THÈSE DE DOCTORAT
L'UNIVERSITE RENNES 2
ECOLE DOCTORALE N° 645
Espaces, Sociétés, Civilisations
Spécialité : Sociolinguistique
Par
Anne GENSANE LESIEWICZ
TOME 1
« Analyse de l’imaginaire et de pratiques linguistiques d’adolescents :
un phénomène argotique contemporain ? »
Thèse présentée et soutenue à Rennes, le 08 décembre 2023
Unité de recherche : P.R.E.F.I.C.S.
Direction :
Gudrun LEDEGEN
Dávid SZABÓ
Professeure des Universités, Rennes 2, France
Professeur des Universités, Loránd Eötvös, Hongrie
Pré-rapporteurs :
Emmanuelle GUERIN Professeure des Universités, Sorbonne université, France
Alicja KACPRZAK
Professeure des Universités habilitée, Łódź, Pologne
Composition du Jury :
Emmanuelle GUERIN
Alicja KACPRZAK
Hugues GALLI
Alena POLICKÀ
Gudrun LEDEGEN
Dávid SZABÓ
Professeure des Universités, Sorbonne université, France, pré-rapporteure, présidente
Professeure des Universités, Łódź, Pologne, pré-rapporteure
Maître de Conférences, Bourgogne, France, examinateur
Professeure des Universités, Masaryk, Tchéquie, examinatrice
Professeure des Universités, Rennes 2, France, directrice
Professeur des Universités, Loránd Eötvös, Hongrie, directeur
Titre : Analyse de l’imaginaire et de pratiques linguistiques d’adolescents :
un phénomène argotique contemporain ?
Mots clés : argot, parler jeune, imaginaire linguistique, lexicologie,
argotologie, étude de culture populaire
Résumé : Dans cette étude de cas, j’ai souhaité mettre
à l’épreuve une linguistique populaire (Paveau 2005), de
terrain, adaptée à un corpus de paroles d’adolescents
contemporains. J’étudie les pratiques et représentations
sociolinguistiques qui composent l’imaginaire de ces
informateurs. C. Canut affirme que pour « circonscrire le
fonctionnement des imaginaires linguistiques », cela
nécessite « de réaliser des enquêtes de terrain longues
et approfondies » (1998 : 152). C’est ce que j’ai cherché
à faire en construisant notamment des relations de
confiance et de partage avec eux, les interrogeant sur
leur évaluation de la langue et en pratiquant la
lexicographie participative. De manière annexe, j’ai
également travaillé deux autres terrains moi-même, en
vue d’articuler micro- et macrosociolinguistique et ai
exploité un sous-corpus du Multicultural Paris French.
Celui-ci m’a servi, avec mon corpus personnel, à mettre
en valeur les caractéristiques diatopique, diastratique,
diachronique, diaphasique sous une forme matérielle
qu’ils donnent à leur parler ; et à observer la manière
dont ils gèrent la pression sociale due à leur âge et/ou
leur condition sociale
avec leur propre usage linguistique, en prenant donc
en considération l’influence écologique qu’ils
subissent. Selon eux : qui use de ce parler ?
pourquoi use-t-on
de
ce
parler
?
comment fonctionne ce parler ? L’approche émique
est, nécessairement, combinée avec une approche
étique. Ma recherche part du constat de l’existence
d’une idéologie de la langue standard (Milroy et
Milroy, 1985). Nous observons d’ailleurs aujourd’hui
une hégémonie, au sens emprunté par J.-B.
Marcellesi à A. Gramsci (1948), en ce sens que :
« contrairement à la domination, l’hégémonie
s’accompagne d’une certaine forme de conviction et
de consentement. » (Marcellesi, 2003 : 166).
Comment se fait-il que les pratiques étudiées ici
transgressent quand bien même les normes ? Car,
c’est au moyen d’une étude des fonctions et des
formes linguistiques non standard propre à
l’argotologie moderne, ou sociolexicologie que je
sollicite cette idée. C’est par ailleurs en 1997 que J.P. Goudaillier inscrit l’objet linguistique dont je traite
ici sous l’appellation Français Contemporain des
Cités. Mais peut-on pour autant parler d’un système
linguistique parallèle ?
Title: Analysis of the imagination and linguistic practices of adolescents:
a contemporary slang phenomenon?
Keywords : slang, youth language, linguistics imaginary, lexicology,
slang studies, folk studies
Abstract : In this case study, I wanted to test a popular
linguistics (Paveau 2005), in the field, adapted to a
corpus of words of contemporary adolescents. I study the
sociolinguistic practices and representations that make
up the imagination of these informants. C. Canut affirms
that to “circumscribe the functioning of linguistic
imaginations”, this requires “carrying out long and indepth field surveys” (1998: 152). This is what I sought to
do by building relationships of trust and sharing with
them, questioning them about their evaluation of the
language and practicing participatory lexicography. In
addition, I also worked on two other fields myself, with a
view to articulating micro- and macrosociolinguistics and
exploited a sub-corpus of Multicultural Paris French. This
served me, with my personal corpus, to highlight the
diatopic, diastratic, diachronic, diaphasic characteristics
in a material form that they give when speaking to them;
and to observe the way in which they manage the social
pressure due to their age and/or their social condition
with their own linguistic use, therefore taking into
consideration the ecological influence that they
undergo. According to them: who uses this
language? why do we use this language? how does
this talk work? The emic approach is, necessarily,
combined with an etic approach. My research starts
from the observation of the existence of a standard
language ideology (Milroy and Milroy, 1985). We
also observe today a hegemony, in the sense
borrowed by J.-B. Marcellesi from A. Gramsci
(1948), in the sense that: "unlike domination,
hegemony is accompanied by a certain form of
conviction and consent." (Marcellesi, 2003: 166).
How is it that the practices studied here still
transgress the norms? Because it is by means of a
study of non-standard linguistic functions and forms
specific to modern slangology, or sociolexicology,
that I solicit this idea. It was also in 1997 that J.-P.
Goudaillier registered the linguistic object that I deal
with here under the name French Contemporary
Cities. But can we still speak of a parallel linguistic
system?