The implementation of a cease-fire agreement in the Nuba Mountains in Sudan, in 2002, after fifteen years of fighting, has been an exemplary experiment, from various points of view : it has been achieved by an international military body...
moreThe implementation of a cease-fire agreement in the Nuba Mountains in Sudan, in 2002, after fifteen years of fighting, has been an exemplary experiment, from various points of view : it has been achieved by an international military body (the Joint Military Commission), far from any institutional existing frame, and it associated both Parties in conflict and an interntauonal team of monitors from various wesstrn coutries.
This original approach was to be the key to an unexpected success, among the fighters as well as among the civilians. It opened the way to reconstruction et development projects, in the prospect of a lasting return ot peace.
But locally confined initiatives of this kind are finally submitted to superior interests at different scales. The signing of a Comprehensive Peace Agreement en 2005 between the Governement of Sudan and the Sudan People's Liberation Movement, while granting Southern Sudan a chance to gain independance, mechanically led to a new start of warfare in the Nuba mountains, from 2011 until today, with a degree of violence unreached before.
A partir de l'exemple concret de la mise en oeuvre d'un cessez-le-feu destiné à aboutir à un règlement de paix durable, il s'agit ici de s'interroger sur la possibilité de régler un conflit sans avoir au préalable remédié à ses causes : la boîte à outils aujourd'hui en vogue des organisations internationales 2 n'est faite que de mesures d'accompagnement, mais pas de règlement. Or la "communauté internationale" (i.e. les Occidentaux) qui les met en oeuvre n'a plus le pouvoir, la compétence ou l'intérêt d'imposer ses solutions par la force. La période coloniale et post-coloniale, qui permettaient d'ignorer souverainement non seulement les causes des problèmes, mais également les modes de résolution adaptés aux cultures et aux traditions des peuples, ainsi que leurs intérêts tels que ressentis comme primordiaux ou prioritaires, est révolue. La cécité et l'impuissance de l'Occident réduit à une force militaire et à des ressources financières bien diminuées, ne permettent plus d'imposer de solutions durables. L'exemple du cessez-le-feu imposé par les États-Unis dans les monts Nouba au Soudan en 2002 est en cela très éclairant : si l'opération a connu dans un premier temps un succès reconnu et apprécié par toutes les parties, grâce à une approche novatrice et prometteuse, elle a finalement échoué dans la mesure où la pression initiale n'a pas été maintenue, et où le gouvernement de Khartoum s'est senti à la fois libre et contraint de rétablir sa férule sur la région considérée. *** Le 19 janvier 2002, est signé à Bürgenstock, en Suisse, un accord de cessez-le-feu entre le gouvernement soudanais et le mouvement rebelle SPLA-Monts Nouba, sous l'égide des États-Unis et de la Suisse. Signé pour six mois renouvelables, cet accord durera trois ans, avant d'être intégré dans un accord de paix global entre le gouvernement soudanais et le mouvement rebelle du SPLM, le 9 janvier 2005 à Naivasha. I-Une initiative opportuniste, pragmatique et originale Lorsqu'il s'installe à la Maison Blanche, en janvier 2001 George W. Bush découvre le dossier soudanais. L'administration républicaine n'a aucune compétence sur ce dossier mais décide d'en faire un test de sa capacité à mettre en oeuvre, non seulement son programme, mais sa vision du monde fondée sur la notion de « choc des civilisations », déjà mise en oeuvre par les États-Unis dans le démembrement de la Yougoslavie et les accords de Dayton qui l'ont entériné en 1995. 1 1 L'auteur, chercheur au CNRS, participa à cette mission dont il fut l'un des deux représentants français, en tant que conseiller juridique et politique auprès du général norvégien JE Wilhelmsen, président de la JMC (l'autre étant un diplomate spécialiste des dossiers africains). La relation de cette mission s'appuie sur des notes personnelles, et sur les précieux rapports rédigés par trois autres participants dans un cadre universitaire : Nicolas Bonvin, Thomas Jenatsch et Christopher Varhola (voir bibliographie). 2 "Peace building, Capacity building, Leadership building, State building", et l'on en passe, qui ne sont que des formules paternalistes, cherchant à plaquer des recettes inadaptées en écartant toute l'expérience historique et les conditions propres à chaque société.