Transition Démocratique

Ce mémoire a pour but d’évaluer le rôle de la société civile dans le processus de consolidation démocratique sud-coréen à travers l’exemple de la mobilisation sociale ayant suivi le naufrage du ferry Sewol en avril 2014. La préoccupation principale est de déterminer si la société civile est toujours mobilisée vingt-cinq ans après la transition à un régime démocratique. La mobilisation du Sewol montre que la société civile sud-coréenne s’est remobilisée et participe de la politisation d’enjeux afin de mettre à l’agenda des réformes démocratiques destinées à être entreprises par l’Etat. Néanmoins le gouvernement et plus généralement la société politique sud-coréenne est immobilisée, léthargique et ne prend pas la mesure des aspirations de la société civile. Ainsi le dialogue entre société civile et société politique, crucial dans ce contexte de consolidation démocratique, est miné. En raison du manque de confiance entre les deux parties, les membres de la société civile et plus généralement les citoyens ont tendance à contourner le jeu des partis politiques, ce qui pourrait être dangereux pour le futur de la consolidation démocratique sud-coréenne.

Mots-clés : Corée du Sud – Sewol – société civile – société politique – transition démocratique – consolidation démocratique – politisation – mouvements sociaux

This thesis is intended to assess the role of civil society in South Korean democratic consolidation process through the example of the social mobilization following the April 2014 Sewol ferry tragedy. The main concern is to determine whether civil society is still mobilized or not twenty five years after the transition to a democratic regime. The Sewol mobilization shows that South Korean civil society re-mobilized and is currently politicizing issues in order to push for democratic reforms to be implemented by the state. However the government and generally speaking South Korean political society is immobilized, lethargic and does not understand civil society’s aspirations. Therefore the dialogue between civil society and political society, crucial in this democratic consolidation context, is undermined. As a consequence of the lack of trust between both parties, civil society members and citizens more generally tend to bypass the political parties arena, which could be dangerous for the future of South Korean democratic consolidation.

Key-words: South Korea – Sewol – civil society – political society – democratic transition – democratic consolidation – politicization – social movements

Papier présenté par Dr. Azmi Bishara au colloque “Des démocraties en invention?  Les pays arabes comme laboratoires de nouvelles transformations du politique”, coorganisé par le Centre arabe de recherches et d’études politiques de Paris (CAREP Paris) et la Chaire d’histoire contemporaine du monde arabe du Collège de France, le 28 November 2019.

Le texte a pour but de présenter les principaux problèmes posés en Tunisie en matière d'aménagement territorial et de régionalisation à travers les déséquilibres régionaux, la forte concentration dans la capitale et sur la façade littorale, l'absence de la région comme institution politico-administrative ou économique. La nouvelle constitution tunisienne, approuvée en janvier 2014 a créé l'autorité locale et un projet de loi est en cours de discussion pour organiser cette autorité et créer la région. L'article essaie de dresser les principaux enjeux et défis dans une Tunisie en pleine transition démocratique. Le territoire tunisien présente un clivage nord-sud, hérité de la nature et de l'histoire qui fait que les données naturelles s'amenuisent du Tell au nord vers le sud aride en passant par les espaces steppiques. L'occupation humaine et la colonisation en particulier, ont consolidé ce gradient longitudinal. La Tunisie indépendante a mis en place un gradient plutôt est-ouest opposant un littoral dynamique, de plus en plus dense et attractif, ouvert sur l'économie-monde et un intérieur laissé pour compte où la règle est plutôt le départ. Les formes de ce déséquilibre s'expriment à travers la littoralisation de la dynamique spatiale liée à l'extraversion croissante de l'économie, l'affinage de la Capitale et sa métropolisation, la contraction croissante de cet espace dynamique et le déséquilibre des systèmes urbains.

Ce papier restitue les principales pistes de recherche investies par les contributeurs. Il tente parallèlement de les étayer et prolonger par des analyses supplémentaires. Certaines de leurs conclusions sont confrontées aux apports possibles d’autres pistes ou développements critiques. Le premier chapitre est consacré à une mise en perspective philosophique de la conjoncture pandémique. Après avoir mis en lumière l’estimable contribution de plusieurs concepts philosophiques à une interrogation sur la crise, notamment ceux d’épochè, angoisse et biopolitique, il revient sur les conditions de réception des concepts philosophiques dans les travaux sociologiques. Il en retrace trois orientations majeures possibles, celles démarcationniste, intégrationniste et conversionniste. Le deuxième chapitre est dédié à l’exposition d’une approche historique des épidémies. Il essaie de montrer que la cyclicité historique qui caractérise le fait épidémique englobe, malgré des aspects indéniables de continuité, une évolution notable des représentations sociales liées à la maladie comme de l’action des pouvoirs publics pour y faire face. Nous constatons en particulier que cette action, désormais mieux armée et nettement plus efficace grâce aux progrès scientifiques et techniques, tire de son inscription dans le volontarisme et du rejet sans concession du fatalisme d’antan une source de légitimation.

Le troisième chapitre aborde la vulnérabilité différentielle des catégories sociales devant la pandémie. Elle révèle et accentue les inégalités sociales. Une attention particulière est accordée aux discriminations liées au genre. L’accroissement des capacités du militantisme féministe en termes de mobilisation, de politisation d’enjeux légitimes et de pression sur les pouvoirs publics est souligné. La conjoncture pandémique permet d’autre part de mesurer les transformations du lien social et le déclin tendanciel de la solidarité parentèle. Il s’agit-là de deux évolutions historiques qui permettent d’expliquer des faits de marginalisation révélés au grand jour par la crise, comme par exemple celui d’« isolement » des personnes âgées. Le quatrième chapitre traite des répercussions économiques de l’incursion d’un agent pathogène virulent dans une économie mondialisée. Pour la première fois depuis le milieu du siècle précédent, le dogme du primat de la performance économique est ébranlé. Dans la grande majorité des pays, les impératifs économiques cèdent le pas aux impératifs sociaux et de sécurité.

Le cinquième chapitre examine les reconfigurations de l’espace public religieux sous l’effet des contraintes sanitaires. Les mesures restrictives sont contestées mais maintenues et très souvent respectées. L’islam et ses représentants officiels continuent à servir de source de légitimation aux choix politiques qui président à la lutte contre la pandémie. Le sixième chapitre est réservé aux adaptations de la production normative requises par la gestion de crise. Les gouvernants puisent dans les principes et les mécanismes institutionnels que mettent à leur disposition une technologie juridique de crise. Le pouvoir législatif cède provisoirement à l’Exécutif la compétence de légiférer en dehors du domaine réglementaire par décrets-lois. Un aspect fondamental de la démocratie parlementaire est ainsi mis en veilleuse. Le choix se justifie par des considérations de célérité et d’efficacité de la riposte normative face aux soubresauts et aux imprévisibilités de la crise.

Dans le septième et dernier chapitre, nous proposons de partir du constat de l’essoufflement des institutions politiques de la transition et de la banalisation du recours à des cadres ad hoc de négociation et de concertation entre protagonistes du jeu politique pour mettre en évidence la fragilité du système institutionnel que la jeune démocratie tunisienne s’apprête à déployer en contexte pandémique. Deux éléments d’incertitude supplémentaires viennent perturber davantage un jeu politique déjà versatile, car sous-institutionnalisé, et aggraver le sentiment de défiance qui pèse de tout son poids sur la vie politique. La dévolution, très gênée et tumultueuse, de pouvoirs d’exception à un Gouvernement désigné lui-même dans des circonstances exceptionnelles et sans véritable soutien parlementaire. Et l’assez grande indétermination des contours et des conséquences de l’établissement éventuel d’une responsabilité politique issue de la gestion de crise, dans un contexte de défiance et sur fond de transition démocratique qui s’enraye.

La transition démocratique espagnole (1975-1982) est traversée par un fort anticommunisme de plusieurs groupes militaires conservateurs et nostalgiques du franquisme. Cet anticommunisme se manifeste à la fois par une hostilité vis-à-vis des réformes politiques menées par le gouvernement Suárez, une vive opposition à la légalisation des syndicats et du PCE, la politisation de certains généraux qui se rapprochent des formations d’extrême-droite, et, enfin, l’implication de certains officiers supérieurs dans des actes de violence politique et tentatives de coup d’État. L’anticommunisme d’une partie de l’armée espagnole – qui s’est construit autour d’une peur surestimée d’un retour du PCE au pouvoir – peut se lire comme une justification à la résistance au processus de démocratisation. Il s’est aussi nourri d’un discours sur le retour au contexte des années 1930 et la nécessité de recourir à l’interventionnisme militaire. Mais il serait excessif d’en conclure que tous les militaires partagent les orientations de l’extrême-droite espagnole.

El fin de las conmemoraciones del Bicentenario de la Independencia y la memoria de los cuarenta años del golpe de Estado de 1973 que instauró en Chile una dictadura cívico-militar fueron el telón de fondo para la organización de un coloquio que invitó a repensar la cuestión de lo político en los diferentes procesos de transformación que han acontecido en la historia republicana chilena. En ese contexto particular del tiempo presente, un grupo de académicos, investigadores y estudiantes de postgrado provenientes de universidades y centros de investigación de Francia, Estados Unidos, Australia y Chile, presentó sus investigaciones en curso en el Coloquio Internacional Repensar la política y la historia de lo político en Chile.

Après la Guerre civile espagnole et le franquisme, apparut une nouvelle génération d’intellectuels phalangistes. Dionisio Ridruejo était le modèle de l’intellectuel fasciste, qui avait accédé très jeune à un poste de pouvoir et qui croyait en un homme et en un État nouveaux. Mais ce dernier rompit bruyamment avec le régime franquiste et abandonna son poste de Chef de la Propagande. Il estima que le pouvoir personnel de Franco trahissait l’idéal phalangiste. Cette rupture fut le début d’une longue période d’assignation à résidence, qui le mena à réfléchir sur ses propres convictions. Cela ne signifiait pas que Ridruejo était devenu démocrate, contrairement à ce que prétendent rétrospectivement certains de ses amis, convaincus d’avoir été des libéraux depuis les années 40. Il importait de comprendre la cohérence de l’itinéraire de cet intellectuel, qui passa de l’idéal phalangiste aux normes démocratiques, au point d’inspirer le combat des artisans de la Transition vers la démocratie....

Colloque : Les femmes et leur corps (saison 2) - 22 et 23 septembre 2022, Mix-cité 45, Orléans
Publication : Garrido y Saez Victoria, « Transformer le regard sur les femmes ? Le photojournalisme engagé de Colita et Pilar Aymerich lors de la deuxième vague féministe espagnole », in : Laforêt Carole (dir.), Les femmes et leur corps, Paris, L’Harmattan, 2022, p. 205-213.

Ce papier discute les principales thèses du livre. Dans les quatre premiers chapitres, il synthétise les grandes lignes de la réflexion de l’auteur et tente parallèlement d’en prolonger les analyses. Bourguiba, les enjeux de la rupture révolutionnaire, le régime politique, l’islam politique et l’échec des transitions arabes en sont les principaux thèmes. Les cinquième et sixième chapitres entreprennent d’esquisser des pistes explicatives de l’une des faiblesses saillantes de la démocratie en construction, à savoir l’absence d’une action politique réformatrice. Les capacités réformatrices d’un système politique qui s’inscrit dans la continuité révolutionnaire et aux acquis démocratiques indéniables se révèlent curieusement très limitées. Il est proposé, en premier lieu, d’identifier deux tendances, ou dispositions contextuelles, travaillant les comportements des protagonistes du jeu politique de manière à entraver la fructification de la démocratie institutionnelle. L’incertitude de la phase de transition et la défiance qui commande aux interactions entre compétiteurs pour le pouvoir. Une conceptualisation de cette dernière notion est énoncée. Une interprétation, en second lieu, de la prestation d’Ennahdha, à la lumière de ces deux contraintes contextuelles, l’incertitude et la défiance, révèle une propension à l’attentisme et à la temporisation. L’attitude du parti meneur de la course aux suffrages empêche d’autant plus sensiblement la fécondation de la transition qu’il détient une majorité à l’Assemblée et s’impose en partenaire inévitable à toute formation s’assumant porteuse de réformes à la mesure de la révolution. Ennahdha, à l’épreuve crue du pouvoir et de la grande instabilité du marché politique sous la Constituante (2011-2014), est assez rapidement rattrapé par les accoutumances issues de son passé accidenté. Après avoir été mu par une logique de conquête, dans l’euphorie de la légalisation et l’ascension fulgurante aux commandes, il opte, désillusionné et moins messianique, pour une stratégie de la résistance et du redéploiement par retrait relatif. C’est moyennant le recours à la notion du syndrome du « survivant » que nous escomptons participer à une mise en perspective de ces reconversions et, par voie de conséquence, de l’épuisement paradoxal du réformisme en contexte révolutionnaire. Les deux derniers chapitres sont consacrés à la formulation de deux critiques. Le biais normatif qu’introduit la catégorie Janus dans l’interrogation sur la transition tunisienne. Et la place dérisoire dévolue aux mouvements sociaux dans l’explication des évolutions politiques en cours. Ces développements espèrent satisfaire à l’exigence et aux conditions du débat critique s’ils ne se contentent pas de n’être qu’une invitation à creuser des pistes de recherche complémentaires à celles investies.

A.-Une fonction arbitrale classique : la désignation du candidat à la présidence du Gouvernement B.-Une extension des fonctions arbitrales II.-LA FONCTION ARBITRALE PERMET DE DÉPASSER UN BLOCAGE INSTITUTIONNEL A.-La fonction arbitrale peut être rendue nécessaire par la gravité de la situation B.-La fonction arbitrale est rendue possible par la dimension symbolique du Roi UE SERAIT AUJOURD'HUI L'ESPAGNE si elle n'était pas une monarchie ? Cette question peut surprendre. Elle mérite néanmoins d'être posée, tant le rôle du Roi a été important dans la transition et la stabilisation démocratiques qu'a connues l'Espagne à la fin des années soixante-dix. Plus qu'une « clef de voûte », pour reprendre une expression communément employée au sujet du Président de la V e République, le Roi se situe au-dessus du système constitutionnel et du système partisan espagnol. Il n'intervient pas directement dans la conduite des affaires de * Cet article est une version complétée et mise à jour d'une communication présentée au colloque international Vingt-cinq ans de démocratie en Espagne (1978-2003) organisé par le Centre Morris-Janowitz (Institut d'Études Politiques de Toulouse), FRA.M.ESPA (CNRS, UMR 5136) et Españ@31 du 27 au 29 novembre 2003. Q