II
À la recherche d’une éthique du milieu
Interventions d’architectes dans la campagne
chinoise depuis les années 1990
Fang Xiaoling et Qin Lin 1
I. CONTEXTE SOCIAL ET POLITIQUE
À partir des années 1990, la réforme économique initiée en 1978 en
Chine entraîna une extension rapide des métropoles où se concentrait la
production économique, ainsi qu’un exode rural important. Selon une
étude de l’université de Tianjin (Lu, 2016), il y avait encore 3 700 000
villages en 2000, mais il n’en restait que 2 600 000 en 2010, soit une
disparition de 300 villages par jour sur dix ans. Ces transformations
se sont accompagnées de l’anéantissement des cultures traditionnelles,
d’une désertification des campagnes, d’une augmentation d’ouvriers
migrants vers les villes, de l’accroissement des inégalités urbaines,
de conflits issus de l’expropriation des terres, etc.
Un décalage considérable entre ville et campagne apparut rapidement
comme une menace pour la stabilité sociale. En 1996, l’économiste
chinois Wen Tiejun (䫱ߋ) présenta la notion de « trois problèmes
ruraux » (йߌ䰞仈), qui concernait ceux de l’agriculture, des zones
rurales et des paysans. En 2001, un rapport du gouvernement reprit
à son compte la notion des « trois problème ruraux » qui devint
l’expression officielle de la préoccupation majeure de l’État chinois.
En 2005, le XVIe Congrès national du Parti communiste de Chine
dévoila la stratégie du développement de « la Nouvelle campagne socialiste » (ᔪ䇮⽮Պѫѹᯠߌᶁ), puis, en 2013, à l’occasion d’une visite
1. Professeur d’architecture, dirige le département de la rechnologie d’architecture
du College of Architecture & Urban Planning of Chongqing University en Chine.
Il est membre du conseil de l’Institut de recherche du développement urbain et rural
de Chongqing. Ses thèmes de recherche sont la technologie, la culture de l’habitat
vernaculaire et la construction hospitalière.
166
La mésologie, un autre paradigme pour l’anthropocène ?
du village Tongshan (ጂኡᶁ) dans la province de Hubei, le président
Xi Jinping (Ґ䘁ᒣ) annonça officiellement le développement du projet
de « Belle campagne », en soulignant qu’il ne s’agissait pas d’embellissement mais de développement complet, urbain et rural (Xi, 2013).
II. INTERVENTIONS D’ARCHITECTES
Les problèmes auxquels étaient confrontés les architectes dépassaient la dimension esthétique, ils nécessitaient de traiter des aspects
économiques, culturels et environnementaux. Une question fondamentale se posait : comment agir face à des milieux façonnés au fil
des millénaires, mais impactés avec rapidité et violence par la pauvreté
et la modernité ? Quelle pourrait être l’éthique – la conduite de l’agir
humain – cohérente avec ce milieu rural ancestral en transformation ?
Selon la théorie de la mésologie, c’est toujours à travers l’interprétation
que les pratiques humaines tissent des relations avec leur environnement.
Le « milieu », selon Augustin Berque, désigne la relation éco-technosymbolique d’une société à son environnement (Berque, 1996). Il varie
selon le contexte. Corrélativement, l’éthique du milieu est circonstancielle
et répond à la quête constante d’un choix propice à la transformation
d’un monde. Cette quête, menée par des architectes chinois, fut marquée
par trois phases : d’abord les années 1990, ensuite les années 2005 à
2013, enfin la période actuelle depuis 2013. L’objectif de cette étude
est de comprendre la recherche d’une éthique du milieu dans la manière
dont les architectes chinois interviennent dans la campagne.
1. Années 1990 : face à la disparition des cultures traditionnelles
La perte des cultures traditionnelles a préoccupé de nombreux architectes comme l’exprimait la Charte de Beijing à l’occasion de XXe Congrès
international des architectes : « la singularité et la variété de la culture
locale est en train de diminuer, voire de disparaître, […] la caractéristique
de l’architecture s’affadit. La globalisation et l’uniformisation des cultures
architecturales et urbanistiques conduisent à la crise d’identité 2… »
(Zhang et al., 2017, p. 91). Il paraissait urgent d’entamer le sauvetage
2. « ൠฏ᮷ॆⲴཊṧᙗ઼⢩㢢䙀⑀㺠ᗞǃ⎸ཡ……ᔪㆁ⢩㢢䙀⑀䳀䘰,
ᔪㆁ᮷ॆ઼ᐲ᮷ॆࠪ⧠䎻਼⧠䊑઼⢩㢢ডᵪ. » Le texte d’origine est tiré de Wu
Liangyon (㢟䮋), «ഭ䱵ᔪॿेӜᇚㄐ˖ᔪㆁᆖⲴᵚᶕ » (Charte de Beijing :
l’Avenir de l’architecture), XXe Congrès international des architectes en 1999, Beijing,
Éditions de l’université de Qinghua, 2002.
À la recherche d’une éthique du milieu
167
culturel, mais cela n’était pas encore au cœur des préoccupations du
pouvoir central, qui se focalisait sur le développement économique.
Les architectes, dont la plupart étaient enseignants, se sont mobilisés
pour mener des études sur les villages traditionnels. S’ils n’étaient pas à
eux seuls en mesure d’endiguer ce torrent de destruction, ils pouvaient
au moins recueillir et préserver les informations pour les générations
futures.
Plusieurs personnages ont marqué cette période, dont Lu Yuanding
(䱶ݳ唾) organisateur de conférences annuelles sur l’architecture
vernaculaire et Chen Zhihua (䱸ᘇॾ), professeur à l’Université
de Qinghua et leader de ce mouvement de sauvegarde. Parmi ces
pionniers, l’architecte et professeur Shan Deqi (অᗧ) exerça une
pratique différente de celles de ses confrères. Avec ses élèves, il rénova et
réaménagea plusieurs villages éloignés de la civilisation urbaine dans la
province de Guangxi, dont Zhengduozai (ᮤመ), où les maisons en
bois souvent très abîmées prenaient facilement feu. L’équipe imagina
trois types de maison modulable adaptés au mode d’auto-construction
local et aux faibles moyens financiers des paysans (figure 1).
1. Rénovation et aménagement du village Zhengduozai menés
par l’équipe de Shan Deqi (source : Shan, 2008, p. 23-24).
168
La mésologie, un autre paradigme pour l’anthropocène ?
2. 2005 à 2013 : de la prise de conscience à l’action des architectes
dans la reconstruction matérielle et sociale
Dès 2005, l’assistance bénévole à la construction rurale se poursuivit
dans les campagnes à l’Ouest de la Chine sous l’impulsion d’architectes
comme Wu Enrong (ᚙ㶽), avec son projet « Bridge Too Far »
(ᰐ→ẕ) (figure 2), Li Xiaodong (ᵾᲃь), avec l’école primaire du
village Yuhu (⦹⒆ᶁሿᆖ, 2004) dans le Yunnan et le Bridge School
du village Xiashi (ᒣ઼৯л⸣ᶁẕкҖቻ, 2009) dans le Fujian
(figure 3), Zhu Tao (ᵡ⏋), pour l’école primaire de Huacun Xiwang
(ॾᆈᐼᵋሿᆖ, 2005) dans le Sichuan (figure 4), etc. Pourtant,
en raison de la forte expansion immobilière, la pratique professionnelle
restait souvent dictée par des logiques commerciales et déconnectée
de la population.
Le séisme de 2008, qui fit environ 70 000 morts et détruisit maints
villages dans le Sichuan, secoua le monde des architectes. Face aux milliers
de personnes sans abri, il était impératif de construire vite et peu cher.
Population et professionnels se mobilisèrent en urgence pour participer
à la reconstruction. La solution proposée par l’architecte taïwanais,
Xie Yingjun (䉒㤡 )s’appuyait sur un modèle participatif – Xieli
Zaowu (ॿ࣋䙐ቻ). À l’occasion d’un séisme à Taiwan en 1999, il avait
inventé une structure porteuse en acier léger résistante aux séismes,
composée de modules préfabriqués que les sinistrés pouvaient facilement
assembler. Les murs, libérés de la structure, pouvaient être composés
2. Projet de « Bridge Too
Far » au village de Taibai
dans le Gansu, 2009 (source :
<https://www.nwd.com.hk/
content/new-world-wu-zhi-qiaocommences-its-service-taibaivillage-ganzu-0>© 2017 New
World Development Company
Limited).
À la recherche d’une éthique du milieu
a
169
b
3. Projets de Li Xiaodong. a : École primaire du village Yuhu, 2004.
b : Bridge School du village Xiashi, 2009 (photos fournies par Li Xiaodong
Atelier [ᵾᲃьᐕᇔ]).
de matières locales et fabriqués artisanalement par les habitants. Les
architectes intervenaient uniquement au début de la construction pour
guider l’apprentissage. Ce processus participatif nécessita également
une organisation sociale efficace. Le fait de travailler ensemble favorisa
une grande solidarité et apporta un soutien psychologique aux sinistrés.
La reconstruction d’une maison contribuait, d’une certaine façon, à la
régénération de la société locale (figure 5).
L’urgence des secours stimula la créativité et entraîna des inventions
techniques dont celle de Liu Jiakun (ࡈᇦ⩘), « brique recyclée – petite
structure – maison extensible » (⭏⹆ – ሿṶᷦ – ॷቻ).
Pour baisser le coût et raccourcir la durée de construction, il proposa
de recycler les matériaux provenant des ruines. En les compressant
ensemble avec de la paille, du ciment, de la terre, il fut possible de
fabriquer des briques creuses avec des moyens simples (figure 6). Fort
de cette expérience, Liu Jiakun « énonça » et développa la stratégie du
low-tech (վᢰㆆ⮕) comme l’un des nouveaux fondements de son
architecture (Liu, 1997).
4. École primaire de Huacun Xiwang de Zhu Tao
(photos fournies par Zhu Tao, 2005).
170
La mésologie, un autre paradigme pour l’anthropocène ?
5. Projet de secours suite au séisme de Xie Yingjun,
village Yangliu (ᶘḣ) dans le Sichuan en 2008
(photos fournies par Atelier-3 x Design For People Co., Ltd.).
6. Liu Jiakun et sa technique de briques recyclées
(photos fournies par l’atelier de JIAKUN ARCHITECTS).
3. Depuis 2013 : la vague de la « Belle campagne »
Le recyclage des matériaux fut poussé à son apogée par l’architecte Wang Shu (⦻▽), lauréat du prix Pritzker en 2012. En 2008,
il réalisa le musée de Ningbo, dont les murs étaient constitués des
matériaux recyclés des villages démolis sur le site. Afin d’entretenir le
savoir-faire artisanal, il employa les artisans locaux pour son chantier.
Parallèlement, à partir 2010, Wang Shu encouragea ses étudiants
à étudier les villages traditionnels dans l’agglomération de Fuyang
(ᇼ䱣). Selon leurs enquêtes, elle comportait au total 300 villages, dont
une vingtaine garde encore des traces traditionnelles. Telle est selon lui,
la réalité de la campagne chinoise aujourd’hui (Wang, 2016). Entre 2012
et 2015, Wang Shu modifia le plan d’aménagement du village Wencun
(᮷ᶁ) et conçut les plans de vingt-quatre maisons en insistant sur le
fait qu’un village devait sembler pousser spontanément. Pour préserver
l’apparence de ce projet exemplaire de « Belle campagne habitable »
(meili yi ju cun 㖾ѭᇌትᶁ), la mairie imposa cependant des règles
d’utilisation aux habitants, telles que l’interdiction d’ajouter quoi que
ce soit à l’extérieur des bâtiments pendant trois ans (figure 7).
À la recherche d’une éthique du milieu
171
D’autres architectes adoptèrent un processus de projet plus expérimental et plus ouvert au public. En association avec l’Institut du
développement rural (ѝഭґᔪ䲒), l’équipe de l’atelier 97 Huaxia
(ҍгॾ༿ᐕᇔ) entama ses premiers projets en 2015 dans le village
de Zhongguan (ѝޣᶁ) dans le Guizhou (figure 8). Le modèle participatif fut repris par le groupe dans le but de développer une communauté
sociale (⽮४㩕䙐). Pour cela, il fallait que les paysans sortent de la
logique du « on me demande » en adoptant celle du « je demande ».
Par conséquent, la pédagogie et la communication prirent une place
importante dans la méthode du projet : furent organisées des visites,
des réunions, des formations de gestion et d’aménagement, des classes
de dessins pour les enfants, etc. Afin de préserver au mieux le village
existant, le choix des habitants était orienté, par exemple, en adaptant
les subventions de l’État, qui étaient importantes pour rénover une
vieille maison plutôt que de la détruire et en construire une neuve.
Dans les régions vallonnées, les maisons rurales sont souvent
dispersées dans les montagnes. Cette situation rend l’intervention
des architectes plus difficile. Pour fournir une assistance technique
à l’auto-construction, une équipe d’architectes de l’université de
Chongqing 3 choisit d’établir des guides de construction détaillés après
plusieurs mois d’études sur place. Elle utilisa des calendriers comme
outil de communication pour faire circuler ces guides et susciter des
échanges dans les campagnes reculées. Sur chaque calendrier figurait
un modèle de maison avec ses variantes. Pour consulter d’autres
modèles, les paysans devaient se rendre chez leurs voisins (figure 9).
Les commandes privées représentent un budget souvent limité, mais
pour les jeunes architectes qui ne disposent pas du réseau institutionnel,
elles sont plus accessibles. Couvrant toutes les étapes de la construction,
ces expériences constituent également une autoformation comme l’a
montré l’architecte Xie Kai (䉒ࠟ) dans son journal de bord baptisé
du nom de Design simple. Journal de la construction de la maison de Jie.
L’architecte détaille son projet depuis la conception jusqu’à l’aménagement intérieur. Le processus de construction se déroule comme une
découverte progressive du milieu où se trouve le site. L’exploration
va au-delà d’une simple mission de construction et porte un véritable
regard mésologique comme le montre cette citation :
3. L’équipe dépend du département d’architecture et de technique de construction
dont la directrice est le professeur Qin Lin (㾳⩣).
172
La mésologie, un autre paradigme pour l’anthropocène ?
7. Village de Wencun (photos : Fang Xiaoling, 2016).
8. Concertation entre les architectes de l’Institut du développement rural
et les paysans, et extension d’une maison du village de Zhongguan
(photos fournies par l’Institut du développement rural de la Chine,
Wang He, 2016).
À la recherche d’une éthique du milieu
173
Pas d’héritage historique ni de paysage pittoresque, c’est un village ordinaire.
[…] Les constructions, y compris le temple du clan, sont des blocs en béton
sombres sans aucune trace traditionnelle. Après des heures d’observation,
j’ai pu voir que le tissu spatial du village ancien subsistait encore. Cette découverte a changé mon regard. Les ruelles sinueuses reflètent non seulement le
changement foncier dans l’histoire mais aussi l’évolution des réseaux familiaux.
(Xie, 2017, p. 32.) (figure 10)
Au cours des trente dernières années, autour de la question : « comment
agir sur le milieu rural ? » les pratiques des architectes évoluent et se diversifient progressivement. Elles engendrent aujourd’hui des réflexions qui
remettent en question le rôle des architectes et leur(s) façon(s) d’agir.
On peut les observer de trois points de vue.
9. Exemplaire de calendrier de guides de
construction réalisé par l’équipe d’architectes
de l’université de Chongqing (image fournie
par Qin Lin, 2015).
Le rôle social de la pratique
d’architecte
Depuis quelques années,
les architectes prennent
conscience que l’activité de
construction peut avoir une
forte portée sociale. Après le
séisme de 2008, la reconstruction a montré que leurs
interventions pouvaient non
seulement permettre la préservation et l’adaptation des
techniques vernaculaires aux
circonstances actuelles, mais
également contribuer à une
régénération de la communauté rurale. En 2008, l’hebdomadaire du sud (ইᯩઘ
ᣕ) a créé le Prix des médias
de l’architecture chinoise
– « Vers une architecture de
citoyen » (䎠ੁⲴ≁ޜᔪ
ㆁ) – qui cherche à favoriser
le sens social et humanitaire
de l’architecture (Rao, 2009).
Il reflète les interrogations
174
La mésologie, un autre paradigme pour l’anthropocène ?
10. La maison de Jie réalisée par Xie Kai (source : Xie, 2017).
collectives sur le rôle de l’architecture : concevoir oui, mais pour
qui, pourquoi et comment ? L’activité de l’architecture tend à quitter
son statut d’élite au service du pouvoir, elle revient à ses origines : une
activité spontanée, vitale, exercée par des habitants, non-architectes
d’un point de vue professionnel et disciplinaire, mais constructeurs.
La question de l’esthétique, reléguée au second plan
Cette remise en question du rôle de l’architecture provoque naturellement une mise en cause de son esthétique. Le projet réalisé par l’entreprise GAD (㔯ᔪㆁ䇮䇑) en 2016, dans le village de Dongzhiguan
(ьṾ )ޣà Hangzhou, semble avoir reproduit une peinture de Wu
Guanzhong (ߐѝ), une image typique des maisons campagnardes
du Sud-Est de la Chine (⊏ই) avec des murs blancs et des toits
noirs (ⲭ້唋⬖) (figure 11). On se trouve parfois face à une beauté
rigidifiée, comme dans le cas du projet de Wencun. Mais est-ce ce
dont les villageois ont besoin ? Le paysagiste Fu Yingbin (ڵ㤡ᮼ 4) se
demande même si la campagne a besoin d’un Landscape design, car les
agriculteurs eux-mêmes sont déjà créateurs de paysage (Anonyme,
2017). Le fondateur de l’atelier 97 Huaxia/Architecte, Hong Jincong
(⍚䠁㚚), affirme que son projet dans le village de Zhongguan s’inscrit
dans une action d’accompagnement de transition rurale, et non dans une
recherche d’esthétique. Les architectes en contact direct avec les paysans
sortent de leur cocon. Ils peuvent comprendre qu’en réalité, ceux-ci se
préoccupent moins du langage architectural que de leur vie quotidienne
dont les aspects pratiques peuvent sembler désordonnés aux yeux d’un
architecte professionnel qui, de plus, n’habite pas le lieu et n’y travaille
pas de manière permanente. Ce désordre apparent entre ainsi souvent
4. Paysagiste, membre de l’Institut du développement rural, participant activement
au projet du village Zhongguan.
À la recherche d’une éthique du milieu
175
11. En haut : projet réalisé à Dongzhiguan par l’entreprise GAD en 2016 (source :
Gad, 2017) © 2010-2017, 䉧ᗧ䇮䇑㖁. En bas : une peinture de Wu Guanzhong,
vers 1980 (source : <https://www.liciwang.com/tupian/%E5%90%B4%E5%86
%A0%E4%B8%AD%E7%94%BB%E4%BD%9C%E9%AB%98%E6%B8%
85%E5%A4%A7%E5%9B%BE.html>) © Ộᆀ㖁.
en conflit avec l’espace net et lisse d’une « belle architecture ». Dans
ce cas, qu’est-ce qu’un « bon » projet d’architecture ?
Le processus de projet
Dans cette ambiance d’auto-examen, le statut de chef d’orchestre
d’un architecte est vite remis en cause. La conception classique du
projet, dominant en architecture, crée parfois un décalage d’idées
entre le concepteur et les utilisateurs. Malgré les efforts de l’équipe de
Wang Shu, qui établit soigneusement des plans selon les demandes des
paysans, des maisons restent néanmoins vides. La fragmentation des
espaces intérieurs de certaines maisons ne peut visiblement pas convenir
à la vie quotidienne. Comment créer un pont entre la subjectivité
176
La mésologie, un autre paradigme pour l’anthropocène ?
du concepteur et les besoins des paysans ? Quelle est la juste mesure
entre ces deux polarités ? Cette position médiane est au cœur des préoccupations de la mésologie 5. Les architectes recherchent cette « juste
mesure » à travers l’expérimentation de multiples approches. Parmi
elles, les méthodes participatives attirent de plus en plus l’attention.
De nombreux jeunes architectes quittent leur atelier et expérimentent
un processus réflexif in situ. Avec la conscience de la singularité de
chaque société rurale, la conception architecturale devient une activité
collective et se forme progressivement au fil de l’avancement de la
connaissance d’un site. Les expérimentations visant à explorer de
nouvelles méthodes de projet, plus participatives, constituent la quête
sans fin d’une éthique du milieu rural. Cette recherche génère également
un changement de paradigme, autant de la pratique professionnelle
que de l’enseignement de l’architecture en Chine.
Bibliographie
Aizaijianguo, « ሶᔪㆁⲴ࣋䟿䘈㔉Ӫ≁üüᔪㆁᐸ䉒㤡 «[ » Rendre
la force de l’architecture au peuple – architecte Xie Yingjun »], le 14 mai
2015, <http://csratckgroup.blogspot.fr/2015/05/blog-post_14.html>.
Anonyme, « Under 35-FU Yingbin, China new rural planning and design :
a young landscape architect fighting on the forefront of rural China »,
24 mars 2017, <http://www.gooood.hk/under-35-fu-yingbin-china-newrural-planning-and-design.htm>.
Li Xiaodong Atelier, « The bridge, the school, the playground, the stage »,
31 mai 2010, <http://www.gooood.hk/contemporary-rural-cluster-dongziguan-affordable-housing-for-relocalized-farmers-in-fuyang-hangzhouby-gad.htm<http://fr.archello.com/en/project/bridge-school>.
— ⦹⒆ᆼሿ/ᵾᲃь [École primaire du village Yuhu], 8 avril 2014,
<http://www.ikuku.cn/post/14325>.
Bai Xue (ⲭ䴚), 䟽ᒶ≨ᐍ࠶ᮓᔿߌᆵᡧරᒣ䶒䈳ḕо䇮䇑⹄ウ[Étude
sur les maisons rurales décentralisées à Yongchuan dans le Chongqing],
mémoire de master en architecture à l’Institut d’architecture et d’urbanisme de l’université de Chongqing, sous la direction de Qin Lin
(㾳⩣), mai 2015, 128 p.
5. L’origine étymologique de son préfixe « méso » dérive du grec meson- qui
signifie « au milieu, médian ».
À la recherche d’une éthique du milieu
177
Berque Augustin, Écoumène. Introduction à l’étude des milieux humains,
Paris, Belin, 2000, 271 p.
— Être humains sur la terre, Paris, Gallimard, coll. « Le débat », 1996, 212 p.
Dai Mengxin (ᡤỖ俘), « ⚥⢰gґᶁ༽ޤ䇪උẀểㄉ|㖇ᗧ㜔ሩ䈍⍚
䠁㚚˖␡ኡ䟼Ⲵѝޣᶁ » [« Lingxi. Forum du développement rural
à Tongzi – Conversation entre Luo Deyin et Hong Jincong »], 2016,
10 p. [non publié].
GAD, « Contemporary Rural Cluster – Dongziguan Affordable Housing for
Relocalized Farmers in Fuyang », Hangzhou, 10 février 2017, <http://www.
gooood.hk/contemporary-rural-cluster-dongziguan-affordable-housingfor-relocalized-farmers-in-fuyang-hangzhou-by-gad.htm<http://www.
gooood.hk/contemporary-rural-cluster-dongziguan-affordable-housingfor-relocalized-farmers-in-fuyang-hangzhou-by-gad.htm>.
Li Kaisheng (ᵾࠟ⭏), « ґᶁオ䰤Ⲵ↓ » [« Corrigenda of Country
Spaces »], ᰦԓᔪㆁTime Architecture, 4 juillet 2007, p. 10-15.
Liu Jiakun, « ਉһ䈍䈝оվᢰㆆ⮕ » [« Langage du récit et stratégie de
faible technicité »], ᔪㆁᐸ [Architect], n° 10, octobre 1997, p. 46-50.
Lu Yang (ੲ䲭), « ѝ഻ᔪㇹᑛл䜹৫˖Ӱ哬ᱟ䗢ᶁ䴰㾱Ⲵᔪㇹ˛ »
[« Architectes, allons à la campagne : de quelle architecture la campagne
a-t-elle besoin ? »], 12 novembre 2016, <https://theinitium.com/
article/20161112-city-chinese-architects-transforming-countryside/>.
Rao Xiaojun (侦ሿߋ), « ޡޜ㿶䟾:ᔪㆁᆖⲴ⽮Պѹ – ߉൘ѝഭᔪ
ㆁՐჂ྆ѻਾ » [« Public View : The Social Meaning of Architecture.
On the China Architecture Media Awards »], ᯠᔪㆁ [New Architecture],
n° 124, vol. 3, 2009, p. 42-45.
Shan Deqi (অᗧ), « 㶽≤ᵘᾬመ᭩ᔪ18ᒤ – а⅑㾯䜘䍛ഠൠ४Ր
㔏㚊㩭᭩䙐᧒㍒Ⲵ৽ᙍ » [« Dix-huit ans de rénovation du village
Rongshui Mulouzai : réflexion d’une recherche de la transformation du
village traditionnel dans la région pauvre à l’Ouest de la Chine], ц⭼ᔪ
ㆁ [World Architecture], juillet 2008, p. 21-29.
Wang He (⦻䍪), ѝޣᶁ㩕䙐⩀䇠 [Notes de l’art de bâtir le village de
Zhongguan], 2016, 48 p. [non publié].
Wang Shu (⦻▽), « 䇙ᐲੁґᶁᆖҐ » [« Cities should learn from
villages »], discours à TEDx Shanghai, 2016, <http://www.thepaper.cn/
newsDetail_forward_1473862>.
Xi Jinping (Ґ䘁ᒣ), « ᔪ䇮㖾ѭґᶁнᱟ’⎲㜲ᣩ㊹ » [« Développer
la Belle campagne ne consiste pas à la pomponner »], ᯠॾ㖁[www.
news.cn], 22 juillet 2013, <http://news.xinhuanet.com/politics/201307/22/c_116642787.htm>.
178
La mésologie, un autre paradigme pour l’anthropocène ?
Xie Kai (䉒ࠟ), ㆰঅⲴ䇮䇑ϋлᇦᔪ䙐ᰕ䇠 [Design simple. Journal
de la construction de la maison de Jie], juin 2015-janvier 2017, Hebei,
43 p. [non publié].
Zhang Qi et al. (ᕐ⾪ㅹ), « Ր㔏㚊㩭᮷ॆⲴ؍ᣔǃᴤᯠо⭏ »
[« Préservation, rénovation et régénération de la culture du village traditionnel »], ᯠᔪㆁ [New Architecture], n° 4, octobre 2017, p. 91-94.