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L’orientation phénoménologique Intervention au CIO de Clermont-Ferrand (63) aup s des Ps hologues de l’Édu atio Natio ale. Ce ’est pas u e e i e vide t au uel ous ous o f o to s aujou d’hui a ous ous t ouvo s ensemble pour parler de la conscience, sans être certain que nous allons bien pouvoir nous entendre. Pourquoi dis-je cela ? Vous êtes des psychologues, appellation renforcée par le décret de du 1er février 2017 qui vous donne le nom de Ps hologue de l’Edu atio Natio ale Ps EN . Vous êtes donc des sp ialistes de l’â e puis ue le ps hologue, ’est elui ui peut ta li des dis ou s et faire l’ tude logos) de l’â e psukhē). Moi, je suis enseignant de philosophie, peut-être bientôt philosophe, si l’o s’a te si ple e t à l’appellatio ui a ive ap s le doctorat. Le philosophe, ce ’est pas u sp ialiste de l’â e, ’est, t ologi ue e t, elui ui ai e la sagesse. La philia, ’est l’a ou , la sophia, ’est la sagesse. Qua d je pa le d’a ou , e ’est pas l’a ou ha el o e « eros » ais plutôt l’a iti . Le philosophe, il a pou a i la sagesse, e ui e veut pas di e u’il est sage car, si la sagesse est so a i, il ’est pas la sagesse, il est elui ui l’ai e o e u a i, et ui est diff e t d’elle. Il est celui qui recherche la sagesse. Alors voilà, nous allons devoir trouver un te ai d’e te te afi ue vot e o eille ps hologi ue puisse pe evoir le sens de mes mots philosophi ues, e ui e va pas de soi puis u’elle est o ie t e a priori par les problématiques de l’â e, et ue es ots, eu , vise t une autre sphère, la sagesse. Alo s ’est to a t a , si je suis là, ’est pa e e ue, e ui a attiré votre attention, en tous les cas, e ui a atti l’atte tio de Mada e Ruiz lorsque nous nous sommes rencontrés, ’est une communication autour de la phénoménologie qui est une discipline dont le fondateur est Edmund Husserl. Qui est Edmund Husserl ? Il est né, en 1859, à Proßnitz, e Mo avie da s l’E pi e aust ohongrois (actuelle République tchèque), il est mort en 1938, au o e t où le azis e s’est e pa ota e t de l’Aut i he. C’est u philosophe et mathématicien autrichien. Il est juif, ie u’il se convertisse au protestantisme en 1886. Alo s ’est i po ta t pa e u’e , alo s u’il e seig ait à l’U ive sit de F i ou g e Alle ag e, il se voit i te dit l’a s à la i lioth ue e appli atio de la législation antisémite, puis il est radié du corps professoral en 1936. Il fait ses dernières conférences à Prague et à Vienne, juste avant la conquête nazie, et milite pour la phénoménologie qui est la s ie e u’il a la o toute sa vie. Peut-être, si vous cherchez des informations sur la phénoménologie, vous trouverez aussi Martin Heidegger (1889-1976) qui est un philosophe allemand et a t l’élève de Husserl. Il a d’ailleu s p is la place de Husserl à l’Université de Fribourg lorsque ce dernier a été radié. Heidegger est un philosophe que vous connaissez peut-être de nom, pour des raisons polémiques, ota e t pa e u’il tait e e du NSDAP Pa ti atio al-socialiste des travailleurs allemands). Pourtant, il a prolongé la pensée de Husserl qui lui était juif, tout en empruntant un chemin différent, moins subjectiviste, et plus ouvert sur le monde. Mais commençons par la pensée de Husserl, nous reviendrons peut-être, si nous avons le temps, sur celle de Heidegger. Philosophe et logicien donc, Husserl veut faire de la philosophie une dis ipli e s ie tifi ue, ’est-àdi e u e pe s e logi ue, ui fo tio e selo les lois de la ausalit . Il est l’ l ve de F a z B e ta o qui était un philosophe et psychologue. Ce dernier avait essayé de fonder la psychologie comme science positive et e pi i ue et s’ tait e pa du o ept « d’i te tio alit » dont je vous parlerai un peu plus tard. Pou l’a e dote, B e ta o a aussi t le p ofesseu de Sig u d F eud ue vous connaissez mieux que moi, et comme vous pouvez le voir, nous nous penchons sur une branche d’auteu s ui pa tage le e a e ue ous aujou d’hui, à savoi , elui qui pousse sur un sol mixte, où philosophie et psychologie grandissent. Nous nous rapprochons déjà un peu. L’o ie tatio phé o é ologi ue. Page 1 Pour comprendre la phénoménologie et y trouver quelques idées intéressantes, partons de 1929 où Husse l ous e d visite à Pa is afi d’ ta li quatre conférences à la Sorbonne, lesquels seront traduites dans un ouvrage ui s’appelle les Médiations cartésiennes, avec dans le titre la référence à René Descartes. Alors, au risque de vous décevoir, ou alors simplement de vous embêtez, nous devons faire un détour, ou un retour, à René Descartes ; mais, je vous rassure, la lecture que je vous e p opose, ’est pas peut-être pas celle que vous avez déjà pu avoir ; c’est u e lecture phénoménologique permettant de comprendre aussi l’i t t de Husse l à so ga d. Que nous dit Descartes ? Et quels rapports à la phénoménologie ? La phénoménologie est, comme so o l’i di ue, la dis ipli e ui s’i t esse au ph o es. Alo s, u’est- e u’u ph o e? U ph o e, ’est d’a o d u fait o se va le, uel ue hose ue l’o peut o state . Si je dis ue tout de suite dehors, « il fait beau », il s’agit ie d’u ph o e t o ologi ue ue ous tous pouvo s o state . C’est u fait o se va le. Mais u ph o e, ’est aussi uel ue hose ou uel u’u d’e eptio el. Si je dis, « cet élève est un phénomène », ela sig ifie u’il est ho s du commun, peut- t e e a o al, ’est-à-dire en dehors de la norme. U ph o e, ’est do uel ue hose de e a ua le, uel ue hose ue je peu voi pa e u’il fait se s pou a personne. Alors, dans ce que je viens de dire, il y a déjà un problème, ou plutôt une ambiguïté, et Descartes va nous aider à la comprendre. Quand je dis que dehors « il fait beau », ela veut ie di e u’il a u fait observable, quelque chose de réel que je vois et que je constate, mais cela signifie aussi que ce ph o e, il ’i t esse et t ave se a o s ie e. Pou uoi e suis-je arrêté sur ce phénomène et pas un autre ? Pourquoi est- e e ph o e t o ologi ue ui ’a su p is et to , et pas u autre ? Tout de suite, vous et moi, nous avons des millions de phénomènes qui nous entourent et habitent le réel, et pourtant, parce que nous possédons une subjectivité qui nous ait propre et qui ous appa tie t, il se t ouve ue ous s le tio o s e tai s ph o es et pas d’aut es. Alo s, pourquoi sélectionnons-nous certains phénomènes et pas d’aut es ? Pourquoi sommes-nous intéressées pa e tai es hoses et pas d’aut es ? Vers 1632, Galileo Galilei Galil e est o da a il d fe d la th se de l’h lio e t is e ap s Cope i . Il d o t e e effet ue e ’est pas le soleil ui tou e autou de la te e, comme la Bi le l’affi e, ais l’i ve se. Alo s ue le Psau e : ous dit ue « la terre est ferme, [et u’] elle ne peut vaciller », Copernic nous dit, à partir des observations faîtes avec sa lunette astronomique, u’il vie t d’i ve te , ue la te e tou e autou du soleil. Au même moment, Descartes termine Le traité du monde et de la lumière où lui aussi d fe d la th se de l’h lio e t is e. Mais, apeu pa la condamnation de Galilée, il va écrire le Discours de la méthode qui sera publié en 1637. Que nous ditil ? Et quel rapport à la phénoménologie ? Lorsque nous regardons par la fenêtre le mouvement du soleil, ous avo s l’i p essio ue i la te e e ouge pas ; ii) le soleil effectue une ellipse et tourne autour de la terre. Lorsque nous observons le mouvement du soleil par rapport à la terre, nos sens ous dise t ue la te e este i o ile et ue ’est le soleil ui est e ouve e t. Alo s, il semblerait que, lorsque nous constatons un fait à partir de nos sens, nous pouvons nous tromper, et cela même, sans nous en rendre compte. Vous connaissez certainement un vers célèbre de la fable Un animal dans la lune (après 1660) de Jean de la Fontaine qui dit : Quand l'eau courbe un bâton, ma raison le redresse, La raison décide en maîtresse. L’o ie tatio phé o é ologi ue. Page 2 Ce po e s’i spi e e fait d’u po e de Sa uel Butle , ui est a glais, ui voulait idi ulise la Société Royale de Londres (une académie des sciences) convaincue de voir dans la lune des animaux, et notamment un éléphant. En effet, lorsque nous regardons la lune, mais cela marche aussi avec les uages, il est assez fa ile d’ voi dive s a i au ou des o jets de l’o di ai e. Vous le savez, nos sens ous joue t des tou s da s le se s où ils peuve t p odui e des illusio s, ’est-à-dire des images que nous o o s o fo es à la alit ais ui e le so t pas. U e illusio , et l’ t ologie lati e est très belle, cela signifie in-ludo ludi ue ett e e jeu, s’a use . Et da s le jeu, il a u si ula e de la réalité. Quand on joue à se faire la guerre, on e se fait pas la gue e, o fait o e si ’ tait la gue e ais da s la alit , e ’est pas la gue e, e ’est u’u jeu. Alors, je vous propose quelques illusio s, i i d’opti ue, ais ous pou io s e p opose d’aut es, pa e e ple so o e, o e l’effet Doppler (cf photos). Co e vous le vo ez, os se s ous t o pe t, ils ous do e t des illusio s, ’est-à-dire des i p essio s ue la alit est o e e i, alo s u’elle est e fait o e ela. Alo s, ela ous pose plusieurs questions et derrière elle se trouvent des problèmes fondamentaux auxquels la phénoménologie va essayer de répondre, bien que nous ’ so o s pas encore. Tout d’a o d, je voud ais ’a te su le el ou su e u’est peut-être la réalité. Qu’est-ce que le réel ou plutôt de quelle réalité parlons-nous lorsque nous disons que nos sens modifient la perception que nous avons du réel. Si nos sens nous trompent, cela signifie-t-il u’il e iste ie u e réalité objective, mais que nos sens la déforment, ou bien cela signifie-t-il u’il ’existe pas de réalité objective, mais seulement une réalité qui nous est propre et qui nous appartient, et que donc ce que ous pe evo s est e fait pu e e t su je tif, ’est-à-dire dépendant de notre perception et seulement de nous ? Je ’e pli ue e ep e a t l’e e ple des fo es ue ous pe evo s da s la lu e. Ad etto s ue j’o se ve la lu e et ue j’ vois u l pha t, u’u e aut e pe so e o se ve la lune et y voit un lapin, qui a raison ? De uelle alit s’agit-il ? Il semblerait que personne ne puisse ie l’e iste e de la lu e, la lu e est elle. Et pou ta t, il a des ph o es su la lu e do t la réalité semble dépendre de la subjectivité de tout un chacun. Mais si nous y réfléchissons, la lune est-elle si réelle que cela ? Que nous disaient les grecs de la lune ? Tout d’a o d, il ’ avait pas u e lune, il y en avait trois : il y avait Séléné (la pleine lune), Artémis (le croissant de lune), Hécate (la nouvelle lune), qui co espo d à la d esse Lu a hez les o ai s. La lu e hez les g e s, tait l’ast e le plus important après le soleil, elle était vénérée car elle était considérée comme une déesse. Il existait tout une représentation de la lune aussi comme principe féminin dans son opposition au soleil ui lui tait elui as uli . La te e, si l’o suit pa e e ple le s st e de Ptol e, ’ tait pas o de, elle tait i o ile, plate, et au e t e du o de. La lu e et le soleil tou aie t autou d’elle. Pythagore lui, avait proposé toute une théorie dite de « l’ha o ie des sph es » avec la Terre au centre et sept planètes errant (π α ήτης, planêtês, « errant, vagabond » autou , d’a o d la lu e, puis Mercure, Vénus, le Soleil, Mars, Jupiter, Saturne. Alors, je repose la question, existe-t-il une réalité objective ou ie ’est-elle ue l’e p essio de os se satio s ? Et s’il e iste des o eptio s de la réalité, qui se trouvent au-dessus de nos sensations (par exemple des théories qui permettent d’e pli ue e u’est la lu e ou le s st e solai e, des th o ies ui pe ette t d’e pli ue le ph o e de f a tio , e appo t à ot e âto is da s l’eau , es th o ies, pa e u’elles s’appuie t su des o se vatio s et ot e se si ilit , e so t-elles pas elles aussi illusoi es, ’est-à-dire amenée à changer ? Et d’ailleu s, il suffit de ega de l’histoi e des s ie es pou voi u’il ’e iste pas u e th o ie s ie tifi ue i ua le, u’elles ha ge t au ou s du te ps et volue t, o e s’il ’e istait pas u e alit a solue. Alo s, o e t fai e si ous e pouvo s pas t e sû s u’il e iste u e alit su la uelle ot e pe s e peut s’appu e . C’est assez terrible parce que, nous avons beau nous efforcer à penser le vrai, L’o ie tatio phé o é ologi ue. Page 3 nos sens nous montrent le faux. Alors, Descartes peut ous aide i i, ui a d’ailleu s ep is le se s du ve s de La Fo tai e da s u ouv age ui s’appelle la Dioptrique, u t ait d’opti ue. Mais e ’est pas de ph si ue ue je vais pa le ave Des a tes, ais de taph si ue, ’est-à-dire ce qui se trouve ava t la ph si ue et ui pe et de fl hi . Je ’e pli ue. Nos sens sont trompeurs, nous dit Descartes et ils ne sont sûrement pas des bons outils si nous voulons établir des vérités. Alors, comment faire ? Faudrait-il se boucher les oreilles et se mettre un bandeau sur les yeux afin de pouvoir seulement penser ? Et ie ’est plus ou oi s e u’a fait Des a tes, et j’esp e ue ous aurons le temps de le voir, ’est aussi ce que va faire Husserl au XIX e si le lo s u’il fo de la phénoménologie. Il faut mettre entre parenthèses toutes les données issues de nos sens. Un ph o e, ous avo s dit, ’est u fait o se va le, sauf ue os o se vatio s so t toutes trompeuses puisque nos sens ne nous permettent pas de dire le vrai. Comment va procéder Descartes ? Il va essayer de remonter à un premier principe clair et évident, un premier principe à partir duquel il pourrait établir une science certaine, et ce, sans utiliser ses sens. Pour ce faire, il va se mettre à douter de tout, à douter des données issues de ses sens, mais aussi des données issues de son imagination, ai si ue elles ti es de sa aiso , ’est-à-dire de toutes ses connaissances. Si vous ’avez suivi, pa e ue les o aissa es s’appuie t ie souve t su os o se vatio s et do os sens, elles-mêmes peuvent être trompeuses, il faut donc douter aussi d’elles. Mais là, doutant de tout, un phénomène étonnant est apparu à la conscience de Descartes, u ph o e ui ’est pas issu de ses sens, mais une évidence qui a foudroyé sa raison. En doutant de tout, il a vu u’il e istait une chose dont il ne pouvait pas douter, ’ tait u’il tait e t ai de doute . Au moment où il doute de tout, il e peut doute u’il est plongé dans une activité qui consiste à douter. Il ne peut pas doute u’il doute si o ela ’au ait au u se s, ho s il est ie e tai de faire quelque chose qui s’appelle le doute. O , ous dit Des a tes, le doute est u e faço de pe se , et il ’est pas possi le de penser à vide. Pour penser, il faut quelque chose, il faut une substance permettant de penser. Cette substance, nous dit Descartes, elle lui appartient, et elle lui pe et de doute , il va l’appele so « âme ». Et ette â e, ’est la sie e, et si do il sait u’il s’agit de la sie e, ’est u’elle existe et que lui aussi il est e t ai d’exister. Ainsi, parce que Descartes sait u’il est e t ai de doute , et do de pe se , il a la o vi tio , la e titude, u’il est e t ai d’exister. Le fameux cogito ergo sum, ue l’o e t ouve pas da s le Discours de la Méthode, car il était écrit en français, mais plus tard en 1644 dans les Principes de la philosophie, et que vous connaissez tous, au moins de réputation, signifie en fait que, parce que je ne peux douter que je pense (y a-t-il uel u’u ui doute i i et ai te a t u’il est e t ai de pe se ?), je ne peux douter que j’e iste. Et d’ailleu s hez Des a tes, dire « je suis » et dire « j’e iste », ’est e a te e t la e hose. Da s les Méditations métaphysiques de , il it d’ailleu s ego sum, ego existo (« je suis, j'existe ») et non plus « je pense donc je suis ». Alors, cela a des conséquences fondamentales pour nous, et je reviens au problème de la réalité, afin de savoir si elle existe et ce que sont finalement les phénomènes que nous percevons. Un phénomène, cela ne peut plus être un fait observable que nous remarquons à partir de l’a al se des données de nos sens. Un phénomène, cela ne peut plus être un fait observable et qui se trouve indépendant et en dehors de nous. Un phénomène, cela doit être un fait de notre conscience (de notre raison dirait Descartes) do t la fo tio est d’affi e des v it s ave fo e et vide e. U phénomène, ce serait donc quelque chose que je verrais non pas dans le monde, mais au sein de moi, qui peut-être a un rapport au monde, mais qui a surtout un rapport à moi qui peut affirmer quelque chose de lui avec force et évidence. U ph o e, ’est alo s u e p opositio ue j’affi e o plus parce que je pense que ce que je vois dans le monde est vrai, mais parce que je sais que ce que je vois est illusoire, une représentation de mes sens, peut- t e e ’e iste pas en tant que tel, ais u’il e iste uel ue hose au sei de oi ui me dit que cela est vrai. L’o ie tatio phé o é ologi ue. Page 4 Alors, tout cela, peut paraître un peu compliqué, et d’ailleu s, ous e so es d jà plus da s la pensée de Descartes, qui ne parle pas de phénomène. Descartes remet bien en cause les données de nos perceptions – il doute – ais ’est pou eve i et ieu affi e leu atu e et leu e iste e. Ja ais Des a tes e e et e uestio l’e iste e du o de ou des hoses. Il existe une réalité i d ia le do t o e peut doute et ette alit p e i e, ’est elle du oi. Lo s ue Des a tes dit « je pense donc je suis », il dit ue je suis e tai d’e iste , ue je suis el, et ue toutes les connaissances que je vais bâtir sur le monde doivent partir de moi. Mais ces connaissances, elles sont v aies, ’est-à-di e u’elles so t des id es o fo es au el ui se t ouve e deho s de oi. Et e effet, si Des a tes est d’a o d ave Galil e et u’il ejette le g o e t is e, ’est ie pa e u’il est o vai u u’il e iste u e te e et u soleil, et ue leu s ouve e ts so t els. Selo lui, di e ue la Te e tou e autou du soleil, ’est di e u’il e iste u soleil fi e et u e te e ui e l’est pas. Alo s, pour Descartes, il ne faut pas tant douter du monde que de la perception que nous en avons mais, si ous so es vigila ts et atte tifs, ’est-à-di e si ous vito s l’e eu , il est possi le de fo de des o aissa es, ’est-à-di e des p opositio s o fo es à l’ tat du o de, ’est-à-dire du réel. Alo s, pou o p e d e e u’est u ph o e et so appo t au al, il faut préciser un problème que Husserl va éliminer, et que Emmanuel Kant, avait noté avant. Si vous ’avez suivi, ous avo s repoussé la réalité objective, impossible à saisir de par la mauvaise capacité de nos sens, pour nous focaliser sur la raison, plus à même de juger des choses et de construire des vérités. D’u e e tai e faço , ous avo s essa de o te u’il tait plus fa ile de fou i des v it s sur notre réalité i t ieu e ot e â e do t l’e iste e ous pa aît e tai e et évidente, que sur la réalité extérieure qui nous a paru insaisissable, du oi s do t l’a s est fauss . Mais pour autant, cela veut-il dire u’il ’e iste pas u e alit e t rieure et objective ? Cette réalité extérieure, peut-être existe-t-elle bien, ais si ple e t, ous ’avo s pas la apa it de la saisi totalement ? C’est u peu e ue dit E a uel Ka t lo s u’il pa le de ou e et de ph o e pou ualifie la nature d’une chose. Selon Kant, nous avons accès aux phénomènes qui dépendent de notre sensibilité et qui sont changeants. C'est alors le but de notre raison de les redresser. Il est là en phase avec Descartes. Mais pou auta t, pou u’il ait u ph o e, il faut bien une chose qui existe dans le réel et qui possède sa p op e aiso d’ t e – une essence –, la uelle est i d pe da te de l’Ho e, du sujet ou de l’o se vateu . Si je pa le des p e ie s di osau es ui so t appa us il a e vi o illio s d’a es, il ’ avait pas esoi d’Ho es ou de sujet pou les voi appa aît e. Les p e ie s Ho es so t eu appa us e t e , et illio s d’a es, ’est-à-dire bien après. Ainsi, les dinosaures sont bien des êtres ayant existé indépendamment de toute subjectivité, les Hommes arrivant après. Alors, vous allez me dire, lorsque nous, êtres humains, sujets contemporains de l’a e , ous pe so s au di osau es, à uoi pe so s-nous finalement ? Lorsque nous voyons une image de dinosaure, que voyons-nous ? Voyons- ous u di osau e el, ’est-à-dire analogue à l’a i al ui foulait la Te e il a plus de illio s d’a es ? Voyons- ous u e hi e, ’est-àdi e u a i al i agi ai e ue ous avo s à pa ti de t a es, de fossiles, d’osse e ts, ue la paléontologie trouve et invente ? Finalement, la représentation que nous avons du dinosaure est-elle o fo e à e u’il tait v ai e t et da s uelle esu e, ous, o te po ai s, so es apa les de voi e u’ tait v ai e t u di osau e ? D’ailleu s, e faudrait-il pas dire, lorsque nous avons une i age de di osau e deva t ous, ue ous vo o s e u’est u di osau e, tel ue ous o te po ai s, ous l’i agi o s, plutôt ue di e ue ous vo o s u di osau e, tel u’il tait auparavant ? Alors, je le disais en ’appu a t su la pe s e de Ka t, il faut disti gue le ph dinosaure) du noumène. L’o ie tatio phé o é ologi ue. o e (du Page 5 Le concept de noumène, il se trouve originellement chez Platon pour parler des Idées (avec un « I »). U e Id e, ’est u nooúmenon, en grec, les Idées, au pluriel, nooúmena. Il s’agit d’u e id e e soi, ’est-à-dire de ce que sont les choses en tant que telles, indépendamment de toute pensée. Par e e ple, lo s ue Plato de a de à Hippias, e u’est le eau, ’est-à-dire, quelle est l’Id e du eau, il s’agit de d fi i le eau de faço a solu, sa s avoi e ou s à la alit se si le. Lo s ue Hippias répond que le beau est une « belle jeune fille » (287ed , ou e o e ’est de « l’o » (289d-291d), Plato po d ue e ’est pas le noumène du beau car il y a là une référence à des choses sensibles, lesquelles dépendent donc de la pe eptio ou de l’avis pe so el d’u sujet. Le noumène du beau, cela devrait être, selon Platon, l’Idée absolue du Beau, laquelle se trouve au-delà de toute subjectivité, laquelle t a s e de l’i dividu, ’est-à-dire le dépasse, le Beau devrait être une Idée en soi. Le problème avec Platon, et ’est e ue dit Ka t, o e t pouvo s- ous pe se u’u e telle Idée – un nooúmenon – puisse e iste e deho s d’u e pensée ? Di e ue le Beau est u e Id e, ’està-di e u e hose e soi, ou e o e u e id e a solue, ’est- e pas e o e pe se à l’id e du Beau de façon subjective ? Et puis, cette Idée, cette chose en soi, si elle existe en dehors de toute subjectivité, ela doit vouloi di e u’elle ’est pas saisissa le, a il faut ie u e su je tivit pou la saisi ? Et si elle ’est pas saisissa le, alo s o e t se fait-il que je puisse la penser ? 1 Alo s, Ka t va efo ule l’id e de ou e u’il ep e d à Platon, et non plus considérer le noumène comme une chose en soi, mais comme une chose en soi, mais pour soi. Il va permettre de distinguer le phénomène, qui relève de ma sensibilité et du réel, du noumène, qui ne relève plus de la sensibilité, mais de ma raiso et des at go ies de o e te de e t, e d’aut es te es du o ept. Lo s ue je p e ais l’e e ple du « Beau » tout à l’heu e, si je pa le de « belle fille » ou de « l’o » comme Hippias le fait, je prends des exemples dans la réalité, lesquels dépendent de ma pe eptio et de a su je tivit . Il s’agit do de ph o es. Mais lo s ue j’essaie de pe se l’id e de eau, sa s e plo e a se si ilit ou sa s utilise des as p is du el, alo s j’essaie de t ouve le « concept » du eau. U o ept, ’est u ou e au se s de Ka t, ’est-à-dire une idée que je fo ule g â e à a aiso ou o e te de e t. C’est do ie u e hose e soi u e d fi itio mais que je formule dans ma pensée, et qui dépend donc de moi (chose en soi pour soi). Alors, tout phénomène est corrélé un à noumène. La « belle fille » ou « l’o » de Hippias sont des ph o es ue le o ept de Beau, ’est-à-di e le ou e, pe et d’e pli ue . Ainsi, pour plusieu s ph o es, pou des ph o es diff e ts, il peut s’ t ouve u e concept. Le concept unique de Beau se trouve à la fois dans le phénomène « belle fille » et dans « l’o ». Mais en même temps, dans un même phénomène, peut aussi se trouver différents concepts. Par exemple, dans le phénomène « belle fille », se trouve bien le concept de « beau » mais aussi celui de « fille ». Et puis da s l’id e de fille, il a peut-être le concept « d’ t e hu ai » et puis aussi « d’ t e viva t », et . Do , tout ela pa aît t s o ple e et fi ale e t, il se le ait u’il ait u e o rélation très forte en phénomène et noumène et que la distinction faite par Kant ne soit pas si pertinente que cela. C’est la iti ue ue Husse l va fai e e e pli ua t ue, u’il s’agisse de ou e ou de ph o e, il y a une subjectivité qui est permanente et sous-ja e te. Le sujet est e ui o ditio e l’appa itio des phénomènes (qui sont disons concrets ou plutôt sensibles) et des noumènes (qui sont disons a st aits ou plutôt fle ifs . Et e t e les deu , u e o latio , ’est-à-dire un rapport qui fait u’il a quelque chose dans le phénomène qui se retrouve dans le noumène, et inversement. Il y a dans le concept de Beau, quelque chose de la jeune fille, et dans la jeune fille, quelque chose du concept de D’ailleu s, le te e nooúmenon o po te ie l’id e d’u esp it ou d’u e i tellige e. Du g e οεῖ noeîn, « penser, signifier », d iv de οῦς noûs, « perception, compréhension, esprit ». L’Id e e soi el ve do e o e de l’esp it. 1 L’o ie tatio phé o é ologi ue. Page 6 beau, mais dans les deux, ils dépendent de leu pe ette d’appa aît e. a su je tivit et ’est ie oi ui leu do e fo e et Alo s, Husse l va vite la diff e e e t e ou e et ph o e puis u’à pa ti du o e t où l’o e s’i t esse plus u’à la su je tivit – ’est-à-di e u’o et le réel de côté –, il ’ a plus e fait ue des ph o es, ’est-à-di e des hoses ui appa aisse t à la o s ie e d’u e pe so e. Mais atte tio , e ’est pas, pa e ue je postule u’il ’e iste plus de hoses e soi, ue je e peu pas faire de descriptio o je tive des ph o es, ’est-à-dire décrire comment ils apparaissent au sujet, mais surtout à quelles conditions ils apparaissent et dans quelles conditions. Alors, en phénoménologie, il faut bien distinguer la description des phénomènes tels qui apparaissent au sujet, e ui pou ait do e lieu à u e ps hologie, selo e ue dit le sujet de ses v us d’e p ie e, de la des iptio des o ditio s o je tives ui pe ette t l’appa itio des ph o es su je tifs. Cette distinction, elle se retrouve historiquement entre la pensée de Franz Brentano et Edmund Husserl, et correspond au moment où la psychologie en tant que science apparaît. Je e ’a te pas sur les courants classiques de la psychologie que vous connaissez, et qui apparaissent en même temps (neurologie, psychanalyse, psychiatrie, béhaviorisme). Je reste dans mon histoire de phénoménologie, ui s’appelait, en fait originellement, « psychologie descriptive ». Husserl a été l’ l ve de B e ta o, et lo s u’il pose les p e ie s fo de ents de la phénoménologie, il choisit ce terme notamment pour des raisons terminologiques, afin de ne pas la confondre avec la psychologie physiologi ue d’alo s. E effet, da s ses Recherches Logiques, vers 1900, Husserl suit la distinction que fait son maître Franz Brentano, dans les leçons de Psychologie descriptive prononcées à Vienne e te et , où il e pli ue ue toute ps hologie e pi i ue ’est-à-di e ui s’i t esse au v us et à l’e p ie e du sujet peut t e divis e e deu dis ipli es : i) une psychologie dite g ti ue, ui te te d'e pli ue l’appa itio et la dispa itio des ph o es à pa ti de auses physiques. Dans ce cadre, les phénomènes psychiques sont rapportés à des phénomènes physiques et s’appuie t su les s ie es atu elles ; ii) une psychologie descriptive ou "psychognosie", qui s'occupe d'analyser les éléments constitutifs des ph o es ps hi ues, e d’aut es te es ui traite conceptuellement ce que la psychologie précédente traite avec des faits et des observations. Ainsi, la phénoménologie de Husserl, qui découle surtout de cette seconde forme, comme son nom l’i di ue, et je l’ai d jà dit, ’est la science, non pas des phénomènes physiques, mais des phénomènes psychiques, et ce, tels u’ils appa aisse t à la o s ience du sujet, sa s u’elle ne s’i t esse au fo tio e e t du e veau ou du s st e e veu , ais des o ditio s d’ la o atio des ph o es e appo t au v us d’e p ie e et au sens u’il lui do e, ce que nous allons appeler plus tard des visées intentionnelles ou tout simplement des « intentions ». Alors expliquons tout cela en repartant du phénomène. L’ t ologie du ot « phénomène », que l’o t ouve da s « phénoménologie », peut nous aider. En grec, phainomenon, φαι ό ε ο , signifie « apparence » et do u ph o e est e ui appa aît. Pa e e ple, u âto ou da s l’eau. Cepe da t, u âto ou da s l’eau, ela peut t e deu hoses. Nous avo s dit u’il pouvait s’agi d’u ph o e ph si ue où la s ie e ph si ue, et plus pa ti uli e e t l’opti ue, peut ous e pli ue u’il e iste u e f a tio . Rapide e t, l’ai et l’eau so t deu ilieu diff e ts, e qui modifie la forme du rayon lumineux nous permettant de percevoir le bâton. Dans la nuit, nous ne voyons rien, il faut de la lumière pour voir quelque chose. Or cette lumière, qui réfléchit la forme du âto et vie t s’i p i e su ot e ti e, ha ge selo le ilieu da s le uel elle passe. Du oup, le bâton nous paraît brisé. I i, il se le do ue l’ tude de e ph o e ’a ien de très subjectif, il semble indépendant de notre âme. Sauf que, lorsque je dis un « bâton courbé » da s l’eau, plutôt ue de pe se au phénomène de réfraction, je pourrais penser au poème de La Fontaine, Un animal dans la lune. En L’o ie tatio phé o é ologi ue. Page 7 effet, imaginons que je e sois pas du tout ph si ie ais po te, ’est plutôt e ph o e ue je vais voi pa e u’il est t s po ti ue. Co ti uo s, si je suis u e pe t fo estie , je vais peut-être voir l’esse e de l’a e et di e u’il s’agit d’u e a he de oisetie . Si je suis un pêcheur, ce bâton va t e i te p t o e le sig e possi le de la p se e de poisso a je vais e di e u’il peut s’agi d’u a i. Si je suis u e fa t, je vais e di e ue e âto a des pouvoi s agi ues et ue do il pourrait constituer une baguette idéale pour jeter un sort à mes parents. Bref, nous pourrons multiplier les exemples mais que voulons-nous dire ? S’il e iste u ph o e e t ieu et visi le, le sens que nous lui donnons dépend de tout un chacun. Parce que nous parlons maintenant de sens, Husse l va suppose u’il e iste u e su sta e do t la atu e est de do e se s au ph o es, e u’il va appele la o s ie e. Ai si, il ’e iste pas de ph o e e soi ais des ph o es pour soi puisque notre conscience nous appa tie t tout o e le se s u’elle peut e à l’ ga d de cet objet. De plus, il ous faut uestio e e se s ui ’est pas a p io i ou u ive sel a il va d pe d e de v us pe so els et d’e p ie es. Si la a he a u se s pa ti ulie pou le p heu ui ’est pas elui du po te, du ota iste, du ph si ie , ou de l’e fa t, ’est e aiso , o seulement de la qualité de leur conscience mais des conditions de la constitution du sens qui répondent à des vécus que Husserl dit « intentionnels ». Clarifions tout cela, et je crois que nous atteig o s le e t e de ot e t avail aujou d’hui, à heval e t e la philosophie et la ps hologie. Que se passe-t-il lorsque je vois un phénomène ? Je vois quelque chose et je lui donne un sens car je suis non seulement pou vu d’une sensibilité mais aussi d’u e o s ie e. Si je reformule, je peux dire u’il e iste u e o s ie e se si le, la uelle e et di e te e t et i diate e t e o ta t ave l’o jet, et u e aut e, plus fle ive, ui peut e fai e fl hi à l’o jet que je vois mais aussi au sens ue je lui do e. Je p e ds u e e ple. Lo s ue je vois u âto da s l’eau, je le vois d’a o d de faço se si le, il e t ave se pas a o s ie e fle ive, il est d’a o d à l’ tat d’i p essio ou de sensation, sans que j’ fl hisse. Ce âto , j’ai le se ti e t u’il e iste et d’ailleu s, je e e pose même pas la question de son existence. Il est là devant moi, il est présent, je le vois et je continue o he i . D’ailleu s, il est peut-être trop fort de dire je le vois car cela suppose une certaine attention à lui, peut-être simplement que je le perçois sans y prêter attention. En effet, nous pe evo s ai ts o jets de faço se si le sa s ue ja ais ils ’atteig e t ot e attention ou conscience réflexive. Tout de suite, vous ’ outez ais il e iste des illie s de ph o es autou de vous, que vous percevez peut- t e, ais au uel vous e p tez pas atte tio . Pou u’ils deviennent réfléchis, il faut soit faire un effort de la pensée et être attentif aux choses, ou alo s u’ils aient déjà un sens, un sens a priori, selon ma propre conscience et ma subjectivité. Beaucoup de randonneurs verront peut- t e le âto de oisetie da s l’eau sa s fl hi à so se s ou e u’il sig ifie pou oi. Et heu euse e t d’ailleurs car si nous devions prêter attention ou réfléchir aux sens de tous les phénomènes que nous percevons, nous saturerons. Par contre, il est clair que le ota iste ui he he u âto de oisetie da s l’eau, se a plus atte tif et plus dispo i le à sa découve te, o e s’il pouvait p ojete à l’ava e so se s sa s e avoi esoi de le voi . Lorsque nous cherchons quelque chose, finalement, nous anticipons sur cette chose avant même de la voir et lorsque le phénomène réel apparaît, il devient conforme à une idée que nous avons de lui, selon un sens qui nous ait propre. Je vous do e u aut e e e ple, ue j’avais do à Mada e Ruiz. Un ami et moi prenions rendez-vous et je lui disais devant la cabine téléphonique avec les bouquins à l’i t ieu à ôt du jardin Lecoq. Lui-même clermontois, ne voyait pas de quoi je parlais. Pour moi, les livres ont une signification particulière, en rapport à mon travail mais surtout mes goûts et préférences ; ainsi, une cabine téléphonique pleine de livres, cela attire directement mon regard, non pas e aiso de l’o jet ph si ue e t ieu ais pa e ue a o s ie e e fe e d jà u se s a p io i ui odifie la pe eptio ue j’ai du el. Mo a i, ’a ue fai e des liv es, pa e u’il est botaniste. Quand bien même il est à Cle o t depuis di a s, il ’a ja ais vu ette a i e L’o ie tatio phé o é ologi ue. Page 8 t l pho i ue de faço fl hie, e tai e e t l’a-t-il pe çue ais sa s ja ais s’a te dessus. J’au ais e tai e e t ieu fait de lui do e e dez-vous près du séquoia géant dans le parc. Et ici, maintenant, peut- t e ue tout le o de o aît le ja di Le o ais e tai s d’e t e vous ’o t ja ais pe çu la a i e t l pho i ue do t je pa le, et d’aut es ja ais le s uoia. Alo s, u’est-ce que cela veut dire ? Cela veut dire que chaque objet que nous percevons est perçu à travers notre conscience qui lui donne un sens et ce sens nous ait personnel. Ce sens, Husserl l’appelle i te tio alit . L’i te tio alit , que nous pouvons écrire avec un ou deux « n », est un concept déjà pensée par Aristote, su tout Tho as d’A ui , B e ta o do t je vous pa lais, puis Husserl. Pou B e ta o, l’i te tio alit est e ui disti gue le fait « psychique » du fait « physique ». Le fait ph si ue e d pe d pas de la su je tivit de l’Ho e alo s ue le fait ps hi ue, peut bien voi u o jet ph si ue pou f e t, ais el ve d’a o d de la o s ie e de l’Ho e. Ai si, pa e e ple, et pou si plifie , o âto da s l’eau est ie u o jet ph si ue ais il est aussi plusieurs faits ps hi ues e aiso d’i te tio alités différentes qui dépendent de la subjectivité de ha u . Le po te, le ota iste, l’e fa t, le ph si ie , voie t tous u e fait ph si ue ais le visent de façon différente. Il existe donc divers faits psychiques. Mais pour Husserl, cette intentionnalit ’est pas assez pu e, elle ’est pas assez o je tive a elle o po te e o e de l’e p ie e e appo t à la th se atu elle du o de. Elle est e o e e pi i ue, ’est-à-di e u’elle este a o h e à la o a e ue, ua d ie e il s’agit d’u fait ps hi ue, ’est-à-dire qui relève de la subjectivité de chacun, son contenu reste réel et il existe. Cela, Husserl, ne le veut pas car il ous dit ue ela a ue d’o je tivit . Qu’est-ce qui nous prouve que le contenu de tel ou tel fait psychique est réel ? J’ai l’i p essio ue e âto ui ’appa aît et do t le se s ’ait pe so el e iste ais u’est-ce qui me le prouve ? J’e ai la o vi tio , ais peut-être est-ce une illusion de mes sens ou un fruit de mon imagination ? Peut-être est-ce une hallucination ? Alors, si avec Brentano il faut distinguer fait physique et fait psychique, il faut bien distinguer avec Husserl fait psychique et fait phénoménologique. La différence est dans le rapport que nous pouvons faire au réel et dans la mise entre pare th se du fait u’il e iste. Alo s, le fait ph o ologi ue est u ph o e, ’est-à-dire un fait qui réside dans ma conscience et seulement ma conscience, et dont so e iste e da s le el ’est pas le p o l e ou le ut de la e he he. Selo Husse l, ce qui i po te, ’est l’ego t a s e da tal, ’est-à-dire le moi et tous les phénomènes afférents qui relèvent de ma conscience et seulement de ma conscience. Cet ego est pur, dans le sens où il est éloigné de la réalité, et sa réflexion est transcendantale da s le se s où elle s’ loig e des do es e pi i ues et vise à u a i u d’o je tivit . Je développe encore et vais préciser des concepts formulés par Husserl, pour mieux comprendre ce u’il appelle intentionnalité dans son rapport au phénomène. Pou tout ph o e, s’il e iste u o jet do t l’esse e est peut-être absolue (le noumène), elle ’est pas identifiable. De plus, il faut epousse le fait ph si ue da s so appo t au el puis ue ous e pouvo s pas d o t e u’il existe. Son existence demeure une croyance, ce qui correspond, à ce que Husserl appelle « l’attitude naturelle ». Cepe da t, il se t ouve ue j’ai o s ie e de cet objet, qui apparaît à ma conscience, et que donc, il y a bien là un phénomène que je peux étudier. Aussi, cette étude, elle va rester très pe so elle, t s su je tive, a si e ph o e appa aît, il ’appa aît u’à oi, à ma conscience, et non pas celles des autres. Comment ce phénomène apparaît-il ? Qu’est-ce que je vois ? Quelles sont les conditions de son apparition ? Tout d’a o d, il a a o s ie e, ’est-à-di e u e dispositio à pe evoi . Co e t s’e p i e-telle ? Elle s’e p i e sous la fo e d’u appo t : il y a un objet phénoménal (un phénomène) et il y a une visée, ou encore un sens que je lui donne. Selon Husserl, la conscience est donc une fonction qui consiste à donner sens aux choses ui ’appa aisse t et ui so t des ph o es. Et ette fa ult , il L’o ie tatio phé o é ologi ue. Page 9 l’appelle « intentionnalité », ’est-à-dire la apa it u’à la o s ie e de vise un objet particulier et de lui donner un sens subjectif. Pour tout phénomène, il y a donc l’o jet vis pa a o s ie e e que Husserl appelle noème), et il y a le sens que je lui donne avec diverses conditions a priori qui sont liées à ma conscience (ce que Husserl appelle noèse). Ainsi, tout phénomène est lié à ma o s ie e do t la fo tio est de vise u o jet do t le se s ’appa tie t. La o s ie e est do non seulement visée mais aussi constitutio d’u se s p op e à ha ue sujet. Alors, il faut faire attention, car ela ’est pas seule e t vala le pou des o jets els ais aussi pou d’aut es ui seraient imaginaires, des idées, des symboles ou des souvenirs. Par exemple, si je vous demande de vous souve i d’u o jet ui se t ouvait su vot e ta le de Noël, et o jet ’est pas tout de suite el et perçu de façon immédiate (il est un souvenir), mais il possède bien un sens pour votre conscience. Et d’ailleu s e se s ui su git à pa ti de l’o jet u’est le souve i , ’est pas fo e t le e ue celui qui tait p se t au o e t où vous pe eviez l’o jet el su la ta le de Noël. U des phénomènes est en rapport avec le el, l’aut e est en rapport avec le passé, il est une mémoire. Et d’ailleu s, si ous fl hisso s, ous avo s fait appa aît e u t oisi e ph o e do t l’o jet est l’ tude de la elatio e t e u ph o e e appo t ave le el, et u aut e ph o e e rapport avec votre mémoire ? Quelle relation y a-t-il entre les deux ? Ce phénomène de réflexion qui nous apparaît maintenant peut avoir deux fonctions : i) non seulement il peut nous permettre de distinguer deux visées différentes avec leurs objets respectifs (objet réel / objet de la mémoire) ; ii) ais aussi il peut pe ett e de o p e d e leu s esse la es a s’ils ous appa aisse t, ’est e tai e e t u’ils o t u se s o u . Alo s, ous pou io s essa e d’ tudie es deu poi ts e détails, fonctionnant méthodiquement comme je viens de le faire, en faisant attention à chaque elatio et e essa a t d’e ti e des p opositions objectives ; mais je continue mes exemples, pour vous montrer encore la diversité des contenus phénoménaux. Si je vous demande de me dire le mot ue vous d testez le plus, là aussi, il e s’agit pas d’u o jet el ais d’u sig e ui, au-delà de sa défi itio da s le di tio ai e, poss de u se s ui vous appa tie t pa e u’il e p i e u v u particulier et subjectif. Allons plus loin, pour être embêtant ou critique, si je vous demande une théorie à laquelle vous adhérez en psychologie parce que vous la trouvez supérieure aux autres ou plus vraie u’u e aut e su u pla d o st atif, et ie , ette th o ie s’i s e aussi dans votre su je tivit et o stitue elle aussi u e vis e do t le se s ’est pas seule e t elui th o i ue, mais aussi un qui vous est propre et qui vous appa tie t. Et d’ailleu s, ous pou io s voi u e épistémologie critique ici et nous demander si, dans le cas où nous affirmons une théorie, est-ce que ous l’affi o s e ve tu de sa puissa e e pli ative ou bien parce que nous voulons, finalement avoir raison ? Le géocentrisme, le fait que la Terre soit considérée fixe et que le soleil tourne autour, d fe du pa l’Eglise, ais ie ava t pas des s ie tifi ues o e Ptol e, e peut t e duit à une théorie explicative car, les observations de notre astre bien aimé, au-delà de notre volonté de les rendre les plus objectives possibles, ne le sont pas. Elles reposent sur des consciences, des intentionnalités, des visées, lesquels relèvent en fait de nos vécus d’e p ie e, les uels ous empêchent de trouver les noumènes ou des vérités absolues. Alors, peut- t e ue l’h lio e t is e, peut pa aît e plus v ai su le pla de la Ph si ue ou de l’ast o o ie, ais ela suffit-il à contrecarrer le discours, par exemple religieux ? Il s’agit de deu sph es de pe s e ui se so t la o es su des consciences subjectives et dont les intérêts et les visées sont variés et différentes. Et finalement, ce qui anime notre attitude naturelle, ce qui alimente notre perception o di ai e et uotidie e, ’est ie u e pe eptio g o e t i ue du o de plutôt u’h lio e t i ue. Lo s ue ous vo o s le ouve e t du soleil e jou e, ous e ous diso s pas u’e fait, il e tou e pas autou de la terre, nous ne nous disons rien du tout, ous le pe evo s o e s’il tou ait autou de la te e et nous ne questionnons pas cette croyance. Nous la prenons pour vrai sans y réfléchir. Il y a un très bon petit livre de Husserl qui a été écrit en 1934, publié aux Editions de Minuit, et qui s’appelle La Terre ne se meut pas. Il explique très bien ce que je viens de dire et parle de la terre comme une L’o ie tatio phé o é ologi ue. Page 10 arche-o igi ai e, ’est-à-dire le socle sur lequel toutes nos perceptions spatiales se construisent. Et si vous ’avez suivi, da s u ad e ph o ologi ue, pa e ue ous avo s l’i p essio ue la te e est plate et i o ile, alo s ous lui do o s u se s da s ot e uotidie ui ’est e tai e e t pas elui des s ie es ph si ues ui ’ voie t ue des e eu s ou des illusio s. Moi, ua d les scientifiques me disent que la vitesse de rotation de la terre au niveau de Paris est de plus 1000 km/h, ela e pa aît t a ge, j’ai plutôt l’i p essio u’elle e ouge pas. Alors quel est le sens qui oriente le plus mon activité ? Il y a le sens de ma sensibilité qui est géocentrique, et puis celui de ma connaissance, si je suis un peu scientifique, qui est héliocentrique. Mais tous les deux sont des visées intentionnelles avec leur objet propre et donc leur intentionnalité. Nous sommes maintenant à une transition et je voudrais savoir si je dois reprendre certains points, pou les la ifie , si je dois ’a te , et vous laisse pose des uestio s, ou si je dois o ti ue . Je continue autour de la conception du phénomène que nous sommes en train de construire avec Husserl. Nous avons dit, que pour tout phénomène, il existait un noème, un objet visé dans le monde, et une noèse, ui se ait l’a te e de la o s ie e au o e t e où elle vise u o jet ave le se s u’elle lui do e. Aussi, ous avo s distingué plusieurs faço s d’app he de l’o jet, selon plusieurs modalités intentionnelles : intention sensible, réflexive, imaginative, mnésique (le souvenir), épistémique (la connaissance), etc. Ces différentes façons de viser les objets, nous les avons aussi rapportés à différents ego empiriques, à différentes psychologies : le botaniste a certainement une te da e à vise et o jet u’est la a he d’a e à pa ti de ses o aissa es. Le ph si ie aussi. Le po te pa o t e, tout o e l’e fa t, vise peut-être cette branche plutôt sur le mode de l’i agi atio . Le p heu , lui, peut-être sur le mode du souvenir, en référence à une pêche passée... Bien. Maintenant, nous allons essayer de distinguer trois moments différents de l’a al se phénoménologique afi de voi s’il est possi le de fo de u e o aissa e ue Husse l appelle « apodictique », ’est-à-di e vide te et d o st ative, e d’aut es te es i du ita le : i) dans un premier moment, nous allons parler de ph o ologie o di ai e, ’est-à-dire en rapport au moi psychologique qui est engagé dans sa vie quotidienne ; ii) le second moment va marquer l’ouve tu e du sujet à son ego transcendantal et cela va passer pa l’ po h , ’est-à-dire une méthode visant à mettre e t e pa e th ses l’attitude atu elle pour fonder une connaissance plus objective ; iii) le troisième moment se veut proprement transcendantal. U e fois l’ po h appli u e, il va s’agi de voir ce que nous pouvons finalement connaître du sujet en rapport au phénomène. Nous verrons trois types de connaissance. Donc, il y a un premier état au o e t où l’o jet pe çu le noème) est perçu de façon immédiate. Je a he p s d’u e ivi e et je pe çois la a he is e sa s l’avoi p vue i pe s e. Peut-être e, o e je le disais aupa ava t, je e fl his pas à ette a he, je ’ pe se, je la pe çois juste. I i, il s’agit de e ue Husse l appelle l’ « attitude naturelle » de l’Ho e. L’attitude atu elle, ’est la faço do t l’Ho e vit da s le monde sans trop réfléchir, au quotidien, de façon ordinaire, ais aussi de faço aïve, ’est-à-di e sa s v ai e t uestio e e ui se passe. Il s’agit d’u e attitude spontanée qui relève de la croyance nous dit Husserl. Pourquoi de la croyance, et bien parce ue e ue ous pe evo s à pa ti de ette attitude atu elle, ous ’ fl hisso s pas et ous prenons les données pour vraies ou véritables, sans les prouver, alors que bien souvent elles sont fausses ou illusoires. Je ne reviens pas sur les e e ples ue j’ai pu vous do e , les dive ses illusio s d’opti ue, os se s ous t o pe t et si ous ’ p e o s pas ga de, ous e le savo s pas. Tous les jours, mon attitude naturelle consiste à percevoir le soleil tournant autour de la terre, et non l’i ve se. Les visées intentionnelles sensibles en rapport au mouvement du soleil dans mon attitude atu elle e dise t ue ’est lui ui tou e autou de la te e. Alors, il y a cette première visée intentionnelle, qui est sensible, mais une autre visée inte tio elle, peut lui su de , ’est-à-dire L’o ie tatio phé o é ologi ue. Page 11 a ive ap s, si je fl his u peu à la t aje toi e du soleil. Le soleil devie t alo s le o e, l’o jet, d’u e vis e fle ive, do t le se s o t edit la vis e se si le e e disa t ue o , le soleil est un ast e fi e et ue ’est la te e ui tou e autou . De la e faço , si je ep e ds l’e e ple de la a he ue je pe çois lo s d’u e p o e ade, u e p e i e vis e i te tio elle se si le et i diate fait ue je pe çois ette a he da s l’eau pa hasard, sans y prêter trop attention, sans réfléchir, mais je la perçois, cette branche est là, elle est immédiatement donnée à ma perception sensible. Et puis, il a ot e a i le ota iste ui lui ’est pas là pa hasa d et ui do plus naturellement donne u se s fle if au a hes u’il e o t e. Cette a he, lui, il est atu elle e t o vai u u’il s’agit de oisetie . Cette p opositio – ’est du oisetie – est selon lui vraie et indiscutable. Il impose son sens de façon dogmatique pourrait-on dire. Si l’e fa t qui est avec lui, lui dit, il s’agit de Hou , pa e u’il voit da s cette branche le même bois que celui qui se trouve dans la baguette de Harry Potter, le botaniste lui dit que non, il se trompe. Et pourtant, nous so es d’a o d pou di e que, dans un cadre phénoménologique, si seul le sujet peut juger de la vérité de so dis ou s, alo s, le ota iste ui dit o à l’e fa t, à to t. La a he est du oisetie pou le ota iste, elle est du hou pou l’e fa t. Alo s, toutes es vis es, elles relèvent bien de l’attitude atu elle a elles e pe se t pas au o ditio s sous-jacentes et ne doutent pas de leurs fondements. Elles sont affirmées comme certaines mais ne sont en fait que des croyances ou des opi io s pe so elles ui s’appuie t sur des intentions particulières et subjectives. Mais, réfléchissons un moment, et prenons un peu de recul. Vous, moi, tout de suite, ici et maintenant, sommes- ous l’e fa t ou le ota iste ? Et finalement, que sommes-nous en train de faire ? Nous, nous ne so es i l’e fa t i le ota iste, ous so es eu ui essa o s de fl hi au o ditio s et fo de e ts de l’appa itio des phénomènes chez le sujet qui perçoit une branche. Et que voyons-nous ? Nous voyons diverses visées intentionnelles pour un même objet apparent. Nous, ous e ous t ouvo s pas da s l’attitude atu elle et aïve du ota iste et de l’e fa t ; d’ailleu s, ette a he ous e l’avo s ja ais vu da s la alit , ous l’avo s seule e t vu su le PPT. Alors, nous ne nous trouvons pas dans une attitude naturelle dans le sens où ne jugeons pas de la nature de la branche et de savoir si elle existe ou non, nous laissons cela de côté ; par contre, nous essa o s d’ tudie les o ditio s a p io i d’appa itio de ette a he. Ce ui ous i t resse, ce ’est pas le sujet ps hologi ue ou e pi i ue, ais les o ditio s t a s e da tes de l’appa itio des phénomènes pour ces sujets. Pour nous, il y a comme un dédoublement du moi avec un sujet empirique et un sujet transcendantal, et si notre analyse part du sujet empirique, elle le réduit pour e ti e e u’il a de plus esse tiel, e ui se t ouve da s le sujet t a s e da tal. Nous, tout de suite, ous essa o s de d passe l’attitude naturelle ou réflexive du premier niveau, afin de comprendre l’i te tio p e i e des diverses consciences transcendantales et produire des affirmations « apodictiques », ’est-à-dire évidentes et démontrables, ui el ve t de l’ego pu . Alors ue le ota iste ou l’e fa t affi e ue la a he est de telle ou telle va i t , ous ’affi o s ie de telle, ous e dis uto s pas de l’e iste e de la a he ou de so esse e, e eva he, ous essayons de comprendre la nature de chaque visée intentionnelle et de remonter à leurs fondements. Alors, ce second niveau descriptif est e ue Husse l appelle l’attitude t a s e da tale et la méthode ue ous e plo o s est elle de l’ po h , ou e o e de la du tio t a s e da tale. « Transcendantale », je l’ai d jà dit, ela veut di e ue ous he ho s à d passe l’attitude atu elle qui est naïve. Cette nouvelle attitude que nous employons, et à la diff e e de l’aut e, elle ’est plus spo ta e, elle de a de u effo t de l’esp it et la volo t de ett e e t e pa e th ses les do es immédiates de nos sens et de notre réflexion première, afin de remonter à ce que Husserl appelle des essences, et ui o espo de t à l’i te tio p e i e et la plus pu e de la o s ie e. L’o ie tatio phé o é ologi ue. Page 12 Il y a là des p isio s o eptuelles à fai e. Tout d’a o d, l’attitude ui de a de u effort de la pe s e et ui o siste à ett e e t e pa e th ses les do es du o de s’appelle « épochè ». L’ po h , ’est u o ept ui vie t du g e ἐποχή / epokhế et qui signifie « arrêt, interruption, cessation ». Nous trouvons ce concept chez les stoïcie s, ve s av J.C, a le sage, s’il veut te d e à la vérité, ne doit pas se précipiter dans son jugement et ne pas donner immédiatement son assentiment aux données du monde. Celui qui reste stoïque, est celui qui met entre parenthèses son attitude natu elle et ui fi ale e t se d ta he des hoses afi d’attei d e u tat de ie -être. Nous ne sommes pas si loin du détachement que nous trouvons dans le bouddhisme. Nous retrouvons aussi ce concept chez les sceptiques, qui doutent de tout, mais eux pour des raisons rationnelles. Puis u’il ’e iste pas de v it s, il e faut ie affi e et do doute de tout. L’ po h , hez Husse l, ’est u e po h t a s e da tale, ui vise à ett e e t e pa e th ses les do es issues de l’attitude atu elle afi de les saisi da s leu aspe t le plus pu , ’est-à-dire en rapport à une su je tivit ui ’est pas ps hologi ue, ais au o t ai e a solue et d gag e de so a a t e immédiat ou empirique. Alors attention, cela ne veut pas dire que le sujet empirique est ini t essa t ou u’il ’est pas i po ta t. Au o t ai e, la o ditio de l’ po h t a s e da tal est le oi e pi i ue. Husse l pa t toujou s des v us d’e p ie e, ’est-à-dire des données du moi e pi i ue. Et d’ailleu s, Husse l le dit luie, ’est ie l’ego e pi i ue ui i po te le plus au uotidie et ui o stitue de le o de de la vie o di ai e. L’ego e pi i ue, ’est le o de de la vie (Lebenswelt et ’est ie la vie ui i po te le plus ; plus ue l’ego t a s e da tal ou la phénoménologie elle-même. Cependant, nous dit Husserl, si nous voulons fonder une science de la subjectivité, il faut dépasser ce niveau qui ne permet pas de fournir de connaissances apodictiques et réside dans la croyance. De e passage de l’ego e pi i ue à l’ego t a s e da tal, apparaît un troisième moment d’a al se descriptive qui émerge de la o s ie e u e fois l’ po h alis e. U e fois l’attitude atu elle et ses données mises entre parenthèses, il s’agit de rechercher les catégories sous-jacentes et de voir ce que nous pouvons en dire. Husserl va alors disti gue t ois ha ps d’a al se ue je e vais pas détailler aujou d’hui, ais ue vous pouvez fa ile e t o p e d e si vous ’avez suivi jusque-là. U p e ie lieu d’a al se se ait e ui el ve de la o ti ue, ’est-à-di e de l’ tude des o ses. Nous avons dit que les noèses étaient les visées intentionnelles, et ces visées, nous en avons distingué plusieurs, en rapport à : la se satio , l’i agi atio , la o aissa e, la fle io , et . Aussi, pou u’il y ait visée, et pour chaque type de visée ou mode, il faut des catégories a priori et qui sont e pli atives. Pa e e ple, si j’ tude le t pe de vis e u’est la fle io , je vais d te i e des at go ies logi ues, si j’ tudie l’i agi atio , je vais t ouve des do es qui ne sont peut-être pas logique, mais analogiques, qui mélangent les choses et donnent des impressions, etc. Le deu i e poi t est l’ tude de la o latio e t e o se et o e. C’est u poi t d li at a Husserl fait de celle-ci une composante a priori de sa théorie phénoménologique et ne démontre ja ais v ai e t so o igi e et ses fo de e ts. Diso s u’il s’agit de o p e d e les o ditio s ui fo t u’à tout o e est eli u o e. Peut-être pouvons- ous aussi atta h à ette zo e l’ tude de l’ po h puis u’elle pe et de passe du o e à la o se, ou plutôt de t a sfo e e ui tait u e o se da s l’attitude atu elle, e o e da s l’attitude t a s e da tale. Enfin, une dernière a al se vise l’ tude des esse es et du a a t e o matique des phénomènes. C’est la pa tie la plus e pi i ue et elle s’atta he à p odui e des réductions eidétiques afi d’attei d e l’esse e des ph o es, ’est-à-di e e u’ils so t pou l’ego pu t a s e da tal. La du tio eidétique ’est pas e a te e t o e la réduction transcendantale. Elle est plus spécifique et s’atta he à dui e ha ue o jet visé à pa ti d’u e va iatio li e des v us i te tio els. Le ut est de e o te à l’esse e du ph o e e puisa t tous les v us i te tio els. Pa e e ple pou L’o ie tatio phé o é ologi ue. Page 13 ous, si ous p e o s la a he, ha u d’e t e ous dev ait essa e de fai e va ie toutes les sig ifi atio s u’il peut t ouve . Pou oi pa e e ple, elle a u appo t à o o de fa ille (intention disons lexicale), elle me rappelle la maison de ma mère en Corrèze (intention mnésique), elle a une texture rugueuse (intention sensible), etc. Ici, nous nous rapprochons donc d’u e fo e de psychologie, mais cela vient du fait que le o e est l’o jet vis pa l’ego selo les p o upatio s et les intérêts pratiques du sujet. Cette étude va distinguer le « noyau » du o e, ’est-à-dire ce qui reste constant au-delà des variations eidétiques, mais aussi ce qui change selon divers modes en appo t à l’e iste e de l’o jet vis certaine, possible, supposée) et sa temporalité subjective (passée, présente, future). Voilà, je ’a te là ie u’il e semble que des remarques ou des iti ues s’i pose t. Je peux les produire, si vous êtes fatigués ou toujours intéressés. Sinon, je vous laisse me poser des questions. Tout d’a o d, la ph o ologie de Husse l a eau oup t iti u e pou so a a t e très subjectif ou e o e e u’il faud ait appele u e fo e de su je tivis e. Le su je tivis e, ’est le fait d’a o de u p i at ou u e e lusivit au sujet. Le premier problème en rapport est le risque de relativisme. Je ’e pli ue e ep e a t un de nos exemples : s’il est i possi le au sujet de pe evoi le âto da s l’eau aut e e t u’à t ave s le filt e de sa conscience et de ses visées intentionnelles, alors cela voudrait di e ue ha u d’e t e ous percevons un bâton différent (le poète, le botaniste, le physicien, etc.). Alo s, u’est-ce que cela signifie ? Cela signifie que toute perception chez le sujet, ce qui impliquent les perceptions sensibles, i agi atives, ais aussi le la gage puis ue lo s ue le sujet pa le e p e i e pe so e, et u’il dit par exemple, que ce bâton lui fait penser à une baguette magique, lui appartient et est donc relatif à sa su je tivit . D s lo s, il ’ a plus de v it e soi, ais seule e t des v it s pou soi, e ue j’ai appelé, relativisme, lesquels dépendent de nos visées intentionnelles du moment, selon nos intérêts et préoccupations, mais aussi selon le contexte. Le deu i e p o l e e appo t au su je tivis e, ’est le is ue de solipsis e. Si toute visée i te tio elle est seule e t su je tive, ’est-à-di e u’elle d pe d seul des v us du sujet et de so intentionnalité, alors il paraît difficile aux Hommes de communiquer, de se comprendre, et d’ ha ge . Si ha ue o s ie e poss de ses at go ies t a s e da tales ui s’appli ue t de faço subjective au o de, alo s le o de ’est plus pa tagea le puis u’il d pe d de la pe eptio de ha u . Pou fai e si ple, s’il ’e iste plus ue des faço s de voi ui so t i dividuelles et do elatives à ha ue o s ie e, alo s il ’est plus possi le d’affi e des vérités universelles ou simplement de trouver un sens commun avec les autres qui appelle non pas un sens subjectif et particulier, mais un sens intersubjectif et partagé. Souvent le terme employé pour qualifier le caractère subjectiviste de la pensée de Husserl est « solipsisme » je disais. Le solipsisme (du latin solus, seul et ipse, soie , ’est l’attitude de elui ui pe se ue l’u i ue faço pe etta t d’affi e u e v it est u e fle io i t ieu e et ui po te su soie. C’est fi ale e t aussi l’attitude de Des a tes ui, lo s u’il dit « je pense donc je suis », il affi e ue, pa e u’il doute personnellement de tout, il prend conscience de sa propre existence, mais non de celle des autres. Lorsque Descartes dit « je pense donc je suis », il ne dit pas que les autres existent. Il est seul certain de so e iste e p op e pa e u’elle epose su so a tivit ui o siste à doute . O , il est impossible de douter pour un autre. Un autre problème, est le relatif refus, chez Husserl, du réel ou l’id e ue le el e puisse e iste i d pe da e t d’u e o s ie e le visa t. Cela est lié à ce que je disais précédemment bien que Husserl mette le réel de côté sans trop le questionner. Si la conscience prime et que tout ce que je pe çois est li à a su je tivit , alo s il ’ a pas de el e ta t ue tel ais seule e t à t ave s le L’o ie tatio phé o é ologi ue. Page 14 filt e de a pe eptio . Il s’agit là d’une déduction logique. Sauf que, et je reprends là aussi un exemple précédent, si je peux construire des théories différentes sur le monde, selon les su je tivit s, les o te tes, et l’histoi e, il e iste ie des th o ies sup ieu es au aut es, juste e t pa e u’elles s’app o he t plus d’u e tai el o je tif. Il faut si ple e t p ise le ad e de f e e. Da s le ad e des s ie es ph si ues, l’h lio e t is e ’est pas si ple e t u e pe eptio su je tive o e le g o e t is e. Il s’agit d’u e théorie dont les observations sont ep odu ti les, o sta tes, et e, pa diff e ts sujets. U e th o ie s ie tifi ue, e ’est pas si ple e t u a as d’o se vatio s pe so elles, elles s’appuie t su des ph o es, do t l’i te p tatio est su je tive, ais qui sont bien réels. Je prends un autre exemple, si un IRM est sujet à i te p tatio , et u’il peut e iste des a al stes diff e ts, s’il a u e l sio au iveau du s st e e veu , ela ’est pas v ai e t dis uta le. O peut dis ute de la ause et du traitement à appo te , ais la l sio elle e iste, elle ’est pas v ai e t su je tive. Et d’ailleu s, ette paisseu du el, elle est la o ditio de os ha ges et d’u e o p he sio o u e et partageable des événements. Il faut bien un référentiel commun pour pouvoir échanger et je crois, que nous, aujou d’hui, si ous ous o p e o s, ’est ie pa e ue ous pouvo s ous e te d e autou de quelque chose, non pas de subjectif, mais de réel. U t oisi e p o l e, et ela, Husse l l’a ie vu. Ce ’est pas pa e ue je dis ue les ph o es so t su je tifs ue je e peu pas la o e u e th o ie o je tive de leu la o atio . Ce ue j’ai essa de vous o t e , ’est u’au-delà des v us i te tio els, ’est-à-dire de la psychologie du sujet, il est possi le de fo de u e ph o ologie, ’est-à-dire une science des phénomènes su je tifs. La pa tie ps hologi ue, Husse l l’ vite, a elle ’est pas s ie tifi ue selo lui, pa o t e, il va aller chercher « sous » la psychologie et le caractère empirique des vécus, les catégories de la conscience qui les fondent et permettent leur apparition (noèse, noème, corrélat noéticonoématique, intentionnalité, etc.). Et pou e fai e, o e Des a tes, il a la o u e thode u’il juge scientifique car logique (épochè, réduction transcendantale, etc.). Une quatrième critique, très rapide, peut- t e ue da s le ad e d’u e th o ie de la pe eptio des ph o es, il e iste d’aut es faço s d’app he de le o de, aut e ue la o s ie e, et pa exemple le corps. Le philosophe français Maurice Merleau-Ponty par exemple nous explique ota e t da s l’ouv age s’appela t la Phénoménologie de la perception , u’il e iste la conscience, mais aussi la chair, ou encore le corps-propre. Nous percevons le monde à travers un o ps ui est apa le d’i te tio alit , tout o e la o s ie e, sa s u’il se duise à elle, et ui poss de ses p op es fo tio e e ts et d te i a ts d’a tio . Enfin, une dernière remarque avec la pensée de Martin Heidegger qui est aussi phénoménologique et souhaite dépasser celle de Husserl. La phénoménologie de Husserl est très théorique et quand ie e elle pa t des v us d’e p ie e, e s’atta he pas à l’e p ie e. Heidegge va o sid e au o t ai e ue e ui est p e ie , ’est l’e p ie e, ou plutôt e u’il o e l’e iste e. Pou Heidegge , ava t d’avoi u e o s ie e, l’Ho e e iste ’est-à-di e u’il a u appo t au o de do t le se s est e iste tiel, e ui e veut pas di e o s ie tiel. Je ’e pli ue. La o s ie e hez Husse l pa aît u peu o e u supe o ga e ou plutôt o e l’u i ue fo tio de la vie hu ai e. Chez Heidegge , la vie de l’Ho e est e iste e, e ui ’i pli ue pas essai e e t u e conscience. Que signifie cette existence ? Elle sig ifie ue l’Ho e se trouve toujours dans le monde ave u d alage, u d alage ui ’est pas o s ie t ais ui s’i s it da s le te ps et da s des possi ilit s d’ t e. Alo s, ue Husse l ous dit u’u o jet poss de u se s d pe da t d’u e vis e intentionnelle, Heidegger nous dit que le Dasein – l’ t e-là –, ui est le o u’il do e à l’Ho e e ta t u’ ta t pa ti ulie à disti gue des hoses, a des p o upatio s et des i t ts da s le monde en raison de sa nature qui est « angoissée ». Il e s’agit pas d’u e a goisse psychologique L’o ie tatio phé o é ologi ue. Page 15 ais l’id e ue, pa atu e, ous p ouvo s u alaise, o e si ous ’ tio s ja ais à ot e pla e, et e ue e alaise soit la o ditio d’e p essio de os atte tes et de os p o upatio s, et ue du coup, la perception que nous avons des phénomènes, est en fait déterminée par elle. Voilà, je ne vais pas plus loin avec Heidegger, il faudrait peut-être en faire une autre communication. Voilà, j’ai essa de vous o t e les fo de e ts th o i ues de la phénoménologie notamment dans sa filiatio Des a tes / Husse l. Ce u’il faut ete i ’est u’elle pa t d’u e e ise e uestio de la th se atu elle du o de ui ’est pas sou e de v it et fo de u e thodologie logi ue devant permettre de remonter à des essences qui sont les constituants purs de la conscience. Tout ph o e ’e iste do pas e ta t ue tel ais toujou s à t ave s le filt e d’u e o s ie e. Il est u e o latio e t e u o e et o se. Il e p i e toujou s u e i te tio alit ’est-à-dire non seulement une visée constituée par la conscience mais un sens. Je vous remercie pour votre attention. L’o ie tatio phé o é ologi ue. Page 16