Poemes Soufis
Poemes Soufis
Poemes Soufis
le monde par les images et les traits Laquelle de ces images est nous ? Quelles sont tes traits ? Si tu rencontres sur la route une tte tranche roulant avec insouciance vers notre terrain Demande-lui, demande-lui Les secrets de notre cur Elle t'apprendra le mystre qui est enfoui au plus profond de nous Que puis-je dire ? Que puis-je savoir ? Cette histoire est au-del de nos limites et de nos forces Comment puis je rester silencieux quand par moments notre angoisse devient plus forte Oublie cette histoire Ne nous interroge pas Car notre fable est celle de la ruine totale Hierjai piqu ma poitrine avec une toile Je lui ai montr la blessure quelle a cause Jai dit : donne des nouvelles de moi au Bien aim dont la boisson est le sang je me suis balanc davant en arrire afin dapaiser l enfant qui est mon cur Un enfant sendort lorsquon le berce dans son berceau Donne du lait ce bb qui est le cur Dispense-nous de ses pleurs
Oh toi qui chaque instant aide des milliers de curs affaiblis comme le mien Depuis toujours et jusqu la fin des temps la demeure du Cur est et reste lunion, Pendant combien de temps laisseras-tu ce cur solitaire en exil ?
Rmi "Dis-moi ce que tu cherches, je te dirai qui tu es : Si tu es la recherche de la demeure de l'me, tu es une me ; Si tu es en qute d'un morceau de pain, tu es du pain. Si tu peux saisir le secret de cette subtilit, tu comprendras : Chaque chose que tu recherches, c'est cela que tu es".
Celaleddin Rmi, dit Mevln (pote et mystique turc, fondateur de la confrrie des Derviches Tourneurs, 13me sicle)
Viens, viens, viens... qui que tu sois, viens ! Viens aussi que tu sois infidle, idoltre ou paen, Notre couvent n'est pas un lieu de dsespoir; Mme si cent fois tu es revenu sur ton serment, viens! Rmi O cur humain, sanctuaire sublime! Tu recles en toi le secret de la foi, En toi se projette la Lumire divine, Elle claire ta route et t'enseigne Sa Loi.
N'as-tu pas pcheur ! dj puis en Elle L'esprance suprme de l'Infini pardon ? Le Seigneur a voulu que par Ses tincelles S'allument en toi l'amour et Son adoration.
A ton coeur se rvle Celui qui n'a jamais cess de rsider dans l'inscrutable mystre du Sans-commencement! Mais c'est toi-mme qui tais le voile sur ton oeil bien que cela ft par la vertu mme de ta similitude divine. Alors au coeur apparat que Celui qu'il voit n'a jamais cess de l'appeler vers Lui! C'est ainsi qu'un Propos vint, renfermant toute Parole, et sa gloire fut manifeste par l'Envoy de la Rgion Suprme
O toi qui aspires aux degrs des Abdl Mais qui ne penses pas aux uvres requises, Ne les convoite pas vainement, tu n'en seras digne Qu'en concourant avec eux par les tats asctiques.
Cheikh IBN ARABI Voici un extrait d'un pome du matre soufi Cheikh Ibn'Ata'Allh (14ime S):
"Souviens-toi, ami, du rcit d'un long voyage que tant d'hommes endormis ont depuis longtemps oubli. Un voyage qui ne se fait ni sur terre, ni dans le ciel, ni dans les ocans. Un voyage dont la distance est l'illusion, qui dure de nombreuses annes mais qui ne se fait qu'en un instant. Ce voyage, ami, si tu t'en souvenais, est celui de cette vie. Manque le voyageur. Tu dois te souvenir de ces moments de l'enfance o le vent semblait te dire que la vie tait ailleurs. Souviens-toi de ces larmes sans raison, de cette tristesse indfinie. Sans doute ne le savais-tu pas, mais ton me aspirait dj son image originelle. La mort, ami, n'est pas seulement la fille de cette vie, elle est aussi la mre. Sois donc ton propre tmoin, car c'est en chaque instant que tu vis et en chaque instant que tu meurs. Bien que prisonnier de tes rves et de tes penses, tu fais partie du grand voyage. Chacun de tes souffles te rapproche ou t'loigne de ta propre vrit. Ecoute la parole de l'instant qui passe. En ce moment mme de ce long voyage, en quel lieu te trouves-tu ?". Extrait des Odes Mystiques de Rumi
L'amour est venu et il est comme le sang dans mes veines et ma peau. Il m'a ananti et m'a rempli du Bien-Aim.
Le Bien-Aim a pntr dans toutes les parcelles de mon corps. De moi ne reste plus qu'un nom, tout le reste est Lui. *- toi qui dors sans la nuit sombre, le moment de la prire est venu. me charnelle tyrannique ! le moment d'accomplir les promesses est venu. Regarde par le trou de la serrure : ouvre la porte du repentir. Ne laisse personne dans ta maison. C'est notre tour d'y venir. Pourquoi ne te laves-tu pas les mains du pch et du mal ? Purifie ton visage avec de l'eau pure, le moment de la prire est venu. Tu te souviendras de cette qibla quand tu tourneras ta face vers la tombe ; Les regrets ne te serviront rien quand sonnera l'heure du destin. Recherche la lumire de cette qibla afin qu'elle illumine ton tombeau ; Cette lumire deviendra une roseraie, car c'est la lumire de Dieu. *-Tu ne peux te librer du monde en prtant l'oreille Tu ne peux te librer de toi-mme par beaucoup de paroles Tu ne peux te librer de tous les deux, Du monde et de toi-mme, sauf par le silence.
Si tu dsires l'ternit et la victoire, ne dors pas Brle-toi la flamme de l'amour de l'Ami, ne dors pas Tu as dormi cent nuits, et tu as vu la consquence : Pour l'amour de Dieu, cette nuit, jusqu'au jour, ne dors pas.
O mon cur, pendant deux ou trois jours, jusqu' l'aube, ne dors pas. Spar du soleil, comme la lune, ne dors pas. Plonge comme le seau dans les tnbres du puits
Il se peut que tu arrives la margelle du puits ; ne dors pas. Extrait des Odes Mystiques de Rumi
Lappel de la mort
Debout amis, partons. Il est tant de quitter ce monde Le tambour rsonne du ciel, voici quil nous appelle. Vois : le chamelier sest lev, il a prpar la caravane Et veut sen aller. O Voyageurs ! Pourquoi dormir ! Devant nous, derrire nous slve le tintement Des clochettes, le tumulte du dpart A chaque instant, une me, un esprit Senvole l, ou il nest plus de lieu. De ces lumires stellaires, de ces votes bleues du ciel Sont apparues des figures mystrieuses qui rvlent des choses secrtes Un lourd sommeil est tomb sur toi des sphres tournoyantes Prend garde cette vie si lgre, prend garde ce sommeil si lourd Ame, cherches le Bien Aime, ami, cherche lAmi. O veilleur, soit sur tes gardes ! Il ne sied pas au veilleur de dormir.
Rumi