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Nouvelles Especes de Poissons-Chats Pour Le Develo

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net/publication/231778436

Nouvelles espèces de poissons-chats pour le développement de la pisciculture


africaine

Article  in  Aquatic Living Resources · November 1996


DOI: 10.1051/alr:1996055

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30 42

3 authors, including:

Josh Oteme
Nazareth College of Rochester
21 PUBLICATIONS   209 CITATIONS   

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Aquat. LivinJ? Resour., 1996, Vol. 9, Hors serie, 207-217

Nouvelles especes de poissons-chats pour le


developpement de la pisciculture africaine

Ziriga Josue Oteme (1), Saurin Hem (2) et Marc Legendre (2) *

oi Centre de &rh«rches Oceanologi,ques, B.P. V 18, Abidjan, Cote d'Ivoire.


2
< ' ORSTOM/GA1VIET, B.P. 5095, 34033 Montpellier Cedex 1, France.
* Arlresse actueUe : ORS1VM, Installasi Penelitian Perikanan Air Tawar,
Jalan Ragunan, Pasar Minggu, P.O. Box 7220/fkspm, Jakarta 12540, Indonesia.
E-mail : legendre@idola.net. id
Accepte le 17 octobre 1996.

Oteme Z.J., S. Hem, M. Legendre. In: The biology and culture of catfishes. M. Legendre, J.-P. Proteau
eds. Aquat. Living Resour., 1996, Vol. 9, Hors serie, 207-217.

New catfish species for the development of fish culture in Africa.

Abstract Besides Clarias gariepinus introduced in aquaculture in the early 1970s, other African catfishes
(Siluroidei) have been studied for their potential in aquaculture for about 15 years. These belong to
the genus Chrysichthys (Claroteidae) and Heterohranchus (Clariidae) investigated in Ivory Coast, Nigeria
and Benin. and mainly in the context of a brackish water aquaculture in lagoon or estuaries. It is in the
Ivory Coast in the early eighties that reproduction in captivity of Chrysichthys nigrodigitatus, and then of
Heterohranchus longijilis, was obtained for the first time as a result of research carried out within the Ivorian
Oceanologic Research Center (CRO) in Abidjan. Nowadays, the breeding cycles of both species has been
achieved and extension towards the production sector has been initiated. Production of C. nigrodigitatus is
mainly monospecific, intensive or semi-intensive, in lagoon enclosures (Ivory Coast) or in brackish-water
ponds (Nigeria). In Ivory Coast, its culture became significant since 1990 with an annual production of
200-300 tons. The biology of H. longifilis is similar to that of C. gariepinus, but the Conner presents the
advantage of a faster growth. The commercial production of this species is now beginning in Ivory Coast.
Intensive rearing of H. longifilis in lagoon enclosures appears as an appropriate option, but promising results
have also been obtained in freshwater ponds. Based on the Ivorian experience, H. longifilis aquaculture
development projects are currently carried out in Niger and Cameroon. The recent literature reports also
culture trials with H. bidorsalis in Nigeria. Intergeneric hybrids between H. longifilis or H. bidorsalis and
C. gariepinus have been produced in South Africa, Ivory Coast and Nigeria. However, the real advantage
of using the hybrids instead of the parental species for aquaculture remains to be demonstrated. The results
obtained so far show that the culture of C. nigrodigitatus and H. longifilis constitutes now a possibility of
diversification, and even an alternative to the use of C. gariepinus, for African aquaculture. A synthesis
of existing data on the biology and culture of these species is presented.

Keywords: Siluroidei, Africa, Chrysichthys, Heterobranchus, aquaculture.

Resume Outre Clarias gariepinus introduit en pisciculture au debut des annees I 970, d' autres poissons-chats
(Siluroidei) africains ont vu leurs potentialites aquacoles faire l'objct d'une evaluation approfondie depuis
une quinzaine d'annees. II s'agit des especes appartenant aux genres Chrysichthys (Claroteidae) et
Heterobranchus (Clariidae) etudiees principalement en Cote d'Ivoire, au Nigeria et au Benin, et pour
l'essentiel dans le cadre d'une aquaculture en milieu lagunaire ou estuarien. C'est en Cote d'Ivoire, au
Aquat. living Resour. ISSN 0990-77401%1Hors serie/$ 7.00/© IFREMER-Gauthier-Villars
208 Z. J. Oteme et al.

dehut des annee., 1980. quc la reproduction de Chrysichthys nigrodigitatus, puis celle de Heterohranchus
longifili.1. a clc ohlenue pour la premierc fois en captivitc suite aux travaux conduits par le Centre
de Rechcrches Oceanographiquc-, d'Ahihjan. Depui>, le., cycles d'clevage de'> ces deux especes ont etc
maitri.,es et un premier tran'>fcrt vers le developpement el'fectuc. La pisciculture de C. nixrodigitatus est
principalement monospecitique, de type inten'>ivc ou semi-intensive, en cnclo., lagunaircs (Cote d' lvoire)
OU en etang'> saumatrcs (Nigeria). En Cole d'Ivoire (lagune Ehrie), le dcvcloppement de son elevage se
concretise depui'> J99 J par une production annuelle de J'ordre de 200 a 300 tonnes. H. lonf!,ijilis presente
une biologie tres similaire a celle de C. gariepinus. mais avec l'avantagc d'une croissance plus rapide.
La production commerciale de cette espcce s'amorce actuellement en C6tc d'Ivoire. L'elcvage de type
intensif en enclos lagunaires semhle constitucr l'une des voies appropriees pour le developpemcnt de
l'elevagc de ce poisson ; mai'> sa piscicultun: en etangs d'cau douce connait cgalement des rcsultals
encouragcants. A partir de J'experience ivoiricnne, des projets de developpcment de !'aquaculture de
!I. lonf?ifilis sont en cours de rcaJi-,a1ion au Niger et au C:ameroun. La litterature rfrcnte fait egalcmcnt ctat
d'elevages expcrimentaux de H. hidorsali.1 au Nigeria. De'> hyhrides cntre H. lonf.?ifilis ou //. hidor.1alis et
C. xariPpinus ont cte produi1' en Afrique du Sud, en Cfae d'Ivoire et au Nigeria. Toutcfois, l'interct reel
de l'u1ili'>ation de ccs hyhrides en aquaculture en comparai'>on des espcces parentalcs re>le a dcmontrer.
Les rcsultats ohtcnu'> en Cfae d'Ivoire indiquent que C. nigmtligitatus et If. lonxifilis constituent dcsormais
une possibilite de diversification de la production, voire une alternative a !'utilisation de c. xariepinus,
pour la pisciculture afriuiine. lJne synthcsc des donnccs existantes sur la biologic et l'clcvage <le ces
especes est presentee.

Mots-clcs : Siluroi<lci, Afriquc, Chrysichthys, Hctcrohranchus, aquaculture.

INTRODUCTION comme de bons candidats pour la pisciculture


africaine. Reccmment des eludes ont etc cntreprises
Dans de nombreux pays africains, lcs produits pour !'evaluation du potentiel aquacole de Claria.1·
aquatiqucs et en particulicr Jes poissons representcnt isheriensis <Fagbcnro, 1990, 1992a) et de Bathyclarias
la principale source de prot6incs animalcs dans loweae (Msiska et al., 1991). Cependant, Jes
l'alimentation humaine. Malgre une croissance sen- especcs appartenant aux genres Chry.1ichthys et
sible au cours des qui nze dernicres annees, la Heterohranchus ont fait J'objct des investigations
pisciculture ne contribue encore que tres peu a couvrir Jes plus approfondies. Le dcmarrage recent de leur
les besoins. Seton Jes statistiques de la fAO ( 1993 ), elevage a ete rendu possible principalcment par Jes
la production de Siluroidei en Afriquc subsahariennc rcchcrches conduitcs en Cote d'Jvoire par le Centre
SC situait pour I' annee 1991 aux alentours de de Recherchcs Oceanologiqucs d'Abi<ljan (CRO) et
6 900 tonnes, au second rang derricrc celle des l'Institut fran~ais de rccherche scientinque pour le
CichJidae. Cette production est cssentiellement le dcvcloppement en cooperation (ORSTOM), rechcrches
fait de quatre pays : le Nigeria, I' Afriquc du Sud, ayant abouti a la ma!trisc de leur cycle biologique
Ja Cote d'Ivoire et Jc Ghana. Dans les autres en captivite (Hem et al., 1994). Sur la base de
pays, meme s'il reste tres difticile, en )'absence ccs travaux, la production piscicole de ces especes
d'enquetes approfondies, d'cvaluer Jes quantites s'amorcc aujourd'hui progressivement en Afrique et
reellement produites, le developpement de l'elevagc plus particulieremcnt en Afriquc de !'Quest.
des poissons-chats apparalt encore embryonnaire. Aprcs une breve presentation de l'historique et de
L'un des principaux facteurs limitants est celui de I' ctat actuel <le la pisciculturc des Chrysichthys et
I' approvisionnement en alevins et juveniles. Les Heterobranchus, cette synthese presente les donnees.
rarcs ecloseries de Siluroidei cxistantes au sud du disponibles sur leur biologie et sur Jes methodes et
Sahara« subventionnent » !curs alevins et ne survivent contraintes tant dans le domaine de leur reproduction
generalement que trcs ma! aux projets qui leur ont en captivite que dans celui de leurs systcmes de
donne naissance. L' offre reste al ors tres infericure a la production.
demande et les pisciculteurs ont recours soit a I' auto-
alevinage soit a la capture des alevins directement en
milieu naturel. Dans ce dernier cas, on est rapidement HISTORIQUE ET ETAT ACTUEL
confronte aux aleas lies aux variations saisonnieres DE LA PISCICULTURE DES CHRYSICHTHYS
et interannuelles des captures, a l'hcterogeneite des ET HETEROBRANCHUS EN AFRIQUE
tailles, au stockage et au transport apres capture
(Lazard et al., 1991). C'est avec Ja volontc de developpcr la pisciculture
Outre Clarias gariepinus elevc depuis 1970 et comme nouvelle forme de valorisation du vastc
de loin Ja principale espcce de poissons-chats systeme lagunaire, dont la Cote d'Ivoire dispose,
actuellemcnt produite sur le continent (Hecht et que lcs procedes d'clcvage des Chry.1ichthys et
al., 1996, revue), d'autres Siluroidei sont apparus Heterohranchus ont ete developpcs. L' aquaculture
Aquat. Living Re,our.. Vol. 9. Hors seric - 1996
Nouveaux poissons-chats pour l'aquaculture africaine 209

lagunaire en Afrique subsaharienne est une activite suite, l'cffort de recherche sur Jes clariides en Afrique
recente, voire encore inexistante, dans la plupart des a porte quasi cxclusivement sur Clarias t;ariepinus,
pays de la region (Dada, 1976 ; Ardill, 1982 ; Jackson, les travaux sur Heterohranchus etant alors arretees
1988). Dans ce contexte neuf, le probleme du choix durant plus de 10 ans. En Cote d'Ivoire, les premiers
des especes les rlus appropriees sc pose avec une cssais d'elevage de H. longifilis ont aussi ete menes
acuitc particuliere. A partir des donnees relatives a en association avec des ti lapias en enclos implantes en
l'ichtyofaune de la lagune Ebric (Albaret, 1994), des lagune (Legendre, 1983). Les rcsultats de ces essais
cspeces autochtones presentant un interet potentiel ont precise le rcrnarquable potentiel de croissance
pour !'aquaculture ont ete identifiees (Legendre et de cc poisson et demontrc ses capacites d'adaptation
Albaret, 1984 ; Dia et al., 1986). Sur la base en milieu oligo-mesohalin. L'obtcntion des prernicrcs
des donnecs biologiques et en tenant compte des reproductions en captivite en J984 (Lc:gendre, 1986)
debouches cornmerciaux, le Claroteidc Chrysichthys ont permis des essais d'clevage de H. lont;ifilis en
nigmdiRitatus et le Clariidc Heterobranchus lonf{ifilis monoculture et !'evaluation de ses performances
ont ete selectionnes pour faire I'ohjet <l'etudes plus zootechniques en aquaculture Jagunaire (Legendre,
approfondies en vue de la maltrise et !'optimisation 1992b). Depuis une dizai ne d' annees, H. lonf{ijilis fa it
de leur filiere d' elevagc (Legendre I 992a ; Hem et l'objct d'etudes approfondies visant en particulicr a
al., 1994). I' optimisation des techniques de reproduction induite
Les premieres etudcs sur les Siluroidei du genre et d 'elevage larvaire. Cc clariide presente un potentiel
Chrysichthys ont demarre en Cote d'Ivoire avec considerable pour la pisciculture du fait de sa forte
C. maurus (ex. C. walkeri ; Rich, 1981) car ii etait croissance, de sa robustesse et de sa grande capacite a
relativement aise de sc procurer des ocufs et alevins resister aux conditions hypoxiques grace a son organe
de cettc espece en milieu nature!. Ce poisson attcint suprabranchial de respiration aerienne. Apprecic par
environ 12 cm en un an (Amon Kothias et Dia, 1977) Jes populations (Legendre, 1989 ; Nwadukwe, 1995),
et passe de I I a 200 g en 12 mois lorsqu'il est ii suscite un grand inlcret aupres des autorites de
Cleve en clang a une densite de 3 poissons par metre ctevelorpement du fait de ses performances en elcvagc
carre avec un aliment compose a 33 % de proteines intensif (Legendre, l 992a . b ; Hem et al., 1994 ;
brutes (Dia, 1982). Son elevage a ete abandonne La1.ard et Legendre, 1994 ). D' une maniere generale,
par la suite en raison de ccttc croissance mediocre la pisciculture des Hetemhranchus est encore au stade
(Dia et al., 1986), mais il a permis de mettre au experimental ou de validation en vraie grandeur. En
point les techniques de reproduction, d' alevinage et Cote d'Ivoire, outre l'amorce de sa production en
de grossissement qui ont ensuite ete appJiquees a milieu Jagunaire, H. longifilis a egalement montre des
Chrysichthys nigrodiRitatus dont Jes caracteristiques perfonnances trcs prometteuses en etangs d'eau douce.
zootcchniques sont bcaucoup plus favorablcs (Hem Heterobranchus isopterus fait par ailleurs l'objet d'une
et al., 1994). A l'heure actuelle, C. nigrodigitatus utilisation comme espece d'accompagnement dans Jes
reste done la seule espece veritablement reconnue etangs avec Jes tilapias (Lazard et Oswald, 1995). Au
comme presentant un interet certain pour !'aquaculture. Nigeria, on assiste a un debut d' elevage portant sur
Chrysichthys maurus demeure neanmoins un modclc H. longifilis et H. bidorsalis (Anyanwu et al., 1989 ;
biologique pertinent, precisement en raison de sa petite Van den Bossche et Bernacsek, 1990 ; Anadu et
taille qui le rend aise a maintenir jusqu' a maturite Ezc, I 992 ; Fagbenro et al., 1993 ; N wadukwe et
sexuelle dans des systemes experimentaux de petits al., 1993). Au Niger et au Cameroun, des projets
volumes. Les premieres pontes de C. nigrodigitatus, de developpement ont ete inities pour l'elevage de
obtenues au CRO d' Abidjan en 1980 a partir de H. longifilis et H. bidorsalis (Teugels, comm. pers.,
geniteurs sauvages captures en lagune, ont constitue Mikolasek, comm. pers.).
une etape decisive pour le demarrage de I' elevage Des comparaisons de croissancc entre H. longifilis
de ce poisson tres apprecie des consommateurs en et C. gariepinus ont montre un important avantage a la
Cote d'Ivoire et en Afrique de l'Ouest en general premiere espece (Hecht et al. 1991 ; Legendre et al.,
(Hem, 1986). Depuis les annees 1990, sa production 1992). Apres 254 jours de suivi a partir de l'eclosion,
annuelle en lagune Ebrie atteint 200-300 tonnes sur ces demiers auteurs ont obtenus des poids moyens de
une ferme privee (Societe Ivoirienne d' Aquaculture 694 g pour H. longifilis contre 369 g seulement pour
lagunaire) et 30-50 tonnes chez des producteurs C. gariepinus. Ces resultats sont importants car ils
independants (Hem et al., 1995). Sur Ja base de montrent que, en termes de croissance, H. lont;ifilis est
l'exemple ivoirien, l'elevage de C. nigrodigitatus se plus interessant que C. gariepinus pour la pisciculture.
developpe actuellement au Nigeria et au Benin. De nombreux arguments, morphologie, caryologie,
Les premieres observations sur Jes potentialites polymorphisme enzymatique, ontogenie, fecondite et
aquacoles de H. longifilis ont ete conduites en elevage taille des reufs, montrent par ailleurs la proximite de
mixte avec des tilapias en etang d'eau douce ces deux especes et la similitude des grands traits
en Republique Centrafricaine (Micha, 1973). Ces de ]cur biologic (Teugels et al., 1990 ; 1992a, b ;
tentatives ont montre que la croissance de cette Legendre et Teugels, 1991 ; Legendre et al., 1992).
espece est tres rapide mais, faute d'alevins, des essais L'evaluation de l'hybridation entre Heterobranchus
d'elevage en monoculture n'ont pu etre realises. Par la longifilis et Clarias gariepinus a ete effectuee en
AquaL Living Resour., Vol. 9. Hon serle • 1996
210 z. J. Oteme et al.

Afriquc du Sud (Hecht et Lublinkhof, 1985 ; Hecht jusqu'au bassin du Zai"rc. Cette espece connue dans
et al., 1991), en Cote d'Ivoire (Legendre et al., la plupart des bassins du Senegal jusqu'a I' Angola
1992 ; Teugels et al., 1992a, b) et au Nigeria (Risch, 1992) est un poisson euryhalin qui colonise
(Nwadukwe, 1995) ou des hybrides entre H. bidorsalis lcs lagunes saumalres ou ii est souvent abondant,
et C. gariepinu.1 ant egalemcnt ete produits (Salami avec toutefois une preference pour les eaux oligo-
et al., 1993 ). Hecht et al. (199 l) rapportcnt une mcsohalines (salinitc variant de 0 a 20 g.I I) (Albaret,
croissance plus rapide de H. longifilis en comparaison 1994 ; Hem et al., 1994). Heterobranchus longifilis
des deux croi'>ements rcciproqucs. A I' exception d'unc presente quant a Jui, unc airc de repartition beaucoup
situation experimentalc particuliere, Legendre et al. plus vaste et sc rencontre dans la quasi-totalite
(1992) ne trouvent pas de differences significatives des ftcuves et bassins ftuviaux de l'Afrique inter-
de croissance entrc H. longifilis et Jes hybrides. En tropicale (Teugels et al., 1990). II s'agit d'une forme
revanche, Nwadukwe ( 1995) indique que Jes hybrides continentalc qui ne colonise spontanement les eaux
presentcnt une croissance supericure a celle des deux mixohalines que de fac,:on occasionnelle (Dagel et
especes parentalcs. A I' heure actuelle, I' interet d' une lit is, 1965 ). Les elcvages realises en lagune Ebrie ont
utilisation piscicole de ces hybrides par rapport a eel le cependant dcmontre ses performances de croissancc et
du plus performant des deux parents (H. longifilis) son adaptabilite en eaux saumatres jusqu' aunc salinite
n' est done pas dcmontre. de JO g.1· 1 au moins (Legendre, 1983, 1992b).

Alimentation
BIOLOGIE EN MILIEU NATUREL
Helerohranchus longifilis et Chrysichthys nigrodig-
Systematique et biogeographie itatus sont des poissons a regime omnivores.
Heterobranchus longifilis scmh/e toutefois montrer
lnitialement consideres eomme appartenant a la unc preference marquee pour Jes vertcbrcs et Jes
famille des Bagridac, les Chrysichthys sont desormais insectes aussi bicn terrestres qu'aquatiques (Micha,
classes dans la nouvelle famille des Claroteidae, 1973 ). L'importance des vertcbrcs dans l'alimentation
definie par Mo ( 1991 ). Le genre Chrysichthys a de H. longifilis en milieu naturel, indique que
recemment ete subdivise en plusieurs sous-genres, cette espece, bien qu'omnivore, prcsente une nette
dont Chrysichthys et Melanodactylus qui comportent tendancc carnassiere. Fagbcnro (1992) parvient a des
chacun cinq especes (Risch, 1992). Deux d'entrc elles conclusions similaircs dans le cas de H. bidorsali.1.
ont fait I' objet de pisciculture : C. maurus (sous- Legendre et al. (1991) et Legendre ( l 992h) ont
genre Chrysichthys) et C. nigmdigitalus (sous-genre montre, qu'en conditions semi-naturcllcs en etang,
Melanodactylus). Risch (I 992) rapportent des tailles Jes larvcs et alevins de H. longifilis se nourrissent
maximales observccs de 65 cm pour C. nigrodigitatus de fa9on continue de jour et de nuit, sans qu'un
contre 51 cm LT pour C. mauru.1" En lagune Ebric rythme quelconque dans Jes quantiles ingerees ne
(Cote d'Ivoire), Jes taillcs maximales observces pour soit mis en evidence. Le regime alimentaire est
ces deux especcs sont respectivemcnt de 70 et de zooplanctophage jusqu'a !'age de 5-6 jours ; Jes
40 cm LF (Legendre et Al baret, 199 l ). cladoceres (Moina micrura notamment) etant des
Parmi Jes Clariidae, Jes especes <lu genre Hetero- proies preferentiellement sclcctionnees. A partir du
branchus se distinguent de eel Jes du genre Claria.1· 6° jour, le regime tend a se diversifier progrcssivement
principalement par la presence d'une grande nageoire avec !'incorporation d'insectcs de tailles croissantes
adipeuse soutenuc par des epines ncurales prolongees, (larves de chironomidcs, notamment). L'alimentation
situec cntre la nageoire dorsalc rayonnee et la base de des poissons ages de 1 mois est composcc de proies
la caudale. La systematique du genre Heterohranchus diverses (insectes, zooplancton, gasteropodes, graines
a ete revisee rccemment par Teugcls et al. (1990), qui et debris vegetaux) qui traduisent !'evolution du
reconnaissent quatre espcces valides : H. bidormlis, regime vers cclui de l'adulte.
H. longifilis, H. isopterus et H. boulenj{eri. Les trois Chrysichthys nigmdigitatus est benthophage et se
premieres ont fait l'objet d'cssais en elevage. Parmi nourrit principalement au stade adulte de detritus
cellcs-ci, Heterobranchus longifilis atteint une taille organiques et d'invcrtcbres : larves d'insectes (chi-
particulierement clcvce. Le plus gros specimen capture ronomes, diptcrcs), crustaces planctoniques, mol-
dans I'Oubangui mesurait I 50 cm pour un poid~ lusques, en particulier le bivalve Corbula trigona
approximatif de 30 kg (Micha, 1973). D'aprcs Daget et present en abondance dans le benthos (Fagade et
Iltis (l 965 ), la tai Ile maxi male observcc dans le bass in Olaniyan, 1973 ; lkusemiju et Olaniyan, 1977). Dans
du Niger est de 93 cm pour un poids de 6,4 kg. Au lac les laguncs du Benin, alors que Jes grands individus
Kariba, Franks ( 1974) signalc la capture d'un specimen tendent vers un regime plus specialise, compose de
de 117 cm. L'espccc pourrait meme atteindre jusqu'a crustaces decapodes et de petits poissons, lcs juveniles
60 kg (Bell-Cross, 1976). (6-10 cm) sont associes aux macrophytes, copepodes,
Chrysichthys nigrodigitatus, absent du Chari et amphipodes, isopodes et bivalves (Laleye et al., 1995).
du lac Tchad, sc rencontre dans tous Jes bassins La croissance de C. nigrodigitatus en milieu nature] a
hydrographiques de I' Afrique de l'Ouest (Dagel, 1962) ete etudiec dans diverses laguncs d'Afrique de J'Ouest
A4Ua!. Living Resour., Vol. 9, Hon; serie - 1996
Nouveaux poissons-chats pour !'aquaculture africainc 211

a partirde coupes d'epines (Dia, 1975 Ezcnwa et (Dia et al., 1986). Bascc sur le meme principe, la
Jkusemiju, 1981). reproduction contr6lee de Chrysichthys ni1;rodigitatus
a ete obtenuc par « mariage force », en confinant des
Reproduction couples sexuellement matures durant 2 a 4 semaines
dans des receptacles de ponte constitucs par un
A l'etat sauvage, Chrysichthys nigrodigitatus se tube en PVC (Hem, 1986). Cette methode a cte
reproduit en general a partir de la taillc de 33 cm aftinee progressivemcnt pour parvenir actuellement
(3 ans d'age) avec un comportement de nidification a l'ohtcntion de pontes chez plus de 80 % des
analogue a celui de C. maurus. L'espece recherche femelles. La reproduction de couples en liberte en
des anfractuosites (rochers, bois mort ... ) pour se bassin disposant de receptacles de ponte ouverts
reproduire, lcs c.cufs faisant ensuite l'objet d'unc est cgalcmcnt possible (Oteme, l 993b). Toutefois,
garde par Jes parents (Hem et al., 1994 ). Une meme pour des raisons pratiques, la premiere methode
femellc ne se reproduit qu'une seule fois par an. La est actuel lement utilisee en contexte de production.
fecondite relative, voisine de celle de C. maurus, est Les masses d'c.eufs recoltes dans les tubes peuvent
en moyenne de 15 OOO ovocytcs par kilogramme de representer jusqu'a 30 % du poids des femelles et
poids de femelle avec des valeurs extremes de 6 OOO correspondent a une fecondite effective maximale de
et 24 OOO (Otcmc, 1993a). La saison de reproduction, 15 OOO a 20 OOO reufs par kilogramme de femelle.
d'une duree d'environ 4 mois, dcbute avec Ja fin de L'incubation des a:ufs peut avoir lieu dans le
la grande saison des pluies lorsque la temperature et receptacle lui-meme en presence de Ja femelie OU dans
la salinite de I' cau sont minimales (Chau vet, 1972 ; des incubateurs a paniers mobiles (Hem et al., 1995 ).
Oteme, 1993a ; Nunez et al., 1995). L'observation en 11 existe chez Jes fomelles adultes de C. nigrodi-
zone lagunaire dessalee d'un etat de devcloppement gitatus un developpement progressif et synchrone
des gonades supcrieur a celui note en zone plus saline des gonades correspondant a !'existence d'une saison
suggerait une influence negative de la salinite sur la de reproduction bien marquee (Hem, 1986 ; Oteme,
maturation gonadique des femelles. Cette influence l993a). En lagune Ebrie, Jes pontes debutent fin
negative de la salinitc sur la reproduction a ete par aoO.t et lcur frequence est maximale entre septembre
la suite contirmee par des observations effectuees en et octobre (plus de 50 %). On observe ensuite
mi lieu contrOle (Hem et al., 1987). Le_ processus de une baisse vers fin novemhre et l'aetivite de ponte
maturation se deroulc normalement tant que la salinite s'acheve en decembre (Hem et al., 1994). Toutefois,
est inferieure a 3 g.1- 1 • De 4 a 7 g.1- 1, on constate des ii faut noter que si la majorite des pontes se
perturbations qui se traduisent par un ralentissement de situe regulierement entre septcmbre et novembre,
la frequence des pontes. On note des cas de resorption le maximum annuel se deplace sensiblement selon
d'ovocytes lorsque la salinite depasse 7 g.1- 1 (Hem et les annees. A l'issue de chaque ponte, les femelles
al., 1994). perdent en moyenne 30 % de leur poids qu' elles
La biologie de la reproduction de H. lon1;ifilis en doivent retrouver avant une nouvelle vitellogenese.
milieu nature! est peu connue. On sait neanmoins que Normalement, au bout de quatre mois (de decembre a
la premiere maturation sexuellc intervient vers l' age avril) de repos et de nourrissage enrichi, ces femelles
de 2 ans dans le Niger Moyen (Motwani, 1970) et pas ont Ja capacite de retrouver leur poids initial. Le
avant 3 a 4 ans clans l'Oubangui (Micha, 1973 ). Dans debut de vitellogenesc, caracterise par !'apparition
ces deux situations naturelles, la saison des pluies d'ovocytes de foible diametre (320 µm) est note en
correspond a la periode de reproduction privilegiee avril-mai. II co'incide avec une baisse annuelle de
de l'espece. En revanche, en conditions d'elevage en la temperature et de la salinite, consequence des
lagune, Jes adultes sont sexuellement matures tout au premieres pluies indiquant la fin de la grande saison
long de l'annee. Contrairement a la situation observee seche. L'activite de vitellogenese maximale se situe
chez C. nigrodigitatus, aucune influence negative de au cours de la periode allant d'avril a aout. La phase
la salinite du milieu n' a ete mise en evidence sur finale de la maturation gonadique intervient en aout
l'activite sexuelle de H. longifilis dans Ja gamme de 0 et le diametre moyen des ovocytes est alors de 2,5 a
a 10 g.1- 1 (Legendre, l 992a). Dans la riviere Ogbese 3,0 mm (Nunez et al. ; 1995).
au Nigeria, la periode de reproduction de H. bidorsalis Pour pouvoir disposer d'alevins sur une periode de
est concomitante avec la saison des pluies (Fagbenro temps plus importante dans l'annee, des experiences
et al., 1991). ont ete realisees dans le but d'obtenir des pontes
de C. nigrodigitatus en dehors de la saison de
reproduction naturelle. ll a ainsi ete montre que lorsque
CONTROLE DE LA REPRODUCTION des femelles en phase de vitel logenese sont placees en
EN CAPTIVITE a
eau recyclee thermoregulee 20 °C, le developpement
des gonades est fortement ralenti et la ponte peut
L' observation du comportement reproducteur en ainsi etre retardee de plus de 3 mois. Cette derniere
milieu nature! de C. maurus a permis de recreer en est obtenue en faisant remonter progressivement la
captivite Jes conditions favorables asa reproduction en temperature de 20 a 29 °C. Les reufs collectes et les
foumissant aux poissons un substrat de ponte adequat alevins en resultant soot de bonne qualite, mais la
Aquat. Living Resour., Vol. 9. Hors serie - 1996
212 Z. J. Otcme et al.

a
fcconditc tend etre plus foible que durant la saison decembre a fevrier, en saison '->cche, a 68 OOO ovules
de reproduction normalc <Hem et al., 1994 ). Si cette par kilogramme de rcmclle de mai a juillet, en saison
methode apparalt interessante pour reguler l'obtention des pluies) (Legendre, l 992a). En outre, aprcs le
des pontes durant la saison de reproduction (dccalage traitement hormonal, unc reprise rapide de l'ovogenese
de 2-3 semaines), le cout de fonctionncment du circuit s'effectue chez les rernelles de H. longijilis maintenuc..,
de refroidis ...,cmcnt reste incompatible avec I' obtention en captivite (Nunez et al., 1995). Une ctude portant
a
de pontes hors saison une echelle de production. sur la frequencc minimalc d'induction repetee de
La reproduction de H. longifilis peut etrc obtenue !'ovulation chez une meme femelle. permettant de
en conditions semi-nature] les avec des couples i'->olcs conserver un bon nivcau de recondite et de qualite
en bassin de grand volume contenant des ilots des ovules, a montrc que la reconstitution complete du
de vegetation aquatique (Seka, 1984 ), mais lcs -.tock des ovocytes postvitcl logeniqucs s' effectuc au
rcsultats paraissent aleatoires et conduiscnt a
de bout de 2 a 3 semaincs (donnees non publiees). II est
grandes pertes d'ccurs. L'induction hormonale de done possible de programmer, tout au long de J'anncc,
la maturation ovocytaire et de I' ovulation et la la production simultanec de plusieurs centaines de
fecondation artificielle sont done pr6ferablcs afin milliers de larvcs a partir d'un nombre restrcint
d'exercer un mcillcur controle sur toutes les phases de de gcnitcurs, ce qui constitue unc caracteristique
la production des larves. Ces techniques sont a present extremement favorable de I' espcce. L' effectif de
bien maltrisees (Legendre, 1986, I992a ; Slembrouck geniteurs mis en jcu doit cependant etre suffisant pour
et Legendre, 1988 ; Legendre et Oteme, 1995 J. maintcnir la variahilite geneti4uc du stock (Agnese et
al., 1995).
a
En clevage, H. longijilis parvient maturitc scxuel le
Les techniques d'induction hormonale et de
plus precocement qu'cn milieu nature], a 1'5.ge de
fecondation artificiellc requicrcnt, pour etre optimales,
12-14 mois pour Jes femelles et 10-11 mois pour
de disposer d'ccloscrics bien equipecs et d'un
lcs males. Apres selection des fcmelles sur la base
personnel competent. La forte feconditc de I' espece
d'un diametrc ovocytairc modal voisin de l ,5 mm, un
autorise cependant de grandes pertes d'ceufs Jorsquc
taux de 100 % d'ovulation (surplus de 200 fcmclles
traitees) a jusqu'a present 6t6 obtenu apres une
Jes bcsoins a safr.,faire sont limites. Unc adaptation
des tcchni4ues developpees a ain~i pcrmis un certain
seule injection intramusculaire de gonadotropine
succes dans le cadre de piscicultures rurales en Cote
chorionique humaine (hCG) ala dose optimale de
d'Ivoire (Oswald. comm. pers.J.
1,5 U.I.g- 1• Le choix de cettc hormone est dicte par
son activite standardisee, sa conservation facile et son
ohtention aisee dans de nombrcux pays africains. Son
FILIERE ET SYSTEMES D'ELEVAGE
utilisation repetee nc prcscntc pas d'effets negatifs
(reaction immunitaire) puisque !'ovulation a pu ctre
a
provoquee jusqu'a 5 11 fois chez unc meme femelle Elevage larvaire et alevinage
sans qu'aucunc variation anormale de fecondite ou de
L' clcvage larvaire et I' alevinagc de C. niKrodigi-
qualitc des ovules n'ait ete detectec. Dans ccrtains
tatus ne pose desormais aucun probleme particulier
contextes, !'utilisation de susrcnsions hypophysaires
du fait de la grande taille des larves a I' cclosion et
de carpc ou de grenouille Jui est cependant prererec
de !'importance de leur reserve vitellinc. L'eclosion
(Nwadukwe, 1993 ; Nwadukwe et al., 1993).
intervient cin4 jours apres Ja fecondation a Ja
Contrairement aux ovules, le sperme ne peut temperature de 27-29 °C. Les larves oblenucs pesent
fare collcctc par massage abdominal. II est done alors 25 a 30 mg. Elles sonl dot6es d'un important sac
generalement necessaire de proc6der au sacrifice des vitellin (environ 3 mm), dont la resorption complete
miiles, puis a la dissection et a I' incision des testicules durc unc dizaine de jours a la temperature de 28-
pour rccueillir le sperme. La quantite de scmcnce ainsi 30 °C. A partir de ce stadc Jes poissons acceptent
obtenue, bien que variable scion les i ndi vidus (0,5 directement un aliment compose contenant 45 % de
a 25 ml), est gencralement suffisante pour feconder prot6ine brutes, presente sous formc de farinc (Dia et
plusicurs centaines de milliers d'ovulcs. L'ablation Oteme, 1986). Apres une vingtaine de jours d'elevage
partielle des testicules sur des males prealablement en bacs circulaires alimentes en eau de lagune, les
anesthesi6s a ete tentee avec succes (Nguenga, alcvins atteignent un poids de 80 a 150 mg et peuvent
comm. pers.) et peut permettre de conserver des al ors etre transferes en clangs (Hem et al.' 1994, 1995 ).
animaux genetiquement intercssants. Une technique de Les larves de Heterobranchus lonKifilis, issues
cryoconscrvation du sperme a par ailleurs etc 6tablic d'reufs beaucoup plus petits, ne pesent que 2 mg en tin
(Oteme et al., 1996). de resorption vitcllinc, soit 48 h apres eclosion a 27-
Les geniteurs de H. lonKifilis eleves en enclos 29 °C. Les etudes ont montre que ces larvcs pr6sentent
lagunaircs a faible densite et avee une alimentation des besoins alimentaires particuliers durant la premiere
artificiclle adequate, sont sexuellcment matures tout semaine qui suit /cur entree en phase trophique
au long de l'annee. La recondite individuelle est (4ui correspond a leur periode zooplanctonophage)
elevee, bicn que variable selon la saison (en moycnnc, et necessitent une alimentation specifique jusqu'a un
de 28 OOO ovules par kilogramme de rcmcllc de poids de 50 mg environ (Legendre et al., 1995).
Aqua!. Living Rcsour_. Vol. 9, Hors scric - 19%
Nouveaux poissons-chats pour !'aquaculture africaine 213

Deux options d'alcvinage ont etc developpees pour optimale de 100 poissons par metre earn~ (Hem et al.,
cette espece. L'une « intensive » en ecloserie, qui fait 1987). Ce mode de production d'alevins peu onereux,
appcl a des stations bien equipees et dont le succes a donne des resultats variables mais semble bien adapte
depend d'un approvisionnement sufllsant en aliment au contexte de !'aquaculture lagunaire.
adcquats et d'une eau de bonne qualite. L'autre plus Compte tenu de sa croissancc rapide, le prcgros-
« extensive » en ctang OU en bassins, qui cherche sissement de H. longifilis se realise en une seule
a valoriser Jes ressources naturelles en zooplancton etape en clang, comme en bassin, a une densite de
et permet en theorie une plus grande autonomie des mise en charge de 10 a 15 alcvins par metre carre.
petits producteurs. En complement des productions naturelles dans Jes
L'option « intensive »en ecloserie est certainement structures d'elevage, un aliment compose a 40 % de
celle qui repon<l le mieux aux imperatifs d'une proteines brutes est distribue sous fonne de granules
production a grande echelle. Les meilleurs resultats a la ration journaliere de 7 % de la biomasse. Apres
de croissance sont ohtenus en utilisant des nauplii une periodc <l'clevage de 2 a 3 mois et en function
d'Artemia comme aliment de depart. Des poids de la densite initialc, H. longifilis atteint en etang un
moyens de 150-250 mg sont obtenus en 15 jours poids moyen de 50 g a partir d' alevins de 0, I g.
d'elevage avec des taux de survie allant de 60 a plus Durant cette phase, la predation et le cannibalisme
de 90 % (Kerdchuen et Legendre, 1994 ; Legendre sont deux facteurs de mortalite particulierement
et al., 1995 ; Otcmc et Gilles, 1995). L'utilisation de importants a maltriscr. Le premier peut etre evitc
l'Artemia pose cependant des problemes economiques par une bonne preparation des etangs 4ui, peu
dans de nombreux pays africains, des substituts avant I'« empoissonnement » , doivent reccvoir une
doivent done lui etre recherchcs. Dans ce scns, application de chaux vive afin d'climiner Jes especcs
Kerdchuen et Legendre (I 994) et Legendre et al. parasites. Pour limiter le cannibalisme, ii est essentiel
(1995) ont montre que des taux de survie equivalents a que Jes alevins aient une taille bien calibree, ce qui peut
ceux obtenus avec l'Arremia, mais avec une croissance necessiter un tri prcalable. Dans ces conditions, les
plus faible, peuvent etre atteints en nourrissant Jes taux de survie obtenus sont generalement superieurs a
larves avec le cladocere Moina micrura ou avee des 60 % (Legendre, l 992b ).
aliments composes a base de foic de bceuf et de
levures.
Dans le cadre d'un alevinagc « extensif », l'cm- Grossissement
poissonnement des etangs avec Jes )arves en fin de
resorption vitelline s'est avere infructueux (survie de En lagune, le grossissement des Siluroidei (C. nigro-
0 a 7 % ) en raison principalement de la predation digitatus et H. longifilis) s' effectue essentiellement
exercee par Jes tetards et Jes inscctes aquatiques en enclos lagunaires, dont les modalites techniques
(Legendre, I 992b et donnees non publiees). En d' implantation ant cle dee rites par Hem (1982).
rcvanche, lorsque les larves sont protegees de !curs lI s'agit d'une structure d'elevage particulierement
predateurs, dans des cages de petit rnaillage implantees bien adaptee aux zones peu profondes de la lagune.
en etang (Legendre et al., 1991) ou en bassins Ecologiquement proche du biotope des especes de
en beton proteges par des fi lets et ensemences poissons-ehats autochtones utilisees, elle permet en
en zooplancton (Assouhan, 1992 ; observations non outre de minimiser Jes risques d'inadaptation et
publiees) des taux de survie compris entre 20 et 50 % de mortalite. Dans cet elevage de type intensif,
peuvent etre obtenus apres 2-3 semaines d'elevage. !'utilisation d'aliments composes constitue un element
A terme, cette seconde approche devrait pouvoir fondamental de la production. Le poisson est alors
constituer une alternative moins onereuse pour la utilise pour la transfonnation et la valorisation des
production d'alevins, son succes repose avant tout sous-produits agro-industriels disponibles Iocalement.
sur la possibilite de maintenir de fortes biomasses Chez C. nigrodigitatus, cette phase du cycle d'ele-
planctoniques dans les structures d' elevage. vage consiste a amener les juveniles de 15-20 g a
la taille marchande dans des conditions economiques
satisfaisantes. Les charges d' empoissonnement gene-
Pregrossissement ralement utilisees sont de I 0 a 20 individus par metre
cam~ et les poissons atteignent un poids final de 300-
La phase de pregrossissement comporte chez 350 gen I0-12 mois avec un indice de consommation
C. nigrodigitatus deux etapes successives. La premiere de I' ordre de 2 pour un aliment compose a 35 %
se deroule en etang OU Jes alevins disposent, en de proteines brutes distribue sous fonne de granules.
plus de !'aliment compose distribue, de la nourriture Les taux de survie sont generalement superieurs
naturelle (plancton) presente dans le milieu. Ce a 90 %. Cisse er al. ( 1995) ont montre que Jes
pregrossissement semi-intensif permet de produire des produits de la peche ou leurs derives conserves par
poissons de 5 a 7 g environ en trois mois. La seconde Ja methode de J'ensilage acide OU du COensiJage
phase est realisee en milieu lagunaire dans des cage- biologique peuvent constituer une bonne source azotee
enclos de petite maille (8 mm). Des alevins de l5 pour l'alimentation de ce poisson. Des essais d'elevage
a 20 g sont obtenus en 3-4 mois avec une densite de C. nigrodigitatus en etang, en association avec des
Aqua!. Living Resour., Vol. 9. Hors ~rie - 1996
214 Z. .J. Oteme et al.

tilapias ont pur ailleurs etc effectues et montrcnt que adaptations aux milieux saumatres. Chrysichthys
la eroissance de cettc espece n 'est pas affectee par la nigrodi;;itatus est unc cspece resistant bien aux
presence des tilapias (Oteme. 1991 ). manipulations et capahle de supporter momentancment
Le gros~issement <le Helerohranchus lonuifilis en de foibles tensions partielles en oxygene. H. longifilis
monoculture a ctc realise en cnclos, en cages fixes presentc en outre une croissance remarquablement
et en hassins (Legendre I992h, Kerdchuen, 1992 ; rapide (jusqu'a 8 a 10 g.j I), UOe capacitc a sup-
Kerdchuen et Legendre, I 992). Les poissons sont porter des conditions hypoxiques, unc reproduction
nourris avcc Jes granules contcnant 35 a 40 % Jc continue et unc recondite clcvee. Ces excellcntcs
proteinc ... hrutcs et a raison de 5 'l de la bioma . . se caracteri.stiques biologiqucs et zoolcchniques sont
en dcbut d'clevage pub ~l 3 '!r i.:t 1 lJ< de Ja biomasse ncc.:cssaires, mais ne suffiraient pas s'il n'y avail
des quc Jes poi<.,sons ont attcint le<. poids moyens aussi une <lemande importante des consommateurs
de I 00 cl 500 g ri.:spectivement. I.a croissance <le pour ccs e-.peces qui prcsentent unc honne valeur
H. lon;;ijilis en grossissement C\t trcs rapidc cl peu commerciaJe <lans de nombreux pays, notamment en
influencfr par Je type de structure <l'ckvagc. Un poi<ls Afrique de l' Ouest. En Cf>te d'Ivoire, une deman<lc
moycn de 500 a 700 g est attcinl en 6 mois ce qui specifiquc formulec par Jes consommateurs conduit
pcrmet de realiser deux cyclcs <le grossi<.semcnt par Ics pisciculteurs ruraux a cxprimer le hesoin de
an. Les hesoins alimcntaircs, notammcnt les besoins diversifier lcur production actuellement limitee aux
en proteines ( Kcr<lchuen, 1992), <le meme quc lcs tiJapias, en integrant H. longifilis ou d'autres cspcces
strategies d'alimentation (Kerdchuen, 1992 ; Luquet de Heterobranchus dans leurs elevages.
et al., 1995 ; Avit et Luquet, 1995) ont cte determines.
Les modalites <le distribution Jes aliments constituent Les techniques de reproduction contrtJlee ainsi
un facteur important <l'optimisation <le Ja croissance et que la filiere d'elcvagc de ces Siluroidei sont dans
l'en~emble bien maltrisees. Cependant, dans J'optique
des indices de consommation. Kcr<lc.:huen et Legc.:ndre
(1991) ont montre une amelioration tres sensible de la d'un transfert vers l'entrcprise privec, en milieu
croissancc lorsque Jes poissons sont nourris en continu rural, Jes recherches doi vent ctre poursu ivies en
plut<H gu'en repas fractionnes. Une distribution <le'> vue d'ameJiorer, principalement chez H. lonl{ifilis.
aliments pendant la nuit conduit egalemcnt ~l <le Jes taux de survie en phases larvaire et d'alevinage
meillcures performances que lorsgue Jes poissons sont qui constituent ~1 I' heure actuellc unc preoccupation
nourris durant k jour. majeure en Clang, structure plus accessible en contexte
paysan.
En Cf>te d'Ivoire. I"clcvagc en monoculture de
H. lon;;ijilis en Clangs contincntaux. bien qu'encore L'clevage <le C. nigrodigitatus est <lesormais pra-
a un sta<lc cmbryonnaire, connalt des rcsultats tiquc a l'echelle industrielle Jans Jes lagunes <le
tres encourageants avcc des ren<lemcnts de 60 a Cc>te d'Ivoire. Unc production reguliere d'environ
80 t.ha- 1.an 1 pour des inJic.:c.:s de consummation de 300 tonnes par an enrcgistree depuis 1990 marque
I .5 a2.0 et une croissance de 6 a I0 g.j- 1• Ces resultats un tournant decisif et une serieuse amorce d'un
laissent entrcvoir un vastc champ d'utilisalion de developpement de !'aquaculture de cette espcce.
H. lon;;(filis pour la pisciculture africaine, qui depassc CepenJant differents prohlemes se posent dans
largcment le cadre strict de !'aquaculture lagunaire. ces clevages de type intensif : d'une part, Ja
Ce poisson s'est en rev:mche averc peu adapte pour disponibilitc en aliments composes reste un facteur
un clevage en polyculture avec lcs tilapias, car sa limitant <le la tiliere, mais, d'autre part, Jes impacts
croissance, Jans ce cas trop rapi<le, entralnc un ecart environnementaux sur le milieu lagunaire resultant de
de taille important avec lcs tilapias sur lesquels ii !'utilisation de ces aliments composes demandent a
excrcc une predation. Heterobranchus isoprerus qui etrc cvalues de far,:on plus approfondic. Une production
atteint des tailles plus modcstcs, apparalt par contre d'environ 600 tonnes de Chrysichthys d'elevagc (soit
comme une bonne e~pccc d'accompagnement avec k un besoin de I 200 a I 500 tonnes d'aliment granule),
tilapia (Lazard et (hwaJd, 1995). tentce en 1995 a partir de 2 millions d'alevins pro<luits
par une ecloserie privee, a deja souleve des problcmes
de pollution organique et de competition avec d'autres
CONCLUSION types d'eJevage, en particulier l'aviculture, utilisant
Jes memes sous-produits. Un mode d'elcvage plus
Le potentiel aquacoJc de Heterobrunchus long(filis extensif, teJ que ceJui developpe aux USA pour
et de Cl11ysichthy.1 ni;;rodi;;itatus est bien clahli. lctalurus, pourrail constituer une voie complementaire
De nombreuses caracteristiqucs favorahles a une pour !'aquaculture de Chrysichthys nigrodi;;itatus en
exploitation piscicoJe conferent aces especes un avcnir Afriquc de !'Quest. Les recherches sur le decalage des
des plus promettcurs en tant que poisson d'clcvage : pontes en dehor'> de Ja saison de reproduction naturcllc
grande robustesse. regime alimentairc omnivore, doivent cgalement etre poursuivies pour permettre un
bonne acceptation des aliments composes et bonne approvisionnement plus regulier en alcvins.

Aquat. Living Re,our .. Vol. 9. Hors seric - 1996


Nouveaux poissons-chats pour !'aquaculture africaine 215

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