Cet article dessine la biographie d’Ignacio Monte, un esclave africain venu de la «terre des Mahi » en Afrique de l’Ouest, actuel Bénin. Appuyé sur les archives ecclésiastiques du XVIIIe siècle conservées à Rio de Janeiro, le texte montre... more
Cet article dessine la biographie d’Ignacio Monte, un esclave africain venu de la «terre des Mahi » en Afrique de l’Ouest, actuel Bénin. Appuyé sur les archives ecclésiastiques du XVIIIe siècle conservées à Rio de Janeiro, le texte montre comment un esclave africain arrivé adulte au Brésil a reconstruit sa vie en captivité. Devenu barbier-saigneur, il a pu racheter sa liberté et être élu « roi des Mahi » en 1762. Sa biographie va bien au-delà de son histoire de vie. Elle éclaire notamment les sociabilités de toute une communauté dont l’identité s’est construite sur la base de son passé africain.
Au Cameroun, derrière un titre de presse, un reportage, une interview se croisent deux principaux cadres d’interprétation de l’actualité que cette recherche met en évidence : le cadrage du « mapartisme » favorable aux intérêts partisans... more
Au Cameroun, derrière un titre de presse, un reportage, une interview se croisent deux principaux cadres d’interprétation de l’actualité que cette recherche met en évidence : le cadrage du « mapartisme » favorable aux intérêts partisans linguistiques (anglophone/francophone), ethnopolitiques, et le cadrage de la nation unifiée, favorable à l’éclosion d’une nation camerounaise tournée vers des idéaux républicains et les causes d’intérêts nationaux. Comment ces cadres d’interprétation de l’actualité se donnent-ils à voir ? Et que révèlent-ils du fonctionnement des enjeux sociopolitiques et de pouvoir au Cameroun ? Le problème posé ici est celui du rôle des identités ethnotribales/régionales et linguistiques (francophone/anglophone) dans l’orientation éditoriale des évènements de presse au Cameroun. Pour y répondre, cette étude associe l’analyse du discours de presse et la sociologie de la production du travail journalistique au Cameroun. Elle met en perspective le cadrage informatif des journaux au moyen de la désignation d’acteur et d’évènement et leur rapport aux dispositifs dont ils sont l’effet. Notre corpus est composé de 158 articles tirés de 5 journaux camerounais parus entre le 1er janvier et le 30 juin 2015 et de 15 entretiens semi-compréhensifs.
L’immigration en Guyane est plurielle. Aux migrants caribéens que la précarité et les violences politiques ont chassés de chez eux se mêlent des migrants partis de France métropolitaine pour goûter à l’exotisme de cette société française... more
L’immigration en Guyane est plurielle. Aux migrants caribéens que la précarité et les violences politiques ont chassés de chez eux se mêlent des migrants partis de France métropolitaine pour goûter à l’exotisme de cette société française sise en Amérique du Sud. Cette pluralité se retrouve lorsque les premiers, usagers étrangers du système de soins, rencontrent des professionnels qui, bien que français, sont soit autochtones, soit eux-mêmes migrants. Ces usagers étrangers sont parfois victimes de discriminations opérées par des professionnels autochtones qui les suspectent de venir profiter indûment du système de soins local. Si ces discriminations ont également cours ailleurs en France, elles sont exacerbées en Guyane par l’importance des flux migratoires et des difficultés socio-économiques. Une autre figure de l’accès aux soins en contexte d’immigration, plus spécifique à la Guyane, est celle de professionnels migrants qui attribuent à certains de leurs usagers étrangers, au nom de leur identité ethnique, une autochtonie que ne leur reconnaît pas la loi. Enfin, les enjeux de l’accès aux soins en contexte d’immigration s’articulent à l’ensemble des rapports sociaux inégalitaires qui traversent la société guyanaise.
Cet article explore deux périodes-clés de l’histoire contemporaine de l’Asie centrale : dans les années 1950, la politique soviétique de transfert des populations de montagne vers les kolkhozes cotonniers de la vallée de Ferghana et, dans... more
Cet article explore deux périodes-clés de l’histoire contemporaine de l’Asie centrale : dans les années 1950, la politique soviétique de transfert des populations de montagne vers les kolkhozes cotonniers de la vallée de Ferghana et, dans les années 1990, l’exil des réfugiés de la guerre civile tadjike vers le nord du Tadjikistan, l’Ouzbékistan et le Kirghizistan. S’appuyant sur une démarche à la fois historique et sociologique, l’article analyse les conditions d’accueil des populations déplacées dans leurs lieux de destination et propose de déconstruire le concept d’ethnicité, omniprésent dans les sources écrites de ces deux périodes. En effet, une lecture exclusive par le prisme ethnique ne permet pas de percevoir la complexité des allégeances identitaires – nationales, régionales, lignagères, religieuses ou linguistiques. Le concept même d’ethnicité est donc insuffisant pour rendre compte des dynamiques sociales d’une région, où l’identité puise à des sources plurielles, mouvantes et sans cesse renégociées.
Les républiques d'Asie centrale, longtemps restées prisonnières du carcan soviétique, sont apparues au grand jour suite à la dissolution de l'URSS, au début des années quatre-vingt-dix : le Kazakhstan, le Kirghizistan, le Tadjikistan,... more
Les républiques d'Asie centrale, longtemps restées prisonnières du carcan soviétique, sont apparues au grand jour suite à la dissolution de l'URSS, au début des années quatre-vingt-dix : le Kazakhstan, le Kirghizistan, le Tadjikistan, l'Ouzbékistan et le Turkménistan ont ajouté leur nom enchanteur au concert des nations indépendantes. Mais que l'on ne s'y trompe pas, si ces pays portent le nom de leur peuple éponyme, ils n'en sont pas moins composés d'une population multiethnique : ainsi, à son indépendance, le Kazakhstan abritait seulement 39,7% de Kazakhs pour 37,8% de Russes,