DOI : 10.3917/med.184.0045
Une approche institutionnelle du lien migration et
commerce de services1
Thierry BAUDASSÉ, Thierry MONTALIEU
et Isabelle RABAUD2
Nous analysons le lien entre exportations de services et immigration. Notre
échantillon observe la migration de 191 pays vers 20 membres de l’OCDE en
2000, 2005 et 2010. Nous montrons qu’une part plus élevée de migrants dans une
population accroît les exportations de services. Cet effet ressort particulièrement
lorsque les immigrés proviennent de pays avec une faible qualité de régulation et
de règles de droit. Leur connaissance profonde des usages locaux de leurs pays
d’origine leur donne des compétences complémentaires à celles des natifs. On
peut dire que le canal du coût à l’échange est pertinent.
Mots-clés : lien commerce-migration, commerce de services, équations de
gravité, migrations OCDE
Classification JEL : F14, F22, F63, J61, L80
Migration and OECD service exports: An institutional perspective
We analyze the links between the exporting of services and immigration. Our
sample concerns immigration from 191 countries towards 20 OECD countries
in 2000, 2005, and 2010. We show that a higher share of immigrants in the
population increases the exporting of services. This complement effect shows up
in particular for immigrants originating from countries with a low quality of
regulations and respect for the rule of law. Thanks to their deep knowledge of
the local habits of their countries of origin, immigrants’ skills are complementary
to those of natives. A trade cost channel seems to be at stake.
Keywords: Trade migration nexus, trade in services, gravity equations, OECD
immigrations
1
2
Nous remercions pour leurs commentaires les participants à la 19e Conférence INFER à
Bordeaux, en juin 2017, et à une présentation à un séminaire de DIAL à Paris, en novembre
2017. Nous assumons la pleine responsabilité des erreurs pouvant subsister dans ce travail.
Université
d’Orléans,
Laboratoire
d’économie
d’Orléans
(LEO-CNRS).
thierry.baudasse@univ-orleans.fr, thierry.montalieu@univ-orleans.fr, isabelle. rabaud@
univ-orleans.fr
Mondes en Développement Vol.46-2018/4-n°184
45
46
Thierry BAUDASSÉ, Thierry MONTALIEU et Isabelle RABAUD
L
es controverses concernant l’impact de l’immigration sur les économies
développées sont aujourd’hui d’une grande acuité. L’arrivée des immigrés
est accusée d’accroître le chômage des non-qualifiés nationaux et d’abaisser leurs
salaires. Ces craintes ont suscité une montée du populisme et des mouvements
altermondialistes. Comme Rodrik (2018, 12) le souligne : « A number of empirical
papers have linked the rise of populist movements to forces associated with globalization, such
as the China trade shock, rising import penetration levels, de-industrialization, and
immigration. » Cependant, l’automatisation et les nouvelles technologies digitales
jouent un rôle quantitativement plus important dans la désindustrialisation et les
inégalités de revenus que la mondialisation. Mais la mondialisation a revêtu le
stigmate de l’injustice auquel la technologie a échappé.
Alors que de nombreux articles analysent l’impact de l’immigration sur les
marchés du travail, ses effets sur le commerce sont moins traités. Sur un plan
théorique, la migration peut affecter le commerce par trois canaux.
- L’immigration permet des réallocations de tâches vers la production domestique
de biens au préalable importés ; il s’agit du canal de la « substitution à
l’importation » de Mundell (1957) ou de changement de spécialisation induit par
l’accroissement de l’offre du facteur rare, mis en lumière par Rybczynski dans le
cadre de la théorie Heckscher-Ohlin.
- Dans le contexte de la nouvelle nouvelle théorie du commerce international,
relâchant l’hypothèse d’homogénéité du travail, le niveau plus élevé d’éducation
et de qualification des immigrés vivant dans les pays de l’Organisation de
coopération et de développement économiques (OCDE) permet une réduction
des coûts de production ; on parle alors d’ « effet de productivité ».
- À travers leur connaissance des institutions et des usages de leur pays d’origine,
les immigrés vont favoriser les exportations (du pays d’accueil) en réduisant les
coûts d’information et de commerce bilatéraux, ce qui peut être qualifié d’« effet
spécifique de promotion des exportations » (effet de complémentarité)3.
Dans la mesure où nous nous intéressons uniquement aux exportations, notre
analyse restera centrée sur les deux derniers canaux : l’effet de productivité et
l’effet de réduction des coûts à l’échange.
À notre connaissance, la majeure partie de la littérature s’est focalisée sur la
relation entre immigration et commerce de biens, omettant le commerce des
services. Ottaviano et al. (2018), ainsi que Dastidar et Balasubramanyam (2015)
sont les seules exceptions notables. Pourtant, exporter des services peut s’avérer
tout aussi complexe que d’exporter des biens. Une bonne information sur la
culture des affaires et les traditions du pays de destination est un prérequis à
l’exploitation de tout service aux entreprises sur un marché étranger. Les
comptables doivent connaître les règles et les procédures du pays-cible pour
offrir de manière pertinente leurs services. Vendre des services juridiques à
l’extérieur réclame une solide connaissance des subtilités du système juridique
d’un pays. Les divergences entre un système de « common law » ou de « civil law »
3
En reprenant les termes et la classification de Ottaviano et al., 2018.
Mondes en Développement Vol.46-2018/4-n°184
Une approche institutionnelle du lien migration et commerce de services
47
peuvent donc introduire une différence significative dans la capacité d’un avocat
ou d’un notaire à accomplir de manière appropriée une prestation de services.
La qualité et la similarité des institutions comptent pour permettre à des
fournisseurs de services de vendre à l’étranger. Des régulations transparentes et
de bonnes institutions sont alors plus faciles à comprendre et à gérer pour des
fournisseurs étrangers, surtout quand elles correspondent à des normes
reconnues au niveau international. Les différences d’usage sont aussi à l’origine
de freins au commerce. Par exemple, la perception différente de la façon de se
conformer à la loi dans les pays d’Europe du Nord et du Sud peut conduire à des
malentendus sur les conditions dans lesquelles des services juridiques ou aux
entreprises sont délivrés. De plus, ces divergences coutumières et
institutionnelles sont fréquemment perçues comme des obstacles au commerce
de services, alors même qu’il n’y a pas de droit de douane. Par exemple, dans les
professions réglementées (médecine, droit ou expertise comptable, un test
d’aptitude est parfois requis pour s’installer.
Les services sont des « biens d’expérience », leur qualité ne peut être évaluée
qu’après leur utilisation par le client. Dans ces conditions, la réputation et la
connaissance sont des préalables à toute exportation. Par conséquent, l’échange
international est souvent accompagné d’une présence commerciale et d’un
mouvement de personnes physiques. Les voyages d’affaires ou l’installation
temporaire à l’étranger peuvent être considérés comme une migration. Ici, nous
nous concentrerons sur le commerce transfrontière à partir des données de
balance des paiements4.
Dans le dernier quart de siècle, nous observons à la fois une hausse de la
migration vers les pays de l’OCDE et une augmentation du commerce de
services. Dans le même temps, ces deux phénomènes ont soulevé d’importantes
préoccupations sur la dégradation du bien-être et des revenus des résidents des
pays d’accueil. Les graphiques 1a à 1d illustrent, pour chaque pays de l’OCDE, la
relation entre commerce de biens et de services et la part des immigrés établis
dans chacun des pays. La relation est croissante entre cette part (mesurée comme
le ratio des immigrés installés dans le pays et la population de ce pays d’accueil)
et les exportations de services des pays de l’OCDE. Cette corrélation persiste
malgré le ralentissement du commerce mondial après la crise financière et celle
de l’Euro (voir les graphiques 1b pour 2015 et 1d pour 1995). À l’opposé, nous
remarquons une plus faible relation croissante entre commerce de biens et
immigration en 1995 et une corrélation devenant négative en 2015 (voir les
graphiques 1a pour 2015 et 1c pour 1995).
4
Les négociations à l’Organisation mondiale du commerce (OMC) ont défini quatre modes de
commerce de services : (1) le commerce transfrontière (Mode 1), lorsque l’offreur et l’usager
demeurent dans leur pays respectif ; (2) la consommation à l’étranger (Mode 2), quand le
consommateur acquiert le service en dehors de son pays d’origine ; (3) la présence
commerciale (Mode 3), lorsque l’offreur établit une filiale ou une branche dans un autre pays
pour fournir le service ; (4) la présence de personnes physiques (Mode 4), lorsqu’un individu
est présent à l’étranger pour offrir le service (Commission européenne et al., 2015).
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48
Thierry BAUDASSÉ, Thierry MONTALIEU et Isabelle RABAUD
Graphique 1a : Part de l’immigration et exportations de biens en 2015
Part des immigrants
50
40
30
20
y = -1,162x + 46,24
R² = 0,021
10
0
22
23
24
25
26
27
28
29
Log des exportations de biens
Graphique 1b : Part de l’immigration et exportations de services en 2015
Part des immigrants
50
40
30
y = 1,531x - 22,17
R² = 0,028
20
10
0
22
23
24
25
26
27
28
Log des exportations de services
Graphique 1c : Part de l’immigration et exportations de biens en 1995
Part des immigrants
25
20
15
y = 1,053x - 18,23
R² = 0,041
10
5
0
20
21
22
23
24
25
26
27
28
Log des exportations de biens
Graphique 1d : Part de l’immigration et exportations de services en 1995
Part des immigrants
25
20
15
y = 1,229x - 21,11
R² = 0,045
10
5
0
20
21
22
23
24
25
26
27
Log des exportations de services
Source : Calculs des auteurs, d’après la base World Development Indicators (WDI) de
la Banque mondiale (2018).
Nous appliquons le cadre des modèles de gravité, la pierre angulaire de
l’économie internationale, à la relation entre stock d’immigrés installés dans les
pays de l’OCDE et commerce de services. Nous étendons les travaux existants
centrés sur l’OCDE pour inclure la migration en provenance des pays en
développement, en étudiant 191 pays d’origine et 20 pays d’accueil, membres de
Mondes en Développement Vol.46-2018/4-n°184
Une approche institutionnelle du lien migration et commerce de services
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l’OCDE. Les exportations sont observées pour les années 2000, 2005 et 2010.
Les particularités du commerce des services sont prises en compte à travers
l’introduction de variables dyadiques spécifiques qui sont particulièrement
pertinentes pour les transactions dans ces activités :
- Système juridique commun, soit « common law » ou « civil law » avec un impact
particulier sur les régulations domestiques, considérées comme des obstacles au
commerce de services.
- Qualité des institutions : des restrictions au commerce de services prennent la
forme de régulations internes (barrières « behind the borders ») qui entravent le
commerce dans la mesure où elles diffèrent d’un pays à l’autre.
Nous mettons l’accent sur les institutions les plus pertinentes quand il s’agit de
développer une activité à l’étranger, c’est-à-dire la qualité de la régulation, la mise
en œuvre des règles de droit et le contrôle de la corruption. Des écarts dans ces
institutions auront un impact sur le commerce bilatéral de services.
Dans notre spécification principale, nous nous concentrons sur l’interprétation
des variables suivantes :
• variables usuelles aux équations de gravité (distance, frontière, langues, histoire
coloniale communes),
• spécifiques aux services décrivant la similarité du régime juridique (« common law
» ou « civil law ») qui facilite particulièrement l’échange dans les services.
Nous introduisons des effets fixes pays-temps. Enfin, nous séparons notre
échantillon en quatre, en fonction de la qualité institutionnelle des pays d’origine
des migrants : très mauvaise (inférieur au premier quartile), mauvaise (entre le
premier et le deuxième quartiles), bonne (entre le deuxième et le troisième
quartiles) et très bonne (supérieure au quatrième quartile), pour voir si l’effet de
complémentarité de la migration sur le commerce est plus élevé pour les pays
d’origine dotés d’institutions de faible qualité.
Cet article apporte une triple contribution : i) appliquer le cadre de l’équation de
gravité à la relation entre exportations de services et immigration ; ii) étendre
l’analyse de la migration depuis 191 économies, incluant des pays en
développement vers 20 pays de l’OCDE ; iii) établir si l’effet de complémentarité
entre immigration et commerce est plus fort pour la migration originaire de pays
à faible qualité institutionnelle. Sur ce dernier point, nous nous fondons sur
l’intuition qu’une bonne connaissance des usages et des coutumes d’un pays est
d’autant plus utile que la qualité de la régulation et des règles de droit est faible et
que le degré de corruption est élevé. Ainsi, lorsqu’il s’agit d’entamer une relation
d’affaires avec des entreprises ou des individus dans de tels pays, le besoin de
gérer des règles informelles, que seuls les natifs connaissent car ils les ont
expérimentées eux-mêmes, est d’autant plus fort.
Nous trouvons que les exportations de services des pays de l’OCDE sont
complémentaires de la part des immigrés dans la population du pays d’accueil.
Cet effet est particulièrement important lorsque les migrants viennent de pays à
faible qualité de régulation et de règles de droit, alors qu’il n’est pas significatif
dans le cas de la migration en provenance de pays à forte corruption. Dans ce
cas, on peut imaginer que la migration est un substitut à la corruption dans le
Mondes en Développement Vol.46-2018/4-n°184
50
Thierry BAUDASSÉ, Thierry MONTALIEU et Isabelle RABAUD
sens où les firmes exportatrices réalisent un arbitrage entre le recrutement d’un
personnel qualifié les aidant à commercer ou à verser un « dessous-de-table » au
partenaire étranger.
Nos résultats sont robustes aux nombreuses spécifications testées, en particulier
différentes modalités d’effets fixes ; ils peuvent être étendus aux importations ;
ils restent également valides dans les estimations en PPML (Poisson Pseudo
Maximum Likelihood), contrôlant les valeurs manquantes.
Dans la première partie, nous rappelons les principaux travaux de la littérature
sur le lien migration-commerce. Dans la deuxième, nous présentons les données
et la méthodologie. Nous appliquons la spécification standard des modèles de
gravité à la relation entre immigration et exportations de services et proposons
les résultats dans la troisième partie.
1.
REVUE DE LA LITTÉRATURE
Le lien entre commerce et migration a été abondamment analysé pour le
commerce des biens. Une des premières contributions montrant l’influence des
immigrants sur les flux de marchandises est celle de Gould (1994). L’article de
cet auteur établit que cet effet peut être attribué à deux mécanismes, un
mécanisme basé sur les préférences (les immigrés ont des préférences pour les
produits en provenance de leur pays d’origine) et un mécanisme lié aux coûts de
transactions (les immigrés ont des connaissances à propos des marchés de leur
pays natal, qui rendent plus facile l’établissement de relations commerciales et
réduisent les coûts liés au manque de confiance). Gould étudie seulement le
commerce bilatéral des États-Unis en utilisant des données de panel concernant
47 partenaires commerciaux de ce pays. Il montre que les immigrants ont un
impact positif fort, à la fois sur les importations et sur les exportations. L’effet
des migrants a tendance à s’accroître à un taux décroissant lorsque la taille de la
population immigrée augmente. L’effet le plus fort concerne le secteur
exportateur, tandis que le secteur importateur est moins influencé. Dans le cas
du secteur exportateur un nombre relativement faible d’immigrants semble
épuiser la plus grosse part de l’effet. En revanche, dans le cas des importations,
une communauté relativement large de migrants est requise avant que l’effet
marginal d’un migrant additionnel devienne négligeable. Il semble donc que
l’effet sur les importations est obtenu principalement au travers du mécanisme
des préférences, qui est davantage proportionnel à la taille de la communauté de
migrants, tandis que l’effet sur les exportations passe plutôt par le mécanisme des
coûts de transaction, qui est moins dépendant de la taille de la communauté.
Finalement l’auteur montre que l’effet de la communauté de migrants est plus
important sur les exportations et les importations de produits de consommation
que de biens intermédiaires, ce qui est également cohérent avec les deux
mécanismes décrits ci-dessus.
Rauch (2001) met en évidence trois canaux de la relation entre commerce et
migration. Premièrement, les réseaux facilitent le commerce en créant de la
Mondes en Développement Vol.46-2018/4-n°184
Une approche institutionnelle du lien migration et commerce de services
51
confiance dans un contexte où l’exécution des contrats est plus difficile à réaliser.
Deuxièmement, outre le fait qu’ils peuvent transmettre l’information passée
(mécanisme de réputation), les réseaux peuvent transmettre de l’information au
sujet des opportunités d’affaires présentes, ce qui inclut l’information sur les
distributeurs, les fournisseurs ou les co-investisseurs. Enfin, troisièmement, les
réseaux modifient la structure du marché. Tandis que les réseaux transnationaux
peuvent aider à dépasser les barrières informelles à l’échange, les réseaux
nationaux peuvent, au contraire, créer de telles barrières en rendant possible une
collusion visant à restreindre l’accès du marché domestique aux firmes étrangères.
Bowen et Pédussel Wu (2013) développent un modèle dans lequel une fraction
des migrants est spécifiquement employée par le secteur des biens non échangés
internationalement (le secteur des services dans ce modèle), tandis que la fraction
restante acquiert le même statut que les travailleurs nationaux, et peut donc être
employée dans tous les secteurs. La fraction « sectoriellement spécifique » est
supposée être composée de travailleurs faiblement qualifiés, tandis que les
migrants les plus qualifiés obtiennent le même statut que les travailleurs
domestiques (et sont donc mobiles entre les secteurs). L’article de Bowen et
Pédussel Wu traite de l’influence du paramètre que constitue la fraction de
migrants sectoriellement spécifiques sur la complémentarité ou la substituabilité
du commerce et de la migration. Si tous les migrants sont sectoriellement
spécifiques, alors l’échange et la migration sont complémentaires. L’échange
international et la migration deviennent substituables quand la proportion
courante de migrants sectoriellement spécifiques excède la part des nouveaux
immigrants spécifiques au secteur. Pour 14 pays de l’OCDE sur la période 19802001, le test empirique montre que la production de services augmente avec le
niveau d’immigration et que l’échange international et l’immigration sont
complémentaires et non substituables, ce qui est cohérent avec l’idée intuitive
d’une proportion importante de migrants employés dans le secteur des services
non échangeables internationalement.
Felbermayr et Toubal (2012) reprennent les deux canaux de transmission
présentés par Gould et utilisent un modèle de gravité sur des données
transversales pour l’année 2000. Ils testent d’abord l’impact sur le commerce
bilatéral des pays de la part des émigrants et des immigrants, définie comme le
ratio du stock d’immigrants né dans un pays j et vivant dans une nation i dans la
population du pays hôte. Ils montrent un impact positif de la migration au sein
de l’OCDE, signe d’un effet de complémentarité. L’équivalent tarifaire de
l’immigration des personnes très qualifiées est nettement plus élevé ; elles
réduisent sensiblement les coûts d’information. Ils montrent, ensuite, que le
rapport de la part émigrants sur la part des immigrants n’a aucun effet significatif
sur le ratio importations sur exportations. Les auteurs attribuent le lien
commerce-migration exclusivement au canal coût/information.
Peri et Requena-Silvente (2010) utilisent des données sur les exportations
espagnoles, en décomposant les exportations de l’Espagne en transactions
commerciales provenant de 50 provinces espagnoles vers 77 pays étrangers sur
14 années (1995-2008). Ils utilisent une équation de gravité basique au niveau
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Thierry BAUDASSÉ, Thierry MONTALIEU et Isabelle RABAUD
provincial, en expliquant les exportations agrégées d’une certaine province i vers
un pays j pour la période t par le produit des outputs bruts de la province i et du
pays j, et par le stock total des immigrants provenant du pays j dans la province
i, avec une forme log-linéaire. Le travail confirme l’impact positif du stock de
migrants sur les exportations : un accroissement de 10% de la communauté
d’immigrés provenant d’un pays donné dans une province donnée accroît les
exportations vers ce pays entre 0,5% et 1%. Dans la plupart des cas la création
de commerce est due à un accroissement du nombre de transactions et pas à un
accroissement du volume de la transaction moyenne. Peri et Requena-Silvente
montrent également que la création d’exportation est plus importante pour les
biens hautement différenciés. Par ailleurs, les exportations vers des régions pour
lesquelles les coûts de transaction sont vraisemblablement élevés (par exemple,
l’Afrique, qui a de plus grosses différences culturelles avec l’Espagne que, par
exemple, l’Amérique latine) sont plus influencées par l’état des stocks de migrants
que les exportations vers les régions culturellement proches de l’Espagne. Les
résultats empiriques de Peri et Requena-Silvente montrent que l’impact des
stocks de migrants sur les exportations est principalement dû à la réduction des
coûts de transaction des exportateurs, ce qui confirme les résultats de Gould
(1994).
Parsons et Winters (2014) considèrent les deux premiers canaux, concernant la
confiance et l’information, cités par Rauch (2001). Des résultats provenant
d’études empiriques robustes suggèrent que la migration et le commerce sont
positivement liés. De plus, il semble que les immigrants ont un effet procommerce plus fort quand les autres facteurs favorables au commerce
(institutions, État de droit, langage commun, culture commune) sont faibles.
Hatzigeorgiou et Lodefalk (2015), en utilisant des données de panel et une
méthodologie de variable instrumentale, exploitent une nouvelle base de données
pour la Suède et 184 de ses partenaires commerciaux sur la période 2000-2010.
En se basant sur une équation de gravité, leurs estimations confirment
l’hypothèse que l’immigration encourage les exportations suédoises mais aucun
effet n’est trouvé en ce qui concerne les importations. L’impact sur les
exportations est plus grand pour les immigrants qui sont les plus intégrés (c’està-dire moins souvent sans emploi). Donc le bénéfice à encourager une meilleure
intégration des immigrants sur le marché de l’emploi semble particulièrement
pertinent du point de vue économique.
Ainsi, la littérature met en évidence une relation généralement positive entre
stock d’immigrants et commerce qui apparaît plus prononcée pour les
exportations que pour les importations. Nous avons pour objectif d’étendre ces
études aux échanges de services, en contrôlant l’intensité de cet effet en fonction
de la qualité des institutions dans le pays d’origine des immigrants.
D’après nos connaissances, Ottaviano et al. (2018) sont les seuls actuellement à
étudier l’impact de l’immigration sur les échanges de services. Ils analysent cette
relation pour les entreprises britanniques produisant des services pour 24
activités et les échanges bilatéraux avec 142 pays partenaires sur la période 2001
à 2007. Ils trouvent des résultats correspondant aux trois canaux de transmissions
Mondes en Développement Vol.46-2018/4-n°184
Une approche institutionnelle du lien migration et commerce de services
53
qu’ils ont pris en considération : (a) un « effet de substitution aux importations »
provenant de la réaffectation des tâches productives, préalablement externalisées
à l’étranger, aux travailleurs immigrés ; (b) un effet général de productivité lié aux
qualifications élevées et complémentaires des immigrés ; (c) un effet spécifique
de productivité relatif aux exportations qui provient de la baisse des coûts des
exportations bilatérales.
L’objectif de notre article est de poursuivre ce travail et de l’étendre à
l’immigration vers l’ensemble des pays de l’OCDE. Nous regardons également si
la qualité des institutions du pays d’origine des immigrés a un effet positif sur les
exportations de services de leur pays hôte vers leur pays d’origine. Pour analyser
cette relation nous étudions le stock d’immigrés provenant des pays en
développement et pas seulement de l’OCDE. Nous trouvons un effet de
complémentarité entre la part des immigrés dans la population des membres de
l’OCDE et les exportations de services lié à la faible qualité des réglementations
et au manque de respect de la règle de droit dans les pays d’origine des migrants.
2.
LES DONNÉES ET LA MÉTHODOLOGIE
2.1
Les données
Nous utilisons la base de données d’échanges de services développée par
Francois et Pindyuk (2013) qui constitue une consolidation à partir des données
miroirs des flux commerciaux reportés par Eurostat, le FMI, l’OCDE et les
Nations Unies. Cette base présente le meilleur recensement des données relatives
aux échanges transfrontières (Mode 1). Les statistiques sont disponibles pour la
période 1985 à 2011. Dans la mesure où la base de données comprend de
nombreuses valeurs manquantes les premières années, nous commençons l’étude
uniquement en 2000. Cependant, de nombreuses observations manquent pour
2010 ; pour cette année-là nous utilisons la base de données COMTRADE des
Nations Unies. Les données d’exportation pour les 20 pays de l’OCDE retenus,
en logarithmes, vont de 7,20 à 24,78 (voir tableau 1 pour les statistiques
descriptives).
Nous contrôlons pour la résistance multilatérale mise en évidence par Anderson
et Van Wincoop (2003), qui montrent que l’éloignement compte : deux nations
très éloignées du reste du monde tendent à commercer plus intensément entre
elles que deux économies semblables séparées par la même distance, mais
disposant de nombreux pays voisins. Lorsque cet effet est négligé cela conduit à
une surestimation des flux d’échange bilatéraux. Nous incluons des effets fixes
exportateur x temps et importateur x temps pour contrôler cette résistance
multilatérale spécifique aux pays.
Mondes en Développement Vol.46-2018/4-n°184
54
Thierry BAUDASSÉ, Thierry MONTALIEU et Isabelle RABAUD
Tableau 1 : Résumé des statistiques descriptives, exportations de services et
variables économiques
Moyenne Écart-type Minimum Maximum
Ln(Exportations)
18,4431
2,4892
10,8396
24,6822
0,1137
0,3988
0
7,2283
0,0438
0,2178
0
6,8972
0,0318
0,1151
0
2,0670
0,0381
0,1381
0
2,7154
Ln(PIBit)
26,9427
1,2868
23,8981
30,3367
Ln(CPIBjt)
21,5232
1,7549
9,9800
33,7110
Ln(Dij)
8,3236
0,9985
5,0810
9,8802
ADJ, Contiguïté, variable indicatrice
0,0379
0,1909
0
1
Part des immigrants provenant d’un
pays donné (%)
Part des immigrants hautement qualifiés
provenant d’un pays donné (%)
Part des immigrants moyennement
qualifiés provenant d’un pays donné (%)
Part des immigrants peu qualifiés
provenant d’un pays donné (%)
LANG, Langage commun, variable
0,1144
0,3183
0
1
indicatrice
Colony, colonie commune, variable
0,0628
0,2426
0
1
indicatrice
Comleg, système légal commun, variable
0,4158
0
1
0,2222
indicatrice
Différence de qualité de la régulation,
0,8805
0,002
3,8914
1,0777
difregulijt
Source : Calculs des auteurs à partir de la base de Francois et Pindyuk (2013) et de la
base de données de la Banque mondiale.
La base de données sur le stock de migrants comprend 20 pays de l’OCDE dont
15 pays européens5 et 195 pays d’origine et elle est disponible tous les cinq ans.
Elle est établie par l’Institut pour la recherche sur l’emploi (Institut für
Arbeitsmarkt und Berufsforshung, IAB) de Nüremberg. Une distinction est
effectuée entre les migrants selon leur pays d’origine, le niveau d’éducation faible
(primaire), moyen (secondaire) et élevé (université) pour les hommes et pour les
femmes. Nous nous concentrons sur les années 2000, 2005 et 2010 pour assurer
la conformité avec les données d’échanges de services.
5
Parmi les 15 pays européens, 13 sont membres de l’Union européenne : Allemagne, Autriche,
Danemark, Espagne, Finlande, France, Grèce, Irlande, Luxembourg, Pays-Bas, Portugal,
Royaume-Uni et Suède. Belgique et Italie sont exclues de la base sur les migrations, Norvège
et Suisse sont ajoutées. En plus, nous avons cinq pays de l’OCDE non européens : Australie,
Canada, Chili, États-Unis et Nouvelle Zélande.
Mondes en Développement Vol.46-2018/4-n°184
Une approche institutionnelle du lien migration et commerce de services
55
La base de données ne comprend que des valeurs positives. En test de robustesse
pour éviter le biais de sélection, nous ajoutons des valeurs zéros, non pas pour
l’ensemble des relations commerciales possibles entre les pays déclarants, mais
uniquement pour les économies exportatrices et importatrices, qui ont déjà
commercées ensemble une année donnée.
En ce qui concerne les institutions, nous nous appuyons sur les Worldwide
Governance Indicators (WGI) établis par Kaufman et al. (2010), qui prennent en
compte les six dimensions de la gouvernance pour 214 pays entre 1996 et 2013.
Au début, outre les enquêtes auprès des entreprises et des ménages, les données
étaient collectées tous les deux ans auprès d’experts d’organisations non
gouvernementales (ONG), d’agences du secteur public et de producteurs
d’informations commerciales et liées aux affaires. Depuis 2002, les informations
sont rassemblées sur une base annuelle et désormais fondées sur 35 sources de
données provenant de 33 organisations dans le monde. Au sein de la base WGI,
la gouvernance est définie comme les traditions et institutions par lesquelles est
exercée l’autorité dans un pays. Elle comprend six éléments. Cependant, nous
nous concentrons sur les trois qui sont liés au climat des affaires et qui influencent
l’offre de services :
(a) “Regulatory Quality” : la capacité d’un gouvernement à offrir des
réglementations et des politiques saines qui rendent possible et promeuvent le
développement du secteur public (regul),
(b) “Rule of Law” (règle de droit) : le degré de confiance et d’obéissance des agents
aux règles de la société, y compris la qualité du respect des contrats et des droits
de la propriété, de la police, de la justice, comme de la probabilité de délits et de
violence (rulelaw),
(c) “Control of Corruption” : le degré d’exercice de la puissance publique pour un
gain privé, comprenant les formes de petite et de grande corruption, comme la «
captation » de l’État par les élites et les intérêts privés (corruption).
Nous construisons un indicateur de divergence de qualité des institutions entre
pays partenaires. Il mesure simplement la différence entre l’indicateur pour le
pays d’origine et le pays de destination, comme suit :
DifInstitution = Institutioni - Institutionj
avec Institutioni (Institutionj), l’indicateur WGI pour une institution donnée du
pays hôte i (j) où les immigrants habitent (proviennent), alors qu’ils viennent d’un
pays d’origine j. Grâce à leur connaissance des traditions et des habitudes de leurs
pays d’origine, les immigrants tendent à atténuer l’effet des dysfonctionnements
des institutions de ces pays. C’est pourquoi, les écarts institutionnels ne jouent
que lorsque la qualité est plus faible dans les pays d’origine i que dans les pays de
destination j. Ainsi, nous utilisons la variable différence de qualité des institutions,
lorsqu’elle prend une valeur positive et la mettons à zéro autrement6.
6
Pour la divergence entre les institutions des pays partenaires, nous notons, respectivement,
difregul pour les différences de qualité de la régulation, difrulelaw pour les divergences de
respect de la règle de droit et difcorrupt pour les écarts dans le contrôle de la corruption.
Mondes en Développement Vol.46-2018/4-n°184
56
Thierry BAUDASSÉ, Thierry MONTALIEU et Isabelle RABAUD
En raison de la corrélation élevée entre les indicateurs WGI, nous ajoutons cet
indicateur séparément dans l’équation pour chaque type d’institution, pour éviter
la multicolinéarité. Les données sur les liens géographiques et institutionnels
proviennent de la base GEODIST développée par le Centre d’études
prospectives et d’informations internationales (CEPII) et Head et al. (2010).
Nous ajoutons une variable indicatrice pour un même régime légal (« common law
» ou « civil law »). Les lois jouent un rôle plus important pour les services que pour
les biens, dans la mesure où nombre d’entre eux sont des activités réglementées
ou des professions assujetties à l’obtention d’un diplôme, d’une certification, de
sorte qu’elles sont régies par des réglementations « derrière la frontière »,
domestiques. Cette variable indicatrice est une approximation des mesures
réglementaires, dans la mesure où il n’existe pas de droit de douane pour
l’échange de services. Comme l’appartenance commune à un accord de libreéchange (ALE) favorise à la fois le commerce et la migration, nous n’incluons
aucune variable indicatrice pour une participation commune à un ALE avec des
clauses sur les services7. Notre base de données comprend 191 pays d’origine des
immigrants vivant actuellement dans un de nos 20 pays de l’OCDE, alors qu’ils
sont nés dans un pays étranger.
2.2
La méthodologie
La littérature se réfère aux mêmes variables explicatives pour les échanges de
services et pour le commerce de biens lorsqu’il s’agit des équations de gravité :
les flux bilatéraux d’échanges sont proportionnels au produit du PIB des
partenaires et inversement proportionnels à la distance.
Notre équation est fondée sur l’équation générale de gravité proposée par Head
et al. (2010) et Head et Mayer (2014). Nous estimons la spécification suivante
pour les exportations de services :
(2)
EXijt= MimjtMexitTijRijt
avec,
EXijt, les exportations de services du pays domestique i vers le pays étranger j
l’année t, en millions de dollars courants, pour chaque type de services,
Mimjt, l’ensemble des caractéristiques du marché du pays importateur j, qui
promeuvent les importations en provenance de toutes les sources j l’année t ;
nous introduisons des effets fixes importateur x temps, mesurant la richesse et la
taille du pays, son marché intérieur ;
Mexit, le potentiel du pays exportateur i, comme fournisseur d’importations vers
toutes les directions l’année t ; nous employons des effets fixes exportateur x
temps, qui prennent en compte l’ensemble des spécificités des pays exportateurs
et leur variabilité temporelle ;
Tij, une fonction de coût d’échange que nous allons spécifier ci-dessous,
7
Voir Orifice (2015) pour l’étude de la relation entre ALE et migration.
Mondes en Développement Vol.46-2018/4-n°184
Une approche institutionnelle du lien migration et commerce de services
57
Rijt = exp {6 mijt +7 difInstitutionsijt}, avec
mijt = Mijt/POPijt, la part du stock d’immigrants provenant d’un pays donné
l’année t, soit le nombre de personnes nées dans un pays j et vivant dans un
pays de l’OCDE i dans la population totale du pays i l’année t ; et
difInstitutionsijt, la différence de qualité des institutions entre le pays hôte et
le pays d’origine des immigrants, lorsque le pays d’accueil possède de
meilleures institutions ; ainsi, nous conservons uniquement les valeurs
positives et mettons à zéro les autres observations.
À la suite de Felbermayr et Toubal (2012), nous spécifions la fonction de coût
d’échange comme suit :
Tij =Dij1exp{2 colonyij+ 3 ADJij + 4 LANGij+ 5 comlegij}
où les facteurs liés au coût de l’échange sont :
Dij, la distance bilatérale,
colonyij, ADJij, LANGij, l’appartenance commune à un même empire
colonial, la contiguïté ou une langue partagée, respectivement, variables
habituelles dans les équations de gravité,
comlegij, pour tenir compte de l’importance des réglementations
domestiques dans les services, nous introduisons une variable indicatrice
pour le partage d’un même régime légal (“common law” ou “civil law”).
Nous prenons alors le logarithme de l’équation (2) pour déduire notre équation
d’exportation de services :
ln (EXijt) = 1 ln(Dij) + 2 colonyij + 3 ADJij + 4 LANGij + 5 comlegij +
6mijt + 7 difInstitutionsijt+ jt + it + ijt
(3)
avec, it et jt, des effets fixes exportateur x temps et importateur x temps,
respectivement, ijt, le terme d’erreur.
La résistance multilatérale, le fait que deux pays très éloignés du reste du monde
vont beaucoup plus commercer entre eux que deux pays disposant d’un grand
nombre de voisins, a été mise en évidence par Anderson et Van Wincoop (2003).
Nous la contrôlons par des effets fixes exportateur x temps et importateur x
temps. Ainsi, les caractéristiques inobservables des 191 pays importateurs et leurs
variations temporelles peuvent être prises en compte tout comme celles des 20
pays exportateurs de l’OCDE et leurs spécificités temporelles.
Outre les résultats habituels de plus forte intensité des échanges lors du partage
d’une frontière, d’une langue ou d’une histoire coloniale commune, nous
estimons l’effet d’un régime légal commun (« common law » ou « civil law »). Nous
nous attendons à une augmentation des exportations d’un pays i vers un pays j
avec la part du stock d’immigrants vivant dans le pays i et nés dans le pays j. Nous
supposons également que cet impact devrait être plus élevé pour le commerce
avec des partenaires dont les institutions sont de plus faible qualité, dans la
mesure où la connaissance des règles et des habitudes de leurs pays d’origine joue
un rôle plus important pour faire des affaires.
Mondes en Développement Vol.46-2018/4-n°184
58
3.
Thierry BAUDASSÉ, Thierry MONTALIEU et Isabelle RABAUD
LES RÉSULTATS
Nous commençons par estimer une équation de gravité pour l’ensemble des
données pour connaître le rôle joué par le stock d’immigrants d’un pays donné
dans la population totale du pays hôte sur les exportations à destination du pays
d’origine des immigrants. Pour mesurer les barrières aux échanges, nous
introduisons les différences de qualité de nos trois types d’institutions (régulation,
règle de droit ou corruption) entre les partenaires.
Dans le tableau 2, pour les variables dyadiques de gravité, nous obtenons un effet
négatif de la distance et positif de la langue, de l’héritage colonial et du système
légal communs. La frontière partagée n’a aucun impact. La part des immigrants
provenant d’un pays donné dans la population des pays hôtes de l’OCDE
favorise toujours le commerce, quel que soit la nature des institutions
considérées. Pour finir, nous observons une augmentation des exportations
bilatérales des pays de l’OCDE, lorsque la qualité des régulations, le respect de la
règle de droit ou le contrôle de la corruption sont mieux assurés dans le pays hôte
que dans le pays d’origine des migrants. Nous retrouvons ces résultats pour les
immigrants hommes ou femmes.
Pour mieux comprendre la raison pour laquelle l’immigration favorise les
exportations de services, nous scindons nos observations en quatre groupes selon
la qualité des institutions du pays d’origine des immigrants. Nous nous attendons
à ce que les immigrants jouent un rôle d’autant plus important que les traditions
et les habitudes liées aux affaires diffèrent entre les partenaires. Dans la mesure
où la « régulation » apparaît comme l’institution la plus importante pour les
échanges de services, nous avons construit nos quatre groupes dans les intervalles
entre les quartiles pour le score reflétant la qualité de la « régulation » dans le pays
d’origine des immigrants.
Dans le tableau 3, nous montrons les résultats, respectivement, pour les pays
d’origine où la qualité est inférieure au premier quartile (très mauvaise qualité),
entre le premier et le deuxième quartile (mauvaise qualité), entre le deuxième et
le troisième quartile (bonne qualité) et au-dessus du troisième quartile (très bonne
qualité). Dans les quatre bases, le commerce décroît avec la distance et augmente
avec un passé colonial ou une langue partagés. La frontière commune ne favorise
les échanges que lorsque les régulations sont de mauvaise et très mauvaise qualité
dans le pays importateur ; alors la connaissance des voisins compense l’absence
de bon signal des institutions. Les effets du régime légal sur les exportations des
pays de l’OCDE sont mitigés :
- négatif si les partenaires possèdent des régulations de très mauvaise qualité,
- positif lorsque les régulations des importateurs présentent une très bonne
qualité,
- non significatif, lorsque la qualité des régulations se situe dans l’intervalle
interquartile (bonne et mauvaise).
Mondes en Développement Vol.46-2018/4-n°184
Une approche institutionnelle du lien migration et commerce de services
59
Tableau 2 : L’effet de la part du stock d’immigrants d’un pays donné sur les
exportations de services, le rôle des différences de qualité des institutions
(1)
(2)
(3)
Ln(Dij)
-0,9510a
-0,9555a
-0,9542 a
(0,0427)
(0,0429)
(0,0430)
colonyij
0,8318a
0,8420a
0,8372a
(0,1019)
(0,1004)
(0,1012)
ADJij
-0,1658
-0,1375
-0,1373
(0,1399)
(0,1398)
(0,1412)
LANGij
0,3953a
0,3908a
0,3731a
(0,0817)
(0,0816)
(0,0814)
comlegij
0,1942a
0,1949a
0,1941a
(0,0560)
(0,0565)
(0,0564)
difregulij
1,0339a
(0,1987)
difrulelawij
0,9401a
(0,1806)
difcorruptij
0,5027a
(0,1183)
mijt
0,1651a
0,1587a
0,1621a
(0,0614)
(0,0616)
(0,0634)
Exportateur x temps EF
OUI
OUI
OUI
Importateur x temps EF
OUI
OUI
OUI
Clustering des erreurs
Exportateur x
Exportateur x
Exportateur x
Importateur
Importateur
Importateur
R-carré
0,8825
0,8823
0,8820
R-carré ajusté
0,8694
0,8691
0,8688
Observations
3 736
3 740
3 736
Note : a p < 0,01, b p < 0,05, c p < 0,1.
Source : Base de données de Francois et Pindyuk (2013) et de la Banque mondiale sur
les échanges de services, WDI et CEPII pour les autres variables.
Ainsi, lorsque les régulations ne sont pas fiables, le manque de confiance dans les
institutions est plus important lorsque le système légal est semblable.
Finalement, la part des immigrants d’un pays donné accroît les exportations
bilatérales pour les pays dont les régulations sont de très mauvaise ou très bonne
qualité. Dans le premier cas, l’immigration permet de surmonter les barrières à
l’échange liées à des coutumes, règles et traditions différentes entre partenaires.
Dans le dernier cas, les immigrants renforcent les similarités entre les partenaires.
Nous avons reproduit cet exercice en scindant les observations en quatre selon
le degré de respect de la règle de droit ou de contrôle de la corruption. Les
résultats sont présentés dans le tableau 4. Lorsqu’ils proviennent de pays avec des
régulations et un respect de la règle de droit de très mauvaise qualité, les
immigrants ont un effet positif important sur les exportations bilatérales, autant
pour les hommes que pour les femmes et pour presque toutes les qualifications.
Les exportations de l’OCDE sont également favorisées par les immigrants
provenant de pays avec de bonnes et très bonnes régulations ou, à un degré
Mondes en Développement Vol.46-2018/4-n°184
60
Thierry BAUDASSÉ, Thierry MONTALIEU et Isabelle RABAUD
moindre, respect de la règle de droit. En revanche, le commerce avec des pays
accueillant des institutions de mauvaise qualité n’est pas affecté par la présence
d’immigrants. Le contrôle de la corruption a moins d’impact sur les exportations
bilatérales de l’OCDE.
Tableau 3 : L’impact de la part du stock d’immigrants provenant d’un pays
donné sur les exportations de services, pour les immigrants provenant de
nations avec des régulations de différentes qualités
Qualité de la
Très mauvaise Mauvaise
Bonne
Très bonne
régulation
(1)
(2)
(3)
(4)
Ln(Dij)
-1,0415a
-0,9443a
-1,0973 a
-0,9214a
(0,3076)
(0,2033)
(0,0993)
(0,0599)
colonyij
1,2159a
1,0966a
0,9871a
0,4710a
(0,2824)
(0,2062)
(0,1996)
(0,1468)
ADJij
1,5273b
1,0361c
0,3702
-0,0320
(0,6440)
(0,5584)
(0,4329)
(0,1420)
LANGij
0,4992b
0,6120a
0,4797b
0,1900c
(0,2452)
(0,1935)
(0,2088)
(0,1036)
comlegij
-0,4046b
0,1129
0,1797
0,3201a
(0,2077)
(0,1484)
(0,1237)
(0,0701)
mijt
1,4516a
0,2054
0,2082a
0,0922
(0,5654)
(0,3089)
(0,0852)
(0,0773)
Exportateur x temps EF
OUI
OUI
OUI
OUI
Importateur x temps EF
OUI
OUI
OUI
OUI
Clustering des erreurs
Exportateur x Exportateur x Exportateur x Exportateur x
Importateur Importateur Importateur Importateur
R-carré
0,7783
0,8557
0,8326
0,9038
R-carré asjusté
0,7019
0,8222
0,8007
0,8936
Observations
368
676
844
1 835
Note : a p < 0,01, b p < 0,05, c p < 0,1.
Source: Base de données de Francois et Pindyuk (2013) et de la Banque mondiale sur
les échanges de services, WDI et CEPII pour les autres variables.
Il existe un lien ente migration et échanges de services, au moins pour les
immigrants originaires de pays avec un très faible respect des régulations ou de
la règle de droit. Les immigrants apportent leur connaissance des règles,
habitudes, traditions et pratiques informelles de leur pays d’origine, ce qui
favorise l’augmentation de la confiance nécessaire aux affaires internationales et
facilite le commerce, en particulier les exportations.
En test de robustesse, nous avons estimé différentes spécifications concernant
les effets fixes. En annexe, dans les tableaux A et B, respectivement pour les
exportations et les importations, dans les colonnes 1 à 3, avec le PIB par tête et
la population, le PIB par tête et le PIB et le PIB seul, respectivement, nous
introduisons des effets fixes exportateur, importateur et temps. Puis, dans la
colonne 4, nous conservons le PIB et le PIB par tête du pays de l’OCDE
(exportateur dans le tableau A et importateur dans le tableau B) en utilisant des
effets fixes pays exportateur, temps et importateur x temps pour le tableau A,
Mondes en Développement Vol.46-2018/4-n°184
Une approche institutionnelle du lien migration et commerce de services
61
puis importateur, temps, exportateur x temps pour le tableau B. L’estimation
symétrique est réalisée dans la colonne 5. Enfin, nous reportons l’estimation avec
les effets fixes exportateur x temps et importateur x temps. Pour les six
spécifications, la part des immigrants d’un pays donné dans la population du pays
hôte de l’OCDE favorise les exportations (tableau A) et les importations (tableau
B). Ces résultats tiennent quel que soit le genre des immigrants.
Tous immigrés
Hautement qualifiés
Moyennement
qualifiés
Peu qualifiés
Immigrés
hommes
Hautement qualifiés
Moyennement
qualifiés
Peu qualifiés
Immigrés femmes
Hautement qualifiés
Moyennement
qualifiés
Peu qualifiés
Très mauvaise
(1)
Mauvaise
(2)
Bonne
(3)
Très bonne
(4)
Très mauvaise
(5)
Mauvaise
(6)
Bonne
(7)
Très bonne
(8)
Très mauvaise
(9)
Mauvaise
(10)
Bonne
(11)
Très bonne
(12)
Tableau 4 : Comparaison de l’impact des stocks d’immigrants d’un pays donné
sur les exportations de services selon la qualité de la régulation, le respect de la
règle de droit ou le degré de contrôle de la corruption
Qualifications/
Qualité de la
Respect de la règle Degré de contrôle
Genre
régulation
de droit
de la corruption
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(+)
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Note : ns : non significatif ; (+) positif et statistiquement significatif ; (-) négatif et
statistiquement significatif ; estimations MCO avec des effets fixes exportations x temps
et importations x temps ; cluster des erreurs par exportateurs x importateurs.
Finalement, pour contrôler les valeurs manquantes, nous effectuons une
estimation PPML (Poisson Pseudo Maximum Likelihood), dans le tableau C de
l’annexe. Nous obtenons une confirmation de nos résultats d’effet de
complémentarité de la part des immigrants d’un pays donné à la fois sur les
importations (quelle que soit la qualification des immigrants) et sur les
exportations (sauf pour les immigrants hautement qualifiés).
Mondes en Développement Vol.46-2018/4-n°184
62
Thierry BAUDASSÉ, Thierry MONTALIEU et Isabelle RABAUD
CONCLUSION
La relation entre commerce et migration est un sujet très controversé parmi les
économistes internationalistes. Les importations et les exportations sont-elles des
substituts ou des compléments aux flux migratoires ? Cette question a été souvent
traitée pour le commerce des biens (voir Rauch, 2001 ; Gould, 1994). Cet article
cherche à étendre l’analyse de la relation entre commerce de services et
immigration. Nous fondons notre démarche économétrique sur le cadre
théorique des modèles de gravité et proposons une évaluation de l’impact de
l’immigration sur les exportations de services de 20 pays de l’OCDE vers 191
économies. Les bases de données de Francois et Pindyuk (2013) pour le
commerce bilatéral de services et de l’Institute for Employment Research pour
les statistiques concernant les stocks de migrants sont utilisées pour les années
2000, 2005 et 2010.
À notre connaissance, c’est la première contribution au sujet du lien migrationcommerce de services étendant l’analyse à l’immigration provenant d’économies
en développement et pas uniquement des membres de l’OCDE. Dans la mesure
où il s’agit de l’un des principaux obstacles au commerce, nous nous focalisons
sur le rôle des écarts de qualité des institutions. Il est montré que, comme pour
le commerce des biens, les complémentarités entre immigration et commerce de
services proviennent de la capacité des migrants à améliorer l’information sur les
marchés étrangers et donc de réduire les coûts à l’exportation (trade-cost channel).
Grâce à leur connaissance fine des marchés locaux et des usages de leurs pays
d’origine, les immigrés présentent des qualifications complémentaires à celles des
natifs.
Les résultats sont robustes pour les différentes spécifications d’effets fixes
testées. Ils sont également significatifs pour les importations et demeurent stables
lors des estimations en PPML permettant de contrôler pour les valeurs
manquantes. Nous avons ainsi mis en lumière une extension vers le commerce
des services du canal du coût à l’échange dans la liaison migration-commerce,
effet d’autant plus fort que les migrants sont originaires de pays à faible qualité
institutionnelle (régulations et règle de droit).
Une application de ce travail en matière de politique économique est que les pays
exportateurs de services ont intérêt à détenir un stock significatif et diversifié de
migrants en provenance de pays dont les institutions sont de mauvaise qualité.
En effet, grâce à leur connaissance des règles tacites qui régissent les relations
économiques dans leurs pays d'origine, ceux-ci sont à même de réduire les
obstacles informels au commerce et de produire de la confiance dans les relations
d'affaires internationales.
BIBLIOGRAPHIE
Mondes en Développement Vol.46-2018/4-n°184
Une approche institutionnelle du lien migration et commerce de services
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Thierry BAUDASSÉ, Thierry MONTALIEU et Isabelle RABAUD
RODRIK D. (2018) Is Populism Necessarily Bad Economics?, AEA (American Economic
Association) Papers and Proceedings, vol. 108, 196-199.
ANNEXES
Tableau A : Impact de la part du stock d’immigrants d’un pays donné sur les
exportations de services, estimations avec divers effets fixes
lPIBit
(1)
lPIBjt
lCPIBit
lCPIBjt
lPOPit
lPOPjt
Ln(Dij)
colonyij
ADJij
LANGij
comlegij
difregulij
mijt
0,0114
(0,0381)
-0,0215
(0,0157)
3,3846a
(0,8849)
-0,9703
(0,6043)
-0,9658a
(0,0421)
0,8100a
(0,1027)
-0,1682
(0,1410)
0,4209a
(0,0825)
0,1684a
(0,0565)
0,0840a
(0,1006)
0,1580a
(0,0639)
OUI
OUI
OUI
NON
(2)
2,3481a
(0,4792)
2,2152a
(0,1879)
-0,0081
(0,0356)
-0,0152
(0,0149)
(3)
2,3410a
(0,4752)
2,2245a
(0,1872)
-0,9671a
(0,0419)
0,8103a
(0,1028)
-0,1892
(0,1407)
0,4050a
(0,0822)
0,1767b
(0,0943)
0,1755a
(0,0563)
0,1655a
(0,0619)
OUI
OUI
OUI
NON
-0,9676a
(0,0418)
0,8105a
(0,1029)
-0,1898
(0,1406)
0,4057a
(0,0822)
0,1751a
(0,0563)
0,1806b
(0,0939)
0,1654a
(0,0618)
OUI
OUI
OUI
NON
(4)
2,3582a
(0,4558)
-0,0217
(0,0350)
-0,9320a
(0,0438)
0,8186a
(0,1037)
-0,1667
(0,1421)
0,3751a
(0,0826)
0,2062a
(0,0565)
0,6302a
(0,1427)
0,1761a
(0,0639)
OUI
NON
OUI
NON
(5)
(6)
2,1799a
(0,1790)
-0,0161
(0,0140)
-0,9835a
(0,0412)
0,8181a
(0,1013)
-0,1847
(0,1394)
0,4203a
(0,0815)
0,1583a
(0,0559)
0,2486b
(0,1065)
0,1542a
(0,0604)
NON
OUI
OUI
OUI
-0,9510 a
(0,0427)
0,8318a
(0,1019)
-0,1658
(0,1399)
0,3953a
(0,0817)
0,1942a
(0,0560)
1,0339a
(0,1987)
0,1651a
(0,0613)
NON
NON
NON
OUI
Exportateur EF
Importateur EF
Temps FE
Exportateur x
temps EF
Importateur x
NON
NON
NON
OUI
NON
OUI
temps EF
Clustering Exportateur Exportateur Exportateur Exportateur Exportateur Exportateur
des
x
x
x
x
x
x
erreurs
Importateur Importateur Importateur Importateur Importateur Importateur
R-carré
0,8597
0,8637
0,8637
0,8757
0,8698
0,8825
R²ajusté
0,8515
0,8558
0,8559
0,8633
0,8698
0,8694
Observations
3,754
3,754
3,754
3,736
3,754
3,736
Note : avec le pays de l’OCDE i qui exporte des services vers une économie j ; lPIB, le
logarithme du PIB ; lCPIB, le logarithme du PIB par tête ; lPOP, le logarithme de la
population ; a p < 0,01, b p < 0,05, c p < 0,1.
Source : Base de données de Francois et Pindyuk (2013) et de la Banque mondiale sur les
échanges de services, WDI et CEPII pour les autres variables.
Mondes en Développement Vol.46-2018/4-n°184
Une approche institutionnelle du lien migration et commerce de services
65
Tableau B : Impact de la part du stock d’immigrants d’un pays donné sur les
importations de services, estimations avec divers effets fixes
lPIBit
(1)
lPIBjt
lCPIBit
lCPIBjt
lPOPit
lPOPjt
Ln(Dij)
colonyij
ADJij
LANGij
comlegij
difregulij
mijt
0,0812b
(0,0383)
0,0255c
(0,0136)
3,7199a
(0,7098)
-1,4607a
(0,4395)
-0,8605a
(0,0394)
0,5000a
(0,0960)
0,0799
(0,1050)
0,3206a
(0,0844)
0,1432a
(0,0555)
0,0589c
(0,0323)
0,1319a
(0,0532)
OUI
OUI
OUI
NON
(2)
2,7218a
(0,3974)
0,8234a
(0,1881)
0,0734b
(0,0354)
0,0258b
(0,0134)
(3)
2,7506a
(0,3950)
0,7994a
(0,1902)
-0,8607a
(0,0394)
0,4970a
(0,0960)
0,0702
(0,1053)
0,3120a
(0,0845)
0,1463a
(0,0556)
0,0063
(0,0353)
0,1356a
(0,0518)
OUI
OUI
OUI
NON
-0,8602a
(0,0394)
0,4948a
(0,0957)
0,0704
(0,1055)
0,3102a
(0,0845)
0,1481a
(0,0556)
0,0133
(0,0357)
0,1354a
(0,0520)
OUI
OUI
OUI
NON
(4)
2,5834a
(0,4017)
0,0532
(0,0358)
-0,8645a
(0,0405)
0,4935a
(0,0976)
0,0727
(0,1049)
0,3007a
(0,0852)
0,1470a
(0,0558)
0,1164
(0,1085)
0,1363a
(0,0502)
OUI
NON
OUI
NON
(5)
(6)
0,8245a
(0,1781)
0,0243b
(0,0124)
-0,8509a
(0,0392)
0,4960a
(0,0961)
0,0586
(0,1056)
0,2976a
(0,0845)
0,1438a
(0,0558)
0,00004
(0,0340)
0,1442a
(0,0518)
NON
OUI
OUI
OUI
-0,8509 a
(0,0402)
0,4888a
(0,0981)
0,0670
(0,1048)
0,2857a
(0,0851)
0,1455a
(0,0561)
0,1674
(0,1070)
0,1441a
(0,0500)
NON
NON
NON
OUI
Exportateur EF
Importateur EF
Temps FE
Exportateur x
temps EF
Importateur x
NON
NON
NON
YES
NON
OUI
temps EF
Clustering Exportateur Exportateur Exportateur Exportateur Exportateur Exportateur
des
x
x
x
x
x
x
erreurs
Importateur Importateur Importateur Importateur Importateur Importateur
R-carré
0,4702
0,4710
0,4708
0,4777
0,4779
0,4848
R²ajusté
0,4612
0,4620
0,4619
0,4614
0,4674
0,4672
Observations
12,238
12,238
12,238
12,253
12,253
12,253
Note : avec le pays de l’OCDE i qui importe des services provenant d’une économie j ;
lPIB, le logarithme du PIB ; lCPIB, le logarithme du PIB par tête ; lPOP, le logarithme
de la population ; a p < 0,01, b p < 0,05, c p < 0,1.
Source : Base de données de Francois et Pindyuk (2013) et de la Banque mondiale sur les
échanges de services, WDI et CEPII pour les autres variables.
Mondes en Développement Vol.46-2018/4-n°184
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Thierry BAUDASSÉ, Thierry MONTALIEU et Isabelle RABAUD
Tableau C : PPML, estimation de l’impact de la part du stock d’immigrants
d’un pays donné sur les exportations et les importations de services, effet des
différences dans la qualité des institutions
Ln(Dij)
colonyij
ADJij
LANGij
comlegij
difregulij
mijt
mhijt
(1)
-0,1640a
(0,0164)
0,0541b
(0,0272)
-0,1787a
(0,0321)
0,0635b
(0,0290)
-0,0046
(0,0201)
0,1019
(0,0697)
0,0408b
(0,0174)
mmijt
Exportations
(2)
(3)
-0,1647a -0,1643a
(0,0165) (0,0164)
0,0607b 0,0488c
(0,0270) (0,0275)
-0,1662a -0,1904a
(0,0314) (0,0324)
0,0687b 0,0592b
(0,0288) (0,0291)
-0,0029 -0,0059
(0,0201) (0,0201)
0,1014 0,1034
(0,0698) (0,0697)
0,0321
(0,0269)
mlijt
Exportateur
x temps EF
Importateur
x temps EF
Clustering
des
erreurs
R-carré
Nb d’obs
exclues
Nombre d’
observations
0,2134a
(0,0607)
(4)
-0,1646a
(0,0164)
0,0550b
(0,0272)
-0,1734a
(0,0318)
0,0619b
(0,0292)
-0,0045
(0,0201)
0,1039
(0,0697)
OUI
OUI
OUI
0,1111b
(0,0509)
OUI
OUI
OUI
OUI
OUI
(5)
-0,1113a
(0,0083)
0,0388a
(0,0147)
-0,0929a
(0,0154)
0,0355b
(0,0157)
0,0067
(0,0105)
0,0375
(0,0307)
0,0197a
(0,0075)
Importations
(6)
(7)
-0,1113a -0,1117a
(0,0084) (0,0084)
0,0427a 0,0362a
(0,0146) (0,0149)
-0,0885a -0,0968a
(0,0153) (0,0160)
0,0387a 0,0335b
(0,0156) (0,0158)
0,0077 0,0061
(0,0105) (0,0105)
0,0374 0,0381
(0,0307) (0,0307)
0,0218c
(0,0128)
0,0903a
(0,0275)
(8)
-0,1116a
(0,0084)
0,0405a
(0,0147)
-0,0886a
(0,153)
0,0361b
(0,0158)
0,0070
(0,0105)
0,0389
(0,0306)
OUI
OUI
OUI
0,0395c
(0,0240)
OUI
OUI
OUI
OUI
OUI
Exports Exports Exports Exports Exports Exports Exports Exports
x
x
x
x
x
x
x
x
Imports Imports Imports Imports Imports Imports Imports Imports
0,6097 0,6094 0,6100 0,6096 0,4934 0,4931 0,4936 0,4932
1 201
1 201
1 201
1 201
1 178
1 178
1 178
1 178
4 814
4 814
4 814
4 814
13 268
13 268
13 268
13 268
Note : avec le pays de l’OCDE i qui exporte (importe) des services provenant (vers) d’une
économie j ; lPIB, le logarithme du PIB ; lCPIB, le logarithme du PIB par tête ; lPOP, le
logarithme de la population ; a p < 0,01, b p < 0,05, c p < 0,1.
Source : Base de données de Francois et Pindyuk (2013) et de la Banque mondiale sur les
échanges de services, WDI et CEPII pour les autres variables.
Mondes en Développement Vol.46-2018/4-n°184