La critique est unanime à reconnaître que se révèle la fascination pour l’ailleurs, un ailleurs souvent utopique, dans la deuxième phase de l’œuvre de Le Clézio, datant de la fin des années soixante-dix. La première phase se caractérise...
moreLa critique est unanime à reconnaître que se révèle la fascination pour l’ailleurs, un ailleurs souvent utopique, dans la deuxième phase de l’œuvre de Le Clézio, datant de la fin des années soixante-dix. La première phase se caractérise par la frustration, la désillusion, l’amertume vis-à-vis de l’Occident, de son consumérisme outrancier, de ses guerres arbitraires, de ses villes mortifères. Les lectures de Le Clézio pourtant – comme le prouvent ses nombreuses références à Thomas More, Jules Verne, Aldous Huxley, Daniel Defoe, François Leguat, etc. – nourrissent son penchant pour l’utopie. Son séjour prolongé au Mexique et son initiation au mode de vie des Indiens Emberá et Waunana (ou Wounaan) finiront par consolider chez lui la veine méditative et visionnaire, bref son penchant utopiste.
Dans son ouvrage Le Chercheur d'or et d'ailleurs, Jacqueline Dutton démontre que l’ensemble de l’œuvre de Le Clézio est sous-tendue consciemment ou inconsciemment par la pensée utopique. Or, les récits indianocéaniques de ce dernier, en particulier Le Chercheur d’or, Voyage à Rodrigues, La Quarantaine et Révolutions, se distinguent du reste de sa production dans la mesure où à ce rêve de l’impossible s’adjoignent quelques préoccupations supplémentaires. Sa poursuite utopique porte l’empreinte du mythe du paradis perdu par ses ancêtres adamiques auquel s’entremêle de surcroît un débat sur la colonisation. J’aimerais réfléchir aux enjeux de la conjonction de telles problématiques et aux perspectives idéologiques voire mystiques qui en découlent.