Sylvie Germain

Le roman Nuit-d'Ambre de Sylvie Germain n'est pas la moindre des relectures artistiques du mystérieux combat de Jacob au gué du Yabboq. Ne pourrait-on pas relire cette péricope après avoir lu le roman de Sylvie Germain, pour mieux comprendre le texte biblique ? Le recours au concept des "images poémagogiques" permet d'éclairer le problème de l'identification de l'adversaire en Gn 32... Texte entier : BETL 293.

Presses Universitaires du Septentrion. Collection "Perspectives"

Résumé:
Le roman contemporain trahit une fascination troublante pour l’irrationnel. Délaissant volontiers les rivages trop éclatants de la raison, il convoque des figures magiques souvent anachroniques (spectres, chamanes, sorcières) pour sonder les méandres d’une psyché collective dont les peurs et les impensés résistent aux voies de l’entendement. 
Il ne s’agit pas pour autant de renouer avec d’anciens régimes explicatifs, magiques ou religieux : face à un monde « désenchanté » (Weber), le surnaturel infiltre des dispositifs esthétiques qui oscillent entre la tentation ambiguë d’une reconstruction du sens et le deuil, nostalgique ou désabusé, d’une transcendance dont les romans attestent la perte.
Première étude panoramique consacrée à ce phénomène, cet ouvrage propose une analyse morphologique et fonctionnelle du surnaturel dans la littérature contemporaine en parcourant notamment les univers fictionnels d’Antoine Volodine, Sylvie Germain, Alain Fleischer, Marie NDiaye et Christian Garcin.

Flavie Kerautret et Morgane Kieffer (dir.), « Littérature & magies. Lectures et représentations critiques du monde »

https://cslfdoc.hypotheses.org/manifestations/je/litterature-magies-figures-formes-regards-critiques-2-juin-2017/anne-sophie-donnarieix-les-arts-magiques-de-sylvie-germain-de-la-representation-de-lart-comme-pratique-incantatoire-au-developpement-dune-ecriture-denchante

Magnus, a novel from Sylvie Germain published in 2005, is a narration made up of several marks of hybridity – structural, generic and discursive hybridity. Those marks are not simply formal but emphasize the necessity of a true presence towards the world and others. The itinerary of the character is a spiritual one, and the novel reveals the part played by reading and writing in the reconsideration of our relationship towards the world and the other people.

Au carrefour entre essais, romans, récits et poèmes, La Pleurante des rues de Prague tient une place particulière dans l’œuvre de Sylvie Germain. L’étude de ce récit permet notamment de révéler les éléments fondateurs du roman germainien qui tendent à se focaliser autour d’une narration de la douleur. La Pleurante en est le personnage principal qui orchestre le récit de bout en bout.

Sylvie Germain con la sua scrittura evocativa, suggestiva e poetica ci propone un altro modo di lettura del mondo. La vera rivoluzione della realtà romanzesca che essa plasma non avviene a livello linguistico o narrativo ma nel modo di percepire la realtà stessa.
Il realismo magico di Germain privilegia l’irrazionale come forma di conoscenza che opera un’espansione delle capacità visive del lettore. C’è un recupero dell’immediato e dell’immateriale. A livello narrativo questo viene evidenziato nel conflitto tra il visibile e l’invisibile.
La pelle dei personaggi diventa una sorta di mappatura metafisica che va al di là dei confini geografici e si prefigge di toccare il mistero di un ancestrale non del tutto accessibile. La lotta con l’angelo, immagine generatrice dei racconti, è l’estrinsecazione per eccellenza dello scontro-incontro tra il materiale e lo spirituale.

Sylvie Germain est une conteuse. Et pourtant, ce sont ses romans que l'on analyse. Partout sensible, le conte est cependant émietté et dispersé, il est comme un invisible soubassement qui tisse des échos, trame des symboles et des rengaines au sein des romans : présent dans le récit, il s'offre de préférence aux discours obliques.

Il y a de l'anachronisme sans doute à dire une oeuvre contemporaine avec les mots d'un autre temps. Mais les livres de Sylvie Germain s'ingénient si bien à s'écrire au rebours de l'histoire, à plonger dans l'immémorial des mythes ou l'archaïque des contes pour en draper les temps présents qu'ils semblent eux aussi procéder d'un désir d'anachronisme.

in: Sara Buekens et Julien Defraye (dir.), Animal et animalité. Stratégies de représentation dans les littératures d’expression française, Paris, Classiques Garnier, 2022, p. 31-52.

À la fin d’un siècle encore hanté par ses stigmates post-génocidaires, la présence de l’animal sur la scène littéraire contemporaine se singularise par une réflexion critique sur les devenirs de l’être humain et du discours humaniste. Cet article revient sur la zoopoétique à l’oeuvre dans les univers fictionnels de Sylvie Germain, Marie Darrieussecq, Antoine Volodine et Éric Chevillard, en examinant tour à tour les enjeux poétiques et politiques auxquels ils répondent.

Le livre de Kate Rose (Katherine Roussos) Décoloniser L'imaginaire: du réalisme magique chez Maryse Condé, Marie NDiaye, et Sylvie Germain a fait beaucoup d'échos par rapport à la littérature francophone, le réalisme magique, et le postcolonialisme. Ce compte rendu décrit comment et pourquoi.

Ma théorie sur le réalisme magique et le féminisme dans les littératures francophones, postcoloniales, et autres, est dévelopée dans ce livre Décoloniser l'imaginaire: du réalisme magique chez Maryse Condé, Marie NDiaye, et Sylvie Germain. Voici l'introduction. Vous pouvez aussi lire le livre gratuitement en ligne à

https://liseuse.harmattan.fr/978-2-296-04224-7

Le livre de Kate Rose (Katherine Roussos) Décoloniser L'imaginaire: du réalisme magique chez Maryse Condé, Marie NDiaye, et Sylvie Germain a fait beaucoup d'échos par rapport à la littérature francophone, le réalisme magique, et le postcolonialisme. Ce compte rendu décrit comment et pourquoi.

Dans le paysage des nouvelles écritures romanesques, l'œuvre de Sylvie Germain ne cesse de s'imposer tout en affirmant sa singularité. De récit en récit, cette philosophe et romancière hantée par la question du mal, construit une œuvre puissante, profondément humaine, tout à la fois incarnée et magique où le réel se trame avec l'onirique, où le merveilleux se fait complice du fantastique ; une œuvre parfois violente, cruelle… Sylvie Germain ne fait-elle pas sienne cette phrase du philosophe Michel Serres: « si tu ne descends pas aux enfers, tu ne créeras jamais. » Concret et charnel, sensible au sacré, son récit se présente souvent proche de la fable et du conte; « à la limite », avoue Sylvie Germain, « tous mes livres sont des contes ». Le lecteur est entraîné voire fasciné par une écriture éminemment poétique nourrie par une imagination flamboyante : Sylvie Germain ressent et connaît le pouvoir de l'image, elle en use avec grand art et sait communiquer à son lecteur la jouissance de l'écriture.
Conscient de l'importance d'une telle œuvre, le comité directeur du Groupe de Recherche en Poétique et Poésie Contemporaine (GRPC), a organisé un colloque international sur « Sylvie Germain et son œuvre » qui s'est tenu, en présence de l'auteure, à l'Université de Haïfa en mars 2006. Nous tenons à remercier pour leur aide, les membres du Groupe de Recherche et particulièrement la directrice de l'Atelier de traduction, Marlena Braester.
De par sa riche originalité, l'œuvre de Sylvie Germain s'ouvre à des possibilités variées de cheminements de lecture. C'est ce que reflètent les textes réunis dans cet ouvrage, à partir des communications faites au colloque. Regards sur l'œuvre, interrogations au niveau de la perception et de la sensation, mise en évidence d'une variété de genres et structures, diverses approches thématiques mettent en lumière un  récit  qui avance hors des sentiers battus, « à l'écoute de cette rumeur intérieure que chacun porte en soi, mais qui reste le plus souvent inaudible », un récit ne cessant d'être en quête d'absolu.  Jacqueline Michel - Isabelle Dotan

In: Jochen Mecke, Anne-Sophie Donnarieix (dir.), La délocalisation du roman. Esthétiques néo-exotiques et redéfinitions des espaces contemporains, Berlin, Peter Lang, 2020, pp. 131-143.

Abstract: De Chateaubriand à Pierre Loti, le désert compte parmi ces topoi littéraires qui ont largement influencé l’imaginaire de l’ailleurs et nourri la réflexion sur les modalités de l’écriture exotique. Espaces de solitude et de vide, de méditation ontologique et d’exploration mystique, ils constituent des lieux extrêmes, propices à la représentation d’une altérité spatiale fantasmée. Or si de nombreux romans contemporains vouent une attention renouvelée à ces espaces insolites, ils rompent pourtant avec de tels modes de représentation et témoignent d’une nouvelle manière d’appréhender les espaces lointains, à rebours des conventions stéréotypées de l’exotisme. À travers l’analyse de divers procédés de subversion (humour, ancrage intertextuel, onirisme désenchanté), il s’agira de revenir sur l’ambivalence des déserts contemporains, oscillant entre la nostalgie d’une écriture fondée sur l’adhésion et des effets de déplacement qui renouvellent les voies esthétiques de l’ailleurs.

Abstract in English followed by the abstract in French:
"Writing on the black background: Sylvie Germain and Pierre Michon"
Sylvie Germain and Pierre Michon have rarely been analyzed together, and yet they share the trait of being haunted writers. Their works resonate with the same imperative: to make the stories of those who suffered “le jeu de massacre de l’Histoire”, of which there remain few traces. In Les Personnages, Sylvie Germain quotes an interview in which Michon is focusing on the black background of a painting by Velásquez: “You might tell me there is nothing there in this black background. [...] Without the black background that blows from the bottom, there would be no figures. [...] It is because there are no figures, no thought, no content, that the men of literature are forced to speak with violence.” Germain and Michon are both attracted by the black background of history: from their dreams, thoughts, insights, and from origin myths, they conjure up the shadows, silhouettes, and stories that had been previously hidden or forgotten.
Joseph Roulin, the anonymous friend of Van Gogh, is the subject of a few paintings by the Dutch painter. He was highlighted by Van Gogh but nothing is known of him. Roulin the anonymous emerges from the black background with the fictional portrait dedicated to him by Michon in Vie de Joseph Roulin (1988). From “une vie minuscule”, Michon created a character that has much in common with the fictional characters that Sylvie Germain conceives: in Les Personnages she analyzes the birth and the presence of these invigorated shadows. I compare how their characters are born and live, and analyze how Germain and Michon make figures emerge from the black background.
« Écrire le fond noir : Sylvie Germain et Pierre Michon »
Deux noms d’écrivains français s’imposent depuis quelques années parce que leur singularité dans l’écriture de la fiction et dans l’exploration de ce qui est en marge force l’admiration : Sylvie Germain et Pierre Michon. Alors que ces écrivains n’ont guère été analysés ensemble, ils ont en commun d’être des écrivains hantés. Et, leurs écrits résonnent du même impératif : faire le récit de ceux qui ont subi « le jeu de massacre de l’Histoire », dont il ne reste que peu de traces. Dans Les Personnages, Sylvie Germain cite une déclaration de Michon s’attardant sur le fond noir d’un tableau de Velásquez : « Vous me direz qu’il n’y a rien, là, dans ce fond noir. […] Sans ce fond noir qui souffle du fond, il n’y aurait pas de figures. […] C’est bien parce qu’il n’y a pas de figures, pas de pensée, pas de contenu, que l’homme de littérature est bien obligé de prendre la parole avec violence. ». Michon s’attache aux vies minuscules, et de même les personnages de Sylvie Germain sont « comme des morts en peine d’un récit ». Tous deux attirés par le fond noir de l’Histoire, à partir de leurs rêves, pensées, intuitions, et à partir des mythes fondateurs, ils font surgir des ombres, des silhouettes, des histoires jusqu’alors masquées ou oubliées.
Joseph Roulin, l’ami anonyme de Van Gogh, est le sujet de quelques tableaux du peintre hollandais : il a été mis en lumière par Van Gogh mais on ne sait rien de lui. Roulin l’anonyme surgit du fond noir grâce au portrait imaginaire que lui consacre Michon dans Vie de Joseph Roulin (1988). Michon en a fait un personnage qui a bien des ressemblances avec les personnages de fiction, ces ombres vivifiées, dont Sylvie Germain analyse la naissance et la présence dans Les Personnages : il s’agit de comparer leur création de personnages pour faire apparaître des figures dans le fond noir.