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Darras, B. (1999) Dessiner, voir et savoir

1999, Peut-on apprendre à voir ?

Bernard Darras Bernard Darras Dessi ner, voi r et savoi r " Rappelez-volis que ce n'est que par les icônes que nous raison nOliS et que les énoncés abstraits sont sans valeur sauf quand ils flOUS aident à construire des diagra/llmes.)} (Peirce. 4.127. 1983) La vision et le dessin semblent des activités nécessairement solidaires et on pense généralement que le dessin figuratif est fortement dépendant de la perception visuelle_ Dans cet article destiné à aborder la question de la relation du voir, du savoir et du dessin, nous nous attacherons à montrer que l'un des nombreux registres de l'activité graphique est aussi peu gouverné par la vision que par la raison. À partir des approches récentes concernant la représentation figurative des sujets profanes en arts visuels, nous présenterons les résultats d'une expérimentation sur le graphisme ordinaire. Nous tenterons d'expliquer pourquoi les dessins d'une population, même experte en système de représentation, ne répondent pas nécessairement aux exigences de la raison ou de la vision. Bref état de la recherche Pendant presqu'un siècle, les études de la représentation figurative des enfants, des hommes préhistoriques, des « naïfs» et des « primitifs» ont été dominées par la référence à la perception visuelle et au réalisme. Depuis les années 80, des conceptions moins centrées sur l'acte d'imitation, et moins focalisées sur les dimensions expressives ou créatives ont émergé en même temps qu'une remise en cause de l'unidireçtionnalité du développement. Ce changement s'est opéré à partir de nouvelles orientations épistémologiques et théoriques influencées notamment par les approches pragmatistes, cognitivistes, et systémiques 1. Il en résulte actuelle1.. Oarras, B., L'Audiollisuei et les adolescents : étude d'esthétique expérimentale, thèse de doctorat, université de Paris I-Panthéon-Sorbonne, sous la direction de B. Teyssèdre. 1985; OJrras, B. & Kindler, A. M .. « Emergence de l'imagerie», Mscope, n° 6. 1993, p. 82-94; Gardner, H.. Frames af Mind : The Tlteory of Multiples lnte/l(qences, New York, Basic, 1983; Golomb. C .. The Child Creation of a Pictorial World, Berkeley CI Los 311 Les méthodes d' analyse _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ __ ment un foisonnement d'études refusant d'aborder le monde des images comme un univers uniforme. Tout au contraire, ces recherches montrent que de nombreux registres cohabitent et se déploient dans un large éventail de systèmes iconiques. En articulant les destinations et fonctions des registres d'image à leurs conditions de production, ces modélisations contribuent à requalifier ce monde jusqu'alors indifférencié 2 • Exploitant les théories de la communication, de la sémiotique pragmatique et de la psychologie cognitive, j'ai tenté de construire un ensemble expérimental et théorique destiné à remplacer les conceptions trop linéaires et réalistes du dessin des enfants, des adolescents et des adultes profanes 3 . Depuis 1992, ce programme de recherche est développé conjointement avec Anna Kindler 4 . À partir de nombreuses expérimentations et modélisation, nous avons notamment montré qu'à l'exception des situations spécialisées recherchant l'autonomie de la production (l'éducation artistique, la géométrie, la cartographie), il était impossible d'analyser l'acte graphique des sujets profanes en négligeant le contexte des interactions sociales, communicationnelles et plurimédia dont le dessin n'est qu'une partie. Loin de concevoir le dessin comme un système fermé, isolé et autonome, nous avons proposé une modélisation interactionniste et systémique, c'est-à-dire environnementaliste, ouverte rétroactive, dynamique et multi-finalisée. Parallèlement à ce travail de modélisation, mes travaux consacrés à l'organisation des schémas produits par des sujets profanesce qui comprend aussi bien les dessins des enfants que ceux des adultes - dans des situations de communication plurimédia ordinaires réclamaient un changement de perspective. D'ailleurs, l'étude présentée plus loin montre que, selon le contexte, des sujets maîtrisant les systèmes de représentation, peuvent eux aussi pro- 2. 3. 4. Angeles. University of Cali[ornia Press. 1992; Winner. E.• « Development in the Visual Arts. How Universal? 'J. dans : N. Damon (ed .) Child Development Today and Tomorrow. San Francisco. Josey Bass. 1988 ; Wilson. B.. « The ArtisLic Tower of Babel : Inextricable Links Between Culture aud Graphie Development ". Visual Arts Research. vol. Il . n° 1/21. 1985. p . 90-104 ; Wolf. D. & Davis Perry. M .• « From Endpoints tO Repertoires: Some New Conclusions about Drawing Development ". Journal of Aesthetic Education. vol. 22. n° 1. 1988. p. 17-34 ; Wolf. D .• « Drawing the Boundary: The development of Dislinct Systems for Spatial Representation in Young Children ". dans : Spatial Cognition in. Brain bases and Development. Stiles-Davis. J .; Kritchevsky. M. & Bellugi. U. (eds). Hillside. N.J. : Erlbaurn. 1988. A.M. Kindler & B. Darras. « Development of Pictorial Representation: A Teleologybased Model ". Journal of Art & Design Education. vol. 16. n° 3. 1997. p. 217-222 ; A.M. Kindler & B. Darras. « Map of Artistic Dcvelopment ". dans: A. M. Kindler (cd.) Child Deve/opment in Art. Reston. NAEA. 1997. p. 17-44. Ibid. Ibid. 312 _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ Bernard Darras duire des schémas. Pour bien comprendre le fonctionnement de ces schémas, il importait de .qu1tter la セ←ヲイ・ョ」@ au visuel strict tout autant que la référence au rationnel strict. Le domaine de référence qui s'impose alors est celui de la raison communicationnelle et ses enjeux de typicalité, de consensualité et d'efficacité. Nous ne reprendrons pas ici le détail des expériences et exposés théoriques rassemblés dans un ouvrage consacré à ce sujet et dans diverses contributions 5. En revanche, nous présenterons et discuterons les résultats d'une expérimentation sur les schémas conduite avec des adultes experts en techniques de représentation. Shématologie expérimentale Objectif et population Afin de mettre en évidence le monde particulier des schémas, nous avons délibérément choisi de nous adresser à une population incontestablement experte en système de représentation, c'est ainsi que 76 enseignants français du secondaire, majoritairement issus de deux disciplines: les mathématiques d'une part et les arts plastiques d'autre part, ont été invités à participer à notre expérience. Les enquêtes ont eu lieu lors de stages académiques interdisciplinaires organisés par l'IREM (Institut de Recherche sur l'Enseignement des Mathématiques) de l'Université Paris VII. Ces stages portent sur la représentaion de J'espace en arts plastiques, géométrie et géographie. À des fins essentiellement démonstratives, la consigne imposait aussi le dessin d'une flêche, d'une tasse, d'un cavalier, d'un train, d'un papillon et d'une casserole. Nous n'apprendrons pas au lecteur que la casserole 6, dont l'éthymo]ogie remonte au mot « cassa », grande cuillère, se distingue essentiellement des autres instruments de cuisine cylindrique par ses proportions, son manche et secondairement par son bec verseur. Bien que cette partie ne soit pas une pièce obligatoire de l'ustensile, le bec est suffisamment fréquent pour que tous les dessinateurs de cette expérience aient pu en rencontrer et en utiliser des exemplaires. En tous cas, ainsi qu'on Je verra, pour les besoins de l'expérience, il importait que la casserole ait un bec. Protocole Dans la consigne de l'expérimentation, il était donc demandé aux enseignants de dessiner de mémoire une casserole avec son bec et son manche. Ce faisant, nous énoncions dans l'ordre l'accessoires secondaire et l'attribut standard et obligé de la casserole. La consigne était aussi contextuelle puisque les conditions de produc5. 6. Ibid. Ibid. 313 Les méthodes d'analyse tion invitaient plus à produire un croquis rapide qu'une nature morte ou un plan technique. La présentation des résultats et leur discussion se fera en deux étapes. La première concerne les attributs typiques et attendus du schéma de la casserole. La seconde concerne deux phénomènes de « syntaxe» graphique . Résultats de l'étude des attributs Conformément aux exigences de la consigne, les 76 dessins obtenus représentent une casserole. L'un d'eux possède toutefois une poignée plutôt qu'un manche. 11 a toutefois été comptabilisé. Mais, au delà de ce motif commun, les choix graphiques confèrent à l'ensemble de la production un même air de famille. En effet, dans leur immense majorité (96 %), les schémas sont des représentations latérales de la casserole et seuls 4 % des répondants ont dessiné une « vue de dessus». Nous n'utilisons ce terme quà des fins rédactionneUes, et prétendons que les déssinateurs ne raisonnaient pas en terme de vision. Le récipient de la casserole est systématiquement composé de côtés parallèles, et son cylindre est manifesté par des tracés courbes. Les bords supérieurs sont composés d'un trait ellipsoïde (93% des cas), dont la régularité est très variable. La base de la casserole est, elle aussi, fréquemment représentée par une courbe (66% des cas) . À l'exception des « vues )) de dessus, le ratio entre la hauteur de la casserole et sa largeur est conforme aux proportions d'une casserole (± 0,5 soit 1/2) ce qui la distingue nettement des catégories de 314 ___________________________________________ Bernard Darras poêles et de marmites. 80 % des casseroles de notre échantillon de schémas ont des rapports hauteur/largeur compris entre 1/3 pour les plus plates et 1,8/3 pour les plus trapues, le ratio moyen étant à 0,47. Près de la moitié des schémas a un ratio compris entre 0,4 et 0,5 , de chaque côté de cette médiane un quart de la production est plus plate (ratio de 0,3 à 0,4) ou plus trapue (ratio de 0,5 à 0,6). r'--y , / , . Le manche est le plus souvent représenté par un double trait (90 %) qui n'est que rarement colorié (8 % des cas). En revanche, dans 32 % des cas, il est percé à son extrémité. De leur côté, les becs verseurs sont le plus souvent représentés par des motifs en pointes légèrement recourbées vers le bas. Enfin notons que seulement 8 % des dessins comportent des ombres propres et qu'aucun dessinateur n'a utilisé les ombres portées. Analyse des attributs consensuels Rappelons tout d'abord, et très brièvement, que pour la psychologie et la linguistique cognitive une catégorie est dite naturelle si son mode d'organisation est déterminé par la typicalité et hiérarchisé en trois niveaux d'abstraction dominés par le niveau de base 7 . Par ailleurs, les études des composantes du contenu des différents niveaux d'abstraction, montrent que le résumé cognitif du niveau de base est principalement constitué de propriétés figuratives. Les tests de psychologie cognitive ayant recours au graphisme, semblent de leur côté confirmer que ces propriétés figuratives servent de composantes au programme de fabrication des schémas 8. Le schéma issu du niveau de base est donc un dispositif sémiotique figuratif qui articule les principales propriétés d'une catégorie. Ces E. Rosch, "Cognitive Represemations of Semamic Categories », Journal of bxperimental Psychology: General, na 104, 1975, p.192-233; E. RosclJ , « Principles of Caregorization _, dans: Rosch, E" LLoyd B. (cds), Categorization and Cogl1itiol1, HiI\sdalc N.]., L. Er1l>aum, 1978, pp 27-47. ウ L@ Lille, Presses Universitaires de LiUe, 8. . E Cordier, Les Reprlfsentatio/lS fOgnitiws ーイゥカャ←ァセ 1993; M. Denis, «Propriérés figuratives et non figuratives dans l'analyse des concepts », L'Allnù pセケ」ィゥjャッァアオ・L@ na 84, 1984, p. 327-345 . M. Denis, « Formes imagées de la représemation cognitive » , Bulletin de Psycholo,qic, !. XLI. na 386, 1988, p.710-715. 7. 315 Les méthodes d'analyse _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ __ propriétés sont à la fois typiques et consensuelles 9, génériques 10 et neutralisées ll. Conformément à cette approche théorique, la fréquence des attributs récurrents des schémas de la casserole conduisent à classer la majorité des dessins dans la famille des schémas du niveau de base. Le parallélisme des côtés, les courbures basse et haute du récipient, le rapport entre la hauteur et la largeur, l'épaisseur du manche et, à un moindre titre, la présence d'un trou d'accrochage sont les attributs figuratifs typiques, récurrents, consensuels, neutralisés et génériques du schéma de la casserole. Étude de la latéralisation L'étude de la latéralisation des schémas montre aussi une congruence élevée puisque 75 % des dessinateurs ont placé à droite le manche de leur schéma de casserole. Cette distribution dérive manifestement de l'usage et d'une pratique commune dans le monde des droitiers. On dessine comme on prend. Cette covariance est régulièrement confirmée par les études de la latéralisation dans les dessins d'objets possédant une poignée 12. Cette caractéristique doit donc aussi s'inscrire dans le schéma du niveau de base. Schéma générique orienté du niveau de base La négligence du parallélisme Nous avons noté que le schéma du corps cylindrique de la casserole était manifesté par le tracé d'une courbe pour le bord supérieur dans 93 % des cas et par une autre courbe pour la base dans 66 % des cas. Pour la vision comme pour la raison (mécanique), le bord supérieur et la base sont et doivent être parallèles. Or pour un peu plus de la moitié des dessinateurs (51 %) il apparaît que le parallélisme entre les parties haute et basse n'est pas graphiquement conservé 13. Ainsi que le montrent les dessins suivants, tout se passe comme si les attributs étaient indépendants les uns des autres ou 9. 10 Ibid. Ibid. Il. L'opération de neutralisation se déroule au niveau cognitif lors des différents processus d'abstracion et le cas échéans au niveau de l'action lors de la construction des shémas graphiques (R. Langacker, 1987, 1991) 12. Voir la présentation de ces études dans Darras, 1985. 13. Seuls deux 、・ウゥョ。セオイ@ sur 76 n'ont pas représenté la ligne haute de la casserole. 316 ______________セ@ __----------------------- Bernard Darras plus exactement comme si le parallélisme qui est pris en considération pour gérer les côtés ne l'était pas pour le bord et la base. M Mゥ [ セZ セ セZェ@ セ ::.,-==-2= _ _ _ _ o. ⦅ セ@ ___ _ _ • --: - - ..:..-:::z> Il importe ici de noter que les deux parallélismes ne sont pas de même nature. Celui qui gère les côtés ne concerne que les limites et la verticalité, alors que celui qui gère le bord et la base concerne, les limites, l'horizontalité et Jes attributs cylindriques. Lors d'une lecture optico-perspectiviste ces informations peuvent être traitées comme relevant du rendu tridimensionnel de l'épaisseur et de la profondeur. Or les propriétés figuratives du niveau de base des catégories cognitives ne mémorisent pas ou peu les propriétés issues de la troisième dimension. Si dans 51 % des dessins, les propriétés des attributs sont compatibles avec des références optique, géométrique ou mécanique, cette compatibilité ne signifie pas que lors du tracé, le champ de référence était optique, géométrique ou mécanique. Nous en tenons pour preuve J'absence de relation de parallélisme entre le bord et la base. Pour beaucoup de dessinateurs, les ellipses et courbes ne sont pas des indicateurs de profondeur, mais des tracés conventionnels de courbure 14. Placés dans un contexte de production d'un dessin géométrique ou d'un dessin illusionniste, les mêmes enseignants experts en techniques de représentations n'auraient certainement pas manqué de traiter simultanément la circularité et le parallélisme. Or, dans le contexte communicationnel ordinaire de production des signes cette spécialisation n'était pas requise, et les schémas produits n'entravent ni la communication ni l'identification du motif. D'ailleurs, pendant ou après la production, ni les auteurs, ni Jeurs pairs n'ont spontanément remarqué ce phénomène. Car dans le registre des schémas de niveau de base ce parallélisme n'est pas plus utile que le tracé des ombres, des effets de texture ou de profondeur. Toutes ces informations sont conjoncturelles, et singularisantes, donc incompatibles avec les objectifs de neutralisation, typique et générique des schémas. La négligence de l'orthogonalité Nous avons réservé pour fa fin de cette discussion, la présentatiori des résultats du phénomène consensuel le plus pertinent pour 14. D,l'IlS som 、・セ@ la classification peircieJ1lle. au niveau sémiotique des producteu,rs, ces signes légisigncs, iconiques rbématiqucs. 317 Les méthodes d' analyse notre réflexion sur les catégories du voir, du savoir et du représenter. En effet, bien que la casserole soit d'un usage à ce point courant que 75 % des dessinateurs aient enregistré sa prise par la main droite comme caractéristique gestuelle et graphique privilégiée, 63 % d'entre eux ont négligé la relation orthogonale qu'entretiennent le bec et le manche des casseroles réelles. Ce faisant, en privilégiant une distribution linéaire des attributs selon la formule: « bec + récipient + manche», ils contrariaient à la fois leur expérience pratique et visuelle, tout autant que leur savoir rationnel sur les propriétés mécaniques et fonctionnelles de la casserole. Ainsi que nous avons tenté de le montrer à partir de cette étude, les procédures de représentation par schéma sont relativement autonomes et indépendantes des connaissances des propriétés rationnelles comme de l'expérience visuelle et pratique. C'est en tous cas la thèse que nous défendons pour expliquer de nombreux résultats expérimentaux, ainsi que des observations de pratiques graphiques de terrain. Conformément aux résultats de la psychologie cognitive, nous pensons que les schémas résultant d'une production ordinaire répondent prioritairement à des enjeux communicationnels et consensuels. Les solutions les plus typiques sont privilégiées au degré d'abstraction du niveau de base dont les attributs sont neutralisés. Il semble que ces schémas articulent en diagrammes simples les propriétés figuratives saiUantes et ont tendance à négliger leur coordination complexe et les effets individuants tels que l'épaisseur des objets, leur texture, les effets contingents d'ombre et de lumière, etc. La schématisation permet le traitement simultané de trois enjeux économiques relevant des niveaux cognitif productif et interprétatif. Ce fonctionnement cognitif est tout à fait compatible avec les possibilités bidimensionnelles des supports généralement utilisés pour le dessin (il n'est d'ailleurs pas interdit de penser que la nature des supports puisse rétroagir sur la constüution des résumés cognitifs). Dans le contexte de la communication figurative ordinaire, la pensée travaille un matériel dérivé de la perception et notamment de la perception visuelle, mais ce matériel est entièrement recons318 _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _- - - - - - - - - - Bernard Darras truit par l'économie cognitive. Les processus de catégorisation, la typicalité, la neutralisation et les résumés cognitifs opèrent dans ce matériel des sélections et des remaniements fondamentaux. Les dessins des enfants, comme ceux produits par des adultes de toutes cultures qui travaillent à ce niveau d'abstraction cognitif en témoignent. En conclusion, nous dirons qU'lIn certain type de pensée construit son champ de référence dans le réseau et le jeu des catégories cognitives, alors qu'un autre régime de pensée construit son réseau de référence, de vérification et de preuves dans le domaine le plus optique de l'expérience visuelle. Il en résulte dans Je monde graphique des signes différents, mais également intéressants, respectables et enseignables. Ce sont les similis dans le monde de la « pensée visuelle » et les schémas dans le monde de la « pensée figurative ». Ces schémas répétés deviennent des iconotypes et parfois même des pictogrammes lorsqu'ils sont sélectionnés pour être intégrés à des systèmes de signes. 319