L'article analyse quelques écrits inédits de Verri laissés dans ses archives: les Idées politiques du comte Pietro Verri à ne pas publier 1790. L'intellectuel milanais y rassemble ses observations sur la politique contemporaine. Parmi les...
moreL'article analyse quelques écrits inédits de Verri laissés dans ses archives: les Idées politiques du comte Pietro Verri à ne pas publier 1790. L'intellectuel milanais y rassemble ses observations sur la politique contemporaine. Parmi les thèmes traités dans les divers écrits qui composent l'oeuvre, nous retenons ceux qui ont comme objet la Révolution française. Le plus important est celui qui s'intitule Pensées du comte Pietro Verri sur l'état politique du mila-nais en 1790. Il analyse la situation de la Lombardie en se référant aux événements français. Verri fut un des rares Italiens qui ait essayé depuis le début de comprendre la nouveauté française sans préjugés, sans recourir ni à l'exaltation ni à la condamnation mais en utilisant les instruments critiques adéquats. Il est guidé par deux notions: la constitution d'un côté et le respect des droits de propriété de l'autre. Dans ces limites plutôt larges pour l'époque, Verri s'efforce de comprendre politiquement la réalité nouvelle de la Révolution. Parti de l'adhé-sion au réformisme, Verri cherche à penser les éléments de nouveauté présents dans le phé-nomène révolutionnaire, dans lequel la plupart de ses contemporains voient le triomphe de l'anarchie et du désordre. Selon lui, en 1790 les Etats européens auraient pu empêcher la Révolution en abattant le despotisme et en instaurant un régime constitutionnel et democra-tique. Dans un dialogue écrit en français, Dialogue des Morts. Le roi Frédéric et Voltaire, Verri analyse le rôle de l'opinion dans les faits politiques anticipant la notion gramscienne d'«hégémonie». A travers les paroles de Voltaire, il se montre confiant dans le fait que la Révolution évoluera dans un sens libéral-démocratique et constitutionnel dans le cadre de sa conception de l'histoire comme une lutte entre le despotisme et la liberté. Pourtant la «pro-phétie» de Verri ne se réalise pas et la Révolution emprunte la route du régime autoritaire de masse d'inspiration rousseauiste. Mais cette erreur de prévision ne diminue pas la valeur des analyses de Verri et même paradoxalement les rend encore plus aiguës parce qu'il était nécessaire de «sortir de la Révolution» (comme le dit le titre du livre de Baczko) et de traverser le régime napoléonien pour revenir sur la voie de la société démocratique que Verri, anticipant sur son époque, mais avec une grande lucidité intellectuelle, avait indiquée dès 1790. Der Beitrag befasst sich mit unveröffentlichten Schriften aus dem Nachlass von Graf Verri, mit seiner Idee politiche del Conte Pietro Verri da non pubblicarsi 1790. Der mailändische Intellektuelle vereinigt hier seine Beobachtungen zur zeitgenössischen Politik. Die Schriften, die die Französische Revolution zum Thema haben, stehen dabei im Zentrum, so auch die wichtigste mit dem Titel Pensieri del Conte P. V. sullo stato politico del milanese nel 1790. In diesem Beitrag wird die Lage der Lombardei in ihrem Bezug zu den französischen Ereig-nissen analysiert. Verri ist einer der wenigen Italiener, die von Anfang an versucht haben, die französische Zeitgeschichte ohne Vorurteile, ohne Enthusiasmus oder Verdammung, aber mit kritischem Blick zu sehen. Zwei Aspekte leiten seine Überlegungen: die Verfassung auf der einen Seite und die Achtung vor den Besitzrechten auf der anderen. Innerhalb dieses für die Zeit eher weiten Rahmens bemüht sich Verri darum, die neue Wirklichkeit der Revolution politisch zu verstehen. Ausgehend von seinen Reformvorstellungen bemüht er sich, den revo-lutionären Prozess zu erfassen, den die meisten seiner Zeitgenossen nur als Triumph der Anarchie und der Unordnung bewerten. Seiner Meinung nach hätten die europäischen Staaten 1790 die Revolution verhindern können, wenn sie den Despotismus niedergeschlagen und ein