Benveniste É. - Problèmes de Linguistique Générale. Tome 1
Benveniste É. - Problèmes de Linguistique Générale. Tome 1
Benveniste É. - Problèmes de Linguistique Générale. Tome 1
Problèmes
de linguistique
générale
I
GALLIMARD
© Éditions Gallimard, 1966.
Avant-propos
Les études réunies dans cet ouvrage ont été choisies entre
beaucoup d'autres, plus techniques} que l'auteur a publiées au
long de ces dernières années. S i on les a présentées ici sous la
dénomination de « problèmes », c'est qu'elles apportent dans
leur ensemble et chacune pour soi une contribution à la grande
problématique du langage, qui s'énonce dans les principaux
thèmes traités : on y envisage les relations entre le biologique
et le culturel, entre la subjectivité et la socialité, entre le signe
et l'objet, entre le symbole et la pensée, et aussi les problèmes
de l'analyse intralinguistique. Ceux qui découvrent dans d'autres
domaines l'importance du langage verront ainsi comment un
linguiste aborde quelques-unes des questions qu'ils sont amenés
à se poser et ils apercevront peut-être que la configuration
du langage détermine tous les systèmes sémiotiques.
A ceux-là certaines pages pourront sembler difficiles. Qu'ils
se convainquent que le langage est bien un objet difficile et que
l'analyse du donné linguistique se fa it par des voies ardues.
Comme les autres sciences, la linguistique progresse en raison
directe de la com plexité qu'elle reconnaît aux choses; les
étapes de son développement sont celles de cette prise de cons
cience. A u reste, il faudra se pénétrer de cette vérité que la
réflexion sur le langage n'est fructueuse que si elle porte d'abord
sur les langues réelles. L'étude de ces organismes empiriques,
historiques, que sont les langues demeure le seul accès possible
à la compréhension des mécanismes généraux et du fonction-
nement du langage.
Dans les premiers chapitres, nous avons esquissé un pano
rama des recherches récentes sur la théorie du langage et des
perspectives qu'elles ouvrent. On passe ensuite au problème
central de la communication et à ses modalités : nature du
signe linguistique, caractères différentiels du langage humain;
corrélations entre les catégories linguistiques et celles de la
pensée; rôle du langage dans l'exploration de l'inconscient.
La notion de structure et celle de fonction sont l'objet des essais
suivants qui portent successivement sur les variations de struc
ture dans les langues et sur les manifestations intralinguis-
tiqu.es de quelques fonctions; notamment les relations de la
forme et du sens sont mises en rapport avec les niveaux de
l'analyse. Une série distincte est consacrée à des phénomènes
de syntaxe : on recherche ici des constantes syntaxiques à
travers des types linguistiques très variés, et on pose des modèles
spécifiques de certains types de phrases à reconnaître comme
universels : phrase nominale, phrase relative. « L'homme dans
le langage » est le titre de la partie suivante ; c'est l'empreinte
de l'homme dans le langage, définie par les formes linguistiques
de la « subjectivité » et les catégories de la personne, des pronoms
et du temps. En contrepartie, dans les derniers chapitres,
c'est le rôle de la signification et de la culture qui est mis en
relief ; on y étudie les méthodes de la reconstruction séman
tique, ainsi que la genèse de quelques termes importants de la
culture moderne.
L'unité et la cohérence de l'ensemble ressortiront de cet
aperçu. Nous nous sommes à dessein abstenu de toute inter
vention rétrospective dans la présentation comme dans les
conclusions des différents chapitres. Autrement il eût fallu
ajouter à chacun d'eux un post-scriptum souvent étendu :
soit au titre de la documentation, pour signaler par exemple
les plus récents développements des recherches théoriques ; soit
en historien de notre propre recherche, pour rendre compte
de l'accueil fa it à chacun de ces textes, et indiquer que « Nature
du signe linguistique » (p. 4g) a provoqué de vives controverses
et fa it surgir une longue série d'articles, que nos pages sur
le temps dans le verbe français (p. 237) ont été prolongées
et confirmées dans les statistiques de H . Yvon sur l'emploi
des temps chez les écrivains modernes, etc. Mais c'eût été
chaque fois amorcer une nouvelle recherche. D'autres occasions
se présenteront de revenir sur ces questions importantes et
d'en traiter à neuf.
M M . P . Verstraeten et N . Ruwet ont bien voulu souhaiter la
publication du présent recueil. Q u'ils soient remerciés ici de
m'avoir obligeamment aidé à le constituer.
E. B .
1
Transformations de la linguistique
CHAPITRE PREMIER
II
1. C .F .S ., 12 (1954). P· 57 et 58.
40 Problèmes de linguistique générale
i Ibtd., p . 58.
Transformations de la linguistique 41
temps la place que devaient lui valoir ses dons géniaux 1... »
Et il terminait sur ce regret poignant : « Il avait produit le
plus beau livre de grammaire comparée qu’on ait écrit, semé
des idées et posé de fermes théories, mis sa marque sur de
nombreux élèves, et pourtant il n’avait pas rempli toute sa
destinée 2. »
Trois ans après la mort de Saussure paraissait le Cours de
linguistique générale, rédigé par Bally et Séchehaye d’après
des notes d’étudiants. En 1916, parmi le fracas des armes,
qui pouvait se soucier d’un ouvrage de linguistique ? Jamais
n’a été plus vraie la parole de Nietzsche que les grands événe
ments arrivent sur des pattes de colombes.
Aujourd’hui, cinquante ans ont passé depuis la mort de
Saussure, deux générations nous séparent de lui, et que
voyons-nous? La linguistique est devenue une science
majeure entre celles qui s’occupent de l'homme et de la
société, une des plus actives dans la recherche théorique
comme dans ses développements techniques. Or cette
linguistique renouvelée, c’est chez Saussure qu’elle prend
son origine, c’est en Saussure qu’elle se reconnaît et se
rassemble. Dans tous les courants qui la traversent, dans
toutes les écoles où elle se partage, le rôle initiateur de Saus
sure est proclamé. Cette semence de clarté, recueillie par
quelques disciples, est devenue une grande lumière, qui
dessine un paysage rempli de sa présence.
Nous disons ici que Saussure appartient désormais à
l’histoire de la pensée européenne. Précurseur des doctrines
qui ont depuis cinquante ans transformé la théorie du lan
gage, il a jeté des vues inoubliables sur la faculté la plus
haute et la plus mystérieuse de l’homme, et en même temps,
posant à l’horizon de la science et de la philosophie la notion
de « signe » comme unité bilatérale, il a contribué à l’avène
ment de la pensée formelle dans les sciences de la société
et de la culture, et à la constitution d’une sémiologie géné
rale.
Embrassant du regard ce demi-siècle écoulé, nous pouvons
dire que Saussure a bien accompli sa destinée. Par-delà sa
vie terrestre, ses idées rayonnent plus loin qu’il n’aurait pu
l’imaginer, et cette destinée posthume est devenue comme
une seconde vie, qui se confond désormais avec la nôtre.
L a communication
CHAPITRE IV
Communication animale
et langage humain 1
Catégories de pensée
et catégories de la n g u e 1
d ans la découverte fr e u d ie n n e 1
i . L a Psychanalyse, I (1956).
L e s référen ces au x textes de F re u d seron t faites sous les abrévia
tions su ivantes : G . W . av ec le n u m éro du v o lu m e po u r les Gesam-
tnvlte Werke, éd ition ch ron olo g iq u e des textes allem an ds, pu bliée
fi L o n d res, Im ago p u b lish in g ; S . E . p o u r le texte anglais de la
Standard édition en cou rs d e p u b licatio n p a r H o g a rth press, à
L o n d res; C . P . p o u r le texte anglais des Collected papers, H o garth
nress, L o n d re s. L e s trad u ctio n s françaises citées se tro u ven t aux
iM J .F ., sa u f in d icatio n contraire.
76 Problèmes de linguistique générale
ont séduit Freud. Ici nous avons affaire, non plus à des
manifestations psychopathologiques du langage, mais aux
données concrètes, générales, vérifiables, livrées par des
langues historiques.
C e n’est pas un hasard si aucun linguiste qualifié, ni à
l’époque où Abel écrivait (il y en avait déjà en 1884), ni
depuis, n*a retenu ce Gegensinn der Urworte dans sa méthode
ni dans ses conclusions. C ’est que si l’on prétend remonter
le cours de l’histoire sémantique des mots et en restituer
la préhistoire, le premier principe de la méthode est de
considérer les données de forme et de sens successivement
attestées à chaque époque de l ’histoire jusqu’à la date la
plus ancienne et de n’envisager une restitution qu’à partir
du point dernier où notre enquête peut atteindre. Ce prin
cipe en commande un autre, relatif à la technique compa
rative, qui est de soumettre les comparaisons entre langues
à des correspondances régulières. K . A bel opère sans souci
de ces règles et assemble tout ce qui se ressemble. D ’une
ressemblance entre un mot allemand et un mot anglais
ou latin de sens différent ou contraire, il conclut à une
relation originelle par « sens opposés », en négligeant toutes
les étapes intermédiaires qui rendraient compte de la diver
gence, quand il y a parenté effective, ou ruineraient la possi
bilité d ’une parenté en prouvant qu’ils sont d ’origine diffé
rente. Il est facile de montrer qu’aucune des preuves allé
guées par A bel ne peut être retenue. Pour ne pas allonger
cette discussion, nous nous bom eons aux exemples pris
aux langues occidentales qui pourraient troubler des lecteurs
non linguistes.
A bel fournit une série de correspondances entre l ’anglais
et l’allemand, que Freud a relevées comme montrant d ’une
langue à l’autre des sens opposés, et entre lesquels on consta
terait une « transformation phonétique en vue de la sépara
tion des contraires ». Sans insister pour le moment sur la
grave erreur de raisonnement qui se dissimule dans cette
simple remarque, contentons-nous de rectifier ces rappro
chements. L ’ancien adverbe allemand bass, « bien », s’appa
rente à besser, mais n’a aucun rapport avec bôs, « mauvais »,
de même qu’en vieil anglais bat, « bon, meilleur », est sans
relation avec badde (aujoud’hui bad)t « mauvais ». L ’anglais
cleave, « fendre », répond en allemand non à klebeny « coller »,
comme le dit Abel, mais à klieben « fendre » (cf. Kluft).
L ’anglais locky « fermer », ne s’oppose pas à l’allemand
Lücke, Loch, il s’y ajuste au contraire, car le sens ancien
de Loch est «c retranchement, lieu clos et caché ». L ’allemand
La communication 81
Structures et analyses
CHAPITRE VIII
« Structure » en linguistique1
4.
3. Jbid., p . 243.
Ibid., p . 24s.
5. Ibid., p. 245-6.
96 Problèmes de linguistique générale
i . O p. cit., p . 149.
Structures et analyses
1. F . d e S a u s su r e s e m b le a v o ir c o n ç u au s s i le « s e n s » c o m m e u n e
1 n n ip o san te in te r n e d e la fo r m e lin g u is tiq u e , b ie n q u ’il n e s ’e x p r im e
ijiic p a r u n e c o m p a r a is o n d e s tin é e à r é f u te r u n e a u tr e c o m p a r a is o n :
■O n a s o u v e n t c o m p a r é c e tt e u n ité à d e u x fa ce s [l’a s s o c ia tio n d u
■tKiiifiant e t d u s ig n ifié ] a v e c l ’u n ité d e la p e r s o n n e h u m a in e , c o m -
1h mée d u c o r p s e t d e l ’â m e . L e r a p p r o c h e m e n t e s t p e u s a tis fa isa n t.
1 >i) p o u r r a it p e n s e r p lu s ju s te m e n t à u n c o m p o sé c h im iq u e , l ’eau
l*nr e x e m p le ; c ’e s t u n e c o m b in a is o n d ’h y d r o g è n e e t d ’o x y g è n e ;
¡h ia à p a r t, c h a c u n d e c e s é lé m e n ts n ’a a u c u n e d e s p r o p r ié té s d e
l'c u u » {C ours, 2e é d ., p . 14 5 ).
128 Problèmes de linguistique générale
le g é n i t i f latin '
1 . D e G ro o t, p . 33.
Structures et analyses 143
1 . Ibid ., p . 5 6.
2 . Synt. lat. p . 135.
3 . G e n it i v e o f p u r p o s e , op. cit., p . 4 6 .
4. J. W . P o u lt n e y , The Bronze Tables o f Iguvium, 19 5 9 , § 1 5 3 i,
p. 154 ·
5 . G . D e v o t o , Tabulae Iguwnae p . 5 19 .
144 Problèmes de linguistique générale
F o n c tio n s s y n ta x iq u e s
C H A P IT R E X III
couché (skr. ¿p.te> gr. κείμαι); être assis (skr. äste, gr. ήμαι),
revenir à un état fam ilier (skr. nosate, gr. νέομαι); jo u ir;
avoir profit (skr. bhunkte, lat. fungor, cf. fruor); souffrir, endu
rer (lat. patioTy cf. gr. πένομαι) ; éprouver une agitation
m entale (skr. manyate, gr. μαίνομαι) ; prendre des mesures
(lat. medeoTy meditOTy gr. μήδομαι); parler (loquory fo r , cf.
φάτο), etc. N ous nous bornons dans cette classe et dans
l ’autre à relever ceux des verbes dont l ’accord d ’au moins
deux langues garantit la diathèse ancienne et qui la conser
vent dans l’usage historique. Il serait facile d ’allonger cette
liste à l’aide de verbes qui sont dans chaque langue spécifi
quem ent moyens, com m e skr. vardhate} « croître »; cyavate
(cf. gr. σεύομαι), « s ’ébranler »; prathatey « s’élargir »; ou
gr. δύναμαι, βούλομαι, £ραμαι, έλττομαι, αΐδομαι, άζομαι, etc.
D e cette confrontation se dégage assez clairement le prin
cipe d ’une distinction proprem ent linguistique, portant sur
la relation entre le sujet et le procès. D ans l’actif, les verbes
dénotent un procès qui s’accom plit à partir du sujet et hors
de lui. D ans le m oyen, qui est la diathèse à définir par oppo
sition, le verbe indique un procès dont le sujet est le siège;
le sujet est intérieur au procès.
C ette définition vaut sans égard à la nature sém antique des
verbes considérés; verbes d ’état et verbes d ’action sont
égalem ent représentés dans les deux classes. Il ne s’agit donc
nullem ent de faire coïncider la différence de l’actif au moyen
avec celle des verbes d ’action et des verbes d ’état. U ne autre
confusion à éviter est celle qu i pourrait naître d e la repré
sentation « instinctive » que nous nous form ons de certaines
notions. I l peut nous paraître surprenant par exemple que
« être » appartienne aux activa tantum, au même titre que
« manger ». M ais c ’est là un fait et il faut y conform er notre
interprétation : « être » est en indo-européen, com m e « aller
ou « couler », un procès où la participation du sujet n’est pas
requise. En face de cette définition qui ne peut être exacte
qu ’autant qu’elle est négative, celle du m oyen porte des traits
positifs. Ici le sujet est le lieu du procès, même si ce procès,
com m e c ’est le cas pour lat. fruor ou skr. manyate, demande
un objet; le sujet est centre en m êm e tem ps qu’acteur du
procès; il accom plit quelque chose qui s’accom plit en lui,
naître, dormir, gésir, im aginer, croître, etc. Il est bien intérieur
au procès dont il est l ’agent.
D ès lors supposons q u ’un verbe typiquem ent m oyen tel que
gr. κοιμάται, « il dort », soit doté secondairement d ’une forme
active. Il en résultera, dans la relation du sujet au procès, un
changem ent tel que le sujet, devenant extérieur au procès,
Fonctions syntaxiques 173
en sera l’agent, et que le procès, n’ayant plus le sujet pour
lieu, sera transféré sur un autre terme qui en deviendra objet.
Le moyen se convertira en transitif. C ’est ce qui se produit
quand κοιμαται, « il dort », fournit κοιμα, « il endort (quel
qu’un) »; ou que skr. vardhate, « il croît », passe à vardhati,
« il accroît (quelque chose) ». La transitivité est le produit
nécessaire de cette conversion du moyen à l’actif. Ainsi se
constituent à partir du moyen des actifs qu’on dénomme
transitifs ou causatifs ou factitifs et qui se caractérisent tou
jours par ceci que le sujet, posé hors du procès, le commande
désormais comme acteur, et que le procès, au lieu d’avoir le
sujet pour siège, doit prendre un objet pour fin : έλπομαι,
« j ’espère » > Ιλπω, « je produis espoir (chez un autre) »;
¿ρχέομαι, «je danse » > όρχέω, « je fais danser (un autre) ».
Si maintenant nous revenons aux verbes à double diathèse,
qui sont de beaucoup les plus nombreux, nous constaterons
que la définition rend compte ici aussi de l’opposition actif :
moyen. Mais, cette fois, c’est par les formes du même verbe
et dans la même expression sémantique que le contraste
s’établit. L ’actif alors n’est plus seulement l’absence du
moyen, c’est bien un actif, une production d’acte, révélant
plus clairement encore la position extérieure du sujet rela
tivement au procès; et le moyen servira à définir le sujet
comme intérieur au procès : δώρα φέρει, « il porte des dons » :
δώρα φέρεται, « il porte des dons qui l’impliquent lui-même »
( = il emporte des dons qu’il a reçus); — νόμους τιθέναι,
« poser des lois » : νόμους τιθέσθαι, « poser des lois en s’y
incluant » ( = se donner des lois); — λύει τον ίππον, « il
détache le cheval »; λύεται τον ίππον, « il détache le cheval
en s’affectant par là même » (d’où il ressort que ce cheval
est le sien); — πόλεμον ποιεΐ, « il produit la guerre » ( = il
en donne l’occasion ou le signal) : πόλεμον ποιείται, « il
fait la guerre où il prend part », etc. On peut diversifier le jeu
de ces oppositions autant qu’on le voudra, et le grec en a usé
avec une extraordinaire souplesse; elles reviennent toujours
en définitive à situer des positions du sujet vis-à-vis du procès,
«don qu’il y est extérieur ou intérieur, et à le qualifier en
lant qu’agent, selon qu’il effectue, dans l’actif, où qu’il
effectue en s’affectant, dans le moyen. Il semble que cette
formulation réponde à la fois à la signification des formes
et aux exigences d’une définition, en même temps qu’elle
nous dispense de recourir à la notion, fuyante et d’ailleurs
extra-linguistique, d ’ « intérêt » du sujet dans le procès.
Cette réduction à un critère purement linguistique du
contenu de l’opposition entraîne plusieurs consequcncc*.
174 Problèmes de linguistique générale
La construction passive
du parfait transitif 1
ima tya manâ krtam, « voilà ce que j ’ai fait » (B. I, 27; IV,
I, 49);
utàmaiy vasiy astiy krtam, « j'ai encore fait beaucoup (de
choses) » (B. IV, 46);
tya manâ krtam (B. IV, 49; rest. NRb 56), tyamaiy krtam
(NRb 48; X. Pers. b 23; d 19), « ce que j ’ai fait »;
« Ê tre » e t « avoir »
1 . B . S . L . , L I I 19 56 ), p . 289-306.
2 . Il y au ra p e u t-ê tre lie u d e r e v o ir au p o in t d e v u e d e la d istin c
tio n in d iq u é e ic i les d o n n ée s c o m p le x e s rela tiv es à « ê tre » e n in d o -
« ryen, q u i o n t é té é tu d ié e s p a r R . L . T u m e r , B . S . O . S . , V I I I (19 3 6 ),
p . 79 5 s q ., e t H . H e n d r ik s e n , B . S . O . A . S . , X X ( 19 5 7 ), p . 3 3 1 s q .
194 Problèmes de linguistique générale
existe (?be), j ’ai une tête », de l’autre ken ?bc m 'bob, « ma-
son (ken) existe dans ma main (m ’bolo), j ’ai une maison ».
De même en kanuri (.<j ’ai » se dit nânyîn mbéji, litt. « moi-
avec ( nânyîn) il y a ( mbéji) » 1.
N ous n’accumulerons pas ces preuves de fait, qui tour
neraient vite au catalogue, tant il est facile à chacun de véri
fier, en quelque domaine linguistique que ce soit, la pré
dominance du type « mihi est » sur le type « habeo ». Et pour
peu qu ’on soit renseigné sur l ’histoire de la langue considérée,
on observe souvent que l’évolution se fait de « mihi est » à
« habeo », non à l’inverse, ce qui signifie que là même où
« habeo » existe, il peut sortir d’un « mihi est » antérieur.
S ’il y a une expression « normale » de ce rapport, c ’est « mihi
est aliquid »; tandis que « habeo aliquid » n’en est qu’une
variante secondaire et d ’extension limitée, si importante
que soit en elle-même l ’acquisition de avoir comme verbe
autonome.
Il convient seulement de prévenir ici un malentendu
auquel prêterait facilement l’expression « mihi est » si on la
prenait telle quelle, sans en spécifier la valeur dans chaque
système linguistique. L e « être-à » dont nous parlons n’est
nullement identique à la locution française être-à dans « ce
livre est à moi ». Il faut observer soigneusement cette dis
tinction. On ne peut attribuer à fr. « est à moi » la même fonc
tion qu ’à lat. « est mihi » : en latin est mihi indique le même
rapport que habeô, qui n’en est qu’une transformation :
est mihi liber a été remplacé par habeô librum. Mais en français
on énonce deux rapports différents : possession dans avoir
(« j ’ai un livre »); appartenance dans être à (« ce livre est à
moi »). L a différence des rapports ressort de celle des cons
tructions : être à demande toujours un sujet déterminé;
« un livre est à moi » serait impossible : il faut « ce livre... ».
Inversement avoir demande toujours un objet indéterminé :
« j ’ai ce livre » n’aurait au mieux qu’une faible chance
d’emploi; il faut « j ’ai un livre ». C ’est pourquoi lat. est
mihi répond à fr./ ’ai, et non à est à moi.
Pour la même raison de méthode on ne doit pas confondre
deux constructions qui se trouvent simultanément en indo-
europeen ancien : « être » avec le datif, et « être » avec le
gén itif2. C e sont deux prédications distinctes. A vec le
génitif, nous avons un prédicat d'appartenance servant à
x. B .S .L ., L I V (19 5 9 ), p . 5 7 s q .; ci-d e s s u s , p . 1 8 1 sq .
2. M itteil. des Inst. Jür Orientforschung, I (19 5 3 ), p . 2 2 7 sq .
202 Problèmes de linguistique générale
L a phrase relative,
1 . L e s d o n n é e s s u r l ’e w e s o n t e m p r u n té e s à D . W e s te r m a n n ,
Grammatik der Ewe-sprache, 19 0 7, § 9 1 -9 2 e t 1 7 6 .
2 . W e s te r m a n n , o p . cit., § 14 9.
2 io Problèmes de linguistique générale
1 . N o u s n o u s s e r v o n s d e B é r a r d H a il e , L e a r n in g N a v a h o , I - I V ,
S t M i c h a e l s , A r i z o n a , 1 9 4 1 - 1 9 4 8 . L e s e x e m p le s s o n t p r i s n o ta m m e n t
I , p p . 50 , 9 2 , 12 8 , 1 6 4 ; I I I , p . 3 7 ; I V , p . 1 6 7 .
2 . C it é d ’a p r è s F . K . L i , a p . H o ij e r é d ., L in g u is tic S tr u c tu r e s o f
N a t i v e A m e r ic a , 1 9 4 6 , § 1 2 d , p . 4 0 1 e t § 4 5 1 , p p . 4 1 9 - 4 2 0 .
3. N o m b r e u x e x e m p le s c h e z R . J e s tin , L e verb e sum érien : D é t e r
m in a n ts v e r b a u x e t in fix e s , p . 16 2 s q q .
Fonctions syntaxiques 213
1 . U n e in t e r p r é ta t io n s e m b la b le e s t d o n n é e m a in te n a n t p a r V .
C h r is t ia n , B e itr ä g e z u r sum erischen G r a m m a tik , 1 9 5 7 , S i t z b e r .
Ö sterre ic h . A k a d .- P h il. h is t. K l . B d . 2 3 1 , 2 , p . 1 1 6 .
2 . S o c in - B r o c k e lm a n n , A r a b is c h e G ram m tik , 11® é d . 1941»
§ 12 5 , 1 5 0 - 1 .
214 Problèmes de linguistique générale
1. I l e s t à p e in e b e s o in d e d ir e q u e n o u s n e d é c r iv o n s p a s ic i les
v a r ié té s in d o -e u r o p é e n n e s d e la p h r a s e r e la tiv e , m a is s e u le m e n t
la s tr u c t u r e d u ty p e in d o -e u r o p é e n . N o u s n o u s s o m m e s à d e ssein
b o r n é à l ’e ss e n tie l. L ’a c c u m u la tio n d es e x e m p le s , q u i se tr o u v e n t
d a n s to u s le s m a n u e ls , e û t fa c ile m e n t, e t in u tile m e n t, g o n flé c e tte
é tu d e .
2 . V o ir D e lb r ü c k , Vergl. S y n ta x , I I I , p . 304 s q .; W a c k e m a g e l-
D e b r u n n e r , A ltin d . G ram m ., I I I , p . 5 5 4 -7 (a v e c b ib lio g r a p h ie );
2 i6 Problèmes de linguistique générale
1 . L a c o n s t r u c t io n d e l ’a d je c tif d é te r m in é e s t p r é s e n té e c o m m e
u n e c o n c o r d a n c e e n tr e l ’ir a n ie n , le s la v e e t le b a ltiq u e c h e z M e ille t-
V a illa n t, S la v e com m un, p . 4 4 6 . I l s 'a g i t e n r é a lité d ’u n fa it in d o -
e u r o p é e n c o m m u n , c o m m e to u te n o tr e d ém o n s tr a tio n te n d à l’é ta b lir .
2 . V o i r E . A . H a h n , Langu a ge, X X I (19 4 6 ), p . 68 s q . ; X X V
(1 9 4 9 ) , p . 3 46 s q . ; F r ie d r ic h , H e th . E l e m e n t a r b § 336.
3 . P lu s ie u r s d e c e u x q u i s u iv e n t s o n t p r is a u x te x te s p u b lié s p a r
E . v o n S c h u le r , H e th itis c h e Dienstam veisungen, G r a z , 1 9 5 7 , p . 1 4 ,
17, 41 c§ 8-9)·
Fonctions syntaxiques 219
1 . C it a t io n d u m y t h e d e T e l i p i n u ( L a r o c h e , R . H . A . , 1 9 5 5 , p . 19 )
220 Problèmes de linguistique générale
(Ibid., 474); optas quae facta, « ton souhait est chose faite »
(Ibid., 575). Nous relevons jusque chez Virgile la construction
nominale de qui voisinant avec la construction verbale : ainsi
dans ce passage de VÉnéide (VI, 661 sq.) où elles se suivent :
quique sacerdotes casti..., quique pii vates..., aut qui vitam
excoluere..., quique fecere... *. Ces citations, qui ne prétendent
pas être complètes, inciteront peut-être quelque latiniste à
pousser plus loin l’enquête. Elles suffisent à montrer, jusqu’au
seuil de l’époque classique, la survivance d’une propriété
syntaxique certainement héritée, reproduisant en latin la
double capacité d’emploi que hitt. kuii possède de son côté
et que les langues à relatif *yo- connaissent aussi bien.
Il ne peut plus être question, une fois considérées dans leur
ensemble ces concordances entre les formes anciennes de
l’indo-européen, de voir un développement secondaire dans
l’emploi du pronom comme déterminant du nom ou d’adjec
tif. Bien plutôt c’est là, à l’origine même, sa fonction propre,
dont l’emploi comme « pronom relatif » n’est qu’une extension
à la phrase verbale. Dans les deux cas le rôle du pronom est
le même, celui d’un déterminant, qu’il soit déterminant d’un
terme nominal ou d’une phrase complète.
Ce type de relation s’est obscurci à nos yeux, du fait que
dans la plupart des langues indo-européennes la détermi
nation nominale a reçu d’autres moyens d’expression que la
phrase relative; le pronom relatif est devenu ainsi un outil
exclusivement syntaxique, ce qu’il est déjà en latin classique,
par un processus qui l’a dissocié de la fonction de détermi
nation nominale, confiée en général à un « article ». La
situation indo-européenne a donc subi à cet égard une
transformation complète. Un trait essentiel de la structure
syntaxique commune n’est plus que survivance en certaines
langues.
Cependant là même où, par suite des conditions histo
riques, nous ne connaissons la syntaxe qu’à l’état « moderne »,
il s’est produit partiellement un retour à la structure ancienne,
quoique par des voies nouvelles. Le vieil-irlandais ne possède
pas de forme spéciale pour le pronom relatif; en général la
fonction relative 2 est assurée soit par la nasalisation ou des
variations morphologiques (désinences particulières), soit
par le préverbe no ou par des infixations pronominales, etc.
dans le v er b e 1
l’ordre des choses. E lle résum e dans les trois relations q u ’elle
institue l ’ensemble des positions qui déterm inent une form e
verbale p ourvue d ’un indice personnel, et elle v au t p ou r le
verbe d e n ’im porte quelle langue. I l y a donc toujours trois
personnes et il n ’y en a que trois. Cependan t le caractère
som m aire et non-linguistique d ’une catégorie ainsi posée
doit être dénoncé. A ranger dans un ordre constant e t sur
u n plan uniform e des « personnes » définies par leur succes
sion et rapportées à ces êtres que sont « je » et « tu » et « il »,
on ne fait que transposer en une théorie pseudo-linguistique
des différences de nature lexicale. C e s dénom inations ne
nous renseignent ni sur la nécessité de la catégorie, ni su r le
contenu q u ’elle im plique ni su r les relations qu i assem blent
les différentes personnes. I l fau t donc rechercher com m ent
chaque personne s’oppose à l ’ensem ble des autres et sur quel
principe est fondée leur opposition, puisque nous ne pouvons
les atteindre que par ce qui les différencie.
we, they) love. I l fau t réfléchir à tous ces faits con cordan ts
p o u r discerner la singularité de la flexion « norm ale » en
in do-européen , celle par exem p le du p résent athém atique
es-mi, es-sif es-ti à trois personnes sym étriques : loin de
représenter un typ e constant et nécessaire, elle est, au sein
des langues, une anom alie. L a 3e personne a été conform ée
au x d eu x prem ières p ou r des raisons de sym étrie et parce
qu e tou te form e verbale indo-européenne tend à m ettre en
re lie f l’indice de sujet, le seul q u ’elle puisse m anifester.
N o u s avons ici une régularité de caractère extrêm e e t excep
tion n el.
I l s’en suit que, très généralem ent, la personne n ’est propre
q u ’aux positions « je » e t « tu ». L a 3e p ersonne est, en vertu
de sa structure m êm e, la form e non-personnelle d e la flexion
verbale.
D e fait, elle sert toujours quand la personne n ’est pas
désignée e t notam m ent dans l’expression dite im personnelle.
N o u s retrouvons ici la question des im personnels, vieux
problèm e et d ébat stérile tan t q u e l’on persiste à confondre
« personne » et « sujet ». D an s uei, tonat, it rains, c ’est bien
co m m e non-personnel q u ’est relaté le procès, en tan t qu e pur
phénomène, dont la prod uction n’est pas rapportée à un
ag en t; e t les locution s Zeùçuet, sont, à n ’en pas douter,
récentes et en qu elqu e sorte rationalisées à rebours. L ’authen
ticité d e ûsi tient à ce q u ’ il énonce p ositivem ent le procès
com m e se déroulant en dehors du « je -tu » qui seuls indiquent
des personnes.
E n effet une caractéristique des personnes « je » et « tu »
est leu r unicité spécifique : le « je » qu i énonce, le « tu » auquel
« j e » s’adresse sont chaque fois uniques. M ais « il » p eu t être
u n e infinité de sujets — ou aucun. C ’est p ou rq u oi le « je est
u n autre » d e R im baud fo u rn it l ’expression typ iq u e de ce
q u i est proprem ent 1’ « aliénation » m entale, où le m oi est
dépossédé d e son identité constitutive.
U n e seconde caractéristique est q u e « je » et « tu » sont
inversibles : celui que « je » définis p ar « tu » se pense et peut
s’ inverser en « je », et « je » (m oi) devient un « tu ». A ucune
relation pareille n ’est p ossible entre l’une d e ces d eux per
sonnes e t « il », p u isque « il » en soi ne désigne spécifiquem ent
rien n i personne.
Enfin on d o it prendre p leinem ent conscience d e cettr
p articu larité q u e la « troisièm e personne » est la seule par
laqu elle une chose est p réd iquée verbalem ent.
I l ne fau t d onc pas se représenter la « 3e personne » com m c
u n e p ersonne apte à se dépersonnaliser. I l n’y a pas aphérèae
L'homme dans la langue 231
i . B u lle t in d e la S o c ié té de L in g u istiq u e, L I V ( 1 9 5 9 ) , fa s c . 1 .
238 Problèmes de linguistique générale
Q u a n d S o lo n e u t a c c o m p li sa m is sio n , il f i t ju r e r a u x n e u fs a rc h o n
tes e t à to u s les c ito y e n s d e s e co n fo rm e r à ses lo is, se rm en t q ui
f u t d é so rm a is p r ê té to u s les an s p a r le s A th é n ie n s p ro m u s à la
m a jo rité c iv iq u e . P o u r p ré v e n ir les lu tte s in testin e s e t les ré v o lu
tio n s, il a v a it p r e s c r it à to u s le s m em b re s d e la cité , c o m m e une
o b lig a tio n co rre sp o n d a n t à leu rs d ro its, d e se ra n g e r e n cas d e
tro u b le s dans l’ un d e s p a rtis o p p o sé s, so u s p e in e d ’ atim ie en traîn an t
l ’ e x c lu s io n d e la co m m u n a u té : il c o m p ta it q u ’ en so rta n t d e la n e u
tra lité les h o m m e s e x e m p ts d e p a ssio n f o r m e r a ie n t u n e m ajo rité
su ffisa n te p o u r a rrê te r les p e rtu rb a te u rs d e la p a ix p u b liq u e . L e s
cra in te s é ta ie n t ju s te s ; les p réc a u tio n s f u r e n t v a in e s. S o lo n n ’ a v a it
s a t is f a it n i les rich es n i la m asse p a u v re et d is a it tristem en t : « Q u an d
o n fa it d e g ran d es ch o se s, il e s t d ifficile d e p la ire à t o u s 3. » Il é t a it
en c o re a rc h o n te q u ’il é t a i t a ssailli p a r les in v e c tiv e s d e s m éc o n te n ts ;
q u a n d il f u t s o r ti de c h a rg e , c e f u t u n d é ch a în em en t d e rep ro c h es et
d ’a c cu sa tio n s. S o lo n se d é f e n d it , co m m e to u jo u rs, p a r d e s v ers
c ’e st alo rs q u ’ il in v o q u a le té m o ig n a g e d e la T e r r e M è r e . O n Y a c c a -
b la it d ’ in su lte s e t de m o q u e rie s p a rc e q u e « le c œ u r lu i a v a it m a n q u é ·
p o u r se fa ire ty ra n , p a rc e q u ’ il n 'a v a i t p a s v o u lu , « p o u r être le m aître
d ’A th è n e s , n e fû t-c e q u ’u n jo u r , q u e d e sa p ea u éc o rch é e o n fît
u n e o u tre et q u e sa ra c e f û t ab o lie 4 ». E n to u ré d ’e n n e m is, m ais résolu
à n e rie n c h a n g e r d e c e q u ’i ï a v a it f a i t , c ro y a n t p e u t-ê tre au ssi q u e
A p r è s u n to u r de g alerie, le je u n e h o m m e regarda to u r à to u r le
c ie l e t sa m o n tr e , f it u n g e s te d ’im p a tien ce , entra d a n s u n b u re a u
d e ta b a c , y allum a u n c ig a re , se posa d e v a n t u n e g la c e , e t je ta u n
regard s u r s o n c o s tu m e , u n p e u p lu s ric h e q u e n e le p e r m e tte n t1
en F ra n c e les lois d u g o û t. I l rajusta so n c o l et s o n g ile t d e v elo u rs
n o ir s u r leq u e l se croisait p lu s ie u rs fo is u n e d e c es g rosses chaîn es
d ’o r fa b riq u é e s à G ê n e s ; p u is, ap rès a v o ir je té p a r u n s e u l m o u v e
m e n t s u r s o n é p au le g a u c h e son m an teau d o u b lé d e v e lo u rs e n le
d rapant a v e c é lé g an c e, il reprit sa p ro m e n ad e sans se laisser d istraire
pa r les oeillades b o u rge o ises q u ’il recevait. Q u a n d les b o u tiq u e s
commencèrent à s ’illu m in e r e t q u e la n u it lui parut assez n o ire , i l se
dirigea v e r s la p la ce d u P a la is -R o y a l en h o m m e q u i craignait d ’être
reco n n u , c a r il côtoya la p la ce ju s q u ’à la fo n tain e, p o u r g a g n e r à
l’a b r i d es fiacres l’en trée d e la ru e F r o id m a n te a u ...
( B a l z a c , É tu d e s p h ilo so p h iq u e s : G am bara.)
1. R é flex io n d e l ’a u te u r q u i é ch a p p e au p la n d u récit.
242 Problèmes de linguistique générale
1 . P o u r c i t e r d e u x e x e m p l e s d e t r a d u c t io n s r é c e n t e s , le t r a d u c t e u r
d e l a n o u v e ll e d ’E m e s t H e m i n g w a y in t it u l é e L a G r a n d e R i v i è r e au
cœ u r d o u b le ( d a n s le r e c u e il T h e F i f t h C o lu m n a n d th e F o r ty - n in e
F i r s t S to r ie s , e n f r a n ç a is P a r a d is p e r d u , P a r is , 1 9 4 9 ) a e m p lo y é
c o n t i n û m e n t l ’ a o r is t e a u l o n g d e q u a r a n t e p a g e s ( a v e c l ’ im p a r f a it
e t l e p l u s - q u e - p a r f a it ) . S a u f d e u x o u t r o i s p h r a s e s d e m o n o lo g u e
in t é r ie u r , le r é c i t e n t i e r e s t , e n fr a n ç a is , i n s t a l lé d a n s c e t t e r e la t io n
t e m p o r e l l e , p a r c e q u ’ a u c u n e a u t r e n ’e s t p o s s ib l e . — D e m ê m e lu
v e r s io n fr a n ç a is e d e H e y e r d a h l , L 'E x p é d i t i o n d u K o n - T i k i , p r é s e n te
e x c l u s i v e m e n t à l ’a o r is t e , e n c h a p it r e s e n t ie r s , l a p l u s g r a n d e p a r tie
d u ré c it.
2 . C ’ e s t l e c a s d e L 'E t r a n g e r d ’A l b e r t C a m u s . L ’ e m p l o i e x c l u n !
d u p a r fa it d a n s ce r é c it c o m m e te m p s d e s é v é n e m e n ts a é té co m m en t*
a v e c p é n é t r a t io n , m a is à u n a u t r e p o i n t d e v u e , p a r M . J e a n - P a u l
S a r tr e , S itu a tio n s I , p . 1 1 7 - 1 1 8 .
3 . I l f a u d r a i t n u a n c e r c e t t e a f fir m a t io n . L e r o m a n c ie r e m p lo ie
e n c o r e s a n s e f f o r t l ’a o r is t e a u x i rea p e r s o n n e s d u s in g u l ie r e t d u
p l u r i e l . O n e n t r o u v e r a à c h a q u e p a g e d ’u n r é c i t c o m m e L e G r a n d
M e a u ln e s d ’A l a i n - F o u m i e r . M a i s i l e n v a a u t r e m e n t d e l ’h is t o r ie n .
L'homme dans la langue 245
i l arriva, ils arrivèrent se présen tero n t à ch a q u e in sta n t so u s
la p lu m e d e l’ histo rien, e t n ’o n t pas d e su b stitu ts p ossibles.
L e s d e u x p lan s d ’én o n cia tio n se d é lim iten t d o n c en
tra its p o sitifs et n ég a tifs :
— d an s l’én o n ciatio n h isto riq u e, so n t ad m is (en form es
d e 3e perso n n e) : l’ aoriste, l’ im p arfa it, le p lu s-q u e -p a rfa it
et le p ro sp e ctif; so n t e x clu s : le p résen t, le pa rfait, le fu tu r
(sim p le et co m p osé);
— dans ré n o n c ia tio n d e d isco u rs, so n t ad m is tou s le s tem p s
à tou tes les fo rm e s; est e x clu l’ao riste (sim ple et com p osé).
L e s exclusio n s so n t aussi im p ortan tes q u e les tem p s ad m is.
P o u r l ’ histo rien, le présen t *, le p a rfait et le f u tu r so n t ex clu s
arce q u e la dim en sio n d u p résen t est in co m p atib le a v ec
P in ten tio n h isto riq u e : le p résen t serait nécessairem en t alors
le présen t d e l’h isto rien , m ais l ’histo rien ne p eu t s ’ h isto riser
sans d é m en tir son d essein . U n év én em en t, p o u r être p o sé
co m m e tel d a n s l ’exp ressio n tem p o relle, d o it a v o ir cessé d ’être
présent, il d o it ne p o u v o ir p lu s ê tre én o n cé co m m e p résent.
P o u r la m êm e raison le fu tu r e st e x c lu ; il n ’est q u ’u n présen t
p ro jeté v ers l’av en ir, il im p liq u e p rescrip tio n , o blig atio n ,
certitu de, q u i so n t m o dalités su b jec tive s, n on ca té g ories
histo riqu es. Q u an d , d an s le ré c it d e s év én em en ts e t p a r le je u
de l’ en ch aîn em en t h isto riq u e su rg it u n e im m in en ce o u do it
s’accu ser u n e fata lité, l’ histo rie n u se d u tem p s q u e n o u s
ap pelons le p ro sp e ctif (« il alla it p artir, « il devait to m b e r »).
D an s le d isco u rs, au co n traire, l ’e x clu sio n est lim itée à
l ’aoriste, tem p s h isto riq u e p a r ex ce llen ce. In tro d u it dans le
disco u rs, l’ao riste p araîtra p éd an t, liv resq u e. P o u r én o n cer
des faits passés, le d isco u rs em p lo ie le pa rfait, q u i est à la fois
l’éq u iv alen t fon ctio n n el d e l’aoriste, d o n c u n tem p s, et au ssi
autre ch o se q u ’u n tem ps.
De la s u b je c tiv ité d a n s le la n g a g e 1
le v e r b e p o se l ’a c te en m êm e te m p s q u ’ e lle fo n d e le su jet.
A in s i l ’a c te e s t a c co m p li p a r l ’ in sta n ce d ’ é n o n c ia tio n d e son
« n o m » (q u i est « ju r e r »), en m êm e te m p s q u e le s u je t est posé
pa r l ’in s ta n ce d ’én o n c ia tio n d e so n in d ic a te u r (q u i est « je »).
B ie n d e s n o tio n s en lin g u is tiq u e , p e u t-ê tre m êm e en p s y
c h o lo g ie , ap p a ra îtro n t so u s u n jo u r d iffé re n t si o n les ré ta b lit
d a n s le ca d re d u d isco u rs, q u i est la la n g u e en tan t q u ’ assu
m é e p a r l ’h o m m e q u i p a rle, e t d an s la co n d itio n d 'intersub-
je c tiv ité , q u i se u le ren d p o ssib le la co m m u n ic a tio n lin g u is
tiq u e .
CHAPITRE XXII
to u s les g r a n d s p h ilo s o p h e s o u p r e s q u e o n t e x ig é q u ’o n s c r u tâ t l e ·
m o ts d o n t o n se s e r v ir a it e t r e c o n n u q u ’ o n p e u t ê tre a v e u g lé p a r u n
m o t m a l in te r p r é té . M a is , s e lo n les p n iio s o p h e s d ’O x f o r d d ’a u jo u r -
x . J . U r m s o n , op. c it., p . 19 s q .
L'homme dans la langue 269
1. Ib id ., p . 2 1.
2. I b id ., p . 2 71-2 8 1.
3. Ibid ., p . 2 71.
270 Problèmes de linguistique générale
m ê m e a c te q u e p a r l ’é n o n c é t j e v o u s a v e rtis q u e le c h ie n v a v o u s
a tta q u e r » o u b ie n p a r « M e s s ie u r s le s é tra n g e rs s o n t a v e rtis q u ’il
e x is te p a r ic i u n c h ie n m é c h a n t ». P o u r re n d re p e r fo r m a tif n o tr e
é n o n c é , e t c ela sans é q u iv o q u e , n o u s p o u v o n s fa ire u sa g e, a u lie u
d e la fo r m u le e x p lic ite , d e to u t u n tas d ’e x p é d ie n ts p lu s p r im itifs
c o m m e l’ in to n a tio n , p a r e x e m p le , e t le g e s te . D e p lu s e t s u r to u t,
le c o n te x te m ê m e d a n s le q u e l s o n t p r o n o n c é e s les p a ro les p e u t ren d re
as s e z c e rta in e la fa ço n d o n t o n d o it les p re n d re , c o m m e d e s c r ip tio n ,
p a r e x e m p le , o u b ie n c o m m e a v e r t is s e m e n t *...
1 . I b id .y p . 274 .
2. Ibid., p . 279 .
3 . D e la s u b je c tiv ité d a n s le la n g a g e (Journal de Psychologie, 1958,
p . 2 6 7 sq .); c i- d e s s u s , p . 258 sq .
4 . U n e re m a rq u e d e te rm in o lo g ie . P u is q u e performance e st déjà
e n tr é d a n s l ’u s a g e , il h ’y a u r a p a s d e d iffic u lté à y in tro d u ir e perfor
m atif a u sen s p a r tic u lie r q u ’il a ic i. O n n e fa it d ’a ille u r s q u e ram ener
L'homme dans la langue 271
i. Ibid., p . 269.
276 Problèmes de linguistique générale
L e s verbes d é lo c u tifs 1
1 . M é la n g es S p it x e r , 19 5 8 , p . 5 7 -6 3 .
2 . P la u te , P er sa , 5 0 1 : S a lu te m d ic it T o x ilo T im arch id es.
278 Problèmes de linguistique générale
1. Par exemple, salus sit tibi ou vos Salus servassit (Pl., Epid., 742),
et''.
2 . C ic ., V err., II , 154.
3 . Salute data redditaque ( L iv ., I I I , 26, 9).
4 . C ic ., ¿ t t . , V I , 2.
L'hom me dans la langue 279
i . S o p h ., A ja x , 1 1 2 .
280 Problèmes de linguistique générale
1 . V arro n , L . L ., V , 7.
2. V o ir S c h u lz e , K l. Schr., p . 178 s q q . p o u r d e n o m b re u se s
c ita tio n s.
3. L i v . , I , 16, 3 ; c f . q u e lq u e s lig n e s p lu s loin , Romulus, parens
hujus urbis (I, 16 , 6).
4 . V ir g ., En., V , 80.
L'homme dans la langue 281
Lexique et culture
CHA PIT RE XXIV
min » : skr. pdnthâh, av. pantâ, arm. kun, v. si. pçtï, v. pr.
pintis, gr. pôntos, lat. pons. L ’antiquité indo-européenne
du terme est garantie par les archaïsmes de la flexion. On
ne saurait dire que le sens fasse obstacle à la restitution
d’une forme commune. Néanmoins les divergences appa
raissent assez sérieuses pour justifier une question. En indo
iranien, slave et baltique, il s’agit du « chemin ». Mais gr.
pôntos signifie « mer »; lat. pons désigne le « pont », et arm.
hun, le « gué ». Comme ces sens ne s’équivalent pas et que,
dans la distribution dialectale, c’est spécialement en grec et
en latin que la divergence se manifeste, on tend à penser
que ce désaccord tient à des raisons de style ou de culture.
En grec c’est une figuration poétique qui aurait assimilé la
« mer » à un « chemin ». En latin, le transfert de « chemin » à
« pont » résulterait de la civilisation des terramare... Ces
hypothèses ont pour fondement une autre hypothèse, non
reconnue comme telle, informulée et inconsciente : le sens
premier serait celui de « chemin », soit parce qu’il est attesté
dans un dialecte ancien tel que l’indo-iranien, soit à cause
de l’accord entre l’indo-iranien, le slave et le baltique, soit
en vertu de sa « simplicité »; et les sens de « mer » ou « pont »
ou « gué » en seraient des déviations. Mais les emplois dont
nous disposons dans les textes anciens les plus abondants,
en védique1, permettent d’accéder à une notion plus exacte
de p d n th â h et d’en nuancer la représentation. D ’abord, il y
a en védique plusieurs autres noms du chemin, et qui tous
en quelque manière se distinguent de celui-ci : yâna-
dénomme le r chemin » des âmes vers leur séjour ( devayâna,
pitryâna) ; mârga-, le sentier des animaux sauvages (mrga) ;
adhvan, la route frayée; râthya, la voie des chars. Ce qui
caractérise le p d n th â h est qu’il n’est pas simplement le chemin
en tant qu’espace à parcourir d’un point à un autre. Il
implique peine, incertitude et danger, il a des détours impré
vus, il peut varier avec celui qui le parcourt, et d’ailleurs il
n’est pas seulement terrestre, les oiseaux ont le leur, les
fleuves aussi. Le pdnthâh n’est donc pas tracé à l’avance ni
foulé régulièrement. C ’est bien plutôt un « franchissement »
tenté à travers une région inconnue et souvent hostile, une
voie ouverte par les dieux à la ruée des eaux, une traversée
d’obstacles naturels, ou la route qu’inventent les oiseaux
dans l’espace, somme toute un chemin dans une région
interdite au passage normal, un moyen de parcourir une
dans leur sphère et d ’un style trop « fam ilier » pour qu’on
puisse y voir autre chose que des « variantes de situation »;
les pronom s ipse, autos peuvent occasionnellem ent désigner
le maître; ils n ’ont jam ais signifié « maître » hors de leur
contexte. Ils ne nous aident pas à retrouver la liaison des
deux form es * p o t(i)-.
L a manière dont les form es de chaque série se distribuent
respectivem ent prête à observation. O n notera que le hittite,
dialecte archaïque à maints égards, possède seulem ent la
particule -pet, « m ême » (apal-pet, « lui-m êm e, précisém ent
lui »), il n’a pas trace d ’une form e nom inale telle que * p o t(i)-.
C ela fait présum er que celle-ci a chance d ’être secondaire.
D ’autre part, les form es nominales du groupe de « m aître »
n e se relient à aucune racine verbale; quand il y a une forme
verbale, telle que skr. patyate, lat. potior, elle est clairement
dénominative. I l s’agit donc d ’une fam ille lexicale qui est
entièrem ent et exclusivem ent nominale. L e s term es en
présence sont donc d’un côté une particule, de l ’autre une
form e nominale.
I l fau t d ’abord préciser la fonction de la particule -pet.
Il y a dans les langues indo-européennes deux expressions
distinctes de l ’identité, q u ’on peut illustrer par l ’exemple
du gotique, qui possède à la fois sama et silba : par sama,
« same », s’énonce l ’identité com m e perm anence de l ’objet
reconnue sous divers aspects ou en diverses instances; par
silba, « s e lf », l ’identité com m e opposée à l’altérité : « lui-
même » à l’exclusion de tout autre. Pour le dire en passant,
la valeur d ’insistance et de contraste inhérente à l ’expression
de la catégorie « s e lf » conduit à la signaler soit par référence
à l’être corporel (d’où i. ir. tanü-; hitt. tuekka-; v . h. a.
leip ; fr. en personne, en chair et en os, etc.), soit par une déno
tation em phatique, telle que le superlatif; d ’où ail. selbst,
gr. autotatos, lat. ipsissimus (cf. met-ipsimus > a. fr. medisme,
fr. même), si. sam com m e superlatif, etc., en tant que person
nifications « exemplaires » de la notion. C ’est évidem m ent
à la notion de « self » que répond la fonction de l ’enclitique
hitt. -pat, lit. -pat, dont l ’em ploi est hérité : h. apaS-pai
« précisém ent celui-là, lui-m êm e », lit. ten-pat, « là m ême »,
a i pats, « m oi-m êm e », avec une valeur de superlatif dévelop
pée en lituanien : pàts pirmàsis, « le tout prem ier ».
D an s cette fonction, la particule s ’attache au pronom
et il se produit alors une liaison sélective qui apparaît claire
m ent en iranien, où -pati form e corps avec le réfléchi, av.
x vaë-paiti-, « soi-m êm e » et surtout le dérivé x vaëpaiQya-t
v. p. (h)uvâipa$iya-, « sien propre », dans la construction
304 Problèmes de linguistique générale
D o n et échange
dans le vocabulaire indo-européen
L a notion de « rythme »
dans son expression lin g u istiq u e1
Civilisation
Contribution à l ’histoire du mot 1
3
ue L . F ebvre (op. cit., p . 4-5) a éliminé com m e étant probablem ent
û à D up on t de N em ours.
2. Ursprung und Entivickelung des Begriffs der Zivilisation in Frank-
reich (1756-1830), Hamburg, 1930 (Hamburger Studien zu Volkstum
und K ultur der Romanen 6 ).
3 . É d . 1814, p . 53, n . x.
33B Problèmes de linguistique générale
, , - .
199, 2 17, 279, 291 sq ., 309, o m brien , 143.
3 12 318 327 335 oppositions, 2 1, 175.
histoire, 238 sq. origines, 83.
hittite, 36, 106, 218. ossète, 192.
hom ophonie, 290. paradigm atique, 22.
hongrois, 155, 157. parenté, 104.
ilocano, 156. parfait, 69, 176 -18 6, 200, 202,
im m otivé, 50. 243·
jm parfait, 239. participe, 180 sq.
im personnel, 230. passif, 174, 176-186, 199, 202.
inclu sif, 233. paSto, 192.
inconscient, 85. pen sée, 28, 63 sq.
indicateur, 253. perform atif, 269 sq.
ind o-eu ropéen, 15, 19, 33» 35» périphrastique, 200.
107 sq ., 169 sq ., 188, 2 14 sq ., persan, 195.
301 sq. personne, 225-236, 255 sq.
infinitif, 182. pertinentiel, 198.
inform ation, 13. p hilosoph ie, 19, 267 sq.
instance, 251. phonèm e, 23, 12 1 sq.
intégration, 124 sq. phonologie, 4 , 95.
in tersu b jectif, 256. phrase, 123, 128, 15 1, 208 sq.
in transit if, 180. plus-que-parfait, 239.
iranien, 177 eq., 19 1, 282. possessif, 180 sq ., 184 sq.
irlandais, 15 7, 16 7, 188, 192, possession, 145, 197.
221. pragm atique, 252.
kanuri, 196. prédicat, 128.
kuëéen, 192. préposition, 132-139.
kurde, 195. présent, 243, 262.
langage, 60 sq ., 7 1 sq. prim itif, 79 sq.
langue, 99 sq. pronom , 226 sq ., 2 5 1-2 5 7, 262.
latin, 8 1, 132 -13 9, 140-148, 158, prospectif, 239.
199, 220, 2 77 sq ., 295 sq., provençal, 115 .
306, 320 sq. psychanalyse, 71-8 7.
léxèm e, 23. psycholingu istique, 13.
lexique, 286 sq. psychologie, 16 , 59 sq.
linguistique, 3, 18. reconstru ction, 10, 289-307.
lo giqu e, 13 , 115 . relation, 21, 28, 225 sq ., 237 sq .
m érism e, 23, 121. relationnel, 113.
m étaphore, 28. relative (phrase), 208-222.
m ongol, 195. rêve, 82 sq.
m on-khm er, 104. rhétorique, 86.
m orphèm e, 23. russe, 189, 193.
m ot, 123. rythm e, 327-335·
m otivation, 50, 76. sanskrit, 19, 165, 170, 171 sq .,
m oyen, 68 sq ., 168 sq. 215» .297, 314·
n arratif, 242. saussurien, 5, 20, 2 1 , 32-45,
navaho, 212. 92 sq.
Index 351
I. T R A N S F O R M A T IO N S DE LA L IN G U IS T IQ U E
II. LA C O M M U N IC A T IO N
8. « Structure » en linguistique........................................... 91
9. L a classification des langues............................................ 99
10. Les niveaux de Vanalyse linguistique.............................. 119
11. L e système sublogique des prépositions en latin............ 132
12 Pour l'analyse des fonctions casuelles : le génitif latin. 140
IV . F O N C T IO N S S Y N T A X IQ U E S
V. l ’h o m m e DANS LA LANGUE
V I. LEXIQUE ET CULTURE