AMR4937
AMR4937
AMR4937
DEPARTEMENT
MEMOIRE
DARCHITECTURE ET DURBANISME
OPTION : URBANISME
N.DORDRE
SERIE..
PRESENTE PAR :
JURY;
- Dr.SAHNOUNE Tayeb
(Prof.)
(M.C.)
- DEBBACHE Samira
(M.C.)
- Dr.CHAOUCHE Salah
(M.C.)
DEDICACE :
A MES PARENTS :
Pour leurs sacrifices, gnrosit, aide et comprhension.
A MA PETITE FAMILLE :
Mon mari, pour son aide, sa gentillesse et sa patience..
ET A MA PERLE RARE :
Tiziri ..
REMERCIEMENTS :
II
PLAN DE TRAVAIL :
1.
2.
3.
REMERCEIMENT..I
DEDICACES..II
GLOSSAIRE.III
PLAN DE TRAVAIL....V
LISTE DES FIGURES.....IX
INTRODUCTION:.....1
LA PROBLEMATIQUE :..3
2.1
Hypothse :....5
VI
C
CH
HA
APPIIT
TR
RE
E IIV
V::
LA RGNRATION URBAINE TRAVERS LEXPRIENCE MAGHREBINE ;
IV.1 REGENERATION URBAINE A TUNIS:
IV.1.1. Tunis comme cas de figure de planification......94
1. Le Schma Directeur dAmnagement du grand Tunis.94
2. Le Schma Directeur dAmnagement du territoire national95
3. La stratgie urbaine de dveloppement rgional :.95
IV.1.2. la structure urbaine de lagglomration tunisoise.........96
IV.1.3. TUNIS EN MAL DE PLAN :
Quelle problmatique dorganisation spatiale :.....98
1. Les Lotisseurs clandestins :...99
2. Organiser lespace urbain :....99
IV.1.4. Un demi-sicle de planification spatiale et de gestion urbaine a Tunis.
QUELS ENS EIGNEMENTS?............................................................................................................100
IV.1.5. Peut-on continuer a planifier comme avant ?...........................................................109
IV.1.6. La planification urbaine est- elle ncessaire ? .....110
IV.1.7. Quel(s) projet(s) pour quelle capitale ?
Vers la planification stratgique :....112
IV.2 MEDINA DE FS :
IV.2.1. Introduction :..116
IV.2.2. Historique :.....117
IV.2.3. Etapes de la sauvegarde..........117
IV.2.4. Lhabitat la mdina de Fs...120
IV.2.5. Les actions d'urgence.......125
A. LA MISSION DADER FES...125
La ddensification..125
La rhabilitation 126
B. LA NATURE DES INTERVENTIONS DE L'AGENCE.127
C. OUTILS DADER-FES ....127
D. LE PLAN D'AMENAGEMENT DE LA MEDINA DE FES...129
Rfrences :.... .135
C
CH
HA
APPIIT
TR
RE
EV
V::
LA RGNRATION URBAINE TRAVERS LEXPRIENCE ALGERIENNE ;
V LA CASBAH D'ALGER : LA SAUVEGARDE ET LES ACTEURS :
V.1. Introduction :....137
V.2. Quelques repres d'histoire de la casbah......139
A. La priode coloniale.140
B. L'indpendance et la dsertion de la Casbah :.141
V.3. Les acteurs de la Sauvegarde...142
V.3.1. Les acteurs et les actions :143
V.3.2. Le COMEDOR :..143
V.3.3. LAtelier Casbah :144
V.3.4. L'OFIRAC :.147
V.3.5. Les acteurs de la socit civile :...148
LE
plan permanent de sauvegarde et de mise en valeur (PPSMV)...149
V.4.
Conclusion...152
Rfrence.....154
VII
C
CH
HA
APPIIT
TR
RE
EV
VII::
LA RGNRATION URBAINE DE LA VIEILLE VILLE DE CONSTANTINE
Quelle est la ncessite dune rgnration urbaine?....................................................................155
1. Introduction :...................................................................................................................155
2. Historique :......................................................................................................................156
VI.1. Souika?.............................................................................................................................160
VI.1.1. Prsentation..160
VI.1.2. lartisanat..164
1. Dinanderie...164
2. Les tanneurs166
VI.1.3. Etat de dgradation :....167
VI.2. les travaux en cours.........................................................................................................171
les travaux de la Souika le 14 septembre 2006 : .171
VI.3.1.
les travaux de la Souika le 9 octobre 2006 :....174
VI.3.2.
les travaux de la Souika le 22 octobre 2006 :......175
VI.3.3.
les travaux de la Souika le 16 dcembre 2006.177
VI.3.4.
les travaux de la Souika le 20 dcembre 2006.179
VI.3.5.
les travaux de la Souika le 26 fvrier 2007..... 181
VI.3.6.
les travaux de la Souika le 11 avril 2007 ....184
VI.3.7.
les travaux de la Souika le 25 avril 2007.188
VI.3.8.
VI.3. restauration de la vieille ville de Constantine..189
VI.4. conclusion....192
Rfrence.....195
C
CH
HA
APPIIT
TR
RE
EV
VIIII::
LE PROCESSUS DE RGNRATION URBAINE POUR LA SAUVEGARDE DE LA
VIEILLE VILLE
Introduction
:..196
VII.1
VII.2 Facteurs dclenchant la rgnration urbaine.197
VII.3 Lancement du processus.199
VII.4 Le processus de rgnration urbaine.199
VII.5 Buts et objectifs :201
VII.6 Dvelopper une stratgie :...203
VII.7 Les stratgies de rgnration :..205
VII.8 Planification au service de la rgnration urbaine.206
VII.9 Rsultats et valuation.208
VII.10 Grer lintervention :210
Rfrence.....215
Conclusion gnrale.216
Bibliographie.......221
ANNEXE....226
RESUME EN ANGLAIS
RESUME EN ARABE
VIII
Problmatique;
2. LA PROBLEMATIQUE :
La vieille ville de Constantine marque de plein; le cachet arabo musulman de cit. Cest un
peu aussi les squelles de civilisations de cette antique cit. Cest toute une mmoire et tout un
systme de repre qui a jalonn son passage travers diverses stations civilisationnelles que porte en
son sein la vieille ville de Constantine. Le vieux quartier de la ville, de part sa situation centrale et sa
porte historique, symbolique et socio culturelle. Malgr son tat de dgradation, il garde une
importance capitale identitaire. La centralit de la ville, le paysage visuel et la scne quelle offre sur
les gorges des rumhel, son aspect spatiomorphologiquela rend encore plus incontournable quelle
nen donne lapparence.
Sauvegarder et prserver la vieille ville de Constantine devient une vritable ncessit et cest mme
une urgence dans le contexte actuel de lexpansion urbain de la ville.
Une ville la spcificit aussi particulire que Constantine na pu, gnrer et se donner les facteurs de
russite de sa planification urbaine !
La prise de conscience de la ncessit de sauver ces vestiges architecturaux urbains de la
disparition est l'aboutissement d'un long processus de mrissement individuel et collectif. Elle
accompagne l'mergence et l'volution de la notion du patrimoine au sein des thories, approches et
mthodes utilises au cours des oprations de gestion et de prservation. Elle apparat plus d'un
niveau et traduit les lacunes dont les politiques de mise en valeur et les interventions de sauvegarde
ont fait preuve jusque l.
Le second niveau est li aux modes et pratiques de gestion du patrimoine, ce qui renvoie
aux actions de promotion; rgnration, rhabilitation, conservation restauration, mise en
valeur, amlioration de la qualit de vie, amnagement intgr et articulation de
l'intervention des diffrents acteurs.
Problmatique;
conforts, normes et standards d'aujourd'hui? comment sauvegarder l'hritage architectural
et urbain sans figer lidentit et le dveloppement de la ville?
La dialectique ancienne nouvelle pose les questions suivantes :
Qu'est ce qu'il faut conserver et comment Musifier et vouloir tout prix conserver mne
une inertie ?
Comment moderniser les tissus anciens en les adaptant aux exigences des normes et
standards daujourdhui, sans dtruire leur morphologie, leur essence, les principes
constructifs et le charme des prospects ?
Comment les pouvoirs publics se sont ramnags cet espace ? Et quelle a t leur
position vis--vis de ce patrimoine ?
Pour rpondre toutes ces questions nous avons jug intressant de travailler sur la vieille
ville de Constantine. Les raisons de ce choix sont d'ordre personnel et scientifique.
Les raisons d'ordre personnel s'expliquent par la familiarit, pratique et connaissance de cette
ville dans la quelle nous avons, tudi et par les diffrents travaux de recherches et analyse
urbaines que nous avons effectus durant notre formation en architecture.
Les raisons d'ordre scientifique s'expliquent par la richesse et la complexit de l'espace
urbain de la vieille ville de Constantine qui, l'instar, dune mtropole du pays recle un
patrimoine urbain et architectural significatif sur un double plan : le premier relatif la
dimension historique intrinsque alors que le deuxime en rapport avec la valeur identitaire.
des interventions de
Problmatique;
Ainsi, le thme du patrimoine et son application au cadre bti ancien offre une cl de lecture
privilgie des actions environnementales en milieu urbain. Les notions de bien commun, de
risque et de ville durable, se trouve travers lui toute leur pertinence, puisque la dmarche
patrimoniale se fonde sur l'ide que l'espace urbain est un bien commun. Elle est ne en raction
la prise de conscience d'un risque de perdre la mmoire, des repres historiques et l'identit, et
vise la rparation des dommages subis l'environnement urbain dans une perspective d'avenir.
L'approche du processus de patrimonialisation, des politiques, des modes de gestion permet
d'avoir une vue globale de la planification de la ville au sens large, de l'amnagement urbain.
2.1 Hypothse :
En effet, en lien avec le renouvellement urbain et le dveloppement durable, il sagit
avant tout de faire en sorte que lespace concern puisse sintgrer dans la ville et se dvelopper
durablement. Il nest plus question non plus de raser lexistant pour faire du neuf. On associe la
rgnration urbaine une dmarche patrimoniale qui permet de conserver et de rutiliser des
tissus urbains anciens.
La rgnration doit aussi saccompagner dune politique daction sociale adapte, afin
dviter tout phnomne de gentrification. Un site en rgnration se caractrise donc
principalement par une mutation complte de ses fonctions, une mixit des nouvelles fonctions et
des populations rsidentes, un amnagement sur le long terme, une politique sociale adapte, un
partenariat entre les acteurs publics et les acteurs privs. Dun point de vue chronologique, ce
sont, la plupart du temps, les collectivits locales qui lancent le projet de rgnration en
effectuant certains amnagements afin dattirer les investisseurs privs. Ce lancement se fait
souvent au travers dun grand projet architectural qui peut faire office de vitrine pour la
rgnration urbaine du secteur, comme par exemple, lopration Neptune Dunkerque ou la
reconqute des fronts deau de Baltimore, Chicago ou Seattle aux tats-Unis avec le concept des
festival market places. Les grands quipements sont souvent au coeur de ces projets et sont
toujours trs prsents dans les oprations de rgnration urbaine. Comment expliquer la place
importante faite aux quipements dans la rgnration urbaine? Quel rle tiennent-ils dans la
requalification des espaces en friche? quelle stratgie des acteurs correspondent-ils?
la rgnration du bti existant pour des usages diversifis : protection et restauration des
btiments, des espaces publics, des sites dgrads et terrains contamins ; prservation et
mise en valeur du patrimoine historique, culturel, environnemental ; cration d'emplois
Problmatique;
durables ; intgration des communauts locales et des minorits ethniques ; rinsertion des
personnes exclues ; amlioration de la scurit et de la prvention de la dlinquance ;
amlioration de l'clairage public, tlsurveillance ; rduction de la pression sur les zones
encore non bties.
Le soutien ventuel des autorits locales et/ou nationales en faveur du logement lorsqu'il est
un facteur de crise urbaine.
La gestion catastrophique du patrimoine culturel de la vieille ville de Constantine, est
le rsultat de ; laisser aller, laisser faire, mais surtout de la mauvaise gestion, le
manque des organismes qui veillent lapplication stricte et rigoureuse des rgles, le
manque des gens comptents et spcialiss sont dautres facteurs qui aggravent la
situation de la non matrise, de la mauvaise gestion du foncier ; car rien ne sert en fait
de dynamiser les institutions damliorer linstrumentation ,de vouloir agir sur les
mthodes ,si les hommes chargs de veiller la concrtisation de ce processus de
planification, de gestion nont ni les aptitudes ncessaires, ni les motivations
indispensables lexercice de leurs responsabilits. Compte tenu de la voie du
dveloppement urbain durable, la vieille ville de
caractris que par une rgnration urbaine qui va favoriser l'appropriation des
espaces de vie et la sauvegarde du patrimoine culturel ?
Problmatique;
3. LE CHOIX DU THEME :
La ville de Constantine nous intresse plusieurs gards :
Cependant, alors mme que les phnomnes de globalisation se font sentir de faon accrue, le
local semble garder une dimension fondamentale : l'attachement aux quartiers et les prises de
position marques lors de projets de transformations en sont des expressions.
Deuximement, Constantine est l'une des rares villes dont le centre-ville, au lieu de se vider,
s'est progressivement repeupl ;
Troisimement, bien qu'tant une ville dimension restreinte, Constantine prsente une
concentration (de btiments et de populations) et une diversit (de populations et dactivits)
importantes, ce qui thoriquement est synonyme d'urbanit et d'animation. Cependant, ces
atouts potentiels tendent se transformer en problmes.
Problmatique;
habitants-usagers, ces composantes rpondent au besoin d'ancrage et de repres, en contribuant
la construction identitaire et la cohsion sociale ; pour les professionnels de l'espace, ces
fragments urbains reprsentent, s'ils sont combins correctement ; chelles, cohrence, acteurs,
etc. des atouts fondamentaux, ceci la fois au niveau interne habitants et amlioration du
cadre de vie, et au niveau externe perspective de marketing urbain.
1. Le champ patrimonial s'est progressivement largi et intgre aussi bien le bti que ses
abords, ainsi que les divers types d'espaces publics ; la notion de patrimoine ne renvoie par
consquent plus uniquement des points dans l'espace, mais aussi des surfaces et des lignes
(places, rues, sentiers, cheminements).
2. La notion de patrimoine - dans le sens dhritage - l'origine troitement lie la sphre
familiale s'est modifie pour faire rfrence la proprit des croyants (Moyen-ge), de la
Nation, puis de la socit ; en d'autres termes, le patrimoine est sorti du domaine priv pour
acqurir une reconnaissance publique.
3. Les politiques de sauvegarde du patrimoine ont suivi cette volution de la pense : les
structures institutionnelle et lgale en vigueur intgrent (avec plus ou moins de succs)
l'extension du champ patrimonial.
4. Les sentiments d'appartenance suscits par les lments patrimoniaux sont frquemment d'une
telle ampleur que ces derniers deviennent une vritable chose publique , rendant difficile la
discrimination entre ce qui relve de la sphre prive et ce qui est de l'ordre du public. Les
notions d'appropriation et de possession (plutt que de proprit) sont par consquent au coeur
de nos rflexions.
Mthodologie;
4. METHODOLOGIE :
Il nous a t impratif deffectuer une recherche bibliographique, riche et diversifi qui
constituera la base pour dfinir les diffrents concepts et notions lis au thme tout en se basant
sur les livres, les revues, les journaux, mais aussi par le nouveau moyen de la communication
lInternet, qui nous a beaucoup aid, et qui nous a permis dexplorer le monde au bout des
doigts.
Aprs avoir pris connaissances des diffrentes notions et dfinitions ncessaires sur le sujet, le
travail sur terrain savre primordial et incontournable.
Plusieurs sorties ont t effectues sur les diffrents sites de la vieille ville, o on a pu constituer
une ide sur ltat global de la vieille ville.
En plus de La recherche thorique et la collecte des donnes nous avons pris contact avec les
diffrents organismes de la ville, la DUCH, lAPC, lOPGI, service des domaines, qui nous ont
t trs bnfique que se soit au niveau de leurs conseilles, de leurs observations et de leurs
orientations ou au niveau de leurs donnes et qui ont constitu pour nous un bagage, un support
solide et une source fiable surtout en matire des statistiques et des cartes.
Au fur et mesure lenqute sur terrains se poursuit, il est ici important de signaler les entretiens
avec diffrents responsables ont constitu un autre support et une autre base de donnes pour
nos propositions et nos recommandations.
Mthodologie;
5. STRUCTURATION DE LA THESE :
Afin daborder le sujet de la rgnration urbaine du patrimoine culturel il nous a t impratif
desquisser un cheminement logique et de lemprunter pour cerner et comprendre le fond de la
recherche.
La recherche est structure en sept chapitres, plus une introduction gnrale et une conclusion
englobant les diffrentes solutions apporter.
Tout dabord une introduction au sujet qui comporte la problmatique pose et la mthodologie
suivre pour apporter des lments de rponse au problme.
La partie introductive nous a permis de dgager les grandes lignes de notre thse qui
comporte la problmatique et de poser lhypothse; et la mthodologie suivre pour apporter des
lments de rponse au problme.
5.1 LE PREMIER
CHAPITRE
Ce chapitre est une approche thorique, o on a essay de collecter les diffrentes dfinitions
essentielles ayant relation avec le sujet, et sa matrialisation.
Il nous permet dillustrer le sujet et de mieux comprendre la notion du patrimoine, et sa prise
de conscience est devenue mondiale parce quelle concerne lhumanit toute entire ; cest pour
cette raison que la notion du patrimoine demeure en continuelle laboration.
Nous abordons ensuite les processus de patrimonialisation; une partie concerne les
motivations profondes l'origine de ces processus, c'est--dire la qute identitaire, une autre est
consacre aux systmes de valeurs propres au patrimoine et un dernier au champ patrimonial en
extension, concrtisation de lintgration de nouvelles valeurs ;
5.2 LE SECOND CHAPITRE :
La rgnration urbain est un thme trs actuel qui fait lobjet aussi bien de colloques ou de
publications diverses. Il se raccroche aussi un autre sujet dactualit qui est celui du
dveloppement durable: faire la ville durable cest aussi la renouveler. Cependant, la
rgnration urbaine
10
Mthodologie;
renouvellement urbain et elle reprsente un des moyens pertinents pour
sauvegarder le
comprendre leur fonctionnement et les mesure prise pour sauvegarder leurs patrimoine.
5.5 LE CINQUIEME CHAPITRE :
La rgnration urbaine travers les expriences algrienne pour connatre les avantages et les
problmes de sauvegarde qui se pose en Algrie ;
De l'exprience algroise, riche en tudes et plans, il ressort que l'implication effective et
continue des acteurs, institutionnels ou non, et l'inscription de leur action dans la dure
(permanence et capitalisation) sont les conditions de russite d'une politique de sauvegarde.
L'exprience dmontre que sans de tels engagements et sans l'autonomie des acteurs de terrain
11
Mthodologie;
la mesure de leur mission, l'action de sauvegarde est dnature, malgr une volont politique
manifeste.
5.6 LE SIXIEME CHAPITRE :
Aprs la partie thorique, il est temps maintenant de cibler le cas dtude, la vieille ville de
Constantine, o on tudiera son tat de dgradation et sa destruction volontaire ou accidentelle
qui menace en permanence le tissu urbain, les diffrents travaux en cours pour sa sauvegarde
pour enfin mesure son impact sur lespace et sur lenvironnement.
Pour mieux comprendre letat de notre patrimoine et pour essaye de cibler lintervention de
rgnration urbaine.
Enfin, l'occasion de cette rencontre est opportune pour rappeler que le patrimoine ne doit plus
tre fig comme lieu des nostalgies d'une poque rvolue. Epoque dont les svrits
conomiques vcues semble avoir subi, avec le temps, une certaine mitigation. Elle ne doit plus
servir de simple objet d'tudes et d'hypothtiques spculations sur son devenir.
5.7 LE SEPTIEME CHAPITRE :
Il est enfin temps que la vieille ville de Constantine soit vue et lue, non pas travers les seuls
rapports et dbats sur son tat, mais travers ses ralits svres et les effets sociaux de son
actuelle marginalisation.
Une tentative de notre part pour faire de essaye se donner des solutions et en proposant un projet
participatif, bas essentiellement sur la rgnration urbaine de la vieille ville;
Cest une tentative de notre part pour faire de Constantine une vraie ville durable en proposant
un projet urbain durable, un projet participatif, bas essentiellement sur la rgnration urbaine
de la vieille ville.
Le dernier point (conclusion gnrale) constitue un recueil des solutions et de
recommandations pour la sauvegarde du patrimoine et de donner des instructions pour la mise en
uvre du processus de rgnration urbaine, des outils communment acceptables pour
l'laboration et la mise en uvre des plans de rgnration urbaine.
Autrement dit, la politique de sauvegarde doit crdibiliser les plans par des actions
concrtes de protection et de mise en valeur.
12
Introduction;
1.
INTRODUCTION:
Constantine en tant que territoires remarquables par leurs intrts paysager et urbain
Introduction;
est fait de faon dlibre, car ils sont concerns de la mme faon par la conservation, la protection, la
mise en valeur, et la transmission dun hritage collectif aux gnrations futures.
Le souci de la prservation du patrimoine nest plus ainsi incompatible avec une vision
moderne du dveloppement. On associe de plus en plus le patrimoine au concept de dveloppement
durable. Ce choix nous parat prometteur. Une politique du patrimoine nest pas uniquement une
politique de conservation de lancien, elle est aussi une occasion privilgie de rflchir aux
changements et leur intgration dans le paysage culturel et environnemental.
La mdina de Constantine contrairement la plupart des mdinas maghrbines
gnralement marginalises, en formant un centre secondaire, a toujours gard sa fonction de centre
ville, par son site minemment stratgique, par son rle polarisateur dans la ville et par son patrimoine
architectural dont les valeurs socioculturelles et historiques inestimables.
Elle est compose dun patrimoine architectural inestimable, tmoigne irrfutablement de
lapoge dune civilisation passe et constitue lidentit culturelle de la ville de Constantine.
Aujourdhui cette vieille ville, comme tout tissu urbain ancien non entretenu, signale une
vive alarme, perd son entit urbaine, unitaire, cohrente et tend vers la perte de sa clbrit.
Cest d entre autre au phnomne de dgradation avance, au dlabrement et la
dmolition dune grande partie de ses btisses.
Lintrt port lgard de la mdina et du patrimoine dune faon gnrale, a t
omniprsent par le pouvoir public, mais il y a un dcalage certain entre les discours proclams, et la
ralit du terrain
Comme beaucoup dautres sites historiques dans le pays, la mdina de Constantine
ft lobjet dune succession de politiques urbaines souvent contradictoires qui donnent lieu se
demander, sil sagit bien de manque dexpriences de la part des gestionnaires lgard de lancien ou
sagit-il derreurs de choix de stratgies, ou sagit-il dun problme financier; o bien, par le fait que la
particularit dun tel travail est en contradiction avec les vux des pouvoirs locaux, qui ont un
chancier court, donc ils sont contraints dintervenir ailleurs, par des actions rapides impact
immdiat, que de se lancer dans des actions de rhabilitation et de conservation qui mobilisent
beaucoup de ressources, et ncessitent beaucoup de temps ?
Face la dgradation de la structure existante et un bouleversement de son quilibre, la
mdina constitue une entit populaire en effervescence.
Cette prservation ou sauvegarde a commenc merger comme lultime alternative pour
russir redonner ces villes la possibilit de mieux vivre et de mieux assumer leurs passs dans leurs
prsents. La vieille ville peut elle vraiment russir saccrocher sans grand dsordre ? Comment ? Et
quel prix ?
2
Chapitre I :
C
CH
HA
APPIIT
TR
RE
E II::
LA QUESTION DU PATRIMOINE ET DE LA RGNRATION
URBAINE
La mmoire est un ressort essentiel de la crativit: Cest vrai des individus comme des
peuples, qui puisent dans leur patrimoine naturel et culturel, matriel comme immatriel
les repres de leur identit et la source de leur inspiration.
1
(UNESCO, 1999) 1
12
Chapitre I :
I.1. INTRODUCTION :
La notion du patrimoine, ou plus exactement de patrimoines au pluriel, apparat fort
complexe et sa prise en compte souligne les ambiguts de ce terme.
L'ide, le projet, l'utopie taient de s'interroger sur le contenu, l'extension et les formes d'une
notion qui, apparaissait trop fige, trop lie aux notions de conservation et de tradition ;
Le patrimoine avait un sens trop univoque. L'ide novatrice tait que cette notion sous-tendue
n'avait pas qu'un seul territoire, qu'un seul terrain d'application, qu'une seule pratique sociale ;
La "modernisation", la dynamisation de cette notion fondatrice, en particulier dans la mesure o
elle voque l'ide de transmission d'un lieu, d'un bien, d'une personne, parurent leurs initiateurs
ne pouvoir s'affirmer que si trois conditions taient runies:
tablir un inventaire de tout (ou presque) ce qui s'nonce, de faon plus ou moins
explicite, sous la couleur, dans le voile, voire sous prtexte de patrimoine ; ce qui
explique -aussi- l'extrme varit des thmes abords ;
pour faire pice la sectorisation tant ministrielle que disciplinaire, crer un milieu,
sinon un "bouillon de culture", o s'tablissent des contacts, se nouent des liens, se
frottent des ides qui amnent mettre en question, re-visiter, rinventer des notions
et des pratiques codes et institutionnalises manant de la grande tradition.
Que faut-il conserver ? Quel est le sens d'un hritage ? Comment s'accomplit la transmission, et
au nom de quoi ? C'est l'clatement de l'ide de patrimoine. A la charnire entre l'individu, la
famille et la collectivit, le patrimoine reste l'objet de reprsentations et d'intrts les plus divers,
et sa gestion met en jeu l'avenir des socits. Les formes de reprsentation des symboles
culturels, le gel des territoires, la protection des espces menaces entranent des stratgies qui
appellent la ncessit d'une thique. (JEUDY, 1989) 2
Par extension, ce terme en est venu dsign les biens de l'glise, les biens de la couronne puis,
XVIII sicle, les biens de signification et valeur nationales d'une part, universelle de l'autre ;
13
Chapitre I :
Chapitre I :
prfre subsumer sous les termes de patrimoine architectural, urbain ou rural, se sont en
particulier :
- les abords des monuments, mais surtout le tissu urbain dit mineur qui constitue
l'essentiel du bti des villes anciennes et dont la pleine reconnaissance, particulirement tardive
en France, est l'aboutissement d'une srie d'tape, au cours desquelles l'intrt est successivement
focalis:
- Sur sa valeur esthtique reconnue en premier par les crivains anglo-saxons (cf. Ruskin) et
que Camillo Sitte fut le premier urbaniste mettre en vidence et a analyser ;
- Sur sa valeur comptitive avec celle des monuments pour l'histoire et l'histoire de lart, que
les architectes -- historiens italiens, tel Giovannoni, furent les premiers a souligner avant la
deuxime guerre mondiale ;
- Sur sa valeur sociale, reconnue initialement en Italie voir l'exprience de Bologne et qui a reu
une conscration l'chelle internationale dans la recommandation dite de Nairobi
concernant la sauvegarde des immeubles historiques ou traditionnels et leurs rle dans la vie
contemporaine , adopte par la confrence gnrale de l'Unesco Nairobi le 26 novembre 1976.
Actuellement, ils sont considrs comme biens patrimoniaux non seulement les lots et les
quartiers, mais des villages ou des villes entires ou mme des ensembles de villes.
Alors, Le patrimoine est une notion qui voque :
Lhistoire et le pass
Lusage juridique [possession, proprit, hritage]
Les modes de mmorisation [mmoire collective identit, culte, appartenance]
Cest un terme juridique en formation qui nest pas encore termin.
Le mot patrimoine est un mot latin patrimonium qui signifie un bien hriter et ligus des pres et
des prdcesseurs leurs enfants et ces biens peuvent tre culturels ou naturels, matriels ou
immatriels sur lequel nos devant veiller, lentretenir et mettre en valeurs pour le transmettre
nouveau aux gnrations futures.
Aussi, le patrimoine dsigne des productions humaines artistiques avec des dimensions
collectives (nationales puis mondiales) (GOUY et JONQUIERE, 1988) 5
15
Chapitre I :
16
Chapitre I :
I.4.3
Les sites :
Espaces suffisamment caractristiques et homognes pour faire l'objet d'une dlimitation
topographique, remarquables par leur intrt historique, archologique, artistique, scientifique,
social ou technique
17
Chapitre I :
patrimoine culturel
18
Chapitre I :
Par la suite, la littrature spcialise a largi cette dfinition de manire couvrir, outre les
structures monumentales, les biens culturels mobiles tels que les collections musales, les
oeuvres d'art et les objets d'antiquit.
I.5.2 PATRIMOINE CULTUREL IMMATERIEL :
Le patrimoine culturel immatriel est de plus en plus reconnu dans le monde entier
comme un lment fondamental de la prservation et la mise en valeur de l'identit et de la
diversit culturelle. (GHASSAN, 2001) 8
On entend par "patrimoine culturel immatriel" les pratiques, reprsentations,
expressions, connaissances et savoir-faire - ainsi que les instruments, objets, artefacts et espaces
culturels qui leur sont associs - que les communauts, les groupes et, le cas chant, les
individus reconnaissent comme faisant partie de leur patrimoine culturel.
Ce patrimoine culturel immatriel, transmis de gnration en gnration, est recr en
permanence par les communauts et groupes en fonction de leur milieu, de leur interaction avec
la nature et de leur histoire, et leur procure un sentiment d'identit et de continuit, contribuant
ainsi promouvoir le respect de la diversit culturelle et la crativit humaine. Aux fins de la
prsente Convention, seul sera pris en considration le patrimoine culturel immatriel conforme
aux instruments internationaux existants relatifs aux droits de l'homme, ainsi qu' l'exigence du
respect mutuel entre communauts, groupes et individus, et d'un dveloppement durable
(UNESCO ,2003) 9.
Le "patrimoine culturel immatriel", se manifeste notamment dans les domaines
suivants :
(a) les traditions et expressions orales, y compris la langue comme vecteur du
patrimoine culturel immatriel ;
(b) les arts du spectacle ;
(c) les pratiques sociales, rituels et vnements festifs ;
(d) les connaissances et pratiques concernant la nature et l'univers ;
(e) les savoir-faire lis l'artisanat traditionnel.
L'effort de sauvegarde du patrimoine culturel immatriel est une manifestation essentielle de
l'engagement en faveur de la diversit culturelle. (KOCHIRO, 2002) 10
19
Chapitre I :
dune part les habitants du quartier dont il est question : les hommes et les femmes, leur
histoire collective, leurs pratiques, leurs cheminements, leurs usages de la ville etc.
commerce,
spectacle,
artisanat,
20
etc.)
et
une
certaine
mixit
de
Chapitre I :
Le patrimoine urbain est aussi un patrimoine enfoui, confidentiel. La ville est le fruit de
contributions millnaires dont la rmanence inconsciente ou perceptible ne peut tre ignore ;
des gnrations et des gnrations ont particip la gense de la ville, y ont laiss les traces de
leur savoir, de leur mode de vie, de leur culture. (LEFEBVRE, 1994) 14.
I.6.1
LES VALEURS DU
PATRIMOINE URBAIN
Mais lidentit de la ville historique a galement des composantes conomiques et sociales qui
ne peuvent pas tre ngliges et qui jouent un rle essentiel dans les dynamiques de
transformation et dans la perspective de la sauvegarde. De ce point de vue, dans la plupart des
villes maghrbines, lidentit de la ville historique et parfois mme des quartiers les plus
anciens de la ville coloniale est fort appauvrie et dvalorise. Si lon se borne la mdina
prcoloniale, son identit reprsente le plus souvent :
- un espace urbain sous-quip et sous intgr, abandonn par les couches sociales plus
nanties et par les activits modernes plus rentables dans les secteurs du commerce et du
tertiaire ;
- un tissu surdensifi et dgrad, habit pour la plupart par une population trs bas
revenu, souvent rcemment immigre, et donc avec peu de racines dans son espace et dans sa
culture ;
- un parc immobilier plus ou moins important, en trs mauvais tat, non seulement dans
les structures du bti, qui, parfois, menacent ruine, mais aussi dans ses rseaux infrastructurels,
21
Chapitre I :
mme lorsqu'il peut constituer un potentiel important pour accueillir de nouvelles fonctions, qui
pourraient devenir rentables.
La valeur patrimoniale attribue la ville historique et ses diffrentes parties par les
institutions et les diffrents acteurs urbains est donc loin dtre univoque : au contraire elle a des
dimensions et des composantes diverses qui interagissent dune manire ou de lautre selon les
cas. De plus, cette valeur n'est pas fige dans le temps : si, dans le pass, la valeur du
patrimoine
22
Chapitre I :
23
Chapitre I :
I.7.2
24
Chapitre I :
25
Chapitre I :
I.7.4.
INSTITUTIONS PARALLELES : ICOMOS ET OPVM
ICOMOS, le Conseil International des Monuments et des Sites, est une organisation
internationale non gouvernementale cre en 1965 et dont le sige est Paris. Cette organisation
a un rle consultatif dans le processus dinscription dun bien culturel comme patrimoine de
lhumanit. Ce rle consultatif est institutionnalis puisquil est dfinit dans la Convention du
Patrimoine Mondial.
LICOMOS possde des dlgations rgionales dans chaque continent pour amliorer ce travail
dapprciation de la pertinence dun classement. Il joue galement un rle important dans
lorganisation de confrences et la rdaction de recommandations patrimoniales.
LOVPM est lOrganisation des Villes Patrimoine mondial, fonde en 1993 par la Charte de Fs.
Cette organisation regroupe les villes Patrimoine de lHumanit, et non les Etats donc, avec le
souci de dvelopper des solidarits entre ces villes et doprer des transferts de savoir-faire. Cette
organisation part du constat que les villes patrimoine de lHumanit sont soumises des
problmes spcifiques de nature diffrente des autres biens du Patrimoine Mondial et que les
solutions sont trouver lchelle locale travers une gestion municipale efficace et novatrice et
la participation active des citoyens. Chaque ville a alors intrt bnficier de lexprience dans
ce domaine des autres villes.
I.7.5.
LA CHARTE DE FES :
Prcise alors que pour relever les dfis auxquels est confronte le devoir de prennit, ces villes
doivent briser leur isolement, privilgier la coopration et nouer entre elles des solidarits
indfectibles . Concrtement des sminaires sont organiss et les villes candidates reoivent un
appui technique. Cette organisation nest pas intgre institutionnellement au fonctionnement de
la Convention mais de fait elle constitue prsent un lment important pour lUNESCO
puisquelle sengage promouvoir les principes de la Convention.
26
Chapitre I :
Le contexte juridique :
Recommandations de la charte de lUNESCO :
Parmi les recommandations de lUNESCO sur la protection des biens culturels citons les
suivantes :
- La sauvegarde de la beaut et du caractre des pays et des sites (session du 11-12-62).
Les mesures prendre pour interdire et empcher lexportation limportation et le transfert de
proprits illicites des biens culturels (session du 19-11-1964).
La recommandation sur la protection des biens culturels et naturels au plan national (session du
16-11-1972).
La mission de l'UNESCO en faveur du patrimoine mondial consiste :
- Encourager les tats signer la convention de 1972 et assurer la protection de leur
patrimoine naturel et culturel;
- Encourager les tats parties la convention proposer l'inscription sur la Liste du
patrimoine mondial des sites situs sur leur territoire ;
- Encourager les tats parties mettre en place des systmes pour tablir et soumettre
rapports sur l'tat de conservation des sites inscrits ;
Aider les tats parties sauvegarder les sites du patrimoine mondial grce une assistance
technique et une formation ;
Encourager la coopration internationale dans les domaines de la conservation du patrimoine
culturel et naturel.
27
Chapitre I :
Chapitre I :
ldifice isol, ni mme la rptition agrgative dun type ddifice, qui fonde la valeur
patrimoniale, mais lensemble urbain o le tout est suprieur la somme des parties puisque le
centre urbain nest pas rductible la somme numrative des difices le composant. Il faut
dgager des effets de composition (on dirait effets de systme aujourdhui), que Sitte analyse
comme lasymtrie, les articulations entre diffrents types despaces, la distribution des vides et
des pleins,... Ainsi, comme lments de cette composition, implicitement, le parcellaire, la voirie
et les ramnagements prennent une valeur patrimoniale. La composition urbaine sautonomise
dans le champ patrimonial. (BRANDI, 1995) 16.
Plus originale, c'est une position didactique, SITTE, pour qui le rle de la ville historique,
est de transmettre les secrets de l'esthtique urbaine, rvler les rgles de l'art urbain. Pour cela, il
faut tudier son espace, en extraire ses rgles esthtiques de composition et les appliquer la
ville moderne qui a perdu tout le sens de la beaut : tel est le pari de SITTE, pari scientifique
extrmement moderne. Son entreprise fut suivie par les urbanistes Allemands (HENRICI,
FISHER.) Mais dune manire trop fidle, car ils plagiaient quasiment la ville mdivale, ses
amnagements et sa composition.
C'est surtout Raymond UNWIN qui a su laborer des rgles de composition pittoresque
moderne applicables la cit-jardin en retenant l'enseignement de SITTE. Sa grande leon fut
donc de montrer que l'tude morphologique des villes anciennes peut devenir pour l'urbaniste un
vritable outil heuristique de dcouverte, des procds et des rgles intemporelles d'esthtique
urbaine et de composition urbaine, applicables la ville moderne, dont l'espace n'est plus conu
aujourdhui que selon les critres techniques et fonctionnels.
Il ouvrait ainsi la voie une vritable esthtique urbaine exprimentale. En raison de
l'approbation jete par le mouvement moderne sur la composition urbaine et sur la question
visuelle d'une faon gnrale, le projet de Camillo SITTE n'a pas eu le destin qu'il mritait. La
composition urbaine est reste un savoir-faire urbanistique en crise, malgr le regain d'intrt
qu'elle commence susciter de nos jours. (DEWEY, 1934) 17
.II.9.3. TROISIEME POSITION :
Qu'on peut appeler musale, est l'origine des nombreux textes lgislatifs sur la protection des
centres anciens, c'est la conservation musographique de la ville historique, la transformation des
centres historiques en muse avec les risques que cela comporte (voir l'industrie culturelle
29
Chapitre I :
aujourd'hui et ses consquences pour le patrimoine). Ch. BULS, bourgmestre de Bruxelles, fut
un prcurseur parmi d'autres de cette tendance qui connatra un succs certain dans son
application (MERLIN et CHOAY, 1988) 18.
.II.9.4. QUATRIEME POSITION :
Est une attitude de synthse et de dpassement de toutes les autres. On la nomme
conservation intgre . Son principal thoricien fut G. GIOVANNONI, sa contribution cette
rflexion reste dcisive. Il accorde la fois une valeur d'usage et une valeur musologique aux
centres anciens. C'est pourquoi, selon lui, il faut les conserver et les intgrer dans la planification
urbaine. De plus, il entrevoit avec lucidit les transformations urbaines venir dues l'impact de
l'extension des rseaux et au rle croissant de la communication ainsi que le changement
d'chelle des interventions, produisant l'clatement de la morphologie traditionnelle de la ville, sa
dissolution et sa dilution dans le territoire.
Mais dans ses propositions, il vite toute modlisation. Face cette nouvelle situation, il suggre
la recherche d'une synthse des deux chelles d'intervention : l'chelle territoriale et l'chelle du
quartier ; quant aux anciens tissus; ils doivent tre intgrs selon lui dans le procs de
planification, en raison de leur valeur d'art et d'histoire et de leur valeur didactique, car ils
peuvent jouer un rle catalyseur essentiel pour l'invention de nouvelles formes urbaines.
On peut rsumer sa doctrine dans trois points principaux :
Tout fragment de tissu ancien de valeur doit tre conserv et intgr dans la planification
urbaine.
Un monument ne doit pas tre dissoci de son tissu environnant. Une marge d'intervention sur
les tissus anciens est tolre, dans la mesure o elle en respecte l'chelle et l'esprit et qu'elle soit
identifiable. Quant la rhabilitation, elle doit surtout porter en cur d'lot.
On mesure la difficult d'application de ces propositions, mais aussi leur nouveaut et leur
originalit, dans le contexte des annes 30, elles anticipent et prfigurent sur bien des pratiques et
des dbats contemporains (TAINE, 1939) 19.
Gustavo Giovannoni apparat quant lui comme un prcurseur vritable dans la mesure o les
prceptes quil met en avant sont pour la plupart encore valides au niveau international
puisquon les retrouve, par exemple, dans le Guide de gestion de lOrganisation des Villes
patrimoine de lHumanit. Il prend acte de la ncessit de cohabitation des centres historiques
avec le monde contemporain et sa tendance lclatement urbain. Il dfinit plusieurs principes :
le maintien de larchitecture mineure aux cts de larchitecture majeure, la conservation du
30
Chapitre I :
centre historique par des oprations ponctuelles dassainissement pour sauver lensemble,
lintgration du centre dans un plan global damnagement. Ce dernier principe est important car
cest la premire fois quest formule la ncessaire cohabitation entre le patrimoine et les
exigences modernes, cohabitation qui ne peut avoir lieu quen traitant le problme diffrentes
chelles et dans un souci intgrationniste, en maintenant les centres historiques comme des
espaces vivants, habits.
.II.9.5. CINQUIEME POSITION :
Que le tissu urbain ancien nait pas t une proccupation au XIX me sicle,
lhaussmanisation le prouve. Tout dabord ces oprations damnagement urbain constituent bel
et bien une destruction de parties du tissu urbain de la ville de Paris, effectue au nom de
lassainissement et de lamlioration de la fluidit des transports intra urbains. Le type
durbanisme effectu Paris constitue alors un aboutissement des prceptes urbains labors la
Renaissance, avec le percement de voies et lamnagement de perspectives monumentales. Alors
quaujourdhui rgne le principe de la contextualisation (lenvironnement dun monument
contribue donner son sens ce monument), il est plus question, avec Haussmann,
dclaircissement. La ville est traite comme un jardin, et pour mettre en valeur un monument, il
faut le dgager la vue, permettre un regard embrassant dun seul coup doeil ldifice dans sa
totalit, alors que prisonnier du tissu ancien on ne peut arriver qu des vues parcellaires.
Cette absence dintrt pour le tissu urbain nest pas seulement lapanage des urbanistes. Ainsi,
les crivains romantiques qui dnoncent les mfaits de lhaussmannisation le font au nom de
monuments qui nont pas t pargns par une perce, et non pour maintenir un espace typique.
Ce ddain pour les espaces urbains typiques est donc partag au XIX me sicle et on le trouve
encore vivace dans la premire moiti du XX me sicle. Le plan Voisin de Le Corbusier de
1925 prvoyait de dtruire intgralement Paris en ne laissant que quelques monuments phares
pour reconstruire la ville selon les prceptes de la Charte dAthnes.
La prise en compte des espaces urbains comme de potentiels espaces patrimoniaux nallait ainsi
pas de soi et il fallut loeuvre de quelques prcurseurs pour modifier la perception gnrale de
ces espaces.
On voit donc l, travers ces thories, diffrentes modalits de prise en compte de l'histoire et de
son rapport avec le prsent. A ct des positions de stricte conservation et de protection
(RUSKIN, VIOLLET-LE-DUC, MORRIS) et des attitudes de ngation de la ville historique, des
positions originales comme celle de (SITTE, BOITO, GIOVANNONI) tentent de diffrentes
31
Chapitre I :
faons, d'articuler des relations possibles entre patrimoine et cration, entre histoire et
modernit (DEWEY, 1934) 20.
I.10.
LES MENACES :
Sous l'effet d'vnements naturels inexorables, et des dommages encore plus graves occasionns
par des phnomnes d'origine humaine, d'immenses richesses disparaissent tout jamais. C'est l
le risque le plus grave pour le patrimoine, un risque qu'il convient d'apprhender en profondeur
en privilgiant la concertation.
I.10.1 Fragilit des biens du patrimoine.
L'appauvrissement du patrimoine culturel n'est certes pas un phnomne rcent. Ce qui
est nouveau, c'est que la conjoncture conomique s'associe dsormais dangereusement aux
acteurs naturels pour intensifier l'ampleur et le rythme de cette destruction, avec des
consquences irrparables pour les gnrations prsentes et venir. Le patrimoine tangible est un
bien public prissable; les tats et les nations se doivent de le prserver.
Les pouvoirs publics et les citoyens des pays de la rgion, l'UNESCO et la communaut
internationale ont maintes fois sonn l'alarme ce propos. Puisque les thoriciens du
dveloppement dfendent l'ide que le patrimoine peut contribuer au dveloppement, il leur
appartient galement de trouver moyens d'enrayer sa disparition, ce qui n'est pas tche facile.
I.10.2 L'rosion du patrimoine: les causes.
Quels sont les risques, les insuffisances et les obstacles qui compromettent aujourd'hui au
premier chef la sauvegarde du patrimoine culturel ?
D'aprs une synthse ralise partir d'tudes de cas et de documents nationaux concernant la
dgradation, le vol pur et simple, le trafic illicite ou la destruction malveillante du patrimoine,
quatre groupes de facteurs interviennent :
Des facteurs classiques
Des facteurs conomiques
Des facteurs sociaux
Des carences institutionnelles
32
Chapitre I :
1. FACTEURS CLASSIQUES :
a) Action du temps :
Vieillissement ; est un phnomne bien connu sinon pour rappeler que ses effets (amplitude
thermique, rosion notamment) ont particulirement graves des difices vulnrables.
b) Pollution atmosphrique :
Circulation et transports en commun.
c) Action de la Nature : inondations, sisme,
Bien que les causes naturelles de la dgradation du patrimoine soient connues de longue
date, on est loin de le protger comme on pourrait le faire compte tenu de ce que l'on sait
actuellement des actions de prvention possibles. Les catastrophes naturelles (tremblements de
terre, inondations, temptes et glissements de terrain) et les phnomnes naturels ordinaires - le
temps et son oeuvre impitoyable, les prcipitations, le vent et les variations de temprature minent lentement la rsistance des monuments ou difices anciens, les fragilisent, et finissent par
les dtruire lors de catastrophes spectaculaires.
d) Action de lHomme : dmolition par ignorance de la valeur du patrimoine (manque de
culture, dinformation, )
2. FACTEURS ECONOMIQUES :
ces conditions naturelles difficiles vient sajouter la croissance conomique, elle-mme
l'origine de plusieurs causes de dgradation du patrimoine;
a) La construction d'infrastructures : notamment d'autoroutes, de routes, de voies ferres et
d'aroports, de barrages hydrolectriques et de bassins de retenue, de villes nouvelles, ainsi
que de zones industrielles et d'extraction minire, provoque parfois des dgts importants.
Les amnagements ncessaires l'expansion urbaine sont responsables de destructions
massives au Caire, Carthage, Sana'a, et dans bien d'autres cits anciennes.
b) Le progrs conomique et technique :: a graduellement pouss de nombreux mtiers et
services hors des vieilles mdinas et des souks, ce qui a eu pour consquences de modifier
les schmas de production, de laisser les vieux entrepts l'abandon et de priver les villes
historiques d'un pan important de leur base technique, conomique et commerciale. Les
villes et les souks de Zabid et de la vieille Shibam, au Ymen, deux cits inscrites sur la
Liste du patrimoine mondial, sont des exemples loquents de monuments en voie de
disparition.
33
Chapitre I :
c) La pollution atmosphrique : est devenue ces dernires dcennies l'une des menaces les
plus graves pour les btiments anciens. L'industrialisation a provoqu une augmentation des
missions d'acides corrosifs, tels que les oxydes de soufre.
3. FACTEURS SOCIAUX :
Dveloppement industriel et dmographique ont provoqu des mutations sociales qui ont
engendr une pratique de cet espace bien plus suprieure que dans le pass, ainsi quun mode de
vie diffrents (JEUDY, 1989) 21.
Les facteurs sociaux qui prcipitent le plus souvent la dgradation du patrimoine sont dcrits cidessous.
a) Les densits de population : augmentent, surtout en milieu urbain (dans les mdinas de
valeur culturelle, par exemple), acclrant l'usure des btiments historiques. Qui dit croissance
dmographique, dit production d'importantes quantits de dchets solides et liquides,
dtrioration des services d'entretien, activits de construction illgales et dmolition sauvage du
patrimoine architectural. Le fort exode rural continue d'accrotre les densits dans les villes et les
zones ctires.
Ainsi, selon les projections dmographiques, la population des ctes mditerranennes passera
de 82 millions d'habitants en 1990 150-170 millions en 2025, ce qui aura notamment pour
consquences pour les terres et d'aggraver la pollution.
b) Le tourisme : Qui est cens valoriser le patrimoine historique et ventuellement
contribuer sa sauvegarde, peut avoir des effets destructeurs quand il fait l'objet d'un commerce
qui outrepasse les capacits d'accueil normales, gnrant pollution, dchets, voire actes de
vandalisme.
c) Le pillage : Les fouilles sauvages et le vol sur les sites archologiques, dans les rserves
et les muses comptent parmi les formes les plus odieuses de destruction du patrimoine.
Les pilleurs de tombes sont connus depuis longtemps comme des ennemis du patrimoine
mais, selon les experts, l'utilisation de techniques modernes
reprsentent les offres de marchands sans scrupules et la diffusion immdiate des prix atteints
par les objets d'art dans les enchres internationales acclrent et amplifient fortement le
phnomne. La plupart des destructions dues au pillage ne sont pas signales. En cas de guerre
civile ou de troubles politiques, tous les dispositifs de surveillance cessent par dfinition de
fonctionner et des zones entires tombent aux mains des pilleurs. Selon un expert international,
34
Chapitre I :
la destruction du patrimoine artistique survenue au cours des 40 dernires annes est une
catastrophe culturelle vraisemblablement sans quivalent dans l'histoire, qui s'est acclre ces
dix dernires annes (MELIKIAN, 1997)22.
d) Ngligence et mconnaissance : Enfin, et surtout, la mconnaissance de ce qui constitue
un patrimoine irremplaable et des raisons pour lesquelles il doit tre prserv est aussi
l'origine de nombreuses destructions. Des millions de personnes utilisent ou habitent en fait des
btiments qui font partie du patrimoine culturel, leur insu ou sans savoir que ces constructions
sont vulnrables certaines conditions, provoquant ainsi parfois des dgts involontaires
(Amahan, 1999). La sensibilisation du public l'importance du patrimoine culturel est assure de
faon ingale dans les pays de la Rgion MENA, et les muses ne contribuent souvent que peu
cet effort.
Des effets multiplicateurs conomiques et non conomiques.
L'amlioration de la gestion du patrimoine peut prsenter toute une srie d'avantages dont les
diffrents effets se cumulent. On peut grosso modo rpartir ces avantages en effets
multiplicateurs conomiques et non conomiques selon le schma suivant :
i) Effets conomiques :
* Effets positifs sur la rduction de la pauvret
* Effets positifs sur les niveaux d'emploi nationaux;
* Effets positifs sur la production et les recettes globales des industries culturelles et des
industries de services;
* Effets positifs sur les recettes en devises.
ii) Effets non conomiques :
* Effets bnfiques sur le niveau d'instruction et la formation d'une identit;
* Effets bnfiques sur la cohsion sociale, la lutte contre l'exclusion et la formation de capital
social;
* Effets bnfiques sur l'enrichissement permanent du patrimoine culturel des nations;
* Effets bnfiques sur la sauvegarde et la transmission durable du patrimoine aux gnrations
futures.
Ces deux sries d'effets ou d'avantages sont extrmement importantes.
Face cette avalanche de dangers potentiels, que pouvons-nous faire ?
Il est certain que nous ne pouvons pas : liminer la totalit des causes lors de certains conflits. En
particulier lors de conflits internes ou ethniques, la destruction du patrimoine culturel devient un
objectif prioritaire. Nous ne pouvons pas non plus :
35
Chapitre I :
empcher les catastrophes naturelles. Que faire face un tremblement de terre, une ruption
volcanique ou une crue majeure ?
Mais il est vident que, mme si nous sommes impuissants face au dchanement des forces
terrestres ou clestes, nous avons quand mme la possibilit de prendre toutes les mesures
connues et possibles pour minimiser les consquences de telles catastrophes.
En conclusion, il nous faut tablir un plan durgence assorti des mesures prventives.
36
Chapitre I :
I.11.
Chapitre I :
toujours une place vivante dans la ville vivante') que l'Italie, en particulier l'instigation de G.
Giovannoni, a t le premier pays europen prvoir dans la lgislation du patrimoine (loi de
1939, puis loi de 1942, complte par la loi du 6 aot 1967).
Aujourd'hui o, en contrecoup des rnovations brutales des annes 1950 -- 1960 et la faveur de
la crise conomique, la valeur culturelle et conomique du patrimoine architectural ancien ou
traditionnel s'est impose contre des a priori financiers, techniques et esthtiques, la conservation
intgre est devenue, en Europe, une dimension essentielle de l'urbanisme. Associant troitement
conservateur et amnageurs, avec la participation croissante des collectivits locales et des
associations d'habitants, la conservation intgre demande des moyens juridiques, administratifs,
financiers et technique spcifiques. Les impratifs, souvent contradictoires,de la conservation et
de l'amnagement appellent des tudes multidimensionnelles approfondies et conduisant de
nouvelles pratiques : modernisation et rhabilitation, ranimation des immeubles anciens par de
nouveaux usages, d'une part ; intgration dans une double perspective fonctionnelle et esthtique
des tracs de voirie (de la rue l'autoroute) et de grands quipements(centrales thermiques ou
gazires,
chteaux
d'eau)
hors
d'chelle,
recherche
d'architecture
et
de
mobilier
Chapitre I :
monuments de l'Antiquit, d'abord et surtout les sculptures, puis certains difices. Rome, Sixe IV
fait restaurer le temple de Vesta est un sicle plus tard, en 1588, Sixte --Quint fait refaire par
Fontana la base et le sommet des colonnes Trajane et Antonine. Quant aux constructions des
autres poques, dont l'tat rclamait une intervention, elles taient alors soumises, sans recul, au
got du jour et de l'architecte responsable.
La deuxime moiti du XIX sicle avait la restauration se constituer en une discipline dont E.
Viollet-le-Duc fut le reprsentant le plus illustre et J. Ruskin l'adversaire le plus acharn. La
clbrit de Viollet tient la fois l'abondance de ces oeuvres thoriques et au prestige des
difices ou des ensembles qu'il a restaurs. Historiciste, prnant la valeur didactique des
monuments plus que leur" valeur d'anciennet", il prconisait une restauration complte et
solide, n'hsitant pas devant la reconstitution (Carcassonne, Pierrefond). Toutefois dfinition de
son dictionnaire(1854 -- 1868), cite plus haut , tmoigne d'un durcissement thorique par
rapport opposition qui dfendait dans ces articles de la revue gnrale de l'architecture l'poque
de ses premires restaurations (Vslay, 1840 ; Notre-dame de Paris, 1844).
En effet, il insistait alors sur l'originalit, la "personnalit" irrductible de chaque cathdrale et
les prcautions indispensables pour la respecter.
Par ailleurs, on lui doit deux principes, aujourd'hui encore considr comme essentiels,
concernant la ncessit de faire prcder toute restauration d'tudes historiques et archologiques
in situ et d'utiliser des techniques et matriaux d'origine dans la conduite des travaux.
Pour RUSKIN, en revanche "la restauration et la pire forme de destruction" (in les sept lampes de
l'architecture, 1849). Elle est contraire au respect d au travail humain et aux uvres sacres du
pass, auxquelles il est inadmissible de toucher, soir pour leur entretien, et qu'elle ne peut que
falsifier. Si les thories de RUSKIN ont servi temprer les excs du restauration militante,
applique la lettre, elles conduisent la ruine et la dsintgration prospective du patrimoine
bti, sous l'action corrosive du temps.
La synthse des deux oppositions extrmes de VIOLLET le duc et RUSKIN a t ralise par
l'Italien Camillo BOITO. En 1883, il proposait une charte de la restauration en huit points, dont on
retrouve la marque dans la recommandation de la confrence d'Athnes 1931 et dans la charte
de Venise 1966.
C'est en partie, sur la doctrine de Boito que reposent les principales prvalant, aujourd'hui dans
les milieux professionnels en matire de restauration. Ils valent aussi bien pour les monuments
individuels que pour les ensembles et prsentent par consquent une grande importance pour
l'urbanisme. En citera surtout :
39
Chapitre I :
40
Chapitre I :
La ranimation (revitalisation) ne peut tre spontane. Elle est planifie est organise. Quel que
soit son chelle (du monument individuel la ville historique), qu'elle soit place sous l'autorit
de l'administration centrale (dans le cadre du plan de dveloppement ou de la politique du
patrimoine) ou celle des collectivits locales ou d'associations prives, la ranimation demande
de l'imagination et de l'intuition dans le choix des solutions adoptes. Dans le cas des ensembles,
il s'agira soit de rhabiliter ou de rimplanter danciennes fonctions (habitat, commerce), soit
d'en implanter de nouvelles (culturelle, par exemple). Dans le cas d'difices isol (chteaux,
couvents, casernes, hpitaux), il s'agit, le plus souvent, de leur trouver de nouvelles vocations.
C'est ainsi, par exemple, que les anciennes petites curies de chteau de Versailles ont t
affectes une cole darchitecture. (BRANI, 1995) 26
La ranimation entrane un certain nombre de risques, trop souvent mconnus ou minimiss, qui
rsultent de la difficult de concilier les exigences contradictoires de la conservation et de
l'utilisation du patrimoine bti. On citera en ce particulier :
-- des risques physiques concernant l'tat et le caractre de l'architecture est provoqu par:
Un usage intensif, entranant usure et dtrioration.
Des transformations ncessites par le changement d'usage, entranant la dnaturation pour des
raisons fonctionnelles ou conomiques (cas particulirement frquent dans le traitement des
espaces intrieurs des btiments) ;
-- des risques sociaux concernant la population des ensembles ranims et dus, par
exemple :
des rhabilitations trop coteuses, entranant un exode de la population locale au profit de
catgories plus dfavorises.
.I.11.4. LA REHABILITATION :
La rhabilitation est une opration ou un type d'intervenants qui s'applique tout objet
avec une tendance rparer et remettre en tat de fonctionnement.
Par mtonymie, il en est venu dsigner les procdures visant la remise en tat d'un patrimoine
architectural et urbain longtemps dconsidr et ayant rcemment fait l'objet d'une revalorisation
conomique, pratique et /ou esthtique : tissu et architectural mineurs vocation d'habitat,
ensembles et btiments industriels (usine, ateliers verglas habitat ouvrier...).
Ensembles des travaux disant transformer un local, un immeuble ou un quartier en lui rendant
des caractristiques qui les rendent propre ou logements d'un mnage dans des conditions
41
Chapitre I :
Chapitre I :
Des alternatives la rnovation urbaine sont apparues, en moins en ce qui concerne les
logements : les procdures d'amlioration de l'habitat ancien et en particulier la rhabilitation.
Celle-ci ne peut cependant concerner les immeubles les plus vtustes dans le grand oeuvre est en
trs mauvais tat. Mais la dmolition s'opre de plus en plus aprs tude du cas de chaque
immeuble et non plus de faon systmatique. Si la reconstruction dans ces conditions et plus
dlicate et souvent plus coteuse, elle maintient une continuit dans l'volution du tissu urbain
(CHOY, 1992) 27.
.I.11.6. LA PRESERVATION :
Qui est une opration de protection dun ensemble de constructions ou une partie de
celles-ci contre les agents extrieurs afin d'empcher sa dtrioration.
Mais quand le tissu urbain en question reprsente une certaine richesse de point de vu
symbolique et culturel, ou dans le cas o on a affaire carrment un monument class
patrimoine, notre proccupation devient de maintenir la durabilit et la stabilit de celui-ci pour
garder la mmoire vhicule travers ses diffrentes parties.
Mais avant d'aborder ce concept de prservation, ne faut-il pas se poser quelques questions ?
Quand y a t-il ncessit de sauvegarde ?
Le problme de la sauvegarde et de la prservation des monuments et sites historiques est
pos suite :
43
Chapitre I :
.I.11.7. PROTECTION :
Cest une action requise pour assurer les conditions de survie dun monument, dun site
ou dun ensemble historique.
Et sur le point juridique en entend dire quil est fonde sur la lgislation et les normes
damnagement, qui vise assurer une dfense contre tout traitement dangereux, fournir des
orientations pour une intervention approprie et instituer les sanctions correspondantes.
La protection physique comprend laddition de toits, dabris, de couvertures, etc.
.I.11.8. REGENRATION :
Mais, qu'entendons-nous par rgnration?
En principe, quand nous faisons rfrence "rgnrer", nous considrons une situation
dgrade ou abme, quil est ncessaire de "rgnrer" ou s'il est prfr, "rcuprer". Souvent,
le terme s'associe une dgradation dun espaces urbains historiques ou antiques qui, au cours
du temps ont t dgrads ou ont directement t ngligs. La rgnration urbaine fait aussi une
mention la "rcupration" d'espaces industriels obsoltes ou en dcadence. Mais en continuant
avec la dfinition ou avec la conceptualisation, un effort de rgnration suppose qu'il existe un
bien, une ressource, un espace ou une infrastructure, quil est possible (et dsirable)de rgnrer.
44
Chapitre I :
I.9 .CONCLUSION :
Il ne s'agit plus tellement de conserver passivement des traces de pratiques du pass mais de
communiquer et de partager des valeurs culturelles prsentes. Nous ne pouvons plus accepter ces
jugements premptoires sur une sauvegarde maladroite de vieilleries o des esprits inquiets et
troubls par la modernit voudraient trouver refuge. Il s'agit de culture, de culture vivante, de
culture actuelle. Il s'agit de reconnatre ces cultures qui vivent au coeur des groupes et des
communauts d'appartenance en des temps o elles retrouvent toute leur valeur et leur sens.
Le patrimoine vivant fait profondment partie de l'homme d'ici, depuis toujours. Culture de la vie
quotidienne, pratiques des communauts culturelles. l'heure o le Qubec continue dtre une
terre d'accueil et qu'il est le lieu o des cultures diverses se ctoient, il faut que nous
construisions des ponts qui permettront la rencontre interculturelle entre les communauts. La
connaissance de soi est essentielle; la connaissance de l'autre est actuellement vitale. Et nous
croyons que l'attention aux valeurs vhicules par les patrimoines permettra d'approfondir cette
reconnaissance rciproque dans des rapports de complmentarit.
Il nous permet dillustrer, de montrer firement notre culture qui est un heureux mariage entre les
us et coutumes de ses origines franaise, britannique et irlandaise, pour ne nommer que celles-l.
Vaste est la culture. Une politique claire doit viser la comprendre dans sa totalit. Le projet
culturel collectif des Qubcois et des Qubcoises n'en sera que plus riche et son patrimoine
plus vivant !
45
Chapitre I :
REFERENCES :
1
46
Chapitre I :
24
47
Chapitre II :
C
CH
HA
APPIIT
TR
RE
E IIII::
LA RGNRATION URBAINE ET LE DEVELOPPEMENT DURABLE
Chapitre II :
politique,
action
sociale,
dveloppement
conomique,
protection
de
lenvironnement). La rgnration urbaine, que nous allons traiter ici, est lun des aspects du
renouvellement urbain et elle reprsente un des moyens pertinents pour revitaliser les centresvilles et matriser lurbanisation priphrique des grandes mtropoles. (GIOVANNONI, 1998) 1.
Chapitre II :
Chapitre II :
nouveau un quartier de ville avec des commerces, des activits, et offrant des emplois et des
services de proximit la population locale. (CHALINE, 1999) 2
II.3.DEFINITION DE LA REGENERATION URBAINE :
Le concept de rgnration urbaine retient diffrentes significations selon le niveau de
dveloppement du pays auquel appartient une ville. Dans les pays les plus dvelopps il s'agit
surtout de favoriser un retour la ville, de revitaliser son centre, de relancer ses activits dans
un contexte de svre concurrence internationale et d'agir trs largement sur le plan qualitatif
d'une croissance intelligente. Dans les pays mergents, si les dimensions qualitatives ne
sauraient tre ignores, elles doivent imprativement tre associes des ncessits quantitatives.
La rgnration urbaine s'est d'abord formalise aux Etats-Unis partir des annes 1960, lorsque
la dlocalisation des activits maritimes a conduit au dlaissement dfinitif de vastes espaces,
devenus friches portuaires. Ces vides urbains ont t surtout raffects, l'initiative des
municipalits, des activits de centralit, comme Boston, Baltimore, New Orleans. En une
seconde tape, illustre magistralement par le cas des London Docklands, partir des annes
1980, puis de Barcelone, la rgnration urbaine a consist reconvertir totalement des espaces
dlaisss, mais en y reconstruisant de vritables morceaux de ville multifonctionnels. Avec la
troisime tape, en cours depuis les annes 1990, la rgnration urbaine s'applique une grande
diversit de territoires urbains, souvent encore largement habits, fonctionnellement htrognes,
mais prsentant tout un ensemble de dysfonctionnements.
D'une manire gnrale, il peut y avoir trois motivations pour la rgnration urbaine:
la rgnration impose : aprs une longue priode d'abandon d'une zone
II.3.1
urbaine (ex. London Docklands) ou suite une grave dgradation des conditions de vie dans un
quartier;
la rgnration opportuniste : lorsque les bailleurs de fonds publiques et privs
II.3.2
cherchent le terrain adquat pour un grand projet (ex. Barcelone, Athnes) ;
la rgnration prventive ou prospective : dans les zones o le tissu social et
II.3.3
conomique s'est dtrior (ex. Istanbul, Alep, Alexandrie) ;
Chapitre II :
Chapitre II :
les politiques nationales et les stratgies des collectivits locales. Les stratgies de rgnration
urbaine privilgient un secteur qui, par ses effets induits, a des effets positifs sur les autres.
II.5. L'OBJECTIF DE LA REGENERATION URBAINE
Lobjectif prioritaire de la rgnration urbaine est dordre:
II.5.1.
ECONOMIQUE:
conomique
II.5.2.
SOCIAL:
II.5.3.
ENVIRONNEMENTAL:
(Agenda 21) mais prendre en compte les valeurs et prfrences propres chaque socit,
chaque groupe social;
II.5.4.
CULTUREL:
Chapitre II :
les plans gnralistes o les villes veulent couvrir tout le champ du dveloppement et ne
sont pas aptes faire des choix dcisif ;
les plans domins par une proccupation de gestion urbaine, marque par la place prise
par la rgnration urbaine (CHALINE, 1999) 4et les stratgies visant rsoudre les
conflits centre priphrie; les plans mettant en application le concept de la ville durable.
Ces plans caractrisent les villes de l'Europe du Nord, initiatrices dune vague de fonds
de renouvellement de la gestion urbaine et les villes d'Amrique du Nord o se gnralise
lapplication du "smart growth"
Texas ;
Dans les faits cet intense mouvement de rflexion est mondial. Les villes en pointe engagent un
processus neuf, celui de lidentit stratgique.
II.7. CREER LIDENTITE STRATEGIQUE
5
II.7.1 LA VISION STRATEGIQUE
La dfinition d'une identit stratgique s'appuie sur la capacit dgager une vision. Celle-ci est
mise au point grce la dmarche d'analyse stratgique. La vision est lambition que se donne un
Chapitre II :
territoire pour dcrire ce qu'il veut tre l'achvement de la dure d'exercice du document
stratgique ; cest lobjectif que la ville se donne pour le long terme.
II.7.2 LE CONFLIT ENTRE CENTRE ET PERIPHERIE DES VILLES :
INNOVATIONS ET NOUVELLES DYNAMIQUES
Le conflit entre centre et priphrie est l'une des donnes communes la plupart des villes
mergentes.
Ses causes sont historiques car largement lies des choix de planification anciens ou des
dynamiques urbaines telles que "l'Urban Sprawl" toujours particulirement actives.
Le phnomne a des racines profondes comme aux Etats Unis aprs la seconde guerre
mondiale Chicago par exemple ou Baltimore. Il est l'origine aujourd'hui des
difficults d'un grand nombre de centre villes d'Europe en raison du dveloppement des
grandes surfaces commerciales priphriques et des problmes crs par l'accessibilit
des centres. A la fin du XX me sicle, un puissant mouvement de reconqute des
centres-villes sest engag selon des modalits trs variables. Il a sa base des visions
stratgiques qui expriment des identits stratgiques fortes.
Chapitre II :
Chapitre II :
volution sensible des choix rsidentiels et de la mobilit, qui, combine avec la pauprisation
d'un nombre croissant des habitants, ont conduit des processus de plus en plus vidents de
sgrgation spatiale. La perte d'attractivit de certains quartiers y a limit les investissements et
par consquent, acclr leur dgradation, les faisant entrer dans une spirale ngative dont les
consquences se sont souvent tendues l'ensemble de la ville.
Face cette situation, les six villes ont t amenes concevoir et mettre en uvre des
stratgies ambitieuses de renouvellement urbain, qui s'appuient sur les " politiques de la ville",
dfinies par les Etats mais qui les dpassent ; elles ont toutes bnfici dans ce cadre de l'aide de
l'Union europenne, via notamment le programme URBAN (LAURENT ,1965 ) 6.
II.9.UNE VISION PARTAGE DE LA RGNRATION URBAINE
L'ensemble des participants s'accorde sur une vision du renouvellement urbain en Europe
ayant comme double but de re-dynamiser les conomies locales et d'amliorer la qualit de vie
en ville ; ils soulignent la ncessit de mener une action visant la fois rvaluer l'image
globale de la ville et en rduire les ingalits internes. La conception de la rgnration urbaine
ainsi dveloppe s'avre beaucoup plus globale et ambitieuse que les seules politiques de
"dveloppement social " des quartiers ; elle mobilise l'ensemble du champ du dveloppement
urbain, toutes politiques confondues.
Les membres du groupe insistent en effet sur la ncessit de politiques plus " intgres "
de renouvellement urbain suivant trois dimensions :
- les disciplines impliques (conomie, social, culture, amnagement physique, cologie,);
- les chelles gographiques et institutionnelles de la dfinition et de la mise en uvre;
- les diffrentes chelles de temps (celle de l'habitant, celle de l'investisseur, du politique, etc).
Ils s'accordent considrer que, pour plus d'efficacit dans le renouvellement urbain, il faut
qu'une logique de projet prvale sur la simple logique de guichet. Et que les projets soient
dfinis, dirigs et mis en oeuvre dans une logique " remontante ", sous la responsabilit des lus
locaux, mais avec - et si possible par - les habitants les plus directement concerns. Il ne faut
pour autant pas ngliger le rle de l'investissement priv, dont l'apport est indispensable, ne
serait-ce que parce qu'il signifie que les logiques communes de production de l'urbain peuvent
tre remises en marche dans des zones jusqu'alors dlaisses par le march.
Il est en outre primordial que soit clairement raffirm le lien entre renouvellement
urbain et amnagement du territoire : le renouvellement urbain ne peut, sauf exception, tre
considr comme le seul rquilibre du dveloppement interne aux agglomrations. Il s'agit aussi
Chapitre II :
de parvenir rquilibrer le dveloppement entre les villes : toutes ne possdent pas en leur sein
les atouts ncessaires, et rares sont celles qui disposent elles seules des ressources
indispensables.
La rgnration urbaine est par ailleurs un phnomne d'une grande complexit, et nombre
d'obstacles doivent tre levs si l'on veut rendre rellement effectifs les dispositifs mis en place.
Parmi ces obstacles figure la multiplicit des acteurs comme d'ailleurs celles des financeurs et la
diversit des sources de financement. Il faut aussi intgrer le fait qu'il s'agit de travailler sur un "
matriau vivant ", dont les volutions endognes doivent pouvoir tre mesures, si l'on veut
pouvoir les inflchir avec succs. Il s'agit d'ailleurs de travailler en intgrant les contraintes lies
l'existant, que cela soit en terme de patrimoine bti, de relations sociales ou d'acquis culturel, et
assumer les consquences de l'ensemble des dcisions prises dans le pass (RONCAYOLO, 1997) 7.
II.9.1. UNE DMARCHE CAPITALISER ET POURSUIVRE
Pour plus d'efficacit dans le renouvellement urbain, il faut runir un certain nombre de
conditions et d'aspects du dveloppement urbain mritent d'tre traits de faon plus
approfondie ;
1. Renouveler lurbain
Le renouvellement est le mouvement mme de la ville, mais on constate que ce phnomne cest
dans les endroits o il est le plus ncessaire quil est souvent le moins spontan et gnralement
le plus difficile raliser : l o se nouent problmes urbains, conomiques et sociaux, l o
linitiative publique est en premire ligne, faute de pouvoir sappuyer, au moins dans un premier
temps, sur linvestissement priv.
Les actions consacres au renouvellement urbain ont permis de prsenter la mtamorphose des
uvres, de plusieurs quartiers dhabitat social.
Autant dexpriences pionnires, qui ont su mobiliser beaucoup dnergie et dimagination.
Autant dexpriences encore isoles mais qui ont vocation se multiplier si le choix est fait
collectivement de ne pas se rsigner la ville plusieurs vitesses.
Vaste et difficile chantier qui ne se rsume pas au changement des formes urbaines, souvent
ncessaire mais jamais suffisant. Il implique une action globale, et cest l sa difficult, qui
permette de diversifier les fonctions notamment en crant des emplois l o la fonction
dortoir est dsquilibrante de retisser des liens sociaux, de garantir tous une gale qualit
des services publics.
Chapitre II :
D'un point de vue oprationnel, la vision d'quilibre induite par le concept de dveloppement
durable oriente les dcideurs et les praticiens vers une recherche de solutions techniquement
appropries,
environnementalement
non
dommageables,
conomiquement
viables
et
Chapitre II :
Face ce constat, le dveloppement territorial doit aujourd'hui tendre privilgier des stratgies
visant dvelopper l'urbanisation l'intrieur du tissu bti. Les friches urbaines, l'instar du
site du Crt-Taconnet, apparaissent alors comme un vritable potentiel de rgnration pour les
villes concernes.
Situ deux pas du centre-ville de Neuchtel et directement connect au rseau ferroviaire, le
projet Ecoparc constitue une opportunit de ractiver une portion importante de la ville, en
jachre depuis le ralentissement des activits ferroviaires et industrielles qui s'y trouvaient.
Contribuant au dveloppement urbain durable, ce processus de rgnration permet d'envisager
simultanment une densification du bti (valorisation d'infrastructures et de rseaux dj
existants), associe une revitalisation socioculturelle par la mise en place d'activits
multiples.
Comprenant terme des logements de divers types, des espaces de travail et de formation et un
parc d'entreprises spcialises dans le domaine du dveloppement durable, le projet Ecoparc
devrait en outre contribuer l'image de qualit et d'innovation de la rgion de
Neuchtel. (FRASER, 1994) 9
II.11.
Il a fallu vingt ans pour rgnrer 400 m dnonce Bernard Barre, directeur de lurbanisme
La Courneuve. Au rythme actuel, il faudrait 950 ans pour renouveler lensemble du parc HLM
selon le bilan de lUnion HLM. Cest a dire lampleur des interrogations sur la politique de
renouvellement urbain, tudie ici propos des grands ensembles. Lanalyse dexpriences
Grenoble, Paris, Saint-Denis, La Courneuve et Orly, ainsi que la confrontation de points de vue
institutionnels et professionnels permettent quelques certitudes et plusieurs questionnements. La
rgnration urbaine exige de sinscrire dans des stratgies dpassant largement les lieux
concerns.
linstar dOrly et de La Courneuve, seule la longue dure garantit une irrversibilit, la sortie
du cycle de dgradation et dchec, lentre dans une nouvelle dynamique.
Une ambition politique exigeante, prenne et opinitre, reste le pralable et le levier de toute
action en la matire. Ces projets ont pour socle conceptuel la rinsertion, le dsenclavement et
les continuits urbaines, laccs de tous les habitants au centre. Ils travaillent hauteur dhomme,
Chapitre II :
introduisant une chelle de rflexion ignore par lapproche macroscopique qui a prsid la
gense des grands ensembles.
Ils sappuient sur une vision valorisante de la ralit locale, afin doffrir diversit de lecture,
identit et spcificit des lieux conus en ignorance de ce contexte. Les expriences menes par
PIERRE RIBOULET Paris et Saint-Denis poussent loin cette volont, recoupant lespace en
petites units rsidentielles et diversifiant la rponse urbaine et architecturale, dans le cadre
dune unit densemble, pour mieux rpondre au besoin didentification individuelle qui est le
propre de notre poque tout en offrant un vivre ensemble . Lapproche spatiale ne peut
soprer au dtriment des populations actuellement loges dans un parc dvaloris car elle prend
sens en rponse des questions de peuplement, intgration sociale et conomique. Ces
oprations ne peuvent tre un moyen dradiquer les problmes sociaux si elles se contentent de
dtruire les lieux de polarisation avec mise en scne spectaculaire des dmolitions. Mme si tel
tait le but recherch, il se heurterait la difficult du relogement dont la solution conditionne
ces oprations. Lenjeu principal demeure lamlioration de la vie quotidienne des habitants, ce
qui exige des processus dcoute et de concertation. La monte en puissance du renouvellement
urbain est lie la monte de la vacance. Les dmolitions quil implique se feront-elles la
marge, pour rgler des problmes aigus, ou plus massivement pour rgnrer lurbain par une
nouvelle qualit spatiale ? La table rase systmatique est hors de propos et de porte. Si elle
simpose dans les cas o le diagnostic du bti est svre, comme Paris (Fougres), Orly
(Calmette) ou Saint-Denis (Chantilly), il est le plus souvent question de retricoter le tissu urbain
et de dmolir par acupuncture pour recrer les conditions de la diversification urbaine, comme
La Courneuve ou dans le quartier Teisseire Grenoble.
Chaque opration exige un temps de maturation, ncessaire en particulier au consensus, mme si
elle intervient souvent aprs acharnement thrapeutique et checs successifs.
Saurons-nous lavenir agir de manire prventive en chiffrant le cot de nos interventions?
Pourrons-nous tre assurs de faire mieux par un moindre autisme aux exigences modernes
de vie dans les quartiers ? Est-il possible de rintroduire ces quartiers dans un cycle de
valorisation en y recrant lamorce dun march ? La mobilisation des acteurs publics et privs
relevant tant de lurbain que du social, du culturel et de lconomique, lapport de fonds publics
et parapublics sont au service de politiques urbaines qui se doivent dtre claires et
volontaristes
pour
parvenir
enfin
sortir
ces
quartiers
de
linfernal
cycle
de
Chapitre II :
II.12.
QU'EST-CE QUE LE DEVELOPPEMENT DURABLE? :
O puise-t-il sa source ? Comment y contribuer ?
Face cette situation qui proccupe toute lhumanit, il y a eu de coopration internationale
visant amliorer le dveloppement conomique, social au respect de lenvironnement et de la
nature.
Les pionniers qui ont signales pour la premire fois le danger que reprsentait la croissance
dmographique, conomique et une tel urbanisation acclre tait un groupe des universitaires
formant le club de Rome qui a attir au dbut des annes 70 lattention des nations sur un
dveloppement conomique tout en respectant la nature et lenvironnement.
Lors du sommet de la terre de STOCKHOLM en 1972, les travaux s'inspirant des conclusions du
Club de Rome ont abouti l'mergence du concept d'codveloppement, forme de
dveloppement compatible avec le respect de la protection de l'environnement et de la nature
(dbut de la prise de conscience de l'puisement d'un certain nombre de ressources
indispensables aux activits de l'homme).
Progressivement cette notion d'co- dveloppement a volu jusqu' la fin des annes 80, pour
finalement devenir le sustainable development en anglais, que l'on pourrait traduire
littralement en Franais par dveloppement soutenable, c'est--dire compatible, dans la dure,
avec les objectifs a priori concurrents du dveloppement conomique.
En pratique, le terme de dveloppement durable a t choisi en France pour soutenir cette ide.
Dans son rapport Notre avenir commun de 1987, Madame Gro Harlem BRUNTLAND,
Prsidente et rapporteuse de la Commission Mondiale sur l'Environnement et le dveloppement
(Nations Unies), dfinit le dveloppement durable comme :
Un dveloppement qui rponde aux besoins du prsent sans compromettre la capacit des
gnrations futures rpondre aux leurs
Cette dfinition du dveloppement durable par le rapport "Brundtland" est devenue une rfrence
internationale, la plus communment admise par l'ensemble des acteurs, institutionnels ou non.
C'est en 1992, la Confrence de Rio (CNUED) (Confrence des Nations Unies sur
l'environnement et le dveloppement) que le dveloppement durable a t affirm comme
nouveau principe de dveloppement. En effet, le dveloppement conomique ne peut plus se
concevoir sans prendre en compte l'quit, la lutte contre la pauvret et la prservation de
l'environnement et des ressources naturelles. Egalement dnomm Sommet de la terre , cette
confrence a adopt la Dclaration de Rio sur l'environnement et le dveloppement (27
Chapitre II :
Chapitre II :
des
politiques
communautaires
compactes.
Ceci
peut
entraner
Chapitre II :
les
initiatives permettant de rduire les risques environnementaux dans les villes ne doivent
pas impliquer une plus grande dgradation cologique des zones avoisinantes.
13.Encourager l'utilisation des zones dj construites afin de limiter l'expansion des zones
urbaines et utiliser les infrastructures tout en prservant le patrimoine culturel et
historique
Chapitre II :
Que toutes les collectivits locales instaurent un dialogue avec les habitants, les organisations
locales, et les entreprises prives afin dadopt un programme ACTION 21 lchelon de la
collectivit.
- l'Agenda 21 local concerne 6 500 autorits locales appartenant 113 pays 1, soit quatre fois
plus qu'en 1997
- 44% des municipalits sont en phase d'application des programmes Agendas 21 locaux
Chapitre II :
- 82,5 % des dmarches Agenda 21 local concernent l'Europe, 10,5% l'Asie et 2,5% l'Afrique.
L'Amrique du Nord, le Moyen Orient et l'Amrique ne reprsentent que 1,5 % des dmarches
chacun.
- Des campagnes nationales en faveur des Agendas 21 locaux n'existent que dans 18 pays (1/3
des processus Agendas 21 locaux) et concernent surtout l'Europe et l'Asie.
- Les 2/3 des municipalits qui dveloppent un Agenda 21 local impliquent la socit civile
(ONG, secteur priv, milieu d'affaires, citoyens).
-
Dans 2/3 des cas, c'est la municipalit elle-mme qui porte le processus Agenda 21 local,
contre 20 % port par les ONG et 17 % par des communauts locales.
II.12.4 DE
LENVIRONNEMENT
URBAIN
AU
DEVELOPPEMENT
URBAIN
DURABLE :
-Lmergence de la problmatique du dveloppement durable applique la ville date du dbut
des annes 90, avant cette date, les rflexions ne concernent pas le territoire de la ville mais des
thmes particuliers, tel que lnergie, les transports dans la ville.
-Lurbanisation, la concentration des populations et des activits dans les grandes villes est
pratiquement le seul dfi rencontr.
-Comme le souligne LE RAPPORT BRUNDTLAND, les producteurs et les consommateurs
citadins dans le monde entier, consomment dj la plus grandes partie des ressources
renouvelables et non renouvelables et produisent la plu part des dchets qui constituent un
fardeau pour lenvironnement.
L expansion et la congestion des villes, la dgradation croissante de la qualit de lair et le
manque de terrain sont quelques symptmes dun dveloppement urbain non durable.
Les tendances de la croissance dmographique, de lexpansion physique des ville, ajoutes
lidologie de croissance conomique et lintensification de la consommation font partie des
facteurs qui aggravent ces symptmes.
Les ressources non renouvelables de la terre spuisent, des montagnes de dchets solides,
liquides et toxique polluent lair, leau, et les sols et menacent les habitants .Cest pourquoi, il est
ncessaire dintgrer les politiques environnementales, conomiques, et sociales afin dassurer
que tous ces lments sont compatibles.
-La ville joue un rle important si lon veut atteindre les objectifs du dveloppement urbain
durable12.
Chapitre II :
1. Etre dfini en partenariat avec les diffrents acteurs de la vie publique (tat et priv),
une concertation avec les habitants qui devront participer toutes les tapes du projet
(diagnostic tude, conception, excution, valuation).
2. Sattacher mettre en uvre une politique urbaine qui respecte les priorits sociales
conomiques et cologiques qui dlimitent les atteintes lenvironnement et au milieu
naturel et la sant, valorisent les potentialits conomiques, luttent contre la pauvret
et la sgrgation sociale.
3. Parvenir combiner les perspectives de long terme et dagir dans limmdiat ; ce projet
doit tre adaptable, rvisable en cours dapplication, en fonction de lvolution du
contexte ou des prvisions.
4. Garantir une quit entre les citoyens, tout en leur permettant daccder aux services
urbains, lutter contre la sgrgation, la fragmentation spatiale autant que sociale, contre
la dvalorisation dune partie des territoires.
Chapitre II :
Dfendre la mixit dans lusage du sol : Qui permet de rduire les dplacements et de
lutter contre la sgrgation sociale.
Reconqurir les espaces publics : surtout les espaces verts qui jouent un rle social et
cologique.
Renforcer lurbanisation autour des points de forte accessibilit (prs des dessertes de
transports publics) : localiser les activits conomiques et les zones dhabitat en fonction
des voies de communication et des rseaux de transports.
Chapitre II :
Assurer lassainissement des eaux pluviales et des eaux rsiduaires et prendre des
mesures afin dconomiser cette ressource rare ou de la recycler, tout en utilisant des
techniques telles que la constitution dun rseau sparatif pour le traitement des eaux
pluviales et des eaux rsiduaires.
Rduire la production des dchets et favoriser leur utilisation en tant que ressources ;
organiser la collecte de piles usages, des huiles de vidange, des vtements ; donc, cest
un secteur crateur demplois.
Grer les espaces naturels : Lurbanisation massive doit tenir comte des espaces naturels,
de leur limites ; Ces espaces sont en effet les garants dun quilibre cologique qui doit
tre prserv.
3. UNE DURABILITE SOCIO-ECONOMIQUE
-Etant donn que la socit, lconomie sont deux composantes de base pour la durabilit, on
doit sefforcer pour latteindre.
-Les villes disposent de leviers daction en matire demplois, renforcement du lien social, elles
disposent de moyens de renforcer lemploi local ; entretien et valorisation des espaces publics et
naturels, du patrimoine culturel et architectural, revitalisation
Chapitre II :
c) Rduire les effets externes de chaque mode de transport :les collectivits locales sont
invites adopter un plan de dplacement urbain (PDU) impose au villes de plus de
100.00 ha qui peut assurer un quilibre durable entre les besoins de mobilit, de
faciliter daccs et de la protection de lenvironnement et de la sant publique.
II.13.
VILLES DURABLES :
II.13.1 QUEST CE QUUNE VILLE DURABLE ?
C'est une agglomration dont le fonctionnement social et biophysique, les projets et l'volution,
s'inscrivent dans les perspectives ouvertes par le dveloppement durable. C'est donc une ville :
1) Dont les habitants disposent des moyens d'agir pour qu'elle soit organise et fonctionne
dans des conditions politiques, institutionnelles, sociales et culturelles satisfaisantes pour eux et
quitables pour tous;
2) Dont le fonctionnement et la dynamique satisfont des objectifs de scurit des
conditions biologiques de vie, de qualit des milieux et de limitation des consommations de
ressources;
3) Qui ne compromet ni le renouvellement des ressources naturelles alentour, ni le
fonctionnement, les relations et la dynamique des cosystmes micro rgionaux englobants, ni,
enfin, les grands quilibres rgionaux et plantaires indispensables au dveloppement durable
des autres communauts;
Chapitre II :
4) Et qui s'attache prserver les capacits de vie et les potentialits de choix des
gnrations futures.
Le projet de ville durable ne peut se comprendre en dehors de son contexte, des mutations qui
affectent l'habitat humain. Cet habitat devient urbain une chelle et un rythme sans prcdent
dans l'histoire. Simultanment, la ville s'tale et se disperse, des morphologies d'archipel se
dessinent, la matrice de sens et de solidarit collective tend se diluer, sauf en cas d'agression
majeure. L'affirmation actuelle des pouvoirs urbains ne semble pas gnrer de projet politique
dans cet intervalle ouvert, le plus souvent. La concurrence conomique cre les conditions d'un
aveuglement collectif, en faisant passer au second rang les risques, les dgradations cologiques,
ou encore le creusement des ingalits, des dtresses. Pourtant, dans le creuset des villes,
s'inventent des tentatives, des expriences, des mobilisations associatives, des mises en rseau
qui tentent de forger de nouvelles rponses aux problmes du XXI sicle.
II.13.2 "LE DURABLE" EST AU TEMPS CE QUE LE "GLOBAL" EST A
L'ESPACE
Face aux tendances actuelles de l'urbanisation, on peut dfinir la ville durable en trois temps :
1. C'est une ville capable de se maintenir dans le temps, de garder une identit, un sens collectif,
un dynamisme long terme. Pour se projeter dans l'avenir, la ville a besoin de tout son pass,
d'une distance critique par rapport au prsent, de sa mmoire, de son patrimoine, de sa diversit
culturelle intrinsque et de projets multidimensionnels. Le mot durable rappelle en premier lieu
la tnacit des villes, des villes phnix que les destructions ne parviennent pas dtruire et qui
renaissent de leurs cendres, telle Gdansk. Il renvoie la prennit des villes dans leurs diverses
expressions culturelles, leurs capacits de rsistance et d'inventivit, de renouvellement, en un
mot.
"Durable" est au temps ce que "global" est l'espace : un largissement de notre champ de
vision, au-del du court terme. Levons ici une ambigut : la dure ne signifie en aucun cas
l'immobilisme. La dure des villes est une dure cratrice, bergsonienne. Elle fait rfrence au
caractre fortement contextualis des villes, toujours impliques dans une histoire et une
gographie, indissociablement urbaine et terrestre, humaine et cologique. Les longues sries
pavillonnaires monocordes, l'urbanisme commercial et le "modle de la rocade", selon
l'expression de JEAN-PAUL LACAZE, profilent au contraire une ville qui maximise les
consommations, aux antipodes d'un dveloppement multidimensionnel.
Chapitre II :
2. La ville durable doit pouvoir offrir une qualit de vie en tous lieux et des diffrentiels moins
forts entre les cadres de vie. Cette exigence appelle une mixit sociale et fonctionnelle, ou,
dfaut, des stratgies pour favoriser l'expression de nouvelles proximits : commerces et services
de proximit, nature et loisirs de proximit, dmocratie de proximit, proximits aussi entre les
diffrentes cultures de la ville, entre les groupes sociaux, entre les gnrations. Cela oblige
penser diffremment des catgories longtemps tanches, des couples apparemment
irrconciliables, pour ouvrir la voie par exemple aux parcs naturels urbains, la ruralit en ville,
aux schmas pitonniers d'agglomration, l'conomie solidaire et aux finances thiques, ou plus
simplement la dmocratie locale et globale la fois.
La proximit doit s'organiser en rponse aux cots et aux risques lourds de l'hyper-mobilit, une
mobilit qui est en partie contrainte. Cots nergtique et gopolitique li aux intrts ptroliers,
cots climatiques reports sur les dcennies venir et sur les pays les moins mme de faire
face aux transformations et aux risques, cots de sant publique avec une prvalence en forte
hausse des maladies respiratoires, cots conomiques de congestion et d'extension des rseaux
urbains, cots sociaux pour les expatris des troisimes couronnes appauvris par leur budget
transport, ou encore pour les populations soumises aux plus fortes nuisances automobiles. Face
ces cots, longtemps sous-estims, la ville durable devient une ville de relative compacit, qui
peut s'accommoder de diffrentes morphologies urbaines, condition que l'on parvienne
renouveler les modes de transport, leur pluralit, ainsi que les logiques de localisation qui soustendent l'amnagement, pour les combiner dans des configurations originales.
3. Une ville durable est, en consquence, une ville qui se rapproprie un projet politique et
collectif, renvoyant grands traits au programme dfini par l'Agenda pour le XXI sicle
(Agenda 21) adopt lors de la Confrence de Rio, il y a dix ans. Les villes qui entrent en
rsonance avec ces proccupations dfinissent, l'chelon local, quelles formes donner la
recherche d'un dveloppement quitable sur un plan cologique et social, vis--vis de leur
territoire et de l'ensemble de la plante, et elles reformulent par l mme un sens collectif. Il
s'agit la fois de rduire les ingalits sociales et les dgradations cologiques, en considrant
les impacts du dveloppement urbain diffrentes chelles. La "durabilit" dont l'horizon serait
seulement local n'a pas de sens en termes de dveloppement durable, caractris par le souci des
gnrations prsentes et futures, du local et du global. Il s'agit en somme de trouver des solutions
acceptables pour les deux parties, ou encore, de ne pas exporter les cots du dveloppement
urbain sur d'autres populations, gnrations, ou sur les cosystmes.
Chapitre II :
Entre une dfinition minimale, "la ville qui dure", et une dfinition programmatique, "la ville qui
labore un Agenda 21 local", une troisime, mdiane et pratique se rfre la qualit de vie en
milieu urbain. La disparit des revenus, l'accessibilit variable des services urbains, l'ingalit
des chances en matire d'ducation n'puisent pas le thme de l'ingalit urbaine, qui s'exprime
aussi dans l'ventail angle plat des qualits de vie. L'ingalit cologique est largement
distribue, redoublant souvent l'ingalit sociale, tout en constituant l'un des dfis les plus
difficiles relever en raison de ses composantes conomiques, culturelles, sociales,
psychologiques, cologiques. L'environnement urbain, c'est aussi des climats, des ambiances, des
amnits. Cette ingalit se mesure, ou ne se mesure pas, d'un ct en termes d'exposition aux
risques mineurs ou majeurs, d'esprance de vie, de pathologies ou de vulnrabilits, de l'autre,
par des formes de bonheur visuel, sensoriel, tacite, silencieux ou rieur.
Les villes, les mtropoles surtout, qui arrivent en tte de la performance conomique et
technologique, n'offrent pas les mmes atouts au regard de la qualit de vie. C'est un des
enseignements du phnomne de priurbanisation, marqu la fois par un attachement la ville,
sa sphre d'influence conomique et culturelle, et par un dtachement de son environnement
urbain, une dmarcation en termes de critres d'habitation et de modes de vie. La recherche d'un
espace moindre cot, premire, ne peut oblitrer le dsir, second, d'un environnement
"renatur", offrant quelque calme, air, espace d'panchement pour les enfants... La ville attire,
mais ne peut ignorer la fuite dont elle est simultanment l'objet. Pour endiguer quelque peu cette
dispersion, sans doute est-il ncessaire d'oprer un retour critique sur la qualit de l'habitat et de
l'environnement urbains. La question de la qualit de vie et de ses disparits peut tre pose
toutes les chelles : quartier, commune, agglomration, pays, continent, plante, sans oblitrer
les composantes culturelles de l'apprhension de l'espace.
Le dveloppement durable urbain apporte quelques lments nouveaux de rflexion (changement
climatique, risques mergents, ingalits cologiques, ...), mais il introduit surtout, pour les villes
qui se prtent cette dmarche, un questionnement d'ensemble. L'intgration de ces
proccupations nouvelles ne peut tre ralise en effet de manire compartimente. D'autre part,
le dveloppement durable n'est pas un projet qui se greffe sur une politique. Il se dfinit au
contraire en fonction des situations existantes, des besoins, de la volont des acteurs locaux et
des priorits qu'ils noncent, ce qui demande de reconsidrer un ensemble de questions urbaines.
Une deuxime mprise possible serait de ne considrer, dans la ville durable, que ses capacits
Chapitre II :
se maintenir, voluer, s'adapter. La ville durable, pour reprendre les termes du rapport
Brundtland, est aussi une ville qui rpond aux besoins du prsent. Or, un panorama rapide de
l'urbanisation dans le monde, ou mme dans une quelconque agglomration, fait tat sans
ambigut de situations critiques pour un certain nombre d'habitants. La propension ne pas
considrer les dimensions sociales du dveloppement urbain durable gnre une vision tronque
de la ville durable, qui peut amener des drives vers une cologie rduite un nouveau standard
ou standing de vie.
La ville durable est un projet, un horizon, en aucun cas une ralit : on peut tendre vers cet
horizon, comme l'explique le rapport du groupe d'experts europens conduisant la campagne des
villes durables (lance Aalborg), mais non raliser in extenso un dveloppement durable. Une
ville durable est simplement une ville qui initie une ou plusieurs dynamiques de dveloppement
durable. Elle est d'abord un cadre o prennent sens des projets collectifs. Cette dmarche pose
des questions politiques et thiques, relatives au dveloppement humain plantaire et l'hritage
qui sera lgu aux gnrations futures. (EMELIANOFF, 1999)13
Chapitre II :
REFERENCES :
1
GIOVANNONI G, 1998 : Lurbanisme face aux villes nouvelles , Edition Le Seuil, Paris,
P : 55.
CHALINE C, 1999: La rgnration urbaine, Que sais-je ? , Edition NDE, Paris, P : 127.
http:// www.2ced.com/fr/veille/vision1.GrandLilleCreativite.htm
http:// www.2ced.com/fr/veille/villedurable.htm
7
BESSON L, 1999 : Renouveler lurbain secrtaire dtat au logement, Projet urbain n18 /
PP : 25.
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11
12
Convention europenne sur les bonnes pratiques en matire de rgnration urbaine, Guide
Chapitre III :
C
CH
HA
APPIIT
TR
RE
E IIIIII::
LA RGNRATION URBAINE TRAVERS LEXPRIENCE
EUROPENNE ;
75
Chapitre III :
1. INTRODUCTION :
La rgnration urbaine est un terme trs lactualit dans les courants d'urbanisme et
d'amnagement actuels. Il s'agit en est fait de la reconqute des friches urbaines.
On retrouve ce phnomne trs intressant dans de nombreuses villes (grandes ou moyennes)
depuis longtemps dans les pays anglo-saxons et plus rcemment en France.
Cependant, il est temps d'essayer de faire un bilan de toutes ces expriences, de les comparer, de
mieux comprendre leur fonctionnement et de mesurer leur impact sur le renouvellement de la
ville en gnral et sur la ville de Constantine en particulier. C'est ce que nous dsirons faire au
cours de cette recherche, en partant d'entres diverses que sont les politiques, les acteurs, les
effets...
Les oprations de rgnration urbaine possdent un certain nombre de caractristiques
qui les diffrencient des grandes oprations de rnovation urbaine que lon a pu connatre dans
les annes soixante-dix ou quatre-vingt comme le quartier de la Part Dieu Lyon (Une politique
de dcentralisation a dabord t mene : lindustrie a t incite se dlocaliser en province,
notamment dans le Bassin parisien. Lindustrie automobile, notamment, a rpondu lappel. De
nouveaux centres universitaires ont t crs dans un rayon de 150 km autour de la capitale :
ainsi se sont dvelopps et toffs les universits de Reims, dOrlans, de Tours et de Rouen.
76
Chapitre III :
Chapitre III :
recyclage urbain. Dans les quartiers, il faut aussi recycler des immeubles pour les entreprises et
78
Chapitre III :
les artisans. Jusqu' prsent, trop despaces de travail taient transforms en logements.
Aujourdhui ils optent pour plus de mixit pour rendre les quartiers plus vivables et rduire les
dplacements en voiture
III.1.3 Lemphytose, outil du recyclage aux Pays-Bas :
La politique mene aux Pays-Bas pour la rhabilitation du bti existant est facilite par la
politique demphytose, largement utilise par les grandes villes Hollandaises
Dans les grandes villes, lemphytose est utilise par les collectivits locales depuis un sicle.
Elle permet de fournir une trsorerie abondante, notamment dans le cas dune rhabilitation de
logements. Cet instrument permet aux collectivits locales de matriser laffectation du sol, et
aux socits HLM, de ngocier et de transformer ces quartiers a moindre cot. Cest aussi un bon
moyen de ngocier avec les socits de HLM sur le programme et sur lespace public quil faut
reconstituer.
En conclusion, Les tablissements humains sont clairement au cur des problmes si lon
veut atteindre les objectifs du dveloppement durable, comme on a signal plus haut, la majorit
de la population mondiale vivra bientt dans les villes, la multiplication et lexpansion des villes
ainsi que la croissance incontrle des activits de peuplement et de construction augmentent
dfavorablement le cot des cosystmes sensibles affects et aggravent encore la situation.
La dgradation de lenvironnement, la pollution des mers, de lair et des sols, les pluies acides, le
trou dans la couche dozone, la consommation irrationnelle des nergies et des terres sont autant
de problmes qui ncessitent des solutions immdiates.
Une nouvelle vision de gestion, base essentiellement sur la durabilit simpose. La rduction de
la consommation dnergie par lamlioration des rendements et la recherche de nouvelles
technologies doit constituer une priorit, les nergies renouvelables comme lnergie solaire doit
tre dveloppe. Les transports fiables, confortables et conomiques doivent tre dvelopps
pour dune part limiter laccroissement du parc automobile et les investissements dans
linfrastructure routire dautre rduire la pollution, la dgradation du milieu et la consommation
de nouvelles terres.
La stratgie en matire durbanisation, doit tre dgage pour limiter dune part lextension
actuelle des grandes villes et dautre part crer des zones de peuplement loin de la cte pour
viter la littoralisation du territoire.
79
Chapitre III :
Le renouvellement urbain,
adquate pour mettre fin ltalement urbain, plusieurs expriences de part le monde ont prouv
la russite de cette nouvelle stratgie, qui consiste en la rutilisation des sites anciennement
urbaniss, tout en proposant des projets urbains lchelle du quartier ou de la ville, des projets
durables et viables, labors en collaboration avec les diffrents acteurs de la ville mais aussi,
avec une relle coopration et participation du citoyen premier utilisateur de la ville.
80
Chapitre III :
81
Chapitre III :
Chapitre III :
- Le deuxime principe est celui du partenariat. L'investissement financier initial requis pour
atteindre l'objectif de l'U.D.C doit provenir du secteur priv avec une contribution du secteur
public, notamment par une forte participation au dveloppement des infrastructures et par
l'attribution de prts et de subventions.
Le troisime principe est celui dune action long terme. On pensait initialement que les
objectifs devraient tre dfinis court terme et ralisables sur une priode de dix ans.
L'exprience a cependant dmontr le besoin d'un programme stratgique et une approche plus
long terme a t adopte.
Sur cette base, les premires formes d'organisation et les diffrents groupes qui constituaient les
U.D.C l'origine taient relativement homognes. Mais deux faits se sont produits peu aprs leur
mise en place qui bouscula ce schma initial.
D'abord, les conditions locales, trs variables d'une situation l'autre, ont modifi la composition
des U.D.C et chaque agence est rapidement devenue unique et spcifique son quartier. Ensuite,
la cration d'agences de dveloppement plus autonomes (Urban Development Agency), capital
mixte et au management plus souple, a montr, comme Birmingham, la volont des acteurs
locaux de donner une alternative au schma centralisateur et hirarchique des U.D.C.
III.2.3 L'AMENAGEMENT DE HEARTLANDS : DE BHL A BHDL :
A Birmingham le conseil municipal, majorit travailliste, s'est oppos en 1987 -tous
partis politiques confondus- la cration d'une agence de dveloppement dirige par le
gouvernement central (U.D.C) et s'est mis en qute d'une solution alternative dans laquelle la
ville, le secteur priv et la chambre de commerce et d'industrie seraient parties prenantes. Il est
important, cet effet, de remarquer, pour bien comprendre l'approche adopte pour la
rgnration urbaine, que, depuis longtemps, Birmingham possde et revendique une longue
tradition de gouvernement local.
Le choix se porte, dans un premier temps, sur la cration d'une structure (U.D.A) qui combine
secteur public et secteur priv et assure l'organisme une plus grande autonomie. Aprs de longs
travaux prparatoires, la Birmingham Heartlands Limited (B.H.L.) voit le jour en 1987, sous
forme d'une socit responsabilit limite, charge du processus de rgnration. Le capital de
cette socit prive se rpartit entre le public et le secteur priv : 35 % pour la ville de
Birmingham et 65% pour les milieux conomiques, avec une part (nominale) pour la Chambre
de Commerce de la ville. L'tat entrina cet arrangement, sans toutefois y contribuer
83
Chapitre III :
directement sur le plan financier, bien que l'accent soit mis sur l'existence de divers fonds
publics, disponibles sur demande.
Cette structure fut oprationnelle de 1987 1992, date laquelle il devint clair que le projet
ncessitait de nouvelles ressources financires, alors mme que la capacit d'investissement du
secteur priv tait affecte par la crise du march immobilier et la rcession conomique. Des
ngociations furent alors entreprises en vue de rviser le dispositif mis en place entre la
municipalit de Birmingham, l'agence B.H.L. et le gouvernement central. La municipalit
travailliste tait prte accepter une agence de dveloppement urbain, la condition que cette
dernire s'engage cooprer avec la ville et poursuive l'action de B.H.L. Le conseil municipal
devait nommer 6 des 12 membres du conseil d'administration, le prsident de B.H.L deviendrait
le prsident de la nouvelle agence de dveloppement et les services d'urbanisme de la ville
conseilleraient le conseil d'administration pour les questions d'amnagement. L'tat fournirait 50
millions de livres sterling sur une priode de 5 ans, dure de vie de l'agence. L'anne 1992 vit
donc la cration d'une nouvelle structure d'amnagement : la Birmingham Heartland
Development Corporation (B.H.D.C.), un organisme public, de type U.D.C, non rattach un
ministre, gr localement par un conseil d'administration et financ par des subventions du
Gouvernement central et de l'Union Europenne. Cette mutation n'eut pas d'incidences sur le
fonctionnement du systme et prserva, notamment, sa marge d'autonomie par rapport au
gouvernement central (Godier, 1996) 4.
III.2.4 ACTEURS ET FONCTIONS :
a) Les objectifs :
L'ide, avec l'installation d'une structure de type U.D.A (l'agence B.H.L), tait de restructurer
radicalement les anciennes zones industrielles.
Pour cela, nombre d'actions furent envisages visant des objectifs conomiques comme celles
damliorer le taux et la porte de l'investissement du secteur priv et d'encourager l'expansion
des entreprises locales. Il y avait aussi des objectifs sociaux : dvelopper le secteur de l'emploi
pour la population et rhabiliter le parc de logements.
Autrement dit, il s'agissait de mettre en uvre une politique dont l'enjeu principal tait d'largir
la base conomique de la ville pour mieux rpondre au chmage, en s'appuyant sur une offre
diversifie d'activits et un espace requalifi pour accueillir de nouveaux usages.
Il fut dcid, par exemple, pour relancer l'emploi, d'impliquer la population dans le processus
mme de rgnration, en tablissant une unit spcialise de type " Joblink " (agences locales
84
Chapitre III :
dont le rle consiste mettre en place des formations spcifiques pour rpondre aux besoins des
industries). De mme, pour faciliter l'accueil des entreprises, on encouragea les forums et les
rencontres entre acteurs conomiques. Des mesures comme le financement des accs aux locaux
industriels et l'achat de terrains furent galement dveloppes. Et pour favoriser l'investissement,
une politique de subventions aux projets de dveloppement fut entreprise ainsi que la mise en
uvre de programmes de revalorisation de l'environnement et l'amlioration des rseaux de
transport.
b) Les principaux acteurs :
Pour l'agence B.H.L, les principaux acteurs peuvent tre regroups de la faon suivante :
Le secteur priv local :
Celui-ci comprend des entrepreneurs, des promoteurs et la Chambre de Commerce, tout un
ensemble d'acteurs privs que les agences incitent investir dans le quartier Heartlands, pour
btir des lotissements, implanter ou agrandir les entreprises, dvelopper les centres commerciaux
et fournir les opportunits de croissance et d'emploi supplmentaires. Plusieurs administrateurs
de grandes socits ont particip au conseil d'administration des agences, tandis que la Chambre
de Commerce reprsentait l'ensemble des intrts industriels et commerciaux de la ville. Ainsi,
John Douglas (Prsident de R.M Douglas - entreprise du btiment) et Peter Galliford (Galliford
plc - entreprise du btiment) furent les reprsentants des entreprises, parmi lesquelles on
comptait Wimpey et Bryant, des socits nationales forte implantation locale. De plus, Alan
Osborne, qui venait de quitter ses fonctions de P.D.G. du groupe Tarmac Construction, une
grande entreprise du btiment en Grande Bretagne, rejoignit la structure.
Gouvernement central :
Celui-ci dtient un rle important, car il octroit des subventions soumises par l'U.D.A. (B.H.L)
l'tat. Le reprsentant de l'tat B.H.L fut Nicolas Ridley (plus tard Lord Ridley) alors ministre
du gouvernement conservateur, qui l'on doit d'avoir dfini les conditions de l'accord de l'Etat au
projet.
Gouvernement local :
La collectivit locale fournit les membres politiques du conseil d'administration de lagence ainsi
que les services professionnels tels que la planification, l'ingnierie, la gestion des lotissements,
l'architecture etc... Elle possde galement, le cas chant, la possibilit de dbloquer les
subventions appropries et doit prendre en charge l'infrastructure d'amnagement. Le conseiller
Richard Knowles (plus tard anobli), leader du parti travailliste au sein du conseil municipal de
Birmingham, le conseiller Albert Bore (Prsident de la Commission pour le Dveloppement
85
Chapitre III :
conomique de la ville) et Sir Reginald Eyre, depuis 20 ans dput de Birmingham au parlement
de Londres (un " choix salu par tous "), sigent au conseil d'administration.
Communaut et groupes locaux :
En de rares occasions, des reprsentants de la communaut locale ont pu siger au conseil
d'administration de certains U.D.C. Cela n'a pas toujours t le cas, car la participation
dmocratique n'a jamais jou un grand rle dans l'histoire des agences de dveloppement. En
outre, nombre de ces quartiers taient non seulement sinistrs sur le plan industriel mais aussi sur
le plan social et la population manifestait assez peu ses sentiments d'appartenance l'identit
locale o ne faisait gure preuve d'esprit de communaut.
Par rapport ce systme, la mutation de B.H.L en B.H.D.C n'a pas sembl provoquer de
modifications importantes. Notamment, la marge d'autonomie par rapport au gouvernement
central fut prserve et les liens avec les autorits locales de Birmingham renforcs. La
permanence des personnalits en place et de leurs ides a pu donner une certaine continuit au
projet. Ainsi, le Prsident de B.H.L, le dput Reginald EYRE, reprsentant la Chambre de
Commerce, membre du comit de planification de la ville, est aujourd'hui la direction de
B.H.D.C o se retrouvent galement des reprsentants de la ville et du secteur priv. Parmi ceuxci, on trouve toujours un reprsentant de lindustrie, de la promotion immobilire et des
locataires avec la prsence, en plus, d'une personnalit extrieure, journaliste - crivains.
III.2.5 FONCTIONNEMENT DU PROCESSUS :
a) Le processus de rgnration urbaine :
De 1987 1992, les principales fonctions de l'agence B.H.L furent les suivantes : aider la
collectivit locale crer un cadre de dveloppement (un master plan) bas sur les expertises de
consultants ; dposer les demandes de subvention auprs du gouvernement central ; identifier
problmes et solutions ; fixer les priorits ; assurer une approche globale, physique,
environnementale et sociale du cadre de la revitalisation du quartier. Organise en groupes de
travail (selon un principe dit de gestion intermdiaire), l'agence visait renforcer l'action de la
collectivit locale et du secteur priv dans le cadre de leurs responsabilits naturelles. Le rle de
B.H.L consistait surtout assister la collectivit locale, en obtenant les fonds ncessaires
l'amlioration des routes, de l'habitat et de l'environnement. Dans ce cadre, les actionnaires du
secteur priv se regrouprent en " Socits participation " ou consortiums, afin de mettre en
uvre le dveloppement urbain. Le conseil d'administration de la B.H.L regroupait ainsi les
86
Chapitre III :
principaux acteurs, ce qui donnait la fois une forte impulsion et une forte lgitimit au
droulement du projet.
Aprs 1992, la B.H.D.C. pu disposer, pour la premire fois, de moyens financiers propres, sans
avoir dposer de demande individuelle pour chaque projet. Elle dut aussi adopter les rgles de
rigueur et de responsabilit financires du secteur priv. Il fut dcid de poursuivre la politique
dj en place et d'assurer la ralisation des projets cls : Warterlinks (site d'accueil de bureaux et
d'industries de haute technologie) ; Bordesley (quartier rsidentiel de 1100 logements neufs ou
rnovs, situ au sud de Heartlands) ; Heartlands Industrial (un espace consacr l'accueil
d'entreprises et comprenant " Fort Dunlop ") ; des programmes en faveur de l'environnement
(amnagement de canaux comme supports paysagers) et des infrastructures (achvement des
routes).
La B.H.D.C. tait ainsi en mesure d'acqurir des sites stratgiques pour raliser ces objectifs et
aider le secteur priv bonifier et dvelopper les terrains. L'agence put ainsi apporter une aide
financire au conseil municipal pour implanter de nouveaux parcs, projets, etc.
b) Les enjeux : lgitimit, pouvoir et concertation
Le rle de chaque groupe d'acteurs, participant au processus, repose sur la perception
individuelle du pouvoir que ces groupes exercent o souhaiteraient exercer au sein de l'agence.
A l'origine, le pouvoir initial des U.D.C. fut concentr dans les mains du gouvernement central.
Mais cette situation devait rapidement voluer sous l'influence d'une socit locale unifie ; la
balance s'est mise pencher plutt en faveur de la collectivit locale (agence de type U.D.A).
C'est elle qui a prpar le P.D.U, le plan de dveloppement unitaire de Birmingham pour la
priode 1992/2001 et qui constitue le cadre stratgique dans lequel l'U.D.C s'est trouve dans
l'obligation de fonctionner. La collectivit locale a galement fourni de nombreux services
professionnels qui ont influenc les dcisions de l'U.D.C, mme si celle-ci contrlait le
dveloppement global des proprits situes dans le quartier.
Puis progressivement, avec la proposition de projets privs spcifiques et la prparation du projet
global de quartier confi des consultants indpendants, le pouvoir a t transfr aux socits
prives qui investissaient des capitaux importants.
Aujourd'hui, avec la mise en uvre des premires oprations du processus de rgnration,
d'abord par la collectivit locale puis par les promoteurs privs, la voix de la communaut locale
a commenc se faire entendre. Elle peut voir et apprcier les implications immdiates des
nouveaux projets, n'est pas en mesure de juger des intentions long terme de l'agence. La
87
Chapitre III :
ou
comme
on
les
appelle
parfois
cyniquement,
tous
les
protagonistes
88
Chapitre III :
III.3. "LA REGENERATION URBAINE" BILBAO ESPAGNE III.3.1 Contexte et description du projet:
Avec l'industrialisation de la construction navale dans les annes 60, Bilbao a connu une
croissance rapide. Lorsque la rcession a frapp ces industries les dangers d'une conomie en
croissance, incontrle et non durable devinrent apparents. L'abandon de certaines activits
industrielles dans la Communaut Autonome Basque en gnral et dans la mtropole Bilbao en
particulier engendra la disparition de plusieurs entreprises. Les sites de production, abandonns
souvent sans prcautions, constituent aujourd'hui un rel danger pour la sant publique et ces
friches restent inutilisables.
Par consquent, un plan stratgique a t dfini en 1989 pour revitaliser la ville. Il a impliqu
plus de 300 personnes reprsentatives de la population locale. Termin en 1990, il comprend
plus de 180 actions entreprendre dans les domaines des ressources humaines, de la mobilit et
de l'accessibilit, de la coordination entre le secteur public et le secteur priv, et de l'action
sociale (CHIMITS ,GODIER et TAPIE , 1996) 6.
III.3.2 Objectifs du plan :
L'excution du plan implique la rgnration de toute une srie de zones abandonnes travers la
ville. Une valuation initiale fut ncessaire pour identifier les zones qui devaient tre remises en
valeur un stade ultrieur et celles qui prsentaient des risques importants de pollution. Cette
phase d'valuation a t acheve en octobre 1998. Un total de 1310 parcelles rparties sur 19
municipalits furent rpertories dans la rgion de la mtropole Bilbao. La phase actuelle de
rhabilitation a maintenant commenc et sera accomplie sur plusieurs annes.
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Chapitre III :
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Chapitre III :
Chapitre III :
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Chapitre III :
REFERENCES :
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Chapitre IV :
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APPIIT
TR
RE
E IIV
V::
LA RGNRATION URBAINE TRAVERS LEXPRIENCE
MAGHREBINE ;
93
Chapitre IV :
et rgionales
sites
gographiques mais souvent au-del des barrires naturelles, crant ainsi, des espaces urbaniss
discontinus et htrognes qui enserrent des lambeaux rsiduels de terre agricole.
- Ensuite, dans le mme temps de ltalement spatial, on observe la dgnrescence du
patrimoine
architectural
dgradation parfois
naturels
et des paysages, la
alors que
permettent de crer une ville plus compacte, fleurissent en Europe occidentale comme moyen
de rgnration urbaine.
IV.1.1. TUNIS COMME CAS DE FIGURE DE PLANIFICATION
La Tunisie est-elle affecte par ce phnomne fulgurant de mondialisation et par voie rcurrente
de mtropolisation de son conomie ? Tunis va-t-elle devenir une mtapole intgre
analysent
lagglomration tunisoise comme une grande ville ayant les traits dune mtropole mais pas tous
les instruments et qui tend son influence directe de Bizerte Menzel Bourguiba Nabeul
Hammamet. Cette mtropole en gestation ne cesse daccrotre ses capacits et par voie de
consquence, sa domination sans partage sur le territoire tunisien. Aucune autre ville nest en
94
Chapitre IV :
mesure de la concurrencer et quelles quaient t les tentations pour diffuser les capacits
techniques vers les mtropoles rgionales, Tunis affirme sa prminence. Un exemple : le
complexe portuaire de Tunis capte lessentiel du trafic de marchandises. Sousse et Sfax
dprissent relativement.
2. Le Schma Directeur dAmnagement du territoire national. Les auteurs rcusent
lhypothse du scnario dquilibre propos par le prcdent SNAT 1985 et constatent la
polarisation des migrations sur les villes de lintrieur. Ils observent une acclration de
lurbanisation et forment lhypothse dune rduction drastique des populations rurales. Au
moins, 75% de la population sera urbaine en 2015. A titre dexemple cette chance Gabes
passera de 130 000 habitants 260 000 habitants. Mais il y a polarisation sur les villes de
lintrieur grandes ou moyennes ; il ya surtout concentration des richesses et des activits Tunis
qui apparat de plus en plus comme mtropole internationale, tte de pont de lconomie
tunisienne.
Par comparaison, Sfax si souvent cit en exemple pour son dynamisme conomique, ne
peut prtendre qu la seule domination de son territoire environnant mais ne saurait prendre
position sur la scne internationale.
Les auteurs soulignent au passage que les formes aberrantes de lurbanisation Sfax lont
disqualifie dans la comptition internationale.
Cette observation rappelle au passage que la planification spatiale est utile au march. Les
conomistes soulignent en effet dans la thorie des localisations limportance dune organisation
cohrente des villes et des territoires.
3. La stratgie urbaine de dveloppement rgional : Le Ministre de Dveloppement
Economique qui a en charge le dveloppement rgional sinterroge sur la faon optimale de
distribuer ses crdits : pour orienter sa politique, il a lanc une tude de stratgie urbaine fonde
sur les rsultats du Recensement Gnral de la Population 1994. Le chapitre dmographique est
trs enrichissant puisquil met en relief les mouvements de population interrgionaux et quil
identifie les relais de la migration.
95
Chapitre IV :
96
Chapitre IV :
97
Chapitre IV :
lamlioration de la
Chapitre IV :
russi matriser cette explosion urbaine dont les effets dstructurent la ville et nuisent la vie
citadine ? Les facteurs de ltalement spatial sont rechercher dans les mcanismes sociaux de
lurbanisation dont les acteurs dterminants sont les populations dfavorises qui ont produit les
diverses formes dhabitat spontan dune part, et dautre part les classes moyennes qui ont
tapiss plaines et collines de villas individuelles, sans parler des rsidences secondaires que les
plus aises dentre elles ont difies sur les cordons littoraux ou dans les plaines agricoles.
Lurbanisation spontane qui a profondment marqu lagglomration tunisoise sest accomplie
en deux grandes vagues, qui ont vite rendu caduques les dispositions rglementaires des plans
damnagement. La premire vague commence en 1943 lorsque les paysans sans terre montent
vers la capitale pour assurer leur survie ; ils deviendront pour la plupart des citadins sans emploi
en sinstallant aux limites de la ville officielle et en crant linsu des autorits un faubourg
clandestin Djebel Lahmar-, le premier gourbi de Tunis qui, en 1956, abritait quelques cent mille
habitants.
1. Les Lotisseurs clandestins :
La seconde vague apparat au milieu des annes soixante dix, lorsque les mal logs des oukalas 2
de la mdina ou ceux de gourbivilles priphriques cherchent amliorer leur statut en achetant
en zone rurale des lopins de terre mis sur le march par des lotisseurs clandestins. Lexemple
caractristique est le village DouarHicher Ettadhamen qui, entre
1975 et 1985, est devenu la troisime commune de la Tunisie, avec plus de cent mille habitants.
Ainsi, trente ans dintervalle, la capitale a connu deux puissants mouvements durbanisation
spontane produisant des tissus urbain sous-quips et sous intgrs que les autorits sefforcent
rhabiliter a posteriori par des procdures techniquement complexes et financirement lourdes.
A contrario, les classes moyennes ont immdiatement bnfici au lendemain de lindpendance,
de lassistance de lEtat qui, par le biais de toute une panoplie dinstitutions immobilires,
foncires et financires, a mis sur le march une masse constante de logements individuels.
2. Organiser lespace urbain :
Cette politique dtermine doit tre considre comme un succs, mme si lobjectif quantitatif
de production de logements a permis de justifier le sacrifice des principes lmentaires
dorganisation spatiale : les lotissements juxtaposs les uns aux autres sont en effet une somme
de trames qui ne constituent pas des quartiers et a fortiori une ville.
En somme, pour satisfaire les besoins en matire dhabitat, lEtat a labor une politique dont le
contenu social a t modul en fonction des capacits de pression des forces en prsence : aux
populations dfavorises et dclasses, lurbanisation spontane rhabilite aprs coup ; aux
classes moyennes, lurbanisation rglementaire et techniquement assiste. (ABDELKAFI, 1990)3
99
Chapitre IV :
Autrement dit, la comptition des classes sociales pour lacquisition du sol urbain na pas t
rgule par la puissance publique qui sest longtemps contente des pratiques clientlistes de
contrle politique au dtriment de la planification urbaine. Les trop nombreux plans directeurs et
projets damnagement que Tunis a connus depuis lindpendance ont souvent avort, certains
laissant des traces positives, mais insignifiantes face au redoutable dfi dune urbanisation
acclre.
Au dbut des annes quatre vingt dix, les instances de planification semblent vouloir ragir au
dficit dorganisation spatiale dont souffre la capitale car, lheure de la mondialisation des
changes, les autorits politiques annonaient leur volont de transformer lagglomration
tunisoise, dont linfluence est limite la Tunisie, en mtropole maghrbine et mditerranenne.
Cette ambition suppose que les forces centrifuges de croissance urbaine soient effectivement
matrises et quun rel projet de planification urbaine soit formul pour achever la transition que
Tunis connat depuis un demi-sicle.
IV.1.4. UN DEMI-SIECLE DE PLANIFICATION SPATIALE ET DE GESTION
URBAINE A TUNIS. QUELS ENS EIGNEMENTS?
Au lendemain de lindpendance, la rpublique tunisienne a mis en place une procdure
entirement nouvelle de planification conomique et spatiale qui a fait rupture avec les
pratiques dadministration directe des territoires inaugurs quelque 75 ans plus tt par les
autorits du protectorat. Elle a nonc les lois dfinissant les prrogatives des services de
lEtat, celle des collectivits locales et rgionales, des services para- tatiques ainsi que le droit
des tiers. Elle a cr les institutions technico- administratives et politiques de planification
spatiale et de gestion urbaine.
Ainsi, en une quarantaine dannes, elle sest dote dun systme complet de planification qui a
permis :
-
Chapitre IV :
Le mitage des priphries urbaines et des campagnes par lhabitat spontan et/ou non
rglementaire
A la lecture de ce bilan, on peut se demander pour quelles raisons le systme de planification a-til relativement russi sur la trs difficile question du logement et dans le mme temps, pourquoi
a-t-il chou enrayer la diffusion de lhabitat spontan ?
Telles sont les contradictions de lexprience tunisienne ! Comment les expliquer ? Les limites
du systme de planification peuvent tre identifies comme suit :
a) Une planification formelle sans stratgie spatiale ni temporelle
b) Une planification spatiale sous tutelle administrative sans gestion urbaine
c) Une planification sans recherche scientifique, sans production de savoirs et transmission
des connaissances.
1. Une planification formelle sans stratgie spatiale ni temporelle :
Le formalisme en matire de planification spatiale est une tare congnitale qui sexplique par
lhistoire mme du champ de lurbanisme enlis ses dbuts au XIX me sicle dans le projet
utopique ou lintention culturelle.
101
Chapitre IV :
nationaliste
de modernisation de lespace
Chapitre IV :
considration lincertitude quengendre le jeu conomique rel des acteurs sociaux qui agissent
sur le march.
Lobsolescence est la destine du plan- image, document prendre ou laisser qui ignore les
dynamiques urbaines.
d) Le plan au territoire incertain :
Le paradoxe de la planification tient au fait que le territoire amnager est dlimit par des
procdures administratives obissant aux objectifs politiques du Ministre de lIntrieur ; elles
ne prennent gnralement pas en considration les limites naturelles ou techniques, les us et les
coutumes des populations ou tout simplement les tendances de lurbanisation. Dans bien des
cas, les limites passent travers champ, dfinissant ici du terrain btir et l du terrain
agricole. On comprendra aisment que dans ces conditions de dlimitation du territoire, la
spculation foncire et / ou immobilire se dchane la limite communale pour capter la rente
ou pour construire de faon spontane et hors normes.
e) Les plans sans articulations :
Les schmas Directeurs damnagement qui couvrent de vastes territoires dagglomration
comprenant plusieurs communes
ou des zones
Chapitre IV :
puissantes qui tendaient sautonomiser ; dans ces conditions particulires de pouvoir, elles ont
difi en un laps de temps rapide, les infrastructures routires, ferroviaires, portuaires et
hydrauliques ncessaires lexploitation coloniale.
Cette uvre technique est le fruit dune caste dingnieurs dont la comptence certaine ntait
toutefois pas soumise contrle dmocratique.
Ainsi a t cre la figure ingnieur, de lexmachina de lamnagement du territoire et de
lurbanisme. En 1957, lors de la cration du systme de planification centralise, le volontarisme
politique de lEtat national sest coul dans la tradition technocratique de lEtat colonial ; et
comme si cela
a t alors
conue par
ladministration elle-mme en rgie directe tout dabord, puis au tournant des annes quatre
vingt, sur la base de march dtudes confies des corps professionnels organiss en Bureaux
dEtudes. (MIOSSEC, 1988) 4
Or, au moment o ladministration conoit la planification spatiale, la figure traditionnelle de
lingnieur nest pas en mesure de capter le changement social, les nouvelles perspectives du
dveloppement conomique, les phnomnes de lurbanisation acclre, les enjeux
de la
protection des ressources naturelles, car sa comptence technique sectorielle (ponts et chausses,
gnie civil)5, nest pas adapte aux problmes de lurbanisme et la problmatique de
lurbanisation que pose la socit contemporaine.
Conscient de cet handicap, ladministration suscite la constitution dquipes pluridisciplinaires
pour rpondre la panoplie des demandes sociales et conomiques ; mais la figure de
lingnieur, aurole du prestige de ses grands anciens, demeure hgmonique. Les architectes
sont ainsi confins dans le dbat esthtique ; les sociologues qui ne dpassent gure la lecture du
social
sont pigs au jeu des alternatives politiques ; les gographes, pigs par tradition
universitaire dans les tudes rurales, laissent passer lanalyse des phnomnes de lurbanisation.
La nature ayant horreur du vide, apparat alors en Tunisie un nouveau profil professionnel, celui
de lurbaniste6. A la figure de lingnieur succde la figure de lurbaniste, immdiatement
controverse car dans la bonne tradition
au rle de chef
dorchestre prtendant ainsi assumer les missions de consultation / concertation, pour prparer la
dcision ; mais ces missions lui sont peine reconnues, souvent contestes, aussi bien par les
donneurs dordre politique qui nentendent pas trouver sur leur chemin une expertise spcialise,
que par les ingnieurs et / ou les architectes qui entendent jouer le premier rle dans le processus
de dcision.
104
Chapitre IV :
Dans ce conflit de comptences dont la solution est toujours en gestation et lissue plus que
jamais incertaine, ladministration tient toujours le premier rle mme si elle nagit plus
directement par les tudes en rgie et mme si elle intervient par bureaux dtudes interposs.
b- Lvaluation de la mission de planification
Prminente, ladministration nvalue pas volontiers son rle de planificateur ni les
rsultats de la planification ; elle sy rsout cependant car sa mission est frquemment conteste
eu gard aux contre performances de la dmarche : il faut compter une dizaine dannes pour
produire et faire approuver un schma directeur damnagement ; or, quand limage du futur
est disponible, le territoire a dj t boulevers par les dynamiques socio-conomiques
LAdministration de lEtat est par ailleurs un corps plusieurs ttes, qui par la logique des
prrogatives que le pouvoir politique attribue tel ministre ou tel autre, connat dincessants
conflits. 1992, le ministre de lquipement et de lhabitat, qui dans la tradition de la direction
des travaux publics, avait la haute main sur la planification spatiale et les politiques urbaines, est
dpossd de certaines de ses missions par un nouveau venu, le Ministre de lEnvironnement
qui sadjuge lamnagement du territoire et conforte son rle par des Agences spcialises,
lagence de protection et damnagement du littoral (APAL) et lagence nationale de protection
de lenvironnement (ANPE).
La rivalit de fait de ces deux ministres, le conflit feutr des prrogatives a dur une dizaine
dannes. En 2002, le ministre de lenvironnement et de lamnagement du territoire disparat ;
lenvironnement est rattach au ministre de lagriculture. Mais ce grand bnficiaire de ces
nouvelles distributions de prrogatives est le ministre de lquipement et de lhabitat qui
rcupre lamnagement du territoire et la protection du littoral. Ce super ministre de la
planification spatiale exerce une hgmonie certaine, notamment par son exceptionnelle capacit
produire les axes routiers structurant le territoire : lheure est aux autoroutes et aux changeurs.
Le ministre des transports qui sefforce de mettre au point une politique de transport en
commun en site propre pour le Grand Tunis est, de fait tributaire du ministre en charge de
lamnagement du territoire (MEHAT) qui contrle les Schmas Directeurs dAmnagement
(SDA) et le Plan dAmnagement Communal (PAC).
Enfin, le ministre de la culture qui a en charge la protection, la sauvegarde et la mise en valeur
des sites naturels et culturels sen remet tacitement au ministre en charge lamnagement du
territoire (MEHAT) pour la planification du plan de protection et de mise ne valeur du site
culturel de Carthage Sidi Bou Sad, car il na pas les comptences ncessaires pour planifier.
Au cours de ces douze dernires annes, les services de lEtat se sont livrs une bataille de
prrogatives tout fait significative quant limportance de la planification spatiale et des
105
Chapitre IV :
politiques urbaines ; mais les victimes sont les espaces et les socits car les dmarches
sectorielles des administrations constituent autant dobstacles aux stratgies territoriales ; bien
souvent, trop souvent mme, la main droite de lEtat ignore ce que fait sa main gauche.
Labsence de dialogue inter-administratif caractrise la production des SDA et des PAC.
c- Les limites du dirigisme planificateur
Le dirigisme planificateur qui a caractris lensemble des pays du Maghreb et du
Machrek au lendemain des indpendances a toujours cours mme si en Tunisie on a conscience
des limites de cette mthode politique. Au dbut des annes quatre vingt dix, les autorits se
proposent de dconcentrer les services de lEtat et de dcentraliser les pouvoirs politiques : cest
le sens de la cration du conseil rgional ; mais cette instance place sous lautorit du
gouverneur cens donner la parole aux dputs et aux lus municipaux de la rgion, a conserv
un lourd fonctionnement administratif qui ne permet pas lexpression des citadins- citoyens.
Dans ce contexte, le conseil rgional enregistre le SDA sans quil ne soit dbattu au fond,
confirmant par cette pratique politique, le caractre formel de la planification spatiale.
Les plans damnagement des communes par contre, soumis une double lecture par les
conseillers municipaux, objet dune enqute inter-administrative et de lenqute publique aprs
affichage peuvent tre dbattus par les citadins- citoyens et amends.
Mais ces opportunits daction sur ce document de planification dont lopposabilit au tiers
pse lourd sur les droits des habitants ne sont gure saisies ou saisies sans illusion. La loi
organique
des communes, en effet interdit tout conseil municipal soit de publier des
proclamations et adresses, soit dmettre des vux politiques 8 (article 47). Instance politique
mineure, le conseil municipal, sil autorise les dbats, na pas la capacit juridique de les
conduire leurs termes.
Dans ces conditions, les changes de points de vue au sein du conseil ne dbouchent gure que
sur des conflits locaux souvent caractre interpersonnel ou des situations clientlistes.
La transition dmocratique entre lEtat colonial qui se passait de lavis des tunisiens et lEtat
national qui na cess dencadrer lopinion de ses citoyens nest donc pas acheve ; et dans
lentre-deux, les discours relatifs la planification participative nont gure de porte.
En fait, la planification spatiale nest finalement gure dbattue. En tmoigne dailleurs les
dbats de la chambre des dputs qui analysent le plan de dveloppement conomique et social
de manire sectorielle : les programmes dhabitat, de transport, de routes, dquipement sont
effectivement analyss mais sans quait lieu un vritable dbat dorientation sur les politiques
106
Chapitre IV :
urbaines. En fait, la ville nest pas une catgorie de dbat et la planification spatiale nest quun
exercice administratif.
En tmoigne galement le comit interministriel damnagement du territoire, qui depuis sa
cration en 1979 ne sest runi quexceptionnellement
3.
ne peut appartenir
puisquelle nest pas un objet en soi mais un ensemble de rseaux matriels et immatriels, plus
ou moins ordonns et en relation. En ce sens, la ville est convoite par plusieurs approches,
107
Chapitre IV :
pour la simple raison quen, labsence dune laboration actualise des savoirs sur les
phnomnes de lurbanisation et les dynamiques urbaines rend improbable la conduite de DEA
en gographie ou sociologie urbaine.
En histoire urbaine la transmission des connaissances se prsente mieux du fait des avances de
la recherche en histoire de lantiquit et de lhistoire mdivale.
En conomie, la connaissance du fait urbain est limite et lenseignement est gnral.
108
Chapitre IV :
-
Chapitre IV :
la cration des conseils rgionaux qui permettent le transfert de prrogatives des Administrations
centrales vers le citoyen tunisien.
Enfin, la prise de conscience des limites de laction publique unilatrale dbouche sur le
partenariat comme mode de rgulation. Face au dsengagement de lEtat et lmergence des
agents privs, surtout en situation de comptition sur les chelles territoriales larges, la dcision
publique rencontre imprativement les volonts des acteurs privs quil sagisse, bien sr des
investisseurs, des entrepreneurs mais aussi de tous ceux qui, un titre ou un autre, sont des
vecteurs dopinion, de culture et sont susceptibles de donner du sens laction collective.
Ainsi, de nombreux facteurs et on pourrait en citer dautres, ont profondment boulevers le
contexte mme des dmarches de planification.
IV.1.6. LA PLANIFICATION URBAINE EST- ELLE NECESSAIRE ?
La planification urbaine est-elle alors un exercice vain ? Dans sa dmarche et ses fondements de
laprs guerre jusquaux annes soixante-dix, on peut dire quelle est aujourdhui obsolte. Mais
si un peu partout dans le monde, et notamment dans cette partie du monde qui a invent la ville,
ce bassin mditerranen dont Tunis aspire tre lune des plus belles mtropoles, on renouvelle
lexercice de la planification urbaine, cest pour des raisons fondamentales.
1. La gestion de temps diffrents :
Le temps du citoyen cest celui du quotidien, celui du renouvellement de la gnration, cest le
temps ncessaire pour laisser une trace.
Le temps de lentreprise, on la dit, cest lexercice annuel, la conqute ou la perte dun march,
cest indpendamment de lambition des dirigeants, une priode rarement suprieure cinq ans.
Le temps de la ville, cest dans le plus court des termes, le temps de ralisation dune opration
complexe qui des prmices linauguration, peut durer une gnration, cest le temps de
laccumulation dune richesse collective qui stend trs vite sur deux gnrations ou plus, cest
surtout dans cette capitale de la Tunisie, cit trois fois millnaire, celui de lHistoire.
Ds lors, la planification urbaine a comme premier fondement la ncessit de conjuguer au
mieux ces temporalits diffrentes.
2. La qualit, lefficacit des investissements :
Parce que les ressources sont rares et coteuses, il est difficilement acceptable de les gaspiller
mme par simple inadquation des investissements eu gard leur usage rel. Linvestissement
des individus, celui des entreprises, de tous via limpt suppose donc que la rflexion et
lorganisation fondent son efficacit optimale.
Mais qui dit efficacit dit qualit, non seulement pour satisfaire les besoins de chacun mais aussi
pour positionner au mieux dans la concurrence internationale les capacits dactions des
110
Chapitre IV :
111
Chapitre IV :
112
Chapitre IV :
Il est bien vident que le dosage des politiques sectorielles peut varier considrablement selon les
options que lon se donne et quun mme dosage et des options identiques peuvent conduire
une pluralit dimages de lorganisation long terme de lagglomration.
Ne serait-il pas plus appropri, dans le cadre dune dmarche qui se veut moins technocratique,
plus ouverte au partenaires plus consensuelle, que le bureau dtudes prsente des scnarios
diffrents soumis la discussion et la dcision ?
4. Un projet stratgique :
En effet, ds lors que cette dmarche est acquise, des marges de manuvre peuvent apparatre
pour la volont locale et endogne. Des espaces souvrent ainsi qui prendront dautant plus
dampleur que les volonts seront partages et quelles auront donc un effet dentranement et de
mobilisation sur dventuels partenaires. Laffirmation de ces volonts stratgiques va donc
constituer les fondements du schma, de la traduction du projet en un plan. Quil sagisse
dinfrastructures, de protection, de mise en valeur, didentification des sites de dveloppement
stratgique ou des secteurs dintrt paysager, des volonts de reconversion de friches ou de
secteurs obsoltes, ou de rinvestissement sur des quartiers, sur le centre ville, les volonts
stratgiques vont sinscrire, se territorialiser, pour donner larmature du Schma Directeur.
5. Une planification librale :
Librale en ce sens quelle respecte le jeu des acteurs privs, quelle ne prtend pas dicter mais
associer, mobiliser, convaincre, faire partager lintrt du dveloppement. Librale aussi en cela
quelle est claire et fiable quant aux volonts de la puissance publique et donc aux rgles du jeu
imposes lensemble des partenaires. Librale parce que durable, professionnelle,
profondment rflchie, certaine et adopte en connaissance de cause par les diffrents acteurs
de la puissance publique.
6. Une planification communicante :
La communication doit marquer lensemble du processus de planification stratgique, quil
sagisse de la phase dlaboration du projet, de laffirmation des volonts stratgiques, de
lapplication du Schma Directeur ou de son rle daffiche promotionnelle.
7. Une planification gre :
Le propre de la planification stratgique est didentifier clairement ce qui est dur, hard de ce
qui est souple.
Dans ce sens, ce qui est dur, on la vu, ce sont les volonts stratgiques, ce sont les rserves pour
emprises futures, ce sont les protections intangibles du patrimoine naturel, de lagriculture, les
protections intangibles aussi de dveloppement trs long terme car qui sait ce dont auront
besoin les gnrations futures dans 50 ou 100 ans ?
113
Chapitre IV :
Ce qui est souple, cest la manire dy parvenir, cest la capacit dintgrer des choses
imprvisibles, cest le rythme de ralisation, cest la teneur mme de certains contenus dans la
territorialisation des proprits.
Ainsi, un Schma Directeur stratgique se doit de rester un niveau daltitude suffisamment
loign du dtail lorsquil ne sagit pas de choses certaines et laisser des documents,
communaux par exemple, ou directement oprationnels le soin, une chelle de temps et de
reprsentation de lespace serre, de ladaptation conjoncturelle. Un Schma Directeur nest pas
un Super- Plan dAmnagement Urbain ni une somme de Plans dAmnagement communaux.
Cest aussi une planification qui doit tre pilote, c'est--dire value, actualise, roriente
espaces rguliers, cest une planification vivante.
Les termes de rfrences prvoient, cet effet, un projet de dveloppement et un schma global
damnagement pour les vingt (20) annes venir (1997-2016), un plan programme quinquennal
(1997-2001) correspondant au IX Plan et une valuation annuelle de lAvancement du SDA.
Il y a l une volont darticulation tout fait judicieuse des temps : celui du long terme qui
permet la planification denvisager un changement de la physionomie de lagglomration et de
la rgion, celui quinquennal qui permet dinclure les projets prioritaires dans le plan de
dveloppement conomique et social et celui, trs bref, de lanne qui permet dexaminer le
tableau de bord, de faire le point sur lvolution de la rgion capitale et dajuster le Plan
programme.
8. Vers le management urbain :
Le dbouch naturel dune dmarche de planification stratgique cest le management au sens o
lentendent les entreprises, c'est--dire lidentification claire des responsabilits au bon niveau,
du sens qui peut fdrer les nergies, de la meilleure utilisation des comptences de chacun des
acteurs, des valeurs communes la ville et donc, de la force de ces symboles, de la capacit se
trouver des lieux qui soient communs, partags, des lieux didentit pour tous, une ville dont
chacun puisse tre fier.
114
Chapitre IV :
IV.2. LA MEDINA DE FS :
..Aussi devons-nous donner notre gouvernement des instructions pour qu'il considre le
projet de Fs comme une proccupation prioritaire et pour qu'il accorde une attention particulire
dans le cadre de ses responsabilits relatives : aux programmes d'quipement et de l'habitat, la
prservation du patrimoine culturel, au dveloppement de l'art, de la culture et de la pense, et
la diffusion des enseignements de l'Islam. . (Sa Majest Hassan II)
Photo 1 : mdina de Fs
115
Chapitre IV :
IV.2.1 INTRODUCTION
Perle du monde arabe, Fs est la capitale spirituelle, intellectuelle et culturelle du Maroc. Elle
est sans doute lune des villes les plus authentiques d'Afrique du Nord. Le rayonnement
intellectuel de son universit coranique, sa clbre mosque Karaouiyne, ses trsors de l'art
arabo-andalous, sa mdina mdivale de Fs el-Bali et ses artisans de grand talent en font la
gardienne des traditions de l'islam.
Photo 2: vue de Fs
116
Chapitre IV :
IV.2.2 HISTORIQUE :
Doyenne des villes impriales, Fs fut fonde en 789 par un descendant du prophte, Idriss ben
Abdallah, plus connu sous le nom d'Idriss Ier. La premire pierre fut pose sur l'actuel
emplacement du quartier des Andalous. Selon la lgende, Fs ou Fas, "pioche" en arabe, doit son
nom un outil trouv sur le site au moment de sa construction. Ce n'est qu'en 809, sous la frule
d'Idriss II, que la ville devient le sige de la dynastie idrisside. Ds 818, le sultan accueille dans
sa cit huit mille familles de musulmans andalous qui s'installent sur la rive droite de l'oued Fs,
dans le quartier construit par Idriss Ier. Sept ans plus tard, cette nouvelle population est renforce
par l'arrive de juifs et de Kairouanais (Tunisie) qui s'tablissent sur la rive gauche de l'oued.
Riche de ces multiples patrimoines religieux, culturels et architecturaux, Fs devient rapidement
le centre spirituel et culturel du Maroc, avec comme symbole de ce rayonnement, l'dification, en
857, de la clbre mosque el Qaraouiyyn. Bien que les successeurs d'Idriss II provoquent le
morcellement du royaume, Fs continue prosprer et se dvelopper. De nouvelles mosques,
Mdersas, Fondouqs, bains publics sont difis. En 1070, avec l'arrive au pouvoir des
Almoravides, puis, en 1054, des Almohades, Fs perd son statut de capitale au profit de
Marrakech. Afin de s'assurer la loyaut des Fassis, les Almohades dtruisent les remparts qui
encerclaient les quartiers andalous et kairouanais. Coup de poing politique qui conduira,
quelques annes plus tard, l'agrandissement de la ville grce la runification des deux
quartiers l'intrieur d'une mme enceinte. C'est le dbut de la prosprit commerciale de Fs.
La domination almohade sur l'Espagne, permettant de fructueux changes, devient un facteur
supplmentaire de prosprit.
1. ETAPES DE LA SAUVEGARDE
Depuis le lancement de la campagne pour la sauvegarde de Fs, le Maroc, autorits et citoyens,
L'UNESCO et les autres organismes internationaux se sont mobiliss pour ce joyau de la
civilisation arabo-islamique qui enrichit le patrimoine de l'humanit toute entire. Fruit de cette
ambition, Ader Fs en assure la mise en oeuvre
117
Chapitre IV :
118
Chapitre IV :
L'ide d'une rhabilitation de la Mdina, dont l'exigence mrissait depuis quelques annes, s'en
trouve dynamise. Les structures administratives concernes se renforcent, des tudes plus
approfondies sont lances ainsi merge une nouvelle approche de rhabilitation qui intgre :
Les mthodes de conservation physique celles de la planification urbaine.
Les mthodes de rhabilitation des monuments aux mthodes de gestion urbaine.
Les mthodes d'interventions gouvernementales aux initiatives des citoyens.
La sensibilisation nationale et internationale se dveloppe.
Ces actions ont pour objectif de mieux cerner les techniques, mais galement les procdures
juridiques, financire, administratives, et surtout l'intgration de la ville, condition majeure de sa
faisabilit et de son bon aboutissement. A la suite de la " runion - dbat pour la sauvegarde de
Fs". Organise en septembre 1988 par le PNUD et l'UNESCO, une tude de faisabilit est
lance.
b) Depuis 1989 : le temps des ralisations et des grands travaux
Apres le travail effectu dans les phases prcdentes, les grandes actions sont lances.
Dsormais, la sauvegarde de Fs dispose d'une structure approprie, Ader-Fs, cre en 1989 par
l'tat marocain pour excuter " les programme relatifs la sauvegarde de Fs dans le cadre des
prrogatives gouvernementales".
Un premier grand programme de restauration des monuments est lanc, dont la restauration de la
merderas Mesbahiya prise en charge par sa Majest le Roi Hassan II.
Un second programme concerne le transfert des activits polluantes l'extrieur de la Mdina, o
70% des infrastructures sont des activits artisanales l'intrieur de la Mdina.
Un troisime programme men conjointement avec la commune de Fs Mdina, porte sur
l'habitat dont en particulier les interventions d'urgence.
Enfin, un quatrime programme porte sur la formation aux mtiers traditionnels du btiment, au
travers de l'IFMTB, cre par le Ministre des travaux publics en collaboration avec Ader Fs.
"Une campagne internationale de sauvegarde n'a pas pour seul objectif de restaurer ou de
prserver des monuments, elle vise aussi rendre des sites la vie, faire en sorte que le coeur
des villes mmoires batte nouveau avec force. La campagne de sauvegarde est gnratrice d'un
progrs qui prend racine dans la fiert du patrimoine revaloris. Elle comporte indniablement
une dimension humaine, mais de loin la plus importante. Et quelle autre ville que Fs, cit de la
foi et du savoir, peut mieux illustrer cette dimension?" Federico Mayor Directeur Gnral de
l'UNESCO.
119
Chapitre IV :
2. LHABITAT
A LA MEDINA DE FES
Dans la Mdina de Fs, toutes les maisons traditionnelles qui sont des palais, contribuent la
richesse de la Mdina, ou chacune delle est considre tout la fois comme lieu de rsidence et
comme patrimoine historique. Dans ce cadre, Ader Fs mne un large programme de
rhabilitation, accompagn par la mise en place d'un dispositif d'action d'urgence.
Selon une enqute Ader Fs/Pnud, 20% des mnages peuvent amliorer eux mme leur
conditions d'habilit, 20% sont trs dmunis et ont besoin pour le faire d'un programme social
appropri, et pour 60% il suffirait d'une subvention de 10 15% du cot total, ainsi que de
facilits de paiement (BAGHDADI , 1990) 11.
A. LES INTERVENTIONS FRONTALES
Les interventions dites frontales ont pour objectif de stimuler les capacits participatives de la
population et de transformer progressivement les mnages de ltat dassists ltat dacteurs
ayant une capacit de suggestion et de participation. Dans ce sens, trois types de programmes
sont en cours dexcution :
La consolidation des btisses menaant ruine afin dviter les pertes en vies humaines et en
biens ;
La stabilisation du processus de dgradation des btisses nayant pas encore atteint ltat de
menaant ruine ;
Le soutien par ltat des propritaires dsirant rhabiliter leurs btisses.
B. LA CONSOLIDATION DES BATISSES MENAANT RUINE
En effet, le problme le plus grave auquel est confronte la mdina de Fs est celui du bti
menaant ruine. Et de fait, La composante "Interventions durgence sur le bti menaant ruine"
vise garantir les populations de la mdina contre des sinistres toujours prvisibles. Le but serait
ainsi de sauvegarder les vies humaines et dentamer un processus de consolidation des btisses
les plus dangereuses. Cette action est prise en charge par la municipalit dans lhorizon de retour
sur les propritaires pour la rcupration des dpenses.
Le choix des btisses devant faire lobjet dinterventions seffectue sur la base de listes tablies
partir des dolances des citoyens et des amicales ou des corporations, ou partir des alertes
reues des services spcialiss (autorit, services communaux, ADER-Fs, Protection civile,
etc.). Parmi ces listes, la commission choisit les cas paraissant les plus dangereux et les plus
120
Chapitre IV :
RUINE
Compte tenu des bas revenus des mnages cibls par cette opration, qui sont en majeure partie
des locataires, ltat fournit les matriaux et la main-duvre spcialise tandis que les mnages
contribuent par la main-duvre ouvrire non spcialise. Lobjectif du programme est la
ralisation de travaux dentretien des parties communes au niveau de certaines btisses par
quartier. Il sagira notamment dintervenir pour la rfection des terrasses et des tanchits, des
gouttires et des descentes des eaux pluviales, des canalisations de drainage et dassainissement,
etc.
Cette action est grandement facilite par le recours, travers la cellule sociale, aux amicales et
aux associations de quartier en leur proposant un contrat/programme par lequel celles-ci
sengagent, par quartier, contribuer la dsignation dun certain nombre de btisses
bnficiaires de laide la rhabilitation.
Ces oprations passent par :
La contribution des citoyens au projet par la fourniture de la main duvre non spcialise
destine lexcution des travaux.
Ladhsion aux objectifs de prennisation des actions notamment travers la sensibilisation des
populations aux besoins dentretien des btisses aprs lintervention, une utilisation des espaces
respectueuse de leur caractre, etc.
La constitution dun stock de matriaux ;
La fourniture de main duvre spcialise :
- maallams experts en travaux de rhabilitation (tayage, construction traditionnelle, etc.)
- plombiers experts
- ouvriers experts en assainissement
- menuisiers experts
La fourniture dun encadrement de B.E.T. pour le suivi technique concernant le diagnostic des
dgradations dans chaque btisse objet dune convention daide la rhabilitation :
- dfinition prcise des quantits de matriaux fournir aux bnficiaires ainsi que des
chanciers de fourniture ;
- recommandation des types daction entreprendre en vue de la rparation des
121
dgradations ;
Chapitre IV :
Larticulation de lensemble des informations collectes avec les capacits de contribution des
bnficiaires, ainsi que celles relatives laide proprement dite (fourniture de matriaux et
dassistance de base), et ce, en vue de recommander les interventions les plus pertinentes au
regard de la confrontation de lensemble des donnes de base, en se rfrant notamment aux
stipulations des conventions;
Llaboration dune stratgie dintervention devant mener, terme, linversion des processus
de dgradation en cours dans les btisses et les espaces concerns;
La proposition de mthodes dinterventions relativement chaque btisse ou action.
Photo 4 : Travaux de consolidation et de rhabilitation du tissu rsidentiel
La rhabilitation des maisons d'habitation s'inscrit dans une vaste entreprise visant adapter
l'environnement bti au mode d'habitation contemporain en liminant le surpeuplement,
l'insalubrit, la vtust, l'absence d'entretien, les utilisations non compatibles avec la typologie
d'origine etc. Il ne s'agit donc pas d'un simple travail de mise en tat des btiments, mais
d'interventions beaucoup lus larges qui touchent l'urbanisme, l'conomie, la vie sociale, et
qui tendent offrir un seuil minimum d'habitabilit. Ader Fs a donc lanc des oprations de
rhabilitation au cas par cas. Celles-ci ont donn des rsultats encourageants qui permettent
d'envisager, suite aux tudes sur les instruments administratifs, juridiques et financiers,
122
Chapitre IV :
123
Chapitre IV :
Chapitre IV :
125
Chapitre IV :
Photo 8 : ddensification
La rhabilitation
Cette tche est indissociable des objectifs culturels, notamment la restauration des chefs
duvres architecturaux. L'accomplissement de sa mission implique galement la remise en tat
des infrastructures, la relance des mtiers traditionnels indispensables aux restaurations et
l'entretien, un important travail d'tude et de recherche sur la ralit architecturale, urbanistique
et humaine de la Mdina, des activits d'information et de sensibilisation des publics marocains
et internationaux. Cette approche intgre est la " marque" d'Ader-Fs. Pour la mettre en uvre,
l'agence consacre une part de son activit, avec notamment l'UNESCO et l'association Fs-Sas,
la mobilisation des fonds ncessaires, soit auprs de donateurs (organismes nationaux et
internationaux, personnes prives). Soit en ayant recours des partenariats avec ceux qui ont un
intrt moral ou matriel la sauvegarde de Fs.
126
Chapitre IV :
B. OUTILS DADER-FES
Des outils scientifiques de haut niveau sont indispensables la comprhension de ce corps vivant
et complexe qu'est la Mdina. Ils rpondent au besoin de connaissance pralable une action
cohrente. Ils accompagnent chaque intervention et permettent une planification rigoureuse
127
Chapitre IV :
128
Chapitre IV :
Chapitre IV :
Chapitre IV :
131
Chapitre IV :
historiens, aux archologues et aux ingnieurs. Ainsi, l'Institut forme des techniciens qui
constituent un relais ncessaire entre l'architecte, l'ingnieur et l'artisan.
Partenariat
Outre les accords avec l'OFPPTT et l'Ader-Fs, l'IFMTB a des accords de partenariat avec :
* la dlgation du ministre de l'Emploi, de l'artisanat et des affaires sociales,
*le collge des architectes,
*la chambre de l'Artisanat,
*l'inspection des Monuments historiques,
*la dlgation du ministre des Habous et des Affaires Islamiques,
*le Laboratoire public d'essais et d'tudes.
Nature des formations
*niveau qualification, avec comme spcialits : zellij, pltre, menuiserie, zowak, ferronnerie,
marbrerie, et sculpture,
*niveau technicien, avec comme spcialits : rhabilitation, architecture, Cao, Dao, soufflage de
verre, photogrammtrie, peinture dcorative, calligraphie arabe et maquettisme.
Par ailleurs, une formation continue est assure l'Institut sous la forme de sminaires,
confrences et stages
L'Atelier du patrimoine
Fond en 1984 l'Ecole Nationale d'Architecture, l'Atelier du patrimoine propose une
spcialisation dans les domaines de la rhabilitation, de la restauration et du dveloppement des
centres historiques. Chaque anne, quinze tudiants suivent ses sminaires consacrs aux
structures architecturales, aux mutations urbaines, la rhabilitation et ses liens avec
l'informatique.
L'Atelier du patrimoine organise stages, confrences et expositions et a encadr plus de trente
recherches portant sur son champ d'tude. Il a obtenu le 1er prix de participation au congrs de
l'Organisation des capitales et villes islamiques.
132
Chapitre IV :
133
Chapitre IV :
Pour lexcution de ces accords une convention est convenue entre ltat la Commune Urbaine
Fs-Mdina et la Commune Urbaine Mchouar Fs-Jdid dune part et Ader-Fs dautre part par
laquelle les trois parties confient Ader-Fs lexcution et le pilotage des projets raliser.
134
Chapitre IV :
REFERENCES :
1
Vieilles maisons patriciennes investies par les migrants et partages entre plusieurs familles.
MIOSSEC J.M, 1988 : Lvolution des quartiers centraux de Tunis, in : Elments sur les
centres villes dans le monde arabe , Edition; Urbama -CNRS, Tunis, P : 55.
Ecole nationale des ingnieurs de Tunis, cre en 1975, dispense un cours optionnel en
Le statut des urbanistes de lEtat parait en 1979 ; lassociation tunisienne des urbanistes est
autorise en 1981.
7
Voir ce sujet les dbuts de lassociation internationale des urbanistes (ISO Carp).
TSIOMIS Y, 1994, Des savoirs sur la ville pour les projets urbain IN. Le courrier du CNRS
La ville n81, Paris, PP : 75.
10
11
12
135
Chapitre V :
C
CH
HA
APPIIT
TR
RE
EV
V::
LA RGNRATION URBAINE TRAVERS LEXPRIENCE
ALGERIENNE ;
135
Chapitre V :
Chapitre V :
V.1.
INTRODUCTION :
Habille tout de blanc et enserrant la mer, cest avec cette image que se prsente de loin la
Casbah dAlger .Cette Casbah qui, sicle aprs sicle, trne toujours l-haut, comme si elle
voulait affirmer la suprmatie de cette ville. Cest une forteresse dans la ville dAlger.
Daprs les historiens, la construction de la Casbah a t commence avec larrive des turcs,
et sacheva en 1596.
Parmi Les 721 biens que le Comit du patrimoine mondial a inscrits sur la Liste du patrimoine
mondial (554 biens culturels, 144 biens naturels, et 23 biens mixtes, situs dans 124 Etats
parties). Six sites Algrien sont inscrits.
La Casbah d'Alger a t inscrite sur la Liste du patrimoine mondial la 16e session du
Comit, en dcembre 1992. Cette dcision de l'UNESCO tmoigne du rle que cette ville a
jou et de l'essor qu'elle a connu tout au long des sicles passs Est communment appele
"Casbah" la zone comprenant la Casbah proprement dite (forteresse) et toute la vieille ville
d'el- Djazar situe entre ce fort et le bord de mer.
Sauvegarde, rhabilitation et mise en valeur du Centre historique, sont les concepts directeurs,
les termes en dbat, qui nourrissent actuellement le discours tenu l'endroit de la Casbah
d'Alger. Auparavant bien des oprations (actions de revalorisation, de rnovation) ont t
inities, mais elles ont si peu abouties. En attendant, l'tat gnral actuel impose l'image d'une
dgradation avance de ce site fondateur et identitaire de la capitale algrienne.
Le discours propos de la Casbah voque en mme temps les carences ou dficiences passes
et la ncessit de sauvegarde de la Mdina aux qualits indniables. Mmoire de la ville dont
elle est le noyau, la Casbah est un patrimoine culturel, d'architecture, d'histoire, d'identit et
de symboles forts. La marginalisation que subissent autant son site que sa population,
l'origine d'une dgradation pourtant souvent dnonce, requiert la mobilisation de tous les
acteurs institutionnels et de la socit civile. Autrement, sans l'action continue de sauvegarde
et de mise en valeur en vue d'une intgration la ville contemporaine, la Mdina continuera le
parcours de son vanescence.
A propos de la Casbah, la littrature existante rvle que de bien nombreuses tudes ont t
menes depuis que le premier intrt a t manifest par les dcideurs politiques au cours des
annes 1970. L'intrt de celles-ci est d'exposer la fois la ncessit de la sauvegarde, mais
137
Chapitre V :
surtout les difficults de toutes sortes quant la problmatique du centre historique comme
cadre bti aux formes juridiques complexes des proprits, et comme contenu social
changeant chaque grand vnement. Aussi, plusieurs grandes questions se conjuguent pour
constituer de vritables handicaps qui sont lorigine du peu de rsultats de laction de
sauvegarde mene depuis une trentaine dannes.
En effet, au vu des rsultats, apparaissent trois remarques : la premire est la volont politique
ambigu quand elle est manifeste vis vis de la Mdina et cela malgr les apports en moyens
financiers et la mise en place de structures d'tudes. La deuxime concerne les anciens
habitants de la Mdina. Ces hritiers, loin de leur Casbah, partis vers les quartiers europens,
ne se sentent concerns qu' travers le rappel de souvenirs composant lAlger dantan.
Enfin, la dgradation du site uvre du temps, des hommes et des sismes (1980, 1989, 2003),
est chaque anne aggrave.
Selon les acteurs concerns et impliqus dans la problmatique de sauvegarde et de
rhabilitation de la Casbah, il ressort que l'exprience de trente annes est marque autant par
des priodes de fermes intentions de lancement de programmes que par celles de remise en
cause ou de blocages. Dans la prservation du patrimoine, "l'Algrie montre, pour sa modeste
exprience, tantt des avances notables, tantt des reculs vertigineux et surprenants"
(OUAGUENI, 2002)1. Autrement dit, une exprience parseme d'espoirs, d'checs de plans
inaboutis et d'actions bloques. Aussi, ces constats d'incapacit aller au-del de l'intention,
c'est--dire de dpasser le stade des tudes et des dbats, dont la Casbah est devenue l'objet,
mnent vers plusieurs interrogations :
* L'absence de volont politique exprime-t-elle un manque d'intrt pour la Casbah ?
Par exemple, celle-ci aurait pu tre inscrite, comme espace urbain spcifique, dans les trs
importants programmes de dveloppement urbain dont bnficie la capitale depuis les
quarante dernires annes.
* Cet tat de fait renvoie-t-il la carence dune politique urbaine claire ? Sinon
quelles explications donner l'attitude ambigu que les dcideurs politiques affichaient envers
le centre historique ?
Le bilan quant laction gnrale de sauvegarde est que le rle des dcideurs institutionnels a
souvent t celui de laisser faire. Aussi devient-il important de tenter l'analyse des raisons
relles de ces rcurrentes inadquations entre, dune part, lintention de sauvegarde de la
Casbah, exprime par les autorits de lEtat travers la mise en place de structures dtudes
et, d'autre part, les tribulations de carrires de ces structures. Cycliquement, les acteurs
(organismes d'tudes), pourtant souvent mdiatiss et dun certain renom car relevant de
138
Chapitre V :
lEtat, ont subi divers types de perturbations au point de les faire dvier de leurs missions
premires. Avant d'analyser la place et le rle des acteurs, il convient de prsenter quelques
repres de l'histoire de la Casbah.
Photo 3 : La Basse Casbah
De nos jours, la Casbah se dfinit par un ensemble de btisses qui menacent ruine, puis
comme espace marginalis au double plan de son contenu social et des fonctions conomiques
verses dans linformel. Alors qu lpoque prcoloniale Alger tait une ville qualifie des
plus propres et des plus sres , elle est, de nos jours, dans un tat de salet et de pollution
dcri par tous.
Le bref rappel historique de la Casbah a pour but d'voquer sa place de capitale du pays
auquel elle a donn son nom. Dcrite comme ville de grande renomme qui eut sa priode
139
Chapitre V :
Chapitre V :
clbrations de saints ). Cest aussi lespace dun "exotisme oriental" si proche de la ville
moderne que dfinissent les immeubles de rapports et un urbanisme de luxe et de signes.
Pour les autochtones : la Mdina, noyau mre, est dabord lespace didentit et de
mmoire de la ville. Enserre dans sa surface de plus en plus rduite et insuffisante, elle abrite
des populations que caractrisent la pauvret et la prcarit des statuts. Ces dsquilibres de
leur tat taient compenss par une richesse de relations de voisinage aux fonctions sres de
solidarit et par une forte cohsion sociale. Cest pourquoi pour le citoyen de la Casbah, la
"houma" est cet espace intime, quasi familial, cest aussi un espace refuge qui vous protge
du monstre (BERQUE, 1970) 2.
Fidles aux attitudes de ngation du dbut de la colonisation, les diles dAlger nont jamais
manifest un quelconque intrt quant sa sauvegarde de la Casbah. Ce n'est qu' la fin qu'un
projet de classement du patrimoine a vu le jour (1959), en vue de l'inscription de certains
palais et difices.
B. L'indpendance et la dsertion de la Casbah :
A lindpendance, aprs une dramatique rupture avec l'ancien ordre, les Algrois hritent
dune ville moderne, mais sans un mode demploi. Lappropriation de cette oeuvre urbaine va
provoquer un immense mouvement des populations au sein de la ville. Ce mouvement se
faisant dans le sens de la priphrie vers les quartiers du centre. Brivement les habitants de
tous les quartiers musulmans, surpeupls et sous-quips, vont se ruer vers les quartiers
europens, ars, trs quips, de grande qualit des logements et de meilleur urbanisme.
Cest ainsi que les habitants de la Casbah vont dserter leurs quartiers, eux-mmes pris
dassaut par les arrivants des bidonvilles et du monde rural. Une fois installs dans leurs
nouveaux quartiers, les anciens de la Casbah ne reviendront vers leurs maisons et quartiers
dorigine que pour voquer, avec nostalgie, la belle poque de leur enfance et l'paisseur
des relations sociales si riches du voisinage. Toutefois, ils sen rclament pour mieux valoriser
et lgitimer une plus ancienne citadinit. Mais ils ne retourneront plus vers la Casbah quils
ont dserte (ICHEBOUDENE, 1999) 3.
On comprend alors que la question de sauvegarde de la Casbah nait pas fait lobjet de
quelque action immdiatement aprs lindpendance. Par ailleurs, au niveau de lEtat, la
question du patrimoine ntait pas inscrite aux cts de priorits nationales comme la remise
en marche de lconomie nationale daprs guerre et la mise en place dinstitutions de lEtat.
De fait, ce nest qu partir des annes 1970 que les problmes du patrimoine et de la
sauvegarde des centres historiques (problmes de dgradation et de populations) suscitent
lintrt des dcideurs politiques.
141
Chapitre V :
De nos jours le centre historique d'Alger suscite les proccupations des pouvoirs publics au
moins pour deux raisons. D'une part, la Casbah, unit urbaine aux conditions spatiales si
prcaires, demeure marginalise comme au temps de l'ordre urbain prcdent. D'autre part,
comme contenu social, les populations n'ont pas t intgres aux bnfices des divers
programmes d'amlioration des conditions conomiques raliss dans les autres parties
modernes de la ville.
Il est important de rappeler que la Casbah, site exceptionnel, est le tmoin d'une civilisation,
d'un mode de vie, c'est la mmoire d'Alger forte charge symbolique. Mais la Casbah souffre
de problmes issus d'une triple marginalisation. Physique, elle se matrialise par la destruction
formelle et structurelle du tissu originel. Economique, son conomie connat un glissement,
puis une polarisation, vers les activits informelles et inadaptes au site. Celles-ci ont
contribu la disparition des activits gnratrices d'animation comme le commerce,
l'artisanat, qui conforte la Casbah dans un caractre de transit. Sociale, elle est due la sous
intgration, la pauprisation, et la concentration dmographique. L'ensemble de ces
facteurs dgrade les conditions de vie. La trs faible offre de travail local a conduit au
dveloppement d'une conomie informelle et aux nuisances graves.
Voici quelques indicateurs actuels de la Casbah :
Si la Mdina composant la haute et la basse ville avait t rduite, par l'ordre colonial, 36
hectares, depuis l'indpendance, elle a retrouv son territoire de 70 hectares, qui englobe le
quartier de "la Citadelle" en haut et ceux de la Marine et du Port au bas de la ville. Dans les
annes 1980, elle compte 1700 btisses, dont 1200 de type vernaculaire et 500 de type
colonial (immeubles). Pour les raisons d'effondrements des vieilles btisses et de dmolitions
programmes dans le cadre de plans de restructuration, la ddensification de la Mdina se
poursuit. Au cours des dcennies 1980 et 1990, sa population passe de 70 000 moins de 40
000 habitants selon le recensement de 1998. La mme anne, il a t recens 7895 logements
dont 649 inoccups. La densit tait de 864 habitants/ha dans la haute ville et de 1047
habitants/ha dans la basse ville. Actuellement la Casbah compte moins de 35 000 habitants.
V.3.
Pour lexprience algroise, nous distinguons les trois types dacteurs suivants :
1.
Les acteurs institutionnels (les dcideurs) sont les institutions de lEtat, comme la
Prsidence, les ministres concerns, la Wilaya, lAssemble Populaire Communale
(Mairie) et, plus rcemment, la Wilaya dlgue. Avec la tutelle administrative, ces
142
Chapitre V :
acteurs exercent un pouvoir souverain autant sur la politique de sauvegarde que sur le
sort des autres acteurs impliqus dans ltablissement des tudes.
2.
Les organismes dtudes sont les acteurs en charge des tudes de sauvegarde et de
rhabilitation de la Casbah. Ce sont le COMEDOR, lAtelier Casbah et lOFIRAC. Il
sagit de structures tatiques organises en bureaux dtudes charges la fois de
llaboration de plans et parfois des tudes et suivis doprations sur le terrain, telles que
la restauration, les dmolitions et le relogement des familles sinistres ou sans abri.
3.
les acteurs de la socit civile sont apparus avec louverture politique des annes 1990.
Il sagit dassociations civiles dont le but unique est de militer pour la sauvegarde de la
Casbah comme uvre urbaine historique et espace de vie.
LAtelier Casbah
V.3.2. Le COMEDOR :
Cr l'aube des annes 1970, sous la tutelle de la Prsidence de la Rpublique, le
COMEDOR est le premier organisme charg de produire les tudes damnagement et
durbanisation ncessaires au dveloppement de la capitale. Lanne 1975 est celle de la
publication et de l'approbation du Plan dorientation gnrale (P.O.G) pour le dveloppement
de lagglomration algroise lhorizon 2000. Outre le dveloppement futur de la capitale, le
P.O.G prsente un plan de rnovation et de restructuration de la Casbah dAlger. Ce travail
s'achvera par l'organisation d'un sminaire sur le thme de "la rnovation des quartiers
historiques au Maghreb". Ce plan prconise deux actions : 1) la sauvegarde systmatique de
143
Chapitre V :
toutes les constructions anciennes et llimination successive des btiments nayant aucun
caractre historique . 2) l'inscription de la sauvegarde et de la mise en valeur de l'ensemble
de la mdina dans la problmatique du dveloppement et de l'amnagement d'Alger.
Ds sa publication le plan suscite une double raction des dcideurs. La vision dveloppe par
le Plan dorientation gnral propos de la Casbah na pas eu lagrment de lensemble des
dcideurs concerns par lavenir de la capitale (ZADEM, 2002) 4. Deux attitudes saffrontent
travers une dialectique prement soutenue o la Casbah est qualifie la fois comme espace
problmes pour les uns et comme uvre patrimoniale importante pour les autres.
Dun ct elle est prsente comme un espace gnant, insalubre, dangereux pour ses
habitants. Elle est perue comme une plaie dans la capitale et parfois comme une intressante
rserve foncire.
Dun autre ct, les tenants de la sauvegarde et de la mise en valeur, ceux plus conscients de
luvre urbaine et de son importance dans lhistoire dAlger, vont militer pour la sauvegarde
et la mise en valeur du site historique. Ces derniers, grce la caution de lUNESCO, vont
conforter les dispositions du P.O.G.
Mais dj l'inadquation s'observe entre les ncessits d'actions et la mise en place dun outil
de planification urbaine, de production dun plan de rnovation de la Casbah et les attitudes
d'hsitations, voire de blocage des actions, aprs des annes d'investissement en tudes et
production de plans.
Pour rappel, cet acteur institutionnel de premire importance verra son P.O.G publi et
approuv en 1975 et remis en cause en 1979. La mme anne, le COMEDOR passe sous la
tutelle du ministre charg de lhabitat pour seffriter et disparatre. De telles dcisions
institutionnelles ont priv le centre historique des tudes ralises et d'une capitalisation
possible. Quant aux rsultats
V.3.3. LAtelier Casbah :
Au dpart, lAtelier Casbah est un instrument dintervention charg de la restauration du
complexe monumental quest le Palais du Dey, la Citadelle dAlger. Assez rapidement
lAtelier a pour mission ltude dactualisation et de dveloppement du projet
dAmnagement de la Casbah ; il doit mener en collaboration avec la Wilaya et la commune
quelques actions dites interventions durgences . Il sagit souvent dactions de
consolidation et de confortement des btisses menaces, mais aussi de lvacuation des
familles sinistres vers les lieux de transit.
144
Chapitre V :
Ces oprations seront rapidement dvies de leur objectif immdiat quest le relogement.
Dautres familles, non concernes, vont prtendre et accder au relogement dans les cits
nouvelles situes dans la priphrie de la capitale (Bab Ezzouar, Ain Naadja, Dely Brahim
etc) et dans les villes voisines (Kolah, Tidjelabine, etc.). Une telle action, peu matrise dans
les pratiques, va dvier la mission des acteurs institutionnels. La Casbah devient plus un sujet
de relogement quune question de sauvegarde.
En 1982, le Plan damnagement et de revalorisation de la Casbah est approuv par la Wilaya
dAlger. Ralis en collaboration avec lUNESCO, ce plan se propose comme le document de
rfrence pour tous les projets ultrieurs. Il prsente la Casbah comme un patrimoine
architectural dont la prise en charge ncessite une approche particulire et spcifique. Ce
plan a permis de dfinir les grands axes dintervention ainsi que les actions prioritaires. A
partir de 1985, l'Atelier change de sigle et devient l'OFIRAC.
Photo 4 : maison restaure
145
Chapitre V :
146
Chapitre V :
V.3.4.
L'OFIRAC :
Le Grand projet urbain (GPU) : outre ses contenus pour lensemble de lagglomration
algroise, le gouvernorat inscrit des oprations de grands projets pour la Casbah. ont dcids
la prise en charge du ramnagement de la Casbah, les grands travaux sur les monuments
classs et le projet carrefour du millnaire.
147
Chapitre V :
A son tour et de fait, le Gouvernorat du grand Alger (GGA) devient linterlocuteur unique
pour toute opration sur la Casbah dAlger. Ce monopole va durer jusqu la fin de mandat du
GGA en 2000, linstitution tant alors dclare inconstitutionnelle.
V.3.5. Les acteurs de la socit civile :
Rappelons que lexplosion populaire doctobre 1988 a provoqu un sisme
sociologique dont les ondes de choc ont t ressenties par tout le pays. Outre les
revendications politiques, figuraient celles dites culturelle et identitaire. Soudainement des
milliers dassociations voient le jour. A la Casbah dAlger natront de nombreuses
associations parmi lesquelles trois principales ont pour objet la sauvegarde et la rhabilitation
du site historique.
Ces associations, grce au dynamisme et aux rseaux mobilisateurs des personnalits qui les
prsident, vont simposer comme les acteurs incontournables de la socit civile. Ces
associations dont les membres militent pour la sauvegarde de la Casbah sont : les Amis
dAlger, Sauvons la Casbah, la Fondation Casbah et lAPIC (Association des Propritaires
des Immeubles de la Casbah).
Les bilans de ces associations font preuve de nombreuses activits qui visent les secteurs
sociaux et culturels. Parmi ces activits, citons :
1. l'inscription puis le classement de la Casbah sur la liste du patrimoine national et
mondial (1992). Ce classement est une nouvelle protection du site, enfin mis labri
des interventions inconsidres.
2. le dveloppement des relations avec de nombreux pays et institutions en vue de
participer aux manifestations qui se droulent au niveau international.
3. la sensibilisation de la socit civile la question de lhistoire de la Casbah, de sa
sauvegarde et de sa promotion.
4. la participation aux activits d'tudes et aux dbats organiss par les acteurs
institutionnels propos de plans et d'orientations principales sur le devenir de la
Casbah.
Ce cadre privilgi de participation de la socit aux projets relatifs la Casbah rencontre des
difficults de deux ordres :
a)
le manque de moyens humains et financiers pour une plus grande participation aux
oprations de leurs missions principales.
148
Chapitre V :
b)
le danger de statu quo dont il faut les prserver. Il serait par exemple judicieux de
mettre en place une structure rassemblant les associations de la Casbah. Autrement dit,
ces associations, pour contribuer efficacement doivent fdrer leurs moyens et leurs
nergies, afin de constituer le poids dune totalit solidaire et peser ainsi sur les
dcisions et les actions de sauvegarde et de rhabilitation.
Pour lexprience algroise, linsuccs de la politique de sauvegarde suivie jusque l peut tre
expliqu par limpression dune multiplication des acteurs dans le mme temps et surtout par
leurs tribulations administratives, du fait des tutelles exerces et de linstabilit des
organismes oprationnels. En fait, ce sont souvent les mmes organismes qui subissent des
mutations , changent de nom ou de tutelle et parfois se retrouvent en situation
damenuisement des activits et des moyens pour enfin disparatre. De telles tribulations ont
conduit des tentatives de rhabilitations avortes (LESBET, 1992) 5.
Autrement dit, ces mmes acteurs, du fait de leur non permanence comme structures dtudes
et dintervention ou comme personnalit morale (sans relle assise juridique ni autonomie),
sont amenes ne pas atteindre les objectifs qui sont les leurs. Les rsultats dans ces cas
apparaissent comme bloqus ou handicaps, voire compromis par les effets des dcisions
prises par les tutelles. Ainsi, les actions de sauvegarde sont limites aux seules oprations de
restauration ddifices monumentaux et quelques rares btisses, prsentant un intrt
architectural ou historique. Les autres contenus de plans plus globaux, parfois approuvs, se
retrouvent objets de dbats.
V.4. LE PLAN PERMANENT DE SAUVEGARDE ET DE MISE EN VALEUR
(PPSMV) :
La brve prsentation des acteurs (organismes d'tudes) et de leurs vagues statuts, dont la
prcarit est avre par les soudaines dcisions de fin de mission et le non aboutissement des
plans, nous a permis de comprendre comment labsence dune politique clairement dfinie et
la non-implication des acteurs (organismes d'tudes de l'Etat) dans la permanence et la dure,
sont l'origine des rsultats peu probants quant la sauvegarde de la Casbah. Les constats de
carences, d'avanies et les situations daporie ont conduit la recherche de sortie de crise la
fin des annes 1990. Il s'agissait d'oprer une relle rupture avec les pratiques passes et de
mettre en place un outil de sauvegarde et de mise en valeur, dont la porte est dintgrer la
Casbah la ville moderne. C'est--dire, produire un Plan permanent de sauvegarde et de mise
en valeur qui soit global au site et constitue un cadre de protection.
149
Chapitre V :
s'agissant d'une ville vivante, elle ne peut pas tre confine au seul titre de dpositaire
150
Chapitre V :
colonial ;
et Mer Rouge.
Le PPSMV dans ses tudes et plans propose la cration de ples danimation devant
constituer les espaces dactivits et danimation. Ces ples constitueraient un trait dunion
entre le site et le reste de la ville. En offrant un maximum dattractions partir de
potentialits, btiments de valeur architecturale, monuments classs, palais et btisses
historiques, etc. Au nombre de 8, ces ples dfinis partir des espaces prcis du site,
constituent des zones daffectation des quipements ou de fonctions, qui seront les facteurs de
promotion et de valorisation de la Casbah.
1 Le quartier de la Marine, o sont actuellement situs la Chambre de Commerce dAlger,
le trsor public et le centre des chques postaux, est dsign comme zone dquipement
administratif et financier ;
2 Le quartier Lalahoum, prs de Bab El Oued, est prdestin comme zone de l'activit
tertiaire ;
3 La Place Ben Badis, entoure de nombreux monuments classs, palais et muses, aurait
pour vocation les activits culturelles et touristiques ;
4 LAmiraut, le port et les votes reliant la ville la mer, est le ple du tourisme, des arts
et du commerce,
151
Chapitre V :
152
Chapitre V :
Autrement dit, la politique de sauvegarde doit crdibiliser les plans par des actions concrtes
de protection et de mise en valeur. C'est seulement aprs que la Casbah retrouvera sa place de
centre historique comme uvre essentielle de la capitale.
153
Chapitre V :
REFERENCES :
1
BERQUE J, 1970, Le Maghreb entre deux guerres , Paris, Seuil, coll. Esprit, P : 53.
ICHEBOUDENE L, 1999, La question citadine ou la difficult dtre algrois , in :
Revue Rflexion, n.3, Alger, PP : 12-24.
154
Chapitre VI :
CHAPITRE VI:
LA RGNRATION URBAINE DE LA VIEILLE VILLE DE
CONSTANTINE
154
Chapitre VI :
INTRODUCTION :
Souika est un site prserv et class patrimoine national. Elle est donc place sous une
protection juridique qui rglemente toute initiative touchant au bti. Chaque pierre porte la
marque de l'Histoire et constitue une prcieuse parcelle de la mmoire de Constantine, cit des
Arts et des Lettres. Chaque coin de rue tmoigne d'un artisanat riche et unique en Algrie.
Chaque maison, aussi abme soit-elle est un des joyaux de cette ville historique
La ville de Constantine occupe un site naturel privilgi, au centre de lest algrien, elle est
considre parmi les prcurseurs des villes, eu gard son histoire civilisationnelle.
Lhomme la habit depuis les poques prhistoriques comme en tmoigne la grotte de lours et
du Mouflon. Elle avait des relations historiques avec les phniciens puis les grecs et les romains
et toute les contres de la mditerrane. Elle fut la capitale du royaume numide, unifi
politiquement et culturellement.
Sur
le
plan
gomorphologique,
l'volution
de
son
site
est
assez
extraordinaire.
Au quaternaire le Rocher de Constantine n'tait pas dtach de celui de Sidi M'Cid, et cet
endroit les eaux d'un torrent coulaient vers le Sud ( l'inverse du cours actuel).
Plus tard le Rhumel, qui jusqu'alors passait l'Ouest du Rocher, vint buter sur la falaise. Les
eaux creusrent une galerie souterraine, et trouvrent une issue vers le Nord. Les votes
s'croulrent donnant peu peu l'aspect actuel. Le canyon fait 1800m de long, profond de 135m
son dbut, il atteint prs de 200m Sidi M'Cid.
La ville historique s'tendait sur un plateau rocheux 649 mtres d'altitude. Elle est coupe des
rgions qui l'entourent par des gorges profondes o coule l'oued Rhumel, de tous cts sauf
l'ouest. Le choix de cet emplacement est avant tout une stratgie de dfense.
La gographie de la ville elle-mme est unique. Sa situation a ncessit la construction de
nombreux
ponts
pour
pouvoir
franchir
les
territoires
qui
lui
sont
attenants.
Parmi les ponts les plus importants, on peu citer le pont suspendu de Sidi M'Cid 175 mtres audessus du Rhumel, le pont d'El-Kantara ouvrant la route vers le nord, et le pont de Sidi Rached
long de 447 mtres et reposant sur 27 arches dont une de 70 mtres.
Aujourdhui, la vieille ville de Constantine est un site classe en tant que patrimoine
national, aprs avoir connu des pripties nombreuses en matire de politiques urbaines non
cohrentes et contradictoires, allant de la conservation extrme, la destruction volontaire de ses
btisses pour lenjeu que prsente son assiette foncire. (PAGAND, 1996) 1
155
Chapitre VI :
La ville de Constantine, dispose indniablement dune valeur ajoute, lie ses paysages
amnags et construits, produits de l'histoire, expressions d'une socit et d'une culture, tout
autant que les paysages de nature qui ont assur, pour une grande part, le succs initial de lattrait
de cette ville.
Son paysage attractif, rythm par l'existence du ravin et des gorges du Rhummel, et d'un relief
particulier, montagne, collines, et verdures apportant fracheur, contrastes et diversit paysagre.
La ville historique de Constantine qui est devenue et continue tre le centre de la ville toute
entire, est caractrise par sa densit et son excentrisme, riche par son patrimoine historique,
archologique, architectural et culturel la fois, situe sur un site exceptionnel, prsentant un
paysage unique, compose de tous les lments de la structure urbaine dune mdina particulire
qui a connu une interfrence avec larchitecture de la colonisation.
Lensemble de ses atouts na pas plaid en faveur de sa prservation.
2.
HISTORIQUE :
Le site dfensif du rocher en forme d'acropole, encouragea les anciens s'y installer
comme en tmoigne le grand nombre d'inscriptions mises jour. Ce sont ces diffrentes
populations qui, de tout temps, lui ont chang les caractristiques du visage architectural. Les
historiens nous disent que l'embryon du site a t form par les hommes du nolithique, sortis
des cavernes pour vivre dans un village. Durant son pass, ce site fut soumis aux Libyens, aux
Phniciens, aux Romains, aux Vandales, aux Byzantins, aux Arabes musulmans, aux Ottomans
et enfin aux Franais.
Fondation de Constantine :
Constantine fut difie environ 3000 ans avant J.C, les numides taient les vritables habitants.
Comme tmoin, il reste encore les Grottes des Ourse et du Mouflon dont la majorit du mobilier
archologique se trouve actuellement au Cirta
La gographie de la ville elle-mme est unique. Sa situation a ncessit la construction de
nombreux ponts.
A la fin du XIXe sicle, Guy de Maupassant dcrit : "Huit ponts jadis traversaient ce prcipice.
Six de ces ponts sont en ruines aujourd'hui."
156
Chapitre VI :
Quand les Franais sont entrs Constantine en 1837, aprs avoir t repousss une premire
fois, ils ont dcouvert une ville perche sur un rocher isol par les gorges du Rhummel, et un
paysage urbain qui porte la marque des principes fondamentaux de l'urbanisme arabo-musulman.
En effet, l'organisation socio spatiale est fonde sur la hirarchisation des espaces, la sparation
des fonctions rsidentielle et conomique, le regroupement des artisans par corps de mtiers 2, la
localisation judicieuse des quipements religieux, sociaux, scolaires ainsi que l'emplacement
prcis des organes du pouvoir (palais du Bey et annexes, casernes...).
Ceci confre la ville une structure spcifique qui reflte l'adquation entre les diffrents
composants urbains (bti, voirie, quipements...) le tout parfaitement adapt la nature du site.
Drouts la fois par la topographie particulirement difficile et la compacit du tissu urbain, les
premiers diles ont hsit quant au sort rserver cette ville : fallait-il la laisser intacte et la
placer sous l'autorit d'un Hakem ?
Le site minemment stratgique a dict l'autre choix, celui d'une occupation. Celle-ci ne fut pas
aise et prit deux formes :
Occupation cantonne la partie haute du Rocher qui a abouti au partage de la ville en deux
entits et caus la perte de nombreux difices religieux et habitations.
Occupation plus diffuse et un "grignotage" du territoire rserv aux autochtones, lors de la
perce des grandes artres avec pour rsultat des faades coloniales masquant le tissu ancien.
Les interventions sur l'espace se sont accompagnes de la mise en place d'institutions nouvelles
supplantant l'organisation originelle par la transposition d'un nouveau systme d'administration
au service des occupants.
Conformment l'ordonnance du 9 Juin 1844, les travaux portent sur la partie haute, pargnant
le quartier indigne qui conserve sa physionomie et des avantages certains : en effet le passage
de Bab el Oued vers Bab el Kantara se fait sur son territoire. Les autorits coloniales ont senti la
ncessit de relier ces deux points stratgiques et dcident alors le percement de la rue Nationale
qui garde jusqu' ce jour l'appellation : Triq jdida.
Pour tracer cette rue, il a fallu dmolir et dgager des pans entiers des vieilles constructions et
toute la faade de la plus ancienne mosque de la ville (al-jamaa al-kabir) qui remonte au l3me
sicle; puis s'infiltrer d'une faon plus insidieuse l'intrieur de la ville indigne, en rectifiant ou
157
Chapitre VI :
alignant les ruelles existantes et repousser au maximum le tissu ancien qui se contracte comme
une peau de chagrin. (ADNANE :2006)3
Plus que la ligne de partage de 1844, c'est la rue Nationale qui dfigure le vieux Constantine, et
accentue son aspect hybride. Le rsultat de l'ensemble de ces oprations est l'apparition d'un
nouveau
paysage
urbain
caractris
par
la
dualit
tous
les
niveaux.
A la gomtrie de la ville haute avec des rues, se coupant en angle droit, un tissu ar par des
places et placettes, des faades alignes, s'oppose la compacit de la ville basse desservie par un
rseau de voies qui s'largissent, se rtrcissent ou s'inflchissent souhait pour se terminer
parfois en impasses ou passages vots.
Le trac de ces voies troites et sinueuses reflte la fois l'adaptation une topographie
accidente, la nature semi-aride du climat par la cration de zones d'ombre source de fracheur,
mais aussi et surtout par le souci de favoriser les rencontres, et les contacts; " l'chelle humaine
est partout prsente.
Le cheminement obit au principe de la sparation des espaces public et priv voire familial,
pour dgager une vritable hirarchie du rseau. Celui-ci part de la rue principale vocation
commerciale emprunte par tous (et donc par l'tranger) et aboutit l'impasse fonction
exclusivement rsidentielle ferme aux regards externes. Entre l'une et l'autre, une srie de voies
plus ou moins animes assurent la liaison entre les axes principaux, leur statut est semi-public.
Ce schma se retrouve dans les secteurs pargns par l'implantation coloniale et perdure d'une
faon quasi intacte dans Sidi Rached, et autour de la rue Perrgaux (Slimane Mellah).
La dualit se retrouve au niveau du bti. D'un ct, la maison traditionnelle dont le principe de la
"horma" oriente la configuration et rend l'espace domestique inviolable. Sobrit et discrtion
caractrisent la construction : point d'talage de faste jusqu'aux maisons les plus riches. Ceci se
rpercute sur la faade aux murs aveugles ou percs de fentres de petites dimensions. Des
saillies et encorbellements chevauchent la rue troite pour former des passages couverts et
renforcent l'irrgularit des faades. L'entre se fait par une pice en chicane "Sqiffa" qui forme
cran avec l'espace extrieur et dans laquelle s'opre le tri des visiteurs. L'lment principal de la
construction est "wast ed-dar" ou patio, cour intrieure ciel ouvert autour de laquelle
s'articulent les diffrents composants de la maison. Rgulateur de temprature, source d'clairage
et d'ensoleillement; c'est l'espace o se retrouvent tous les occupants, mais espace fminin avant
tout. La cohabitation dicte ses rgles que chacun est tenu de respecter. L'utilisation
d'quipements communs renforce la vie communautaire et les relations dpassent le stade du
158
Chapitre VI :
159
Chapitre VI :
VI.1. SOUIKA
VI.1.1.
PRESENTATION :
Souika, diminutif de souk donc petit march est la survivance de Constantine l'poque
ottomane. Ce quartier se situe principalement dans un triangle ferm, l'est les gorges du
Rhumel, au sud-ouest par le prolongement du pont de Sidi Rached et au nord par l'ancienne rue
Nationale. Il a gard son caractre authentique. Bien sr il est inaccessible aux voitures et reste
un lieu trs vivant o l'on trouve de nombreux petits commerces.
SOUIKA : c'est une artre ou une "rue Nationale" de la vieille ville de Constantine qui divise
cette partie infrieure du Rocher en deux parties. Elle dbouche galement sur tous les quartiers
de la mdina, tous les chemins de la vieille ville mnent la Souika.
La Souika, rue MELLAH SLIMANE (ex rue Perrgaux), commence ct Sud-Oouest de la
vieille ville prs du pont Sidi Rached, o se trouve l'avenue ZABAANE (ex Ren Viviani), et
remonte jusqu' l'ancienne bordure, dite "le mur" (ex LE ROCHER) qui se trouve du ct de la
rue Thiers, qui relie le pont EL KANTARA avec le pont SIDI M'SID (ct Nord-Est de la vieille
ville de Constantine). Cette artre se termine donc au bord du Rhumel ct Nord-Est de
Constantine. L'habitat garde les caractristiques des maisons traditionnelles construites autour
d'une cour intrieure.
Toutefois, voil que ces lieux ne sont plus les mmes Ils changent au gr du temps et subissent
les brutalits de l'action, souvent aveugle, des hommes. La vieille ville de Souika, ce centre de
vie essentiel l'identit constantinoise, n'chappe hlas pas ce terrible destin. Soumise dj,
tout comme le reste de Constantine, l'humeur imprvisible de son assiette gographique, elle
fait aujourd'hui face la cruaut des bulldozers qui, faisant fi des richesses patrimoniales qu'elle
recle, semble tre dtermine l'achever compltement. (HAFIANE :1989)5
Pourtant, Souika est bien plus qu'un simple morceau de ville. Elle regorge d'exemples vivants
d'une typologie architecturale et urbaine dont chacune des composantes tmoigne d'un pass
dynamique, et porte, en elle, les prmisses d'un futur qui pourrait tre tout aussi dynamique pour
autant qu'on veuille bien la protger et lui insuffler une brise de revitalisation. Elle est, en
d'autres termes, un trsor national qui dpasse largement ses limites immdiates et ce, mme si
dans le concert auquel elle participe, elle ne cesse de prsenter un visage rgional spcifique.
160
Chapitre VI :
Elle a la force de l'authenticit de ses ruelles, ses places, ses choppes, ses maisons et ses difices
qui viennent enrichir, chacun sa manire, le rpertoire de l'habitat traditionnel algrien en
entier.
Rester passif devant les mutilations qu'elle est en train de subir aujourd'hui, c'est refuser tout
simplement d'inscrire ce riche trsor dans notre prsent et d'intgrer ces deux moments
indissociables notre avenir. C'est accepter fatalement notre divorce d'avec l'histoire, cette
fracture terrible entre deux civilisations. C'est rduire, enfin, une abstraction ce qui est
essentiellement vivant dans ces lments qui faisaient tant le dynamisme de notre milieu de vie :
chaque coin de rue tmoigne de la prsence d'un artisanat riche et unique ; chaque btiment,
aussi abm soit-il, est un joyau prsentant des solutions esthtiques et constructives tmoins de
notre savoir-faire, de nos usages et nos pratiques...
Ceci dit, nous ne pouvons demeurer insensibles l'action des dmolisseurs, que la presse
algrienne rapporte grand renfort de dtails, sans nous adresser, au pralable, pour exprimer
nos plus vives inquitudes quant l'avenir de la Souika dont chaque pierre porte la marque de
l'histoire de la ville tout entire et constitue une prcieuse parcelle de sa mmoire collective, et
appuyer les efforts dploys conjointement par les services de votre municipalit et les autorits
algriennes en vue de sa protection et de sa mise en valeur. (COTE, 1996) 6
Faut-il rappeler ici que Souika est un site class patrimoine national depuis plus d'une dcennie.
Ce statut la place sous une protection juridique spcifique qui rglemente dsormais toute
intervention touchant son cadre bti. Toutefois, elle n'est pas l'abri de drives issues d'une
gestion mcaniste de ses lieux. Si sa survie dpend dsormais de choix et d'orientations
d'amnagement arrts sur le plan juridique, elle doit nanmoins tre inscrite dans le cadre de
programmes mis sur pied grce des mthodes rsultant moins du " senti " - qui procde des
sens - que du " compris ", qui procde de l'intelligence. Elle doit s'inscrire, en d'autres termes,
dans un courant de pense o les abstractions relationnelles et graphiques des schmas et plans
d'urbanisme doivent cder la place une vision positive et globalisante pour laquelle un site
class est une cration architecturale et urbaine, d'ordre collectif, insparable de la vie de ses
citoyens, comptant moins pour elle-mme que pour sa capacit dfinir des espaces viables,
scuritaires et dynamiques.
161
Chapitre VI :
162
Chapitre VI :
163
Chapitre VI :
VI.1.2.
164
Chapitre VI :
165
Chapitre VI :
2. LES TANNEURS
Dans le bas de la Souika, entre l'ancienne Medersa et le pont de Sidi Rached, subsistent quelques
cuves de tanneurs.
PHOTO 6 : Les lieux tels qui existe depuis bien longtemps
166
Chapitre VI :
Chapitre VI :
pouvoirs publics. Nous appelons tous nos lus, tous nos gouvernants, travailler dans la
concertation, afin de mieux grer cette cit tant convoite, et apprendre recrer des liens
sociaux bass sur le respect, et surtout sur la bonne application des lois de la rpublique, car nul
n'a le droit de porter atteinte un patrimoine historique, et encore moins une mmoire
collective. Nous appelons tous les citoyens se mobiliser pour que Constantine retrouve son
histoire, sa science et son savoir. (CTE ,1988) 9
Ce quartier est tout ce qu'il reste de la ville originelle d'avant la conqute franaise. Bien sr
toutes les constructions ne datent pas d'avant 1837, mais la structure du quartier a certainement
bien peu volue depuis lors. Les rues ne sont que des ruelles paves ou seuls les pitons
peuvent se dplacer. Ici pas question de faire passer une voiture. Malheureusement ce quartier a
subit l'assaut du temps et mrite des moyens financiers importants pour sa sauvegarde. Il semble
qu'en ce domaine les choses voluent dans le bon sens par le rcent classement au patrimoine
national, ce qui doit apporter des crdits permettant les premiers travaux.
VI.2.1. PHOTOS DE MAISONS DETRUITES OU EN RUINES
168
Chapitre VI :
169
Chapitre VI :
Source: Djamel Allal-2005Photo 12 : Certains habitants sont contraints de dormir sous des tentes de fortune.
170
Chapitre VI :
Source: Djamel Allal-20062me tranche : qui commence de la ZAKA la SADA passant par sidi Bouanaba, sidi
Abdelmoumane, Sabatt Kouachi et Houmet La3mamra.
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Chapitre VI :
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Chapitre VI :
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Chapitre VI :
174
Chapitre VI :
la troisime tranche
deuxime
175
tranche
Chapitre VI :
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Chapitre VI :
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Chapitre VI :
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Chapitre VI :
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Chapitre VI :
La tranche C (rue BENTCHICOU- ZELAKA) est rceptionne. Les tranches B (ZELAKAABDALLAH bey) et A (ABDALLAH bey- BAB-EL-DJABIA) affichent un taux d'avancement
des travaux hauteur de 70%.
Selon les responsables de cette opration, le travail de nuit, l'accs difficiles, le flux des passants
et les marchands ambulants, le dficit en main d'uvre qualifi, la vtust des rseaux
notamment, celui de l'assainissement ncessitant une dviation pour raliser un nouveau rseau
comprenant des regards pour le branchement avec le rseau principal, constituent les principales
difficults rencontres.
A cela s'ajoute la rupture de stocks de pavs pour laquelle il a fallu trouver des solutions de
rechange avec l'utilisation de dalles lgres en bton arm coul sur place ou de pierres d'oued, et
ce, malgr la rcupration de pavs (10% de la quantit exige par les travaux) au niveau du parc
de l'APC et de l'ex-bidonville de bardo.
Malgr ces impondrables, la rception des travaux de VRD est prvue pour le premier trimestre
2007 mais, l'opration pourra-t-elle avancer srieusement lorsqu'on sait pertinemment qu'une
grave incompatibilit d'humeur divise les rangs des responsables locaux et ceux du ministre de
la culture ? Non, bien sr. Tant que durerons ces dissensions, rien de bon ne peut s'accomplir
Constantine, cot culture s'entend.
Photo 22 : Travaux finis de la troisime tranche
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Chapitre VI :
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Chapitre VI :
Pour les travaux en cours de la souika le travail du pav termin, et pour le travail de
rhabilitation des faades des maisons de la Souika, le march a t attribu lentreprise de
monsieur BENMECHIREH. Le dlai des travaux est de 2 mois c'est la dire au 15 ou 20 mai
2007, s'il russi alors l les travaux continuent avec cette entreprise et les architectes
constantinois de la cellule et le bureau d'tude de la wilaya de Constantine.
187
Chapitre VI :
Source : Djamel Allal-2006La nouvelle entreprise a fait un bon travail du pav, on attend le rsultat de la rhabilitation des
maisons. La photo montre dj les travaux qui ont commenc. Il a un dlai de deux mois.
188
Chapitre VI :
189
Chapitre VI :
Nous ne le serons qu'au prix d'une prise en compte scrupuleuse de la ralit qui est multiforme et
complexe:
-
pas de spoliation des propritaires et s'interdire les exils, notamment des personnes ges
Nous sommes devant quelque chose de longue haleine qui ncessite notre vigilance et notre
lucidit. Nous devons tre aussi attentif ce que font ou pas les pouvoirs publics et les
particuliers de tous poils. (BUTH-LOVETTO, 1996) 13
Souika est un peu l'me de Constantine. Ces maisons et ces ruelles troites sont les vestiges de
l'poque qui a prcd la colonisation. Souika est un quartier unique qui, une fois restaur et
prserv, redonnerait Constantine toute sa grandeur et le rayonnement qui a t le sien dans le
pass. Prserver Souika, c'est prserver Constantine ; C'est prserver son avenir et celui d'une
jeunesse en qute de repres historiques.
Au-del de la sensibilit manifeste l'gard du patrimoine - traduisible en terme d'attention
effective accorde ce patrimoine, qu'il est d'ailleurs tout fait possible d'apprcier juste
valeur en considrant le point de vue et l'apport de chacun des acteurs impliqus diffrents
degrs directement ou indirectement dans la prservation et la mise en valeur du patrimoine, l'Algrie , par sa modeste exprience, a montr tantt des avances notables, notamment par
l'apparition et le confortement de plus en plus dterminant de la socit civile (Associations) sur
la scne, tantt par des reculs vertigineux et surprenants, telle la formation qui a assum un rle
protagoniste en mettant sur le terrain des architectes post-gradus dans le domaine du patrimoine
avant de s'teindre brusquement sans explication aucune.
Ainsi, il rsulte, en raison des rformes fondamentales actuellement en cours en Algrie et de
leurs effets invitables qui rendent le contexte parfois peu lisible, il n'est pas possible de tirer des
conclusions dfinitives sans le risque de se voir d'ici peu contredit positivement ou ngativement
par des changements de diffrentes natures.
190
Chapitre VI :
Pour l'instant, l'urgence rclame l'laboration des textes d'application de la loi relative au
patrimoine; la restructuration de l'organisation de la gestion du patrimoine; la recherche de
moyens pour liminer au plus vite les dysfonctionnements enregistrs dans les rapports aussi
bien entre les diffrentes secteurs de l'Etat, que de ces derniers avec les lus locaux et la socit
civile, dans le but d'viter d'ajouter la gamme dj importante des facteurs responsables de la
dtrioration du patrimoine, celle de la dsorganisation.
Par ailleurs, il est impratif de rouvrir la post-graduation dans les deux filires de l'" urbanisme "
et de la " Prservation et la mise en valeur des monuments et sites historiques "; et de poursuivre
l'exprience prcdente dans la formation de conservateurs-restaurateurs destins exercer sur
les sites ou dans les muses. (PICARD, 1995)14
Le moment est certainement venu d'entamer le traitement de la question relative la formation
dans le domaine de la rgnration urbaine patrimoine dans un cadre largi et de la vieille ville
de Constantine en particulier
191
Chapitre VI :
VI.4. CONCLUSION
Toutefois, voil que ces lieux ne sont plus les mmes Ils changent au gr du temps et subissent
les brutalits de l'action, souvent aveugle, des hommes. La vieille ville de Souika, ce centre de
vie essentiel l'identit constantinoise, n'chappe hlas pas ce terrible destin. Soumise dj,
tout comme le reste de Constantine, l'humeur imprvisible de son assiette gographique, elle
fait aujourd'hui face la cruaut des bulldozers qui, faisant fi des richesses patrimoniales qu'elle
recle, semble tre dtermine l'achever compltement.
Pourtant, Souika est bien plus qu'un simple morceau de ville. Elle regorge d'exemples vivants
d'une typologie architecturale et urbaine dont chacune des composantes tmoigne d'un pass
dynamique, et porte, en elle, les prmisses d'un futur qui pourrait tre tout aussi dynamique pour
autant qu'on veuille bien la protger et lui insuffler une brise de revitalisation. Elle est, en
d'autres termes, un trsor national qui dpasse largement ses limites immdiates et ce, mme si
dans le concert auquel elle participe, elle ne cesse de prsenter un visage rgional spcifique.
Elle a la force de l'authenticit de ses ruelles, ses places, ses choppes, ses maisons et ses difices
qui viennent enrichir, chacun sa manire, le rpertoire de l'habitat traditionnel algrien en
entier. (CTE, 2006)
15
Rester passif devant les mutilations qu'elle est en train de subir aujourd'hui, c'est refuser tout
simplement d'inscrire ce riche trsor dans notre prsent et d'intgrer ces deux moments
indissociables notre avenir. C'est accepter fatalement notre divorce d'avec l'histoire, cette
fracture terrible entre deux civilisations. C'est rduire, enfin, une abstraction ce qui est
essentiellement vivant dans ces lments qui faisaient tant le dynamisme de notre milieu de vie :
chaque coin de rue tmoigne de la prsence d'un artisanat riche et unique ; chaque btiment,
aussi abm soit-il, est un joyau prsentant des solutions esthtiques et constructives tmoins de
notre savoir-faire, de nos usages et nos pratiques...
Ceci dit, nous ne pouvons demeurer insensibles l'action des dmolisseurs, que la presse
algrienne rapporte grand renfort de dtails, sans nous adresser, au pralable, pour exprimer
nos plus vives inquitudes quant l'avenir de la Souika dont chaque pierre porte la marque de
l'histoire de la ville tout entire et constitue une prcieuse parcelle de sa mmoire collective, et
appuyer les efforts dploys conjointement par les services de votre municipalit et les autorits
algriennes en vue de sa protection et de sa mise en valeur. (PAGAND, 1988)16
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Chapitre VI :
Faut-il rappeler ici que Souika est un site class patrimoine national depuis plus d'une dcennie.
Ce statut la place sous une protection juridique spcifique qui rglemente dsormais toute
intervention touchant son cadre bti. Toutefois, elle n'est pas l'abri de drives issues d'une
gestion mcaniste de ses lieux. Si sa survie dpend dsormais de choix et d'orientations
d'amnagement arrts sur le plan juridique, elle doit nanmoins tre inscrite dans le cadre de
programmes mis sur pied grce des mthodes rsultant moins du " senti " - qui procde des
sens - que du " compris ", qui procde de l'intelligence. Elle doit s'inscrire, en d'autres termes,
dans un courant de pense o les abstractions relationnelles et graphiques des schmas et plans
d'urbanisme doivent cder la place une vision positive et globalisante pour laquelle un site
class est une cration architecturale et urbaine, d'ordre collectif, insparable de la vie de ses
citoyens, comptant moins pour elle-mme que pour sa capacit dfinir des espaces viables,
scuritaires et dynamiques.
De ce point de vue, les pouvoirs publics ont une immense uvre accomplir : assurer, d'une
part, la scurit des citoyens en les relogeant temporairement ailleurs dans la ville, et procder,
d'autre part, la sauvegarde immdiate de leur milieu de vie auquel ils sont viscralement
attachs et vers lequel ils souhaitent certainement revenir. Nous sommes conscients que le dfi
est norme et ncessite non seulement la conjugaison de toutes les forces vives de la ville, voire
mme de tout le pays, mais le concours de chacun d'entre nous aussi.
Beaucoup de choses ont t dites sur la vieille ville et des dizaines dtudes ont t publies sur
la manire dentreprendre sa rhabilitation. Mais, de lavis de nombreux observateurs avertis, et
parmi eux des responsables de la direction de la Culture, rien ou presque nest sorti de ces
esquisses de projets .
Pendant que des quartiers entiers de Souika et de Tatache seffondrent, bloc de maison aprs
lautre et que les ruines samoncellent, lon continue cogiter sur des modles qui ne paraissent
ralisables que sur le papier.
Les tonnes de documents qui samoncellent depuis plus vingt annes nont pas permis davancer
dun pas sur la voie dune rhabilitation qui continue de se chercher. Il y a bien quelques
esquisses de tentes dans une ou deux directions comme cest le cas actuellement des travaux de
VRD lancs hauteur de la Zaouia Tidjania (Souika) sous le contrle dune commission
technique, mais aprs plus dune anne de travaux, force est de reconnatre que lon assiste un
enlisement.
193
Chapitre VI :
De laveu mme des prposs cette opration (travailleurs et techniciens) ds le premier coup
de pioche lon sest trouvs face des difficults imprvisibles . Sous les premiers pavs
arrachs est apparu un enchevtrement de conduites deau et dvacuation des eaux uses trs
vieilles et pour certaines toujours fonctionnelles. Lon sest aperu du mme coup que les
spcialistes en agencement de pavs nexistent pas sur la place de Constantine ni dans dautres
villes environnantes comme Mila ou Skikda .
Pour le reste, nous dira le directeur de la Culture Constantine, il faudrait tout reprendre si lon
veut repartir sur des bases solides.
Ici, le phnomne des dominos joue plein, puisque ds quune maison seffondre, cest des
dizaines dautres btisses appuyes la premire qui sont branles et ne tardent pas menacer
ruine. Il existe donc bien un plan de sauvegarde de la vieille ville soutenu par un dcret
prsidentiel 03/ 322 du 15 octobre 2003 qui offre le cadre officiel ce plan qui compte deux
volets. Un volet rglementaire impliquant lAPW et les directions concernes, ainsi que les
personnes physiques ou morales, pouvant participer ce plan et un volet technique qui doit
choisir par voie de concours un bureau dtudes agr.
Pour plus de clart, essayons de prendre du recul et dagir dans le cadre des textes existants pour
relancer sur du solide la rhabilitation de la vieille ville qui demande limplication de toutes les
bonnes volonts.
194
Chapitre VI :
REFERENCES :
1
Avec la prise en compte de la nature des activits et des nuisances qu'elles gnrent
ADNANE M, 2006 : le prsident lors des assises sur larchitecture ,El- Nasr
(Constantine), p.03.
4
PAGAND, B, 1991 : Constantine et les grandes mdinas nord algriennes entre ruines et
projets in. Mechta Karim, Maghreb : architecture, urbanisme :
patrimoine, tradition et modernit, Publisud, Paris, pp : 7.
5
HAFIANE A, 1989 : le dfi lurbanisme, exemple de lhabitat illgal Constantine .
Alger, Ed OPU, 290 p
6
COTE M, 1996 : LAlgrie. Espace et socits , Masson / Armand Colin, Paris.pp :78.
7
JAMES S PLANT, 1999 : Hommage aux mains Paris, Flammarion, pp : 58.
8
KRIM N, 17 avril 2006 Cirta : mmoire et identit , lexpression (Constantine), p 03
9
CTE M ,1988 : LAlgrie ou lespace retourn . Paris, Flammarion,p : 362.
10
COTE M, 1996 : Paysages et Patrimoine. Guide dAlgrie, Media-Plus/Algrie, Maison de
la Culture, Constantine, pp :25.
11
OUAGUENI Y, 2002 : L'tat du patrimoine en Algrie, un constat mitig, in XIII
Assemble gnrale de l'ICOMOS, Madrid. P :53.
12
KERDOUD N, 2005 : Bengladesch ou Mdina ? Espaces urbains priphriques et
reprsentations : deux exemples Annaba et Guelma (Algrie) ,
Cybergeo, revue europenne de gographie, n 327.
13
BUTH-LOVETTO, S, 1996 : Le service des btiments civils en Algrie , in Revue du
Monde Musulman et de la Mditerrane, n.73-74, Edisud Aix-EnProvence,pp : 56.
14
PICARD, A, 1995 : Architecture et Urbanisme en Algrie. Dune rive lautre (18301962) , in Revue du Monde Musulman et de la Mditerrane, n.73-74,
Edisud Aix-En-Provence.p :55.
3
15
CTE M, 2006 : cit antique et vile nouvelle . Constantine, Ed Mdia Plus, p : 120.
16
195
Chapitre VII :
C
CH
HA
APPIIT
TR
RE
EV
VIIII::
LE PROCESSUS DE RGNRATION URBAINE POUR LA
SAUVEGARDE DE LA VIEILLE VILLE
195
Chapitre VII :
VII.1 INTRODUCTION :
Constantine se distingue par deux caractristiques spcifiques: la prsence de centre
historique et son site exceptionnel. Si l'on veut prserver ce caractre typique et hautement
apprci, il convient d'amorcer un processus de rgnration urbaine, en premier lieu l o des
processus rversibles sont en cours avec toutes les consquences conomiques, sociales,
culturelles, cologiques et physiques qu'ils entranent. Mais il est notoire que, pour dmarrer
un tel processus, une volont politique bien affiche est indispensable, ainsi que des
ressources financires importantes, qui dpassent souvent les capacits du secteur priv et
confirment la ncessit d'arrangements institutionnels novateurs.
Le processus de rgnration urbaine en Algrie, est toujours dans une phase initiale, trs en
retard par rapport ce qui se passe dans les pays de lEurope. Cependant, ce processus ne
perd pas d'importance et une initiative visant sa gnralisation s'avre indispensable.
L'objectif n'est pas de donner des instructions dtailles pour la mise en uvre du
processus de rgnration urbaine, ni de proposer une recette universelle et des outils
communment acceptables pour l'laboration et la mise en uvre des plans de rgnration
urbaine.
Les raisons en sont nombreuses :
Premirement; les contextes urbains et le dveloppement son diffrent dans une telle
mesure qu'il est pratiquement impossible de proposer une approche ou une mthode labore
dans le dtail.
Deuximement; une approche dtaille exigerait un document volumineux, ce qui
dpasse les objectifs du projet.
Troisimement; dans une phase initiale de la mise en uvre du processus de
rgnration urbaine Constantine, il est beaucoup plus important de sensibiliser une base
plus large de tous ceux qui pourraient soutenir ce processus qu'un cercle restreint de
techniciens. Ces derniers pourraient tre le groupe cible d'un projet semblable amorcer dans
un proche avenir.
196
Chapitre VII :
197
Chapitre VII :
198
Chapitre VII :
VII.3
LANCEMENT DU PROCESSUS
Lorsque les lments de base : les composants de lintervention et la stratgie sont mis
en place, il serait ncessaire de spcifier les actions ncessaires et les mesures.
Ceux-ci sexpriment comme la combinaison de mesures de rgulation, conomiques,
physiques
(projets
dinfrastructure,
actions
de
rnovation,
etc.)
et
galement
organisationnelles.
Organisation du cadre
Le besoin dexpertise
Dispositions institutionnelles
Base lgislative
VII.4
des politiques urbaines, tant nationales que locales. Toutefois, au plan oprationnel, la
rgnration urbaine ne peut faire l'abstraction d'un corpus de textes et de rgle juridique qui
doit tre adapt la richesse et la complexit du contexte gographique et du milieu. Il
s'ensuit la recherche de nouveaux quilibres, entre le local et le global. Selon les cas, il faudra
retenir la formule penser globalement et agir localement ou penser localement au sein de la
ville lgale et agir globalement, au niveau des zones urbanises existantes (EMELIANOFF,
1999)2. Dans la vieille ville de Constantine, par del des facteurs fondamentaux dus une
communaut de donnes naturelles et d'hritages culturels, la mise en uvre de la
rgnration urbaine reste tributaire de divers dterminants:
ce sont l'organisation politico administrative nationale, les moyens et les pouvoirs de
chacun des chelons;
ce sont les circuits dcisionnels;
ce sont les capacits trouver les compromis entre intrt gnral, assum par la
puissance publique et les intrts particuliers, ports par une volution globale vers
l'conomie de march.
199
Chapitre VII :
La rgnration urbaine, comme toute politique urbaine applique, se dcompose en une suite
d'tapes chronologiques dont il devient habituel d'effectuer des valuations en cours de route,
afin d'entreprendre les radaptations ncessaires, compte tenu de toutes les incertitudes,
court et plus long terme, qui psent sur l'volution des socits urbaines.
Plusieurs problmes peuvent attirer lattention sur le besoin dune rgnration urbaine:
1. Economiques: des investissements privs limits, le chmage, des conomies urbaines
dclinantes, une monoculture/conomie, un entreprenariat en dclin, etc.
2. Sociaux: une population dclinante et vieillissante, la pauvret, des services et des
infrastructures qui se dgradent, etc.
3. Spatiaux: zones dfavorises, zones rsidentielles forte densit, dveloppement
rsidentiel illgal, etc.
4. Environnementaux: disparition despaces libres, niveaux levs de bruit, dgradation
du paysage urbain, destruction des sites et monuments culturels, etc.
5. Institutionnels: cadre de gestion urbaine complexe et dpass, mise en uvre
insuffisante, responsabilits mal dfinies.
200
Chapitre VII :
VII.5
BUTS ET OBJECTIFS :
Chapitre VII :
des emplois, afin de soulager les forts taux de chmage des quartiers concerns, la priorit
devrait aller aux interventions sur les quartiers en ruine qui sont les rponses de fait la raret
ou au dtournement d'affectation des logements.
Si des objectifs de dveloppement durable, d'amlioration du cadre de vie, de prvention et de
protection contre les divers risques ne sont jamais ignors, il sont rarement prioritaires. Ils
viennent plutt en accompagnement et en complment des choix prcits, dans le cadre de
projets multidimensionnels, adapts aux modalits spcifiques de rgnration, propres aux
diffrents territoires. Mais un ncessaire pris en compte des rseaux d'approvisionnement en
eau et des rseaux d'assainissement doit faire partie intgrante de la plupart des projets.
Les objectifs pourraient aussi inclure:
1-
infrastructures;
2-
lidentification, lanalyse et la dfinition des besoins des entreprises pour des zones
urbaines;
3-
lartisanat;
4-
urbaine et la planification ;
5-
202
Chapitre VII :
203
Chapitre VII :
VII.6.1.
204
Chapitre VII :
Le tourisme urbain :
Entrent, eux aussi, dans les options pouvant jouer un rle certain dans le processus de
rgnration urbaine. L'essor de la recherche et du dveloppement est gnral; il demande, en
amont, des lieux de formation qui, aprs la mode des campus priphriques, recherchent des
localisations plus centrales. Utiles certes pour l'information des habitants. Des tablissements
de formation de niveau suprieur enrichissent les ressources humaines d'une ville en qute de
rgnration et la rendent potentiellement plus attractive pour les investisseurs extrieurs.
La logique de ces diffrentes options, souvent associes entre elle, est de transformer l'aspect,
le paysage, la fonctionnalit, l'image de la ville et son attractivit, devienne plus approprie.
(MASBOUNGI , 1999 )5
205
Chapitre VII :
206
Chapitre VII :
207
Chapitre VII :
208
Chapitre VII :
209
Chapitre VII :
associations
professionnelles
et
commerciales,
gouvernementales, etc.
210
des
organisations
non
Chapitre VII :
FINANCEMENT :
211
Chapitre VII :
fondamentale de tout le processus vu quelle exige une approche flexible qui nest pas
toujours du ressort des systmes dadministration publique oprant avec des rgles rigides.
A travers une exprience limite, on a constat que les principales sources de financement
manent du priv ou des autorits locales, mais il y a aussi des formes de cofinancement entre
les autorits locales et le gouvernement central, entre les autorits locales et les partenaires
privs galement.
Les organisations internationales et les fonds tels que la Banque Europenne
dInvestissement, l'EuroMed Hritage II, lUNESCO, le Conseil de lEurope, peuvent tre
sollicites.
Dans dautres cas, tel que Tunis et Split, le financement est principalement bas sur les
ressources publiques locales et nationales disponibles.
Bien quIstanbul soit la plus grande ville de la Turquie, elle est encore conomiquement
faible et a besoin dtre aide par les hautes autorits dans lexcution des activits de
rgnration ou dautres de mme nature. Cependant, lapport financier des autorits de lEtat
pour ce genre dactivits est virtuellement quivalent zro, ainsi lapport principal est laiss
la charge des initiatives prives, des rsidents et des professionnels impliqus dans ces
projets en particulier.
VII.10.3
CONTROLE ET EVALUATION :
Etant donn que les interventions de rgnration sont complexes et se font sur du
long terme, il est ncessaire de prvoir une flexibilit afin de faire face aux incertitudes et
problmes susceptibles de se poser. Comme composant essentiel de tout projet de
rgnration, il y a un systme de contrle et dvaluation. Les deux composants sont
extrmement lis et intgrs, procurant ainsi linformation pour les prises de dcision, au
service de deux fonctions particulires: un rapport sur ce qui existe et une estimation des
ralisations (succs et checs). Ils se dclinent comme suit:
1. il sagit de la description des conditions principales de la zone urbaine dans laquelle la
rgnration urbaine a lieu. Ces descriptions font rfrence aux caractristiques et
fonctions conomiques, sociales et environnementales, aux problmes, etc.
212
Chapitre VII :
GOUVERNANCE ET PARTICIPATION :
Dans la plupart des pays, la procdure de participation publique est reconnue comme
essentielle une mise en uvre russie de projets de rgnration urbaine, et elle est garantie
par la lgislation dans la prparation des plans travers une enqute publique. Les
communauts locales peuvent tre impliques tant au tout dbut quau cours du
dveloppement des projets, par une contribution aux mcanismes dinformation ou aux
enqutes publiques. Cependant, la procdure de participation publique nest pas toujours
applique et les citadins sont pour la plupart des rcepteurs passifs dune information, qui leur
fournit une perception errone du systme de planification territoriale comme un mcanisme
restrictif qui ne fait que poser des limites.
213
Chapitre VII :
VII.10.6
DURABILITE DU PROJET :
214
Chapitre VII :
REFERENCES :
1
Paris, P : 55.
5
CHALINE C, 1999: La rgnration urbaine, Que sais-je ? , Edition NDE, Paris, PP: 27.
215
CONCLUSION GNRALE :
Constantine se distingue par deux caractristiques spcifiques: la prsence de centre
historique et son site exceptionnel. Si l'on veut prserver ce caractre typique et hautement
apprci, il convient d'amorcer un processus de rgnration urbaine, en premier lieu l o des
processus rversibles sont en cours avec toutes les consquences conomiques, sociales,
culturelles, cologiques et physiques qu'ils entranent.
Le processus de rgnration urbaine en Algrie, est toujours dans une phase initiale, trs en
retard par rapport ce qui se passe dans les pays de lEurope. Cependant, ce processus ne
perd pas d'importance et une initiative visant sa gnralisation s'avre indispensable.
la rgnration urbaine est passe d'une simple rnovation, rhabilitation d'quipements et de
tissus btis obsoltes, une restructuration de la forme urbaine, puis au renouvellement des
bases conomiques de la ville, de son image, tout en recherchant une plus grande mixit et
quit sociale, la participation des habitants et leur intgration socioprofessionnelle un
contexte multifonctionnel.
Sous des terminologies diverses, selon les pays, la rgnration urbaine s'identifie dsormais
avec les politiques urbaines nationales. Elle est devenue un nouveau mode de production de la
ville, tandis que ses territoires sont dsormais les supports d'exprimentations et de mise en
uvre de stratgies devenues ncessaires. A ce titre, elle incorpore progressivement les
principes du dveloppement durable;
1. Dimensions multiples de la rgnration urbaine
La rgnration urbaine veut traiter les dynamismes urbains dans toute leur complexit. Pour
ce faire, ses approches sont transversales et elles intgrent plusieurs donnes fondamentales:
1. elle est territorialise : car elle rpond aux difficults propres chacun des espaces
constitutifs de la ville. Mais elle s'efforce d'en attnuer les trop fortes disparits, dans une
vision globale de plus grande homognit de l'espace social;
2. elle s'inscrit dans les diverses chelles temporelles: celle de la demande sociale dans
le temps prsent, celle de la durabilit pour autant qu'il soit possible de prvoir l'volution des
contextes futurs. Elle incorpore dsormais l'chelle des temps passs, car dans la plupart des
216
217
La motivation sociale : peut, elle aussi, tre positive dans le sens de la prvision des
mutations concernant les besoins et les styles de vie (cest--dire les vnements
culturels, etc.)
Les causes environnementales : peuvent aussi crer une impulsion pour la rgnration
urbaine, la prise en charge des problmes des quartiers urbains touchs par une
dgradation environnementale aigu ou des risques environnementaux, etc.
La sauvegarde procde de nombre de protocoles dans le champ des connaissances dune part,
et dans lordre des arts, des sciences et des techniques dautre part. La liste non exhaustive des
protocoles de rgnration urbaine se prsente actuellement comme suit :
1. identification
2. entretien, protection, conservation
3. restauration
4. revitalisation, requalification
5. rhabilitation
6. rnovation
7. mise en valeur et dveloppement
Au fur et mesure de lexprimentation de ces protocoles, les pratiques mises en uvre par
les corps professionnels vont permettre de dgager une doctrine de rgnration urbaine que
218
les chartes internationales ont formalise. Sur la base de cette doctrine agre par les Etats
membres de lUNESCO, des politiques ont t mises en uvre, des institutions ont t cres,
un corpus juridique a vu le jour, des mthodes de financement ont t labores.
219
e)
dveloppement conomique.
Ce principe suppose que la ville historique participe pleinement de la vie conomique de la
matrice urbaine en offrant les biens et services de proximit ncessaires aux habitants et en
saisissant les opportunits du tourisme culturel et de la crativit artistique pour gnrer des
ressources. Le sous-dveloppement de la ville historique nest, pas plus que la misre sociale,
une fatalit.
Si la sauvegarde de la ville historique suppose laction pertinente de corps professionnels
spcialiss, ce nest toutefois pas une affaire de spcialistes, mais dhommes politiques : eux
revient de trouver la bonne rponse aux questions que se posent les citadins inquiets de la
spoliation contemporaine de lhritage culturel.
220
BIBLIOGRAPHIE :
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systmiques : cas de Constantine mmoire de magistre soutenu au dpartement
darchitecture et durbanisme, Universit Mentouri - CONSTANTINE.
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221
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patrimoine social : quelles implications et quelles priorits dacteurs ? , La
renaissance des villes anciennes, ICOMOS Journal Scientifique.
BOURROUIBA, R, 1986, apport de lAlgrie a larchitecture religieuse araboislamique Edition office des publications universitaires, ALGER.
222
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223
KOCHIRO. M,
2002 :
Le
patrimoine
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est
le
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de la loi Malraux pour les centres urbains , Paris, ditions STU.
TAINE, H, 1939 : Philosophie de lArt T.1, 21e Edition, Paris Hachette, s.d
224
Touati, A, mai 1997, La relation entre les structures conceptuelles et les structures
architecturales ; limpact de linfluence extrieur sur la Mdine de Constantine ,
mmoire de magistre soutenu au dpartement darchitecture et durbanisme,
Universit Mentouri - CONSTANTINE.
225
IX
GLOSSAIRE :
FEDER :
ONG :
CNUED :
ICOMOS :
OVPM :
U.D.C:
U.D.A:
B.H.L:
B.H.D.L:
B.H.D.C:
Joblink:
agences locales dont le rle consiste mettre en place des formations pour
spcifiques rpondre aux besoins des industries.
P.D.U:
DOT :
P.O.S :
SNAT:
SNIT :
APAL :
ANPE :
MEHAT :
SDA :
PAC :
CERES :
PNR :
S.I.G :
L.P.E.E :
LRR :
IFMTB :
OFPPT :
"Houma" :
III
COMEDOR :
Comit permanent
d'tudes de
dveloppement, d'organisation
et
GPU :
GGA :
APIC :
PPSMV :
OPAH :
IV
ANNEXE
225
226
deux paramtres qui, premire vue, risquent de faire pencher la balance en faveur de la
dmolition.
Une mesure, si elle vient tre adopte, ne fera pas que des mules au sein des habitants de
Constantine car, la vieille ville revte pour nombre de Constantinois "lme et la mmoire
de lantique Cirta".
Dailleurs, certains dentre eux, estiment que si les diffrents responsables qui se sont
succd la tte de lAPC avaient pris le problme du vieux bti au srieux en tablissant
un programme de rnovation de grande envergure, nous nen serions pas l, nous
interroger sil faut dmolir ou prserver la vieille ville.
Souiqa, Sidi Djliss, El Karba, il est vrai, plus quune vieille cit, plante au milieu du
bton. Elles reclent entre leurs murs aux multiples fissures telles des rides, tmoins dun
pass lointain, mais surtout dira un sexagnaire, elle reprsente "lunique repre dune ville,
dune population ronge prsent par le marasme".
Lydia R.
227
228
8 janvier 2005
Vieux quartiers,
La hantise des effondrements
Aprs les glissements de terrain, les caprices de Dame Nature sont devenus une ternelle
source de hantise pour les habitants des vieux quartiers de la ville de Constantine.
A la moindre averse, lalerte est rapidement donne pour des familles qui commencent
saccommoder avec de nouvelles situations. Alors que le scnario de la nuit du 13 novembre
2004, veille de lAd El Fitr, est toujours prsent dans les mmoires, les rafales de vents et la
forte pluviomtrie ont choisi, ironie du sort, la fin de lanne 2004, comme pour annoncer un
hiver aux relents catastrophiques. Ainsi, entre le 30 dcembre 2004 et le premier jour de
lanne en cours, le bilan des interventions des services de la Protection civile illustre
lampleur des dgts. Les vieux quartiers de la ville semblent tre les plus touchs, on y a
recens en quelques mois une dizaine dimmeubles compltement effondrs. Ce phnomne
qui prend des proportions inquitantes chaque anne avec larrive de la saison des pluies ne
semble pas inquiter outre mesure les autorits de la ville, et ce, en dpit des innombrables
rapports adresss par les services de la Protection civile lissue des sorties de
reconnaissance effectues dans les zones risques. Ces dernires ne se limitent pas dsormais
la vieille ville o les habitations ne sont plus en mesure de tenir debout, mais elles touchent
mme des quartiers censs tre labri. On apprend ainsi que des dizaines de familles sont
concernes par les risques deffondrement dans La Casbah, la rue du 20 Aot 1956,
principalement la rue Kitouni Abdelmalek et la rue des Maquisards. Dans ces deux derniers
sites, des habitations ont atteint un niveau de dgradation avanc pour devenir de vritables
bombes retardement. Les locataires qui attendent depuis longtemps un ventuel relogement
sont toujours sur le qui-vive. Au quartier de Belouizdad, dont la construction remonte au
dbut du sicle, les apparences sont souvent trompeuses. Nombreuses sont les btisses qui
prsentent des faades ne refltant gure la vrit. Une simple visite lintrieur des
appartements renseigne sur le danger latent qui guette les rsidents, notamment dans les rues
situes sur le ct bas du boulevard Messaoud Boudjeriou. Les infiltrations des eaux de pluie
travers les toitures, les plafonds et les murs fissurs sont des paramtres qui finiront par
ajouter dautres familles aux listes des sinistrs. En labsence dun systme de prvention et
dfaut dun plan dvacuation des habitations menaces, les citoyens, qui semblent se
rsigner leur sort, craignent les retombes dune situation qui peut aboutir, un jour, vers une
relle catastrophe.
Arslan S.
229
19/01/05
UNE REPRESENTANTE DE LUNESCO EN VISITE A CONSTANTINE
Des sites inscrire au patrimoine universel
On ne parlera jamais assez de la vieille ville de lantique Cirta, la millnaire, et des sites
historiques qui entourent la cit des ponts. La vieille ville, travers ses quartiers Souika,
Rahbet Souf, Souk El Assar, Seida, Djezarine ..., aura constamment suscit lintrt et
souvent aussi la polmique sur ce chapitre si cher aux Constantinois. Au fil du temps, et de
lrosion dvastatrice, tous les sites historiques de la Mdina menacent ruine et se consument
petit feu. Classer tous ces sites au patrimoine universel demeure, vrai dire, lunique
planche de salut et les hommes en charge de ce dossier en sont profondment conscients.
Cest prcisment dans cette perspective quune dlgation tait hier, Constantine.
Accompagne de M. Glesaal, maire adjoint de la mairie de Grenoble, Mme Mindja Young,
reprsentante du directeur gnral de lUNESCO, tait hier lhte de la ville de Constantine
o elle fut accueillie par MM. Mechaer et Belebdjaoui, respectivement prsidents de lAPC
de Constantine et de la commission de lurbanisme.
Cette dernire devait visiter de nombreux sites historiques de la vieille ville et notamment la
grande mosque, le palais du Bey, ainsi que de nombreux sites qui auront peut tre la chance
de figurer au patrimoine international de lUNESCO. En ce sens, les responsables de la cit
nont jamais dsarm ni manqu de volont de restaurer ces vritables joyaux du Constantine
profond, preuve en est linstallation dune commission de rhabilitation. Malheureusement,
pour tous les dfenseurs de ce dossier, les moyens financiers ont constamment fait dfaut en
dpit dune volont toute preuve, notamment celle de certains de vouloir raser
compltement ces vieilles masures inesthtiques qui menacent ruine. De nombreuses
maisons furent donc vacues et leurs locataires relogs, vers les nouvelles villes Ali
Mendjeli ou Massinissa, dans des logements neufs, souvent plus salubres et plus spacieux.
Mais les habitations dsertes, comme celles de Souika basse, sont entirement livres la
dgradation. Ainsi, voir certains sites de la vieille ville classs au patrimoine universel donne
toutes les chances, Constantine, de sauvegarder sa mmoire grce laide de lUnesco.
Rahmani Aziz
230
30 janvier 2005
VIEILLE VILLE
Lorsque le mauvais temps chamboule le programme de relogement
Les mauvaises conditions climatiques qui prvalent depuis le dbut de lanne en cours, autant
dire un hiver rude avec son lot de pluie et de neige, dont les effets dvastateurs se font sentir
sur les btisses de la vielle ville entre autres, auront pouss les autorits locales revoir leur
copie du programme de relogement.
Et le moins quon puisse dire, relve de lurgence et du souci dviter dventuels drames qui
rsulteraient dune mauvaise apprciation du danger qui guette certains habitants de la ville,
dont les btisses sont carrment au bord de leffondrement. Rahbat Souf, Souika, Souk ElAsser, Sidi Djliss, Seda, Sidi Bouanaba et autres vieux quartiers de Constantine ont accapar
ainsi toute lattention, ces derniers temps, des autorits en charge de la vielle ville.
Une question de priorit, nous dit-on, lorsquon apprend que 97 familles de la mdina seront
reloges au plus tard la semaine prochaine la nouvelle ville Ali Mendjeli. Et pour cause, les
btisses recenses constituant le dernier lot menac par leffondrement, reprsentent un danger
pour ceux qui y logent. Autant prvenir le drame et, pourquoi pas, lliminer dfinitivement
en installant les familles dans de nouveaux logements, nous dira le chef de la dara de
Constantine. Rappelons que le mme principe a t retenu pour les zones de glissement de
terrains. En effet, comme nous lavions annonc dans ces mmes colonnes, 200 familles des
chalets de Boudra Salah et la cit Benchergui allaient bnficier de nouveaux logements. Estce dire que, dsormais, les autorits locales vont plutt ragir lurgence et que dornavant
le programme de relogement va obir la logique du sinistre, voire celle de la prvention de
dangers imminents ? Faudrait-il encore que le rythme de construction suive, car mme si les
autorits locales prtendent, ne serait-ce qu propos de lvacuation des 97 familles au niveau
de la vieille ville, que cest le dernier lot de btisses qui constituent un danger pour leurs
occupants. Rien ne permet daffirmer que le reste ne va pas subir brve chance les
outrages climatiques. Ceci dautant plus que la mdina nest pas la seule dans ce cas, rien qu
considrer le vieux bti colonial, lequel ayant bnfici dune opration de rhabilitation, nen
est pas moins menac par les effondrements, surtout que cette rhabilitation aura superbement
ignor des pans entiers du centre-ville de Constantine. On pense particulirement ce propos
aux innombrables btisses de la casbah qui, sous leffet des pluies, donnent des signes
vidents de dtresse.
M. S. Boureni
231
8 fvrier 2005
INTEMPERIES ET GLISSEMENTS DE TERRAIN
Le coup de grce au vieux btis
Les dernires neiges qui se sont abattues sur Constantine, pendant prs dune semaine sans
discontinuer, et le dgel naturel qui sen est suivi ont t loin damliorer la situation de lhabitat
prcaire.
Bien au contraire, ces intempries nauront fait quaccentuer, voire acclrer la dcrpitude de
certaines maisonnettes, souvent bicentenaires, qui constituent un vritable danger de mort pour
toutes ces familles que la politique du relogement na pas encore touches de ses bienfaits.
Au niveau de la vieille ville, et plus exactement rue des Frres Arafa, un quartier que les vieux
Constantinois dnomment toujours Place des Galettes, des familles continuent de vivre un
vritable calvaire et ne savent toujours pas qui sadresser. Nous narrivons plus grer et
devant tous les problmes que nous rencontrons, explique ce pre de famille, nous avons
limpression que plus personne ne veut nous couter et que nous formons une catgorie de parias.
Au fil des ans et des dboires, nous navons jamais perdu espoir mais aujourdhui trop, cen est
trop. Nous avons au cours de ces dernires semaines multipli les requtes, frapp toutes les
portes. En vain ! En date du 15 juin 2003, nous avons saisi la wilaya qui a dpch sa cellule de
rhabilitation et de sauvegarde de la vieille ville. Un atelier technique sest donc dplac pour
constater sur place ltat des lieux.
Le constat sans complaisance de ces techniciens est clair: dformation dangereuse du dallage du
patio, clatement du collecteur dassainissement, risques imminents pouvant entraner des
maladies transmission hydrique, effondrement ou enfin tassement complet de limmeuble.
Dans ce mme rapport, souligne notre interlocuteur, ces techniciens notaient noir sur blanc que
les femmes et les enfants souffrent de maladies telles que lasthme et certaines allergies et que
cette situation ncessitait de fait une intervention urgente. Depuis ce rapport, soulignent ces
familles, la situation a empir et nous vivons prsentement dans un dpotoir ciel ouvert entour
de rats et dexcrments car il faut appeler les choses par leurs noms ! Les risques deffondrement
ne sont plus carter et nous vivons avec au-dessus de nos ttes une pe suspendue qui peut
chaque instant prendre des vies humaines.
Au niveau de lavenue Zabane et pour certains btiments plus connus Constantine sous
lappellation de beau march, des fissures normes viennent prouver que ces btisses ont pass
leur temps. Construites vers 1930, elles auraient pu rsister aux affres du temps mais pas celles
dun glissement de terrain pernicieux et qui continue sournoisement son travail de sape.
En face de ces mmes habitations, les responsables de la protection civile ont pris les devants en
dmolissant tout un bloc qui servait de dortoir aux sapeurs-pompiers et qui commenait donner
des signes vidents de lassitude extrme.
232
Mais quelle serait la solution idoine pour les btiments prcits ? Certains locataires hsitent
acheter ces biens que leur propose lOPGI. Ils craignent, daprs certains dentre eux, de faire un
mauvais investissement et attendent que lOPGI se manifeste pour de ncessaires travaux de
confortement dont ils se disent prts partager les frais. Il faudra prciser que ce quartier qui sert
de vritable gare routire pour les transports urbains connat une activit dbordante, plus de cent
bus transportant quotidiennement des dizaines de milliers dusagers y passent. Avec un peu de
nostalgie pour ces btiments dun certain standing, dautres sites commencent donner quelques
inquitudes et cest prcisment le cas de certains immeubles du quartier de Aouinet El-Foul qui
se trouve en plein coeur dune rgion trs haut risque de glissements. Mme si les autorits en
charge de ce problme font preuve chaque fois quil y a danger dune clrit pour reloger les
sinistrs, beaucoup dhabitants dimmeubles Aouinet El-Foul que nous avons rencontrs nous
disent vivre dans un tat dalerte permanent surtout quand les conditions climatiques sont
mauvaises. Et ctait le cas ces derniers temps. Les commissions se succdent, relvent la
prcarit de notre situation mais on ne voit toujours rien venir, nous assurent-ils.
Rahmani Aziz
22 fvrier 2005
Constantine
Evacuation par la force Souika
Les autorits de Constantine sont intervenues dimanche dernier par le biais de la force publique
pour dloger une centaine de familles la vieille ville et dmolir leurs maisons.
Ces familles squattaient, en effet, des btisses menaces de ruine et marques au rouge par les
responsables de lurbanisme et de la construction. Lopration mene par le chef de dara a
ncessit lintervention des quipes de la Protection civile et de Sonelgaz venues couper toute
alimentation en lectricit et gaz afin de rendre dfinitivement inhabitables les maisons en
question. Les occupants ont manifest une rsistance timide lintervention, mais les forces de
lordre taient dtermines loigner ces familles du danger deffondrement. Par ailleurs, le squat
est devenu presque un commerce dans la ville de Constantine qui a bnfici ces dernires annes
dun large programme de relogement destin, entre autres, aux familles habitant des btisses
menaant ruine la vieille ville. La preuve, affirme le chef de dara, est que prs de 80% des
familles concernes par lopration dhier, ont dj bnfici de logements la nouvelle-ville Ali
Mendjeli dans le cadre de ce mme programme. Elles seraient donc revenues leur ancienne
habitation aprs avoir vendu leurs nouveaux logements. Les autorits locales ncartent pas le
recours des poursuites judiciaires contre les personnes qui montrent de la rsistance
lopration de dlogement, mais des plaintes pourraient aussi toucher les propritaires de ces
habitations qui seraient complaisants quant la roccupation des lieux scells.
Nouri N.
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23 fvrier 2005
La phase II du Master plan
Avec beaucoup de retard, la phase II du Master plan destin la rhabilitation de la vieille ville
vient de franchir un nouveau pas.
Un groupe de spcialistes, dlgu par luniversit italienne Roma III, a sjourn, cet effet,
Constantine du 12 au 17 fvrier afin de recueillir des donnes complmentaires sur les sites
concerns. La mission a prsent vers la fin un expos non officiel des prmisses du projet tel
quil sera propos aux autorits locales. Le Master plan, faut-il le rappeler, est un programme
financ par le gouvernement italien et qui vient se greffer sur le grand projet de sauvegarde et de
rhabilitation de Souika. Entam en janvier 2003, il devait se drouler sur trois phases
commencer par ltablissement dun tat des lieux avec actualisation des plans et des
informations, la prsentation ensuite dune bauche damnagement et enfin llaboration dun
rglement urbanistique gnral. La partie algrienne semble ignorer les raisons du retard
accumul par ltude mais, toutefois, lon sait que luniversit charge du projet a bnfici dune
prolongation du dlai. Le Master plan est cens apporter des solutions pour lamnagement des
espaces, dgags suite la dmolition des maisons en ruine, et linstallation de nouveaux
quipements. Des quipements capables de donner une nouvelle identit et partant une nouvelle
vocation la vieille ville pour lui permettre de recouvrer son cachet touristique et artisanal.
Cependant, le destin dune autre partie aussi importante, celle des maisons encore solides,
demeure incertain. Le gouvernement algrien navance aucune solution, notamment pour la
consolidation des btisses malgr que Souika soit reconnue patrimoine national. En attendant,
chaque jour apporte son lot de menaces pour ses murs et la mmoire quils renferment. Les effets
du temps sont dvastateurs et la main de lhomme est encore plus perfide. Les responsables
chargs de la gestion Constantine sont appels faire en sorte que tous les moyens soient
employs pour sauver ce qui reste de cette vieille ville et agir dans la voie trace par les hautes
autorits du pays pour changer le visage de la ville du Rocher.
N. Nesrouche
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24 fvrier 2005
SOUIKA
Les dmolitions se poursuivent
Les dmolitions des btisses situes Souika basse, prcisment aux rues Bekkouche Abdeslem,
Mellah Slimane, des cousins Kerouaz, se poursuivaient encore hier. Trois entreprises ont t
charges de ces dmolitions et dj 12 btisses sur les 26 dclares par les autorits inhabitables
car pouvant seffondrer tout moment, sont terre. Selon le chef de dara de Constantine, les
105 familles expulses des lieux occupaient illgalement les btisses aprs que celles-ci furent
vacues de leurs vritables occupants qui avaient du reste t relogs. Cette opration se
droulait hier sans faits notables. Ce qui na pas t le cas au moment de lexpulsion de la
centaine de familles, dimanche dernier, puisque les concerns avaient, le soir mme de cette
dcision des autorits, observ un sit-in devant le cabinet du wali pour protester contre ce quils
avaient estim tre une injustice.
Disperss par les forces de police, les protestataires reviendront le lendemain lundi la charge,
pour se regrouper proximit du pont de Sidi Rached surplombant Souika basse. Si les
occupants de ces btisses estiment toujours que leur expulsion est non fonde, les autorits
locales tiennent un autre discours en affirmant que les btiments en question ont dj fait lobjet
dune dcision de dmolition sur la base dune expertise de spcialistes qui avait conclu au
danger qui guette leurs occupants. Ces derniers, affirme le chef de dara, ont t dj vacus et
relogs dans de nouveaux logements.
R. C
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esprions des autorits locales qui sest produit, regrettent ces associations.
Cependant, elles ne sarrtent pas l puisquelles dnoncent dans la foule et remettent en
question les travaux des commissions techniques qui ont dclar, selon elles, ces maisons
sinistres et les ont vacues en labsence des propritaires.
Pire encore, disent-elles, la majorit de ces btisses sont en parfait tat de conservation
ncessitant seulement quelques travaux de restauration. En dernier lieu, les signataires du
communiqu lancent un appel toutes celles et tous ceux qui portent la vieille ville dans leur
coeur pour sassocier leur action en se mobilisant pour crier haut et fort leur indignation face
ce crime contre lhistoire.
M. S. Boureni
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5 mars 2005
Dmolition la vieille ville de Constantine
Un chantier interrompu
La dmolition dun nombre de btisses la vieille ville tourne mal pour les autorits locales,
sommes de sexpliquer alors que le chantier est interrompu.
Le toll qui a t soulev autour de cette histoire a, en effet, amen le ministre de la Culture
dpcher une commission denqute arrive mercredi soir et qui a entam son travail pour
mesurer linitiative et situer les responsabilits. En effet, ce qui devait tre une simple
opration de dlogement dindus occupants sest transform en un grand chantier de
dmolition qui ne fait pas de distinguo entre les btisses menaant ruine et celles encore
solides. Cela a attir dabord le courroux des propritaires qui sont vite monts au crneau pour
dnoncer cette dcision juge arbitraire et unilatrale . Par la suite, cest un collectif
dassociations uvrant la dfense du patrimoine qui a pris le relais et ragi travers un
communiqu qui condamne sans ambages la dmolition. La vieille ville Souika est, rappelonsle, un site prserv et class patrimoine national, ce qui la place sous une protection juridique
qui rglemente toute initiative touchant au bti. Le projet du Master Plan , men par des
experts italiens qui sont actuellement luvre, devra fournir une carte prcise dune vieille
ville ramnage en prenant en compte les btisses dmolir. Ces dernires existent sans nul
doute et il appartient aux autorits de les vacuer pour prserver des vies humaines. Les
dfenseurs du site attirent lattention, cependant, sur un chantier men dans la prcipitation et
qui risque daffecter les btisses mitoyennes encore solides. En outre, le travail des
commissions techniques charges dvaluer ltat des btisses est tout aussi remis en question
par des contre-expertises commandes par les propritaires et qui prouvent que la majorit des
btisses marques au rouge est en bon tat. Le bras de fer avec ladministration a pris une
srieuse allure durant la semaine dernire. Devant lurgence, une dynamique citoyenne est ne
pour ragir et stopper ce qui est qualifi de dsastre . Une vingtaine de personnalits
composes duniversitaires, de juristes, de journalistes et de reprsentants du mouvement
associatif, sest runie jeudi dernier pour tudier la situation et formuler une rponse forte
lentreprise dune administration accuse indirectement de destruction sous-tendue par des
apptits troits dans une totale indiffrence lgard dune ville qui a des sicles dhistoire. Un
appel aux Constantinois jaloux du bien de leur cit est lanc en attendant le rapport denqute
qui provoquera au moins une dcision ministrielle pour larrt de la dmolition.
N. Nesrouche
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6 mars 2005
DESTRUCTIONS EN SRIE DE BTISSES SCULAIRES
Menaces sur la mdina de Constantine
Il tait une fois une ville qui sappelait Constantine. Ctait une trs belle ville mais qui tait
gouverne par des personnes qui nont jamais compris que cette ville trs particulire tait
reconnue mondialement pour la beaut de ses sites et la pluralit de son histoire qui en ont
fait la ville la plus ancienne au monde.
La ville btie du temps des Turcs tait dune incomparable richesse architecturale, mais a
commenc sroder face aux alas du temps, conjugus lincivisme de ses habitants et
lincomptence de ceux qui taient censs la protger. La ville europenne aussi a d rendre
lme aprs avoir t contamine par le virus des glissements de terrain, et ce qui a t
construit aprs lindpendance a t emport un jour de gros orage par le Rhumel, dchan.
Nous aurons peut-tre, dans un futur pas trs lointain, rciter la fin de Constantine, telle
une litanie, une gnration qui aura subi la btise humaine la disparition dune ville que
plusieurs envahisseurs avaient russi, pour un temps, faire courber, mais jamais faire
plier. Depuis plusieurs jours, la main de lhomme dtruit sans vergogne ce que des sicles
dhumidit et drosion nont pu mettre terre. Pas moins de 48 maisons de la basse vieilleville ont t rayes de la carte architecturale de Constantine. Ladministration, sous la
conduite du chef de dara, na pas fait dans la dentelle cette fois-ci. Dar el mharsi, dar
Beloucif, dar Bentchakar, plus connue par dar Dakha, fille dAhmed Bey, pour ne citer que
celles-l, se conjuguent dj au pass, un pass compos de propritaires vreux, de
locataires criminels qui dtruisaient leur habitation pour tre relogs ailleurs et une
administration sclrose qui na jamais fait la diffrence entre une construction illicite et
une autre historique. Mme Badi Sahraoui, minente enseignante en architecture, pointe un
doigt accusateur vers tout le monde. Ladministration na fait quemboter le pas aux
locataires et vers certains commerants qui ont transform des maisons en de douteux
bazars. Les autorits, de peur que lirrparable se produise, comme laffaissement dune
maison, ont prfr prcder les vnements. Ce qui nous donne une destruction officielle et
une autre officieuse. De mon ct, je me pose toujours la question suivante : qui est
responsable de la vieille-ville, lAPC ou les ministres de lHabitat ou de la Culture ? Quant
au fameux Master plan, cest un passage thorique par lequel on est oblig de passer, mais il
faut aller au-del, car le temps nuvre pas pour la vieille ville. Il faut savoir que la ville
de Constantine a t classe patrimoine national en avril 2004, malheureusement cela na
pas empch les dmolitions de continuer de plus belle. LAssociation pour la sauvegarde
du patrimoine architecturale de la vieille ville, cre en mai 2003 qui regroupe plus de 150
propritaires, ne sait plus quel marabout se confier. LAPW a propos de dtruire toute
maison vacue, sans laval de ses propritaires, en 2001. Une opration qui a t reporte,
puis suivie par une autre la tte du client avec comme motif de lutter contre le squattage.
Mais si ce ntaient pas les mmes familles vacues qui revenaient leur ancien
logement, aprs avoir vendu le neuf, ctaient dautres personnes qui roccupaient les
lieux sans la connaissance du propritaire , nous dira M. Bouchedja, le prsident de
lassociation.
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09/03/05
Vieille ville de Constantine
Le ministre de la Culture ordonne larrt de dmolitions
Cest grce une inspection ministrielle que lopration de relogement de 97 locataires
habitant la vieille ville a t stoppe aprs que plusieurs associations eurent constat la
dmolition de maisons concernes sous prtexte de les empcher dtre squattes.Lopration
en question, entame par les services de la wilaya et de lApc de Constantine depuis deux
semaines, a soulev lindignation de plusieurs personnalits de la ville alertes par des
propritaires de btisses au sein de la vieille ville qui a t, rappelons-le, classe monument
historique et patrimoine culturel par le ministre de la Culture.
Dailleurs, cest le rapport crit par le directeur de la culture Zetili Mohamed lintention de
sa tutelle quune dlgation compose de linspecteur charg du patrimoine et du directeur de
lAgence nationale pour la prservation du patrimoine historique et culturel sest rendue sur les
lieux jeudi dernier pour constater de visu que les dmolitions ont touch des btisses en bon
tat, que des croix rouges taient injustement mises sur des maisons en bon tat et que de
graves
dgradations
ont
t
causes
depuis
le
dbut
de
lopration.
Aprs cette visite des lieux, le wali de Constantine, ayant cout lensemble des parties, a
dcid de suspendre lopration de relogement. Une dcision, qui a ramen la srnit au sein
des habitants de la vieille ville, notamment ceux qui avaient entam des travaux de restauration
et de consolidation grce laide de lEtat il y a quelques annes.
Si squatter des maisons est certes un phnomne combattre, la prservation du patrimoine de
la vile, notamment ses constructions, sont du domaine des comptences des autorits locales
qui se doivent de le protger. Il est toujours utile de rappeler que certains btiments de la
vieille ville sont de vritables muses car datant de lpoque ottomane. Il y a une vingtaine
dannes, un habitant de Souika, qui voulait consolider les fondations de sa maison, avait
dcouvert un bain romain. Cest dire que la veille ville de Constantine na pas encore livr tous
ses secrets. Enfin, la prsence de la dlgation du ministre de la Culture Constantine a
permis le lancement dune tude pour la restauration de la vieille ville de Constantine par un
bureau dtudes italien.
Quest-ce qui a pouss les autorits locales acclrer cette opration de relogement dans la
veille ville, alors que des centaines de locataires, dont les btisses sont vritablement menaces
par des glissements de terrain, attendent toujours leur recasement ?
Mourad Belbey
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15 mars 2005
ELLES OCCUPENT DES TENTES APRES LES DERNIERES DEMOLITIONS
Treize familles de Souika crient linjustice
Les reprsentants de treize familles, entre propritaires et locataires, habitant les deux
immeubles, sis aux numros 03 et 29, de la rue Benzagoutta, Souika ont adress une
correspondance la premire autorit de la wilaya pour dnoncer la dmolition de leurs
immeubles et surtout de se retrouver en consquence dans la rue, avec pour simples abris, des
tentes confectionnes avec de la toile cire.
Dans cette lettre qui compte 13 signatures, avec des copies destines au prsident de lAPC et
au chef de dara, et dont nous dtenons une copie, les familles expliquent leur situation. Selon
elles, leurs habitations ont t dmolies par les autorits locales sous prtexte que les
locataires de celles-ci ont dj bnfici de logements sociaux neufs. Nous tions ainsi
considrs comme des indus habitants, venus dailleurs, et que nous avons pris possession de
ces habitations aprs le dpart de leurs vritables occupants.
Or nous dmentons catgoriquement ces dires. Nous sommes les habitants authentiques de
ces lieux et certains dentre nous y demeurent depuis une cinquantaine dannes, et nous
navons jamais bnfici de logements sociaux. Nous sommes injustement expulss de nos
demeures et nous sommes disperss dans la rue, femmes, enfants et mobilier, sous des abris
de fortune, et ce depuis la dmolition des maisons, fin fvrier 2005, disent les concerns.
Ces personnes se sont donc adresses au wali de Constantine pour reconsidrer leur cas, leur
trouver un moyen de recasement et mettre un terme leur dtresse, car cela fait plus de vingt
jours quelles vivent sous des tentes, exposes aux rigueurs de lhiver.
Le chef de dara que nous avons contact, sinscrit en faux contre ces dires. Il dclare que la
dcision de dmolition a t prise aprs enqute diligente par une commission dsigne par
le secteur urbain de Sidi Rached et les vritables occupants de ces logements dtruits ont t
recass dans des logements sociaux et ceux quon a trouvs au moment des dmolitions, sont
des indus occupants. Il sagit soit de membres des familles ayant dj bnfici de nouveaux
logements soit des gens qui sont arrivs bien aprs le recasement. Et sil sagit rellement des
propritaires, ils seront autoriss roccuper leurs habitations aprs leur rhabilitation.
Comment ces familles peuvent-elles rhabiliter des demeures qui ont t dmolies?
interrogeons-nous le chef de dara. Ce dernier prcise que ce sont uniquement les cloisons de
ces demeures qui ont t dmolies.
Abdelkrim C.
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19 mars 2005
Le wali mal conseill
Les fantmes de Constantine volent au secours du wali et ajoutent un zest de comique
la tragdie dedmolition de la vieille ville, Souika.
En effet, les cerveaux de la destruction qui entourent le wali nont rien trouv de mieux, pour
sauver les meubles du cabinet, que dinstrumentaliser un mouvement associatif fantoche pour
apporter son soutien Tahar Sekrane. Comment interprter sinon ce communiqu sign par
une vingtaine dassociations de quartier prenant contresens la dynamique citoyenne qui a
permis de stopper linnommable entreprise de destruction ? Dcidment, le ridicule ne tue pas,
surtout quand le RND est derrire. Le communiqu qui a t adress aux hautes instances de
lEtat ne se limite pas en plus au soutien apport lopration dmolition et pousse
loutrecuidance jusqu tirer boulets rouges sur les organisations et les personnalits qui ont
agi contre, en les qualifiant de marchands du malheur . La parade, qui tente visiblement
dinfluencer le travail des commissions ministrielles venues enquter sur laffaire, emprunte
le mensonge en reprenant les arguments de la dmolition dvelopps par les autorits locales.
Ces dernires voulaient faire croire que les btisses vises taient devenues des nids de
brigands squatts par les alcooliques et les prostitues, ou encore que certaines dentre elles
menaaient de seffondrer sur la tte des occupants. Mais les 39 maisons dmolies sur un total
de 185 taient-elles toutes fragiles ou affilies la dlinquance ? Non bien entendu, et les
spcialistes sont les mieux placs pour nous le dire. Les architectes urbanistes, dont ceux de la
cellule de rhabilitation de la vieille ville, ont dailleurs ragi de leur ct et adress une
correspondance la direction de lurbanisme et la construction pour dclarer leur opposition
la dmolition que rien ne peut justifier selon eux. En outre, Souika est classe depuis 1992
patrimoine national et le nouveau dossier de classement en application de la nouvelle loi sur le
patrimoine est sur le bureau du secrtariat du gouvernement, ce qui interdit toute opration de
destruction. Il y a eu donc violation dune loi et une atteinte incomprhensible contre un
monument qui a bnfici du soutien du prsident de la Rpublique avant de dcrocher une
tude de rhabilitation appele Master Plan, conduite par les Italiens. Ces derniers taient
dailleurs Constantine quelques jours avant le dclenchement de lopration ; lencre de leur
rapport navait pas encore sch que la dmolition a commenc. La responsabilit dans la mort
de Souika est partage, certes, y compris par les propritaires des maisons, mais le coup port
rcemment par ladministration dpasse de loin toute autre entreprise de destruction. Le
premier responsable semble avoir t induit en erreur mais les mchants loups sont bien
connus dans notre bergerie et semblent avoir russi une nouvelle fois se tirer daffaire en
dtournant les commissions denqute de leurs objectifs. A dfaut donc de comprendre les
vises caches de la dmolition, nous attendrons la naissance dune nouvelle commission
pilote compose de ceux-l mme qui ont conduit lopration. Le poisson est plus que jamais
noy.
N. Nesrouche
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5 avril 2005
Sauvegarde du patrimoine
Constantine enfin classe
En attendant sa parution dans le Journal officiel, la dcision a t prise mardi dernier pour classer
le Rocher de Constantine comme secteur sauvegard.
Aprs deux annes dtude du dossier, la commission interministrielle charge du classement du
patrimoine a finalement reconduit la sauvegarde du centre-ville de la capitale de lEst selon les
critres souligns dans la nouvelle loi sur le patrimoine de 1998. La nouvelle a apport la joie et le
soulagement aux dfenseurs de lhritage urbain notamment lAssociation de dfense du Vieux
Rocher et son prsident Ahmed Benyahia qui nous a transmis linformation. Il faut dire que tout
un chemin a t suivi pour faire aboutir ce dossier abandonn par les autorits locales et tous les
lus de la population. Le toll soulev rcemment par la socit civile suite des oprations
officielles de dmolition dans la vieille ville Souika a sans doute acclr la dcision de lEtat.
Ainsi, tout projet qui touche aux ouvrages btis ou bien aux espaces compris dans le Rocher
jusqu la place des Martyrs devient presque impossible et soumis des conditions draconiennes
imposes par la loi.
N. Nesrouche
13 avril 2005
Master Plan pour la vieille ville
Lexpos final en juin prochain
Deux minents professeurs de luniversit italienne Roma III sont
Constantine depuis hier pour les besoins du Master Plan destin la rhabilitation de la vieille
ville.
Il sagit dune visite de travail consacre la prparation de lexpos final fix pour juin prochain.
Les experts italiens ont dfil depuis le 17 janvier 2003 dans le cadre de ce projet et leurs travaux
dexpertise semblent prendre forme et aboutir aux rsultats escompts, voire plus. En effet, le fruit
de ces deux annes de travail est un guide de rhabilitation de Souika qui sera labor et mis entre
les mains des autorits. Ce guide labor partir des donnes rcoltes sur le site devra rpondre
toutes les questions techniques au sujet de la construction, la dmolition ou lamnagement des
espaces Souika et pourra servir aussi comme cahier des charges aux chantiers. Fini alors le
246
bricolage et les oprations hasardeuses qui ont prouv la vieille ville, dautant que celle-ci vient
dtre classe comme secteur sauvegard et bnficie ainsi dun instrument juridique qui la
protge dsormais contre les agressions de lhomme. Quelques bribes dinformations, qui filtrent
dj propos de ce que sera Souika, parlent de la reconstruction, en plus du confortement des
maisons encore solides, de toute la partie basse du site aujourdhui en ruine. Les nouvelles
vieilles constructions donneront cependant Souika la vocation dune vritable mdina,
notamment grce aux activits artisanales et aux espaces dexposition projets, alors que certaines
maisons pourront devenir des htels. Les concepteurs ont trac galement un nouveau chemin
touristique en plus de celui de la rue Slimane Mellah et tentent de crer deux voies daccs
carrossables lintrieur du site. La rencontre tenue hier en prsence dun directeur central du
ministre de la Culture semble engager ainsi un dernier virage avant la prsentation du Master
Plan. Il faudra commencer ds lors rflchir sur la mise en uvre du projet et dgager les
moyens ncessaires pour russir lensemble des interventions pour ainsi redonner la vieille ville
sa dimension historique et son attrait touristique
N. Nesrouche
13 avril 2005
La vieille ville de Constantine enfin reconnue
Le Vieux-Rocher class patrimoine national
Le toll provoqu par les habitants de la vieille ville de Souika Constantine a enfin donn ses
fruits puisque la commission interministrielle charge de ltude du dossier, a rendu son verdict
en classant le Vieux Rocher de Constantine comme patrimoine national.
La classification du Vieux Rocher de Constantine va permettre la vieille ville dtre sauvegarde
et ne point tre dtriore ou laisse labandon. Lopration de relogement des 97 locataires de
la vieille ville avec des destructions des btisses vides avait soulev une vague de
mcontentement. Fort heureusement, le ministre de la Culture avait russi stopper le massacre
grce une commission denqute dpche sur les lieux.
Le dossier de classification du Vieux Rocher de Constantine gisait au ministre depuis deux
annes, temps pris pour tudier les arguments contenus dans la requte des Constantinois qui ont
bnfici de la loi de 1998 sur le patrimoine historique national. Cette classification va permettre
la sauvegarde dun pan de lhistoire de la premire capitale numide. Bien videmment, la nouvelle
a soulag les dfenseurs de la vieille ville que les lus locaux et les dputs nont jamais pu
dfendre adroitement lantique Cirta qui mrite cette classification.
M. B.
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24 avril 2005
Ils vivaient sous des tentes depuis le mois de fvrier
Cinq familles de Souika vacues par la force publique
Les responsables du secteur urbain de Sidi Rached ont fait appel la force publique pour faire
vacuer 5 familles de Souika qui avaient rig des tentes de fortune, faite essentiellement de toile
cire, aprs lopration de dmolition des btisses quelles occupaient en fvrier dernier par les
autorits locales.
Selon le chef du secteur de Sidi Rached, ces familles devaient quitter les lieux imprativement. Et si
droit elles ont, elles peuvent le faire valoir devant la justice.
Rappelons quau dpart, 18 habitants de deux immeubles sis aux numros 3 et 29 de la rue
Benzagoutta sont monts au crneau pour dnoncer la dmolition des immeubles dont ils sont
propritaires et que, par cette action, ils se retrouvent dans la rue, avec pour simple abri une tente
confectionne avec de la toile cire .
Dans une lettre adresse au wali de Constantine, avec des copies destines au prsident de lAPC et
au chef de dara, signe par tous les chefs de famille, ces habitants, qui taient au nombre de 18
familles, expliquent leur situation. Selon leurs propos, leurs habitations ont t dmolies par les
autorits sous prtexte que les occupants de celles-ci ont dj bnfici de logements sociaux neufs.
Nous tions ainsi considrs comme des indus habitants venus dailleurs, et que nous avons pris
possession de ces habitations aprs le dpart de leurs vritables occupants. Nous dmentons
catgoriquement ces dires. Nous sommes les habitants authentiques de ces lieux et certains dentre
nous y demeurent depuis une cinquantaine dannes. Et nous navons jamais bnfici de logements
sociaux , soutiennent-ils. Et dajouter: Ainsi, nous sommes injustement expulss de nos
demeures et nous sommes disperss dans la rue, avec femmes, enfants et mobilier, sous des abris de
fortune, et ce depuis la dmolition des maisons par les autorits, fin fvrier 2005 .
Ces familles se sont donc adresses au wali de Constantine pour reconsidrer leur cas et les faire
bnficier de recasement afin de mettre un terme leur dtresse, car cela fait plus dun mois que
cinq de ces familles sont sous des tentes, do elles viennent dtre expulses par la force publique
hier 9 heures du matin. Le chef de dara dclarait que la dcision de dmolition a t prise aprs
enqute diligente par une commission dsigne par le secteur urbain de Sidi Rached. Celle-ci a
conclu que les vritables habitants de ces logements dtruits ont t recass dans des logements
sociaux et ceux qui les occupaient au moment des dmolitions nen sont pas les vritables
propritaires.
Cest probablement des membres de la famille qui ont squatt ces logements. Et sil sagit
rellement des propritaires, quils produisent les documents de proprit. Ils seront autoriss
roccuper leurs habitations aprs leur rhabilitation, car il faut prciser que ce sont uniquement les
cloisons de ces demeures qui ont t dmolies .
Abdelkrim C.
248
3 Mai 2005
Les dgts causs la Mdina suscitent encore des ractions
Discrte enqute de la chefferie du gouvernement
Alors que le mouvement associatif attach la vieille ville de Constantine continue de
demander des interventions de diverses autorits nationales pour sauver ce qui peut l'tre
encore du bti de la Mdina, les services centraux du chef du gouvernement auraient ragi
positivement ces sollicitations pour engager une discrte enqute Constantine sur ce qui
s'est pass rellement dans la vieille ville. En effet, selon des sources bien informes, un
missaire de ces services est venu le week-end pass pour s'enqurir discrtement sur le
terrain de la ralit de la situation de ce patrimoine historique. Au cours de son sjour, il
aurait pris attache avec les services locaux en charge de la rhabilitation de la vieille ville,
comme la cellule de la wilaya de rhabilitation ou le mouvement associatif de la Mdina
comme l'association de dfense du rocher, ou encore quelques experts et universitaires locaux
spcialistes de cette question.
Sur le site, il a t constat l'ampleur des dgts causs par les dernires dmolitions dcides
par la wilaya de Constantine, pour des raisons de scurit du site, comme cela a t justifi
l'poque, suite aux importantes intempries de cet hiver et au squattage du vieux bti par des
familles indues occupantes. Quelque trente-sept maisons ont fait l'objet de dmolition qui
devait toucher, a-t-on appris de cette mme source, plus d'une centaine d'autres. L'opration a
t stoppe suite la vive raction de la socit civile locale, d'autant que la vieille ville fait
l'objet d'une tude par des experts italiens pour la mise en place d'un master plan devant
permettre l'engagement d'une opration de sauvegarde.
L'association des artisans de la vieille ville signale la dmolition de ce qui tait la dernire
maison des Dbaghines, les tanneurs de la Mdina, dont le mtier disparat ainsi jamais
aprs une existence de plusieurs sicles dans le rocher. D'autres habitants parlent avec une
vive motion de ce qui aurait pu disparatre, alors qu'il est charg d'une haute valeur
historique, comme Dar El Wasfan, difice construit depuis le 16e sicle par des immigrs
noirs de Tombouctou qui se sont installs sur le rocher cette date. Mais la situation
laquelle est parvenue ce site ncessite, selon des avis de ces experts, le confortement rapide de
ce qui a t pargn et ce avant la prochaine priode hivernale.
Par ailleurs, le classement de ce site comme patrimoine national, enfin officialis rcemment
par les hautes autorits du pays, suite cette affaire de dmolition, lui donne la protection
juridique qui lui manquait. De ce fait, aucune dmolition ni nouvelle construction ne peut tre
engage sur ce site, en dehors du programme de rhabilitation une fois approuv et officialis.
Une situation nouvelle qui interpelle les autorits locales au sujet du nouvel htel Ibis du
groupe Accor et qui doit s'riger en plein coeur du rocher.
M. Ahmed
249
9 juillet 2005
MDINA DE CONSTANTINE : CLASSE PATRIMOINE PROTG
Considr comme dernier recours dans le plan de sauvegarde de la vieille ville de
Constantine, et longtemps attendu, notamment par les associations et les amis de lantique
Cirta, un dcret ministriel vient dtre valid par le conseil du gouvernement la classant
patrimoine protg.
Pour Chiaba Lazred, chef de la circonscription archologique, le dcret excutif,
dveloppant larticle 45 de la loi 98/04 relative la sauvegarde et la mise en valeur de la
vieille ville, est surtout un outil juridique, o les responsabilits sont partages entre les
diffrentes parties qui incombent la protection et la mise en valeur de la mdina, afin
darriver une meilleure gestion.
Concernant les dlimitations du secteur sauvegard, M. Chiaba a dclar : Il sagit de toute
la mdina de Constantine, dont 80 % des limites sont naturelles, commencer par le pont
Sidi Rached, les gorges du Rhumel, Souika, Rahbet Souf, Sidi Djliss, Ercif, en passant par
Bab El-Kantara, Mellah-Slimane, le pont suspendu et La Casbah. A la question des
dispositions quimpose cette mesure, le chef de la circonscription archologique nous a
affirm que la premire tche qui suit la mesure de la protection est llaboration dun plan
permanent de sauvegarde et de mise en valeur.
Un travail mticuleux, qui met en vidence ltat actuel des valeurs architecturales, urbaine et
sociale, savoir ltat de conservation du bti, le cadre dmographique, les activits
conomiques et surtout la nature juridique des proprits, qui sera tudie cas par cas.
Cette tude, a-t-il poursuivi, qui fait ressortir les diffrentes phases dvaluation du secteur
est primordiale pour pouvoir passer une analyse topographique, base sur les prexistences
recenses, pour arriver enfin une rdaction finale du plan permanent de mise en valeur du
secteur sauvegard.
Ceci avant de souligner la collaboration de toutes les administrations, telles que la DUCH,
lAPC, les Directions de lurbanisme et des affaires religieuses, ainsi que les associations
susceptibles daider llaboration de ce plan.
A propos des propritaires au sein des zones sauvegardes, M. Chiaba a assur que ce sont
des partenaires confirms, qui incombent devoir et droit de garder leur bien et de
lentretenir, mais aussi le respect des lois qui rgissent les proprits entrant dans un
patrimoine, et ladaptation aux exigences de la conservation.
Sur le volet financier, qui doit tre assur afin de concrtiser le plan de sauvegarde et de mise
en valeur, notre interlocuteur nous a rpondu que le projet de faire de la mdina une uvre
grandeur nature sera financ par plusieurs directions, notamment la tutelle, luniversit Roma
III, charge dtablir le masterplan, le plan de rhabilitation, et la ville de Grenoble dans le
250
cadre des accords communs du jumelage des deux villes, mais aussi, lUNESCO, qui
subventionne ce genre de mesures.
Il y aura mme la contribution des propritaires. Cot association, contact, Fodil Bouchedja,
prsident de lAssociation du patrimoine architectural de la vieille ville, nous a affirm que la
mesure de sauvegarde en elle-mme est une bataille gagne, mais reste la concrtisation, car,
a-t-il poursuivi, beaucoup de zones dombre persistent encore, notamment en ce qui
concerne la contribution des propritaires, nous devions en tant quassociation rencontrer les
parties concernes pour dbattre le plan daction, mais le rendez-vous a t ajourn.
Ceci avant de conclure que la concrtisation du plan de sauvegarde doit se faire dans les plus
brefs dlais, car, a-il ajout, les locataires continuent dmolir les demeures sans se soucier
de leur valeur.
M.D Le Jeune indpendant
251
252
12 octobre 2005
Visite de travail de Mme Khalida Toumi Constantine : plus que les curies d'Augias.
La ministre de la Culture sera confronte des chantiers non ngligeables, tels la vieille ville,
les salles de cinma fermes, le palais de la Culture, la rhabilitation du palais du bey qui
n'arrte plus de durer
Contrairement tous les autres ministres des gouvernements successifs d'Ali Benflis et
Ouyahia, seule Mme Khalida Toumi, dans le cadre des activits de son dpartement, n'a jamais
rendu visite la wilaya de Constantine. Elle s'apprterait le faire en fin de semaine, selon
l'annonce faite par M. A. Boudiaf, wali de Constantine, lors d'une rencontre qui s'est tenue
dans l'aprs-midi de lundi dernier au centre culturel M'hamed Yazid avec les reprsentants du
mouvement associatif, les directeurs de l'excutif, le prsident de l'APW et les lus locaux du
Khroub.
Aprs avoir pass au crible les diffrents aspects du dveloppement local dans la dara du
Khroub (sur lesquels nous reviendrons), le wali a, d'emble, tenu souligner au directeur de la
culture qui s'inquitait de l'avance un train de snateur des projets de sauvegarde de la
vieille ville ainsi que la sauvegarde et rhabilitation du tombeau de Massinissa que [ ] bien
des z ones d'ombre ne le seraient plus l'issue de la visite de madame la ministre.
M. A. Boudiaf, quoique faisant preuve d'une relative retenue, n'en a pas moins laiss entrevoir
une certaine lassitude par rapport la conduite, sur le terrain, de l'opration de dlimitation du
primtre permettant la protection du tombeau en particulier et des autres vestiges en gnral.
Rappelons cet effet qu'autour de ce site court un pharaonique projet de ralisation d'une ville
numide en hommage au roi qui, semblerait-il, y serait enseveli. La dcision des pouvoirs
publics consistait en l'implantation d'espaces socioculturels tudis adapts sinon
rigoureusement vocateurs de la tranche d'histoire concerne afin d'en perptuer le message.
Tout cela, bien entendu, dans le but de barrer la route des personnes qui pourraient dvoyer
les lieux, sachant que d'aucuns parmi elles, piaffant dans les starting-blocks, se voyaient dj
bnficiaires d'un terrain qui, pour y btir une pi z z eria, qui, un caf populaire, un magasin de
prt--porter, etc. mais foin d'activit directement lie la mmoire des lieux. Paradoxalement
depuis que le concept a t retenu, il y a prs de trois ans, le projet est rest en l'tat et
l'enveloppe budgtaire, pour le moins consquente, sollicite l'poque (2 000 000 DA) et
consentie pour le trac du primtre (dblaiement du terrain et collecte des vestiges pars) se
trouve aujourd'hui, en raison de l'inertie des organes concerns, frappe d'inflation et donc
inconsistante.
Cela tant, une sorte de dbat virtuel la limite du surralisme a t voque par le directeur
de la culture, lequel se faisant le porte-voix de parties non identifies laisse planer un doute
sur l'historicit du monument qui pourrait tre berbre barbare ou romain. Et pour mieux
conforter ce doute et dans la foule le dissiper, la question aurait t soumise depuis quelques
semaines des historiens chercheurs au niveau d'un organisme spcialis hauteur de la
capitale.
253
Autre chantier non ngligeable auquel va tre confronte Mme K. Toumi, celui de la vieille
ville ronge en cours d'anne par des actions de prdation et sur lesquelles son dpartement
s'est trs vite ressaisi au cours de l't en dcrtant la sauvegarde officielle sous la protection
de l'Etat de la vieille ville, mettant ainsi fin bien des vellits de dmolition de pans entiers
de l'histoire de la cit. Tout cela des fins bien douteuses.
Or, si la vieille ville s'est ds lors retrouve protge par un document ministriel, il n'en est
pas de mme dans la ralit, devenant, comme l'a si bien stigmatis le wali, lequel est-il besoin
de le rappeler a consacr sa premire sortie officielle Souika, [ ] une cit non seulement en
situation de dgradation constante mais devenue galement un dpotoir gant.
Et au-del de ces deux mga-chantiers, la ministre risquerait d'tre interpelle sur le cas des
salles de cinma fermes, du palais de la culture Malek Haddad dont la principale salle de
spectacle rhabilite pour prs de deux milliards n'aura fonctionn que trois mois avant
d'tre la proie d'un incendie au cours de l't, de la rhabilitation du palais du bey qui n'arrte
plus de durer.
A. Lemili
254
15 octobre 2005
Khalida Toumi visite la vieille ville de Constantine
Je suis contre la dmolition des anciennes btisses
La ministre de la Culture, Mme Khalida Toumi, se trouve depuis mercredi dans la wilaya de
Constantine pour effectuer une visite de travail et d'inspection de diffrents projets lancs.
Jeudi, la ministre s'est rendue au coeur de la vieille ville, Souika, o elle a inspect les
diffrentes btisses qui doivent tre rhabilites et rnoves. Face aux inquitudes des
familles occupantes des lieux en raison des rumeurs faisant tat d'une ventuelle opration
de dmolition de leurs maisons, Mme Toumi tiendra les rassurer qu'aucune dmarche en
ce sens ne sera lance. Elle persistera en ajoutant: En tant que ministre de la Culture, je suis
contre tout type de dmolition.
Notons que les btisses prises en charge dans le cadre de l'opration de rhabilitation lance
par la wilaya et la direction de l'urbanisme sont, entre autres, Dar El-Wasfane, la mosque
de Sidi Moghref ainsi que trois maisons habites par leurs propritaires, situes la rue les
frres Karouaz. La ministre a aussi inspect les travaux de rhabilitation et de restauration
effectus au palais du Bey. Au cours de sa tourne l'intrieur de ce beau monument
historique, Mme Khalida Toumi s'interrogera: A quand la fin de cette opration qui dure
depuis vingt ans et qui a pour consquence un retard quant l'ouverture du palais au public
constantinois et d'autres visiteurs ?. Soulignons que le palais du Bey s'tale sur une
surface de 4.755 m2, dont 1.840 rservs aux cours et aux jardins et 2.915 au bti. Sur le
plan esthtique, l'hte de Constantine proposera de recourir l'intervention des trangers,
notamment les Egyptiens, pour apporter un plus aux finitions, touchant essentiellement le
marbre et la polychromie. Rendant compte, par ailleurs, de l'tat dcevant du patrimoine
algrien qui a beaucoup souffert et demeure, faut-il le rpter, au bord du danger de la
disparition, Mme la ministre estime qu'un projet de restauration doit tre pris en charge par
un expert, un professeur en la matire, c'est ce qui fait que le travail effectu sera digne du
monument sauvegarder pour les gnrations venir. La ministre devait ensuite souligner
l'importance de la mission de l'Etat qui consiste, indique-t-elle, mettre disposition les
moyens ncessaires dans le but de prserver notre patrimoine et sa sauvegarde contre
d'ventuelles pratiques et manipulations tendancieuses.
Surprise de ne pas avoir t informe du projet d'amnagement de la premire tranche du
village numide qui borde le tombeau de Massinissa, dans la commune du Khroub, projet
auquel le prsident de la Rpublique avait accord, lors de sa dernire visite dans la wilaya
de Constantine, un budget de deux millions de dinars, la ministre a exprim son tonnement
quant ce projet. Alors, est-ce normal que le ministre de la Culture ne soit pas au courant
d'un projet d'une telle envergure ?, s'interrogera-t-elle. Mme Toumi devait ensuite
rcuprer le dossier de ce projet en vue de s'enqurir davantage de cette opration qui touche
255
une superficie de 50 hectares. Aprs la consultation du document dans le dlai d'un mois au
maximum, le wali aura l'avis du ministre, dira-t-elle.
Pour terminer, la ministre reviendra rapidement sur le sujet des salles de cinma. Elle
ordonnera cette occasion d'ouvrir la cinmathque de Constantine et de dsigner sa tte
un nouveau directeur.
Selma B.
256
257
15 juin 2000
La "citadelle" dchue...
De son statut de "citadelle imprenable", entre le XVe et XVIIIe sicle, la mdina
constantinoise est dsormais noye au cur dune ville europenne qui a pris ses aises au
dtriment de son "ane" quasiment livre elle-mme...
A part peut-tre la reconnaissance de ses habitants et la nostalgie quils ressentent pour elle
leurs moments perdus, la vieille ville accuse une profonde dtrioration du fait de
lindiffrence, a priori, des anciens gestionnaires de la ville. Cela dit, il y a galement lcueil
de la mconnaissance des moyens spcifiques permettant de prserver de vieilles habitations
conues pendant le rgne ottoman. La Casbah, le quartier Tabia occup lpoque par les
officiels de la mdina ; El Kantara, quartier rsidentiel rserv la bourgeoisie ou encore
Harat lihoud et Souika rsisteront-ils encore longtemps aux caprices de la nature et du temps ?
Avant la ralisation des premires extensions par les Franais en 1944 en dbutant la
construction de la gare ferroviaire instamment , Constantine tait concentre sur le rocher,
entoure et bien garde par quatre portes : Bab el gharbi, Bab el oued, Bab el kantara et Bab
el djabia dont il ne subsiste, hlas, plus aucune trace aujourdhui. Cest dailleurs au cours de
loccupation de la ville par les Turcs que la mdina a pris un cachet spcifique et a connu un
dveloppement important. A lpoque, nous dit-on, il y avait environ 28 souks, 27 moulins
bl, 3 fours et une multitude de mtiers artisanaux comme la dinanderie, trs prsente
aujourdhui encore. Les lieux Rahbat essouf et Rahbat ledjmal accueillaient chaque semaine
les vendeurs de laine et de chameaux ; Ils sont prsent "squatts" par de nombreux
trabendistes. Construite par Salah Bey au profit des arabes, les sparant des juifs, quil a cass
au niveau de la rue Tiers, Souika a vu natre et dfiler plusieurs gnrations de Constantinois
qui laffectionnent particulirement. Attachs ce patrimoine historique qui est la vieille
ville, ses habitants en parlent avec fiert et motion avec toutefois un soupon dinquitude.
Ils craignent de la voir seffondrer la suite de violentes pluies dautant que sur les 1 301
maisons recenses, environ 78% dentre elles menacent ruine. Ces dernires annes, il tait
mme question de la dmolir, du moins, cest le souhait exprim par certains urbanistes qui
ambitionnaient de reloger ses habitants et de la raser ! Dautres, savoir les "conservateurs",
se sont fermement opposs eux, uvrant plutt faire admettre la ncessit de restaurer la
mdina et pourquoi pas la transformer en... muse. Un vritable bras de fer avait oppos les
deux "clans" jusqu la dcision prise en janvier 1999 par les autorits de dbloquer la somme
de huit milliards de centimes pour la restauration dune partie de la vieille ville, savoir les
difices publics, le boulevard Zighoud Youcef et la rue Tiers, ce quune certaine gnration
de Constantinois appellent encore "Harat lihoud". Cela dit, daucuns estiment aujourdhui que
la responsabilit de ses habitants dans son tat de dlabrement nest pas carter do la
ncessit de sensibiliser sa population. Une dizaine dassociations regroupes en coordination
sest fixe, cet effet, lobjectif de faire contribuer les habitants de la vieille ville
lopration de restauration et de prservation du site. Quant aux habitudes, aux traditions et
"lesprit" de la cit antique, Constantine nen garde quun vague souvenir appartenant un
autre ge...
Lydia R.
258
25 avril 2001
CONNATRE ET VALORISER LE PATRIMOINE
On ne prsente pas Constantine. Elle se prsente et l'on salue. Elle se dcouvre et nous nous
dcouvrons. Elle clate comme un regard l'aurore et court sur l'horizon qu'elle tonne et
soulve. Puis, satisfaite de son effet, elle se fige dans sa gravit, se regroupe dans sa lgende,
se renferme dans son ternit Malek Haddad
Le site unique de Constantine est tellement mouvant qu'on ne finira jamais de parler de
l'histoire de cette ville
Mme Daho : Bien videmment car toutes les tapes prhistoriques et historiques sont
reprsentes Constantine. Le fait que prs de 20 % des dcouvertes archologiques faites en
Algrie du Nord, concerne la rgion comprise entre Stif, Souk Ahras et Constantine est une
belle illustration de la situation privilgie de notre ville. Des ossements de bubale, vieux de
deux millions d'annes, remontant donc la prhistoire ont t mis au jour dans la grotte dite
des Ours et des Mouflons. Jusqu' prsent, les habitants l'appellent El kehf ez zaher (la grotte
qui rugit).
La poterie du site de Tidis, la grotte des Pigeons, -dtruite par les Franais lors de la
construction du boulevard de l'Abme - et les nombreux dolmens attestent de la prsence
humaine ds la protohistoire il y a sept mille annes.
Des textes grecs et latins, dats du IVe sicle av. J.-C. mentionnent la ville des Massyles .
Au IIIe sicle, Cirta fut leve au rang de capitale du royaume numide. Nous disposons d'une
pice de monnaie, spcimen unique, frappe l'effigie de Massinissa. Il y est inscrit :
Massinissa roi. Cirta restera capitale numide pendant cent cinquante-sept ans. Puis la
colonisation romaine fait de Cirta le chef-lieu d'une confdration qui regroupait autour d'elle
Rusicade (Skikda) Chulu (Collo) et Milev (Mila). En 311, la ville est dtruite suite la guerre
entre Csar et Maxence. L'empereur Constantin dcide de la restaurer en 313. La ville porte
jusqu' prsent son nom.
Retrouve-t-on l'ensemble de ces civilisations dans Souika par exemple ?
Constantine, celle btie sur le rocher, tout au long de son histoire a connu quatre-vingts
siges. C'est dire l'importance de la cit et son corollaire la convoitise que cela suscite.
La moindre couche de terre est en fait une page d'histoire. Chaque fois qu'une maison est
dtruite, on fait des dcouvertes inattendues ; dalles tailles que les musulmans ont rutilises,
chapiteaux et mme des mosaques romaines. C'est la partie la plus basse qui est la plus
intressante. Jusqu' prsent, peu de sondages y ont t effectus. Souika est en fait un
brassage d'architectures : numide, romaine, arabo-musulmane, turque
259
Pourtant, Souika semble mal se porter. Beaucoup de maisons ne sont plus qu'un tas de ruines.
Pourquoi, l'image d'autres sites, elle n'a pas t classe patrimoine national ?
Le site a t class patrimoine national en 1992. Cette dcision pour tre excutoire doit tre
suivie d'un affichage. Ce dernier consiste tablir dans les deux mois qui suivent la dcision
de classement la liste des propritaires des maisons, identifier chaque btisse. Cela n'a
jamais t fait. La vieille ville de Constantine n'est donc plus considre comme patrimoine
national. Je parlais de pages d'histoire. Si nous ne les lisons pas, nous risquons de perdre notre
identit.
Samir Benmalek
260
29 Avril 2001
Le patrimoine Constantine nest pas pargn par la dgradation - Situation dramatique
Vol, transfert, dtournement le phnomne prend de lampleur dans lancienne Cirta
La clbration du Mois du patrimoine aura t pour la circonscription archologique de
Constantine loccasion de sensibiliser la socit la prservation du patrimoine, lequel est
soumis un peu partout la dgradation, au vol et mme au transfert. Mais si lantique Cirta
semble tre pargne par ces deux derniers phnomnes, selon les responsables, il nen
demeure pas moins que son patrimoine nest pas exempt de dgradation. Lintrt port par les
pouvoirs publics aux "ruines" est presque insignifiant sauf peut-tre quand celles-ci offrent une
"assiette foncire" convenable un quelconque projet. Et les exemples sont lgion. La
construction dun centre commercial et de locaux administratifs au niveau de la cit Djenane
Ezzitoune sest poursuivie en dpit de lexistence de sarcophages sur le site rpertori comme
tant lun des sites historiques les plus riches. La trouvaille dterre par les travailleurs du
chantier a soulev un toll durant lt 1998. La mobilisation des habitants du quartier aura
finalement amen la circonscription archologique dpcher ses quipes sur les lieux. La
confirmation de lexistence de traces et de fresques na pas pour autant stopp les travaux. Les
constructions dcides initialement srigeront quand mme sur un sol regorgeant de richesses
et dhistoire. Un autre site aussi clbre que le prcdent a chapp in extremis une situation
dramatique. Connu sous le nom dEl Gola, il est situ quelques encablures de la commune
de An Smara, distante dune quinzaine de kilomtres du chef-lieu de wilaya. Les autorits ont
failli le transformer en une simple et gigantesque dcharge. Celle de Constantine tant
sature, certains ont vu dans ce site lendroit idal pour dposer les 450 tonnes quotidiennes
dordures mnagres. Lenqute commodo et incommodo a mme t labore cet effet. La
raction de la circonscription archologique soutenue par la population aurait ralenti cette
dmarche pour quen dfinitive, lide soit abandonne. Du moins pour le moment ! Dautres
vestiges relatant les tapes historiques de la capitale de lEst ne bnficient nullement dun
traitement particulier pour leur prservation. Le cas du viaduc romain, sis sur le mme site de
Djenane Ezzitoune, illustre la perfection la situation. Cest devenu un terrain de jeux pour les
badauds de la rgion. Ce qui entrane sa dgradation, mme partielle, alors quil est class
monument universel. Tout comme le palais du Bey Ahmed auquel on a rserv beaucoup
dgards, puisque sa restauration fut dcide ds la fin des annes 80. Le temple des derniers
beys de Constantine a subi dnormes transformations pendant lpoque coloniale o il faisait
office de caserne pour larme franaise. Une fois restaur, le palais devra retrouver son
architecture initiale. Une opration dlicate, dautant que la conservation des matriaux
dorigine est recommande. L encore, les travaux tranent depuis une dcennie en raison de
lcueil financier. Le cot de sa remise neuf estim quelques dizaines de millions est mis au
compte de lEtat hauteur de 60%. Les 40% restants devront tre pris en charge par la
trsorerie de la wilaya. Une opration qui aurait d durer deux annes seulement Mais a
priori, qui sen soucie puisque le patrimoine nest pas considr sa juste valeur.
Nama Djekhar
261
6 mai 2001
Constantine fte le mois du Patrimoine
Souika face la btise des hommes
Le Rhumel entoure Constantine comme un bracelet orne le poignet d'une femme, disait le
pote. Mais les temps ne sont plus aux envoles lyriques. La vieille ville de Salah Bey, le
btisseur, s'croule, fatigue de l'indiffrence de ses responsables. Le site emblmatique tant
de fois voqu lorsque le pittoresque est de mise ne bnficie d'aucune mesure de protection.
Plus grave encore, Souika et victime des contradictions des tenants de la dcision.
Le site a bel est bien t class patrimoine national en 1992 (voir Le Matin du 25 avril
2001). Cependant, l'affichage jamais ralis a rendu ce classement caduque. Le prsident de
l'APC de Constantine que nous avons approch dira ce propos : "Le classement et la
restauration des sites historiques ne font pas partie de nos prrogatives. Nos moyens ne nous
le permettent pas. Cela relve des comptences de la circonscription archologique de la
ville qui est charge de ce dossier." Situe dans l'enceinte mme du palais d'Ahmed Bey,
dont les travaux de restauration sont en cours, la circonscription, par la voix de son
directeur, Sahi Nouar, se dfend de toutes responsabilit du dclassement du site de la vieille
ville. Ses propos sont sans quivoque. " Nous avons ficel puis remis le dossier l'APC en
1992. A cette poque, les mairies taient gres par les dlgations excutives communales
qui n'avaient pas procd l'affichage indispensable au classement. C'est donc aux services
de l'APC que revient le suivi du dossier. " Voil donc deux institutions, deux sons de cloche.
Mais un seul gchis. Une des plus vieilles ville d'Algrie, la plus type, hte de plusieurs
civilisations, tombe en ruine. Et ce n'est pas le temps, bouc missaire tout dsign, le seul
dprdateur.
La partie la plus basse, dgringolant ses venelles pavimenteuses jusqu'au Rhumel, est la plus
atteinte. Des quartiers entiers ne sont plus que tas de pierrailles et monticules d'immondices
nausabonds. A cet gard, l'exemple des anciennes maisons de tolrance, aujourd'hui
fermes, est " difiant ". Constantine, aux multiples paradoxes, rpute ville conservatrice,
abritait les plus grandes maisons closes du pays. Ces maisons s'talaient de Rahbet El
Djemal sur le plateau jusqu'aux abords du pont de Sidi Rached.
Lorsque, en 1990, le FIS dissous avait accd la gestion des affaires de la ville, ces
maisons de la " honte " furent tout bonnement fermes. Les locataires, les pripatticiennes
avaient mme dpos une plainte contre cette mairie. Plainte qui ne connatra pas de suite
efficiente mme si, sur le fond, le verdict rendu daignera reconnatre les droits de ces
contribuables. Depuis, ni les DEC successives ni l'actuelle APC ne veulent regarder du ct
de ces maisons que la pudeur empche de voir se transformer en dcharge ciel ouvert, en
ruine, en urinoirs.Aujourd'hui encore, la mort par empoisonnement en 1792 de Salah Bey, le
plus populaire des quarante beys de Constantine, habille de noir les vieilles citadines. Elles
portent le deuil du btisseur.
Samir Benmalek
262
12 dcembre 2001
CONSTANTINE RESSUSCITE SA VIEILLE VILLE
Les btisses considres comme une page de lhistoire, un lment de la mmoire collective
de la ville, seront reconstruites au mme endroit et dans le mme style.
Le temps est-il donc venu o Constantine sinquite du devenir de son tissu urbain et de la
prservation de son patrimoine architectural ? Le dernier arrt du wali milite pour une
affirmation. Le premier responsable de la wilaya a en effet demand la dmolition des
btisses menaant ruine et la restauration de toutes celles qui ont une place dans lhistoire de
la ville ou le moindre cachet culturel ou architectural. Nest-ce pas l une dcision qui ne
peut que remplir daise les propritaires des maisons classes patrimoine historique ou ayant
valeur symbolique. Selon le chef de dara de Constantine, cit par lAPS, ces btisses,
considres comme une page de lhistoire, un lment de la mmoire collective de la ville,
seront reconstruites au mme endroit et dans le mme style.
Cette opration exigera une slection stricte pour engager les entrepreneurs ayant une
exprience dans le domaine de la restauration du vieux bti. Larrt du wali accorde la
priorit aux propritaires quant la restauration de leurs demeures. Ils ont le droit de
procder, sils le dsirent, eux-mmes aux travaux de restauration, condition quils
respectent les normes requises pour la restauration. Dans le cas o le propritaire est dans
lincapacit de procder lui-mme aux travaux, il incombera la commune de prendre en
charge les travaux de restauration du bti. Les maisons reconstruites et restaures
deviendront biens de lEtat si leurs propritaires originels ne remplissent pas les conditions
exiges pour la restitution des maisons restaures. Notons que 338 vieilles btisses sur 793
recenses ont t vacues le 15 novembre dernier et leurs habitants relogs et ce, au mme
titre que dautres citoyens dont les logements menacent ruine cause des glissements de
terrain ou ceux habitant des bidonvilles. Le chef de dara de Constantine signale que
dautres oprations vacuations-relogement sont prvues incessamment. Ainsi, la
distribution trs prochaine de 462 logements permettront lvacuation dautres habitations se
situant un peu partout dans les quartiers sculaires de la ville tels Souika, la Casbah, RCif,
Tabia, Charaa ou Rahbet Essouf.
Il faut attendre la finalisation de lenqute du bureau dtude qui dsignera les maisons
rcuprables et donc restaurables pour connatre lavenir et le devenir de ce patrimoine de la
ville du Vieux Rocher qui, aprs nombre de vaines tentatives de sauvegarde, dsesprait de
voir ses ruines reclasses patrimoine national reprendre figure de maisons. Parmi ces vaines
tentatives, on citera les efforts neutraliss par les dfenseurs du foncier de ces nombreuses
associations militant pour la restauration de vieilles villes, mdinas et de casbahs qui ne
finissent pas de seffriter chaque jour un peu plus. Des exemples ? Alger, Bchar, Oran, Fs,
Marrakech et bien dautres villes sont l pour tmoigner.
Reda Cadi
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soient politiques ou culturelles. A cette occasion, alors que les principaux choix politiques,
sociaux et conomiques ayant guid le pays depuis 1962 se trouvaient remis en cause, la
question identitaire se posait avec acuit aprs trois dcennies de vaines tentatives vouloir
faonner le citoyen au moyen d'une idologie prtendant navement qu'il tait possible de
refaire le monde en chargeant l'instance politique de construire une culture ex nihilo.
" Quand on chasse le naturel, il revient au galop ". Ainsi l'histoire reprend ses droits. Ce retour
vers soi s'est naturellement avr trs salutaire pour le patrimoine et n'a pas manqu, lors des
nombreux dbats houleux spontans ou organiss sur la rconciliation avec l'histoire, de
mesurer les effets de l'amnsie travers l'tat de dlabrement du patrimoine et de susciter des
actions concrtes en vue de sa conservation. Il faut mentionner que la presse algrienne a
considrablement contribu, mme si dans un dsordre invitable, non seulement
l'organisation et la diffusion des dbats mais aussi, grce la constance des publications, les
faire connatre d'avantage et les faire mrir.
De l'autre ct, des cadres sincres et fortement engags dans la promotion du patrimoine ont
exprim, par la rdaction d'une nouvelle loi, la ferme volont de l'Etat de placer le patrimoine
parmi les proccupations majeures du pays et de s'impliquer d'avantage pour sa prservation
et sa mise en valeur.
Ainsi, au terme de presque quatre dcennies d'un chantier d'ides domin par la confusion et
la contradiction, est promulgue en 1998 la loi n98-04 relative la protection du patrimoine
culturel.
Apparu comme une suite logique et une confirmation naturelle du rel changement opr dans
le contexte politique et culturel, ce nouveau texte de loi sera approuv sans aucune difficult
par les parlementaires.
Les lments nouveaux consacrs par la nouvelle loi, outre la remarquable dimension de
conscience vhicule, se rsument en deux points essentiels : d'un ct, la notion de
patrimoine est tendue aux ensembles btis - les centres historiques - , et par la mme
occasion, est institu le " secteur sauvegard ", pour lequel dsormais il sera question d'tablir
le " Plan permanent de sauvegarde et de mise en valeur ". De l'autre ct, une autre nouveaut
mettre incontestablement sur le compte de la volont de l'Etat promouvoir le patrimoine,
est la reconnaissance explicite de la proprit prive et la cration d'un fonds d'aide au
patrimoine.
Alors que le nouveau texte faisait l'objet de campagnes d'explication (notamment l'occasion
de la clbration du mois du patrimoine : 18 avril-18 mai) de la part des acteurs qui l'ont
faonn - tout particulirement des juristes -, les techniciens sur le terrain ainsi que les
autorits locales rclamaient dj avec insistance la production des textes d'application de la
dite loi.
Une vingtaine de textes d'application sont programms depuis 1998. Les plus importants
concernent la prise en charge financire des tudes et des travaux pertinents la mise en
valeur ainsi que la qualification relative la matrise d'uvre et l'entreprise charge de
l'excution des travaux etc. Quatre longues annes se sont coules jusqu' ce jour, et les
textes si attendus tardent, pour des raisons incomprhensibles, voir le jour.
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Sur le terrain, outre les oprations de restauration de monuments, un grand nombre de projets
d'tudes pour l'laboration de plans de sauvegarde a t entam bien avant la promulgation de
la loi sur la protection des biens culturels devanant ainsi - en apparence - toute initiative de
l'administration du Ministre de la communication et de la culture.
Ces tudes, conduites souvent en toute hte, des cots de matrise d'uvre franchement
drisoires et dans des dlais impossibles, tentent de produire le "Plan de sauvegarde et de mise
en valeur" en l'assimilant l'unique instrument d'urbanisme de dtail officiel : le "Plan
d'occupation des sols". Cette entorse faite aux centres historiques n'est pas fortuite. Elle est la
consquence d'une vision anachronique persistante dont la cause dcoule de l'impossibilit
d'arracher le bti constituant les centres anciens du registre de "l'habitat prcaire". A ce titre, il
n'est point un hasard si le dossier des centres historiques, classs ou non classs, faisant l'objet
d'tudes est souvent pris en charge par le Ministre de l'habitat et de l'urbanisme.
Pour l'instant, force est de constater que le manque de concertation et de coordination entre le
Ministre de l'habitat et de l'urbanisme et le Ministre de la communication et de la culture ne
profite pas de faon positive au patrimoine. Au del des quivoques qui peuvent surgir
malencontreusement dans le rapport avec les associations, sachant que ces dernires
privilgient par nature le bon sens au respect inconditionnel des procdures en vigueur, il est
souhaitable de rechercher dans la conjoncture actuelle les possibilits qui puissent aider
transcender les trop fermes "effets de position" des institutions. Les schmas d'organisation
institutionnels, tels que appliqus de nos jours, ne permettent pas d'agir de faon concerte et
positive pour le bien du patrimoine protg et, surtout, non protg.
Car il faut se rsigner admettre que non seulement le patrimoine est l'affaire de tous mais
galement croire qu'on a toujours besoin de l'exprience d'autrui. En effet, si le Ministre de
l'habitat et de l'urbanisme possde des cadres qui ont une exprience avre dans le traitement
des dossiers se rapportant aux tissus urbains et notamment l'habitat prcaire, le Ministre de
la communication et de la culture enregistre son actif, bien que modestement, une
exprience dans le domaine de la conservation. Il parat vident que la mise contribution
simultane des deux expriences donnera l'occasion l'Algrie de raliser un progrs notable
dans la prise en charge effective du patrimoine. Si le patrimoine en Algrie constitue un
problme assez ardu, il le sera moins si les aspects isolationnistes contenus dans les rgles
concernant les relations entre les hommes - et les institutions - viennent s'estamper. Il n'est
pas exagr de dire que le patrimoine n'a jamais t un problme insurmontable; c'est plutt
ceux qui ont la charge de le prserver et le mettre en valeur qui constituent le problme.
Le retard en matire d'orientation et de dfinition des modalits d'application de la loi ne
reflte aucunement la volont exprime dans cette dernire. Pour l'instant, le rcent texte de
loi demeure comme un espoir tout court au vu des sollicitations exprimes aussi bien par la
socit civile (Associations), les institutions et les organismes locaux. A ce titre l'ICOMOS
Algrie n'a pas manqu - notamment l'occasion du rcent " Symposium International sur la
mise en valeur des centres historiques ", organis Alger du 13 au 15 mai 2002 par le
Ministre de la Culture et la Communication et l'Ambassade de Sude Alger, l'occasion du
3me Festival Culturel de l'Union Europenne en Algrie - de recommander, au nom des
associations algriennes caractre culturel uvrant pour la prservation et la promotion des
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Comment faire pour laborer le contenu d'un plan d'urgence efficace et veiller galement sa
mise en uvre dans des dlais trs courts ?
Il serait crdible et plus rassurant , en vertu des diffrentes natures du problme Casbah et de
sa complexit, de rassembler sous l'autorit du gouverneur de la rgion toutes les comptences
actuellement disponibles sur le territoire national mais parpilles dans plusieurs structures
(architectes, ingnieurs et entrepreneurs), en prsence des reprsentants des autorits locales
dots d'un minimum de pouvoir de dcision (wilaya, daira et commune) et des reprsentants
de la socit civile (Associations oeuvrant pour la prservation de la Casbah), pendant un,
deux ou trois jours, ou plus s'il le faut, en vue de produire un document d'orientations
pratiques des actions mener dans le cadre des travaux d'urgence, et un deuxime documents
se rapportant aux mesures devant identifier et assurer la constance des actions ordinaires pour
entretenir et grer ce qui reste dsormais du tissu de la Casbah (Ramassage des gravats et des
ordures mnagres, clairage, alimentation en eau potable, assainissement, police urbaine
pour juguler le squat, etc.). Une telle entreprise apportera certainement des clairements
profitables au matre d'uvre charg de l'laboration du plan de sauvegarde; comme aussi elle
pourrait produire un prcdent heureux qui servira d'exemple la quasi-totalit des mdinas
du nord d'Alger. Car, du fait de sa condition de capitale, Alger sert de rfrent aux autres
villes en produisant un impact considrable; il serait donc judicieux de mettre au bout de sa
force tranante le bon exemple que de continuer entretenir son rle de mauvais exemple. A
la lumire des rares expriences ralises au nord de l'Algrie, le dcalage enregistr entre les
aspirations de la socit civile et le credo cultiv dans les milieux des techniciens chargs de
l'laboration des plans d'amnagements urbains demeure assez contrastant.
Alors que le nord de l'Algrie - troite bande ctire appartenant au systme mditerranen
qui renferme les mdinas et les grandes villes - continue observer la lente et sure
dsagrgation des tmoignages historiques de modeste facture architecturale, le patrimoine du
sud, en revanche, bnficie d'une attention particulire qui soulve quelques apprhension
lgitimes. S'agit-il d'une attitude qui exprime la conscration de la reconnaissance d'un
patrimoine essentiellement vernaculaire? Ou bien s'agit-il d'une simple appellation la mode
qui somme toute finira par dvoiler ses vises exclusivement " hyginistes " ?
Pour l'instant, il faut retenir qu'un nombre apprciable d'tudes pour l'laboration de plans de
sauvegarde a t lanc par diffrents ministres, en l'occurrence le Ministre de l'habitat et de
l'urbanisme, le ministre de la culture et de la communication et le Ministre de
l'amnagement du territoire et de l'environnement.
Ce dernier, grce la disponibilit d'un fonds consistant consacr au dveloppement du sud,
mettra au profit des collectivits locales les moyens financiers afin d'entreprendre des
oprations de revalorisation des ksour sans considration particulire au fait qu'ils soient
classs ou non sur la liste du patrimoine national. Le fait que l'opportunit d'intervenir ou
d'laborer un projet sur tel ou tel bien culturel soit laisse l'initiative des autorits locales,
dnote un changement heureux dans la prise en charge du patrimoine, mais a
malheureusement permis parfois d'entreprendre des travaux sans l'tablissement d'une tude
pralable dment labore. Le document graphique et crit est parfois rduit une simple
formalit administrative dont le prpos la gestion locale croit pouvoir s'en passer. Ainsi
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toutes les informations inhrentes l'histoire de l'objet " rpar " sont occultes au mme titre
que les avantages offerts par le document dans la gestion rationnelle de son entretien.
Les difices monumentaux
Bien que des oprations - au demeurant insignifiantes au regard la masse considrable des
biens historiques qui ont besoin d'une cure - soient prescrites l'adresse d'un certain nombre
de monuments, il n'est pas permis encore de parler d'une gestion rationnelle du patrimoine
monumental class ou non class, encore moins d'une vritable pratique de la conservation et
de la mise en valeur.
Parmi ces oprations, menes dans des cadres circonstanciels assez diffrents et par des
institutions diffrentes - en gros, il s'agit du Ministre de l'habitat et de l'urbanisme, du
Ministre de la culture et de la communication et du Ministre de l'amnagement du territoire
et de l'environnement - l'on enregistre essentiellement la " restauration " de trois ensembles
monumentaux (Citadelle d'Alger, Les palais des Bey d'Oran et de Constantine), de quelques
mosques et palais dont la majorit se situe dans le centre ancien d'Alger; et enfin la
rhabilitation d'un lot et de la place du Ksar d'El Atteuf Ghardaia, qui ont fait l'objet d'une
tude pralable.
Faut-il voir dans ces actions concrtes un signe de changement? Que la priode de "
sensibilisation " pour le patrimoine est dsormais une proccupation du pass?
Oui. L'heure est l'intervention, aux mthodologies d'approche de l'acte de restauration et
l'organisation du chantier de restauration. L'heure est aussi la discussion autour de la
matrise des techniques et des rgles rgissant la restauration.
Cependant, sur le terrain la confusion est grande: certains architectes, peu scrupuleux, sans
aucune prparation culturelle et technique, s'autoproclamant " restaurateurs ", causent en des
temps record des dommages irrversibles au patrimoine que des dcennies entires de
ngligence n'ont pu provoquer. Ainsi, une nouvelle forme de barbarie prend pied au dtriment
non seulement de la prservation du patrimoine, mais aussi des comptences avres que
l'Algrie a formes dans un premier temps dans des universits europennes, puis l'Ecole
Polytechnique d'architecture et d'urbanisme d'Alger (EPAU).
Ces architectes pseudo-restaurateurs, qu'il est juste de qualifier de charlatans, se distinguent
par des pratiques singulires riges en rgles dont la porte est totalement irrespectueuse du
patrimoine: 'une des plus dplorables, qui consiste " corcher " minutieusement le
monument dans ses moindres parties internes et externes, est impose comme procd pour la
lecture des transformations survenues dans le monument, nonobstant l'avertissement des
restaurateurs sur les effets nfastes d'une telle pratique: compromission de la durabilit de
l'ouvrage et suppression des fresques et du tmoignage documentaire de la stratigraphie des
diffrentes couches chromatiques.
Des exemples emblmatiques mritent d'tre cits: La Citadelle d'Alger, Djamaa Ali Betchin,
Djamaa Es Seghir, Djamaa Sidi Ramdane, Zaouia de Sidi Abderrahmane, Palais de Dar El
Hamra, Palais de Dar Aziza, Alger; Palais du Bey d'Oran, Palais du Bey de Constantine,
Mosque de Sidi Boumediene Tlemcen, etc.
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L'ICOMOS Algrie n'a pas manqu une seule occasion pour exprimer sa dsapprobation en
exposant de faon objective le tort caus l'ouvrage historique la suite de l'enlvement
systmatique du revtement ancien. Le revtement, en tant que couche de protection des
structures rendues extrmement vulnrables par la prsence de terre dans la composition du
mortier existant, est considr seulement dans son acception de " couche de sacrifice " non
pas dans la logique de participation la conservation de l'ouvrage, mais plutt comme partie "
sacrifiable " mme pour des raisons trangres sa raison d'tre, en l'occurrence venir en aide
l'incapacit du charg de l'tude de restauration de faire une lecture approprie du
monument au moyen de sondages non destructeurs. Des arguments et des exemples
emblmatiques ont t ports par des spcialistes locaux la connaissance de techniciens
responsables pour les convaincre de la ncessit de maintenir en place les revtements en bon
tat. Malheureusement, outre le crime de lse-histoire, la nouvelle " barbarie " se refuse
d'admettre, au regard des atteintes permanentes portes aux monuments, l'impossibilit de
reproduire la mme qualit d'adhrence avec les mortiers base de ciment, malgr les
explications produites sur l'incompatibilit des comportements chimique et physique entre les
matriaux traditionnels et modernes. L'avenir proche sera sans surprise: des pans entiers
d'enduis se dcolleront des parois sous la forme de grandes plaques.
Par ailleurs, certains monuments transforms durant l'poque de l'occupation franaise (18301962} sont souvent l'objet d'puration de tout ce qui se rfre cette priode. Cette vision
troite de la restauration, toujours promue par certains architectes et archologues trangers au
domaine de la conservation, dnote une attitude " pseudo-nationaliste " peu respectueuse de
l'histoire et de la dimension universelle du patrimoine.
Ici, encore une fois, la mosque Ali Betchin Alger, - qui se doit tre voque tant le cas est
parvenu illustrer de faon emblmatique les interventions contraires aux principes
lmentaires de la conservation - montre la nature " idologique " des atteintes portes au
patrimoine: la suppression de la deuxime grande coupole, abritant l'autel au temps o la
mosque tait convertie en glise, a fini d'ailleurs par constituer un prtexte inavou pour
s'adonner des reconstitutions arbitraires, sans aucune documentation prouve, au mme
titre que la surlvation du minaret, porte au double de sa hauteur initiale, sur la seule base
qu'il aurait t dmoli par le pass lors des incursions des flottes europennes dans la baie
d'Alger.
En somme, il est clair que le fait de la restauration, au vu d'un grand nombre de projets,
demeure un acte personnel assimilable celui d'un architecte aux prises avec la conception
d'un objet rnover. Aucune considration n'est accorde la substance matrielle historique;
l'important est l'clat que pourrait provoquer un difice aprs " rparation ".
Le Bastion 23 - Ensemble de palais et de maisons datant de l'poque turque, appel galement
Quartier de Rais - , qui ft class en 1909, se prsente aujourd'hui, aprs " restauration sans
tude ", sous un " look " scintillant donnant l'impression d'une pice mcanique venant de
sortir de l'usine. Un tel effet est rvlateur du traitement dont ont fait l'objet les btiments
constituant le complexe historique en question. L'opration a consist dans le dmantlement
d'une grande partie des murs porteurs mixtes et leur substitution par une ossature en bton
arm et un tamponnement en brique creuse de terre cuite. Tous les revtements ont t refaits
avec des matriaux et des techniques modernes. La faence, assez rpandue sur les murs
intrieurs, a t soigneusement remplace par de nouvelles pices conues selon un got laiss
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la russite tous les examens des matires dispenses et la soutenance d'un mmoire. La
brve prsence de la coopration italienne, courte cause des vnements tragiques qui ont
secou l'Algrie, a quand mme permis aux responsables de l'poque de prendre les devants
en prvoyant le relais de l'encadrement par le personnel local sans pour autant rompre le lien
avec l'universit de Rome.
Aprs une dcennie d'efforts pour consolider et consacrer dfinitivement cet acquis, obtenu
cots de grands sacrifices humains et financiers aussi bien de la partie algrienne qu'italienne,
la nouvelle direction de l'EPAU fait table rase des deux filires de post graduation existantes:
savoir "Urbanisme" et "Prservation et mise en valeur des monuments et sites".
La rgression est brutale. Le mcontentement est total. Alors que l'intrt pour le patrimoine
marque avec optimisme des avancs considrables dans l'environnement culturel et
professionnel algrien, l'unique institution charge de l'enseignement des architectes qui soit
dote de moyens matriels significatifs - l'EPAU - , trahit l'espoir d'une gnration
d'architectes en dcidant, on ne sait sous quelle impulsion, de mettre fin l'unique formation
post-universitaire consacre au patrimoine.
A l'ore du troisime millnaire, une autre opportunit s'est prsente, dans le cadre du
programme Euromed-Hritage pilot par l'ICCROM: le "cours maghrbin du patrimoine".
Cette initiative a permis l'Algrie d'accueillir une partie de la formation post-gradue sous
l'intitul "Conservation-restauration des biens archologiques". L'exprience n'a dur que le
temps d'une promotion, alors qu'elle promettait de servir d'input pour asseoir dfinitivement le
cours sous les auspices de l'Algrie.
Le cours homologue de Tunis, bien plus ancien, prvoyait une formation complmentaire
dans le domaine de la " Restauration des monuments et la sauvegarde des centres historiques".
L'on relve de la brve exprience du "cours du patrimoine du Maghreb" deux considrations
: le cours d'Alger, bien qu'ayant conclue la formation avec succs, n'a pu produire l'effet de
levier attendu. Mis part les quelques intentions dclares par des responsables universitaires,
aucune suite concrte ne fut donne la poursuite de cette premire exprience consacre la
formation de conservateurs. D'autre part, il faut souligner les fortes dperditions dans le
recrutement des architectes ayant subi la formation de Tunis. Par manque d'une politique
claire de la prise en charge du patrimoine, et par consquent de la reconnaissance des
diffrents profils de comptences indispensables, grand nombre des architectes prpars dans
le cours de Tunis n'ont pu tre rinvestis dans les quelques structures existantes. Il faut
galement noter que les " diplms " continuent susciter auprs de certains fonctionnaires,
n'ayant d'intrt que pour le poste, l'image d'un adversaire probable dont il faut se dfaire.
Conclusion
Au-del de la sensibilit manifeste l'gard du patrimoine - traduisible en terme d'attention
effective accorde ce patrimoine, qu'il est d'ailleurs tout fait possible d'apprcier juste
valeur en considrant le point de vue et l'apport de chacun des acteurs impliqus diffrents
degrs directement ou indirectement dans la prservation et la mise en valeur du patrimoine, l'Algrie , par sa modeste exprience, a montr tantt des avances notables, notamment par
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7 octobre 2002
BIENTT UN MUSE D`ARTS TRADITIONNELS CONSTANTINE
Nous appartenons une gnration qui rve beaucoup. Mais nos rves sont ralisables.
Dans le demi-jour du sous-sol du muse Cirta de Constantine, ces paroles prononces alors
qu`une subite lueur claire l`il de cette enseignante songeuse renvoient la dure ralit du
patrimoine culturel de Constantine qui se trouve dans un tat de dlabrement indescriptible
. Mais pour l`Association des amis du muse national Cirta, il est encore temps de sauver ce
que les sicles et surtout le mpris des tenants de la dcision ont jusque-l pargn. Si nul
reproche ne peut tre fait au temps d`grener les ges, la responsabilit des hommes, elle, en
revanche, est horriblement grande. Depuis quelques annes dj, arpenter les rues de la ville
ou les venelles pavimenteuses de Souika est un exercice au cours duquel le regard subira
l`insulte des monticules d`immondices et les narines l`agression des odeurs enttantes
d`urine.
Cre il y a de cela une anne, cette association, qui compte une centaine d`adhrents,
ambitionne de crer un muse des arts traditionnels Constantine. Au cur mme de Souika,
la vieille ville. Comme une rconciliation de la ville avec sa mmoire. Tout est prsent pour
la russite de ces retrouvailles : le pass plusieurs fois millnaire de la ville, la maison
traditionnelle offerte par une famille constantinoise et les promesses d`aide du ministre de
la Culture. Je regrette que Constantine ne dispose que d`un seul muse. A ce propos,
l`association est arrive au bon moment pour la ralisation de ce projet. Ce muse sera
d`autant plus attractif qu`il se situera au cur de Souika , espre Mme Daho-Kitouni,
directrice du muse national Cirta. Et la donatrice de la maison, l`enseignante aux rves
mesurs, de renchrir : Ma famille possde une gandoura qui date de plus d`un sicle.
Nous la cderons galement au muse. En plus de rassembler les objets domestiques et
d`artisanat, il est attendu de ce muse des arts traditionnels un rayonnement culturel sur toute
la rue Mellah-Hocine, envahie par un bric--brac de marchandises. Comme il est aussi
attendu l`aide financire du ministre de tutelle pour la restauration de la maison
vraisemblablement construite avant l`arrive des Ottomans . Ce qui lui attribuerait plus de
quatre sicles d`ge. Car, expliquent les membres de l`association, nous voulons une
restauration respectueuse de l`architecture et des matriaux de construction . En attendant
cette ralisation tant souhaite, l`association a fini la rdaction d`une revue, le premier
numro, consacre l`histoire des rues et des quartiers de Constantine effectue partir
d`une carte d`tat-major datant d`avant-1837, anne de la chute de la ville. Un CD est d`ores
et dj achev regroupant les articles crits sur l`histoire de la ville entre 1853 et 1971. Mais
le nerf de la guerre manque toujours.
Samir Benmalek
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22 mars 2003
Sauvegarde de la Mdina et rhabilitation du vieux bti
Le vide juridique bientt combl ?
Les oprations de rnovation du vieux bti, engages de faon exprimentale par lOPGI de
Constantine, semble marquer le pas, ou du moins connatre un net ralentissement, malgr la
disponibilit des fonds gnrs par la taxe dhabitation et la contribution de la collectivit
locale.
Certes elle a touch deux grands boulevards de la ville : Zirout Youcef et Tatache Belkacem, et
aussi quelques maisons ici et l, mais na pas pu toucher le grand parc des habitations
anciennes de la wilaya, et dont la rhabilitation permettra de faire revivre ce parc et prolonger
sa dure de vie pour plusieurs annes encore. Or plusieurs obstacles se sont dresss devant
cette revitalisation des btiments et sites anciens. Lon peut citer les tudes qui nont pas
dpass le cadre de la rnovation des cages descaliers, des toitures et ravalement de faades,
les montages financiers insuffisants, dus la rticence des propritaires ou des locataires
mettre la main la poche pour y contribuer, et la nature de la proprit, dans lindivision
surtout dans la Mdina,, qui font du bti un cadre dintervention miett et diffus. Dautre part,
et comme latteste la lenteur et les ttonnements dans la rnovation du Palais du Bey, il
nexiste pas, selon un constat fait par le ministre de lHabitat, qui se penche sur la question, de
moyens dinterventions spcialiss, que ce soit en matres artisans, ou en entreprises qualifies
pour ce type de travaux. Certes, les collectivits locales disposent dun texte de loi, depuis
1983, qui leur permet de prendre en charge, effectivement, le vieux bti. Mais cette
intervention na pas dpass le cadre doprations ponctuelles, sans lendemain. Ainsi le projet
de rnovation du Vieux Rocher de Constantine, na pas t concrtis, si ce nest les
oprations de dmolition de demeures menaant ruine qui ont eu lieu, dans les annes 80 au
quartier Souika. Un meilleur sort ces sites et difices historiques semble tre le but que sest
fix le ministre de lHabitat, travers la promulgation prochaine dune loi relative aux
interventions sur le vieux bti, qui permettra la cration dun fond national pour la
rhabilitation du vieux bti et dune agence nationale pour la rnovation urbaine. Ces nouveaux
instruments juridiques doivent donner, plus de moyens dintervention, sur des quartiers entiers
des villes anciennes, notamment avec la facult dimposer aux propritaires la rnovation et
celle dacquisition lamiable, par droit de premption ou par expropriation dimmeubles
anciens reconnus dintrt gnral et destins une opration dutilit publique. En un mot, ces
textes donnent lintervention pour rnover ou revitaliser un vieux site, un caractre dintrt
gnral qui incombe lEtat.
M. Ahmed
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14 janvier 2003
Lexprience italienne mise contribution pour la sauvegarde de la vieille ville de
Constantine
Une dlgation dexperts italiens spcialistes dans le vieux bti devrait sjourner
Constantine, ce week-end, en perspective du programme de rhabilitation de la vieille ville
dans lequel elle est officiellement partie prenante. Les htes de Cirta auront un planning
charg en matire de visite sur le site ligible la rhabilitation, en sus des runions de
travail avec les services techniques locaux pour change de visions et la finalisation du
dossier, croit-on savoir. Lexprience constantinoise dans le domaine, prcisment la rcente
restauration du quartier juif et du boulevard Zighoud en prolongement de la vieille ville fera
certainement lobjet dun expos. La prservation de la vieille ville a t longtemps au cur
du dbat sur la scne constantinoise. Entre la thse de la dmolition et celle de la sauvegarde,
les avis sont aux antipodes. Les partisans de la dmolition justifient leur position par ltat de
dlabrement avanc de ces centaines de maisons datant de lpoque ottomane et dont le
rasage engloutirait moins dargent quune restauration. Les dtracteurs, quant eux, jouent
la fibre du patrimoine et de la mmoire historique et culturelle que reprsente ce tissu urbain,
quand bien mme fissur par les effets des intempries mais aussi par labsence dentretien
de la part des autorits et des occupants. En dfinitive, cest la politique de prservation qui
sera retenue. Les prmices de sa concrtisation sont en passe de se dessiner avec la
coopration italienne. Dans ce mme tat desprit, il y a eu, au dbut de lanne universitaire,
la tenue dun sminaire sur la rhabilitation du vieux bti, organis conjointement par
lInstitut darchitecture de luniversit Mentouri et les experts italiens. Un chantier-cole est
dj mis sur les rails, compos des meilleurs tudiants dont la mission est de raliser des
travaux danalyse et de recherche sur la nature du site. Limplication des diffrentes parties
dans ce dossier aura donc dbouch sur un programme effectif de rhabilitation. Cette
opration qui prendra forme, vraisemblablement par tapes, sera de longue haleine et
mobilisera des moyens consquents. Elle puisera son financement, en grande partie, dans les
recettes issues de la taxe sur lhabitation. Le suivi sur le terrain sera assur par une cellule
prside par le premier responsable de lexcutif. La prparation du dossier est dvolue
quatre ateliers composs dlus, dexperts et des membres des diffrents services techniques.
Nama Djekhar
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21 mai 2003
ARCHOLOGUES, ARCHITECTES ET ARTISTES DNONCENT; SACCAGE ET
PILLAGE DES RICHESSES DE LANTIQUE CIRTA
Selon de nombreux archologues, architectes et artistes rencontrs dimanche lexposition
organise par lassociation Sauvegarde du patrimoine, au Centre culturel Malek Haddad, les
richesses archologiques de lantique Cirta et de ses alentours risquent de disparatre jamais du
patrimoine national du fait des pillages et enfouissements rsultant dune urbanisation effrne.
Les artistes et spcialistes prsents cette exposition nont pas lsin sur les mots pour stigmatiser
linsouciance, la dsinvolture et le laisser-faire des responsables locaux et des gens de lart,
observs depuis plusieurs dcennies face aux dprdations qui se poursuivent encore et demeurent
impunies. Les actes de pillage ont toujours exist nous dira un membre de lassociation et tout
compte fait ils remontent longtemps avec le dmantlement des sites antiques Constantine et
autour de cette cit qui plonge ses racines dans le nolithique, poque de plus de sept mille ans.
Nous ny pouvons rien sinon rassembler et raccommoder les dbris des vestiges du pass qui
savrent tre dune richesse exceptionnelle mesure des investigations qui se font au comptegouttes. Aussi par-del les constatations qui sont faites mesurant lampleur des dgts, il est
toujours possible dintervenir pour stopper la mise en coupe rgle des richesses archologiques
sauves du naufrage. Nos interlocuteurs citent comme exemple le cas du site de Bkira la sortie
de Constantine sur lequel la cit nouvelle a t btie dterrant sans tat dme des vestiges antiques
mais galement des installations de lpoque arabo-turque et dont une partie pargne par le bton
rvle, chaque coup de pioche, des trsors enfouis, tmoins dune riche priode dont lapoge se
situe au XVIIIme sicle. Au sein de la cit de Massinissa et des Almohades, des dizaines de
mosques et de zaouas ont t rases ou sont tombes en dcrpitude et dont il ne subsiste que des
ruines. Le mausole de Sidi Mabrouk, lintrieur du centre quin (la Remonte) a t ravag par
larme coloniale puis par les pillards et il ne subsiste plus que la chambre o tait enchan le
Saint, vers la fin de sa vie. Il sera soulign que la vieille ville conserve encore des maisons de style
andalou comme celle de Bjaoui, lieutenant dAhmed Bey et dont les colonnades en marbre de
carrare et les balustrades en bois prcieux furent arrachs, vols et revendus au march en toute
impunit durant les annes 1990. Dautres maisons de matre comme celle d El-Mchaekh ,
El-Batha, construites en pierres de taille dune tonne et plus chacune, furent peu peu dmanteles
avant dtre dfinitivement dsertes par leurs derniers locataires. Pourtant ces dizaines de
maisons difies tout au long de la priode des beys, comptent parmi les plus prestigieuses et les
plus reprsentatives, au Maghreb, de la civilisation arabo-musulmane, nous dit-on. Et le risque est
grand de les voir disparatre, une une, avec le naufrage annonc de la vieille ville ds lors
quaucune mesure conservatrice nest prise pour prserver ces tmoins dune priode de grand
rayonnement culturel. Les membres de lassociation pour la prservation du patrimoine dplorent
279
quil y ait un vide juridique et quaucune loi coercitive ne protge ces richesses archologiques.
Plus grave, soulignent ces derniers, il est arriv des entrepreneurs de mettre en vidence un site
ancien comme celui en bas de Ouinet El-Foul et ordre leur fut donn de passer outre et de btonner
la trouvaille archologique pour ne pas retarder le projet de construction en cours.
A.Benkartoussa
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29 septembre 2003
Vieille ville de Constantine
Le Master Plan pour la sauvegarde de ce patrimoine millnaire
Aprs plus de deux ans de concertation entre urbanistes et architectes algriens et italiens, le
projet de rhabilitation de la vieille ville de Constantine, le master plan, verra le jour. Sa
mise en application est effective depuis quelques mois, lissue de la visite sur le site dune
dlgation de spcialistes affilis luniversit Roma III.
Ce projet dont le financement est bas essentiellement sur le prlvement de la taxe
dhabitation est soumis au protocole dune opration de restructuration et de requalification
des anciens tissus urbains historiques, initi par le prsident algrien lors de son
dplacement en Italie en novembre 1999. Le plan de mise en valeur du patrimoine
immobilier et de sauvegarde des tissus urbains de la mdina sera scell avec le paraphe dun
accord bilatral en janvier 2003.
Trnant sur le Rocher, la vieille ville constantinoise simbrique en une multitude de
constructions dune grande qualit architecturale et urbanistique qui, quelques sicles plus
tard, prsentent des signes deffritement et de dgradation assez avancs. Son amnagement
ne peut, selon les spcialistes, tre pens quen fonction de la double ralit de la mdina,
cest--dire sa position dans lensemble urbain et la sauvegarde de son patrimoine. Moult
interrogations seront souleves autour de cette rflexion qui exigera des rponses prcises
quant au protocole prconis pour la rhabilitation.
Lapproche des autorits pour cette question renvoie deux phases principales en
loccurrence le recensement et le classement des propritaires. La premire dmarche
consiste faire dune part linventaire des commerces lgaux, des commerces informels, de
dfinir le type architectural des btisses. Leur tat de dgradation et la nature juridique des
biens. Dautre part, recenser lensemble des familles occupant le Rocher et rpertorier les
locataires et les propritaires.
Ces derniers seront rpartis, en seconde tape, en deux catgories, celle des propritaires et
celle des propritaires rsidant sur les lieux.
Ltude des dossiers du bti ligible la rhabilitation se fera au cas par cas. Le
financement de cette opration est la charge de la wilaya. Une fois ces deux grands axes
arrts, le plan de sauvegarde prendra forme en tant que projet ne pouvant tre avalis que
par dcret interministriel. Il est dfini en trois principales phases, le diagnostic, le contrat et
lexcution. La spcification des espaces comprenant lanalyse urbaine, les schmas
damnagement, la synthse, le rglement spcifique et le plan daction seront autant de
281
282
Les contours de limmense tche qui attend les professionnels, sous lil expert des Italiens,
sont a priori tablis ds lors que les zones dintervention sont identifies. Elle sont au
nombre de six, en loccurence, Rahbet Essouf, El-Djazarine, Souika, Mellah Slimane et le
Palais du bey. Stendant sur des superficies de lordre de 0,50 20 ha, chaque zone sera
touche par des aspects communs de la rhabilitation, soit la rnovation ou la dmolition.
Le suivi de cette entreprise denvergure est confi une cellule prside par le wali et
compose de 34 membres issus des divers secteurs, archologie, architecture,hydraulique,
socit civile, universitares, juristes, etc.
Nama Djekhar
283
20/6/2004
Constantine : des trsors darchologie
Mdina Ses constructions de type traditionnel arabo-musulman ou colonial sont au nombre
de
1056.
Cest ce que fait ressortir une tude rcente effectue par la cellule charge de la
rhabilitation et de la sauvegarde de la vieille ville. La majorit de ces constructions est
localise au niveau de La Casbah ( 374) et Rahbat Essouf (place de la Laine) (224).
Le responsable de la cellule, M. Boumaouche, tient signaler que de nombreux
quipements culturels de la vieille ville ont t classs patrimoine national ds le dbut des
annes 1900, il sagit essentiellement des mosques de Sidi Lakhdar (quartier El-Djezzarine)
qui date de 1743, Hassan Bey (1721) ou dEl- Rettania, difie en 1776.
De plus, la vieille ville recle, dans son sous-sol, de vritables trsors archologiques, telle
cette dcouverte rcente (7 juin dernier) dune mosaque datant de lpoque romaine, de
poteries anciennes, de jarres et dossements humains, dans une habitation menaant ruine de
la
rue
Tayeb-Belabed
(haute
Souika).
Des archologues du muse Cirta de Constantine dplorent, cet effet, que aucun budget
spcifique ne soit allou aux fins de fouilles archologiques. Les dcouvertes sont purement
fortuites, tiennent-ils signaler. Ces quartiers de la vieille ville possdent galement leurs
propres structures vitales, savoir 300 commerces, 110 institutions administratives et 8
financires, 9 centres culturels (bibliothques, centres culturels islamiques ainsi que linstitut
Benbadis en voie de rhabilitation).
Mais le constat simpose : trop longtemps dlaisse au profit dune modernisation effrne
de la ville qui sest faite son dtriment, une grande partie de la mdina est en passe de
disparatre jamais.
Actuellement, prs de 50 % de ses constructions traditionnelles sont voues la dmolition
pure et simple pour celles qui ne se sont pas effondres et faute de remde adquat.
Elles ont t victimes, nous dira M. Boumaouche, du manque dentretien, des dmolitions
volontaires de la part de leurs propres occupants, esprant de la sorte se faire reloger dans les
nouvelles cits, des sismes, de la climatologie ou mme de la vtust des matriaux qui les
composent.
On conservera quand mme les terrains dassiette, poursuivra-t-il, qui serviront plus tard
ldification de nouvelles constructions du mme type
En ce qui concerne le reliquat, environ 51% des constructions qui se trouvent encore dans un
tat dit solide ou seulement dlabr, feront lobjet dun vaste programme de
rhabilitation appel Master plan financ par lItalie et confi une universit italienne et
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qui devrait sauf contretemps staler jusqu la fin 2005. Il comporte des donnes de la
vieille ville et des propositions mme dassurer sa rhabilitation.
Ce plan sera excut en trois phases, nous dit-on. Signalons tout dabord la collecte et le
traitement des donnes phase boucle actuellement puis la prcision des objectifs
atteindre, leur compatibilit avec les moyens existants et lencadrement technique ncessaire
et, enfin, ltablissement dun document ou manuel technique comprenant llaboration des
dossiers dexcution en matire de rhabilitation et de restauration et de dfinition des lignes
de conduite adopter pour chaque zone du vieux bti.
Le Master plan, nous dira M. Boumaouche, responsable de la cellule, constitue lun des
dossiers les plus importants suivis par notre quipe, lequel nous permettra dtablir une
stratgie dintervention. Pour rsumer, les Italiens se chargeront de la phase tudes et
propositions et les Algriens de la mise en service. Et cest l que le bt blesse, semble-t-il,
puisque, lheure actuelle, aucun budget na encore t arrt par les autorits locales ou
centrales.
A ce sujet, M. Boumaouche reste confiant. Au pire, nous confie-t-il, nous essaierons de
convaincre, le moment venu, les Italiens de prendre en charge tout ou partie des frais
quoccasionneront les nouvelles ralisations. Le montant de ces frais ne pourra tre fix
quultrieurement, cest--dire lissue de la troisime et ultime phase du Master plan.
Boumalit Farid
285
12 octobre 2004
CINQ CITES CONCERNEES A TRAVERS LE MONDE
Un projet de rhabilitation Constantine initi par le ministre franais des Affaires
trangres
La ville de Constantine sera lune des cinq villes, travers le monde, qui bnficiera du projet
mobilisateur de valorisation des centres urbains anciens, initi par le ministre des Affaires
trangres franais, apprend-on de sources bien informes.
Il faudra savoir, en ce sens, selon ces mmes sources, que deux villes du continent asiatique,
deux villes europennes et la ville de Constantine, dans le continent africain, ont t choisies,
suivant les critres qui dfinissent les cits anciennes. Constantine remplit ainsi toutes les
conditions qui lui permettent de bnficier de la rhabilitation dune part, du tissu urbain de sa
vieille ville et dautre part, de son centre-ville essentiellement constitu du bti colonial. Un
projet financ par le ministre des Affaires trangres franais, mais qui ne concernera,
essentiellement et dans un premier temps, que lamnagement des espaces communs publics
dabord dun lot au niveau de la mdina, ensuite ceux dune partie du centre-ville et une partie
du quartier de Bardo. Une quipe pluridisciplinaire, constitue dminents spcialistes franais,
sera prochainement Constantine pour entamer les tudes ncessaires ce projet. Le choix de
llot de la vieille ville rhabiliter sera dfini en concert avec les instances locales concernes
par la restauration du vieux bti. Tout autant que lamnagement du centre-ville qui comprend,
dans sa presque totalit, des immeubles construits au temps de la colonisation. Nous citerons
ce propos, le palais de justice, le tribunal, le sige de la poste et tlcommunication, le thtre,
les siges de lAPC et de la wilaya ainsi quun certain nombre ddifices qui abritent des
institutions publiques. On peut citer galement les immeubles usage dhabitation, notamment
ceux de la rue Abane Ramdane, du boulevard Zighoud Youcef, du quartier de la Casbah, qui
avaient bnfici, dernirement, de lopration de rhabilitation du vieux bti, initie par lOPGI
de la wilaya de Constantine. Lquipe pluridisciplinaire franaise qui sjournera Constantine,
bnficiera dans son travail, des tudes dj menes en ce sens et inities par les autorits
locales.
Une fois le travail de lquipe franaise ralis sur une partie du centre-ville et un lot de la
vieille ville, une quipe algrienne prendra alors le relais pour tendre le travail tout le tissu
urbain colonial, apprend-on de nos sources.
MSB
286
287
nos sources, raliss quatre vingt-dix pour cent et les efforts se concentreront, partir
doctobre prochain, sur le travail, plus fin, du bois, du marbre, de la cramique et de la
polychromie. Pour celui qui y pntre, il est clair que cest un chantier en pleine activit et,
mme si ceux qui en suivent les travaux ont une ide de lavancement rel du projet, ils se
refusent indiquer une date de finalisation de cette ambitieuse restauration. Cest la
direction de larchologie et des sites historiques qui compte dans son personnel des
architectes, des sociologues et qui assure, en sus, la protection de sites comme ceux de la
ville romaine de Tiddis ou du mausole de Massinissa- qui est en charge du suivi de cette
restauration et la question qui se pose dores et dj est celle du destin du palais restaur. Il
serait, en fait, question dy installer un centre de recherche en ethnologie, un muse
dethnographie, dy ouvrir une bibliothque spcialise et une galerie dexposition
permanente. Une manire de concilier la valorisation et la connaissance du pass culturel et
les exigences modernes de savoir.
Meriem Merdaci
288
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animateurs de l'Association du Vieux Rocher qui en relvent d'abord l'infraction aux lois
rgissant toute opration sur un site class.
Le prsident de l'association, l'artiste peintre Ahmed Benyahia, au demeurant
unanimement reconduit lors de l'assemble gnrale de juin dernier, rappelle, d'une part,
la dcision de classement du primtre du rocher et, d'autre part, la ncessit d'un visa du
ministre de la Culture pour toute opration touchant un site class ou un bti situ sur ce
site. Ce qui est le cas de Djamaa El Kebir et l'association, dans une correspondance
adresse au wali de Constantine, demandait l'arrt momentan des travaux et la mise sur
pied d'une commission d'experts historiens, architectes- seule mme, ses yeux, de
dfinir les conditions de la prservation d'un pan essentiel de la mmoire historique de la
ville et du pays.
Une visite rapide la mosque suffit pour convaincre de la complexit de toute action de
restauration et du caractre effectivement sensible de tout ce qui constitue la particularit
de cet difice. Que ce soit le vitrail, les colonnes romaines, les mosaques, il parat
difficile d'imaginer que la tche puisse tre assure par le seul bureau d'tudes en place
dont les responsables se disent, par ailleurs, ouverts aux proccupations et aux
suggestions des dfenseurs de l'institution. Une association de riverains de Djamaa El
Kebir, en attente d'agrment, s'est aussi manifeste tant au niveau du chantier qu'auprs
des affaires religieuses pour faire part de ses rserves et appeler un traitement en rapport
avec les dimensions historiques et culturelles de la grande mosque.
Les conditions d'un bis rptita de l'affaire de Souiqa semblent bien se mettre en place
et il ne fait pas de doute que la question de la restauration et de la prise en charge de
l'important patrimoine matriel et symbolique de l'historique cit constantinoise -
l'exemple du dlabrement de Sidi Mohamed El Ghorab- promet forcment de nouvelles
confrontations qui confirment que le ncessaire dialogue entre les institutions de l'Etat et
les acteurs de la socit, expression minimale d'une culture dmocratique, est moins
acquis qu'il n'y parat. En attendant, il y a urgence du ct de Djamaa El Kebir dont le
chantier est prolong de quelques semaines.
Meriem Merdaci
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20 septembre 2005
Les richesses de Constantine
Un trsor qui mrite d'tre exploit et entretenu
Ce retour cirten m'a profondment mu aprs avoir retrouv mes amis. Il m'a incit
approfondir ma rflexion sur l'avenir de Constantine avec son rayonnement en Europe et
dans le monde.
Cette ville restera toujours marque par l'histoire et son pass glorieux des civilisations qui
l'ont traverse. Cirta l'ancienne, situe entre les deux grandes valles du Hamma et du
Rummel, se dresse fire depuis des sicles, sur son peron rocheux. Sa plateforme, presque
carre sur laquelle elle est btie, nous permet de visualiser l'ampleur et la beaut du site. Ses
trois entres El Kantara, la brche et Bab El Djebia rappellent au visiteur sa situation
imprenable, ses parfums et sa culture toujours prsente au travers des rues de la vieille ville.
Ouvrant ma fentre pour laisser entrer les rayons d'une vie orientale, si mystrieuse et si
chatoyante, je reste fig dans l'admiration d'un tableau qui se droule sous mes yeux clairs
par les lueurs blanches du jour naissant. Point de paysages cartes-postales , mais des
scnes authentiques de la vie quotidienne faites pour exciter ma curiosit. Cette ville, qui
s'veille au son de l'appel la prire du mue z z in, m'incite la dcouverte comme si les
fidles m'invitaient en disant des mots simples et sincres : Entre z ! Voil la paix qui
commence ... Alors, j'ai pris mon cur en bandoulire et suis all la rencontre de cette
ville mythique et de ce peuple merveilleux... Constantine, j'ai arpent tes rues de long en
large, sans fatigue, le cur lger, toujours accueilli par tes habitants si chaleureux, avec
sourire et gnrosit, accompagn par mes amis de toujours. Mais une ombre est venue
noircir ce merveilleux tableau qu'il est temps de restaurer, de sauvegarder tout comme les
pyramides ou Le Louvre, et bien d'autres tmoignages de l'histoire universelle... Belle Cirta,
tu touffes, tu te dgrades, tes maisons s'coulent, des plaies bantes gisent proximit de
tes clbres ponts patrimoine de l'humanit. Tes gorges impressionnantes sont devenues des
couloirs d'avalanches d'immondices de toutes sortes... Pourquoi ? A l'image de nos
grandes villes europennes, et notamment en France ou en Allemagne, tu grandis en taille...
O vas-tu t'arrter ? Ta ville nouvelle est dj norme. Sans vouloir te donner de leons
(loin de moi cette ide), les peuples d'Europe ont t sujets cette mme situation de mise
en pril de leur biodiversit et de leur environnement... Mis en place voil quelques annes,
des programmes draconiens de protection de la nature, d'ducation aux conomies d'nergie
et l'cologie, commencent porter leurs fruits. Belle Cirta, il faut que ton peuple trouve
des solutions adaptes cette situation. C'est une question de volont avant d'tre des
problmes financiers... Les Constantinois sont trop fiers de leur ville et si accueillants pour
la faire visiter aux trangers, pour que tu sois si belle et si malade la fois... Alors, il faut te
ressaisir, comme l'ont fait tant d'autres peuples ! Certes, les problmes urbains ne sont pas
simples rgler, en commenant par la circulation dmentielle en journe dans tes rues si
avenantes et commerantes. Pourquoi ne pas rendre pitonnire la Vieille ville ? J'ai vu des
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pitons et automobilistes au bord de la crise de nerfs ! La situation est certes identique chez
nous en Europe, mais il faut en permanence faire l'apprentissage et l'ducation la
citoyennet... C'est une question de survie ! Je suis inquiet que ton glorieux pass soit
englouti par des ngligences irrversibles, mais je suis certains que tu sauras reprendre en
main ta destine, comme aux heures joyeuses et sombres de ton histoire rvolutionnaire...
Tourisme et environnement
Chre Ksentina ; voulant sortir du brouhaha de la ville et de sa circulation, j'ai pris la
direction du pont Sidi Rachel, et le long de la falaise, j'ai pu admirer le site du Chemin des
touristes, qui malheureusement est aujourd'hui impraticable. Ma curiosit m'a conduit vers
les anciennes piscines romaines, merveilleux monuments historiques, qui sont l'abandon,
envahies par la vase et les dchets. Quel bonheur, quand je fus rendu au pied du pont des
Chutes pour m'approcher de l'ancienne piscine olympique de Sidi M'cid. Ces anciens bains
de An Sidi M'cid datant de 1872 sont un joyaux pour toi ma belle Cirta. Laisss
l'abandon, quelle ne fut pas ma joie de voir des ouvriers en plein travail de rhabilitation et
d'entretien. Face ce chantier, l'espoir renat en moi, car tes grandes richesses naturelles et
tes potentialits sont un atout majeur pour te faire connatre au reste du monde. Toi, qui a
t un ple touristique sans gal dans la rgion et dans toute l'Algrie, tu souffres
aujourd'hui de n'tre plus la destination privilgie des touristes. Ayant besoin de prendre
une bouffe d'air, avant de m'immerger dans ta vie culturelle, et notamment au Festival ja z
z Dimaja z z , tu m'as invit dcouvrir ta montagne environnante. Des forts merveilleuses
et des lacs, comme au parc de Djebel El Ouach, o j'ai pu rencontrer un garde-forestier, qui
m'a indiqu qu'un travail d'entretien et de dlimitation de z ones d'expansion touristique tait
en cours. Alors je fus rassure et me suis dit que l'avenir tait devant nous. La
sensibilisation l'environnement et au tourisme culturel matris est en marche. Elle rsume
peut-tre les solutions suggres par les responsables, afin de doter Constantine
d'infrastructures d'accueil dignes de ce patrimoine merveilleux que tu possdes comme un
trsor qui doit fructifier... De temprament optimiste, je me dis en moi-mme, ma chre
Cirta, tu surmonteras les difficults et les problmes quotidiens, ton courage viendra bout
de l'immobilisme. Et malgr tout, touchantes, tu fais la fte. Festivals partout, tout au long
de l'anne. La Maison de la culture, les spectacles de thtre avec Fergani, la musique
traditionnelle, cheikh Bentobal, cheikh Toumi, etc. Tu chantes et joues toujours cette belle
musique constantinoise que j'avais dcouvert il y a vingt ans : le malouf, marque de
reconnaissance de Ksentina, mais aussi lettres de noblesse...
La culture et la fte populaire
Le dernier Festival Dimaja z z auquel j'ai pu participer, et qui accueille aujourd'hui des
musiciens de ja z z du monde entier, m'a impressionn par l'engouement de ta jeunesse pour
cette musique des ghettos de la Nouvelle-Orlans, aujourd'hui, si durement touche dans sa
chair... Un jeune me disait la sortie de ce festival : Ce que nous aimons dans la musique
qui tourne autour du blues, soul ou autres musiques mtisses, c'est qu'elle est issue du
peuple multiculturel, de toutes les couleurs et de toutes les races... Ma chre Cira, il est
temps que je te quitte provisoirement , mais laisse moi te dire que j'ai t impressionn
par ta jeunesse et sa soif de savoir, ton universit Mentouri, qui bouillonne de culture, de
respect de simplicit. Je me suis senti port avec tes jeunes par une atmosphre saine, calme
et studieuse. Merci ma belle, pour cette nergie positive. Tu vois Ksentina, en conclusion,
292
j'ai ramen des souvenirs et des enseignements supplmentaires ma culture franco-araboandalouse ! Grce mes amis de ta belle cit, je ne cesserai de faire ton loge, et malgr la
tche immense de restauration de ton environnement dj engag, tu resteras jamais la
plus belle ville du monde, perche sur ton rocher, la vue de tous et rservant la douceur
pour tes invits...
Guy Collin
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Rsume :
Face la dgradation, la destruction volontaire ou accidentelle qui menace en
permanence les tissus urbains hrits des anciens, le souci de les sauvegarder a gomm les frontires
entre les continents et les nations et a abouti la constitution des biens patrimoniaux appartenant
l'humanit toute entire et placs sous sa responsabilit. LAlgrie se trouve aujourdhui confronte
une vritable crise urbaine dont les consquences ont pris plusieurs formes;
Par ailleurs, ce que nous avons tent de dmontrer tout le long de ce travail est que le
problme du patrimoine culturel dune manire gnrale et particulirement de la vieille ville de
Constantine, se caractrisant par un ensemble de problmes qui ne sont que le reflets dune ralit
complexe rsidant dans le fait dune dynamique urbaine dsquilibre.
La rgnration urbaine devra se dfinir autour de deux dimensions. La premire serait
celle-l lie aux stratgies pour la rgnration de la ville, dans son ensemble, sur la base d'un
modle (ou d'une vision) de la ville. Dans ce cas, il faut que les oprations de rgnration d'espaces,
de zones ou de parties de la ville, sinsrent dans un projet intgr de lensemble de la ville.
Dans cette ligne, la rgnration urbaine de quartiers dgrads ne devrait pas engendrer des effets
non contrls.
Pour cela, au-del des plans ou des oprations de rgnration de zones dtermines de la
ville, comme la revitalisation de quartiers en crise, dans le contexte actuel, nous devons entendre la
rgnration comme un projet urbain de la ville.
La deuxime dimension concerne les nouveaux phnomnes d'usage de la ville et de mobilit
l'intrieur de la ville, dont il faut tenir compte. On peut rgnrer un quartier, un lieu de rsidence de
groupes sociaux dtermins.
Les nouveaux phnomnes d'exclusion sociale se manifestent travers une dualit
urbaine, o les fonctions de plus grande valeur co-existent ensemble avec les fonctions les plus
dgrades. Cela se produit dans presque toutes les grandes villes. Mais ces processus peuvent tre
amortis travers des politiques intgres de cohsion urbaine. Elles sont, la fin, le dfi des
politiques de rgnration urbaine. En tous cas, les oprations de rgnration urbaine ne peuvent se
limiter la rcupration des espaces visibles, au contraire, ils doivent agir sur les conflits entre les
nouvelles fonctions, en vitant les impacts qui engendrent sgrgation et exclusion.
Cette nouvelle vision cible un projet global de la ville, dont les solutions envisageables
devront tres durables pour lensemble des problmes urbains.
Mots-clefs:
Rgnration urbaine, amnagement, friches urbaines, politiques de la ville, acteurs urbains,
vision stratgique, mondialisation, dveloppement durable, patrimoine culturel, Constantine,
projet urbain.