Faits et mythes sur la santé mentale

Fait : L'absence d’un trouble mental diagnostiqué n'implique pas nécessairement une bonne santé mentale

C’est un mythe de croire que l’absence de trouble mental désigne une bonne santé mentale.

La santé mentale (aussi appelée santé mentale positive) et les troubles mentaux sont deux concepts distincts, mais reliés. En l’absence d’un trouble mental (comme un trouble anxieux ou dépressif) la santé mentale peut être bonne, mais également modérée, voire « languissante » (ou « mauvaise »). Le fonctionnement psychologique et social peut être perturbé dans diverses sphères de la vie : scolarisation, travail, relations interpersonnelles, participation sociale, respect d’un régime médicamenteux, habitudes de vie favorables à la santé, etc. À plus long terme, la santé générale ou l’espérance de vie peuvent être affectées.

Fait : Une bonne santé mentale est possible même en présence d’un trouble mental

C’est un mythe de penser que vivre avec un trouble mental signifie que la santé mentale est mauvaise.

La présence d’un trouble mental diagnostiqué peut être compatible avec divers degrés de santé mentale, allant jusqu’à la possibilité d’une santé mentale dite « florissante » (ou bonne). Il est possible d’avoir un diagnostic de trouble mental et que ce dernier soit bien traité et contrôlé, tout en ayant, par exemple, un sentiment d'appartenance à sa communauté locale, de bonnes relations sociales, le sentiment que l’on peut compter sur les autres ou un emploi qui apporte un sentiment d’épanouissement et de gratification. Ces indicateurs sont considérés comme de bons fonctionnements psychologique et social, lesquels caractérisent une bonne santé mentale. Rappelons toutefois que ces éléments dépendent en grande partie des conditions dans lesquelles les gens vivent. Par exemple, le sentiment d'appartenance peut être influencé par différents facteurs, comme la stigmatisation, le statut socioéconomique ou l'accès à un logement approprié.

Fait : La santé mentale résulte de l’interaction entre les individus, les milieux et la société. Elle est associée aux conditions de vie.

C’est un mythe de penser que la santé mentale est uniquement influencée par des facteurs individuels.

La santé mentale implique des dimensions émotionnelles, cognitives, psychologiques, mais aussi sociales. Par conséquent, elle inclut des éléments comme les relations avec autrui, le sens que l'on accorde à sa vie et à sa place dans la société.

La santé mentale résulte du lien entre plusieurs facteurs sociaux, dès la petite enfance et tout au long de la vie. Il s'agit, par exemple :  

  • des capacités et des compétences des personnes;
  • des caractéristiques des milieux de vie (p. ex. : école, quartier, lieu de travail) qui procurent soutien, protection, possibilités de participation et de liens;
  • du contexte social, économique, culturel et politique dans lequel les personnes évoluent et qui leur est plus ou moins favorable : plus ou moins d’inégalités sociales, de stigmatisation, de filet de sécurité sociale, de climats d’incertitude, etc.

Les facteurs du contexte global et des systèmes (ou facteurs structuraux) peuvent influencer directement la santé mentale et l'adoption de comportements individuels. Par exemple, la stigmatisation et la discrimination peuvent nuire à l'estime de soi et à la participation sociale.  

En résumé, « avoir une bonne santé mentale », pour les personnes vivant avec des troubles mentaux (ou non), n'est pas qu'une question de volonté ou de caractéristiques individuelles. Il s'agit en grande partie d'une question de contextes, de conditions sociales et de choix collectifs.

Fait : L’accès à des soins et services de qualité n’est qu’un des nombreux déterminants de la santé mentale

C’est un mythe de penser que la santé mentale est influencée uniquement par l’accessibilité, la disponibilité et la qualité des services de soins de santé mentale.

Certes, l’accès aux soins et services en santé mentale (et la qualité de ceux-ci) sont des facteurs importants : ils permettent de remédier à la mauvaise santé mentale, d'éviter que certains problèmes ne s’aggravent et d'offrir le soutien requis en présence de situations qui nécessitent des services cliniques.

La santé mentale est également influencée par de nombreux autres facteurs, comme :

  • les expériences vécues dans l'enfance;
  • le contexte familial;
  • la présence de relations sociales soutenantes;
  • la participation à des activités de groupe, l'engagement communautaire et citoyen;
  • la stigmatisation et la discrimination;
  • la position sociale et l'accès aux ressources essentielles (éducation, travail, logement, etc.).

Fait : La santé mentale est aussi influencée par des actions d'autres secteurs que celui de la santé

C’est un mythe de penser que seuls les spécialistes de la santé mentale et des troubles mentaux (psychologues, psychiatres, infirmières en santé mentale, etc.) sont en mesure de soutenir la santé mentale des individus.

Plusieurs leviers sont sociaux et politiques. Les acteurs politiques ou les personnes intervenant dans divers secteurs de la société, tels que l’éducation, l’économie, le logement, les arts et la culture, le système judiciaire, l’urbanisme et le milieu communautaire, mènent des actions qui ont un effet sur la santé mentale. Cependant, ces actions ne sont pas toujours définies, nommées, pensées ou évaluées en ces termes. Une vision intersectorielle à différents niveaux (politiques, institutions, milieux de vie) est souhaitable afin de répondre à cet enjeu. Les acteurs de santé publique et des milieux de soins de santé et services sociaux ont un rôle important à jouer pour la promotion et la mise en œuvre de cette vision.

Fait : On peut mesurer la santé mentale

C’est un mythe de penser que la santé mentale (dite « positive ») est impossible à mesurer.

Plusieurs instruments de mesure de la santé mentale sont utilisés au sein de diverses enquêtes canadiennes et québécoises, en complémentarité à la mesure des troubles mentaux. Par exemple, l’échelle à 14 questions construite par l'équipe du chercheur Corey Keyes permet de documenter la distribution des différents niveaux de santé mentale (de languissante, modérée à florissante) dans la population. D’autres mesurent des indicateurs associés à l’une des dimensions de la santé mentale, à savoir le bien‑être émotionnel ou le fonctionnement psychologique ou social des personnes (p. ex. : une échelle de satisfaction face à la vie pour mesurer le bien-être émotionnel).

De telles données contribuent à repérer les régions et les groupes sociaux affichant une santé mentale sous-optimale. Cette stratégie, jumelée à des pratiques de réduction du risque de stigmatisation (p. ex. : en conservant la confidentialité des données), permet d'élaborer des politiques et de planifier des interventions visant à réduire les inégalités de santé mentale.

Fait : L'investissement en promotion de la santé mentale et en prévention des troubles mentaux permet d’alléger les coûts associés au système de soins et dans la société

Le mythe souvent entretenu est que l’argent investi en promotion et en prévention est de l’argent en moins pour le traitement.

La mauvaise santé mentale et la présence de troubles mentaux génèrent des coûts importants. Investir pour promouvoir la santé mentale à l’échelle populationnelle a le potentiel de modifier l’ampleur et la distribution de facteurs qui influencent la santé mentale et les troubles mentaux courants. Par exemple, il est reconnu que les politiques publiques favorisant l'accès à l'éducation et au logement améliorent les états de santé mentale des populations1–3. Autre exemple : en milieu de travail, l'organisation du travail et les pratiques de gestion (manque de contrôle sur son travail, exigences psychologiques élevées, insécurité d'emploi, etc.) peuvent avoir des effets négatifs sur la santé mentale et physique des personnes4. Les interventions visant à réduire ces risques psychosociaux ont le potentiel d'améliorer la santé mentale.

En général, les personnes dont la santé mentale est meilleure fonctionnent mieux dans diverses sphères (éducation, emploi, relations interpersonnelles, etc.) et ont une meilleure santé physique. L’argent investi en promotion et en prévention a donc le potentiel de réduire le recours aux soins et services cliniques, aux soins et services plus spécialisés en santé mentale ou encore aux ressources d’autres secteurs (prestations d’invalidité, assurance-emploi, recours au système de justice, etc.).

Références

  1. Jané-Llopis E, Barry M, Hosman C, Patel V. Mental health promotion works: a review. Promotion & Education. 1 juin 2005;12(2_suppl):9‑25.
  2. Thomson H, Petticrew M. Is housing improvement a potential health improvement strategy? Copenhagen, Denmark; 2005. (Health Evidence Network Report).
  3. World Health Organization. Promoting mental health: concepts, emerging evidence, practice: a report of the World Health Organization, Department of Mental Health and Substance Abuse in collaboration with the Victorian Health Promotion Foundation and the University of Melbourne. 2005;
  4. Institut national de santé publique du Québec. Risques psychosociaux [Internet]. 2024. Disponible à: https://www.inspq.qc.ca/promotion-de-la-sante-des-travailleurs/risques-psychosociaux
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