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Lamartine Dalle Meditazioni

Dalle Meditazioni Pensée des morts Voilà les feuilles sans sève Qui tombent sur le gazon, Voilà le vent qui s'élève Et gémit dans le vallon, Voilà l'errante hirondelle Qui rase du bout de l'aile L'eau dormante des marais, Voilà l'enfant des chaumières Qui glane sur les bruyères Le bois tombé des forêts. L'onde n'a plus le murmure, Dont elle enchantait les bois; Sous des rameaux sans verdure Les oiseaux n'ont plus de voix; Le soir est près de l'aurore, L'astre à peine vient d'éclore Qu'il va terminer son tour, Il jette par intervalle Une heure de clarté pâle Qu'on appelle encore un jour. L'aube n'a plus de zéphire Sous ses nuages dorés, La pourpre du soir expire Sur les flots décolorés, La mer solitaire et vide N'est plus qu'un désert aride Où l'oeil cherche en vain l'esquif, Et sur la grève plus sourde La vague orageuse et lourde N'a qu'un murmure plaintif. La brebis sur les collines Ne trouve plus le gazon, Son agneau laisse aux épines Les débris de sa toison, La flûte aux accords champêtres Pensando ai morti Ecco le aride foglie che cadon sull’erba del prato, ecco il vento si è alzato e geme giù nella valle, ecco la rondine errante che sfiora con ala esitante l’acqua che dorme nei fossi, e il bimbo del casolare raccoglie sulle brughiere i rami caduti dei boschi. L’onda ha perduto i rumori che son dei boschi l’incanto, sotto le fronde incolori gli uccelli velano il canto; la sera all’alba è vicina, il sole è rinato appena e ha già finito il suo turno, per intervalli produce un’ora di pallida luce che ancora vien detta giorno. All’alba non c’è più lo zeffiro sotto le nubi dorate, la porpora perde il respiro a sera su onde scialbate, il mare solingo e vuoto non è che un secco deserto non vi si scorge una nave e sulla sponda più sorda l’onda furente più greve con voce di pianto sciaborda. La pecora sulle colline non trova più l’erba del prato, il suo agnello lascia alle spine qualche brano di vello strappato, il flauto di agresti arpeggi ormai non rallegra più i faggi Ne réjouit plus les hêtres Des airs de joie ou d'amour, Toute herbe aux champs est glanée : Ainsi finit une année, Ainsi finissent nos jours! C'est la saison où tout tombe Aux coups redoublés des vents; Un vent qui vient de la tombe Moissonne aussi les vivants : Ils tombent alors par mille, Comme la plume inutile Que l'aigle abandonne aux airs, Lorsque des plumes nouvelles Viennent réchauffer ses ailes A l'approche des hivers. C'est alors que ma paupière Vous vit pâlir et mourir, Tendres fruits qu'à la lumière Dieu n'a pas laissé mûrir! Quoique jeune sur la terre, Je suis déjà solitaire Parmi ceux de ma saison, Et quand je dis en moi-même : Où sont ceux que ton coeur aime? Je regarde le gazon. Leur tombe est sur la colline, Mon pied la sait; la voilà! Mais leur essence divine, Mais eux, Seigneur, sont-ils là? Jusqu'à l'indien rivage Le ramier porte un message Qu'il rapporte à nos climats; La voile passe et repasse, Mais de son étroit espace Leur âme ne revient pas. Ah! quand les vents de l'automne Sifflent dans les rameaux morts, Quand le brin d'herbe frissonne, Quand le pin rend ses accords, Quand la cloche des ténèbres Balance ses glas funèbres, La nuit, à travers les bois, A chaque vent qui s'élève, A chaque flot sur la grève, Je dis : N'es-tu pas leur voix? Du moins si leur voix si pure Est trop vague pour nos sens, Leur âme en secret murmure De plus intimes accents; Au fond des coeurs qui sommeillent, Leurs souvenirs qui s'éveillent Se pressent de tous côtés, Comme d'arides feuillages Que rapportent les orages Au tronc qui les a portés! con arie di gioia e d’amore, ogni erba di campo è falciata: è così che finisce un’annata, così il nostro giorno muore! È il tempo quando ogni cosa cade percossa dai venti; un vento che vien dalla fossa falcidia pure i viventi: e cadon così a mille a mille, simili alla piuma inutile, che l’aquila ai venti regala se le nuove piume vanno a riscaldar la sua ala all’approssimar dell’inverno. È allora che le mie pupille vi videro esangui mancare frutti acerbi voi che nel sole Dio non volle far maturare! Sebbene sia giovane al mondo, mi sento già solo pensando a quelli del mio tempo stesso, e quando mi metto a pensare: dov’è chi ama il mio cuore? Rivolgo lo sguardo giù in basso. La loro tomba è sulla collina, il mio piede lo sa, ecco, là! Ma la loro essenza divina, loro stessi, Signore, son là? Lontano, alla indiana riva, il colombo col messaggio arriva e lo riporta nel nostro clima; la vela il viaggio alterna, mentre invece la loro anima dall’angusto spazio non torna. Ah! Quando i venti d’autunno fischiano fra le fronde morte, quando i fili dell’erba fremono, quando il pino i suoi accordi emette, quando la campana delle tenebre, bilancia il suo battito funebre, di notte per il bosco che tace ad ogni vento che si leva, ad ogni onda sulla riva dico: Non sei la loro voce? Almeno, se quella voce pura è troppo fioca per i nostri sensi, la loro anima in segreto ci procura i più intimi messaggi intensi; in fondo a cuori che sonnecchiano, le loro rimembranze si destano si accalcano da ogni lato, come fogliame accartocciato che le tempeste riportano al tronco che lo aveva portato! È una madre che rapita C'est une mère ravie A ses enfants dispersés, Qui leur tend de l'autre vie Ces bras qui les ont bercés; Des baisers sont sur sa bouche, Sur ce sein qui fut leur couche Son coeur les rappelle à soi; Des pleurs voilent son sourire, Et son regard semble dire : Vous aime-t-on comme moi? C'est une jeune fiancée Qui, le front ceint du bandeau, N'emporta qu'une pensée De sa jeunesse au tombeau; Triste, hélas! dans le ciel même, Pour revoir celui qu'elle aime Elle revient sur ses pas, Et lui dit : Ma tombe est verte! Sur cette terre déserte Qu'attends-tu? Je n'y suis pas! C'est un ami de l'enfance, Qu'aux jours sombres du malheur Nous prêta la Providence Pour appuyer notre ceur; Il n'est plus; notre âme est veuve, Il nous suit dans notre épreuve Et nous dit avec pitié : Ami, si ton âme est pleine, De ta joie ou de ta peine Qui portera la moitié? C'est l'ombre pâle d'un père Qui mourut en nous nommant; C'est une soeur, c'est un frère, Qui nous devance un moment; Sous notre heureuse demeure, Avec celui qui les pleure, Hélas! ils dormaient hier! Et notre coeur doute encore, Que le ver déjà dévore Cette chair de notre chair! L'enfant dont la mort cruelle Vient de vider le berceau, Qui tomba de la mamelle Au lit glacé du tombeau; Tous ceux enfin dont la vie Un jour ou l'autre ravie, Emporte une part de nous, Murmurent sous la poussière : Vous qui voyez la lumière, Vous souvenez-vous de nous? Ah! vous pleurer est le bonheur suprême, Mânes chéris de quiconque a des pleurs! Vous oublier c'est s'oublier soi-même : N'êtes-vous pas un débris de nos coeurs? En avançant dans notre obscur voyage, ai propri pargoli sbandati, sta tendendo dall’altra vita le braccia che li hanno cullati; sulla bocca ha dei baci ancora, sul suo seno ove fu la dimora il cuore li richiama a sé; pianti velano il suo sorriso il suo sguardo appare teso a dire: Chi v’ama come me? È una giovane fidanzata che cinta di bende la fronte della gioventù si è portata nella tomba un’idea solamente; triste, ahimè, nei cieli stessi, lei ritorna sui suoi passi e l’amore suo rivede “La mia tomba è ancora verde!” “In tal mondo di abbandono cosa aspetti? Io non ci sono!” È un amico dell’infanzia che nei giorni del dolore ci prestò la Provvidenza per posare il nostro cuore, non c’è più, l’anima è vedova, lui ci segue in questa prova e ci dice con pietà: Se la tua anima è piena, della gioia o della pena, amico, chi porterà la metà? È l’ombra pallida di un padre che ci chiamò, morente, è una sorella, un fratello, che ci precede un istante; nella felice dimora, assieme a chi ora li piange, ieri dormivano ancora! E il cuore sta lì a dubitarne se ormai il verme divori la carne della nostra carne! Il bimbo, a cui con duro piglio la morte ha svuotato la culla, caduto dalla mammella alla tomba, nel freddo giaciglio; tutti quelli poi la cui vita, un giorno o l’altro rapita, rapisce una parte di noi dalla terra con flebile voce dicon: Voi che vedete la luce, vi ricordate di noi? Piangervi è somma felicità, di chi ha pianti, o antenati cari! Chi si scorda di voi, di sé si scorderà: siete un pezzo dei nostri cuori. Nell’oscuro viaggio andando avanti, l’orizzonte del passato è più bello, Du doux passé l'horizon est plus beau, En deux moitiés notre âme se partage, Et la meilleure appartient au tombeau! Dieu du pardon! leur Dieu! Dieu de leurs pères! Toi que leur bouche a si souvent nommé! Entends pour eux les larmes de leurs frères! Prions pour eux, nous qu'ils ont tant aimés! Ils t'ont prié pendant leur courte vie, Ils ont souri quand tu les as frappés! Ils ont crié : Que ta main soit bénie! Dieu, tout espoir! les aurais-tu trompés? Et cependant pourquoi ce long silence? Nous auraient-ils oubliés sans retour? N'aiment-ils plus? Ah! ce doute t'offense! Et toi, mon Dieu, n'es-tu pas tout amour? Mais, s'ils parlaient à l'ami qui les pleure, S'ils nous disaient comment ils sont heureux, De tes desseins nous devancerions l'heure, Avant ton jour nous volerions vers eux. Où vivent-ils? Quel astre, à leur paupière Répand un jour plus durable et plus doux? Vont-ils peupler ces îles de lumière? Ou planent-ils entre le ciel et nous? Sont-ils noyés dans l'éternelle flamme? Ont-ils perdu ces doux noms d'ici-bas, Ces noms de soeur et d'amante et de femme? A ces appels ne répondront-ils pas? Non, non, mon Dieu, si la céleste gloire Leur eût ravi tout souvenir humain, Tu nous aurais enlevé leur mémoire; Nos pleurs sur eux couleraient-ils en vain? Ah! dans ton sein que leur âme se noie! Mais garde-nous nos places dans leur coeur; Eux qui jadis ont goûté notre joie, Pouvons-nous être heureux sans leur bonheur? Etends sur eux la main de ta clémence, Ils ont péché; mais le ciel est un don! Ils ont souffert; c'est une autre innocence! Ils ont aimé; c'est le sceau du pardon! Ils furent ce que nous sommes, Poussière, jouet du vent! Fragiles comme des hommes, Faibles comme le néant! Si leurs pieds souvent glissèrent, Si leurs lèvres transgressèrent Quelque lettre de ta loi, Ô Père! ô Juge suprême! Ah! ne les vois pas eux-même, Ne regarde en eux que toi! Si tu scrutes la poussière, Elle s'enfuit à ta voix! Si tu touches la lumière, Elle ternira tes doigts! Si ton oeil divin les sonde, Les colonnes de ce monde l’anima nostra si divide in due parti, e la migliore appartiene all’avello! Dio del perdono! Dio dei padri! Dio loro! Tu, dalla lor bocca sì spesso invocato, senti le lacrime dei fratelli per loro! Preghiam per loro, ci hanno tanto amati! Nella breve vita loro ti pregarono, hanno sorriso quando li hai colpiti! Hanno gridato: Benedetta la tua mano! Dio di speranza! Li avresti traditi? E allora perché quel silenzio sì grande? Ci avrebbero scordati così senza esitare? Non amavano più? Questo dubbio ti offende! E tu, mio Dio, non sei pieno d’amore? Se all’amico rivolgendosi in pianto, dicessero quanto son beati in quest’ore, affretteremmo il fatale momento, prima del termine voleremmo da loro. Dove vivono? Che stella al loro sguardo dona un chiarore più durevole e dolce? Vanno a popolare quell’isole di luce? O vanno fra cielo e uomini planando? Sono annegati nella fiamma eterna? Hanno perduto i dolci nomi di quaggiù, di sorella, di amante e di donna? A questi nomi non rispondono più? No, no, mio Dio, se la celeste gloria li avesse privati di ogni ricordo umano, ci avresti privati della loro memoria; il nostro pianto per loro è vano? Che anneghino la anima nel tuo seno! Ma un posto nel loro cuore conservaci, loro che un dì la nostra gioia gustarono, senza la loro gioia saremmo noi felici? Su loro stendi una mano di clemenza, hanno peccato, ma il cielo è un dono! Hanno sofferto, è un’altra innocenza! Hanno amato, è il sigillo del perdono! Ciò che noi siamo essi lo furono, giocattoli al vento, polvere! Fragili come ogni umano, deboli come il non-essere! Se i loro piedi inciamparono, le labbra trasgredirono in qualche lettera della tua legge, o Padre! O sommo giudice! Non guardare loro stessi, guarda te solo in essi! Fuggirà alla tua voce, se la polvere scruti e se tocchi la luce, ti macchierai le dita! Se guardi fino in fondo, le colonne del mondo e dei cieli oscilleranno: Et des cieux chancelleront : Si tu dis à l'innocence : Monte et plaide en ma présence! Tes vertus se voileront. Mais toi, Seigneur, tu possèdes Ta propre immortalité! Tout le bonheur que tu cèdes Accroît ta félicité! Tu dis au soleil d'éclore, Et le jour ruisselle encore! Tu dis au temps d'enfanter, Et l'éternité docile, Jetant les siècles par mille, Les répand sans les compter! Les mondes que tu répares Devant toi vont rajeunir, Et jamais tu ne sépares Le passé de l'avenir; Tu vis! et tu vis! les âges, Inégaux pour tes ouvrages, Sont tous égaux sous ta main; Et jamais ta voix ne nomme, Hélas! ces trois mots de l'homme : Hier, aujourd'hui, demain! Ô Père de la nature, Source, abîme de tout bien, Rien à toi ne se mesure, Ah! ne te mesure à rien! Mets, à divine clémence, Mets ton poids dans la balance, Si tu pèses le néant! Triomphe, ô vertu suprême! En te contemplant toi-même, Triomphe en nous pardonnant! L'homme À Lord Byron. Toi, dont le monde encore ignore le vrai nom, Esprit mystérieux, mortel, ange, ou démon, Qui que tu sois, Byron, bon ou fatal génie, J'aime de tes concerts la sauvage harmonie, Comme j'aime le bruit de la foudre et des vents Se mêlant dans l'orage à la voix des torrents ! La nuit est ton séjour, l'horreur est ton domaine : L'aigle, roi des déserts, dédaigne ainsi la plaine Il ne veut, comme toi, que des rocs escarpés Que l'hiver a blanchis, que la foudre a frappés ; Des rivages couverts des débris du naufrage, Ou des champs tout noircis des restes du carnage. Et, tandis que l'oiseau qui chante ses douleurs Bâtit au bord des eaux son nid parmi les fleurs, Lui, des sommets d'Athos franchit l'horrible cime, Suspend aux flancs des monts son aire sur l'abîme, Et là, seul, entouré de membres palpitants, De rochers d'un sang noir sans cesse dégouttants, Trouvant sa volupté dans les cris de sa proie, se dici all’innocenza: alzati e perora in mia presenza! Le virtù si veleranno. Ma, Signore, tu possiedi la tua stessa immortalità! Ogni gioia che ci concedi ti accresce la felicità! Tu dici di sorgere all’aurora e la luce risplende ancora! Tu dici al tempo che generi, e l’eternità arrendevole produce secoli a mille, e li diffonde innumeri! I mondi che tu ripari sanno ringiovanire e mai tu non separi il passato e l’avvenire; tu vivi e vivi! E le ere diseguali per le opere, sono eguali nelle tue mani; non è mai che tu nomini le tre parole degli uomini: ieri, oggi e domani! O Padre della natura, fonte, abisso di ogni bene, niente con te si misura, non misurarti con niente! Metti, con divina clemenza, metti il piede sulla bilancia, se mai vuoi pesare il niente! Trionfa, o virtù suprema! E contemplando te medesima, trionfa in noi, sii clemente! L’uomo A Lord Byron Tu, di cui il mondo ancora ignora il nome vero, mortale, angelo o demone, spirito pien di mistero, genio buono o fatale, Byron, chiunque tu sia, amo dei tuoi concerti la selvaggia armonia, come amo il rumore del fulmine e dei venti frammisti nella bufera alla voce dei torrenti! La notte è la tua sede, il tuo dominio l’orrore: l’aquila, re dei deserti, disdegna le pianure, come te, cerca solo le scarpate rocciose, dall’inverno innevate, dal fulmine percosse, le rive coperte dai relitti dei naufragi o i campi anneriti dai resti delle stragi. E mentre l’uccello che canta i dolori fabbrica in riva all’acqua il nido in mezzo ai fiori, essa all’orrenda cima giunta dei picchi d’Athos, sospende alle pendici il suo nido sull’abisso e là, da sola, in mezzo a lacerti tremanti, dalle rocce di sangue nero grondanti, trova la voluttà nei gridi delle prede, Bercé par la tempête, il s'endort dans sa joie. Et toi, Byron, semblable à ce brigand des airs, Les cris du désespoir sont tes plus doux concerts. Le mal est ton spectacle, et l'homme est ta victime. Ton oeil, comme Satan, a mesuré l'abîme, Et ton âme, y plongeant loin du jour et de Dieu, A dit à l'espérance un éternel adieu! Comme lui, maintenant, régnant dans les ténèbres, Ton génie invincible éclate en chants funèbres; Il triomphe, et ta voix, sur un mode infernal, Chante l'hymne de gloire au sombre dieu du mal. Mais que sert de lutter contre sa destinée? Elle n'a comme l'oeil qu'un étroit horizon. Ne porte pas plus loin tes yeux ni ta raison : Hors de là tout nous fuit, tout s'éteint, tout s'efface; Dans ce cercle borné Dieu t'a marqué ta place. Comment? pourquoi? qui sait? De ses puissantes mains Il a laissé tomber le monde et les humains, Comme il a dans nos champs répandu la poussière, Ou semé dans les airs la nuit et la lumière; Il le sait, il suffit : l'univers est à lui, Et nous n'avons à nous que le jour d'aujourd'hui! Notre crime est d'être homme et de vouloir connaître : Ignorer et servir, c'est la loi de notre être. Byron, ce mot est dur : longtemps j'en ai douté; Mais pourquoi reculer devant la vérité? Ton titre devant Dieu c'est d'être son ouvrage! De sentir, d'adorer ton divin esclavage; Dans l'ordre universel, faible atome emporté, D'unir à tes desseins ta libre volonté, D'avoir été conçu par son intelligence, De le glorifier par ta seule existence! Voilà, voilà ton sort. Ah! loin de l'accuser, Baise plutôt le joug que tu voudrais briser; Descends du rang des dieux qu'usurpait ton audace; Tout est bien, tout est bon, tout est grand à sa place; Aux regards de celui qui fit l'immensité, L'insecte vaut un monde : ils ont autant coûté! Mais cette loi, dis-tu, révolte ta justice; Elle n'est à tes yeux qu'un bizarre caprice, Un piège où la raison trébuche à chaque pas. Confessons-la, Byron, et ne la jugeons pas! Comme toi, ma raison en ténèbres abonde, Et ce n'est pas à moi de t'expliquer le monde. Que celui qui l'a fait t'explique l'univers! Plus je sonde l'abîme, hélas! plus je m'y perds. Ici-bas, la douleur à la douleur s'enchaîne. Le jour succède au jour, et la peine à la peine. Borné dans sa nature, infini dans ses voeux, L'homme est un dieu tombé qui se souvient des cieux; Soit que déshérité de son antique gloire, De ses destins perdus il garde la mémoire; Soit que de ses désirs l'immense profondeur Lui présage de loin sa future grandeur : Imparfait ou déchu, l'homme est le grand mystère. Dans la prison des sens enchaîné sur la terre, Esclave, il sent un coeur né pour la liberté; Malheureux, il aspire à la félicité; Il veut aimer toujours, ce qu'il aime est fragile! Tout mortel est semblable à l'exilé d'Eden : cullata dalle tempeste, godendo al sonno cede. E tu, Byron, somigli al gigante dei cieli, per te i gridi disperati sono i canti più belli. Il male è la tua scena e l’uomo la tua vittima. Come Satana, il tuo sguardo misura l’anima e l’abisso, affondando, via dal giorno e da Dio, e dando alla speranza il suo eterno addio! Adesso, come lui regnando nelle tenebre, il tuo genio invincibile esplode in canto funebre; trionfa e la tua voce, in un tono infernale, canta l’inno di gloria al grigio dio del male. Ma a che serve lottare contro la propria sorte? Esso, simile all’occhio, ha visioni distorte. Non spingere più oltre lo sguardo e la ragione: oltre là tutto sfugge, si spegne, è cancellato; è in questo angusto cerchio che Dio ti ha relegato. Come? Perché? Chissà? Dalle possenti mani Lui ha fatto cadere sia il mondo che gli umani, come nei nostri campi ha diffuso la polvere o seminato la notte e la luce nell’etere; Lui lo sa, e ciò basta: il mondo è in suo possesso, a noi non appartiene che l’oggi e nulla appresso! È delitto esser uomo e voler conoscenza: ignorare e servire è la nostra vera essenza. Byron, il motto è duro: ne ho a lungo dubitato; ma perché mai recedere se col vero confrontato? Dinanzi a Dio il tuo titolo è di esser sua creatura! Di sentire, adorare la divina dittatura; nell’ordine cosmico, fragile atomo sparuto, di unire ai suoi disegni il tuo libero arbitrio, d’esser stato concepito dalla sua intelligenza, di rendergli gloria con la tua sola esistenza! Eccola la tua sorte. Ah! lungi dall’accusarlo, bacia piuttosto il giogo invece di spezzarlo; rinuncia all’audacia che usurpava l’alta sede; è tutto bene, buono, tutto al suo posto è grande; allo sguardo di colui che creò l’universo, l’insetto vale un mondo: lo sforzo fu lo stesso! Ma questa legge, dici, è giustizia a rovescio, per te questo non è che un bizzarro capriccio, una trappola in cui la ragione vacilla. Confessiamola, Byron, ma senza giudicarla! La mia mente, come te, abbonda di mistero, però non tocca a me spiegare il mondo intero. Che tocchi a chi l’ha fatto spiegare l’universo! Più sondo quest’abisso, più mi ci sento perso. Quaggiù da noi il dolore al dolor s’incatena. Al giorno segue il giorno, alla pena la pena. Chiuso nella tua essenza, con i tuoi mille piani, uomo sei un dio caduto che del ciel ti sovvieni; sia che diseredato della tua antica gloria, dei tuoi destini persi tu serbi la memoria; sia che dei desideri la gran sconfinatezza ti presagisca qualche tua futura grandezza: imperfetto e caduto, l’uomo un mistero serra nella prigion dei sensi incatenato a terra, schiavo, si sente un cuore nato alla libertà; infelice, egli aspira alla felicità; vuol sempre amare, e ciò che ama è fragile! Ogni mortale è simile al cacciato dall’Eden: Lorsque Dieu l'eut banni du céleste jardin, Mesurant d'un regard les fatales limites, Il s'assit en pleurant aux portes interdites. Il entendit de loin dans le divin séjour L'harmonieux soupir de l'éternel amour, Les accents du bonheur, les saints concerts des anges Qui, dans le sein de Dieu, célébraient ses louanges; Et, s'arrachant du ciel dans un pénible effort, Son oeil avec effroi retomba sur son sort. Malheur à qui du fond de l'exil de la vie Entendit ces concerts d'un monde qu'il envie! Du nectar idéal sitôt qu'elle a goûté, La nature répugne à la réalité : Dans le sein du possible en songe elle s'élance; Le réel est étroit, le possible est immense; L'âme avec ses désirs s'y bâtit un séjour, Où l'on puise à jamais la science et l'amour; L'homme, altéré toujours, toujours se désaltère; Et, de songes si beaux enivrants son sommeil, Ne se reconnaît plus au moment du réveil. Hélas! tel fut ton sort, telle est ma destinée. J'ai vidé comme toi la coupe empoisonnée; Mes yeux, comme les tiens, sans voir se sont ouverts; J'ai cherché vainement le mot de l'univers. J'ai demandé sa cause à toute la nature, J'ai demandé sa fin à toute créature; Dans l'abîme sans fond mon regard a plongé; De l'atome au soleil, j'ai tout interrogé; J'ai devancé les temps, j'ai remonté les âges. Tantôt passant les mers pour écouter les sages, Mais le monde à l'orgueil est un livre fermé! Tantôt, pour deviner le monde inanimé, Fuyant avec mon âme au sein de la nature, J'ai cru trouver un sens à cette langue obscure. J'étudiai la loi par qui roulent les cieux : Dans leurs brillants déserts Newton guida mes yeux, Des empires détruits je méditai la cendre : Dans ses sacrés tombeaux Rome m'a vu descendre; Des mânes les plus saints troublant le froid repos, J'ai pesé dans mes mains la cendre des héros. J'allais redemander à leur vaine poussière Cette immortalité que tout mortel espère! Que dis-je? suspendu sur le lit des mourants, Mes regards la cherchaient dans des yeux expirants; Sur ces sommets noircis par d'éternels nuages, Sur ces flots sillonnés par d'éternels orages, J'appelais, je bravais le choc des éléments. Semblable à la sybille en ses emportements, J'ai cru que la nature en ces rares spectacles Laissait tomber pour nous quelqu'un de ses oracles; J'aimais à m'enfoncer dans ces sombres horreurs. Mais en vain dans son calme, en vain dans ses fureurs, Cherchant ce grand secret sans pouvoir le surprendre, J'ai vu partout un Dieu sans jamais le comprendre! J'ai vu le bien, le mal, sans choix et sans dessein, Tomber comme au hasard, échappés de son sein; Mes yeux dans l'univers n'ont vu qu'un grand peut-être, J'ai blasphémé ce Dieu, ne pouvant le connaître; Et ma voix, se brisant contre ce ciel d'airain, N'a pas même eu l'honneur d'arrêter le destin. quando Dio lo ha bandito dal celeste giardino, misurando con l’occhio i destini limitati, si sedette piangendo sui portali vietati. Da lontano sentiva nel divino soggiorno l’armonioso sospiro dell’amore eterno, gli accenti di delizia, gli angelici canti, in seno a Dio, di Dio le lodi celebranti; strappatosi dal cielo con gran sforzo penoso cadde il suo sguardo sopra un destino spaventoso. Infelice chi dal fondo della vita esiliato sentì quei concerti di un mondo invidiato! Appena gustato di quel nettare ideale, la natura prova subito disgusto del reale: si lancia nel mondo del possibile sognato; il reale è angusto, il possibile sterminato; l’anima coi sogni vi si crea delle dimore, donde si attinge sempre la scienza e l’amore; l’uomo, sempre assetato, sempre vi si disseta e inebria il suo sonno di sogni così belli, che non si riconosce più nei suoi risvegli. Ahimè! Tal fu tua sorte e tale è il mio destino. Come te io svuotai la coppa del veleno; gli occhi miei come i tuoi si apriron senza vedere; il verbo dell’universo volli invano cercare. Domandai le sue cause a tutta la natura, domandai il suo fine ad ogni creatura; il mio sguardo è sceso nell’abisso senza fondo; dall’atomo al sole, ho interrogato il mondo; ho anticipato i tempi, son risalito al passato, per ascoltare i saggi i mari ho traversato, ma il mondo, per l’orgoglio, è un libro sigillato! Talvolta, indagando il mondo inanimato, con l’anima rifugiata in seno alla natura, credei trovare un senso a quella lingua oscura. Studiai tutte le leggi di quei cieli ruotanti: Newton guidò i miei occhi su deserti brillanti, degl’imperi distrutti meditai sulla cenere: nelle sue sacre tombe Roma mi vide scendere; turbando anche il riposo dei più sacri dei mani la cenere degli eroi soppesai con le mani. Stavo chiedendo ancora a una polvere vana quella immortalità che ogni mortale agogna! Ma che dico? sospeso sul letto dei morenti, il mio sguardo la cercava in degli occhi spiranti; sulle vette oscurate dalle nuvole eterne, sui flutti sferzati da tempeste sempiterne, invocavo, sfidavo l’urto degli elementi. Simile alla sibilla nei suoi comportamenti, ho creduto che la natura in quei rari spettacoli pronunciasse per noi qualcuno dei suoi oracoli; mi piaceva infilarmi in questi orridi oscuri. Ma invano nella sua calma, invano nei suoi furori, cercai quel gran segreto, non lo potei carpire, ovunque ho visto un Dio che mai seppi capire! Ho visto il bene, il male, senza scelta e disegno, cadere come un caso, sfuggito dal suo seno; i miei occhi nel cosmo videro solo un forse, quel Dio l’ho bestemmiato senza saper chi fosse e la mia voce rotta contro il cielo di rame non ebbe mai l’onore di bloccare le trame Mais, un jour que, plongé dans ma propre infortune, J'avais lassé le ciel d'une plainte importune, Une clarté d'en haut dans mon sein descendit, Me tenta de bénir ce que j'avais maudit, Et, cédant sans combattre au souffle qui m'inspire, L'hymne de la raison s'élança de ma lyre. – "Gloire à toi, dans les temps et dans l'éternité! Eternelle raison, suprême volonté! Toi, dont l'immensité reconnaît la présence! Toi, dont chaque matin annonce l'existence! Ton souffle créateur s'est abaissé sur moi; Celui qui n'était pas a paru devant toi! J'ai reconnu ta voix avant de me connaître, Je me suis élancé jusqu'aux portes de l'être : Me voici! le néant te salue en naissant; Me voici! mais que suis-je? un atome pensant! Qui peut entre nous deux mesurer la distance? Moi, qui respire en toi ma rapide existence, A l'insu de moi-même à ton gré façonné, Que me dois-tu, Seigneur, quand je ne suis pas né? Rien avant, rien après : Gloire à la fin suprême : Qui tira tout de soi se doit tout à soi-même! Jouis, grand artisan, de l'oeuvre de tes mains : Je suis, pour accomplir tes ordres souverains, Dispose, ordonne, agis; dans les temps, dans l'espace, Marque-moi pour ta gloire et mon jour et ma place; Mon être, sans se plaindre, et sans t'interroger, De soi-même, en silence, accourra s'y ranger. Comme ces globes d'or qui dans les champs du vide Suivent avec amour ton ombre qui les guide, Noyé dans la lumière, ou perdu dans la nuit, Je marcherai comme eux où ton doigt me conduit; Soit choisi par toi pour éclairer les mondes, Réfléchissant sur eux les feux dont tu m'inondes, Je m'élance entouré d'esclaves radieux, Et franchisse d'un pas tout l'abîme des cieux; Soit que, me reléguant loin, bien loin de ta vue, Tu ne fasses de moi, créature inconnue, Qu'un atome oublié sur les bords du néant, Ou qu'un grain de poussière emporté par le vent, Glorieux de mon sort, puisqu'il est ton ouvrage, J'irai, j'irai partout te rendre un même hommage, Et, d'un égal amour accomplissant ma loi, Jusqu'aux bords du néant murmurer : Gloire à toi! - "Ni si haut, ni si bas! simple enfant de la terre, Mon sort est un problème, et ma fin un mystère; Je ressemble, Seigneur, au globe de la nuit Qui, dans la route obscure où ton doigt le conduit, Réfléchit d'un côté les clartés éternelles, Et de l'autre est plongé dans les ombres mortelles. L'homme est le point fatal où les deux infinis Par la toute-puissance ont été réunis. A tout autre degré, moins malheureux peut-être, J'eusse été... Mais je suis ce que je devais être, J'adore sans la voir ta suprême raison, Gloire à toi qui m'as fait! Ce que tu fais est bon! - "Cependant, accablé sous le poids de ma chaîne, Du néant au tombeau l'adversité m'entraîne; Je marche dans la nuit par un chemin mauvais, Ignorant d'où je viens, incertain où je vais, del destino. Ma un dì, nelle proprie sfortune, mentre stancavo il cielo con preghiere importune, dall’alto una chiarezza discese nel mio petto, mi spinse a benedire quel che avevo maledetto, e cedendo, ormai inerme, al soffio che m’ispira, l’inno della ragione sgorgò dalla mia lira. - “Sia gloria a te, nel tempo e nell’eternità! Sempiterna ragione, suprema volontà! Tu, di cui l’immenso testimonia la presenza! Tu, di cui il mattino annuncia l’esistenza! Il tuo soffio creatore è sceso su di me: quello che non era, è parso in fronte a te! La tua voce riconobbi prima di conoscere me stesso. Lanciato alle porte dell’essere: eccomi qua! Ti saluta il nulla nascente: eccomi qua! Chi sono? Un atomo pensante! Chi può misurare fra noi due la distanza? Io, che respiro in te la mia breve esistenza, a mia stessa insaputa, a tuo piacer plasmato, che mi devi, Signore, quando non sono nato? Nulla prima, nulla dopo: gloria suprema infine: a se stesso deve tutto chi da sé tutto detiene! Godi, grande artigiano, dell’opra di tua mano: son qui per eseguire un ordine sovrano, disponi, ordina, agisci; nei tempi, nello spazio, indica per tua gloria il mio posto, il mio inizio, l’essere mio, senza piangere, senza interrogarsi, da se stesso, in silenzio, vi correrà a disporsi. Come quei globi d’oro che nello spazio vuoto l’ombra tua che li guida seguono con amore, immerso nella luce o perso nel tenebrore com’essi marcerò dove m’indica il tuo dito; sia che, scelto da te per rischiarare i mondi, riflettendovi i fuochi di cui tu m’inondi, circondato da schiavi radiosi, io, in volo, superi in uno slancio l’abisso del cielo, sia che, allontanato, via da ogni portata, tu non faccia di me, creatura ignorata, che un atomo scordato ai margini del niente o un granello di polvere nel vento mulinante, fiero del mio destino, di cui tu autore sei, ovunque andrò affinché per te gloria si crei e, di un eguale amore svolgendo la mia parte, fino ai bordi del nulla gridando: Gloria a te! - “Né sì alto, né sì basso! Solo un essere terreno, la mia sorte è un problema, la mia fine un arcano; assomiglio, Signore, al globo della notte che, guidato dal tuo dito per oscure rotte, riflette da un lato le chiarità immortali e dall’altro è immerso nelle ombre mortali. L’uomo è il punto fatale dove i due infiniti dall’Onnipotente vennero riuniti. A un diverso grado, sarei stato forse meno sventurato … Ma quel che dovei essere sono, senza vederla adoro la tua alta ragione, gloria a te che mi hai fatto! Quello che fai è bene! - “Tuttavia, soccombendo al peso della catena, dal nulla alla tomba l’avversità mi mena; cammino nella notte su un cattivo sentiero, e non so donde vengo, e non so dove erro, Et je rappelle en vain ma jeunesse écoulée, Comme l'eau du torrent dans sa source troublée. Gloire à toi! Le malheur en naissant m'a choisi; Comme un jouet vivant, ta droite m'a saisi; J'ai mangé dans les pleurs le pain de ma misère, Et m'as abreuvé des eaux de ta colère. Gloire à toi! J'ai crié, tu n'as pas répondu; J'ai jeté sur la terre un regard confondu. J'ai cherché dans le ciel le jour de ta justice; Il s'est levé, Seigneur, et c'est pour mon supplice! Gloire à toi! L'innocence est coupable à tes yeux : Un seul être, du moins, me restait sous les cieux; Toi-même de nos jours avais mêlé la trame, Sa vie était ma vie, et son âme mon âme; Comme un fruit encor vert du rameau détaché, Je l'ai vu de mon sein avant l'âge arraché! Ce coup, que tu voulais me rendre plus terrible La frappa lentement pour m'être plus sensible; Dans ses traits expirants, où je lisais mon sort, J'ai vu lutter ensemble et l'amour et la mort; J'ai vu dans ses regards la flamme de la vie, Sous la main du trépas par degrés assoupie, Se ranimer encore au souffle de l'amour! Je disais chaque jour : Soleil! encore un jour! Semblable au criminel qui, plongé dans les ombres, Et descendu vivant dans les demeures sombres, Près du dernier flambeau qui doive l'éclairer, Se penche sur sa lampe et la voit expirer, Je voulais retenir l'âme qui s'évapore; Dans son dernier regard je la cherchais encore! Ce soupir, ô mon Dieu! dans ton sein s'exhala; Hors du monde avec lui mon espoir s'envola! Pardonne au désespoir un moment de blasphème, J'osai... Je me repens : Gloire au maître suprême! Il fit l'eau pour couler, l'aquilon pour courir, Les soleils pour brûler, et l'homme pour souffrir! - "Que j'ai bien accompli cette loi de mon être! La nature insensible obéit sans connaître; Moi seul, te découvrant sous la nécessité, J'immole avec amour ma propre volonté, Moi seul, je t'obéis avec intelligence; Moi seul, je me complais dans cette obéissance; Je jouis de remplir, en tout temps, en tout lieu, La loi de ma nature et l'ordre de mon Dieu; J'adore en mes destins ta sagesse suprême, J'aime ta volonté dans mes supplices même, Gloire à toi! Gloire à toi! Frappe, anéantis-moi! Tu n'entendras qu'un cri : Gloire à jamais à toi!" Ainsi ma voix monta vers la voûte céleste : Je rendis gloire au ciel, et le ciel fit le reste. Fais silence, ô ma lyre! Et toi, qui dans tes mains Tiens le coeur palpitant des sensibles humains, Byron, viens en tirer des torrents d'harmonie : C'est pour la vérité que Dieu fit le génie. Jette un cri vers le ciel, ô chantre des enfers! Le ciel même aux damnés enviera tes concerts! Peut-être qu'à ta voix, de la vivante flamme Un rayon descendra dans l'ombre de ton âme? Peut-être que ton coeur, ému de saints transports, S'apaisera soi-même à tes propres accords, e mi sovviene invano la giovinezza andata, come acqua di torrente alla fonte intorbata. Gloria a te! La disgrazia nascendo mi ha scelto, come un ninnolo vivo la tua destra mi ha colto; nei pianti ho mangiato il pane della miseria, e mi sono abbeverato all’acqua della collera. Gloria a te! Ho gridato e tu non hai risposto; ho lanciato sulla terra uno sguardo sconvolto. Nei cieli cercai il sole della tua giustizia, si è levato, Signore, è quello che mi strazia! Gloria a te! Gl’innocenti per te sono colpevoli: un solo essere, almeno, mi restava sotto i cieli; tu stesso intrecciasti dei nostri dì la trama, la sua vita era la mia, era mia la sua anima; come un frutto ancor verde dal ramo distaccato, dal mio seno anzi tempo l’ho visto strappato! Quel colpo che volesti rendere più terribile la colse lentamente per rendermi più sensibile; nei suoi tratti spiranti, in cui lessi la mia sorte, ho intravvisto la lotta fra la vita e la morte; ho scorto nel suo sguardo la fiamma della vita, nel peso del trapasso grado a grado assopita, al soffio dell’amore rianimarsi ognora! Ogni giorno dicevo: O Sole! Un giorno ancora! Simile al criminale che immerso nelle ombre che è sceso vivente nell’infime latebre, sull’ultima fiammella che ha per rischiarare, piegato sulla lanterna, la vede dileguare, volevo trattenere l’anima che vapora, nel suo ultimo sguardo io la cercavo ancora! Quel respiro, o mio Dio, nel tuo seno esalava: fuor del mondo con esso la mia speme volava! Perdonami il momento disperato del blasfemo, Osai … Mi pento: Gloria al maestro supremo! Creò l’acqua per scorrere, l’aquilone per correre, il sole per bruciare e l’uomo per soffrire! - “Come ho seguito bene la legge del mio essere! La natura insensibile segue senza conoscere, solo io, scoprendoti in mezzo alla necessità, immolo con amore la mia propria volontà, io solo ti obbedisco con intelligenza, io solo mi compiaccio di questa mia obbedienza; sempre e dovunque sia, io godo di seguire la legge della natura e l’ordine del Signore; nei miei destini adoro il tuo alto giudizio, amo il tuo volere nel mio stesso supplizio, gloria a te! Gloria a te! Colpisci e annienta me! Non udrai altro grido: Gloria perpetua a te!” Così salì la voce alla volta celeste: cantai la gloria al cielo e il cielo fece il resto. Taci adesso, o mia lira! E tu che fra le mani tieni il cuore fremente dei sensibili umani, Byron, vieni qui a sciogliere torrenti di armonia: è per la verità che creò il genio Dio. Getta tu un grido al cielo, cantore degl’inferni! Il cielo anche ai dannati invierà i tuoi inni! Forse al tuo canto, dalla vivace fiamma un raggio ti scenderà nel buio dell’anima? Mosso da santi aneliti, forse il tuo stesso cuore, ai tuoi accordi stessi avrà pace lui pure, Et qu'un éclair d'en haut perçant ta nuit profonde, Tu verseras sur nous la clarté qui t'inonde? Ah! si jamais ton luth, amolli par tes pleurs, Soupirait sous tes doigts l'hymne de tes douleurs, Ou si, du sein profond des ombres éternelles, Comme un ange tombé, tu secouais tes ailes, Et prenant vers le jour un lumineux essor, Parmi les choeurs sacrés tu t'asseyais encor; Jamais, jamais l'écho de la céleste voûte, Jamais ces harpes d'or que Dieu lui-même écoute, Jamais des séraphins les choeurs mélodieux, De plus divins accords n'auront ravi les cieux! Courage! enfant déchu d'une race divine! Tu portes sur ton front ta superbe origine! Tout homme en te voyant reconnaît dans tes yeux Un rayon éclipsé de la splendeur des cieux! Roi des chants immortels, reconnais-toi toi-même! Laisse aux fils de la nuit le doute et le blasphème; Dédaigne un faux encens qu'on offre de si bas, La gloire ne peut être où la vertu n'est pas. Viens reprendre ton rang dans ta splendeur première, Parmi ces purs enfants de gloire et de lumière, Que d'un souffle choisi Dieu voulut animer, Et qu'il fit pour chanter, pour croire et pour aimer! e un lampo squarciando la tua notte profonda spanderà su di noi la luce che t’inonda? Ah! Se mai il tuo liuto, commosso dal pianto, dal tuo tocco levasse delle tue pene il canto o, dal profondo seno dell’ombre immortali, come un angelo caduto, tu agitassi le ali, e spiccando verso il sole un luminoso volo, dei sacri cori tu raggiungessi lo stuolo, mai, giammai l’eco della celeste volta, giammai le arpe d’oro che Dio stesso ascolta, giammai quei melodiosi cori dei serafini avran rapito i cieli di accordi più divini! Suvvia! Figlio caduto di divina progenie! Tu porti sulla fronte la tua superba origine! Nei tuoi occhi ogni uomo che ti abbia guardato scorge dei cieli splendidi un raggio eclissato! Re dei canti immortali, ravvisa te medesimo! Lascia ai figli della notte il dubbio del blasfemo; disdegna il falso incenso offerto di quaggiù, non ci può esser gloria dove non c’è virtù. Prendi nel tuo splendore il rango che ti si addice, fra quei genuini figli di gloria e di luce, che Dio con il suo soffio ha voluto animare, creati per cantare, per credere ed amare! A Elvire A Elvire Oui, l'Anio murmure encore Le doux nom de Cynthie aux rochers de Tibur, Vaucluse a retenu le nom chéri de Laure, Et Ferrare au siècle futur Murmurera toujours celui d'Eléonore! Heureuse la beauté que le poète adore! Heureux le nom qu'il a chanté! Toi, qu'en secret son culte honore, Tu peux, tu peux mourir! dans la postérité Il lègue à ce qu'il aime une éternelle vie, Et l'amante et l'amant sur l'aile du génie Montent, d'un vol égal, à l'immortalité! Ah! si mon frêle esquif, battu par la tempête, Grâce à des vents plus doux, pouvait surgir au port? Si des soleils plus beaux se levaient sur ma tête? Si les pleurs d'une amante, attendrissant le sort, Ecartaient de mon front les ombres de la mort? Peut-être?..., oui, pardonne, ô maître de la lyre! Peut-être j'oserais, et que n'ose un amant? Egaler mon audace à l'amour qui m'inspire, Et, dans des chants rivaux célébrant mon délire, De notre amour aussi laisser un monument! Ainsi le voyageur qui dans son court passage Se repose un moment à l'abri du vallon, Sur l'arbre hospitalier dont il goûta l'ombrage Avant que de partir, aime à graver son nom! Vois-tu comme tout change ou meurt dans la nature? La terre perd ses fruits, les forêts leur parure; Le fleuve perd son onde au vaste sein des mers; Par un souffle des vents la prairie est fanée, Et le char de l'automne, au penchant de l'année, Roule, déjà poussé par la main des hivers! Sì, l’Aniene sta mormorando ancora il dolce nome di Cinzia alle rocce del Tevere, Valchiusa conserva il caro nome di Laura e Ferrara, nei secoli, alle genti future mormorerà sempre il nome di Eleonora! Felice la bellezza che il poeta adora! Felice il nome che lui ha cantato! Tu, che in segreto il suo culto onora, tu puoi, tu puoi morir! Ai posteri ha legato la vita eterna a tutto ciò che ama, e lui e lei, amanti, sull’ala della fama salgon di un volo eguale all’immortalità! Se il mio fragile scafo, battuto dalla tempesta, grazie a venti più dolci, potesse entrare in porto? Se dei soli più belli si alzassero sulla mia testa? Se i pianti di un’amante, addolcendo la sorte, scacciassero dalla mia fronte le ombre della morte? Forse? … sì, perdonami, maestro della lira! Forse oserei, e cosa non sa osare un amante? eguagliar la mia audacia all’amor cui m’ispiro, e, con canti rivali celebranti il mio delirio, lasciar anche del nostro amore un monumento! Così il viaggiatore, che nel breve passaggio si riposa un momento del vallone al riparo, sull’albero del quale ha goduto il meriggio ama incidere il nome, poi riprende il sentiero! Vedi che tutto cambia o muore nella natura? La terra perde i frutti, la foresta la parure; il fiume perde l’onda nel seno ampio del mare; un soffio di vento la prateria ha seccata, e il carro dell’autunno, al volger dell’annata, giù rotola, già spinto dalla mano invernale! Comme un géant armé d'un glaive inévitable, Atteignant au hasard tous les êtres divers, Le temps avec la mort, d'un vol infatigable Renouvelle en fuyant ce mobile univers! Dans l'éternel oubli tombe ce qu'il moissonne : Tel un rapide été voit tomber sa couronne Dans la corbeille des glaneurs! Tel un pampre jauni voit la féconde automne Livrer ses fruits dorés au char des vendangeurs! Vous tomberez ainsi, courtes fleurs de la vie! Jeunesse, amour, plaisir, fugitive beauté! Beauté, présent d'un jour que le ciel nous envie, Ainsi vous tomberez, si la main du génie Ne vous rend l'immortalité! Vois d'un oeil de pitié la vulgaire jeunesse, Brillante de beauté, s'enivrant de plaisir! Quand elle aura tari sa coupe enchanteresse, Que restera-t-il d'elle? à peine un souvenir : Le tombeau qui l'attend l'engloutit tout entière, Un silence éternel succède à ses amours; Mais les siècles auront passé sur ta poussière, Elvire, et tu vivras toujours! Come un gigante armato di clava inevitabile che colpisce qua e là ogni essere diverso, il tempo con la morte, a volo infaticabile, fuggendo via rinnova questo mobile universo! In un eterno oblio cade quel che lui miete: come la sua corona vede una breve estate cadere nella cesta dei raccoglitori! Così il ferace autunno la vigna gialla vede dare i frutti dorati ai suoi vendemmiatori! Così cadrete, o fiori che la vita ci concede! Gioventù, amore, gioia, bellezza di un giorno! Bellezza fuggitiva dal cielo invidiata, voi cadrete così, se la mano del genio questa vostra vita non avrà immortalata! Mira la gioventù con pietoso sguardo, splendida di bellezza, inebriarsi di gioia! Quando avrà svuotato la sua coppa di magia che resterà di lei? Forse appena un ricordo: la tomba che la inghiotte sta ad attendere, ai suoi amori silenzio eterno seguirà, ma i secoli passeranno sulla tua polvere, Elvire, e ancora il tuo nome vivrà! Le soir Le soir ramène le silence. Assis sur ces rochers déserts, Je suis dans le vague des airs Le char de la nuit qui s’avance. Vénus se lève à l’horizon ; A mes pieds l’étoile amoureuse De sa lueur mystérieuse Blanchit les tapis de gazon. De ce hêtre au feuillage sombre J’entends frissonner les rameaux : On dirait autour des tombeaux Qu’on entend voltiger une ombre. Tout à coup détaché des cieux, Un rayon de l’astre nocturne, Glissant sur mon front taciturne, Vient mollement toucher mes yeux. Doux reflet d’un globe de flamme, Charmant rayon, que me veux-tu ? Viens-tu dans mon sein abattu Porter la lumière à mon âme ? Descends-tu pour me révéler Des mondes le divin mystère ? Ces secrets cachés dans la sphère Où le jour va te rappeler ? Une secrète intelligence T’adresse-t-elle aux malheureux ? Viens-tu la nuit briller sur eux Comme un rayon de l’espérance ? Viens-tu dévoiler l’avenir Au vœux fatigué qui t’implore ? Rayon divin, es-tu l’aurore Du jour qui ne doit pas finir ? Mon vœux à ta clarté s’enflamme, Je sens des transports inconnus, La sera Riporta il silenzio la sera. Seduto su rocce deserte, seguo il carro della notte che avanza nel vuoto dell’aria. All’orizzonte Venere sorge, ai piedi miei l’astro amoroso del suo bagliore misterioso i tappeti d’erba cosparge. Di quel faggio dalle foglie nere odo le fronde che fremono: si direbbe di sentire intorno alle tombe un’ombra alitare. A un tratto dai cieli si stacca, un raggio dell’astro notturno, la fronte mi sfiora taciturno, i miei occhi mollemente tocca. Dolce riflesso di un globo di fiamma, amabile raggio, che cerchi da me? Nel seno mesto tu vieni come a portare la luce nell’anima? Sei sceso per me a rivelare dei mondi il divino segreto? Il mistero nella sfera celato in cui il giorno ti va a ricordare? Una segreta intelligenza in cerca d’infelici ti mette? Vieni a brillare su loro di notte come un raggio della speranza? Vieni a svelare l’avvenire al desiderio stanco che t’implora? Raggio divino, sei tu l’aurora del giorno che non deve finire? La mia speranza al tuo lume s’infiamma, provo dei trasporti sconosciuti, Je songe à ceux qui ne sont plus : Douce lumière, es-tu leur âme ? Peut-être ces mânes heureux Glissent ainsi sur le bocage ? Enveloppé de leur image, Je crois me sentir plus près d’eux ! Ah ! Si c’est vous, ombres chéries ! Loin de la foule et loin du bruit, Revenez ainsi chaque nuit Vous mêler à mes rêveries. Ramenez la paix et l’amour Au sein de mon âme épuisée, Comme la nocturne rosée Qui tombe après les feux du jour. Venez !... mais des vapeurs funèbres Montent des bords de l’horizon : Elles voilent le doux rayon, Et tout rentre dans les ténèbres. penso a quelli che son deceduti: dolce luce sei tu la loro anima? Forse che questi felici mani scivolano così sul boschetto? E io, avvinto dal loro aspetto, credo di sentirli più vicini! Ah! Se siete voi, ombre care! Lontano dalla folla e dal chiasso, volgete a me ogni notte il passo mischiatevi al mio fantasticare. Riportate la pace e l’amore nell’anima mia estenuata, come la notturna brinata che cade dopo un giorno di calore. Venite! … ma un vapore funebre sale dai bordi dell’orizzonte: oscura quel raggio carezzante e tutto rientra nelle tenebre. Tristesse Ramenez-moi, disais-je, au fortuné rivage Où Naples réfléchit dans une mer d’azur Ses palais, ses coteaux, ses astres sans nuage, Où l’oranger fleurit sous un ciel toujours pur. Que tardez-vous ? Partons ! je veux revoir encore Le Vésuve enflammé sortant du sein des eaux ; Je veux de ses hauteurs voir se lever l’aurore ; Je veux, guidant les pas de celle que j’adore, Redescendre, en rêvant, de ces riants coteaux ; Suis-moi dans les détours de ce golfe tranquille ; Retournons sur ces bords à nos pas si connus, Aux jardins de Cinthie, au tombeau de Virgile, Près des débris épars du temple de Vénus : Là, sous les orangers, sous la vigne fleurie, Dont le pampre flexible au myrte se marie, Et tresse sur ta tête une voûte de fleurs, Au doux bruit de la vague ou du vent qui murmure, Seuls avec notre amour, seuls avec la nature, La vie et la lumière auront plus de douceurs. Tristezza Riportami, dicevo, sulla riva fertile dove Napoli riflette in un mare azzurro i palazzi, le coste, gli astri senza nuvole, e l’arancio fiorisce sotto un cielo sempre puro. Cosa aspetti? Partiamo! Voglio vedere ancora il Vesuvio infuocato uscir dal sen dell’onda; osservare dall’alto lo spuntar dell’aurora; voglio guidare i passi della mia veneranda, ridiscender, sognando, dai dirupi gioiosi; seguimi nei tornanti di quel golfo tranquillo; raggiungiamo le rive ben note ai nostri passi, i giardini di Cinzia, la tomba di Virgilio, presso i frantumi sparsi del tempio di Venere: là, sotto gli aranceti e la vigna fiorita, col tralcio flessuoso che al mirto si marita, tessendo sul tuo capo tutt’una volta in fiore, al dolce suon dell’onda o al mormorar del vento, soli col nostro amore, soli con la natura, la vita e la luce avranno allor più incanto. De mes jours pâlissants le flambeau se consume, Il s’éteint par degrés au souffle du malheur, Ou, s’il jette parfois une faible lueur, C’est quand ton souvenir dans mon sein le rallume ; Je ne sais si les dieux me permettront enfin D’achever ici-bas ma pénible journée. Mon horizon se borne, et mon vœux incertain Ose l’étendre à peine au-delà d’une année. Mais s’il faut périr au matin, S’il faut, sur une terre au bonheur destinée, Laisser échapper de ma main Cette coupe que le destin Semblait avoir pour moi de roses couronnée, Je ne demande aux dieux que de guider mes pas Jusqu’aux bords qu’embellit ta mémoire chérie, De saluer de loin ces fortunés climats, Et de mourir aux lieux où j’ai goûté la vie. Dei pallidi miei giorni la fiamma si consuma e si spegne via via al soffio delle sventure, o, se talvolta getta un pallido chiarore, è quando il tuo ricordo si riaccende nell’anima; io non so se gli dei mi avranno infine offerto di chiudere quaggiù la mia triste giornata. L’orizzonte si sbarra, e il desiderio incerto osa estenderlo appena alla fine dell’annata. Ma se devo morir nell’ora del mattino, se devo su una terra alla gioia destinata lasciarmi sfuggire di mano questa mia coppa che pareva il destino l’avesse per me di rose coronata, chiedo solo agli dei di guidare i miei passi alla riva, dal tuo caro ricordo abbellita, di salutar da lungi quei climi rigogliosi e morire nei luoghi dove gustai la vita. Il lago Le lac Ainsi, toujours poussés vers de nouveaux rivages, Dans la nuit éternelle emportés sans retour, Ne pourrons-nous jamais sur l’océan des âges Jeter l’ancre un seul jour ? O lac ! L’année à peine a fini sa carrière, Et près des flots chéris qu’elle devait revoir, Regarde ! Je viens seul m’asseoir sur cette pierre Où tu la vis s’asseoir ! Tu mugissais ainsi sous ces roches profondes ; Ainsi tu te brisais sur leurs flancs déchirés ; Ainsi le vent jetait l’écume de tes ondes Sur ses pieds adorés. Un soir, t’en souvient-il ? Nous voguions en silence, On n’entendait au loin, sur l’onde et sous les cieux, Que le bruit des rameurs qui frappaient en cadence Tes flots harmonieux. Tout à coup des accents inconnus à la terre Du rivage charmé frappèrent les échos ; Le flot fut attentif, et la voix qui m’est chère Laissa tomber ces mots : « O temps, suspends ton vol ! et vous, heures propices Suspendez votre cours : Laissez-nous savourer les rapides délices Des plus beaux de nos jours ! « Assez de malheureux ici-bas vous implorent, Coulez, coulez pour eux ; Prenez avec leurs jours les soins qui les dévorent, Oubliez les heureux. « Mais je demande en vain quelques moments encore, Le temps m’échappe et fuit ; Je dis à cette nuit : Sois plus lente ; et l’aurore Va dissiper la nuit. « Aimons donc, aimons donc ! De l’heure fugitive, Hâtons-nous, jouissons ! L’homme n’a point de port, le temps n’a point de rive ; Il coule, et nous passons ! » Temps jaloux, se peut-il que ces moments d’ivresse, Où l’amour à longs flots nous verse le bonheur, S’envolent loin de nous de la même vitesse Que les jours de malheur ? Eh quoi ! N’en pourrons-nous fixer au moins la trace ? Quoi ! Passés pour jamais ? Quoi ! Tout entiers perdus ? Ce temps qui les donna, ce temps qui les efface, Così, sempre sospinti verso nuove sponde, trascinati nella notte eterna senza ritorno, sul mare delle età potremo mai nell’onde gettar l’ancora un sol giorno? O lago! L’anno ha finito appena il suo corso e accanto alle care onde che doveva rivedere, guarda! Vengo io solo a sedermi sul sasso su cui la vedesti sedere! Tu muggivi così sotto rocce profonde, così ti frantumavi ai lor fianchi sbrecciati, così il vento gettava la schiuma dalle onde sui suoi piedi adorati. Una sera - ricordi?- vogando silenziosi, si sentiva sull’onda, sotto il cielo, lontano, il rumore dei remi che i tuoi flutti armoniosi in cadenza battevano. Gli echi di accenti sconosciuti alla terra a un tratto colpirono l’incantato arenile; l’onda fu attenta e la voce che mi è cara emise siffatte parole: “Tempo, sospendi il volo! e voi ore propizie sospendete i vostri cammini: fateci assaporare le fugaci delizie dei più belli dei nostri giorni! “Son tanti gl’infelici che quaggiù v’implorano, per loro scorrete, precipitate; prendete coi lor giorni le cure che li divorano, e i felici dimenticate. “Ma chiedo invano qualche momento ancora, il tempo mi sfugge e corre; io dico a questa notte: sii più lenta e l’aurora sta già per dissipare la notte. “Amiamo dunque, amiamo! Dell’ora fuggitiva in gran fretta godiamo! L’uomo non ha porti, il tempo non ha riva; lui scorre e noi passiamo!” Tempo geloso, forse i momenti di ebbrezza, quando ci versa amore a gran fiotti il piacere, potranno abbandonarci alla velocità stessa dei giorni di dolore? Ma come! Almeno non ne potremmo fissare la traccia? Come! Persi, passati per l’eternità? Quel tempo che ce li dona, e li può cancellare, più non ce li ridarà? Ne nous les rendra plus? Éternité, néant, passé, sombres abîmes, Que faites-vous des jours que vous engloutissez ? Parlez : nous rendrez-vous ces extases sublimes Que vous nous ravissez ? O lac ! Rochers muets ! Grottes ! Forêt obscure ! Vous, que le temps épargne ou qu’il peut rajeunir, Gardez de cette nuit, gardez, belle nature, Au moins le souvenir ! Qu’il soit dans ton repos, qu’il soit dans tes orages, Beau lac, et dans l’aspect de tes riants coteaux, Et dans ces noirs sapins, et dans ces rocs sauvages Qui pendent sur tes eaux. Qu’il soit dans le zéphyr qui frémit et qui passe, Dans les bruits de tes bords par tes bords répétés, Dans l’astre au front d’argent qui blanchit ta surface De ses molles clartés. Que le vent qui gémit, le roseau qui soupire Que les parfums légers de ton air embaumé, Que tout ce qu’on entend, l’on voit ou l’on respire, Tout dise : Ils ont aimé ! Eternità, niente, passato, abissi infimi, che ne fate dei giorni che inghiottite? Parlate: ci ridarete quelle estasi sublimi che ci rapite? O lago! Rocce mute! Grotte! Foresta scura! Voi, che il tempo risparmia o può ringiovanire, serbate di questa notte, serbate, bella natura, per lo meno il ricordo! Che sia nella tua calma, sia nelle tempeste, bel lago, e nell’aspetto delle rive ridenti, e in quegli abeti neri, quelle selvagge coste sulle acque sovrastanti. Che sia nello zeffiro che freme trascorrendo, nel brusio delle rive dalle rive ripreso, nell’astro d’argento che il tuo specchio coprendo morbide chiarità vi ha steso. Che il vento che geme, la canna che sospira che i profumi leggeri del vento inebriato, che tutto quel che si sente, si vede e si respira, tutto ci dica: Loro hanno amato! Invocazione Invocation O toi qui m’apparus dans ce désert du monde, Habitante du ciel, passagère en ces lieux ! O toi qui fis briller dans cette nuit profonde Un rayon d’amour à mes yeux ; A mes yeux étonnés montre-toi tout entière, Dis-moi quel est ton nom, ton pays, ton destin. Ton berceau fut-il sur la terre ? Ou n’es-tu qu’un souffle divin ? Vas-tu revoir demain l’éternelle lumière ? Ou dans ce lieu d’exil, de deuil, et de misère, Dois-tu poursuivre encor ton pénible chemin ? Ah ! Quel que soit ton nom, ton destin, ta patrie, Ou fille de la terre, ou du divin séjour, Ah ! Laisse-moi, toute ma vie, T’offrir mon culte ou mon amour. Si tu dois, comme nous, achever ta carrière, Sois mon appui, mon guide, et souffre qu’en tous lieux, De tes pas adorés je baise la poussière. Mais si tu prends ton vol, et si, loin de nos yeux, Vœux des anges, bientôt tu remontes près d’eux, O tu che mi apparisti nel deserto del mondo, abitante del cielo, qui da noi di passaggio! Che facesti brillare nel mio buio profondo ai miei occhi un amoroso raggio; ai miei occhi stupiti mòstrati tutta intera, dimmi qual è il tuo nome, il paese, il destino. La tua culla fu in terra? Sei un soffio divino? Rivedrai già domani quell’eterno splendore? O qui in luogo d’esilio, di lutto e di squallore, dovrai seguire ancora il tuo triste cammino? Ah! Qual sia il tuo nome, destino o terra avita, sia tu figlia del mondo o di sacre dimore, Ah! Lascia che ti offra tutto me, la mia vita, il mio culto o tutto il mio amore. Se il tuo corso, come noi, devi compiere, sii a me di appoggio, di guida, e perdona ch’io baci, ovunque, dei tuoi piedi la polvere. Ma se tu prendi il volo e dagli occhi lontana, a lor sorella, agli angeli risali, avendomi amato qualche giorno in terra, Après m’avoir aimé quelques jours sur la terre, Souviens-toi de moi dans les cieux. ti sovvenga di me lassù nei cieli. Il Golfo di Baia, presso Napoli Le golfe de Baya, près de Naples Vois-tu comme le flot paisible Sur le rivage vient mourir ! Vois-tu le volage zéphyr Rider, d’une haleine insensible, L’onde qu’il aime à parcourir ! Montons sur la barque légère Que ma main guide sans efforts, Et de ce golfe solitaire Rasons timidement les bords. Loin de nous déjà fuit la rive. Tandis que d’une main craintive Tu tiens le docile aviron, Courbé sur la rame bruyante Au sein de l’onde frémissante Je trace un rapide sillon. Dieu ! Quelle fraîcheur on respire ! Plongé dans le sein de Thétis, Le soleil a cédé l’empire A la pâle reine des nuits. Le sein des fleurs demi-fermées S’ouvre, et de vapeurs embaumées En ce moment remplit les airs ; Et du soir la brise légère Des plus doux parfums de la terre A son tour embaume les mers. Quels chants sur ces flots retentissent ? Quels chants éclatent sur ces bords ? De ces deux concerts qui s’unissent L’écho prolonge les accords. N’osant se fier aux étoiles, Le pêcheur, repliant ses voiles, Salue, en chantant, son séjour. Tandis qu’une folle jeunesse Pousse au ciel des cris d’allégresse, Et fête son heureux retour. Mais déjà l’ombre plus épaisse Tombe, et brunit les vastes mers ; Le bord s’efface, le bruit cesse, Le silence occupe les airs. C’est l’heure où la mélancolie S’assoit pensive et recueillie Aux bords silencieux des mers, Et, méditant sur les ruines, Contemple au penchant des collines Ce palais, ces temples déserts. O de la liberté vieille et sainte patrie ! Terre autrefois féconde en sublimes vertus ! Sous d’indignes Césars maintenant asservie, Ton empire est tombé ! Tes héros ne sont plus ! Mais dans ton sein l’âme agrandie Croit sur leurs monuments respirer leur génie, Comme on respire encor dans un temple aboli Vedi come l’onda amabile sulla riva viene a morire! Vedi come Zeffiro volubile corruga con soffio impalpabile, l’onda che ama carezzare! Saliamo sul battello leggero che io manovro agevolmente di questo golfo solitario radendo il bordo timidamente. Già fugge via da noi la riva. Mentre con una mano schiva mantieni docile il canottaggio, io, curvo sul remo rovente, in mezzo all’onda fremente, un rapido solco traccio. Dio! Che aria fresca respiro! Immerso nel seno di Teti, il sole ha ceduto il suo impero alla pallida regina delle notti. Il seno dei fiori semichiusi si apre, e vapori inebrianti in un istante sono effusi e della sera la brezza leggera i più dolci profumi della terra a sua volta sul mare ha diffusi. Quali canti echeggiano sull’onde? Quali canti risuonan sulle sponde? Di questi due concerti che si uniscono l’eco prolunga gli accordi all’unisono. Non osando fidarsi delle stelle, il pescatore, ripiegate le vele, cantando, saluta il suo soggiorno, mentre una infanzia pazza lancia al cielo grida di allegrezza festeggiando il suo felice ritorno. Ma ormai già un’ombra più spessa scende ed oscura quel mare immenso, la riva svanisce, il rumore cessa, invade tutta l’aria il silenzio. È l’ora in cui la tristezza, pensosa e tutta raccolta, si posa sulle rive dei mari silenti e, meditando sulle rovine, ammira sul fianco delle colline quel palazzo, quei templi cadenti. O dell’antica libertà e santa, tu, terra avita! Terra un tempo feconda di sublimi virtù! Sotto Cesari indegni oggigiorno asservita, il tuo impero è caduto! Di eroi non ne hai più! Ma nel tuo seno l’animo ingrandito fra i monumenti sente di respirare il genio, come in un tempio demolito la sacra maestà che ci doveva abitare. Non interroghiamo le vostre ceneri feraci, La majesté du dieu dont il était rempli. Mais n’interrogeons pas vos cendres généreuses, Vieux Romains ! Fiers Catons ! Mânes des deux Brutus ! Allons redemander à ces murs abattus Des souvenirs plus doux, des ombres plus heureuses, Horace, dans ce frais séjour, Dans une retraite embellie Par le plaisir et le génie, Fuyait les pompes de la cour ; Properce y visitait Cinthie, Et sous les regards de Délie Tibulle y modulait les soupirs de l’amour. Plus loin, voici l’asile où vint chanter le Tasse, Quand, victime à la fois du génie et du sort, Errant dans l’univers, sans refuge et sans port, La pitié recueillit son illustre disgrâce. Non loin des mêmes bords, plus tard il vint mourir ; La gloire l’appelait, il arrive, il succombe : La palme qui l’attend devant lui semble fuir, Et son laurier tardif n’ombrage que sa tombe. Colline de Baya ! Poétique séjour ! Voluptueux vallon qu’habita tour à tour Tout ce qui fut grand dans le monde, Tu ne retentis plus de gloire ni d’amour. Pas une voix qui me réponde, Que le bruit plaintif de cette onde, Ou l’écho réveillé des débris d’alentour ! Ainsi tout change, ainsi tout passe ; Ainsi nous-mêmes nous passons, Hélas ! Sans laisser plus de trace Que cette barque où nous glissons Sur cette mer où tout s’efface. antichi Romani! Fieri Catoni! Mani dei Bruti! Andiamo a richiedere a quei muri abbattuti ricordi più dolci, ombre più felici, Orazio, in tal fresco luogo di soggiorno, entro un ritiro pieno di piacere e di genio, lontano da ogni splendore cortigiano; Properzio là visitava Cinzia, e sotto gli sguardi di Delia vi modulava Tibullo i sospiri d’amore. Più in là l’asilo dove venne Tasso a cantare, quando, vittima insieme di genio e di sventura, senza rifugio o porto, nell’universo a errare, fu da pietà raccolta la sua illustre sciagura. Non lungi dai tuoi lidi, venne poi a morire; lo chiamava la gloria, lui arriva e soccombe; la palma che l’attende ormai sembra svanire e il suo lauro tardo sulla sua tomba incombe. Collina di Baia! Poetico soggiorno! Voluttuosa valletta abitata via via da tutto ciò che nel mondo fu grande, tu non risuoni più di amore e gloria. Non una sola voce mi risponde, salvo il brusio piangente di queste onde, o l’eco sorta dalle rovine qui accanto! È così che tutto cambia e ci lascia; trapassiamo così noi stessi intanto, ahimè! senza lasciare alcuna traccia come fa questa barca che ci culla su questo mare che tutto cancella. L’isolamento L’isolement Souvent sur la montagne, à l’ombre du vieux chêne, Au coucher du soleil, tristement je m’assieds ; Je promène au hasard mes regards sur la plaine, Dont le tableau changeant se déroule à mes pieds. Ici gronde le fleuve aux vagues écumantes, Il serpente, et s’enfonce en un lointain obscur ; Là le lac immobile étend ses eaux dormantes Où l’étoile du soir se lève dans l’azur. Au sommet de ces monts couronnés de bois sombres, Le crépuscule encor jette un dernier rayon, Et le char vaporeux de la reine des ombres Monte, et blanchit déjà les bords de l’horizon. Cependant, s’élançant de la flèche gothique, Un son religieux se répand dans les airs, Le voyageur s’arrête, et la cloche rustique Aux derniers bruits du jour mêle de saints concerts. Mais à ces doux tableaux mon âme indifférente N’éprouve devant eux ni charme, ni transports, Je contemple la terre, ainsi qu’une ombre errante : Le soleil des vivants n’échauffe plus les morts. Sovente, al tramonto del sole, in montagna, sotto una vecchia rovere, io mi siedo dolente; muovo a caso qua e là lo sguardo sulla piana, che si svolge ai miei piedi come un quadro cangiante. Qui romba il torrente dalle onde spumeggianti, serpeggia e s’inoltra lontano nell’oscuro; là immoto il lago stende acque dormienti e si leva la stella della sera nell’azzurro. In cima a questi monti cinti di selve nere il crepuscolo ancora getta un raggio morente e il carro vaporoso della dea delle tenebre sale e imbianca già i bordi all’intero orizzonte. Intanto, salendo dalla guglia gotica, si spande un suono religioso nei venti, si ferma il viaggiatore e la campana rustica ai rumori del giorno mesce rintocchi santi. A questi dolci quadri l’anima è indifferente non prova alla loro vista fascino né trasporti, miro la terra come fosse un’ombra errante: il sole dei vivi non riscalda più i morti. Girando invan la vista di collina in collina, De colline en colline en vain portant ma vue, Du sud à l’aquilon, de l’aurore au couchant, Je parcours tous les points de l’immense étendue, Et je dis : Nulle part le bonheur ne m’attend. Que me font ces vallons, ces palais, ces chaumières, Vains objets dont pour moi le charme est envolé ; Fleuves, rochers, forêts, solitudes si chères, Un seul être vous manque, et tout est dépeuplé. Que le tour du soleil ou commence ou s’achève, D’un vœux indifférent je le suis dans son cours ; En un ciel sombre ou pur qu’il se couche ou se lève, Qu’importe le soleil ? Je n’attends rien des jours. Quand je pourrais le suivre en sa vaste carrière, Mes yeux verraient partout le vide et les déserts ; Je ne désire rien de tout ce qu’il éclaire, Je ne demande rien à l’immense univers. Mais peut-être au-delà des bornes de sa sphère, Lieux où le vrai soleil éclaire d’autres cieux, Si je pouvais laisser ma dépouille à la terre, Ce que j’ai tant rêvé paraîtrait à mes yeux ? Là, je m’enivrerais à la source où j’aspire, Là, je retrouverais et l’espoir et l’amour, Et ce bien idéal que toute âme désire, Et qui n’a pas de nom au terrestre séjour ! Que ne puis-je, porté sur le char de l’aurore, Vague objet de mes vœux, m’élancer jusqu’à toi, Sur la terre d’exil pourquoi resté-je encore ? Il n’est rien de commun entre la terre et moi. Quand la feuille des bois tombe dans la prairie, Le vent du soir s’élève et l’arrache aux vallons ; Et moi, je suis semblable à la feuille flétrie : Emportez-moi comme elle, orageux aquilons ! da sud all’aquilone, dall’aurora a ponente, percorro tutti i punti dell’infinita piana e dico: non c’è luogo dove gioia mi attende. Che mi dice una valle, un palazzo, un casolare? Vani oggetti il cui fascino da me si è dileguato, fiumi, rocce, foreste, solitudini sì care, manca un solo essere, e tutto è spopolato. Che il giro del sole cominci o finisca, seguo il suo corso con animo indifferente, sia scuro o puro il cielo dove muoia o nasca, che importa il sole? Ai giorni non chiedo niente. Se anche potessi seguirlo nel suo vasto giro, il vuoto e il deserto vedrebbe ovunque il mio sguardo, di quello che illumina io niente desidero, all’immenso universo io niente domando. Ma forse al di là dei confini della sfera, laddove il vero sole rischiara cieli diversi, se potessi lasciare le mie spoglie alla terra, ciò che ho tanto sognato potrebbe mostrarsi? Là m’inebrierei della fonte che mi attira, la speranza e l’amore vi potrei ritrovare, e quel bene ideale che ogni anima desidera e nel soggiorno in terra non si sa nominare! Potessi, portato dal carro dell’aurora, vago oggetto anelato, lanciarmi fino a te, sulla terra d’esilio perché restare ancora? Non c’è niente in comune fra la terra e me. Quando cade la foglia dei boschi sul prato, di sera il vento si alza e la strappa alla valle ed io sono simile alla foglia, disseccato: portami via come lei, turbinoso maestrale!