TABLE DES MATIERES
Hélène BOUILLON,
On the anatolian origins of some Late Bronze egyptian vessel forms
1
Agneta FRECCERO,
Marble trade in Antiquity. Looking at Labraunda
11
Şehnaz ERASLAN,
Dionysus and Ariadne in the light of Antiocheia and Zeugma Mosaics
55
Ergün LAFLI et Gülseren KAN ŞAHİN,
Middle Byzantine ceramics from Southwestern Paphlagonia
63
Mustafa AKASLAN, Doğan DEMİRCİ et Özgür PERÇİN en collaboration avec Guy LABARRE,
L’église paléochrétienne de Bindeos (Pisidie)
151
Anaïs LAMESA,
La chapelle des Donateurs à Soğanlı, nouvelle fondation de la famille des Sképidès
179
Martine ASSENAT et Antoine PEREZ,
Localisation et chronologie des moulins hydrauliques d’Amida. A propos d’Ammien Marcellin,
XVIII, 8, 11
199
Helke KAMMERER-GROTHAUS,
»Ubi Troia fuit«
Atzik-Köy - Eine Theorie von Heinrich Nikolaus Ulrichs (1843)
213
CHRONIQUES DES TRAVAUX ARCHEOLOGIQUES EN TURQUIE, 2015
Sami PATACI et Ergün LAFLI,
Surveys in Ardahan on the turkish-georgian borderline in 2013 and 2014
229
Çiğdem MANER,
Preliminary report on the second season of the Konya-Ereğli survey (KEYAR) 2014
249
Dominique BEYER, Can KARAVUL, Françoise LAROCHE-TRAUNECKER et Aksel TİBET,
Rapport préliminaire sur les travaux de la mission archéologique de Zeyve Höyük-Porsuk 2014
275
Jean-Charles MORETTI avec la collaboration de Nicolas BRESCH, Isabel BONORA,
Jean-Jacques MALMARY et Olivier RISS,
Claros, le temple d’Apollon : travaux réalisés en 2014
291
Olivier HENRY et Erika ANDERSSON, Christophe BOST, Ömür Dünya ÇAKMAKLI,
Angela COMMITO, Mélissa CORMIER-HUGUET, Peter DE STAEBLER, Pierre DUPONT,
Duygu ERGENÇ, Axel FREJMAN, Banu KEPENEK, Pascal LEBOUTEILLER, Haral NILSSON,
Felipe ROJAS, Baptiste VERGNAUD,
Labraunda 2014
301
Anatolia Antiqua XXııı (2015), p. 301-394
Olivier Henry* et
erika AnderssOn, Christophe BOst, Ömür dünya ÇAkmAklı, Angela COmmıtO,
mélissa COrmıer-Huguet, Peter de stAeBler, Pierre duPOnt, duygu ergenÇ,
Axel FrejmAn, Banu kePenek, Pascal leBOuteıller, Haral nılssOn,
Felipe rOjAs, Baptiste VergnAud
LABRAUNDA 2014
la saison 2014 à labraunda (Fig. 1) a probablement été la plus intense depuis les grands travaux
entrepris par l’équipe suédoise sous la direction
d’Alfred Westholm en 1960. grâce au soutien des
très nombreuses institutions, publiques comme
privées, et de personnalités physiques, nous avons
pu réunir sur le terrain une équipe internationale de
47 chercheurs et étudiants de onze nationalités différentes (d’Ouest en est : etats-unis, Colombie,
royaume-uni, France, suède, Finlande, slovaquie,
grèce, roumanie, Bulgarie, turquie, ınde). A côté
des différents projets de conservation/protection, de
documentation, de mise en valeur et de fouilles (qui
ont été particulièrement nombreux avec 6 secteurs
différents), nous avons entamé en 2014 un certain
nombre de travaux de longue haleine. Parmi ceuxci nous soulignerons la mise en place d’une prospection systématique, qui devrait nous renseigner
sur l’occupation du territoire autour du sanctuaire,
ou encore l’enquête de terrain visant à mettre en
place un plan général de mise en valeur du site. Au
niveau des publications, nous devons souligner la
prochaine sortie du volume dédié aux périodes
tardives du sanctuaire, signé par j. Blid, ainsi que la
finalisation de la publication des Andrones qui
devrait paraître au cours de l’automne 2015.
Cette année a aussi été celle de l’acquisition
d’une nouvelle maison de fouille, certes modeste,
mais qui s’inscrit dans un plan d’acquisition plus
large. Cette acquisition, effectuée par l’intermédiaire
de l’association lABrys, récemment fondée, est
le fruit d’une collaboration fructueuse avec un partenaire local, la société esAn-eczacıbaşı. Outre ce
partenaire de choix il est important de souligner le
soutien constant du ministère des Affaires etrangères
français ainsi que l’implication vitale pour la mission
du ‟labraunda Committee” piloté depuis l’université
d’uppsala, et grâce auquel une grande partie du
budget 2014 a pu être réuni.
le rapport que nous présentons ici est le résultat
de la synergie qui est maintenant mise en place dans
le cadre des recherches à labraunda. ıl est le fruit
d’une collaboration exemplaire entre chercheurs,
étudiants et ouvriers. ıl a bénéficié en grande partie
des conseils prodigués par les autorités locales et
centrales en turquie, et nous tenons tout particulièrement à remercier à cet égard le ministère de la
Culture et du tourisme turc, ainsi que son représentant
qui nous a accompagné tout au long de ces deux
mois sur le terrain, nurettin Özkan, de même que le
directeur du musée archéologique de milas, Ali
sinan Özbey.
nous remercions enfin l’ensemble des contributeurs à ce rapport, pour leur diligence, et leur professionnalisme.
*) O. Henry, ens/AOrOC, ıFeA ; C. Bost, ıFeA ; Ö. Çakmaklı, karabük univ. ; A. Commito, Brown univ. ; m. CormierHuguet, Bordeaux univ. ; P. de staebler, Brown univ. ; P. dupont, mOm ; d. ergenç, ınstituto de geociencias CsıC-uCm, madrid ;
A. Frejman, uppsala univ. ; B. kepenek, metu ; P. lebouteiller, ıFeA ; H. nilsson, uppsala univ. ; F. rojas, Brown univ. ;
B. Vergnaud, Ausonius, ıFeA.
302
OlıVıer Henry et alii
Fig. 1 : Plan général du sanctuaire (O. Henry).
lABrAundA 2014
303
1. CONSERVATION, RESTAURATION ET PROTECTION
1.1. Le marbre (e. Andersson)
les objectifs de cette année consistaient à continuer le travail, entamé lors des saisons précédentes,
visant à préserver les importantes inscriptions et
blocs architecturaux du sanctuaire de labraunda.
Ces travaux offrent aussi l’opportunité à de jeunes
étudiants en conservation de se frotter aux réalités
de terrain et d’acquérir une expérience qu’il est impossible d’obtenir de manière empirique. les phases
d’interventions comprises dans notre approche incluent : la documentation, le nettoyage, la consolidation, la réparation de craquelures ainsi qu’une
série de tests et une évaluation des différents traitements de consolidation appliqués sur le marbre.
Au cours de la saison 2014 nous avons procédé
à la conservation de :
– 4 blocs appartenant au Propylon sud : 2 blocs
d’ante, dont l’un avec une inscription, un fragment
d’architrave et un fragment de fronton ;
– 4 blocs appartenant au temple de Zeus : un
chapiteau d’angle ionique (Fig. 2), un ensemble reconstruit comprenant une architrave, une frise denticulée et une corniche ;
– 1 tambour de colonne appartenant à la façade
de l’Andron B ;
– 1 inscription (n° 21) située en avant des
Oikoi ;
– 1 stèle inscrite appartenant à l’exèdre sur la
terrasse du temple ;
– 1 bloc d’architrave de l’Andron A ;
– 1 base de colonne de l’Andron B.
Ci-dessous suit un tableau récapitulatif des
marbres traités (en italique) et de ceux qu’il est
prévu de traiter dans les saisons à venir :
Fig. 2 : E. Andersson au cours du traitement
d’un chapiteau du temple (O. Henry).
south Propylaea
1. Anta block with inscription (61A and 61B),
inv. K 73, at the west side of the entrance, decision
of Roman officials regarding freedom from annoyance
of the inhabitants of the sacred land. Biocide treatment
2013. Conserved 2014.
2. Anta capital, inv. K 80, with egg and dart decoration at the top, followed by a palmetto and
lotus frieze, a Lesbian molding and a bead-and reel
list. Conserved 2011.
3. Column at the end of the passage at the east
side. Badly damaged at the lower part, on a broken
base. ınv. k28A+B. Biocide treatment 2014.
4. Column with base standing at the end of the
passage at the west side, inv. k27A+B. Biocide
treatment 2014.
5. Anta capital, S-E anta, moved to the S-E side
of the gateway, placed on inv. K73. Biocide treatment
2013. Conserved 2014.
6. ınscription (61A and 61B), inv. k 19, decision
of roman officials regarding freedom from annoyance
of the inhabitants of the sacred land. Biocide treatment
2014.
7. Pediment of the Southeast architrave, inv.
K3. Placed upon architrave fragment K4. Biocide
treatment 2013. Conserved 2014.
8. Architrave fragment, inv. K4. Biocide treatment
2013. Conserved 2014.
9. Architrave fragment with dedication of the
gateway, inv. K81. The fragment, broken into two
pieces, was lifted from the ground and is now placed
beside K4. Conserved 2013.
10. Anta block inv. k58, placed with the back
side on the ground and the decorated front up.
Biocide treatment 2014.
Andron B
1. Anta capital, inv. C84, decorated with eggand-dart, lotus- and palmetto frieze, Lesbian cymatium
and bead-and-reel list, placed on the terrace. The
capital has flaking areas at the top, indicating there
will be future material losses. These parts need to
be secured. Conserved 2011.
2. Inscription I. Labraunda 6, inv. C 39, on the
terrace. Conserved 2011.
3. Inscription I. Labraunda 5, inv. C 76, placed
on the terrace. Conserved 2011.
4. Inscription I. Labraunda 5, inv. C 78, letter of
Philip of Macedon to Mylasa. Conserved 2011.
5. Inscription I. Labraunda 6B, inv. C 38, placed
on the terrace. Conserved 2011.
304
OlıVıer Henry et alii
6. Inscription I. Labraunda 14, consisting of 7
blocks lined up on the terrace, inv. C11, C10a,
C10b, C13, C12, C165, C42. Biocide treatment
2011. Conserved 2012.
7. Ionic capital, inv. C80, standing in front of
Andron B. Conserved 2011.
8. Column, inv. C 3, one of a pair at the entrance
to the building, placed towards north. Biocide treatment 2012. Conserved 2013.
9. Column, inv. C 44, at the entrance to the building, placed towards south. Biocide treatment 2013.
Conserved 2014.
10. Anta block, inv. C 82, on which inv. C 84 is
standing. Conserved 2011.
11. Inscription I. Labraunda 5, inv. C 77, placed
on the terrace. Conserved 2011.
12. Inscription I. Labraunda 7, inv. C 40, placed
on the terrace. Conserved 2011.
Andron A
1. Column, inv. A 125, one of a pair standing at
Andron A, placed towards south. Conserved 2012.
2. Column, inv. A 13, second of a pair at Andron
A, on the ground towards north.
3. Ionic capital, inv A 104. Conserved 2010.
4. Inscription I. Labraunda 4, inv. A 150, placed
in the corner close to no 5. Conserved 2012.
5. Inscription I. Labraunda 15 consisting of 3
large blocks, inv. A5, A3, A2, placed in front of the
north column. Conserved 2012.
6. Inscribed block AK8 (AR 4). Conserved in
2014.
7. ınscribed block A151 (ı. labraunda 1). Placed
in 2014 in the south room of the Oikoi. Biocide
treatment 2014.
8. ınscribed block m02 (ı. labraunda 137), discovered in 2014 during the excavation at the Andron
and now placed in the south room of the Oikoi.
9. Anta Capital discovered in 2014 during the
excavation at the Andron and now placed in the
porch of the Andron.
Oikoi
1. Inscription I. Labraunda 21, inv. NA 2, placed
on a row of frieze blocks standing outside the
building. Biocide treatment 2013. Conserved 2014.
2. ınscription consisting of 3 large architrave
blocks of which one is broken in half. dedication of
the Oikoi by ıdrieus. Biocide treatment and partially
cleaned 2014.
3. see Andron no 7.
4. see Andron no 8.
temple of Zeus
1. Column at the north side. the column is vertically broken into two pieces. Flaking areas.
2. Column drum at the north side. damaged.
3. Column drum, north-westcorner. damaged.
Biocide treatment 2013.
4. Ionic corner capital, northwest corner, placed
on column drum. Biocide treatment 2013. Conserved
2014.
5. Base and block at the n-e corner of the stylobate. damaged.
6. Column drum at south side, split.
7. Column drum at south side, split.
8. Reconstruction, 3 blocks. (Top block with lesbian cymatium, dentils, egg-and-dart, and bead and
reel decoration). Strange crust on the Lesbian cyma.
Biocide treatment 2013. Conserved 2014.
temple terrace
1. Architrave fragment with decoration. Cleaned
for documentation 2012.
2. ınscription 42. Biocide treatment 2014.
3. ınscription 56. Biocide treatment 2014.
4. ınscription 85. Biocide treatment 2014.
5. ınscription. Placed on the ground, in front of
inscriptions 42, 56 and 85. Biocide treatment 2014.
6. ınscription. Placed on the ground, in front of
inscriptions 42, 56 and 85. Biocide treatment 2014.
7. ınscription. located left of inscriptions 42,
56 and 85. Biocide treatment 2014.
north stoa
1. Capital B152, treated with biocide 2012.
Conserved 2013..
2. Capital B147, treated with biocide 2012.
Conserved 2013.
3. Capital B95. Conserved 2013.
4. Capital B146. Conserved 2013.
5. Capital B141. Conserved 2013.
6. entablement, with inscriptions (7 plus 9 decorated and/or inscribed blocks).
exedra
1. Stele with inscription, inv. 118/Y30. Conserved
2014.
doric House
1. ınscription 19, dedication of a building, propably a terrace house. Biocide treatment 2014.
east Propylon
2. Anta capital inv. H18. Biocide treatment 2014.
lABrAundA 2014
1.2. Le mortier et les petits objets
Compte tenu de l’activité croissante sur le site
de labraunda depuis la saison 2012, il nous a semblé
nécessaire de faire intervenir sur le terrain un spécialiste de la restauration, parallèlement au programme
des marbres décrit ci-dessus1. Ce programme vise à
permettre d’intervenir immédiatement sur des structures ou objets qui requièrent un traitement urgent.
Cette année les interventions se sont portées à la
fois sur des structures liées au mortier et sur des petits
objets. les mortiers ont concerné les zones suivantes :
– Bassins romains, la priorité était de stabiliser
la conservation de ces mortiers afin de ralentir leur
305
altération et leur perte. Cette année, il s’agissait
donc d’effectuer des tests de traitement en fonction
des matériaux à notre disposition et de pratiquer des
interventions d’urgence ;
– Bains est, il s’agissait de stabiliser le délitement
des pilettes afin de les conserver in situ ;
– Andron A, il s’agissait de consolider les mortiers
de surface et de fixer notamment la couche picturale
des enduits muraux.
Quant aux petits objets, le restaurateur s’est
attaché à traiter des fragments de boucliers en
bronze2. la priorité était de stabiliser le métal et de
remettre au jour les décors gravés sur le bouclier.
2. LA DOCUMENTATION
2.1. Les bases de données physico-chimiques :
céramique, mortier, marbre et verre
le site de labraunda est un emplacement pauvre
en matière première, qui ne permettait donc pas (ou
peu) de production locale. Cependant, et probablement
du fait de son caractère de sanctuaire à dimension
régionale, les fouilles révèlent une quantité impressionnante d’objets ou de matériau vraisemblablement
importé des quatre coins de la région. ıl offre ainsi
un terrain expérimental idéal pour qui veut jeter les
bases d’outils référentiels dans des domaines très
variés. Car région de la Carie souffre d’un manque
de référentiels pour l’ensemble de la culture matériel
antique. Ce type d’approche est encore très peu développé dans le sud-Ouest de l’Asie mineure concernant les productions locales, qu’il s’agisse de typologies céramiques ou d’analyses physico-chimiques.
dans ce contexte, nous avons décidé de lancer, à
partir du matériel mis au jour à labraunda, plusieurs
pistes de recherche qui permettront, à terme, d’établir
de solides bases de références utiles à l’ensemble de
la communauté scientifique ‘carienne’.
2.1.1. La céramique (P. dupont)
en 2014, nous avons eu la chance de voir se
joindre à l’équipe de fouille Pierre dupont. ıl a entrepris une analyse systématique des céramiques
provenant des fouilles anciennes, avec notamment
l’étude des fragments archaïques du sanctuaire. en
outre, nous avons décidé de lancer un programme
d’analyses physico-chimiques des céramiques de
labraunda, qui permettrait de compléter l’analyse
typologique.
les trouvailles céramiques du sanctuaire de labraunda constituent un ensemble suffisamment représentatif pour l’étude du faciès céramique carien
par le biais d’un programme d’analyses de laboratoire.
Celui-ci devrait comporter deux volets successifs
ou concomitants en fonction des disponibilités de la
chaîne d’analyses physico-chimiques et des moyens
mis en œuvre :
1) l’individualisation préliminaire du ou des
groupes géochimiques susceptibles de correspondre
à des productions locales ou loco-régionales ; il sera
fait appel à cette fin à des échantillonnages rassemblant
à la fois des références locales (argiles, briques,
tuiles…) et des céramiques communes à pâte grise
ou claire, ainsi que quelques tessons à vernis noir
susceptibles d’une origine non attique ;
2) leur différenciation sur le plan régional afin
de déterminer, par itérations successives, l’étendue
de la zone d’incertitude autour du site de labraunda ;
cette seconde phase reposera sur la confrontation
des données obtenues avec un réseau de références
régionales adaptées ; elle devrait permettre à terme
l’identification des principaux centres producteurs
régionaux de Carie et leur séparation d’avec ceux
d’ıonie du sud, de milet notamment.
un tel programme ne peut être mené que dans
un laboratoire disposant déjà d’une importante base
de références couvrant les sites majeurs de la grèce
de l’est comme celui de la maison de l’Orient de
lyon (Cnrs-umr 5138) et d’une expérience confirmée sur le domaine. Cette année nous avons décidé
de procéder à l’analyse d’une trentaine d’échantillons.
nous espérons pouvoir obtenir les résultats de ces
analyses dans le courant de l’hiver 2014/2015.
1) la restauratrice Camille Bourse est restée 3 semaines sur le site de labraunda et a procédé à l’essentiel des interventions
mentionnées ici. Pour les objets céramiques, soulignons également la participation de n. Chateau.
2) mis au jour lors de la fouille de la tombe monumentale, voir plus bas.
306
OlıVıer Henry et alii
2.1.2. Enduits de l’Andron A
Cette année nous avons lancé deux séries d’analyses de mortier. la première est concentrée sur les
enduits issus de la fouille de l’Andron A (voir plus
bas). ıl s’agit pour l’essentiel de matériaux de couverture des murs et du sol. Ces derniers datent de la
période hellénistique (probablement hékatomnide).
nous avons procédé à un échantillonnage général
des vestiges et prélevé 13 fragments qui ont été
soumis à une analyse pétroarchéologique. Cette analyse a été confiée aux soins de l’entreprise Arkemine,
sous la responsabilité d’Arnaud Coutelas.
2.1.3. Mortiers hellénistiques et romains
(d. ergenç)
le but de cette recherche est de mettre sur pied
une base de données de référence concernant les
propriétés et caractéristiques physico-chimiques des
mortiers romains de labraunda. Cette base de
données a pour but de service d’outil d’analyse et
de comparaison pour la région. Ce travail s’intègre
dans le cadre d’une recherche doctorale intitulée
Comparison of Roman mortars in Spain and Turkey
et menée à l’université Polytechnique de madrid.
les premières observations ont été réalisées au cours
de l’hiver 2014-2015. nous en livrons ici les résultats
préliminaires (tableau 1).
nous avons recueilli trois échantillons dans l’Andron A, daté des années 351-344 av. j.-C. le premier
est un bloc de mortier provenant de la fondation du
sol supposé hékatomnide (Fig. 3) ; le second d’une
réparation tardive de la fenêtre nord-ouest ; le dernier
est un échantillon de plâtre provenant probablement
de l’enduit qui couvrait les murs intérieurs du
bâtiment. le reste de l’échantillonnage a été effectué
Tableau 1.
Code
Bâtiment
Localisation
Datation
lm01A
lm01B
lm01C
lm02
lm03
lm04A
lm04B
lm05
lm06A
lm06B
lm06C
lm07A
lm07B
lm07C
lm07d
lm08
lm09
Andron A
Andron A
Andron A
south Bath
south Bath
tetraconch bath
tetraconch bath
Andron C
east bath
east bath
east bath
Hypostyle building
Hypostyle building
Hypostyle building
Hypostyle building
Hypostyle building
roman Pool
sol
mortier de réparation
enduit mural
mur
mur
mur
sol
mur sud
sol
mur
mur
sol du bassin
sol du bassin (niveau 2)
sol du bassin (niveau 3)
sol du bassin (niveau 4)
sol du bassin (2e phase de construction)
mur
351-344 av. j.-C.
romaine
351-344 av. j.-C.
3e-4e s. ap. j.-C.
3e-4e s. ap. j.-C.
4e s. ap. j.-C.
4e s. ap. j.-C.
1e s. av. j.-C.-ap. j.-C.
1e s. ap. j.-C.
1e s. ap. j.-C.
1e s. ap. j.-C.
Hellénistique (3e s. av. j.-C.?)
Hellénistique (?)
Hellénistique (?)
Hellénistique (?)
romaine
1e-2e s. ap. j.-C.
Fig. 3 : Prélèvement des échantillons dans l’Andron A (d. ergenç).
lABrAundA 2014
307
Fig. 4 : Carte de répartition des prélèvements de mortiers (d. ergenç).
sur six autres bâtiments dont la datation varie du
début de la période hellénistique à la fin de la
période moderne (Fig. 4) :
les échantillons prélevés présentent des dimensions
variant de quelques millimètres à plus de 10 cm. les
premières observations non-destructives ont été menées
sur les coupes fraîches des échantillons (Fig. 5).
jusqu’à présent, outre l’analyse macroscopique, nous
avons réalisé les procédures suivantes : diffraction
des rayons X (Xrd), microspectroscopie raman,
spectrophotométrie et analyses de microdureté.
la caractérisation minéralogique a démontré
que tous les échantillons sont composés de quartz et
de calcite, bien que cette dernière soit très faiblement
représentée pour les échantillons lm01B, lm07d,
lm08 et lm09. de la même manière tous les échantillons révèlent la présence de feldspath (avec des
quantités alternées d’albite et d’anorthite) et de mica
de biotite et, pour certains, de muscovite. On observe
de spics de kaolinite pour deux échantillons de l’Andron C et des Bains est.
l’analyse micro-raman n’a pu être utilisée que
pour certains des échantillons. On observe un pic
principal de calcite dans tous les échantillons
(1 085,6 cm-1), excepté pour lm08 et lm09 qui
montrent de l’aragonite et des pics secondaires de
calcite (tableau 2).
Tableau 2.
Echantillons
Pic Raman
lm01-A
lm02
lm04A
lm06B
lm06C
lm07A
lm07C
lm08
lm09
1086,1
1085,4
1087,6
1085,6 ; 1235 ; 1270 ; 1430
1085,6
1085,6 ; 1379
1085,6 ; 1118,5
704,6 ; 1118,5 ; 1270 ; 1379
1439,5
l’analyse spectrophotométrique montre que les
échantillons s’étagent entre deux extrêmes que sont
lm02 et lm09, avec un groupement des échantillons
lm01A, lm03 et lm04A.
308
OlıVıer Henry et alii
Fig. 5 : Macro photo de l’échantillon LM01A prélevé dans l’Andron A (d. ergenç).
davantage d’analyses sont prévues pour permettre
d’affiner ces premiers résultats, telles que des analyses
en Fluorescence X, la microscopie électronique,
l’analyse thermogravimétrique (tgA-dtA), le rapport
et la distribution de la taille des grains, la porosimétrie
à mercure. enfin, il est prévu d’installer sur le site
archéologique une série d’enregistreurs de données
et de capteurs CO2 afin de récolter des données environnementales à labraunda et étalonner nos résultats.
2.1.4. Marbre
le marbre est un des matériaux les plus rares
sur le site de labraunda. ıl n’existe en effet pas de
carrière à proximité immédiate du sanctuaire, et
pourtant il semble qu’il ait été largement utilisé
pour les constructions datant des époques archaïque
à romaine. une observation menée lors des travaux
de nettoyage et de protection de plusieurs blocs a
révélé qu’il existait plusieurs types de marbres sur
le site et donc que ceux-ci devaient avoir été importés
de différentes sources. dès 2011, A. Freccero s’est
engagée dans une étude fine de ces marbres, en
créant une base de données fournie non seulement
des bâtiments de labraunda mais aussi en glanant
de nombreux échantillons dans les sites et les
carrières connus de la région3. les résultats de cette
étude sont extrêmement prometteurs et sont présentés
dans un article distinct de ce volume. ıl est important
de souligner que cette étude a bénéficié d’une coo3) Voir l’article d’Agneta Freccero dans ce même volume.
pération exceptionnelle de la part de nos collègues
turcs et étrangers qui nous ont tous permis d’effectuer
un échantillonnage sur leur fouille.
Cette étude, outre qu’elle permet de révéler la
variété des sources d’approvisionnement en marbre
de la région, et l’évolution de la géographie du
commerce du marbre en Carie, jette également les
fondations d’une base de données qui permettra aux
uns et aux autres d’analyser et/ou de comparer
l’origine des matériaux de construction utilisés sur
les différents sites archéologiques de la région.
2.1.5. Verre
enfin, et bien que nous n’en soyons qu’à un stade
embryonnaire, nous avons pour objectif de créer une
base de données physico-chimique de la vaisselle en
verre mise au jour sur le site de labraunda. Au cours
de la saison 2014 nous avons effectué un premier
échantillonnage comprenant une trentaine d’éléments.
Ces derniers seront bientôt soumis à l’analyse.
2.2. Les monnaies (H. nilsson)
Au cours de la saison 2014 plus de 160 monnaies
ont été mises au jour lors des fouilles du bâtiment
hypostyle. l’ensemble des ces monnaies appartient
à une même couche stratigraphique qui semble correspondre à un niveau de alluvionnement important.
ıl semble possible d’attribuer ces monnaies à un
petit trésor qui aurait été piégé dans un niveau abandonné puis détruit par l’action de l’eau.
lABrAundA 2014
ıl s’agit de petits bronzes, ce qui paraît relativement
étonnant dans certains cas, comme celui des Antoniniani qui devraient être en argent. l’ensemble est
très fortement corrodé et seuls quelques exemplaires
ont pu être identifiés malgré un nettoyage systématique. Bien que leur lisibilité soit extrêmement faible,
il semble qu’elles appartiennent toutes à un horizon
relativement homogène et datant du milieu du 4e à
la fin du 5e s. ap. j.-C. Ci-dessous le lecteur trouvera
une liste de trois de ces monnaies parmi les plus facilement identifiables.
Aelia Flacilla, empress and wife of theodosius ı,
died 386
Obv. : Bust r., diademed
rev. : Ael FlACıllA AVg. no motif visible.
Weight: 0,8 g
diameter12,6 mm
ref. : Cf. RIC vol. ıX, p.184, 46
theodosius ıı (408-450 A.d.)
Obv. : dn tHeOd[OsıVs] PF AVg. Bust r., diademed
rev. : Corroded
exc. Coin nr. 68, my nr. 23.
theodosius ıı (408-450 A.d.)
Obv. : d]n t[HeOdOsı]Vs [PF AVg] Bust r.,
rev. : 2 emperors? ]HA[…]ıs (legend uncertain)
exc. Coin nr 81, my nr 36. ref. : Cf. RIC, vol. X,
pp. 271-272
2.3. La topographie et le nouveau plan des
vestiges (P. lebouteiller)
l’état actuel du site intra-temenos se compose,
dans la partie inférieure, de grandes terrasses artificielles qui ont remodelé la topographie originale
des pentes, puis dans la partie intermédiaire d’un
système de rampes permettant d’accéder à la tombe
construite et à la zone cultuelle à ciel ouvert, et
enfin sur le haut de la colline à l’acropole fortifiée.
les structures repérées et relevées en dehors de la
zone du sanctuaire, sont le stade, la nécropole, des
fermes et différents aménagements agricoles, des
sources et canaux antiques et modernes, de l’habitat
moderne en pierre, des voies d’accès modernes et
antiques. le but de cette troisième campagne était
de compléter le relevé topographique (via gPs et
station totale) du lieu pour fabriquer un modèle en
trois dimensions du terrain et recaler tous les monuments du site archéologique de labraunda.
Pour effectuer cette campagne de relevés nous
avons utilisé la combinaison de deux méthodes de
travail : à savoir le positionnement satellitaire (gPs)
et le relevé topographique à l’aide d’une station
totale (leica tC803). le matériel utilisé pour le
système de localisation mondial est un récepteur bifréquences de précision centimétrique en temps réel
309
grâce aux corrections Omnistar. Ce système utilise
les satellites gPs (Americain) et glOnAss (russe)
pour augmenter la qualité de la réception, et donc
de la précision. les positions sont corrigées en
temps réel via les corrections envoyées par le satellite
privé Omnistar (ce qui évite d’avoir sur le terrain
deux récepteurs gPs et remplace le post-traitement
par du temps réel et donc une vérification immédiate
des données sur le terrain).
Pour continuer le travail de relevé, commencé
en 2012, la partie topographie a été effectuée par
gPs différentiel, permettant de couvrir à peu de
frais une zone de 1000 m autour du sanctuaire. les
zones de forêts en montant vers l’acropole n’ont pas
posé de gros problèmes dus à la faible densité des
arbres et à leur nature : des pins qui n’ont donc pas
de feuilles, principal obstacle aux ondes satellitaires.
l’accès aux surfaces à relever en dehors du sanctuaire
était assez difficile en raison de la présence de nombreux murets de pierres instables séparant chaque
parcelle. dans certains cas, le couvert végétal dense
de type ronces ou petits arbustes ne permettait pas
l’accès à certaines zones (10 %), de même que la
présence de nombreuses ruches.
Chaque donnée archéologique ou moderne a
fait l’objet d’un classement par type d’objets, permettant de mettre en place la base d’un s.ı.g.
(système d’information géographique) du site. Chaque
objet archéologique est associé à des métadonnées
sous forme de fiche avec nom, description, année,
type, documentation associée avec une localisation
en coordonnées géographiques. Ce travail est possible
grâce à l’enregistreur de données couplé au gPs,
qui permet de documenter en temps réel sur le
terrain chaque objet ou bâtiments, via une interface
graphique.
un travail de recalage des bâtiments principaux
(déjà relevés au pierres à pierres) a été complété,
ainsi qu’un positionnement des structures non
relevées, qui a pour but d’avoir un plan topographique
complet de labraunda. Ce travail a pu être complété
au théodolite en août 2014.
le système local de stations topographiques de
1979 a été converti, pour pouvoir recaler et recalculer
l’ensemble des points dans un le nouveau système
de coordonnées et d’altitudes. nous avons choisi de
stationner sur une ancienne station du temple de
Zeus, qui a été recalé par des mesures gPs plusieurs
heures et réitéré plusieurs fois en appliquant une
moyenne pondérée. l’orientation a été calculée sur
une autre station ancienne (escalier) via gPs. l’ensemble des calculs sur les autres stations ont été effectués avec la station totale. nous avons donc, à la
fin de la campagne topographique de 2014, l’ensemble
310
OlıVıer Henry et alii
Fig. 6 : Plan topographique provisoire du sanctuaire (P. lebouteiller).
des anciennes stations plus les nouvelles stations
implantées en 2012, 2013 et 2014 dans le nouveau
système de coordonnées choisi, utm Wgs84. Ce
système permettra d’incorporer des nouvelles données
à partir de relevés gPs ou classiques de façon homogène.
les plans de synthèse de l’emprise des mesures
effectuées sur le terrain ainsi que le plan topographique
(Fig. 6) sont à l’état provisoire.
l’ensemble des mesures effectuées durant cette
campagne (deux semaines en juillet pour le travail
en gPs et deux semaines en août pour la station
totale) permettra de réaliser un plan général du site
archéologique sous forme de sıg en incluant une
grande partie de la nécropole, l’acropole, et les
zones d’habitats autour du sanctuaire. un modèle
topographique 3d du site sera réalisé après traitement
de toutes les données de terrain. Ce travail devra
être complété en fonction des résultats post-traitement
notamment pour la zone de l’acropole après nettoyage,
la nécropole (non relevée entièrement), la zone nordest du site.
un recalage systématique des monuments pierre
à pierre sera effectué au bureau en 2014-2015 pour
pouvoir effectuer un plan global avec l’ensemble
des relevés post-fouille ou restitués.
2.4. La prospection au voisinage du sanctuaire
(SOL) (A. Frejman)
2.4.1. Background and aims
the surroundings of labraunda project is a
small-scale survey project which aims to investigate
the areas immediately around the sanctuary. there
are substantial architectural as well as other remains
within the main sanctuary area, which has been excavated since the mid-20th century. However, the
landscape around the sanctuary also carries traces
of human activity, but has not been much investigated.
Of the publications dealing with labraunda only
lABrAundA 2014
about 5% are mainly concerned with remains situated
outside the temenos area4.
strabo writes about labraunda in terms of a settlement more than sanctuary when saying: “labranda
is a village [κώμη] far from the city…”5. Furthermore,
in the middle of the 3rd century B.C. we have attested
a syngeneia of korris at labraunda, strongly suggesting that there must have been people living in
the area6. remains around the sanctuary have not
been systematically documented, but sporadic finds
have been noted and it has been suggested that a
small settlement is to be found in close proximity to
the sanctuary7. the ancient accounts, and the visible
remains, clearly show that there is more to labraunda
than we know today. this survey project aims to investigate the areas around labraunda, and identify
and document traces of human activity in the landscape.
the main research questions for the project are
to see what kind of remains can be identified around
the temenos area; how the remains spatially relate
to each other, to the sanctuary, and to the landscape;
if it is possible to reconstruct a settlement pattern or
landscape organisation; and what we can say about
the people that were active in the area concerning
production and sustenance? ın extension this also
allows for a discussion of the possible autonomous
status of the territory of labraunda, as indicated by
the possession of land, and the dispute between
labraunda and mylasa attested in inscriptions from
the site, another one of which was uncovered during
this year’s excavations (see the section on the excavation of Andron A)8.
the surroundings of labraunda project is the
main empirical study in the author’s Phd project,
with the working title Living with the Gods, Urbanism
at extraurban sanctuaries, Karian Labraunda and
beyond. the 2014 season was the first field season
for the project, stretching six weeks in the field. the
specific aims for this season were to establish the
method, and find the line of falloff in material
densities to the west of the sanctuary. A second
season of equal length is planned for 2015.
311
2.4.2. Method
the method comprises surveying the ground for
visible evidence of ancient activity. the method had
been well planned in advance, and only minor adjustments were needed in the initial stage of the
survey in order to meet problems that had not been
anticipated. this season surveying was done by the
author alone, but the method could easily be modified
to accommodate several persons.
the survey area is kept within 800 meters from
the sanctuary, which roughly corresponds to the
area where remains have been spotted in the terrain.
ın the survey area, polygons were measured with
handheld gPs to form tracts. the size of the tracts
was ideally kept at around 40x40 meters. However,
the terrain had the final word, and keeping the tract
as uniform as possible with regard to ground visibility
and vegetation was prioritized over uniform size,
therefore tracts of unregular size or shape are not
uncommon (see Fig. 7). tracts of different sizes do
not, however, pose a problem as the material densities
are calculated relative to the size of the tract.
For every tract a tract sheet was filled in, where
the total number of loose finds, rock cuttings and
architectural remains were noted. the method is
based on producing comparable data in a time
efficient way. therefore, not all finds that could be
seen were counted, only the amount that could be
counted when walking over the tract in a given
phase. For rock cuttings and structures however, the
aim was to document every find. the loose finds
are divided into the following categories: lithics,
fine ceramics, coarse ceramics, tiles, metal, others,
and their respective amounts were noted in percent
of the total. diagnostic finds were photographed in
the field. Well-preserved ceramics, and/or very common ceramic types were collected for drawing, more
controlled photography, and storage for reference.
rock cuttings were photographed and marked with
gPs points; if possible the function was noted (for
example stairs or quarries). the same procedure as
for rock cuttings was applied for built structures.
4) the work on the tombs by Henry in karlsson et al. 2011 : 56-63; karlsson et al. 2012 : 69-80 ; the work by karlsson on the
fortifications in karlsson 2011 ; the work by Baran on the sacred road and the spring houses, Baran 2011 ; and the work by Blid on the
churches at labraunda, Blid 2012.
5) strabo Geography, 14.659, H.l. jones, loeb Classical library 1949. the word κώμη is in LSJ translated to unwalled village.
6) Crampa 1969 : nos 11-12 ; Bresson et debord 1986 : 205-209; the term συγγένεια is in LSJ translated into an extended family
relation of kinship, which does not require an actual familial relationship.
7) Hellström 1991 : 249 ; Hellström 1992 : 156.
8) Williamson 2012 : 118-127, there are two documented disputes about the independent status of labraunda, which highly
suggest that the sanctuary was self-governing until the middle of the 3rd century B.C.; the relevant inscriptions are presented in Crampa
1969 : nos 4, 5-7, 11-12.
312
OlıVıer Henry et alii
Fig. 7 : Outline of Tracts 2014, with tract number indicated (A. Frejman).
All the documentation was imported into a geographical ınformation system (gıs) on a daily
basis. the gıs serves both as a database and as an
analytical tool. the method is a slightly modified
version of a method that has been successfully used
for several seasons in the makrakomi Archaeological
landscapes Project (mAlP) in central greece9.
2.4.3. Preliminary Results
the two aims for the season – establishing the
method and finding the line of falloff in material –
were both reached. the method was found applicable
to the terrain with only minor adjustments to the
planned workflow. depending on the amount of
finds, the topography, and the vegetation, the size of
the tracts could be adjusted in order to have an as
effective workflow as possible. On an average day
around 10 tracts could be surveyed.
Work started from northwest corner of the
temenos, and continued in a line two or three tracts
wide westwards until a steep cliff edge was reached
at about 700 meters from the sanctuary, beyond this
9) Bonnier et al. 2013.
point it was not possible to continue. After this, the
area between line from the sanctuary westwards
and the road to milas was surveyed, before continuing
south of the sanctuary and covering the areas south
of the road. ın total 260 tracts were surveyed during
the season, covering an area of around 45 hectares.
the second aim, finding the line of falloff in
material densities, was reached quite quickly. to the
west there is a drastic falloff in material density at
about 300 meters from the sanctuary (see Fig. 8).
However, some 80 meters further west an area with
many quarrying marks was found, indicating that
there had still been activity in the area, but of a
different kind (see Fig. 9).
to the south it was more difficult to establish the
edges of ancient activity. due to the topography
material from the sanctuary could have – and has –
slid down the slope to the south, making it hard to
say what had eroded down from the site and what
was more or less in the place where it was once left.
ın the area of tracts 1146, 1147, 1240, and 1241 (see
Fig. 7) structures and large quantities of loose blocks
lABrAundA 2014
Fig. 8 : Total
material density
visualized tract by
tract in red dots,
height lines with 5
meter equidistance
(A. Frejman).
Fig. 9 : Larger finds
visualized. Circles are
larger loose finds,
squares are rock
cuttings, lines are
structures (some
modern) (A. Frejman).
313
314
OlıVıer Henry et alii
A
A
B
B
C
C
D
E
D
Fig. 10 : Material from Archaic times to
Hellenistic period (A. Frejman).
Fig. 11 : Material from Late Roman to
Modern times (A. Frejman).
could nevertheless be observed, thus it is clear that
there have stood some buildings also below the sanctuary, and the material south of the sanctuary cannot
simply be attributed to erosion from the main site.
that the material can travel far is quite clear
from looking at the tracts 1151-1156, 1172-1174,
1210-1211, 1253, and 1256. through these tracts a
seasonal stream is running (dry during the summers),
dragging material down from the sanctuary all the
way to the end of the surveyed area, and no doubt
continuing further. this can be proven by that in
tract 1256 a piece of asphalt was found, containing
both ceramic material and the type of gravel used as
the foundations for the road to milas (see Fig. 10A),
this area is well over half a kilometre from the road.
the material that was documented – from the
initial analysis – seems to be ranging chronologically
from the Archaic Period to medieval times. Admittedly
only one piece has been identified as archaic
(Fig. 10B), but there are plenty of Hellenistic and
roman ceramics (Fig. 10C, 11C), a few late Classical
pieces (Fig. 10d), and one piece that can be ascribed
to medieval times (Fig. 11A). Furthermore, a few
different modern ceramic types has also been identified, the two most common both seem to have
been used to collect resin from pines (Fig. 11B,
11e), they are found in forested areas with many
trees showing marks of resin harvesting.
some categories of finds are of special interest
for the present study with its focus on sustenance
and habitation. Five loom weights were found (for
example Fig. 11d); these of course point to a
domestic context and strengthen the hypothesis that
there would have been people living in the area in
antiquity. Also, a millstone was found in tract 1066,
some 250 meters outside the sanctuary, in an area of
dense material densities and many other traces of
activity. At this point it is too early to say what this
area could have been used for, what can be said
though is that there doubtless has been much activity
around this area.
Other strong evidence of activity could be documented around 550 meters west of the sanctuary in
tract 1109. Here a road had been built in connection
with the construction of new power lines a few
years ago, when building the road an ancient kiln
approximately 2-3 meters in diameter was intersected.
scattered in the area was large amounts of tiles and
bricks, many of them heavily burnt. Ceramic material
was not as common and no date could be satisfyingly
established. due to the predominance of tile and
brick material around the kiln it can tentatively be
suggested that this was an area of tile and brick production. no source of clay has been found in the
area so far, which raises questions on where the clay
for the production came from.
lABrAundA 2014
315
to conclude it can be said that the method works
well for the landscape at hand, and that usable
results are achieved. there are clear differences in
material densities in the so far surveyed areas, some
dense areas – like the one around 200 meters west
of the sanctuary – surely correspond to ancient
activity, while others – like the area to the south
which is topographically below the sanctuary –
could be the result of erosion and material travelling
in the earth. A more holistic analysis must be
postponed until next year when larger parts of the
total survey areas have been covered.
2.4.4. Plan for continued work
the field project is planned to continue next excavations season. the survey will continue south of
the sanctuary where it stopped at the end of the
2014 season, it will then work its way east and
north. to speed up the work additional help will be
brought in, a team of four persons will be comprised,
and these will be working in two groups. Both
groups will be doing survey simultaneously. the
finds form this year’s work will be analysed before
the start of the next season, in order to have a better
understanding in the field next survey season.
2.5. La terrasse du temple et son propylon
(bâtiment Y)10
les vestiges architecturaux datant des périodes
hellénistique et romaine à labraunda n’ont jamais
été complètement étudiés. néanmoins les sources
tant textuelles qu’archéologiques attestent de la vitalité
du sanctuaire à ces époques. en 2011, nous avons
décidé de lancer un nouveau projet dont le but était
de procéder à une étude complète et détaillée des bâtiments hellénistiques et romains situés sur et aux
alentours immédiats de la terrasse du temple, à savoir
les terrasses B (la terrasse du temple elle-même), la
terrasse m (située au sud de la précédente) et la
terrasse y (à l’est de la terrasse du temple). Ces monuments ont été fouillés à des degrés divers lors des
anciennes campagnes de fouilles entre 1948 et 1953.
les travaux de cette année font suite à trois
campagnes antérieures. en 2011, nous avions procédé
à une première prospection et documentation architecturale des terrasses B et m. en 2012 et 2013,
nous avions partiellement fouillé la terrasse m après
en avoir documenté l’essentiel des vestiges visibles11.
la campagne de cette année avait pour but de documenter deux bâtiments supplémentaires, à savoir le
bâtiment y et la stoa B/y (Fig. 12).
10) Cette étude est dirigée par j. Blid et r. Hedlund
11) Henry et al. 2014 : 295-304.
Fig. 12 : La façade orientale du Propylon Y,
vue du Nord (O. Henry).
le bâtiment y est situé à l’angle nord-est de la
terrasse du temple. Puisqu’il servait d’entrée monumentale à la terrasse du temple, il s’agissait très certainement d’un monument clé, à la fois visuellement
et symboliquement, dans l’organisation du sanctuaire.
ıl fut probablement bâti dès le début de la période
classique, concomitamment avec le temple lui-même,
vers la fin du 6e s. ou le début du 5e s. av. j.-C., puis
fut successivement réparé et reconstruit au cours
des périodes hellénistique (3e s. av. j.-C.), romaine
(2e s. ap. j.-C.) puis dans l’antiquité tardive. la stoa
B/y est située immédiatement au sud et est adjacente
au Propylon y. elle fait face à la terrasse du temple
et complétait le dispositif architectural en fermant
un espace vide qui se trouvait entre le propylon et
l’extrémité est de la terrasse m. la fonction de la
stoa B/y n’est pas claire, il semble cependant
possible d’imaginer qu’elle servait d’élément de
communication entre le Propylon y au nord et la
terrasse m au sud, tout en permettant de monumentaliser un espace resté vide jusqu’ici.
316
OlıVıer Henry et alii
les analyses architecturales des bâtiments des
périodes hellénistique et romaine autour de la
terrasse du temple nous permettent d’entrevoir la
politique architecturale de labraunda. nous avions
déjà établi que le bâtiment m avait été substantiellement reconstruit, et que la stoa B/y avait été
érigée au cours de la période impériale, partiellement
avec un matériel recyclé de manière ad hoc. Ceci
résulta très probablement dans l’extension de la
terrasse du temple telle qu’elle nous apparaît aujourd’hui. Cependant, il semble que le Propylon y
a été reconstruit, et renforcé, à une période encore
ultérieure, alors que le bâtiment m, et probablement
également la stoa B/y, étaient en ruine. ıl est
probable que cette ultime phase de reconstruction
intervint au cours du 4e s. ap. j.-C., période à
laquelle nous avions noté, l’année dernière, une
réoccupation de la terrasse m.
enfin, nos investigations sur la terrasse m ont
permis de documenter de nombreux nouveaux blocs
de marbre et de gneiss qui appartiennent à l’ensemble
monumental oriental de la terrasse du temple.
Cette saison 2014 conclut nos investigations de
terrain pour cet ensemble architectural et nous travaillons désormais à la rédaction de la publication
finale de ce secteur.
Fig. 13 : Plan de la forteresse (l. karlsson/B. Vergnaud).
lABrAundA 2014
317
3. LES TRAVAUX DE FOUILLE
3.1. La forteresse de l’acropole de Labraunda.
Rapport préliminaire sur la 3e campagne
de fouille (2014) (B. Vergnaud)
la campagne de l’été 2014 sur l’acropole de
labraunda a eu lieu entre le 15 juillet le 20 août
2014. elle a consisté en plusieurs opérations toutes
localisées dans la partie supérieure de l’acropole
(Fig. 13). l’objectif des travaux de cette campagne
était de mettre en lumière quelques éléments mal
compris du tracé du système de défense et de
procéder à la fouille de la tour pentagonale12.
nous nous sommes attachés au nettoyage complet de la partie supérieure de l’acropole (Inner
Fortress) recouverte par un maquis si dense qu’il
empêchait de reconnaître le plan des bâtiments
installés dans cette partie du site. le but de cette
entreprise était également d’obtenir une vue dégagée
de la partie arrière de la tour pentagonale et de la
poterne qui lui est associée, du mur de fortification
barrant la partie sud de l’acropole haute (diateichisma, Fig. 14) et du parement ouest de la tour 4.
Au nord-Ouest de l’enceinte, un nettoyage a été
effectué là où le mur de fortification produit un décrochement. l’objectif était de mieux comprendre
l’organisation des vestiges dans cette partie du
circuit et de confirmer l’existence supposée d’une
plateforme de défense. nous avons également porté
notre attention sur la tour 4 située à l’angle sud-est
de l’acropole haute. le but était d’éclaircir la
relation entre la tour et le mur de fortification
reliant cette dernière au circuit de la forteresse.
l’opération majeure de la campagne 2014 a consisté
en la fouille de la chambre ouest de la tour pentagonale (tour 3), dans l’espoir de découvrir du
matériel qui permettrait de dater la construction et
l’occupation de la tour.
3.1.1. Le secteur nord-ouest : une plateforme de
défense ?
le nettoyage approfondi du secteur nord-ouest
permet d’envisager la présence d’une plateforme
aménagée de façon à renforcer la défense dans un
secteur vulnérable du fait de la faible déclivité de la
pente (Fig. 15 et 16). Au mur de fortification principal
(2,05 m d’épaisseur) un autre mur fut accolé contre
le parement intérieur, portant l’épaisseur des défenses
dans ce secteur à 3,90 m. la longueur de cette
construction avoisine les 6,70 m. le choix d’utiliser
un tel dispositif plutôt qu’une tour dans ce secteur
n’est pas connu. le rocher sur lequel s’accroche le
mur ne présentait peut-être pas une surface suffisamment importante pour accueillir une tour. la
date de construction de cette plateforme n’est pas
connue. elle peut appartenir à la première phase de
construction du système défensif datée de l’époque
hékatomnide ou à la seconde, datée de l’époque hellénistique. la réalisation de sondages pourrait éclaircir
la chronologie de ce secteur.
Fig. 14 : Inner
Fortress et
diateichisma
(B. Vergnaud).
12) les travaux sur l’acropole ont été réalisés avec l’aide d’une équipe valeureuse composée d’Ömer güngörmüş, mehmet demir,
mustafa demir, mesut yaşar. naomi Carless-unwin s’est occupée du nettoyage et du tri du matériel ainsi que d’une grande partie des
relevés sur le terrain. sona Holickova a participé aux travaux liés à la tour 4 et Axel Frejman a également offert son aide sur la tour
pentagonale. la céramique a été dessinée par Vasilica lungu et Alina musat. Que toutes et tous soient ici chaleureusement remerciés
pour leur aide et leur énergie de même qu’Olivier Henry, jesper Blid et lars karlsson.
318
OlıVıer Henry et alii
Fig. 15 : Secteur nord-ouest et plateforme
(vers l’Ouest) (B. Vergnaud).
Fig. 17 : Tour 4 (vers le Nord-Ouest)
(B. Vergnaud).
3.1.2. La tour 4 (Fig. 17-20)
Fig. 16 : Secteur nord-ouest et plateforme
(vers l’Est) (B. Vergnaud).
en 2013 et 2014, l’ensemble de la tour 4 a été
dégagé de l’emprise de la végétation. en 2014, nous
avons procédé à une fouille en avant de la tour afin
de mettre au jour ses fondations et dans l’espoir de
découvrir une tranchée de fondation susceptible de
contenir du matériel. Cette opération s’est révélée
vaine puisque le rocher, à cet endroit, est à peine entaillé et aucun matériel diagnostique n’est apparu.
seuls quelques fragments de tuiles, sans réelle valeur
chronologique, ont été découverts. le principal
objectif des travaux sur la tour 4 était de clarifier la
relation entre la tour et le mur de fortification
principal dont on savait qu’il n’était pas chaîné à
ladite tour. le temps disponible à ces travaux n’a
permis de procéder qu’à un simple décapage du
sommet du mur à l’endroit où il rencontre l’angle
de la tour. en raison de l’importante quantité de
déblais et de blocs, il ne nous a pas été permis de
trouver la limite ouest de ce mur et de mettre au jour
une véritable face parementée. des travaux supplémentaires seront nécessaires dans ce secteur où un
accès a pu être aménagé.
lABrAundA 2014
Fig. 18 : Tour 4. Courtine s’accrochant à l’angle
de la tour (B. Vergnaud).
319
Fig. 19 : Tour 4. Courtine s’accrochant à l’angle
de la tour (détail) (B. Vergnaud).
Fig. 20 : Tour 4. Tranchée de fouille en avant du
parement sud-ouest/nord-est (B. Vergnaud).
320
OlıVıer Henry et alii
Fig. 21 : Tour pentagonale (plan et zone de fouille) (B. Vergnaud).
3.1.3. La tour pentagonale (Fig. 21-41)
lors de la campagne 2013, nous avions déjà
porté notre attention sur la tour pentagonale dont le
plan et les techniques employées pour sa construction
suggéraient une différence de datation avec le reste
du périmètre fortifié13. l’ensemble de la forteresse
était jusqu’alors daté de l’époque hékatomnide, soit
à partir du deuxième quart du 4e s. av. j.-C.14.
Puisque toutes les tours pentagonales connues dans
le monde méditerranéen sont datées de l’époque
hellénistique et que l’emploi de panneresses et de
carreaux en alternance dans l’élévation marque une
claire différence avec le système généralisé de
carreaux et de boutisses généralement utilisé en
Carie depuis l’époque classique, une datation de la
tour pentagonale de labraunda à l’époque hellénistique
nous paraissait justifiée15.
la décision de procéder à des fouilles à l’intérieur
de la tour avait pour objectif de préciser cette
datation relativement vague qui s’étend de la fin du
4e s. au début du 2e s.16. elle avait également pour
but de déterminer de quelle manière cette tour – du
moins son niveau inférieur – était aménagée et quel
type de matériel elle pouvait contenir. Cette entreprise
est inédite, car aucune tour de ce type n’avait jamais
été fouillée en Carie. elle est d’autant plus intéressante
que c’est en Carie et dans le sud-ouest de l’Asie mi-
13) Vergnaud 2014a : 107-122.
14) karlsson 2011 : 217-252 et 2013 : 213-224.
15) Voir les observations préliminaires dans Vergnaud 2014a : 114-120 et 2014b : 288-292.
16) le début du 2e s. correspond à la période d’abandon de l’ensemble des ouvrages du réseau défensif de labraunda (voir les
rapports préliminaires annuels de l. karlsson dans Opuscula 2009 à 2012).
Fig. 24 : Tour pentagonale. Mur central vers le Nord. Après fouille
et restauration (B. Vergnaud).
321
Fig. 23 : Tour pentagonale. Mur central vers le Nord. Avant fouille
et restauration (B. Vergnaud).
lABrAundA 2014
Fig. 22 : Tour pentagonale vue générale vers le Nord-Est
(photo B. Vergnaud).
322
OlıVıer Henry et alii
Fig. 25 : Tour pentagonale. Chambre ouest
avant la fouille (vers le Sud) (B. Vergnaud).
Fig. 26 : Tour pentagonale. Chambre ouest en
cours de fouille (vers le Sud) (B. Vergnaud).
neure que l’on rencontre la plus grande concentration
de tours pentagonales ce qui permet de penser que
la région est peut-être le lieu d’apparition de ce type
d’ouvrage. ıl a donc été décidé de procéder à la
fouille de la chambre ouest (Fig. 21-22).
la fouille de la tour pentagonale de labraunda
est des plus ardues et en s’engageant dans une telle
entreprise, on comprend mieux pourquoi si peu de
bâtiments de ce type sont étudiés. ıl a d’abord été
nécessaire d’acheminer le lourd trépied au sommet
de l’acropole, ce qui a nécessité le concours d’une
douzaine d’ouvriers, puis de l’installer sur le terrain
accidenté du secteur de la tour afin de procéder à
l’enlèvement des blocs. Près de 70 blocs ont été déplacés. Certains d’entre eux ont été remis dans leur
position originale quand celle-ci était assurée. le
mur central a ainsi pu être restauré sur toute sa longueur (Fig. 23-24). d’autres blocs (carreaux et panneresses) ont pu être remis en place sur le mur
latéral ouest et sur le mur arrière. les autres blocs
ont dû être dans un premier temps déposés sur le
mur latéral ouest puis déplacés à nouveau pour être
entreposés dans un espace libre situé à l’ouest de la
tour, sur le sommet de la pente de l’acropole. Au
total, près de 4 m de blocs et de sédiments ont été
extraits de la chambre ouest (Fig. 25-28).
les fouilles stratigraphiques ont permis de
mettre en lumière deux grandes phases chronologiques dans l’histoire de la tour : un contexte
byzantin et un contexte antique, précisément hellénistique (Fig. 29).
La phase byzantine
une grande quantité de matériel byzantin, en
particulier de la céramique à pâte blanche et de
nombreux tessons de céramique glaçurée à décor de
graffito a été mise au jour lors de l’enlèvement des
blocs (Fig. 30). Ce matériel, qui inclut également du
métal, un crochet, un clou et une monnaie (Fig. 31)17,
n’était pas associé à des couches d’occupation en
place de quelque nature que ce soit. Ce matériel qui
n’est pas véritablement stratifié, a été mis au jour
entre les blocs et se trouvait mêlé à une couche peu
17) Cette monnaie est apparemment originaire de thessalonique et daterait des environs de 1081-87 (règne d’Alexios ıer : 10811118). Voir Hendy 1999 : vol. ıV.1, 213-214, pl.19.3.
lABrAundA 2014
323
épaisse de sédimentation naturelle (6001/6003)18.
l’hypothèse d’une réoccupation de la tour aux
époques tardives est exclue. ıl apparaît certain qu’elle
avait été abandonnée et était en ruine depuis une
très longue période au moment de la réoccupation
de l’acropole haute qui est placée entre le 11e et le
13e s. ap. j.-C.19. la présence d’une quantité importante
de matériel tardif dans la tour indique qu’elle fut
utilisée comme un dépotoir par la population de
l’habitat adjacent alors que les murs de la tour
s’étaient déjà effondrés. l’abandon de la tour à une
date haute est confirmé par les découvertes effectuées
dans les couches inférieures qui ne contiennent pas
de matériel tardif. Cette séquence est identique à
celle mise en lumière à l’occasion des fouilles de la
tour 8 flanquant le côté ouest de la porte située dans
l’acropole basse20. la découverte de cette céramique
dans les couches supérieures de la tour est donc une
information tout à fait intéressante puisqu’elle permet
de confirmer l’abandon de l’ensemble système
défensif avant l’époque byzantine21. Ce matériel,
très abondant fera l’objet d’une étude détaillée et
sera publié dans la monographie sur les tours et forteresses de labraunda.
La phase antique (Fig. 27, 29 et 32-38)
l’enlèvement de la quasi-totalité des blocs dans
la partie sud de la chambre nous a permis d’atteindre
les niveaux en place. la stratigraphie est très bouleversée du fait de l’effondrement de la tour dont les
blocs ont dû être extraits jusqu’aux niveaux les plus
bas. Plusieurs niveaux contenant exclusivement de
la céramique antique ont cependant pu être mis en
évidence. le premier, mêlant terre et blocs (6006/6007,
Fig. 27)22 contenait un matériel relativement abondant
composé essentiellement de céramique, de quelques
fragments de tuiles et de nombreux gros fragments
de canalisation. Quelques os d’animaux ont été également découverts. le matériel est très homogène et
contient peu de tessons orphelins. Plusieurs céramiques
ont pu être reconstituées au moins partiellement
parmi lesquelles :
Fig. 27 : Tour pentagonale. Chambre ouest.
Niveau hellénistique (6006-6007) (B. Vergnaud).
– une amphore (lab14-t3-6006.1) (Fig. 34)
– un cratère (lab14-t3-6006.2) (Fig. 35.1 et 2)
– un vase de stockage pithoïde (lab14-t36007.1) (Fig. 36.1 et 2)23.
d’après nos premières observations, les deux
derniers éléments dateraient à partir de 170 av. j.-C.
sous ce niveau, un niveau de tuiles a été mis au
jour (6009, Fig. 32). Ces tuiles appartenaient à un
toit de type corinthien et paraissent appartenir à un
même horizon chronologique. Pour l’essentiel il
s’agit de tegulae et de quelques fragments d’imbrices.
la découverte de plaques de schiste dans la couche
de tuile laisse penser qu’un des étages de la tour
18) Cette couche de sédimentation (6001/6003) se trouve dans la partie inférieure du niveau marqué comme ‟contexte byzantin”
dans la Fig. 29.
19) sur la réoccupation byzantine de l’acropole, lire karlsson 2011 : 217-252.
20) Vergnaud, 2014b : 280-292. la fouille avait permis de montrer que la couche de destruction de la tour ne contenait aucun
matériel postérieur à l’époque hellénistique prouvant ainsi que la tour avait été détruite avant la réoccupation tardive de l’acropole.
21) Ce constat ne remet toutefois pas en cause l’hypothèse de lars karlsson selon laquelle les Byzantins auraient réparé les
fortifications de l’acropole haute au moment de leur installation créant ainsi un établissement fortifié (karlsson 2011 : 236). la tour,
puisqu’elle ne présente aucune trace de réparation, semble avoir été rejeté en dehors du système défensif tardif dont l’existence est
attestée par la réfection du mur sud de l’acropole haute (Inner fortress) et qui se caractérise notamment par la présence de nombreux
blocs en remploi et par celle de tuiles intercalées entre ces blocs (fig. 2).
22) 6007 est égale à 6006. un numéro différent a été donné au cours de la fouille, car au sommet de cette couche, localisée dans
l’angle sud-ouest de la chambre, se trouvait une céramique conservée en totalité (inv. 6007.1).
23) Pour un parallèle, voir regev 2009/2010 : 152 (n° 168).
324
OlıVıer Henry et alii
Fig. 28 Tour pentagonale.
Chambre ouest. Fin de la
fouille (B. Vergnaud).
Fig. 29 Tour pentagonale. Chambre ouest. Stratigraphie (B. Vergnaud et n. Carless-unwin).
Fig. 31 : Tour pentagonale. Monnaie byzantine.
(H. nilsson).
Fig. 32 : Tour pentagonale. Niveau de tuiles (6009) (B. Vergnaud).
Fig. 33 : Tour pentagonale. Rocher naturel et
tranchée de fondation (B. Vergnaud).
lABrAundA 2014
Fig. 30 : Tour pentagonale. Assiette à décor de
sgraffiato (B. Vergnaud).
325
326
OlıVıer Henry et alii
Fig. 34 : Tour pentagonale. Amphore
fragmentaire (6006.1) (B. Vergnaud).
Fig. 36.1 : Tour pentagonale. Vase de stockage
(6007) (B. Vergnaud).
Fig. 35.1 : Tour pentagonale. Cratère (6006) (B.
Vergnaud).
Fig. 36.2 : Tour pentagonale. Vase de stockage
(6007) (V. lungu/A. musat).
Fig. 35.2 : Tour
pentagonale. Cratère
(6006) (V. lungu/A. musat).
lABrAundA 2014
était dallé. un fragment de tuile portant une estampille
figurant la double hache a été mis au jour (Fig. 37).
Cette estampille est similaire à celles découvertes
dans la tour 8 en 2013 et à celles exhumées par lars
karlsson au sommet de l’acropole24. le matériel céramique est très rare mais contient tout de même
deux éléments reconnaissables :
– un fragment amphorisque (lab14-t3-6009.1)
(Fig. 38),
– un fragment d’anse d’amphore (lab14-t36009.3). ıl appartient vraisemblablement à une amphore de type rhodien25.
sous cette couche de tuiles, un dernier niveau a
été mis au jour (6010). ıl s’agit d’une couche sédimentaire qui ne contenait pas de tuile, mais de la céramique en quantité très limitée. le matériel découvert
associé à ce niveau se concentre exclusivement le
long du mur central. Parmi ces découvertes comptent :
– une fusaïole (lab14-t3-6010.1). exemplaire
similaire à ceux de la tour 826 (Fig. 40).
– un lopas fragmentaire (lab14-t3-6010.2).
exemplaire similaire à celui de la tour 827.
– une cruche à col ouvert et bobine sur l’anse
(lab14-t3-6010.3) (Fig. 41.1 et 2).
– un fragment d’anse d’amphore avec timbre
amphorique (lab14-t3-6010.4) (Fig. 39)28.
327
Fig. 37 : Tour pentagonale. Fragment de tuile
estampé (6009.2) (B. Vergnaud).
Fig. 38 Tour
pentagonale.
Amphorisque
fragmentaire (6009.1)
(B. Vergnaud).
24) karlsson 2013 : fig. 29.
25) Ce fragment recolle avec le fragment enregistré sous lab14-t3-6010.4.
26) Vergnaud 2014b : fig. 54.
27) Ibid. : fig. 53.
28) Ce fragment recolle avec lab14-t3-6009.3.
328
OlıVıer Henry et alii
Fig. 40 : Tour pentagonale. Fusaïole (6010.1)
(B. Vergnaud).
Fig. 39 : Tour pentagonale. Anse d’amphore
rhodienne (6009.3/6010.4) (B. Vergnaud).
le niveau 6010 reposait sur le rocher naturel
dont la surface est parfaitement horizontale et que
l’on peut interpréter comme le niveau de circulation
original de la tour (Fig. 33). la surface du rocher
était recouverte d’une couche argileuse de quelques
millimètres d’épaisseur liée au piétinement des
soldats ayant occupé la tour ou à celui des ouvriers
ayant travaillé à la construction de cette dernière.
une tranchée de fondation peu profonde (0,48 m
contre le mur sud), taillée dans le rocher, a été mise
au jour le long du mur sud. le remplissage (6012)
était constitué en totalité d’éclats de blocs provenant
sans doute des opérations de ravalement du parement
interne des murs de la tour. malheureusement, aucun
matériel n’a été découvert dans cette tranchée.
Remarques préliminaires sur la stratigraphie de la
chambre ouest
Au terme de cette première fouille, une question
demeure : pourquoi la quasi-totalité du matériel découvert se rencontre-t-elle au-dessus de la couche
de tuiles soit dans le niveau 6006/6007 ? dans une
séquence stratigraphique ‘classique’, l’on s’attendrait
à ce que le matériel soit pour l’essentiel conservé
entre les vestiges du toit effondré et le niveau de circulation du bâtiment. dans le cas précis, le niveau
de circulation est le rocher naturel aplani, or, la fine
couche sédimentaire (6010) qui reposait sur sa
surface ne contenait qu’une quantité de matériel
très faible, localisée exclusivement le long du mur
central et qui vraisemblablement pourrait provenir
des couches supérieures par un phénomène d’intrusion29.
ıl apparaît évident que le matériel découvert
dans le niveau 6006/6007 est postérieur à l’effondrement du toit mais l’identification de ce niveau
demeure incertaine. en effet, il peut s’agir soit d’un
niveau de réoccupation soit d’un niveau d’abandon.
dans le premier cas, il est possible d’envisager
qu’après la destruction du toit original de la tour
– dont les causes ne sont pas déterminées – une seconde couverture ait pu être mise place et la tour a
pu continuer à servir son rôle initial. dans cette optique, la surface au-dessus du niveau de tuiles aurait
été aplanie pour créer un nouveau sol. Cependant,
le niveau 6006/6007 étant fortement perturbé par
les blocs qu’il contenait, rien ne permet de déceler
l’existence d’un niveau de sol potentiel. dans l’attente
de la poursuite des travaux dans ce secteur, il faut
donc s’en tenir à la seconde hypothèse qui favoriserait
l’interprétation de 6006/6007 comme étant un niveau
d’abandon. la chambre ouest de la tour pentagonale
aurait donc servi de dépotoir après l’’effondrement
du toit. Ce niveau aurait ensuite été scellé par la
chute des blocs de la tour. ıl est pour l’instant impossible de déterminer si ces blocs ont été volontairement basculés à l’intérieur de la tour ou si les
29) la céramique a pu en effet se glisser entre les tuiles des années après la destruction de la tour.
lABrAundA 2014
Fig. 41.1 : Tour pentagonale. Cruche (6010.3) (B. Vergnaud).
Fig. 41.2 : Tour pentagonale. Cruche (6010.3) (V. lungu/A. musat).
329
330
OlıVıer Henry et alii
causes de cet effondrement sont naturelles, quoi
qu’il en soit, cette destruction finale est antérieure à
la réoccupation de l’époque byzantine. les datations
préliminaires de la céramique du niveau 6006/6007
renforcent la seconde hypothèse puisque certains
éléments pourraient être postérieurs à 170 av. j.-C.,
c’est-à-dire postérieurs à la date généralement avancée
pour l’abandon du système défensif. la poursuite
des fouilles nous permettra de préciser les observations
présentées ici.
Conclusion
la campagne de 2014 a permis d’obtenir des informations importantes concernant la chronologie
de la forteresse de labraunda dont la partie nord a
fait l’objet d’importants travaux de renforcement au
cours de l’époque hellénistique. la fouille partielle
de la tour pentagonale a permis de montrer que les
fortifications de l’acropole étaient en ruine à l’époque
de la réoccupation byzantine et ne pouvaient plus
assurer leur fonction défensive. la seconde concerne
la datation de la tour elle-même. le matériel présente
une grande homogénéité et paraît remonter en totalité
à l’époque hellénistique, plus particulièrement aux
3e-2e s.30 ıl n’est pas possible dans l’état actuel de
nos recherches de déterminer la date de construction
de cet édifice mais l’absence de céramique datable
du 4e s. permet de privilégier une première utilisation
au cours du 3e s.
la campagne 2015 portera à la fois sur les
questions de chronologie et d’occupation de l’acropole.
la poursuite de la fouille de la chambre ouest de la
tour pentagonale nous permettra de récupérer davantage
de matériel datable et de préciser la séquence d’occupation de l’édifice. nous réaliserons également une
fouille le long du parement extérieur ouest de la tour
dans l’espoir d’atteindre une éventuelle tranchée de
fondation susceptible de contenir du matériel datable.
Cet espoir est fondé sur les sondages que nous avions
réalisés contre le parement est de la tour 7 dans le
secteur de la porte. enfin, nous tenterons d’obtenir
des informations sur l’occupation de la forteresse en
réalisant plusieurs longues tranchées à l’intérieur de
l’espace fortifié. nous serons alors en mesure de déterminer si l’acropole constituait un lieu de vie permanent ou temporaire et de déterminer simplement
l’ampleur de l’occupation de la forteresse depuis sa
construction jusqu’à son abandon.
3.2. Le complexe funéraire monumental
(O. Henry, m. Cormier-Huguet)31
la fouille menée cette saison au pied de la tombe
monumentale s’inscrivait dans une problématique de
recherche commencée en 2012. Afin de comprendre
la relation entre la tombe monumentale et la terrasse
du temple, située en contrebas, nous avions engagé
en 2012 une opération de nettoyage au sud de la
tombe monumentale32. Cette opération avait révélé la
présence d’une structure en Pi. Ce type de structure,
connu pour la période hellénistique, pourrait être un
autel monumental dédié au propriétaire de la tombe.
en 2013, il avait été décidé d’ouvrir un sondage
au centre du bâtiment en Pi pour comprendre sa
fonction et sa chronologie33. la stratigraphie, s’étendant de la fin du 4e s. av. j.-C. au début du 2e s. av.
j.-C., présentait trois niveaux distincts dans le remplissage des fondations. la fin de la fouille avait
permis de mettre au jour, à l’est du sondage, un mur
axé nord-sud, antérieur au bâtiment en Pi (Fig. 42).
en 2014, l’objectif était de comprendre la chronologie et la fonction de ce mur antérieur qui pourrait
bien avoir appartenu à la phase originale de la
construction de la tombe monumentale dont la chronologie pose encore problème. le but était donc
non seulement de comprendre la forme, la fonction
mais aussi la chronologie de ce bâtiment antérieur
en étendant le sondage de 2013 vers l’est. ıl nous
semblait important, à défaut d’une fouille extensive
de la terrasse, de nous limiter comme en 2013 à un
sondage d’une surface limitée afin de traiter en
détail les informations qui pouvaient s’avérer extrêmement précieuses pour la compréhension de ce
bâtiment exceptionnel.
le sondage de 2014 présentait, en continuité,
les trois niveaux stratigraphiques fouillés en 2013.
Cependant, l’histoire stratigraphique de ce sondage
se révèle plus complexe avec la distinction de deux
niveaux supplémentaires (Fig. 43).
3.2.1. Contexte 1
le premier contexte, de couleur brune, est épais
de 15 à 19 cm. ıl s’agit une couche compacte de
composition caillouteuse. C’est également un niveau
très argileux, comportant des fragments de tuile et
de la céramique très abîmée. le matériel mis au
jour comprend aussi des clous, du verre et de rares
30) le matériel est en cours d’étude et sera publié en intégralité dans le cadre de la monographie sur le réseau défensif de
labraunda.
31) nous tenons à remercier les personnes suivantes qui ont participé à ce chantier et dont l’aide a été précieuse : Brittany
Branche, naomi Carless unwin, mélanie Hauchart, tzevatana Popova et katerina stathi.
32) Henry et al. 2013 : 301-310.
33) Henry et al. 2014 : 292-294.
lABrAundA 2014
Fig. 42 : Vue générale
du sondage 2013, depuis
le Nord (m. Cormier).
Fig. 43 : Section Nord-Sud du sondage 2014, depuis l’Ouest (m. Cormier).
331
332
OlıVıer Henry et alii
ossements. une analyse rapide des fragments céramique appartenant à ce niveau semble pointer vers
une datation autour des 1er et 2e s. ap. j.-C. la
position de ce niveau contre les blocs soutenant les
banquettes du bâtiment en Pi permet de l’interpréter
comme formant le niveau de sol.
3.2.2. Contexte 1-bis
la fouille de 2014 a permis de distinguer un
nouveau contexte qui s’étend sur la zone est de la
terrasse et s’arrête à la limite entre les sondages de
2013 et de 2014. d’environ 10 cm de large, ce
niveau est caractérisé par une très forte concentration
de fragments de tuiles et de céramiques orientée
sud-est/nord-Ouest (Fig. 44). le matériel n’est pas
dans un bon état de conservation, et son caractère
chaotique et mélangé semble pointer vers une couche
de destruction. les coupes effectuées révèlent que
le contexte 1-bis s’étend vers l’est, mais en recoupant
les contextes 1 et 2. une première hypothèse, serait
d’imaginer qu’un pan du rocher, situé au sud de la
terrasse, se soit détaché à l’époque hellénistique et
ait entraîné la destruction d’une structure, de l’est
vers l’Ouest, comme la coupe semble l’indiquer.
mais seule une fouille de la zone est de la terrasse
permettra d’avancer plus sérieusement sur l’interprétation de ce contexte.
3.2.3. Contexte 2
Cette couche, d’une épaisseur de 23 à 27 cm,
montre une légère pente vers le sud. elle avait déjà
été remarquée dans le sondage de 2013. d’un brun
clair orangé et de nature plus meuble que les couches
précédentes, elle contient quelques fragments de
tuiles et de céramiques, mais en quantité plus faible.
deux clous furent mis au jour à l’Ouest du sondage.
Ce niveau paraît correspondre à un remblaiement
anthropique.
3.2.4. Contexte 3
le contexte 3 est particulier. ıl se compose
d’une couche noire/grise et très meuble, d’une épaisseur relativement constante (autour de 20 cm) et
plane. déjà étudiée dans le sondage de 2013, cette
couche stratigraphique contient quelque matériel
céramique parfois brûlé et des végétaux carbonisés.
une étude archéobotanique est en cours sous la responsabilité de tzevatana Popova, dont les résultats
à venir nous éclaireront sur la composition de ce
contexte. Quant au reste du matériel, deux clous
furent découverts. une monnaie, trouvée dans le
contexte 3 du sondage de 2013, daterait ce niveau de
la fin du 4e s. av. j.-C.34. le matériel mis au jour cette
année semble indiquer une période d’occupation relativement étendue, de la fin du 4e aux 2e-1er s. av. j.C. si les éléments contenus dans cette couche témoignent d’une importante activité cultuelle, le niveau
concerné paraît avoir été sérieusement bouleversé.
3.2.5. Contexte 4
une nouvelle et dernière couche est à ajouter à
l’échelle stratigraphique de la zone. elle repose sur
le bloc, situé à l’Ouest du sondage et dont l’angle
avait été dégagé en 2013. Plutôt sableuse, elle se
distingue également par sa couleur brun clair jaune.
elle contient très peu de matériel et n’est pas caillouteuse. la fouille de ce niveau a permis de dégager
l’intégralité du bloc mis au jour l’année précédente
et de révéler qu’il s’agit du seuil d’un bâtiment,
dont l’entrée est orientée Ouest/est et qui s’étendrait
vers l’est. le bloc de seuil mesure 1,96 m de long,
pour 54 cm de large sur sa face nord et 66 cm de
large sur sa face sud. l’entaille dans la roche, au
nord de ce bloc, témoigne d’un niveau d’assise se
prolongeant vers l’est (Fig. 45-46).
la présence de ce seuil ainsi que des traces de
lit de pose pour son prolongement nous amènent à
interpréter le niveau 4 comme étant une couche de
démontage. Ceci confirmerait l’hypothèse déjà formulée d’un remaniement de la zone, comprenant
l’oblitération d’un premier bâtiment puis l’édification
du bâtiment en Pi. nous avons décidé d’arrêter la
fouille au niveau de ce contexte faute de temps. ıl
sera intéressant de la poursuivre l’an prochain et de
mieux définir sa relation avec le contexte 3. ıl faut
enfin noter la présence, au contact du seuil, d’un
fragment d’une feuille de bronze décoré en double
guilloche avec une ligne de palmettes horizontales
(Fig. 47). ıl rappelle fortement celui mis au jour en
2012 lors de l’opération de nettoyage du bâtiment
en Pi35. une première étude stylistique indique que
ces fragments appartiennent à deux boucliers argiens
hoplitiques qui pourraient dater de la seconde moitié
du 6e s. av. j.-C.36
l’objectif pour 2015 consistera à élargir la fouille
jusqu’à l’extrémité est de la terrasse afin de déter-
34) Henry et al. 2014 : 292-293.
35) Henry et al. 2013 : fig. 41.
36) des décors à double guilloche tels que ceux présents sur la pièce mise au jour cette année sont relativement courant dans le
décor architectural en terre cuite dès le 7e s. av. j.-C. (Wikander 1988 : passim) mais semblent apparaître sur des boucliers hoplitiques
à partir de la fin du 6e s. av. j.-C. (georgesa 2005). A noter que des boucliers votifs ont été mis au jour non loin de labraunda, à milet.
Ces derniers sont datés des 7e-6e s. av. j.-C. (donder 2002 : 1-2).
Fig. 47 : Fragment de bouclier hoplitique mis au jour dans le
sondage 2014 (m. Cormier).
333
Fig. 46 : La pierre de seuil in situ du sondage 2014 (m. Cormier).
Fig. 45 : L’état final du sondage en 2014 (m. Cormier).
lABrAundA 2014
Fig. 44 : Le contexte 1bis (m. Cormier).
334
OlıVıer Henry et alii
Fig. 48 : Vue de la façade de l’Andron A, depuis l’Est (O. Henry).
miner : 1) la nature de la structure détruite, définie
par le contexte 1-bis ; 2) la fonction et la relation du
premier bâtiment avec la tombe monumentale.
3.3. L’Andron A d’Idrieus (O. Henry)37
l’Andron A d’ıdrieus est l’un des bâtiments les
plus emblématiques de labraunda (Fig. 48). ıl s’agit
d’une salle de banquet monumentale qui fut construite
vers le milieu du 4e s. av. j.-C. par ıdrieus, alors
satrape et roi de Carie. le bâtiment est situé sur la
terrasse du temple, à l’arrière (Ouest) de ce dernier.
sa forme n’est pas sans rappeler celle d’un temple,
ce qui amena d’ailleurs les voyageurs et premiers
archéologues à l’identifier au temple de Zeus labraundos38.
Bien que longuement étudié, ce bâtiment n’a jamais fait l’objet d’une fouille. Or, un projet de restauration visant à renforcer l’ensemble de la structure
fragilisée par un éboulement partiel de son mur sud
nous a imposé de mener le dégagement de l’intégralité
de l’espace intérieur du bâtiment.
3.3.1. Etat de la recherche
l’Andron A se présente sous la forme d’un bâtiment distyle in antis avec un porche à l’est et une
pièce principale à l’Ouest (nous les appellerons respectivement pronaos et naos). le mur du fond du
naos est percé d’une large niche au sein de laquelle
on restitue un ensemble statuaire représentant probablement le Zeus de labraunda encadré du couple
dynastique formé par ıdrieus et sa femme Ada. les
murs nord et sud sont percés chacun de quatre
fenêtres, trois dans le naos, une dans le pronaos.
deux fenêtres supplémentaires sont percées de part
et d’autre de la porte monumentale qui fait communiquer les deux pièces du bâtiment. l’emprise totale
de ce dernier est de 22,06 m de longueur pour
12,12 m de largeur. ıl est composé exclusivement
de blocs de gneiss local, seule sa façade était
constituée de blocs de marbre, pour la plupart
disparus dans les fours à chaux byzantins39. Cette
dernière présentait la particularité d’offrir une colonnade ionique sous un entablement dorique, une
caractéristique qui fit couler beaucoup d’encre dans
la communauté scientifique40. la structure du bâtiment
est principalement composée d’un mur à double parement utilisant la technique de l’alternance de carreaux et boutisses. Ces derniers ne sont pas systématiques et on note, en particulier, l’absence singulière
de boutisses à certains endroits ‘critiques’ de la
structure, notamment entre les fenêtres du mur sud.
Bien que le bâtiment n’ait jamais été vraiment
fouillé, de très nombreuses études y ont été menées.
Avant la saison 2014, Pontus Hellström et thomas
thieme ont procédé à une documentation complète
de ses vestiges. désormais assisté de j. Blid, P. Hells-
37) nous tenons à remercier les personnes suivantes qui ont également participé à ce chantier et dont l’aide a été précieuse : Hilal
küntüz et Anna sitz.
38) laumonier 1936 : 305.
39) les encadrements des fenêtres étaient aussi composés de dalles de marbre comme le montre les quelques éléments découverts
in situ dans les fenêtres du mur nord.
40) et de nombreux débats, voir par exemple Horblower 1982 : 310 n. 126.
lABrAundA 2014
tröm prépare une publication détaillée de l’Andron
qui devrait paraître dans le courant de l’automne
2015. les particularités architecturales, épigraphiques
et historiques de ce bâtiment ont provoqué de très
nombreuses discussions au sein de la communauté
scientifique, discussions que l’on peut suivre à
travers plusieurs articles41.
si le bâtiment n’a jamais été fouillé, c’est principalement à cause de son état de conservation. en
effet, bien qu’il s’agisse du bâtiment de labraunda
présentant la plus haute élévation (près de 9,50 m par
endroits), la structure générale présente de nombreuses
fragilités. le mur sud est sérieusement endommagé
dans sa partie centrale et offre un contre-fruit important
(Fig. 49). le tout semble tenir dans un équilibre
précaire que les différents archéologues qui se sont
intéressés au bâtiment n’ont pas voulu déstabiliser
par des opérations de fouille de grande ampleur.
malgré cela, l’Andron d’ıdrieus a toutefois fait
l’objet d’un nettoyage général ainsi que d’une série
de sondages, dès le commencement des recherches à
labraunda. Ces sondages n’ont jamais été publiés et
la lecture des carnets de fouilles n’est malheureusement
pas toujours intelligible. Voici toutefois ce que l’on
peut reconstruire de cette histoire compliquée :
– la première intervention sur le bâtiment date
de 1948. si nous ne disposons que de très rares notes
datant de cette époque concernant ces travaux, quelques
photographies confirment l’existence et l’étendue des
opérations42. lorsque l’équipe dirigée par A.W. Persson
arrive à labraunda, elle doit trouver l’Andron dans le
même état que celui constaté par A. laumonier
quelques années auparavant (Fig. 50)43. la couverture
photographique partielle révèle l’enchevêtrement de
blocs et de végétation qui remplissait le naos. le mur
nord n’était alors visible qu’à partir du rebord des fenêtres et l’intégralité du mur ouest disparaissait sous
les vestiges effondrés (Fig. 51). sur le document
photographique on remarque en outre une large et
profonde tranchée, axée est-Ouest, qui semble avoir
été creusée dans l’axe central du naos sur une profondeur importante et qui a, semble-t-il, permis de
mettre au jour un niveau de sol très ‘propre’, dont
l’aspect ressemble de manière étonnante au sol original
mis au jour à d’autres endroits du naos au cours des
saisons suivantes44.
– l’année 1951 voit une opération qui vise à dégager la base des murs intérieurs du naos. A cette oc-
335
casion, et à en croire une comparaison entre les
photos prises à l’époque, un grand nombre de blocs
ont été déplacés en deux endroits. d’abord au pied
du mur ouest : une première photo montre que cet
endroit était couvert d’un amoncellement de blocs
liés à l’effondrement des murs ouest et nord (Fig. 52),
alors qu’une seconde prise de vue révèle cette zone
entièrement dégagée et la mise au jour d’une surface
parfaitement plane correspondant probablement au
sol enduit original (Fig. 53). A cette occasion on découvre deux blocs de marbre en réemploi, appartenant
tous deux à l’un des murs d’ante du temple de Zeus.
l’un de ces blocs d’ante porte l’inscription I. Labraunda
1 qui s’avère être une lettre de séleucos ıı à Olympichos
concernant une plainte du grand prêtre de labraunda,
korris, contre la ville de mylasa45. l’autre bloc, anépigraphique, est lui aussi attribué à l’une des antes du
temple46. une seconde zone d’investigation, au cours
de la même saison, concerne la partie nord-est du
naos. deux photos dévoilent un état différent des
blocs qui s’y trouvaient (Fig. 54-55), tandis qu’une
troisième témoigne de creusements qui permirent de
mettre au jour un large pithos (que nous appellerons
pithos 01) (Fig. 56). un relevé de la section du
sondage, dessiné à l’époque par e. Berggren, souligne
l’importance des niveaux dégagés, sur plus de 1,45 m,
sans toutefois préciser si le sol original a été atteint
(Fig. 57). ıl mentionne en outre la présence d’un
niveau, composé de chaux et de gravier, qui aurait été
percé par le pithos 01. On ignore l’altitude de ce
niveau par rapport aux assises du mur du bâtiment, et
si donc il s’agit du sol original ou d’un sol aménagé
postérieurement. Cependant une note dans le carnet
de fouille, datée du 9 août 1951 précise que le ‟pithos
[is] preserved until level of course 3 under top of
windows…”. P. Hellström corrige, à juste titre le
‟top of windows” par ‟bottom of windows”, comme
semble d’ailleurs le confirmer la photographie. si tel
est le cas, il semblerait que le sol de chaux et gravier,
dont l’altitude correspond plus ou moins à celui de la
conservation du pithos 01, soit à identifier avec le sol
original antique (ou tout du moins sa fondation),
dans lequel on aura creusé une fosse pour recevoir le
pithos, alors semi-enterré. ıl existe une seconde série
de photos montrant un autre pithos (que nous appellerons pithos 02), relativement fragmenté dont les
carnets de fouilles semblent indiquer qu’il fut également
trouvé dans l’Andron A (Fig. 58). sa fouille a permis
41) Parmi les plus significatifs on mentionnera Hellström 1988 ; 1989 ; 1996 ; 2011 et Hellström et thieme 1981.
42) les notes font état de deux jours de travail, avec 50 ouvriers, les 2 et 3 juin 1948. le premier jour est consacré à la fouille et
le second au nettoyage.
43) laumonier 1936 : pl. XXXVıı-XXXVııı.
44) les carnets de fouilles ainsi que les publications ultérieures sont muets au sujet de ce sol.
45) Crampa 1969 : n° 1.
46) Ce bloc n’a été inventorié qu’en 2014 sous la référence m50.
336
OlıVıer Henry et alii
Fig. 49 : Le mur extérieur sud de l’Andron A (O. Henry).
Fig. 50 : Vue générale de l’Andron A depuis le
Sud-Est, en 1948 (archives).
Fig. 51 : Vue intérieure de l’Andron A, depuis
l’angle sud-est, en 1948 (archives).
lABrAundA 2014
337
Fig. 52 : L’angle nord-ouest du naos de l’Andron A, en 1951 (archives).
Fig. 53 : L’angle nord-ouest du naos de
l’Andron A, après dégagement en 1951 (détail)
(archives).
Fig. 54 : L’entrée du naos de l’Andron A vue
depuis l’Ouest, en 1951 (archives).
338
OlıVıer Henry et alii
Fig. 55 : L’angle nord-est du naos de l’Andron A
après dégagement, en 1951 (archives).
Fig. 56 : L’angle nord-est du naos après
dégagement du pithos 01, en 1951 (archives).
Fig. 58 : Mise au jour du pithos 02 au pied du
mur nord de l’Andron A, en 1951 (archives).
Fig. 57 : Croquis, section du pithos 01, 1951
(archives : e. Berggren).
lABrAundA 2014
339
Fig. 59 : Pithos 02 après sa fouille, en 1951
(archives).
de découvrir quelques fragments de vaisselle ainsi
qu’un couvercle circulaire en pierre (Fig. 59). dans
ces mêmes carnets nous ne trouvons qu’un croquis
de la trouvaille dessiné par t. Hylander (Fig. 60). On
remarque, sur d’autres photos du pithos 01, la présence
du couvercle circulaire mis au jour dans le pithos 02
posé contre le mur nord de l’Andron (Fig. 61), ce qui
semble indiquer que ce dernier fut découvert dans la
même zone (probablement contre le mur nord du
naos sous la fenêtre centrale).
– On ignore si l’opération de 1951 comporta
d’autres volets. Cependant, une comparaison des
photos entre 1951 et aujourd’hui (après 1951, les
opérations de 1985 et 1988, mentionnées ci-dessous,
ne concerneront que l’angle nord-ouest du naos)
montre clairement que de très nombreux blocs ont
été déplacés. Alors qu’en 1951 les bases des murs
semblent couvertes de blocs, tandis que le centre de
la pièce est relativement libre (voir Fig. 54), c’est la
situation inverse que l’on observe en 2014 (Fig. 62).
ıl est donc clair qu’au cours de la saison de 1951
des espaces situés le long des murs est, nord et
ouest, ainsi que les angles sud-ouest et sud-est ont
été dégagés des blocs qui les couvraient, lesquels
furent alors déplacés vers l’intérieur du naos. Ceci
est d’ailleurs confirmé par la découverte au cours
de la présente saison, dans l’amoncellement au
centre du bâtiment, de plusieurs blocs portant des
traces de marquage à la peinture rouge et datant
probablement de la tentative d’inventaire de 1951
(voir le repérage des blocs Fig. 52).
Fig. 60 : Croquis de situation du pithos 02,
en 1951 (archives : t. Hylander).
– Bien qu’aucune opération de fouille à proprement parler n’ait eu lieu en 1960, il nous faut
toutefois mentionner ici les différents travaux qui
concernèrent son environnement. tout d’abord il
s’avère qu’un certain nombre d’éléments architecturaux mis au jour lors des travaux antérieurs, et qui
étaient restés dans le naos, furent déplacés. ıl s’agit
notamment de deux tambours de colonnes qui appartiennent aux Oikoi, et qui sont placés ‟in their
approximate positions”47. Ces travaux de restauration
s’inscrivent dans l’opération d’envergure de 1960
qui visait à mettre le site en état et à terminer la
fouille de certains secteurs avant de clore le projet
47) l’un des tambours porte le n° ınv. A14. la mention apparaît dans le carnet de fouille d’A. Westhlom, p. 31, le 13 juillet.
340
OlıVıer Henry et alii
Fig. 61 : Vue générale de la fouille des pithoi de
l’Andron A, en 1951 (archives).
et de ‘remettre’ labraunda aux autorités turques.
dans le cadre de ces grands travaux, de nombreuses
zones furent fouillées et d’autres réaménagées,
comme ce fut le cas de la terrasse située au sud de
l’Andron A. dans sa publication de 1963 sur l’architecture du sanctuaire, A. Westholm écrit : ‟When
excavations started, the space south of Andron A
consisted of a steep slope with large stone (sic) of
various kind. this area must, however, once have
been a terrace… ın 1960 this terrace was reconstructed”48. A. Westholm reconstruisit donc le mur
de terrasse sud, probablement antique mais dont il
ne restait que quelques assises préservées. ıl construisit
aussi, ex-nihilo, un mur de retour, à l’est, aligné sur
le mur ouest des ‘terrace houses’ (Fig. 63).
– en 1985, une opération vise à dégager une
nouvelle fois l’angle nord-ouest du naos et à mettre
au jour le sol original. A cette époque on confirme
alors la présence d’un sol qui semble contemporain
de la construction du bâtiment. Ce sol présente la
particularité d’offrir une bande légèrement surélevée
qui paraît ceindre l’espace central, et qui est interprétée
Fig. 62 : Vue générale du naos de l’Andron A, avant l’opération de 2014 (O. Henry).
48) Westholm 1963 : 71-72.
lABrAundA 2014
341
Fig. 63 : Vue générale de la terrasse au Sud de l’Andron A, en 1983 (th. thieme).
comme la basse plateforme sur laquelle prenaient
place les klinai (Fig. 64)49.
– en 1988, une dernière opération vise à documenter le sol mentionné ci-dessus50.
– enfin, plus récemment, au cours de la saison
2012 nous avons procédé à un sondage profond à
l’angle extérieur sud-ouest de l’Andron51. Ce sondage
a révélé que les fondations du bâtiment étaient extrêmement profondes, composées de sept assises
sur plus de 4 m (Fig. 65). elles reposent sur la roche
mère, à la même altitude que les ‘terrace houses’,
situées en contrebas, à l’est de l’Andron. en outre
ce haut mur présente un beau parement à bossage et
feuillure d’angle, ce qui laisse supposer qu’il était
destiné à être visible. en outre, le sondage a mis au
jour une série de blocs d’entablement de l’Andron
profondément enfouis. Ces éléments, qui semblent
ne pas avoir été volontairement enterrés après qu’ils
aient chuté de leur position originale. ıl semble par
conséquent, et contrairement à l’hypothèse émise
par A. Westholm, que ce mur de terrasse était entiè-
rement visible dans l’antiquité, solidaire du long
mur de façade des ‘terrace houses’52.
Comme on le voit, l’opération de 2014 visant à
fouiller l’Andron A ne s’apparente en fait qu’au dégagement final d’un espace qui a subi de très nombreuses interventions, souvent mal ou pas documentées. l’absence du suivi de ces opérations pose
un sérieux problème quant à l’étude stratigraphique
du naos aujourd’hui. en effet, comme on le verra
ci-dessous, les niveaux stratigraphiques ainsi que
les couches d’effondrement mises au jour semblent
avoir subi d’importants bouleversements à l’occasion
des investigations antérieures, ne nous laissant qu’une
étroite marge de manœuvre pour l’identification des
vestiges et la compréhension de leur organisation,
tout en offrant la part belle à l’interprétation.
3.3.2. Objectifs
Bien que ce bâtiment soit le mieux conservé de
l’ensemble du sanctuaire (près de 10 m sur certaines
49) Hellström 1987 : 157-158 et fig. 2.
50) Hellström 1990 : 343.
51) Henry et al. 2013 : 310.
52) une fois le projet de restauration de l’Andron A terminé, il est prévu de supprimer entièrement cette terrasse artificielle.
342
OlıVıer Henry et alii
Fig. 64 : Sondage à l’angle nord-ouest du naos de l’Andron A, en 1985 (P. Hellström).
Fig. 65 : Sondage à l’angle sud-ouest de
l’Andron A, en 2012 (O. Henry).
53) Henry et al. 2014 : 256-261.
sections du mur sud), son intégrité pose problème.
en effet, le mur oriental présente une cassure très
nette, au niveau de sa jonction avec le mur du
pronaos. Cet événement, vraisemblablement dû au
développement d’une végétation luxuriante pendant
des siècles, s’accompagne de problèmes liés à des
attaques biologiques (du fait de l’environnement du
site) et toxiques (du fait de la présence de deux centrales thermiques dans la région). Ces agressions
provoquent un ensemble de phénomènes qui aboutissent, entre autres, à :
– la désolidarisation des parements interne et
externe du mur sud,
– la fracture de plusieurs linteaux au niveau des
ouvertures de fenêtre,
– un fruit important du mur sud.
suite à une étude menée dans le cadre d’un partenariat avec l’université de metu (middle east
technical university) d’Ankara, nous avons conclu
à la nécessité de mener un projet de consolidation/restauration de l’Andron. Ce projet a été présenté dans
les rapports antérieurs53. ses principes généraux
visent à intervenir sur le bâtiment sans utiliser de
méthode irréversible. ıl s’agit de : débarrasser le bâtiment des mousses et autres attaques biologiques,
renforcer les ouvertures à l’aide d’un cadre métallique,
reconstruire la partie éboulée du mur sud tout en recréant le lien entre celui-ci et le mur du pronaos par
alternance des blocs, protéger les murs contre d’éventuelles infiltrations d’eau, resolidariser l’ensemble
des quatre murs.
lABrAundA 2014
la fouille de la saison 2014 s’inscrit dans le
cadre de ce projet. elle était motivée par trois points
techniques. le premier concerne la nécessité de
connaître l’état de conservation des assises inférieures
des murs sur leur face interne. la seconde vise à rétablir un drainage de l’espace du naos par le dégagement total des blocs et de la terre qui tiennent à
contenir les eaux de pluie au sein du bâtiment. la
troisième vise à dégager les remblais jusqu’au niveau
du sol original sur lequel il est envisagé de poser
une lourde structure métallique dont la fonction sera
de garantir la stabilité du mur sud.
3.3.3. Les travaux de la saison 2014
Compte tenu du nombre élevé de blocs de larges
dimensions à enlever, associé à un espace de travail
réduit, nous avons dû faire appel à un engin de
levage nécessitant une mise en place particulière54.
ıl s’agissait tout d’abord de permettre à la pelle
mécanique de s’approcher suffisamment de l’Andron,
par le nord. ıl nous a donc fallu créer un accès
réservé à la pelle, depuis la route asphaltée, permettant
d’éviter à l’engin à chenille, et pesant 38 tonnes, de
traverser les terrasses fragiles du sanctuaire. la voie
de service que nous avons créée emprunte un cheminement à l’Ouest du temenos. en utilisant au
maximum l’organisation des terrasses modernes,
aucun creusement n’a été nécessaire, bien qu’un
certain nombre de murets modernes aient dû être
abattus. la mise en place de cette route a nécessité
l’acquisition d’une parcelle privée. l’ensemble de
ces préparatifs ont, bien entendu, fait l’objet d’un
projet en bonne et due forme, soumis et validé par
le conseil des monuments historiques de la région
de muğla.
La fouille
le dégagement de l’Andron s’est ensuite déroulé
en trois phases :
– dégagement de l’espace au nord de l’Andron :
l’angle extérieur nord-ouest de l’Andron, ainsi que
le couloir séparant l’Andron des Oikoi était jonché
de larges blocs en équilibre instable (Fig. 66). deux
jours ont été nécessaires afin de dégager l’ensemble
de cet espace. l’enlèvement des blocs ainsi que le
343
nettoyage de la zone ont permis de révéler l’existence
d’une porte, probablement tardive, dont le linteau
s’appuie sur l’angle sud-ouest de ces derniers
(Fig. 67).
– l’enlèvement des blocs du naos : une fois la
pelle mécanique positionnée au plus du bâtiment, il
lui suffisait de lancer son bras articulé par-dessus le
mur de l’Andron (Fig. 68), saisir les sangles qui
maintenaient le bloc à déplacer (Fig. 69), déposer
ce dernier à l’extérieur de l’Andron, puis de répéter
l’opération. l’ensemble des quelque 200 blocs ainsi
enlevés ont été inventoriés et stockés sur une terrasse
située à l’Ouest du bâtiment (Fig. 70).
Au cours de l’enlèvement des blocs du naos, on
a remarqué qu’ils étaient organisés en trois niveaux
distincts. les deux premiers correspondent à des
blocs jetés pêle-mêle (Fig. 71), et correspondent
sans aucun doute aux blocs déplacés lors des opérations de 1948 et 1951. le troisième et dernier niveau
montre une certaine organisation. les pierres semblent
avoir été posées de manière réfléchie et appareillées
afin d’offrir une rangée nivelée (Fig. 72). l’absence
totale de terre en surface ne permet pas d’identifier
clairement la date de ces arrangements ni leur
fonction. nous ne serions pas surpris s’il s’agissait
des vestiges d’un sol, construit à une période tardive55,
et partiellement démonté lors des sondages creusés
en 1948 et 195156.
Outre ce niveau de sol, que nous avons arbitrairement qualifié de ‘sol byzantin’, deux autres blocs
semblent offrir une position originale. ıl s’agit des
deux pierres, numérotées AA06 et AA07 (Fig. 73),
probablement réemployées à une époque tardive,
comme l’indique la présence de mortaises d’agrafes
métalliques sur leur lit d’attente et de mortier de
tuileau sur leur face ouest57. elles ont été alignées
perpendiculairement et au contact du mur ouest du
naos. Cet arrangement, auquel on a ajouté un
troisième bloc perpendiculaire qui gisait non loin de
là, souligne très clairement le fait que l’Andron a
été réaménagé à une période tardive. ıl est probable
que cette occupation tardive soit à mettre en relation
avec d’autres éléments tels que : la découverte d’un
contrepoids (AA61) (Fig. 74), au nord-est des blocs
06 et 07 ; la présence de deux cavités creusées dans
la partie nord du mur ouest ; la réparation au mortier
54) ıl est important de souligner ici le soutien décisif de l’entreprise eczacıbaşı-esAn qui, grâce au prêt gracieux d’une de leurs
pelles mécaniques, a rendu possible cette opération.
55) dans la publication de Westholm (1963 : 71), l’auteur interprète ces blocs comme la substruction du sol hékatomnide qui
aurait été composé en surface d’un niveau de dalles de marbre, disparues.
56) Blid (2012 : 235 et fig. 196.1) mentionne l’existence d’un sol d’époque tardive, absolument identique, qui fut mis au jour lors
des fouilles de l’Andron B en 1991. la découverte de plusieurs monnaies associées à ce sol semble donner une datation autour du 11e
s. ap. j.-C.
57) Ces traces de mortiers sont fragmentaires et ne semblent pas liées à cette réutilisation. Ce mortier semble indiquer une phase
de remploi intermédiaire.
344
OlıVıer Henry et alii
Fig. 66 : L’angle nord-ouest de l’Andron A, avant l’opération de 2014 (O. Henry).
Fig. 67 : La face nord de l’Andron A, après l’opération de 2014 (O. Henry).
Fig. 68 : Les travaux de dégagement du naos de l’Andron A (O. Henry).
Fig. 71 : Etat des blocs du naos de l’Andron A
avant l’opération 2014 (O. Henry).
345
Fig. 69 : L’enlèvement des blocs de
l’Andron A (O. Henry).
lABrAundA 2014
Fig. 70 : Dépose et inventaire des blocs issus du
naos de l’Andron A (O. Henry).
346
OlıVıer Henry et alii
Fig. 72 : Blocs du
niveau de sol tardif de
l’Andron A (O. Henry).
Fig. 73 : Vue des blocs
AA06 et AA07 dans leur
état réutilisé (O. Henry).
Fig. 74 : Le contrepoids
AA61 dans l’Andron A
(O. Henry).
lABrAundA 2014
347
Fig. 75 : L’angle nord-ouest du naos de l’Andron A, après dégagement (O. Henry).
de tuileau du rebord de la fenêtre nord-ouest du
naos. nous ignorons la chronologie relative de ces
quatre éléments, mais considérés dans leur ensemble
il devient possible de reconstruire la présence (tout
hypothétique) d’une large presse à huile d’olive qui
aurait occupé le quart nord-ouest du bâtiment : les
blocs 06 et 07 délimiteraient l’espace de travail, le
bloc 61 servirait de contrepoids au prelum, tandis
que la grande cavité permettrait d’y loger l’extrémité
ouest. la réparation du rebord de la fenêtre souligne
le soin qu’on a eu, jusque dans des périodes tardives,
à garantir l’intégrité de cet espace ; tandis que la
plus petite cavité pourrait être le vestige d’une installation antérieure analogue, plus modeste (Fig. 75).
– la fouille des remblais du naos : l’enlèvement
des blocs du naos a mis au jour des niveaux très inégaux d’un remblai de composition très homogène. ıl
s’agit d’un humus dans lequel on retrouve un matériel
céramique mélangé abondant comprenant principalement de la vaisselle, des tuiles et des fragments de
larges pithoi. Aucune organisation stratigraphique
n’a pu être repérée. Cet humus repose directement
sur un beau sol antique, lorsque ce dernier est
conservé, c’est-à-dire dans le tiers ouest du bâtiment.
Vers l’est on met au jour des lambeaux de la fondation
du même sol, percé à de très nombreux endroits de
multiples fosses de dimensions variées. les plus
petites ont été fouillées, révélant un matériel inégal,
tandis que les plus grandes seront vidées dans le
courant de la saison 2015. On a également noté,
dans la partie ouest, la présence de plusieurs trous de
poteaux ainsi que d’un foyer. Autant d’éléments qui
confirment l’occupation tardive du bâtiment (Fig. 76).
la construction du sol qui, selon toute vraisemblance, semble être contemporain de l’érection du
bâtiment, et donc dater du 4e s. av. j.-C., a fait
l’objet d’une attention toute particulière (Fig. 77).
sa fondation est composée d’un épais remblai de
graviers recouvert d’une couche sablonneuse. Cette
dernière a reçu un niveau de radier comprenant des
petits moellons soigneusement appareillés et posés
sur un remblai sableux. le radier est recouvert de
deux couches superposées de mortier avec deux
tailles de dégraissants, la plus fine vers la surface.
enfin, le tout a été recouvert d’une double couche
d’enduits très fins composés de chaux et d’une
poudre de marbre. Ce dernier donne une finition
parfaitement lisse tout en étant très solide (Fig. 78)58.
On note enfin, la présence d’enduits verticaux à la
base des murs du naos, indiquant très clairement
que ces derniers étaient entièrement recouverts. Ces
enduits muraux offrent la même composition que
ceux qui recouvrent le sol, à savoir une double
couche : celle au contact du mur étant épaisse et
grossière tandis que celle de surface, plus fine,
montre une exécution très soignée (Fig. 79).
58) On retrouve la même organisation dans les préceptes donnés par Vitruve (Vıı.Vı.1).
348
OlıVıer Henry et alii
Fig. 76 : Relevé en plan des vestiges de l’Andron A, après dégagement (O. Henry).
Fig. 77 : Niveau de sol original dans le naos de l’Andron A (O. Henry).
lABrAundA 2014
Fig. 78 : Section nord-sud de l’Andron A, après dégagement (H. küntüz / O. Henry).
Fig. 79 : Les vestiges des enduits muraux au pied du mur sud du naos de l’Andron A (O. Henry).
349
350
OlıVıer Henry et alii
Fig. 80 : Antéfixe (LAB14.AA.M04)
issue des fouilles de l’Andron A
(O. Henry).
Fig. 81 : Fragments d’une grande palmette
(LAB14.AA.M05) issue des fouilles de
l’Andron A (O. Henry).
un élément troublant concerne l’état de conservation du sol original. en effet, sur l’une des photographies de 1948 (voir la Fig. 51) il apparaît que ce
dernier est relativement bien conservé au centre du
naos, lorsqu’on creuse la tranchée est/ouest. Bien
qu’il nous soit difficile de localiser avec précision
la situation de cette tranchée, la zone semble correspondre aujourd’hui à l’une des grandes fosses mises
au jour au cours de la saison 2014.
des fragments d’une très grande palmette qui pourrait
correspondre à l’acrotère central du bâtiment
(lAB14.AA.m05) (Fig. 81) ; un placage avec
méandre (lAB14.AA.m01) (Fig. 82) ; plusieurs
fragments qui pourraient appartenir à des statues
(par exemple lAB14.AA.m13) (Fig. 83).
dans chacune de deux petites fosses (Pit 5 et Pit
6), le long du mur sud du naos, nous avons eu la
surprise de découvrir deux grands blocs de marbre,
dont les dimensions nous apprennent qu’ils appartenaient à l’un des murs d’ante du temple. le premier
(lAB14.AA.m02) porte une inscription très bien
conservée de 14 lignes (lab137) (Fig. 84). le texte,
parfaitement lisible, reproduit une lettre d’Olympichos
à l’attention des mylasiens et s’inscrit dans un
dossier déjà fourni. ıl s’agit d’un texte original par
lequel Olympichos répond aux doléances des mylasiens en leur garantissant, outre l’autonomie et la liberté, un certain nombre de possessions territoriales.
Parmi ces dernières on note la mention du sanctuaire
de labraunda. ıl serait prématuré de donner ici une
traduction complète ainsi qu’un commentaire de ce
texte, qui sera publié ailleurs.
le second bloc est un chapiteau d’ante qui a
malheureusement été partiellement martelé
(lAB14.AA.m03) (Fig. 85). ıl y a fort à parier que
ces deux blocs furent amenés depuis le temple en
même temps que les deux autres blocs d’ante men-
Le matériel
le matériel lithique
Parmi les nombreux blocs déplacés au cours de
la saison 2014, on note la présence de plusieurs
marbres dont on connaissait déjà l’existence59. dans
la couche d’humus dégagée sous les blocs de gneiss
on a récolté plusieurs dizaines de nouveaux fragments
de marbre. la plupart sont très mal conservés et on
peut difficilement leur attribuer une identification.
Parmi les quelques fragments ‘lisibles’, on remarque
un nombre élevé de fragments de placage d’épaisseurs
variables, dont on peine à identifier l’emplacement
original, ainsi que plusieurs éléments de décoration
architecturale. On note notamment : une antéfixe
qui présente une palmette soulignée par deux volutes
horizontales et feuilles d’acanthe (lAB14.AA.m04)
(Fig. 80) identique à celle mise au jour en 194860 ;
59) notamment les deux blocs d’ante du temple de Zeus découverts en 1951, et mentionnés plus haut, et deux blocs de geison (n°
ınv. A141 et A142). les deux blocs d’ante du temple ont été déplacés dans la pièce sud des Oikoi, tandis que les deux blocs de geison
ont été déposés dans le pronaos de l’Andron A. Outre ces éléments trois pièces supplémentaires en marbre avaient été découvertes en
1948 : un tambour de colonne (ınv. A14), un montant de fenêtre (ınv. A15) et une antéfixe (ınv. A19).
60) ıl s’agit du bloc d’inv. 19 (voir note précédente). On note l’existence d’un troisième bloc d’antéfixe identique aux deux
précédents. ıl fut mis au jour lors des fouilles des Oikoi et interprété comme provenant du temple de Zeus (Hellström et thieme 1982 :
n° ınv. rB16, pl. 24.4). ıl se pourrait qu’il faille, à la lumière des dernières découvertes, réattribuer ces éléments à l’Andron A.
lABrAundA 2014
Fig. 82 : Placage en marbre avec méandre
(LAB14.AA.M01), issu des fouilles de
l’Andron A (O. Henry).
Fig. 83 : Fragment de drapé en marbre
(LAB14.AA.M13), issu des fouilles de
l’Andron A (O. Henry).
Fig. 84 : Le bloc LAB14.AA.M02, issu des fouilles de l’Andron A (O. Henry).
351
352
OlıVıer Henry et alii
Fig. 85 : Le bloc LAB14.AA.M03, issu des
fouilles de l’Andron A (O. Henry).
Fig. 86 : Section d’un fragment du sol original
de l’Andron A (O. Henry).
Fig. 87 : Enduit de finition du sol original de
l’Andron A (O. Henry).
tionnés plus haut. On ignore la raison de leur présence
dans l’Andron61. seul le bloc m03 montre de multiples
traces de retaille : l’une visant à élargir l’une des
mortaises de goujon ; l’autre, inachevée, forme un
profond sillon rectiligne sur les faces supérieure et
latérales du bloc.
les enduits
On trouve, à différents niveaux de la couche
d’humus, de très nombreux fragments d’enduits.
Ces derniers reposent pour la plupart face contre
terre, parfois au contact du sol antique. Ces enduits
offrent tous la même composition : un mortier de
chaux épais recouvert d’un enduit mélangé à de la
poudre de marbre (Fig. 86-87). des variantes sont
toutefois à noter, dans la solidité, l’épaisseur et le
polissage de la couche de surface. la position stratigraphique de ces éléments à différents niveaux de
la couche d’humus semble indiquer qu’ils proviennent
des murs du bâtiment. Bien que la très grande
Fig. 88 : Fragments d’enduits muraux peints de
l’Andron A (O. Henry).
majorité de ces éléments soit blanc en surface, on
note, vers l’Ouest et particulièrement au pied de la
niche plusieurs fragments colorés : jaune, bleu,
rouge, rosé, avec des teintes variées (Fig. 88). la
concentration des éléments peints au pied du mur
ouest de l’Andron laisse supposer que seule la niche
(et/ou son pourtour) devait porter un enduit coloré,
tandis que les autres murs devaient être blancs.
l’état de conservation de ces enduits muraux qui
ont souffert des conditions climatiques, de la végétation
ainsi que des nombreuses perturbations qui ont
affecté le sol de l’Andron, ne permet pas de donner
une idée de leur épaisseur originale. A certains
endroits ils offrent une couche de quelques centimètres
à peine, alors qu’à d’autres ils dépassent les 10 cm.
enfin, il convient de mentionner la découverte
de quelques fragments d’une mosaïque tardive composée d’un mortier léger dans lequel ont été incrustés
de très petits galets polis. les interstices entre les
61) Plusieurs blocs appartenant au temple on été découverts dans les Oikoi, à proximité d’un four à chaux. Voir Hellström et
thieme 1982 : 7.
lABrAundA 2014
353
Fig. 89 : Fragments de mosaïque tardive, issus
des fouilles du naos de l’Andron A (O. Henry).
pierres ont été comblés d’un second mortier rosâtre
(Fig. 89). un fragment identique à ces mosaïques
avait été mis au jour au cours des fouilles de l’Andron
de 1951 (Fig. 90 croquis par eric Berggren).
la céramique62
du fait de l’absence de niveaux stratigraphiques
nous avons décidé, arbitrairement, de distinguer différentes zones au sein de la couche d’humus. la
première (surface) correspond à la majeure partie
de l’humus. la seconde (floor) désigne la terre et le
matériel mis au jour au contact du sol antique, tandis
que le troisième (sous-sol-byzantin) définit la couche
d’humus qui semble avoir été piégée sous le niveau
de sol tardif mentionné plus haut et composé de
larges blocs de gneiss en réemploi.
la couche de surface comprend un matériel très
hétérogène datant du 4e s. av. j.-C. à la période romaine. On mentionnera par exemple un fragment
de bol attique à graffito (Fig. 91) datant du 4e s. av.
j.-C., quelques fragments de bols profonds des 2e1er s. av. j.-C.63, des parties d’unguentaria de la fin
de la période hellénistique - début de la période romaine, des bols de type Cnidiens et des bols à
rosettes (Fig. 92) des 1er-3e s. av. j.-C.64. On note
Fig. 90 : Croquis des fragments de mosaïque
mis au jour en 1951 (archives : e. Berggren).
également quelques rares fragments de céramique
glaçurée du milieu de la période byzantine.
Au niveau du sol antique, on met au jour un matériel dont la chronologie s’étend de la période
romaine à la période byzantine : bols cnidiens, bols
africains à engobe rouge de la fin du 4e s. – début du
5e s. ap. j.-C.65, assiettes phocéennes à engobe rouge
du 6e s. ap. j.-C.66.
Quant au niveau piégé sous le sol byzantin, il
comprend principalement des bols cnidiens, des
coupes et bols romains des 1er-2e s. ap. j.-C., de la
vaisselle de cuisine des 2e-3e s. ap. j.-C.
enfin, seules deux des quelques fosses fouillées
ont livré un matériel hétérogène : un fragment de
skyphos de la seconde moitié du 4e s. ainsi que de la
62) mes plus vifs remerciements à V. lungu pour avoir procédé à l’analyse préliminaire du matériel de l’Andron.
63) rottrof 2006 : 114.
64) Hellstrom 1965 : 38-39 et nºs 293-310 pour les types Cnidiens ; 39-40, nºs 314-321 pour les bols à rosette.
65) Hayes 1972 : Forme 50, type B-60, fig. 12, p. 71, 73.
66) Hayes 2005 : 24.
354
OlıVıer Henry et alii
Fig. 91 : Fragment de bol attique à graffito, issu des fouilles du naos de l’Andron A (V. lungu).
Fig. 92 : Fragment de bol à rosettes, issu des fouilles du naos de l’Andron A (V. lungu).
céramique du début de la période romaine dans le
‘pit 3’ ; un fragment de lekythos attique du 4e s. av.
j.-C. dans le ‘pit 4’ (partiellement fouillé).
les petits objets
les objets métalliques représentent la portion
congrue du matériel mis au jour dans l’Andron. On
remarquera, pêle-mêle : une base de statuette en
bronze (lAB14.AA.10) (Fig. 93), deux monnaies
byzantines identiques du 11e s. (lAB14.AA.01 :
Fig. 94)67, un fragment de bracelet en pâte de verre
bleu (Fig. 95), une bague en bronze serti d’un
élément en pâte de verre bleu (Fig. 96).
Conclusion
la fouille de l’Andron A d’ıdrieus a révélé un
riche matériel qui nous permet d’entrevoir l’évolution
du bâtiment et de son occupation au cours de
l’histoire du sanctuaire de labraunda. elle a permis,
en outre, de préciser un certain nombre de détails
quant à l’agencement de son espace intérieur en révélant notamment la présence d’enduits muraux
peints et de placage de marbre. l’une des découvertes
les plus importantes reste cependant la mise au jour
de l’inscription lab137, dont le contexte qu’elle
décrit dépasse largement le site de labraunda et
nous éclaire sur un moment décisif de l’histoire ré-
67) Byzantium, Anonymous folles, Class ı, c. 1075-80. Voir Byzantine coins in the Dumbarton Oaks and Whittemore Collections
vol. ııı : part 2, p. 699, pl. lXVııı, ı 51.
lABrAundA 2014
Fig. 93 : Base de statuette en
bronze (LAB14.AA.10), issue des
fouilles du naos de l’Andron A
(O. Henry).
355
Fig. 94 : Monnaie byzantine du 11e s. (LAB14.AA.01), issue des
fouilles du naos de l’Andron A (O. Henry).
Fig. 95 : Fragment de bracelet en pâte de verre
bleu, issu des fouilles du naos de l’Andron A
(O. Henry).
Fig. 96 : Bague en bronze serti d’un élément en
pâte de verre bleu, issue des fouilles du naos de
l’Andron A (O. Henry).
gionale. la fouille est loin d’être terminée puisque
trois larges fosses restent encore à être fouillées. ıl y
a fort à parier que la saison 2015 apportera son lot
de découvertes.
dans le cadre du projet de restauration évoqué
au début de cette section, le dégagement des niveaux
archéologiques a aussi permis de nous assurer de
l’intégrité des assises inférieures du mur sud du bâtiment. Par ailleurs, l’état remarquable de conservation
du sol hékatomnide, ainsi que la présence de vestiges
d’une presse à olive nous amènera à revoir le projet
pour la partie nord et ouest du naos, afin d’intégrer
ces éléments dans la présentation de l’Andron au
public.
3.4. Les Bains est (C. Bost)
A labraunda, la saison 2014 a vu le début d’un
nouveau projet de recherche. Point n’est besoin
d’un long séjour sur le site pour comprendre l’im-
356
OlıVıer Henry et alii
Fig. 97 : Plan général de l’entrée du sanctuaire (j. Blid).
portance de l’eau. Ainsi dès la première visite, il apparaît clairement que les sources jouent un grand
rôle dans l’organisation du sanctuaire. Outre les
près de 40 fontaines aménagées tout autour du
temenos et le long de la voie sacrée, les nombreuses
fontaines monumentales (bâtiment dorique, fontaine
hypostyle, fontaine centrale à colonnade, fontaine
ouest), on ne dénombre pas moins de trois édifices
balnéaires68. Ces derniers, seulement reconnus par
quelques sondages ponctuels, n’ont jamais été complètement étudiés. Cette année nous avons décidé
d’entamer la fouille de ce qui apparaît comme étant
le plus ancien de ces complexes, les Bains est.
3.4.1. Présentation du projet de recherche
Historique des opérations sur les Bains est
Au cours de l’histoire récente des fouilles de
labraunda, la terrasse de l’entrée du sanctuaire a
fait l’objet, à différentes reprises, d’études approfondies. On peut distinguer d’abord les grands
travaux de l’institut suédois durant les années 1950,
puis une reprise de l’enquête par j. Blid à la fin de
la décennie 200069.
de 1949 à 1960, la mission suédoise dégage les
Propylées sud et est ainsi que d’autres vestiges progressivement mis au jour entre ces deux bâtiments
dont des thermes (Fig. 97). Ces derniers n’ont cependant jamais fait l’objet d’une véritable fouille.
dans un premier temps, leur présence est simplement
révélée par la mise au jour d’un ensemble de trois
inscriptions lors de la campagne de 1951. deux
d’entre elles évoquent la construction de bains et
une dernière, plus tardive, signale l’ajout d’un apodyterium. la situation exacte des lieux de découverte
de ces inscriptions reste incertaine. j. Blid relève
notamment des imprécisions dans la publication de
j. Crampa70 et il semble préférable de se référer aux
68) Probablement 4 si l’on suit les conclusions du rapport des recherches géophysiques menées en 2013. Voir Henry et al. 2014 :
274-275.
69) Blid 2012.
70) Crampa 1972.
lABrAundA 2014
357
Fig. 98 : Emprise des sondages anciens dans la zone des Bains est (j. Blid).
notes prises directement sur le terrain par l’archéologue ı. dahlèn71. selon ce dernier, les deux inscriptions évoquant la construction (I. Labraunda
20 et 65) ont été découvertes, l’une à deux mètres
au nord-est de la Doric House, l’autre au voisinage
des restes d’un four à chaux, au nord-est de la
porte de communication entre l’East Church et les
bains. la troisième inscription (I. Labraunda 22) a
été trouvée devant la tour dite ‘Byzantine’ (aujourd’hui appelée Beehive Tower) sans plus de précision. nous pouvons supposer qu’il s’agit d’un
endroit situé à l’ouest de la tour, en direction de la
Doric House, là même où se concentrent une partie
des opérations de 1951.
en effet, c’est également durant cette campagne
que les archéologues décident d’étendre les recherches
à l’est de la Doric House. ıls fouillent une pièce en
partie et découvrent les vestiges d’un hypocauste.
en 1953, des importants travaux ont pour but de dégager un grand espace situé au nord-est de cette
71) Blid 2012 : 165.
pièce à hypocauste et interprété alors comme l’apodyterium. Au cours de cette campagne, un sondage
est également ouvert dans les bains, devant la porte
de communication du mur sud de cette grande pièce.
en 1960, à la lumière de nouveaux résultats, A.
Westholm propose une identification différente pour
cet ensemble : il s’agit, pour lui, d’une église de
l’Antiquité tardive (East Church).
A partir de 2005 et jusqu’en 2011, dans le cadre
de travaux préparatoires à sa thèse consacrée à labraunda durant l’Antiquité tardive, j. Blid reprend
l’étude. Afin de préciser la chronologie et les relations
entre les différents bâtiments, il entreprend de réaliser
plusieurs sondages, principalement à l’intérieur de
la basilique (Fig. 98). en 2006, il mène une petite
opération à l’intérieur des thermes, devant la porte
d’accès à l’église, à l’emplacement de la fouille de
1953. le sondage est nettoyé puis agrandi en direction
de la Beehive tower mais cela reste une intervention
d’une superficie très limitée. enfin, en 2009, une
358
OlıVıer Henry et alii
Fig. 99 : Plan restitué des Bains est (j. Blid).
prospection géophysique sur l’ensemble du secteur
vient compléter la documentation.
Un bilan de nos connaissances avant la
fouille de 2014.
Pour un premier bilan, nous disposons de la
thèse de j. Blid, qui présente les Bains est dans une
synthèse d’une dizaine de pages72.
s’agissant de la date de construction, l’hypothèse
avancée s’appuie, pour lors, uniquement sur l’analyse
des inscriptions 20 et 65 du catalogue dressé par j.
Crampa. ıl propose de dater la dédicace des bains
par tiberius Claudius menelaus, du milieu du 1er s.
ap. j.-C. Quant à l’inscription 22, gravée sur un
fragment de linteau de porte, c’est une dédicace à
Zeus Labraundos par le prêtre titus Flavius neon
de la construction d’un apodyterium. ıl est donc
question d’un embellissement ou d’une réfection
que j. Crampas date entre la fin du 1er s. et la
première moitié du 2e s. ap. j.-C.
d’autre part, l’étude du matériel exhumé lors
des fouilles tant anciennes que récentes, a permis à
j. Blid de proposer de nouveaux éclairages sur la
chronologie de ce quartier du sanctuaire après le 2e
s. ap. j.-C. une monnaie trouvée en 1953 ‟entre les
briques de la suspensura” situerait une dernière
phase de restauration de l’hypocauste durant la pre72) Blid 2012 : 175-183.
mière moitié du 4e s. ap. j.-C. Au début du 5e s. ap.
j.-C., on construit une église, en partie implantée
sur le secteur nord des anciens thermes. Quant aux
autres pièces, certaines semblent alors intégrées au
complexe ecclésial. la reprise du sondage devant la
porte d’accès à l’église a livré plusieurs fragments
de deux mosaïques de sol, similaires à celles découvertes à l’intérieur de l’eglise ouest. j. Blid propose
de dater la première, polychrome, du 5e s. et la
seconde, plus tardive, du 6e s. ap. j.-C. Quoiqu’il en
soit, l’auteur ne manque pas de souligner les difficultés
d’interprétation face à des indices qu’il est souvent
impossible d’associer à des niveaux archéologiques
bien différenciés et il est inutile de rappeler ici
combien il est fragile d’avancer des datations sans
avoir au préalable restitué des séquences stratigraphiques fiables.
A la suite des quelques sondages pratiqués dans
le bâtiment thermal, des dégagements des élévations
de l’église voisine et de la Doric House et des renseignements fournis par la prospection géophysique,
j. Blid se risque à proposer un plan du secteur
(Fig. 99). On distingue quatre pièces, dont seule la
première dispose de limites plus ou moins connues.
A vrai dire, c’est bien la part des restitutions plus ou
moins hypothétiques et des lacunes qui prennent
malheureusement le pas sur les connaissances
lABrAundA 2014
assurées. de même, les fonctions des espaces avancées
par l’auteur sont, à juste titre, souvent accompagnées
de points d’interrogation. A ce propos, il convient
de souligner que plusieurs propositions semblent
peu convaincantes : la succession de deux tepidaria
contigus n’est guère logique dans le parcours d’un
baigneur, tout comme la situation d’un apodyterium,
qui apparaît sur le plan comme un espace en saillie,
très éloigné du frigidarium. tout ce que nous pouvons
dire c’est que la pièce 1 a été chauffée, durant un
certain temps, par un système d’hypocauste tout
comme la pièce 2, où ont été découverts des vestiges
de tubuli contre les parois.
en somme et sans forcer le trait d’une démarche
critique, le bâtiment reste pour l’heure très superficiellement reconnu et, l’indentification même de
l’édifice comme thermes ne saurait être qu’une hypothèse sans l’éclairage du dossier épigraphique.
Problématique et méthodologie
notre dessein vise à proposer une étude monographique des Bains est de labraunda. ıl s’agit ainsi
d’appréhender l’édifice dans sa globalité et de le replacer dans le cadre élargi de ses relations avec
l’environnement bâti et les espaces adjacents de ce
quartier du sanctuaire. Aussi bien sera-t-il important
de saisir les transformations et les évolutions sur la
longue durée d’un bâtiment qui semble longtemps
être resté en usage.
les difficultés spécifiques qu’offre l’étude de
thermes sont bien connues73. en effet, on aborde là
des constructions parmi les plus complexes de l’Antiquité romaine, tant par leurs installations techniques
particulières que par les remaniements permanents
qui touchent cette catégorie de bâtiments. Aussi,
pour les traiter au mieux, on progressera pas à pas
en se reposant sur un va et vient incessant entre les
données exhumées par la fouille et les réflexions
théoriques tirées de schémas interprétatifs. Classiquement, on tentera d’échafauder une compréhension
de l’édifice balnéaire en s’appuyant sur trois problématiques : en premier lieu, celle de l’analyse
morphologique et architecturale puis la restitution
de l’itinéraire des baigneurs, question qui permettra
d’introduire enfin celles de la fonction et du statut
des bains.
359
les Bains est, construits au 1er s. ap. j.-C.,
semblent toujours utilisés durant le 4e s. et de
nouvelles mosaïques viendraient recouvrir les sols
de certaines pièces au 5e, voir au 6e s. Ainsi, l’édifice
n’a pu connaître que de très nombreux remaniements
et d’innombrables opérations de maintenances et de
restaurations, indispensables au maintien du bon
fonctionnement des thermes. mais, bien plus, la
question de l’évolution doit être envisagée dans le
contexte plus large de l’histoire de ce secteur d’entrée
du sanctuaire, circonscrit par les propylées sud et
est, avec, comme évènement le plus marquant, la
construction d’un ensemble que j. Blid nomme East
Church complex et qu’il date du tout début du 5e s.
ap. j.-C. A ce propos, l’auteur précise que les recherches archéologiques ont été, jusqu’à présent,
trop limitées pour décider si les bains restent en
usage après la construction de l’église ou s’ils deviennent simplement des espaces annexes du complexe. toutefois, il se risque à proposer un scénario
extrait d’une pensée qui tente de saisir les dynamiques
générales à l’œuvre lors de la christianisation du
sanctuaire : ‟the east Bath could, therefore, be
such an example of a public roman bath that in
late Antiquity was acquired by the Church and restored in order to be used for curative purposes”74. ıl
n’en demeure pas moins qu’en l’état actuel de nos
connaissances, ces réflexions, tant sur le statut public
de l’établissement au Haut-empire que sur sa fonction
curative durant l’Antiquité tardive, ne sont ici que
des hypothèses et nous espérons que la fouille
viendra apporter des éléments de réponse plus tangibles à une problématique importante.
3.4.2. Résultats préliminaires d’une
première campagne75
Cette campagne de fouille a débuté le 4 août et
s’est achevée le 22 août 201476. durant ces trois semaines, les travaux se sont concentrés sur la partie
ouest de l’édifice. le but premier était de reprendre
les fouilles antérieures et de dégager intégralement
la pièce à hypocauste apparue en 1951 (PCe 1). en
effet, l’observation de quelques photos d’archives
laissait espérer que les niveaux archéologiques de la
partie sud de la pièce soient encore conservés. en
outre, une partie de l’équipe s’est consacrée aux tra-
73) Citons par exemple les remarques de thébert 2003 : 7.
74) Blid 2012 : 267
75) Cette présentation succincte doit être considérée seulement comme une première approche d’une opération dont le travail
d’interprétation et l’exploitation des résultats sont encore largement en cours.
76) l’équipe, sous la direction de Christophe Bost, comprenait deux autres archéologues, mélanie Hauchart et damien Aubriet.
Hilal küntüz et katerina stathi, efficacement épaulées par quatre ouvriers, ont, par ailleurs, assuré une grande partie du peu gratifiant,
mais ô combien indispensable, travail d’inventaire et de transfert des blocs architecturaux de l’espace sud.
360
OlıVıer Henry et alii
vaux de déblaiement du secteur voisin encore inexploré, à l’angle sud-ouest des thermes.
La pièce à hypocauste (PCE 1)
les premiers nettoyages sont venus confirmer
que, jusqu’alors, la partie sud-est de la pièce n’avait
été que peu perturbée et conservait une stratigraphie
en place. la superficie de notre intervention fut
donc assez restreinte et représentait approximativement
un carré de 3,50 m de côté pour une épaisseur maximale de niveaux archéologiques conservés de 1,50
m (Fig. 100). la fouille a révélé de nombreuses informations nouvelles concernant non seulement
l’histoire du bâtiment, mais aussi l’aménagement
de la zone avant son érection (Fig. 101).
les niveaux supérieurs : remblais et effondrement.
us 1005,1006 et 1007
les niveaux supérieurs (us1005 et 1007) sont
de composition hétérogène avec principalement des
fragments de tCA d’épaisseurs variées (Fig. 102).
Parmi ceux-ci, des fragments de briques circulaires
sont associés sans ordre à d’autres, de briques plus
épaisses, parallélépipédiques et recouvertes d’une
couche de béton de tuileau. Cet assemblage laisse
penser qu’il s’agit de matériaux provenant de la démolition d’un hypocauste : briques de pilette et de
suspensura. On note également la présence de
quelques tuiles à rebord et d’éléments de tubulures.
l’ensemble est enrobé dans un sédiment très riche
en sable et débris de mortier de chaux. la position
stratigraphique et l’altitude de cette couche interdisent
de l’interpréter comme les restes de l’hypocauste de
la pièce. Ce sont bien plus des déblais apportés d’un
espace voisin et jetés là comme remblai. ıls recouvrent
un massif de maçonnerie en briques liée au mortier
(us1006). la forme et la position de ce dernier
nous incitent à penser qu’il s’agit ici d’un élément
effondré, provenant sans doute d’une voûte
(Fig. 103). malheureusement aucune trouvaille ne
nous permet d’avancer une quelconque hypothèse
de datation.
une occupation domestique tardive
sous les us 1006 et 1007, dans la partie ouest
du sondage, apparaît un niveau sableux limoneux,
plus compact, armé de gravier et riches de nombreux
éclats charbonneux et tessons de céramique (us
1008). Cette couche d’occupation recouvre un sol
sableux, de couleur jaunâtre et pavé, par endroits,
de dalles de gneiss (sl 1010). l’ensemble est limité
à l’est par un empierrement constitué de blocs de
gneiss, de fragments de briques et de tubulures (us
1011). On remarque également, positionné en bordure,
un bloc d’architecture en marbre, réutilisé. ıl porte,
sur une de ses grandes faces, deux mortaises parallèles
(Fig. 104)
en relation avec ces structures, plusieurs aménagements sont à signaler : un fond de pithos, sans
doute réutilisé comme foyer, est posé sur le sol et
s’appuie contre l’empierrement. A environ 0,75 m à
l’Ouest, se trouve un fond d’amphore, également en
situation de réemploi. Plus au nord, en bordure de
l’empierrement, un creusement est venu percer le
sol (Fig. 105). ıl est comblé par deux gros fragments
de gneiss et un de tCA. On peut émettre l’hypothèse
d’un trou de poteau avec calage (PO 1014). de
même, un second creusement a été révélé à l’angle
nord-ouest du sondage, mais il n’est conservé qu’en
partie, car détruit par les fouilles précédentes.
Cette occupation est installée sur plusieurs couches
de remblais nivelés (us 1018, 1019, 1020) (Fig. 106).
On trouve des gros blocs de gneiss, des débris de maçonneries, des fragments de tCA mais également de
nombreux débris de pithoi et des rejets domestique
(faune, vidange de foyer). Ces remblais ont été mis
en place une fois l’hypocauste détruit mais il convient
de souligner qu’il n’existe pas de véritable niveau de
destruction ou d’effondrement de ce dernier et il
semble que les superstructures (suspensura) ont été,
en grande partie, démontées et récupérées.
dans l’ensemble de ces niveaux, le mobilier céramique est abondant. Bien que le lot soit en cours
d’étude, il est d’ores et déjà possible de conclure sur
deux points. d’abord les formes et la nature des individus mis au jour composent un vaisselier caractéristique d’une occupation domestique puisqu’il
comprend des vases de stockage, de cuisine et de
services. ensuite, plusieurs tessons, notamment de
type Late Roman C, sont de bons marqueurs chronologiques et permettent de restituer une période
d’occupation relativement courte. en effet, aucune
différence n’est perceptible entre les faciès des
niveaux de remblais et ceux d’occupation. en
attendant les résultats affinés de l’étude, nous pouvons
proposer une fourchette de datation, pour cette phase
d’occupation, comprise entre le dernier tiers du 5e s.
et le premier tiers du 6e s. ap. j.-C.
la dernière période d’utilisation de l’hypocauste.
le niveau de remblai inférieur se trouve directement au contact des premières briques de pilettes
de l’hypocauste et d’un niveau de cendres et charbons
(Fig. 107). Cette dernière couche très homogène
présente une épaisseur moyenne d’une dizaine de
Fig. 102 : US 1005 et 1007 de la PCE1 (Chr. Bost).
Fig. 103 : US 1005 et 1007 appuyées contre un massif de
maçonnerie de voûte effondré (Chr. Bost).
361
Fig. 101 : La pièce à hypocauste PCE1 après l’intervention 2014
(Chr. Bost).
lABrAundA 2014
Fig. 100 : La pièce à hypocauste PCE1 avant l’intervention 2014
(Chr. Bost).
362
Fig. 105 : Possible calage de poteau (PO 1014) dans la pièce PCE1.
Fig. 106 : Remblai supérieur d’installation du sol (US 1018) dans
la pièce PCE1 (Chr. Bost).
Fig. 107 : Pilettes de l’hypocauste en partie arasées et niveau de
cendres (US 1021) dans la pièce PCE1 (Chr. Bost).
OlıVıer Henry et alii
Fig. 104 : Niveaux d’occupation domestique (SL 1010) de la pièce
PCE1. Dernier tiers du 5e - premier tiers du 6e s. ap. J.-C.
Fig. 110 : Conduit de chaleur, ouvert à l’angle des murs sud et est
dans la pièce PCE1 (Chr. Bost).
Fig. 111 : Ancien conduit de chaleur obstrué par un muret en
briques sous la porte de communication avec l’espace sud (PCE
2005) (Chr. Bost).
363
Fig. 109 : Conduit de chaleur, ouvert dans le mur est de la pièce
PCE1 (Chr. Bost).
lABrAundA 2014
Fig. 108 : Couloir d’air chaud dans le mur nord de la pièce PCE1.
Débouché du canal de chauffe (?) du praefurnium (Chr. Bost).
364
OlıVıer Henry et alii
Fig. 112 : Espace sud PCE 2005, avant le début de l’opération 2014 (Chr. Bost).
Fig. 113 : L’enlèvement des blocs dans l’espace sud PCE5 (Chr. Bost).
lABrAundA 2014
365
Fig. 114 : Espace sud PCE 2005, à la fin de l’opération 2014 (Chr. Bost).
centimètres, plus importante contre les murs de la
pièce (us 1021). Cet amas de cendres et de résidus
de combustion correspond aux derniers temps de
fonctionnement du foyer du praefurnium et du
système de chauffage. malheureusement, aucun
élément de mobilier susceptible de fournir une information chronologique n’a été découvert dans
cette us.
Analyse architecturale et éléments de
chronologie relative
la réflexion sur l’architecture n’en est qu’à ses
prémices. l’étude est en cours mais seul le dégagement
complet des espaces adjacents permettra de véritables
avancées sur cette question. Concernant le système
de chauffage, trois ouvertures, ménagées dans la
partie basse des murs, servaient de conduits de
chaleur vers d’autres espaces, également chauffés.
le premier, découvert en 1951, dans le mur nord,
est interprété comme le débouché du canal de chauffe
du praefurnium (Fig. 108). Cela reste à confirmer.
deux autres ont été découverts lors de notre fouille :
un de dimension plus réduite, dans le mur est
(Fig. 109) et un autre, à l’angle du mur est et sud
(Fig. 110). d’autre part, il semble bien qu’un dernier
conduit d’air chaud existait dans un premier état.
Positionné sous la porte de communication, il reliait
l’hypocauste de la pièce 1 à un autre qui devait
chauffer l’espace sud (PCe5). dans une phase plus
tardive d’activité des thermes, cette ouverture a été
volontairement obstruée par un muret de briques
liées au mortier (Fig. 111).
3.4.3. Travaux de déblaiements et de décapage
sur l’espace sud (PCE5)
le second objectif de cette première campagne
était de mettre en route la fouille du secteur situé au
sud de la pièce PCe 1. Cette zone, jamais étudiée,
ceinturée au sud par un mur de terrasse moderne,
était encombrée d’un amas de blocs de gneiss, provenant sans doute d’effondrements, plus ou moins
récents, des murs des thermes (Fig. 112). Après le
démontage du mur de terrasse moderne, nous avons
procédé à l’inventaire et au transfert des blocs vers
une zone de stockage située sur la terrasse inférieure
(Fig. 113). Puis nous avons effectué un décapage
des niveaux superficiels jusqu’à l’apparition des
premières structures archéologiques (Fig. 114).
l’étude devra se poursuivre l’année prochaine et
pour cela, il semble indispensable d’envisager la
démolition de la Beehive Tower qui, à l’heure
actuelle, empêche toute progression de la fouille
vers l’est.
366
OlıVıer Henry et alii
Conclusion
les résultats de cette première campagne sur les
Bains est sont particulièrement encourageants. la
fouille stratigraphique de niveaux conservés dans
une des pièces, a révélé une réoccupation domestique,
datée de la fin du 5e s. ou du tout début du 6e s. ap.
j.-C. A cette époque, cette partie des bains n’est
donc plus en fonctionnement et c’est là une première
donnée importante qui vient éclairer d’un jour
nouveau la problématique centrale du devenir des
thermes après la construction du complexe ecclésial.
Bien entendu, il convient de poursuivre l’enquête.
3.5. La fontaine hypostyle
(F. rojas, A. Commito, P. de staebler)77
3.5.1. Introduction
ın 2014, a team led by Felipe rojas, Angela
Commito, and Peter de staebler conducted an investigation of the Hypostyle Fountain (hereafter
HF) at labraunda78. Our main objectives were to
refine and expand our understanding of the dating,
phasing, and architecture of the HF. this report
presents our findings in two main sections:
– excavation, which provides a detailed description of our activities in each of the four trenches
dug in 2014;
– Architecture and spatial context, which offers
a preliminary analysis of the major architectural
features of the HF as well as a synthesis of phasing.
this paper reports on our 2014 results; a preliminary presentation of the building is included in
our 2013 report (where the HF was called by an
older name, the “Hypostyle Building,” HB)79.
3.5.2. Excavation
ın 2014 we excavated four trenches (d, e, F,
and g) (Fig. 115)80.
• Trench D
Objectives and description
the main objective of trench d was to investigate
a depression between column rows 3 and 6 that was
visible in the modern ground level even before our
2013 excavation; we also hoped to learn how water
was conducted to the fountain. trench d covered an
area of ca. 7 m e-W by 6 m n-s; it was bounded on
the e by trench A, on the s by column row C, on
the W by column row 1, and it extended 1.6 m n of
the stylobate. the deepest excavation in trench d
was a sondage n of the stylobate, where we reached
bedrock approximately 3 m below ground level
(Fig. 115-117).
excavation
modern surface level
Prior to our 2014 excavation, the surface of
trench d was evenly covered with grass and small
shrubs at 667.5-668 m a.s.l. many gneiss roof tiles
from the HF were visible on the surface throughout
most of the trench (and some in the westernmost
portions of trench A from 2013). We began excavation
by removing a dark brown, rocky topsoil (d1, lots
1, 2, 4, 5) and revealed many partially exposed cover
tiles in the e of the trench. the topsoil (d1) contained
mixed ceramics, the latest of which may be Byzantine.
ıt soon became clear that approximately 17 cover
tiles from the HF had been laid upside-down in the
W half of the HF between column rows 1 and 4 and
column rows A and C (see Fig. 115-116).
Cover tile Floor
After realizing that the cover tiles had been purposefully reorganized as a pavement, we removed
two pan tiles that had fallen onto this pavement. We
were then able to study the exposed floor in its
entirety (d2 at 667.2-667.8 m a.s.l.) (Fig. 118).
While the overturned cover tiles in the n and e of
the trench were laid neatly in an e-W direction, the
layout between columns A1-A3 and C1-C3 was
more haphazard. the tiles here were in smaller
pieces and laid diagonally; in addition, roof ‘spacers’
and a pan tile were incorporated into the pavement.
A sole block of marble extended between columns
A2 and A3. At the n extent of this haphazard pavement, separating it from the evenly-laid tiles to the
n, we exposed several cover tile fragments and
77) Fr Brown university, AC union College and university at Albany, Pd Pratt ınstitute.
78) We would like to express our gratitude to the turkish ministry of Culture and tourism and the milas Archaeological museum
and its director for the opportunity to work in turkey and at labraunda. We would also like to thank the directors of the labraunda
project, dr. Olivier Can Henry and dr. Ömür Çakmaklı, for their guidance and hospitality throughout the season. ınvestigation of the
HF is sponsored by Brown university. Brown students Andrew Waters, Christina diFabio, nathan lovejoy, robert Weiner, and liam
dean-johnson worked as excavators, recorders, and photographers; Abigail stoner (rısd) and maya sorabjee (Brown) were in charge
of architectural documentation.
79) rojas et al. in Henry et al. 2014 : 304-316.
80) ınitial reports on the excavations were drafted by n. lovejoy and r. Weiner (trench d), A. Waters (trenches e and g), and C.
diFabio (trench F).
lABrAundA 2014
367
Fig. 115 : State plan of HF after excavation showing location of trenches; contour lines not measured (BulP).
Fig. 116 : State section (S-N) of HF after excavation, looking W (BulP).
368
OlıVıer Henry et alii
Fig. 117 : State section (E-W) of HF after excavation, looking S (BulP).
Fig. 118 : Aerial view of HF after excavation; overturned cover tiles reused as
pavement are visible in the W half of the building (BulP).
roughly hewn field stones that may be the only preserved remains of a wall built along column row A.
sondage
ın order to refine the phasing of the HF, investigate
the causes of its final collapse, and identify the
means of water intake, we opened a sondage in the
ne corner of the trench, bounded on the e by
trench A, on the s by the platform, on the W by
three cover tiles, and extending 1.6 m n of column
row A. We documented and removed two stones of
a small rough wall that ran through the area of the
sondage (d3, lot 3). Beneath this stone wall we encountered a 0.5-m deposit of dark gray to black micaceous soil visible in the s, W, and n profiles of
the sondage (d4, lots 6, 9, 10, at 667.05-667.1 m
lABrAundA 2014
a.s.l.). this deposit also extended to the n beyond
the sondage, where it lay underneath a fill layer (d5)
created to level the three reused cover tiles of the
floor pavement in the W area of the sondage (HB270,
271, and 272, together forming d2). We then removed
the three tiles in order to study these two layers in
greater detail. the fill layer consisted of light brown,
rocky soil with abundant glass fragments and pottery
sherds (d5 at 667.4-667.5 m a.s.l.). notable finds
included a Broneer type 28 molded lamp disk illustrating birds and grapevines (lot 8), discovered in
the n of the sondage indicating a terminus post
quem for the laying of the floor of the 3rd-4th c. A.d.
After excavating the fill layer beneath the three
removed tiles (d5, lots 7, 8), we again encountered
Context d4 (at 667.1-667.2 m a.s.l.). this context
lay underneath the stone wall (d3) and the fill layer
(d5) for the late floor, and directly on top of the
fountain stylobate. (ıt is also continuous with Context
a10 from trench A (2013.) the fill was artifact rich,
and included a high concentration of ceramics (more
frequent in the lower levels of this deposit), tile,
glass (more frequent in the upper levels of this
deposit), bone, burnt bone, charcoal, a metal nail,
and a single coin (lot 10), which was too corroded
to provide a date (lots 9, 10, 11). the ceramic assemblage included fragments of various knidian
bowls dated to the 2nd c. A.d.; glass finds from this
context range in date from the early roman to late
roman period with the majority representing local
wares from the 1st/2nd c. A.d.81
Beneath d4, we reached a tan, dry soil that extended across the entire area of the sondage (d6,
lots 11, 12, 13, at 666.4-666.8 m a.s.l.). this layer
produced similar quantities of ceramics and bone as
Context 4, but glass and metal were absent. One
small corroded coin was found in this context (lot
12). Ceramic finds suggest a roman date for the deposit (lots 11, 12, 13), including a fragment of a
red-slip, Broneer type 28 lamp of the 3rd-4th c. A.d.
(lot 11), with burn marks at the edge of the nozzle.
Context d6 extended to the base of the second
course of ashlars in the fountain platform. Ashlars
in the platform were dramatically disarticulated,
with horizontal gaps between the stones of up to
0.4 m and vertical gaps of up to 0.08 m. some
blocks were also fractured vertically (Fig. 119).
Within this context we excavated a feature at 666.6 m
a.s.l. that was cut into the original ground level; it
appears to have been a pit about 0.55 m in diameter
and 0.17 m deep. ın section, the pit contains a cut, a
81) We thank dr. Ömür Çakmaklı for her dating of the glass.
369
Fig. 119 : Disarticulated ashlars under the
platform in Trench D, looking S; a massive split
ashlar is visible at bottom left (BulP).
deposit of a separate lighter-colored soil, and a
small deposit of darker, burnt soil at its center.
Beneath d6 we encountered a layer of light tan
soil with high concentrations of gravel and micaceous
rocks (d7, lots 14, 15, at 666-666.3 m a.s.l.). this
deposit extended across the entire sondage, from
the level of the bottom of the third course of the
platform, all the way down to bedrock. ıt appears to
be the same deposit as Context a13 from trench A
(2013), which also extended from the lower levels
of the platform down to bedrock. midway through
the excavation of d7, we decided to continue excavating only the e half of the sondage in order to
expose the full extent of the disarticulated platform.
excavation continued down to 664 m a.s.l., where
large boulders impeded further progress. the removal
of d7 further revealed that the 0.4-m disarticulation
between ashlars of the platform continues well into
370
OlıVıer Henry et alii
the substructure, as does the 0.08-m vertical shift
and related fractures. Finds were significantly fewer
than in the overlying contexts; most significant are
four fragments from two vessels of Attica black
gloss pottery of the 4th c. B.C. (lots 14, 15).
ınterpretation
late Antique Floor and Fill
the exposure and removal of a portion of the
reused cover tiles that together formed a floor pavement (d2) provide insight into the sequencing of the
reuse and collapse of the HF. together with evidence
from trench e (specifically a n-s wall that appears
to divide the fountain basin in line with the e border
of the later tile pavement; see below), we understand
that the roof of the e part of the HF collapsed first,
and the fallen roof tiles were later reused to create
the pavement in the still-standing W part. the
position of the marble block at the n center of the
building between columns A2 and A3, as well as the
absence of other marble blocks, suggests that this
stone may have served as the threshold of the
surviving part of the structure. We also assume that
the floor to the n of these columns, outside the
columned structure, was an open porch rather than
an enclosed space. Context d5, positioned directly
beneath the tile pavement (d2), is understood as a
fill layer deposited to level the ground before laying
the former roof tiles as floor tiles.
refuse layer
Context d4 lies beneath d5 (interpreted as the
fill for the later floor) and on top of the stylobate. ıt
was likely deposited after the HF ceased to function
as a monumental fountain, and before the construction
of a new floor using (presumably fallen) roof tiles.
the high density of table- and coarsewares, the
prevalence of charcoal and burnt bone, and the dark
color of the soil – possibly indicating decayed
organic matter – suggest that this context was
deposited as trash. the same soil type and high
density of artifacts was also encountered in trench
A (2013), to the e of trench d. this layer represents
a period of use – or disuse – in the history of the
HF, between its existence as a monumental fountain
and the reconfiguration of its W portion for some
other purpose.
Foundation and terracing
Context d6 begins at the base of the stylobate,
and we understand that it represents the final layer
of deposition during the construction of the HF, and
the upper surface was the initial ground level
following completion of the building. Context d7
appears to have been fill deposited during the construction of the foundations, as suggested by many
pieces of eroded bedrock in the fill and the evidence
from trench A (2013) that the foundation was cut
into that bedrock. the latest datable material in this
construction fill is Attic black gloss pottery, which
further supports our provisional dating of the HF.
Conclusions and Future Plans
the results of the excavation of trench d have
improved our knowledge of the reuse and phasing
of the HF. ıt now seems certain that there was a
major reconfiguration of the W half of the building,
and that the final collapse of the W end of the
building occurred long after the structure had ceased
to be used as a fountain. Additionally, since most of
the n platform of the building has now been revealed
without any evidence of water supply, it seems
unlikely that water entered the HF from the n. excavation of the area between the HF and the two
propylaea would provide information on the configuration and use of a major point of access to the
sanctuary, of which this monumental fountain was
an important part.
• Trench E
Objectives and description
the primary objective of trench e was to
elucidate the architecture of the HF’s s wall and
façade. the trench was defined along the s platform
0.9 m s of column row C and immediately W of
trench B (2013), running from column C2 to column
C5. ıt was originally ca. 4.6 m e-W by 1.85 m n-s
(see Fig. 115), but was later extended to the n, s,
and W (see below). to the s of the trench lies the s
block tumble of the HF. the overburden of the
tumble constrained our ability to extend trench e to
the s.
excavation
modern surface level
At the start of our excavations, trench e was
covered in vegetation (weeds and grasses) and loose,
brown topsoil with mica, small rock, and organic
inclusions (e1 at 666.7-667 m a.s.l.). We dug down
through e1 (lots 1, 2), unearthing a wide range of
pottery, tile, and some glass. Along the n edge of
the trench we found a tumble of irregular rocks of
varied size, intermixed with loose brown soil (e2 at
666.4-666.8 m a.s.l.).
lABrAundA 2014
s Wall and Platform of the Basin
to the s of e2 and under e1, we found four
blocks from the s wall of the HF’s basin (e3 at
665.9-666 m a.s.l.) (Fig. 120). Pink hydraulic plaster
was preserved on the n face of all the blocks. Continuing down through e1 (lot 3), we encountered
the platform of the HF (e4 at 665.379-665.399 m
a.s.l.), upon which the e3 blocks stood in situ. the
blocks stand ca. 0.5 m above the platform, which is
disarticulated with gaps as large as 0.2 m between
blocks, and leans downward to the s (see Fig. 116).
n extension
We then extended the trench to the n, up to the
intercolumniation of C3 and C4 (ca. 2 m e-W by
1.5 m n-s) and the s end of trench d. the purpose
of this extension was to investigate more of the
basin and any possible connection between the irregular rocks of Context e2 and the reused cover
tile floor unearthed in trench d. Work began in this
extension with the removal of topsoil (e1, lot 4),
from which we collected a heterogeneous mix of
tile and pottery.
under the topsoil was a layer of light brown,
sandy silt with patches of gravel (e5 at 666.7-666.7
m a.s.l.). the context was virtually sterile, and we
found only 3 pieces of tile as we dug down (e5, lots
5, 6), eventually reaching a dense fill of large rocks
surrounded by brown silt that sloped down to the W
of the extension (e6 at 666.6-667 m a.s.l.). this
rock fill seems to be analogous with Context f4 in
trench F to the W (see below). minimal pottery
was recovered from Context e6 (lot 7), but the
small assemblage included a single sherd of African
red slip (Ars), suggesting a date of the 5th/6th c.
A.d. or later for the rock fill.
ınside the Basin
three new contexts were exposed under e6. ın
the W of the n extension lay a sandy, silty, highly
micaceous, and very dark brown soil (e7 at 666.3666.3 m a.s.l). ımmediately to the e of e7 was a ns wall of flat, unworked stones that divided the n
extension into two distinct sections (e9 at 666.3666.5 m a.s.l.) (see Fig. 120). On the e side of this
wall, and adjacent to it, we found a fill of varied
stones (marble, gneiss, mica) and dark micaceous
soil (e8 at 666.3-666.4 m a.s.l.).
After identifying these contexts, we stopped excavation on the e side (e8) of the n-s wall (e9), but
continue on the W side (e7). Context e7 contained
abundant tile fragments as well as pottery, a blown
glass base (lot 8), and a coin (lot 9). under e7 we
encountered a wet and micaceous black soil (e10 at
371
666.1-666.2 m a.s.l.), a deposit that seems analogous
to Context f5 in trench F to the W (see below).
Context e10 (lot 10) contained tile and pottery (including knidian cup bases), as well as a coin and a
fragment of glass. under e10 and adjacent to e9, we
discovered a tile and plaster floor (e11 at 666.1666.2 m a.s.l.). the floor is similar in construction
to the one uncovered in trench F (f7; see below),
but is less well preserved, with the decaying plaster
and tile intermixing with the soil above. A few damaged sections revealed a layer of small, obliquelylaid tile fragments embedded in hydraulic mortar
which was laid in preparation for the finer plaster
on top (Fig. 121). At this level we also revealed a
layer of plaster adhered to the W side of e9 (max.
height of 0.22 m) (Fig. 122), which is of much
poorer quality than the hard, smooth, chamfered
plaster coating seen in trench B (2013) (b6).
W extension
the W end of the trench was extended by approximately 2.5 m in order to uncover more of the
s platform and wall. As in the original limits of
trench e, we cleared topsoil (e1, lots 12, 13) from
the s platform, finding tile and pottery. We uncovered
another long plastered block from the s wall of the
basin as well as others blocks knocked out of place;
these were finished on their s sides but unfinished
on their n sides, which would have originally been
hidden inside the wall. Between these outer wall
blocks and the s basin wall block was a gap of ca.
0.37 m. this two-layer method of construction for
the s wall was seen in trench F as well.
At the end of the excavation, two blocks from
the outer face of the s wall (HB316 and HB317)
were placed back on the platform. the blocks had
fallen immediately s of the platform, so we are confident that they are returned to their original position,
and the operation was not difficult. replacing these
blocks confirmed that the gap between the wall
blocks was relatively large (here ca. 0.3 m).
ınterpretation
later reuse
ıt was not possible to remove many blocks of
the s tumble and to fully excavate the s face of the
HF, but through the n extension we learned much
about the later reuse of the HF. ın particular, our
excavation of the basin revealed a later phase of its
use. As described throughout the interpretative sections, it is now clear that the e roof of the HF
suffered a collapse before the rest of the building.
the results of our excavation in trench e suggest
that this partial collapse did not put an end to the
372
Fig. 121 : Tile and plaster floor of basin in Trench E, looking N
(BulP).
Fig. 122 : N-S wall (e9) in Trench E, looking E (BulP).
OlıVıer Henry et alii
Fig. 120 : Aerial view of Trench E (BulP).
lABrAundA 2014
building’s use as a fountain. the n-s wall in the
basin (e9), which is plastered on its W side, divided
the basin at some point after this collapse and
enabled the continued use of the W portion as a
covered basin (see also trench F, below). this basin
was eventually abandoned, and a layer of soil (e10)
covered the surface of the plaster floor (e11). A
layer of silt (e7), probably waterborne, then accumulated on top of this soil layer, followed by a deliberate dense fill of stones (e6). the Ars sherd
found in e6 suggests a late roman/early Byzantine
date for this infilling. Afterwards, another period of
abandonment ensued, and sterile, waterborne silt
(e5) filled in the area.
Architecture of the s Wall
trench e also provide information about the s
wall of the HF, which is further corroborated by excavations in trench F. the s wall was composed of
a double layer of ashlars, with the interior blocks (at
least the first two courses) also serving as the back
(s) wall of the basin, and were thus plastered on
their n faces. the blocks of this s basin wall are exceptionally large, with one measuring 2.7 m in
length. the interior blocks along the basin were
dowelled and clamped, while the exterior blocks
were only dowelled. the wall was approximately
1 m wide, with a gap of about 0.3 m between the
rough, uncut inward facing sides of the blocks. One
header block (0.54 m H by 0.29 m W by 1.05 m l)
can be seen in situ in trench e.
Conclusions and Future Work
Further excavation is needed to complete the
original goal of trench e; namely, to investigate
both the appearance and the construction of the s
basin wall and s façade of the HF. doing so would
require the use of heavy machinery to clear the
tumble of blocks that extends s of the building and
extreme care to not upset or disturb the surviving
structure. the s wall of the basin is constructed of a
double layer of large ashlar blocks, which, in contrast
to the platform, are dowelled and, in the case of the
interior blocks, are both dowelled and clamped. We
also confirmed our conjecture that the e roof of the
HF collapsed before the W and to showed that the
W half of the building continued to serve as a
fountain even after the e fell into disuse.
373
• Trench F
Objectives and description
trench F was designed to expose and define the
sW corner of the HF in order to better understand
the architecture of the s and W walls, as well as to
identify potential points of water entry and exit. the
trench was a ca. 5 m by 4 m area in the sW corner
of the HF, defined on the n by the parapet, on the e
by column row 1, and on the W and s, at least
initially, by the block tumble (see Fig. 115).
excavation
modern surface level and Basin Fill
trench F was covered by grass and weeds over
loose, brown topsoil which included broken tile and
ceramics (f1, lots 1, 2, 4, 5, 8, at 666.9-665.9 m
a.s.l.). under f1 was a finer, grey micaceous soil
that followed the natural slope of the terrain from
the ne to the s (f3, lots 3, 6, 7, 11, at 666.5-665.9
m a.s.l.). the layer included assorted ceramics,
faunal bone, glass, tile, and stone, which we interpreted
as a rock fill. underneath an initial layer of tile and
stone, more delicate metal objects were found in
this context, including a hoard of 159 bronze coins,
an ear-cleaning spoon, and a circular earring. the
coins were contained in the ne area of the basin between columns B1 and C1. Of the coins retrieved,
148 were found within f3, while the remaining 11
were found during cleaning and defining of surrounding contexts (f1, f2, f5).
underneath the rock fill of f3 was a very fine,
golden micaceous soil that was thickly deposited
in the n section of the basin and tapered off to the
s (f2, lot 12, at 665.9-665.8 m a.s.l.). this deposit
was very silty and had few finds. under f2 we
identified a fill layer of rock and broken tile (f4
and f6, lot 9, at 666-665.9 m a.s.l.), which was
embedded within a thin layer of dark, micaceous
soil (f5, lots 10, 13). Contexts f4 and f5 appear to
be analogous to Contexts e6 and e10, respectively,
in trench e to the e. Finds again included high
concentrations of broken tile, glass, ceramics, faunal
bone, and a few pieces of molded marble. sherds
of African red slip ware (Hayes, lrP form 50B)
of the later 4th c. A.d. were found in the first intentional fill layer of f5.
374
OlıVıer Henry et alii
Basin Floor
underneath f5, we came upon a well-preserved
layer of pink hydraulic plaster covering the basin of
the fountain, about 1.4 m below the parapet of B1
(f7 at 665.7-665.6 m a.s.l) (Fig. 123). the tile and
plaster floor is similar in construction to the one uncovered in trench e (e11; see above), in which
obliquely-laid tile fragments embedded in hydraulic
mortar were laid in preparation for the fine finishing
plaster on top (see Fig. 7). the tile layer was also
present in the joins between the blocks beneath the
parapet that form the n wall of the basin.
sW Corner
After removing blocks from the s wall tumble,
we cleaned away the topsoil outside the basin in
order to find the original platform of the HF (f1,
lots 14, 16). We came upon the building’s topmost
platform level at about 0.6 m below the remaining
basin walls (605.7 m a.s.l.). At this level we discovered
a number of exterior wall blocks indicating that on
both the W and s sides, the walls of the HF (at least
at the level of the basin) were composed of a double
layer of ashlars: an interior row equipped with hydraulic plaster fronting the basin, and an exterior
row that formed the W and s façades of the building
(see Fig. 123). this construction method was also
visible in trench e, as described above. the inner
faces were roughly cut, with spaces between the
two layers no less than 0.2 m and no more than
0.45 m. the spaces were intentionally filled with
rock, soil, and tile interspersed with dark brown soil
(f8, lots 15, 17, at 665.7-665.6 m a.s.l.), which
transitioned to a golden, micaceous soil with few
finds (f9, lot 18, at 665.5-665.3 m a.s.l.).
We continued excavation outside the exterior
wall blocks in f8 to expose another level of the platform, and stopped at a level 0.84 m below the
platform (664.3 m a.s.l.). When the sW point of the
platform was exposed, we also discovered the corner
of the platform was drafted (Fig. 124). drafted
corner blocks were apparent in both exposed courses
of the platform.
ınterpretation
later reuse
After the partial collapse of the HF and rearrangement of the W half of the building, the disuse
of the basin is evident through several fill layers. ın
the first intentional fill layer of f5, sherds of African
red slip pottery (Hayes, lrP form 50B) indicate
that the initial abandonment, or cessation of regular
maintenance, of the basin was as early as the later
4th c. A.d. While the basin may or may not have remained in formal use after this period, the fine f2
context above the f5 and the f4/f6 rock fill indicates
some enough continued water flow to make this deposit; whether the flow was the continuation of the
original source, or created by successive seasons of
run off is unknown. After some time, the water flow
was completely stopped by the trash fill layer of f3.
A sherd with a cross stamp decoration found in f1
suggests that this final abandonment layer also dates
to the late Antique period (Fig. 125).
Coin Hoard
the majority of the coins were too corroded for
easy identification, and an initial selection is undergoing conservation. the coins range in diameter
from 0.8 to 1.6 cm. due to the range of size and the
confined area in which they were found, the coins
were likely held together in a purse, deposited
together within a textile or other perishable container
that is no longer preserved. While the random assortment of finds above the coins can be interpreted
as a trash or discard deposit, the purse hoard could
have been an intentional deposit for which the owner
did not return, or an accidental abandonment.
Architecture of the s and W Walls
trench F (and also trench e) demonstrated that
the walls of the basin were composed of a double
layer of ashlars: an interior row with hydraulic plaster
that served as the basin wall proper, and an exterior
row that formed the building façade (see Fig. 120
and 123). the s side of the basin is defined by this
interior row of ashlars, which are 0.3 m wide on the
W and s. the n side of the basin is defined by the B1
parapet and platform blocks underneath. A fallen
block on the W wall of the basin can be identified as
part of the basin wall because its edges have been
chamfered to hold plaster. the 0.59-m height of this
block demonstrates that the basin wall extended at
least 1 m above the platform level. the entire double
ashlar wall from basin to exterior would have been
about 1 m thick on both the W and s.
the absence of cuttings for clamps in the blocks
of the platform indicates that they were not clamped
at the time of construction. gaps between some of
the platform blocks suggest that when this part of
the HF collapsed, the absence of clamping contributed
to the disarticulation of the platform and perhaps to
the structural weakness of the building overall.
the drafting of the sW corner of the HF is
evident on the two exposed courses of the platform,
and would likely have continued up the full height
of the building wall. this drafting is characteristic
lABrAundA 2014
Fig. 123 : Aerial
view of
Trench F
(BulP).
Fig. 124 :
Drafted SW
corner of HF
platform,
looking E
(BulP).
Fig. 125 : Sherd
with cross
stamp
decoration
found in
Trench F
(BulP).
375
376
OlıVıer Henry et alii
Fig. 126 : Aerial view of Trench G (BulP).
of massive and rough buildings with defensive or
military functions, such as towers on the acropolis
and corners of terrace walls at labraunda (see
Fig. 124)82. While not a military building, this feature
on the back of the HF represents a sharp contrast to
the open columnar front façade, and suggests that,
from the s at least, the HF may have appeared as an
extension of the south terrace on which it was constructed (see below).
While the means of transporting water to HF is
still unclear, fallen architectural blocks with what
may be cuts for water flow are concentrated to the
s-sW of the HF. the corners of the building are
likely points for water exit, and perhaps entry as
well. ıt is possible that fresh water was routed
around the HF so that it would pour into the basin
from the s wall, while discarded water may have
been channelled out along the s wall and discharged
from a spout in the sW.
Conclusions and Future Work
the tumble around the sW corner of the HF
suggests that the ground level at the moment of the
building’s collapse was not much higher than the
bottommost exposed deposits in trench F (664.3 m
a.s.l.). ıt would be desirable to expose the foundations
of the building here as we have done in other
trenches, in order to learn more about the construction
of the HF and the view it presented to visitors travelling to labraunda from the direction of mylasa.
the tumble seems to be largely undisturbed, making
it possible to identify the original position of many
blocks. removing the tumble would result in an enhanced understanding of the architecture of the s
and W walls and may potentially reveal more information about water flow.
• Trench G
Objectives and description
the primary objective of trench g was to investigate the relationship between the HF and the south
terrace, which runs e-W from a point just beyond
the W end of the HF. the trench was established
nW of the HF in the portion of trench C, W of the
sondage, that was not fully investigated in 2013. ıts
e limit ran along the W edge of the HF platform for
3.07 m (1.93 m n and 1.14 m s of the nW corner of
the HF). ıt extended 5 m W of the HF, and its W
side was 1.8 m long. the s limit of the trench was irregular and defined by the W block tumble and the
modern terrace wall (see Fig. 115 and 126).
82) see the contribution of Baptiste Vergnaud in this volume and in Henry et al. 2014 : 280-292.
lABrAundA 2014
excavation
modern surface level
Before excavations began, the trench was covered
in topsoil (g1, at 666.1-666.3 m a.s.l.), which had
been only partially excavated (to a depth of approximately 0.1 m) during the 2013 season (as c1). this
topsoil has been consistent across all trenches and is
loose and brown in color, with mica, small stones,
and organic inclusions (roots and grasses). Also
visible on the surface of the trench was a marble
Corinthian column capital in the nW (recently set
there), a modern linear arrangement of stones running
e from a terracotta pipe exposed in the south terrace
wall, and several large architectural blocks (HB166,
HB251, HB225, HB224, and HB223).
We began by removing the linear arrangement
of stones and digging down through the topsoil (g1,
lots 1, 2, 3, 4). We soon revealed a dense fill of
large irregular stones – a feature that would be characteristic of all levels of trench g. We continued
moving down through g1 and the rock fill, removing
blocks HB223, HB224, and HB166 along the way.
We uncovered ceramic tile, pottery, glass, and metal
fragments.
W tumble
two new contexts were exposed under g1. to
the W of HB225, which we identified as the anta
pier from the nW corner of the HF, lay a brown,
wet, silty soil, finer than g1, with small rocks, mica
flakes, and patches of gravel (g2 at 665.5-665.9 m
a.s.l.) to the e of HB225 lay a very dark brown,
wet, silty soil with mica flakes and small rock inclusions (g3 at 665.6-665.7 m a.s.l.). Context g3 is
continuous with and analogous to Context c4 of
trench C (2013).
Context g2 (lot 5) contained tile and pottery, as
well as many large, worked, gneiss blocks, clearly
from the roof and W wall of the HF. these blocks
had evidently fallen into the area W of the fountain
and below the level of the stylobate. Continuous
with the W block tumble, these blocks littered the
entire expanse of trench g. We defined this tumble
of architectural blocks as g4 (see Fig. 126).
under Context g2, we encountered a new context
of dark brown silt with mica inclusions (g5 at 665.2665.3 m a.s.l.). As in g2, Context g5 was also interspersed with an irregular rock fill and architectural
blocks (g4). Before excavating this new context, we
removed the modern terrace wall along the s boundary
of the trench to reveal more of the architectural
tumble (g4). Beneath the small rocks of the terrace
wall we found two more stone roof tiles of the HF
(HB293 and HB319).
377
After removing the roof tiles, we continued
down through g5 (lots 6, 7, 8), finding scarce tile
fragments and pottery sherds. under g5, we encountered a black, ashy, micaceous soil with copious
ceramics and other artifacts (g6 at 665-665 m a.s.l.).
Context g6 did not extend over the entire area of the
trench, but was confined to an area in the ne quarter
(approximately 2 m by 2 m). Context g6 is continuous
with and analogous to Context c9 of trench C
(2013).
Additional block removal from g4 and clearance
of the soil (g5) under them uncovered two interesting
features (see Fig. 115 and 126). First, in the sW of
the trench were two long rectangular blocks from a
lower course of the south terrace that still runs eW starting from the W limit of trench g (664.7 m
a.s.l.). these two blocks ran from the existing terrace
1.92 m towards the W side of the HF before being
obscured by the remaining architectural tumble (g4).
the W block extends 0.34 m into trench g and is
0.35 m wide; the e block measures 1.52 m by
0.3 m; their heights are unknown second, clearing
blocks and cleaning in the nW of the trench revealed
the beginning of a wall running n from the extant
corner of the south terrace. this corner has been
altered and rebuilt in modern times. the n-s wall is
constructed of large uncut stones and rises 1.33 m
above the bottom of the trench. most of the wall is
still obscured, as it juts only 0.99 m from the n
scarp of the trench.
After defining the extent of Context g6, we removed it (lots 10, 12, 14) along with the many artifacts it produced. We collected tile fragments (all
lots), glass fragments (lots 10, 14), badly decomposed
animal bone (lots 12, 14), pieces of lead (lots 10,
14), iron nails (lots 10, 14), and a coin (lot 14).
the context also included a large assemblage of
pottery sherds (all lots), including knidian cup bases
(1st-2nd c. A.d.), double amphora handles of varied
manufacture, and one sherd of esB2 (1st-2nd c.
A.d.). the assemblage seems to date from no later
than the early 3rd c. A.d.
the removal of HB225 from the ne of trench
g opened up the e edge of the trench, and we
decided to remove the remaining soil to investigate
the relationship between trench g and the sondage
of trench C (2013). doing so required excavation
of g3 (lots 16, 17), which lay to the e of the now
absent HB225. We dug down through g3 (starting at
665.6-665.7 m a.s.l.), uncovering a large amount of
tile, as well as pottery, glass, and bone, until we
reached more of g6 (lot 18) (at 665.2-665.2 m
a.s.l.), which continued under HB225 and g3 from
the W. this portion of Context g6 contained large
378
OlıVıer Henry et alii
quantities of tile, pottery, glass, and bone, all of
which was consistent with the assemblage found in
the rest of g6 that had already been excavated.
removing g6 and the portion of g3/g6 between
trenches g and C revealed two additional features
of interest (see Fig. 1 and 12). First, we found two
large worked blocks jutting out 0.18 m from the n
scarp (at 665.063 m a.s.l.; measured from the top of
the blocks). the e block lay approximately 0.6 m
from the e edge of trench g, and measured 0.3 m H
by 0.77 m W by at least 1.04 m. ımmediately to the
W, a similar block lay in line with the first, and
measured 0.28 m H by 1.15 m l, with width
unknown. the second feature was a n-s wall of irregular stones uncovered beneath g6 along the
boundary between trench g and the trench C
sondage (g8, at 665-665.1 m a.s.l.). the wall extends
2.36 m out from the n scarp on top of the n blocks
described immediately above, and angles slightly
W to pass just to the W of the HF. the wall is approximately 0.53 m W and 0.44 m H. ıt seems to
have been a retaining wall, with no e face, but
rather a fill of small- to medium-sized stones.
n sondage
to learn more about the blocks along the bottom
of the n scarp, we opened up a small sondage (see
Fig. 1 and 12) n of trench g’s original extent. the
sondage was opened 0.7 m from the e of trench g
and extended 0.8 m n and 0.6 m W. We dug through
g3 (lot 19, at 665.6 m a.s.l.), which included pottery,
tile, glass, metal, and bone, until we reached the top
of the e block (at 665.1 m a.s.l.). the top of the
block is finished to a flat surface, and a shallow
cutting can be seen along the top of its s edge for its
full length. the block is similar to the large cut
block uncovered in the trench C sondage (2013).
south terrace
We sought to trace the lower course of the south
terrace (see above) to the W end of the HF platform.
doing so required the removal of a number of
blocks in the remaining tumble (g4) and the interspersed soil (g5) in the se of the trench. We took
out several blocks including HB346, as well as g5
(lot 22), from which we uncovered tile, pottery,
and some metal fragments. We succeeded in tracing
the terrace to the HF, uncovering both a header
(0.32 m by 0.82 m) and another e-W running block
(0.72 m by 0.3 m). the terrace wall is preserved to
2 courses above the floor of the trench; heading e, it
rises up to a height of 0.69 m and then passes under
the nW corner of the HF (see Fig. 115 and 126).
At the end of excavations, the floor of trench g
stood at 664.6-664.6 m a.s.l. the floor of the trench
revealed a mixture of soil types as well as the
presence of several large, flat stones extending n
from the exposed header of the south terrace. ın
the n and sW of the trench a gravelly, light brown
soil is visible, whereas a black soil reminiscent of
g6 can be seen in the se corner. the stones have
little coherent organization other than their shared
elevation, but they cluster near and pass under the
two cut blocks in the n.
ınterpretation
south terrace
the stratigraphy in trench g is puzzling, and
some questions remain unanswered. As we dug
down through g2, it became clear that the tumble of
architectural blocks (g4) from the roof and W wall
of the HF had fallen far below the level of the stylobate. since all courses of the platform in this area
except the stylobate are unfinished, we initially assumed that only the stylobate stood above ancient
ground level – an assumption that was supported by
evidence from trenches A and d. ın the area of
trench g, however, there was clearly an open void
at the time of the building’s collapse. this surprising
scenario also called into question the relationship
between the HF and the presumably older south
terrace wall to the W.
Our discovery that the lower courses of the
south terrace wall passed under the nW corner of
the HF confirmed that the terrace predates our building. ıt also explains why the foundations of the HF
vary so greatly. ın trench A the foundation blocks
were placed directly into a cut in the bedrock 6
courses down from the stylobate, while in trench C
the nW corner of the HF rests on in situ blocks of
the earlier south terrace wall. ıt is now clear that
(1) the nW corner of the HF was built on top of a
lower course of the south terrace, and (2) at some
point during the life of the HF, part of the south
terrace wall either was removed or fell and then
was cleared, leaving a gap in the terrace wall immediately W of the HF into which the W wall and roof
of the fountain later collapsed. ıt is premature to
call this gap a formal entrance to the open area in
front of the HF, but the possibility remains that at
some point the south terrace was altered to create a
means of access between the lower and upper levels
of the terrace.
the n-s Walls
the two n-s running walls found in trench g
define the W and e sides of this gap. the wall in the
nW formed a corner (no longer visible due to
lABrAundA 2014
modern rebuilding) with the south terrace and extended n for an unknown distance. A patch of hard,
white mortar is attached to one of the blocks of this
wall, suggested that it was originally used elsewhere,
and dates from after the Hellenistic period. the wall
to the e (g8), which is backed on the e by rock fill,
ran n from the raised courses of the south terrace
beside the nW corner of the HF and acted as a retaining wall for the open area n of the HF. given
the position of this wall (g8) beneath the block
tumble, it clearly predates the building’s collapse
and may even predate the building’s construction.
the pottery from g6, which lay on top of g8, dates
to a period before the mid-3rd c. A.d., and thus
provides a terminus ante quem for the feature’s construction.
the character and extent of both g8 and the nW
wall are still obscure. the two large blocks in the n
of the trench are also enigmatic, and nothing secure
can be said at this point other than that they predate
g8 and may have been part of the foundation of
some unidentified structure. We hope that further
excavation will help us understand these three
features. For now, they demonstrate that the area
nW-W of the HF was significantly redesigned and
remodelled during the building’s existence. this
adds a further layer of complexity to our view of
this long-lived structure, and meshes well with the
complicated phases of reuse seen in other areas of
the building.
Collapse
this story is now fairly straightforward. the
ashy, material-rich Context g6 seems to have been a
dump layer, continuous with Context c9 of trench
C, deposited before the building’s final collapse.
the HF suffered this collapse no earlier than the
late roman period. At this time, dozens of blocks
from the roof and W wall fell into the gap in the terrace. Over time, the silty contents of g5 were
deposited among the blocks, perhaps by water, along
with small- to medium-sized rocks. sometime later,
g2 was similarly deposited. the fill of large rocks
found within g2 and g5 was probably deliberately
placed to support the much later terrace wall linking
the south terrace with the W block tumble of the
HF. Context g1 is consistent with the topsoil found
within and around the HF in all trenches, and
produced a range of late material. ıt covered the
area long after the building’s collapse.
379
Conclusions and Future Work
the excavation of trench g provided us with
new and essential information about the relationship
between the HF and the south terrace. First, we
now know that the nW foundation of the HF was
built on top of a lower course of the terrace wall.
second, it has become clear that at some point
during the life of the HF, the area immediately to
the W of the fountain was an open space, into which
blocks of its roof and W wall fell at the time its collapse. ıt is therefore possible that the terrace was
partially dismantled at one or two points: during
construction of the HF, and at some other, unknown
moment before the building’s collapse.
Further excavation is necessary to answer the
lingering questions presented by trench g this
season, specifically in regard to the possible retaining
wall (g8) in the e between trench g and the trench
C sondage, the smooth topped blocks in the n, and
the wall in the nW. little of g8 and the nW wall
was uncovered in trench g, and to understand their
purpose and extent in greater detail, further excavation
to the n will be necessary. Of particular interest is
the stratigraphic relationship between the nW wall
and the south terrace it intersects, which could
help provide a relative chronology for its construction.
With further investigation their functions and relationships to the HF and the terrace might be better
understood.
3.5.3. Architecture and Spatial Context
Location
the HF is located at the se corner of labraunda,
at a prime spot just outside the temenos and near the
two monumental entrance gates (propylaea) that
gave access to the sanctuary (Fig. 127).83 the area
was well watered naturally as evidenced by a small
seasonal stream e of the HF and by a line of poplars
n of it. the lasting importance of this specific place
is demonstrated not only by the density of major
monuments, but also by the fact that from at least
the Classical or Hellenistic through the Byzantine
periods water was intentionally routed there to serve
the needs of various buildings in the area, including
the HF, the so-called doric Building (which is understood also to have been a fountain), the roman
east Bath, and the Byzantine east Church.
83) the south Propylon was built by ıdrieus (351-344 B.C.e.), and the east Propylon is assumed to date to the mid- to later 4th
century B.C. as well; jeppesen 1955; Crampa 1972: 18-20, nos 18 and 46.
380
OlıVıer Henry et alii
Fig. 127 : Aerial view of the sanctuary, with HF at bottom right,
next to the modern road (milas museum).
the HF is carefully sited with respect to both
the built and the natural environment at labraunda.
Alone of all known fountains at the sanctuary, the
HF opens to the n and thus against the natural
slope of the terrain. this spatial arrangement is deliberate and surprising: the HF is not built into the
mountain, but rather rises as a free-standing building;
the water it contained was held up above the ground.
ıt is possible that the HF and the two propylaea
were intended to define a kind of open reception
area for pilgrims arriving at labraunda from the s
and e. Pilgrims could have then enjoyed the HF’s
waters before entering the sanctuary proper.
the layout of the ancient roads and even the ancient ground levels around the HF are not yet
precisely understood, but the stylobate of the HF is
situated approximately 3.8 m below the stylobate of
the e Propylon and 2.3 m below that of the s
Propylon. Although a paved road currently intrudes
on the e edge of the site84, various scattered archaeological remains show that the surrounding topography
was more connected in antiquity; these remains
include an unfinished monumental rock-cut tomb e
of the HF and several ancient terrace walls both
under and e of the modern road.
Terraces and foundation
the HF jutted out from the line of the monumental
south terrace wall, which predates the HF. A portion
of the south terrace wall seems to have been intentionally taken down at the moment of construction of
the HF and then probably rebuilt up against it (see
Trench G above). the pre-existence of the south
terrace wall explains differences in the HF’s ne and
84) this road today is used daily by hundreds of trucks bearing feldspar from local quarries.
lABrAundA 2014
Fig. 128 : E side of anta capital of
W wall of HF (BulP).
nW foundations. On the ne, the HF’s foundations
were laid directly on a highly micaceous friable
bedrock, while on the nW, the building rests directly
on courses of the monumental south terrace wall
(see Fig. 115 and 126). Where exposed, the lowest
course of the foundation is irregular through the
length of the building – lower in the e and higher in
the W – and not made entirely of ashlars (see Fig. 117).
the awkward shape of some blocks, the lack of
clamping of the foundation, and the weak local
bedrock contributed to the HF’s ultimate collapse.
Platform
ın 2013, we had found dowel holes as well as
circular and linear cuttings at the ne and nW ends
of the platform of the HF (visible in the ne end in
Fig. 115 and 118). We now understand the sequence
and purpose of these cuts. the dowel holes and
circular marks seem to have been part of the original
design of the building and made to secure circular
stone features that no longer survive (one could hypothesize something akin to round altars dowelled
to the platform). ın contrast, the linear cuttings were
made at a later point as is evidenced by the fact that
they traverse the circular cuttings. the linear cuttings
were a later intervention made to channel run-off
water that seeped between the parapet and the
platform at the ne and nW corners of the HF when
the basin over-flowed.
Walls
We have unearthed the blocks corresponding to
the anta pier and capital of the W wall, which we had
381
hypothesized in 2013 (Fig. 128). ın addition, we
have confirmed that the construction technique of the
e, W, and s walls is similar to that used in the
andrones and other Classical era monumental structures
at labraunda. the walls above the level of the basin
floor are made up of two faces of ashlar that are
roughly finished on the exposed surfaces, but largely
unworked on the inside (see Fig. 120 and 123). At
least in the area of the basin, the courses of paired
rising ashlars are sometimes capped by a stringcourse
that extended through the thickness of the wall.
ın contradistinction to the foundation, the blocks
that make up the e, W, and s walls of the basin are
heavily clamped and dowelled (see Fig. 115). Presumably the builders of the HF were aware of the
pressure generated by the ca. 55 cubic meters of
water contained in the basin. this may also explain
why many of the blocks on the back wall of the
basin are among the longest and most massive in
the entire building.
As far as we know, the s wall of the HF was
mostly blank and undecorated. An interesting discovery this season is the drafting of exterior sW
corner of the fountain; we hypothesize that the se
corner would have been drafted also. the e and W
walls were also largely blank; however we learned
this year that ends of the architraves surmounting
all three rows of columns were visible on in the
e and W facades (Fig. 129-130). ın this way, the
structure of the building would have been partly
legible to an observer outside. As is evidenced elsewhere in labraunda, builders seem to have taken
delight in calling attention to certain architectural
and engineering details by marking them out in the
facades85.
Capitals, architraves, and roof
this season we were able to refine our preliminary
reconstruction in several important ways (see Fig. 130).
We confirmed that only row A and B columns
carried proper capitals; row C columns were topped
by an undecorated abacus. We also realized that the
upper surfaces of the A and B row architraves slope
downward towards the n; the upper surfaces of all
architraves slope in the direction of the roofline.
Furthermore, it is now certain that ‘spacers’ rested
on the architraves and separated the pan roof tiles
(Fig. 131; also visible in Fig. 129-130). these
spacers may have had several purposes. One could
have been to lighten the weight of the massive roof
85) see, for example, the coordinated placement of the water spouts and stair-step block arrangement in the terrace wall below the
east stoa, immediately opposite the south Propylon.
382
OlıVıer Henry et alii
Fig. 129 : Schematic and idealized elevation of HF, looking S (BulP).
Fig. 130 : Schematic and idealized section of HF, looking E (BulP).
lABrAundA 2014
383
Fig. 131 : Schematic plan of HF roof, showing placement of spacers (shaded)
on architraves and between pan tiles (BulP).
(which weighed over 100 tons), by creating the appearance of a complete row of tiles while eliminating
the bulk of the pan tiles below the imbrex tiles.
they also helped to evenly distribute the weight of
the imbrex tiles. neither spacers nor imbrex tiles
were ever dowelled; in fact, many of the pan roof
tiles were likewise not dowelled. the builders seem
to have been confident that the weight of the stones
was enough to keep them from sliding off.
Phasing
the HF was most likely built in the Hekatomnid
period, as suggested by the architectural techniques
and by ceramics found in the foundation trenches.
the nW corner of HF is built atop courses of the
south terrace wall, which is also understood to be
Hekatomnid, thus further indicating the relatively
rapid realization of an evolving overall plan for the
sanctuary86.
Access to the HF from the sW was later modified.
Approximately 5 m of the south terrace wall was
taken down, for a reason not yet understood; ceramics
suggest this may have happened in perhaps the 3rd c.
A.d.
the HF was well maintained. At least four
layers of plaster are preserved in the e part of basin.
the final replastering appears to have been interrupted,
however, and the e part remained unfinished (trench
B, 2013), while the W was completed, continued to
be used, and was even replastered again in a different
way (trench e and F). ın this final phase, the basin
may have been divided into e and W portions near
the row 5 columns (trench e).
Collapse
the event that destroyed the HF was sudden
and violent. the foundations are now disarticulated;
in at least two places, the full height of the foundations
have been torn apart, from bedrock up to ground
level, horizontally by over 1 m in total, and massive
blocks are split (see Fig. 117 and 119). Whether this
was due to an earthquake or to a slippage of the
bedrock has not been determined. ıt is not clear
when this occurred, but should have happened after
86) the south Propylon and the two great andrones are dated by inscriptions as Hekatomnid constructions; the east Propylon is
assumed to be Hekatomnid as well.
384
OlıVıer Henry et alii
final abandonment, for only one very small sherd of
middle Byzantine glazed ware was found in the collapse.
3.5.4. Future Plans
We intend to finalize our excavation and investigation of the HF in 2015. several key architectural
questions remain. One concerns ancient ground
levels especially to the W, s, and e of the building.
We hope to continue trench e, and ideally reach the
foundations and bedrock at the sW corner of the
HF. A second desideratum is to clarify the chronology
of terracing and thus of circulation and access to the
sanctuary, especially from the W of the HF; to do
this we hope to continue trench g. Both of these
trenches have the potential to shed light on the role
of the HF as a retaining structure that supported an
open area outside the temenos between the two
propylaea, the construction process of the foundation,
the methods of water intake and outtake, and the
impression the building presented to visitors on the
lower slopes below the sanctuary. We also hope to
investigate the area to the e of the modern road, as
part of the wider context of the HF. ın addition, we
hope to complete additional analytical work that situates the HF within the context of the sacred
landscape of the sanctuary.
3.6 Les bassins romains (Ö. Çakmaklı)
les travaux menés sur l’ensemble formé par les
deux bassins romains ont été dirigé par Ö.d. Çakmaklı,
avec la participation de marius strenius, dr. muşat
Alina Oana, ebru Baran Burçoğlu, Celia decalonne,
gürol Atabey et selin sur.
dans le cadre d’un travail de mise en valeur du
site de labraunda, et particulièrement des abords
du temenos, la saison 2013 avait vu la mise au jour
d’un ensemble de structures dans le secteur sud,
entre le long mur de terrasse méridional et la route
asphaltée (Fig. 1). Ces structures, construites à l’aide
de petits blocs liés au mortier de tuileau, semblaient
former un ensemble de deux grands bassins, en cascade, de récupération d’eau. la méthode de construction employée pour l’érection de ces bassins donnait
une date dans le courant de la période romaine. un
sondage entrepris dans l’angle sud-est du bassin inférieur avait aussi permis de récupérer du matériel
céramique datable des 1er-2e s. ap. j.-C.
ıl a donc été prévu de concentrer une partie de
nos activités sur ce secteur avec trois objectifs pour
la saison 2014. le premier avait pour but de connaître
l’étendue de l’ensemble du complexe grâce à un décapage général. le second concernait le sondage
profond à l’angle sud-est du bassin inférieur, qui
n’avait pas pu être terminé durant la saison 2013.
le dernier objectif était de procéder à la fouille, au
moins partielle, d’une structure circulaire repérée
au centre du même bassin.
3.6.1. Le décapage
en 2013, le décapage de la zone avait permis de
mettre au jour un long bassin (bassin sud) dont les
parois latérales est et ouest venaient buter contre un
long mur dont on ignorait l’étendu. ıl paraissait
logique d’identifier ce long mur à la paroi sud d’un
second bassin, situé au nord du premier, et qui
venait s’articuler contre le long mur de terrasse hellénistique.
les travaux de décapage se sont étendus dans
les deux directions est et Ouest (Fig. 132). A l’Ouest
nous avons pu atteindre l’extrémité du bassin nord
qui montre un mur de retour vers le nord qui repose
à son extrémité contre le mur de terrasse hellénistique
(Fig. 133). A l’angle formé par ce mur de retour un
remarque la présence d’une petite construction de
plan carré. un double système de conduite permettait
au bassin nord de déverser un trop plein d’eau vers
cette petite structure, elle-même pouvant évacuer
son trop plein vers l’est. ladite structure n’a pu être
que partiellement fouillée du fait de l’exiguïté de
l’espace (0,78 x 0,64 m). le remplissage de la
structure montre un amoncellement de matériaux
hétéroclites, tels que brique, céramique, faune, métal
de périodes variées. la fouille a d’ailleurs dû s’interrompre du fait de la mise au jour d’un fragment
de colonne.
ıl semble que cette petite structure devait remplir
une double fonction. sa localisation et l’épaisseur
de ses murs l’apparentent à un système de contrefort
venant renforcer l’angle sud-ouest du bassin nord.
Cette construction semble également avoir servi de
puisard, ou de puits perdu, en cas de risque de débordement du bassin nord. la situation de ce dernier,
sous l’une des bouches principales de l’aqueduc
permettant de drainer le sanctuaire, laisse imaginer
que les eaux qu’il recevait n’était pas lié à l’activité
pluviale de la région, mais à récupérer une partie
des eaux de sources qui devaient jaillir de manière
relativement constante.
Vers l’est il n’a pas été possible de déterminer
la limite du bassin nord, malgré un décapage total
de près de 25 m.
3.6.2. Le sondage à l’angle sud-est du bassin sud
Au cours de la saison 2013 nous avions entamé
la fouille d’un sondage profond dans l’angle sud-est
lABrAundA 2014
Fig. 132 : Vue aérienne de la zone des bassins romains, depuis le Sud (A. Waters).
Fig. 133 : Plan général des vestiges des bassins romains (g. Aytepe).
385
386
OlıVıer Henry et alii
Fig. 134 : Sections Nord-Sud dans les bassins romains (g. Aytepe)
du bassin inférieur (Fig. 134). ıl s’agissait d’estimer
la profondeur des vestiges du bassin ainsi que de récolter du matériel en stratigraphie pour obtenir un
début de chronologie. le sondage, qui avait fourni
un matériel abondant, n’avait pas pu être complété.
Cette année, nous avons pu achever ce sondage et
trouvé le sol du bassin sud à une profondeur de 2,48
m sous le niveau d’arase du mur sud. le sol du
bassin est posé directement sur la roche mère qui a
été surcreusée. ıl est composé d’un appareillage de
briques en opus spicatum, lui-même recouvert d’un
mortier de tuileau de quelques centimètres d’épaisseur.
Quelques centimètres au-dessus du sol du bassin on
a aussi mis au jour deux conduites d’eau, l’une
perçant le mur sud, l’autre perçant de mur est du
bassin. Afin de déterminer la fonction de ces deux
conduites il a été décidé de procéder à la fouille d’un
sondage en l, autour de l’angle sud-est du bassin.
Ce sondage a très vite une stratigraphie exptrêmement
simple puisqu’il s’agissait d’une terre de remblai sur
une épaisseur de près de 1 m, reposant directement
sur la roche du sous-sol. ıl apparait donc qu’une
partie du bassin sud a été aménagé dans un creusement
de la roche vierge. et puisqu’aucune structure annexe
lABrAundA 2014
387
enfin, le dégagement de l’angle nord-est du
bassin sud, la seule zone qui manquait pour avoir un
aperçu total de la structure, a mis au jour un imposant
massif constitué de briques. la fonction de ce massif
n’est pas encore tout à fait clair, ni sa chronologie
relative par rapport au bassin lui-même. ıl semble
cependant qu’il pourrait s’agir d’un des éléments de
soutien d’une possible couverture du complexe.
3.6.3. Le four du bassin sud
Fig. 135 : Exemple de bol cnidien mis au jour
dans les bassins romains (O. Henry).
n’a pu être repéré, et que les conduites mentionnées
plus haut aboutissent directement dans le sol vierge,
il semble que ces dernières n’aient servi qu’à permettre
de controler le niveau d’eau à l’intérieur du bassin
sud, qui devait être alimenté de manière relativement
constante par le bassin nord.
l’ensemble du matériel mis au jour cette année
est homogène avec celui récolté au cours de la
saison 2013 et indique clairement une période d’utilisation des bassins autour des 1er-2e s. ap. j.-C. le
matériel est composé en très grande majorité de
productions locales de bols de type cnidien
(Fig. 135) et de vaisselle de cuisine.
Au centre du bassin sud une structure circulaire
avait été repérée aux derniers jours de l’opération
de 2013. Cette structure n’avait pu être ni nettoyée
ni étudiée, ce que nous avons entrepris de faire en
2014. Après un nettoyage de surface, il apparait que
la structure est presque parfaitement circulaire, d’un
diamètre de 2,70 m. elle s’exprime, en surface, par
une ligne formée de terre rubéfiée et, par endroit,
d’un alignement de petits blocs. ıl nous est rapidement
apparu que la structure correspondait à la partie supérieure d’un four qui avait été installé au cœur du
bassin sud après que ce dernier ait été abandonné
(Fig. 136).
la méthode d’investigation choisie pour étudier
ce four consistait à procéder à la fouille du quart
nord-est de la structure, sans intervenir sur la surface
extérieure. le but était d’obtenir une stratigraphie
claire de l’ensemble et de déterminer non le type de
Fig. 136 : Vue aérienne du four mis au jour dans le bassin sud, depuis le Nord (Ö. Çakmaklı).
388
OlıVıer Henry et alii
four mais aussi sa période d’utilisation. malheureusement la fouille ne nous a fourni que des informations
de seconde main. en effet, elle nous montre que le
four, après avoir été utilisé à de très hautes températures, a été abandonné après avoir été complètement
vidé, puis remblayé, en quatre phases, par un amas
de débris hétérogènes. Ces derniers comprennent
du matériel analogue à celui mis au jour dans le
sondage sud-est, mélangé à de la faune et des débris
de verre. On note également la présence d’une monnaie de Constance ıı, vers le deuxième tiers du 4e s.
ap. j.-C. (Fig. 137).
les objectifs de la saison 2015 consisteront à :
1) terminer le décapage du bassin nord afin de déterminer sa limite orientale, 2) nettoyer et analyser
le massif de briques situé à la jonction est des deux
bassins, 3) compléter la fouille du four.
Fig. 137 : Monnaie byzantine de Constance II
(4e s. ap. J.-C.) (Ö. Çakmaklı).
4. L’AGENCEMENT DU SITE
4.1. Mesures de protection
la réglementation de l’activité archéologique
en turquie impose à la direction des fouilles d’un
site de procéder aux aménagements nécessaires à la
sécurisation dudit site.
Barrières localisées et générales
durant la saison 2014 nous avons procédé à la
construction de plusieurs barrières visant à protéger
non seulement l’accès général au site, mais aussi
aux structures en cours de fouille. Ainsi, le site a été
maintenant entièrement cerné d’une barrière métallique
simple, associant piquet inox et grillage dans la
partie nord et ouest, sur une longueur totale de 280
m. Cette barrière n’est pas visible par les touristes
puisqu’elle est localisée à plusieurs dizaines de
mètres des structures généralement visitées. Côté
sud, il a été décidé de remplacer l’ancienne barrière
en bois qui, malgré un aspect agréable, n’empêchait
pas le bétail de pénétrer sur le site et qui offrait l’inconvénient d’être systématiquement attaqué par les
insectes et nécessitait un entretien constant et coûteux.
Cette barrière a été remplacée sur une longueur de
80 m par une barrière métallique en métal peint
(vert). Au centre du système nous avons décidé de
placer une très large porte coulissante qui permettra
aux différents engins de levage de pénétrer sur le
site sans avoir à démonter les grillages.
Rebouchage/Protection des sondages profonds
Au cours de la saison 2014 les investigations archéologiques nous ont amené à creuser plusieurs
sondages profonds, particulièrement au nord du bâtiment hypostyle et au niveau des bassins romains.
Ces sondages avaient pour vocation de mettre au
jour les fondations des structures étudiées. dans le
cas du bâtiment hypostyle, le sondage ayant été
mené à terme, il a donc été complètement remblayé.
dans le cas des bassins romains, la fouille profonde
du four, situé au centre du bassin sud, n’a été que
partielle. sa profondeur, de plus de 2 m, nous
imposait d’élaborer un système de protection visant
à prévenir toute chute. l’ensemble de la surface
définie par l’emprise du four a été recouvert d’un
toit métallique.
Remblayage des fouilles anciennes
Au cours de l’histoire des fouilles de labraunda
de très nombreux bâtiments ont fait l’objet d’études
qui ont souvent amené les archéologues à mettre au
jour les structures les plus profondément enfouies.
Ces sondages, s’ils permettaient d’analyser le bâtiment
en question, mettaient sérieusement en péril la
stabilité de la structure. nous avons décidé de remblayer cette année plusieurs de ces fouilles, particulièrement dans le bâtiment y, à l’entrée orientale de
la terrasse du temple, et au centre de la terrasse m.
le remblai apporté pour le bâtiment y provient de
la terrasse naturelle qui le surplombe et qui provoquait
des éboulements réguliers. Ainsi, ce travail nous a
permis non seulement de prévenir toute dégradation
supplémentaire des fondations du propylon y, mais
aussi d’arrêter l’éboulement continue des terres supérieures (Fig. 138).
lABrAundA 2014
389
Fig. 138 : Vue générale du Propylon Y après son remblaiement, depuis l’Est (O. Henry).
Protection des sols mis au jour
dans l’Andron A et le bâtiment hypostyle, les
fouilles de cette année ont mis au jour une série de
niveaux de sol particulièrement bien conservés, bien
que fragiles. Ces éléments nécessite un sérieux
travail de consolidation avant de pouvoir être exposés
de manière permanente. ıl a donc été décidé de
couvrir ces éléments d’une couche de géotextile et
de sable, en attendant de procéder à leur conservation.
en outre, nous avons décidé d’interdire, par la pose
de grillages, l’accès à ces bâtiments aux visiteurs
qui, en marchant, pourraient contribuer à la dégradation
de ces structures en cours de fouilles.
4.2. Mesures de dégagement
Dégagement de blocs
Conformément aux demandes des autorités
locales concernant la mise en valeur des sites archéologiques, l’un des travaux que nous poursuivons
depuis plusieurs années vise à dégager l’espace du
sanctuaire des nombreux ensembles pierreux, qu’ils
appartiennent à des murets modernes ou à des effondrements plus anciens. dans le premier cas, nous
avons concentré nos efforts sur les murets qui bordent
la parcelle située à l’Ouest des Oikoi, ainsi que sur
l’ancien muret qui se trouvait en travers des bains
est. Concernant les blocs d’effondrement, les dégagements ont été effectués dans le cadre de recherches
archéologiques et l’ensemble des blocs ont été inventoriés avant d’être déplacés. les zones concernées
sont le bâtiment hypostyle, les bains est, la zone au
nord et à l’Ouest de l’Andron A et sur l’acropole,
particulièrement dans et autour de la tour pentagonale.
Ce travail de longue haleine de dégagement de
blocs est un véritable casse-tête. en effet, la topographie, très marquée, du site empêche la pénétration
d’engins de levage au cœur du temenos, et l’essentiel
des déplacements doivent être effectués à l’aide
d’une chèvre actionnée manuellement. de plus, les
espaces disponibles pour entreposer ces blocs, sont
relativement limités. en 2013 nous avions décidé
d’utiliser une parcelle libre située au sud du bâtiment
hypostyle. en 2014 nous avons décidé d’occuper la
crête du mur de terrasse sud, le long de la voie
sacrée, ainsi qu’une terrasse vide de structures à
l’Ouest de l’Andron A. Cependant ces solutions
sont temporaires et nous réfléchissons, avec le musée
local de milas, à un système pérenne qui permettrait
de continuer ce travail de dégagement.
Réduction des remblais anciens
Parallèlement au dégagement des pierres, nous
nous sommes engagés depuis la saison 2013 à
réduire de manière significative les nombreux remblais
de terre encore visibles sur le site et qui sont issus
des rejets des fouilles anciennes. Ainsi en 2014 nous
390
OlıVıer Henry et alii
Fig. 139 : Les panneaux à l’entrée du site (O. Henry).
avons poursuivi la réduction du remblai situé au sudOuest du propylon sud. en 2015 nous espérons
pouvoir entamer la réduction du plus imposants des
remblais de fouilles, au sud des Bains sud.
4.3. Signalisation
en 2014, nous avons poursuivi, de manière systématique l’implantation de panneaux d’information
sur le site. Cette année un panneau a notamment été
ajouté à l’entrée du site et vise à présenter les principaux sponsors des travaux que nous effectuons
sur le site (Fig. 139). Parallèlement un contrôle des
autres panneaux existants a été mené, afin de s’assurer
de leur intégrité et de leur bon état. ıl est apparu que
la signalisation autour de l’Acropole était à revoir,
ce que nous entreprendrons l’année prochaine. ıl est
aussi prévu d’implanter deux nouveaux panneaux
durant la saison 2014, l’un pour la fontaine hypostyle,
l’autre pour les bassins romains, récemment mis au
jour le long de la voie asphaltée.
4.4. Projet de mise en valeur générale du site
(B. kepenek)
Au cours de la saison 2014, et grâce à un accord
passé avec l’université de metu à Ankara, nous
avons entrepris la mise en place d’un large plan
général de mise en valeur du site. Ce travail s’effectue
dans le cadre d’un master au sein du département de
conservation de metu.
le but de ce travail vise à révéler au public le
sens, la valeur et l’esprit du site de labraunda par
la mise en place de stratégies de narration et de
présentation de labraunda depuis son passé le plus
ancien jusqu’à aujourd’hui. Afin de développer
ces stratégies, il est important de saisir le sens du
site dans son contexte historique et géographique
pour chacune des périodes de son histoire. la difficulté principale qui se pose est de mettre en place
une stratégie de présentation sans que celle-ci ne
nuise à l’esprit du lieu, ni qu’elle soit en contradiction
avec son identité. Cette réflexion est menée dans
une sensibilité d’aménagement durable qui devra
intégrer les recherches archéologiques en cours et
à venir. l’analyse sera basée sur une approche
comparative avec d’autres sites, en turquie et
ailleurs, et visera à respecter les chartes internationales en terme de protection et de mise en valeur.
ıl s’agit donc d’une double démarche, à la fois empirique et théorique.
l’approche théorique vise à réunir un maximum
de matériel publié non seulement sur le site et son
interprétation par les chercheurs, mais aussi sur les
lois et règlementations nationales et internationales
émises par les autorités. l’approche empirique sera
menée à travers plusieurs visites sur le terrain qui
viseront à se familiariser avec ses vestiges et sa topographie, et qui s’accompagneront de campagnes
de questionnaires à destination de l’ensemble des
acteurs (actifs et passifs) de labraunda. Ces ques-
lABrAundA 2014
tionnaires, ciblés en fonction du public visé, ont
pour objectif de comprendre: l’histoire des recherches
sur le terrain ; les plans futures envisagés en terme
d’investigations archéologiques ; les attentes des
autorités centrales (direction générale d’Ankara)
et locales (habitants, ouvriers, musée de milas,
municipalité, Préfecture) ; les problèmes liés à la
fragilité de certains vestiges ; les attentes des
touristes et leur compréhension du site ; etc. Ces
questionnaires auront pour résultat de mettre en
391
place un schéma général du site tel qu’il est perçu
par ces différentes catégories d’intervenants, et tel
que l’on souhaite qu’il soit perçu par les mêmes
personnes.
l’essentiel des recherches de terrain ont été
menées au cours de cette saison 2014. ıl est prévu
de réunir la documentation scientifique et légale au
cours de l’hiver 2014/2015 et de proposer un premier
squelette de mise en valeur du site de labraunda au
cours de l’été 2015.
5. L’EQUIPE DE FOUILLE 2014
Cette année 47 intervenants ont participés aux
opérations de terrain, auxquels il faut ajouter 14 ouvriers employés à plein temps au cours des deux
mois de fouille.
Olivier Henry (ens/AOrOC, ıFeA)
Ömür dünya CAkmAklı (karabük univ.)
Cem Ardıl (mimar sinan univ.)
gürol AytePe (mugla univ.)
ebru BArAn BurÇOĞlu
Abigail stOner (Brown univ.)
Christina dı FABıO (Brown univ.)
maya sOrAjBee (Brown univ.)
robert samuel Weıner (Brown univ.)
Peter daniel de stAeBler (Brown univ.)
erika AndersOn
nathan lOVejOy (Brown univ.)
sona HOlıCkOVA (lund univ.)
liam james dean jOHnsOn (Brown univ.)
Andrew WAters (Brown univ.)
Felipe rOjAs (Brown univ.)
Angela COmmıtO (Brown univ.)
Agneta FreCCerO
Anna enBerg (lund univ.)
Anna nestruP (goteborg univ.)
Pascal leBOuteıller (ıFeA)
Axel FrejmAn (uppsala univ.)
Celia deCAlOnne (Paris univ.)
selin sur (mugla univ.)
marius streınu (Bucarest univ.)
Alina musAt (Bucarest univ.)
Baptiste VergnAud (Ausonius, ıFeA)
lars kArlssOn (uppsala univ.)
Ömer gÜngÖrmÜŞ (Aydin univ.)
Hilal kuntuZ (mimar sinan univ.)
Banu kePenek (metu)
damien AuBrıet (Collège de France)
Vasilica lungu (Cnr roumain)
jesper Blıd (stockholm univ.)
mélanie HAuCHArd (ecole nationale supérieure
d’Architecture de strasbourg)
mélissa COrmıer (Bordeaux univ.)
ragnar Hedlund (uppsala univ.)
Pontus HellstrOm
naomi CArless unWın (koç rCAC)
Aikaterina stAtHı (Athènes univ.)
Pierre duPOnt (mOm)
Brittany BrAnCHe (Paris 1 univ.)
Christophe BOst
nathan CHAteAu (ecole de Condé)
Camille BOurse
tzvetana POPOVA (Cnr roumain)
Alexandra dOleA (Bucarest univ.
6. CONFERENCES, LECTURES, PUBLICATIONS 2014/2015
6.1. Volume
l. karlsson, s. Carlsson & j. Blid kullberg
(eds.), LABRYS, Studies presented to Pontus Hellstrom
[Boreas 35], uppsala, 2014, dans lequel on trouve
les articles suivants :
– j. Blid kullberg, ‟Flowers and garlands of the
alsos. Verdant themes in the architectural sculpture
of labraunda”, 19-42.
– n. Carless unwin, ‟the travels of Zeus
labraundos”, 43-56.
– r Hedlund, ‟Antae in the afternoon: notes on
the Hellenistic and roman architecture of labraunda”,
57-70.
– O. Henry, ‟then whose tomb is that?”, 71-86
– l. karlsson, ‟the labraunda hydrophoroi”,
87-92.
392
OlıVıer Henry et alii
– H. nilsson, ‟Coins from labraunda in Ödemiş”,
93-100.
– k. stathi, ‟greek notes on labraunda and milas”, 101-106.
– B. Vergnaud, ‟Quelques observations sur la
forteresse de labraunda”, 107-122.
– Chr. g. Williamson, ‟A room with a view.
karian landscape on display through the andrones
at labraunda”, 123-140.
6.2. Articles
O. Henry et al., ‟la mission labraunda 2013 –
rapport préliminaire”, Anatolia Antiqua XXıı, 2014,
255-325.
P. Hellström, ‟early labraunda; excavations on
the temple terrace 1949-1953”, kArıA ArkHAıA
(à paraître)
P. Hellström, ‟A Cultic theatre at karian labraunda. the monumental stairs and the Propylon Courtyard”, in stephan Faust, martina seifert and leon
Ziemer (eds.), Architektur. Antike. Kulturgeschichte,
Hamburg 2015.
l. karlsson, ‟kybele at labraunda”, kArıA
ArkHAıA (à paraître)
6.3. Conférences et communication
05/2015 : O. Henry, ‟l’architecture de l’eau à
labraunda”, ens Paris.
04/2015 : O. Henry, d. Aubriet, ‟le territoire
de mylasa et le serment d’Olympichos”, Académie
des ınscriptions et Belles lettres, Paris.
01/2015 : Chr. difabio, A. Waters, ‟the space
Between: Waters, Pilgrims, and limits in Ancient
labraunda”, AIA 116th Annual meeting new-Orleans.
11/2014 : O. Henry, ‟labraunda 2014, new approach, new results”, Labraunda Day, museum of
mediterranean Civilizations, stockholm, 23 november
2014.
10/2014 : O. Henry, ‟Quel portrait pour les
Hékatomnides ?”, Images du pouvoir, le portrait
grec et son utilisation dans le monde antique, ensParis.
06/2014 : O. Henry, ‟labraunda 2013”, KST, 26 Haziran 2014, gaziantep.
01/2014 : F. rojas, l. gosner and j.A. dufton,
‟turning Water into stone: Ancient Architectural
Practice and a new monumental Fountain in labraunda, Caria”, AIA 115th Annual meeting, Chicago.
6.4. Tables Rondes
01/2015 : new research at labraunda (srıı, ıstanbul)
B. Vergnaud, The acropolis fortress of Labraunda
in the Hellenistic period (3rd-2nd century B.C.)
O. Henry, New data on the Andron A of Idrieus
r. Hedlund, Approaching Zeus Labraundos.
New Research on the buildings surrounding the
temple-terrace
F. rojas, Stone and Water, Vernacular Architecture
at Labraunda
Ö.d. Cakmaklı, Ebb and Flow : Evolutions and
Conversions of the Water Complex at Labraunda
A. Frejman, Investigating the surroundings of
the Sanctuary
V. lungu, The General faciès of the Ceramics
in Labraunda
Séminaires et lectures
05/2015 : O. Henry, ‟le sanctuaire Carien de
Zeus labraundos, des usages de l’eau”, ens, Paris.
01/2015 : B. Vergnaud, ‟les fortifications de
Carie intérieure aux époques hécatomnide et hellénistique : le cas du réseau défensif de labraunda”
04/2014 : O. Henry, ‟the karian sanctuary of
Zeus labraundos, between greeks and Persians”,
ecole Française d’Athènes, grèce.
01/2014 : B. Vergnaud, ‟Pétra près de labraunda,
une forteresse carienne aux époques hécatomnide et
hellénistique”, (séminaires Ausonius), ınstitut Ausonius, université Bordeaux montaigne.
12/2013 : O. Henry, ‟le sanctuaire de Zeus
labraundos en Carie, une vitrine de la puissance
Hékatomnide”, Paris – univ. sorbonne.
lABrAundA 2014
393
CONCLUSION
ıl serait inutile de répéter ici l’ensemble des découvertes, nouveautés, surprises, analyses évoquées
tout au long du texte. l’idée principale que nous essayons de faire émerger est que l’entreprise est complexe, et qu’elle ne peut se faire qu’à travers une
collaboration étendue, internationale, privilégiant
les approches transversales permettant de mutualiser
les expériences et les compétences de chacun. nous
avons fait le pari de développer une approche globale
du site, à travers non seulement la recherche archéologique, qu’il s’agisse de fouille ou de prospection, mais aussi par de véritables travaux de
fonds, comme par exemple l’analyse globale du
faciès céramique du sanctuaire, dont nous espérons
qu’ils établiront un modèle de référence tout autant
qu’un outil pour la communauté scientifique entière.
ıl nous importe enfin de prendre soin de labraunda, de protéger ce site et de le conserver afin
de le transmettre aux générations futures dans les
meilleures conditions. Parce que la recherche ne
peut s’effectuer si elle est coupée du grand public, il
nous est tout aussi important de travailler à sa mise
en valeur.
Beaucoup de travail reste à faire, en terme d’organisation et de logistique afin de consolider l’ouvrage
entrepris au cours de ces dernières années. C’est
pourquoi le printemps 2015 sera consacré à la
création de véritables espaces de travail sur le site
de labraunda. Ces espaces incluront : une salle
consacrée au traitement de la céramique ; une salle
dédiée au nettoyage et à la restauration/protection
de la céramique et des petits objets ; une salle
réservée à l’étude du matériel céramique; une salle
de dessin et de rédaction pour les membres de
l’équipe.
O.H. et al.
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