Les hommes de l’art
architectes et urbanistes de la
reconstruction en Normandie
Patrice Gourbin
De Nantes à Strasbourg et de Maubeuge à Marseille, Les destructions de la seconde guerre mondiale
touchèrent toute la France. Le colossal chantier de la
reconstruction qui suivit dura une quinzaine d’années.
De cette période d’activité intense, nous nous proposons
d’observer la catégorie d’acteurs la plus en vue, celle des
« hommes de l’art », architectes et urbanistes, dans une
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La profession était à ce moment en pleine réorganisation à la suite de la création de l’Ordre en décembre
1940, qui réglementait le port du titre. Les architectes,
confrontés aux questions techniques et matérielles de
la reconstruction, durent aussi faire face à une maîtrise
d’ouvrage complexe, articulant sinistrés, coopératives
de reconstruction et services de l’État dans un cadre
réglementaire extrêmement contraignant. Outre l’organisation de la maîtrise d’œuvre, nous nous intéresserons
à la question de la Reconstruction comme lieu d’une
recherche architecturale et urbaine. Car le processus qui
fut engagé à ce moment ne visait pas la simple restitution
de ce qui avait disparu. Il s’agissait de construire un cadre
de vie de qualité, adapté au monde contemporain, solide,
confortable, fonctionnel, lisible, aéré, harmonieux. Les
reconstructions de villes reposaient sur un projet, validé
par enquête d’utilité publique. Mais celui-ci ne constituait
que le point de départ du processus. Dans les années
qui suivirent, les formes architecturales et urbaines
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conviendra de restituer le projet de la reconstruction, de
1940 au début des années 1960.
PAEE devint obligatoire pour obtenir l’aide de l’État. En
Ǧǡ±±ơ munes sinistrées à lancer la procédure sans plus tarder.
Le conseil municipal de Caudebec-en-Caux organisa un
concours entre cinq architectes locaux, à remettre pour
le 28 septembre. Le lauréat, André Robinne, était un Normand né à Coutances et qui était à la tête d’une agence
d’architecture à Rouen, où il avait fait ses études, depuis
1924. Après la proclamation de la loi du 11 octobre 1940
établissant les règles de restitution des dommages de
guerre, cette liberté de choix n’était plus de mise, l’urbaniste étant désormais imposé par un organisme d’État,
le Commissariat à la reconstruction immobilière (CRI).
La politique du CRI était de faire appel aux spécialistes reconnus, en écartant les personnalités locales. Il
recrutait de préférence parmi les diplômés de l’institut
d’urbanisme de Paris, dont certains avaient déjà une
solide expérience. Albert Laprade (nommé à Gournay-enBray) et Léon-Émile Bazin (Gisors) avaient collaboré avec
Henri Prost sur les plans de villes au Maroc, principal terrain d’expérience de l’urbanisme français avant la guerre.
Jacques Gréber (Rouen) avait réalisé à Philadelphie, aux
États-Unis, le Fairmount Parkway, un parc urbain qui lui
avait valu une réputation internationale. Il enseignait à
l’institut d’urbanisme de Paris, de même que Gaston Bardet (Louviers et Vernon) ou Roger Puget (Elbeuf). Félix
Brunau, nommé au Havre en février 1941, et Raymond
Lopez (Saint-Valéry-en-Caux) n’étaient pas particulièreƤ±ǡ±
chef des Bâtiments civils et palais nationaux, une haute
fonction au service de l’État. Au total, les locaux comme
le dieppois Pierre Lebourgeois se comptaient sur les
doigts d’une seule main.
Tous les urbanistes avaient aussi un diplôme d’architecte, obtenu préalablement. Cette structure de
Ǧ² ±ƪ±chissaient simultanément à la réorganisation urbaine
(voirie, zonage, équipements publics...) et aux formes
architecturales. Gaston Bardet était le seul à s’intéresser
exclusivement au document d’urbanisme, qu’il élaborait
au moyen d’une méthode sophistiquée, basée sur une
Les villes détruites en 1940
À la veille de la Seconde guerre mondiale, il existait
± Ƥ ǡǯ±nagement, d’extension et d’embellissement (PAEE), qui
fut ensuite utilisé pour encadrer la reconstruction des
villes sinistrées en 1940. Le choix des urbanistes chargé
de son élaboration était alors laissé à l’appréciation des
municipalités. Après les destructions de juin 1940, le
168
168
population. L’urbaniste n’était pas qu’un technicien du
territoire, il devait aussi savoir convaincre.
En 1944, les villes sinistrées étaient beaucoup plus
nombreuses qu’en 1940, et il n’était plus possible de se
contenter des seuls spécialistes, ni même des diplômés
de l’institut d’urbanisme. Les villes étaient attribuées aux
personnalités les plus en vue, lauréats du Prix de Rome,
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André Hilt, premier grand Prix de Rome, obtint la préfecture de la Manche, Marc Brillaud de Laujardière second
grand prix, fut nommé à Caen. Les architectes prestigieux étaient présents jusque dans les plus modestes
bourgades. Les architectes en chef des Bâtiments civils
et palais nationaux Henri Delaage et Olivier Lahalle,
furent ainsi respectivement chargés de six et douze
agglomérations dans la Manche. Le MRU donnait aussi
leur chance aux jeunes diplômés. François Herr, 35 ans en
1944, diplômé en 1937, futur architecte en chef de Rouen,
obtint ainsi la commande de douze plans d’urbanisme.
Marcel Clot, né à Cherbourg, logiste du concours de
Rome en 1938 et 1942, n’avait pour tout bagage que des
concours non réalisés. Âgé de trente ans en 1944, il devint
urbaniste de Vire et de sa région. Après la reconstruction,
Ƥ ° Ǧ
même maire-adjoint de Caen de 1971 à 1977. Ancien
élève de l’institut d’urbanisme, Gilbert Hallier obtint
son DPLG à l’école des Beaux-Arts en 1945, à l’âge de 22
ǡǯƤǯ±
des monuments français. Fils de l’architecte communal
de Bayeux Georges Hallier, il demanda à être nommé à
proximité de cette ville, où il comptait s’installer : quatre
villages lui furent attribués.
En milieu rural, les nominations suivaient généralement une logique territoriale avec l’attribution de
plusieurs communes proches à un même urbaniste.
Avec vingt localités dans la Manche, Jean Michalon est
celui qui en obtint le plus grand nombre, suivi de près
par Henri Davy (19 dans le calvados) et Guy Pison (18
dans la Manche). Dans le Calvados, la circonscription de
Marcel Clot comprenait Vire et neuf communes sinistrées
situées à proximité. Mais le plus souvent, l’urbaniste
ǯǦ ±ơ±
périphériques : Marc Brillaud de Laujardière à Caen,
Félix Brunau au Havre... À l’échelon supérieur, un urbaniste en chef était chargé de coordonner, pour chaque
région, les plans d’urbanisme entre eux, de s’assurer de
leur cohérence avec le maillage territorial, et de gérer la
nomination des urbanistes des villes sinistrées. Joseph
Marrast en fut le premier titulaire pour la Normandie,
remplacé en 1946 par Henri Bahrmann. Rapporteur des
plans de reconstruction et d’aménagement auprès de son
administration, l’urbaniste en chef était parfois amené à
étude extraordinairement détaillée du milieu physique
et humain. À l’inverse, Jacques Gréber produisit nombre
de dessins panoramiques et d’esquisses en élévation pour
les emplacements les plus sensibles de la reconstruction
de Rouen, front de Seine, entourage de la cathédrale ou
points de vue paysagers. Sa posture implicite était celle
de l’appréhension globale du projet : non seulement il
déterminait l’urbanisme de la ville future, mais il se posait
d’emblée comme l’architecte qui serait responsable de sa
reconstruction. Une seule personne semblait alors destinée à dessiner la ville toute entière. Cette attitude était
aussi soutenue par le contexte de l’occupation allemande,
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d’images de villes reconstruites masquait tant bien que
mal l’impuissance du pouvoir. Les projets présentés dans
les trois numéros de la revue Urbanisme consacrés à la
Haute-Normandie étaient ainsi richement illustrés de
perspectives et d’élévations, Gaston Bardet étant le seul
à présenter son projet à l’aide de documents abstraits tels
que plans, schémas et diagrammes.
L’urbanisme après 1944
Pendant ce temps, la situation se dégradait fortement. Outre le durcissement des conditions de
l’Occupation, les Français subissaient de nouvelles
destructions. Les bombardements – alliés cette fois-ci
– se succédaient sur les villes stratégiques. À l’été 1944,
les préparatifs de la Libération, le débarquement du six
juin et la bataille de Normandie élargirent considérablement les destructions, qui s’achevèrent avec les grands
bombardements du Havre en septembre. En 1944, la
Normandie faisait partie des régions les plus détruites de
France. La reconstruction, qui concernait toute la France,
était désormais encadrée par un ministère nouveau, le
ministère de la reconstruction et de l’urbanisme (MRU).
La procédure mise en place par le MRU reposait en particulier sur un nouveau document d’urbanisme, le plan
de reconstruction et d’aménagement (PRA).
Les villes sinistrées en 1940 devaient transformer
leur PAEE en PRA, qui était le plus souvent en un décalque
du plan précédent, et les urbanistes précédemment
agréés étaient généralement maintenus, André Robinne
à Caudebec-en-Caux, Félix Brunau au Havre, Jacques
Gréber à Rouen... À Évreux, Paul Danger fut toutefois
remplacé par Pierre Bailleau, peut-être du fait des faiblesses de son plan. Quant à l’éviction de Gaston Bardet
à Louviers et Vernon, elle résulte probablement de son
incapacité à obtenir l’adhésion du milieu local. L’approơ²ǯ±
publique qui impliquait la consultation des élus et de la
169
Ƥ ± ǡ
que la position éminente des architectes en chef leur
permettait souvent d’obtenir les programmes les plus en
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opérations de logements.
Sur le terrain, l’atmosphère de travail était tributaire de la personnalité de l’architecte en chef et de ses
méthodes. Au Havre, Auguste Perret était rarement présent. Fort de sa notoriété et du soutien des institutions, il
s’adressait au conseil municipal sans aucune volonté de
conciliation ni de pédagogie. À Caen, Marc Brillaud de
Laujardière, au caractère diplomate et conciliant, avait au
contraire de bons rapports avec la municipalité, les architectes et les coopératives de reconstruction. À Lisieux,
Robert Camelot prenait la peine d’expliquer ses options
dans la presse locale. Toutefois, l’architecte en chef ne
pouvait pas tout. À Saint-Valéry-en-Caux, la modicité des
crédits disponibles, la défaillance des entreprises et la
combativité des sinistrés débouchèrent sur une situation
explosive, qui usa pas moins de trois architectes en chef
successifs. Après Othello Zavaroni, puis Georges Féray, ce
fut Henri Tougard qui, remaniant la structure de maîtrise
d’ouvrage, acheva la reconstruction. Sous sa direction,
tous les architectes de la ville furent rassemblés dans un
bureau d’étude commun pour un fonctionnement plus
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À l’instar des urbanistes, les architectes en chef
étaient en majorité parisiens et reconnus, grand prix de
Rome ou architectes de l’État. Marcel Chappey (nommé
à Vire) était second grand Prix de Rome et architecte
des postes, Jean Desmaret (Rouen) était architecte des
Bâtiments civils et palais nationaux chargé de l’Élysée, Ali
Tur (Condé-sur-Noireau) était architecte du ministère des
Colonies. La notoriété tenait parfois lieu de recommandation, ainsi Auguste Perret et Marcel Lods. Le premier
obtint la ville du Havre à la suite d’une intervention de
ses anciens élèves, selon un processus aujourd’hui bien
connu. Pour le second, aux convictions bien plus révolutionnaires, le ministère limita les risques en le nommant
dans la banlieue rouennaise, à Sotteville-lès-Rouen, où
il était déjà présent en tant qu’urbaniste. L’architecte en
chef de Saint-Lô, Marcel Mersier, était au contraire un
jeune inconnu qui obtint le poste à la faveur des circonstances. Ancien élève de l’école des Beaux-Arts, mobilisé
en 1939, il avait ensuite connu cinq années de captivité.
Assistant d’André Hilt, urbaniste de la ville, il lui succéda
à son décès en 1946, à un moment où le plan était pratiquement terminé, et fut ensuite nommé architecte
en chef. La nomination dans l’Eure de Maurice Novarina, installé en Savoie, est plus intrigante. Son œuvre
construite était déjà relativement abondante, mais on
ne comprend guère ce qui a pu attirer l’attention du MRU
ǡǡƤ ǡ
il était le garant de l’application de la doctrine du MRU.
Ce système sévèrement contrôlé assurait l’homogénéité
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d’uniformité.
Les architectes en chef
L’urbaniste d’une ville n’avait pas vocation à en suivre
±Ǥǡ±ơ± ±
qu’il ne pourrait exercer comme architecte constructeur
dans sa circonscription. Mais cette stricte séparation fut
loin d’être suivie. Nombre d’architectes obtinrent des
commandes dans les villes dont ils avaient été urbaniste
comme Robert Auzelle à Neufchâtel (centre administratif) ou Raymond Lopez à Saint-Valéry (hôtel de ville,
chapelle, casino). Bien plus, dans les agglomérations
d’une certaine taille, la reconstruction était souvent
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qui ne réglait pas tout, était en transformation continue
tout au long de la reconstruction. À Caen le PRA devint
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alors même que le premier était en cours d’instruction,
fut lancé en 1953, pour une approbation en 1955. Dans
les villes où les urbanistes avaient quitté la ville à l’approbation du PRA, comme Le Havre, Rouen ou Yvetot,
les ajustements du plan étaient gérés par l’urbaniste en
Ǥǯ²°Ƥ±ǡ
Ƥ sus ininterrompu pendant dix ans.
La reconstruction ne commença quant à elle qu’à
partir de 1947. Dans chaque ville, un architecte en chef
avait pour mission de coordonner les projets de ses
confrères chargés d’un îlot ou d’un immeuble et d’en
±Ƥ ± Ǥ
L’objectif était d’assurer l’unité de la ville à reconstruire,
l’homogénéité architecturale étant considérée comme
une valeur essentielle de l’esthétique urbaine et un gage
de réussite. S’il pouvait espérer obtenir quelques chantiers plus ou moins importants, l’architecte en chef n’avait
pour mission, ni de dessiner, ni de construire l’ensemble
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ou Louviers, les architectes en chef, respectivement
Jean Desmaret, Pierre Dureuil et Maurice Novarina ne
construisirent même aucun bâtiment. Sotteville-lès± Ƥǣ ǡ
construisit lui-même la plus grande partie de la ville avec
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complémentaires de logements sociaux. Toutes les
170
170
ciples à l’école des Beaux-Arts de Paris, Michel Pinget
et Émile Sureau. Tous deux formèrent une agence en
association avec l’architecte local François Pilorget, qui
dura une dizaine d’années. À Vire, Raymond David était
architecte de la commune et architecte ordinaire des
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de l’architecte en chef des Monuments historiques de sa
circonscription, Claude Herpe, fraîchement diplômé. Ils
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communaux, ainsi que plusieurs ensembles de logements. Logé à Vire dans la semaine, Claude Herpe restait
parisien. Les rôles étaient partagés : Claude Herpe était
en contact avec les instances du MRU, qui appréciaient la
modernité de ses conceptions urbaines et architecturales
tandis que Raymond David gérait les rapports avec la
clientèle et les coopératives de reconstruction.
Les architectes locaux compensaient en effet la
médiocre considération du ministère de la reconstruction
Ƥ °Ǥ
le poste existait, les architectes des municipalités conservaient leur fonction et assuraient la reconstruction des
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Bernard Ducellier à Évreux... Ils étaient aussi de précieux intermédiaires. À ce moment critique où des élus
s’initiaient à l’urbanisme et devaient prendre des choix
fondamentaux, ils assuraient l’information du conseil
municipal et l’accompagnaient dans ses décisions.
au point de l’envoyer aussi loin de sa région d’origine.
La liste – malheureusement trop restreinte – que nous
avons reconstituée fait ainsi apparaître une assez grande
variété d’âges, de notoriété et de compétences.
Les constructeurs
Le ministère de la Reconstruction avait mis en place
un système d’agrément des architectes, qui étaient classés en fonction de leurs diplômes et de leur expérience
professionnelle. L’architecte en chef constituait le sommet de la pyramide. Il était parfois assisté d’adjoints, qui
assuraient une mission comparable sur le secteur qui leur
était dévolu : quatre au Havre, trois à Caen, un à Rouen
et Vire. L’architecte en chef et ses adjoints supervisaient
des « architectes chefs d’îlots », chargés de coordonner
ǯ± ǯ Áǡ Ƥ
chefs d’îlot encadraient les « architectes d’opération »,
chargés chacun d’un immeuble individuel. Certaines opérations s’étendant sur plusieurs îlots étaient placées sous
la responsabilité d’un « chef de groupe ». La profession
était par ailleurs sans surprise presque exclusivement
masculine. Nous n’avons repéré que deux femmes architectes, Suzanne Lavignac (Caen et sa région) et Germaine
Duminy (Lisieux).
L’arrivée massive d’architectes extérieurs, le plus
souvent parisiens et hautement diplômés, bien notés
ǯ± ǯ± ǡ ±±Ƥ
des commandes les plus intéressantes, était parfois mal
vécue localement. Au Havre, la maîtrise d’œuvre pré Ƥ ±Ǥ±ly-sur-Seine, l’Atelier de reconstruction du Havre était
un regroupement d’anciens élèves de Perret. L’Atelier
s’arrogea la partie centrale du territoire, abandonnant
aux Havrais les quartiers périphériques. Dans cette ville,
où le nombre d’architectes passa de 21 en 1939 à 90 en
1947, les locaux ont légitimement pu se sentir exclus.
De son côté, le conseil municipal du Havre semble avoir
± ±± Ƥ
trois architectes havrais, Gaston Delaune, Jacques Lamy
et Gérard Du Pasquier, le projet (non réalisé) de reconstruction du théâtre, manière d’équilibrer, peut-être, la
prise en charge de l’hôtel de ville par l’architecte en chef
Auguste Perret.
Mais les frontières n’étaient jamais totalement
étanches, de plus à partir de 1950 l’augmentation du
rythme des commandes permit une répartition plus
large. Au Havre, les locaux obtinrent progressivement,
leur part du marché du centre. Ailleurs, des stratégies
d’intégration existèrent dès le début. À Saint-Lô, l’archi Ƥ -
Les recherches architecturales
et urbaines de la reconstruction
Le projet de reconstruction et d’aménagement
(PRA), qui était avant tout un document d’urbanisme,
donnait aussi quelques prescriptions architecturales.
±Ƥ ± ǣ
toitures d’une pente de 50° minimum étaient imposées,
certains matériaux modernes étaient proscrits : tuiles
mécanique, meulière... Le PRA ne laissait aucune marge
de liberté aux architectes, qui se voyaient contraints
d’adopter un langage traditionnel qui leur était parfois étranger. Lorsqu’en 1924 Ali Tur avait été chargé
±Ƥ ǡ ±±
une architecture de béton adaptée au climat, d’une
modernité sans faille, aux lignes très épurées. Les villes
normandes dont il fut architecte en chef, Condé-sur-Noireau et Thury-Harcourt, se caractérisent au contraire par
l’utilisation du régionalisme pondéré caractéristique de
l’ensemble de la reconstruction. L’uniformité des formes
et des volumes était toutefois compensée par la diversité
des matériaux de construction, en lien avec le passé et
la géographie de chaque ville. Les premiers chantiers
171
±Ƥ ±
d’une « politique d’hommes » qui élargissait la marge
d’action des maîtres d’œuvre. À Caudebec-en-Caux, la
moitié de la ville fut d’abord reconstruite sous forme
d’îlots fermés en pierre de taille, selon les prescriptions
prévues dans le plan d’André Robinne. Cette organisation subit une remise en cause radicale en 1951, lorsque
l’architecte en chef, Othello Zavaroni, proposa de rassembler tous les dommages de guerre restants dans un
seul immeuble courbe sinuant au milieu de la ville, indépendamment des voies et des îlots. On trouve la même
opposition radicale à Caen, entre le quartier Saint-Jean
et l’ensemble des Quatrans, Henri Delacroix, son auteur
ayant, de la même manière, participé aux deux chantiers
successivement. À Vire, la remise en cause aboutit au
limogeage de l’architecte en chef, Marcel Chappey, et à
son remplacement par Claude Herpe, qui avait été remarqué en haut lieu. Si le rapport de forces était en faveur
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totale. À Évreux, le projet d’Albert de Brettes pour l’îlot
K fut repoussé par la coopérative de reconstruction,
représentante des sinistrés, qui avait le rôle de maître
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partie ouest de l’îlot – celle qui était dessinée selon les
principes traditionnels.
Le renouvellement toucha les villes à des degrés
divers. Au Havre, l’architecture de Perret était ouvertement contredite. Sur les avenues Foch et François
Premier s’élevèrent ainsi plusieurs immeubles en pierre
de taille. Place Jules Ferry, Othello Zavaroni signa deux
barres de logements, revêtues de pâte de verre bleue,
verte et beige. Les édifices publics exploraient, eux
aussi, une autre forme de modernité, comme le musée
des Beaux-arts, de Guy Lagneau, de verre et d’acier. À
Caen, Marc Brillaud de Laujardière, l’architecte en chef,
construisit l’IRP de la place de la Résistance en conformité avec les principes traditionnalistes du PRA, malgré
les injonctions du ministère qui voulait supprimer les
hauts toits d’ardoises prévus. Mais il ne put empêcher,
la construction de trois grands ensembles modernes,
les Quatrans (Henri Delacroix), Saint-Jean-sud (Marcel
Clot) et les tours Marine (Pierre Dureuil), représentant un
bon tiers du centre. À Rouen, l’homogénéité du centre
historique fut au contraire préservée, la modernité étant
réservée au quartier Saint-Sever, situé de l’autre côté de
Ǥ±ơ±±
par une volonté largement partagée de préserver l’unité
urbaine et de tempérer la confrontation des logiques
en présence. La stratégie la plus fréquente consistait à
reprendre le matériau choisi en 1947, l’unité chromatique
obtenue permettant de lier l’ensemble urbain.
de la reconstruction furent ceux des immeubles sans
ơ ±ȋ Ȍǡ±
ǯ2ǤƤ±ǯ
adjoints, les opérations d’État constituaient une sorte de
±Ƥ±±±ǯ
de la ville future, notamment pour ce qui concernait les
matériaux : brique et pierre à Lisieux (ISAI boulevard
Sainte-Anne, Robert Camelot), brique et enduit à Évreux
(îlot L, Pierre Bailleau), granit à Vire (ISAI place SainteAnne, Alix Sorin)...
Le MRU avait malgré tout autorisé quelques expériences modernes. Au Havre les ISAI de la place de l’hôtel
Ƥ±±ǡ±
en matériau noble, caractéristique de l’œuvre d’Auguste
Perret. Le volume des tours annonçait une ville debout,
les toits terrasses découpaient une silhouette moderne,
aux lignes vigoureuses. L’urbanisme, beaucoup moins
innovant, consistait en la reprise des anciens tracés
régularisés. À Sotteville-lès-Rouen, la Zone verte, due
à Marcel Lods, se composait de grandes barres isolées
de 10 étages, implantées sur un vaste espace vert. Cette
réalisation radicale, qui refusait tous les attributs urbains
traditionnels, constituait un manifeste sans précédent en
France. Ailleurs, des recherches en matière d’implantation urbaine ou d’architecture furent menées de manière
plus ponctuelle, sur un ou deux îlots. À Louviers, le minis° Ƥ ǡر
de Rome et originaire de la ville, l’étude de l’îlot le plus
central. L’ensemble était organisé de manière à ménager des galeries commerciales intérieures. Une barre de
logement était implantée au centre de l’îlot, qui innovait
aussi par la disparition du parcellaire individuel. L’ISAI des
Docks, à Rouen, se composait de barres de dix étages
reliées à leur sommet par un étage-pont en porte-à-faux.
L’ensemble rappelait les immeubles de Sotteville, mais
son intérêt tenait surtout à sa conception monumentale,
à un emplacement stratégique, face au centre historique.
En septembre 1948, Eugène Claudius-Petit fut
nommé ministre de la reconstruction et de l’urbanisme.
Grand ami de Le Corbusier, il transforma la Reconstruction en un laboratoire de la modernité. Cette réorientation n’était pas qu’une question de goût personnel,
c’était aussi une urgence politique. Le rythme de la
reconstruction était trop lent et son coût très élevé la
rendait inaccessible pour une large fraction des sinistrés.
Le principal outil créé par le ministère Claudius-Petit fut
±Ƥ ±ȋ ȌǤ
Les crédits IRP, qui s’ajoutaient au budget courant des
dommages de guerre, permettaient de multiplier les
mises en chantier. Mais ils n’étaient attribués que sous
ǡ ǡƤ °ǡ
±ƤǤ
172
172
Claude Herpe collabora avec l’architecte local Raymond
͙͜͡͞ǯƤ±͙͘͡͠Ǥ
réalisations de la Reconstruction, ils construisirent après
1960 la plupart des équipements de l’agglomération :
crèche, maison de personnes âgées, centre culturel,
ensembles HLM... À Évreux, dont la croissance était
fortement stimulée par la proximité de la région parisienne, un groupement d’architectes fut créé en 1967
pour répondre aux programmes de développement de
la ville. Il comprenait deux Parisiens, Camille Corrot et
Edmond Plaquin, diplômés en 1942 et dont la première
expérience professionnelle avait été la reconstruction de
l’Eure, un Rouennais formé dans l’agence de l’architecte
municipal d’Évreux après la guerre, Georges Gosse, ainsi
que l’architecte du département de l’Eure, Pierre Dupont.
Loin de constituer une parenthèse de l’histoire de l’architecture, la reconstruction fut le creuset de la modernité
triomphante de la seconde moitié du vingtième siècle.
Pour les hommes qui l’ont conduite, elle fut un carrefour
d’expériences et le lieu d’une invention collective.
Conclusion :
après la reconstruction
La reconstruction fut partout achevée au début des
années 1960. Elle a été immédiatement suivie d’une
décennie de construction massive, dans un contexte
économique redevenu très favorable. Les grands
ensembles, la modernisation des centres anciens, les
équipements de masse et l’expansion pavillonnaire s’inscrivent ainsi dans la continuité directe des expériences
de la Reconstruction. Une génération entière de maîtres
d’ouvrages s’y est formée, à l’instar de Louis Arretche,
Henri Colboc ou Jean Dubuisson, pour ne citer que les
ƤǤǡ±±
ǯ±Ƥ Ǥ͙͡͝͠ǡ
Maurice Novarina ferma son agence de Pont-Audemer,
ǯ±Ǥǯ Ƥ°
ǯƤ °ǯ ǯ
avaient constitué au moment de la reconstruction. À Vire,
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Calvados, 2011, 151 p.
Revues sources
L’Architecture d’Aujourd’hui, n. 7-8, sept.-oct. 1946 [numéro
thématique urbanisme]
L’Architecture d’Aujourd’hui, n. 32, oct.-nov. 1950 [numéro thématique
reconstruction]
L’architecture en Haute-Normandie, 1957-1964
L’Architecture française, n. 79-80, 1948 [numéro thématique Eure]
L’Architecture française, n. 85-86, 1949 [numéro thématique
reconstruction]
L’Architecture française, n. 125-126, 1952 [numéro thématique
immeubles collectifs]
La revue de Rouen, 1947-1955
Présence normande, 1961-1966
Urbanisme, n. 80-81, juil.-août 1942 [numéro thématique SeineInférieure]
Urbanisme, n. 82, sept. 1942 [numéro thématique Seine-Inférieure]
Urbanisme, n. 88, mars 1943 [numéro thématique Eure]
173
Index des communes
ǧ
ǡMasson-Detourbet André
ǡHerr François
ǦǦǡMasson-Detourbet André
±ǡProvost
Canteleu
ǦǦǡRobinne André, Zavaroni
Othello
Déville-les-Rouen
ǡBourgeois Pierre, Tougard Henri
ǡDoyon Georges
ǡDepauw Arthur, Zavaroni Othello
ǡPuget Roger, Herr François
ǡHerr François
± ǡCoulon René
ǡMasson-Detourbet André
ǦǦǡLaprade Albert
ǦǡHerr François
Grand-Quevilly
ƪ
ǦǦǡGonnot André
ȋȌǡBrunau Félix, Perret Auguste
ǦǦȋȌǡRobinne André
ǦǦǡKlein Max, Vieu
ǦǦǡAuzelle Robert
ǦǦǡBourgeois Pierre
ǡChatenay
ǡVivien
Petit-Couronne
Petit-Quevilly
ǡKlein Max, Démaret Jean
Ǧ2ǦǦǡTougard Henri
ǦǦǦ
ǦǦǦǡTougard Henri
Saint-Pierre le Viger
Ǧ±ǦǦǡHerr François, Zavaroni
Othello, Georges Féray, Henri Tougard
ǦǡLopez Raymond
ǦǦǡAuzelle Robert, Lods
Marcel
±ȋȌ
ǦǦǡHerr François
Yainville
Yerville
ǡGréber Jacques, Millet Roger, Zavaroni
Othello
ǦǦǡCourtois Alexandre
ǦǦǡSennevat Raymond, Rême
Léon,
ǦǦǡBataille A.
ǡLemaire René-Georges et Blondeau E
Biographies de quelques photographes
ǡBrillaud de Laujardière Marc
ǡCourcoux Yves
±ǦǦǡBoulanger Pierre, Tur Ali
2ǡMaître Jo
2ǡRenault H.
2 ǡCourtois Alexandre, Davy Henry,
ǡRême Léon, Gaston Walwein, Pierre
Dureuil
ǦǦǡDelaisement R.
ǡCourcoux Yves
ǦǦǡTrouillot G.
ǡCamelot Robert
ǡDhuit Roger
ǦǦǡDhuit Roger
ǡCourcoux
Ǧ ǡHallier Gilbert, Pierre Dureuil
Ǧǯ2²ǡCamelot Robert, Halley Maurice,
Levrat Alexandre
Ǧ±ǦǦǡDhuit Roger
Saint-Germain-la-Blanche-Herbe
ǦǡDavy Henry
Ǧ ǡRême Léon, Tur Ali
ǦǦǡArretche Louis
Ǧ ǡCourtois Alexandre, Pierre
Dureuil
ǡClot Marcel, Chappey Marcel, Claude Herpe
ǦǦ
ǡDelaage Henri
Cérences
ǦǦ ȋȌǡMichalon Jean
ǡCamelot Robert
±ǦǦǡPison Guy
ǡArretche Louis, Arretche Louis
2Ǧ ǡLahalle Olivier
Foligny
Graignes
ǡClot Marcel
±± ǡHaguenauer Jacques
ơȋȌǡClot Marcel
ǡLahalle Olivier
ǡMichalon Jean
ǡLahalle Olivier
ǡAnquetin J.
ǡTougard Henri
±ǡMichalon Jean
Ǧ ±ǡClot Marcel
Rosen-Quevin (Le)
Ǧ ǡPison Guy
Ǧ ǦǯǡPison Guy
Ǧ ǡHaguenauer Jacques
Ǧ ǦǦǡPison Guy
Ǧ ǦǦǡPison Guy
ǦØǡHilt André, Mersier Marcel
Ǧ ǡLahalle Olivier
174
174
Ǧ ǦǦ
ǦǦǦ ǡLahalle Olivier
ǡMichalon Jean
ǦǦǡTougard Henri
ǦǦǡArretche Louis
ǡLahalle Olivier
ǦǦ²ǡGrange H.
ORNE
ǡBahrmann Henri
ǦǦǯǡKehr Louis
ǡBoulanger Pierre
Chambois
ǡBoulanger Pierre
2 ±ǡMeige
ǡMeige
Ferrières au Doyen
ǦǦǯǣǡBoulanger Pierre
±ǡ
±ǦǦǡMeige
ǯǡGonnot André
ǦǯǡSchmitz André
ȋȌǡDufournet Paul
Ǧ2 ǡMeige
ǡMeige
ǡMeige
ǡGonnot André
ǡMeige
ǡBoulanger Pierre
Le service photographique du
crée en mars 1945 a fait très tôt
appel à des photographes salariés du
ministère comme Henri Salesse embauché en juillet 1945 ou Pierre Mourier en
octobre de la même année. Le service
était dirigé à l’origine par M. Guillaume
qui apparaît comme opérateur pour les
premières photographies notamment
au Havre. Puis les chefs de service vont
se succéder comme H.Sabatier, J. de
Chamberet ou André Guyonnet dans
les années soixante. D’autres noms
d’opérateurs apparaissent régulièrement comme Malek, Henrot pour la
Normandie, sans que nous possédions
d’informations sur leurs liens avec le
MRU ou sur leur carrière. Entre deux et
quatre photographes étaient actifs en
même temps au sein du service selon les
années. Quelques noms d’architectes
Ƥ± ±
dans les inventaires mais de façon très
occasionnelle, ainsi Pierre Dalloz (19001992), élève d’Auguste Perret, qui était
chef du service de l’architecture auprès
du ministre Eugène Claudius-Petit.
permet en juillet 1945 d’être le premier
photographe embauché au service
photographique du MRU. Il a été tout au
long de sa carrière, jusqu’en juillet 1977,
le photographe le plus sollicité pour
les différents reportages demandés
par le service notamment en Normandie. C’est à lui par exemple que sont
demandées les prises de vues accompagnant les enquêtes sociologiques à
Rouen, Petit-Quevilly, Montreuil et Le
Chambon-Feugerolles pour le bureau
d’études de l’urbaniste Robert Auzelle
en charge de l’habitat insalubre. Henri
Salesse est décédé en 2006 à Paris,
sans avoir imaginé l’intérêt soulevé par
ses photographies et le fonds du MRU
aujourd’hui.
EURE
ȋȌǡBahrmann Henri, Arnould André
ǦǦǡBailleau Pierre
ǡBailleau Pierre
ǡBailleau Pierre
ǡVissuzaine Roger
2 ǡBahrmann Henri
2ǡDanger Paul, Baillleau Pierre
ǡBazin Léon-Émile
ǡBardet Gaston, Béguin Roger, Novarina
Maurice
ȋȌǡVissuzaine Roger
ǦǦǡBailleau Pierre
ǡBailleau Pierre
ǦǡPuget, Vissuzaine, Novarina
Maurice
ǦǡBailleau Pierre
°ǦȋȌ
ǡ
Vernon
Henri Salesse (1914-2006) est né
à Paris dans une famille modeste originaire du Cantal. Au sortir de l’enseignement primaire il suit un apprentissage
dans une imprimerie spécialisée dans
la reproduction photo-mécanique Photo-Lith. Il y a travaillé jusqu’à la guerre,
tout en pratiquant la photographie en
autodidacte à l’aide de cours suivit à
la Société française de photographie.
Mobilisé en 1939 dans l’armée de l’air,
Henri Salesse est affecté au service
photographique de la base aérienne
de La Malmaison. Cette expérience lui
est né en 1914 à
Nexon dans la Haute-Vienne, où son
père est receveur de l’enregistrement.
Titulaire du baccalauréat, il est employé
dans un commerce de photographie
avant de tenir lui-même le studio Photo-Ciné-Publicité à Limoges jusqu’en
1944. Mobilisé dans l’armée de l’air,
Pierre Mourier est en octobre 1945 le
second opérateur embauché au service
photographique du MRU. Après un
arrêt maladie de deux ans en 1948-49,
il réintègre le service où progressivement, en parallèle aux reportages
photographiques et aux travaux de
laboratoire, il devient le responsable
de la cinémathèque. Comme Henri
Salesse, il a gravi tous les échelons du
grade de «vérificateur technique de
la construction» pour terminer «chef
de section» quelques années avant sa
retraite en novembre 1976.
175
, né en 1922 à Bihorel
(76), n’était pas photographe de forǤƤ ǯ
Primaires obtenu en 1935, il est entré en
janvier 1943 au bureau local du Commissariat à la Reconstruction immobilière qui
est devenu en 1945 la Délégation départementale de Seine-Inférieure du MRU.
Albert Kuhn y a fait toute sa carrière
comme auxiliaire puis commis avant
de devenir agent administratif dans les
années 60. Il était en charge en 1952 du
« Contrôle des opérations Reconstruction » , ainsi que de la documentation
statistique et photographique. A ce
titre sa pratique de la photographie
correspond à des constats, des états des
lieux des chantiers de la reconstruction
en Seine-Maritime tels que pouvaient
le demander les services départementaux ou centraux du MRU. Les deux
grandes campagnes photographiques
en Seine-Maritime en 1955 et 1956 qui
Ƥ
sont consistantes en quantité de sites et
chantiers représentés sont d’une qualité
technique médiocre ; elles n’ont pas fait
l’objet d’une publication dans les revues
spécialisées.
Paul Henrot : photographe indépendant spécialisé en architecture, ami
de l’architecte Marcel Lods, en charge
de la reconstruction de Sotteville-lèsRouen. Ceci explique sans doute la
présence de deux reportages de Henrot
dans le fonds normand du MRU dont un
spécialement concerne les immeubles
ISAI de Lods à Sotteville-lès-Rouen.
Remerciements :
Didier Mouchel remercie chaleureusement l’équipe de la photothèque du ministère pour
sa disponibilité et à sa patience, le tout sans jamais se départir d’une bonne humeur
communicative. Merci donc à la direction de la DICOM au ministère de l’Ecologie et du
Développement Durable et à Daniel Coutelier, le responsable de la photothèque, Christophe
Cazeau et Daniel Joseph-Reinette.
Merci à Coralie Dusserre et Alice Marsal, chargées de collections aux Archives nationales à
ƤǦǦ Ǥ
Je remercie également les stagiaires qui au sein du Pôle Image Haute-Normandie ont
contribuées à un titre ou un autre à la réalisation et la mise en forme de cet ouvrage : Océane
Jamet, Ilona Sannier et Clarisse Rousseau.
Merci à Cécile Cartron et à l’équipe du Pôle Image Haute-Normandie pour leurs aides diverses
et variées.
Merci à Pascale Lemare et à Frédéric David pour leur relecture, et à François Banse pour sa
Ƥ ±² Ǥ
Toutes les photographies présentes dans ce livre proviennent de la photothèque du ministère de l’Ecologie, du
±ǯǤ±Ƥ± ±ǯ
le classement des négatifs dans les inventaires du ministère établis depuis 1945. (www.mediatheque.developpement-durable.gouv.fr)
Pour toutes les photographies : © MEDDE – MLET
Contact : Daniel Coutelier, responsable photothèque de la DICOM
MEDDE/MLET
DICOM/ DIE 4 / Bureau audiovisuel
tour Pascal A 92055 La Défense cedex
Ce livre a été rendu possible grâce à la Direction de la communication
(DICOM) au sein du ministère de l’Écologie, du Développement Durable
et de l’énergie (MEDDE) et du ministère du Logement et de l’égalité des
Territoires (MLET)
Avec le concours du Pôle Image Haute-Normandie
Le Pôle Image Haute-Normandie est une association soutenue par la Région Haute-Normandie et le
ministère de la Culture et de la Communication / DRAC Haute-Normandie pour ses actions en faveur de
l’image.
176 de l’imprimerie ơȋ Ȍ
176
Achevé d’imprimer en septembre 2014 sur les presses
Dépôt légal : septembre 2014 - N° ISBN : 978-2-84811-XXX-X