Lector Et Lectrix
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Apprendre
comprendre les textes
collge
www.editions-retz.com
9 bis, rue Abel Hovelacque
75013 Paris
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Lector in didactica
Le texte est un tissu despaces blancs, dinterstices remplir, et celui qui la mis prvoyait
quils seraient remplis et les a laisss en blanc
pour deux raisons.
Dabord parce quun texte est un mcanisme
paresseux (ou conomique) qui vit sur la plusvalue de sens qui y est introduite par le destinataire [...].
Ensuite, au fur et mesure quil passe de la
fonction didactique la fonction esthtique, un
texte veut laisser au lecteur linitiative interprtative [...].
Un texte veut que quelquun laide fonctionner.
Umberto Eco, Lector in fabula, Grasset, 1979, p.66
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Sommaire
1 Prsentation
............................................................................................................................................................................................ 5
Lector & Lectrix collge: ni tout fait le mme, ni tout fait un autre ........................ 5
Un processus de conception continue dans lusage .................................................................................... 5
Le refus de la rsignation ........................................................................................................................................................................... 5
Des habilets simultanment requises pour comprendre .................................................................... 7
Les difficults de comprhension: des dficits cumuls ....................................................................... 7
Les pratiques pdagogiques: des comptences requises peu enseignes ........... 12
........................................................................................... 14
.................................................................... 16
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Contenu du CD-Rom
Le CD-Rom contient lensemble des textes supports aux activits collectives
et individuelles, les exercices, les fiches mmoires et les cartons de confiance
au format PDF.
Il contient galement le guidage pdagogique de sancesC supplmentaires.
Un sommaire interactif permet de retrouver rapidement ces documents qui
peuvent alors tre projets en classe ou imprims pour chaque lve.
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Prsentation
Lector & Lectrix collge: ni tout fait le mme, ni tout fait un autre
La conception de Lector & Lectrix collge rpond une demande manant de nombreux professeurs de collge et de cycle dorientation1 soucieux daider leurs lves, faibles lecteurs, poursuivre
leur apprentissage de la comprhension en lecture. En apparence, il ressemble beaucoup son
petit frre Lector & Lectrix (Cbe & Goigoux, 2009), n trois ans avant lui, puisquil repose sur les
mmes fondements thoriques et sur les mmes principes didactiques et pdagogiques. Les deux
outils visent lacquisition dun certain nombre de comptences communes (la capacit traduire un
texte dans ses propres mots, expliciter limplicite ou faire preuve de flexibilit, par exemple). Mais
il en est dautres que nous navons pas cherch dvelopper dans le premier compte tenu de lge
des lves et qui sont introduites dans Lector & Lectrix collge: cest le cas pour les comptences
qui sous-tendent lactivit de rsum et celle de remise en ordre des vnements relats.
Toutefois, la diffrence essentielle porte sur le choix des supports de lecture puisque nous avons
pris le parti de varier les textes en proposant des uvres littraires inscrites dans les programmes:
des faits divers, des pomes, des pices de thtre, des contes tiologiques et fantastiques,
des nouvelles policires, des popes
Notre objectif est de tout mettre en uvre pour amener les lves comprendre et prendre
conscience que les procdures et les stratgies enseignes propos dun genre textuel donn peuvent
tre appliques dautres, et amliorer la qualit de leur comprhension.
Le refus de la rsignation
Notre entreprise a pour point de dpart le refus de nous rsigner aux mdiocres performances
en lecture quobtient, la fin de lcole obligatoire, environ un tiers des lves. Notre conviction est
que lcole, performante avec les meilleurs lments, peut encore amliorer son efficacit auprs
des plus faibles condition dajuster ses pratiques denseignement, mme collectives, aux besoins
des moins bons lecteurs. Sur ce point, les valuations nationales et internationales les plus fiables
attestent la qualit du travail ralis en classe mais en rvlent aussi les limites. Si lentre
en 6e, en France, 60% des lves sont de bons voire dexcellents lecteurs capables didentifier lide
principale dun texte, den comprendre les informations implicites et de relier plusieurs informations explicites, quelle que soit la nature du support choisi2, les 40 % restants nont pas de telles comptences
pourtant indispensables la poursuite dtudes secondaires.
1.Le collge, en France, scolarise les lves de la 6e la 3e. Les lves lheure sont donc gs de 11 15 ans et y passent quatre
ans. En Suisse, le passage au cycle dorientation se fait une anne plus tard ( 12 ans) et dure trois ans.
2.Note ministrielle du 10 octobre 2004 (http://educ-eval.education.fr/pdf/eva0410.pdf).
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mais surtout plus efficacement la comprhension, il convient de commencer par dfinir
les comptences spcifiques quelle requiert.
9.Cain, Oakhill & Lemmon (2009) ; Chall, Jacobs & Baldwin (1990); Fayol (2000) ; Feldman & Kinsella (2008) ; Harris & Hodges (1995) ;
Hirsh (2003) ; Nation, Snowling & Clarke (2007) ; Perfetti (2010).
10.Manesse, D. (dir.) (2003). Le Franais dans les classes difficiles, le collge entre langue et discours. Paris: INRP.
11.Manesse, D. (2007). Les difficults de lecture en collge. In La Lecture au dbut du collge. (pp. 29-34). Paris: MEN ONL.
12.Compton, D. L., Elleman, A. M., Olinghouse, N. G., Lawrence, J., Bigelow, E., Gilbert, J. K., & Davis, G. N. (2009). The influence
of in text instruction on declarative knowledge and vocabulary learning in struggling readers. In Wagner, R. K., Schatschneider,
C., & Phythian-Sence, C. (Eds) (2009). Beyond decoding. The behavioral and biological foundations of reading comprehension (pp. 46-71).
New York : The Guilford Press.
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Dautres semblent ignorer la ncessit de consacrer une partie de leur attention trier et
mmoriser les informations les plus importantes, mais, contrairement ce que pensent parfois
leurs professeurs, ils nont pas, proprement parler, de problme de mmoire: le plus souvent,
leur rappel de linformation littrale est tout fait correct17, mais ils oublient les informations quils
ne russissent pas rattacher aux autres lments de lcrit au fil de leur lecture.
Les faibles lecteurs ne semblent pas non plus habitus aller au-del de ce que dit explicitement le texte pour remplir les blancs et pour sinterroger sur ce que lauteur veut dire.
Ils font peu dinfrences de liaison (recherche des liens logiques entre les diffrentes informations
du texte) et, moins encore, dinfrences interprtatives (entre les informations prsentes dans le
texte et leurs connaissances antrieures). Cela permet dexpliquer pourquoi, le plus souvent, ils ne
retiennent que les relations temporelles entre les vnements (A prcde B) et peinent percevoir
les relations causales (A implique B), plus particulirement quand lesdites relations sont rparties
dans des paragraphes ou pisodes diffrents. On constate aussi quils mmorisent relativement
bien les relations entre les vnements mais peinent retenir celles qui requirent dintgrer des
lments plus abstraits tels que les intentions et les buts des personnages18. Or, ce type dinfrences
est indispensable pour maintenir la cohrence rfrentielle et causale.
Cependant, sur cet aspect prcis, ltude mene par Van den Broek et al. (2009) permet de
distinguer deux groupes de faibles lecteurs (faiblesse value en fonction de la qualit du rappel
quils font dun texte lu): ceux qui produisent des infrences errones et ceux qui ne produisent pas
dinfrences. Les donnes recueillies par ces auteurs permettent de dduire que les uns comme
les autres construisent des reprsentations mentales lacunaires, ce qui explique que leur rappel
le soit aussi.
Nanmoins, leurs difficults nont pas la mme cause. Les lves du premier groupe sengagent bel et bien dans la production dinfrences laboratives infrences qui reposent sur la
mobilisation des connaissances antrieures et le font mme aussi souvent que les bons lecteurs.
Mais, contrairement ces derniers, leurs infrences sont incorrectes comme lattestent leurs rappels.
La seconde catgorie est constitue par les lves qui ne vont pas au-del de linformation textuelle
et ne font aucune infrence: ceux-l se contentent de paraphraser le texte ou de le rciter.
Il ne faudrait pas conclure de ce qui prcde que les lves ne comprennent rien ce quils
lisent. Les modes de traitement que nous avons dcrits les amnent picorer des informations
parses dans le texte, construire des reprsentations juxtaposes, fragmentaires, chacune
renvoyant des comprhensions partielles (ventuellement correctes) sans articulation densemble.
On parle parfois ce propos de comprhension en lots. Le plus souvent, le caractre erron
des interprtations produites leur chappe si bien quils sont incapables de les corriger si on ne les
y aide pas. Et cest bien l lessentiel du problme: parce quils saisissent toujours quelque chose,
ils nont pas conscience quils comprennent mal. Cette difficult va affecter les performances dans
les tches qui visent valuer la qualit de leur comprhension, bien sr, mais aussi dans celles o
ils sont censs lire pour apprendre de nouvelles connaissances (lecture de textes documentaires,
de manuels, par exemple). Lorsquon leur demande de faire un rappel de rcit, bon nombre dentre
eux sefforcent de mmoriser la forme littrale des noncs. Ils procdent linverse des lecteurs
experts qui centrent toute leur attention sur le contenu (les ides) et non sur la forme littrale
(qui fait toujours lobjet dun oubli rapide).
Mais il reste expliquer pourquoi ces lves rencontrent autant de difficult produire des
infrences et assurer la cohrence textuelle.
17.Oakhill, J. (1982). Constructive processes in skilled and less-skilled comprehendersmemory for sentences. British Journal of Psychology,
73, 13-20.
18.Van den Broek, P., White, M. J., Kendeou, P., & Carlson, S. (2009). Reading between lines. Developmental and individual differences in
cognitive processes in reading comprehension. In Wagner, R. K., Schatschneider, C., & Phythian-Sence, C. (Eds) (2009). Beyond decoding.
The behavioral and biological foundations of reading comprehension (pp. 107-123). New York : The Guilford Press.
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Autrement dit, les faibles lecteurs ne dmontrent pas de processus cognitifs trs diffrents de
ceux des bons lecteurs mais ils sen distinguent du point de vue des stratgies quils utilisent, soit
parce quils ne les ont pas apprises, soit parce quils ne savent ni o, ni quand, ni comment les utiliser.
23.Observatoire national de la lecture, (2000). Matriser la lecture Poursuivre lapprentissage de la lecture de 8 11 ans. Paris: Odile Jacob.
24.http://87.98.143.6/system/files/litisme_republicain.pdf
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ils sollicitent des infrences (traitement de limplicite) en posant des questions aux lves,
en organisant et guidant les retours en arrire dans le texte;
ils synthtisent, reformulent ou font reformuler les ides essentielles, paragraphe par paragraphe.
Ltayage de la comprhension assur au fil de la lecture et les changes oraux qui laccompagnent permettent donc tous de comprendre le texte propos. Il est cependant peu explicite
dans la mesure o les professeurs nindiquent pas leurs lves comment ils font pour les aider.
Ils postulent seulement que la ritration de ces aides devrait, elle seule, provoquer des progrs.
Il nen va malheureusement pas ainsi pour tous et, si les pratiques habituelles des enseignants sont
efficaces pour la grande majorit des lves, elles restent insuffisantes au regard des difficults de
comprhension prouves par certains. Les plus faibles lecteurs, qui nont pas conscience de ce
quils peuvent faire lorsquils se trouvent seuls face un texte nouveau, sont incapables de transfrer
la moindre stratgie dun texte lautre, soit parce quils mconnaissent les procdures et le rle
quelles jouent dans la comprhension, soit parce quils ignorent quand et comment les mettre en
uvre. Cest pourquoi il nest pas surprenant de constater que, lorsquon enseigne explicitement
des stratgies de comprhension, on obtient des rsultats positifs dont la mta-analyse amricaine
du National Institute of Child Health and Human Development27 a rendu compte avec prcision pour
la dernire dcade.
27.National Institute of Child Health and Human Development (2000). Report of the National Reading Panel. Teaching children to read:
An evidence-based assessment of the scientific research literature on reading and its implications for reading instruction (NIH Publication
No. 00-4769). Washington, DC: U.S.: Government Printing Office.
28.Zone proximale dfinie ici comme lintervalle entre les comptences dont les professeurs disposent dj et celles quils acquirent
lorsquils utilisent un nouvel instrument didactique (on parle ce propos de gense instrumentale).
29.http://www.nichd.nih.gov/publications
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