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ANNEXE II

EUDOSIA la jeune refugie'e galicienne qui s'habillait en CASTREJA .entre 1936 et 1938 dans les montagnes du Nord Portugal .

ANNEXE II L'histoire de la refugiée qui s'habillait en "Castreja" Traduction de l'article écrit par Sergio Domingues basé sur un témoignage recueilli directement auprès de ses grands parents et de témoins directs. Comme il fut raconté dans la dernière édition de notre journal, dans un article intitulé " Mémoire de la guerre civile dans le nord du Portugal ". Les réfugiés politiques à Castro Laboreiro par notre associé Angel Rodriguez Gallardo de Nieves (Pontevedra - Galiçia - Espagne) quand la guerre civile espagnole éclate le 18 juillet 1936, de nombreux Gallegos surtout des villages frontaliers voisins, décideront de fuir vers le Portugal, notre paroisse de CASTRO-LABOREIRO fut l'une des plus fréquentée étant située à la frontière car cela permettait aux réfugiés galiciens en cas de nécessité de revenir clandestinement vers leurs villages d'autant plus qu'ils connaissaient de nombreuses familles "Castrejas" = de CASTRO-LABOREIRO. En effet à cette époque ces derniers privilégiaient les échanges commerciaux avec les galiciens plutôt qu'avec le siège de la commune, MELGAÇO qui était beaucoup plus éloigné. Ils s'enfuyaient pour deux raisons, soit pour être des militants antifascistes, soit pour être des déserteurs par rapport au service militaire obligatoire qui les emmènerait vers une guerre qu'ils considéraient ne pas être la leur (cf. les Malgré Nous). L'histoire que je raconte maintenant est rapportée avec l'aide des souvenirs lucides de mes grands-parents Rosalina Domingues et José Joaquim Alves qui fût brièvement évoquée dans cet article page 10 (3ème colonne). Elle eut lieu dans la brande "BRANDA = lieu élevé" de PORTOS de CIMA, LANTEMIL dans la maison de mes arrières grands-parents maternels : MANUEL LUIS ALVES et MARIA ROSA GONÇALVES. Là ils accueillirent pendant trois ou quatre mois, une famille originaire de SABARIZ (LOBEIRAOURENSE) localité galicienne voisine. Basilisa Diz de 40 ans et AGUSTIN LORENZO de 45 ans (également connu par son surnom de "CASTREUR CAPADOR" ils partent accompagnés de leurs enfants Eudosia LORENZO DIZ, 20 ans, institutrice et de José LORENZO DIZ (Pépé). Cependant, Pépé, qui souffrait de handicap mental rebroussa chemin et s'en retourna à la maison familiale de SABARIZ en Galice. Nous avons appris ensuite par les voisins qu'à lui, ils ne lui auraient jamais fait de mal, dit mon grand-père. La poste frontalière de CASTRO LABOREIRO, en la personne de son commandant recevait des ordres très stricts pour détecter, rechercher et remettre, avec l'aide d'un vaste réseau d'informateurs de la police en majorité de CASTRO LABOREIRO ces intrus terrifiés. Ils gardaient bien les nombreuses brandes (BRANDAS) et les Varandes (INVERNEIRAS), malgré l'effort fourni par les Castrejas qui se dédiaient à cacher des galiciens réfugiés. Un jour les gardes frontières vinrent mais mon arrière grand-mère avant d'ouvrir la porte avait habillé la BASILISA avec les vêtements typiques de CASTRO LABOREIRO et elle l'avait mis au pied du feu (dans l'actuelle maison de l'oncle Antonio) ; son mari et sa fille en voyant la situation, sur le point d'arriver au village s'enfuirent en direction de la montagne. Il pleuvait des cordes, torrentiellement. Eudosia la fille avec la crainte de voir ceux-ci (les gardes) emmener la mère pour la tuer revint au village et elle fût prise dès qu'ils ont réalisé qu'elle parlait le galicien. Sa mère resta près du feu et ils ne se doutèrent de rien car ma grand-mère leur affirma qu'elle était muette. Elle ne leur parla à aucun moment... Eudosia... Elle était si jolie et intelligente qu'elle les a enchantés et ils ne lui firent aucun mal... Aussi ils l'ont laissée en pensant que ses parents étaient en montagne et que plus tard ils pourraient les capturer tous (les 3). Ensuite, il s'enfuirent vers la brande de RODEIRO. Eudosia était une fille très humble, elle nous aidait à lave le linge et elle nous causait beaucoup. Mon grand père ajoute "la police verbalisa mes défunts parents pour 250 escudos pour avoir abrité la galicienne. Mais plus tard ils nous remboursèrent". A RODEIRO ils furent dénoncés par un informateur de CASTRO LABOREIRO mais grâce à l'aide d'amis ils réussirent à convaincre les autorités et ils furent expulsés vers le Maroc. Eudosia accompagnée par ses parents fuit vers l'Afrique du Nord et plus précisément à Casablanca au Maroc. Quand le garde voulu l'arrêter, elle lui demanda avec conviction de l'épargner. J'étais petit et je me trouvais à l'intérieur de la maison et elle et le garde parlaient à la porte de la maison. Je me souviens comme si c'était hier. Elle, avec sa manière gracieuse lui dit : "Ecoutez-moi s'il vous plait ; tuez moi mais ne m'emprisonnez pas. Je vous pardonne pour ma mort, il n'y a aucun crime." La jeune fille lui plu beaucoup et il serait plus tard celui qui organisa le passage pour le Maroc. Je me réfère à mon oncle Manuel José Domingues. D'après le témoignage de ses voisins de SABARIZ en Espagne, Eudosia a passé la plus grande partie de sa vie en Afrique où elle épousa un français en juin 1942. De cette union naitraient plus tard Yvonne et Paul Féron. En 1965 la famille avait décidé d'immigrer à Aix en Provence près de Marseille et à la suite du décès de son mari en 1992, elle continue sa vie auprès de ses enfants en France à Grenoble et à Alfortville (94) près de Paris (à environ 80 ans) puis à la Réunion où elle décéda le 16 décembre 2004. Tous les ans elle revint en vacances au pays où elle avait fait construire une maison. Elle laissa le village de son enfance car lorsqu'ils vivaient au Maroc, son frère José qui souffrait d'un léger handicap mental (épileptique) et d'alcoolisme vendit lorsque tous les propriétés de SABARIZ et un jour de beuverie il mit le feu à la maison avec une bougie.* Les ruines de cette maison seraient vendues plus tard à un habitant local. Pépé (José) vécut des quelques gains qu'un moulin à farine, machine à eau lui a fourni. Plus tard et déjà en difficultés financières et prêt à se marier, il avait décidé d'aller au Maroc après de ses parents et de sa sœur. Quelques jours avant le mariage ils ont eu un accident de la route et lui et sa future épouse décédèrent dans le crash automobile. Un villageois raconte " c'était une personne indésirable au village où il était agressif et presque toujours soûl". Celle ci comme d'autres histoires vécues qui aujourd'hui peuvent ressembler à des contes ont eu lieu réellement sur notre terre, dans nos maisons et ces histoires eurent lieu dans un moment des plus troubles de notre histoire du 20ème siècle, endurées par nos aïeux. Ajoutée à l'énorme misère que l'on vivait dans ces contrées et qui s'étendaient au Portugal tout entier se surajoutait le fait que nos pères vivaient avec la peur et le manque de produits de consommation qui provenaient auparavant des bourgs de la voisine Galicie. * Ce fait est contredit par le témoignage de ma mère Eudosia qui rapporte dans une lettre le fait d'avoir été rançonnés pour 50000 pesetas et menacés de mort par la phalange locale en cas de non obtempérer (voir la lettre d'Eudosia que j'ai intégrée dans mon mémoire document 2 "El 18 de Julio de 1936 empezó la guerre en Espagne" confirmé par le document classé n°13/38 confidencial de la PVDE Peso 19/05/1938 : "Recusa formal de Agustin Lorenzo, para entrega de una avultada soma aos falangistas. Ameaçados de morte fugiran para Portugal, onde ha dois anos se encontraran refugiados ne serra de Castro Laboreiro".