ÉVOLUTION SOCIOLINGUISTIQUE ET
SYSTÈME ÉDUCATIF CHEZ UNE
COMMUNAUTÉ AMÉRINDIENNE CÔTIÈRE DE
GUYANE :
LES KALI’NA D’AWALA-YALIMAPO
1
Sommaire
Introduction…...…………………………………………………………...1
I. Situation des Kali’na en Guyane………………………………………..8
II. Revendications………………………………………………………...13
III. L’enseignement en Guyane…………………………………………...15
IV. Awala-Yalimapo……………………………………………………….20
V. École en 2016-2017, pédagogie, kali’na et cadre légal………………...24
VI. Mise en place de la section bilingue…………………………………..31
VII. Observations sociologiques et conclusion…………………………...33
Bibliographie……………………………………………………………...41
2
Introduction
L’enseignement en Guyane et son application dans un milieu multilingue,
aux nombreuses communautés, ont été étudiés à maintes reprises. En ce qui
concerne l’enseignement aux Amérindiens, c’est essentiellement les
communautés Wayana et Wayampi, les plus reculées dans la forêt
amazonienne, au sud du territoire, sur les fleuves Oyapock et Maroni,
essentiellement,
qui
ont
attiré
l’attention
des
anthropologues,
sociolinguistes et pédagogues. En effet, l’isolement de ces communautés et
leur contact très récent (souvent dans les années 1970) avec le monde
extérieur, consumériste et monétarisé, ont provoqué des conditions propices
à un violent choc culturel dont nous pouvons voir les effets aujourd’hui,
avec les nombreux problèmes rencontrés par ces communautés
amérindiennes
(suicides,
alcoolisme,
perte
des
connaissances
traditionnelles nécessaires à la vie communautaire dans la forêt, image
conflictuelle de la “réussite”, échec scolaire, difficultés pour obtenir un
emploi salarié, etc.).
Les Kali’na, eux, aussi connus sous le nom de Galibi, sont une population
caribe dont la zone traditionnelle d’habitat se trouve sur la côte atlantique
(du delta de l’Orénoque jusqu’à l’embouchure de l’Oyapock). Cette
situation littorale en Amérique du Sud, et plus particulièrement en Guyane,
les a amenés à être parmi les tous premiers au contact des Européens et des
esclaves africains transférés dans la colonie ; et ils en ont payé les
conséquences, notamment à cause du choc microbien qui a réduit
drastiquement leur population jusqu’au début du XXème siècle ; mais
3
également en raison de la remise en cause de leur système social et la
destruction de leur mode de vie traditionnel face aux valeurs, concepts et
religions européens, ainsi que la pression née de la présence de colons sur
leurs territoires traditionnels.
Aujourd’hui, la communauté kali’na ne représente plus vraiment, de par sa
longue exposition aux Créoles et aux Européens, la “primitivité” ou
l’“exotisme” prêtés aux communautés sylvicoles (Émerillons/Teko,
Wayampi, Wayana/Roucouyennes, Apalaï). Fer de lance du mouvement
amérindien en Guyane (et de la Fédération des Organisations Autochtones
de Guyane en particulier, FOAG), comptant environ 4000 membres et ayant
obtenu la création de la seule commune à majorité amérindienne du littoral
guyanais
(Awala-Yalimapo),
les
Kali’na
représentent
un
groupe
extrêmement intéressant : dans une situation de contacts fréquents avec des
non-amérindiens (et pas seulement le personnel enseignant et soignant),
cette nation autochtone de Guyane a réussi à survivre, à se développer, à
conserver dans une certaine mesure les liens traditionnels avec les Kali’na
du Surinam, du Guyana et du Venezuela, et surtout à s’adapter à ce nouveau
monde qui leur a été imposé tout en conservant leur langue et leur identité.
Les autres communautés amérindiennes de la côté, de la famille arawak
(Lokono et Palikur), en plus petits nombres et dispersées, sont loin d’en
avoir fait de même, et elles sont actuellement marginalisées socioéconomiquement, largement acculturées et menacées de disparition. Si la
majorité des Kali’na de Guyane parlent leur langue ancestrale, ce n’est pas
forcément le cas dans les autres pays : 11 500 Kali’na au Venezuela, dont
30% de locuteurs seulement (recensement de 1992), 3000 Kali’na au
4
Guyana, dont 80% de locuteurs, 3000 au Suriname, dont 50% de locuteurs
(J. Forte, 2000).
Une trentaine de locuteurs sont dénombrés au Brésil (résultat d’une
installation tardive, à l’embouchure de l’Oyapock). Le nombre total de
Kali’na se situe à peu près entre 20 000 et 25 000 personnes mais le
nombre de locuteurs doit être plutôt autour de 10 000.
L’école en milieu wayana et wayampi a été amplement étudiée ; mais que
peut-on apprendre de la question scolaire chez les Kali’na d’AwalaYalimapo ?
Comment ces Amérindiens, vivant au contact des autres communauté de
Guyane, connectés à celles-ci par la route, bénéficiant des nouvelles
technologies et vivant en pleine modernité ont-ils fait pour s’adapter à cet
environnement sans perdre leur identité ?
Quelles ont été les stratégies éducatives pour arriver à ce résultat ?
Quels ont été les sacrifices consentis pour pouvoir survivre en tant que
nation amérindienne au sein d’un état centralisé comme la France, au
XXIème siècle ?
Ces solutions sont-elles facilement transposables à d’autres groupes
autochtones ?
Peut-on trouver un échappatoire permettant moins d’acculturation et plus
d’épanouissement ?
C’est avec ces questions en tête que cette étude a été menée.
Les pionniers qu’ont toujours été les Kali’na semblent être la clé pour
répondre et anticiper les problèmes rencontrés par les autres communautés
5
amérindiennes, sylvicoles comme côtières ; en espérant amener à des
solutions pour développer une éducation pour les peuples autochtones qui
leur permette de s’épanouir en tant que groupes humains différenciés, mais
aussi en tant que membres actifs de la société guyanaise.
6
CARTE DES COMMUNES DE GUYANE
(source : guyaneverte.blogspot.com)
7
I. Situation des Kali’na en Guyane
La situation, au cours de l’histoire, du peuple kali’na et des populations
caribes entre Orénoque et Oyapock est tout à fait exceptionnelle. Leur forte
mobilité et les liens établis entre communautés, sur plus d’un millier de
kilomètres de distance, ainsi que l’influence culturelle et l’activité
commerciale des Caribes dans les Antilles (qui prendront même leur nom et
où un pidgin caribe aurait même servit de langue véhiculaire aux hommes),
ont fait entrer ces peuples de plein pied dans l’Histoire. Au contact des
premiers Européens venus explorer le Nouveau Monde, ce sont donc les
populations Caribes et Arawak qui constituaient l’image de « l’Indien »
dans l’imaginaire du Vieux Continent.
Kali’na et Lokono sont en contact avec les Européens depuis le XVIIème
siècle. La colonisation a signé la disparition des réseaux politiques interethniques dans lesquels les Kali’na avait une importance prépondérante de
par leur localisation sur tout le territoire des Guyanes, sur la côte (leur
permettant une grande mobilité). Le kali’na y servait d’ailleurs de langue
véhiculaire.
À cause de la réduction de leur territoire, la dégradation de la forêt et des
ressources liées à la chasse et à la cueillette, les Kali’na orientaux se
spécialisèrent tôt dans l’exploitation des zones côtières, des estuaires et de
la mer. Après une terrible diminution de leur population (estimés à 5 500 au
début du XVIème siècle, en 1848 il n’y avait plus que 250 Kali’na en
Guyane), les Kali’na ont remonté la pente démographique et se sont
réimplantés en Guyane (beaucoup avaient fuit au Surinam). Puis ils se sont
8
adaptés, tout en revendiquant fortement depuis les années 1980 leurs terres,
leur identité et leurs droits linguistiques.
Environ 80% des 260 000 habitants de la Guyane sont concentrés sur les
320 km de bande côtière. En 2017 les Amérindiens comptaient environ
9000 membres (contre approximativement 30 000 à l’arrivée des
Européens) répartis en six ethnies (plus une quarantaine de nouveaux
arrivants du Brésil, les Apalaï, du groupe Caribe, vivant dans certains
villages Wayana) : trois sur la côte (Lokono, Palikur, Kali’na) et trois dans
la forêt équatoriale, au sud du territoire (Émerillons/Teko, Wayampi,
Wayana). Les Kali’na et Wayana appartiennent au groupe linguistique
Caribe, les Lokono et Palikur au groupe Arawak, alors que les Émerillons
et les Wayampi sont des Tupi-Guarani.
Les Kali’na, avec une population de près de 4000 membres, sont de loin la
nation amérindienne la plus nombreuse, en particulier sur le littoral. Les
Lokono (parfois simplement dénommés ‘Arawaks’) sont environ 600, les
Palikur aux environs de 1000. Ces deux dernières populations, de par leur
éparpillement et leurs faibles contingents, souffre également d’un fort
niveau d’acculturation, notamment dans la zone du Bas-Maroni, où les cas
de passage au sranan tongo (aussi appelé surinamais, ou encore taki-taki)
sont fréquents, et vers Cayenne, où c’est plutôt le créole et, plus
récemment, le français, qui servent de moteur assimilateur. Les Kali’na
eux, plus nombreux donc, et mieux organisés, avec des communautés assez
compactes, sont moins affectés.
Dans l’intérieur des terres, et malgré les difficultés de comptage, on estime
que les Wayana seraient environ un millier, les Wayampi 800, et les
Émerillons, le seul groupe exclusivement présent en Guyane, environ 700.
9
La différence entre la somme des différentes populations et le chiffre de
9000 s’explique par le fait que ce dernier nombre est une estimation
actuelle alors que la plupart des chiffres donnés par ethnie sont des
recensements ou estimations plus ou moins anciens.
La population amérindienne augmente substantiellement en Guyane : en
1979, Pierre et Françoise Grenand dénombraient 3200 Amérindiens. Avec
une multiplication de leur population par trois en à peine quarante ans,
c’est dire si leur récupération démographique est spectaculaire.
Les Kali’na ont une structure sociale patriarcale. Les chefs de famille sont
appelés yopoto et ils se distinguent parfois des autres membres de la famille
en partant des coiffes de plumes (ce qui est de moins en moins vrai à cause
de l’adoption des codes vestimentaires européens). En tant que dépositaires
de la mémoire collective du groupe, les anciens sont très respectés et
écoutés.
Les Kali’na étaient historiquement, comme les autres peuples amérindiens,
semi-nomades, changeant assez fréquemment de lieux de résidence, pour
favoriser la régénération des sols et respecter les esprits. Bien qu’en
majorité baptisés, l’animisme est fortement ancré dans la culture kali’na, et
pratiquée en syncrétisme.
Ces dernières caractéristiques sont, globalement, partagées avec les autres
peuples amérindiens. Cependant, la situation de contact, la diversité des
activités possibles, la possibilité d’aller au collège et au lycée (à Mana,
notamment) sans avoir à quitter sa communauté, l’adaptation ancestrale et
un bon accès aux services de l’État ont permis aux Kali’na de ne pas
10
connaître les vagues de dépression et de suicides des communautés
sylvicoles.
Langues de Guyane
(source : CELIA 2002)
11
Si la situation géographique et sociologique des Kali’na n’entraînent donc
pas de déracinement radical et d’acculturation au niveau individuel, le
risque est celui d’une perte des connaissances traditionnelles et d’éléments
culturels de génération en génération.
Géographiquement, la zone entre la Mana et le Maroni est le cœur du pays
kali’na, en ce qui concerne la Guyane. Le village de Yalimapo comporte
d’ailleurs un site archéologique kali’na, et une réinstallation de la
communauté a été possible après la fermeture du bagne, en 1953.
On trouve aussi des Kali’na à Paddock, Fatima et d’autres villages de la
commune de St-Laurent-du-Maroni, à Mana et à Iracoubo (notamment dans
le quartier Bellevue-Yanou et dispersés vers Organabo), ainsi qu’au Village
Amérindien de Kourou et dans l’agglomération de Cayenne.
II. Revendications
Répartition de la langue Kali’na en Guyane
(source : Odile Renault-Lescure. La langue kali’na. IRD Editions, 2009)
12
II. Revendications
Historiquement, la revendication amérindienne s’est heurtée à la tradition
jacobine française et à son droit sclérosé.
La reconnaissances des
autochtones comme « peuples distincts », réclamée aussi par les Corses,
notamment, a été systématiquement rejetée, et si le terme administratif
« Amérindiens de la Guyane française » a été adopté en 1984, depuis 1987
c’est
l’appellation
plus
générale
de
« communautés
tirant
traditionnellement leurs moyens de subsistance de la forêt » qui a été
utilisée.
Le refus de reconnaissance des spécificités du territoire et des populations
autochtones éloigne la France des standards du droit international. C’est
dans cette dynamique de rejet de l’altérité et de la singularité que s’inscrit
le refus de signer la convention 169 de l’Organisation Internationale du
Travail, fournissant un cadre légal international aux droits des autochtones,
notamment au niveau foncier.
Les communautés ne sont donc pas propriétaires de leur terres, faute de
droits territoriaux collectifs dans la législation française : c’est l’État qui
possède; le préfet peut cependant leur octroyer l’usage de certaines zones.
Néanmoins, à partir de 1995 ont été mise en place les « Zones de Droits
d’Usage Collectif ». Ces avancées concernent donc la partie foncière des
revendications amérindiennes, l’autre volet principal concernant les droits
culturels.
A la différence d’autres pays sud-américains, comme par exemple le Brésil
avec la FUNAI (Fondation Nationale de l’Indien), il n’existe pas de
structures officielles de l’État exprimant et défendant les intérêts des
13
autochtones. Ce sont donc des associations qui tachent de s’en occuper :
l’Union des Peuples Amérindiens de Guyane, l’Association des
Amérindiens de Guyane française (AAGF, fondée par les Kali’na en 1981)
qui s’est transformée en Fédération des Organisations Autochtones de
Guyane (FOAG) en 1992.
Un premier rassemblement des Amérindiens en 1984, à été organisé par
l’AAGF. C’est en 1989 qu’est créée de la commune d’Awala-Yalimapo, par
scission d’avec Mana.
La participation de la FOAG à la COICA (Confédération des Organisations
Indigènes du Bassin Amazonien) a mis les Amérindiens de Guyane au
contact d’autres groupes indigènes issus d’états voisins, confrontés
aujourd’hui à des situations sociales, légales et éducatives radicalement
différentes, mais ayant des problématiques similaires à la base. Cela leur a
permis d’échanger sur les stratégies à adopter, les buts à se fixer, et se
familiariser sur le droit international concernant les peuples autochtones.
En 1993 a eu lieu, à Awala, le premier congrès des organisations
amérindiennes, suivi, en 2001, du forums des élus autochtones de Guyane,
avec la création de l’association Villages de Guyane.
Les revendications des parents d’élèves amérindiens en 1996 étaient
claires :
- Reconnaissance par le gouvernement du droit des peuples autochtones à
créer leurs institutions et moyens d’éducation suivant certaines normes,
- Prise en compte des langues indigènes,
14
- Transfert progressif de la conduite des programmes aux populations
indigènes après formation de ses membres,
- Prise de dispositions pour sauvegarder et promouvoir les langues
autochtones,
- Prise en compte de l’histoire, des techniques, des connaissances, des
systèmes de valeurs et des aspirations sociales, économiques et culturelles
des communautés et de leurs membres,
- Allocations de moyens adéquats,
- Favoriser la maîtrise du français.
Ces revendications reprennent dans les grandes lignes la loi brésilienne
9394 de 1996.
III. L’enseignement en Guyane
L’altérité culturelle et socio-linguistique du territoire contraste fortement
avec une éducation qui se veut, à la base, unilingue et assimilatrice. La
scolarité poursuit trois buts, du moins théoriquement (car l’acculturation et
l’assimilation ont été des objectifs souvent explicites de l’éducation
nationale française) : l’acquisition des savoirs, la socialisation et la réussite
sociale.
15
Cependant, l’approche éducative et pédagogique du gouvernement français
a été historiquement celle, au pire, de l’écrasement des langues dites
« régionales » ou « minoritaires », avec punitions et humiliations à la clé
pour ceux qui les parlaient en milieu scolaire, ou, au mieux, celle de
l’adoption de l’unilinguisme francophone en ignorant sciemment la/les
langue(s) locale(s).
Langues de première scolarisation des élèves de Guyane
(source : Isabelle Léglise, Langues et cité n.29, septembre 2017)
16
La non ratification de la Charte Européenne des Langues Régionales et
Minoritaires et l’absence de cadre juridique formel pour les langues
endogènes de la République Française induit un flou total en matière de
politique linguistique, notamment au niveau de l’éducation.
Si la loi Deixonne de 1951 autorise l’enseignement des langues dites
« régionales » (seulement le breton, le basque, le catalan et l’occitan étaient
reconnus à l’époque), aucun caractère d’obligation n’est présent et la mise
en place de l’enseignement est largement laissée à l’appréciation et au bon
vouloir des recteurs, chefs d’établissement et instituteurs volontaires
(enseignement de la langue limité de toute façon à une heure par semaine,
dirigée à la lecture, l’écriture et la littérature).
Cependant, la Guyane, isolée et sous-développée, colonie pénitentiaire, n’a
que peu connu les pires heures de la répression linguistique à l’école. La
généralisation de l’enseignement et l’ouverture d’écoles en zones reculées
n’ont été que tardives (pas avant la fin de la seconde guerre mondiale, et
surtout à partir de années 1970). Cette absence de cadre linguistiquement
normatif a permis un développement naturel des langues autochtones en
Guyane.
La diversité linguistique du territoire a même été renforcée par l’arrivée des
communautés Hmong et Apalaï, ainsi que par l’immigration massive de
Bushinenge et d’Amérindiens en provenance du Surinam, un temps ravagé
par la guerre civile (1986-1992) : beaucoup d’habitants de Yalimapo
(environ 80%) sont à l’origine des réfugiés kali’na du Surinam ; le village
kali’na de Galibi (l’ancien nom colonial donné à ce peuple), 740 habitants,
étant même situé juste de l’autre côté du fleuve.
17
Cet influx migratoire a amené de nouveaux locuteurs kali’na dans les
communautés de l’ouest guyanais, principalement à Awala-Yalimapo. Ces
nouveaux arrivants connaissaient le surinamais (taki-taki) et parfois le
néerlandais, mais ignoraient le plus souvent le français et le créole
guyanais, impliquant donc l’usage du kali’na comme langue véhiculaire
dans la commune.
Ce n’est qu’à partir de 1995 qu’apparaît l’enseignement bilingue à parité
horaire dans le système français. Et c’est c’est cette forme d’enseignement
qui devait être mis en place à l’école d’Awala.
Il y a, depuis 1999, une volonté de la DRAC (Direction Régionale des
Affaires Culturelles) de Guyane, s’appuyant sur les timides initiatives de la
Délégation Générale à la Langue Française et aux Langues de France
(suivant le rapport Cerquiglini), de faciliter la présence des langues
autochtones (surtout amérindiennes et bushinenge). L’implantation et le
développement de l’IRD (Institut de Recherche pour le Développement) a
facilité les études sociologiques et linguistiques, permettant d’avoir de
bonnes connaissances concernant les situations, besoins et aspirations des
différentes communautés autochtones. Des ateliers et groupements visent
également à la production de matériel pédagogique, éducatif et culturel en
langues locales.
Dans certaines zones de France, des écoles privés associatives proposent
des cours en écoles bilingues ou immersives (Diwan, Bressoles,
Calandretas, Ikaztolak, etc). En Bretagne trois types d’écoles proposent un
enseignement en breton : Diwan, écoles privées associatives en
enseignement immersif (seulement le cours de français est donné en
18
français) ; Dihun et Divyezh, respectivement écoles privées catholiques et
écoles publiques bilingues à parité horaire. La non généralisation du
système abouti finalement à un mécanisme très inégalitaire : certains ne
peuvent pas intégrer la structure de leur choix faute de disponibilités,
d’autres sont victimes des choix idéologiques de leurs parents et sortent du
lycée comme monolingues francophones.
Le cas guyanais est radicalement différent dans le sens que de nombreux
enfants ne parlent pas du tout (ou très peu) français avant de rentrer à
l’école. Et l’État ne propose pas, à la différence de la Bretagne avec
Divyezh, des établissements publiques bilingues, organisés en un seul et
même réseau.
Sur le Maroni et l’Oyapock, certaines écoles enregistrent 100 % d’élèves
allophones en début de scolarisation ; et même à Cayenne, il y a
pratiquement toujours des élèves non francophones à la rentrée scolaire.
La répartition des collèges et lycées, organisés autour des centres
administratifs, accentue les problèmes d’exode des peuples de l’intérieur
vers les villes, surtout sur le littoral, et accélère la désintégration sociale en
provoquant une rupture nette avec la culture, la langue et l’environnement
d’origine. Cela induit, une fois encore, de grandes inégalités devant
l’éducation : les élèves francophones vivant en milieu urbain n’ont pas à
souffrir du déracinement et de l’échec scolaire, de la rupture culturelle et de
la décomposition sociale. Ils ont un accès privilégié aux services de l’État,
au premier rang desquels l’éducation.
La mise en place, en Guyane, de programmes éducatifs conçus en
métropole pour un publique métropolitain frôle parfois l’absurde de par
19
leur ‘exotisme’ vis-à-vis du terroir amazonien (par exemple la mention,
avec des élèves guyanais, en poésie, du caractère romantique de la couleur
des feuilles à l’automne, sans expliciter ladite couleur ni en quoi consiste
l’automne en Europe).
La demande de création d’un mini collège à Taluen, dans le Haut Maroni,
permettant aux Émerillons et Wayana de la zone de suivre un enseignent
secondaire sans avoir recourt aux internats éloignés, a été rejeté. Cela
accentue donc le sentiment d’injustice et de discrimination des peuples
autochtones du sud de la Guyane.
Jolivet déclarait, en 1982 (et c’est toujours d’actualité) : « L’ethnocentrisme
de l’enseignement dispensé dans les écoles primaires est le principal
moteur de l’inégalité des chances scolaires des Guyanais : il amplifie
jusqu’à la caricature le rôle joué à cet égard par les différences
d’appartenance socio-culturelles ».
A la différence des pays voisins, et tout particulièrement le Brésil, les
Amérindiens de Guyane sont placés sous dépendance directe de
l’administration française ; les professeurs des écoles dans les
communautés autochtones ne sont pas (dans leur immense majorité)
amérindiens, pas plus que les personnels de santé.
20
IV. Awala-Yalimapo
La création de la commune d’Awala-Yalimapo a, en fait, été une concession
faite au mouvement amérindien, porté par les Kali’na. Ce sont en effet très
souvent ces derniers qui mettent en place des ateliers, des réunions,
festivals, forums et revendications autour des problématiques autochtones.
La
commune
d’Awala-Yalimapo
joue
un
rôle
central
dans
le
développement du tissu associatif, culturel et politique amérindien: la
municipalité dispose de fonds propres et d’infrastructures permettant
l’organisation de ces évènements. Et la composition ethnique de la
commune permet aussi de justifier le recrutement d’un personnel
administratif amérindien et kali’nophone.
Ancienne fraction amérindienne de la commune de Mana, suite aux
demandes de ses habitant et de la FOAG, la commune d’Awala-Yalimapo a
été crée le 31 décembre 1988. Elle est composée de deux noyaux de
peuplement principaux, à 5 kilomètres de distance : Awala, à l’est, près de
la Mana, et Yalimapo, à l’ouest, en bord de mer et sur le Maroni, faisant
face au village kali’na de Galibi, au Surinam. Le village compte aussi, un
peu à l’écart, le hameau de Possoly. La commune est bien connue en
Guyane, notamment à cause de la plage des Hattes, zone protégée où les
tortues viennent pondre.
La motivation principale pour une scission de la commune de Mana (à une
dizaine de kilomètres de là) était liée au fait qu’Awala-Yalimapo est
presque entièrement peuplé de Kali’na, alors que Mana est un village
créole.
21
Les Amérindiens entendaient donc avoir un meilleur contrôle, à travers leur
propre municipalité, sur le foncier, la culture et l’éducation.
Le maire actuel (depuis 2001) est Jean Paul Ferreira, classé Divers Gauche,
vice-président du conseil régional de Guyane.
La commune a donc été créée par la volonté des habitants de garantir leurs
droits territoriaux. L'espace foncier est géré conjointement par les autorités
communale et coutumière. L'autorité coutumière dispose d'un arrêté
reconnaissant ses droits d'usages collectifs exclusifs.
Le chef Michel Therese a été élu par la population d’Awala et le chef
Daniel William par celle de Yalimapo. Les conseils coutumiers bénéficient
de l'appui des organisations mandatées et membres de la Fédération des
Organisations Autochtones de Guyane. Afin de trouver le consensus sur
cette gestion partagée, une commission a été mise en place « la commission
mixte commune-communauté » par délibération du conseil municipal, le 26
juillet 2001. Cette situation fait que les Kali’na d’Awala-Yalimapo sont
l’archétype d’un développement en contexte inter-systémique (entre
concepts occidentaux, cultures créoles et identité amérindienne), la
communauté superposant organisation administrative française (commune,
élections, mairie, école) et organisation traditionnelle (chefs coutumiers à
Awala et à Yalimapo, rites et cérémonies, etc.).
En ce qui concerne la population, elle a connu une augmentation constante
depuis 1967 (165 habitants à l’époque) pour atteindre 1379 résident en
2015. Cela est dû, notamment, à un solde migratoire positif (avec
notamment l’afflux de nouveaux arrivants du Surinam). C’est donc plus du
tiers de la population kali’na de Guyane qui vit dans la commune. Par
22
ailleurs, selon le recensement de 2000, à l’époque 60% de la population
avait moins de 20 ans, tendance qui se confirme et s’accentue aujourd’hui.
D’après l’INSEE, en 2006, il y avait 324 logements à Awala-Yalimapo.
Parmi ceux-ci 83,3% étaient des résidences principales, 8,3% des
résidences secondaires et enfin 8,3% des logements vacants. La même
année, 91,5% des personnes étaient propriétaires et 4,8% locataires.
Les logements se répartissaient entre maison individuelle et appartement
représentant respectivement 90,7% et 0,6%. Enfin le parc immobilier se
composait de 28,5% de 1 pièce, 22,6% de 2 pièces, 20,0% de 3 pièces,
14,1% de 4 pièces et 14,8% de 5 pièces ou plus.
Il est à noter que 13,3% des logements étaient des habitations de fortune,
1,5% des cases traditionnelles et 27,8% des maisons ou immeubles en bois.
Enfin, seulement 5,2% des logements avaient le tout à l'égout, 1,5% l'eau
chaude et 44,8% l'électricité.
La commune dispose d’un centre des arts et de la culture kali’na où sont
régulièrement organisés des ateliers
savoirs et savoir-faire traditionnels,
financés par un budget municipal
triennal.
Elle organise des évènements de plus
en plus fameux: le festival interculturel
kiyapane (juillet), avec de nombreux
concerts,
et
les
jeux
kali'na
(décembre) : jeu du diable, transport de
23
charge, course de pirogue, remonté de pirogue, grimpé de cocotier wasai,
lancé de harpon, course à pied, tir-à-la-corde.
Enfin, Awala-Yalimapo détient depuis 2013 le label Pays d’Art et
d’Histoire.
V. École en 2016-2017, pédagogie, kali’na et cadre légal
À Awala-Yalimapo, en 2006, la population scolarisée comprenait, par
tranche d'âge, 69,8% des enfants de 2 à 5 ans, 96,2% des enfants de 6 à 14
ans, 80,0% des 15 et 17 ans, 17,8% des 18 à 24 ans, 0% des 25 à 29 ans et
1,0% des plus de 30 ans.
Sur l'ensemble de la population non scolarisée, 1,9% étaient titulaires d'un
CEP, 7,4% du BEPC, 18,3% du CAP ou du BEP, 4,2% du BAC ou un
équivalent, 1,7% d'un BAC +2 et 1,4% d'un diplôme de niveau supérieur.
65,2% de cette population n'avait pas de diplôme. Il y a donc de fortes
attentes de la part d’une population largement sous-diplômée vis-à-vis de
l’école pour leurs enfants.
On note la présence d’une école primaire, le groupe scolaire Yamanale.
C’est là qu’a été menée cette courte enquête de terrain (ainsi qu’à la
mairie). J’ai pu m’y entretenir avec la directrice, madame Hélène Aurand.
Pour continuer les études au collège, les élèves se rendent à Mana (collège
Léo-Othily), ou à Saint-Laurent-du-Maroni pour aller au lycée. Durant
l’année scolaire 2016-2017 il y avait 165 élèves, dont 16 non kali’na, avec
une moyenne de 22 élèves par classes.
24
École Yamanale d’Awala
(source : http://awala-yalimapo.mairies-guyane.org/?chap=26&education)
Jusqu’au décès de l’une d’entre elles, l’école comptait deux intervenantes
en langues maternelle (les ILM ont remplacé le poste de médiateur culturel
bilingue, en fonction à l’école Yamanale jusqu’en 2009).
Le rôle des ILM est de favoriser le développement de la parole et de la
pensée des élèves dans leur langue maternelle, de faire le lien entre
institution et familles et de représenter, dans l’école, la culture des enfants.
Les élèves recevaient une heure de kali’na par semaine, en groupe réduits
(généralement en demi classe). La classe était essentiellement centrée sur
les contes et activités artisanales traditionnelles, ainsi que sur des jeux:
Madame Isabelle Apollinaire, ILM, menait, par exemple, des activité de
perlage et des jeux de dînette en kali’na. En interrogeant des enfants en
dehors des horaires scolaires, j’ai pu remarquer qu’ils se référaient
beaucoup à « Tata Isabelle » quand on leur parlait de leur pratique du
kali’na. Il apparaît donc que les ILM jouent un rôle très important dans le
maintient du lien linguistique et culturel intergénérationnel dans la
communauté.
Les deux ILM on également écrit un livre de jeunesse, qui a par la suite été
publié. Il existe aussi un projet de cahier pédagogique et une bande
dessinée en kali’na, Le Faucon, qui a été créée par des CM2. Un imagier
25
multilingue de Guyane (par Odile Lescure) a été édité et mis à disposition
en 2009.
En ce qui concerne le milieux associatif kali’na, madame Éléonore
Johanesse, à travers l’association Kalalawa, a proposé depuis 2013 des
ateliers d’initiation à la langue, notamment à Cayenne. Elle a également
produit un fascicule destiné à l’apprentissage du kali’na.
Depuis 2013, l’IRD de Cayenne a mis en place le projet participatif et
pédagogique ‘Dictionnaires et lexiques bilingues des langues de Guyane’.
Ce projet visait à concevoir et à éditer, pour l’année 2015, des dictionnaires
à double entrée pour des langues de Guyane manquant de ressources
lexicographiques satisfaisantes. Si des grammaires et dictionnaires ont été
produits pour l’arawak et le nengee, en 2017 la rédaction d’un dictionnaire
français - kali’na était toujours en cours, s’appuyant notamment sur des
ateliers d’écriture.
C’est lors d’un de ces ateliers, où un membre de la communauté apalaï était
présent, que les participants kali’na se sont rendu compte de la plus forte
proximité entre les langues des deux communautés qu’avec le wayana
(alors que la cinquantaine d’Apalaï de Guyane vivent dans des villages
wayana), et qu’une collaboration plus rapprochée entre les deux
communautés serait intéressante pour les efforts de standardisation
graphique et de publication de matériel scolaire et culturel (tout en sachant
qu’une normalisation de l’écriture à vocation « internationale » a été
adoptée par la majorité des Kali’na de Guyane en 1997). Dans cet esprit, le
26
16 juin 2017 a été organisé, avec l’aide de l’ethnolinguiste Hélène
Camargo, un atelier de comparaison avec le wayana.
Des ateliers d’écriture et de constitution du dictionnaire bilingue, ainsi
qu’une dictée kali’na, ont été menés par Odile Lescure et la municipalité ;
l’Institut de Recherche pour le Développement a également republié le
dictionnaire Caraïbe – Français du Père Raymond Breton de 1665
(accompagné d’un cédérom).
Le projet lexicologique de l’IRD fait suite aux recommandations des États
Généraux du Multilinguisme des Outre-mer, qui se sont tenus à Cayenne en
décembre 2011. Le droit des enfants d’apprendre à lire et à écrire dans leur
langue maternelle y a été souligné, reprenant les Recommandations de La
Haye de 1996 sur les droits des minorités à l’éducation et la nécessité
d’ « équiper » les langues des Outre-mer avec des ouvrages de référence y a
été réaffirmée. L'Unesco soutient aussi l'usage des langues maternelles pour
faciliter les apprentissages.
En 2016, Chantal Berthelot, élue de Guyane, a interpellé Najat VallaudBelkacem dans l’hémicycle concernant les nécessaires réformes de
l’éducation en Guyane afin de permettre la réussite scolaire de tous les
élèves, insistant sur le besoin d’adaptation du système scolaire aux réalités
linguistiques et la nécessité du bilinguisme à l’école.
La loi de refondation de l’école de la République, de 2012, a donné la
possibilité de recourt aux langues régionales pour l’acquisition du socle
commun de connaissances, de compétences et de culture, dans le premier
comme dans le second degré, et pour l’ensemble des disciplines.
27
Le caractère non systématique et non contraignant de cette loi pose le
problème de la volonté et de la compétence sur le terrain, que ce soit au
niveau des rectorats comme au niveau des personnels enseignants et
administratifs. Mais, en ce qui concerne la Guyane, cette législation à
donné une impulsion positive, notamment en permettant :
- Un parcours de professionnalisation pour les ILM ; ce système étant en
usage depuis 20 ans, avec une coupure très préjudiciable en 2009, d’abord
sous l’appellation « médiateurs bilingues et culturels » en tant qu’emplois
jeunes, il était temps de permettre à ces intervenants d’avancer
professionnellement. Les statuts ont variés depuis la créations des MBC
(aides-éducateurs,
assistants
pédagogiques,
assistants
d’éducation,
contractuel à contrats aidés), mais la précarité de ces emplois et leur
rétribution médiocre sont restés constants (une limite d’âge a conduit à
l’exclusion de neuf ILM expérimentés en 2009 (avant une réorganisation du
système), allant à l’encontre de l’idée de pérennisation de ces postes).
- Une formation et habilitation à enseigner dans les langues de Guyane pour
les locuteurs natifs.
- Et une expérimentation pédagogique et didactique depuis 2016 chez les
wayana et les kali’na (qui en réalité a pris plus de temps à se mettre en place
chez ces derniers).
Depuis 2010, deux dispositifs bilingues coexistent donc en Guyane : le
dispositif des ILM et un dispositif à parité horaire français-créole guyanais.
En 2016 la Guyane comptait 44 intervenants en langue maternelle,
encadrant, en cycle pré-élémentaire, dans 27 écoles, environ 2500 enfants
28
dont la langue maternelle n’était pas le français. La convention du Rectorat
de Guyane avec l’Université a permis la mise en place d’un diplôme en
sciences de l’éducation et de la formation. Avec ce diplôme les ILM
peuvent prétendre au statut de professeur des écoles, mettant fin à la
précarité des postes d’assistants pédagogiques et d’instituteurs suppléants
(comme ils étaient reconnus depuis 2012).
Dispositif académique en langue maternelle 2016-2017
(sources : Didier Morel, Rectorat de Guyane)
C’est depuis plusieurs années le conseiller pédagogique départemental pour
les
langues
amérindiennes,
Didier
Maurel,
qui
porte
le
projet
d’enseignement bilingue ; celui-là même qui a débouché à l’instauration
(limitée) d’un système bilingue à parité horaires à l’école Yamanale
d’Awala à la rentrée 2017.
29
La mise en place du bilinguisme a été quelque peu chaotique, et a eu des
conséquences politiques, le maire étant plutôt opposé au projet tel-quel,
alors que celui-ci était soutenu par le chef traditionnel d’Awala.
L’absence de concertation et le manque d’information avait également créé
de nombreuses résistances au sein de l’école : on craignait le remplacement
de professeurs travaillant depuis longtemps à l’école (mais qui n’avaient
pas appris le kali’na...), on se posait beaucoup de questions sur la faisabilité
du projet et sur les moyens nécessaires et disponibles.
La volonté académique sans travail de terrain, sans communication efficace
ni planification concertée, sans implication de la communauté, a été un des
freins à une mise en place sereine et enthousiaste du programme bilingue à
Awala.
Celui-ci devrait servir de laboratoire pour une extension du bilinguisme
scolaire à l’ensemble du territoire départemental et ses élèves. Pour cela il
est en effet urgent de produire un corpus important en langues autochtones
(et d’immigration, comme le hmong) permettant d’enseigner les différentes
matières proposées par l’éducation nationale.
La question du recrutement est également aiguë; en effet, seuls trois
personnes étaient habilités, en 2017, en kali’na : Madame Florence JeanJacques, ILM de l’école de Bellevue-Yanou, à Iracoubo, Liliane
Apollinaire, professeur des écoles à Javouhay, et une troisième personne
résidant à Cayenne. La nécessité d’être titulaire au minimum d’une licence
pour devenir professeur des écoles, sur un territoire de la taille de la
Guyane, avec une université nouvelle (depuis 2014), géographiquement
éloignée de l’ouest guyanais, présentait un défi pour des populations à taille
30
et ressources réduites. La nouvelle loi de 2012 devrait permettre d’apporter
des solutions à ce problème et faciliter le recrutement des personnels
nécessaires.
N’oublions pas également la nécessité de former les enseignants aux
nouvelles technologies, qui peuvent s’avérer extrêmement productives,
comme par exemple l’utilisation des tablettes numériques permettant la
création de livres multimédias et de saynètes (comme sur le Haut Oyapock)
ou la prises de photos et de vidéos comme supports d’expression orale
(comme chez les Hmong de Javouhey).
VI. Mise en place de la section bilingue
L’école bilingue à parité horaire réclamée, sans trop y croire, en 2004 par
Jean-Paul Fereira, (ancien médiateur culturel bilingue devenu depuis maire
d’Awala-Yalimapo), est enfin une réalité.
Depuis la rentrée 2017, l’école Yamanale a vu sa petite section de
maternelle officiellement passer en classe bilingue. Madame Liliane
Apollinaire, travaillant précédemment à Javouhey, et déjà pressentie pour le
poste, a été recrutée en tant que professeure bilingue.
La parité horaire à été organisée par jour : à chaque jour de classe,
alternativement, correspond une langue d’enseignement, français ou
kali’na. Ce dispositif ne concerne pour l’instant qu’une classe,
correspondant à 24 élèves, le projet étant de transformer la classe de
moyenne section en classe bilingue à la rentrée 2018, permettant ainsi aux
élèves de petite section de 2017-2018 de poursuivre leur scolarité dans un
cadre bilingue. Le projet est, à terme, de passer chaque année la classe
31
suivante en système bilingue. Cette approche permet une mise en place
progressive, des ajustements nécessaires, et surtout la formation de
professeurs kali’nophones, la question du recrutement étant la plus aiguë.
Vu la mise en place tardive de cette section bilingue, l’école d’Awala a
bénéficié pour 2017-2018 d’un poste d’enseignant supplémentaire,
l’ancienne titulaire, francophone, du poste en petite section restant affectée
à l’école. Comptant pour l’instant 3 professeurs en maternelle et 6 en
élémentaire, l’augmentation des effectifs en maternelle nécessitera de toute
manière la création d’une nouvelle classe et donc le maintien de ce poste
additionnel,
avec
certainement
le
remplacement
d’un
enseignant
francophone par un enseignant bilingue.
Ce passage partiel de l’école en système bilingue à parité horaire n’a pas
modifié l’organisation scolaire en dehors de la classe de petite section :
les 2 ILM continuent leurs interventions en kali’na dans les autres classes.
Avec 65 élèves en maternelle et environ 160 sur l’ensemble de l’école, le
nombre d’écoliers augmente annuellement, soulignant la bonne dynamique
démographique du peuple kali’na à Awala-Yalimapo et sa jeunesse.
À travers les activités en kali’na, toujours populaires, l’école est valorisée
et les grands-parents retrouvent un rôle éducatif que la francophonie du
système leur avait enlevé.
En ce qui concerne la créativité et la formation continue, madame
Apollinaire participe régulièrement (environ une fois par période scolaire) à
des ateliers et séminaires de formation et de création de matériel
pédagogique, visant à aider les professeurs en sections bilingues à se
familiariser à de nouvelles approches pédagogiques et à créer leur propre
32
matériel. La mutualisation des ressources pédagogiques créées est à espérer
pour pouvoir pousser plus en avant les projet d’écoles bilingues sur
l’ensemble du territoire guyanais et pour toutes les communautés
autochtones présentes.
VII. Observations sociolinguistiques et conclusion
La Guyane multilingue est particulièrement concernée par les nouvelles
orientations des gouvernements français en matière de politique
linguistique à l’école, ses habitants devant avoir souvent recours à la
traduction (à travers les personnels administratifs, les formateurs, les
médiateurs) et sa richesse en patrimoine culturel étant, à plus ou moins
court terme, menacée.
Les manifestants de 2017 ne s’y sont d’ailleurs pas trompés, en réclamant
plus de moyens éducatifs et d’ILM pour les populations de Guyane.
L’UNESCO, dans un rapport de 2016, préconise que les enfants reçoivent
un enseignement dans une langue qu’ils comprennent pendant un minimum
de six à huit ans, l’inhibition des élèves, souvent due à l’élément
linguistique, leurs faisant perdre un à deux ans dans l’avancement de leurs
scolarité. Il est donc en effet nécessaire de présenter des concepts déjà
compliqués car extérieurs aux codes culturels des communautés
(numération, géométrie, prise de parole, esprit critique, interaction, rapport
à l’écrit, etc..) dans une langue compréhensible par l’élève.
Il est également temps de généraliser la connaissance des systèmes
graphiques, mis en place pour beaucoup dans les années 1970, parmi les
populations concernées et préserver la culture des populations de Guyane.
33
À Awala, il est frappant de voir les enfants jouer au football ou faire du
vélo dans les rues, n’utilisant que le français dans leurs jeux. Leur usage du
kali’na est en régression, sa présence à l’école devenant d’autant plus
indispensable. En effet, certains élèves rentrent à l’école n’ayant qu’une
connaissance partielle du kali’na et du français, faisant d’eux des semilocuteurs : la maîtrise langagière est souvent défaillante.
De l’aveu même de madame Aurand, la directrice de Yamanale,
l’acculturation linguistique en français et en néerlandais (remplaçant dans
ce rôle le créole guyanais et le surinamais, respectivement en Guyane et au
Surinam) est en progression chez les enfants kali’na. Cela pourrait
probablement s’expliquer par l’exposition de plus en plus importante aux
médias (films, dessins animés, etc.) et à l’internet, le français servant de
vecteur. Et en ce qui concerne les adultes, les employés de la mairie,
pourtant kali’nophones, s’expriment habituellement en français entre eux,
ainsi que de nombreux habitants, dans les commerces (tenus par des
chinois) comme dans la rue.
On peut craindre un affaiblissement de la transmission intergénérationnelle
de la langue bien que différents profils linguistiques existent à AwalaYalimapo, les émigrés venant du Surinam ayant souvent une commande de
la langue française inférieure à celle de leurs co-administrés ayant grandi
du côté est du fleuve Maroni, et donc assez fortement exposés au français.
Il est donc urgent d’entreprendre ce travail de valorisation et de protection ;
de promouvoir la présence de la langue dans les différents secteurs de la vie
publique ; de développer l’interculturalité de manière à favoriser le
dialogue et la collaboration entre communautés. La cohésion sociale, le
développement et l’épanouissement passent par là.
34
La Guyane a un rôle fondamental à jouer dans le cadre administratif
français : à la différence des autres départements d’outre-mer, ce n’est pas
une île, et les peuples et langues sont très souvent distribués de part et
d’autre des frontières (Bushinenge, Wayana, Kali’na aussi présents au
Surinam, Apalaï, Brésiliens, Wayampi également au Brésil, Lokono au
Guyana, etc.) Mais le territoire est également créole et en cela se rapproche
des sociétés caribéennes, surtout de celles ayant encore aujourd’hui un
créole à base française largement utilisé (Sainte-Lucie, Dominique,
Guadeloupe, Martinique, Haïti). La position de carrefour culturel et de
melting pot ethnique fait de la Guyane un laboratoire vivant des
dynamiques linguistiques, culturelles et migratoires. Les récentes initiatives
prises pour faire face à une réalité du terrain bien distincte de celle de la
métropole (et c’est pourtant sur cette dernière qu’est modelé à la base tout
le système éducatif français) ouvrent la voie à une évolution globale de
l’approche pédagogique française, notamment dans les Outre-mer. Comme
démontré avec l’exemple breton (mais aussi avec les Basques, Occitans,
Corses, Catalans et Alsaciens, essentiellement) le modèle d’écoles bilingues
à parité horaire ou immersives est déjà implanté depuis un certain temps en
métropole. Cependant, ce sont surtout des associations qui ont mené la lutte
pour des écoles en langues dites régionales, rencontrant fréquemment
l’hostilité de l’État français et de son idéologie. La mise en place des écoles
publiques bilingues, projet porté par des associations de parents d’élèves
(comme dans le cas de Div Yezh), a connu un certain développement avec
trop souvent l’idée, de la part des responsables politiques, de « couper
l’herbe sous le pied » des mouvements culturels et politiques bretons et de
limiter leur influence. Le bénéfice de cet enseignement sur l’apprentissage
35
des élèves et leur construction personnelle ne passant souvent qu’au
deuxième plan. Des sondage montrent (Institut TMO Régions) qu’en 2001
38% des répondants en Basse-Bretagne se prononçaient en faveur de
l’enseignement obligatoire du breton à l’école, un chiffre en nette
augmentation.
Malheureusement, s’il est clair que les mentalités évoluent et qu’on
s’éloigne d’une vision monolithique de la toute puissance du français
comme unique langue de réussite scolaire et sociale, on manque de chiffres
concernant les opinions sociolinguistiques des Guyanais et leur évolution.
L’INSEE fournit des chiffres intéressants malgré les difficultés engendrées
par la configuration territoriale et sociale de la Guyane, mais les
recensements français de la population se fondent sur des déclarations de
nationalité et de lieu de naissance et non pas sur des identifications
ethniques ou linguistiques (à l’inverse de la plupart des pays). Cette
absence de statistiques officielles est un handicap pour la création et la mise
en place de politiques linguistiques adéquates et efficaces.
Le développement de l’enseignement en/des langues vernaculaires répond à
deux problématiques distinctes, mais qui, notamment en Guyane, se
rejoignent : la protection des langues et cultures autochtones, patrimoine de
l’humanité et référent identitaire, et la réussite scolaire et sociale qui passe
par une bonne scolarisation (allant au-delà de l’objectif d’intégration au
tissu économique local et national).
Se voulant officiellement unitaire pour des raisons d’égalité devant
l’éducation, l’école de la république crée, au contraire, de fortes disparités
et inégalités, comme observées par Dorothée Serges (2009 : 13)
36
(observation valable non seulement pour les Amérindiens de Guyane mais
aussi pour toutes les populations minorisées vivant sur le territoire de la
République Française) :
« Les structures d’enseignement en Guyane sont inadaptées au contexte
local, les différences culturelles – linguistiques, mais également de
transmission des savoirs par voix orale – deviennent des inégalités dans
l’accès aux classes supérieures.»
Celle-ci souligne aussi « la difficulté à gérer des normes contradictoires
dans une société pluraliste » (1999 : 3).
Cette marginalisation scolaire et économique des non francophones a été
amplement utilisée par les gouvernements français pour anéantir les
langues vernaculaires et les cultures de métropole, avec un large succès à
partir de 1914 et surtout après la seconde guerre mondiale.
L’isolement et le sous développement de la Guyane ont induit une répit
dans cette pression, mais aujourd’hui la globalisation des échanges,
l’implantation des médias, de l’internet, la construction de routes,
l’amélioration des transports, la généralisation de la scolarisation en
français amène la menace de l’acculturation et le défi de l’intégration à la
porte des peuples autochtones de Guyane.
Dorothée Serges (2009) montre bien dans ses études de terrain les
challenges culturels et l’acculturation progressive des jeunes hommes
kali’na en milieux urbains ethniquement et linguistiquement mixtes. AwalaYalimapo, avec son habitat dispersé et sa population homogène kali’na
présente donc un cas particulier et une chance pour le peuple et la culture
kali’na dans leur ensemble. En effet, la commune, comme indiqué
37
précédemment, constitue désormais le centre culturel des Kali’na de
Guyane. Ses dirigeants, coutumiers et administratifs, ont donc une
responsabilité qui va au-delà de du périmètre de la municipalité et de leurs
administrés : une bonne partie du futur du peuple kali’na repose entre leurs
mains et leur capacité à mettre en place les structures et activités
nécessaires au développement et à la protection des ethnies amérindiennes
de Guyane, au premier rang desquelles les Kali’na.
La situation géographique des langues en Guyane est fluctuant, ainsi que
leurs formes. L’arrivée massive de Noirs Marrons (Bushinenge) dans
l’ouest guyanais, à radicalement changé le panorama linguistique sur le bas
Maroni : la ville de St-Laurent, en première ligne face aux vagues
migratoires en provenance du Surinam, notamment durant la guerre civile,
est devenue largement nengophone (Ndjuka, Aluku et Paramaka), sa forme
traditionnelle de créole guyanais ne concernant aujourd’hui qu’à peine un
cinquième de la population locale. L’urbanisation des différentes ethnies
marronnes et l’augmentation des contacts intercommunautaires sur le
Maroni ont provoqué la naissance d’une sorte de koinè (bushi)nenge, parlée
aussi par des populations non marronnes, comme langue seconde, mais
aussi comme langue maternelle, comme de nombreux Lokono de l’ouest
Guyanais. La différence est aujourd’hui marquée entre St-Laurent, de plus
en plus bushinenge, et Cayenne, plus cosmopolite, où aucune communauté
ne domine clairement.
N’oublions pas que récemment, parmi les élèves de 10 ans interrogés, 93 %
déclaraient parler deux langues, 41% trois langues et 11% au moins quatre
langues. Le plurilinguisme des apprenants, perçu jusqu’à présent comme un
38
handicap devrait être pris pour ce qu’il est : un énorme avantage pour le
développement des facultés cognitives, et pas seulement les capacités
expressives. La valorisation des langues maternelles, qu’elles soient
vernaculaires ou d’immigration, est importante pour l’estime de soi, le
développement de la pensée et de la parole ; cependant, tous les autres
idiomes faisant partie du répertoire linguistique des élèves devraient être
pris en compte d’une manière ou d’une autre.
Les dispositifs destinés à l’allophonie ont, jusqu’à très récemment et encore
dans une écrasante majorité aujourd’hui, constitué des programmes
compensatoires. L’altérité est donc historiquement perçue par le système
français comme, au mieux, un handicap, au pire, une menace.
L’absence d’une politique linguistique officielle et généralisée pour l’usage
public des langues maternelles induit des situations aléatoires, laissées à
l’appréciation et le bon vouloir des professionnels qui doivent s’adapter aux
profils linguistique des individus auxquels ils sont confrontés. L’hôpital est
sans aucun doute l’endroit ou la mosaïque linguistique guyanaise est la plus
prégnante.
L’annonce faite en 2016 par la ministre de l’éducation du projet, sur dix
ans, de la création de plusieurs écoles bilingues sur les deux fleuves
frontières de la Guyane, dans une perspective de continuité (cycle 1 à 3) et
de bilinguisme additif, et non de substitution, va dans le bon sens, et la
mise en place du cursus bilingue à Awala constitue une pierre importante de
l’édifice. Il sera cependant important de prendre des mesures légales pour
encadrer l’utilisation des langues de Guyane dans les services publics
39
autres que l’école, afin de donner toute leur place aux cultures locales et
favoriser la communication interculturelle.
En 1946 Serge Mam Lam Fouck déclarait d’ailleurs :
«Sous la IVe République, les Hommes politiques qui parlent au nom des
Antillais et des Guyanais veulent pousser la logique de l’assimilation
jusqu’à gommer toute différence législative et économique entre la France
et leur pays. Ils considèrent l’assimilation comme une marche vers le
progrès »
Au XXIème siècle, il nous faut faire face de manière positive au challenge
de l’allophonie et il est grand temps pour la Vème république de considérer
le plurilinguisme comme un atout.
40
Bibliographie
Ailincai Rodica, Jund Sandrine, Ali Maurizio, 2012, Comparaison des
écosystèmes éducatifs chez deux groupes d’Amérindiens : les Wayãpi et les Wayana.
L’Harmattan.
Alby Sophie, 2001, Contacts de langues en Guyane française: une description
du parler bilingue kali’na-français, Thèse de Doctorat, Université de Lyon II.
Alby Sophie, 2002, « Morts des langues ou changement linguistique? Contact
entre le kali’na et le français dans le discours bilingue d’un groupe d’enfants
kali’naphones en Guyane française », Les Cahiers du RIFAL, Développement
linguistique: enjeux et perspectives.
Alby Sophie et Ho-A-Sim Jeannine, 2010, Limites de la prise en compte de la
diversité des publics scolaires en Guyane, in Transformations des systèmes éducatifs
dans les pays du Sud. Entre globalisation et diversification, p.169-190, De Boeck, coll.
« Raisons éducatives ».
Barret Jacques, 2001, Atlas illustré de la Guyane, IRD éditions.
Coïaniz Alain, 1999, L’élève, les langues, l’école en Guyane, Approches
écodidactiques et interculturalité. Éducation et Sociétés Plurilingues.
Colomb Gérard et Tiouka Félix, 2000, Na’na Kali’na, une histoire des Kali’na
en Guyane, Ibis Rouge.
Collomb Gérard, 2000, Identité et territoire chez les Kali’na. À propos d’un
récit du retour des morts, Journal de la société des américanistes, 86, pp. 149-168.
Erwan S., 2016, Enseigner dans la langue maternelle : les ILM bientôt
professeurs
des
écoles,
Le
Kotidien
(Journal
de
Guyane).
http://lekotidien.fr/2016/01/07/enseigner-dans-la-langue-maternelle-les-ilm-bientotprofesseurs-des-ecoles/
Grenand Pierre et Françoise, 1979, Les Amérindiens de Guyane française
aujourd’hui, éléments de compréhension, Journal de la société des américanistes nº66,
p.361-382.
Grenand Françoise, Launet Michel, Lescure Odile, mai 2004, Les langues de
Guyane, Langues et cité n.3.
Launey Nicole, 2014, L’école des Amérindiens : une comparaison GuyaneBrésil, Ligue des Droits de l’Homme.
https://www.ldh-france.org/lecole-amerindiens-comparaison-guyane-bresil/
41
Léglise Isabelle et Migge Bettina, 2007, Pratiques et représentations
linguistiques en Guyane, IRD Éditions.
Léglise Isabelle, Michel Launey Michel, Lescure Odile, Migge Bettina,
Bergounioux Gabriel, Alby Sophie, septembre 2017, Langues et cité, numéro 28.
http://www.culture.gouv.fr/Thematiques/Langue-francaise-et-langues-deFrance/Observation-des-pratiques-linguistiques/Langues-et-cite/Langues-et-cite-n-28les-langues-de-Guyane
Lescure Odile et Goury Laurence, 2009, Langues de Guyane, IRD
Éditions/Vents d’Ailleurs, 2009.
Macedo Silvia, 2016, Un universel très particulier : l’éducation autochtone
chez les amérindiens wayãpi au Brésil et en Guyane française, Cahiers de la recherche
sur l’éducation et les savoirs.
http://journals.openedition.org/cres/2910
Renault-Lescure Odile et Grenand Françoise, 1985, La question
amérindienne en Guyane française : Le problème scolaire, Ethnies, Droits de l’homme
et peuples autochtones, Vol.1.
Renault-Lescure Odile, 2000, L’enseignement bilingue en Guyane française :
une situation particulière en Amérique du Sud, in Les défis de l’éducation en Amérique
Latine, p. 231-246, IHELA.
Renault-Lescure Odile, 2009, L’écriture du kali’na en Guyane Des écritures
coloniales
à
l’écriture
contemporaine.
IRD
éditions.
http://horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/ed-06-08/010042101.pdf
Renault-Lescure Odile, 2009, La langue kali’na, Langues de Guyane, Vents
d’ailleurs/IRD Editions, pp.66-77, Cultures en Guyane.
Renault-Lescure Odile & Goury L., 2009, La langue kali’na. in Langues de
Guyane, Vents d’ailleurs/IRD Editions, pp.66-77, Cultures en Guyane.
Salaün Marie, 2013, Décoloniser l’école ? Hawai’i, Nouvelle-Calédonie.
Expériences contemporaines, Presses Universitaires de Rennes, coll.« Essais ».
Salaün Marie, 2014, Adapter l’école… ou en finir avec l’Outre-mer ?, Diversité
nº178, p.147-152.
Serges Dorothée, 2009, L’identité à “ géométrie variable ” des jeunes hommes
Kali’na de Mana (Guyane française) : sur quelle mesure ?, Hall.
42