Cahiers de Fanjeaux
Publication annuelle d'histoire religieuse
du Midi de la France au Moyen Âge
Jean
45
XXII et Ie Midi
EDITIONS
PrivaI
Tqrs dmits résenâ en rqrd de tous procédés
dsrcpmôlctirm intégrâlc oupütiello (toi du 1l mars
et articles 425
a zuivmts
du CodE péoâl).
ISBN 98-2-70E9-344&l
@ 2012,
li ;,,.i n!, ,,; ,' r r,
:,
Éditions Privat
10, nre des Arts
38028, 31080 Toulouse Cedex 6
1957
TABLE DES MATTÈRES
,\
Intruduction,
par Michelle FounNÉ et Daniel Le BrÉvrc.
Historiographie de Jean
1l
)ffi[,
par Guy LosRIcHoN
13
r. JACQLIES DUÈZE. L',ASCENSION DU CLERC
4'
Jacques Duèze, évêque de Fréjus (1300-1310),
par Thierry PÉcour
53
Jacques Duèze à la cour des Angevins de Naples,
par Sylvie Pot lesrnr.
83
II. POLITIQUE ET GESTION
De Jacques Duèse à Jean
)ffiI
: Ia construction
d'un entourage pontifi cal,
par Valérie Trmts ...........
Jean )ffiI et Avignon. Une cité épiscopale régie par un pape,
par
.............i........
Anne-MarieH-tvrz,
103
131
)ffiI
Le procè:s de Jean
contre l'archæêque d'Aix
Robert de Mauvoisin (1317-1318) : asfiologie,
'
arts prohibés et politique,
par Jean-Patrice Bouorr et Julien Tt$nv
159
TABLE
DESMATIÈRES
Lafiscalité pontificale
par Amandine Ls
Languedoc
en
Roux
679
sous Jean
WI,
237
Le Languedoc en italie ? Réseawc politiques et recnttement
militaire pendant la légation du cardinal
Bertrand du Pouget (1319-1334),
par Annand
Jamæ..........
255
III. GOWERNEMENT SPIRITUEL,
AFFAIRES RELIGIEUSES
Jean
)ffiI
et les
par Élie
Jean
XXI
juifs du Midi,
Nrcores.......
.........r............................ 293
et lesfranciscains d'après un inventaire
du couvent d'Avigton,
par Clément
LsNosr.r......
Jean
)ffil
315
et lefranciscain Bertrand de la Tour :
anatomie d' une relation,
parPatrickNoLD.....
......
.............................,. 339
Avignon sous Jean )ffiL, I'Eldorado des th,éologiens,
par Sylvain PnoN...........
Jean
)ffil
357
et Louis d'Anjou,
par Jacques
Peur............
Caritâs oz paupertas. Jean
393
)ffil et la sainteté dufrère Martin
Donadieu,
Les
)ffi[
PesssRAT
pières du pape Jean
parGeorges
439
rV. CUUTTIRE
Ze studium de la Curie pontifrcale et ses maîtres du teûrps
de Jean
)ffil,
parMartinMoneno
MI
La décrétale Docta sanctorum patrum de Jean )ffil
et I'ArsNova dans le Midi : ÿers une déJinition
d.u corpus musical concemé,
par Florence Moucrer.....
547
peints
Quelques remarques sÿlistiques sur les manuscrtts
du pape Jean )ffiI (I316-13i4),
par Maria Alessandra Bnorta.
573
{
CoNcr.ustoN, par Guy LosRrcHoN...
615
INoex..........
Ltsrr pgs CoLLABoRATEIJRs.............
62r
R-ÉswÉs DEs coNTRIBUTIoNs
Tagrr
- Ansrucrs
653
..................... ..........
DEs ILLUSTRÂTIoNs ..............
TesLE oF coNTENTS
a êté achevé d'iryrimer en déccmbr€ 2012
sur les presscs de l'imprimerie GN Imprecsions.
Mise eil pagc pæ Compoflash à Toulouse.
Ca ouvrage
Couverûrc Quaûcoul (Ioulouse).
Dfoôt légal: décembre 2012.
655
673
675
Jean-Patrice BOUDET
Université d'Orléans
Julien THÉRY
Université de Montpellier
III
Le procès de Jean XXII
contre l'archevêque d'Aix
Robert de Mauvoisin (13 I 7 -1,318) :
astrologie, arts prohibés et politique
Moins de quatre mois après avoir envoyé au supplice l'ancien évêque de Cahors Hugues Géraud,
Jean XXII ouvrit un procès criminel contre un autre
prélat naguère familier de Clément V, l'archevêque
d'Aix-en-Provence Robert de Mauvoisin. Joseph
Shatzmiller a donné en 1999 une édition des actes
de ce procès conservés aux Archives du Vaticanr, mais
il
a oublié
trois pièces copiées à la fîn du manuscritz. Deux n'ont guère
d'importance : d'une part deux dépositions de témoins (cancelées
mais parfaitement lisibles), d'autre part une liste des témoins
entendus. Entre ces deux unités figure un document dont l'intérêt
est, en revanche, exceptionnel. Il s'agit du texte d'une consultation
astrologique que l'archevêque avait sollicitée auprès d'un juif,
Moise de Trets, et qu'il décida, lors du procès, de communiquer à
ses juges pour mieux se défendre des accusations de << sortilèges et
divination ».
Nous publions ici ces trois documents avec une analyse du plus
précieux d'entre eux, dont l'apport aux connaissances sur l'astrologie au début du XIV" siècle n'est pas négligeable. C'est l'occa-
sion de reconsidérer l'affaire Mauvoisin en la resituant dans
160
CAHIERSDEFANJEAUX45
l'histoire des procès criminels de la papauté contre les prélats - une
riche et longue histoire, demeurée méconnue jusqu'à une date
récente3. Les accusations liées à l'astrologie tiennent ici une place
majeure, dans un contexte de préoccupation croissante manifestée
par les autorités, et tout particulièrement par Jean XXII, à l'égard
des sciences et pratiques de l'occulte. Mais le procès participait
aussi, en ce début de pontificat, d'une reprise en main de la hiérar-
chie ecclésiastique dans le Midi et d'une politique de mise au pas
du « parti gascon » formé par d'anciens proches de Clément V.
I. « SOMILÈGES, DTVINATIONS, ANT
MATHÉMATIQUE »
1. La place des accusqtions liées à I'astrologie et à la magie :
un cas unique en son genre
Le procès intenté contre Robert de Mauvoisin, tout comme le
premier des deux qui venaient d'être faits successivement à
Hugues Gérauda, n'avait en son principe rien qui sorte de l'ordinaire. Depuis le début du pontificat d'Innocent III (1198-1216), le
Siège apostolique lançait régulièrement des procédures d'enquête
criminelle (désignées coûlme inquisitionis negocia, inquisitionis
processus ou encore cause) contre des archevêques, évêques, abbés
ou autres membres de la haute hiérarchie ecclésiastique. On
a
récemment pu relever plus de 470 cas pour la seule période située
entre 1198 et 1342s. Comme pour la majorité des affaires de ce
ÿpe, il est difficile d'évaluer dans quelle mesure les méfaits reprochés à Mauvoisin ont réellement, par eux-mêmes, suscité les pour-
suites et à quel point ces dernières ont pu au contraire tenir à
d'autres motivations, plus ou moins clairement politiques.
À l'automne 1317, Jean XXII avait certes de bonnes raisons de
vouloir mettre l'archevêque d'Aix en difficulté. On y reviendra.
LE PROCÈS CONTRE L'ARCHEI/Ê7UE
D'AIX
16I
Reste que les accusations (ou du moins une bonne partie d'entre
elles) n'étaient pas dépourvues de fondement, loin s'en faut. La
documentation, qui est exceptionnellement riche, donne à cet égard
des certitudes qui font le plus souvent défaut lorsque l'on étudie ce
genre d'épisode. En outre, alors qu'il est en général malaisé de
faire le départ, dans les séries d'accusations avancées contre les
prélats, entre celles dont l'importance était déterminante du point
de vue du Siège apostolique ou des dénonciateurs et celles dont la
fonction rlétait qu'accessoire6, les sources de l'affaire Mauvoisin
ne laissent aucun doute sur la place majeure qu'y tinrent les griefs
liés aux arts de l'occulte.
Les griefs en question formaient le premier d'une liste de
lajustice pontificale à l'ouver-
11 articles d'accusation avancés par
ture du procès et repris (bientôt enrichis de quatre articles supplémentaires) lors des interrogatoires de I'archevêque et des témoins.
Ce premier article était beaucoup plus long et détaillé que les
autres - lesquels tenaient en quelques mots. Il était ainsi formulé :
« Sans considérer combien les saints canons jugent répréhensible et
digne de châtiment non seulement que les prélats et ceux qui sont voués
aux offices sacrés et les clercs, mais aussi que tout chrétien ait recours aux
sortilèges [i. e. aux liseurs de sorts], à I'art mathématique [i. e. l'astrologie] ou aux divinations, ou consulte ceux qui les exercent, avant d'être
revêtu de la dignité archiépiscopale, alors qu'il se trouvait à Bologne, il a
fait usage de tels sortilèges et divinations et a approuvé et loué ce même
art mathématique condamné et interdit par le droit en présence de nombreuses personnes, bien que ces dernières, mieux avisées, affirmassent le
contraire ; et, bien plus, après avoir été promu archevêque, il s'est damnablement adonné à ces mêmes sortilèges, divinations et art mathématique, a
observé les jours et heures pour ses actions, a osé faire faire des anneaux
avec des impressions ou des caractères gravés ou une vaine tromperie de
signes pour maintenir sa dignité et son état et acquérir et conseryer la
bienveillance et l'amour de son supérieur et scruter les choses du futur et a
osé s'en servir quelquefois ; et, au surplus, il a consulté sur ces matières
un juif du nom de Moïse de Trets et plusieurs autres sacrilèges, mathématiciens ou divinateurs, usant de leur conseil et de leur service en ces
t62
CAHIERS DE FANJEAUX 45
matières, alors qu'il aurait plutôt dû, en vertu de la vigilance pastorale, les
poursuivre comme auteurs de maléfices (malefici) et éliminer leur art
réprouvé »7.
De telles accusations n'avaient aucun équivalent dans I'histoire
des procès pontificaux contre les prélats, tandis que la plupart des
autres crimes reprochés à Mauvoisin - incontinence, simonie, dilapidation et blasphème, notamment - étaient à l'inverse on-ne-peut-
plus ordinaires8. En 1198, devant Innocent III, un chanoine de la
cathédrale d'Oristano (en Sardaigne) avait accusé son évêque
Giusto, entre autres, d'incantationes, c' est-à-dire, probablement,
d'incantations magiquese. Mais rien n'indique que ce crime ait eu
une place particulière plutôt qu'un rôle d'appoint, marginal, parmi
les autres enormitates dénoncées (il y a lieu de penser que les
griefs d'homicide et de parjure avancés par le chanoine avaient
beaucoup plus d'importance). On doit attendre 1306, semble-t-il,
pour trouver trace d'accusations comparables contre un chef
d'église. Cette année-là, l'un des l9 articles qui firent 1'objet d'une
enquête pontificale contre le prieur du monastère de Durham
Richard Hoton lui reprochait d'être sacrilegus, divinatori faturator
et maleficuslo. Le caractère secondaire et instrumental de ce grief,
toutefois, ne fait aucun doute, car la procédure intervenait au terme
de longs démêlés, clairement centrés sur un conflit de juridiction,
entre Hoton et l'évêque de Durham Antony Bek. Peu après, en
1308, certains témoins auditionnés lors d'une enquête criminelle
contre l'évêque d'Albi Bemard de Castanet profitèrent de ce qu'un
article lui reprochait d'avoir commis l'adultère avec une devineresse capturée par sa justice pow l'accuser, en sus, de s'être fait
prédire l'avenir par cette prisonnière. Un marchand albigeois, par
exemple, déclara avoir (( entendu dire >> que le prélat avait sollicité
des prédictions, entre autres, sur sa carrière - de statu suolr -,
exactement comme il fut reproché dix ans plus tard à Mauvoisin.
L'air du temps était désormais, comme on sait, à ce genre d'incrimination et le voisinage était plus étroit que jamais, du point de
vue des pouvoirs souverains, entre divination, sortilèges et pacte
LE PROCÈS CONTRE L'ARCHEVESUE
D'AIX
163
démoniaque. En féwier 1303, l'accusation d'avoir fait hommage
au diable en l'embrassant sur le derrière (a tergo) et de lui avoir
« parlé à de nombreuses reprises » avait surgi parmi d'autres, clas-
siques au contraire, retenues par Boniface VIII contre Walter
Langton, évêque de Coventry et de Lichfieldt2. Le même paper3,
puis les Templiersra et l'évêque de Troyes Guichardr5, furent
accusés de diverses diableries par le roi de France dans les années
suivantes, avant que Jean XXII condamne l'évêque de Cahors
Hugues Géraud pour tentative d'homicide par ensorcellement.
Le cas Mauvoisin se distinguait très nettement de tous ces précédents et demeura probablement unique en son genre pour trois
raisons : nulle mention n'y était faite du diable ou d'un quelconque
démon ; le recours à l'astrologie et aux vertus magiques de talismans constituaient en eux-mêmes et pour eux-mêmes, indépendamment de tout homicide ou dommage infligé par voies occultes,
la principale accusation ; enfin, les faits en cause sont pleinement
avérés.
2. Les premières justifications de l'accusé : prédictions bolonaises
et chiromancie
Une écrasante majorité des procès pontificaux contre les prélats aux XIII"-XIV" siècles n'est documentée que par des lettres
pontificales, connues pour la plupart d'entre elles grâce aux copies
dans les Registra Yaticana etles Registra Avinionensia de la chancellerie pontificaler6. Mais dans le cas de Robert de Mauvoisin
nous sont parvenus, outre deux lettres pontificales enregistréesr7,
non seulement des procès-verbaux d'auditions de témoins - chose
rare -, mais aussi - chose beaucoup plus rare encore - des procèsverbaux d'interrogatoires de I'accusé à la Curie. Une copie complète des actes de la procédure tels que lajustice pontificale voulut
en garder mémoire est conservée dans le registre coté 17 de la série
des Collectorie atxArchives du Vatican (copie qui n'est guère soignée mais demeure en état de lisibilité parfaite). Aucun cas de ce
164
CAHIERS DE FANJEAUX45
genre, semble-t-il, n'a laissé un dossier comparable, à l'exception
du second procès d'Hugues Géraud (dont les actes sont conservés
dans un autre volume des Collectorie). On dispose ainsi de rensei-
gnements extraordinairement précis sur les crimes imputés à
Mauvoisin et sur sa défense. L édition donnée par J. Shatzmiller
n'est certes pas satisfaisante (on trouvera infra, dans l'annexe 2,
des addenda et corrigenda), mais elle a le grand mérite
accès facile aux documents.
d'oftir
un
Avant le lancement officiel de la procédure d'inquisitio,
Mauvoisin comparut à deux reprises pour être interrogé sur les
ll articles d'accusations avancés contre lui. D'abord en présence
de Jean XXII lui-même, entouré de trois cardinaux et de quatre
autres prélats, le l7 décembre 1317, puis, trois jours plus tard,
devant deux examinateurs. Dans le procès-verbal de la première
« confession >r ainsi obtenue, les justifications de l'accusé au sujet
du premier article, celui qui touche aux << sortilèges et divinations >>, sont environ cinq fois plus longues que l'ensemble des
réponses aux dix autres articlesrs. La disproportion est du même
ordre dans les actes du second interrogatoire : 11 des 14 questions
posées à Mauvoisin portent sur la première accusationre.
Devant le pape et ses assesseurs, l'archevêque s'expliqua sur
chacun des points évoqués dans le texte de l'article. En commençant par ses premiers contacts avec les arts interdits à Bologne, où
il faisait ses études, dans les mois et les années qui précédèrent
immédiatement l'élection de Clément V (5 juin 1305). Mauvoisin
raconte avoir d'abord rencontré dans la cité romagnole un certain
« maître Johannes de Luna, que I'on disait astrologue >>. Or ce personnage n'est pas inconnu dans la documentation bolonaise, où il
apparaît aussi sous le nom de Johqnnes de Luca. Il est attesté
comme << lecteur de philosophie et d'astrologie »» en 1302 et,
l'année suivante, un registre des délibérations de la Commune de
Bologne entérina sa rémunération annuelle coûlme << astrologue et
professeur artis fixice » (certainement professeur de médecine), en
soulignant qu'il avait << toujours été vigilant et attentif pour les
affaires de la commune >> et « veillait à l'honneur et à l'état de la
LE PROCÈS CONTRE L'ARCHEVEQUE
D'AIX
165
Commune du Peuple de Bologne >>20. Une telle légitimité institutionnelle était certainement faite pour calmer les scrupules du jeune
Mauvoisin, au cas où l'ambiguïté attachée aux arts divinatoires2l
aurait mis quelque frein à sa curiosité. Cette curiosité apparaît
récurrente, insistante, au fil des déclarations de l'accusé comme
des autres dépositions recueillies pendant le procès. Le soin mis
par Mauvoisin à souligner qu'il ne croyait pas vraiment,
pas sérieusement, aux arts divinatoires masque mal une attirance
prononcée.
L « écolier
>>
(scolaris) Mauvoisin, selon son récit donné douze
à quiinze ans plus tard, aurait sollicité les services de Giovanni di
Luni (forme italienne de Johannes de Luna) pour une question bien
innocente : quand donc reviendrait le messager qu'il avait envoyé
auprès des siens dans sa lointaine Gascogne ? Après avoir examiné
le ciel avec un astrolabe à une fenêtre, dans la lumière du soleil,
l'astrologue aurait spontanément fait part d'informations qui
dépassaient de beaucoup la requête : Mauvoisin ne devait pas se
préoccuper du messager (de nuntio non curaret), mais il devait surtout savoir sans le moindre dolte Qtro certo) qu'il « recewait sous
un mois la nouvelle d'une très grande dignité, dont il serait plus
heureux que de toute autre chose jamais arrivée à quiconque de sa
famille (de genere suo) >>22. Quelque temps plus tard Qtost que, dit
le procès-verbal sans autre précision), Giovanni di Luni aurait de
sa propre initiative repris contact avec Mauvoisin après avoir eu
connaissance de l'avènement de Clément V. L'astrologue avait
alors fait demander à travers Bologne s'il s'y trouvait quiconque
originaire « de la terre )) du nouveau pape - la Gascogne. Le voilà
bientôt chez Mauvoisin, pour le solliciter à son tour : avait-il
<< quelqu'un dans l'hôtel dudit seigneur pape qui oserait bien lui
parler secrètement ? ». Tel était le cas - heureuse coincidence.
Giovanni di Luni avait une recommandation à faire : « Mandez à
votre ami, et non au grand seigneur, de faire attention à lui, car ce
même seigneur pape Clément dewa souftir de l'une de ces trois
choses, à savoir l'eau ou le feu ou la ruine >»23. Par la suite, tandis
que Mauvoisin se rendait à Lyon ou venait d'y arriver pour assister
166
CAHIERS DE FANJEAUX 45
au couronnement pontifical, l'astrologue était revenu à la charge en
lui faisant parvenir une lettre dont I'archevêque livra la teneur (de
mémoire ?) dans sa confession du 17 décembre
l3l7
:
« À son [cher] Robert, son [cher] Giovanni, salut. Je t'ai dit à
Bologne que notre seigneur pape souffrirait de l'une de ces trois manières,
par le feu, I'eau ou la ruine ; sache qu'il dewa souffrir par la ruine d'un
vieux mur, de telle sorte que l'on dira communément à travers le monde
qu'il a été en danger de mort, mais ne doute pas qu'il en réchappe ; cependant, beaucoup seront en danger de ruine Qteiclitabuntur) à ses côtés »2a .
Cette lettre, assura Mauvoisin devant ses juges, il n'en voulut
d'abord parler à personne. Insister sur sa retenue face aux tentations des arts prohibés, tel était le premier élément de sa stratégie
pour minimiser ses fautes (une retenue déjà suggérée au tout début
de la confession avec la bénignité de l'unique requête faite à
Giovanni, au sujet du messager en Gascogne). Un deuxième choix
stratégique consistait à mettre en avant les sollicitations extérieures
dans un monde où les prédictions en tout genre allaient bon train.
Si Mauvoisin s'était finalement décidé à informer son oncle
Guilhem Arrufat25, familier de Clément V des avertissements
donnés par l'astrologue bolonais, s'il s'était aussi résolu à communiquer la lettre de Giovanni à ce parent haut placé, c,était seulement parce que Guilhem Amrfat avait lui-même reçu une autre
lettre, porteuse elle aussi d'une prédiction, mais beaucoup plus
inquiétante : Clément V n'avait pas plus de neuf mois à viwe. Ce
sombre pronostic était attribué à «< un certain frère Mineur que l,on
disait grand astrologue et qui demeurait avec l'évêque de
Durham » (est-ce une coïncidence si des accusations de sortilèges
et de divination, déjà signalées plus haut, furent portées en 1306,
donc l'année suivante, par l'entourage du même évêque, Antony
Bek, contre le prieur de Durham Richard Hoton ?)26. Dans la
confession de Mauvoisin, la prédiction du franciscain anonyme
vient implicitement excuser, par son caractère d'extrême gravité, le
relais finalement apporté par l'accusé aux dires de Giovanni di
LE PROCÈS CONTRE L'ARCHEï/EQUE D'AIX
167
Luni, lesquels apportaient un démenti salutaire à cette prédiction.
De l'annonce au souhait d'une mort prématurée et du souhait à
l'assassinat par voie occulte, il n'y avait que des glissements, vite
accomplis... sinon par les magiciens et leurs clients, du moins par
les autorités supposément visées et portées à la répression. Ainsi
Bernard Délicieux (autre ancien étudiant de Bologne)21 avaitprédit
la disparition rapide de Benoît XI après son avènement en octobre
1303 et en avait même précisé la date28.
Il fut aussi
accusé non sans
éléments de suspicion substantiels, lors de son procès, en 1319,
d'avoir causé la mort du même pape, dont le caractère soudain, en
juillet 1304, avait effectivement suscité des rumeurs d'assassinat
par empoisonnement ou sortilèges2e. Arnau de Villeneuve fut lui
aussi accusé d'avoir prédit puis æuwé à la mort de Benoît XI30...
Bref, ce ÿpe de pronostic et la peur du crime occulte qui lui était
associée étaient dans l'air du temps autour de 1305 comme en
1316-131731. Authentique ou non, l'histoire de la prédiction colportée dans l'entourage de l'évêque de Durham offrait à Mauvoisin
une bonne diversion pour faire passer au second plan, dans son
récit, la faute dont lui-même s'était rendu coupable en faisant
connaître la prédiction de Giovanni. Son oncle Guilhem Amrfat lui
avait fait lire à voix haute (pratique courante à l'époque) la lettre en
langue vulgaire (in romancio) reçue d'w consanguineus, un autre
membre de la famille, selon laquelle la mort prématurée de
Clément V avait été annoncée par le franciscain anonlrme. Aussitôt
découvert ce contenu sulfureux, Guilhem avait << ordonné » que la
lettre soit << jetée au feu >>, en « disant que c'étaient les emuli qlu;i
parlaient ainsi >> - emuli désignant ici des adeptes du démon. Alors
seulement, « prenant audace du fait des choses susdites >> (sumens
audaciam de predictis)32, Mauvoisin lui avait fait part des prédictions faites par l'astrologue bolonais et lui avait transmis sa lettre.
Réelle ou fruit d'une reconstruction a posteriori, la prédiction
de Giovanni di Luni semble avoir joué un rôle important dans
l'histoire des rapports entretenus par Mauvoisin avec les arts de
l'occulte. Comme on sait, la procession dans les rues de Lyon qui
suivit immédiatement le couronnement de Clément V, le
168
CAHIERS DE FANJEAUX45
14 novembre 1305, fut effectivement marquée par l'écroulement
d'un mur sur lequel des spectateurs s'étaient agglutinés pour voir le
cortège. Si l'on en croit les chroniqueurs, l'accident eut lieu précisément au moment où le pape passait à proximité et mit sa vie en
danger : son cheval fut renversé ; lui-même perdit sa tiare en tombant ; les deux princes qui tenaient la bride de sa monture, le frère
du roi de France Charles de Valois et le duc de Bretagne, furent
grièvement blessés et le second finit par succomber à ses blessures.
Une douzaine de personnes seraient mortes au total33. Mauvoisin
put trouver dans cet épisode une « démonstration par les faits »
propre à le convaincre fermement de l'efficacité des sciences divinatoires, à laquelle sans doute il ne demandait qu'à croire (suivant
de la sorte un parcours ÿpique, de f intérêt dubitatif à l'adhésion
plus ou moins complète via l'auto-suggestion). On peut même
penser qu'en attestant ainsi lors de son interrogatoire la véracité
des pronostics avancés par l'astrologue bolonais, il cherchait à
confronter le pape et ses assesseurs à une réalité que lui-même
voulait tenir pour indéniable. Guilhem Amrfat, précisait-il, avait
montré la lettre de Giovanni à Clément V en personne le jour
même du couronnement (mais après l'accident : le pape n'avait
donc pas pu tenir compte de l'avertissement):+. Lors du second
interrogatoire de Mauvoisin, le 20 décembre l3l7,la première
question des juges porta précisément sur l'antériorité de la prédiction : avait-il transmis à son oncle la lettre de Giovanni « longtemps avant le couronnement » ? À quoi I'intéressé répondit,
prudemment mais fermement, que certes (( il ne se souvenait pas
bien >>, mais qu'il << croyait » pouvoir situer l'histoire des lettres
« quinze jours ou environ »» avant la cérémonie35. Ni le pape défunt,
ni Guilhem Amrfat (mort en 13tt;:0 ne risquaient de le démentir.
Avant même le couronnement de Clément V à la seule nouvelle de son élection, une autre apparente démonstration par les
faits avait pu commencer à suggérer aux yeux de Mauvoisin la
valeur de l'art pratiqué par Giovanni di Luni. L'imminente
<< nouvelle d'une très grande dignité » annoncée par l'astrologue,
dont Mauvoisin << serait plus heureux que de toute autre chose
LE PROCÈS CONTRE L'ARCHEI/Ê)UE
D'AIX
169
jamais arrivée à quiconque de sa famille
>>, c'était évidemment
l'accession au pontificat suprême d'un compatriote gascon qui,
comble de fortune, lui était apparenté. Guilhem Amrfat, l'oncle de
Mauvoisin, était un neveu du nouveau pape. Il était déjà dans sa
familiarité en 1296, alors que Bertran de Got î'était qu'évêque de
Comminges3t. Etant donné les pratiques de népotisme habituelles,
les perspectives de promotion pour Mauvoisin et les siens n'étaient
pas douteuses. Elles ne manquèrent pas de se traduire dans les faits
rapidement et de manière éclatante, entre auffes avec l'accession de
Guilhem Amrfat au cardinalat dès le mois de décembre 1305, puis
avec l'ascension de Mauvoisin lui-même. Le récit de ce demier est
vraisemblable (sans qu'il y ait là aucune garantie de véracité)
lorsqu'il affrrme s'être émerveillé, sur le moment, de la prédiction
de Giovanni et lui avoir ri au nez, parce qu'il << ne voyait pas d'où
une telle dignité pouvait provenir »38. L'élection de Bertran de Got,
qui n'était pas cardinal, était en effet diffrcilement prévisible.
Au sujet de cette première prédiction pas plus qu'à propos de
l'effondrement du mur le jour du couronnement, Mauvoisin ne se
risque, dans sa confession, à mettre en relation les faits qu'il relate
pour énoncer lui-même aucune déduction. Mais il livre dans les
deux cas tous les éléments pour qu'une conclusion troublante
s'impose implicitement : les jugements astrologiques de Giovanni
se sont avérés exacts. Implicitement aussi, cette conclusion nécessaire participait du système de défense de l'accusé : si l'exactitude
des deux pronostics successifs de Giovanni ne pouvait être raisonnablement niée, alors Mauvoisin avait certainement quelque excuse
à s'être intéressé à l'astrologie. Telle est l'explication, stratégique,
du choix fait par l'accusé de commencer sa confession par ces
deux récits particuliers. Mauvoisin avait certes fait état en public
de la prédiction sur l'accident de Lyon et avait donc tout intérêt à
se justifier sur ce point, comme le révèle une question posée par
sesjuges lors du second interrogatoire :
« Item, interrogé pour savoir, après l'écroulement du vieux mur de Lyon,
si ce même archevêque a dit à une ou plusieurs personnes, publiquement ou
170
CAHIERS DE FANJEAUX 45
en privé (occulte), que ledit maître Giovanni avait prédit et prévu la vérité
Bologne et dans lesdites lettres, il dit qu'à plusieurs reprises et devant de
à
il a dit avoir entendu un
astrologue qui avait prédit ledit écroulement comme il a eu lieu par la
nombreuses personnes, après ledit écroulement,
suite et comme il est écrit plus haut
»3e.
Mais la réponse apportée de façon sous-jacente par les deux récits
concernait l'accusation dans son ensemble. Ces deux expériences
probantes pouvaient atténuer la culpabilité de Mauvoisin concernant tous les aspects - et ils étaient nombreux - de sa fréquentations des arts prohibés.
Car
il n'était pas possible de nier; l'archevêque
en eut
conscience dès le départ. La précision des questions posées par les
juges, des réponses de Mauvoisin et des témoignages recueillis au
cours de la procédure laissent entrevoir une évidente passion de
l'accusé non seulement pour l'astrologie, mais aussi pour de nombreuses autres pratiques dont la licéité était douteuse. À cette passion, Mauvoisin semble bien avoir laissé libre cours tout au long de
son existence de prélat sans se soucier particulièrement de discrétion.
Le troisième point évoqué lors de l'interrogatoire du
17 décembre 1317, après les deux prédictions de Giovanni
di Luni,
concemait non plus l'astrologie, mais la chiromancie. Les juges
étaient manifestement bien informés :
« Item, interrogé pour savoir s'il a eu quelqu'un qui jugeait
des
choses futures et présentes en examinant les mains, il a répondu avoir eu
dans sa familiarité un Anglais dénommé Robin qui jugeait de nombreuses
choses d'après des signes en observant les mains des hommes. Il a dit
aussi que de temps en temps, ce même archevêque montrant sa main audit
Anglais, ce même Anglais jugeait de certaines choses >»a0.
L'art de lire l'avenir d'après la main est attesté en Occident, et
d'abord en milieu clérical, à partir du milieu du XII. siècle. Jean de
Salisbury rapporte dans son Policraticus que dès cette époque un
prélat de premier rang et futur saint, Thomas Beckett, eut recours
aux services d'un chiromancien. Le spécialiste consulté par
LE PROCÈS CONTRE L'ARCHET/EQUE
D'AIX
171
Mauvoisin, notons-le au passage, venait précisément d'Angleterre
- qui est également le pays d'origine du plus ancien traité latin de
chiromancie parvenu jusqu' à nousal.
Tout le reste des justifications données par Mauvoisin le
17 décembre sur le premier article d'accusation, soit environ un
tiers de la confession prise dans son ensemble, est consacré à ses
relations avec l'astrologue juif Moïse de Tretsaz. Huit des 14 questions posées à l'archevêque lors de sa deuxième comparution, le
20 décembre, concernent le même sujet, tout comme la quasiintégralité des témoignages recueillis sur le premier articlea3. Plus
de la moitié des déposants (20 sur 39) confirment sous le régime de
la scientia, c'est-à-dire par des témoignages directs, parfois bien
circonstanciés, les relations avec Moise évoquées dans l'accusationaa. Deux autres déposants confirment ces relations en livrant
des témoignages de seconde maina5, huit autres encore en alléguant
la seule renommée (fama)a6. C'est dire si la question fut importante
et même centrale.
3. Robert de Mauvoisin et l'astrologue Moi'se de Trets
Dans ses confessions, l'accusé ne donne aucune précision sur
la chronologie ou la fréquence de ses rapports avec lejuif. Tout au
plus commence t-il en indiquant l'avoir « fait venir à lui » après
son accession au siège archiépiscopal d'Aixa7 (qui eut lieu le 6 août
l3l3). On peut penser que la relation n'était pas antérieure à l'installation de Mauvoisin en Provence. Moise était d'ailleurs originaire, selon toute vraisemblance, de la localité dont il portait le
nom, Trets, voisine de la cité archiépiscopale. Peut-être résidait-il
dans ce bourg, où l'existence d'une communauté juive est attestée
par l'autorisation d'y construire une synagogue datée de 1283a8.
Moise lui-même, dont f interrogatoire a été conservé (c'est le
35" témoin)ae, donne des précisions sur le rythme des rencontres
avec son client. I1 semble, à la lecture de ses déclarations, que
Mauvoisin l'ait contacté (pour la première fois ?) juste après le
172
CAHIERS DE FANJEAUX 45
couronnement de Jean XXII, au début du mois de septembre
131650. La plupart des affaires au sujet desquelles l'archevêque
rechercha un soutien par les arts divinatoires touchaient, on va le
vot, à ses relations avec le nouveau pape. Au passage, Moïse livre
un autre détail intéressant : lorsqu'il le fit appeler, Mauvoisin eut
recours à « des lettres du seigneur Raimon de Baux ». Plusieurs
témoignages recueillis lors du procès au sujet du grief de dilapidation confirment les liens d'amitié entre l'archevêque et ce personnage5r. Il s'agit très probablement de Raimon VII, seigneur de
Meyrargues, de Puyricard et d'Éguilles et vassal de l'église
d'Aix52. Le texte n'est pas tout à fait clair : archiepiscopus mandavit pro ipso deponente cum litteris domini Raymundi de
Bauscios3. Faut-il comprendre que I'archevêque se prévalut d'une
recommandation de Raimon pour convaincre Moïse de répondre à
son appel, ou simplement qu'il passa par l'intermédiaire de
Raimon, lequel se chargea par ses lettres de solliciter Moïse ? euoi
qu'il en soit, les services de l'astrologue juif étaient manifestement
prisés dans la haute société provençale. Un autre témoignage le
confirme, qui montre Mauvoisin et Moïse discutant des prédictions
faites par le second en compagnie d'un autre seigneur représentant
de la grande famille de Baux, Uc5a, et de Peire Audebert, vicesénéchal du comté de Provencess.
Si I'on s'en tient aux données contenues dans la déposition de
Moise, ses relations avec Mauvoisin connurent trois temps forts,
précisément datables. Le premier est une séquence longue
d'environ deux mois, commencée début septembre 1316 lorsque
I'archevêque soumit au juif trois questions. Ce dernier ne répondit
pas sur-1e-champ, car il << voulait délibérer selon l'art d'astrologie ». Pour ce faire, il lui fallait son quadrant, instrument astronomique qu'il n'avait pas sous la main et qu'il dut se faire apporter56
(on en déduit qu'il ne résidait pas à Aix, ce qu'un autre témoignage
confirme)5i. À l'une des questions, co.rceÀant le moment lavorable pour envoyer un cadeau au pape, Moïse repondit en préconisant d'attendre26 à27 jottrs. Ce conseil dut être donné vers la fin
septembre puisque Mauvoisin convoqua ensuite son astrologue
LE PROCÈS CONTRE L'ARCHET/EQUE
D'AIX
173
« avant la Toussaint » - probablement dans la seconde quinzaine
d'octobre 1316, donc - pour s'assurer que le bon moment était
arrivé. Quinze jours plus tard - sans doute dans la première quinzaine de novembre -, comme Moïse « était revenu à Aix »,
Mauvoisin lui montra une lettre selon laquelle Jean XXII avait
effectivement bien accueilli le cadeau.
Les deux autres épisodes évoqués par le juif sont plus courts.
« Avant la Nativité du Seigneur suivante », Mauvoisin << l'appela
de nouveau », pour savoir s'il avait des ennemis à la Curie. De
nouveau, Moïse dut faire venir son quadrant avant de donner sa
réponse, laquelle fut confirmée par une lettre reçue de la Curie
« trois ou quatre jours plus tard » (mais on ne sait si Moise connut
immédiatement cette confirmation ou s'il était déjà reparti et en fut
informé par la suite)58. Enfin, << peu avant le Carême »> suivant,
c'est-à-dire avant le 16 février 1317, l'astrologue fut encore
« appelé » pour une dernière consultation5s.
Les rapports entre Mauvoisin et Moïse tels qu'ils furent évoqués lors du procès n'auraient donc duré que sept mois ou un peu
plus, de la fin de l'été 1316 à l'hiver suivant60. Pendant cette
période, ils auraient été relativement assidus. Les témoignages
enregiskés ne remettent pas en cause ce cadre général. Parmi les
16 déposants qui assurent avoir vu I'archevêque en compagnie du
juifit, neuf disent avoir assisté à ces rencontres << fréquemment )) ou
« à de nombreuses reprises »>62. D'après le clerc Izarn Vaureilles,
Mauvoisin << tenait Moïse chez lui pendant huit jours, parfois pen-
dant 15, parfois pendant plus
Lambesc, a entendu dire que le
»63.
juif
Guilhem Dupont, clerc de
« avait grande familiarité dans
la maison de I'archevêque en sa compagnie, c'est-à-dire parfois
pendant 15 jours et parfois pendant beaucoup de jours »>6a. Mais
aucun témoin ne précise à quelle époque cette fréquentation
remonte ni pendant combien de temps elle s'est prolongée. D'où, à
la lecture, un possible effet de généralisation, que les dépositions
de l'offrcial d'Aix Guilhem Estève et du prieur de Mimet tempèrent en évoquant l'intermittence des visites rendues par Moise :
pour l'un, Mauvoisin appelait son astrologue << de temps en
174
CAHIERS DE FANJEAUX 45
temps >» (interdum)6s ; selon l'autre, le juif « se trouvait à Aix pour
deux jours de temps en temps (interdum) et venait alors souvent
auprès dudit archevêque »>66. Plusieurs déposants, d'ailleurs, ne
fournissent un témoignage de visu que pour une seule rencontre
entre les deux intéressés (semel vidit...) et se contentent de livrer
leurs autres informations sous le régime du ouï-dire67. Le notaire
Bertran Noël peut même souligner qu'il n'a pas entendu parler de
I'astrologue juif avant le début de la procédure d'enquête, alors
qu'il est un « familier >» de Mauvoisin6s. La présence de Moïse
dans la maison archiépiscopale n'avait donc pas été si envahissante ; au moment du procès, elle remontait manifestement à
une époque révolue depuis un certain temps.
Lors du premier interrogatoire, le 17 décembre, Mauvoisin
coflrmença ses explications au sujet de ses relations avec Moïse en
évoquant trois « cédules »», qu'il produisit manifestement auprès de
ses juges au même moment, contenant respectivement la réponse
de l'astrologue juif à une question soumise par l'archevêque, l'opinion d'un autre astrologue, maître Pierre, sur cette réponse, enfin
les commentaires de Moise sur la contre-expertise de Pierre. Nous
reviendrons bientôt sur ces textes, qui ont été recopiés à la suite des
actes du procès et dont nous donnons ici l'édition. Pourquoi
Mauvoisin fit-il le choix de les communiquer d'emblée à la justice
pontificale ? Certainement parce que son souci le plus pressant
était de lever toute ambiguilé sur la nature des services qu'il avait
sollicités auprès de l'astrologue. Quelques mois plus tôt, rappelonsle, Hugues Géraud avait été déclaré coupable de tentative d'homicide contre la personne du pape par envoûtement avant d'être
supplicié. Jean XXII était convaincu que certains membres de la
famille de Clément V et, plus largement, du « parti gascon >>, cherchaient par tous les moyens à le supprimer. On peut en donner pour
preuve une lettre qu'il envoya le l8 septembre l3l7 à l'une des
principales figures de ce parti, le vicomte de Lomagne et neveu de
Clément V, Bertran de Got, dans laquelle il accusait sans ambages
des représentants du genus de son prédécesseur d'avoir ourdi son
assassinat, entre autres par empoisonnement et par sorcellerie, et
LE PROCÈS CONTRE L',ARCHEVEQUE
D'AIX
175
promettait de continuer à sévir contre eux6e. Mauvoisin pouvait être
directement concerné par cette dernière menace. Il devait sa
brillante carrière à la faveur de Clément V70, tout comme Hugues
Géraud, qu'il avait d'ailleurs côtoyé : avec lui, il avait été l'envoyé
spécial du pape pour une mission prestigieuse auprès de l'empereur
Henri VII en 131171. Neveu d'un neveu de Clément V le cardinal
Guilhem Amrfat, l'archevêque d'Aix appartenait non seulement au
parti gascon, mais aussi al genus mis en cause par Jean XXII. Et il
était notoirement l'ami du vicomte de Lomagne : en 1315 ou 1316,
semble-t-il, il l'avait accueilli en grande pompe dans sa cité d'Aix
pendant la semaine sainte - scandaleuse atteinte aux obligations
religieuses, qui faisait l'objet du sixième article d'accusation présenté contre lui72
!...
il était absolument vital pour Mauvoisin
de démontrer f innocuité de ses relations avec Moise. Il centra
Dans un tel contexte,
donc sesjustifications sur les questions qu'il avait posées à l'astrologue, pour faire valoir leur bénignité. D'où sa décision de communiquer les cédules, dont I'objet était de savoir << ce qui adviendrait
au demandeur, en bien ou en mal, de la part de son seigneur >»,
c'est-à-dire du pape. Ces documents pouvaient contribuer à reléguer au second plan une autre question posée au juif, beaucoup
plus compromettante, dont Mauvoisin s'efforça de minimiser
l'importance dans ses déclarations : combien de temps Jean XXII
vivrait-il ? On l'a vu, ce geffe de spéculation était hautement suspect et pouvait en définitive exposer ses auteurs à une accusation
de tentative d'assassinat. De lui-même, dès le premier interrogatoire, Mauvoisin avoua avoir fait une telle demande à l'astrologue,
très certainement parce qu'il avait compris que la justice pontificale enquêterait sur ce point et lui en ferait le grief. Apparemment,
il n'avait pas tenu secrète sa question au juif, mais en avait au
contraire fait état auprès de son entourage ; il devait donc
s'attendre à se la voir reprocher par les juges à I'issue de leurs
investigations. Deux témoins, l'official d'Aix et un clerc de la
cathédrale, déclarèrent en effet que l'archevêque leur avait dit avoir
intenogé Moïse sur la durée de vie du pape73. L'astrologue lui-même
t76
CAHIERS DE FANJEAUX 45
apporta sa confirmation aux enquêteurs7a. En livrant les cédules et
en commençant par évoquer leur contenu, Mauvoisin put prendre
les devants, pour éviter toute interprétation criminelle, en présentant la question la plus scabreuse comme subsidiaire et suscitée
seulement par la réponse du juif à sa première requête, bien moins
dangereuse
:
« I1 dit aussi qu'il fit d'autres questions audit juif, auxquelles il lui
demanda de répondre, au zujet du fait que dans l'une des cédules il est dit
que sous deux ans, ce même archevêque recevrait de grands honneurs ; et
alors ce même archevêque a interrogé leditjuifpour savoir.si cependant
lui-même, l'archevêque, vivrait; et combien de temps le seigneur pape luimême vivrait »zs.
Faire porter la question de la durée de vie sur lui-même avant de la
poser porrr le pape était un autre moyen d'en diminuer le danger
potentiel en la rendant plus anodine (on s'en souvient, Mauvoisin
s'exprimait face à Jean XXII en personne lors de ce premier interrogatoire...). Dans sa déposition, l'official d'Aix confirma que
l'archevêque avait dit s'intéresser à l'espérance de vie du pontife
en raison du, magnum bonum que ce dernier, d'après Moïse, devrait
lui faire un jour76. Toutefois, Mauvoisin lui-même n'insista pas
plus sur ce prétexte dans ses déclarations. Il précisa plutôt que le
juif avait refusé de repondre à la question et que lui-même avait
approuvé ce refus, au nom d'un précepte tiré des Actes des apôtres
(1, 7) qu'il eut soin de rappeler devant le pape et les juges pour
mieux les assurer de sa bonne conduite : << Il ne vous appartient pas
de connaître les temps ni les moments >»77. Lors du deuxième inter-
rogatoire, lorsque les examinateurs revinrent sur le sujet en lui
demandant « pourquoi il avait demandé audit juif combien de
il se contenta de répondre qu'il
voulait faire l'essai pour voir si ledit juif se mêlait de ces
temps notre seigneur pape viwait »,
<<
choses >>78. Une telle explication était ambiguë, puisqu'elle pouvait
en définitive aussi bien renvoyer à une volonté de vérifier la bonne
conduite de Moise qu'à une curiosité beaucoup moins avouable de
LE ?ROCÈS CONTRE L'ARCHETEQUE
D'AIX
r77
la part de I'archevêque. Les dires de l'astrologue lui-même semblent conforter la seconde hypothèse. Il ne déclara pas avoir rejeté
la demande de son client au nom d'un quelconque principe, mais
seulement parce qu'il ne disposait pas des informations indispensables pour répondre, à savoir << l'heure et le jour de naissance »>
du pape (était-ce une esquive - s'il répondit effectivement ainsi ?).
Mauvoisin lui avait alors fait part d'une prophétie Qtrofecia sive
lui semblait pouvoir s'appliquer à
XXII : « Le gri[ll]on [?] s'élèvera et mettra les fleurs en
versus) qui courait et qui
Jean
désordre avec ses pieds ou sabots, et il règnera deux ans et
>»7e. Or Moïse, ailleurs dans sa déposition, dit avoir prédit à
Mauvoisin que le pape « améliorerait sa condition », mais, précisément, « pas dans les deux ans »... Sa version des faits semble
demi
d'autant plus vraisemblable que l'archevêque était manifestement
très attentif aux prédictions en tout genre qui circulaient. Le bayle
archiépiscopal de Puyricard déclara ainsi aux enquêteurs avoir
entendu Mauvoisin demander à Moïse << ce qu'il adviendrait du
temps, car les Grecs avaient fait savoir au pape qu'il y aurait en
septembre des chaleurs si brûlantes que presque personne ne pourrait se sauver, sinon fen trouvant refuge] dans une grotte >>80...
Mauvoisin avait aussi interrogé I'astrologue sur d'autres
points précis liés à ses intérêts personnels, tout particulièrement au
sujet du moment où envoyer des cadeaux à Jean XXII pour en
tirer le plus grand bénéfice possible, c'est-à-dire la plus grande
faveur de la part du destinataire. L'archevêque présente comme
quasi incidente l'intervention du juif à ce propos8l, mais les
témoins sont nombreux à évoquer la choses2 et Moïse lui-même
apporte des détails : sollicité par Mauvoisin, il lui a recommandé
de retarder I'envoi de << 26 ou 27 jours >r, époque où Jupiter serait
en meilleure positionS3. Un peu plus tard, l'archevêque lui aurait
montré une lettre reçue de la Curie par laquelle on l'informait du
bon accueil fait aux cadeaux et des << nombreuses paroles >r alors
prononcées par le papesa. De son propre aveu, Mauvoisin avait
aussi consulté l'astrologue pour savoir si sa belle-sæur pourrait
concevoir des enfantss5. Moïse dit, lui, qu'il s'agissait d'une sæur
178
CAHIERS DE FANJEAUX45
de l'archevêque86. À cerlains signes, il l'avait trouvée victime d'un
maléfice (maleficiata) cofilme Mauvoisin le soupçonnait, ce qu'un
chambrier avait ensuite confirmé en disant que des potiones avait été
lit de I'intéressée87. Selon l'astrologue, son client lui
demanda aussi s'il avait des ennemis à la Curie, interrogation dont
l'archevêque lui-même ne souffle mot dans ses déclarations88. Enfin,
d'après plusieurs témoins, ce dernier consultait Moise sur le bon
moment pour faire partir un écuyer ou un messager ou pour s'en
aller à la chasse8e. La passion de Mauvoisin pour cette dernière
activité, typique du style de vie aristocratique mais interdite aux
trouvées près du
ecclésiastiques,
lui était précisément reprochée dans un article
d'accusationeo.
Le dernier point des déclarations faites par l'archevêque au
sujet de ses relations avec l'astrologue concernait non pas des prédictions, mais la confection de talismans censés éloigner les maladies et favoriser les bonnes grâces des puissantser. Ses dires
concordent avec ceux de Moise : sur trois anneaux foumis par le
premier et à sa demande, le second avait fait graver des symboles
correspondant respectivement au Soleil, à Jupiter et à Vénus (planètes tenues pour bénéfiques en astrologie)e2. Jacme de Barjac,
sacriste de Marseille, raconte dans sa déposition s'être entendu proposer par l'archevêque, alors qu'il était malade, les services d'« un
maître qui le soignerait avec des images faites selon le cours des
>> (ltmago a dans ce contexte le sens de talisman).
Mauvoisin lui aurait aussi certifié que « l'art ou la science de faire
des images était licite et approuvé »>, et ce en dépit de l'opinion de
<< trois ou quatre chanoines d'Aix qui lui avaient dit le contraire »»e3.
Lors de son interrogatoire devant le pape, l'archevêque prétendit
avoir obtenu de Moïse un serment sur la Bible selon lequel ces
bagues pouvaient être utilisées sans péchéea - mais il affrrma aussi
qu'il « n'accordait aucune foi » aux vertus de ces bagues, tout en
reconnaissant qu'elles étaient encore en sa possessiones.
Questionné lors de sa deuxième comparution sur les raisons pour
lesquelles il les avait acceptées et les conservait encore, il prit une
ligne de défense similaire à celle qu'il venait d'adopter au sujet des
planètes
LE PROCÈS CONTRE L'ARCHEVEQUE
D'ALX
prédictions sur I'espérance de vie du pape :
179
il voulait << savoir,
essayer (temptare) et voir s'il y avait quelque chose de mal dans
ces gravures et caractères », car (( il avait parfois entendu dire par
certains qu'un démon [y] était inclus >>e6 (accusation effectivement
fréquente depuis le procès de Boniface VIIf eu.
4. « Jugement des étoiles »» et talismans astraux au début
ilIt" siècle, entre tolérance et condamnation
du
En Provence comme ailleurs, le débat sur le bien-fondé des
talismans astraux transcendait les clivages religieux. Conformément à la position adoptée par certains de ses coreligionnaires,
parmi lesquels une polémique avait fait rage autour de 1300 sur la
légitimité de l'usage des sceaux astrologiques en médecinee8,
Moïse semble approuyer à peu de choses près ce que l'auteur anonyme du Speculum astronomie, composé vers 1260, qualifiait
d'imago astronomica, à savoir un talisman fondé seulement sur la
captation de l'influence des corps célestes à un moment choisi
selon les principes de I'astrologie des électionsee, et il prend soin de
distinguer ce genre d'usage naturaliste de la science des astres de la
nigromancia, c'est-à-dire de la magie démoniaque. Mais la découverte du texte de la consultation astrologique copié à la suite des
actes du procès permet de saisir une autre facette de son art, égale-
ment approuvée par I'auteur du Speculum astronomie: une partie
de l'astrologie dont Mauvoisin s'efforce de faire croire qu'il la
considérait comme licite, alors qu'il s'agit de l'un des aspects de
I'activité des astrologues qui attira sur eux le plus d'ennuis du fait
de sa parenté avec la divination augurale vilipendée par les Pères
de l'Eglisetoo. Cette partie de la science des étoiles, les questions ou
interrogations, fondées sur l'horoscope du moment précis où la
question est posée par le client à I'astrologue, constitue l'une des
principales branches de I'astrologie dite « judiciaire »», sur laquelle
il faut dire un mot avant de passer à une brève analyse de la consultation elle-même.
180
CAHIERS DE FANJEAUX 45
Dans la perspective adoptée par les traités d'astrologie traduits
de l'arabe au latin aux XII" et XIII" siècles, le « jugement des
étoiles »> Çudicium stellarum, traduction de l'arabe ahkâm alnujûm), l'acte par lequel l'astrologue s'érige en juge de la des-
tinée humaine, définit l'essentiel de son domaine
de
compétences. Au nom du respect du libre arbitre et de la toutepuissance divine, la légitimité de cette astrologie « judiciaire » est
contestée par les autorités de l'Eglise et par la majorité des théologiens du XIII" siècle, dont Thomas d'Aquin, pour qui « le
diable s'immisce dans les opérations de ceux qui se proposent de
juger par les astres, afin d'induire tout le monde en erreur»>1or. Et
dans un document de la pratique d'origine provençale, le « formulaire d'interrogatoire des augures et idolâtres » (conservé dans
I'un des tout premiers manuels de I'inquisiteur, l'anonyme
Summa de fficio inquisitionis, et rédigé, semble-t-il, dans les
années 1260, dans l'entourage de l'évêque de Marseille Benoît
d'Alignan), le champ d'intervention potentiel de l'Inquisition
inclut explicitement l'observation des moments favorables ou
défavorables pour entreprendre telle ou telle action - pratique
dont il est abondamment question, comme on l'a vu, dans le
procès de Mauvoisin, et qui se rattache à I'astrologie horaire des
élections et des interrogationstoz. Mais tout cela n'empêchait sans
doute en rien certains membres des élites laîques et ecclésiastiques de continuer de plus belle d'avoir recours aux services des
astrologues qui se réclamaient de cette « science des jugements »'
J. Shatzmiller, dans son introduction à l'édition du procès,
classe l'astrologie en général parmi les << choses interdites à tous et
réprimées chez tous » au début du XIV" sièclet03. En fait, les choses
sont plus nuancées : les autorités doctrinales et ecclésiastiques ont
cherihé, tout au long du Moyen Âge, et plus encore à partir du
milieu du XIII" siècle, à distinguer une astrologie acceptable, car
« naturelle » et respectueuse du libre arbitre et de la toute puissance
de Dieu, et une astrologie condamnable, << superstitieuse » car divinatoire et attentatoire à I'honneur divin. Un faisceau d'indices
montre que l'astrologie des interrogations se situait à leurs yeux
LE PROCÈS CONTRE L'ARCHET/ÊQUE
D'AIX
I81
plutôt dans la seconde catégorie que dans la première, contrairement à l'astrologie des révolutions annuelles et des conjonctions
planétaires de portée universelle, qui était plus largement tolérée.
D'où le caractère assez exceptionnel du texte découvert sur le plan
doctrinal, et pas seulement sur le plan judiciaire ou technique.
II. « QU,ARRIVERA-T-IL AU DEMANDEUR DE LAPART
DE SON SETGNEUR EN BIEN OU EN MAL ? »
LES EXPERTISES ASTROLOGIQUES PRODUITES
PAR MAUVOISIN
Venons-en donc au principal document malencontreusement
oublié par J. Shatzmiller dans son édition : une copie de la transcripion d'une consultation astrologique sollicitée par l'archevêque
auprès de deux spécialistes en la matière. Cette consultation se
fonde sur un horoscope daté du 3 septembre d'une année qü n'est
pas indiquée, mais dont les données astronomiques correspondent,
sans doute possible, au 3 septembre 1316, soit moins d'un mois
après l'avènement de Jean XXII, le 7 août précédent, et deux jours
avant son couronnement à Lyon, le 5 septembre.
l.
Une interrogation astrologique
En juriste habitué au vocabulaire universitaire, le notaire
Bertran Guilhem a donné à l'ensemble du document le titre de
Questiones, disputationes, responsiones et determinationes Judei
fetl magistri Petri. Mais notre texte correspond en fait à un débat
à distance autour d'une seule question : << Qu'arrivera-t-il au
demandeur [i. e. l'archevêque] de la part de son seigneur [i. e. le
pape] en bien ou en mal ? » Il s'agit de la transcription d'une
interrogation astrologique, c'est-à-dire d'un jugement fondé sur
le moment précis où la question a été posée à l'astrologue par
son client.
182
CAHIERS DE FANJEAUX4S
Ce document comprend trois parties principales qui recopient
les trois cédules originales mentionnées dans les actes du procèsrm
:
l)
la questio de Robert de Mauvoisin à son médecin et astrologue
juif suivie de la responsro foumie par ce dernier, à Aix, en fonction
de l'horoscope du 3 septembre (§ I à 4 du texte ; incipit : Queritur
quid accidet; explicit : duas grazas dans l'original, II grasas dans
la copie) ;2) la responsio donnée à Lyon et un peu plus tard (soit
peu après le couronnement de Jean XXII, le 5 septembre ?) à la
même questio par un autre astrologue, chrétien celui-là, maître
Pierre, dont on sait grâce à d'autres pièces du procès (notamment le
premier interrogatoire de Mauvoisin) qu'il était scribe et grossateur
des lettres de la Curie pontificale (§ 5 à 13 ; incipit : Magister ;
explicit : ut predixi); 3) la réplique de Moïse aux arguments de
maître Pierre (§ 14 à 26 ; incipit : Queritur quid accidet ; explicit :
non differunt).
Le 20 décembre 1317, lors de son second interrogatoire,
Mauvoisin se réfère à ce texte, qu'il vient manifestement de produire auprès des juges pontificaux, et donne des indications précieuses sur ses deux parties dues à Moïse : les rationes,
disputationes et responsiones dicti Judei ont été prononcées oralement in romancio, c'est-à-dire en provençal, et c'est l'archevêque
lui-même qui les a dictées en latin à l'un des scribes placés à son
service, dont on apprend par la suite
qu'il s'agit
de Bertran
Guilhem, un notaire de Cavaillon appelé cofirme témoin au procès
le 20 février 1318105. D'où, sans doute, certaines particularités linguistiques de notre document, en particulier de sa première partie,
où Moise a donné, en guise de pièce justificative, une description
assez détaillée de l'horoscope de l'interrogation du 3 septembre
1316 (§ 4). Dans ce sabir latino-provençal, résultat de la transcription, par le notaire, de ce qu'a dit Moise à l'archevêque en langue
vulgaire, plusieurs termes techniques ne sont pas canoniques et
pourraient montrer que ni Mauvoisin ni Guilhem - sans parler du
scribe de notre copie - ne devaient bien s'y connaître dans le détail :
les positions des planètes sont indiquées eî grasas (potx gradus) et
secundas (ce qui est une erreur grossière pour minutas); les douze
LE ZROCÈS CONTRE L'ARCHEVEQUE
D'ArX
183
maisons célestes sont qualifiées de camere au lieu de domustoi ;
I'horizon est qualifié d'osizon ; les décans sont désignés par le mot
tercium au lieu de faciest\T, etc. Mais le texte est néanmoins globalement compréhensible et il est intéressant de noter certaines différences entre le début du document, où l'influence de la langue
vulgaire se fait le plus sentir (grasas pour gradus, § 4 ; votre par
porv pars, § 1108) et la suite, où c'est l'opinion de l'astrologue chrétien qui est rapportée (dans la deuxième partie, où gradus apparaît à
partir du § 6) et où le texte est quelque peu normalisé sur le plan du
vocabulaire technique (par exemple dans le § 9, où apparaît l'équivalence domus seu camera), même dans la troisième partie censée
retranscrire la réplique de Moise (voir les § 15 et 16, où il est question de gradus et minutas, ce qui n'empêche pas grasis de remplacer gradus au § 22). Même si I'incompétence des scribes a sans
nul doute accentué les bizarreries de ce texte en latin farci, l'un de
ses intérêts est d'être assez proche de l'oralité plurilingue qui caractérise la Provence du début du XIV" siècle.
2. Son substrat astronomique
À partir de ce qui précède et des autres indications fournies par
le texte, on peut dresser le carré astrologique de l'interrogation
comme on le faisait à l'époque (c1. infra,l'horoscope de la
figure l) et suiwe le mot à mot du document, fondé sur une série
de doctrines plus ou moins sophistiquées. Mais il faut d'abord
s'intéresser au substrat astronomique de la questio. Pour ce faire, il
convient de suiwe les indications de l'horoscope et les autres don-
nées astronomiques du texte, puis d'utiliser par comparaison
l'Almanach perpetuum de l'astronome
juif
de Montpellier
Prophatius, alias Jacob ben Makhir ibn Tibbon, auquel Moise se
réfère (voir le tacuinum judeum de Monte Pessulano que dénigre
son rival chrétien, § l0;,0,, ainsi que le logiciel qui donne (sur le
méridien de Tolède) les positions planétaires selon les tables de
Tolède (TT), et ceux qui fournissent les vrais lieux des planètes
I84
CAHIERSDEFANJEAUX4S
calculés par les astronomes actuels (PM),,o, mais aussi les lieux de
l'ascendant et des maisons célestestrr. Le tableau de la figure 2
permet de comparer ces données.
Fig.
1. Reconstitution du carré astrologique
dela questio posée
par Robert de Mauvoisin à Moîse de Trets.
#
18'58' lïI
417"31', ',f',tl
XI
xII
627"40',î
Questio de
Robert de Mauvoisin
3 septembre 1316
5h post meridiem
VI
b
17"54',
u19"Y
X.&
Signification des douze mais ons (domus ott camere) du ciel
:
l. ÿita,IL lucrum,lll.fratres,I\1. parentes,V.rthi,\il. valindo,YIl. nuptie,
Ylll. mors,lX. peregrinationes, X. honores, Xl. amici, Xll. inimici.
LE
PROCÈS CONTRE L'ARCHEVEQUE
D'AIX
I85
Fig. 2. Comparaison entre les données astronomiques foumies
par Moïse de Trets et celles que I'on peut obtenir
avec l'Almanach perpetuum de Prophatius, avec les tables de Tolède (TT)
et avec les positions foumies par les tables astronomiques modemes (TM).
Moïse
Satume
317.54
TM
Proohatius
TT
318.18
318.2
t4
321.51
Jupiter
I
68.58
168.26
I
Mars
207.40
207.34
207.29
207.9
Soleil
167.31
t67.29
t6732
168.45
Vénus
210
209.48
211.11
212.45
Mercure
1
85.1 5
183.37
183.23
1
2.45
0.20
0.47
20.43
19.59
Lune
T. Dragon
Ascendant
19.
68.
168.41
88.33
2.34
20.
213 (3" Scorpion)
De l'examen de ce tableau, il se confirme que les positions planétaires de I'horoscope de l'interrogation correspondent bien à Ia
situation du 3 septembre 1316, à 5 h de 1'après-miditr2. Mais il est
possible, comme poulraient f indiquer certains écarts (notamment
pour Mercure, la Lune et la Tête du Dragonrr3) et comme il le
laisse entendre à la fin du texte (§ 26), que Moise n'ait pas seulement utilisé l'Almanach de Prophatius mais aussi des tables astro-
Il faut donc comparer avec les tables planétaires les plus
courantes au début du XIV" siècle, avant l'apparition des tables
nomiques.
dites alphonsines, à Paris vers 1320, à savoir les tables de Tolède et
celles de Toulouse (adaptation du XIII" siècle des tables de
Tolède) : ce sont probablement à l'une ou à l'autre de ces tables
que maître Pierre se réfère également au paragraphe 10, lorsqu'il
oppose à la valeur suspecte dt tacuinum judeum l'autorité supérieure, à ses yeux, des tabule verificate astrorilm. La comparaison
est globalement probante, malgré quelques discordances.
186
CAHIERS DE FANJEAUX4S
En revanche, à 3o Scorpion, la position de I'ascendant
-
pointe
de la première maison du ciel et point d'intersection entre le
zodiaque et le plan de I'horizon au moment considéré -, fondamentale pour caractériser la vie du sujet en astrologie, est aberrante : à
plus de 100o d'écart avec ce que Moise aurait dû trouver à 5 h de
l'après-midi, elle correspond à sa position vers t h 30 du matin. Or
une confusion entre 5 h post meridiem et la 5" heure du jour paraît
impossible à cause de la position de la Lune, à 2o 45' Bélier selon
Moïse : à t h 30 du matin, elle était aux environs de 28o Poissons,
ce qui change tout.
Comment expliquer cette position aberrante de l'ascendant,
que maître Pierre, de surcroît, ne conteste pas ? Dans son témoignage au procès, Moise dit à plusieurs reprises que pour ses prédictions adressées à l'archevêque il a utilisé un quadrant, sans doute
identifiable avec l'instrument de cuivre de forme rectangulaire et
pourvu de caractères hébraiques dont il est question dans l'interro-
il s'agit très vraisemblablement
d'un exemplaire du « quadrant d'Israël >> dont la version originale a
été mise au point en hébreu, vers 1288-l293,par Prophatius, et qui
a pris en latin, à partir de 1301, le nom de quadrans novustrs, le
traité le plus répandu relatif au quadrans vetus étant effectivement
plus ancien, puisqu'il date de 12761t6. Or, cet instrument astronomique qu'est le quadrans novus, qui est une réduction de l'astrolabe à l'un de ses quarts, par double rabattement du tympan et de
l'araignée le long de leurs deux diamètres perpendiculaires, est
d'un usage beaucoup plus complexe que celui de l'astrolabe pour
ce qui est de la détermination du degré ascendant et des maisons
célestesrrT. Il semble donc très plausible que Moïse n'ait pas su
s'en serviq que maître Pierre n'ait pas vérifié les calculs de son
acolyte juif à ce propos et qu'il se soit contenté de comparer le
gatoire de Bertran Gantelmll4 :
jugement dressé par ce dernier avec les données de l'horoscope.
LE PROCÈS CONTRE L'ARCHEVEQUE
D'AIX
I87
3. Des interprétations divergentes
Passons maintenant à l'analyse de l'interprétation astrologique
de l'interrogation, en allant à l'essentiel. Il pourrait sembler
logique que Moïse de Trets ait suivi en la matière les directives du
grand philosophe, exégète, astronome et astrologue juif du
XII" siècle Abraham ibn Ezra, qui fut l'auteur d'un traité sur les
interrogations largement diffusé, le Sefer ha-Se'rlottt\, et que
maître Pierre se soit inspiré quant à lui des méthodes exposées dans
les ouvrages spécialisés en ce domaine, traduits de l'arabe au latin
aux XII" siècle, ou dans les grandes compilations astrologiques
d'Hali Abenragel ou de Guido Bonatti, disponibles en latin depuis
le XIII"sièclerre. Mais Abraham lbnEzrra n'avait sans doute pas
assez d'autorité pour être cité explicitement par Moise dans le
contexte d'une consultation transformée en dispute et c'est en fait
maître Pierre qui s'y réfère dans le § 7, entre autres sources dont il
est visiblement trop heureux de faire étalage.
Leur interprétation est fondée sur les propriétés et sur la valeur
des planètes (fig. 3), de même que sur la doctrine des dignités planétaires (frg. 4 à 6)t2o.
Fig. 3. Propriétés et valeur des planètes.
SATURM
Masc.
Maléfique
Diume
JTJPITER
Masc.
Bénéfique
Diume
MARS
Masc.
Maléfrque
Noctume
SOLEIL
Masc.
Bénéfique en aspect
Diume
Maléfi que en conjonction
VENUS
Fém.
Bénélique
Nochrne
LI]NE
Fém.
Bénélique
Nocfurne
MERCIJRE
Mæc.
Valeur de la planète avec laquelle elle est en aspect
CAHIERS DE FANJEAUX 45
188
Fig. 4. Les deux principales dignités planétaires
domicile et exaltation (honor dars le texte).
:
DOMICILE
Détriment
EXALTATION
Chute
Capricome
Cancer
Balance 21o
Bélier 21"
Verseau
Lion
Sagittaire
Gémeaux
Poissons
Vierge
Scorpion
Taureau
Bélier
Balance
Taureau
Scorpion
Balance
Bélier
SATURNE
ruPITER
MARS
VENUS
MERCI]RE
SOLEIL
LIJNE
Cancer
Capricome 15"
15o
Capricome 28o
Cancer 28o
Poissons 27o
Yierge2T'
Vierge 15"
Poissons 15o
Vierge
Poissons
Gémeaux
Sagittaire
Lion
Verseau
Bé1ier 19o
Balance 19o
Cancer
Capricome
Taureau 3o
Scomion 3o
DMGON(Tête)
Gémeaux 3o
(Queue)
Sagittaire 3o
Fig. 5. Les termes (terminus) égyptiens des planètes.
Bélier
Jupiter
6
Vénus
Taureau
Vénus
8
Gémeaux
Mercure
Cancer
Mars
Lion
Jupiter
8
Mars
Jupiter
8
Satume
5
Mars
3
Vénus
5
Mars
7
Satume
6
6
Mercure
6
Jupiter
7
Satume
4
5
Satume
7
Mercure
6
Mars
6
6
Mercure
Mercure
6
6
Jupiter
6
7
Vénus
6
Vénus
5
Satume
5
Vierge
Mercure
7
Vénus
t0
Jupiter
4
Mars
7
Staume
2
Balance
Satume
6
Mercure
8
Jupiter
7
Vénus
7
Mars
2
Scorpion
Mars
7
Vénus
4
Mercure
8
Jupiter
5
Satume
6
Sasittâire
Jupiter
12
Vénus
5
Mercure
4
Satume
5
Mars
4
8
Satume
4
Mars
4
Capricome
Mercure
7
Jupiter
7
Venus
Verseau
Mercure
7
Vénus
6
Jupiter
7
Mars
5
Satume
5
Poissons
Vénus
t2
Jupiter
4
Mercwe
J
Mars
9
Satume
2
LE PROCÈS CONTRE L'ARCHEVESUE
D'AIX
189
Fig. 6. Les faces des planètes (terciadans le texte).
Bélier
Man
10
Soleil
10
Vénus
l0
Taureau
Mercure
l0
Lune
10
Satume
l0
Gémeaux
Jupiter
l0
Mars
10
Soleil
10
Cancer
Vénus
l0
Mercwe
10
Lune
l0
Lion
Satume
l0
Jupiter
t0
Mars
t0
Vierge
Soleil
l0
Vénus
10
Mercure
l0
Balance
Lune
l0
Satume
l0
Jupiter
l0
Scorpion
Man
l0
Soleil
10
Vénus
t0
Sagittaire
Mercure
l0
Lune
l0
Satume
IO
Capricome
Jupiær
10
Mars
10
Soleil
10
Verseau
Vénus
10
Mercure
10
Lune
t0
Poissons
Satume
r0
Iupiter
10
Mars
10
a.La responsio de Moïse àla questio de Robert (§ 1-4)
Les acteurs sont le petens, à savoir le demandeur Robert, dont
le significator est Jupiter (§ 2), et le dominus, à savoir le nouveau
pape Jean XXII, dont le significator est le Soleil.
La planète considérée par Moïse comme la major significatrix
in responsionibus dans les interrogations astrologiques est la Lune.
Or, la Lune se trouve dans le Bélier, signe d'exaltation du Soleil
(honor So/is). Le Soleil, significateur du pape, est maître de la
10" maison du ciel, celle de la « domination la plus grande et la plus
haute >» (signtficatrix majoris et altioris dominii), car la pointe de
cette 10" maison est dans le signe du Lion, domicile du Soleil. Or, le
Soleil, à 17" 3l'Vierge, est dans la I l" maison, celle de la chance et
des amis, et dans un angle de 166o avec la Lune, assez proche de
l'opposition vraie de 180", ce que Moïse considère comme un
aspect particulièrement favorable (irradiat directe ad Lunam, qui
melior irradians est)l2t. D'où la prédiction selon laquelle le demandeur « sera irradié en honneur par ledit seigneur [pape] ».
I9O
CAHIERS DE FANJEAUX45
En outre, le maître de l'ascendant (l'ascendant est à 3o Scorpion)
étant Mars, dont le Scorpion est le domicile diume, et Mars se trouvant à27" 40'Balance, dans la partie ascendante de la sphère, dans
l'un de ses termes et de ses décans (src : Moï'se confond ici la position de Mars et celle de I'ascendant), les maîtres des autres décans de
la Balance venant se conjoindre à lui, le savant juif pourrait conclure
que de nombreux amis du demandeur viendront voir l'archevêque
pour profiter de sa faveur auprès du pape.
Mais dès le paragraphe suivant, Moïse tempère ce bel optimisme. Mars, maître de l'ascendant, irradiabat decime domus
medii amoris, c'est-à-dire qu'il était en aspect carré (90'), défavorable, avec la pointe de la maison X, dont le Soleil, significateur du
pape, était le maître. Or, et c'est le problème essentiel évoqué par
Moïse dans son témoignage au procèsr22, la planète significatrice
du demandeur, Jupiter, à 18" 58' Vierge, était, au moment considéré, « brûlée par le Soleil »> (conbustus a Sole), lequel se situait
tout près de Jupiter, à 17" 31'Vierge. Il fallait donc attendre que
Jupiter sorte de cette néfaste combustion pour que Robert puisse
commencer à entrer en faveur auprès du pape, ce qui devait
prendre deux mois, selon la consultation, mais 26 ou 27 jours, puis
finalement presque deux mois (iuste avant la Toussaint) d'après les
souvenirs de l'astrologue juifl23. Quant à la date à laquelle cette
faveur de Robert sera pleinement effective, elle est repoussée à
deux ans, soit en septembre 1318124, sept mois après le début du
procès. Ce jugement n'est pas encore totalement infirmé au
moment du témoignage de Moïse audit procès, en awil 1318, mais
c'est précisément en septembre de la même année que Pierre
Després fut nommé archevêque d'Aix à la place de Mauvoisin...
b. Maître Pierre donne sa responsio en critiquant Moïse sur
plusieurs points (§ 5 à 13)
Il commence fort, sans doute pour impressionner son client et
son concurrent
juif,
en citant l'Astronomia, sive Flores in
Almagesto de Gebet alias Jâbir ibn Aflah, un ouvrage de haut
niveau traduit de l'arabe en latin par Gérard de Crémone, dans
LE PROCÈS CONTRE L'ARCHEI/E?UE
D'AIX
19I
lequel cet astronome andalou du XII" siècle s'emploie à relever les
erreurs contenues dans l'Almagesre de Ptoléméet2s. Le passage cité
se trouve dans le prologue :
Et quia necessaia fuit inquisitio veritatis, et facere ipsam vincere et
apparere, et ut non timeatur ille, qui deviat ab ea, quamvis sit magnus. Et
imitavimus in hoc Aistotelem, cum intendit redire super magistrum suum
Platonem, dixit excusando : « Veritas et Plato ambo sunt amici, sed
veritas est magis amica. » Visum
qddi{TProlèmeu{erravit, et dicamus loca earum in libro nostro hoc, ut
perveniat ad ea facile qui voluerit sciret26.
Le parallèle entre l'inquisitio veritatis dans les deux domaines,
celui de la science des étoiles et celui de la pratique judiciaire, est
bien sûr à noter, même si Pierre cherche surtout ici à montrer son
savoir tant technique que rhétorique. Il commence ainsi à
approuver Moise, puis conteste le fait que dans l'horoscope de
l'interrogation, le Soleil « irradiait » la Lune. Selon lui, comme le
montrent les tabule examinationum q,u'lla consultées, cette « irradiation )) s'est en fait produite la veille du 3 septembre 1316, le
jeudi 2, jour où le Soleil et la Lune se trouvèrent en opposition
(pleine lune). Les données astronomiques de l'époque attestent en
effet que la pleine lune a bien eu lieu ce jour-là, mais les coordonnées planétaires rapportées par maître Pierre sont erronées : le
Soleil n'était pas à 12' Vierge mais à 16" 36'Vierge au moment de
l'opposition, et in XII gradu Wrginls est probablement une erreur
pour in XVII gradu Wrginis, comme le suggère d'ailleurs Moïse
dans la troisième partie (§ 16). Par ailleurs, les sources mentionnées par l'astrologue chrétien dans le § 6 - le De radiis attribué à
Alkindi et le Quadripartitum de Ptolémée - sont assez problématiques dans ce contexte et ressemblent à de la poudre aux yeuxr27.
Les références à la Grande introduction d'Albumasar, à Abraham
lbnBna et à Hali Abenragel, au début du paragraphe suivant, sont
plus sérieuses, mais moins prestigieuses.
Pierre donne la fin de sa responsio en se fondant prétendument
sur des sources astronomiques plus sûres et sur plusieurs autorités
192
CAHIERSDEFANJEAUX4S
astrologiques arabo-latines : Aomar, l'un des neuf juges ût Liber
judicum; Albtmasar et le De electionibus de Hali Achmet
Embrani. Mais ses points de désaccord sont en fait secondaires,
novem
comme l'atteste Moïse lors du procès : selon lui, Pierre
réprouva en partie les raisons dudit déposant, mais il approuva
<<
la sentence
>>128.
c. La réplique de Moise aux arguments de maître Piene (§ 14-26)
Moise concède qu'il y a eu une opposition du Soleil et de la
Lune le jeudi 2 septembre à 5 h 11 r p.ffi., soit 18 heures avant
l'heure de la question : voilà qui n'est pas loin des données des
tables de Tolède mais qui situerait l'heure de f interrogation à
23 h ll m p.m. le 2 septembre, soit à 11 h 11 m du matin en date
civile, ce qui ne correspond pas à l'horaire de la questio (le 3 septembre à 5 h p.m.), à la position de l'ascendant (à
date
ll
h du matin le 3,
civile, l'ascendant est à 20o Scorpion et non pas à 3o
Scorpion) et à la position de la Lune indiquées dans la première
partie. Cette incohérence est d'autant plus curieuse que les autres
données astronomiques fournies par Moise sont rigoureusement
exactes:en 18 heures, le 2 septembre 1316, entre 5 h ll mp.m. et
23 h ll ffi p.ffi., le moyen mouvement de la Lune fut de 9' 52' et
celui du Soleil de 44'. Et Moise a raison de dire ensuite, comme
nous l'avons déjà vu, que le Soleil au moment de l'opposition fut
situé à 17o Vierge (ou dans le 17" degré) et non pas à 12'Vierge. I1
y a donc décidément un gros problème sur le plan horaire dans ce
dossier, alors que les données planétaires avancées par l'astrologue
juif sont fiables, plus fiables en tout cas que celles de son homologue chrétien.
Pour le reste de la réplique de Moise, le point le plus intéres-
sant est sa contestation, prétendument fondée sur l'autorité de
Messahala (célèbre astrologue juif actif à Bagdad aux VIII"IX" siècles), de l'authenticité de la Tétrabible ou Quadripartitum
de Ptolémée (§ 20) : en fait, Messahala critique à plusieurs reprises
la Tétrabible mais ne va pas jusque 1à ; c'est sans doute Abraham
ibnEzra (lui-même inspiré par Albumasarr2e) qui sert ici de modèle
LE PROCÈS CONTRE L'ARCHEVEQUE
D'AIX
193
à Moiser3o, un modèle contradictoire puisque, comme son illustre
prédécesseur, Moïse utilise le Quadripartitum et s'y réfère à plusieurs reprises (§ 15, 19, 22 et 24), tout en rapportant un témoipage niant son authenticité.
Que tirer, au total, de cette disputatio à distance ? Il y a bien
sûr un aspect à la fois rhétorique et exemplaire dans cette querelle
d'experts entre un astrologue juif et son rival chrétien, mais on
remarquera que c'est plutôt Moise qui a ici le beau rôle et le dernier mot, ce qui est exceptionnel dans les documents judiciaires de
l'époque, lesquels succombent pour la plupart au stéréotype dujuif
sorcier, y compris dans le procès d'Hugues Géraud. Il est vrai que
ce document a été reproduit à l'initiative de l'archevêque, pour sa
défense, af,rn de montrer I'innocuité relative de ses préoccupations
astrologiques. Par ailleurs, la cohérence n'est pas totale entre le
texte de cette consultation et le témoignage de Moise au procès
(sans parler des autres témoignages), où la faveur de l'archevêque
semble suspendue au choix du moment opportun pour envoyer au
pape un cadeau de joyeux avènement, dont il n'est pas clairement
question ici. Mais l'impression d'authenticité du texte est renforcée
par ses bizarreries linguistiques et par la validité globale de ses
données techniques, malgré des incohérences horaires. Nous
tenons là un précieux témoignage sur l'importance conjointe de
l'expertise astrologique, de la prophétie politique et de la magie
talismanique cornme moyens complémentaires de prévision politique et de promotion individuelle chez un prélat ennemi du pape et
dans les milieux qu'il a pu côtoyer, liés à la cour pontificale
d'Avignon durant la seconde décennie du XIV" siècle. Même si
Moise semble avoir poursuivi sa carrière sans dommage et ne plus
avoir été inquiété par la justice du paper3r, il y a là un élément
important du contexte qui contribue à expliquer le climat de suspicion générale qui accompagna l'avènement de Jean XXII et le tour
de vis judiciaire et doctrinal initié par lui durant les premières
années de son pontificat, notamment la fameuse consultation de
1320, relative à l'assimilation de la magie à une forme d'hérésier32.
194
CAHIERS DE FANJEAUX45
ll
faut remarquer cependant qu'il n'est pas question d'hérésie dans
le procès de Robert de Mauvoisin, preuve, s'il en était besoin, que
l'histoire des rapports entre l'accusation de magie et de divination
et celle de déviance dans la foi est loin d'être linéafue.
CONCLUSION
À üre les actes du procès, la fascination de Mauvoisin pour les
prédictions astrologiques et les talismans ne fait pas de doute. Ses
déclarations cornme celles des témoins nous le montrent alternant
entre curiositél33, croyancer34 et doute135. Moïse paraît s'être habilement gagné l'attention et les bonnes grâces de l'archevêque en
répondant par des prédictions promeffeuses, voire mirobolantesr36,
à ses inquiétudes face aux changements politiques et à son souci
d'entrer en faveur auprès du nouveau papel37.
Lorsque le Siège apostolique, depuis le temps d'Innocent III,
lançait des enquêtes contre des prélats accusés d'<< excès »>, ces derniers disposaient en général de nombreuses possibilités pour biaiser
et faire traîner les choses, entre les phases menées in partibus etles
audiences à la Curie - ce quelle que ffit la réalité de leurs fautes. Il
était en outre assez rare que les procédures soient menées jusqu'au
bout, malgré l'<< énormité >> des crimes invoqués : la papauté tendait à en faire un moyen de pression plus que de répression. Si,
dans le pire des cas, une sentence de déposition finissait par intervenir, il y fallait en général des aruréesr3S. Par contraste, le contexte
de lutte contre les complots du « parti gascon >» et la détermination
avec laquelle [a justice pontificale procéda contre l'archevêque
d'Aix ne laissèrent à ce dernier d'autre choix raisonnable que de
reconnaître, tout en les minimisant autant que possible, ses recours
coupables aux arts prohibés. Dès lors qu'il était beaucoup trop dangereux de nier, vu l'intention affichée par Jean XXII d'enquêter
très précisément et vu le sort récent d'Hugues Géraud, Mauvoisin
LE ZROCÈS CONTRE L'ARCHEVEQUE
en fut réduit à répondre
qu'il
<<
D'AIX
195
croyait licite » l'art de l'astro-
loguetre tout en protestant de son absence de foi dans les pratiques
divinatoires et talismaniquesrao. Quitte à repéter qu'il s'y était inté-
ressé seulement << pour s'amuser » ou « pour plaisanter »141. La
rémunération dujuift+z et le caractère public - c'est-à-dire scandaleux, au sens techniquer43 des relations entretenues avec lui par
Mauvoisinra, objets d'une attention toute particulière de Ia part des
juges, constituaient des circonstances aggravantes. Alors même
qu'il rejeta au départ toutes les autres accusations, pourtant solidement confortées ensuite par les témoignages (en particulier les
griefs d'incontinence chronique, de violences contre des clercs et
-
d'abus divers dans l'exercice du gouvernement), l'archevêque
adopta immédiatement un profil bas au sujet de l'astrologie et des
talismans : « ce qu'il avait fait » dans ce domaine, concluait-il
devant Jean XXII dès son premier interrogatoire, << il ne l'avait pas
fait de mauvaise {bi >)r45.
Le 3l mai 1318, après une ultime comparution de Mauvoisin,
ayant reçu sa renonciation à produire plus de moyens de défense et
son consentement à la « publication »>, les juges « conclurent >> le
procès, c'est-à-dire qu'ils en transmirent les actes au pape pour
délibération en vue d'une sentence finaler46. r--enquête avait ainsi
été portée à terme en moins de six mois, c'est-à-dire avec une rapidité exceptionnelle. Parmi les centaines de procédures criminelles
menées par les papes contre des prélats depuis le début du
XIII" siècle, une seule, semble-t-il, fut conclue dans des délais
aussi brefs : le premier procès d'Hugues Géraud, lequel fut mis en
accusation le 1"'novembre 1316 et condamné à la prison perpétuelle vers la fin du mois de mars suivantraT.
Dès sa troisième comparution, le 9 avril 1318, pour répondre
aux accusations de simonie et d'abus lors des visites pastorales,
Mauvoisin avait décliné une invitation des juges à présenter
d'éventuels éléments de défense supplémentaires et déclaré qu'il
<< se soumettait au conseil et à l'ordination de notre seigneur le
pape )) 148. Le 27 avril suivant, après avoir reçu copie des témoignages recueillis contre lui et délibéré pendant une journée, il
CAHIERS DE FANJEAUX 45
196
demanda un délai pour produire des documents écrits destinés à
prouver sa bonne gestion du diocèse, contre le reproche de dilapidemandant humblement la miséricorde et
»14e. Enfin, lors de
l'audience conclusive du 31 mai, ses derniers mots furent encore
pour « demander non pas un jugement, mais miséricorde r>r50.
dation, mais termina en
<<
la grâce de notre seigneur, et non rigueur
Comme on sait, la tradition ecclésiologique opposait miséricorde et « rigueur de justice »15r. Dans leur usage de la justice cri-
minelle comme instrument pour gouverner la haute hiérarchie
ecclésiastique, les papes faisaient effectivement jouer cette alternative152. De façon générale, une solution extra-judiciaire pouvait
toujours interveniç coupant court à toute logique processuelle, si le
Siège apostolique le jugeait opportun. En I'occurrence, la requête
deux fois réitérée par Mauvoisin revenait à un acte de repentir et de
soumission. L'archevêque sut ainsi se garder de l'erreur commise
par Hugues Géraud, auquel, d'après les actes de son second procès
(qui le conduisit au supplice), Jean XXII reprocha sa rébellion en
ces termes, non sans cruauté mentale :
« Et notre seigneur pape interrogea ledit maître Hugues [...] pour qu'il
révèle et dise devant lui ce qui l'a conduit à préparer ou faire préparer des
potions et des images contre notredit seigneur pape et les siens, car il ne lui
a jamais fait défaut en justice ; et il [Hugues] ne lui a jamais demandé miséricorde dans les causes pour lesquelles il a été déposé et condamné à la
prison, sinon lorsque la sentence était rendue ; et, s'il en avait fait la
demande avant, à ce que disait le seigneur pape, il ne la lui aurait peut-être
pas refusée. Et ledit maîfre Hugues, en pleurs, repondit que c'était par stupidité et qu'il croyait ainsi s'aider à conserver la dignité épiscopale »r53.
Plus de trois mois s'étaient écoulés après l'audience de clôture
du 3l mai 1318, sans qu'aucune sentence ni aucun acte de procédure supplémentaire n'intervienne, lorsque Jean XXII, le 9 septembre, dans sa « chambre » du palais d'Avignon et en présence de
deux cardinaux, « approuva, admit et accepta » la renonciation de
Mauvoisin à son archevêché d'Aix. L'acte rédigé à cette occasion
ne cache pas que le prélat démissionnaire était alors « l'objet d'une
LE PROCÈS CONTuE L',ARCHEVÊ7UE
D',AIX
t97
enquête menée contre lui de par l'autorité apostolique au sujet de
divers excès et crimes » ; il rappelle même que « la sentence au
sujet de cette enquête n'est pas encore rendue » et stipule aussi que
Mauvoisin a pris sa décision « non pas contraint par force ou par
dol, ni trompé, mais mû par sa volonté gratuite, libre et spontanée >>15a. Mieux encore : selon ce texte notarié, Jean XXII a
répondu à la « supplication » de l'archevêque, faite (( avec grande
instance », en l'avertissant de « bien faire attention à ce qu'il faisait
et de ne pas renoncer [au siège d'Aix] par crainte au sujet du procès,
lui soit
qu'il
renonne
rendue vvl55. \43uv6isin n'en a pas moins répondu «
pape
le
même
nouveau
çait pas pour cette raison, en suppliant de
qu'il
renonciation
ladite
qu'il
daigne admettre
notre seigneur pour
qu'il
nouveau
spontaà
faisait
et
d'Aix
avait faite dudit archevêché
car
il lui promettait
nément et librement
de n'avoir de cesse que justice
))1s6.
Le but de la mise en scène finale était ainsi
atteint : contraindre l'accusé à un suprême auto-abaissement.
Aucune sentence n'a laissé de trace, qui serait venue mettre un
terme formel au procès de Mauvoisin. Selon toute probabilité et
contrairement à la promesse du pape, rapportée dans l'acte de
renonciation, de « rendre justice » quoi qu'il arrive - une promesse
qui semble n'avoir été que l'expression d'une ironie cruelle - le
verdict final ne vint jamais. En cela, l'affaire ne différa pas de la
majorité des autres du même genre. Les cas ne furent d'ailleurs pas
rares, à partir du pontificat d'Innocent III, où le Siège apostolique
lança des enquêtes criminelles contre des évêques ou des archevêques dans l'intention de les pousser à la démissionls7. Avec la
renonciation de Mauvoisin, Jean XXII poursuivait la prise en main
des diocèses provençaux, que leur importance stratégique imposait
de contrôler au mieux. En décembre 1316, le siège d'Avignon était
passé sous contrôle direct du pape ; en janvier 1318, l'archevêché
d'Arles, dont l'évêque d'Avignon était suffragant, avait été retiré à
son titulaire, le gascon Gaillard de Faugères, pour passer à l'un des
juges d'Hugues Géraud158, Dès le 11 septembre 1318, c'est un des
juges de Mauvoisin, Pierre Després, qui lui succéda au siège d'Aix
par nomination pontificale t5e.
CAHIERS DE FANJEAUX45
198
Annexe I
Compléments à l'édition des actes du procès
Les mots ou les lettres édités entre \ et / ont été insérés dans les interlignes
du manuscrit. Les lettres éditées entre I et I ont été écrites sur rature ou
gruttage dans le manuscrit.
la. Dépositions des témoins
Peire Estève du Puy et Guilhem Penchenat
(ASV Col/. 17, fol. 98-99, texte cancelé)
Anno Domini millesimo trecentesimo XVI[", indictione prima, die
testes fuerunt examinati per dominos electum
VIII febr., infrascripti
Forojuliensem et Petrum(") de Pratis.
Petrus Stephani de Podio, testis juratus ad Sancta Dei Evangelia et
interrogatus super primo articulo dixit se nichil scire, salvo quod audivit
dici quod tenebat secum quendamjudeum, cujus nomen ignorat, interdum
per duos dies vel tres dies in camera sua et erat sibi multum familiariso).
Super secundo interrogatus dixit se audivisse dici a multis, de quibus
non recordatur, quod dictus archiepiscopus habuerat rem cum quadam
muliere relicta quondam Raymundi seu Bertrani de Rautio, ut sibi videtur,
et ab ea procreaverat unum filium quem faciebat nutriri per uxorem
cujusdam macellarii de Aquis, cujus nomen ignorat.
Super tercio articulo interrogatus dixit se nichil scire.
Super quarto articulo interrogatus dixit quod ipse vidit dictum archiepiscopum semel vel bis in territorio de Podio Sancte Reparate(") cum
canibus et avibus et cum multitudine equitum et peditum in venatione et
clamantem, sicut moris est in venatliolne(a) clamare, transendo(") per blada
non sine dampno illorum quorum erant blada ; et audivit pro dampnis
illatis multi homines conquerentes.
Super quinto articulo dixit se nichil scire.
Super sexto dixit se etiam nichil scire.
Super septimo(o sf(s) 6çt6y6 dixit se nichil scire.
Super nono dixit quod audivit dici quod cum baculo percussit vicarium de Ronhanis ; item quod percussit cum manu priorem de Podio Pini.
Interrogatus de dilapidatione dixit se nichil scire.
Item dixit interrogatus se audivisse dici a multis quod dictus archiepiscopus in visitationibus capellos sibi subditos plus debito gravabat, videlicet plures homines et evexiones quam deberet secum ducentesG).
LE PROCÈS CONTKE L'ARCHET/Ê?UE
D'AIX
199
Item dixit quod semel ab hominibus castri de Podio Sancte Reparate,
de quibus ipse deponens est unus, exegit, ut dicebat pro subsidio, absque
alia causa, LX flor. aur. vel circa ; et tamen ab eisdem hominibus habuerat
C I pro pallio et nunquam nisi L Ê(i).
[fol. 98v] Guillelmus Penchenati, testis juratus et diligenter interrogatus, dixit et asseruit suo juramento super primo articulo se nichil scire.
Super secundo interrogatus dixit se nichil scire, hoc excepto quod
audivit interdum Aquis in hospiciis ubi inhabitabat ab hominibus ibidem
assistentibus quod dictus archiepiscopus non erat homo castus.
Super tercio interrogatus, dixit se nichil scire, hoc excepto quod dixit
se bene audivisse dictum archiepiscopum jurantem per capud Dei et per
sacramentum misse.
Super quarto articulo interrogatus, dixit se vidisse multociens dictum
archiepiscopum in venationibus cum multitudine canium et avium venaticorum ; et vidit quod semel, cum illis venatoribus, transivit per terram
suam ubi erat bladum, ubi non modicum dampnum dedit ; quod et multum
eidem deponenti displicuit.
Super quinto, sexto et septimo et \octavo/ articulis interrogatus dixit
se nichil scire.
Super nono articulo dixit se nichil scire, excepto quod audivit dici
quod percussit semel vicarium de Romanis et Pontium Inberti.
Super dilapidatione interrogatus dixit se nichil aliud scire, nisi quod,
bene sunt duo anni elapsi, accidit in dicto castro de Podio quod fuit
quoddam homicidium perpetratum et gentes regie de dicto homicidio inceperunt cognoscere et cognoverunt ; et dicebatur communiter per sapientes
quod hoc erat propter negligentiam dicti archiepiscopi, quod si ipse
voluisset jus suum proposuisseÛ), dictus rex non poterat nec debebat se
intromittere, quia dictus archiepiscopus habet in dicto castro merum et
mixtum imperium.
Item dixit quod dictus archiepiscopus, annus est elapsus et plus,
habuitG) ab hominibus dicti castri LX flor. aur' pro subsidio ; quod tamen
aliter nodl) fuerat exactum.
[fol. 99] Item dixit quod communiter dicitur per homines dicti castri
et totius archiepiscopatus quod dictus archiepiscopus qui nunc est non est
dignus nec idoneus ad tenendum dictum archiepiscopatum. Super aliis
diligenter interrogatus dixit se nichil scire.
200
CAHIERS DE FANJEAUX 45
-
(a) Précédé de de, barué. - (b) saivi de Interrogatus super secundg barré.
(c) Podio Sancte Reparate dans I'interligne, au-dessus de laParada la étant bané
et Parada souligné. (d) précédé de clamatione, souligné. (e) slc pour traîseundo. - (f) p tracé par-dessus un x. - (g) précédé de etiam dix barré. - (h) sic
pour ducens. - (i) et. .. I slc. - O src. - (k) repété (en début de ligne suivante).
(l) précédë de qtod, barré.
-
-
-
lb. Les expertises astrologiques sollicitées
par Robert de Mauvoisin
(ASY, Coll.17, fol. 102-108)
@1
[]
Queritur quid accedet petenti de domino boni vel mali.
Respondetur quod Luna, que reputatur major signifrcatrix in responsionibus, quia invenit eam in Ariete, qui est honor Solis, et Sol dominus est
decime camere et Sol irradiat directe ad Lunam, qui melior irradians est ;
et camera decima est significatrix majoris et altioris dominii. Idcirco
respondetur quod petens inadiabitur honorifice ab illo domino et in magna
familiaritate habebitur et magnis honoribus exaltabitur ab eodem, quia
inveni dominum camere ascendentem supra osizonta), qui est Mars,
dominus videlicet camere, quia est in signo mutanti, quod est Libra, et
Libra est in parte ascendentis spere. Respondetur quod petens mutabitur
de honore in majorem honorem, ex eo quia Mars dominus in ascensu ille
ascendet ; nam si ille dominus, scilicet Mars, descenderet, petens etiam
naturaliter haberet descendere. Item etiam quia Mars, dominus ascendentis, erat in suo termino et suo tercio et domini terciorum aliorum sui
signi veniebant conjungi cum illo. Respondetur quod multi amici petentis
juvabunt eundem petentem ad obtinendum \petita/ol et alia ejus negocia
obtinenda. Istam sententiam dat magister sine instancia. [fol. l02v]
[2] Item quia Mars, dominus ascendentis, irradiat decime domui
medii amoris et quia Jupiter erat significator petentis et conbustus2 a Sole,
respondetur quod nichil pelat a domino prima vice, donec sit extra combustionem, que erit post duos menses, nec multa eidem domino presentet,
nisi ab expresso consilio ejusdem amicorum ; nam in suis negociis invenit
amicos, \ut premititur/") in questione ut supra, adjutores. Item quia invenit
Mars longe a camera decima decem sign\la), respondetur quod usque ad
LE PROCÈS CONTRE L'ARCHET/Ê7UE
D'AIX
201
duos annos premissi(") honores non complebuntur ; et tunc omnia complebuntur, nisi a Deo aliud ordinetur.
[3] Primo fuit quesitum a magistro qüd continget petenti a domino
utrum malum vel bonum. Respondet quod bonum, ut supra declaravit ; de
malo non videtur quod sibi accidat ab eodem, nec invenit juxta sententiam
astronomie. Amicos bonos habet et invenit in suis negociis et attentos ;
sed mali, licet gamrlent vel cogitent quandoque, nichil valent contra eum
aliqualiter obtinere.
[4] Hora petentis fuit tercia die mensis septembris, hora quinta.
Ascendens erat tercia grasa in Scorpione. Locus septem planetarum est
iste : Saturnus : Acarius, XVII grasas et LIIII* secundas, retrogradas3;
Jupiter : [fol. 103] Virgo, XV[I" grasas, LV[I'secundas, rectas ; Mars :
Libra, XXVII grasas, XL secundas, rectas ; Sol : Virgo, XVII grasas,
XXXI secundas ; Venus : Libra, XXX grasas, rectas ; Mercurius : Libra,
V grasas, XV secundas ; Luna : Aries,
II grasas, XLV
secundas ; Caput
Draconis : Aries, XIX grasas ; Cauda Draconis : Libra, XIX grasas ; par
dominationis : Virgo, V grasas ; par dignitatis subita : Leo, II grasas.
(a) Précédé de o, barré, en bout de ligne précédente. - (b) précédé de p, barré,
le tout au-dessus de pretent4 barré - (c) au-dessus de tnpremititrx, barré. (d) a
tracé d'une encre plus foncée par-dessus une lettre invisible, au-dessus du n ; os
barrés à la fin du mot. (e) i final tracé par-dessus un e.
[5] Magistert"), quicumque es, si reprehendo in aliquo, excuset me
dictum Geberis expositorii Almajesti quando reprehendit Tholomeum,
magistrum suum, in capitulum decem et octo, in quibus dicebat ipsum
errasse ; excuset etiam me verbum Philosophi quando reprehendit
Platonem, magistrum suum, cum dicit : « Veritas et Plato ambo sunt
amici, sed veritas magis amica
»4.
Ideoque pro veritate loquor.
[6] Vidi scripturam que incipit : « Queritur quid accidet
de domino »,
ad cujus responsionem dixistis quod Luna signiflrcatrix pro omni querente
erat tunc in Ariete, in quo est honor Solis, respiciens domum decimam
honoris et dignitatis ; et in hoc bene dixistis ; sed addidistis quod Sol, qui
significat dominum, qui est dominus decime camere, tunc irradiabat
Lunam ; quod est falsum, quia die jovis precedenti, Luna fuit in opositione
Solis irradiata a Sole per opositums. Hoc probant tabule [fol. l03v] \examinationum,/ô) ; hoc vidimus per experienciam. Vos etiam ponitis eam
extra opositum Solis, quia dicitis quod erat in duodecimo gradu Arietis, ibi
irradiata a Sole per opositum ; et dicitis quod Sol erat in XII" gradu
202
CAHIERS DE FANJEAUX 45
Virginis, cujus opositum in veritate est in XVI[" Piscium, qui distat per
gradus a XII. gradu Arietis ubi ponitis ; Lunam irradiatam a Sole
per opositionem in hoc male videtur studuisse in libro qui dicitur
Alquindus De radiist et rationes jaumetricas quas ponit Tholomeus in
Quadripartito suo qui dicitttr Alarbat.
[7] Et quia dixistis per Lunam significari quod querens obtineret
XXIIII*
honorem a domino et cetera, male considerastis introductiones astronomi-
corum in Introductorio majori Albummassar8 et aliorum judicum, qui
oûrnes concorditer dicunt, et precipue Avenesree et Ali Abenragelto, cum
dicunt(o quod quando Luna vel significator respicit domum seu cameram
rei de qua queritur, sicut hic Luna irradiabat Xu. domum, tunc debet atente
considerari quod si Luna sit in cadenti, sicut erat hic cadens in sexta
domo, non signiflrcat complementum rei, sicut vos dixistis, sed haberet
tantum in cogitatione et non in effectu ; si vero esset in angulo vel in
sequenti, tunc irradiatio significaret effectum.
[8] Item dixistis quod Jupiter erat in XI" domo seu camera spei et fortune et desiderii et familiarium dominirr et quod erit ibi cum §ele(o çs6burente ; et hec bene dixistis ; sed conclusistis quod post tempus certum
obtineret et cetera ; et in hoc [fol. 104] mirum est quod ignorastis verba
Albummassar de revolutione annil2, cum quo famosi astrologi concordant,
cum dicunt quod Sol per conjunctionem corporalem extra Leonem et
Arietem comburit et destruit omnes planetas et nulla virtus est in eis et
quod tunc planeta sigrificare non potest, neque promittere nullo unquam
tempore dabit pro questione ill4 nisi esset in corde Solis, quod est cum
sunt ambo infra viginti minuta unius gradus in longitudine et latitudine.
[9] Item dixistis in secunda questione de mutatione status et cetera,
quia ascendens erat tercius gradus Scorpionis, dominus ejus erat Mars,
dominus ascendentis, et erat circa finem Libre ; et in hoc bene dixistis, pro
eo quia erat in signo mutanti ; sed adjunxistis quod mutaret in melius, pro
eo quod Mars erat in parte ascendente spere, sed i1 hss n6n(e) bene considerastis introductiones et amphorimos sapientum astro[logo]rum, qui
dicunt quod planeta ascendens in parte spere, quando est in Xlludomo seu
camera, qui est locus dejectionis et vilitatis, tunc nichil boni promittit in
mutatione status, sed in aliis locis, vel si appodiatur planete(o in angulis,
quod hic non erat ; et quamvis tu dicas quod domini terciorum jungunturG)
Marti, domino ascendentis, per quod juvaretur querens ab amicis, non
dixistis in hoc verum, quia unus illorum est separatus et alter nullo modo
respicit, sicut tu jam ponis eos in adhecationibus planetarum.
LE PROCÈS CONTRE L'ARCHEYEQUE
D'AIX
203
(a) en marge gauche : pied de mouche devant un poinl. - (b) d'une autre main
médiévale, au-dessus de examinationem, barré. - (c) a transformé en u, d'une
encore plus foncée. - (d) ofzal transformé en e. - (e) précédé debene, barré et
souligné. - (f) a final transformé en e. - (g) écit sur un espace laissé blanc par le
scribe, de la même main qui a corrigé plus haut exaroirrationem en examinationum.
Responsioth) [slc]
Ego autem considero sic. In questione prima de obtentu a
domino, [fol. l04v] quia verba sunt sapientum, super XI" domo et textus
est Ahomarls et Azelisra, cum dicunt quod si fortuna sit in angulo
X" camere vel in angulo orientis seu prime camere, illum dominum seu
[0]
alium de quo queritur amicum esse asserit, \scilicet/i) querentis honorem
et profectum ab eo inducit ; et ita erat in ista figura celesti, quia Venus,
que est fortuna, sicut dicit Abummassar in libro De peregrinationibus et
H1li, De electionibusts, erat in tercio gradu Scorpionis in gradu orientis
prope, sicut patet per tabulas verificatas astrorum, et non per tacuinum
judeum de Monte Pessulanol6, sicut judicat tua scriptura.
Il] Item in alia questione de mutatione status considero sic. Mars,
dominus ascendentis, erat cadens in XII" domo et erat in signo mutationis, scilicet0) Libra, et Luna similiter erat cadens in VIU domo et erat
similiter in signo mutationis, scilicet Ariete, in prima facie, non in
secunda sicut tu ponis ; et omnia hec signifrcant mutationem status ;
quod autem sic mutatio in melius ita considero quia Mars erat in ascendente spere, ut tu jam dixisti, sed erat in fine signi Libre, qui est casus
ejus, etjam intrabat signum Scorpionis, ubi habet multas suas dignitates
ex domo et triplicitate et jam radii medii sui orbis luminis erant in eo ; et
hec ratio sumitu ex figura celi naturalis ; ex figura autem accidentali sic
probatur, quia Mars, dominus ascendentis, erat in fine XII" domus
cadentis, quasi intraturus primam domum orientis in quinque gradibus
qui sunt supra orizonta, jam irradians illos ut veniat suo motu
ad
angulumG) orientis, per quod signi-[fol. 105]-flrcatult) mutatio in melius
et cetera.
[12] Item de tempore dixistis quod usque ad duos annos premissi
honores non complebuntur et tunc omnia complebuntur, quia Mars erat a
longe a camera Xu per decem signa ; per hec videris intelligere quod
quando Mars venerit ad Leonem in Xu camera, tunc complebuntur sibi
honores et cetera, quod erit circa finem duorum annorum ; et in hoc bona
fuit consideratio, sicut legitur in libris de temporibus ; sed forte esset
melior consideratio quod istud tempus significaretur a planeta Venere
204
CAHIERS DE FANJEAUX45
fortuna que erat fortior et proprior in ascendente angulo, et hoc esset
quando Venus veniret ad X,- cameram in Leone et maxime si esset ibi
cum Sole, quod poterit esse ante finem primi anni.
[3] Item dixistis quod Mars, dominus ascendentis, erat in suo tercio
et domini terciorum aliorum sü signi veniebant conjungi cum illo ; ideo
dixistis quod multi amici juvarent eundem petentem ad obtinendum petita.
Et ego dico quod nullus planetarum jungitur Marti nec Mars alteri, sicut
patet intuenti figuram et adecationes(.) planetarum et scienti radios et
aspectus planetarum ; sed forte hoc potuit significari quod induskia sua,
amicorum consilio et altiorum hominum propter translationem luminis de
Luna ad Mercurium per apositionem(,) et Mercurii ad Saturnum ex trino
aspectu amicitie ad Saturnum recipientemG)t7 et receptum in angulo quarte
domus et fortunium XI" domus per Solis presentiam, qua signum calefacit
et non destruit, sed fortunat [fol. l05v] XI* et propter fortunium prime
domus orientis in qua erat Venus ut predixi.
(h) Ce titre, qui est entouré d'un trail circulaire, aurait dû être placé plus
haut, avant le § 5. - (i) en toutes lettres, au-dessus d'un s qui n'est pas baté et
signifiait pourtant la même chose. - Q) s surmonté de licet tracé dans I'interligne
dans un second temps. - (k) premier tt tracé, d'une encre plus foncée, par-dessus
un e. - (l) n supprimé par soulignement entre a et t. - (m) premier e formé à partir
d'un o tracé d'abord. - (n) sic comprendre opositionem. - (o) précéü de respicientem, supprimé par soulignement.
[4]
« Queritun") quid accidet de domino » : in ista questione prima
laudastis dictum primum, sed dixistis falsum esse cum dicebam quod Sol,
qui est dominus X" camere, tunc irradiabat Lunam, quia, ut dicitis, die
jovis precedenti Luna fuit in oppositione Solis irradiata a Sole per oppositum, allegando quod hoc probabant tabule examinationum et quod hoc
vider\r/atistu) per experienciam.
[15] Concedo et dico quod die jovis post meridiem quinque horis et
XI momentis fuerunt Sol et Luna per oppositum et ab illa hora usque ad
horam petentis erant XVIII. hore, \etl interim Luna ascendit IX gradus et
LII minutas et Solis(c) XLIIII* minutas ; et Tolomeus scribit in VII" capitulo in libro judicum in quo hactat de triginta modis qui judicant motus et
virtutes planetarum ; et unus illorum est irradiatio, ubi dicitur septem
modisrs ; et ibidem ponit quod Hali, Abummassar et omnes antiqui dicebant quod irradiatio non deficiebat in virtute per longitudinem XII graduumre ; Tholomeus autem dicebat quod impediebat cum distabat per
XVI gradus, unde non impediebat secundum Tholomeum et alios, cum
LE PROCÈS CONTRE L'ARCHEVEQUE
D'ALX
zls
non distaret nisi per IX gradus ; unde perindejudico ac si directe radiaret,
quod facit quantum ad veram sententiam et effectum, cum talis distancia
non impediat, ut est dictum. [fol. 106]
[6] Item quia dicitis quod pono Lunam extra oppositum Solis, ymo
pono quantum ad D( gradus et LII minutas, sed quantum ad sententiam et
effectum, judico quod irradiantibus directe ut superius est dictum ; nec
dixi quod esset in XII' gradu Arietis, ymo in meis adjectionibus, si bene
vidistis, Sol Virgo erat XVII. et non in XII., quia tunc esset aliud ; et vos
dixistis quod erat in XVIII. Piscium, qui distat per XXIIIIo. gradus a
XII" gradu Arietis, ubi ponebam Lunam irradiatam a Sole per apposifi6ngm(a) ; dixi et dico ut supra, ut apparet in adzacationibus meis, si bene
vidistis, ubi dixi Sol Virgo XVII. gradus. [n hoc vero quod dicitis Solem
esse in Piscibus, multum miror, quia scitis quod nisi in XVIII" die marcii
non erat in Piscibus.
[17] Item in hoc quod dicitis me non bene vidisse in Libro itadiationum a calide, dico illum vidisse, sed non facit ad istos radios super
quibus tractatur, quia isti sciuntur per virtutes numerum et illi sciuntur a
calide per visum occuli.
[18] Item de illo quod me reprehendistis quod Lunam ponebam signi-
ficatricem honori et dignitati petentis, et dicitis quod Luna erat in
VIU camera
nichil habebat signiflrcare, sed si esset in Vu, concederet sigrri-
ficationi quam dabam, salvo honore vestro, non ordinastis cameras ut
debuistis, secundum esse terre petentis, quia si vultis bene studere et
ponere cameras secundum ascentiones signorum in hac terra, [fol. l06v]
invenietis quod Luna est in Vu camera, quia est in secunda camera Arietis ;
quare ejus significatio erat(") bona et vera ut posui.
Item super eo quod me reprehendistis quia respondi petenti et
assignavi certum terminum ad consequendum honores, quia dicitis quod
[9]
Jupiter erat combustus a Sole et ponitis quod nullam signifrcationem
potest facere super questione, miror valde, quia scitis quod in XLII' capitulo de octo libris sententiarum habet quod quando planeta est retrograda,
dicit quod non potest esse in pejori signif,rcatione ; et ponit in capitulo
sequenti quod debet judicari quando erit directa, tunc debet obtinere
petita ; et in capitulo nonagesimo ponit Tholomeus quod planeta combustus est sicut homo existens in periculo mortis et postea venit in convalescentia; quare dico quod post exitum combustionis, habet significare
complementum propter reductionem sui primii status et in combustione
nichil propter debilitatem eflo melenconiam.
206
CAHIERS DE FANJEAUX 45
[20] Item super eo quod me reprehendistis quod bene non vidi Librum
alariba, sciatis quod vidi, sed per ipsum non judico, quia Mosalla scribit
ir Libro generali judiciorum, in Xo capitulo, in fine, et in p/rncipio Libri
nativitatis, quod ipse credit quod Tholomeus non fecit illum librum,
[fol. 107] quia illa plurima que continentur in eo sunt longe a veritate et a
ratione2o.
[21] Item super eo etiam quod me reprehendistis quod judicabam
quod mutaret dignitatem suam in mslius(d quia Mars erat in parte ascendentis et dicebam quod erat in XII" camera, que vocatur cadens, et dixistis
quod potius haberet significarett) in pejori, miror de reprehensione, quia
scitis in Libro communi judiciorum, in V" capitulo, ponit(i) nobilitatem et
incrementum unicum, que recipiunt planete secundum locum eorum in
spera, ubi ponit quando planeta ascendit in partem sinistram vel ascendit
in speram parvam \autla) in statu suo secundo aut exit subtus combustionem Solis, tunc in suo meliori statu ; et non \distinguit/ G) per cameram
in qua est.
l22l ltem super eo quod me reprehendit quia dominus terciorum
Scorpionis conjungebatur Marti, qui est dominus Scorpionis, et unus terciorum est separatus et alius non irradiat, miror, quia domini terciorum
Scorpionis sunt Venus et Mars et socius est Luna et Venus et Mars sunt
infra duabus grasis et XX minutis [fol. l07v] et virtus corporis cujuslibet
planete durat VI gradibus et plus et Tholomeus ponit in VII" capitulo sui
Libri generalzs quod quocienscumque quodo planeta sit infra virtutem
alius planete(.) vocantur conjuncte.
l23lEx quibus concludo positiones meas prout
posueram veras esse
et de reprehensione vestra merito valde miror, sed ad declarationem vestre
intentionis et mee in festivitatibus natalis Domini Aquis simul erimus,
Domino concedente ; existens nichilominus in mea intentione quod petens
suum obtinebit optatum prout scripsi.
[24] In sententiis vestris cum meis concordantibus in effectu, licet diÊ
ferant in arte et in effectu etiam quantum ad prorogationem temporis discordemus, quia vos ponitis tempus brevius et ego longius ; miror de vobis,
quia posuistis significatorem Venus et ex eo extraxistis brevitatem obtinendi petita contra sententiam meam, qui dicebam longius, quia scitis
quod ponitG) Tholomeus quod Venus nichil significat quoad honores boni,
sed quantum ad lacivitates et luxurias2l ; adhuc est magis miranldlum, quia
Venus erat [fol. 108] in XII" camera cadentis et nullium(o) dominium
habebat cum domino(p) ascendentis et non debuistis ipsum recipere pro
LE PROCÈS CONTKE L'ARCHEI/EQUE
D'AIX
207
significatore, quia nullum dominium habebat cum domino ascendentis,
nec potestatem nec proprietatem in questione, sed Mars erat dominus
ascendentis, qulalre recepi eum pro sigrrificatore.
[25] Insuper, miror quia dixistis quod irradiatio Mercurii ad Saturnum
significat mutationem majoris honoris, quia Satumus est retrograldlus et
nullam bonam significationem habet.
[26] Dixististol quod judicavi per tacinum('). Verum est, et etiam per
tabulas, quia quantum ad questionem istam non differunt.
Similem processum habuit dominus
P.22,
Aquensis archiepiscopust9.
(a) en marge gauche : pied de mouche et double point, un trait partant de la
gauche du point inférieur, recourbé vers le bas et vers la droite. - (b) src. - (c) src
pour Sol. - (d) slc, comprendre oppositionem. - (e) précédé de et, exponctué et
bané. - r\ précëdé de et" barré. - (g) s final sur un d- - (b) précédé de significa-
tiolrem, souligné et barré - (i) précédé d'un p barré droit suivi d'un o, barrés fi) précédé du même mot rendu presque illisible par une dissolution de I'encre due
à la mauvaise qualité du papier ou à I'humidité (et peut-être barré) - (k) de la
main contemporaine qui a aussi corrigé plus haut examinationum, au-dessus de
distringit. - (l) src - (m) e final formé à partir d'un a tracé d'abord. - (n) précédé
de Venus. - (o) sic pour ntllum - (p) s final transformé en o - (q) précedé de Dist"
barré. - (r) sic pour tacuinum. - (s) Zes premiers mots sont d'une encre plus
foncée : la phrase a été écite après coup, peut-être par une autre main.
1. Le même sigrre apparaît au fol. 109, suivi dutitre Questiones, dkputationes,
responsiones et determinationes Judei fet] magistri Petri.
2. Une planète est dite « combuste » lorsqu'elle est en conjonction avec le
Soleil ou située à moins de 12' du Soleil, dont I'influence est réputée néfaste en
cette occurrence.
3. La retrogradatio estla situation d'une planète qui, à un moment donné de
sa révolution et du fait de I'illusion provoquée par son mouvement apparent autour
de la Terre dans le système de Ptolémée, suit sa marche dans l'ordre inverse à
l'ordre habituel, celui des signes du zodiaque, et est donc qualifiée de rétrograde.
Cette situation est considérée comme défavorable en astrologie.
4. Le passage évoqué est en réalité situé dans Ie prologue de l'Astronomia sive
Flores in Almagesto de Jâbir ibn Aflah ; cf. Geber filius Affla Hispalensis, De
astronomia libri IX, publié à la suite de Petrus Apianus, Instrumentum pimi
mobilis, Nuremberg : J. Petri, 1534,2 : Et quia necessaria fuit inquisitio veitatis,
et facere ipsam vincere et apparere, et ut non timeatur ille, qui deviat ab ea,
quamvis sit magnus. Et imitavimus in hoc Aistotelem, cum intendit redire super
magistrum suum Platonem, dixit excusando : « Veritas et Plato ambo sunt amici,
sed veritas est magis amica
»».
Visum est nobis,
u@
208
CAHIERS DE FANJEAUX 45
lPtolemeus) erraÿit, et dicamus loca earum in libro nostro hoc, ut perveniat ad ea
facile qui voluerit scire.
5. Cette circonstance correspond en effet à I'une des infortunes de la Lune
selon de nombreux ashologues, par exemple Albumasar, Ysagoga minor,
lY,
dans
Abü Ma'shar, The Abbreviation of the Introduction to Astrologt, together with the
Medieval Latin translation of Adelard of Bath, éd. et trad. C. Burnett,
K. Yamamoto, M. Yano, Leyde, New York, Cologne, 1994, 122.
6. Réference problématique. Il n'est pas question de ce point précis dans le De
radiis d'Alkindi, qui en reste au niveau théorique et dont la réputation est sulfu-
reuse du point de vue doctrinal, notamment depuis la diffusion du De erroribus
philosophorum attribué à Gilles de Rome. Voir M.-T. d'Alverny et F. Hudry, « AlKindi, De radiis »>, Archives d'Histoire doctrinale et littéraire du Moyen Âge,49,
1974, t39-269.
7. Allusion at Kitdb al-Arba'a, traduction arabe du Tetrabiblos de Ptolémée,
traduite en latin sous le titre de Quadripartitum. Mais la référence ne semble guère
correspondre à un passage précis de ce texte. Cf. Ptolemy, Tetrabiblos, éd. et trad.
F. E. Robbins, Cambridge (Mass.), Londres, 1961 ; Ptholomeus, Quadripartitum,
Venise, B. Locatello, 1493 (avec le commentaire d'Hali Abenrudian).
8. Référence à l'Introduclorius major d'Abü Ma'§ar al-Balkhi (Albumasar),
auquel Moise se réfère implicitement plus loin dans le texte (cf. note l2).
9. Abraham ibnEzra, De interrogationibus, trad. P. d'Abano, Venise,
P. Liechtenstein, 1507, fol. 65ra-rb, De decima domo.
10. Albohazen Hali,
filius Abenragel, Liber in judiciis dstrorum, Venise,
E. Ratdolt, 1485, III, III,20, fol.48vb49rb.
11. Albumasar, Ysagoga minor,Il, dans Abû Ma'shar, The Abbreviation, op,
cit., 104, sur les domaines d'influence de la I l" maison : spei, fortune, divitiarum,
fame, sodalium.
12. Abü Ma'§ar al-Ballût7 Liber introductorii majoris, t. 5, Texte latin de Jean
de Séville avec la révision de Gérard de Crémone,289.
13. Aomar Benal Tiberiadis est l'un des neuf « juges » du Liber novem
judicum, compilation arabolatine sur les interrogations. Cf. Judicum in judiciis
astrorum novem liber, Bâle, H. Pehi, 1 57 l, 4l I -586.
14. Il s'agit de ZaelBenbiz, un astrologue juif du IX" siècle. Voir à la suite de
l'édition de Venise, B. Locatello, 1493, du Quadripartitum de Ptolémée, fol. 135ral35rb, le chapitre de sonDe interrogationibus intitulé Questio de qualibet re si adï
piscetur vel non.
15. Hali Achmet Embrani, De electionibus, dans J. M. Millàs Vallicrosa,.Las
traducciones orientales en los manuscritos de la Biblioteca Catedral de Toledo,
Madrid, 1942, 335 : Luna enim, secundum ipsum l: Albumasarl, calida est, et fortuna quoque sicut Venus, Quod testatur Albumasar, ubi loquilur de peregrinationibus.
LE PROCÈS CONTRE L',ARCHEYEQUE
D'ArX
209
16. Il s'agit de I'Almanach de Prophatius (Jacob ben Makhir ibn Tibbon).
Cf. Almanach Dantis Alighieri sive Prophacii Judaei Montispessulani. Almanach
perpetuum qd annum 1300 inchoatum, éd. J.Boffito, C. Melzi d'Eril, Florence :
L. S. Olschki, 1908. Cet almanach est fondé principalement sur les tables de
Tolède : G. J. Toomer, « Prophacius Judaeus and the Toledan Tables », Isis,64,
1973,351-355.
l7.La << réception » est la situation d'une planète A se trouvant en application
ou en conjonction avec une planète B, A recevant l'influence de B dans un lieu du
zodiaque correspondant à l'une des dignités essentielles de B.
18. Source précise non identifiée.
1 9. Albumasar, Lib er intr o ducto rii maj oris, Yll, 5, t. 5, 294.
20. L'rd,ée selon laquelle Ptolémée n'était pas le véritable auteur du
Quadripartitum a circulé parmi les savants juifs du Moyen Âge, même si elle ne
semble pas avoir été formulée d'une manière aussi claire par le fameux astrologue du
MII" siècle Messahala, contrairement à ce qui est dit ici. Voir notamment le prologue
dn Sefer ha-Te'amim d'AbrahamibnBna, traduit en latin en 1281 par Henri Bate de
Malines sous le titre De mundo vel seculo, éd. Venise, P. Liechtenstein, 1507,
fol. 76rb : Et ego, Abraham compilator, dico quod hunc libellum li.e.\e
Quadripartitum) non compilavit Ptolomeus, nam in eo sunt multi sermones frivoli
secundum scientie contra ponderationum et experiencie. Idem in Libro nativitatis,
caput domus 5, ait idem ». Sur les critiques anti-ptoléméennes d'Ibn Ezra, voir
S. Sela, Abraham lbn Ezra and the Rise of Medieval Hebrew Science, Leyde,
Boston : Brill, 2003, 247 -256, notamment 254-256.
21. Ptholomeus, Quadripartitum, lll, 13, Venise, B. Locatello, 1493,
fol. 81va. Voir aussi Abraham ibnEzra, Liber rationum, trad. Pietro d'Abano,
Venise, P. Liechtenstein, 1507, fol. 39ra; Venus est fortunata planeta, quoniam
parum temperata, ideo h.æuriam significal.
22. Piere Després a été nommé archevêque d'Aix par Jean XXII le 1l septembre 1318. Un autre Pierre lui a succédé le 27 févier 1321, Pierre Auriol, franciscain (Pierre Després étant nommé cardinal).
lc. Le demier folio : liste des témoins
(ASY, Coll. 17, fol. l09v)
[fol. 109v]
Testes Aquenses.
t. I. Guillelmus Galteri.
II. Gasandus de Podio Ricardo.
III. R. Arvey.
IIII.
Ysamus Vaurelha.
et renvois
2IO
CAHIERS DE FANJEAUX4ï
V. Guillelmus Stephani, episcopus.
VI. Guillelmus de Ponte.
VII. Lodoycus de Petra Grossa.
VIII.
Bertranus Gancelmi, prior.
IX. Frater Guillelmus Viaderii, monacus.
X. Berenguarius Stephani.
XI. Hugo Bompar, presbiter.
XII. Jacobus Donadei.
XIII. Geraldus Alamanni, presbiter.
XIIII. Guillelmus Aycardi, presbiter.
XV. Rayrnundus Vaulonis, presbiter.
XVI. Bertrandus Rustanni, clericus.
XVtr. Raymundus Berengarii, presbiter.
XVIII. Bertrandus Sabadenc,presbiter.
XIX. Bertrandus Güllelmi, notarius.
XX. Rustannus de Mala Morte, monacus, prior, presbiter.
XXI. Raymundus Tacelli, presbiter.
XXII. Hugo de Colebriis, sacrista Aquensis.
XXII.
P. Cavalerii, clericus archiepiscopi.
archidiaconus Aquensis.
XXV. Jacobus de Bariaco, sacrista Marciliacensis.
XXVI. Aymericus de Claromonte, canonicus Aquensis.
XXVII. Bertrandus de Lengres, canonicus Aquensis.
XXV[. P. Geraldi, notarius curie Aquensis.
XXIX. Rustannus Darboni, subdyaconus, bajulus archiepiscopi.
XXIIII. Hugo Gancelmi,
XXX. P. Bertrandi.
XXXI. Guillelmus Porcelli, presbiter.
XXX[.
Bertrandus Natalis, notarius.
XXXIII. Bertrandus Balsani, jurisperitus.
XXXIIIIG). Bermonetus de Vaco, camifex.
XXXV. Mosse, judeus.
XXXVL Frater Johannes de Albenacio
XXXVII. Dominus Tusculanus.
de Carmelo.
[Signe]t Instrumenta et littere producta et producte per archiepiscopum ad defensionem suam.
@ Questiones, disputationes, responsiones et determinationes Judei
[et] magistri Petri.
LE PROCÈS CONTRE L'ARCHETIEQUE
D'AIX
2II
(a) au-dessous de Mosse judeus, ces deux rnots étunr précédés d'un X suivi de
la première barre de la même lettre, le tout barrë.
1. Triangle incliné vers la gauche (comme un fanion), contenant un
petit rond. On retrouve ce même signe au fol. 89 (Shatzmlller, Justice,
290), dans la marge en haut à droite. Là commencent effectivement les
pièces justificatives.
Annexe 2
Corrections à l'édition de J. Shatzmiller
On a seulement donné ici les corrections dont la nécessité et la
teneur sont hors de doute ; d'autres seraient nécessaires.
P. 169 (fol. l): pertentio etnoîpreÿentio.
P. 171 (fol. 2) : liberaret etnon liberet.
P. 172 (fol. 3v) : antitodum et îoî antidotun (mais
il y
a 1à certainement une
erreur).
P. 173 (fol. 4v) : tituli Sancti Marcelli presbitero et non ecclesie Sancti
Marcelli presbitero.
P. 174 (fol. 5) '. expedientiafuerint etnon expedientiafuerunt.
P. 174 (fol. 9) : tituli Sancti Marcelli presbiteri etnon ecclesie Sancti Marcelli
presbiteri.
P. 174 (fol. 9) : auditorum Sacri Palatii etron auditoribus Sacri Palatii.
P. 175 (fol. 9) : quando et non in quontum.
P. 175 (fol. 9v) : ridendo recessit, dicto astrologo ipsum sequente etîoî
ridendo recessit dicto astrologo, ipsum sequente.
P . 178 (fol. lI): habirura, adjiciens ex solatio etnon habitura. Adjiciens ex
solatio
P. 178 (fol. 11) : quid sibi dictus judeus responderit et non quod sibi dictus
judeus respondeÿil [sic].
P. 1 78 (fol. ll) : de Rupe Amatoria, de Podio et ron de Rupe Amatoria et de
Podio.
P. 179 (fol. ll): encennia ; quijudeus respondit quod de auro. Archiepiscopo
petente a dicto judeo quare dicta encennia essent de auro, respondil et non
encennia. Qui judeus respondit quod de auro, archiepiscopo petente a dicto judeo
quare dicta encennia essent de auro. Respondit
P. 179 (fol. llv) : scupet (erreur du scribe) etnonsculperet.
P. 1 80 (fol. 12) : simpliciter plus probablement que separabiliter.
212
CAHIERS DE FANJEAUX 45
P. 181 (fol. 13):veritatem, dixit quod etnonverttutum. Dixit quod
P. 181 (fol. 13), demière ligne : suppléez dixit avant quod ipse audiverat.
P. 1 8l (fol. 13) : audiverat a quodam et non audiverat de quodam.
P. 1 83 (fol. 13v) : in civitate Avinionensi etnon in civitate Avinioni.
P. 183 (fol. l3v) : aliquid, sed ignorat quantum et non aliquid licet ignoral
quantum.
P. 183 (fol. 14) : Vasconie etnon Basconie.
(fol. 14) : in et super predictos etîon in et super predictis.
P. 185 (fol. l4v): Dyabolus est intus etnonDyabolus esse intus.
P. 1 85 (fol. L4v)'. expelleret et non expellet.
P. 185 (fol. 15) : le guillemet après puerum doit être repoussé après ad domum
dicti archiepiscopi.
P. I 86 (fol. L5v) : quare scit predicta et rron quare scit predictum.
P. I 86 (fol. liv) : sententialiter et nonlinaliter.
P. I 86 (fol. liv) : profisciscebatur et non proJisiscebatur.
P. 1 87 (fol. 16ÿ') i tradi et îon coadi
P. 1 89 (fol. 17) : de quibus non recordatur et non de quibus non recordat.
P. 189 (fol. l7v): itafuisse sicut in dicto articulo etîonitdfuisse sic in dicto
articulo.
P. 191 (fol. l8v) : rz ecclesia Sancti Salvatoris etnonquando, ecclesia Sancti
Salvatoris.
P. 192 (fol. l8v) : Interuogatus etiam dixit super universis etnoî Interrogatus
P. 184
tamen dixit super universis.
P. 193 (fol. l9v): cui fficialis dixit etnoncui fficiali dixit.
P. 195 (fol. 20v) : Intenogatus quare et qualiter scit etnon Interrogatus qua-
liter scit.
P. 1 95 (fol. 20v) : dixit quia ita ÿidit et îoî dixit quod ita vidit.
P. 196 (fol. 2l): adherebat consiliis etnonadhibebat consiliis.
P. 197 (fol. 2lv) : omnes sicut currentes (erreur du scribe) et non omnes sic
currentes (mais il faut effectivement corriger ainsi).
P. I 98 (fol. 2lv) : livet audiverit et nor. licet audiverat.
P. 201 (fol. 24) : snppléez sibi dixit après e, de hoc in Massilia publicam
farnam esse.
P . 202 (fol. 24v) : tubas defferentes et non tubas deferentes.
P. 205 (fol. 26v) : ad sancta Dei Evangelia et non ad sancta Evangelia.
(fol. 30): quod dictos boves et mutones etnonquod boves et mutones.
(fol. 32) : in civitate Cavallionensi et non rz civitate Cavalhonensi.
P. 213 (fol. 32): Guillelmus Fulco etnon Guillelmus Falco.
P. 214 (fol. 33) : super dilapidatione etnon super dilapidationem.
P. 218 (fol. 35): quam adduxerant etîoî quam adducebant.
P. 218 (fol. 35): ...dicti archiepiscopi, quia de alio loco... etrton...dicti
archiepiscopi ? Quia de alio loco...
P. 210
P. 213
LE PROCÈS CONTRE L'ARCHEI/ÊQUE
2t3
D'AIX
P. 219 (fol. 35v) ; etiam tempore quo visitabat et rLon etiam tempori quo visitabat.
P. 219 (fol. 36) : ratione subÿentionis ettolrdtione subordationis.
P. 219 (fol. 36) : in personas et non in personis.
P. 220 (fol.36v) : cujus homicidii cognitio et r'oî cuiusdam homicidii
cognitio.
P. 228 (fol. 42) : inter habitatores dicti castri contra eundem el
nLon
inter
habit at ore s c ontr a eundem.
P. 229 (fol.43) : supprimez les crochets de part et d'autre de vero.
P. 235 (fol. 46v) : Et dixit idem lestis etrrot Etiam dixit idem testis.
P. 235 (fol. 47) : dixit quia sic ÿidit et audiÿit etrroî dixit quia sicttt vidit et
audivit.
P. 237
(fol. 48): Super dilapidatione interrogatus, dixit
non Super dilapidatione interrogatus,
se
nichil aliud scire et
dixit se nichil scire-
P. 237 (fol. 48) ; omiltit etnlon omitat.
P. 239 (fol. 49)
:
l/w" heminas frumenti vel circa et semel Vq"" vel circa
heminas ordei vel siliginis eî semel xx tur. grossos etrlot vq* heminas frumenti vel
circa et semel XX tur. grossos.
P . 242 (fol. 50v) '. quando venerat et îon quando venerant.
P.242 (fol. 5l) : garda rauba dicti archiepiscopi Aquis etnon garda rauba
dicti archiepiscopi Aquensis.
P. 243 (1o1. 5l) : sicut sibi videtur et nor, sic sibi videtur.
P.244 (fol. 5lv) : nescimus quando mittemus etrlon nescimus quantum mittemus.
P.244 (fol. 52) : tenebat in concubinam etton tenebat in concubina.
P. 245 (fol. 52v) : in clero et populo Aquensi ot Aquensibus et non in clero et
populo Aquensis.
P. 245 (fol. 52v) : Item et quod audivit dici ut supra etrrcr, Item audivit dici ut
supra.
P. 246 (fol. 53) ; plures equitaturas quam deberet el non' plures equitaturas
quam debet.
P. 248 (fol. 54) : dixit tamen quod hoc fecit propter multitudinem et non' dixit
etiam quod hocfecit propter multitudinem.
P . 249 (1o1. 54v) : de Cavallioni on Cavallione et not de Cavallionis .
P. 250 (fol. 55) ; scipsit ea in latino et îon' scripsit eam in latino.
P.252 (fol. 56) : in cymileio de Ronhas et non iz cymiterium de Ronhas'
P. 253 (fol. 56v) : prior de Lineÿo et non prior de Vinono.
P. 254 (fol. 57) : et vineis et in tantum et lJlot et viileis in tantum.
P. 254 (fol. 57): dixit idem sicut in precedenti elîoî dixit idem sic in precedenti.
P. 255
(fol. 57v); nisi cenfiim solidos etnotnisi centum solidis.
214
CAHIERS DE FANJEAUX 45
P. 259 (fol. 59v) : responderat eidem archiepiscopo et non responderat
[optime] archiepis copo.
P. 259 (fol. 59v) : suppléez quod avmt dum archiepiscopus tenebat capitulum.
(fol. 60) : injectionem manuum etnon injectionem manum.
(fol. 6l) : eandem blasfemiam etnon eandem blasfemam.
P.261 (fol. 6l): despieh de Dio etnondespech de Dio.
P. 263 (fol. 62): et ipse archidiaconus interdum semivit etrror, et ipse archiP. 260
P. 261
epis
c
opus i nterdum s ervivit.
P. 263 (fol. 62): nisi placet siài et non nisi placeret sibi.
P. 264 (fol. 62)'. de predictis est graÿe etnon de predictis esse grave,
P. 265 (fol. 63) : de W*, sex et pluribus etnon de usque, sex et plurihu.
P. 266 (fol. 63v): expellendo etnonexpellenda.
P. 267 (fol. 64) : plusquam valerent etnon plus quam valent.
P. 269 (fol. 64v) : scandalum et graÿamen etnon scandalum et graÿaminen.
P. 269 (fol. 65) : dixit se scire quod ex tunc etrror, dixit se scire quia ex tunc.
P . 27 1 (fol. 65v) : cum essent congregati canonici et noî cum essent agregati
canonici.
P. 271 (fol. 66) : exuntem de civitate Aquensi et non qcuntem de civitate
Aquensis.
P. 272
est
(fol. 66) : una die in XL. et rron
justel.
una,
die in Quadragesiza [mais le sens
P.272 (fol. 66v) : rnale provisum ecclesie Aquensi et non male provisum
ecclesie Aquensis.
P.275 (fot. 67v) : in mense septembris erilnt in tantum intensi calores etnon
in mense septembris contingissent in tdntum incensi calores.
P. 275 (fol. 67v) : Guillelma nomine etnoî Guillelme nomine.
P. 276 (fol. 68) : inter dominum Raymundum de Baucio et noî inter dictum
Raymundum de Baucio.
P . 27 6 (fol. 68) : ac proprietdte ipsius et non et et proprietate ipsius.
P.277 (fol.69): recedens (...) ab area in qua eamfecit oportuit quod haberet
tortissia incenssa et non recedens (...) ab area, fecit comportari, quod quereret,
tortissia incenssa.
P. 278 (fol. 69) : super dilapidatione etnoî super dilapidationem.
P. 278 (fol. 69v) : sequtus fuit eum per Yq* dies ad diversa loca h.mc, et muhi
nobiles rogaverant et non sequtus fuit eum per quinque dies ad diversa loca ac
mul
ti
no
bil es ro gay erunL
P.278 (fol. 69v): reperisse sic, comprendre reperire.
P. 279 (fol. 69v) ; conquerentes de gravaminibus eisdem illatis et îoî conquerentes de gravaminibus eidem illatis.
P. 279 (fol. 70) ; quando de nocte confirmavit et nor, quando de nocte confir-
maveil.
P. 280
(fol. 70)
: a personis
fidedignis etnon
de personis
fidedignis.
LE PROCÈS CONTRE L'ARCHEVÊQUE
D'AIX
2t5
P. 280 (fol. 70): suppléezpermisit oprès deperire.
P. 281 (fol. 72) ; Bermonetus de Vaco etton Bermonefis de Uriaco.
P. 283 (fol. 73): XVI turonenses grossos etnonXIiI carlinos grossos.
P. 284 (fol. 73): ordinationi domini nostri pape etton ordinationi domini
nostri Jesu Christi.
(fol. 73v):.fesum beati Micahelis [sic] et non/esram beati Michaelis.
P. 284 (fol. 73v): Jupiter erat significatorum suutn et Sol significat super-
P. 284
iorem dominum ettlloln Jupiter erat significativum suum et sol signiJicat superioretn
domum.
P. 2S4 (fol. 73v) : exiret de conbustione etnon exiret de combustione.
P. 285 (fol. 74) : ante Nativitatem Domini Subsequentem et îoî ante
Nativitatis Domini Subsequentis.
P. 289 (fol. 88v); ante autem assignationetn diei predictam etr,otl. ante dutem
assignationem diei predicti.
P. 289 (fol. 88v): ad probandam meliorationem ecclesie Aquensis etnot ad
probanda meliorationem ecclesie Aquensi.
P.290, n. I (fol. 89) i sacramentü ministraÿit etîoln sacramentum ministravit.
P. 290, n. 1 (fol. 89) : per archiepiscopos Aquenses vissitate et rton per archiepiscopum Aquensem ÿisitate.
P. 291 (fol. 89v): Gaufido Braenii etton Gauilido Braemi.
P. 293, t. 2 (fol. 9 l) : que littera dependebat a littera sigillata et non que littera dependebat altera sigillata.
P.294 (fol.9lv) : ad uberiorem cautelam domini archiepiscopi supradicti, in
predictis ila vos habentes, ut... et noî ad ulteiorem cautelam domini archiepiscopi
supradicti in predictis, ita vos habentes, ut....
P. 294 (fol. 9lv) : juris civilis proffessor [sic] et nonjrzis civilis professor.
P. 294 (fol. 9lv) : Reddite litteras presentanti etton Redditas litteras presen'
tanti.
P. 295 (fol. 92\ : tegi etfideliter exemplari sic pour /egr etfideliter exemplavi.
P. 295 (fot. 92v-93) ; et ea que attemptataïuerunt sic porr el quod ea attemp-
tatafuerunt.
Notes
Sigles et abréviations
-
Abü Ma'§ar al-Balkhi, Liber introductorii maioris : Abü Ma'Sar al-Balkht
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Shatzmiller, Justice, 169-296. Le texte a été établi par Frédéric
Chartrain. - [2] Voir le compte rendu donné par J. Théry, Bibliothèque de
l'École des Chartes, 16011,2002,301-306. - [3] J. Théry a entrepris l'étude de
ces procès (qui ont fait l'objet de son mémoire pour I'habilitation à diriger des
recherches : Théry, « Excès » et « affaires d'enquête ») dans quatre articles et
une première synthèse rapide : << Fama: I'opinion publique comme preuve judiciaire. Aperçu sur la révolution médiévale de l'inquisitoire (XIItXry" siècles) »,
dans La preuve en justice de I'Antiquité à nos jours, dir. B. Lemesle, Rennes :
Presses universitaires de Rennes, 2003, ll9-147 ; Id., « Faide nobiliaire et justice inquisitoire de la papauté » ; Id., « Atrocitas/enormifas. Pour une histoire de
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http://www.cliothemis.com/Clio-Themis-numero-4 ; Id., «'De nombreuses
choses funestes, énormes et hès horribles à entendre' : les procédures pontifi-
IV à Clément IV (12611267) », Annales du Midi,28l,2013 ; P. Gilli, J. Théry, Le gouvernement
pontifical et l'Italie des villes au temps de la théocratie (fin XIItmi-XIV" s.),
Montpellier : Presses universitaires de la Méditerranée,2010,369-377 ,391-418.
Voir aussi Id., « Justice inquisitoire et construction de la souveraineté : le
modèle ecclésial (XIILXIV" siècle). Normes, pratiques, diffusion », dans
Annuaire. Compte rendus des cours et conférences 2004-2005, Paris : EHESS,
2006, p. 593-594 [disponible en ligne : http://halshs.archives-ouvertes.fr], et Id.,
« 'Excès' des prélats et gouvemement de l'Église ». - [4] E. Albe, Autour de
Jean Dill. Hugues Géraud, évêque de Cahors, I'affaire des poisons et des
envoûlements en 1317, Cahors, 1904; Ch.-V. Langlois, « La fin d'Hugues
Géraud, évêque de Cahors », Rewe de Paris, 1906, 531-552; L. Kern, « Autour
cales contre Vivien, évêque de Rodez, d'Alexandre
218
CAHIERS DE FANJEAUX45
du procès d'Hugues Géraud, évêque de Cahors (1317) », dans Id., Éndes d'his-
toire ecclésiastique et de diplomatique, Lausanne, 1973,29-53. - [5] Théry,
« Èxcès » et « affaires d'enquête » ; Id., « 'Excès'des prélats et gouvernement
de I'Eglise ». - [6] Théry, « 'Excès' des prélats et gouvemement de l'Église ».
lTlNon attendens quantum reprehensibile quantumque plectibile judicànt sacri
canones nedum prelatos et sacris officiis deditos ac clericos, quin etiam quoslibet christianos sortilegiis, arti mathematice seu divinationibus intenderà aut
consulere talia exercentes, non solum ante dignitatem archiepiscopalem
adeptam hujusmodi sortilegiis et divinationibus, existens Bononie, usus
fuit et
artem ipsam mathematicam dampnatam et interdictam a jure aprobavit et
comendavit in presentia plurium, licet illi veluti sanius sapientes contrarium
affirmarenl, quin etiam postquam promotus fuit in archiepiscopum extitit hujusmodi sortilegiis, divinationibus et arti mathematice dampnabiliter institit, diàs et
horas in suis actibus obsertavit, anulos cum impressionibus et sculpturis seu
caracteribus aut inani signorum fallacia ad manutenendam dignitatem et statum
et acquirendum ac conservandum superioris benivolentiam et amorem etfutura
rimandum fecit temerarie fieri et presumpsit aliquando eis uti, set et super
talibus quendam judeum nomine Mosse de Trets et nonnullos alios sacriligos
[sic, pour sortilegos ?), mathematicos aut divinatores consuluit, eorum in illis
consilio utens et ministurto, quos potius ut maleJicos prosequi ac eorum artem
reprobam eliminasse pastorali vigilancia debuisset: shatzmiller, Justice et
injustice, 169. Il s'agit du texte du premier article de I'acte de perÿentio, noî
daté, qui ouwait le procès. Dans le mandement pontifical de commission aux
juges, daté du 7 janvier 1317, ce premier article est formulé de façon légèrement
différente. Il ne mentionne pas explicitement le séjour bolonais de l'archevêque
ni le nom de Moïse de Trets, mais, pour le reste, son contenu est identique (iârd.,
172). Les mots sortilegiis, arti mathematice seu divinationibus sont ici quasi
synonymes et relatifs à la divination : les sortilesa désignent non pas la sorcellerie
des « faiseurs de sorts »» (faturatores ou affaturatores : voir infra, note l0) mais
la lecture divinatoire des sorts, au sens étlmologique, comme c,est le plus souvent le cas encore au XIV" siècle, et l'expression ars mathematica vise plus
particulièrement I'astrologie divinatoire.
t8l Théry, « Excès » et « ffiires
d'enquête » ; Id., « 'Excès' des prélats et gouvernement de l,Églilè ». _
[9] O. Hageneder, A. Haidacher, Die register Innocenz'Ill I. pontifikatsjahr,
1 198/99, Graz, Cologne, 1964, 477-480, no 329 : Cum pro controversiii que
inter venerabilem fratrem nostrum... archiepiscopum ex una parte et dilectos
/ilios canonicos Arborenses verterentur in altera ipse archiepiscopus et petrus
de Saura, presbyter, ex parte capituli ad nostram presentiam accessissent,
dictus Pletrusf presbyter archiepiscopum paratum se dixit in multis et gravibus
accusare ; quem super homicidio, perjurio, excommunicatione, incendiis, incan_
-
tationibus, lardatione hominis cum lardo et cera et quod a nepote suo...
sarracenis de sicilia vendi concessit ecclesie sue mancipium christiinum et aliis
LE PROCÈS CONTKE L'ARCHEVÊQUE
D'AIX
219
enormitatibus et capitulis volebat impetere adÿersus eum tempore congruo proponendis.
ll0l Sacrilegus, divinator, faturator et malefrcus et divinationibus,
sacrilegiis et maleficiis se inmiscuit et inmiscet: éd. C. M. Fraser, éd., Records
ofAntony Bek, Bishop and Patriarch, 1283-131i,, Londres, 1953 (The publications of the Surtees Socieÿ,162), I l3-118, n" 109 ; cf. M. Prestwich, Edward I,
-
Berkeley, Los Angeles : University of California Press, 1988, 541-545 ;
C. M. Fraser, « Hoton, Richard (d. 1308) >», dans Oxford Dictionary of National
Biography, Oxford University Press, 2004. Sur le sens des mots maleficium et
factura, cf. Boudet, Entre science et nigromance,438 et note 35. Le mot maleficium est universellement employé pour désigner le sortilège nuisible. Factura en
est un synonyme fréquent en Italie, en Provence et en Dauphiné à partir du XIV"
siècle. Le terme, qui avait signifié « façon, manière de faire » en latin classique,
prit ainsi dans certains emplois le sens nouveau de « charme, maléfice », et
donna le yerbe latin facturo et affacturo (faire un sortilège, ensorceler), en fran-
çais facture, faclurier, facturiere, eî ptovettçal fachurier, fachurar, et en italien
fattura etfattuchiera. En 1299, deux femmes furent condamnées pour maleficiis
seu fachiriis à des peines infamantes par le juge des terres de l'évêque de
Marseille (M. de Grasset, « Une charte de 1299 relative aux procès de sorcellerie », Bulletin historique et philologique,4, 1891,290-294). En 1310, à
Manosque, deux autres femmes furent accusées par le tribunal de la ville de
fachurare (A. Courtemanche, S. Bednarski, « De I'eau, du grain et une figurine
à forme humaine. Quelques procès pour sortilèges à Manosque au début du xry"
siècle », Memini. Travaux et documents publiés par la Société des études médiévales du Québec,2, 1998,75-105 : 9l). En 1347, à Pérouse, Riccola di Puccio
da Pisa est condamnée au bûcher comme affacturatrix (U . Nicolini, « La shegoneria a Perugia e in Umbria nel Medioevo », Bolletino della Deputazione di
Storia Patria per I'Umbria,84, 1988, 5-87 : 30-38). Voir également Ch. Du
Cange, Glossarium mediae et infimae latinitatis, Niott, 1883-1887, III, 393 ;
D. Mammoli, Processo alla strega Matteuccia di Francesco, 20 marzo 1428,
Todi, 1983, 20 et 46 ; J.-M. Sallmann, Chercheurs de trésors et jeteuses de
sorts. La quête du surnaturel à Naples au XVI siècle, Paris : Aubier, 1986, 178.
- [1] Déposition de Berthomieu Vinhas : « il a aussi entendu dire que ledit
évêque lui a fait faire des prédictions aussi bien sur sa carrière que sur d'autres
choses » (audivit etiam dici quod dictus episcopus fecit eam divinare et de statu
suo et de aliis : ibid., fol. 81v). Selon Ramon Baudier, marchand d'Albi (et
meneur du mouvement d'opposition à I'Inquisition âux côtés de Bemard
Délicieux), « certains, à savoir ses curialistes, disaient qu'il I'avait fait empri-
sonner parce qu'elle était devineresse, d'autres disaient que c'était parce qu'elle
était belle et pour qu'il s'unisse à elle charnellement »» (audivit dici quod dictus
episcopus fecit capi dictam Divinam et poni in carcere ; et quidam dicebant,
videlicet curiales sui, quod ideo fecerat eam capi quia ipsa erat divina, alii dice-
bant quod ideo quia erat pulcra et ut eam sibi carnaliter copularet
:
ASY,
220
CAHIERS DE FANJEAUX 45
Collectorie 404, fol.58v). Un moine victorin, Robert de Monastiés, « a entendu
dire que ledit évêque tint ladite Devine prisonnière et qu'il la retenait plus en
raison de la divination, pour qu'elle lui fasse profiter de son art, que pour aufte
chose » (audivil dici quod dictus episcopus dictam Divinam tenuit captam et
magis propter divinationem, ut sibi divinaret, retinebat eam, quam propter
aliud: ibid., fol. 145). Selon le marchand Hélie Judicis, « on disait que ladite
Devine était la devineresse du seigneur évêque » (audivit dici quod dicta Divina
dicebatur divina domini episcopi : ibid., fol. I 52v). Le chanoine de Sainte-Cécile
Peire Trouilhet, lui aussi, a << entendu dire que ledit évêque tenait ladite Devine
prisonnière pour qu'elle prédise à l'évêque ce qui devait lui arriver dans l'avenir
et se passer dans l'avenir et lui fasse des prédictions sur beaucoup d'autres
choses du fitttr »» (audivit dici quod dictus episcopus tenebat dictam Divinam
captam ut ipsa divinaret dicto episcopo quid debebat ei contingere in futuram
vel accidere in futurum et de multis aliis quid futurum esset : ibid., fol. 156).
Même témoignage du frère Mineur Bemat Garsie (ibid., fol. l62v). Les actes de
l'enquête contre Bernard de Castanet ont été édités par J. Théry dans sa thèse de
doctorat, Fama, enormia. L'enquête sur les crimes de l'évêque d'Albi Bernard
de Castanet (1307-1308). Gouvernement et contestation au temps de la théocratie pontificale et de I'hérésie des bons hommes, Université Lumière-Lyon 2,
déc.2003, à paraître dans la collection des « Mémoires et documents de l'École
des chartes » (Résumés dans Revue Mabillon, n. s., 15, 2004,277-279, et
Heresis, 40, 2004, 192-197). Notons qtt' et 1277, un accusé avoua devant
l'Inquisition avoir « consulté les augures » pour prédire l'avenir à cinq prélats
languedociens, dont le futur pape Gui Foucois (P. Biller, C. Bruschi,
in Thirteenth-Century Languedoc,Leyde,
I12l In primis super eo quod dictus episcopus fuit et est
publice diffamatus in regno Anglie et alibi quod diabolo fecit homagium et eum
osculatus fuit in tergo et eidem multotiens est locutus : ASV, Reg. Vat. 50,
S. Sneddon, Inquisitors and Heretics
2011,724-731).
cap.
-
xIIII, fol.279v-280 ; éditions partielles Digard, Les registres
de
Boniface VIII,Paris (BÉFAR), 1884-1939, n. 5012 (où le membre de phrase sur
le baiser au diable a tergo est censuré !), R. Graham, Registrum Roberti
Ilinchelsey, Cantuariensis archiepiscopi, A.D. 1294-1313, Canterbury and York
Society, 1952-1956, t. II, p. 648-650 (copie de la lettre pontificale insérée, sans
les articles d'accusation, qui la suivaient, dans une lettre de l'archevêque de
Canterbury). J. Théry prépare actuellement une étude sur ce procès pontifical
contre Walter Langton, dans lequel I'accusation de liens avec le démon, toute
frappante qu'elle soit, fut isolée et ne joua apparemment qu'un rôle mineur. [3] J. Coste, Bonifuce VIII en procès. Actes d'accusation et dépositions des
témoins (1303-1311), Rome : L'« Erma » di Bretschneider, 1995,148-149,281.289. - [14] Cf. la synthèse classique de M. Barber, Le procès des templiers
[978], trad. fr. Paris : Tallandier (Texto), 2007,289-311. - [5] Voir le récent
livre d'A. Provost, Domus diaboli. Un évêque en procès au temps de Philippe le
LE PROCÈS CONTRE L'ARCHEVÊ?UE
22t
D'AIX
Bel, Paris : Belin, 2010, qui renouvelle l'histoire du procès, traitée jadis par
A. Rigault, Le procès de Guichard, évêque de Troyes (.1 308-l 3 I 3), Pais : Picard
(Mémoires et documents publiés par la Société de l'Ecole des chartes), 1896.[16] Esquisse de la typologie générale des sources dans Théry, « Faide nobiliaire
et justice inquisitoire de la papauté »>,278-280 ; cf. Id., « Excès » et « affaires
d'enquête ». IlTl Il s'agit du mandement d'enquête adressé aux juges commis-
-
saires Pierre Teissier et Pierre Després
le l7 janvier
1317, éd. Coulon,
Clémencet, Lettres secrètes et curiales, n" 468 (mandement recopié dans le dossier ASV, Coll. l7), et du vidimus pontifical (effectué le 1"'août 1323) del'acte
de la renonciation à I'archevêché d'Aix faite par Mauvoisin devant Jean XXII le
9 septembre 1318, éd. GCN, Instrumenta, 53-55. [18] Shatzmiller, Justice,
-
174-181.-llgllbid.,181-183.-[20]Sarti, Declarisprofessoribus...,l-1,1769,
p.494,note b (et p. 585, note 2, dans l'édition de 1888-1896) : Anno MCCCIIL
Item providerunt... quod ponterii pontis ldici Reni teneantur omni anno in festo
s. Marie Augusti mittere magistro Joanni de Luca astrologo et artis fixice professori VI corbas frumenti... et hoc cum dictus magister Joannes infactis
Communis Bononiae semper vigil fuerit et attentus et multos labores sostinuerit,
intendat circa honorem et statum Communis populi Bonon. Sarti a relevé ce passage ex. Lib. Reform. Com. Bon. ejus anni. Cf. F. Bônoli et D. Piliarvu, I Lettori
di astronomia presso lo Studio di Bologna dal XI al XX secolo,Bologne,2OOl,
57.
l2l1 Voir à ce sujet Boudet, Entre science et nigromance,205-278.
[22] Shatzmiller, Justice, 175 : Respondit eidem quod de nuncio non curaret et
quod sciret pro certo quod infra mensem in quo tunc erant haberet nova de una
maxima dignitate de qua esset gavisus plus quam de aliqua re que aliquo tempore evenisset alicui de genere suo. I23llbid.,175-176:. Post que, dictus
astrologus, audita creatione domini Clementis pape Wi, intetogavit in villa
Bononie si erat aliquis de terra ejusdem domini pape ; etfuit sibi dictum quod
idem Robertus era de terra dicti domini pape, et, accedens ad eum, ad domum
dicti Roberti, interrogavit eum si habebat aliquem in hospitio dicti domini pape
qui auderet sibi bene loqui secrete, qui dixit quod sic, intelligens hoc de domino
-
-
-
Guillelmo Arrufati, cardinalie, avunculo suo. Et tunc idem astrologus dixit
eidem : « Mandetis illi amico ÿestro, et non domino magno, quod precaÿeant
sibi, quia idem dominus papa Clemens habebat pati ex altero de tribus, videlicet
ex aqua vel igne seu ruina ». l24l lbid., L76 : « Suo Roberto suus Johannes
salutem. Cum tibi Bononie dixissem quod dominus noster papa pateretur altero
de tribus modis, igne, aqua seu ruina, scias quod ipse habet pati ex ruina veteris
parietis, ita tamen quod dicetur per mundum communiter quod ipse fuit in periculo mortis, set non dubites quod evadet ; tamen multi periclitabuntur juxta
eum ». - [25] Sur lui, voir Baluze-Mollat, Vitae paparum, II, 123 -125. 126l Cf .
supra, note 10. Antony Bek fut évêque de Durham dejanvier 1284 à sa mort en
1311 (K. Eubel, Hierarchia catholica Medii Aevi,2" éd. Miinster, 1913,231 ;
C.M. Fraser, A History of Antony Bek, Bishop of Durham, 1283-1311, Oxford,
-
-
CAHIERS DE FANJEAUX45
222
l2TlChartularium studii Bononiensis, Bologne, 1931, IX, 218,221. Delitiosi' : the trial of Fr. Bernard Déliciew, 3 september - I december 1319, éd. A. Friedlander, Philadelphie : American
Philosophical Socieÿ, 1996, 109, 178. - 1291 Friedlander, Hammer,273-288.
L'abreviatio vite de Benoît XI fut la seule accusation contre Bernard Délicieux
1957).
l28l
-
'Processus Bernardi
finalement abandonnée par
ses
juges, faute de preuve décisive
.
-
1301 Lbid.,283.
Voir le texte d'une lettre d'Amau à Benoît XI dans laquelle il n'hésite pas à lui
annoncer sa mort prochaine s'il persiste à s'achamer contre les franciscains spirituels : H. Finke, Aus den Tagen Bonifaz VIII. Funde und Forschungen,
Miinster, 1902, CLXXVII-CXCII. - I31] Cf., notamment, Boudet, Entre science
et nigromance,450-455.
[32] Cette incise est soulignée en sigre d'annulation
dans le procès-verbal (Shatzmiller, Justice, 176).
I33l Baluze-Mollat, Vitae
paparum, I, l-2 (Jean de Saint-Victor), 24-25 (Ptolémée de Lucques), 60-61
(Bemard Gui), 9l (Amalric Augier). Voir aussi la Chronique de Westminster,
éd. F. Liebermanrt, MGH,.S,S 28, Hanovre, 1888, 502, et la lettre d'un correspondant du roi d'Angleterre éditée par Ch.-V. Langlois, « Nova Curie », Revue
Historique, ST, 1905, 71. Cf. G. Lizerand, Clément V et Philippe IV le Bel,Pais,
1910,48-49; S. Menache, Clement Z, Cambridge University Press, 1998, 17.
[34] Shatzmiller, Justice, 176 : Quas litteras dictus ayunculus retinens easdem
tradidit dicto domino Clementi pape die coronationis ejusdem post ruinam.
135llbid., l8l : Interuogatus si prefatas litteras et contenta in eis recitaü| legit
et tradidit dicto avunculo suo diu ante coronationem dicti domini Clementis
pape, dixit se credere quod per XY dies ante vel circa ; tamen non recordatur
bene.
[36] Baluze-Mollat, Vitae paparum, Il, 124. l37l lbid., 123-124.
[38] Shatzrniller, Justice, 175 : Dicto Roberto dicente quod ipse mirabatur et
non videbat unde posset talis dignitas evenire, quia ipse sciebat statum suum, et
ridendo recessit, dicto astrologo ipsum sequente usque ad scalam domus et
asserente quod non dubitaret, quia que dixerat essent vera.
l39llbid., l8l :
Item, interrogatus si, post secutam ruinam veteris parietis de Lugduno, ipse
-
-
-
-
-
-
-
-
archiepiscopus dixit alicui seu aliquibus publice vel occulte quod dictus
magister Johannes predixerat et previderal, Bononie et in dictis litteris, veritatem, dixil quod pluries et coram multis, sequta dicta ruina, dixit quod ipse
audiverat a quodam astrologo qui dixit dictam ruinam prout sequta fuerat et
superius est scriptum.- 140llbid.,177 : Interrogatus si habuit aliquem qui, inspectis manibus aliorum, de futuris et de presentibus earumdem [sic]judicio judï
caret, respondit se habuisse quemdam familiarem anglicum, Robinum nomine,
qui, manus hominum respiciens, ad signa de multis iudicabat. Dixit etiam quod
interdum, idem archiepiscopus manum suam exhibens dicto Anglico, judicabat
de aliquibus idem Anglicus.
-
[41] Boudet, Entre science et nigromance, 100>», Journal of the
lïarburg and Courtauld Institutes,50,1987,189-195, repris dans 1d.., Magic
and Divination in the Middle Ages. Texts and Techniques in the Islamic and
l0l
; Ch. Bumett, « The Earliest Chiromancy in the West
D'AIX
LE PROCÈS CONTRE L'ARCHEVEQUE
223
Christian lÿorld, Aldershot, 1996, no X. - [42] Shatzmiller, Jttstice, 177-180.
Voir les informations sur ce personnage et sa famille foumies ibid., l3O-133. [43] Le seut témoignage sur Ie premier article d'accusation à évoquer un sujet
sans lien avec Moïse de Trets est celui de I'official d'Aix Guilhem Estève, qui
mentionne brièvement une conversation de Mauvoisin avec « maître Pierre »,
qui dicebatur astrologus (mais la réponse de l'offrcial au premier article n'en est
pas moins consacrée principalement à Moïse).
-
[4al Ce sont les témoins
III, IV,
v, vr, vrrr, x, xtv, xv, xvl, xvIII, xx, xxu, xxIL xxN, xxv, xxvl,
XXVII, XXVIIL XXIX, XIX et XXXV (ce dernier étant Moïse lui-même). [45] Témoins I et XI. - [46] Témoins VII, XVII, XX, XXI, XXXI, )O(XIII et
XXXVIII. - [47] Shatzmiller, Justice, 177 : Dixit quod, postquam fuit archiepi-
scopus Aquensis, ipse vocavit Mosse, judeum, tanquam astrologum.
-
[48f D. Iancu, Provinciajudaica. Dictionnaire de géographie historique des juifs
en Provence médiévale, Paris, Louvain, Walpole : Peeters, 2010,143-145.
[49] Shatzmiller, Justice,284-286. 150'l lbid.,284 : Dixit ÿerum esse quod post
creationem Domini nostri pape, ante festum beati Michaelis quasi per tres sePtimanas, dictus archiepiscopus mandavit pro ipso deponente. Jean XXII fut couronné à Lyon le 5 septembre 1316. 1511lbid.,226,245,252,258,263,274,
276.
l52l Ce personnage est attesté de 1263 à 1320. Sur lui, voir Mazel, La
noblesse et I'Eglise, 447-449,632 ; Noblemaire, Maison des Baux, 52-53
(« Raymond II » de la « branche de Berre-Andrie) ; Barthélémy, Inventaire, pat
exemple 259, 278,289, n* 890, 962, 1006. [53] Shatzniller, Justice,284.
[54] Il s'agit probablement d'Uc IX, seigneur de Marignane et de Trébillane,
-
-
-
-
-
-
attesté de 1283 à 1332 (cf. Mazel, La noblesse et l'Eglise,633). Selon
Noblemaire, Maison des Baux,57, ce personnage, dit Hugues de Berre, qui était
aussi seigneur de Montfort, vécut surtout dans le royaume de Naples. On le
trouve cependantmentionné dans des charte données àAix en 1306, 1309, 1315
ou 1320
-
parfois aux côtés de Raimon de Baux seigneur de Puyricard
Barthélemy, Inv entaire, 259,
27 3, 27
l,
287, 29 5,
n* 890, 94 l,
945, 99 5, 1026).
:
-
[55] Shatzmiller, Justice,26l: Qui archiepiscopus in presencia dicti judei,
domini Hugonis de Baucio et domini Petri Audeberti dixit eidem lesti quod
dictus judek sibi dixerat quod infra breve tempus esset dives. Cf. aussi le témoignage de Bertran Rostain sur les « bonnes gens » qui assistaient at»r conversations entre Mauvoisin et l'astrologue (mais il peut s'agir ici de membres de la
hiérarchie ecclésiastique locale ou de I'oligarchie urbaine auxquels I'archevêque
donnait le spectacle de sa familiarité avec le juif, plutôt que
de représentants de l'aristocratie) : dixit se vidisse pluries et audivisse quod
dictus archiepiscopus loquebatur cum quodam iudeo de Tretis vocato Mosse et
interrogabat eundem, pluribus bonis astantibus, de diversis questionibus (ibid.,
238). - I5611bid.,284l. Qui deponens respondit secundum artem astrologie se
velle deliberare. Post que, recepto quadrante, inspexit signa et planeta et,
rediens ad dictum archiepiscopum... - lslllbid.,233 : Interdum stabat Aquis
224
CAHIERS DE FANJEAUX 45
per duos dies et veniebat tunc sepe ad dictum archiepiscopum. - l58] Ibid.,285 :
Item dixit quod ante Natiÿitatem Domini subsequentem dictus archiepiscopus
yocavit ipsum deponentem iterato et
fecit sibi questionem 1...1. Qui, recepto
dicto quadrante, vidit Mercurium... - l59l lbid., 285 : Item, dixit quod subsequenter dictus archiepiscopus vocavit eum paulo ante Quadragesimam et
fecit
sibi questionem. - [60] Si l'on admet, donc, que leur rencontre peu après le couronnement de Jean XXII était la première. - [61] Témoins III, IV, V, VI, VI[,
XIV, XV, xVI, XVIIL XIX,
[62] Témoins
IY
xxII, XxnI, XX[V, XXVL xxVIII
(veniebat frequenter ad domum archiepiscopi
et XXIX. : Shatzmiller,
Justice,200), VI (vidit et audivit frequenter quod dictus archiepiscopus
interdum de die, interdum de nocte, secrete loquebatur cum dicto judeo : ibid.,
212) ; Ylll (dixit se vidisse dictum judeum pluries et frequenter intrantem
domum dicti archiepiscopi et eundem archiepiscopum loquentem : ibid.,216),
XIV (yidit et audivit in domo archiepiscopali, Aquis, pluries, quod archiepiscopus loquebatur cum Mosse, judeo Aquis : ibid.,228), ){VI (dixit se vidisse
pluries et audivisse : ibid., 238), XYIII (frequenter et pluries : ibid., 247), XIX
(dixit se sepe vidisse : ibid., 249), XXII (vidit multociens : ibid., 258), XXill
(multociens : ibid.,260). - 163llbid.,200 :, Archiepiscopus tenebat ipsum
judeum inclusum interdum per VIII, interdum per XV, interdum per plures dies.
- 164l lbid., 212 : Audivit quod dictus judeus habebat magnam familiaritatem in
domo sua cum eodem, videlicet per XY dies aliquando et aliquando multis
diebus. - 165l lbid., 205. - 166l lbid.,233 (cf. supra, n. 57). - [67] Témoins III
(ibid, 196), X){VI (ibid,261), XXVII (ibid, 272-273) et, sans doute, XXIX
(ibid,275). - 1681 lbid, 279. - 169l Éd. phrle, « Der Nachlass Clemens,V »,
105 ; Guérard, Documents pontificaux, n" 21,25-28; Coulon, Clémencet,
Lettres secrètes et curiales, n 382,291-293 : Premisso namque facundo preloquio de grandi benivolentia quam felicis recordationis Clemens papa quintus,
predecessor noster, ad nos et nostros, dum viveret, habuit, per effectum operis
patenter ostensam, et quam, post ejus transitum, genus suum, in nostra presertim promotione ad summi apostolatus officium, continuatione laudabili
demonstravit, dicti nuntii vos et ipsum genus in personis et rebus ad quecunque
nobis placita liberaliter obtulerunt, deinde vero, subjuncto quod vestro fuerat
instillatum auditui nos suspicionem habere aliqua in personam nostram per
nonnullos ex genere vestrofuisse commissa, instantius supplicarant ut et qualitatem commissorum yellemus sibi detegere, et personas vobis attinentes inde
culpabiles nominare, asserentes vos in eos velle libenter insurgere ut in hostes.
1...1 Porro eisdem nuntiis explicite diximus quod nonnulli, diabolico spiritu
concitati, in nostram et nonnullorum ex fratribus nostris et aliis nobis familiaribus et conjunctis necemfuerant machinati, nunc per potiones, nunc per ymagines, nunc per insidias equitum et peditum hominum armatorum, nec hiis
contenti, maleficos de predicta machinatione notatos qui ad nos mittebantur
quandoque captivi eripere de ducentium manibus, immo et interdum de carce-
LE PROCÈS CONTRE L'ARCHEVEQUE
D'AIX
225
ribus nostris educere, pensatis insidiis satagerunt. An autem inter illos aliqui de
vestro genere fuerint, ipsimet testimonium sibi dicant ; et nos indubie, si aliqui
ex vestris inde rei fortassis existant, non dolere non possumus et suis loco et
tempore, prout viderimus expedire, crimina quecunque et criminosos etiam quicunque fuerint, circa id detegemus l. . .l Et volumus ÿos pro certo lenere quod ad
ÿos et genus ipsum ÿestram, quantum in nobis est, intendimus paterne nos
gerere, nisi ex pervensis insolentium actibus ad illud provocemur inÿiti- [70] D'abord archidiacre de Sablé en l'église du Mans (il détenait cette prébende
en janvier 1307 lorsqu'une lettre de Clément V le dispensa de résidence, à la
demande de son oncle cardinal, pour étudiü le droit civil : Regestum Clementis,
n" 1523), puis aussi chapelain et trésorier pontifical (il portait ces titres en juin
l31Ol. ibid., nos 6082, 6106 ; cf. aussi no 7601), Mauvoisin avait été fait arche-
vêque de Salerne dès octobre 1310 à la faveur d'une élection double (ibid.,
n'5675), puis archevêque d'Aix à la place du grand canoniste Guilhem de
Mandagout quand ce demier fut promu cardinal, en août l3l3 (GCN,|,5l-52).
- f7llRegestum Clementis, t' 7499,28 féwier l3ll. - l72|Shatzmiller, Justice,
170,219, 231, 236, 240, 249,273,287. Il faut aussi noter que le vicomte de
Lomagne était accusé d'avoir subtilisé une grande partie du trésor pontifrcal
après la mort de Clément V (Ehrle, « Der Nachlass Clemens'V » ; Guérard,
Documents pontificaux). Or Robert de Mauvoisin avait été trésorier du pape
avant d'accéder à l'épiscopat et avait ensuite continué à jouer un rôle dans la
garde du trésor (Regestum Clementis,
n'7601, l31l ; ASV, Coll.467, fol.6),
tout comme son frère Guilhem Raimon (voi-r infra, note 135). Cette coïncidence
était malencontreuse, même si l'archevêque ne fut pas impliqué, que l'on sache,
dans l'affaire du vol.- U3llbid.,207,238. - U4l lbid., 285. l75l lbid., 118 :
Dixit etiam se quasdam alias questiones fecisse dicto judeo, de quibus per sum
sibi petiit responderi, super eo quod in una de cedulis continetur quod infra
duos annos idem archiepiscopus assequeretur majores honores ; et tunc interrogavit dictumjudeum idem archiepiscopus si viveret tamen ipse archiepiscopus ;
item et quanto tempore viveret ipse dominus papa. - 1761 lbid., 207 : Dictus
archiepiscopus querebat de questione predicta ad finem quod sciret si idem
dominus papa eundem archiepiscopum exaltaret, prout idem archiepiscopus sibi
dixit, presertim quia dictus judeus eidem dixit archiepiscopo quod dominus papa
sibi foceret magnum bonum.- 171llbid., 178 : Qui iudeus nichil respondit, de
quo ipsum aprobavit dicendo, juxta Verbum dominicum : « Non est ÿestrum
nosce tempora vel momenta ». - 178llbid.,182:. Interrogatus quare peteret a
dicto judeo quantum dominus noster papa viveret, dixit quia volebat temptare si
dictus judeus intromitebat se de talibus. - U9llbid.,285 : Item dixit quod subsequenter dictus archiepiscopus vocavit eum paulo ante Quadragesimam et fecit
sibi questionem quantum dictus dominus trnpa debebat vivere. Qui respondit
quod de hoc nesciret respondere, nisi horam et diem nativitatis sue sciret. Et
dictus archiepiscopus narravit sibi quod lsicf quedam profecia sive ÿersus pro
CAHIERS DE FANJEAUX 45
226
: « Surget grio et Jlores cum pedibus sive ungulis trepidavit
[sic pour trepidabit ?) et duobus annis cum dimidio regnabit ». Cette phrase ne
trouve pas sa source dans la première version des Vaticinia de summmis pontificibus, drte Principium malorum, version dont il est question lors du procès de
Bernard Délicieux en 1319 (cf. M. H. Fleming, The Late Medieval Pope
Prophecies. The Gents nequam Group,Tempe, 1999). - l80llbid.,275 : Àudivit
dictum archiepiscopum petentem a dicto judeo quid contingeret de tempore,
cum Greci mandaverint domino pape quod in mense septembris erunt in tantum
incensi calores quod nullus salvari vix poterit nisi in crota.
lBlllbid.,275 :
ipso domino papa
-
Dixit etiam dictus archiepiscopus quod, cum ipse vellet presentûre domino
nostro quoddam encennium de animalibus et aliis, supervenit dictus judeus, et
tunc dictus archiepiscopus fecit reduci dicta animalia, et tunc dictus judeus dixit
dicto archiepiscopo quod illa hora erat melior quam illa in quafamiliares dicti
archiepiscopi mitebant dicta animalia sine licencia sua et quod encennium reciperetur per dictum dominum nostrum gratanter. - [82] Voir en particl.lJier ibid.,
200,206,233-234,238. Selon un familier de I'archevêque, ces cadeaux consistaient en « des moutons et d'auhes choses » (ibid.,2l7); un autre évoque « des
moutons et des draps dorés » (panni aurei, ibid.,229), un autre encore << des
moutons, des bæufs et d'autres choses >r (ibid.,247). - I83l lbid.,284 : Fecit sibi
questionem de quodam encennio quod volebat mittere dicto domino nostro pûpe,
si erat tempus conveniens ut bene succederet. 1...1 Inspexit signa et planetas et,
rediens ad dictum archiepiscopum, respondit sibi 1...) quod Jupiter erat combustus Sole, quare dictus dominus papa non reciperet bene encennium supradictum. Sed cum Jupiter exiret de conbustione illa, quod esset infra XXVI vel
XXVII dies, esset bonum punctum mittendi. Une planète est dite « brûlée »
lorsqu'elle est en conjonction avec le Soleil. - l84l lbid.,285 : Dictus archiepiscopus ostendit sibi quamdam litteram in qua continebatur quod dichts dominus
papa gratanter dictum encennium receperat et multa verba que in receptione
dixerat. - l85l lbid., 178. - [86] Ibid., 284 : Fecit sibi aliam questionem de
quadam sorore quam habebat, ut dicebat, an posset unquam concipere...
L'incise ut dicebat pourrait suggérer un doute sur la véritable identité de la
femme en question. Comme l'archevêque était accusé d'avoir eu des enfants de
ses concubines et de pourvoir à leur éducation (ibid., 169, 172, 185, 194, 196t97, 20t, 207-208, 213, 217-219, 222, 224-225, 227, 229-230, 234-235, 238239, 24 I -244, 247 -248, 253, 25 6, 26 5, 27 3, 28 | -282), il pouvait être soupçonné
de s'être inquiété de la fécondité nori pas de sa belle-sæur, comme il le dit aux
juges, ni de sa sæur, comme il le dit à Moïse, mais de l'une de ses compagnes...
-
1871
lbid.,284. - [88] Ibid., 285. - I89l lbid., 200, 206, 216, 258-259. - l9lllbid.,179 : Cum idem Mosse dixisset dicto archiepiscopo
l90llbid.,170.
quod ipse sciebat facere et faciebat sigilla et impressiones que valebant contra
in/irmitates et quod portans effr.ceretur magnatibus gratiosus, interrogavit
eundem judeum dictus archiepiscopus si talia sigilla et impressiones valerent
LE PROCÈS CONTRE L'ARCHEVÊ)UE
tamen si ponerentur
192llbid., 178,286. -
D'AIX
227
in anulis dicti archiepiscopi. Qui respondit quod sic.
-
lbid.,264 : Archiepiscopus dixit eidem testi quod ipse
archiepiscopus habebat unum magistrum qui cum ymaginibus factis in cursu
planetarum curaret eundem.l...l Et, quadam alia die, audivit dictum archiepiscopum dicentem et asserentem quod ars et scientia faciendi ymagines erat
licita et approbata, non obstante quod tre vel quatuor canonici Aquenses sibi
1931
contrarium dicerent. Ipse autem archiepiscopus ipsam artem aprobabat, laudabat et comendabat, dicens quod ipsa ars astrologica erat licita et aprobata.
l94llbid.,179 : ... Et habito juramento ab eodem judeo super Bibliam si [sic] rn
-
premissis sigillis et sculptionibus utebatur sine peccato, dixit quod sic. I95llbid., 179-180 : Interuogatus si habet dictos anulos, dixit quod sic. Dixit
etiam quod in predictis nullam fidem adhibuit. - 1961 lbid., 182-183 :
Interrogatus quare dictos anulos sic sculptos et caracteratos per dictumjudeum
recepit et adhuc custodit, dixit quod, cum audivisset dici interdum ab aliquibus
quod in talibus sculpturis et caracteribus demon includitur, volebat scire, temptare et videre si in predictis sculpturis et caracteribus erat aliquid mali. [97] Voir notamment J.-P. Boudet, « Démons familiers et anges gardiens dans la
magie médiévale », dans De Socrate à Tintin. Anges gardiens et démons familiers de I'Antiquité à nos jours, dir. J.-P. Boudet, Ph. Faure, Chr. Renoux,
Rennes : PUR, 2011, ll9-134. - I98l D. Schwartz, « La magie astrale dans Ia
penséejuive rationaliste en Provence au XIV" siècle », Archives d'Histoire doctrinale et littéraire du Moyen Âge, 61, 1994,31-55. - I99l N. Weill-Parot, Zes
« images astrologiques» au Moyen Âge et à la Renaissance. Spéculations intellectuelles et pratiques magiques, Paris : Champion, 2002,27-90 (sur le
Speculum) et 380-383 (sur le procès de Mauvoisin, où I'auteur remaxque cepen-
-
dant que l'expression imago astronomica n' est pas employée). [100] Pour une
approèhe rapide, voir M. Préaud, Les astrologues à lafi.n du Moyen Âge,Pais,
1984, 95-108.
[101] Thomas d'Aquin, De judiciis astrorum, dans Id., L'astrologie, Les opérations cachées de la nature, Les sorts, trad., introd. et notes par
B. Couillaud, Paris, Belles Lettres, 2008,2. - [102] Voir l'article 11 de ce document réédité dans Boudet, Entre science et nigromance, annexe 2, 557-558 : S,
observavit menses aut tempora, aut horas dierum, aut annos, aut Lune, aut Solis
cursum yel etatem, credens dies, vel horas, vel puncta, vel tempora aliqua fortunata vel infortunata ad aliquid faciendum, vel incipiendum vel obmittendum, ut
pro viagio, vel pro conjugio copulando, vel pro edificio inchoando. À rapprocher notamment du témoignage d'Izam Vaureilles à propos dt bonus punctus
pour envoyer un cadeau au nouveau pape, de celui de Guilhem Estève à propos
dn bonus punctus vel hora pour que le frère de Mauvoisin aille à la curie, mais
aussi de ceux de l'official Guilhem Estève, de Guilhem de Lambesc, de Bertran
Gantelrn et de Bertran Guilhem: Shatzmiller, Justice,200,206,212,216 et250.11031 lbid.,99.
[f04] Ibid., 177-178 : Ipse vocavit Mosse, judeum, tanquam
astrologum 1...1 et fecit ei questionem talem : « Quid accidet petenti de domino
-
-
228
CAHIERS DE FANJEAUX 45
boni vel mali ? », intelligens de domino nostro qui nunc est ; et ipse respondit
prout in quadam cedula que sic incipit in prima linea : « Queritur quid
accidet », et /init « duas grazas ». Quas questionem et responsionem portavit
secum Lugdunum ad sciendum cum aliis astrologis an responsio facta per
judeum essent artis aprobate ; et ibidem, in Lugduno, vocavit quendam astrologum vocatum magistrum Petrum, qui est Srossator litterqrum in Curia, et
questionem et responsionem ostendit. Qui respondit in dictq questione prout in
quadam cedula papiri continetur, in qua sunt due columpne quarum prima
incipit : « Magister », et finis alterius columpne : « ut predbci ». Quam quidem
responsionem dicti magistri Petri ostendit dictus archiepiscopus dicto judeo, qui
super dicta responsione iterato scripsit prout in quadam cedula papiri continetur, continente duas columpnas, quarum prima incipit : « Queritur quid
accidet », et finit secunda columpna : « non dffirunt ». 1...f Dictarum vero
cedularum tenor inferius continetur. * 11051 lbid.,182'. Item, interrogatus si
fidem alicui de predictis disputatoribus adhibebat, dixit quod non, licet rationes,
disputationes et responsiones dictijudei in vulgari prolatas per eundemjudeum
ipse idem archiepiscopus dictaverit in latino, scribifecerit et transferri per notarium suum. Et interdum notarius suus, de mandato et voluntate ejusdem archiepiscopi, scripsit ; et ibid.,249-252 : Quadam die dictus archiepiscopus fecit
eundem testem ad se venire et interrogavit eum si sciret scribere in latino illa
que dictus judeus diceret sibi. Qui respondit quod sic, et tunc, ad mandatum
dicti archiepiscopi et ipso presente, dictus testis scripsit unam magnam cedulam
qui incipit : « Queritur quid accidet de domino », et aliam magnam cedulam que
incipit : « Magister, quicumque es, et cetera >>. Que cedule fuerant ostense dicto
testi et quas ipse testis recognovit se scripsisse ad preceptum dicti archiepiscopi,
eodem judeo presente et dictante in romancio ea que in dicta cedula continentur
que incipit : « Quid accidet de domino ». Interrogatus etiam dixit quod dictus
archiepiscopus dictavit principium dicte cedule, scilicet questionem, et dixit
eidem testi : « Veni, Bertrande, et scribe 'Queritur quid accidet de domino' ». Et
postea dixit eidem testi : « Scribe in latino ea que dictus judeus dicet tibi in
romancio ». Post que dictw judeus dixit in romancio omnia que continentur in
dicta cedula et dictus testis scripsit ea in latino. Moïse, dans son témoignage,
évoque lui aussi la mise par écrit de sa consultation ainsi que la contre-expertise
de maître Pierre et sa réponse I ltem, dixit quod dictus archiepiscopus allegationes et rationes primarum trium questionum voluit habere in scriptis et, cum
fuit in Curia Romana, ostendit eas cuidam astrologo, qui est scriptor domini
pape, a quo in scriptis habuit responsionem earam. Et, licet dictus astrologus
rationes dicti deponentis in parte reprobaret, sententiam tamen approbavit
(ibid.,285). - [106] Sur la façon dont les médiévaux câlculaient la position de
l'ascendant et des douze maisons célestes, voir J. D. North, Iloroscopes and
History, Londres:The Warburg Institute, 1986. - [107] Les décans ou faces
(facies) sont des subdivisions des signes du zodiaque en trois parties égales de
LE PROCÈS CONTRE L'ARCHEVEQUE
D'AIX
229
dix degrés, chacun des 36 décans étant dominé par une planète. Voir notamment
Al-Qabisi, The Introduction of Astrologt, diff.1,237 -239, et la ftg. 6. - [108] En
vue de multiplier les paramètres de leurs interprétations, les astrologues arabes
ont fortement développé un système de réference qui s'ajoute à la position des
planètes et des maisons dans les signes du zodiaque, celur des partes ot sortes,
points imaginaires calculés à partir de la longitude de l'ascendant, de la pointe
de telle ou telle maison et d'une ou de plusieurs planètes. Voir Al-Qab1sî, Tie
Introduction of Astrologt, diff. V, 350-364 ; Abü Ma'§ar al-Balkhî, Liber introductorii maioris ad scientiam iudiciorum a.strorum, t. 5, Texte latin de Jean de
Séville avec la révision de Gérard de Crémone, Tractatus VIII, 319-386. [09] Sur Prophatius (Jacob ben Makhir ibn Tibbon, ca.1236-1304) et son
Almanach, voir, pour une première approche, J. Chabâs, « Propatius Judaeus »,
da:ns Medieval Science, Technology, and Medicine. An Encyclopedia, éd.
Th. Glick, St. J. Livesey, F. Wallis, New York, Londres : Routledge, 2005,422423, et l'Almanach Dantis Alighieri sive Prophacii Judaei Montispessulani.
Almanach perpetuum ad annum 1300 inchoatum, éd. J. Boffito, C. Melzi d'Eril,
Florence, 1908. Cet almanach est fondé principalement sur les tables de Tolède :
G. J. Toomer, « Prophacius Judaeus and the Toledan Tables », Isis,64,1973,
351-355. Sur ces tables, voir F. S. Pedersen, The Toledan Tables. A review ofthe
manuscripts and the textual versions with an edition, Copenhague, 2002, 4 vol.
[110f Pour les positions tirées de l'Almanach de Prophatius, on a procédé par
interpolation et en utilisant le texte de la version latine de ses canons. Pour les
positions fondées sur les tables de Tolède (TT), on a utilisé le programme de
-
Lars Gislen, téléchargeable sur le site http://home.thep.lu.se/-larsg/Site/
Welcome.html. Pour les positions fondées sur les données astronomiques
modernes (TM), on peut notamment avoir recours au programme Kairos de
-
Raymond Mercier, éminent spécialiste de I'astronomie médiévale.
[111] On a
choisi comme coordonnées de référence 5o de long. Est et 43o de lat' Nord, latitude de référence de l'Almanach de Prophatius. Il y a des différences entre les
coordonnées de Montpellier et d'Aix-en-Provence, mais elles sont négligeables
pour notre propos. - [12] Rappelons que les jours astronomiques commencent à
midi. - [113] La Tête et 1a Queue du Dragon sont les næuds ascendant et descendant d'intersection entre l'orbite de la Lune et le plan de l'écliptique. En astrologie, la Tête du Dragon est censée être bénéfique et la Queue maléfique.
-
[114] Shatzmiller, Justice,284-285 et216: Et tunc ipsejudeus traxit se ad
partem et posuit in manu sua ad solem quoddam instrumentum de cupro trian'
gulare caracteratum et continens quasdam litteras ebraycas, ut eidem testi videbantur. - [l5l Poulle, « Quadrant ». - [f 16] P. Tannery, « Le traité du quadrant
de maître Robert Anglès (Montpellier, XIII" siècle). Texte latin et ancienne
traduction grecque »», Notices et extraits des manuscrits de la Bibliothèque
Nationale, t. XXXV, 2" partie, 1897,561-640, réimpr. dans ses Mémoires
scientifiques, t. V, Paris, 1922, ll8-197 ; Nan L. Hahn, Medieval Mensurations :
230
CAHIERS DE FANJEAUX45
"Quadrans vetus" and "Geometrie due sunt partes principales", Philadelphie,
1982. Voir également L. Thomdike, « Who wrote the Quadrans vetus ? », Isls,
37,1947,150-153 ; E. Poulle, c.r. de l'ourrage de Nan L. Hahn, Journalfor the
History ofAstronomy,15,1984,135-138. - [117] Poulle, « Quadrant >r,201-202.
Avec le quadrant nouveêu, par opposition à l'astrolabe, << la rotation de I'araignée sur le tympan, c'est-à-dire la figuration du mouvement quotidien de la
façon la mieux perceptible, n'est plus possible : elle est remplacée par le déplacement d'un fil, celui-là même qui, lesté, sert à la visée, et sur lequel coulisse
une perle », ce qui nécessite une décomposition du calcul qui multiplie les
risques d'erreur (Id,., Les instruments astronomiques au Moyen Âge, Paris, 1983,
25). [118] Sur ce traité, dont la première version a été composée à Béziers en
-
1148 et la seconde version à Rouen entre ll54 et 1157, voir notamment
R. Smithuis, « Abraham Ibn Ezra's Ashological Works in Hebrew and Latin:
New Discoveries and Exhaustive Listing », Aleph, 6,2006,239-338, et en der-
nier lieu Abraham Ibn Ezra on Elections, Interrogations, and Medical
Astrolog). A Parallel Hebrew-English Critical Edition of The Book of Elections
(3 Yersions), The Book of Interrogations (3 Versions), and The Book of the
Luminaries. Edited, Translated and Annotated by S. Sela, Leyde, New York :
201 l. Une traduction en langue d'oïl de la seconde version hébraiique a été
effectuée en 1273 par Hagin le Juif et Robert de Montdidier, à Malines, dans la
maison d'Henri Bate, et deux traductions latines en ont été tirées au toumant des
XIII" et XtV" siècles : celle d'Arnoul de Quinquempoix est fondée sur la version
fiançaise d'Hagin et Robert alors que celle de Pietro d'Abano s'en éloigne.
[19] Sur les techniques de l'interrogation dans l'astrologie médiévale arabolatine, voir notamment les instruments de travail commodes que constituent les
traductions latino-anglaises annotées de Benjamin J. Dykes '. Iÿ'orks of Sahl and
Brill,
-
Mashd'allah, Minneapolis,2008, xxxiv-xxxviii, lxxviii-lxxx (introduction),67I 86 (trad. dn De intetogationibus de Zahel) et 417 -438 (trad. de plusieurs opuscules de Messahala), et Bonatti on Horary. Treatise 6 of Guido Bonatti's Book
of Astronomy, from the 1491 and 1550 Latin Editions, Minneapolis, 2010. Pour
le traité d'Hali Abenragel, l'édition la plus proche de la version médiévale
arabo-latine est celle de Venise, E. Ratdolt, 1485. - [120] Sur les principales
dignités planétaires (domicile, exaltation, tripticité, terme, décan), voir AlQabr{4 The Introduction of Astrologt, diff. 1,230-240 ; Abü Ma'§ar al-BalkhI,
Liberintroductoriimaioris,t.5,Tractatus V,diff. l-16,175-203. Lanotionde
triplicité n'apparaissant incidemment que dans le § I I, nous I'avons négligé ici.
-
U21l Ce point est contesté par maître Pierre au § 10, ce qui oblige Moïse à y
revenir dans le § 1 5. - [122] Shatzmlller, Justice, 284. - Il23l lbid., 284-286. ll24llbid.,285. - U25l R. P. Lorch, « The astronomy of Jàbir ibn Aflah »,
Centaurus, 19, 1975,85-107. - 1126l Geber filius Affla Hispalensis, De astronomia libri IX, publié à la suite de Petrus Apianus, Instrilmentum primi mobilis,
Nuremberg, J. Petri, 1534,2. - [127] C'est en particulier le cas pour le De radiis,
LE PROCÈS CONTRE L'ARCHET/EQUE
D'AIX
231
traité théorique de magie astrale qui n'aborde absolument pas le problème des
aspects des planètes. - [128] Shatzriller, Justice,2&S : Et, licet dichts astrologus
rationes dicti deponentis in parte reprobaret, sententiam tamen approbavit. [29] Voir Abü Ma'§ar al-Balkhï [Albumasar], Liber introductorii maioris, t. 5,
137. - [130] Voir notarnment le prologue dt Sefer ha-Te'amim d'Abraham ibn
Ezra, taduit en latin en l28l par Henri Bate de Malines sous le titre De mundo
vel seculo, éd. Venise, P. Liechtenstein, 1507, fol. 76rb:. Et ego, Abraham compi'
lator, dico quod hunc libellum li.e.le fuadripartituml non compilavit Ptolemeus,
nam in eo sunt multi sermones
frivoli
secundum scientie contra ponderationum et
experiencie. Sur les critiques d'Ibn Ezra àl'égard de Ptolémée, voir S. Sela,
Abraham Ibn Ezra and the Rise of Medieval Hebran Science, Leyde, Boston,
2003,247-256. - [131] La documentation montre la continuation des actiütés
médicales et commerciales de Moïse, à Jouques et à Marseille, après le procès de
Mauvoisin : Shatzmiller, Justice, 130-133. - [132] Voir A. Boureau, Le pape et
les sorciers. (Jne consultation de Jean XXII sur la magie en 1320 (Manuscrit
B.A.V. Borghese 348),Rome: École Française de Rome, 2004. - [133] Ainsi, par
exemple, lorsque Mauvoisin raconte avoir mis au défi le juif de lui dire à quoi il
était en train de penser (Shatzniller, Justice, 178). Les faits reconnus par l'accusé
sont très parlants à cet égard, malgré ses efforts pour les minimiser. [34] Nombreux sont les témoins à dire que l'archevêque croyait à la « science »
de l'ashologue (voir par exemple ibid.,233), ce dont Moïse lü-même s'afftrme
convaincu (ibid.,286). - [135] D'après plusieurs témoins, Mauvoisin aurait cessé
de croire aux talents de Moïse lorsque son frère Gülhem Raimon avait trouvé la
mort à la Curie malgré les conseils donnés par l'astrologu.e pour qu'il y parte à un
moment propice. C'est le récit donné par l'official d'A:x (dicus archiepiscopus
dicti judei consilio adherebat, usque ad tempus mortis fratris sui, sacriste predicti, quia post mortem dictifratris non adhibuitfidem consilio dictijudei, quia
male acciderat ei de consilio prefatiiudei: ibid.,206) comme par un autre chanoine de la cathédrale Çurta consilium dictijudei ipse misit ad Cuiamfratrem
suum ; et tamen in Curia, post paucos dies, mortuus fuit, quare extunc non voluit
eum videre : ibid.,270 ; cf. aussi 200,238,242,285). Sur Guilhaume Raimon de
Mauvoisin, sacriste de Lyon, chapelain et trésorier (comme Robert lui-même
l'avait été) de Clément Y,voir Regestum Clementis,n* 4420,7105,7196,9387,
et appendice, 169 ; ASV, Coll.467, fol. l, 15v-16, 33v-34; M. Faucon, Za
librairie des papes d'Avignon. Sa formation, ses composition, ses catalogues
(1316-1420) d'après les regktres de comptes et d'inventaires des Archives vaticanes,Paris (BÉFAR, 43, 50), 1886-1887, 2 vol,I, 14 et note I, et II, 19. [136f Mauvoisin lui-même évoque les maiores honores que Moïse lui avait prédits d'ici deux ans (Shatzmiller, Justice,178). Plusieurs témoins évoquent les
espoirs de l'archevêque entretenus par son astrologue. Ainsi l'archidiacre d'Aix
Uc Gancelm : Archiepiscopus, in presencia dicti judei, domini Hugonis de
Baucio et domini Petri Audeberti, dixit eidem testi quod dictus iudeus sibi dixerat
232
CAHIERS DE FANJEAUX45
quod infra breve tempus esset dives et in altissimo statu sive mensura. Quijudeus
dixit ibidem dicto archiepiscopo quod amputaret sibi caput nisi infra lres menses
contingeret sibi illud quod sibi dicebat, videlicet de altissimo statu et de divitiis
(ibid.,26l ; voir aussi, par exemple, 234,238). - [37] Non seulement la questiorr du bonus punctus porLr envoyff les cadeaux au pape tient une grande place,
mais les talismans semblent aussi avoir été acquis dans la même perspective,
comme le suggère par exemple ce témoignage du prieur Raimon Yallon : Dixit
quod dictus archiepiscopus ipsi deponenti dixit quod dictus judeus fecerat sibi
quendam anulum virtuosum ad amorem domini acquirendum (ibid.,233). [138] L'évêque de Vintimille Nicola Lercari, par exemple, fut déposé par
Innocent lY en 1244 après huit années de procédure (cf. Auvray, Les registres de
Grégoire IX, n" 2483 ; E. Berger, Les registres d'lnnocent IV (1 243- I 254), 1884192!, n 584). Cependant, quelques procédures italiennes conclues de la même
façon furent probablement plus rapides sous Innocent III (voir à ce sujet
L. Baietto, Il papa e le città. Papato e comuni in ltalia centro-settentrionale
durante la prima metà del secolo,Y7ll, Spolète, 2007). - ll3gllbid.,177 : Tocavit
Mosse, judeum, tanquam astrologum, credens artem illam licitam, et fecit ei
questionern. Lorsque les juges lui demandent s'il a loué le juif et sa science,
Mauvoisin biaise en répondant qu'il a loué la personne de Moïse et non sa
science, avant de préciser que la « compétence » qu'il appréciait chez lui était sa
« philosophie » (ibid.,182 : Interrogatus si commendavit dictos judeum et magis-
tros et eorum scientiam, dixit quod non scientiam, personam autem dicti judei
: « In veritate, iste judeus est aptus homo ».
comendavit per hec verba vel similia
Interrogatus de qua aptitudine intelligebat, dixit quod
-
de filozophia).
[140] Lorsque Giovanni di Luni lui avait prédit la forhrne de sa famille suite à un
événement qui s'avéra être l'élection de Clément V au Siège apostolique,
Mauvoisin était « parti en riant »» (ridendo recessit)o à l'en croire (et il répondit à
une question des juges à ce sujet en précisant qu'il « n'avait pas eu foi » en la
prédiction : ibid., 175). Quand Giovanni était venu le voir dans sa maison de
Bologne pour 1ui demander d'envoyer un messager afin d'avertir son « ami »
(son oncle) à la Curie du danger encouru par le nouveau pape, iI s'était gardé de
s'exécuter, « pensant qu'il n'était pas venu pour les étoiles ou pour les plaisanteries, mais pour apprendre les lois » (cogitans quod non ÿenerat pro stellis vel pro
trufis set pro legibus audiendis : ibid., 176). Quand on lui demande s'il a « eu
foi » dans la lettre de Giovanni qui a prédit l'effondrement du mur le jour du couronnement pontifical, l'archevêque affrme que non, après avoir indiqué que le
pape lui-même et son oncle le cardinal en avaient plaisanté (fecerunt trufas suas
de dictis litteris ; ibid.,176-177). De même, il a bien eu coutume de faire lire les
lignes de sa main à l'Anglais Robin, mais nullam fidem adhibuit nec adhuc
adhibet, sicut dixit (ibid., 177). Concemant les trois anneaux talismaniques commandés à MoTse, in predictis nullam Jidem adhibuit (ibid., 180). De même,
Mauvoisin a certes fait methe par écrit les expertises ashologiques de Moïse et de
LE PROCÈS CONTRE L'ARCHEYÊQUE D'AIX
233
'. Interrogatus si
<< eu foi » en aucun des deux (ibid., 182
predictis disputatoribus adhibebat, dixit quod non, licet rationes,
maître Pierre, mais il n'a
fidem alicui
de
disputationes et resporxiones dicti judei 1...1 tpse idem archiepiscopus dictaveit
in latino). [14U Ainsi au sujet de la chiromancie : Dixit etiam quod interdum,
idem archiepiscopus manum suam exibens dicto Anglico, judicabat de aliquibw
idem Ànglicus, licet archiepiscopus reputaret pro trufa ; et idem fecit ratione
solacii pluries et de pluribus judicari in Avinione et alibi (ibid., 177). Et si
Mauvoisin a interrogé Moïse sur la fécondité de sa belle-sæur, ce fut seulement
ex solatio (d'ailleurs il ne se souvenait même pas de la réponse : ibid., 178).
[142] Mauvoisin s'efforce de nier la rémunération de I'astrologue en admettant
seulement lui avoir fait donner un peu d'argent propter ÿerecundiam - il faut sans
doute comprendre « par reconnaissance >> (ibid.,183). Mais Moïse confirme avoir
été payé (ibid.,286) et plusieurs témoigrrages vont dans le même sens, tel celui
du clerc de la cathédrale Berhan Rostain, qui dit avoir lui-même versé « l0 ou 12
gros tournois » au juif de la part de I'archevêque (ibid.,238 ; cf. aussi, par
exemple, 229). [143] Voir notamment D. Vitali, << Sensus fidelizrz e opinione
pubblica nella Chiesa n, Gregorianum, 8214,2001,689-717 ; C. Nemo-Pekelman,
« Scandale et vérité dans la doctrine canonique médiévale (XII"-X[I" siècles),
Rewe historique de droit français et étranger, 8514,2N7, 491-504 ; A. Fossier,
-
-
-
<< Propter vitandum scandalum. Histoire d'une catégorie juridique (XII*
XV" sGctes) >», Mélanges de t'Écolefrançaise de Rome, Moyen Âge, l2ll2,2}O9,
317-348 ; R. Helmholz, << Scandalum in the Medieval Canon Law and in the
English Ecclesiastical Courts
>»,
Zeitschrift der Savigny-Stiftung
Rech*geschichte. Kanonistische Abteilung,96,20lO,258-274.
Guilhem Estève ne s'y trompe pas, qui devant les enquêteurs
für
[144] L'official
<< se répute scanda-
-
lisé » par les relations de I'archevêque avec son astrologue (ibid.,2O7). 1L45llbid., 180 : Ea que fecit non fecit mala fide. - [146] Ibid.,287-288. I147lLe second procès d'Hugues Géraud fut encore plus bref(awil-août 1317),
mais il n'est pas comparable aux autues, car il portait sur une tentative d'assassinat contre le pape et mettait d'ailleurs en cause un accusé déjà privé de toute
prélature. - tl4Sl lbid.,284 : Dicti domini comissarii interrogaverunt dictum
archiepiscopum si volebat aliquid proponere ad sui defentionem vel excusationem aliqualem, offerentes se paratos eas recipere et audire. Qui archiepiscopus dixit quod non, set supponebat se consilio et ordinationi domini nostri
pape.- ll49llbid.,289 : Dictus vero dominus archiepiscopus humiliter petiit
misericordiam et gratiam domini nostri et non igorem. - ll501lbid., 288 : Post
que, ibidem, dicti domini comissarii et dictus dominus archiepiscoptrs, renunciato
et concluso et clauso dicto processu, dictus dominus archiepiscopus nonjudicium
set misericordiam postulavit. - [f51] Sur l'altemative rigueur de justice/miséricorde ou clémence, typigue des fonctions régulatrices assigrrées à la justice (tout
particulièrement dans l'Église), voir notamment J.-M. Carbasse, << Non cujuslibet
est.ferre leges. Légiférer chez Gilles de Rome >>, dans Le prince et la norme. Ce
234
CAHIERS DE FANJEAUX45
que légiférer veut dire, éd. J. Hoareau-Dodineau, P. Texier, Limoges : PULIM,
2007, 69-79, qui commente un passage consacré à cette question par Gilles de
Rome dans soî De regimine principum (éd. de Rome, 1607, tII, 2, XXX, 533534). Cf. aussi Cl. Gauvard, De grace especial. Cime, Ént et société en France
à lafin du Moyen Âge, Paris, 1991, 1,p.329; « PréJërant miséricorde à riguettr
justice ». Pratiques de la grôce, XIIf-XVil" siècles, dir. B. Dauven,
X. Rousseaux, Presses Universitaires de Louvain, 2012. - [152] L'évêque de
Svaë (en Dalmatie) Dominique, par exemple, implora « miséricorde, et non
rigueur de justice » auprès d'Innocent III après avoir été déposé par un concile
de
pour homicide (ce qui n'empêcha pas le pape de confirmer la privation en I199,
puis d'ordonner son enfermement dans un monastère en 1200 : PL 214,731-732,
919-921 ; O. Hageneder, W. Maleczek, A. A. Strnad K. Rudlof, Die register
Innocenz'Ill 2. Ponti/ikatsjahr, 1199/1200, Rome, Vienne, 1979-1984,333-335,
n" l7l). En 1202,le même pape écrivit à l'archevêque de Messine Berardo, coupable d'avoir pris le parti de Markward d'Annweiler, qu'il levait sa suspense
mais se réservait la « correction »» de ses « excès », pour (( faire miséricorde ou
justice, selon ce qu'exigeraient ses mérites » (PL 214,1030 ; O. Hageneder, Chr.
Egger,
K. Rudolf, A.
Sommerlechner, Die Register Innocenz'III-,
5. Pontifikatsjahr, 1202/1203, Rome, Vienne, 1994-1995, 1 l4-l 15, n" 58). En
l2O7,l'archevêque de Narbonne Bérenger, accusé de négligences, se rendit
auprès du Siège apostolique misericordiam tamen postulans et emendationem
promittens (PL 215, 11æ-1165 ; A. Sommerlechner, R. Murauer, Die Register
Innoceru'Ill. 10. Ponfirtkdsjahr, 1207/1208, Vienne, 2007,116-118, n 68). En
1233, le chantre d'Angoulême Guilhem Brunat, accusé de violences perpétrées
sur un clerc, demanda à Grégoire IX non judicium, sed misericordiam (Alway,
Les registres de Grégoire IX, n" 121 l). En 1272, l'archevêque de Trèves Heinrich
von Vistingen misericordiam et non judicium postulavit atprès de Grégoire X, au
terme d'une procédure engagée contre lui plus de dix ans auparavant sur des
accusations d'homicide, simonie, parjure, etc. (J. Guiraud, Les registres de
Grégoire X (1272-1276). Recueil des bulles de ce pape, Paris, 1892-1960,
n"90)... Il est inutile de multiplier davantage les exemples. - [153] ASV, Col/.
493, fol.26v, interrogatoire du 4 août 1317 : Quem ma§strum Hugonem dictus
dominus noster papa interrogavit et sub virtute in ipsa inquisitione dictis commissariis prestiti juramenti et sancte obediente ac sub pena excommunicationis
quam in eum ibidem tulit, cujtts absolutionem sibi et suis successoribus nisi dumtox.at in mortis articulo resemavit, [sic, manque un verbe] ut coram sibi revelaret
et diceret que ipsum movit quod contra dictum dominam nostrum papam et suos
potiones et ymagines parasset seu parari fecisset, cum in justicia sibi nunquam
defecerit ; nec unquam ab eo misericordiam petierit in causis suis pro quibus
extitit depositus et ad carcerem condempnatus, nisi dernum cum sententia ferebatur, cui, si prius petiisset, ut dixit dominus papa, forsitan non negasset. Qui
dictus magister Hugo cumJletu respondit quod hocfecit propter stultitiam suam
LE PROCÈS CONTRE L'ARCHEVEQUE
D'AIX
23s
et quia credebat se juÿare ut status episcopalis sibi remaneret (dans la suite du
texte, Hugues Géraud passe aux aveux). Cf. É. Dafilon, Grandeur et décadence
d'un évêque à l'aube du XIV" siècle. De la sorcellerie à I'hérésie : le cas
d'Hugues Géraud, mémoire de master I, Université Paris-Sorbonne, dir.
J. Verger, 2006-2007,130. - [154] GCN,l,54'. Noverint universi presens
scriptum publicum inspecturi quod in ejusdem domini pape et testium infrascriptorum presentia constitutus dominus Robertus, Aquensis archiepiscopus, contra
quem erat super certis et variis excessibus et criminibus inquisitum auctoritate
apostolica, licet super eadem inquisitione nondum sententia lataforet, non vi nec
dolo coactus nec seductus, sed sua gratuita, libera et spontanea ÿoluntate motus,
cum magna instantia supplicavit eidem domino nostro pape ut renuntiationem
quam ipse volebat facere et extunc faciebat in manibus domini nostri pape de
archiepiscopatu Aquensi recipere dignaretur. - 11551 lbid. : Qui dominus noster
papa respondit eidem domino Roberto quod adverteret bene quod faciebat et
quod timore litis nan renuntiaret, promittendo eidem quod non deficeret quinjustitia ministraretur ei. - 1156l Qui quidem dominus Robertus dixit quod non
renuntiabat propter hoc, supplicando iterato eidem domino nostro pape ut
dictam renunciationem quam fecerat de dicto archiepiscopatu Aquensi et quam
iterato sponte et libere faciebat admittere dignaretur. - [157] Honorius III, par
exemple, demanda en 1218 à un légat de faire savoir à l'évêque d'Albi Guilhem
Peyre qu'il serait l'objet d'une enquête sur ses acta sinistra s'il n'acceptait pas de
résigner (C.-A. Horoy, Honorii III romani pontificis opera omnia, Paris, 18791882, III, 62-63, n" 56). Innocent IV, lorsqu'il lança une procédure contre
l'évêque de Brixen Egno von Eppan, en 1246, précisa aux commissaires qu'ils
dewaient accepter la cessio de I'accusé (et même lui choisir un successeur) au cas
où ce demierjugerait préférable d'éviter ainsi l'enquête (C. Rodenberg, Epistolae
saeculi XIII e regestis pontificum romanorum, Berlin, 1883-1894,I1,143-144,
n" 188). Mais, le plus souvent, les lettres d'enquêtes émises par les papes ne faisaient pas état de cet objectif, même s'il pouvait être implicitement recherché.
Les cas de cessiones présentées par des prélats au cours de procédures criminelles
diligentées contre eux sont nombreux. Ainsi firent, par exemple, l'évêque de Vic
cf.
Guillem de Taverte en 1233 et son collègue de Nicastro Roberto en 7279
A. Mundô, << La renüncia del bisbe de Vic, Guillem de Tavertet (1233), segons la
correspondència de Bages i els registres vaticans », dans VII Congreso de
-
Historia de la Corona de Aragôn, Barcelone, 7962, t.
lll,
;
77-95
J. Gay,
S. Vitte-Clémerrcet, Les registres de Nicolas III (1277-1280), Paris, 1898-1938,
n. 603 (dans ce demier cas, le pape évoqua explicitement le lien entre la démission « libre et spontanée » et la menace de déposition : in nostris manibus libere
honori et honeri cessit spontaneus ne forsan pelleretur invitus). 11581 cf.
L. Caillet, La papauté d'Avignon et l'Église en France. La politique bénéficiale
du pape Jean XXII en France Q3l6-1334), Paris, 1975, 95-96.
ll59l GCN,I,
55-56.
-
-
T
J aceups
DuÈze, originaire de Cahors, évêque de Fréjus puis d'Avignon avant d'accéder au trône de
Pierre sous le nom de Jean XXII, installa durablement la papauté dans la cité des bords du Rhône. t e Midi
de la France tient une place importante dans I'histoire mouvementée de son long ponüfrcat (1316-1334).
Les dix-huit articles de ce volume des Cahiers de Fanjeaux contribuent au renouvellement actuel des
études sw ce personnage controversé et sur son époque. Ils abordent, entre autres, la place prise par les
Méridionaux (notamment les Quercynois) à la Curie et dans le personnel du gouvernement pontifroal,
les procès criminels intentés par le pape contre les évêques de Cahors et d'Aix-en-Provence, le regain
d'activité inquisitoriale en Languedoc ou encore le statut des juifs. Une place particulière est faite à la
question de la pauvreté franciscaine et des << Spirituels » (souvent originaires du Midi) qui furent rejetés
dans I'hérésie à la suite des décisions du pape. Deux modèles de sainteté mis en avant par Jean XXII sont
examinés - l'un bien connu, celui de l'évêque de Toulouse Louis d'Anjou, l'autre presque entièrement
ignoré jusqu'ici, celui du frère prêcheur Martin Donadieu de Carcassonne.
DERNIERS CAHIERS PARUS
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Cahier 25 bis
Caltter 26
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Cahier 39
Cahier 40
Cahier 4l
Cahier 42
Cahier 43
Cahier 44
:
l,e monde des chanoines ()(ILXIV's.)
La paroisse en Languedoc (XItrrXIV' s.)
Tables et index généraux des cahiers I à 25
La papauté d'Avignon et le Languedoc (1316-1342)
Fin du Monde et signes des temps (fin Xllf-début XV" s.)
[,e décor des églises en France méridionale (Ktrrmi XV" s.)
L Eglise et le droit dans le Midi (XIIITXIV' s.)
La cathédrale QflITXIV" s.)
Livres et bibliotheques QflIITXV' s.)
La prédication en Pays d'Oc (XIF-début XV" s.)
La mort et l'au-delà en France méridionale QflIrXV" s.)
É,griseet",,,,*ÉlîËl'f,::'J*-.Îlïi:,t#T-iS"l.l
L ordre des Prêcheurs et son histoire en France méridionale
Hagiographie et culte des saints en France méridionale (XItrLXV" s.)
L anticléricalisme en France méridionale (milieu Xllrdébut XIV" s.)
Le Midi et le Grand Schisme d'Occident
LÉglise au village. Lieux, formes et enjeux des pratiques religieuses
I-es ordres religieux militaires dans le Midi ()OITXIV" s.)
Iæs justices d'Eglise dans le Midi (XIIXV" s.)
Famille et parenté dans la vie religieuse du Midi QilIrXV" s.)
Moines et religieux dans la ville ()(IIaXV" s.)
35,50 €
ISBN : 978-2-7089-3448-1
Code: 5452404
, tultlu[ItlillLl[l[lil
Cahiers de Fanjeaux
4s