Article BSPF 0249-7638 1955 Num 52 1 3150 PDF
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Article BSPF 0249-7638 1955 Num 52 1 3150 PDF
In: Bulletin de la Socit prhistorique franaise. 1955, tome 52, N. 1-2. pp. 3-24.
Lil.
1,1955
Amphi.
Procs-verbal
de palontologie,
de la sanceMusum;
de dcembre
15 h.adopt
30-18 heures;
sans observations.
77 prsents.
Composition du Bureau (voir ci-contre).
Discours de M. l'Abb H. Breuil, Prsident sortant.
Mes chers Amis,
Le temps de ma magistrature touche sa fin; j'ai pu, ma grande
satisfaction, prsider assez souvent vos runions, qui se sont droules
d'intressante faon, et dans une atmosphre de cordiale mulation. J'ai
aussi prsid, avec motion, la clbration du cinquantenaire de notre
association, participant la trs honorable brochure-anniversaire sur les
grandes civilisations prhistoriques de la France, dont mon prdcesseur,
M. le Professeur Isougier, avait propos l'dition, qu'il a mene bonne
fin.
Il me reste vous remercier de votre confiance et de votre sympathie
et remettre mes pouvoirs mon successeur et ami, le DT Andr
Cheynier, un bon lve du chanoine Jean Bouyssonie auquel, la fin du
sicle dernier (1896), j'avais inocul l'amour de notre science, cette
incurable maladie de la Pierre , que M. Cheynier vint son tour
contracter auprs de lui, alors professeur de l'Ecole Bossuet la Cabane,
prs Terrasson, o exerait notre nouveau prsident. De M. Bouyssonie,
il apprit pratiquer une fine et attentive stratigraphie dans ses fouilles,
examiner les pierres tailles avec soin, les dessiner magnifiquement
la plume. Ainsi l'lve est devenu un matre. Auprs de l'anglais
Barnes, habile exprimentateur, M. Cheynier s'est initi aux procds
divers de la taille de la pierre. Chacune de ses fouilles, journal
soigneusement tenu, a t remarquablement dissque. Celles du gis
ement clbre de Badegoule tout proche de Terrasson lui prirent
des annes, et bien peu ont t publies avec un soin plus parfait
et une figuration plus satisfaisante. Il y a discern une srie de niveaux
solutrens, les plus anciens gardant, dans la technique, des traces de
procds moustriens, ce dont les belles observations du Professeur Zotz
et de M11* Freund en Allemagne o des formes type solutrode se
mettent abonder, donnent peut-tre des lments d'explications. Un
niveau plus lev donne assez de plaquettes graves affinits magdal
niennes,
que l'on ne retrouve ni au-dessus ni en dessous. Le pr- ou
proto-magdalnien, superpos au solutren, lui a permis de pntrantes
observations sur la localisation stratigraphique des raclettes, faites de
tranches de nuclei polydriques et celle des lamelles dos abattu ou
autres. M. Cheynier est, je crois, actuellement, le meilleur connaisseur
des variations, d'un horizon l'autre, des lamelles microlithiques et de
leurs menues spcialisations, qu'il est all contrler en dehors de sa
province, jusqu'en Espagne et Italie. Diverses fouilles plus modestes,
comme celles de l'abri Lachaud, en partie publie en Espagne, lui ont
permis de retrouver les mmes successions longue distance.
Badegoule, grce aux fouilles du Dr Cheynier, reprenait dans la litt
rature
du Leptolithique (1) une place de premier rang. Son inventeur,
(1) Je vois qu'assez de nos Collgues se mettent reprendre ce mot
commode, au lieu du long et lourd Palolithique suprieur; de moins en
Bvue publie avec le concours du Centre National de la Recherche Scientifique
Jouannet, en avait tir, bien avant Boucher de Perthes, des leons qui
n'avaient pas eu la rpercussion que leur valeur mritait sur une assez
haute antiquit humaine, parfaitement taye sur de sagaces conclu
sions de ce que Jouannet y avait dcouvert; avant Picard, il avait bien
pntr le travail du silex par percussion pour obtenir des lames
partir de nuclei polydriques prpars. Il a fallu Edouard Lartet pour
reprendre scientifiquement l'exploration des grottes et abris du SudOuest. Certes Boucher de Perthes et le Dr Rigollot, par leurs dcouvertes
dans les trs anciens graviers d'Abbeville et de Saint-Acheul, ont pouss
beaucoup plus loin en arrire l'ge de l'humanit, mais il tait juste de
restituer Jouannet la part notable de clbrit qui lui tait due, et la
monographie sur son uvre, dite Brive en 1936 par le Dr Cheynier, a
opr trs judicieusement cette rparation. Jouannet fut bien le prcur
seurclairvoyant que dclare M. Cheynier et dont ses crits tmoignent.
Install depuis quelques annes, aprs la guerre, Paris, le Dr Chey
nier y a apport son esprit de recherches et de fouilles bien menes,
mme longue chance; plusieurs d'entre nous le savent mieux que
moi bien que j'y aie fait une apparition qui le secondent avec
dvouement dans cette vaste et dlicate fouille du Cirque de la Patrie,
prs de Nemours (Seine-et-Marne), o il exploite un prodigieux ensemble
de niveaux prigordiens dont, malheureusement, seuls les silex sont
conservs. Un jour viendra o il vous en donnera une importante monog
raphie.
Les colonnes de nos Bulletins ont aussi donn asile la des
cription
d'un gisement proche de Clamart, surtout nolithique, fouill
avec grands soins par le regrett Laville, en utilisant ses notes de fouille
et ce que j'avais sauv de ses collections. Le Dr Cheynier, en ditant ces
documents, a su en tirer d'excellentes leons, et rendre hommage un
homme modeste et bon observateur, dont le nom mrite d'tre conserv
parmi les bons ouvriers de notre science.
Tel est, mes chers amis, le prsident et l'ami que je vous prsente et
que votre bureau a lu pour me remplacer.
Je lui souhaite, et vous, une fconde anne de collaboration la
recherche des reliques de nos anctres et leur utile description.
J'avais espr, cette occasion, vous exposer les rsultats de mon
activit personnelle durant les dix-sept ans couls depuis ma premire
Prsidence , mais l'essai, j'ai constat que ce serait trop long, ou
trop court pour tre utile, et je me rsigne, comme une mince contri
bution vos travaux gnraux, vous exprimer aujourd'hui quelques
remarques au sujet de la caverne de Lascaux, propos de plusieurs
observations critiques rcemment articules.
L'une porte, exprime par le Dr Koby (2), sur la dtermination, sans
doute un peu lgrement exprime par moi, d'une partie des Bovids
peints dans cette grotte; j'ai appel comme Bos primigenius tous les
moins d'trangers utilisent l'expression, fautive dans la signification, bien
que juste dans la conception, de miolithique calque maladroitement
sur la division gologique miocne, qui ne signifie pas tertiaire moyen,
mais qu'il y a moins de types de mammifres actuels qu'au pliocne et
au pleistocene, o il y en a de plus en plus; or il n'y a pas moins de
pierres tailles l'poque qu'ils veulent dsigner... C'est donc un barbare
contresens. Leur ide juste et que j'approuve, est d'tablir une divi
sion aussi profonde entre Palolithique infrieur et suprieur qu'entre
celui-ci et le Nolithique; et d'autre part de runir ensemble en une
seule subdivision archologique le Palolithique suprieur et le Msoli
thique, que ne sparent que des variations climatiques et fauniques, seu
lement
apprciables dans les rgions soumises aux conditions glaciales;
hors de ces rgions le mot perd son sens compltement. C'est Piette qui,
je ne sais plus quel moment, avait tent une premire fois de proposer,
pour Palolithique ancien : Barylithique (qu'il ne me parat pas dsi
rable de faire revivre), c'est--dire outils de pierre lourde (ce qui n'est
pas toujours vrai) et Leptolithique (pierre lgre), comprenant toutes les
industries lames, lamelles et microlithes antrieures l'apparition de
la culture et du btail. Si l'usage se gnralisait de ce terme, j'ai
cru que ce serait une bonne chose, et, pour cela, je l'avais risqu
nouveau.
(2) Bull. Soc. prhist. fr., LI, 1954, n 9-10, pp. 434-441.
>
partie, retrouv, et m'a fait justement remarquer sur place que les
traits de ce Renne recoupent ceux des cerfs et autres ruminants inciss
sur cette paroi. C'est donc l'une des plus jeunes images de la caverne. '
Telles sont, mes chers Collgues, les remarques que m'ont suggres
celles de M. Blanc, et il verra, une fois de plus, que sur plus d'un point,
nos esprits convergent, mme s'ils ne parviennent pas toujours a
concorder.
Applaudissements prolongs.
Discours de M. le Dr A. Cheynier, Prsident entrant.
Mesdames,
Messieurs,
Chers Collgues,
Vous me voyez un peu surpris d'tre appel par les membres de votre
bureau occuper ce fauteuil.
La succession serait redoutable s'il n'y avait, pour combler le foss
entre le plus grand de tous les prhistoriens et moi, son amiti, votre
indulgence et le secours de notre cher secrtaire gnral.
Durant quatre annes conscutives nos sances ont t diriges par
des professeurs. Vous avez choisi un amateur. Vous me permettrez donc
de parler un peu de nous, passionns de Prhistoire nos loisirs.
Bien que n et demeur dans cette valle de la Vzre, paradis des
hommes de l'ge du Renne, je serais rest l'cart de l'tude de ce pass
prestigieux si la Providence n'avait amen tout prs de chez moi,
l'cole de Lacabane, les abbs Bouyssonie. J'allais souvent leur rendre
visite dans cet tablissement visible de mes fentres. Je passais devant
les vitrines d'objets prhistoriques l'entre du bureau.
Invit assister aux fouilles de Jolivet vers 1923, 500 m. de ma
maison, j'y allais en fin de soire, apportais chez moi le produit de la
fouille et le rendais aux abbs aprs avoir fait le tri des objets, ce qui
me familiarisait avec les silex.
Un matin, sortant de chez un client sur le plateau, je trouvai mon
premier silex, presque enfoui dans le milieu du chemin parmi les
pierres jetes pour boucher une ornire : une facette noire brillait au
soleil levant. Je le dterrai avec mon couteau. C'tait un beau biface.
Un peu plus tard, appel soigner un malade au Roc de Badegoule o
les silex et les dbris de Renne tranaient partout, j'eus la curiosit de
gratter au bord du chemin dans un trou commenc par un inconnu; j'en
sortis une belle pointe cran. Sur l'assurance que le gisement tait
puis, je m'amusai chercher dans les dblais. Ce travail me rservait
des surprises, et en particulier la rencontre, par dessous, de couches
en place. J'avais trouv une occupation pour mes loisirs. J'y consacrai
une aprs-midi par semaine, parfois interrompu par un malade urgent.
Et cela dura quinze ans.
A la guerre, je dus abandonner cette fouille. J'entrepris celle de l'abri
Lachaud, proche de mon domicile, o je pouvais me rendre pied. Je
puis dire que ces travaux me comblrent de joie et de satisfactions : la
joie du sport en plein air, celle de la dcouverte d'objets beaux ou rares;
la satisfaction de saisir de temps en temps un aspect nouveau de la vie
de nos lointains anctres, de constater qu'ils n'taient ni des sauvages
ni des rustres, mais seulement des Primitifs intelligents, pensants,
habiles artistes, aimant le travail bien fait et le beau, ingnieux, capa
bles d'invention. Je connus le plaisir de communiquer mes joies mes
matres, mes amis, aux collgues de plus en plus nombreux qui
venaient participer ces fouilles : MM. Delsol, Vignard, Lacorre, abb
Nouel, Delage, Jude et tant d'autres; mme des trangers intresss
par les objets recueillis en grand nombre et classs au fur et mesure.
Je ne puis sans motion rappeler la mmoire du Professeur Barnes et
des tudes de technique qu'il faisait chaque anne chez moi, parfois
avec Kidder.
Ces visites mes fouilles ou mes collections sont pour moi des satis
factions
qui font oublier la peine prise, les longues soires passes
laver, trier, marquer, classer, dessiner, publier.
On nous critique de ne pas travailler avec assez de mthode. C'est
peut-tre vrai, mais il faut nous aider, nous donner des directives. La
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SOCIT PRHISTORIQUE FRANAISE
5. P. F. a dit un manuel. Il a besoin d'une rdition revue la lumire
des mthodes de M. Leroi-Gourhan, de M. Bordes, et autres spcialistes,
mais avec tout de mme un esprit pratique.
Il y a encore beaucoup de fouilles terminer ou reprendre, et je ne
crois pas au danger de l'puisement des gisements franais.
Je souhaite qu'il soit cr en France un commissariat gnral des
fouilles prhistoriques charg de surveiller, de conseiller et d'aider les
amateurs, mais non de les brimer, car il faut tre reconnaissant la
multitude des chercheurs rpandus dans notre riche pays, la plupart
dsintresss, et leur laisser des satisfactions lgitimes pour encourager
leurs initiatives. La rglementation des fouilles tait ncessaire; il ne
faudrait cependant pas qu'elle aboutisse multiplier la clandestinit.
Des actes de vandalisme sont dplorer. Nous en avons t victimes
Daniel et moi aux Gros-Monts de Nemours. Dans ce domaine nous devons
tre aids par les matres d'cole qui ont un rle d'ducation jouer.
Il ne faut pas craindre de travailler au grand jour comme nous faisons,
Vignard et moi, au Cirque de la Patrie o tant de spcialistes, surtout
gologues, sont venus nous aider et nous conseiller, ce dont je les
remercie vivement.
Il ne saurait tre question de supprimer les fouilles d'amateurs qui
consacrent leurs loisirs la science, au profit de quelques rares spcia
listes officiels dj surchargs de besogne. D'ailleurs l'esprit scientifique
trop pouss ne donne pas toujours les rsultats escompts. Le vieux
systme D, si spcifiquement franais, fait d'astuce, de finesse et de
rflexion spontane, est constamment ncessaire, des problmes nouveaux
surgissant tous moments au cours des travaux. La prsence du Pr
historien
doit tre permanente : le systme de rcolte par les seuls
ouvriers est prim sauf dans les exploitations ,de matriaux.
Je ne conois pas pour ma part la mthode d'enlvement par tranches
horizontales au risque de recouper les couches. Je repre les objets dans
les trois dimensions et les marque aussitt au crayon. C'est plus sr que
de se contenter d'une tiquette dans une bote.
Nous aimerions connatre mieux ce qui se fait en province. Nos
Collgues viennent parfois nous montrer leurs trouvailles, comme r
cemment
M. le Professeur Arambourg, mais tous ne le font pas et
attendent une publication longue venir, comme La Gravette par
exemple. Il me parat souhaitable de dvelopper les liaisons avec les
chercheurs et les socits dpartementales qui font souvent de bon
travail. Ne pourrait-on pas organiser une sance extra muros une
fois par an et en profiter pour visiter fouilles et collections?
Il faut encourager les fouilleurs faire classer leurs collections,
constituer de petits muses locaux comme Joffroy Chtillon-surSeine : les muses de Paris sont encombrs.
Une organisation de moulages serait souhaitable comme le faisait le
regrett Champion Saint-Germain-en-Laye.
Que dans chaque bourg ou cole il y ait un centre o dposer les
objets trouvs fortuitement sur ou dans le sol, avec chaque fois une
note sur l'objet lui-mme, sous une haute surveillance dpartementale.
Disciple de Jouannet, j'ai organis cela autour de Terrasson (Dordogne) et fait moi-mme de nombreux ramassages dans les champs
aprs le labour et la pluie. En vingt ans j'ai constitu un muse fort
honnte avec du Moustrien des plateaux, du Msolithique de plaine, et
mme de l'Aurignacien et du Magdalnien d'importantes stations. J'espre
qu'il me survivra et que les chercheurs pourront y venir travailler.
Il me reste en terminant rendre hommage mes matres. Les abbs
Bouyssonie furent de tous les instants, vrifiant le produit de mes rcoltes
et de mes publications, assistant aux fouilles chaque fois qu'il y avait
un point dlicat. M. l'abb Breuil m'a accueilli aimablement, a consacr
une semaine entire examiner un un tous les objets de Badegoule.
Il a bien voulu corriger plusieurs de mes travaux avec une indulgente
attention. M. Peyrony m'a toujours encourag et soutenu mme dans des
moments malheureux. Il m'avait pendant la guerre honor de sa con
fiance
en se dchargeant sur moi d'une partie de sa circonscription pr
historique
trop vaste pour lui.
Qu'il me soit permis aussi de saluer mes prdcesseurs cette prsi
dence encore vivants : le Dr Paul Rivet, directeur honoraire du Muse
de l'Homme; mon cher ami Vignard, aimable compagnon de fouille si
10
SOCIT PRHISTORIQUE FRANAISE
-cisme : l'orthographe ancienne augive est due un rapprochement
avec auge, et cette etymologie est encore admise; le mot signifierait donc
propr. en forme d'auge. Le mot est attest depuis 1325, donc fort ancien
dans la langue. Quatorze citations, donnes par le Dictionnaire de l'a
ncienne
langue franaise de Godefroy, attestent sa vitalit, de 1325
1503, dans les rgions de Paris, Tournai, Noyon, Compigne, Amiens,
Nevers et dans l'Aube. L'orthographe est on ne peut plus indcise :
1 give, 2 orgive, 3 augive, 1 oisive, 1 ousive, 1 osivez, 1 ogive, 1 ogisvp.
De telles hsitations inclineraient penser qu'il s'agit d'un vieux mot de
la langue des maons, qu'on orthographiait au petit bonheur, faute de
savoir quoi le rattacher. Delorme, dans son Architecture, crit, en
substance : Les maistres maons... appellent croise d'ogives ...
l'arc ou la branche allant diamtralement ou diagonalement .
En tout cela, rien ne vient appuyer l'hypothse d'une etymologie latine,
augere renforcer . Ogive parat un trs vieux mot, issu de la bonne
et solide langue des travailleurs de notre pays; et Mme Bordes doit tre
flicite, ainsi que MM. Perrot et Bordes, d'en avoir fait un si bon et si
pacifique usage.
3 M. Duteurtre (Le Havre), propos de l'expression petit pic ou
retouchoir eampufnien (Bull. Soc. prhist. fr., 1954, 8, vol. jubilaire,
p. 79, facis d'habitation), prcise : Le petit pic est un pic de dimension
rduite, 0m12 O'"15, pointu l'extrmit : armature de herse, rteau
ou bton fouir. Rien du grand pic de mineur. Le retouchoir est un
btonnet en silex, de 0m08 0m12, avec des crasements sur les cts et
quelquefois l'extrmit. Tenu dans une main, il servait terminer ou
raviver l'outil tenu dans l'autre main. Petit pic et retouchoir sont donc
deux outils nettement diffrents, d'aspect et d'utilisation. Nous nous
tonnons que cette double appellation soit rpte dans les ouvrages
depuis 1898.
//. Informations scientifiques et notes brves :
4 G. Camps, Abri sous roche de Rou Nouara (Dpt. de Constantine),
carte de l'Algrie au 50.000% feuille n 97, Le Kroubs; coordonnes Lambert 869,400 X 332,250.
Le talus archologique se trouve au pied d'une corniche calcaire abri
tant des vents du Nord et de l'Ouest. Un criblage affectant 3 m3 d'une
terre peu cendreuse a donn l'industrie microlithique suivante :
Lamelles dos abattu
146
29,2 %
retouches distales
32
. 6,4 %
crte (retouchoirs?)
6
1,2 %
troncature oblique
6
1,2 %
utilises
27
5,4 %
Grattoirs
81
16,2%
Pices coche
81
16,2 %
Burins d'angle
11
2,2 %
Trapzes
4
0,8 %
Triangles
2
0,4 % .
Microburins . . . .'
5
1,1 %
Divers (peroirs, etc..)
5
1,1 %
Total
493
II faut ajouter
430 lamelles brutes
17 nucleus bords retouchs (rabots)
108 nucleus dont 53 unipolaires
et 53 bipolaires
2 molettes
soit 1.050 pices lithiques retenues.
Quelques instruments en os poli compltent cet outillage :
Poinons
6
Pointes en biseau sur ft poli
3
Pointes sur esquilles partiellement polies.
4
Fragments divers
10
[cf. 11,.
[cf. 8].
: Hache 14].
14
SOCIT PRHISTORIQUE FRANAISE
au cur de Londres est un exemple, prsent l'esprit de tous, des diff
icults
d'observation et de conservation rencontres par l'archologue.
Nous pensons nanmoins qu'il est souvent possible aux spcialistes,
usant de quelque doigt, de se faire supporter au moins le temps d'une
observation lmentaire mais essentielle, sans pour autant perturber la
marche des travaux. Il arrive mme que l'on puisse compter sur une
relle collaboration des ouvriers. C'est ainsi qu'aprs la dcouverte de
la pirogue d'Ancenis, le personnel du chantier l'aspergea d'eau rgu
lirement
et fort consciencieusement, jusqu' enlvement par les ser
vices
comptents (2).
Malgr tout, pour les cas dlicats et urgents, ne pourrait-on prvoir
des sortes de missions d'observation
, simples introductions auprs des
autorits civiles ventuellement militaires" dlivres par le Ministre
de l'Education Nationale, dont la parole peut tre considre en l'occur
rence comme revtue de plus d'autorit que celle de nos Directeurs
Rgionaux des Antiquits Prhistoriques? Les dcisions de nos Direc
teurs jouissent peut-tre de plus de clrit, mais la gologie et la
palontologie animale quaternaires demeurent hors de leur comptence
administrative.
En outre, nos Dlgus dpartementaux ne pourraient-ils signaler,
tant aux Directeurs Rgionaux qu' notre distingu Secrtaire Gnral,
M. Gaudron, les travaux de quelque importance entrepris dans leur
rgion et entamant les dpts quaternaires?
Nous souhaiterions que ces quelques suggestions ne tombent pas un
iquement
dans l'oreille des sourds, comme ce fut le cas, il y a plusieurs
annes, pour ^indication des gigantesques terrassements prparatoires
d'une immense gare de triage (3).
Observation : G. Gaudron indique qu'il a fait rcemment adopter par
le Comit des travaux hist, et se. un vu dans ce sens; la Commission
suprieure des Monuments Historiques, malgr plusieurs demandes ana
logues,
n'a pu obtenir de l'administration que des dmarches soient
tentes de faon officielle.
10 J. Docquier-Huart (Grand-Halleux, Belgique), nous communique
Quelques hypothses au sujet des flancs de nucleus lames et des
tablettes aux diffrentes poques de l'tje de la Pierre : Selon divers
auteurs (Bibl. 1-2), le dbitage en lames du nucleus apparat en Bel
gique
l'aurignacien, et subsistera pendant tout le palolithique sup
rieur, le msolithique, jusqu'au nolithique final. Toutefois le dbitage
de nuclei en clats subsiste sporadiquement au msolithique, et cer
taines
phases du nolithique sont caractrises par cette mthode de
dbitage, et notamment au Campignien (Bibl. 3), et d'autres poques
que nous dcrirons ultrieurement.
En collaboration avec notre Collgue M. Ray. Frson, nous avons
explor des stations prhistoriques, allant du Palolithique suprieur au
Nolithique. Ces stations sont situes dans la valle Mosane Ligeoise et
ses affluents, la Mbaigne et le Houyous, ainsi que dans la plaine
hesbignonne, etc. Dans les sites prhistoriques que nous avons fouill,
(2) Nous ignorons ce qu'il est advenu des morceaux de la pirogue
aprs ces premiers soins lmentaires mais attentifs.
(3) En ce qui concerne les dcouvertes fortuites effectues sur le
domaine de la S.N.C.F., notons qu'une coordination existe en principe
entre la Direction des Rgions de la S.N.C.F. et nos Directeurs Rgionaux
des Antiquits Prhistoriques. Certaine circulaire de l'administration des
chemins de fer en fait foi, qui ft adresse il y a peu d'annes divers
chelons du personnel.
Si une gare de triage recouvre aujourd'hui la basse terrasse du gis
ement de Chelles (Seine-et-Marne), il y et bien d'autres travaux qui,
du point de vue prhistorique, prirent l'ampleur d'une vritable catas
trophe, tels ceux de rfection et largissement de la route passant sous
le tunnel du Mas-d'Azil (Arige), ou les terrassements militaires effectus
durant la dernire guerre dans la grotte de Bdeilhac (Arige)... Recon
naissons
toutefois que les dgts les plus srieux et les plus rprhensibles n'ont pas toujours t l'apanage de gens ignorant tout de la pr
histoire!
15
16
Fig. 5. Bracelets en or du bois de Train, com. de SaintPardoux-le-Vieux, prs d'Ussel (Corrze) ; Bronze II ik
Dchelette. Echelle, environ 1/2 [cf. 11, c].
18
19
SOCIT PRHISTORIQUE FRANAISE
13 G. Gaudron. Prsentation d'un peron en bronze de l'poque de
La Tne, appartenant au muse du Haubergier, Senlis (Oise) (voir
Bull. Soc. prhist. fr., LI, 1954, pp. 269-271). Observations: J. Blan
chard;
Abb H. Breuil: J'ai figur un peron de ce type dcouvert au
Plainseau prs Amiens (Somme) [ Anthropologie, XVIII, 1907, fig. 13,
p. 533]. Il est bien de l'poque de La Tne mais avait t attribu tort
la cachette de l'ge du bronze qui y fut trouve et que j'ai dcrite en
dtail (Fig. 6, ci-contre).
14 - Id. Prsentation d'une hache-marteau en pierre dure du muse
de Meaux (Seine-et-Marne), de provenance' trs probablement locale. Elle
prsente la particularit d'avoir la panne du marteau beaucoup moins
haute que le corps de la hache [Fig. 3, d, p. 12].
Ncrologie.
Mise au point de notre collgue M. H. Guin (Montpellier). Le bulle
tinn 7 de 1954, p. 297, ayant relat ma mort et mon remplacement de
dlgu de la S. P. F., puis-je, en vertu de mon droit de rponse, pro
tester
si j'ose dire contre cette fin et ce remplacement un peu prmat
urs, car je ne pense nullement quant prsent quitter mes bons
camarades de la S. P. F. Dj en Syrie (1922), aprs quelques fouilles
dans la valle des Rois, au cours d'une mission en Egypte, j'eus la sur
prise d'apprendre mon dcs. Comme cette fois, heureusement, il n'en
tait rien. Jamais deux sans trois, dit l'adage. La troisime peut-tre
sera la vraie : qui sait? Que mes deux remplaants excusent le bienfond de cette mise au point : ressusciter ou passer pour mort? C'est
la premire alternative que s'est arrt notre dvou et trs sympathique
Collgue et ami G. Gaudron dans son aimable lettre du 16 octobre, ainsi
que de nombreux amis de la S. P. F., aprs mon envoi Ad patres .
Notice ncrologique sur Andr Renard (1898-1954) par G. Cordier.
Notre collgue Andr Renard a t brutalement frapp par la mort, le
20 dcembre 1954, en pleine activit.
Andr Renard tait n le 10 aot 1898, Varennes (I.-et-L.). Sa
brillante intelligence se rvla ds ses premires tudes qui, malheureu
sement
ne furent pas longtemps poursuivies, car il dut exercer trs tt
un dur mtier manuel. A son retour de la guerre 1914-18, o sa con
duite lui valut une croix de guerre mais aussi une invalidit de
50 % il occupa les fonctions de secrtaire de mairie Varennes,
puis de secrtaire gnral de la mairie de la ville de Loches.
On peut dire qu'Andr Renard tait un exemple parfait d'autodidacte.
Pouss par la curiosit naturelle de son esprit et guid par une solide
discipline intellectuelle, il avait su s'lever une haute culture, allie
une modestie, une dlicatesse et un sens de l'humain qui lui valaient
l'estime gnrale.
Il fit ses dbuts en Prhistoire, vers 1924, sous l'impulsion d'un matre:
le Dr Dubreuil-Chambardel, alors Directeur de l'Ecole d'Anthropologie
de Paris. Son champ d'action fut un systme de valles afluentes de la
Creuse, un peu au Nord de la rgion pressignienne. Il y dcouvrit de
nombreuses stations dont il poursuivit scrupuleusement l'tude et il lui
revient le mrite d'avoir innov en Touraine la prospection mthodique
d'un secteur. Ses abondantes rcoltes, dposes au Muse du Folklore de
Loches, dont il tait conservateur, lui fournirent la matire de diverses
communications, dans l' Homme Prhistorique et le bulletin de la
S. P. F., de 1926 1932. Sa Prhistoire dans les valles de l'Estrigueil,
de l'Esves et de la Ligoire , monographie prcise et approfondie, restera
un des plus solides documents de la Prhistoire tourangelle. Par la suite,
ses fonctions la mairie de Loches, ses activits, toujours dsintresses,
au sein de multiples organisations, l'obligrent abandonner la recherche
sur le terrain, mais il restait, de tout cur, avec ceux qui poursuivent le
sillon.
En dehors de la Prhistoire, dans les domaines littraire, folklorique
et historique, il laisse une uvre frmissante et raffine, reflet de sa
personnalit.
A tous ceux qui l'ont ctoy, Andr Renard laisse l'impression d'un
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taills sont trs abondants. Cette station semble montrer des formes
plus volues que les prcdentes et doit tre assez proche du nolithique.
Escargotire de Ras Sisly, trs caractristique par son emplacement
l'entre des gorges de l'oued Soubella qui traverse le Bou Taleb par une
cluse magnifique qu'emprunte la route de Barika. Cette vaste escargot
ire
est coupe par la route, en certains points la couche archologique
dpasse 1 m. La petite rcolte que nous y avons faite semble annoncer
un facis diffrent des industries des escargotires voisines.
Nous nous proposons de faire un relev plus complet des gisements
de la rgion.
3 A. Jarlan (Albi). Grottes Maraval, commune de Marnaves (Tarn).
Coordonnes ; quadrilatre 562,2-562,4 198,1-198,3. Carte E.-M. Montauban 218.
Systme de 6 grottes actuellement tudi par le Splo-Club Albigeois.
Les sondages effectus dans les grottes nos 2 et 5 ont donn plusieurs
fragments de poteries de diverses poques et quelques ossements
humains.
La fouille sera entreprise systmatiquement en 1955.
4 3. Malhomme (Marrakech) prend date pour les sites de gravures
rupestres suivants :
I) Bou Mesguida : Coordonnes : 131,8 X 360,2; autour du douar;
II) Sidi Bou Mesguida : Coordonnes : 130,8 X 359,2; autour du
marabout;
III) Atar Ougadir : Coordonnes : 129,6 X 357; autour du douar qui
est l'Ouest de la maison forestire d'Imi Moqqorn.
J. de la Roche, inventeur des deux premiers sites, a bien voulu
m'abandonner ses droits, ce dont je le remercie.
5 i. Vassot (Tiaret). A la limite du plateau de Beni-Lent, 47 km.
de Tiaret sur la route d'Alger, au bord droit de la descente vers Vialar,
nombreuses traces de foyers dont une, plus marque, recle une impor
tante industrie lithique d'ge dterminer.
Prsentations et Communications.
I Dr A. Cheynier : La grotte de Reclau-Viver, prs Serina (Espagne).
Discussion : Chassaing, Gaudron.
II A. Leroi-Gourhan : Prsentation de pices d'Arcy-sur-Cure, film
sur les fouilles; note de G. Bailloud : coquilles fossiles des niveaux prigordiens suprieurs de la grotte du Renne.
III Ed. Yiynard : Un Kjoekkenmodding sur la rive droite du WadiShait, dans le Nord de la plaine de Kom-Ombo (Haute-Egypte).
Discussion : Dr Cheynier.
IV Dr L. Prdel : Les causes de la dcouverte, particulirement en
prhistoire.
V i. Combier : Pointes levalloisiennes retouches sur la face plane
{Pointes type Soyons).
VI Ed. Gii'aud : Trois poignards en silex du Grand-Pressigny.
Bibliographie (Livres offerts).
55-1 Acta archaeologica, XXIV, 1953 (red. . J. Becker); Copen
hague, E. Munksgaard, 1953; in-4, 203 pp., ill.; . Kleemann, Eine neue
nordische Schaftlochaxt, 170-173, 1 fig.; Th. Ramskou, Lindholm, Prel
iminary
Report of the 1952-53 Excavations of a Late Iron Age Cemetery
and an Early Mediaeval Settlement, 186-196, 9 fig.; E. Vogt, Die Herkunft
der Michelsberger Kultur, 174-185, 6 fig.
55-2 American Journal of Archaeology, 59, 1, janv. 1955; s.L, 1955;
in-4, 106 pp., 30 pi.
*
55-3 Ampurias, VII-VIII, 1945-46; Barcelone, s.d.; in-4, 492 pp., ill.;
A. Schulten, Las islas de los Bienaventurados, 5-22; Zbyszewski, Flaes,
Mendes Leal, V. Rau, Dos nuevos yacimientos paleoliticos del litoral
portugues, 23-37,v 7 pi.; Flaes, Zbyszewski, Hallazgo de un yacimiento
paleo. en la Extremadura Portuguesa, entre Caldas de Rainha y Foz de