Blues
Modèle:Palette blues Le blues est une forme musicale vocale et instrumentale, dérivée des chants de travail des populations afro-américaines. C'est un style où le (la) chanteur(euse) exprime sa tristesse et ses coups durs (d'où l'expression « avoir le blues »). Le blues a eu une influence majeure sur la musique populaire américaine, puisque l'on en retrouve des traces dans le jazz, le rhythm and blues, le rock and roll, le hard rock, le heavy metal, la musique country, la soul, les musiques pop ou de variété et même dans la musique classique.
Origines stylistiques |
Musique country Musique folk Chant de travail Gospel |
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Origines culturelles |
Sud des États-Unis Début du XXe siècle |
Instruments typiques |
Guitare Saxophone Trompette Trombone Piano Batterie Chant Guitare basse Harmonica |
Popularité | Le blues a une grande influence sur de nombreux styles de musique au XXe siècle (notamment aux États-unis et en Europe) par l'utilisation de la cadence spécifique et de la blue note. |
Scènes régionales | Dans le monde entier, principalement aux États-Unis et au Royaume-Uni. |
Sous-genres
Blues traditionnel - Kansas City Blues - Delta Blues - Chicago Blues - Texas Blues - New York Blues - British Blues - Blues rock - Blues français - Blues touareg
Genres associés
Étymologie
Le terme blues vient de l'abréviation de l'expression anglaise Blue devils (littéralement « diables bleus », qui signifie « idées noires »).
Le terme blue d'où le blues est aussi dérivé de l'ancien français et signifie « l'histoire personnelle » (il reste dans le français actuel le terme bluette) qui est, pour tous les bluesmen, la signification du blues, une chanson à la première personne du singulier. La « note bleue » - en fait la gamme pentatonique mineure couramment utilisée dans la musique asiatique - donne une sonorité particulière caractéristique du blues. L'utilisation de cette "blue note" est l'essence musicale du blues qui a de nombreuses origines (africaines, asiatiques via les Amérindiens, irlandaises, françaises aussi, etc.)
L'utilisation de l'expression dans la musique noire américaine remonte au début du 20ème siècle dans le Music Hall Américain (vaudeville) et était couramment employée dès le XIXe siècle dans les pièces de théâtre traitant des Noirs du Sud des États-Unis (dans: Americana, Fayard) W.C. Handy l'a en quelque sorte officialisée dans son Memphis Blues en 1903.
Histoire du blues
Les plus anciennes formes de blues proviennent du Sud des États-Unis, à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle. Ces formes étaient le plus souvent orales, accompagnées parfois par un rythme donné par des instruments rudimentaires. C'est principalement dans les champs de coton de la région du delta du Mississippi (entre Senatobia et Clarksdale) que ces formes prennent des tours plus complexes. L'une des formes antérieures au blues est le Fife and Drums joué dans la région Hill Country du Mississippi (il s'agit d'un ensemble de percussions guidé par un fifre en bambou, instrument que jouait le maître en la matière, Othar Turner).
Il y eut d'autres formes de blues avec des instruments rudimentaires, le diddley bow, une corde fixée sur une planche, le jug, cruchon en terre dans lequel on soufflait. Puis le blues a évolué avec des instruments simples, tels que la guitare acoustique, le piano et l'harmonica. La légende raconte que l'un des guitaristes bluesmen, Robert Johnson, aurait signé un pacte avec le diable ce qui lui aurait permis de devenir un virtuose du blues (blue devils : c'est une musique liée aux forces maléfiques qui était fuie et rejetée par beaucoup de personnes aux États-Unis). Cependant, Robert Johnson ne serait pas le premier à avoir raconté cette histoire, c'est un autre bluesman, auteur du morceau Canned heat Tommy Johnson, qui en serait à l'origine.
W.C. Handy fut l'un des premiers musiciens à reprendre des airs de blues, à les arranger et les faire interpréter par des chanteurs avec orchestres. Il fut également l'auteur de morceaux parmi les plus célèbres, tel le fameux Saint Louis Blues.
Du point de vue des textes, les premiers blues consistaient souvent à répéter un même vers deux ou trois fois, comme par exemple : « Woke up this morning with the Blues down in my soul / Woke up this morning with the Blues down in my soul / My baby gone and left me, got a heart as black as coal le paramètre langue
doit être renseigné (aide). ».
Les années 1920 et 1930 virent l'apparition de l'industrie du disque, et donc l'accroissement de la popularité de chanteurs et guitaristes tels que Blind Lemon Jefferson et Blind Blake qui enregistrèrent chez Paramount Records, ou Lonnie Johnson chez Okeh Records. Ces enregistrements furent connus sous le terme de race records (musique raciale), car ils étaient destinés exclusivement au public afro-américain. Mais les années 1920 connurent également des chanteuses de classic blues extrêmement populaires, telles que Gertrude « Ma » Rainey, Bessie Smith, Ida Cox et Victoria Spivey.
Blues urbain d'après guerre
Après la Seconde Guerre mondiale, l'urbanisation croissante et l'utilisation des amplificateurs pour la guitare et l'harmonica menèrent à un blues plus électrique (tel que le Chicago Blues), avec des artistes comme Howlin' Wolf et Muddy Waters. C'est ce blues électrique qui influencera, plus tard, une partie du rock and roll.
Vers la fin des années 1940 et pendant les années 1950, les Noirs américains ont déménagé vers les villes industrialisées du Nord comme Chicago et Détroit, pour y trouver du travail. Dans les villes comme Chicago, Détroit et Kansas City, un nouveau style de blues « électrique » apparut. Il utilisait la voix, la guitare électrique, la basse électrique, la batterie et l'harmonica amplifié avec un micro et un ampli. J. T. Brown, qui jouait avec les groupes d'Elmore James et J.B. Lenoir a également utilisé le saxophone, plutôt comme instrument d'accompagnement qu'instrument soliste.
Le style de blues urbain de Chicago fut bien influencé par le blues du Mississippi, d'où sont venus des musiciens comme Howlin' Wolf, Muddy Waters, Willie Dixon, et Jimmy Reed. Les harmonicistes comme Little Walter et Sonny Boy Williamson (Rice Miller) étaient bien connus dans les clubs de blues à Chicago. Les autres joueurs d'harmonica, comme Big Walter Horton, Snooky Pryor et Sonny Boy Williamson, avaient aussi beaucoup d'influence. Muddy Waters, Elmore James et Homesick James jouaient de la guitare électrique avec un « slide » ou « bottle neck » ; l'exercice consiste à jouer les notes sur le manche en posant un bout de métal ou un goulot de bouteille sur les cordes. B. B. King et Freddy King n'ont pas utilisé le « slide ». Les chanteurs Howlin' Wolf et Muddy Waters marquèrent le blues de leurs voix rauques et fortes.
Le contrebassiste, compositeur, chercheur de talents Willie Dixon a eu un grand impact sur l'environnement musical de Chicago. Des chansons comme Hoochie Coochie Man, I Just Want to Make Love to You (écrite pour Muddy Waters), Wang Dang Doodle (pour Koko Taylor), et Back Door Man (pour Howlin' Wolf) sont devenus des « standards » de blues. Nombres d' artistes de Chicago Blues enregistrerent leurs disques sur le label Chess Records ou d'autres labels importants telsVee Jay et Cobra.
Le style de blues urbain des années 1950 a eu un grand impact sur la musique populaire des musiciens comme Bo Diddley et Chuck Berry. Aussi, le style de blues urbain des années 1950 a influencé le style de musique de Louisiane de zydeco, surtout Clifton Chenier. Les musiciens comme T-Bone Walker (de Dallas) étaient plus associés au style de blues de la Californie, qui est plus « smooth » que le style de blues de Chicago.Charles Brown's three Blazers étant celui qui illustrera le mieux cette tendance .
Les blues de John Lee Hooker étaient plus individuels que le style de blues de Chicago. À la fin des années 1950, le swamp blues s'est développé près de Baton Rouge avec des artistes comme Slim Harpo, Lazy Lester, Sam Myers et Jerry McCain. Le swamp blues était plus lent, avec un style d'harmonica moins complexe que dans le Chicago Blues. Les chansons du style les plus connues sont Scratch my Back, She's Tough et King Bee.
Le jump blues était un autre développement du blues de cette période qui a influencé la musique populaire. Le jump blues était un hybride populaire du swing et du blues, mettant en vedette des chansons "up-tempo" orchestrées pour des big bands. Le musicien de ce genre qui a le plus influencé la musique populaire était Big Joe Turner, qui a enregistré la version originale de "Shake, Rattle, and Roll, ".Pensons aussi a Tiny Grimes, Ruth Brown, et LaVern Baker ("Tweedle Dee").
Années 1960 et 1970
Lors des années 1960, les genres de musique influencés ou créés par les noirs américains, comme le rhythm & blues et la musique soul sont devenus populaires. Les musiciens blancs ont popularisé beaucoup de styles des américains noirs aux États-Unis et au Royaume-Uni. Le Rock'n'roll a souvent été qualifié de mélange des musiques Noires et Blanches bien que ce mélange remonte aux années 1930 avec certains genres de la Country Music comme le Western Swing ou le Country boogie dont le Rock'n'roll n'apparaît souvent que comme un prolongement.
Dans les années 1960, une nouvelle génération d'enthousiastes du blues apparaît en Europe et en particulier en Angleterre. Les principaux acteurs de ce que l'on appelle alors le British Blues Boom sont les Yardbirds, les Bluesbreakers menés par John Mayall ou encore les Animals, Fleetwood Mac (1ère période avec Peter Green), Chicken Shack, et incluent de nombreuses stars de la pop et du rock à venir Jimmy Page, Eric Clapton ou Jeff Beck (tous trois membres successivement des Yardbirds) qui intègrent à leur musique des influences psychédéliques et pop.
D'autres suivront : Rolling Stones, The Doors, The Pretty Things, Them, Ten Years After, The Small Faces, Alexis Korner, The Kinks, ...
Ces groupes de blues d'Europe et surtout d'Angleterre ont influencé plusieurs groupes aux États-Unis, qui ont mélangé également le blues et le rock, comme Canned Heat, Janis Joplin, Johnny Winter, The J. Geils Band, Ry Cooder et le virtuose de la guitare électrique et inventif Jimi Hendrix.
À la fin des années 1960, le style West Side Blues fut créé à Chicago par des artistes comme Magic Sam, Magic Slim, Junior Wells, Earl Hooker et Otis Rush. Le West Side Blues de Magic Sam, Otis Rush, Buddy Guy et Luther Allison était caractérisé par une guitare électrique forte.
Aux États-Unis, les guitaristes et chanteurs B.B. King, John Lee Hooker, et Muddy Waters se présentaient encore sur scène, et leurs performances ont inspiré une nouvelle génération de musiciens, comme le New-Yorkais Taj Mahal. L'ère des « Civil Rights » a augmenté l'auditoire des blues traditionnels, et des festivals tels que le Newport Folk Festival ont programmé des prestations de « grands » comme Son House, Mississippi John Hurt, Skip James, Big Joe Williams ou le Reverend Gary Davis. J.B. Lenoir a enregistré des chansons qui touchaient aux thèmes du racisme ou de la guerre du Viêt Nam.
Des artistes américains comme Bob Dylan, Janis Joplin ou Jimi Hendrix, tous influencés à la fois par le blues traditionnel et le blues électrique, firent découvrir cette musique au jeune public de l'époque. L'interprétation que les artistes de cette génération donnèrent au blues aura plus tard une influence très forte sur le développement de la musique Rock proprement dite.
Années 1980-présent
Pendant les années 1980 et jusqu'à nos jours le blues — tant traditionnel que contemporain — a continué d'évoluer à travers le travail de Robert Cray, Bonnie Raitt, Taj Mahal, Ry Cooder, Albert Collins, Keb 'Mo', Alvin Youngblood, Corey Harris, Jessie Mae Hemphill, R. L. Burnside, Junior Kimbrough, Kim Wilson, James Harman et ses deux guitaristes Hollywood Fats mann et David "kid" Ramos, Ali Farka Touré et bien d'autres.
Le style de blues « Texas rock-Blues » a été créé dans les années 1980, et utilise les guitares solo et d'accompagnement en même temps. Le style Texas a été fortement influencé par le Blues-rock d'Angleterre (comme John Mayall). Les artistes importants du style Texas Blues étaient Stevie Ray Vaughan, The Fabulous Thunderbirds et ZZ Top.
À la même époque, John Lee Hooker a retrouvé sa popularité, grâce à ses collaborations avec Carlos Santana (Cd The healer), Miles Davis, Robert Cray et Bonnie Raitt.BB King pour sa participation a un album de U2, Eric Clapton (anciennement des Bluesbreakers et du groupe Cream) est redevenu populaire dans les années 1990 avec son album pour MTV Unplugged, où il joue quelques chansons traditionnelles, entre autres succès, sur une guitare acoustique.
Pendant les années 1980 et 1990, des « Blues scenes » furent créés partout aux États-Unis, au Canada, et en Europe. Ces « Blues scenes » comprenaient des revues de Blues (par exemple : Living Blues et Blues Revue), les sociétés de blues, des festivals de blues, et des clubs où est joué du blues.
Structures musicales du blues
D'un point de vue technique, le blues repose sur trois éléments : un rythme souvent ternaire syncopé, l'harmonie en I-IV-V (les notes "tonales" de la tonalité, connues depuis les anciens Grecs), et la mélodie qui utilise la gamme blues et les "notes bleues".
Le blues a eu une influence sur une très large variété de styles musicaux, qui intégrèrent dans des proportions variables l'un ou plusieurs de ces éléments. Si l'on ne peut alors plus parler de blues on utilise fréquemment le qualificatif bluesy pour indiquer cette coloration particulière. Au-delà de stricts canons techniques, le blues se caractérise souvent - mais pas toujours - par une humeur teintée d'une certaine langueur ou mélancolie.
Rythme
Le blues repose sur un rythme ternaire syncopé. Chaque temps est donc découpé en trois croches dont on ne marque que la première et la troisième. Si le rythme peut être plus ou moins rapide, le blues est traditionnellement joué assez lentement. Le terme de shuffle indique généralement un tempo moyen. Quant au boogie, c'est en général une cadence plus appuyée.
Instruments
Bien que le blues puisse être interprété sur tout type d'instrument, certains sont traditionnellement plus utilisés que d'autres :
- la guitare : guitare acoustique pour le blues traditionnel ou, à partir des années 1950 la guitare électrique, branchée à un amplificateur qui ajoute des caractéristiques tonales comme la distorsion.
- l'harmonica, acoustique ou utilisé avec un microphone et un amplificateur.
- le piano et autres instruments à clavier comme l'orgue Hammond (dès les années 1960 et 1970) ou le piano électrique (à partir des années 1970).
Timbre
Au sens large, le timbre est la « couleur » du son : même s'ils jouent les mêmes notes, une guitare ou un saxophone se distinguent par leur timbre. Cela est également vrai d'un être humain à l'autre. On a coutume de dire que les chanteurs classiques essaient d'imiter les instruments, alors que les instruments de blues essaient d'imiter la voix humaine (ou parfois celle de Donald Duck, d'un bombardier ou d'une mitraillette).
Les bluesmen ont beaucoup exploré le timbre : ils ont notamment été les premiers, pendant les 1950, à employer des amplificateurs pour la guitare et l'harmonica. Les voix fortes et graves de chanteurs comme Howlin' Wolf et Muddy Waters jouent également beaucoup sur le timbre. La technologie et les effets de mode ont plus tard ajouté d'autres éléments au son blues, comme les guitares dirty et saturées des Rolling Stones ou d'Eric Clapton ou les effets psychédéliques employés, entre autres, par Jimi Hendrix : le feedback, la distorsion style « Fuzz », et des effets plus étranges encore comme « l'effet leslie ou UniVibe », constitué d'un haut-parleur en rotation.
Vibrato
Le vibrato est un effet appliqué à une note de musique. Très employé notamment par les musiciens de blues, cet effet consiste à provoquer une variation rapide de la hauteur de la note. Comme tous les effets de nuance, le vibrato apporte une expressivité particulière selon la façon dont il est effectué : vite ou lentement, de façon fluide ou saccadée. Le vibrato est un élément essentiel du son blues, que cela soit pour les voix ou sur des instruments tels que la guitare.
Pour cette dernière, divers moyens ont été utilisés depuis B. B. King, surtout les moyens mécaniques qui modifient légèrement la longueur de la corde vibrante. Plusieurs techniques existent donc, qui donnent chacune des effets sonores légèrement différents : faire vibrer les doigts de la main gauche, ou le manche de la guitare lui-même, ou encore grâce aux différents systèmes de cordier vibrato.
À partir des années 1960, les musiciens de blues-rock utilisèrent également des moyens électroniques, comme la pédale wah-wah ou l'effet Larsen (le « feedback ») finement maîtrisé. Plus récemment, les musiciens de blues ont commencé à utiliser des techniques numériques pour créer du vibrato, comme les boîtiers programmables équipés de processeurs de traitement du signal, qui permettent de paramétrer aussi bien le timbre que l'attaque ou le vibrato. Les instruments principaux sont les instruments à cordes (la basse, la guitare, steel guitare, la contrebasse, le violoncelle, l'alto, le violon) mais également le saxophone, l'harmonica, la batterie, lap steel, le bottleneck et le piano.
Il faut noter que toutes ces caractéristiques techniques sont loin d'être applicables à l'ensemble des blues joués par les Noirs. Et il faut encore davantage souligner qu'aucun des grands créateurs du blues, lorsqu'on a pu les interviewer, n'a jamais défini le blues comme un ensemble de notations musicologiques. À la question "Qu'est le blues?", la réponse était le plus souvent du genre: "The blues is nothing but a good man feelin' bad"
Harmonie
Le blues traditionnel est formé à partir d'une cadence de 3 accords, qui se répètent sur douze mesures. Dans ce cas on parle de « 12 bar Blues ». Ces accords, désignés par les chiffres romains I-IV-V, sont les premiers, quatrième et cinquième de la gamme majeure correspondant à la tonalité du morceau. Les sonorités les plus communément employées sont les accords de septième. Dans ses formes un peu plus élaborées, le Blues recourt fréquemment à des accords de neuvième, voire à d’autres types d'accords.
La variation introduite à la deuxième mesure (à l'accord IV) s'appelle un quick change (changement rapide en anglais). Cette structure dépouillée permet de souligner l'interprétation et de laisser une large place à l'improvisation et aux solos.
Mélodie
La gamme blues traditionnelle est simplement une gamme pentatonique mineure à laquelle on a ajouté une note. C'est cette dernière (la quinte diminuée) qui donne la couleur blues au morceau, d'où son nom de blue note (« note bleue »). Certains auteurs, notamment Le Roi Jones dans son livre Le Peuple Blues, avancent la théorie que ce serait là une tentative d'adaptation d'une gamme propre à la musique traditionnelle africaine. D'autres relient cela aux musiques amérindiennes, notamment Cherokees, qui proviennent très largement des musiques de l'Asie du Sud Est.
L'autre gamme fréquemment utilisée en Blues est la pentatonique majeure. Ce n'est pas la quinte diminuée qui est la note bleue. D'ailleurs il y a deux notes bleues par mode. Ce sont la tierce mineure et la septième mineure. Pour Do : do - ré - mi - fa - sol - la - si. La fonction harmonique reste majeure malgré ces deux intervalles mineurs et c'est ce qui donne la couleur du Blues. Si l'on joue la pentatonique majeure sur la tierce mineure on obtient effectivement ces notes bleues. Toujours pour Do : mi - fa - sol - si - do. La quinte diminuée — en l'occurrence fa# — est une passing note mais n'est pas la note bleue. La plupart des Blues sont en modes majeurs pour l'accompagnement alors que les mélodies sont chantées sur la gamme pentatonique avec la note bleue. Il existe cependant de fameux Blues en mineur par exemple : As the Years Go Passing By par Albert King.
Il faut noter que toutes ces caractéristiques techniques sont loin d'être applicables à l'ensemble des blues joués par les Noirs. Et il faut encore davantage souligner qu'aucun des grands créateurs du blues, lorsqu'on a pu les interviewer, n'a jamais défini le blues comme un ensemble de notations musicologiques. A la question "Qu'est le blues?", la réponse était le plus souvent du genre: "The blues is nothing but a good man feelin' bad".
Thèmes des paroles du blues
Actualité locale, nationale ou mondiale
À l'origine les bluesmen étaient des métayers noirs perdus au fin fond du « delta du Mississippi », plaine cotonnière qui n'est pas le vrai delta mais se situe plus au nord. Ils chantaient souvent pendant des événements locaux tels que la crue du Mississippi (High Waters Blues), la construction des digues (Levee), l'incendie d'une ferme de coton. À la rigueur on parle d'une grande ville pas trop éloignée comme La Nouvelle Orléans, Memphis, Saint Louis. Mais il y a fatalement des incursions ou des espoirs de voyages dans d'autres villes des États-Unis, que ce soit pour trouver du travail, faire le service militaire ou participer aux luttes d'émancipation.
Un bluesman peut donc être amené à parler de l'actualité nationale. Une anecdote montre le second degré des bluesmen et l'utilisation d'un langage propre. Dans Sweet home, Chicago, Robert Johnson rêvait d'aller « to that old California, come on in my sweet home, Chicago le paramètre langue
doit être renseigné (aide). » ; en 1980, les Blues Brothers corrigeront cette erreur « back to that good old place, sweet home, Chicago le paramètre langue
doit être renseigné (aide). » croyant que Johnson avait fait une erreur géographique. En fait la Californie dans l'imaginaire blues signifie pays de richesse, de la ruée vers l'or, ce que représentait Chicago à l'époque pour les bluesmen pauvres du Mississippi.
Enfin l'horizon ne manquera pas de s'élargir au globe avec la participation de certains appelés à la Seconde Guerre mondiale, au mur de Berlin, à la guerre du Viêt Nam. On retrouve tout ceci dans des blues comme ceux de J.B. Lenoir.
L'influence du blues
Le blues en France
En France, des artistes comme Benoit Blue Boy, Patrick Verbeke, Arthur Weisse, Bill Deraime, Fred Chapellier, Jean Sangally, Cisco Herzhaft ou Paul Personne incarnent avec succès une vision francophone du blues, mais très influencée par la musique américaine. Côté instrumental, l'harmoniciste Jean-Jacques Milteau est un performer internationalement apprécié et enregistre plusieurs albums qui font référence.
Jean-Pierre Danel, bien que non exclusivement bluesman, démontre sa maîtrise du genre dans ses albums "Guitar Connection" et classe, avec son titre "NZ Girl Blues", le seul single de blues instrumental du Top 50 en France (no 5 au printemps 2008). Il enregistre également des duos de blues acoustique avec Hank Marvin des Shadows, et des reprises instrumentales de standards d'Eric Clapton ou de Bo Diddley, ainsi qu'une version de "Toute la musique que j'aime " de Johnny Hallyday.
Toujours dans l'Hexagone, il faut rendre hommage au travail des groupes Bo Weavil et Little Victor & Sophie Kay qui perpetuent la tradition du blues urbain du debut des années 1950 dans sa version la plus authentique.
Le blues dans la musique pop-rock
On peut voir l'influence des blues dans les chansons de Harold Arlen, de Blues in the Night; DeSylva, Brown, and Henderson, Birth of the Blues; et dans quelques chansons des The Beatles ("Back In The USSR", "Come Together"). On retrouve facilement des racines blues dans nombre de groupes de rock, voir de hard-rock : les débuts de Uriah Heep, ou "Smoke On The Water" de Deep Purple, doivent beaucoup au blues. Même un groupe progressif comme Pink Floyd (dont le nom lui-même vient de l'association des prénoms des bluesmen Pink Anderson et Floyd Council), a fait appel à plusieurs reprises à la forme blues, non seulement à ses débuts avec Syd Barrett, grand admirateur de Bo Diddley, mais également par la suite, au milieu de morceaux plus psychédéliques ("Biding My Time", "Seamus", "Money", "Dogs Of War" sont des blues plus ou moins camouflés). Le groupe jouait souvent, en 1970 et 1971, voire en 1977, un blues en rappel de ses concerts. Des artistes comme Chris Rea et Gary Moore revendiquent l'influence que le blues a sur leur création. En fait, il n'est guère de groupes ou d'artistes pop-rock qui, un jour ou l'autre, ne se soit pas inspiré du blues.
Le blues dans la musique country
Plus qu'une influence du blues sur la musique country, réelle, il faut parler plutôt d'interinfluence tant ces deux genres qui représentent les deux facettes (pauvres blancs, pauvres noirs) du sous-prolétariat sudiste sont à la fois issus des mêmes racines (musique des plantations, des migrants en Amérique) et se sont fécondées l'une l'autre tout au long de leur histoire. Une forme de Hillbilly blues (comme l'a finement baptisé l'auteur anglais Tony Russell) a existé dès les années 1920, véritable premier blues blanc (Jimmie Rodgers, Cliff Carlisle, Gene Autry, Jimmie Davis...). Le blues en tant que tel est resté alors un élément important de toute la Country Music, particulièrement avec le Western Swing puis le Honky Tonk, personnalisé par Hank Williams.
Le blues dans la musique classique
On peut voir l'influence des blues dans la musique de Maurice Ravel (en particulier dans sa Sonate pour violon et piano), George Gershwin (son Rhapsody in Blue, le Concerto en fa majeur, et Porgy and Bess) et dans la musique d'Arthur Honegger (Pacific 231).
L'influence des blues sur le cinéma
Le blues a également influencé le cinéma, surtout aux États-Unis. Le film Crossroads (Walter Hill) (1986) montre le mythe sulfureux du pacte avec le diable. Bande son de Ry Cooder et duel mythique entre le héros du film Ralph Macchio et Steve Vai en personne. Le fameux pacte de Robert Johnson est évoqué dans le film O'Brother, de Joel Coen.
Les deux films de John Landis, Blues Brothers (1980) et Blues Brothers 2000 (1998), qui dressent un panorama de différents styles et mettant en scène une pléthore de vedettes, ont eu une importante influence sur l'image du blues.
En 2003, déclarée « année du blues » aux États-Unis, Martin Scorsese produit une série de sept films documentaires sur le blues intitulée The Blues, a Musical Journey [1]:
- The Soul of a Man, de Wim Wenders, à propos de Skip James, Blind Willie Johnson et J.B. Lenoir,
- La Route de Memphis (The Road to Memphis), de Richard Pearce, qui traite plus particulièrement de BB King (titre français La Route de Memphis),
- Du Mali au Mississippi (Feel Like Going Home), de Martin Scorsese, sur les origines africaines du blues (titre français Du Mali au Mississipi),
- Devil's Fire (Warming by the Devil's Fire), de Charles Burnett, une fiction sur le conflit du blues et du gospel,
- Red, White and Blues, de Mike Figgis, sur le blues britannique (Tom Jones, Van Morrison),
- Godfathers and Sons, de Marc Levin, sur le Chicago Blues et le hip hop,
- Piano Blues, de Clint Eastwood, sur les pianistes de blues (Ray Charles, Dr. John).
Le film 24 Mesures[2], de Jalil Lespert, avec Archie Shepp, est librement inspiré des mélodies du blues et du free jazz.
Principaux artistes de blues
- Musiciens : Voir la catégorie musicien de blues et la Liste des musiciens de blues par style.
- Chanteuses : Voir la catégorie chanteuse de blues.
- Chanteurs : Voir la catégorie chanteur de blues.
Notes et références
- The Blues, A Musical Journey, la fiche dans Allociné
- 24 Mesures, fiche sur Allociné
Voir aussi
Articles connexes
Liens externes
- 1925-1945 Discographie complète de 42 artistes majeurs du blues.
- Collectif des Radios blues : Groupement d'animateurs de radios locales (France, CEE, Québec et Afrique) dont le thème de leurs émissions est le blues sous ses diverses formes.
- (fr) W3 bluesRadio Webradio francophone : du blues 24 h sur 24 et 7 jours sur 7 !
- (be) Radio66 une radio 100 pour cent blues qui ne se capte que sur internet
- (fr) La Chaîne du Blues (fr) : plus de 700 sites francophones sur le blues, (artistes, festivals, magazines, etc)
- (fr) L'agenda Du Blues : Agenda du blues en France.
- (fr) Bluesong - Le blues et ses influences Pour tout savoir sur les origines du blues et son influence sur les autres genres musicaux.
- (fr) MNOPérigueux Festival des musiques de la Nouvelle Orléans
- (fr) Peppermint Blues : Actualités des concerts Blues du Sud de la France.
- (fr) Bluesactu.com : Le site de l'actualité du blues.
- (fr) Le net blues : Le site de l'actualité du blues au Québec.
- (fr) La guitare blues : Un site de leçons de guitare blues.
- (fr) Chronologie Presse Chronologie de la presse Blues (et rock) en France]
- (fr) Au pays du blues Voyage culturel et musical dans les lieux mythiques du blues
- (en) Eric's blues dates Base de données sur les dates de naissance et/ou de décès des bluesmen
- (en) Blues and Two J's Web Site Un site bien documenté (en anglais). On y trouve les biographies de nombreux musiciens de blues
- (en) Trail of the Hellhound Un site sur le blues du delta du Mississippi.
- (en) blueslinks : Your guide to the blues.
- (fr) [1] : Site officiel d'Alexandre Thollon, un bluesman hors du commun.
- (en) Blues : a history of North American music through his cities
Presse spécialisée
- Soul Bag : revue trimestrielle en kiosques, spécialisée dans le blues et la musique soul.
- Crossroads: Blues, R&B, Country, Folk, Jazz... ; revue mensuelle en kiosques.
- Blues magazine: revue trimestrielle en kiosques.
- BCR la revue : Blues, Country, Rock'n'Roll ; revue bimestrielle uniquement sur abonnement.
- Blues Again!: revue trimestrielle en kiosques.
- ABS Magazine: revue trimestrielle uniquement sur abonnement.
LIVRES
- AUSSEIL (David), CONTAMINE (Charles-Henry) & CHAPOULLIE (Denis).- La Route du blues.- Barthélémy, 1995
- BARD (Patrick) & RAYNAL (Patrick).- Blues Mississippi Mud.- La Martinière, 1993
- BAS-RABERIN (Philippe), Ed.- Les Incontournables du blues.- Filipacchi, 1994
- BAS-RABERIN (Philippe).- Le Blues moderne, 1945-79.- Albin Michel, 1979-86
- BROONZY (Big Bill) & BRUYNOGHE (Yannick).- Big Bill blues.- Ludd, 1987
- COHN (Larry).- Nothing but the blues.- Abbeville, 1993 (Traduction)
- DANCHIN (Sebastian).- B.B. King.- Limon, 1993
- DEMETRE (Jacques) & CHAUVARD (Marcel).- Voyage au pays du blues.- CLARB, 1995
- HERZHAFT (Gérard).- John Lee Hooker.- Limon, 1991
- HERZHAFT (David & Gérard).- Le livre de l'harmonica.- Fayard, 2008
- HERZHAFT (Gérard).- La Grande Encyclopédie du Blues.- Fayard, 1997-2008
- HERZHAFT (Gérard).- Le Blues.- PUF, Que Sais-je?, 1981-2008
- HERZHAFT (Gérard).- La Country Music.- P.U.F., Que Sais-je?, 1985-2009
- HOFSTEIN (Francis).- Le Rhythm & Blues.- P.U.F, Que Sais-je? no 2619, 1991
- HOFSTEIN (Francis).- Muddy Waters.- Actes-Sud, 1996
- KOECHLIN (Stéphane).- Le Blues, fleur africaine.- Hachette, "Qui, quand, quoi?", 1996
- LEVET (Jean-Paul).- Talking that talk.- Nathan, 1992
- SACRE (Robert).- Les Negro Spirituals et les Gospel Songs.- P.U.F., Que Sais-je? no 2791, 1993
- SACRE (Robert).- Musiques Cajun, Créole et Zydeco.- P.U.F, Que Sais-je? no 3010, 1995
- SPRINGER (Robert).- Les Fonctions sociales du blues.- Parenthèses, 1999
- VASSET (André).- La Vie et l'œuvre de Big Bill Broonzy.- Chez l'auteur, 1996
Films
- You See Me Laughin, documentaire sur les bluesmen Junior Kimbrough, RL Burnside, etc.
- Celebration of Blues, réalisé par Antoine Fuqua et produit par Martin Scorsese. Filmé au Radio City Music Hall à New York le 7 février 2003.