Mise en ligne : 26 avril 2016.
Dernière modification : 27 avril 2016.
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COMPAGNIE DU PORT DE BIZERTE
(Tunisie)
S.A., 1890, fondée par Hildevert Hersent, Abel Couvreux et Georges Lesueur,
entrepreneurs
Coll. Peter Seidel
Compagnie du port de Bizerte (Tunisie)
constituée suivant statuts approuvés par S.A. le bey de Tunis, le 11 mai 1890
et déposés chez Me Ed. Lefebvre, notaire à Paris, les 10 et 18 juillet 1890
SOCIÉTÉ ANONYME AU CAPITAL DE 4.000.000 DE FRANCS
Action de cinq mille francs
libérée de deux mille cinq cents francs
Paris, le 13 août 1890
Paris. — Imprimerie Chaix, 20, rue Bergère
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LETTRES DE TUNISIE
(Le Temps, 1er novembre 1890)
Un bateau anglais venant de Saint-Louis-du-Rhône avec un chargement pour Bizerte
et remorquant deux chalands pour la Société du port de Bizerte, a dû abandonner ces
deux chalands à la mer, par suite de mauvais temps
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LETTRES DE TUNISIE
(Le Temps, 31 mai 1891)
De notre correspondant spécial)
Bizerte, 24 mai.
Hier, 23 mai, a eu lieu ici une cérémonie fort modeste dans son apparence, très
considérable par la portée infinie du fait qu'elle inaugure.
Le résident général était venu dans la région pour s'y rendre compte de la marche de
l'invasion des sauterelles. Il avait poussé jusqu'à Bizerte. M. [Abel] Couvreux1 , celui des
concessionnaires du port qui dirige spécialement l'entreprise, en a profité pour lui
demander de. poser la première pierre d'une série de maisons qu'il se propose de faire
construire.
Depuis qu'elle a commencé ses travaux, il y a un an, la compagnie s'est trouvée aux
prises avec une difficulté qui allait croissante. Elle ne savait où loger son personnel. La
vieille petite ville arabe est serrée dans ses murs, entre la montagne et le bras du lac. Les
loyers y ont promptement sextuplé. Aujourd'hui, on n'en trouve plus. Et la population
ne cesse d'augmenter. Le recensement du 12 avril dernier a révélé qu'il y existe déjà
500 Français. C'est, après Tunis, Sousse et La Goulette, notre plus forte colonie en
Tunisie. Les ouvriers étrangers et indigènes y sont aussi venus en grand nombre. La
compagnie s'est donc décidée à construire hors de la ville arabe pour tout le monde des
maisons qui seront les premières de la nouvelle Bizerte.
Où devait se créer cette nouvelle Bizerte ? La question a fort exercé l'imagination des
spéculateurs. Tantôt ce devait être sur la rive gauche du lac, tantôt sur la rive droite. Eh
bien, ce ne sera ni sur l'une, ni sur l'autre. Les déblais du canal serviront à combler les
bas-fonds sur lesquels était établie la fameuse pêcherie de Bizerte, et ces terrains
conquis sur l'eau formeront l'assiette de la ville future.
Tandis que M. Massicault gâchait le lit de mortier sur lequel a été scellée la première
pierre, les antiques légendes de la Méditerranée revenaient à la mémoire des quelques
personnes qui l'entouraient. N'est-il pas surprenant que, sur le bord de cette mer, trente
siècles après que la civilisation y a pris naissance, il y ait encore place pour la fondation
d'une ville à laquelle on peu prédire les plus grandes destinées. Il est probable que
quand les migrants phéniciens bâtissaient Carthage et que les colons grecs trouvaient le
premier emplacement de Syracuse ou de Marseille, ils ne comprenaient guère à quel
rôle dans l'histoire ces cités, qu'ils ne construisaient que pour y chercher un refuge,
seraient un jour appelées. Les gens qui assistaient à la cérémonie d'hier étaient remplis
au contraire du pressentiment qu'elle est le point de départ d'une très haute fortune.
Jamais, en effet, centre commercial n'aura débuté avec plus de motifs d'espoir. Le
1
Abel Couvreux (1852-1922) : fils d’Alphonse Couvreux (1820-1890), entrepreneur du canal de Suez,
associé à Hildevert Hersent sur divers grands chantiers.
paysage est admirable, le port sera splendide ; derrière, s'étend une des régions les plus
fertiles de l'Afrique; et devant, à portée de ses phares, passe la route maritime la plus
fréquentée du globe.
Il y avait là deux Parisiennes de passage venues dans un de ces yachts anglais où sont
réunis tous les agréments du confort moderne, une douzaine d'invités, quelques curieux
sortis d'une baraque en planche, qui est le café du Grand Port et regardant à travers
une palissade. Des ouvriers arabes chargeaient du sable sur des ânes. On entendait les
coups de marteau rivant les plaques de fer d'un chaland dans la forge. Une drague
tendait au loin, comme un bras immense, le tuyau par lequel coulait sur la berge la
boue arrachée du fond du chenal. Déjà, le profil du canal, qui conduira de la haute mer
au port, commence à s'esquisser sur une longueur de quelques pas avec ses risbermes
et son ampleur monumentale. De cette ville, que nous imaginions dans l'avenir pleine
d'habitants et de vaisseaux, il n'y avait encore qu'un petit bout de mur émergeant à
peine de terre. Tout autour le sol était bouleversé et certaines parties encore noyées
sous les flaques d'eau. Combien d'êtres humains viendront s'entasser ici, y vivront et s'y
multiplieront pendant une longue suite de siècles !
Les anciens n'auraient pas manqué d'observer les présages autour de cette
naissance. Pendant la pose de la première pierre, un orage est monté dans le ciel venant
de l'ouest. Comme le résident général rentrait, il a éclaté ; la pluie a tombé en
abondance, ajoutant une chance de plus à la réalisation des promesses d'une récolte
qui semble devoir être aussi abondante que celle de l'année dernière.
Le matin, M. Couvreux avait conduit M. Massicault à la carrière d'où l'on extrait la
pierre pour la jetée occidentale. M. Massicault a mis le feu à une mine de 8.000 kg de
poudre qui a fait sauter un énorme pan de montagne. M. Couvreux lui a présenté
ensuite le personnel de l'entreprise et, dans un petit discours, lui a donné l'assurance
que tous travaillaient avec ardeur pour ouvrir au commerce le nouveau port de Bizerte
dans les délais prescrits.
Le résident général, exprimant les sentiments qui devaient prendre tant de vivacité à
la cérémonie de l'après-midi, a répondu en commentant avec beaucoup de bonheur la
devise prise par la ville d'Arcachon: Heri solitudo, hodiè vicus, cras civitas, devise qui
s'applique bien mieux encore à Bizerte.
Près de cette carrière s'est créé un village de carriers. Il s'appelait Aïn-Roumi. En
l'honneur de Mme Couvreux [née Decauville], qui a assisté à tous les épisodes de cette
journée, on a changé ce nom en celui d'Aïn-Meriem, la fontaine de Marie.
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INFORMATIONS DIVERSES
(Le Temps, 22 octobre 1892)
Un banquet a été offert hier soir, dans les salons du Grand-Hôtel, à M. Massicault,
résident général, et à ses collaborateurs par les colons de Tunisie.
A la table d'honneur avaient pris place MM. … [Abel] Couvreux, l'entrepreneur du
port de Bizerte…
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Compagnie Bône-Guelma
(Paris-Capital, 1er novembre 1893)
On annonce que le gouvernement tunisien a passé avec la Compagnie Bône-Guelma,
sous réserve de l'approbation du gouvernement français, deux conventions datées du
13 octobre 1892, pour l'exécution de la ligne de Djédeidah à Bizerte, d'une part, et des
lignes de Tunis au cap Bon et au Sahel, avec embranchements et prolongements
d'autre part. La Compagnie devra exécuter la ligne de Djédeidah à Bizerte à voie
normale, moyennant un forfait de 5.600.000 francs. Les travaux devront être terminés
deux ans après l'approbation du projet définitif. Le capital pourra être augmenté de
400.000 francs pour les travaux complémentaires. L'exploitation est faite à forfait
moyennant 1.750 francs par kilomètre, et la moitié de la recette brute, impôt déduit,
avec un minimum de 3.500 fr., quelle que soit la recette. Les insuffisances de recettes
sont supportées par la compagnie, mais les excédents seront d'abord employés à
rembourser à la compagnie les insuffisances, supportées par elle, avec intérêt à 4 fr.
60 %. Les travaux de cette ligne, que le gouvernement tunisien s'est engagé, vis-à-vis
de la Société du port commercial de Bizerte, à livrer à la fin de l'année 1893, étant
urgents, la Compagnie Bône-Guelma les a entrepris sans délai. […]
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LES PORTS ET CHEMINS DE FER DE LA TUNISIE
Bizerte
par NARCISSE FAUCON
(Le Temps, 11 juillet 1894)
Cette nouvelle ville attire l'attention à la fois par l'avenir commercial que tout le
monde lui reconnaît et par les inquiétudes qu'inspirent à certains de nos rivaux les
conditions nautiques et militaires tout à fait exceptionnelles que son admirable port
dans lequel évolueraient toutes les armadas de l'univers peut offrir aux flottes
françaises.
Ville et port mettent dès à présent en lumière ce qu'un gouvernement peut, dans
certains cas obtenir, de l'initiative privés, car l'administration tunisienne n'avait pu
accorder que cinq ans pour tout exécuter. Elle demandait le port pour le 31 décembre
1895. Or, malgré les millions qu'il leur fallait dépenser, les concessionnaires ont
organisé leurs chantiers avec de si puissantes ressources qu'à l'heure actuelle, tous les
travaux importants sont terminés. Dix-huit mois ont été ainsi gagnés sur le délai imparti.
Les navires allant de l'Angleterre aux Indes, et qui ont tous des machines à triple
expansion, pourront maintenant remplacer par une seule escale à Bizerte les deux arrêts
jusqu'ici obligatoires de Gibraltar et de Malte. En ce point, ils trouvent dès à présent
entrée facile, abri sûr, accostage à quai, vivres abondants à bas prix, dépôts de charbon
importants, le tout à des conditions bien meilleures que dans les deux ports anglais.
Aussi voit-on le long des larges voies de la nouvelle ville s'élever des constructions de
toutes sortes et le prix du terrain monter avec une telle régularité que de sérieux
bénéfices ont déjà été réalisés par ceux qui ont eu assez de clairvoyance pour placer là
des capitaux disponibles.
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Académie des inscriptions et belles-lettres
Découverte d'une patère en argent à Bizerte.
(Le Temps, 29 juillet 1894)
Après la communication des intéressants travaux dont nous avons rendu compte, dès
hier, dans le Temps, M. Gauckler, directeur du service des antiquités de Tunisie, soumet
à l'examen de l'Académie des photographies et un dessin d'un vase précieux
récemment découvert à Bizerte, dans les travaux de dragage dirigés par M. [Armand]
Gallut, ingénieur de la Compagnie du port.
C'est une patère, sorte de coupe en argent massif, incrustée et plaquée d'or ; elle est
ovale, légèrement concave et munie de deux oreilles plates. Sa longueur atteint 90
centimètres ; elle pèse 9 kilogrammes de métal fin.
L'ornementation de la patère est très riche le motif central, gravé sur incrustations
d'or, représente la lutte d'Apollon et de Marsyas. Le satyre joue de la flûte double
devant la muse, arbitre du combat. Autour de lui sont groupés, suivant leurs
sympathies, ses partisans et ses adversaires Apollon et Athénè d'une part ; de l'autre,
Cybèle, un satyre et le jeune berger Olympos.
Le pourtour du plat est occupé par une frise en relief où se succèdent divers tableaux
idylliques et champêtres de style alexandrin.
Sur les oreilles sont figurés, au milieu d'ornements accessoires, un sacrifice rustique à
Dionysos et une scène bachique.
Tous ces ornements ciselés en plein métal sont exécutés avec un art consommé.
La patère de Bizerte est une œuvre hellénistique qui semble dater des premières
années de notre ère ; c'est la pièce d'orfèvrerie la plus précieuse qui ait encore été
découverte en Afrique.
M. Gauckler a réussi à en assurer la possession au musée du Bardo, grâce au
concours empressé des directeurs de la Compagnie du port, MM. Couvreux et Hersent,
et de l'administrateur délégué à Bizerte, M. Odent, qui ont rendu, en cette occasion, un
service éclatant à la science.
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LES IMPRESSIONS D'UN DÉPUTÉ RADICAL EN TUNISIE
(Le Temps, 24 septembre 1894)
[…] Après une description très intéressante de Tunis, [Paul Doumer] passe à Bizerte
et s'écrie : « On est saisi d'admiration, de joie et d'orgueil patriotique, lorsqu'on pénètre
dans l'immense port de Bizerte, rendu accessible aux grands bâtiments, qu'on apprécie
ce que quelques années de travail en ont fait et qu'on entrevoit ce qu'il sera demain.
Dès à présent avec son outillage commercial, avec ses batteries qui protègent la rade,
avec son lac inviolable, il représente pour la France, un incomparable instrument de
prospérité économique et de puissance militaire. Il n'y a plus qu'à poursuivre, sans les
trop longues hésitations et les timidités du début, une œuvre si heureusement
commencée. » […] Nous recueillons […] de la part d'un membre du parti qui a fait
depuis quinze ans à la politique coloniale une opposition aussi aveugle que
systématique, une déclaration politique qui est un désaveu de cette opposition et, par
surcroît, la glorification même de l'entreprise que les radicaux avaient d'abord
condamnée. N'est-ce pas là une leçon de choses fort éloquente et qui, nous devons
l'espérer, ne sera pas perdue ? […]
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AFFAIRES COLONIALES
Tunisie
(Le Temps, 8 mai 1895)
MM. Pensa et Chapelle, commissaires délégués au concours agricole de Tunis, ont
pris aujourd'hui passage sur le paquebot Ville-de-Tunis. A bord de ce paquebot se
trouvaient également MM. Jousset de Bellen, Hersent, Couvreux, ingénieurs ; Lesueur
[co-fondateur et futur président de la Cie] et Camescasse, sénateurs, membres de la
commission nommée par le gouvernement pour visiter le canal de Bizerte.
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AFFAIRES COLONIALES
Tunisie
(Le Temps, 30 juin 1897)
Le Journal officiel tunisien publie un décret aux termes duquel la Compagnie du port
de Bizerte percevra, pour le port, par délégation du gouvernement tunisien et au profit
de la compagnie, les droits maritimes applicables à tous les ports de la Régence
conformément aux lois en vigueur ou à intervenir.
L'application de cette mesure remontera au 27 décembre 1890 et cessera le 26
décembre 1965.
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TUNISIE
(Gil Blas, 11 septembre 1899)
(Le Temps, 11 septembre 1899)
Tunis. — La grand steamboat allemand Carthago a donné sur un banc de l'île Cani,
dans la nuit de jeudi à vendredi. Ce vapeur allait de Pensacola à Fiume avec un
chargement de 4.500 tonnes de phosphates. Il compta 27 hommes d'équipage.
Aussitôt la nouvelle reçue à Bizerte, le remorqueur Annibal, de la Compagnie du port
de Bizerte, accompagné d'un torpilleur, allèrent porter secours. Un second torpilleur y
alla dans la journée du vendredi.
On procéda au déchargement partiel. Mais malgré les secours actifs, le renflouage
est jugé presque impossible avec les moyens dont on dispose, surtout à cause des
dimensions du navire qui jauge 6.000 tonneaux.
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Régence de Tunis — Protectorat français
DIRECTION GÉNÉRALE DES TRAVAUX PUBLICS
NOTICE
SUR
LE PORT DE BIZERTE
Tunis
Imprimerie générale J. Picard & Cie, rue Al-Djazira2
http://storage.lib.uchicago.edu/pres/2015/pres2015-0229.pdf
Situation financière. — La situation financière du port de Bizerte n'est connue que
par les comptes-rendus des assemblées générales d'actionnaires qui suivent la fin de
chaque exercice. .
Si l'on s'en rapporte aux chiffres produits devant ces assemblées, lesquels n'ont pas
encore été vérifiés par l'Administration, le port de Bizerte, dont l'estimation faite par la
Compagnie s'élevait à 110308.000 fr., aurait coûté comme premier établissement, en
travaux, matériel, installation et frais généraux, environ 9.600.000 fr., sur lesquels l'État
a déjà versé une subvention de 5.088.000 fr.
Il reste donc à la charge de la Compagnie environ 4.512.000 fr., mais ce capital
correspond à un ensemble de dépenses dont quelques-unes sont très étrangères à
l'exploitation d'un port, telles que la construction d'un barrage métallique de pêche qui
2
Opuscule signalé par Michèle Maugan, que nous remercions vivement.
a coûté environ 252.000 francs. La concession du port de Bizerte comprend, en effet,
un groupe, d'entreprises dont les unes, purement industrielles, comme celle des
pêcheries, donnent un produit net qui rémunère en grande partie le capital des autres,
notamment celui du port. L'entreprise du port elle-même donne aujourd'hui des
excédents de recettes, d'après les chiffres du tableau ci-après quI est fourni par la
compagnie :
COMPTES D'EXPLOITATION DU PORT DE BIZERTE
Exercices
Recettes
Dépenses
Excédents de recettes
1894
4.954 86
2.175 86
2·779 00
1895
23.815 08
22.385 95
1.429 13
1896
43·934 76
57.291 58
- 13.356 82
1897
76.238 95
62.378 84
13 .860 11
1898
147·749 03
99·743 45
48.005 58
Il serait du reste impossible avec les éléments dont nous disposons pour le moment
de faire une étude complète de la situation financièrz réelle de la concession.
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Compagnie nouvelle du canal de Panama
(Le Temps, 13 février 1900)
(Le Journal des chemins de fer, 17 février 1900)
Les actionnaires de la Compagnie nouvelle du Canal de Panama, réunis le 12 février
en assemblée générale ordinaire, ont procédé à la nomination du nouveau conseil
d'administration, en remplacement de l'ancien conseil démissionnaire.
Ont été élus :
M. Abel Couvreux, administrateur délégué de la Compagnie du Port de Bizerte.
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Port de Dakar*
(Le Temps, 20 mars 1900)
[…] Les travaux d'aménagement du port sont mis en train. Une armée de
contremaîtres et d'ouvriers aux ordres de M. [Hildevert] Hersent, l'heureux entrepreneur
du port de Bizerte, exécute les sondages, dragages et jetées destinés à sextupler Ia
surface des eaux tranquilles du port actuel. […]
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Port de Dakar
(Le Temps, 24 novembre 1901)
Le Cyclope, un nouveau remorqueur acheté au Havre pour la direction du port de
Bizerte, est arrivé hier à Cherbourg, d'où il va être dirigé sur la Tunisie sous le
commandement d'un lieutenant de vaisseau avec deux enseignes.
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AFFAIRES COLONIALES
Tunisie
(Le Temps, 28 avril 1902)
Tunis, 26 avril.
A la suite de la nomination de M. Sauze, directeur de la Compagnie du port de
Bizerte, comme conseiller municipal de cette ville, plusieurs conseillers de cette
municipalité auraient manifesté l'intention de démissionner.
Les conseils municipaux en Tunisie sont tous nommés par l'administration du
protectorat qui les choisit parmi les notabilités de la ville.
Aucun conseiller municipal de Bizerte, depuis la mort récente de M. Paul, viceprésident de la municipalité, n'appartenait à la Compagnie du port.
Les conseillers se sont réunis aujourd'hui, deux fois hors séance, sur la convocation
de leur vice-président. Ceux qui avaient annoncé leur intention de démissionner, à la
suite de la nomination de M. Sauze, sont revenus sur leur décision.
Une adresse demandant la création de deux nouveaux postes de conseillers
européens sera adressée au résident général à bref délai.
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TRIBUNAUX
M. Millerand à Alger
(Le Temps, 3 février 1903)
M. Millerand, député de la Seine, ancien ministre du commerce, est arrivé hier soir à
Alger. De nombreuses personnes étaient venues au débarcadère pour lui souhaiter la
bienvenue.
M. Millerand vient plaider devant la cour d'Alger un procès relatif à l'entreprise du
port de Bizerte.
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Banquet du syndicat agricole des colons de Tunisie
(Les Annales coloniales, 1er avril 1903)
Parmi les invités : [Abel] Couvreux, directeur de la Cie du port de Bizerte.
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Port de Bizerte
(Le Journal des finances, 25 avril 1903)
Le dividende a été fixé, pour l'exercice 1902, à 192 francs nets par action, contre 150
francs nets pour 1901.
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26 DÉCEMBRE 1903 : MORT D’HILDEVERT HERSENT
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(Le Temps, 5 janvier 1905)
Tunis, 4 janvier, 11 h. 55.
Les travaux supplémentaires pour le prolongement de la jetée nord du port de
Bizerte sur une longueur de 200 mètres et la construction d'un brise-lames ou mole de
650 mètres seront complètement achevés au début de cette année; ils auront duré
pendant trois ans.
Tout le matériel électrique est emballé, à destination des chantiers de Rosario et de
Dakar. Ces travaux ont exigé l'emploi de six cent cinquante mille tonnes de pierres.
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M. Berteaux en Tunisie
(Gil Blas, 18 septembre 1905)
(Le Temps, 18 septembre 1905)
On. annonce que M. Berteaux, ministre de la guerre, arrivera en Tunisie le 29 de ce
mois, avec l'intention de se rendre à Bizerte pour étudier sur place diverses questions
intéressant la défense de ce port de guerre. Le ministre a demandé à être renseigné sur
l'époque de la fin des grandes manœuvres en Tunisie. Il assistera ainsi à la revue finale
qui aura lieu le 29 ou le 30 septembre.
Le ministre de la marine, M. Thomson, arrivera vraisemblablement à la même époque
à Bizerte. Il étudiera sur place, diverses questions importantes très urgentes, intéressant
tout spécialement la défense du grand port de guerre. En outre, la question du rachat
du port de Bizerte sera complètement élucidée. […]
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[Stephen Pichon en France]
(Le Temps, 15 avril 1906)
On télégraphie de Tunis, le 14 avril :
…………………
La conférence consultative se réunira le 7 mai pour la session du printemps.
Les principales questions qui seront discutées sont relatives à l'installation du Crédit
foncier, à la réforme de la législation minière, aux chemins de fer, à la concession du
port de Bizerte et au programme des travaux publics.
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L'INDUSTRIE DES PÊCHES EN TUNISIE
par H. JACOB de CORDEMOY
(Les Annales coloniales, 9 août 1906)
Dans le pittoresque palais qu'il a édifié à l'Exposition coloniale de Marseille, notre
protectorat tunisien a consacré une place importante à l'industrie des pêches maritimes
dont l'intérêt économique, pour la Régence, n'est plus à démontrer. […]
Le littoral tunisien présente en outre de grands lacs salés en communication avec la
mer. Les eaux de ces lacs sont très riches en poissons d'espèces très diverses, dont
quelques-unes fort estimées. Les mœurs même de ces poissons favorisent leur capture ;
à certaines époques de l'année, ils émigrent, s'engagent en troupes compactes dans les
chenaux et les passes pour gagner la mer. Des barrages convenablement disposés, des
filets tendus en travers de la route qu'ils suivent, et ce sont de véritables pêches
miraculeuses qui peuvent de la sorte se pratiquer en certains de ces lacs. C'est ainsi,
notamment, que les choses se passent depuis bien longtemps dans le lac de Bizerte,
dont les pêcheries ont été concédées depuis 1889 à la Compagnie du Port de Bizerte,
laquelle a fait construire des bordigues métalliques avec tout un système de chambres,
où s'entasse le poisson lors des migrations extra-lacustres. […]
————————————————
Port de Bizerte
(Le Journal des finances, 22 septembre 1906)
L'assemblée extraordinaire du 1er octobre aura à approuver : 1° la convention passée
le 1er juillet avec le gouvernement tunisien, relative à l'unification des tarifs du port de
Bizerte avec ceux des autres ports tunisiens, et à la participation du gouvernement dans
les bénéfices de l'exploitation ; 2° la convention du 1er septembre pour la remise à l'État
des rues et égouts de la nouvelle ville, de Bizerte.
II sera aussi demandé aux actionnaires d'autoriser le prélèvement, sur les bénéfices
de 1906, de 300.000 fr. pour l'amortissement des actions.
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La pêche dans le lac de Bizerte
(Les Annales coloniales, 25 octobre 1906)
De M. GRÉSILLON dans la Tunisie française :
Le lac de Bizerte constituait autrefois avant les travaux une bonne affaire de pêche.
Depuis que la Marine s'y est installée, les frais d'entretien et d'exploitation n'ont
jamais été inférieurs au produit de la pêche, et la Compagnie concessionnaire avait le
droit de fermer hermétiquement le goulet, pourvu qu'elle laissât passer les navires de
l'État. Maintenant que ce droit est supprimé, on peut se demander avec inquiétude si
l'Administration n'incite pas les personnes qui ignorent cette situation et qu'elle a
convoquées à soumissionner, à engager des capitaux dans une affaire qui, étant donné
les clauses et conditions léonines du cahier des charges, apparaît encore plus aléatoire
que les entreprises similaires qui ont échoué.
La pêche dans le lac de Bizerte est incompatible avec les exigences de la Marine qui a
le devoir de ne rien tolérer qui puisse l'entraver ; c'est pourquoi nous estimons que
l'administration manque de prévoyance en l'amodiant dans ces conditions et qu'il eût
mieux valu qu'elle maintînt l'interdiction grâce à laquelle aucune barque ne pouvait
pénétrer dans le lac et s'approcher de l'Arsenal. Si le poisson est encore aussi abondant
à Bizerte qu'il l'était autrefois, les pêcheurs libres pourront en capturer davantage en
mer et contribuer, par l'apport de leurs prises, sur les marchés, à la diminution du prix
du poisson.
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Société du port de Bizerte
(Gil Blas, 19 février 1907)
L'assemblée ordinaire s'est tenue le 15 février courant. Elle a approuvé les rapports et
les comptes de l'exercice 1906, et fixé le dividende y afférent à 2 1/2 %, soit 125 fr. par
action.
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TUNISIE
(Les Annales coloniales, 3 septembre 1908)
La direction des travaux publics de Tunis, d'accord avec le ministère de la marine, a
décidé que la pêche serait désormais libre dans les parties du lac de Bizerte où l'exercice
de cette industrie n'apportera aucune gêne à la navigation. Les patrons pêcheurs seront
seulement astreints au paiement d'une patente qui sera délivrée par le service des
pêches et de la navigation.
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Le port de Bizerte
(Le Temps, 20 novembre 1908)
La conférence consultative de Tunisie a voté à l'unanimité le rachat du port de
Bizerte.
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ASSEMBLÉES D'ACTIONNAIRES
Port de Bizerte
(Gil Blas, 17 février 1909)
L'assemblée générale ordinaire des actionnaires de la Société du Port de Bizerte
(Tunisie), a eu lieu le 15 courant, sous la présidence de M. Lesueur3 , président du
conseil.
Après avoir entendu la lecture des rapports, elle a approuvé, tels qu'ils lui étaient
présentés, les comptes de l'exercice 1908 et fixé le dividende y afférent, en plus de
l'intérêt statutaire payé antérieurement, soit 125 francs, en juillet, et 125 francs en
novembre dernier, à 125 francs par action.
Ce dividende sera mis en paiement sous déduction des impôts en mars prochain.
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L'affaire de l'Ouenza
UNE PROTESTATION
(Gil Blas, 18 mars 1909)
Paris, le 16 mars 1909.
Monsieur le président du conseil,
[…] Les partisans du détournement des minerais de l'Ouenza par Bizerte n'ont pas
craint de justifier leur thèse par le souci de la défense nationale.
Permettez-moi, monsieur le président du conseil, de vous exprimer respectueusement
qu'on a mis ce longues années à s'apercevoir que la grave question de l'Ouenza se liait
intimement à celle non moins grave de la défense nationale. Ne trouvez-vous pas cette
préoccupation tardive ? […]
3
Georges Lesueur (1834-1910) : polytechnicien, entrepreneur portuaire, initié aux techniques de l’air
comprimé auprès de Castor (comme Hidevert Hersent), administrateur de la Cie algérienne, conseiller
général, puis sénateur (1888-1897) de Constantine. Portrait dans Narcisse Faucon, Le Livre d’or de
l’Algérie, 1889, Jean Joly, Dictionnaire des parlementaires français (qui ignore sa date de décès) et Barjot,
« Entrepreneurs et politique », 1993, qui le désigne par son prénom inusuel de Joseph et le fait périr
« vers 1898 ». Georges Lesueur donne une conférence au congrès colonial de Paris, en 1909, et décède
au début de l’année suivante (Le Temps, 3 juin 1909 et 13 janvier 1910).
Je suis convaincu, monsieur le président du conseil, que vous élèverez le débat, que
vous y apporterez votre esprit habituel d'Indépendance et de décision et que les
pouvoirs publics ne verront pas le transport de nos minerais par la Tunisie, sous le
même angle que MM. Hersent et Cie, propriétaires du fumeux port de Bizerte. […]
Signé : BERTAGNA,
Conseiller général, membre du conseil supérieur du gouvernement général de
l'Algérie, Bône.
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LA COMMISSION D'ENQUÊTE A BIZERTE
(Le Temps, 18 avril 1909)
Les membres de la commission parlementaire d'enquête ont reçu, hier, une
délégation de la chambre de commerce qui les a entretenus de la situation commerciale
et militaire du port de Bizerte. […]
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MARINE
Le port de Bizerte
(Le Temps, 23 avril 1909)
(Les Annales coloniales, 29 avril 1909)
On nous télégraphie de Tunis que M. Alapetite, résident général, vient de recevoir
confirmation officielle de l'adhésion des ministres de la marine et de la guerre au projet
d'établissement d'un port commercial de Bizerte. Le dossier ne sera pas renvoyé à la
commission mixte des travaux publics, et les études de détail pourront commencer
immédiatement.
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Algérie-Ouenza-Boukadra
(L’Écho des mines et de la métallurgie, 3 mai 1909)
Le Journal des transports publie la lettre suivante qu'il a reçue de l'un de ses
lecteurs :
Alger, 18 avril 1909
Vous avez annoncé que le gouvernement a admis que le trafic de l'Ouenza sera
dirige moitié sur Bizerte, moitié sur Bône, et que la totalité du trafic de Boukadra sera
attribuée à l'itinéraire par Bizerte. Est-ce bien sur Bizerte que la Tunisie dirigera le trafic
qui lui est accordé ?
La ligne Bizerte-Mateur-Bejà-Nebeur, concédée déjà, ne sera pas faite avant plusieurs
années, son prolongement à l'étude demandera encore plus de temps, bien qu'on lui
affecte une part considérable du nouvel emprunt.
Mais il y a une ligne toute construite et exploitée qui va déjà de La Goulette (Tunis)
au pont du Fahs Djerissa et Slata. Son prolongement sur Hameima a été concédé en
1906 et peut être construit très rapidement ; la distance est très faible entre Slata et
Hameima (20 kilomètres à peine), et il n'y a pas loin non plus d'Hameima à l'Ouenza et
à Boukadra (peut-être 25 kilomètres). Les concessionnaires de ces deux mines
pourraient construire le dernier tronçon comme embranchement industriel sur le
territoire algérien.
Si, avant l'ouverture des deux lignes sur Bône et Bizerte, on expédie les minerais par
la ligne toute faite jusqu'à La Goulette, Bizerte et Bône pourraient bien être joués. On
égalisera, dit-on. les prix sur Bône et sur Bizerte; mais les prix sur La Goulette peuvent
être inférieurs : la ligne a déjà un trafic considérable, si important même qu'on parle d'y
faire deux voies.
Pourra-t-on empêcher l'emploi de cette ligne sur La Goulette ouverte bien avant les
deux autres, du moment qu'on reconnaît à la Tunisie un droit de transporter les
minerais algériens ? N'arguera-t-on pas, et avec raison, qu'il est bien inutile de créer des
voies très coûteuses, alors qu'il existe déjà une voie toute faite ? Il y a longtemps,
d'ailleurs, que les concessionnaires des deux mines y ont songé.
Pour favoriser Bizerte; il eût fallu s'y prendre plus tôt et lui donner le trafic de
Djerissa-Slata, de Kalaat es Senam et de Kalaa Djerda, en créant Bizerte-NebeurDjerissa-Oued-Sarrath avant Oued-Sarrath-Tunis. Cet itinéraire aurait eu tout
naturellement, avec les autres minerais tunisiens, par embranchement; les minerais de
l'Ouenza et de Boukadra. N'est-il pas trop tard aujourd'hui ?
En tous cas, je crois qu'il est bon de signaler la concurrence de La Goulette, dont il
n'est pas question dans les communications faites, et de la signaler notamment à
l'Algérie.
X...
P.-S. — Bône, qui s'agite, doit connaître cependant la situation. Il y a dix ans que
l'affaire aurait dû être réglée.
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LE PORT DE COMMERCE DE BIZERTE
(Les Annales coloniales, 27 mai 1909)
Les plans de détail du port de Sebra ont été remis à M. de Fages, pour être examinés
d'abord et soumis ensuite à la chambre de commerce.
La Compagnie du port de Bizerte a offert d'affecter tous les terrains à conquérir dans
la baie, soit au port, soit à la gare. Les Bizertins n'ont donc aucune concurrence à
craindre pour leurs terrains.
La Compagnie offre, en outre, d'exécuter immédiatement les travaux sans demander
aucune modification à son acte de concession en ce qui concerne les facultés de rachat,
à tout moment.
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« Le Rachat de Bizerte » par M. Charles Leboucq, député de Paris
(Les Annales coloniales, 2 septembre 1909)
Du Siècle :
Ce qu'il faut bien souligner, bien préciser, bien affirmer, c'est qu'à l'heure présente,
malgré tous les sacrifices que nous avons faits, nous n'avons à Bizerte rien, ou presque
rien !
Oui, c'est à ce néant qu'ont abouti tant d'efforts, tant d'espérances, plus de 30
millions dépensés par le pays !
1° Comme flotte, nous n'avons rien. Quelques vieilles unités invalides ; des
torpilleurs, dont la moitié tiennent mal la mer ; deux sous-marins, le Gnome et le
Korrigan, frères du Lutin et du Farfadet, c'est-à-dire fragiles et déjà démodés, sans
boucles ni docks de relevage, et qui ne peuvent plonger au dela de dix mètres, par
conséquent incapables de passer sous un cuirassé ; à l'entrée de la rade, des lignes de
torpilles, mais pas de postes de visée. Au total, de quoi occuper un amiral et quelques
marins ; mais comme puissance militaire, zéro.
2° Comme arsenal, des espérances. Dans le fameux bilan de la marine, le vénérable
mathématicien qui, de la rue Royale, refaisait notre marine à coups d'intégrales et de
différentielles, nous annonçait que les ateliers de Sidi-Abdallah étaient en pleine activité.
Quelle ne fut pas notre surprise lorsqu'au sortir de Ferryville, nous découvrîmes un
établissement, bien distribué certes, aménagé pour des rêves d'avenir, mais mort,
quoique regorgeant de matériaux, complètement mort et protégé dans son sommeil
par l’éloignement de l'amiral qui a eu soin de rester à la baie de Ponty, où la vie est
agréable, sans souci d'aller s'enterrer à quelques milles au fond de la rade, dans ce
morne Sidi-Abdallah d'où est absente la flore reposante ;
3° Comme port, rien ; comme ville, rien. Le vieux port, tout juste large comme un
canal flamand, qu'il ferait bon de garder comme une relique pittoresque, utile au
Beedecker, mais que le débarquement de quelques centaines de tonnes de charbon
suffit à encombrer. Comme ville, quelques magasins abandonnés ; des quais déserts,
des logements à louer, un hôtel – le Grand-Hôtel – éclairé à la bougie parce que les
précédents tenanciers, qui avaient l'électricité, ont fait de mauvaises affaires, et que les
appareils ont été vendus. Au total, l’abomination de la désolation.
Et alors, il faut se demander quel agent destructeur mystérieux a travaillé à
l'anéantissement de tout ce que l'occupation de Bizerte avait permis d'espérer.
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NÉCROLOGIE
† Georges Lesueur
(Le Temps, 13 janvier 1910)
Nous apprenons le décès de M. Georges Lesueur, ingénieur, ancien élève de l'École
polytechnique, ancien membre du conseil supérieur du gouvernement de l'Algérie,
ancien sénateur.
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JEAN HERSENT4 , PRÉSIDENT
[Fret]
(Les Annales coloniales, 7 juillet 1910)
À la suite de démarches faites par M. Hersent, directeur de la Compagnie du port de
Bizerte, auprès de la Compagnie générale transatlantique et de la Compagnie de
navigation mixte, ces deux compagnies viennent de décider d'appliquer, pendant la
campagne des céréales qui commence, le même prix de fret de Tunis ou de Bizerte à
Marseille.
Cette mesure sera de nature à augmenter les exportations par Bizerte, ce qui ne
manquera pas de réjouir tous ceux que préoccupent la prospérité de notre grand port
tunisien.
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4
Jean ou Jean-Baptiste Hersent (1863-1946) : l’un des trois fils d’Hildevert. Marié à Anne-Marie Thomas,
sœur de Georges et probablement fille d’Henri (beau-frère d’Adolphe Couvreux).
L'Éclairage électrique de Bizerte
(Gil Blas, 25 mars 1911)
On annonce la constitution prochaine de la Société d'éclairage électrique de Bizerte,
avec le concours de la Société Gramme et de la Compagnie du port de Bizerte.
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[Visite du président Fallières]
(Gil Blas, 19 avril 1911)
[…] M. Arnoux, vice-président de la municipalité de Bizerte, parle le premier. Il plaide
la cause de l'avenir du port de commerce de Bizerte.
M. Bury, président de la chambre de commerce, à son tour, consacre ses paroles à
l'œuvre économique à achever en Tunisie, et réclame une solution favorable à la
question de l'Ouenza.
M. Cirier, secrétaire de la conférence consultative de Tunisie, porte le troisième toast.
Il conclut en disant que les efforts tunisiens rendent nécessaires un nouvel emprunt. […]
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JOURNÉE PARLEMENTAIRE
La Tunisie
(Le Temps, 26 novembre 1911)
Bizerte, débouché des mines de fer de Douaria*.
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Compagnie du Port de Bizerte
(Les Annales coloniales, 4 juillet 1912)
L'assemblée ordinaire a eu lieu hier, sous la présidence de M. Jean Hersent. Le
dividende a été fixé à 5 francs comme les années précédentes.
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Coll. Peter Seidel
Compagnie du port de Bizerte (Tunisie)
SOCIÉTÉ ANONYME AU CAPITAL DE 4.000.000 DE FRANCS
Obligation de 500 fr. 4 1/2 %
au porteur
remboursable au pair en 50 années
rapportant un intérêt annuel de vingt-deux francs cinquante centimes
payable les 1er janvier et 1er juillet de chaque année
La compagnie se réserve le droit de rembourser, à toute époque, tout ou partie des
obligations restant en circulation
Paris, le 1er juillet 1912
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LA MARINE MARCHANDE EN TUNISIE
(Les Annales coloniales, 18 juillet 1912)
[…] L'augmentation du tonnage de jauge à Bizerte [en 1911] est presque
entièrement due à la création de la ligne allemande de Marseille-Bizerte-Alexandrie et
retour par les mêmes escales. Il y a moins-value de 4 % à Sfax. […]
Il y a plus-value de […] 102 % à Sousse, 104 % à Bizerte […]. Les plus-values
constatées à Sousse, à Bizerte sont en grande partie dues, pour le premier de ces ports,
à l'exportation des phosphates et pour le second, aux importations de charbon et du
mazout. […]
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Compagnie du port de Bizerte
(Les Annales coloniales, 22 août 1912)
Le produit de l'exercice qui a été communiqué à l'assemblée générale ordinaire du 26
juin se chiffre par : 416.268 fr. 59 qui, déduction faite des dépenses et des
amortissements représentés par une somme de : 82.152 fr. 94 ont laissé un bénéfice
net de 182.000 francs correspondant exactement à la somme nécessaire pour payer aux
actions de capital l'intérêt statutaire de 5 %, soit 250 francs par action de 5.000 francs.
Il a été, en outre, attribué un dividende supplémentaire de 2 % prélevé sur le dividende
reporté des années précédentes, ce qui porte à 350 francs le dividende total des
actions.
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(Les Annales coloniales, 14 novembre 1912)
On vient de recevoir l'ordre de reprendre les travaux du nouveau port de commerce
de Bizerte qui avaient subi une interruption de près d'une année.
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L’œuvre française en Tunisie
Bizerte
(Les Annales coloniales, 23 avril 1914)
Je ne dis pas Bizerte même. Bizerte, avec son quartier européen depuis vingt ans
inachevé, avec ses rues sans maisons, ses innombrables boutiques fermées sans avoir
jamais été ouvertes, ses magasins à louer après le départ rapide d'un locataire
malheureux, Bizerte m’a semblé, hier comme autrefois, une ville manquée.
Bizerte vit de la marine. La création d'une sixième préfecture maritime y aidera peutêtre légèrement au relèvement économique. Mais Bizerte ne deviendra pas davantage,
sur la rive gauche du lac où elle est construite, la grande cité que l'on rêvait d'y créer.
Des projets sont à l'étude. Souhaitons qu'ils voient bientôt le jour. En construisant
une ligne directe de chemin de fer de Tunis à Bizerte, on mettra ces deux villes à
soixante kilomètres environ, soit à une heure et demie à peine, l'une de l'autre.
Les navires comme le Carthage, de la Compagnie Transatlantique, peuvent sans
difficulté faire Marseille-Bizerte en vingt heures. Ce serait une importante économie de
temps. Les Français de Tunisie ne s'en plaindraient pas, et le mouvement touristique ne
pourrait qu'y gagner.
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AFFAIRES MILITAIRES
MARINE
BIZERTE
par A. ROUSSEAU
(Le Temps, 2 juin 1914)
Le nom de Bizerte évoque l'idée de maîtrise de la Méditerranée. C'est le point
stratégique important par excellence, situé à la réunion du bassin oriental et du bassin
occidental de la Méditerranée à sa. partie la plus resserrée, coupant les
communications, base d'opérations de notre flotte, station désignée de torpilleurs et de
sous-marins. La valeur de Bizerte est reconnue, et il ne pourrait venir à l'idée de qui que
ce soit de la contester.
Au moment où l'on voulut y constituer un arsenal, en faire une place offensive, les
louanges les plus dithyrambiques s'élevaient sur sa situation, sur son lac dans lequel les
plus grosses flottes pouvaient manœuvrer à l'aise, sur les montagnes qui couvrent le
goulet et assurent sa défense et l'on choisit, pour y créer l'arsenal, le point le plus
éloigné de l'entrée, Sidi-Abdallah, à vingt-cinq kilomètres de la mer, invulnérable au tir
du large. Aucune protestation ne s'éleva contre le choix de l'emplacement et on
commença les bâtiments, les bassins ; un ministre vint sanctionner à son début l'œuvre
que tout le monde admirait.
Toutefois (il y a beaucoup de toutefois dans l'histoire de Bizerte, qui ne date guère
que de dix-huit à vingt ans), toutefois donc, le port de Bizerte appartenait à une
compagnie privée qui avait adapté l'entrée à ses moyens ; elle avait fait, pour pénétrer
dans le lac, un chenal de 100 mètres de large ; au moment où le Mérimac avait
embouteillé l'Amiral-Cervera, à Santiago, on se dit que cette largeur de 100 mètres était
bien facile à boucher, et l'on décida de la porter à 220 mètres ; la marine se chargea
des frais, bien entendu ; même elle dut acheter le transbordeur qui assurait la
communication entre les deux rives du lac et l'envoyer à Brest, et aussi le remplacer à
Bizerte par un bac à vapeur.
Cela coûta beaucoup, mais il fallait encore autre chose. L'entrée ne comportait que
deux petits musoirs ; on résolut de faire un vaste avant-port avec deux grandes digues
partant de terre, plus une. digue au large couvrant l'espace entre les deux premières, de
façon qu'un navire ennemi ne pût entrer directement sans évoluer dans le canal, où il
aurait pu avoir l'intention de se couler. Forcé de présenter le flanc, ce navire aurait été
détruit par les batteries de côte avant qu'il ait pu parvenir jusqu'au canal.
Ces travaux furent entrepris ; néanmoins, si le port appartenait à une compagnie
privée, le droit de pénétrer dans le lac était aussi absolument réservé à cette même
compagnie qui y avait établi une pêcherie considérable et barrait le passage par un
système de chambres dans lequel le poisson venait se faire prendre. Comme on ne
pouvait pas faire ouvrir continuellement le barrage, on fit stationner dans une petite
baie, dite baie Sans-Nom et plus tard baie Ponty, les torpilleurs ; ce fut la défense
mobile, microcosme par rapport à l'arsenal de Sidi-Abdallah, mais qui n'en eut pas
moins son organisme complet, appontements pour les torpilleurs, casernes pour les
hommes, ateliers de réparations, magasins d'approvisionnements, infirmerie, etc., et qui
devint même le quartier général de la marine ; c'est le siège du commandement. On
avait organisé la baie Ponty parce qu'on ne pénétrait pas dans le lac ; quand le privilège
fut racheté à la compagnie privée, tout resta en l'état à la baie Ponty ; même plus, elle
s'arrondit, elle déborda et on y créa le poste de stationnement des sous-marins avec,
bien entendu, tous les accessoires, ateliers, magasins, casernes), etc. […]
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Les événements et les hommes
(Les Annales coloniales, 20 juin 1914)
Le Crédit foncier d'Algérie et de Tunisie* vient de mettre à la disposition du
gouvernement tunisien une somme de vingt mille francs pour venir en aide aux petits
colons victimes de la sécheresse.
La Compagnie du Port de Bizerte vient de verser une somme de cinq cents francs
pour le même objet.
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Bizerte port franc
(Le Sémaphore algérien, 8 juillet 1916)
La chambre de commerce de Bizerte fait actuellement des tentatives énergiques pour
obtenir du gouvernement français que le port de Bizerte soit transformé en port franc.
Comme elle n'est pas exclusive, elle demande aussi que d'autres grands ports de notre
empire africain bénéficient du même régime. Elle explique que cela serait pour la France
une réelle victoire car cela permettrait à nos grands ports d'Alger, d'Oran et de Bizerte,
de concurrencer après la guerre l'importation allemande.
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L'organisation des ports tunisiens
(Le Sémaphore algérien, 17 juillet 1919)
C'est sur le port de Bizerte que va se porter l'effort de la Tunisie pour la
réorganisation de ses ports de commerce.
On va l’aménager pour lui permettre de recevoir les plus grands navires modernes,
on va étendre et refaire ses quais d'accostage, on va en faire un faubourg de Tunis en
l'unissant à la capitale par un transport rapide sur rails qui la mettra à moins d'une
heure de la capitale. […]
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Un passage de thons
(Le Sémaphore algérien, 24 février 1920)
Les pêcheurs de Bizerte ont encore fait une pêche vraiment miraculeuse.
Ils ont capturé près de quatre cents thons d'un poids total de 12.000 kg.
Sur cette quantité, 5.000 kg ont été laissés à Bizerte et le reste, 7.000 kg, amené sur
le marché de Tunis, par les pêcheurs eux-mêmes.
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BIZERTE
(Le Temps, 9 mai 1920)
Le voyage que le ministre de la marine [Landry] a fait en Tunisie avait un but précis et
les conséquences en peuvent être des plus heureuses et pour le protectorat et pour la
France. Il s'agit, par l'adoption de mesures bien coordonnées, de développer Bizerte au
point de vue commercial, au mieux des intérêts du port marchand et du port de guerre.
L'idée a longtemps dominé dans la marine militaire qu'un port de commerce ne
pouvait exister auprès d'un arsenal. Le fonctionnement de l'un devait nuire à l'autre.
Aussi la marine s'opposa-t-elle toujours à laisser grandir et prospérer une station
commerciale dans les eaux sur lesquelles elle avait autorité. Peut-être est-ce à cette
intransigeance que Brest doit de n'être pas devenu la tête d'une ligne de navigation
transatlantique ?
La guerre, par ses enseignements, n'a pas sanctionné toutes les théories ; Brest a fait
face à un transit commercial énorme du fait de l'arrivée des troupes américaines et de
leur ravitaillement. La démonstration de l'existence possible côte à côté de deux ports,
l'un commercial, l'autre militaire, a été plus convaincante encore à Bizerte qu'à Brest.
Dans le port tunisien, à partir du canal artificiel qui établit la communication entre Ia
mer et le goulet du grand lac, où a été construit l'arsenal, la marine régnait en
maîtresse jalouse : elle s'opposait à toute extension vers le lac de la surface des eaux
affectées au commerce, et en outre, invoquant des raisons de sécurité, elle veillait à ce
que les deux rives du canal fussent débarrassées de toutes les installations d'accostage
existantes. Elle voulait prévenir ainsi les tentatives d'embouteillage, qui lui paraissaient
redoutables en cas d’hostilités.
Les craintes d'embouteillage étaient-elles fondées ? Les faits de guerre ne l'ont pas
démontré, d'autant plus que la disposition des jetées, la largeur de 240 mètres du canal
à la surface laissaient peu de chances de réussite à une te|le entreprise ; et d'autre part,
les mouvements de navires qui ont eu lieu à Bizerte ont parfaitement établi que les
réserves apportées par la marine au développement de l'activité commerciale du port
n'étaient en rien justifiées. Les installations d'accostage des deux rives ne durent pas
être évacuées. Au cours de la lutte, au contraire, elles furent utilisées par la marine avec
la plus grande intensité, sans danger, sans gêne pour la circulation des navires de
guerre ; on en augmenta même le nombre pour les embarquements de troupes, de
matériel et de vivres.
Les services de caractère commercial rendus par Bizerte ont été considérables ; ils ont
prouvé que les organismes militaires ont intérêt à voir se développer autour d'eux des
ressources privées de toute nature, afin d'y pouvoir puiser selon les besoins.
L'expérience est acquise ; il faut en profiter et s'efforcer de maintenir dans le port
l'activité commerciale que les opérations de guerre nécessitaient, c'est-à-dire amener les
navires privés à fréquenter Bizerte, en raison des facilités qu'on leur donnerait pour leur
ravitaillement et aussi en raison du fret qu'ils pourraient y trouver.
Des projets sont dès maintenant établis. Ils envisagent les avantages réciproques qui
peuvent être obtenus de la présence d'un grand port de commerce dans les eaux
voisines d'un port de guerre. Le bateau de commerce doit trouver tous les
aménagements nécessaires à la rapidité des mouvements de chargement, et de
déchargement, le charbon ou le pétrole indispensables à sa navigation ; il faut, au
besoin, qu'il puisse s'y faire réparer. De son côté, la marine de guerre profite, selon les
circonstances, de l'outillage du port de commerce, des approvisionnements en
combustible formés pour de transit commercial et qui lui assurent des stocks en cas de
mobilisation. Enfin, l'utilisation des ateliers de l’arsenal pour la réparation des navires de
commerce vient en atténuation des frais généraux très lourds que supporte la marine
du fait des périodes d'inactivité qui peuvent se produire.
Les mesures à prendre pour atteindre au but ne sont pas simplement à l'état de
projet ; il y a un commencement de réalisation. Le premier obstacle qui arrêtait
l'extension du port commercial de Bizerte était la délimitation trop étroite des eaux
réservées au commerce. Ces eaux comprenaient, en conformité d'un décret beylical du
20 juin 1907, l'avant-port, le canal et une très petite portion du goulet Aux termes
d'une convention intervenue le 3 avril dernier entre la marine et le protectorat, la limite
des eaux commerciales est reportée au débouché du goulet dans le lac. Ce n'est qu'un
commencement, mais l'exécution de l'ensemble des projets sera certainement
poursuivie parce qu'ils sont conformes aux intérêts et de la France et du protectorat.
L'entente de tous les intéressés est complète et leur accord s'est manifesté
hautement pendant le voyage de M. Landry ; les représentants des chambres de
commerce, ceux de la population française ou arabe à Bizerte ont affirmé leur adhésion
au programme élaboré ; il en a été de même à Tunis, à la Kasba ou à la résidence
générale ; partout, les projets ont été approuvés sans la moindre réserve et partout on a
rendu hommage leur auteur, l'amiral Darrieux, préfet maritime à Bizerte. Le
consentement unanime en assure la réalisation.
Le port de Bizerte est fort connu ; c'est le grand point d'appui de la flotte de
l'Afrique du Nord ;. c'est à Bizerte que, pendant la guerre, nos navires de combat
venaient se ravitailler, se réparer, se réarmer.
À la ligne de séparation du bassin occidental et du bassin oriental de la
Méditerranée, en face de la Sicile et de Malte, Bizerte est un point stratégique de toute
importance ; c'est une forteresse des plus précieuses. On n'a pas. à insister sur la valeur
militaire de Bizerte, elle est proclamée par tous, mais il n'en est pas de même de sa
valeur commerciale, qui a été en quelque sorte étouffée par la première. Si on regarde
une carte de la Méditerranée, on constate que Bizerte est presque à égale distance, de
Gibraltar et du canal de Suez et que, par conséquent, c'est un point de ravitaillement
tout désigné ; que, de plus, il est le dernier port rencontré quand on va du détroit à
Alexandrie. Aucun autre abri n'offre une égale sécurité aux navires. C'est le point de
relâche présentant le plus de commodités.
Bizerte peut être, aussi un port à fret. Situé dans une région des plus fertiles, il
exporte céréales et huiles d'olive, il est le point d'aboutissement à la mer des minerais si
riches de l'Ouenza. Bizerte a donc un nouveau rôle à jouer, rôle qui ne se superpose pas
à l'ancien, mais dont le développement est parallèle.
La première mesure prise pour adapter Bizerte à ce rôle est l'extension des eaux
commerciales du port ; aujourd'hui, tout le goulet s'ouvre aux navires marchands, et
c'est dans le goulet que sera tout l'outillage du commerce. Le goulet, qui a à peu près 8
kilomètres de longueur, s'adapte à tous les besoins ; sa direction va du nord-est au sudouest à partir du canal qui s'ouvre sur la mer, il s'élargit rapidement ; alors que la rive
orientale est simplement sinueuse, la rive en face est très découpée ; on trouve d'abord
la baie de Sebra, qui était la limite des eaux commerciales ; le littoral court droit ensuite
sur une longueur de 1.500 mètres environ; puis il s'incurve à nouveau, formant les baies
Ponty, Seti-Meriem, Carouba et Belleaoudet, qui se termine par la pointe de Douar,
distante de 1.100 mètres de la pointe de Shara. Ces deux points délimitent les eaux du
goulet et du lac. La rive occidentale est principalement occupée par la marine de guerre,
qui a ses établissements dans les baies Ponty, Seti-Meriem et Carouba. C'est sur la rive,
en face que se développera le port marchand.
Pour celui-ci, la question principale est le ravitaillement des navires en combustible.
Avant la guerre, Bizerte avait une usine d'agglomérés ; les charbonnages des services de
la flotte ne purent être assurés que grâce au concours de cet établissement industriel
dont l'outillage et les terre-pleins de chargement furent réquisitionnés. L'usine a
retrouvé sa liberté, mais en raison des mesures envisagées pour coordonner les intérêts
commerciaux et les intérêts de la flotte, elle doit entretenir le stock de combustible
destiné aux navires de guerre. Les stocks de charbon de la marine une fois constitués se
désagrègent, se perdent, parce qu'ils ne sont pas renouvelés. L'usine des agglomérés,
sur sa production courante, réservera les quantités nécessaires à la marine.
Aujourd'hui, le charbon n'est plus le combustible unique pour la navigation. L'emploi
du pétrole se développe avec une rapidité croissante. Bizerte aura aussi ses usines à
essence et ses dépôts de mazout ; trois sociétés ont proposé de s'y installer et comme
l'usine des agglomérés, elles devront entretenir le stock de combustible liquide de la
marine de guerre. La désignation du point où devront s'établir ces sociétés est déjà
faite ; et l’endroit choisi répond aux besoins de sécurité. Dans la construction des
dépôts de mazout, les dispositions seront prises pour que le combustible, s'il prend feu,
ne puisse se répandre dans le goulet. Si le fait venait à se produire, le pétrole enflammé
serait porté vers la terre, suivant le régime des vents ; il ne pourrait ni atteindre l'arsenal,
dans le lac ni remonter le goulet vers la mer.
L'installation des usines de pétrole n'est pas la seule à prévoir pour le développement
du port commercial ; d'autres sont projetées (port des minerais, port des céréales, port
charbonnier, port pétrolier, port frigorifique, etc.). Ce dernier sera le résultat de
l'exploitation d'une des ressources du lac. Nous voulons parler de la pêche. Jadis, une
compagnie, dite des pêcheries, possédait un barrage coupant le goulet, composé de
dispositifs grillagés dans lesquels venaient se prendre les poissons qui, par bandes
nombreuses, vont du lac à la mer. Ce barrage dut être supprimé en raison des passages
répétés des navires allant vers l'arsenal ou en revenant. Aujourd'hui, les mouvements
des bateaux étant fort restreints, le barrage peut être rétabli sans inconvénient, et il le
sera pour ne pas laisser perdre un produit naturel très important. Le poisson pris, il faut
le transporter, d'où la nécessité de l'usine frigorifique prévue pour en assurer la
conversation.
Le goulet est la zone commerciale ; la zone militaire proprement dite est le lac, à
l'extrémité duquel, en face de l'aboutissement du goulet, a été construit l'arsenal avec
ses ateliers, ses bassins, ses dépendances. L'arsenal a dû, pendant la guerre, fournir un
travail énorme ; aujourd'hui, il est presque en sommeil ; nous disons presque, car il n'est
point inutilisé ; dans sa darse sont plusieurs navires à remettre en état, dont le petit
croiseur autrichien Novara, coulé à Brindisi, et renfloué. La besogne existe, mais
combien moindre qu'en pleine activité ! Et cependant l'arsenal doit être prêt à donner
tout son effort en cas de nécessité. D'où l’obligation de le maintenir en état de produire
cet effort. Les dépenses d'entretien sont très élevées et il n'est aucun rendement
régulier, qui vienne les compenser.
Dès maintenant, cependant, des mesures ont été prises pour donner un volant à
cette activité à éclipse : les ateliers ont été ouverts aux réparations des navires de
commerce, les bassins pourront les recevoir pendant la période des travaux aux parties
immergées. On est allé plus loin dans cet ordre d'idées ; on n'a pas seulement réparé
des navires marchands ; les locomotives des chemins de fer tunisiens* ont trouvé dans
l'arsenal matières et main-d'œuvre pour leur remise en état, et, tout récemment, M.
Landry vient de donner l'autorisation d'y construire deux ponts métalliques pour la ligne
de Tunis à Sousse. Les projets vont au delà : on envisage la création d'une station
d'électricité pouvant fournir la force motrice aux usines de la région, usines pour la
fabrication de l'huile, dont la construction se multiplie dans certaines régions de la
Tunisie avec une étonnante rapidité. Disons que, dès maintenant, on prépare le
personnel mécanicien qui fait là-bas complètement défaut, et qui, cependant, est
indispensable au développement industriel. On a organisé un cours d'apprentis à
l'arsenal qui, plus tard, seront des ouvriers de la marine ou des travailleurs pour
l'industrie privée.
Tout cela n'est qu'un début, mais on voit grand, très grand, et tout te monde en
Tunisie est d'accord pour pousser l'organisation aussi loin que possible ; on considère le
développement de Bizerte comme le garant de l'exploitation méthodique et de la mise
en valeur des immenses richesses minières forestières et agricoles de la Tunisie.
Pour tous là-bas, l'arsenal de Sidi-Abdallah, aussi bien dans l'intérêt de la marine que
du commerce, du protectorat que de la France, doit devenir le grand centre
métallurgique et mécanique qui manque à l'Afrique du Nord.
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Bizerte, port mazoutier
(Le Sémaphore algérien, 17 septembre 1920)
La fourniture du mazout aux navires employant ce. combustible, par le port de
Bizerte, est entrée dans la période active.
Les entrepôts sont suffisamment approvisionnés pour répondre maintenant à tous les
besoins.
Jusqu'à présent, les seuls navires se ravitaillant en mazout à Bizerte battent pavillon
américain; ils y viennent à raison de un ou deux par semaine, faisant route d'Amérique
en Orient ou inversement.
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Le mazout
et la Société navale de l’Ouest*
(Le Sémaphore algérien, 17 décembre 1920)
[…] Aucun industriel pétrolier français n'ayant pu lui donner les garanties qu'elle
demandait pour le ravitaillement de ses vapeurs, la société vient de décider de se faire
elle-même importatrice de mazout pour les besoins de ses navires. Dans ce but, elle a
commandé un certain nombre de réservoirs à des constructeurs américains, notamment
à la « Clintic Product Corporation Ltd » à Pittsburgh, et sollicité la concession
d'emplacements du domaine maritime dans plusieurs ports, pour y édifier des réservoirs
où seraient stockés les approvisionnements de fuel oil et où viendraient se ravitailler ses
navires. […]
Bizerte (Tunisie), 2 réservoirs de 10.000 tonnes, en tout 20.000 tonnes
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Le mouvement du port de Bizerte
(Le Sémaphore algérien, 28 décembre 1920)
Le trafic du port de Bizerte en ce moment prend une grande extension. C'est à partir
du mois de juin, mais surtout de juillet, c'est-à-dire avec l'apparition des mazoutiers que
les navires ont commencé à affluer dans notre rade.
Actuellement, le tonnage de jauge net, entré dans le port de Bizerte est, depuis le
commencement de l'année, de 560.000 tonnes, à fin novembre.
Le mois de novembre à lui seuil a donné 120.000 tonnes.
Voilà qui promet pour l'année prochaine, dit l’ « Écho de Bizerte », à qui nous se
empruntons ces renseignements.
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AU SUJET DU PORT DE BIZERTE
(Les Annales coloniales, 11 avril 1921)
(Le Sémaphore algérien, 15 avril 1921)
M. Reycoudier, président de la chambre de commerce de Bizerte, vient de présenter
à M. Lucien Saint un mémoire sur la situation économique de Bizerte.
Le port de commerce de Bizerte se trouve placé en face de difficultés considérables
pour la réalisation de ses desidera les plus légitimes.
En effet, tous des projets, quels qu'ils soient, sont tributaires de l'acceptation
d'autorités nombreuses ne se plaçant pas au même point de vue pour juger les choses
et dont les intérêts, par surcroît, sont bien souvent opposés.
Nous citerons :
1° La marine nationale ;
2° Les autorités militaires ;
3° Le gouvernement tunisien ;
4° La Compagnie concessionnaire du port de Bizerte.
Seule, la chambre de commerce n'a pas voix au chapitre. Est-ce parce que cette
Compagnie est des plus qualifiées pour émettre un avis pratique ? Est-ce pour toute
autre cause ?
Il nous est bien difficile de nous prononcer à sujet.
Ce que la chambre de commerce demande avec instance, c'est d'avoir le droit
d'émettre ses avis et observations, pour toutes les installations projetées dans le port, et
dans la zone décrétée.
Elle demande qu'un plan d'ensemble du port soit enfin établi et que des
emplacements judicieusement choisis soient assignés à toutes les branches du
commerce et de l'industrie appelées à s'y installer.
Cette façon de faire évitera certainement, dans l'avenir, le renouvellement des
erreurs passées et de mécomptes sans nombre.
Puis, le président de la chambre de commerce examine ensuite les diverses questions
intéressantes pour le développement du port et de la région de Bizerte.
C'est d'abord l'exploitation des phosphates tunisiens de Thala, la ligne ferrée de
Nefzas. le réseau de routes, les lignes ferrées, la question de l'eau d'alimentation de la
population, le prolongement de la ligne de Nebeur, l'outillage du port en engins de
levage, remorqueurs et pilotage. les taxes maritimes et le prolongement des quais.
La chambre de commerce réclame encore une voie ferrée électrique de Bizerte-Tunis
reliée directement par Utique.
M. Reycoudier conclut que Bizerte doit devenir le grand port commercial en eau
profonde de Tunis.
Bizerte devenant grand port d'escale pour les navires de tous tonnages, et Tunis
étant relié à Bizerte, la prospérité de cette dernière ville est intimement liée à l'essor que
peut prendre la première.
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[Émanations]
(Les Annales coloniales, 12 septembre 1921)
Il va être procédé par les soins de la Compagnie du port de Bizerte, en vertu de la
convention qui la lie à cette obligation aux services intéressés, au dragage et nettoyage
complet du vieux port. Cette obligation serait, de fait, exécutive tous les 18 ans. Il n'y a
pas été procédé depuis de très longues années, et, si cet échelonnement, de 18 à 18
années, apparaît quelque peu excessif, les habitants de Bizerte n'en enregistrent pas
moins avec une très vive satisfaction la mesure prochaine envisagée.
C'est là, certes, mesure d'hygiène par excellence car nul n'ignore combien sont
infects, à l'heure présente, tant les abords que les fonds du vieux port et combien sont
dangereuses, pour la salubrité publique. Les émanations qui se dégagent par temps
chaud, de ce coin, pourtant si pittoresque et attrayant de Bizerte.
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La Navale de l'Ouest* à Bizerte
(Le Sémaphore algérien, 28 septembre 1921)
La Société navale de l'Ouest vient de recevoir à Bizerte tous les matériaux nécessaires
à la construction de deux premiers réservoirs à mazout, de son dépôt qui en comportera
quatre.
Ce dépôt, dont des travaux d'édification vont être poussés activement et
incessamment, sera situé à la pointe de la baie de Sebra.
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TUNISIE
La vie économique
(Les Annales coloniales, 29 décembre 1921)
Le Journal de Tunis annonce que la déchéance décrétée le 14 courant, de
l'amodiataire de la Pêcherie de Tindja a fourni à l'administration des Travaux publics
l'occasion de reprendre plus activement le projet, à l'étude depuis plusieurs mois, du
rétablissement de l'ancienne pêcherie de Bizerte.
Cette pêcherie, on s'en souvient, était installée au milieu du goulet ; elle était formée
par un immense barrage au centre duquel se trouvaient les bordigues.
Bizerte produisait alors de 6 à 700 tonnes de poisson par an et, rappelons pour
mémoire, ces superbes daurades de quatre et cinq kg l'une dont nous n'avons plus revu
aucun spécimen depuis la suppression de la pêcherie par la marine de guerre.
L'adjudication de la nouvelle pêcherie de Bizerte comprendrait celle de Tindja.
C'est une très importante affaire qui ne demandera pas moins de deux millions cinq
cent mille à trois millions de francs de capital, le barrage à construire devant, à lui seul,
coûter de un million à un million et demi.
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Le voyage présidentiel en Afrique du Nord
par J. Aytey
(Les Annales coloniales, 4 mai 1922)
Par dépêche de notre envoyé spécial :
[…] Au dessert les présidents de la municipalité et de la chambre de commerce
indiquent au président de la République les desiderata de Bizerte, dont la situation
maritime unique souhaiterait des améliorations qui feraient d'elle le point d'arrivée et
de départ du trafic maritime commercial de la Tunisie et un port de guerre de premier
ordre. Tous deux travaillent à cette œuvre et ils espèrent que les pouvoirs publics les
aideront dans leur tâche.
A ces discours, dont l’intérêt n'a pas échappé à M. Millerand, celui-ci a répondu par
un discours qui a été des plus appréciés :
— Ce n'est pas sans une réelle émotion, a-t-il dit en substance, que je songe que,
dans quelques minutes, je quitterai le sol de cette Tunisie où nous venons de passer six
jours qui ont été pour nous un véritable enchantement.
Les promesses qu'il offre permettent de présager sa prospérité. Les destins de la
France et de la Tunisie sont à jamais unis et, à cette occasion, je me félicite d'avoir à
répondre aux deux secrétaires élus, français et indigène, de la conférence consultative.
Je tiens pour un paradoxe aussi affligeant qu'humiliant que ce port merveilleux de
Bizerte soit encore quasiment inutile pour le commerce. C'est là une situation qui ne
peut pas durer et que la France, d'accord avec la Tunisie, ne permettra pas pas qu'on
prolonge, parce que le propre de l’œuvre de l'homme est de vouloir et, par sa volonté,
de surmonter les. obstacles de toute nature. Sans doute, il s'en présente ici. mais ils ne
sont pas de ceux que le travail et la raison ne permettent pas de franchir. Nous devrons
nous féliciter de la fortune de Bizerte parce que, lorsque Bizerte s'enrichit par la mise en
œuvre de ses instruments de production qui sont des plus merveilleux, c'est la Tunisie
tout entière qui en profite.
M. Saint pourra continuer, avec netteté et douceur, mais avec une fermeté dont il a
donné des preuves, de mener à bien les projets dont la réalisation est nécessaire à la
prospérité de la Tunisie, c'est-à-dire à celle de la France. » […]
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BIZERTE
(Les Annales coloniales, 8 mai 1922)
Le mouvement de la navigation, dans notre port, pour la période du 22 au 28 avril
inclus, a été le suivant :
Aux entrées : 4 vapeurs (dont 2 français, 1 américain, 1 grec), et 2 voiliers italiens.
Il a été importé environ 5.200 tonnes de marchandises diverses, dont 4.508 tonnes
de charbon « Cardiff », par le vapeur Laurent-Schiaffino, pour la Société des Houilles, et
125 kg de langoustes, par un voilier italien, en provenance de La Galite.
Aux sorties, les mêmes vapeurs et voiliers.
Il a été exporté environ 3.000 tonnes de marchandises diverses, dont 2.000 tonnes
de phosphates, à destination d'Algérie, par le vapeur grec Constantinos-Pateras, et 300
tonnes de mazout, pour son ravitaillement, par le vapeur américain Colorado-Spring, à
destination de Palerme.
Il a été embarqué, sur le Biskra, à destination de Marseille, 66 passagers civils et 41
militaires.
Le mouvement de la semaine, en navires de commerce, et en fret importé et exporté
a été peu important.
Cependant, et ce nous est une consolation, cette semaine, nous possédons dans nos
eaux, la plupart des unités de notre flotte de guerre. C'est pour nous la source d'une
grande satisfaction, tant par l'animation créée en ville par les nombreux équipages qui
nous visitent, que par la répercussion bienfaisante dont s'en ressent le commerce local
qui, certes, sans de pareilles circonstances fortuites que nous aimerions fort se voir
reproduire plus fréquentes, demeurerait dans le plus grand des marasmes.
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Courrier de la Tunisie
La vie économique
[Mazout]
(Les Annales coloniales, 15 juin 1922)
Depuis longtemps déjà, il était question de la création à Bizerte, par une puissante
société, d'un vaste dépôt de mazout qui serait installé assez avant dans le Goulet (rive
nord).
Depuis, on a reconnu qu'il y aurait de multiples et sérieux inconvénients à établir ce
dépôt sur l'emplacement choisi.
On a donc renoncé à cet emplacement et on a fait choix d'un nouveau terrain sur les
berges de l'avant-port (rive sud).
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NÉCROLOGIE
† Abel Couvreux
(Le Figaro, 24 septembre 1922)
Abel Couvreux, ingénieur civil, entrepreneur de: travaux publics, chevalier de la
Légion d'honneur, est décédé le 22 septembre, en son domicile, à Neuilly-sur-Seine,
boulevard Maillot, n° 70.
[N.B. : une rue de Bizerte perpétua son nom]
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NÉCROLOGIE
† Abel Couvreux
(Les Annales coloniales, 25 septembre 1922)
M. Abel Couvreux, ingénieur, qui fut un des entrepreneurs des ports de Bizerte,
Tunis, Sousse et Sfax et des phosphates de Gafsa, vient de mourir en son domicile, 70,
boulevard Maillot, à Neuilly.
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En l’honneur de M. Lucien Saint
(Les Annales coloniales, 20 mars 1923)
Hier, au Cercle interallié, sous la présidence de M. Charles Georges-Picot, son
président, le syndicat des colons français en Tunisie a offert un déjeuner en l'honneur
de M. Lucien SAINT, ministre résident de France à Tunis.
Ce fut une très belle réunion à laquelle assistaient la plupart des personnalités
parisiennes s'intéressant à la Tunisie. Citons :
Jean HERSENT, président de la Compagnie du port de Bizerte
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Courrier de la Tunisie
Vie économique
(Les Annales coloniales, 3 avril 1923)
La chambre de commerce de Bizerte, après l’exposé d'un important rapport présenté
par M. Reycoudier, son président, vient d'émettre un vœu demandant la transformation
du port de Bizerte en port franc.
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Questions tunisiennes
par Marcel Ruedel
(Les Annales coloniales, 7 mai 1923)
[…] Le pasteur Édouard Soulier, député de Paris, qui a été à la Chambre le rapporteur
du port de Bizerte, de l'arsenal de Sidi-Abdallah, a passé 8 jours à Bizerte, à Ferryville et
dans la région. Il a conclu de ce voyage, comme du précédent accompli il y a deux ans,
que Bizerte était le grand port de l'Afrique du Nord orientale, que sur Bizerte devaient
être dirigés les minerais de l'Ouenza et du Djebel-Onk. Nous verrons si, grâce à sa
prestigieuse autorité, sa thèse triomphe au Parlement. […]
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Courrier de la Tunisie
La vie économique
(Les Annales coloniales, 24 juillet 1923)
En 1922. le tonnage de jauge de l'ensemble des ports tunisiens a accusé une
augmentation de 4 % par rapport à l'année 1921. Les plus-values ont été de 17 % à
Tunis et de 27 % à Sfax. A Bizerte, en raison de la diminution des navires américains
mazoutiers ou chauffant au mazout, le tonnage accuse une moins-value de 40 %.
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[Réfection du môle]
(Les Annales coloniales, 7 août 1923)
La Compagnie du Port de Bizerte va entreprendre incessamment les travaux de
réfection du môle de l'avant-port de Bizerte qui, sous la puissante action des fortes
tempêtes, s'est, en grande partie, démoli.
En raison des crédits réduits que le ministère de la Marine peut annuellement mettre
à la disposition de la Compagnie, la durée des travaux sera assez longue, plusieurs
années, probablement.
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[Réfection du quai d'accostage]
(Les Annales coloniales, 25 septembre 1923)
(Par dépêche.)
La Compagnie du Port de Bizerte a entrepris la réfection complète du quai
d'accostage en face de la gare.
Outre la remise en état du quai proprement dit, la profondeur sur toute la longueur,
qui n'était plus que de six mètres, a été portée à neuf mètres.
Cette profondeur permettra l'accostage à de plus grands navires, et c'est ainsi que
l'on pourra voir à quai, en janvier prochain, un grand paquebot américain dont la visite
est annoncée avec plusieurs centaines de touristes.
Les travaux de réfection seront terminés pour cette époque.
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Les événements et les hommes
[Réfection du môle]
(Les Annales coloniales, 27 novembre 1923)
On sait que les jetées et le brise-lames de l'entrée du port de Bizerte ont subi
d'importantes avaries durant les violentes tempêtes qui se sont succédées durant la
guerre, depuis et jusqu'à ce jour, et qu'il a été décidé d'en entreprendre la réfection.
On s'y prépare à la Compagnie des Ports, et on va commencer incessamment la
construction des blocs en béton de ciment, destinés à former la base et la
superstructure des jetées.
Ces blocs sont énormes ; ils ne pèsent pas moins de quarante tonnes chacun et il en
faudra environ un millier.
C'est donc un travail de très longue haleine.
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COURRIER DE LA TUNISIE
(Les Annales coloniales, 26 février 1924)
Pendant les trois premiers trimestres de 1923, le port de. Bizerte a reçu 355 navires
de tous pavillons, apportant 415.177 tonnes de marchandises diverses.
Ces mêmes navires ont embarqué 226.433 tonnes de produits tunisiens pour
différentes destinations.
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COURRIER DE LA TUNISIE
(Les Annales coloniales, 17 avril 1924)
La Compagnie du Port de Bizerte s'efforce actuellement d'organiser ses services pour
attirer et retenir les navires transportant des touristes dans ce grand port si commode
maintenant à tous les points de vue.
Elle vient de décider d'appliquer aux navires de tourisme une réduction de moitié sur
la taxe n° 1 des tarifs du Port de Bizerte, qui est prévue au paragraphe 1 de l'article
1er du décret du 16. octobre 1920, pour les navires en croisière et les yachts de
plaisance, soit 0 fr. 0075 par tonne de jauge nette et par jour, avec minimum de
perception de 10 jours.
De nombreux touristes et visiteurs étrangers affluent de tous côtés, tant par mer que
par la voie d'Algérie.
El-Djem, en ce moment, en reçoit un nombre considérable qui tous s'en vont
émerveillés de la beauté et de la majesté du théâtre antique comme de la bonne tenue
du village.
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Marseille-Bizerte
(Les Annales coloniales, 31 juillet 1924)
Du 29 août au 11 octobre, le transatlantique Gouverneur-Général-Jonnart effectuera
régulièrement, tous les vendredis, le trajet Marseille-Bizerte (départ à midi, arrivée le
samedi à 17 heures). Un « train paquebot. » quittera Bizerte chaque samedi après
l'arrivée du bateau courrier, à 20 heures 30, ou plus tard si besoin est, pour acheminer
sur Tunis les voyageurs et la poste.
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Pêche au thon
(Les Annales coloniales, 28 août 1924)
La saison de la pêche au thon vient de se terminer et satisfait pêcheurs et industriels
de la région de Bizerte.
On a pris environ 4.200 thons représentant près de 80.000 kg. Dix mille kg de thons
frais ont été expédiés et consommés dans les principaux centres de Tunisie ; le reste a
été conservé ou salé. Une importante expédition de salaisons et de conserves a été faite
en France et en Italie. Les œufs de thon séchés et salés ont été achetés par le
commerce.
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Le mazout à Bizerte
(Les Annales coloniales, 25 septembre 1924)
La Société concessionnaire des réservoirs de mazout et de pétrole du port de Bizerte
possède actuellement trois réservoirs de 10.000 tonnes et deux de 5.000. Le
ravitaillement des quais d'accostage va être facilité par la construction de deux quais
perpendiculaires à la berge. Les navires du plus gros tonnage pourront s'approvisionner
en mazout dans des conditions les plus pratiques et les plus rapides. Les installations
antérieures, commencées avant la guerre, étaient défectueuses et n'encourageaient pas
les navires étrangers à relâcher à Bizerte. Mais depuis les nouveaux aménagements, les
compagnies de navigation, américaines surtout, ont fait connaître leur intention de voir
leurs navires s'approvisionner en mazout et en pétrole à Bizerte.
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(Les Annales coloniales, 17 décembre 1924)
La Compagnie générale transatlantique maintient entre la Régence et la France deux
services, l'un direct de Marseille à Tunis, l'autre de Marseille à Bizerte et Tunis. Sur ces
deux lignes, sont en service des paquebots aussi luxueux et aussi confortables que ceux
de la ligne d'Alger ou de celle d'Oran.
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Antibes-Bizerte-Tunis
(Les Annales coloniales, 18 décembre 1924)
Comme nous l'annoncions, les essais sur la future ligne Antibes-Tunis ont eu lieu et
ont été couronnées de succès.
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Ingénieurs et ingénieurs-conseils
(Annuaire industriel, 1925)
Déchaux (Charles), Bizerte, Tunisie. E.C.P. Représentant de la Compagnie du port de
Bizerte.
Antérieurement : directeur des travaux du Port de Puerto-Militar, Argentine, et
Représentant de la Compagnie du Port de Fédhala, Maroc.
Gallut (Armand), chev. Lég. honn., Bizerte, Tunisie. E.C.P. Directeur des travaux du
port de Bizerte. Entreprise Hersent. (Travaux publics.)
Antérieurement : ingénieur au canal de Suez. Inspecteur du Chemin de fer de BôneGuelma. Directeur du Service des eaux à Porto. Directeur des travaux de la ville de
Dijon.
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Le mazout et le pétrole à Bizerte
(L'Éveil économique de l'Indochine, 25 janvier 1925)
La Société concessionnaire des réservoirs de mazout et de pétrole du port de Bizerte
possède actuellement trois réservoirs de 10.000 tonnes et deux de 5.000. Le
ravitaillement des quais d'accostage va être facilité par la construction de deux quais
perpendiculaires à la berge. Les navires du plus gros tonnage pourront s'approvisionner
en mazout dans des conditions les plus pratiques et les plus rapides.
Les installations antérieures, commencées avant la guerre, étaient défectueuses et
n'encourageaient pas les navires étrangers à relâcher à Bizerte. Mais depuis les
nouveaux aménagements, les compagnies de navigation — américaines surtout — ont
fait connaître leur intention de voir leurs navires s'approvisionner en mazout et en
pétrole à Bizerte.
L’Essor colonial.
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Port de Bizerte
(Les Annales coloniales, 10 et 26 mars 1925)
Le nouvel appontement du port de Bizerte est terminé ; il est réservé aux navires
désireux de se ravitailler en mazout ; ce ravitaillement s'effectue avec toute la rapidité et
la sécurité voulues.
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Mouvement du port de Bizerte
Février 1925
(Les Annales coloniales, 13 mars 1925)
Entrées : 22 vapeurs et 3 voiliers de nationalités différentes, d'un tonnage total de
38.720 tonnes.
Importations : 20.789 tonnes de marchandises diverses, dont 19.198 tonnes de
charbon pour la Société des houilles et agglomérés (5.482 tonnes pour la Marine
nationale) et 35 tonnes de farines, 222 passagers civils et 24 militaires.
Sorties : les mêmes vapeurs et voiliers.
Exportations : 13.756 tonnes de marchandises diverses dont 550 tonnes de mazout ;
300 tonnes de fèves ; 12.200 de minerai de fer pour l'Angleterre et l'Amérique ; 220
tonnes de paille et 100 tonnes de farine, 222 passagers civils et 74 militaires se sont
embarqués à Bizerte.
Le mouvement du port de Bizerte se chiffre ainsi par un excédent de 7.133 tonnes
importées sur celles exportées.
Le vapeur Carnoules a débarqué à Bizerte, 114 tonnes de matériel pour la Marine
nationale.
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Bizerte port franc
(Les Annales coloniales, 25 mars 1925)
M. Pelletier, vice-président du Grand Conseil, qui arrive aujourd'hui à Paris, a été
charge par les délégués au Grand Conseil de la Région de Bizerte, de présenter au
résident général la motion suivante :
« Les délégués de Bizerte au Grand Conseil saluent respectueusement le ministre
résident général, M. Lucien Saint, en leur nom et au nom des populations qu'ils
représentent, et croient opportun de lui rappeler le vœu émis à I'unanimité par le Grand
Conseil en faveur de Ia création d'un port franc ou d'une zone franche à Bizerte, et cela
dans la pensée qu’il pourrait profiter des instants où la Tunisie retient l'attention du
gouvernement de la métropole pour présenter avec son directeur général des travaux
publics, ce vœu de la Tunisie.
Si la création d'un port franc soulevait des difficultés d'ordre économique, les
délégués pensent que celle d'une zone franche ne pourrait rencontrer les mêmes
objections parce que ne supprimant aucune des recettes existantes ; la zone franche,
favorisée d'ailleurs par la disposition des lieux, assurerait certainement, l'avenir de
Bizerte. »
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Lettre de Marseille
(Les Annales coloniales, 30 avril 1925)
Par le Duc-d'Aumale, courber de Bizerte, qui est entré au port le 23 avril, sont arrivés
320 passagers, parmi lesquels MM. le marquis de Mecle et le duc de ClermontTonnerre ; 212 tonnes de vin, son, chiffons, ébauchons ont été également déchargés de
ce navire.
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Port de Bizerte
(Les Annales coloniales, 31 juillet 1925)
Le port de commerce de Bizerte traverse actuellement une crise aiguë, le mouvement
durant la première quinzaine de juillet a été le suivant :
Aux entrées : 10 vapeurs et 13 voiliers de nationalités différentes, ayant apporté 68
passagers civils, 117 militaires, 200 chevaux, 6.800 tonnes de marchandises diverses,
dont 4.600 tonnes de houille, 2.100 tonnes de mazout et 1.557 kg de langoustes,
provenant des îles de La Galite.
Aux sorties : 10 vapeurs et 13 voiliers ayant emporté 119 passagers civils, 152
militaires, 164 tonnes de marchandises diverses.
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COURRIER DE LA TUNISIE
LA, VIE ADMINISTRATIVE
La question de l'eau potable
(Les Annales coloniales, 27 août 1925)
Une convention a été passée le 22 mai 1925 entre le directeur général des Finances
et le directeur général des Travaux publics, des postes et des télégraphes, d'une pari, et
la Compagnie du port de Bizerte, d'autre part, pour le rachat à ladite compagnie, par le
gouvernement tunisien, de la concession pour l'alimentation en eau potable de la ville
de Bizerte..
Cette convention vient d'être définitivement approuvée par un décret que publie le
Journal officiel tunisien.
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Les méfaits de la chaleur
(Les Annales coloniales, 18 septembre 1925)
A Bizerte, ces jours derniers, une cinquantaine de fûts de goudron avaient été
entreposés sur les quais. Sous l'action de la chaleur, les cercles en fer de la plupart de
ces fûts ont éclaté et le goudron s'est répandu sur le sol.
La perte s'élève à plusieurs milliers de francs.
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Un port franc à Bizerte
(Les Annales coloniales, 15 décembre 1925)
La chambre de commerce de Bizerte a nommé, il y a un an (rappelle un article publié
par les soins du Comité Algérie-Tunisie-Maroc), une commission spéciale chargée de
poursuivre la réalisation d'un projet envisagé par elle il y a vingt ans : la création d'une
zone franche dans les eaux du port. Cette commission vient d'exposer ses travaux et de
faire appel à l'opinion des milieux intéressés.
Commercialement, Bizerte est en décadence, Son commerce maritime se limite à peu
près actuellement à l'exportation annuelle de 200.000 tonnes de minerais de fer et à
l'importation de 100.000 tonnes de houille et de quelques milliers de mazout.
Pour vivre il faut à Bizerte un grand trafic maritime. Ce port n’est-il pas prédestiné par
sa situation géographique exceptionnelle à devenir un grand marché international à
distribution, et jouer le rôle dévolu à Malte, à Gênes, à Barcelone ?
L'établissement d'une zone franche trouve ici toutes les facilités possibles, l'étendue
du port de commerce (796 hectares), permettant des installations et des extensions
pour ainsi dire indéfinies, Il n'entraînera aucune diminution de recettes douanières, bien
au contraire, L'action douanière s'exercera, en effet, sur les produits transformés qui
sortiront de la zone franche pour être mis en consommation dans le pays même. Dans
cette zone viendront se fixer — la chambre de commerce s'en porte garante — de
nombreuses firmes industrielles et commerciales et mondiales.
Non seulement Bizerte, mais la Tunisie entière bénéficiera de l'expansion économique
qui se produira indubitablement.
Que peut objecter la Métropole ? Elle n'aura à faire aucun sacrifice financier. Le veto
des autorités militaires et maritimes n'est plus à craindre. Le vice-amiral, préfet maritime
Exelmans fit, en 1922, la réponse suivante à une demande de la chambre de
commerce : « Du côté militaire, aucun doute n'est possible. L'existence d'un port franc
à Bizerte serait très utile à la Marine et, d'une manière générale, à la défense nationale.
Je vais plus loin : il serait nuisible à la marine et à la défense nationale qu'on tentât
l'établissement d'un port franc dans un autre lieu de la Tunisie. La Marine ne saurait
donc hésiter à faciliter l'établissement d'un port franc à Bizerte. »
Enfin, ce n'est plus seulement la chambre de commerce de Bizerte qui présente la
revendication actuelle ; elle a gagné à sa cause l'opinion des représentants de la Tunisie.
Le vœu déposé devant le Grand Conseil à la session de décembre 1924, a été adopté à
l'unanimité.
M. Lucien Saint s'y est associé et, par une lettre du 15 mai dernier, il a fait connaître
à la chambre de commerce qu'il avait saisi de la question le ministre des Affaires
étrangères. Le Département répondit que la création d'une zone franche à Bizerte
retenait toute son attention, mais que la question lui paraissait dominée par celle du
projet la loi relatif à l'établissement de l'union douanière entre la Tunisie et la France.
M. Lucien Saint se rallia à la manière de voir du gouvernement et fut d'avis qu'il
convenait de hiérarchiser les deux questions. Au contraire, la chambre de commerce
estime qu'il faut dissocier les deux questions en les examinant séparément, selon la
motion présentée par la Commission qualifiée.
Actuellement donc, jugeant le moment favorable, la chambre de commerce
demande le dépôt par le gouvernement d'un projet de loi autorisant la création d'une
zone franche à Bizerte. Pour obtenir ce résultat, elle compte sur l’appui des
parlementaires intéressés, sur l’intervention utile de tous ceux qui ont à cœur le
développement de Bizerte et qui ont hâte de voir, dès à présent, l'avenir de ce port
magnifiquement assuré.
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Initiative privée
(Les Annales coloniales, 14 et 15 juin 1926)
On dit depuis longtemps que le port commercial de Bizerte est appelé à un grand
avenir.
Il paraît bien actuellement, grâce à des initiatives privées, justifier les espoirs, que l'on
fondait sur lui.
Il y a quelques mois, M. Deschaux, directeur de la Compagnie des Ports, faisait
construire sur les quais six grands hangars à céréales.
Ces six hangars, aussitôt loués par des négociants tunisois, ne suffisent même pas
aux besoins de la campagne des céréales qui ne fait que commencer.
La Compagnie Algérienne, à son tour, fait construire aussi des hangars et M. Bessis,
de la Banque de Tunisie, vient aussi d'acheter au port de Bizerte, sur les quais du port
commercial, pour une centaine de mille francs de terrain, en vue d'y construire des
magasins et des hangars.
On constate une tendance très marquée des gros céréalistes tunisois à se diriger vers
Bizerte.
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L'importance navale de la Tunisie
par P.-E. GUÉPRATTE,
vice-amiral,
ancien député du Finistère,
ancien gouverneur de la place de Bizerte
(Le Journal des débats, 9 décembre 1926)
Si brillante qu'ait été notre victoire, personne n'oserait prétendre que le traité de
Versailles ait pacifié le monde et éliminé pour jamais les chances de conflit.
Nous ne sommes pas encore fixés sur l'efficacité que pourra avoir dans l'avenir le
Pacte de la Société des Nations pour le maintien de la paix.
Nous demeurons en face d'une seule certitude absolue, à savoir que l'exécution des
traités ne pourra être obtenue que grâce au respect inspiré par notre force.
À ce titre, il nous est particulièrement agréable de rendre hommage au magnifique
effort consenti, pendant le cours des hostilités, par le Protectorat ; la Régence a
répondu à l'appel de la mère-patrie en envoyant sur les divers fronts tous les colons
français mobilisables et 60.000 indigènes, abstraction faite des travailleurs coloniaux.
Mais, pour assurer ce précieux concours, il importe qu'entre la Régence et la
métropole, la mer demeure libre ; et, ce principe étant posé, nous devrons reconnaître
que la majeure partie de la valeur militaire et navale de la Tunisie se concentre en un
point : Bizerte, port chef-lieu de la préfecture maritime et de notre empire nord-africain.
Rappelons-nous les paroles mémorables que, dans un élan d'admiration patriotique,
Jules Ferry prononça en avril 1887, au cours d'une traversée du Lac :
— Oui ! si j'ai pris la Tunisie, c'est pour avoir Bizerte ! A lui tout seul, ce lac vaut la
possession de la Tunisie tout entière !…
La même année, M. de Lanessan publiait un ouvrage où il démontrait la nécessité
de créer à Bizerte un port mixte, tout à la fois commercial et militaire, qui pût rivaliser
avec Malte, et que réclamaient, disait-il, « les intérêts politiques et commerciaux de la
France… »
« … C'est à l'amiral Aube que nous devons d'avoir pris, en 1886, l'initiative de la
création, à Bizerte, d'un port militaire, mais, pour éviter toutes difficultés diplomatiques
et financières, le gouvernement tunisien concéda en 1889, à une compagnie, la
construction et l'exploitation d'un port commercial en eau profonde, susceptible de
recevoir des navires à grand tirant d'eau.
En vue de l'extension du trafic et de la nécessité d'assurer la liberté du canal, la
compagnie fermière amorça l'aménagement d'un port de commerce dans la baie de
Sebra, que la nature semble avoir créée à cet usage »
Et, en effet, il suffit de jeter un coup d'œil sur la carte pour être frappé des qualités
maîtresses de cette magnifique rade, susceptible de donner asile, à toute heure de jour
et de nuit, par des fonds de dix mètres, aux flottes de toutes les puissances maritimes, à
l'abri d'un goulet aussi aisé à franchir que facile à défendre, et en un point stratégique
constituant la route obligatoire de la navigation militaire et commerciale, rayonnant vers
Gibraltar, le Levant, l'Orient, Suez et les Indes.
La guerre s'est chargée de démontrer avec. éclat la valeur militaire de Bizerte, et les
éminents services que cette place est susceptible de rendre. Les Anglais eux-mêmes
furent amenés à négliger Malte en faveur de Bizerte, qui, en résumé, est devenue l'un
des pivots essentiels de l'action maritime des AIliés pendant la Grande Guerre.
Bizerte est, pour ainsi dire, privé de charbon et de mazout. Or, une telle base navale
sans combustibles, c'est tout comme une batterie sans munitions ! Or, sur toutes les
grandes routes du globe, les puissances maritimes ont établi des stations charbonnières,
telles que Gibraltar, Malte, Port-Saïd, en Méditerranée; Aden et Colombo sur la route
des Indes; Singapore, Hong-Kong sur la route de Chine. Les vapeurs de commerce n'y
font escale que pour s'y ravitailler, mais la puissance qui détient ces dépôts en dispose
en temps de guerre pour approvisionner ses croiseurs et ses escadres, et ces stations
prennent le nom de points d'appui de la flotte.
Sous ce rapport, Bizerte, privé de charbon, est en état d'infériorité.
L'amiral Ponty, le créateur de Bizerte, formulait son opinion en ces termes :
« Bizerte doit avoir le même approvisionnement que Malte, c'est-à-dire deux à trois
cent mille tonnes de charbon, car personne ne peut savoir ce que durera une guerre
navale en Méditerranée.
Cet axiome serait évident, même si nous avions l'empire de la mer ; il s'imposerait
bien plus encore le jour où, par suite des aléas de la guerre, l'Afrique du Nord serait
momentanément coupée de ses relations avec la métropole.
Il faut de grands stocks de charbon, de mazout et d'essence, d'autant plus que
l'arrière-pays tunisien ne fournit guère que des lignites, que les gisements de charbon.
de Colomb-Béchar sont fort éloignés et que les recherches de pétrole, activement
poursuivies dans notre empire nord-africain, se bornent encore a des espérances.
Personne n'ignore que le charbon exposé aux intempéries, surtout dans les régions
chaudes, perd graduellement une partie de son pouvoir calorique ; il importe donc de le
consommer et de le remplacer et nous ne trouvons la solution nécessaire du fret de
retour que dans l'aménagement, à Bizerte, d'établissements métallurgiques.
L'arsenal de Sidi-Abdallah est un établissement militaire qui a pleinement justifié,
par les services rendus au cours des hostilités, les sacrifices financiers consentis en sa
faveur.
Mais, sans nul doute, sa valeur serait, pour le moins, triplée, s'il pouvait disposer sur
place des pièces métalliques nécessaires, faute desquelles il serait rapidement réduit au
silence et à l'immobilité.
Et, a ce propos, j'ai plaisir à reproduire les paroles qu'a prononcées l'honorable M.
Louis Barthou lorsqu'il était chef du Département des travaux publics ·
« … Les hauts fourneaux et les usines métallurgiques dont on peut envisager la
création a. Bizerte, au cas où ce port servirait d'escale à un trafic de minerais de fer,
renforceraient singulièrement la puissance militaire de ce port ! »
Voici donc la solution du problème : apport continu de charbon et de coke d'une
part, et, de l'autre, adduction des minerais de fer, qui constituent un riche réservoir, un
peu en Tunisie, mais surtout sur les confins algéro-tunisiens.
En résumé, Bizerte ne peut vivre et prospérer, en tant que port militaire, que s'il est
doublé d'un port commercial actif, lui assurant son ravitaillement économique en
combustible et en produits métalliques nécessaires à la vie de la flotte et. de la place de
guerre.
Or le port de commerce existe d'ores et déjà dans une belle baie, nommée Baie de
Sebra, draguée à dix mètres et entourée de quais, de terre-pleins et d'appareils de
levage. Actuellement, ce havre magnifique est mort ; son mouvement annuel, qui,
pendant la guerre, a surpassé sept millions de tonnes, est retombé à deux cent mille à
peine.
À ce propos, que de fois avons-nous entendu prétendre que guerre et commerce ne
pouvaient jamais s'entendre sur la même rade !
Cet argument nous semble sans valeur, particulièrement dans le cas qui nous
occupe, où nous soutenons qu'ils se compléteront l'un l'autre et que leur coexistence
sera même la condition sine qua non de leur vitalité et de leur puissance.
D'ailleurs, le plan d'eau est tellement considérable que tout le monde peut y vivre
sans se chamailler.
Ceci posé, revenons aux minerais de fer, répartis, comme chacun sait, en gisements
considérables dans la région des confins algéro-tunisiens.
Dès les prochaines années, c'est un tonnage global de cinq millions de tonnes qui
sera disponible sur le carreau de ces diverses mines, Djérissa, Slata, Ouenza, Bou-Kadra
Tya… — non compris les phosphates du Kouif et du DjebeI-Onk.
Pour les acheminer vers la mer, il n'existe actuellement qu'une seule ligne
algérienne desservant la région minière, celle de Tébessa à Bône par Souk-Arrhas,
laquelle, même lorsqu'elle aura été mise à voie normale sur le parcours Tébessa-SoukArrhas, ne pourra transporter annuellement un maximum de plus de deux millions de
tonnes, en raison des difficultés de son profil en région montagneuse jusqu'à Duvivier.
La question de l'Ouenza, nous le savons, a été réglée, en ce qui touche l'amodiation
des mines, mais nous prétendons qu'elle demeure entière au point de vue de
l'évacuation des minerais.
Plus que jamais, le devoir économique le plus impérieux et le plus manifeste est
d'intensifier tous nos éléments de richesse et d'exportation ; dans ces conditions, nous
devons considérer notre beau domaine nord-africain comme formant un tout au point
de vue économique, et les frontières communes à l'Algérie, au Maroc et à la Tunisie
doivent cesser d'être des murailles de Chine.
Du moment que l'Algérie ne peut matériellement pas transporter la totalité de ses
minerais de fer, qu'elle permette à la Régence d'assurer une part de cette exportation ;
loin de voir, de ce fait, diminuer ses ressources fiscales, elle y puisera un important
élément de revenus.
La véritable ligne minière tunisienne, la nature elle-même en indique le tracé ; il
existe, d'ores et déjà, une ligne à voie normale menant presque en ligne droite de
Bizerte à Nébeur, c'est-à-dire à quatre-vingts kilomètres seulement des gisements.
Cette ligne finit en impasse, alors que sa prolongation en pente douce par la vallée
de l'oued Mellègue pourrait être établie jusqu'au massif minier, susceptible de porter
son trafic à deux millions de tonnes environ.
C'est une centaine de kilomètres à construire, en tenant compte des raccordements
en territoire algérien par profil très avantageux et comportant une dépense relativement
modérée.
Bien entendu, nous nous sommes placé presque exclusivement au point de vue
naval, guerre et commerce, et notre vœu le plus fervent est que des compétences
mieux qualifiées que la nôtre reprennent les questions techniques, économiques et
juridiques qui se nouent autour de l'avenir de cette admirable base navale qu'est
Bizerte.
Le projet de loi prévoit que l'ordre de priorité des travaux sera fixé par décret. Je
demande, dans ces conditions, au Parlement, qu'il manifeste sa volonté que le tronçon
Nébeur-frontière bénéficie de cette priorité.
En résumé, j'émets les vœux suivants :
1° Qu'une entente intervienne entre les gouvernements algérien et tunisien, à
l'effet d'autoriser l'exportation du minerai et des phosphates algériens par le territoire
de la Régence, et réciproquement ;
De raccorder entre elles les lignes minières algériennes et tunisiennes ;
De permettre l'évacuation par des ports tunisiens, notamment par Bizerte, du
tonnage de minerais susceptible d'être extrait dans la région et dont les lignes
algériennes ne peuvent assurer le transport, contre redevances à la tonne à payer par
les transporteurs tunisiens et équivalentes aux recettes fiscales qu'eût rapportées à
l'Algérie le transport d'un tonnage équivalent par territoire algérien ;
2° Que le gouvernement tunisien entreprenne dans le plus bref délai, et par priorité
si possible, le raccordement de la région minière à la ligne.
Je le répète : aucun autre élément de l'outillage économique de la Régence ne
représente autant de prospérité et de puissance nationale que ce tronçon de voie
minière. L'œuvre en vaut la peine : la sécurité de notre protectorat, le prestige de la
France en Méditerranée sont, du même coup, en jeu.
Encore un mot, et ce sera le dernier : combien de bons et loyaux Français se rendent
en pèlerinage aux régions libérées, afin de saluer ces nobles populations ! Eh bien !
dans un ordre d'idées différent, mais également impérieux, qu'ils aillent aussi visiter ce
précieux joyau qu'est notre domaine de l'Afrique du Nord ; ils jugeront ainsi mieux de
l'effort magnifique accompli et de ce qui reste à faire !
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LA VIE ÉCONOMIQUE
Les installations frigorifiques
(Les Annales coloniales, 28 mars 1927)
L'installation de deux usines frigorifiques l'une à Tunis, l'autre à Sfax, est signalée par
la Dépêche tunisienne, dans un intéressant article sur « l'emploi du froid ».
[…] Il serait nécessaire d'avoir des entrepôts frigorifiques à Bizerte, Sousse, Gabès,
comme il en existe déjà Tunis et à Sfax. […]
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LES ÉVÉNEMENTS ET LES HOMMES
Les travaux de Bizerte
(Les Annales coloniales, 14 mai 1927)
La Compagnie du port de Bizerte fait exécuter en ce moment le prolongement du
quai de la Société des houilles et agglomérés, dans la baie de Sebra.
Ces travaux ont pour but de permettre et de faciliter le changement des minerais de
fer provenant des mines de Tamam [sic : Tamera].
Ils sont en outre intéressants en ce sens que les vapeurs venant apporter du charbon
à Bizerte pourront repartir chargés de minerais.
Les travaux se poursuivent activement et l'on pense qu'ils se termineront dans une
quinzaine de mois.
Ils coûteront deux millions de francs environ.
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Le port de Bizerte
(Les Annales coloniales, 2 août 1927)
Le mouvement du port de Bizerte, pendant la première quinzaine du mois de juillet,
a été le suivant :
Aux entrées : 21 navires, dont 11 vapeurs et 10 voiliers, d'un tonnage total de
15.109 tonnes et de nationalités différentes.
Il a été importé 1.900 tonnes de diverses marchandises dont 1.280 tonnes de
mazout et 1.480 kg de langoustes, par deux voiliers, provenant de I’île de la Galite.
160 passagers civils et 700 militaires (dont 000 recrues du Sénégal) ont débarqué.
Aux sorties, les mêmes 21 navires qui ont exporté environ 1.000 tonnes de diverses
marchandises, dont 662 tonnes de fèves, de la récolte actuelle, par un vapeur à
destination de Barcelone, 900 passagers civils et 170 militaires se sont embarqués à
Bizerte.
Le mouvement de cette quinzaine a été des plus bas enregistrés depuis très
longtemps, sous le rapport du mouvement du fret, et de plus les sorties ont été
inférieures de 900 tonnes au fret importé.
Malgré la période de la campagne agricole, actuellement en mouvement, les chiffres
d'entrée et de sortie dans ce port sont nuls.
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Le port de commerce de Bizerte
(Les Annales coloniales, 6 octobre 1928)
Répondant au discours que M. Reycoudier, président de la chambre de commerce de
Bizerte lui adressait au cours du vin d'honneur qui lui était offert à l'occasion de son
départ, l'amiral Grandclément se déclara heureux de pouvoir causer avec des hommes
rompus a l'étude des questions économiques :
« Les formules banales des discours écartées, rendons-nous à l'évidence, dit l'Amiral.
Regardons la carte marine, scrutons là. De tous les ports qui s'ouvrent, Bizerte est le
mieux placé sur le littoral, mieux placé que Tunis, mieux placé qu'Alger. Il semble avoir
été créé pour devenir une base militaire et maritime, ce qui est fait, mais encore un port
commercial important ».
L'amiral reconnaît que la création d'une zone franche dans le port de Bizerte est
parfaitement réalisable, disant à ce sujet, qu'il abandonnait bien volontiers ses
préventions premières et faisait amende honorable en reconnaissant l'intérêt du port de
transit, la richesse de l'hinterland pouvant procurer un fret de retour.
L'amiral demande à la chambre de commerce de poursuivre avec vigueur l'étude de
la question d'établissement d'une zone franche ; l'approfondissement du chenal, qui va
être porté à la cote moins douze, donnera encore plus de facilités au port de Bizerte.
Quant à la formule périmée qu'un port de commerce ne peut vivre en juxtaposition
d'un port de guerre, l'amiral en a fait justice, montrant l'exemple de Cherbourg, port
transatlantique.
L'amiral déclara que, pendant la durée de son commandement, il eut toujours le
souci de ménager les intérêts commerciaux.
Étant chef de cabinet de M. Landry, ministre de la Marine, Il a fait adopter le projet
délimitant les eaux commerciales, rendant ainsi libre un plan d'eau considérable que la
marine militaire conservait.
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Le tour du monde
(Les Annales coloniales, 15 janvier 1929)
Dans un récent article du Petit Matin, Paul Lafitte se plaignait de voir Tunis « brûlée »
par les grands paquebots-touristes. Seule, en effet, une petite flottille louche la Tunisie
alors que la gigantesque escadre-touriste qui, aujourd'hui, sillonne le monde s'arrête à
Alger.
Tunis, évidemment, mérite qu’on s'y arrête, surtout quand on passe, pour ainsi dire,
à sa porte. Sans doute son port est inabordable pour les très grands paquebots ; mais
Bizerte peut devenir son port d'escale : la preuve c'est que la Compagnie générale
transatlantique, montrant le bon exemple, dirige sur Bizerte son paquebot « France »
venant d'Amérique. […]
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LA VIE ÉCONOMIQUE
Bizerte est florissant
(Les Annales coloniales, 23 juillet 1929)
Depuis quelques semaines, le port de Bizerte connaît une grande activité. On reçoit
environ 2.000 tonnes de céréales par jour. Le Gouverneur-Général-de-Gueydon avait dû
retarder son départ de deux heures pour embarquer 800 tonnes de blé.
L'affluence des minerais n'est pas moindre et les quais sont encombrés de
marchandises. […]
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COURRIER DE LA TUNISIE
LA VIE ÉCONOMIQUE
La gare de Mateur
(Les Annales coloniales, 1er août 1929)
Mateur, véritable nœud de voies ferrées, centre agricole important, jalonne la ligne
Tunis-Bizerte en intersection.
En pattes d'araignées, se greffent sur cette voie principale les lignes qui bifurquent
sur Béja, Tabarka et Nabeur.
Mateur reçoit actuellement en céréales une moyenne de 100 wagons par jour. 60 lui
viennent de Déjà, de Souk-el-Arba, de Souk-el-Khemis ; 40 sont chargés sur place.
Tout cela, c'est-à-dire mille tonnes en moyenne, est acheminé sur Bizerte, port
devenu trop petit par l'afflux soudain de ces produits précieux du sol.
Les quais de Bizerte sont littéralement encombrés, les sacs de céréales s'érigent en
piles imposantes et, depuis le 1er juillet, plus de 80.000 quintaux ont été exportés.
Ce mouvement appréciable a donné au port de Bizerte le regain d’activité qui ne
devrait jamais lui manquer.
A Mateur, il n'y a pas que les céréales qui transitent ou qui y sont chargées, ainsi que
la paille et le fourrage, quantités non négligeables. Il faut citer les trains de minerais à
acheminer sur Bizerte et qui, chaque jour, à l'effectif de 30 wagons de 30 tonnes,
viennent de Sedjenane ou de Tamera, bifurquer à Mateur.
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Mouvement en janvier du port de Bizerte
(Les Annales coloniales, 15 février 1930)
Pendant le mois de janvier, il est entré 30 navires dans le port de Bizerte,
représentant un tonnage de 41.285 tonneaux de jauge nette, marchandises importées :
charbon 2.095 tonnes, mazout 1.780 tonnes, marchandises diverses 5.174 tonnes.
Exportation : 4.750 tonnes de minerai de fer et 4.000 tonnes de marchandises
diverses et de céréales.
Aux arrivées : 355 passagers.
Aux départs : 359 passagers.
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PORT DE BIZERTE
(Les Annales coloniales, 7 juin 1930)
L’assemblée ordinaire, tenue le 2 juin, sous la présidence de M. Jean Hersent, a
approuvé les comptes de l'exercice clos le 31 décembre 1929 présentant un solde
bénéficiaire correspondant à l'intérêt statutaire de 5 % des actions de capital pendant
l’exercice. Rappelons que cet intérêt a été payé en deux fois : le 1er juillet 1929 et le
1er janvier 1931.
M. Georges Thomas5 , administrateur sortant, a été réélu.
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COURRIER DE LA TUNISIE
LA VIE ÉCONOMIQUE
Bizerte
(Les Annales coloniales, 22 juillet 1930)
Elle est mouvementée l'histoire de celle qui fut l’Hippogretta punique, le lacus
hipponensis romain, la Benzert arabe et qui est, aujourd'hui, la ville la plus française de
la Régence.
Le lac a une superficie de 110 kilomètres carrée et communique avec la mer par un
canal de 1.200 mètres de long, creusé à la cote - 10 et large de 200 mètres.
Quand les travaux en cours dans la baie de Sebra seront terminés, le port de
commerce aura une surface d'eau de 45 hectares et 2.500 mètres de développement
de quais, pourvus de l'outillage le plus moderne.
5
Georges Thomas : probablement un descendant d’Henri Thomas (beau-frère d’Alphonse Couvreux et
son collaborateur pour les travaux du canal de Suez). Frère d’Anne-Marie, mariée à Jean-Baptiste Hersent.
Co-fondateur de l’Énergie électrique de Bizerte, administrateur délégué de la Franco-Marocaine de
Fedahla et du Port de Fedahla, administrateur de la Manufacture marocaine de calorifuges et lièges
agglomérés (ibid.), de l’Afrique minière équatoriale, etc.
Son importance militaire est primordiale en raison de sa situation. Son trafic
commercial, par contre, est des plus médiocres, mais il semble que Bizerte doive bientôt
sortir de sa léthargie. Un projet de loi a été déposé au Parlement pour l’établissement
d'une zone franche dans le port.
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LES SERVICES ACCESSOIRES DES CHEMINS DE FER TUNISIENS
(L’Africain, 3 octobre 1930)
[…] Il y avait lieu, par ailleurs, de se préoccuper du mouvement d'entrée et de sortie
des céréales depuis les ports de la Régence jusqu'à ceux du continent européen et vice
versa : les ports tunisiens, en effet, n'ont pas d'organismes assurant le gardiennage, la
conservation, la discrimination des grains suivant les méthodes modernes, c'est-à-dire
avec élévateurs mécaniques, cellules appropriées, transbordeurs aériens, jonction directe
avec la voie ferrée, etc.
Sur l'initiative de la Compagnie du port de Bizerte et de concert avec divers
participants, nous avons fondé une société, dite « Société tunisienne des silos des
ports » qui va construire au port de Bizerte, le premier silo tunisien qui permettra au
commerce des grains de pratiquer dans les conditions tout à. fait rationnelles ses
opérations d'achat et de vente à l'entrée et à la sortie de la Régence. L'expérience
acquise nous permettra d'entreprendre des constructions similaires dans d'autres ports
tunisiens. »
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Mouvement du port de Bizerte
(Les Annales coloniales, 14 octobre 1930)
Durant la période du 16 au 30 septembre, il est entré dans le port 16 navires
représentant un tonnage net de 15.729 tonnes.
Aux importations : charbon : 4.071 tonnas ; bois, 200 tonnes ; essence, 75 tonnes ;
marchandises diverses, 878.
Passagers arrivés : 1.120.
Aux exportations : minerai de fer, 5.025 ; céréales, 780 tonnes ; mazout, 502
tonnes ; marchandises diverses, 327 tonnes.
Passagers partis, 668.
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ÉTUDES FINANCIÈRES
Crédit foncier d'Algérie et de Tunisie
(Les Temps, 10 novembre 1930)
[…] Avec le concours du groupe Hersent et des Chemins de fer tunisiens, il a créé en
1929 les Silos coopératifs et la Société des silos du port de Bizerte. […]
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Mouvement du port de Bizerte
(Les Annales coloniales, 15 novembre 1930)
Pendant la période du 10 au 31 octobre, il est entré dans le port de Bizerte 17
navires représentant un tonnage net de 18.420 tonnes.
Aux importations. — Charbon : 9.377 tonnes ; essence et pétrole : 138 tonnes ;
marchandises diverses : 1.642 tonnes.
Passagers arrivés : 128.
Aux exportations. — Minerai de fer : 12.193 tonnes ; mazout : 1.064 tonnes :
céréales : 830 tonnes: marchandises diverses 132 tonnes.
Passagers partis : 218.
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Les travaux du port à Bizerte
(Les Annales coloniales, 15 novembre 1930)
Les travaux d'aménagement des deux nouveaux appontements à l'extrémité du quai
des phosphates sont prêts d'être terminés : un vapeur a pu accoster à cet endroit et
commencer à embarquer 1.000 tonnes de céréales. On sait en effet que cet
emplacement sera pratiquement réservé aux céréales.
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Le trafic de Bizerte
(Les Annales coloniales, 29 novembre 1930)
Pendant la première quinzaine de novembre, il est entré dans le port de Bizerte 17
navires représentant un tonnage de 26.542 tonnes.
Aux importations : Brai minéral : 2.653, marchandises diverses : 2.110 tonnes.
Passagers arrivés : 531.
Aux exportations : Minerai de fer 5.498 tonnes, céréales : 1.200 tonnes,
marchandises diverses : 148 tonnes.
Passagers partis : 198.
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Les ports tunisiens
(Les Annales coloniales, 26 décembre 1930)
Pendant l'année 1929, le trafic des ports tunisiens a été le suivant :
Sfax : 4.070 navires, 2.570.745 tonnes de marchandises, 7.760 passagers et 12.375
têtes de bétail.
Tunis-Goulette : 3.670 navires, 2.164.237 tonnes de marchandises. 114.766
passagers et 8.726 têtes de bétail.
Bizerte : 903 navires, 504.031 tonnes de marchandises et 19.584 passagers.
Sousse : 1.443 navires, 402.343 tonnes et 58 passagers.
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Le port de Bizerte
(Les Annales coloniales, 19 février 1931)
Au cours des débats du budget de la marine de guerre, M. Charles Dumont, à
propos du chapitre B (approvisionnements divers de la flotte, constitution des stocks de
guerre), a précisé que des travaux sont en cours au port de Bizerte pour le service des
subsistances et notamment pour la construction d'un entrepôt frigorifique.
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PORT DE BIZERTE
(Le Journal des débats, 5 juin 1931)
L’assemblée ord. du 3 juin a voté un divid. de 5 %.
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Les nouveaux silos du port de Bizerte
(Les Annales coloniales, 3 août 1931)
Ainsi que nous l'avions annoncé voici quelque temps, les silos en construction au
port de Bizerte sont à peu près terminés et leur mise en train se fera très prochainement
el permettra un trafic annuel de 50.000 tonnes.
Les silos ont une capacité de 60.000 quintaux.
Ils comprennent :
a) Un ensemble de 15 cellules d'une capacité individuelle de 1.660 quintaux et de 40
cellules de 800 quintaux ;
b) Une organisation mécanique intérieure pour assurer :
1° Le nettoyage des grains à raison de 500 quintaux a l'heure ;
2° Le pesage automatique des grains avant et après le nettoyage ;
3° L'ensachage et le pesage automatique ;
4° Un dispositif de chargement en sacs des navires ;
5° Un dispositif de chargement des grains en vrac sur les navires à la cadence de
2.000 quintaux à l'heure ;
6° Une organisation intérieure pour assurer le chargement des cellules.
Un bâtiment des élévateurs contient une machine adéquate à ces rendements et une
passerelle aérienne supportant des bandes porteuses les conduit jusqu'au port
d'accostage des navires.
Cet ensemble ne forme qu'une partie du projet, ces dispositions ayant été prises en
vue d'une installation jumelle qui porterait le trafic à 100.000 tonnes par an.
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La bac de Bizerte
(Les Annales coloniales, 27 août 1931)
Sont homologuées les taxes portées à l'article 1er de l'arrêté du 10 juillet 1931.
Ces taxes sont passibles de la majoration fixée par décret du 30 novembre 1926.
Les contraventions au règlement du bac faisant l'objet d'arrêtés, et notamment le
refus de payer la taxe de péage, seront punies d'une amende de 1 à 5 francs et, en cas
de récidive, de la peine d'emprisonnement pendant trois jours au plus.
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COMPAGNIE DU PORT DE BIZERTE (Tunisie)
(L’Africain, 29 septembre 1931)
La dénomination de la société définit son principal objet qui comporte, outre la
construction et l'exploitation du port de Bizerte, l'alimentation en eau potable de la ville
et du port.
Le capital est resté fixé, depuis l'origine, à 4 millions ; il est divisé en 800 actions de
5.000 fr. dont, au 31 décembre 1930, 455 avaient été amorties et remplacées par des
actions de jouissance.
Il existe 300 parts ayant droit à 20 % des superbénéfices.
Il a été émis, en outre, deux emprunts obligataires qui figurent au bilan, depuis de
nombreuses années, pour 4.447.240 francs.
De 1922 à 1930, il a été réparti 250 francs annuellement aux actions de capital ;
aucune répartition n'a été attribuée aux actions de jouissance, pendant cette période, le
dividende réparti ayant été limité aux 5 % d'intérêt statutaire ; rien non plus aux parts,
pour la même raison.
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Tunisie
Arrêt du Conseil d'État sur les taxes du port de Bizerte
(L’Africain, 15 janvier 1932)
Le Conseil d'État a statué sur la requête présentée par la Compagnie du port de
Bizerte, aux fins d'annulation d'une décision du ministre de la marine marchande
mettant à la charge de la Compagnie la somme de 118.942 francs représentant les
consignations effectuées par 48 navires de commerce, venus à Bizerte entre avril 1912
et octobre 1914, apportant du charbon aux établissements de la marine marchande.
Dans l'arrêt par lui rendu, le Conseil d'État a déclaré que la taxe d'embarquement et
de débarquement des marchandises rentre parmi celles que doivent acquitter les navire
de commerce venant de la mer à destination, des établissements de la marine, par
application de la convention du 1er mai 1906.
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PORT DE BIZERTE
(Le Journal des débats, 25 mai 1932)
Le dividende sera maintenu à 5 % par action.
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PORT DE BIZERTE
(Le Journal des débats, 15 juin 1932)
L'assemblée tenue le 13 juin a approuvé les comptes de 1931 faisant ressortir un
produit brut de 907.190 fr.
Le dividende a été fixé, comme précédemment, à 5 %, soit 250 fr. brut par action de
5.000 fr.
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(L’Africain, 19 août 1932)
Au-dessous vient Sfax, la capitale du Sud, avec 40.000 habitants, il est vrai que sa
riche banlieue doublerait ce chiffre : Sousse, 25.000, Bizerte 23.000 et Kairouan 21.000
ont fait peu de progrès.
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Les minerais de fer
(Les Annales coloniales, 10 septembre 1932)
Dans les mines de fer, pour la plupart situées dans le Nord de la Régence, l'extraction
se poursuit au ralenti, et les exportations, qui s'effectuent surtout par le port de Bizerte,
sont faibles.
Les stocks emmagasinés sur les quais bizertins sont assez importants depuis quelques
mois.
Aussi, on n'exploite plus guère que les filons de minerais d'une riche teneur.
Le nombre des wagons chargés journellement est ainsi fortement en régression.
Les minerais sont expédiés en grande partie sur l'étranger.
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COMPAGNIE DU PORT DE BIZERTE
(Les Annales coloniales, 8 octobre 1932)
Les recettes brutes du port se sont élevées, en 1931, à 1.292.566 fr. (en diminution
de 111.649 fr. sur 1930) et les dépenses d'exploitation à 1.105.760 fr., laissant une
recette nette de 86.806 fr. contre 250.279 francs l'année précédente.
Le bénéfice net s'établit A 72.750 contre 98.875 francs.
Il est réparti 5 % aux actions de capital.
Il est entré dans le port, en 1931, 944 bateaux jaugeant, 523.557 tonneaux, contre
685 jaugeant 546.928 tonneaux en 1930.
Il a été importé 138.843 t. de marchandises contre 145.055 t. l'année précédente ;
dans ce tonnage, le charbon et le brai entrent pour 82.885 t. contre 100.482 en 1930.
Les exportations se sont élevées à 125.563 tonnes contre 231.331 tonnes en 1930.
Les exportations de minerais de fer ont été de 85.155 t. au lieu de 190.085 en 1930.
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Le bac de Bizerte
(Les Annales coloniales, 27 octobre 1932)
La Direction générale des Travaux publics, désireuse d'apporter une solution à
l’insuffisance du rendement du. bac qui relie la rive de Zarzouna à la ville de Bizerte,
envisage différents aménagements consistant notamment à augmenter du tiers environ
la capacité des bacs en service en utilisant la moitié des passerelles rendues fixes.
Ce travail est d’ailleurs déjà sur le point d'être terminé.
D'autre, part; cette solution n'étant que provisoire, un projet de concours a été
ouvert pour la construction d'un bac neuf et à capacité doublée.
On envisage également comme solution d'attente la mise en service simultanée de
deux bacs, au moins pendant quelques heures chaque jour, dans la mesure où l'état de
ces bacs et de la situation des crédits le permettront.
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LA PROMOTION DE LA LÉGION D'HONNEUR
AU TITRE DE L'EXPOSITION COLONIALE
comprend diverses personnalités tunisiennes
(L’Afrique du Nord illustrée, 12 novembre 1932)
………………
Commandeurs : M. Hersent, dont le nom est lié intimement à la création du port de
Bizerte
…………………………
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PORT DE BIZERTE
(Le Journal des débats, 9 mai 1933)
Le dividende de l’exercice 1932 sera maintenu à 5 %.
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Un grand paquebot de tourisme à Bizerte
par A. R.
(L’Afrique du Nord illustrée, 20 mai 1933)
Bizerte. — Le paquebot de tourisme allemand « Monte-Rosa » amarre aux quais de
Bizerte
Le 8 mai, le paquebot allemand « Monte-Rosa » a pris son mouillage au quai de
Bizerte, ayant à bord 835 touristes que des trains spéciaux et des autocars ont dirigé sur
Tunis.
Le « Monte-Rosa » jauge 15.000 tonnes et sa présence à quai, devant la gare,
affirme les avantages incontestables que présente Bizerte comme port d'escale des
navires de tourisme.
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Une entente économique nord-africaine est-elle possible ?
par Arthur Pellegrin,
délégué du Grand Conseil de la Tunisie
(Les Annales coloniales, 29 juin 1933)
[…] Le port de commerce de Bizerte végète et végétera encore longtemps parce que
les Algériens se sont toujours opposés à la dérivation de quelques milliers de tonnes de
fer de l'Ouenza par la ligne de Nebeur-Bizerte. […]
———————————
COMPAGNIE DU PORT DE BIZERTE
(Les Annales coloniales, 9 août 1933)
En 1932, les recettes brutes du port se sont élevées à 1.152.056 fr., en diminution
de 140.510 fr. sur l'année précédente et les dépenses d'exploitation à 1.008.755 fr.
laissant une recette nette de 143.301 fr. contre 186.806 francs.
Le bénéfice net s'établit à 47.875 fr. contre 72.750 francs.
Les actions de capital ont reçu un dividende de 5 % égal au précédent.
Pour achever son programme de travaux complémentaires, la société a passé avec la
« Caisse des dépôts et consignations » un contrat d'emprunt de 5 millions, à 5 %, et
pour 40 ans, avec l'autorisation et la garantie du gouvernement tunisien.
Il est entré dans le port en 1932, 4.67 navires jaugeant 462.693 tonneaux contre
944 navires jaugeant 523.557 tonnes.
Les importations se sont élevées à 142.554 tonnes de marchandises contre 133.843 ;
dans ce tonnage, le charbon et le brai entrent pour 73,171 tonnes au lieu de 82.885 en
1931.
Il a été exporté 81.248 tonnes de marchandises diverses contre 125.563 tonnes en
1931 et 231.331 en 1930 ; la régression enregistrée a pour cause la cessation presque
complète des exportations de minerais de fer.
Celles-ci ont été de 48.360 tonnes alors qu'elles s'élevaient en 1930 à 190.085
tonnes.
Le service des eaux a produit une recette brute de 427.107 et les recettes de location
de compteurs et entretien de branchements se sont élevées à 62.837 fr. pour un
nombre de 985 abonnés, en augmentation de 74 sur 1931.
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Bizerte, port d'escale des navires de tourisme
(L’Afrique du Nord illustrée, 12 mai 1934)
Partant de Trieste le 8 avril, après une escale à Venise et continuant son itinéraire par
Raguse et Syracuse, « l'Océania ». une des plus belles, des plus modernes unités de la
marine marchande italienne, vînt s'amarrer le 12 à Bizerte.
Pour la première fois depuis la guerre apparaissait ainsi un de ces géants des mers
provoquant chez la population amie de cette ville, une joie ré confortante, attirant sur
les quais une affluence considérable.
Construit dans les chantiers de Monfalcone, l'« Oceania » de la Cosulich. jauge 20
mille tonnes et est doté d'un confort d'une très belle et simple élégance.
Son équipage se compose de 450 officiers, 396 personnes assurent les différents
services et il transportait, dans sa croisière de printemps, 569 touristes de toutes
nationalité.
Plus de quatre mille personnes purent visiter le beau navire à bord duquel fut offert
un thé réunissant, autour de M. Console Gabrici, consul d'Italie à Bizerte ; MM. Mottes,
consul de France, chef de la région Nord ; le général Bel Khodja, caïd-gouverneur ;
l'amiral de Laborde, préfet maritime , et diverses hautes personnalités venues de Tunis.
L'accueil, dont on gardera le souvenir, fut sympathique et charmant.
Légende :
« L'Oceania ». crayon par M Rouget.
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PORT DE BIZERTE
(Le Journal des débats, 16 juin 1934)
L'assemblée du 11 juin a approuvé les comptes de 1933 qui se soldent par un
bénéfice de 352.625 fr. En outre de l'intérêt statutaire de 5 % aux actions de capital, il
sera payé à toutes les actions de jouissance et de capital un dividende de 5,20 % net,
soit 260 fr. net par action.
II sera. distribué également, à partir du 20 juin prochain, aux parts de fondateurs, un
dividende de 213 fr. 33 net au nominatif et 203 fr. 40 au porteur.
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TUNISIE
Les croisières touristiques à Bizerte
(L’Afrique du Nord illustrée, 25 août 1934)
Le grand port de guerre de l'Afrique du Nord, Bizerte, n'a pas seulement
l'importance stratégique que l'on sait ; il présente encore l'avantage d'un port en eau
profonde, dont l'accès à quai est praticable aux plus grands navires et par tous les
temps.
Les facilités d'accostage rapide et d'amarrage au quai nord, face à la douane et à la
gare, le débarquement rapide des passagers, et le fait que les navires peuvent éviter les
frais onéreux de remorquage sont autant de raisons pour lesquelles les grandes
compagnies de navigation qui organisent des croisières touristiques en Méditerranée,
choisissent de préférence Bizerte comme escale au cours de leur itinéraire.
La venue récente de plusieurs navires de croisière de fort tonnage permet
d'escompter une reprise de ce mouvement touristique qui s'était singulièrement ralenti
pour diverses raisons d'ordre économique.
Mais on constate que cette recrudescence de voyageurs porte sur des touristes de
classe moyenne et, fort intelligemment, les compagnies de navigation, pour s'attirer
cette clientèle qui est le nombre, ont baissé les tarifs de leurs transports.
Bizerte est celui des ports tunisiens qui aura le plus profité de ces croisières ;
récemment s'est amarré à quai « Le Vulcania », paquebot italien de 19.000 tonnes,
ayant 185 mètres de long et transportant 1.200 touristes. Ceux-ci, par train spécial et
par autos, ont été amenés à Tunis et ont visité Carthage.
Quelques jours auparavant, Bizerte avait connu aussi une grande animation lors de
l'arrivée du beau navire « Vice-roi des Indes » appartenant à la Peninsular and Oriental
Steam Navigation Company. Jaugeant 20.000 tonnes et mesurant 190 mètres de long,
ce superbe bâtiment est doté du dernier confort : salon de danse, salle de théâtre avec
cinéma, piscine dans le style pompéien, serre, salons de coiffure, courts de tennis ; c'est
un véritable palais flottant où tout est organisé pour la distraction quotidienne du
passager.
Il faut encore noter parmi les récentes escales faites à Bizerte par des navires de
croisières touristiques, celles du « Marjica » battant pavillon yougoslave, et de
l'« Oceania » navire italien. Les uns et les autres ont débarqué leurs passagers qui ont
trouvé de suite sur les quais les autos particulières et les autocars nécessaires pour se
rendre à Tunis ou pour visiter Bizerte et ses environs qui sont fort pittoresques.
Légendes :
Le « Vice-Roi des Indes ».
Le « Marjica » battant pavillon yougoslave et l'« Oceania », italien, à Bizerte.
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Bizerte et le tourisme
par A. R.
(L’Afrique du Nord illustrée, 1er septembre 1934)
Le « Vulcania », pavillon italien 24.000 tonnes, qui a touche Bizerte avec 1.300
touristes
Tant au point de vue historique que stratégique ou économique, il a été dit et décrit
beaucoup de choses sur Bizerte, mais jusqu'ici, nul ne sût mieux que le regretté Albert
Guénard, dépeindre avec un art plus subtil, ni faire connaître d'une façon aussi
harmonieuse, le charme, les attraits d'un pays devenu le port d'escale souhaité, de
quelques-uns des immenses bâtiments qui sillonnent la Méditerranée.
Ainsi, le voyageur disposant de quelques instants brefs, peut donc s'arrêter à cette
porte de la Tunisie, accomplir un très agréable circuit au cours duquel il lui sera donné
de capter des scènes pittoresques, des tableaux vivants, en un mot, jeter un coup d'œil
sur le paysage d'une variété ravissante.
Mais le touriste ne s'y arrête pas. Comme guide, il n'a que celui de la Compagnie de
navigation qui a entrepris la croisière et qu'il consulte, cherchant en vain Bizerte, où il
vient de débarquer et que l'on a omis de comprendre dans l'itinéraire. Par contre, il
peut lire : Tunis, choses à visiter : les souks, celui des parfums ; le palais du Bardo, son
escalier des lions.
Évidemment, c'est beau et comme qui dirait Paris, choses à voir : le Louvre sa
colonnade. Versailles : son Palais, et la Galerie des glaces, etc.
Indécis, circonspect, ne sachant que faire ni où aller, il replie son papier, le fourre
dans sa poche et alors on demeure stupéfait, humilié même, lorsqu'on le voit
s'engouffrer illico dans l'autocar en station, allant ainsi porter ses guêtres vers Tunis, où
il pourra jouir de tout le plaisir qu'offre la cohue, l'encombrement, et, d'où il reviendra
non sans s'être muni de l'indispensable tapis de Kairouan, de la potiche décorative de
Nabeul où de l'éternel croissant tunisien, tous ces bien chers souvenirs d'un voyage et
qu'il aurait très bien pu se procurer à Bizerte, ce joli coin de notre Afrique chaude et
transparente, où il y en a tant d'autres à emporter qui ne s'achètent pas.
————————————
[Le syndicat d’initiative de Bizerte]
par A.R.
(L’Afrique du Nord illustrée, 22 décembre 1934)
[…] Depuis quatre ans d'existence, Bizerte ne lui doit grand-chose, si ce n'est d'avoir
pris l'initiative de faire éditer, quinze jours avant la fin de la récente croisière touristique,
une sorte de guide où sont esquissées quelques notes assez pâles sur notre pays et ses
environs qui méritent d'être plus connus.
Il serait cependant nécessaire que le touriste fut un peu mieux éclairé et il est
incontestable que le meilleur guide à ce sujet est la plaquette que fit éditer, en 1929,
M. Reycoudier, alors président de la chambre de commerce, et à laquelle M. Fort, son
successeur, continuant l'œuvre de propagande du tourisme, ajouta de plus amples
détails fort intéressants. […]
—————————
La Mer
LES PORTS
Bizerte
(Les Annales coloniales, 28 mars 1935)
En février, il est entré 29 navires représentant un tonnage net de 48.093 tonnes.
Aux importations. — Charbon : 4.926 tonnes ; mazout : 1.820 tonnes ;
marchandises diverses : 1.571 tonnes.
Passagers arrivés : 394.
Aux exportations. — Céréales : 860 tonnes ; minerai de fer 7.350 tonnes ; vieux fer ;
200 tonnes. Marchandises diverses : 112 tonnes.
Passagers partis : 473.
—————————
La Mer
LES PORTS
Bizerte
(Les Annales coloniales, 20 juin 1935)
En mai, il est entré dans le port trente-quatre navires représentant un tonnage net de
62.781 tonnes.
Aux importations. — Charbon : 8.333 tonnes ; bois : 350 tonnes ; marchandises
diverses : 4.688 tonnes.
Passagers arrivés : 993.
Aux exportations. — Céréales : 228 tonnes ; minerai : 9.300 tonnes; marchandises
diverses : 108 tonnes.
Passagers partis : 628.
—————————
Bizerte
(Les Annales coloniales, 14 février 1936)
D'importants travaux de dragage à entreprendre de l'entrée du canal jusqu'à
l'arsenal de Sidi-Abdallah, pour ramener le fond à la cote 12, vont être incessamment
entrepris.
Ces travaux s'élèveront à 30 millions et ont été confiés, par le ministère de la Marine,
à une société française qui a sous-traité avec une société hollandaise.
—————————
Bizerte
(Les Annales coloniales, 25 février 1936)
En janvier 1936, il est entré 29 navires représentant un tonnage net de 47.289
tonnes.
Aux importations : charbon, 4.896 tonnes ; essence. 229 t.; marchandises diverses,
5.839 tonnes. Passagers arrivés : 641.
Aux exportations : minerai de fer, 5.900 tonnes ; céréales, 1.348 t.; marchandises
diverses, 420 tonnes. Passagers partis, 350.
———————
Le Budget tunisien de 1937
Dépenses
par Arthur Pellegrin,
délégué au Grand Conseil de la Tunisie
(Les Annales coloniales, 23 octobre 1936)
Les principaux chefs d'accroissement de dépenses publiques sont :
…………………
Le déficit des silos du port de Bizerte présente une augmentation de 950.000 francs.
————————————
M. Albert Fort, président de la chambre de commerce de Bizerte,
est chevalier de la Légion d'honneur
par A. R.
(L’Afrique du Nord illustrée, 20 février 1937)
[…] une innovation heureuse […] fut, d'abord, celle des silos de port, installation
magnifique que malgré certaines oppositions, il réussit à faire édifier et où, vinrent
bientôt se déverser toutes les céréales des riches vallées que borde le Medjerda.
Pour Bizerte, au point de vue commercial, ce fut là un appoint formidable, un regain
de bien-être, de vie, auquel, malheureusement, une chose décevante qu'on appelle « la
crise », allait momentanément mettre un frein et suspendre un instant les efforts. […]
———————
Pour les travaux du port de Bizerte
(Les Annales coloniales, 6 juin 1938)
Sur la demande du président de la chambre de commerce de Bizerte, appuyée par
Armand Guillon, résident général, le ministre de la Marine, a mis à la disposition du
préfet maritime de Bizerte, un crédit de 15 millions pour la continuation des travaux du
môle, et un crédit de 3 millions pour la poursuite des travaux de dragage.
———————
1er MARS 1942 : RACHAT DE LA CONCESSION PAR LE GOUVERNEMENT TUNISIEN
————————
Dafsa, Liaisons financières, 1978 :
ROSARIO (SOCIÉTÉ FINANCIÈRE DE)
47, RUE DE LIÈGE, 75008 PARIS
• PARTICIPATIONS
HIPPO ZARITUS [un des noms de Bizerte]
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TUNISIE
29
www.archivesnationales.culture.gouv.fr/camt/fr/egf/.../rosario.html?
La Compagnie du port de Bizerte (Tunisie) a été fondée en 1890 par Hildevert
HERSENT et deux autres entrepreneurs de travaux publics, Abel COUVREUX fils et le
sénateur Georges LESUEUR, en vue de la construction et de l’exploitation du nouveau
port de Bizerte, conformément à la concession obtenue du gouvernement tunisien
l’année précédente par les deux premiers cités ; cette concession fut rachetée par le
gouvernement tunisien en 1942. La date de dissolution de la compagnie ne nous est
pas connue.
a) Compagnie du port de Bizerte (Tunisie)
211 AQ 10. 1. - Concession par le gouvernement tunisien à MM. Hildevert HERSENT
et Abel COUVREUX fils du nouveau port de Bizerte : contrat de concession et pièces
annexes (convention annexe, cahiers des charges pour la construction et l’exploitation
du port et pour le fermage de la taxe sur le poisson, tarifs des taxes locales). 11
novembre 1889.
211 AQ 10. 2. - Constitution de la société : procès-verbaux et dossiers des
assemblées générales constitutives, actes de société, récépissés de souscription des
actions, correspondance.
1890.
211 AQ 10. 3. - Modification des statuts : texte des statuts modifiés, décret beylical
d’approbation, correspondance. 1898.
4. - Assemblée générale ordinaire du 28 décembre 1900 : rapport du conseil
d’administration, correspondance. 1900.
5. - Tribunal arbitral constitué entre le gouvernement tunisien et la compagnie en vue
de statuer sur un contentieux relatif au compte de premier établissement du port :
compromis d’arbitrage du 6 avril 1903 et avenants, procès-verbal de constitution du
tribunal et procès-verbaux des séances. 1903-1904.
6. - Conventions complémentaires passées avec le gouvernement tunisien et avec la
Marine française : textes des conventions et marchés et pièces annexes, décrets
beylicaux d’approbation, correspondance.
1894-1935.
Conventions avec le gouvernement tunisien du 30 avril 1894 relative à la
prolongation du bail à ferme de la taxe sur le poisson, du 20 novembre 1899 relative à
la réalisation de travaux complémentaires pour les besoins de la Marine française, du
1er juillet 1906 relative à l’application de nouveaux tarifs et au partage des bénéfices
d’exploitation, des 1er mars 1920 et 20 octobre 1931 relatives à la réalisation de
nouveaux travaux complémentaires, et du 31 décembre 1935 relative à l’organisation
du service des eaux de la ville de Bizerte.
— Conventions avec la Marine française du 18 octobre 1897 relative à l’utilisation
par celle-ci des installations portuaires, et des 4 novembre 1897 et 9 juillet 1908
relatives à la fourniture d’eau douce par la compagnie ; marché de gré à gré du 27
décembre 1899 avec la Marine française relatif à la réalisation des travaux prévus par la
convention du 20 novembre 1899 et actes de substitution de MM. Hersent et fils à la
compagnie pour l’exécution de ce marché.
— Convention tripartite du 1er mai 1906 relative à l’utilisation par la Marine française
des installations portuaires et à la prise en charge par le gouvernement tunisien des
services du pilotage et de l’éclairage du port.
— Convention du 30 avril 1920 entre le gouvernement tunisien et la Marine
française révisant la limite des eaux commerciales du port de Bizerte (avec un plan en
annexe).
211 AQ 11. 1. - Conventions passées avec diverses sociétés en vue de l’établissement
d’installations ferroviaires et industrielles sur le port. 1898-1934.
Convention du 31 janvier 1898 avec la Compagnie des chemins de fer de BôneGuelma et prolongements : minute de la convention, correspondance, 1898. Convention du 18 novembre 1907 avec la Compagnie des mines de fer de Kroumirie et
des Nefzas : minutes de la convention et d’un avenant, plans, correspondance, procèsverbal de remise d’installations ferroviaires construites par la Compagnie du port de
Bizerte, 1907-1913.
— Convention du 21 mars 1910 avec la Société générale de houilles et agglomérés :
minutes de la convention et des avenants, plans, correspondance, procès-verbaux de
remise d’installations ferroviaires et portuaires, 19101934. - Convention du 30 mai 1912 avec la Société des mines de Douaria : plans,
correspondance, procès-verbal de remise d’installations ferroviaires, 1912-1913.
2. - Dossiers techniques divers. 1895-1934.
Projet d’ensemble de l’éclairage du port : mémoire descriptif, plans, correspondance,
1895. - Tracé du chenal conduisant du canal au goulet du lac : plan, correspondance,
1898. - Remise à la Marine française de la jetée nord, de la jetée est et du cavalier nord
du port, en application de la convention tripartite du 1er mai 1906 : procès-verbal de
remise, plans et profils, 1907.
— Élargissement de 50 à 70 mètres de la zone des quais de la rive nord du canal,
entre la rue d’Alexandrie et le ras Sellam : plans, notes explicatives, correspondance,
1907.
— Fourniture par la compagnie de l’eau nécessaire aux troupes françaises établies sur
la rive droite du chenal : procès-verbal de la conférence tenue entre les diverses parties,
1908.
— Acquisition par la compagnie de trois grues électriques à portique pour la desserte
du port : marché conclu avec la Société de construction et de location d’appareils de
levage et de matériel de travaux publics, 1933-1934.
211 AQ 12.
Collection de plans. 1890-1895 et s.d.
Projet d’entrepôt de charbon, 1891, 1 pièce.
— Plan du "barrage des pêcheurs", 1890, 1 pièce.
— Projet de la place Ali Bey (remblaiement du canal nord-ouest, entre les
fortifications et le pont de la Skala), 1891 et s.d., 3 pièces.
— Plans de divers feux permanents, 1894 et s.d., 4 pièces.
— Courbes de niveau des fonds du canal (relevés
mensuels), 1893-1894, 8 pièces. - Plans de la jetée nord, 1891 et 1894, 4 pièces.
— Plans des rives du lac de Bizerte, 1890 et s.d., 6 pièces.
— Plans des quais et rues de la ville nouvelle à remettre à la municipalité, 1895, 2
pièces.
— Profils en travers des quais du port et de la gare de chemin de fer, s.d., 7 pièces.
211 AQ 13. 1. - Registre à souches des bons de caisse nominatifs.
1836.
2. - Spécimens d’actions nominatives et au porteur. 1890 et 1940.
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