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FRANZ DOLVECK PAULIN DE NOLE ET FLORUS DE LYON La présence de Paulin de Nole dans les produits de l’activité de Florus de Lyon est manifestée de deux manières, qui ne se recroisent que très partiellement, et peuvent même, en bonne partie, être traitées indépendamment sans grand dommage. Il s’agit d’un côté des extraits de Paulin compilés par Florus dans la Collection de douze Pères, et de l’autre des manuscrits annotés par Florus et où l’on trouve copiées des parties de l’œuvre de Paulin. On va le voir, la source précise du texte paulinien dans la Collection n’est pour l’heure pas identiiable avec certitude ; en fait, les certitudes que l’on peut atteindre sont en nombre très limité, et portent sur des points marginaux : l’essentiel reste hors de portée. En revanche, ce n’est pas exagérer beaucoup de dire que la plupart des problèmes que l’on rencontre dans la tradition manuscrite de Paulin sont en lien avec Florus ; on a donc tout intérêt à chercher à avoir, à défaut de réponses fermes, un tableau aussi précis que faire se peut de la situation. Les œuvres de Paulin se répartissent, du point de vue de leur tradition, en trois ensembles1 : les Natalicia, qui forment un corpus clos, probablement édité par l’auteur lui-même, les autres poèmes (les Carmina varia) et les Epistolae (en prose). Florus a certainement connaissance des Natalicia, mais n’en fait pas état dans ses compilations, qui ne sont formées que de prose, et il n’est, pour autant que nous le sachions, pas intervenu dans la transmission de ces poèmes ; du moins n’en possédons-nous aucun manuscrit 1 L’exposé complet de la tradition manuscrite de Paulin de Nole fait l’objet de la plus grande partie de l’introduction à l’édition des Carmina, (éd. Fr. Dolveck, CCSL 21) : j’en extrais ici ce qui est nécessaire à la compréhension du dossier lorien. C’est naturellement cette édition que j’utilise pour les poèmes ; pour les lettres, c’est l’édition de Wilhelm von Hartel (CSEL 29) dans sa version révisée par Margit Kamptner en 1999. La présente contribution se substitue aux pages consacrées à la question des manuscrits loriens dans Franz DOLVECK, « L’ultime commerce épistolaire d’Ausone et de Paulin de Nole », dans Mélanges de l’École française de Rome – Antiquité, 127/1 (2015), en ligne, §§ 41-45. 178 FRANZ DOLVECK lié à lui, fût-ce de loin2. Les Epistolae et les Carmina varia forment à l’origine un ensemble unique, posthume, qui visait à rassembler les œuvres de Paulin non encore « éditées » par ailleurs ; aussi cet ensemble exclut-il les Natalicia, probablement réunis par Paulin lui-même à la in de la décennie 400, mais aussi les lettres de Paulin déjà connues par ailleurs, c’est-à-dire par les correspondances de Jérôme et d’Augustin. Ce qu’il contient ainsi, ce sont des lettres, uniquement celles écrites par Paulin, sans celles de ses interlocuteurs, suivies par une série de pièces de vers, à vocation plus ou moins épistolaire pour les premières d’entre elles. La tradition de cet ensemble d’Epistolae et de Carmina varia est biide : une première famille, la plus complète, est connue surtout par des manuscrits carolingiens ; l’un provient de SaintDenis (J : LONDRES, BL, Harley 4831) ; un autre (S : PARIS, BNF, lat. 2122) est d’origine précise inconnue, mais il entretient néanmoins des liens extrêmement étroits avec des manuscrits lyonnais, tous anthologiques, qui semblent remonter à un état antérieur du texte paulinien, et qui, s’ils ne sont pas directement liés à Florus, ont néanmoins certainement été connus de lui. Ce sont LEYDE, UB, VLF 111 (le Vossianus d’Ausone), PARIS, BNF, lat. 7558, et PARIS, BNF, lat. 2772. La seconde famille, qui ne contient que les Epistolae, sans les Carmina, est attestée à la fois en Italie, à travers de nombreux témoins humanistes tous issus d’un seul d’entre eux (K : PARIS, BNF, lat. 9548), et à travers le témoignage partiel d’un codex Nolanus reconstitué à partir de deux copies modernes, qui n’ont que les Epist. 40 et 413 ; et à la fois en France, au milieu du XIIe siècle, par deux manuscrits « rhodaniens », l’un provenant de Bonnevaux (L : LYON, BM, 618), l’autre copié à et pour Cluny sur ordre de Pierre le Vénérable (M : MUNICH, BSB, lat. 26303)4. Tout cela peut se résumer par le stemma ci-contre. 2 Florus emploie au moins deux cadences qui ne sont attestées que chez Paulin, dans son Carm. 4, l’Oratio cum commemoratione antiquorum miraculorum Christi Dei nostri, aux v. 66 (= Nat. 2, 23) et 83 (= Nat. 1, 37), mais une recherche exhaustive devrait être menée sur les sources des poèmes de Florus : l’apparat de parallèles dressé par Ernst Dümmler dans son édition (MGH, Poetae 2, p. 507-566) est plus une invitation à la recherche qu’un état déinitif de l’art. 3 Cela ne présume en rien du contenu du codex Nolanus : ces deux lettres ont certainement été extraites non parce qu’elles étaient tout ce que l’on trouvait dans le Nolanus mais parce que, à la date des deux copies modernes (ROME, Bibl. Vallic., C 27 et CITÉ DU VATICAN, Bibl. Vat., Barb. lat. 655), elles sont encore inédites. 4 Liste des pièces, lettres et poèmes, dans ces manuscrits, dans l’édition des Carmina (CCSL 21), p. 69-73. PAULIN DE NOLE ET FLORUS DE LYON 179 C’est dans ce cadre qu’il va falloir chercher à placer le texte utilisé, extrait par Florus de Lyon, et à mesurer l’inluence du même diacre sur la tradition manuscrite telle qu’elle se présente à nous aujourd’hui. La compilation de Paulin de Nole contenue dans la Collection de douze Pères est formée de soixante-neuf extraits ; plus de la moitié d’entre eux est relative à l’Épître aux Romains (21) et à la première aux Corinthiens (16). Ces soixante-neuf extraits sont pris à vingt et une lettres différentes, qui relèvent toutes de la tradition proprement « de Paulin de Nole », sauf une, l’Epist. 45 (FLOR., ex Paul. Nol. 60), qui est en fait transmise par la collection épistolaire d’Augustin, étant adressée à ce dernier. Parmi ces vingt et une lettres, trois sont la source de près de la moitié des extraits (Epist. 23 [11 extraits], 24 [8], 12 [7])5. D’autre part, nous possédons deux manuscrits de Paulin de Nole annotés par Florus : PARIS, BNF, nal. 1443 (désormais Par.), et CITÉ DU VATICAN, Bibl. Vat., Reg. lat. 331 (désormais Reg.) ; tous deux sont lyonnais, et datent du milieu du IXe siècle. Reg., connu surtout comme l’archétype de Pacien de Barcelone, n’est pas consacré qu’à lui : il s’ouvre en fait par une sélection de lettres de et à Augustin, et se termine par des extraits de l’Histoire ecclésiastique d’Eusèbe dans la traduction de Ruin. On trouve, au milieu des œuvres de 5 On trouvera en annexe une liste des extraits loriens, classés dans l’ordre de la compilation puis dans l’ordre dans lequel les manuscrits transmettent les lettres : elle permet de se repérer plus aisément que par le biais de l’éd. P.-I. Fransen, qui ne mentionne pas les numéros des lettres. 180 FRANZ DOLVECK Pacien, deux pièces de Paulin : l’Epist. 40 (en entier, ff. 44v-50) et l’Epist. 24 (sous forme de larges extraits6, ff. 50-54v). Par., quant à lui, est essentiellement un manuscrit d’Augustin : c’est une collection de ses lettres, commençant par cinq lettres de Paulin (Epist. 40, 24, 41, 10, 14), augmentée à la in d’une « annexe » constituée des Epist. 210 et 217 et des traités De divinatione daemonum et De agone christiano (ff. 156-190). Ces deux manuscrits ont donc en commun les Epist. 24 et 40 de Paulin, mais également l’Epist. 98 d’Augustin (adressée à Boniface). Dans Reg., pour ce qui concerne Paulin, Florus n’a pas touché à l’Epist. 24 ; en revanche, l’Epist. 40 est abondamment corrigée, annotée, et crochetée ; et les crochets correspondent aux cinq extraits de cette lettre dans la Collection, à savoir, dans l’ordre de la lettre, FLOR., ex Paul. Nol. 36, 28, 56, 42 et 37. Le texte de la Collection pour ces extraits correspond en tout point – à condition de suivre son témoin B, considérablement plus idèle qu’A – à celui de Reg. : cet argument, qui conirme la suspicion née de la présence des crochets, sufit à conirmer que, pour l’Epist. 40, la source qu’utilise Florus pour constituer la Collection est Reg. Pour ce qui concerne l’Epist. 24, c’est un autre manuscrit qui a servi : certains des numéros de la Collection sont tirés de parties de la lettre non comprises dans les extraits de Reg. (FLOR., ex Paul. Nol. 3, 32, 35, 55, et partiellement 10). Il s’agit dès lors de savoir quels sont les rapports entre Reg. et Par. Dans ce dernier, Florus n’a ajouté de crochets qu’à l’Epist. 24, mais de deux types : le premier, simple, est utilisé pour trois extraits ; le second, pointé deux fois, pour huit. Les trois extraits à crochets simples7 sont pourvus, en marge, de références bibliques, respectivement à l’Épître aux Romains, à la première aux Corinthiens et à nouveau aux Romains8 ; mais nous ne savons pas pour quel usage Florus les avait réservés. En tout cas, ils ne correspondent pas à ce que l’on trouve dans la Collection, ou du moins pas comme ensemble constitué : le dernier de ces extraits est certes iden- 6 I Habeo (p. 201, l. 1) – peccare (p. 202, l. 1) ; II nisi forte (p. 202, l. 9) – possideat (p. 202, l. 26) ; III tu igitur (p. 205, l. 2) – sanctus sum (p. 206, l. 8) ; IV quamobrem (p. 206, l. 22) – patris (p. 209, l. 7) ; V ideo dicit (p. 210, l. 9) – Deo (p. 212, l. 17) ; VI hunc Dominum (p. 217, l. 19) – Deus (p. 218, l. 3) ; VII Deum enim (p. 218, l. 23) – proponeret (p. 220, l. 21) ; VIII et qui nos (p. 221, l. 18) – vici mundum (p. 223, l. 12). 7 I novitatem (p. 212, l. 8) – provocamus (p. 213, l. 14) ; II quae causa (p. 215, l. 21) – suae (p. 216, l. 9) ; III vides (p. 221, l. 4) – pronuntiat (p. 221, l. 13). 8 Le premier extrait est inspiré de Rom. 6, 4-14 ; le second commence en citant I Cor. 9, 24, qu’il commente ensuite ; le troisième commente, d’assez loin, Rom. 2, 28-29. PAULIN DE NOLE ET FLORUS DE LYON 181 tique à FLOR., ex Paul. Nol. 3, mais le premier n’est qu’une partie d’ex Paul. Nol. 10, et le deuxième reste ignoré de la Collection. Le deuxième type de crochets, ceux qui sont pointés deux fois, correspond en revanche exactement au découpage de l’Epist. 24 telle qu’elle est copiée dans Reg (cf. n. 6). Cela devrait sufire à afirmer que Reg. est un descendant de Par., pour l’Epist. 24 et donc aussi pour l’Epist. 40 et pour l’Epist. 98 d’Augustin ; et, en effet, on ne peut opposer aucun argument vraiment déinitif contre une telle hypothèse : même quand Reg. est exempt d’erreurs caractéristiques, plus ou moins manifestes, de Par., on pourrait parfaitement supposer qu’il s’agit du résultat de la divinatio lorienne. Les deux manuscrits, en effet, sont l’un et l’autre corrigés de manière assez lourde ; pas au point que l’on ne puisse pas lire ou deviner le texte qu’ils avaient à l’origine, mais assez pour que l’on puisse douter que Reg. dépende vraiment, malgré l’évidence, de Par. Ces campagnes de correction semblent en effet indépendantes, chacun des deux manuscrits ayant ici ou là des corrections, nécessaires ou pertinentes, que l’autre n’a pas ; par bien des aspects, ainsi, Reg. correspond au texte de Par. avant toutes corrections : Epist. 40, (éd. W. von Hartel, p. 341, l. 20) tibi, benedicte, fructus uberior ea veniet benedicte] benedicite Par.ac Reg. Epist. 40 (p. 345, l. 11) ‘qui seminant in lacrimis in gaudio metent’ (Ps. 125, 5) in2] hii Par.ac Reg. Epist. 24 (p. 209, l. 3) exuamur operibus adversis adversis] a diversis Par.ac Reg. Epist. 24 (p. 211, l. 19) nec ad ignem amputabimur ira quae ad ignem (non add. Par.pc) amputabitur ira Par. Reg. mais, par ailleurs, il arrive aussi relativement souvent (surtout dans l’Epist. 40) que, ayant tous deux le même texte initial, Reg. et Par. aient été corrigés de la même manière : Epist. 40 (p. 342, l. 19) non vero peccatores in felle amaritudinis positos et adhuc tam tenui nexu iniquitatis astrictos positos et] posito sed Par.ac Reg.ac Epist. 40 (p. 346, l. 24) cum illam avem [scil. pellicanum] hoc loco positam diceret avem] autem Par.ac Reg.ac Epist. 40 (p. 354, l. 2) nisi certo libramine mentis vestigia ixerimus libramine] libram in Par.ac Reg.ac Epist. 24 (p. 207, l. 6) patriarcha Iacob patriarcha] petri archa Par.ac Reg.ac et, en quelques endroits, Reg. donne après correction un texte affranchi d’erreurs qui igurent aussi dans Par. (sans correction) : 182 FRANZ DOLVECK Epist. 40 (p. 341, l. 14-15) invicem nexi sumus et ad convivendum et ad commoriendum invicem nexi sumus ad convivendum Par. Reg.ac, i. n. s. et ad commoriendum et ad convivendum Reg.pc Epist. 40 (p. 343, l. 23) si tam ideliter iustitiae et veritati serviamus pro salute nostra quam diligenter iniustitiae et inhumanitati pro morte servivimus servivimus] servimus Par. Reg.ac Enin, il arrive aussi que, bien que partageant un même texte original, ils divergent dans les moyens de le corriger : Epist. 40 (p. 347, l. 17) quam apte huiusmodi pauper peccator Aegyptia vel nocturna avis dicitur pauper peccator] paupere ut peccator Par.ac Reg.ac, pauper aut peccator Par.pc, pauper et peccator Reg.pc Que faut-il conclure de tout cela ? Que, assurément, le texte est à l’origine le même ; il est tout à fait possible que Reg. ait été copié sur Par. avant correction, mais on peut tout aussi bien défendre l’idée qu’ils dérivent indépendamment d’un modèle commun. On tiendra ci-après la première hypothèse par pure commodité et pour simpliier les stemmas : mais ce n’est qu’une convention de travail. En tout cas, il est à peu près certain qu’ils ont été corrigés indépendamment, bien que ce soit, dans les deux cas, par Florus lui-même ou sous sa direction. Il se trouve que Par. est bien plus qu’un manuscrit carolingien d’Augustin et de Paulin : c’est aussi un document exceptionnel, plus encore qu’on ne le croyait, sur l’histoire même du texte dont il témoigne. Le premier colophon de ce manuscrit, copié f. 156 en capitales rustiques, en noir puis en rouge, est bien connu : Legi Facistus iuxta mendosum exemplar in Severinę. Deo gratias. Explicit. Amen. Deo gratias. Il nous apprend qu’un certain Facistus, dont le nom, tel qu’il est transmis, pourrait être la transcription fautive de Faustus, est impliqué dans la réalisation du manuscrit où ce colophon était autographe, et avait à sa disposition un témoin, mauvais (mendosum), dont l’origine indiquée est assez précise pour pouvoir être identiiée : il s’agit de la bibliothèque de San Severino de Naples9. Cette 9 La première mention de cette identiication est vraisemblablement faite par Léopold DELISLE, Inventaire des manuscrits de la Bibliothèque nationale : fonds de Cluni, Paris, 1884, dans la notice de ce manuscrit (qui passe en effet de Lyon à Cluny, à une date dificile à préciser), p. 58, n. 1, qui cite une lettre à lui adressée par PAULIN DE NOLE ET FLORUS DE LYON 183 afirmation, même si elle est ancienne, peut sembler péremptoire et peu assurée ; elle ne l’est pourtant pas en soi, à cause de l’importance reconnue de San Severino, à travers la personne d’Eugippe, dans la tradition des œuvres d’Augustin10, et trouve en outre une conirmation dans la présence d’un composant de nature très particulière parmi les lettres d’Augustin : un petit recueil d’inscriptions métriques, sans rubriques pour l’identiier globalement ni pour en distinguer les unités, et copié à longues lignes aux ff. 76v-77v. Ces quelques inscriptions sont toutes issues d’un relevé épigraphique in situ, dans le complexe basilical de Nole : il s’agit, dans l’ordre, de deux inscriptions postérieures à Paulin et encore visibles aujourd’hui (elles constituent le Carm. 30 de l’éd. Hartel de Paulin), de l’épigramme de Damase sur saint Félix (61 Ihm), et d’inscriptions citées par Paulin lui-même, leur auteur, dans l’Epist. 32, à Sulpice Sévère (nos 10, 11, 21 et les deux vers inaux du no 19)11. C’est donc que le manuscrit que copie Par. avait été produit assez près de Nole pour que quelqu’un fît le déplacement jusque là pour y copier des inscriptions, ou du moins disposât d’une transcription dont la source n’est pas littéraire – n’est pas un manuscrit. Appelons la source de Par. le Neapolitanus (Neap.) par commodité. Il s’agit bien d’une commodité, parce que l’histoire de ce manuscrit ne s’arrête pas là. On n’a pas toujours assez prêté attention au fait que le colophon de Facistus ne se situe pas à la in du volume, mais à la in de sa première partie (celle, d’ailleurs, qui fait seule l’objet de la table initiale, contemporaine de la copie, ff. 1v-2v) : puisque rien ne permet de supposer, à un quelconque stade que ce soit de l’histoire de la collection dont témoigne Par., d’inversion majeure de feuillets ou de cahiers, c’est que tout ce qui suit le f. 156 est un « supplément » ; et il est resté en pratique ignoré que ce supplément a lui aussi un colophon, radicalement différent du premier. Il est copié au f. 191v, le dernier feuillet copié du volume, et était initia- Giovanni Battista De Rossi. Ce dernier développe dans les Inscriptiones christianae Urbis Romae, t. II/1, Rome, 1888, p. 185, où il propose les corrections Faustus et Severini (la dernière seule étant admise universellement). 10 Voir particulièrement Michael M. GORMAN, « Eugippius and the Origins of the Manuscript Tradition of Saint Augustine’s ‘De Genesi ad litteram’ », dans Revue bénédictine, 93 (1983), p. 7-30, aux p. 8 et 30 pour ce manuscrit. 11 Pour l’étude détaillée de ces inscriptions, notamment d’un point de vue archéologique, voir Tomas LEHMANN, « Eine spätantike Inschriftensammlung und der Besuch des Papstes Damasus an der Pilgerstätte des Hl. Felix in Cimitile/Nola », dans Zeitschrift für Papyrologie und Epigraphik, 91 (1992), p. 243-281 — référence fondamentale qui remplace toute la bibliographie antérieure, malgré les quelques réserves que je dois exprimer ci-après. 184 FRANZ DOLVECK lement seul sur cette page12. Il s’agit d’un colophon crypté, chaque lettre étant remplacée par son numéro d’ordre, en chiffres romains, dans l’alphabet ; il n’a été signalé que deux fois, la première par Bernhard Bischoff, la seconde par Tomas Lehmann13. Ce colophon est certainement un héritage, et non une création pour Par. lui-même : on pourrait tout à fait admettre que le copiste-signataire se soit trompé ici ou là de chiffre, mais pas qu’il ait confondu, par exemple, « V. III. » et « VIII. ». En voici une transcription, complétée s’il y a lieu (en petits caractères), et en restaurant systématiquement les séparations manquantes entre certains chiffres14 : V.XI.V.III.XVIIII.XX.XVIII.XVI.XX.Ĩ.XVI.XX.Ĩ.VIIII.XIII.IIII.VIIII.VII.N’ E L E C T U S. Q U Am Q U Am. I N D I G Nus. XI.V.XX.VIIII.XVIIII.I.XVIII.III.XVII.VIIII.XV.XVIII.VIIII.XVIIII L E V I T A. S C R I P S I T. XX.XIIII.XVIII.XVI.XX.VIIII.XI.V.III.XVIIII.XX.XVII.VIIII.V.XVIII V O S. Q U I. L E C T U R I. E SXVIIII.VIIII.XVIII.XIIII.XVII.I.XVIIII.V.XV.XVII.XIIII.XII.V T I S. O R A T E. P R O. M E. ~ XV.V.III.III.I.XVIIII.XIIII.XVII.V.XVIII.VIIII.IIII.XII.I.II.V.I P E C C A T O R E. S I. DeuM. A B E A~ XVIIII.VIIII.XVIII.XV.XVII.XIIII.XVIIII.V.III.XVIIII.XIIII.XVII.V T I S. P R O T E C T O R Em Soit, de manière plus lisible : Electus quamquam indignus levita scripsit. Vos qui lecturi estis, orate pro me peccatore, si Deum habeatis protectorem. T. Lehmann considère qu’Electus est le nom du copiste, et l’identiie alors à un chanoine de Saint-Étienne de Lyon du même nom, connu par la fameuse liste issue du Livre des confraternités de Reichenau15. Cela semble extrêmement improbable : la syntaxe naturelle de la phrase veut que quamquam indignus soit le complément d’electus… levita, formule par ailleurs banale ; le nom du copiste a été perdu, très probablement parce qu’il était lui aussi 12 Il s’y trouve désormais, outre quelques essais de plumes postérieurs, un poème sur les huit modes ecclésiastiques formant une roue autour d’un O central, que l’on peut lire édité dans les MGH, Poetae 5, 3, p. 666, d’après cet unique témoin. 13 Bernhard BISCHOFF, « Nichtdiplomatische Geheimschriften des Mittelalters », dans ID., Mittelalterliche Schriften, t. III, Stuttgart, 1981, p. 120-148, à la p. 139, par erreur dans la catégorie « Clophruna » ; T. LEHMANN, « Eine spätantike Inschriftensammlung… », principalement p. 243, n. 1. 14 Le manuscrit est reproduit en couleurs sur Gallica : il est donc aisé de le comparer avec la présente transcription. Dans cette reproduction, le f. 191v correspond à la p. 394. 15 T. LEHMANN, « Eine spätantike Inschriftensammlung… », ibid. PAULIN DE NOLE ET FLORUS DE LYON 185 « chiffré », peut-être en grec, peut-être d’une manière non reconnaissable immédiatement comme un système textuel. Tout ce que l’on peut dire de lui, en l’état, c’est qu’il était diacre, et qu’il avait l’esprit à chiffrer son colophon. Pourtant, la formule utilisée n’est pas ordinaire ; elle semble même plutôt rare. Les attestations qui en étaient connues en 1961 n’étaient qu’au nombre de vingt, et encore pour le thème « brut » ; la variation dont témoigne Par., avec protector, caractérise à peu près la moitié des exemples (neuf, mais leur pertinence varie). Selon Michel Huglo, qui a étudié la formule16, elle serait d’origine épigraphique, et romaine de Rome ; et la variation avec protectorem (au lieu de l’original adiutorem) serait exclusivement espagnole17 ; ce dernier point n’est pas tout à fait vrai, mais il demeure que, en effet, c’est en Espagne qu’elle connaît une diffusion particulière. La dernière partie de la collection dont Par. est l’ultime avatar est-elle espagnole ? Si c’était le cas, cela voudrait dire que Florus tiendrait son manuscrit non pas d’Italie, mais d’Espagne. Les rapports entre Lyon et l’Espagne wisigothique sont étroits, et bien connus : cela n’aurait rien d’invraisemblable, à condition cependant de pouvoir expliquer le passage du manuscrit d’origine de la région de Naples à la péninsule Ibérique. La conirmation de cela pourrait être obtenue par l’étude du texte augustinien, à supposer qu’il y ait moyen de le rapprocher de témoins hispaniques comparables. Un autre point sur lequel la philologie augustinienne pourrait, et devrait, apporter des éléments de preuve est le sens exact que donne Facistus au verbe legi dans le premier colophon, celui du f. 156v. Quand il dit qu’il a « lu » son manuscrit d’après un exemplaire corrompu de San Severino, veut-il dire qu’il a copié ce dernier, ou qu’il l’a collationné ? En d’autres termes, Facistus a-t-il eu à disposition un ou au moins deux manuscrits ? Le texte dont témoigne Par. est-il contaminé ou non ? Les avis divergent, mais personne, semble-t-il, n’a jamais cherché à obtenir la preuve « archéologique » que constituerait le texte lui-même18. Dans tous les cas, l’étude du texte le garantit, cela ne concerne pas Paulin : même si Facistus a bien eu deux manuscrits à disposition, très certainement, un seul contenait les lettres de Paulin qu’il copie, ou, s’ils étaient plusieurs, 16 Michel HUGLO, « Origine épigraphique d’une note de copiste », dans Hispania sacra, 14 (1961), p. 445-451. 17 Ibid., p. 450. Contra, voir les exemples V (Saint-Gall, s. VIII), VIII (SaintAmand, a. 806), XI (Corbie, s. IX), XII (Bénévent, s. IX), etc. 18 En substance, toute la bibliographie suppose par défaut une contamination, à l’exception de James CAMERON, The Last Pagans of Rome, Oxford – New York, 2011, p. 481-482. Étant donné ce qui se dégage de son analyse des mentions similaires, il a probablement raison – mais l’argument ultime reste à apporter. 186 FRANZ DOLVECK ils étaient tellement proches que la contamination est indécelable et sa reconnaissance sans importance. Cela étant posé, classer Par. dans le stemma des Epistolae de Paulin reviendra donc à classer aussi Reg., et à travers ce dernier la Collection de douze Pères pour les extraits qu’elle a de l’Epist. 40. La place de Par. est, par chance, quelque chose de parfaitement assuré ; les exemples les plus parlants sont dans l’Epist. 24, mais ce que l’on en déduit est valable sans hésitation pour l’ensemble des lettres contenues dans Par. : Epist. 24 (p. 202, l. 3) Itaque de ipsius Domini verbis nostras pariter ac tuas pende rationes, ne vel tibi ut impedito difidas vel nobis ut iam liberis congratuleris, divisiones esse gratiarum et mensuras donationum… congratuleris] S J, congratuleris cogita K, congratuleris primum omnium considerare oportet L M Par. K d’une part et L M Par. de l’autre témoignent de deux manières différentes de l’incompréhension de la syntaxe de la phrase : divisiones esse… est le complément d’ipsius Domini verbis, et n’a pas besoin d’une proposition principale qui lui soit propre. Epist. 24 (p. 205, l. 19) Sed cum videas quantae molis verbum supersit cum ipse Dominus maiestatis adiciat : ‘Et veni, et sequere me’, istam potius dificultatem considera… supersit] suum sit L M Par. Epist. 24 (p. 213, l. 27) Excipit nos mundus iste variis voluptatibus lorens… Excipit nos innumeris anguis insidiis cui nomina mille… nos2] notus L M Par. Il existe donc indubitablement un modèle commun à L M Par., et à eux seulement, ce qui permet de dessiner le stemma suivant : PAULIN DE NOLE ET FLORUS DE LYON 187 Il reste donc à déterminer quel était le manuscrit qu’utilisait Florus pour la Collection pour toutes les lettres sauf l’Epist. 40. Ce manuscrit était probablement unique : à aucun moment on ne relève de variation, parmi les extraits de la Collection, dans les rapprochements qui peuvent se faire. Une chose est extrêmement claire : ce manuscrit ne relève pas de la branche SJ, et cela ne manque pas de surprendre ; puisque, on l’a déjà vu, il existait certainement à Lyon un manuscrit du type qu’ils représentent (et qui inluence les trois manuscrits lyonnais que sont LEYDE, UB, VLF 111, PARIS, BNF, lat. 7558, et PARIS, BNF, lat. 2772), on ne voit pas à première vue pourquoi le texte que compile Florus n’en porte pas la trace. En sens inverse, on peut très clairement afirmer que, d’une manière ou d’une autre, le manuscrit de Florus est apparenté à KLM ; voici quelques exemples19 : Iov. 2 (37-48) Hanc sententiam video de illis obortam magistris qui (…) pro suis arbitriis opera Dei et consilia inxerunt, illis quod mare vel caelum casu regi commoverique videatur ; qui mundum istum aut sine rectore vacuum aut otiante neglectum Deo fortuitis lapsibus volvi disputant : aut nullo auctore compositum, ut principii ita inis expertem (…) aut – quod stultius est – ex semetipso creatum volunt. illis quod] S, illis tantum JKL, illis ergo M, illisque Hartel illis quod – videatur] om. Flor. — toute cette suppression vise à la fois à réduire le texte et à éliminer un passage que Florus avait reconnu comme corrompu (la leçon d’S est probablement celle du manuscrit « lyonnais »). ut principii] aut praep. KLM Flor. — l’addition est une erreur d’analyse de la phrase : le balancement aut… aut est complété plus loin, et ut principii ita inis expertem sert seulement à préciser ce qui précède. Epist. 1 (p. 7, l. 1-3) (ut) eos ipsos qui nos ut minimos hominum scilicet quasi granum sinapis, quod minimum est semium, frangere conantur, uramus. uramus] SJ, curemus KLM Flor. Epist. 11 (p. 72, l. 1-4) (nonne) in illum ambo iuravimus, qui dixit : ‘(…) quaerite primum regnum et iustitiam, et haec omnia apponentur vobis’ (Matth. 6, 33) ? illum] SJ, illo KLM Flor. primum] SJ Vulg., om. KLM Flor. iustitiam] eius add. M Vulg. La dernière variante reportée démontre que, en omettant primum, Florus est bien idèle au texte de son manuscrit, non à tel ou tel état de la Bible latine20. 19 Je cite le premier d’après mon édition des Carmina de Paulin, où la partie en prose de l’Ad Iovium est l’Epist. 16 Hartel. 20 De plus amples remarques sur cet aspect plus haut, dans la contribution d’Emanuela Colombi. 188 FRANZ DOLVECK Malheureusement, une fois cela établi, il n’est pas possible de préciser vraiment la position du manuscrit de Florus parmi le stemma qui lie KLM : à aucun moment on ne peut vraiment le prendre en défaut avec l’un de ces manuscrits contre les autres, et, d’ailleurs, même sans cela, la datation de K (vers 1450–1460) et les lourdes révisions dont témoignent aussi bien L qu’M auraient invité à la prudence – tout ceci même sans prendre en compte le fait que, s’il est un « humaniste » carolingien à même de corriger ex ingenio le texte qu’il lit, c’est certainement Florus, qui a pu par ce biais masquer bien des innovations qui auraient permis de préciser la position de son manuscrit21. Là encore, on ne peut que s’étonner : L et M attestent fermement la présence du texte de Paulin dans la région de Lyon, et il n’y a pas grand risque à extrapoler que, si c’est le cas au XIIe siècle, ce l’était certainement aussi au IXe. Pourtant, si la possibilité théorique que le manuscrit de Florus leur soit apparenté ne peut être éliminée, elle ne peut être afirmée – c’est-à-dire qu’il n’existe pas d’erreur déterminante du manuscrit de Florus et d’LM contre le reste de la tradition, K particulièrement. La sélection opérée pour la Collection ne permet pas de préciser exactement la physionomie du manuscrit de Florus : toutes les lettres qu’il utilise sont présentes dans toutes les branches, sauf l’Epist. 40 – ce qui inviterait à regarder du côté d’SJ, dont c’est l’une des caractéristiques que d'omettre cette lettre, mais on a vu, précisément, que le texte de la Collection est entièrement vierge des (autres) marques qui leur sont propres. Au vu des quelques éléments rassemblés, deux solutions possibles se présentent immédiatement. Soit le manuscrit de Florus dépend du même archétype que KLM mais d’aucun sous-archétype connu, et représente donc une troisième branche : 21 En Epist. 40 (p. 347, l. 15), l’accord de K Par. Reg. et FLOR., ex Paul. Nol. 28 pour donner ingentium (édité par erreur in gentium dans la Collection) contre gemituum n’est sans doute pas pertinent : il me semble très incertain, voire improbable, que gemituum soit le texte authentique, et non une erreur polygénétique. PAULIN DE NOLE ET FLORUS DE LYON 189 soit il représente une solution mixte, et a contaminé l’une des deux branches par l’autre : Aucune de ces deux solutions n’est très satisfaisante, mais toutes deux sont possibles et vraisemblables. Une troisième devrait peutêtre être envisagée : elle est considérablement plus complexe, et a des retombées nettement plus importantes ; je ne la formule qu’à titre de pure hypothèse, à charge pour les spécialistes des Epistolae de Paulin d’en vériier la pertinence. On a vu que Florus ne prenait hors de son manuscrit principal que l’Epist. 40. On pourrait en déduire qu’il estime que ses manuscrits de cette dernière, le Neapolitanus et ses descendants, sont plus autorisés ; mais ce n’est sans doute pas le cas, puisqu’il ne leur prend que cette lettre – et, du reste, la qualité du texte est globalement la même dans les manuscrits 190 FRANZ DOLVECK connus de nous. On est alors fondé à penser que, si Florus prend cette lettre, et cette lettre seulement, ailleurs, c’est qu’elle n’est pas présente dans son manuscrit principal. Ce manuscrit ne peut pas être un parent d’SJ, qui ont pourtant pour caractéristique de ne pas avoir l’Epist. 40 ; et si, en omettant cette lettre, ils n’innovaient pas, mais étaient idèles à la tradition ? Cela signiierait que K et le codex Nolanus d’une part et L et M de l’autre innoveraient chacun de leur côté en réintroduisant l’Epist. 40, à partir d’une source extérieure. On ne peut pas juger de la collection du codex Nolanus, mais c’est possible pour celle de K ; dans ce dernier, les Epist. 40 et 41 (la seconde étant le post scriptum de la première) sont rejetées à la in de la série, juste avant des lettres liées à la correspondance d’Augustin (qui ont été réintroduites, sans doute tardivement). Il est donc vraisemblable qu’il s’agisse d’un ajout, quelles qu’en soient la date et l’origine. Dans L et dans M, qui donnent les lettres dans un ordre notoirement bouleversé, sans doute à la fois par intervention éditoriale et par diverses erreurs et défauts de la source, on peut arriver à la même conclusion mais par des voies différentes, puisque l’on constate que leur archétype a gardé ce qui ressemble à des traces de l’ordre dans lequel les lettres de Paulin igurent dans le Neapolitanus : ainsi l’Epist. 40 ouvre-t-elle la série (dans L seul : dans M, des lettres « augustiniennes » précèdent), juste avant l’Epist. 24 ; l’Epist. 41, qui a perdu son identiication (comme dans le Neapolitanus), en est séparée – ce qui constitue donc une innovation – mais placée juste avant une autre insertion innovante, l’Epist. 26, à Sébastien, transmise par la correspondance de Jérôme. Il est donc tout à fait possible que l’archétype d’LM ait pris les Epist. 40 et 41 au Neapolitanus (directement ou non), et que la source de ce dernier soit également celle où avait puisé l’archétype du codex Nolanus et de K ; c’est-à-dire que l’on aurait un stemma de ce type : PAULIN DE NOLE ET FLORUS DE LYON 191 Si telle est la situation, la position du manuscrit de Florus est aisée à déterminer : elle est bien au voisinage d’L et d’M, et plus précisément en amont d’eux, très probablement : Cette hypothèse, pour improbable qu’elle soit à première vue, a bien des avantages : non seulement elle permet de déterminer une localisation historiquement vraisemblable pour le codex Flori (c’est-à-dire dans la parenté d’L et d’M, donc sans quitter les environs de Lyon), mais encore elle permettrait d’expliquer le statut particulier des Epist. 40 et 41 : cet envoi double, adressé à « Sanctus et Amandus », mentionne (Epist. 41, 1) qu’ils ont dressé une liste des lettres de Paulin, et cela a fait supposer qu’ils étaient les éditeurs des Epistolae ; or la vraisemblance s’y oppose, ne serait-ce que parce que cet envoi est le seul que l’on connaisse que Paulin leur ait adressé – ils seraient bien plus nombreux, sans doute, si les deux « frères » étaient vraiment à l’origine de la collection épistolaire de Paulin. En sens inverse, il est assez surprenant qu’une lettre mentionnant une telle liste, avec ce qu’elle implique, ait été reprise par un autre « éditeur ». Mais si les Epist. 40 et 41 sont hétérogènes, plus rien de tout cela ne pose problème ; et, même, l’invraisemblance de leur réinsertion à deux reprises indépendamment est fortement estompée par le fait que la localisation de leur source est bien attestée à la fois par l’origine du Neapolitanus et par celle du codex Nolanus ; il n’y a peut-être pas de hasard dans le fait que cette source ait essaimé à la fois en Campanie (ce qui est normal) et à Lyon ; mais on peut dire, si cette hypothèse est juste, que Florus a été chanceux de mettre la main sur le Neapolitanus, qui lui a permis de compléter la collection dont il disposait auparavant. Si tout cela est juste, enin, cela implique une dernière chose : que Florus est, 192 FRANZ DOLVECK très probablement, à l’origine de la recension dont témoigne l’archétype d’LM ; recension aux interventions lourdes, parfois scandaleuses aux yeux d’un philologue moderne, mais parfois aussi géniales de bon sens, et faisant d’LM les premiers témoins connus de leçons probablement auctoriales, mais non traditionnelles22. Franz DOLVECK École française de Rome 22 Je ne peux conclure sans remercier de tout cœur Camille Gerzaguet et Pierre Chambert-Protat pour m’avoir poussé à envisager sérieusement cette dernière hypothèse, trop éloignée au départ de tout ce que je savais de la tradition manuscrite de Paulin pour être digne d’attention ; il se pourrait bien, en effet, qu’elle soit en in de compte la seule pleinement satisfaisante. PAULIN DE NOLE ET FLORUS DE LYON ANNEXE FLORVS LVGDVNENSIS, ex Paulino Nolano in Apostolum I. Dans l’ordre des Épîtres pauliniennes Ad Romanos 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 Iov. Iov. Sev. 2 Amand. Iov. Sev. 4 Amand. 2 Sev. 8 Amand. 2 Sev. 2 Apr. 1 Delph. 2 Sev. 8 Sev. 2 Victr. 1 Sev. 4 Delph. 2 Amand. 2 Desid. Sev. 4 Sev. 5 16, 2 (p. 115-116) 16, 9-10 (p. 123-124) 24, 21 (p. 221) 36, 4 (p. 316) 16, 5 (p. 119) 23, 14 (p. 170-171) 12, 2-4 (p. 75-76) 30, 4-5 (p. 265-266) 12, 7 (p. 79) 24, 11-13 (p. 211-213) 38, 11 (p. 333-334) 20, 5 (p. 147) 30, 2-3 (p. 263-264) 24, 9-10 (p. 210-211) 37, 2 (p. 318-319) 23, 21 (p. 179) 20, 1 (p. 143) 12, 10 (p. 82-83) 43, 6 (p. 368) 23, 41 (p. 197) 11, 7 (p. 66) I ad Corinthios 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 Amand. 2 Apr. 1 Sev. 2 Sev. 4 Apr. 3 Sev. de bas. S. et Am. Sev. 5 de gazoph. Sev. 5 Sev. 2 Sev. 2 Sev. 4 Sev. 2 S. et Am. S. et Am. 12, 4-5 (p. 76-78) 38, 1 (p. 324-325) 24, 19-20 (p. 218-219) 23, 27-28 (p. 184-185) 44, 1 (p. 369-370) 32, 24 (p. 298) 40, 6-7 (p. 346-348) 11, 12-13 (p. 71-72) 34, 4 (p. 306) 11, 10 (p. 69) 24, 14-17 (p. 215-217) 24, 8-9 (p. 208-209) 23, 23-26 (p. 180-183) 24, 2 (p. 203) 40, 4-5 (p. 343-344) 40, 11-12 (p. 355) 193 194 FRANZ DOLVECK II ad Corinthios 38 39 40 41 42 43 45 46 47 Desid. Sev. 4 Sev. 4 Sev. 4 S. et Am. de gaz. Sev. 1 Sev. 1 Delph. 4 43, 3 (p. 365-366) 23, 27 (p. 184) 23, 35 (p. 192) 23, 15 (p. 172-173) 40, 11 (p. 353-354) 34, 6 (p. 308) 5, 17 (p. 36) 5, 12 (p. 32) 14, 2-3 (p. 108-109) Ad Galatas 48 49 Sev. 6 Sev. 4 1, 5-6.8-9 (p. 4-8) 23, 14 (p. 171) Ad Ephesios 50 51 52 53 54 55 56 Pamm. Amand. 2 Florent. Desid. Sev. de bas. Sev. 2 S. et Am. 13, 26-27 (p. 106) 12, 6 (p. 78-79) 42, 4 (p. 362) 43, 6 (p. 368) 32, 20 (p. 295) 24, 13-14 (p. 213-215) 40, 9-10 (p. 351-353) Ad Philippenses 57 58 Amand. 2 Amand. 2 12, 5 (p. 78) 12, 7-9 (p. 80-82) Ad Colossenses 59 60 61 Apr. 1 Aug. Sev. 4 38, 3 (p. 326-327) 45, 4-5 (p. 382-384) 23, 22 (p. 179-180) I ad Timotheum 62 63 64 Sev. 6 Sev. 5 Iov. 2, 2-3 (p. 2-4) 11, 9 (p. 68-69) 16, 7-9 (p. 121-122) II ad Timotheum 65 Apr. 38, 5 (p. 328-329) Ad Hebraeos 66 67 68 69 Sev. 4 Sev. 5 Delph. 2 Pamm. 23, 15 (p. 172) 11, 8 (p. 67-68) 20, 7 (p. 148-149) 13, 20-21 (p. 101-103) PAULIN DE NOLE ET FLORUS DE LYON II. Dans l’ordre des manuscrits de Paulin (= consensus d’SJK) 46 45 35 33 14 10 55 32 24 3 6 49 66 41 16 61 34 39 25 40 20 21 67 63 31 29 62 48 13 8 17 12 68 47 4 7 22 57 51 9 58 18 15 23 59 65 11 Sev. 1 Sev. 1 Sev. 2 Sev. 2 Sev. 2 Sev. 2 Sev. 2 Sev. 2 Sev. 2 Sev. 2 Sev. 4 Sev. 4 Sev. 4 Sev. 4 Sev. 4 Sev. 4 Sev. 4 Sev. 4 Sev. 4 Sev. 4 Sev. 4 Sev. 5 Sev. 5 Sev. 5 Sev. 5 Sev. 5 Sev. 6 Sev. 6 Sev. 8 Sev. 8 Delph. 2 Delph. 2 Delph. 2 Delph. 4 Amand. Amand. 2 Amand. 2 Amand. 2 Amand. 2 Amand. 2 Amand. 2 Amand. 2 Victr. 1 Apr. 1 Apr. 1 Apr. 1 Apr. 1 5, 12 (p. 32) 5, 17 (p. 36) 24, 2 (p. 203) 24, 8-9 (p. 208-209) 24, 9-10 (p. 210-211) 24, 11-13 (p. 211-213) 24, 13-14 (p. 213-215) 24, 14-17 (p. 215-217) 24, 19-20 (p. 218-219) 24, 21 (p. 221) 23, 14 (p. 170-171) 23, 14 (p. 171) 23, 15 (p. 172) 23, 15 (p. 172-173) 23, 21 (p. 179) 23, 22 (p. 179-180) 23, 23-26 (p. 180-183) 23, 27 (p. 184) 23, 27-28 (p. 184-185) 23, 35 (p. 192) 23, 41 (p. 197) 11, 7 (p. 66) 11, 8 (p. 67-68) 11, 9 (p. 68-69) 11, 10 (p. 69) 11, 12-13 (p. 71-72) 1, 2-3 (p. 2-4) 1, 5-6.8-9 (p. 4-8) 30, 2-3 (p. 263-264) 30, 4-5 (p. 265-266) 20, 1 (p. 143) 20, 5 (p. 147) 20, 7 (p. 148-149) 14, 2-3 (p. 108-109) 36, 4 (p. 316) 12, 2-4 (p. 75-76) 12, 4-5 (p. 76-78) 12, 5 (p. 78) 12, 6 (p. 78-79) 12, 7 (p. 79) 12, 7-9 (p. 80-82) 12, 10 (p. 82-83) 37, 2 (p. 318-319) 38, 1 (p. 324-325) 38, 3 (p. 326-327) 38, 5 (p. 328-329) 38, 11 (p. 333-334) 195 196 FRANZ DOLVECK 26 52 30 43 38 19 53 54 27 1 5 64 2 69 50 36 28 56 42 37 60 Apr. 3 Florent. de gazoph. de gazoph. Desid. Desid. Desid. Sev. de bas. Sev. de bas. Iov. Iov. Iov. Iov. Pamm. Pamm. S. et Am. S. et Am. S. et Am. S. et Am. S. et Am. Aug. 44, 1 (p. 369-370) 42, 4 (p. 362) 34, 4 (p. 306) 34, 6 (p. 308) 43, 3 (p. 365-366) 43, 6 (p. 368) 43, 6 (p. 368) 32, 20 (p. 295) 32, 24 (p. 298) 16, 2 (p. 115-116) 16, 5 (p. 119) 16, 7-9 (p. 121-122) 16, 9-10 (p. 123-124) 13, 20-21 (p. 101-103) 13, 26-27 (p. 106) 40, 4-5 (p. 343-344) 40, 6-7 (p. 346-348) 40, 9-10 (p. 351-353) 40, 11 (p. 353-354) 40, 11-12 (p. 355) 45, 4-5 (p. 382-384)