonnerre Soulangy 67 .
Il semble donc que cette volonté ostentatoire se retrouve dès le premier siècle de notre ère sur certains établissements. Ce seront eux, pour la plupart, qui connaîtront une monumentalisation qui en fera, au cours du Haut-Empire, de véritables palais ruraux, dont le plan d'un seul jet souligne la capacité de leur propriétaire à mobiliser de fortes sommes d'argent en un temps relativement réduit. Parallèlement, d'autres établissements, plus modestes à l'origine, se développeront largement au cours de leur longue occupation pour atteindre la catégorie supérieure. C'est ainsi que le site de La Tête de Fer, de statut médiocre au i er s. p.C., s'étendra pour donner naissance, au iii e s., à un ensemble beaucoup plus structuré, opposant partie résidentielle et partie exploitation sur deux lignes, mais dont l'hétérogénéité souligne l'empirisme et les ajouts successifs. L'absence de plan d'ensemble laisse à penser que, contrairement aux sites précédents, le propriétaire n'avait ici pas les moyens de mobiliser une somme d'argent suffisante pour restructurer entièrement son bien-fonds. L'évolution de ces établissements de statut supérieur au cours de l'Antiquité tardive est plus aisée à mettre en évidence. Elle repose essentiellement sur les données offertes par les prospections terrestres qui permettent de mesurer l'importance de l'occupation des parties résidentielles des sites de type ER3 au cours du temps. La figure 16 présente l'évolution du nombre de site de type ER3 par rapport aux autres établissements ruraux sur la période s'étendant de 50 à 800 p.C. On note que ce nombre est maximum au iii e s. (toutes les parties résidentielles de ce type sont alors occupées). Leur proportion croît entre le i er et le iii e s. car des établissements de type ER2 se transforment, au cours de la période, en ER3. 66-Delor et al. 2002, fig. 236. 67-Fouille INRAP / Nouvel 2007b Toutefois, à partir du iii e s., le destin de l'une et de l'autre des catégories (ER2 et ER3) va sensiblement diverger.
La plupart des ER3 survivent à la période 275 -350 sans perdre leur statut, leur vaste partie résidentielle étant toujours occupée. À l'inverse, de nombreux ER2 vont être abandonnés, dans une proportion atteignant parfois plus de 40 % du total (dans la zone de Noyers-sur-Serein en particulier, fig. 16). Certes, quelques abandons partiels ont été observés dans les catégories supérieures, comme Grimault La Tête de Fer, qui rétrograde alors, d'après la superficie occupée et l'abandon de nombreux bâtiments, au statut d'ER2 68 . Pourtant, les indices disponibles soulignent la persistance des caractères luxueux mis en place à la période précédente. Les réaménagements nombreux qui ont lieu à la fin du iii e s. et au début du iv e s. sont l'expression d'un dynamisme certain. Le début du iv e s. voit même certaines promotions (Brienon-sur-Armançon Les Berrons, ER2 précédemment, sur lequel une vaste zone résidentielle à cour centrale se développe) et l'accroissement de l'investissement dans la plupart de ceux déjà au sommet de la hiérarchie (La Chapelle-Vaupelteigne, Migennes, Escolives-Sainte-Camille, etc.). Le cas de Migennes Champ de l'Église, fouillé au cours des années 1980, en est l'expression la plus aboutie et souligne la capacité d'investissement des élites rurales au début du Bas-Empire 69 .
Figure 16
Au cours de la phase suivante (350-400), on observe, sur ces sites favorisé, une tendance à l'abandon des parties résidentielles, aboutissant à une rétractation de l'occupation sur les anciens communs 70 . Le nombre d'établissements répondant aux critères des ER3 du Haut-Empire diminue donc à cette période, la grande rupture semblant devoir être fixée au milieu du iv e s. On note alors une disparition ou un déclassement des quatre cinquièmes des ER3 existant au début du siècle, les sites répondant encore, postérieurement aux années 360, aux critères caractéristiques des ER3 ne représentant plus qu'une part infime de ceux qui existaient au cours du iii e s. Seules, quelques parties résidentielles luxueuses, localisées essentiellement dans des établissements situés en pays Sénon, 68-Kasprzyk & Nouvel 2001, 69-Delor et al. 2002 fig. 666 Il faut donc convenir que le phénomène des établissements de statut supérieur est ici éphémère et fragile et que les conditions générales ne permettent plus leur survie à partir de la seconde moitié du iv e s. et surtout au v e s. p.C. Cette évolution scelle la fin de l'investissement des élites dans l'habitat rural. Elle ne s'accompagne cependant pas de l'abandon des bâtiments d'exploitation qui, pour la plupart, continuent à être occupés, donnant progressivement naissance à des habitats moins structurés et hiérarchisés, caractéristiques du monde rural au haut Moyen Âge dans ces régions. 71-Nouvel 2004, fig. 124. 72-Nouvel 2004 fig. 150.
Figure 150
Répartition des établissements de statut supérieur
Quels que soient leur origine et leur parcours postérieur, les sites ruraux les plus importants s'observent au iii e s. dans des environnements et des localisations topographiques spécifiques.
La zone d'étude de Noyers présente une image caricaturale de cette répartition ( fig. 17) : ils sont ici totalement absents des plateaux calcaires et se concentrent dans l'étroite vallée du Serein. On pourrait croire, à une lecture rapide de ce document, qu'il y a là un effet exclusif lié à la topographie. Des critères d'accès à l'eau ou de proximité des axes de fond de vallée pourraient éventuellement être évoqués.
Figure 17
La carte figure 18 indique cependant qu'une certaine prudence doit être de mise. Sur cette carte à plus grande échelle, la corrélation entre vallées et établissements de statut supérieur semble se limiter aux plateaux calcaires de Basse Bourgogne. En effet, variété, témoin de ressources variées, ne se rencontre qu'à proximité des vallées entaillant profondément les plateaux. Les établissements situés à ces endroits privilégiés ont accès, dans un rayon de moins de 500 m, aux terres à blé de plateau, aux terres lourdes d'élevage en fond de vallée et au talus viticole. Cette observation laisserait entendre que leur développement n'est pas seulement l'objet d'une volonté ou de capacités financières individuelles, mais trouve son origine dans des facteurs locaux plus favorables, à même de permettre un investissement somptuaire. À l'inverse, les sites de plateaux, entourés de terres de qualité mais monotones, n'auraient pas bénéficié de complémentarités des ressources suffisantes pour dégager les moyens nécessaires à l'édification d'établissements de statut supérieur. Ces potentialités favorables concentrées dans des espaces restreints expliquent, d'une part, la plus forte concentration de sites dans certaines zones, mais aussi en partie la très forte pérennité de cette catégorie de sites par rapport aux autres plus modestes. Le graphique de la figure 20, qui ventile les établissements en fonction de leur durée totale d'occupation et de leur catégorie optimale, montre que la durée moyenne de fréquentation des établissements de type ER1 est de un à trois siècles, celle des sites culminant au statut ER2 de trois à cinq siècles alors qu'une majorité de sites atteignant à l'époque gallo-romaine le statut ER3 sont fréquentés plus de douze siècles. Dans la région de Noyers-sur-Serein, tous les sites de ce type donnent ainsi naissance à des habitats médiévaux. À l'image de ce qui a pu être mis en évidence en Picardie ou en Auvergne, les facteurs environnementaux semblent donc fondamentaux dans la mise en place de ces hiérarchies rurales 74 . Ce ne serait pas leur statut propre qui expliquerait leur occupation longue, mais plutôt l'importance des ressources locales à disposition, permettant de répondre à des crises ponctuelles d'ordre environnemental ou économique. 74-Picardie : Fajon 2003 ;Auvergne : Dousteyssier et al. 2006. ---Fig. 20. Durabilité comparée des différents types d'établissements ruraux (pourcentage de sites de chaque type encore occupé après n siècles).
Figure 18
-------conclusion Le Haut-Empire et le début du Bas-Empire correspondent, en Bourgogne du Nord, au développement d'une hiérarchie rurale affirmée, couronnée par une série de vastes établissements luxueux. Ils adoptent des caractères communs, fruit de l'investissement des élites locales. Ce phénomène est en tout point comparable à ce qui s'observe ailleurs en Gaule interne, depuis l'Aquitaine jusqu'en Germanie. La mise en oeuvre d'éléments architecturaux fastueux est l'expression du rôle important qu'incarnent les établissements ruraux dans l'affirmation de la puissance de ces catégories sociales. Cela confirme, ici comme ailleurs, la présence des élites les plus aisées dans leur domaine campagnard, dans lequel elles investissent des sommes équivalentes ou supérieures aux dépenses de leur domus urbaine.
Toutefois, contrairement à ce qui avait été observé en Picardie (où les sites les plus importants disposent de résidences linéaires à galerie de façade), le sommet de la hiérarchie est constitué d'un grand nombre d'établissements à résidence centrée sur un péristyle. Ces types de sites semblent tout particulièrement nombreux dans les cités de Gaule centrale, depuis les Trévires, les Médiomatriques (Echternach, Luxembourg ; Saint-Ulrich et Lihons, 57) ou les Helvètes (Orbe et Vallon en pays de Vaud) à l'est, jusqu'aux cités de l'actuelle Bretagne et de l'Aquitaine à l'ouest, en passant par l'Auvergne et le Berry. Ils semblent largement moins courants dans le Bassin Parisien et en Gaule du Nord 75 . Ce modèle architectural mériterait donc une étude spécifique, permettant de mieux délimiter son aire d'extension, les choix architecturaux récurrents et ses rythmes de diffusion. Il n'en reste pas moins que les éléments mis en évidence en Bourgogne du Nord, aux confins des cités des Sénons, des Éduens et des Lingons, semble se retrouver, à l'identique, dans les régions précédemment citées.
La genèse de ces établissements fastueux paraît s'observer au sein des formes architecturales élaborées à la fin de l'époque laténienne, même si 75-Agache 1978 ;Ouzoulias 2005, à quelques rares exceptions près : Vieux Rouen, par exemple, en Seine-Maritime. cette question reste encore à approfondir 76 . De même, le plan type de la ferme à plan centré, sur cour, est l'héritier direct des aménagements de la fin de l'indépendance, caractérisés par un ensemble de bâtiments sur cour centrale inséré dans un enclos fossoyé 77 . Les grands types d'établissements qui s'observent durant le Haut-Empire (ER2 et ER3), correspondent donc à une adaptation des formes élaborées dès La Tène Moyenne en Gaule interne. Il s'agirait donc bien de choix architecturaux locaux, comme le supposait déjà R. Agache dès la fin des années 1970 et non de l'importation de modèles méditerranéens. Ils se distinguent, en particulier, des formes adoptées en Italie par les établissements les plus riches, en Narbonnaise et dans les Espagnes, où l'organisation des communs en deux cours semble, sinon totalement inusité, du moins nettement minoritaire.
Dans un tel cadre, l'intégration de modes de construction, d'équipements et de décorations d'origine méditerranéenne ne fera généralement qu'accroître les hiérarchies préexistantes. Toutefois, la mise en évidence de parcours particuliers, caractérisés par la promotion ou l'appauvrissement de certains sites au cours du temps, laisse entrevoir des hiérarchies mouvantes, fruits de réussites locales.
Les quelques cas fouillés indiquent que le luxe apparent de ces établissements favorisés tend à se renforcer à partir de la fin du iii e s. et dans la première moitié du iv e , alors que nombre de fermes de statut inférieur périclitent. Cela montre le dynamisme des campagnes du début de l'Antiquité tardive, tout particulièrement des couches supérieures de la société, comme cela a déjà été mis en évidence plus au nord ou dans le Sud-Ouest 78 . Contrairement à un grand nombre d'établissements de statut moyen qui disparaissent au cours de cette période difficile, leurs habitats connaissent des phases de reconstruction et d'embellissement qui les transforment en de véritables palais ruraux, toujours plus importants à mesure que le nombre de sites classés dans cette catégorie supérieure diminue 79 . 76-Bayard & Collard, dir 1996 ;Marion & Blancquaert 2000 ;Fichtl, dir. 200(. 77-Nouvel et al. à paraître. 78-Van Ossel 1992 ;Ouzoulias 2005 ;Réchin éd. 2006. 79-Kasprzyk 2005 Pourtant, cette évolution n'aura qu'un temps. La seconde moitié du iv e s. verra un désengagement généralisé de la part des élites rurales, matérialisé par l'abandon des parties résidentielles fastueuses. À partir du v e s., la forte hiérarchisation, évidente jusque-là, tend à disparaître, au profit d'habitats