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Svetlana JAKIMOVSKA La terminologie et les relations sémantiques dans la langue du droit Résumé court L’objectif de cet article est d’analyser les relations sémantiques de synonymie, polysémie, homonymie et paronymie dans le cadre de la langue du droit qui insiste sur la monoréférence du texte du départ et sur sa traduction précise. L’analyse porte d’abord sur la manière dont les termes sont représentés dans les ressources terminologiques car ces ressources représentent les outils principaux des traducteurs juridiques, obligés de surmonter de nombreux obstacles dus à ces phénomènes. Mots-clés:langue du droit, synonymie, polysémie, homonymie, terminologie, traduction Le terme relations sémantiques désigne les différents rapports établis entre la dénomination et la notion dans le cadre d’un terme ou les rapports établis entre les termes différents. Ces rapports peuvent être différents (hyponymie, hypéronymie, antonymie etc.) mais cet article porte sur la synonymie, la polysémie, l’homonymie et la paronymie. Les phénomènes sus-mentionnés sont analysés dans le cadre de la langue du droit qui impose des critères particulièrement élevés par rapport à la monoréférence du texte du départ et à sa traduction précise. En fait, en vue de faciliter les échanges dans les domaines intellectuels, scientifiques, techniques et économiques, la théorie veut qu’en terminologie chaque concept soit exprimé au moyen d’une seule désignation et qu’un seul concept soit désigné d’une seule dénomination. La terminologie insiste donc sur les principes de monoréférence et d’univocité. Pourtant, la réalité est bien différente. Il n’y a pas de limites strictes entre la langue commune et les langues de spécialité et les phénomènes de synonymie, de polysémie et d’homonymie faisant partie de la langue commune se manifestent aussi dans la langue du droit. On parle de synonymie lorsque plusieurs formes linguistiques désignent le même concept. DEPECKER, Loïc: Entre signe et concept, 2002, p.131. Il s’agit donc de désignations concurrentes pour une seule notion. En général, les synonymes sont divisés en deux grands groupes – synonymes absolus (parfaits) et synonymes partiels (parasynonymes). On considère que deux termes sont des synonymes absolus s’ils sont interchangeables dans tous les contextes sans qu’il y ait de changement de sens : magistrats du Parquet / magistrats debout. Les cas de synonymes absolus sont très rares et en général on parle de synonymes partiels c’est à dire de termes ayant un noyau sémique commun, mais portant certaines nuances de sens à cause desquelles ils ne sont pas interchangeables dans tous les contextes. Ces nuances sont souvent dues aux facteurs différents : Si les termes représentent des variantes régionales d’une seule notion, dans ce cas-là on parle de synonymes géographiques. Étant donné que le français est la langue officielle dans plusieurs Etats, il devient évident que les synonymes géographiques sont plus nombreux en français qu’en macédonien. On peut citer à titre d’exemples les synonymes partiels : ministre de la justice et garde des sceaux. Tandis que les deux synonymes sont utilisés en France, en Belgique on n’emploie que le terme ministre de la justice. En Suisse, on n’utilise pas le terme ministre signifiant pasteur, mais le terme conseiller fédéral. En ce sens, en Suisse il n’y pas de Conseil des ministres, mais un Conseil fédéral. En ce qui concerne le terme maire, on peut trouver de nombreux synonymes utilisés par les différentes administrations francophones. En France, on a donc le terme maire, en Belgique bourgmestre ou maïeur, en Haïti magistrat communal. Le phénomène de la synonymie temporelle est dû au caractère évolutif de la langue qui change en continu de sorte que certains termes disparaissent et d’autres, nouveaux prennent leur place. Dans la langue française du droit on trouve des couples synonymiques, constitués soit d’un terme latin, soit d’un terme de l’ancien français d’un côté et d’un terme français de l’autre côté : prima facie-de prime abord, inter alia-entre autres ou bien icelui-celui, icelle-celle. Quant au macédonien, les termes archaïques sont d’origine turque et ne font pas partie de la langue juridique officielle. On les trouve plutôt dans les proverbes et les contes : бајрак-знаме (drapeau), кадија-судија (juge), ефенди-господин (monsieur) etc. Les couples synonymiques sont parfois constiutués de mots appartenant, l’un à la langue commune et l’autre à la langue spécialisée : mort/décès ; conjugal/matrimonial etc. Les synonymes peuvent aussi appartenir aux différents registres de la langue : policier/flic ou en macédonien : полицаец/ цајкан. En français, on trouve aujourd’hui des paires synonymiques de termes empruntés à l’anglais et de néonymes dont l’usage est recommandé : proper law – loi appropriée ; lease back – cession bail ; lay off – chômage temporaire ; delivered duty paid –rendu droits acquittés(RDA) ; delivered duty unpaid – rendu droits dus (RDD). Il faut souligner qu’il existe d’autres types de synonymie, comme la synonymie concurrente ou professionnelle qui ne sont pas d’intérêt particulier pour l’étude de la langue du droit. Le phénomène de la synonymie est différemment traité par la terminologie et la traduction. La terminologie s’efforce à la réduire au minimum afin d’éviter l’ambiguïté et de rendre la communication entre les spécialistes plus précise. Pour atteindre cet objectif la terminologie dispose de différents instruments, dont la désynonymisation – la différenciation sémantique. Par exemple, avant, on utilisait les termes néologisme et néonyme en tant que synonymes, mais aujourd’hui on utilise le terme néologisme pour désigner une nouvelle unité lexicale et le terme néonyme pour une nouvelle unité terminologique. Il devient donc évident que la synonymie impose de différents enjeux au traducteur. D’une part il est obligé d’éviter les synonymes pour rendre la traduction la plus précise possible, et d’autre part, il est quand même obligé de les utiliser pour que le style soit vivant. Il est aussi tenu de bien connaître toutes les nuances du sens du terme donné, de même que le contexte plus étroit, le texte à traduire et le domaine auquel fait référence le texte. Par exemple, les termes jugement et arrêt sont des synonymes partiels car ils désignent tous les deux une décision de justice, mais le traducteur est obligé de savoir que le premier se rapporte à la juridiction de première instance et le second à la juridiction de deuxième instance surtout s’il traduit du macédonien en français, car en macédonien, il n’existe qu’un seul équivalent pour les deux termes français. Un autre exemple important et l’usage des termes casser et annuler. Les deux termes peuvent être employés parallèlement dans un certain nombre de contextes : casser une décision/annuler une décision; casser un testament/annuler un testament. Pourtant, ils ne sont pas interchangeables dans tous les contextes : on dit annuler un mariage, mais non casser un mariage. Or, dans certains contextes on ne peut utiliser que le terme casser: casser un fonctionnaire (le rétrograder), casser un juge, un magistrat (le destituer), casser les prix (les diminuer, les réduire). D’autres sont réservés au verbe annuler : annuler une convention, annuler une disposition, annuler un droit, annuler une peine etc. Le traducteur doit premièrement reconnaître le besoin de consulter des ressources terminologiques et ensuite de faire le choix d’une ressource qui l`aidera le mieux à trouver la bonne solution. Les ressources terminographiques représentent les synonymes de manières différentes. Les différences peuvent être analysées par la comparaison de deux bases terminologiques : Le grand dictionnaire terminologique http://www.granddictionnaire.com et Le juridictionnaire http://www.termiumplus.gc.ca . La première base terminologique offre pour chaque terme une liste de domaines dans lesquels on peut utiliser le terme. Avec le choix du domaine le nombre de synonymes diminue, et par exemple, dans le domaine administration publique pour le terme casser est proposé en tant que synonyme le terme infirmer et aussi le quasi-synonyme révoquer avec des indications précises sur le deuxième qu’il s’agit d’un terme exprimant que la même autorité qui avait octroyé la chose, la retire. Il faut souligner qu’il s’agit d’une base où les termes sont présentés d’une manière très précise, mais à l’aide de courtes définitions et parfois sans exemples. Par conséquent, le traducteur peut s’en servir s’il a besoin de bien comprendre la notion d’un certain terme, mais parfois il sera obligé de continuer sa recherche, surtout s’il veut analyser les contextes dans lesquels on emploie le terme donné. À la différence du Grand dictionnaire terminologique, le Juridictionnaire est une base terminologique qui est beaucoup plus exhaustive. Les définitions qui y sont proposées sont précises et claires. Elles sont souvent suivies d’analyses comparatives avec des termes anglais (car le Juridictionnaire est destiné avant tout aux traducteurs canadiens) mais aussi de nombreux contextes, illustrés en détails. A la fin des entrées on trouve aussi des listes de synonymes, avec des indications précises renvoyant aux entrées des synonymes proposées ou aux différents contextes dans lesquels sont trouvés les synonymes. Tandis que la synonymie comprend les rapports entre les termes différents, la polysémie est liée aux rapports existant dans le cadre d’un seul terme. Le terme polysémie est introduit dans la linguistique par Michel Bréal et dérive des deux mots grecs polus « nombreux » et sêmeion « sens ». On parle de polysémie lorsqu’un signe linguistique renvoie à plusieurs concepts DEPECKER, Loïc: Entre signe et concept, 2002, p.126.. Il s’agit d’un phénomène diachronique vu qu’avec le temps les termes se sont enrichis de différentes significations ou de différentes nuances de sens. Ullmann ULLMANN, Stephen: Précis de sémantique française, 1975. indique plusieurs facteurs qui influencent la distinction sémantique comme: l’étymologie populaire, l’instinct étymologique, la spécialisation des mots de la langue commune et la figure. Mais la polysémie est très importante sur le plan synchronique aussi car elle influence l’économie de la langue. Notre stock mnésique est limité et si nous créons des désignations particulières pour chaque concept nous ne serons pas à même de retenir toutes les désignations. Pour cette raison nous sommes obligés d’utiliser la même désignation pour plusieurs notions tout en acceptant de courir le risque d’ambiguïté. En raison de l’ambiguïté que la polysémie peut introduire les terminologues et les traducteurs spécialisés tentent de l’éviter. Toutefois, il s’agit d’un phénomène inhérent à la langue qui ne peut pas être nié, ni complètement supprimé. Le risque d’ambiguïté est donc éliminé par une définition précise des différentes nuances de sens de même que des contextes dans lesquels le terme est utilisé. Il s’ensuit que, afin d’éviter les pièges de la polysémie, le traducteur à la recherche d’un équivalent sera obligé de bien choisir le ressource terminologique à consulter. Les différences peuvent, encore une fois, être illustrées par les deux bases - le Grand dictionnaire et le Juridictionnaire. Si l’on cherche le terme arrêt dans la cadre du Grand dictionnaire on retrouvera une vingtaine de domaines où l’on peut trouver le terme. En précisant le domaine du droit, on trouve quatre définitions : 1. Décision à caractère juridictionnel rendue par une cour d'appel ou la Cour suprême d'un État. 2. Mise en panne imposée par un navire de guerre belligérant à un navire de commerce ou de pêche, en vue de l'exercice du droit de visite. 3. Décision sur l'appel. 4. Décision de justice émanant d'un juge ou d'un tribunal judiciaire. Étant donné que la dernière définition est assez générale, elle est suivie de notes précisant que: Dans le cas de tribunaux administratifs ou d'autorités administratives, on parle d'une décision et non d'un jugement. Dans le cas d'arbitres, on parle d'une sentence arbitrale. Dans le cas de juridictions qui occupent un degré élevé dans la hiérarchie judiciaire (par exemple les cours d'appel) ou dans la hiérarchie administrative (par exemple, en Belgique, la Cour d'arbitrage et le Conseil d'État), on parle d'un arrêt. D’ici on peut conclure que les définitions sont très précises et même assez exhaustives, et qu’elles peuvent aider les traducteurs à éviter les erreurs. Dans le cadre du Juridictionnaire, au terme arrêt sont réservées deux entrées : la première se rapportant au jugement, la deuxième à l’arrestation. La définition du terme arrêt est longue et précise, complétée de contextes caractéristiques pour le Canada. La définition, les pièges quant à la traduction de ce terme en anglais, les différents contextes dans lesquels ce terme est rencontré, sont enrichis d’une liste de syntagmes comportant ce terme. Quant à la deuxième acceptation du terme arrêt il est intéressant de noter que dans la version imprimée de Juridictionnaire on indique des contextes où ce même terme peut introduire de l’ambiguïté en raison de la polysémie qui lui est inhérente : Un policier peut arrêter un individu et lui poser des questions lors d’une enquête. On se demande donc si l’on veut dire que la police peut demander simplement à l’intéressé de s’arrêter ou bien qu’elle a le pouvoir de le mettre en état d’arrestation. Ces deux exemples montrent bien que le choix que fait le traducteur dépend de ses compétences linguistiques de même que du type de texte à traduire et que dans certains cas il peut consulter des bases terminologiques simples tandis que dans des cas plus spécifiques il sera obligé de chercher la solution dans les ressources plus exhaustives. La représentation des sens d’un mot polysémique dans le cadre des ressources terminographiques est d’une importance majeure pour le traducteur qui se lance à la recherche de l’équivalent dans la langue cible car dans le cas de polysémie l’équivalence est établie entre l’un des sens du terme polysémique en langue source et le sens unique du terme monosémique en langue cible ou entre l’un des sens du terme polysémique en langue source et l’un des sens du terme polysémique en langue cible. Par exemple, au terme français société correspondent les deux termes macédoniens општествo et трговско друштво (société commerciale). Les définitions précises permettront au traducteur d’effectuer une traduction réussie du macédonien vers le français. La plupart des unités lexicales ont plusieurs acceptations et en théorie elles peuvent introduire de l’ambiguïté. Pourtant, en pratique le contexte le plus souvent supprime le risque des malentendus. Pour cette raison, certains traductologues, dont Seleskovitch, estiment que les phénomènes de la polysémie et de l’ambiguïté se produisent au niveau de la langue, et non au niveau du discours ou du texte car la compréhension ne s’arrête pas aux unités lexicales. La polysémie est donc plus intéressante pour les terminologues que pour les traducteurs, car d’abord le domaine auquel renvoie le texte et puis le contexte au sens plus étroit, de même que l’expérience personnelle et professionnelle du traducteur enlèvent l’ambiguïté. On parle d’homonymie lorsqu’une seule désignation renvoie à plusieurs concepts. DEPECKER, Loïc: Entre signe et concept, 2002, p.129. Tandis que la polysémie est vue comme une caractéristique inhérente à la langue et indispensable au bon fonctionnement des langues, l’homonymie est considérée comme une anomalie de la langue due a la coïncidence de deux ou plusieurs formes linguistiques. De point de vue diachronique, les homonymes sont dus à la coïncidence de deux ou plusieurs formes linguistiques et il est à souligner que les unités linguistiques dont la dénomination est brève se prêtent plus à l’homonymie. Or, il est plus probable que le mot eau coïncidera avec un autre mot que le mot prestidigitateur, par exemple. La distinction entre la polysémie et l’homonymie représente un problème particulier pour les linguistes. Lyons LYONS, John: Éléments de sémantique, 1978., par exemple, considère que la distinction se fait sur deux principes: l’étymologie et la proximité des sens. Si les différents sens se sont développés à partir d’un seul terme, il s’agit de polysémie ; si deux dénominations ont coïncidé il s’agit d’homonymie. Il existe deux types d’homonymes : absolus (pleins, vrais) et partiels. Les homonymes absolus sont identiques par la forme, ils appartiennent à la même partie du discours et sont dotés de sens très éloignés : 1. héroïne (drogue) 2. héroïne (fem. héros) ou 1.voler (s’en voler) 2. voler (dérober). En macédonien des homonymes absolus sont les deux noms : лисици (renards) et лисици (menottes). L’homonymie partielle peut être due à l’appartenance aux différentes catégories grammaticales : juge-nom et juge-troisième personne de singulier présent du verbe juger. Les homophones et les homographes sont une particularité inhérente à la langue française. Les homophones sont des mots prononcés de la même manière, bien que la forme écrite puisse être différente – la cour -il court - court - le cours. Les homographes ont la même forme écrite, mais sont prononcés différemment – il fait - le fait. Les homonymes partiels sont à trouver en français, tandis que dans les langues comme le macédonien, fondées sur le principe phonétique « un son-une lettre » on ne trouve que des homonymes. Il est à noter que le français est plus incliné à ce phénomène que les langues slaves et c’est une des raisons pour lesquelles le français est difficile pour les étudiants. La langue dispose de certains instruments pour éviter l’homonymie et l’ambiguïté. En français ce sont parfois le genre le poste/la poste, puis la différente prononciation il fait/le fait de même que l’utilisation de certains accents dû/du ; la/là etc. En macédonien les homonymes ne sont pas si nombreux et pour les mots les plus fréquents pouvant introduire de l’ambiguïté on utilise un accent. Ce sont par exemple la troisième personne du singulier du verbe être et le pronom tout, se prononçant tous les deux се. Pour cette raison quand le mot est utilisé en tant que pronom on l’écrit avec un accent: сè. Dans les dictionnaires les homonymes ont des entrées distinctes à la différence des différents sens d’un mot polysémique regroupés sous une même entrée : 1. avocat- professionnel du droit plaidant en justice pour ses clients ; 2. avocat-fruit exotique. En ce qui concerne les bases terminologiques, en cherchant le mot on est obligé de choisir le domaine et donc il est presque impossible de tomber sur un homonyme. Étant donné le fait que les homonymes sont très rares dans les langues spécialisées, ils ne sont presque jamais représentés dans les bases ou dictionnaires spécialisés. Pourtant il y a certaines bases terminologiques, comme par exemple le Juridictionnaire, qui indiquent l’existence de certains homonymes. Le Juridictionnaire fait la distinction entre l’adjectif feu et son homonyme, le nom feu. D’abord on peut y trouver des informations concernant leur étymologie : le nom feu provenant du latin focus (foyer) et l’adjectif provenant du mot latin fatutus (celui qui a accompli son destin) du fatum (destin). Puis il est indiqué que l’adjectif est utilisé dans le cadre du discours juridique, administratif et religieux. Enfin, on trouve des indications sur l’emploi grammatical de l’adjectif, telles que sa distribution dans la phrase et la concordance en genre et en nombre. Des exemples donnés il devient évident que dans les cas d’homonymie le risque d’ambiguïté n’est pas trop élevé et les explications données dans le dictionnaire sont nécessaires seulement pour assurer l’utilisation correcte de certains termes. D’autre part, il y a des cas où les homonymes appartiennent aux différentes catégories grammaticales mais la proximité entre les sens de ces termes peut introduire des difficultés de communication ou un emploi incorrect des termes. Il conviendrait ici de mentionner les deux homonymes coïncidant et coïncidents. Le premier terme est un participe présent du verbe coïncider, tandis que le deuxième est de point de vue grammatical un adjectif descriptif dont la terminaison –ent s’explique par le fait que le mot a été calqué sur l’adjectif latin correspondant. L’emploi différent des termes peut être illustré par les contextes suivants : exercice coïncidant avec l’année d’imposition faits coïncidents ou simultanés. L’objectif de la terminologie est de réduire tous les phénomènes qui pourraient introduire de l’ambiguïté ou des difficultés dans la communication. En ce sens la terminologie s’efforce de réduire le nombre de synonymes, de termes polysémiques et d’homonymes. Pourtant en terminologie le phénomène d’homonymie est moins fréquent que dans le lexique général, car en terminologie chaque domaine de spécialité est considéré comme un champ à part, le terme ayant sa valeur spécifique seulement à l’intérieur de ce champ. Pour cette raison, la terminologie estime que le risque d’ambiguïté dû à l’homonymie est assez limité et les homonymes sont représentés seulement dans les grands dictionnaires terminologiques. Même dans les cas où les homonymes appartiennent au même domaine le contexte plus étroit dans lequel est utilisé le terme et les connaissances du traducteur suppriment l’ambiguïté. Prenons le cas de deux homophones cession et session qui appartiennent au domaine juridique. En utilisant les termes dans un contexte donné cession des biens ou session d’un tribunal il devient évident lequel des deux homophones le locuteur utilise. La paronymie, appelée souvent l’homonymie approximative, est la relation sémantique entre deux mots qui n’ont pas le même sens ni la même forme ou prononciation. Pourtant en raison de la proximité quant à l’écriture ou prononciation, les paronymes peuvent être confondus. Si l’on suppose que le traducteur connaît bien la langue source et la langue cible, les paronymes ne devraient pas poser des pièges pour le traducteur, ni pour l’interprète. Les oeuvres terminographiques le plus souvent ne mentionnent pas les paronymes des termes. Le Juridictionnaire en est l’exception car il indique à quelques reprises l’existence de certains paronymes désignés par le terme quasi-homonymes. Par exemple, il est indiqué qu’il ne faut pas confondre les termes réfection et réfaction. Les deux termes dérivent du verbe refaire, mais ont des sens différents. Si en droit on utilise le syntagme réfection d’un acte cela signifie que cet acte doit être refait, rédigé de nouveau, tandis que le terme réfaction désigne la réduction des prix. En français il y a des paires paronymiques dont certains concernent le domaine du droit : conjecture – conjoncture conversation - conservation. En macédonien on trouve des paronymes du type: орудие (instrument) – оружје (armes) човечен (humain, qui aime les hommes) - човечки (humain, qui caractérise l’homme) статус (statut, position) - статут (statuts, document ayant un caractère statutaire). En guise de conclusion De l’analyse effectuée ci-dessus on arrive à plusieurs conclusions. D’abord que les trois phénomènes appartenant à la langue commune sont aussi fréquents dans les langues spécialisées, voire dans la langue du droit qui insiste sur la précision car les ambiguïtés risquent d’être abusives. Puis, les trois types de relations sémantiques imposent au traducteur des obstacles différents. En ce qui concerne la synonymie il est obligé en recherchant l’équivalent dans la langue cible de trouver le synonyme qui correspond au contexte donné. Pour que sa recherche soit réussite, il est préférable qu’il consulte des ressources terminologiques plus exhaustives se rapportant au domaine auquel appartient le texte à traduire. La polysémie est aussi un enjeu important pour le traducteur au moment où il établit l’équivalence entre les deux termes. A ce moment-là, il doit bien comprendre la nuance de sens du terme polysémique et établir l’équivalence avec un terme monosémique ou l’un des sens du terme polysémique de la langue cible. Par contre, les enjeux dus à l’homonymie ne sont pas nombreux, l’homonymie étant un phénomène plutôt théorique et surtout limité dans le cadre d’un seul domaine. Et finalement, ce qui devient très intéressant avec le développement technologique c’est le rôle de ces phénomènes dans le cadre de la traduction automatique. Dans tous les trois cas le choix du terme est fait à partir des informations puisées des dictionnaires ou à partir des contextes dans lesquels un terme est utilisé, c’est à dire la fréquence du terme dans un contexte donné. Pourtant dans le cas de la synonymie le programme ne peut donner qu’une solution à la différence du traducteur qui peut consulter les dictionnaires mais aussi qui dispose d’une large expérience et qui peut analyser plusieurs solutions avant d’en choisir une. La polysémie est peut-être l’un des plus grands enjeux de la traduction automatique, car le programme doit d’abord déterminer les sens différents et ensuite choisir le sens correspondant au contexte. Les programmes d’aujourd’hui diminuent les erreurs en combinant les données des dictionnaires et aussi les caractéristiques distributionnelles et paradigmatiques des unités lexicales. Quant à l’homonymie, les nouveaux programmes donnent la possibilité de choisir le domaine de sorte que le nombre d’homonymes diminue rapidement. Résumé long Le terme « relations sémantiques » désigne les différents rapports établis entre la dénomination et la notion dans le cadre d’un terme ou les rapports établis entre les termes différents. Ces rapports peuvent être différents (hyponymie, hypéronymie etc.) mais cet article se concentre sur la synonymie, l’homonymie et la polysémie dans la langue du droit qui impose des critères particulièrement élevés par rapport à la monoréférence du texte de départ et à sa traduction précise. On étudie donc la présence de ces phénomènes dans la langue du droit et les défis auxquels est confronté le traducteur du texte juridique. On s’intéresse aussi au rôle des différents types de ressources terminologiques (dictionnaires, bases terminologiques etc.) dans le processus de traduction et comment elles peuvent contribuer à éviter les erreurs de traduction dues à ces phénomènes. Finalement, on analyse le rôle de la synonymie, de la polysémie et de l’homonymie dans le cadre de la traduction automatique. Bibliographie АТАНАСОВ, Петар & ПОПОСКИ, Алекса: Македонско-Француски речник, Скопје, 2007. АТАНАСОВ, Петар & ПОПОСКИ, Алекса: Француско-Македонски речник, Скопје, 1992. BASSNETT, Susan: Translation Studies, Routledge, 2002. CABRE, Maria Teresa: La Terminologie, Les Presses de l`Université d`Ottawa, Québec, Canada, 1998. CAMION, Jean: Dictionnaire des homonymes de la langue française, Gachot, 1986. CHAZAUD, Henri Bertaud: Dictionnaire de synonymes et contraires, Le Robert, Paris, 1996. CORNU,Gérard: Linguistique juridique, coll. «Domat droit privé», Paris, Éd.Montchrestien, 1990. 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