Chimie Descriptive-El3d PDF
Chimie Descriptive-El3d PDF
Chimie Descriptive-El3d PDF
La structure électronique
des complexes des métaux de transition :
Relation Géométrie – Propriétés physiques
Un complexe est un édifice polyatomique constitué d’un atome ou d’un cation central auquel sont liés des molécules ou ions
appelés ligands. Il est caractérisé par sa géométrie qui dépend de son indice de coordination (nombre de liaisons simples
formées par l’atome ou l’ion central avec les ligands). Les complexes de métaux de transition, avec leurs sous niveaux nd
incomplets, possèdent des propriétés optiques et magnétiques (dia ou paramagnétique) qui dépendront de la nature de la liaison
dans le complexe.
Exemple : [Cu(NH3)4(H2O)2]2+ présente une coloration bleue soutenue et est paramagnétique (un e- libre)
Rappels :
Propriétés magnétiques :
- Un composé est paramagnétique s’il possède des électrons dont les spins ne sont pas appariés c’est à dire des
électrons célibataires ; il est attiré par un champ magnétique.
- Un composé est diamagnétique si tous ses électrons sont appariés ; il est repoussé par un champ magnétique.
H H H
Le moment magnétique M, qui est un moment induit, est la résultante du moment de spin ( μ S ) et du moment orbital ( μ L ).
Pour un élément de transition engagé dans un complexe , le moment orbital μ L est le plus souvent nul (parce que bloqué). M ne
dépend donc que du moment de spin μ S . Le moment magnétique s’exprime par le nombre effectif de magnétons de Bohr (neff)
donné par :
Des théories capables de décrire les liaisons dans les composés de coordination, de rationaliser et de prédire leurs propriétés
ont été formulées :
La théorie de la liaison de valence (1930)
La théorie du champ cristallin puis la théorie du champ des ligands (1950-1960)
La théorie des orbitales moléculaires
Exemples
sp
[Cu(NH3)2]+
Cu+ : [Ar] 3d10 4s0 4p0 4d0 diamagnétique
3d
10 4s 4p linéaire
NH3 NH3
sp3
[Zn(NH3)4]2+
Zn2+ : [Ar] 3d10 4s0 4p0 4d0 diamagnétique
3d
10 4s 4p
NH3 NH3 NH3 NH3
tétraèdre
2
[Ni(CN)4]2- dsp
Ni2+ : [Ar] 3d8 4s0 4p0 4d0 diamagnétique
3d8 --
4s 4p
- -
CN CN CN CN
-
plan carré
d2sp3 paramagnétique
[Cr(NH3)6]3+ -
Cr3+ : [Ar] 3d3 4s0 4p0 4d0 3e célibataires
4s 4p neff = 3.87
3d3 NH NH NH3 NH3 NH3 NH3
3 3
octaèdre
Université du Maine - Faculté des Sciences Structure électronique des complexes des éléments de transition 1/12
Dans certains cas, on est obligé d’admettre que l’orbitale atomique hybride fait intervenir les orbitales atomiques 4d pour
respecter la géométrie et le moment magnétique observé. L’ion Fe3+ (3d5) présente les deux types d’hybridation :
[Fe(H2O)6]3+ utilisation des orbitales 4d
sp3d2 paramagnétique
5 e- célibataires
4s 4p 4d neff = 5.92
3d5
H2O H2O H2O H2O H2O H2O
d2sp3 paramagnétique
1 e- célibataire
4p- 4d neff = 1.73
3d5 - -
4s
- - -
CN CN CN CN CN CN
Conclusion :
Cette théorie rend compte des propriétés magnétiques et de la géométrie mais ne permet pas d’expliquer la couleur des
complexes.
E
2 2 2
3dx -y 3dz
eg
3/5 0
0
-2/5 0
t2g
ion complexe en 3dxy 3dxz 3dyz
symétrie sphérique
ion libre 3d Symétrie octaédrique
Influence du champ cristallin octaédrique sur les niveaux d’énergie des orbitales d
O représente l’éclatement du champ cristallin octaédrique qui, en terme d’énergie, exprime la séparation des niveaux t2g et eg.
Université du Maine - Faculté des Sciences Structure électronique des complexes des éléments de transition 1/12
- Mn3+ : ion d4
Au delà de 3 électrons d, deux possibilités se présentent :
- soit l’électron occupe le niveau d’énergie élevée eg
- soit l’électron s’apparie avec un électron de l’une des orbitales t2g.
Configuration 1 : [MnF6]3- - ion Mn3+ : d4
E
eg2 Sous l’effet du champ octaédrique faible des ligands F-,
une levée de dégénérescence des niveaux est observée.
0(F-) Le remplissage électronique se fait en respectant le règle
de Hund.
ion libre
t2g3
ESCC = 3(-2/5o) + 1(3/5o) = -3/5o = -0.6o
ion complexé neff = 4.95 soit 4 électrons célibataires
La configuration adoptée par le complexe est celle qui possède l’énergie la plus basse, cela dépendra des importances
relatives de o et P.
Exemple : Fe2+- ion d6
E E
eg0
eg2
0 0
ion libre ion libre
t2g4
t2g6
Pour observer la configuration 1, il faut : ESCC < ESCC soit –0.4o + P < -2.4o + 3P ou encore o < P. La configuration
adoptée dépend donc de l’importance relative de o et de P :
Si o < P, on observe la configuration 1 et on parle de configuration spin élevé et de champ faible
Si o > P, on observe la configuration 2 et on parle de configuration spin faible et de champ fort
Pour Fe2+ P = 19200 cm-1 et o = 33800 cm-1 pour [Fe(CN)6]4-. On a o > P, [Fe(CN)6]4- : complexe à champ fort
o = 10400 cm-1 pour [Fe(H2O)6]2+. On a o < P, [Fe(H2O)6]2+ : complexe à champ faible
4-
[Fe(CN)6] aura la configuration t2g6 eg0. Il ne possède pas d’électron célibataire et est diamagnétique.
[Fe(H2O)6]2+ aura la configuration t2g4 eg2. Il possède 4 électrons célibataires et est paramagnétique.
Les valeurs de o sont accessibles par l’expérience alors que les énergies d’appariement P sont obtenues par le calcul pour
l’ion libre.
Energies d’appariement pour l’ion libre*
d4 d5 d6 d7
2+ 3+ 2+ 3+ 2+ 3+
Ion Cr Mn Mn Fe Fe Co Co2+
P (cm-1) 20500 25200 23800 29900 19200 23600 20800
*Pour l’ion complexé, les valeurs de P sont inférieures de 15 à 30%.
Les différentes configurations possibles des électrons d dans les complexes octaédriques ainsi que leur énergie de stabilisation
du champ cristallin sont rassemblées dans le tableau suivant. Les éléments les plus stabilisés en coordinence octaédrique sont
les éléments d3 et d8 (ESCC = -1.2 o). L’élément d6 présentera facilement une configuration spin faible (donc diamagnétique)
dans un champ des ligands fort (ESCC = -2.4 o).
Distribution des électrons d dans les complexes octaédriques et énergie de stabilisation du champ cristallin ESCC (unité o)
- zz
E t2
2/5 t
-
y t
xx M
n+
y -3/5 t
Ion libre
e
- Symétrie tétraédrique
- Dédoublement des orbitales d dans un champ tétraédrique
Université du Maine - Faculté des Sciences Structure électronique des complexes des éléments de transition 1/12
Le dédoublement t dû au champ cristallin tétraédrique est intrinsèquement plus faible que celui du champ octaédrique,
parce qu’il n’y a que deux-tiers des ligands et que leur effet sur les orbitales d est moins direct. On montre que t 4/9 o
(4 ligands en champ tétraédrique / 6 ligands en champ octaédrique). Il en résulte que les énergies de dédoublement des
orbitales des complexes tétraédriques ne sont en général pas assez élevées pour forcer les électrons à s’apparier, et de ce fait les
configurations à spin faible sont rarement observées.
Le passage d’une configuration spin élevé à spin faible est possible pour les éléments d3 à d6., mais peu d’exemples de
complexes présentent cette possibilité.
E E
t2 t2
t t
e e
Le tableau précédent rassemble les différentes configurations électroniques pour un champ des ligands tétraédrique. Les
éléments les plus stabilisés en coordinence tétraédrique sont les éléments d7 et d2 (ESCC = -1.2 t). L’ion d4 sera le mieux placé
pour une configuration spin faible (ESCC = -2.4 t).
Université du Maine - Faculté des Sciences Structure électronique des complexes des éléments de transition 1/12
2 2
3dx -y
3dxy
P
2
3dz
3dyz - 3dxz
Octaèdre étiré
Octaèdre régulier suivant z Plan carré
(effet Jahn-Teller)
E
1
1 total
total
2 2
3 3
On définit p comme égal à total (total=1+2+3). D’une manière générale P reste voisin de 1,3 O.
Conclusion :
La théorie du champ cristallin explique les propriétés magnétiques manifestées par les complexes des éléments d, en accord
avec leurs géométries. Le passage d’une configuration spin élevé à spin faible est relié à la force du champ des ligands qui doit
passer de champ faible à champ fort.
Université du Maine - Faculté des Sciences Structure électronique des complexes des éléments de transition 1/12
orange bleu
Calcul de o:
hc 1
o hc où (nombre d’onde en cm-1)
Dans S.I (en kJ/mol) :
hc 6.62 10 34 3 10 8 1.196.10 5
o J.m d’où N .o. kJ/mol = 234 kJ/mole
(nm )
-1
En unité cm :
1
o 19607cm 1 20000 cm-1 avec : 1cm-1 = 11.962 10-3 kJ/mole
510.10 7
Soit pour un ligand H2O : o = 19607 / 6 = 3268 cm-1
Lorsqu'il y aura plusieurs électrons célibataires, plusieurs transitions entre les niveaux t2g à eg seront possibles. On verra donc
autant de bandes d’absorption sur le spectre , celle d’énergie la plus faible (o le plus petit) correspondant à la plus grande.
Cas de l'ion Co2+ : d7 ( spin élevé) E
La prévision du nombre de bandes d’absorption se
fait à l’aide du diagramme d’Orgel. Ce diagramme
est construit après avoir déterminé les états excités
possibles conduisant au même nombre d’électrons
célibataires qu’à l’état fondamental (S=0). On 0
obtient ainsi 3 niveaux d’énergie donc deux
transitions d – d permises ce qui entraîne l’apparition
de 2 bandes d’absorption sur le spectre : t2g5 eg2 t2g4 eg3 t2g3 eg4
1 = o pour la transition t2g5 eg2 t2g4 eg3
état fondamental état excité 1 état excité 2
= 2o pour la transition t2g5 eg2 t2g3 eg4 1
ESCC = -5(2/5o) + 2(3/5o) E SCC = -4(2/5o) + 3(3/5o) 2
E SCC = -3(2/5o) + 4(3/5o)
1
ESCC = -0.8o E SCC s = +0.2o 2
E SCC = +1.2o
Université du Maine - Faculté des Sciences Structure électronique des complexes des éléments de transition 1/12
2+
% Abs. Co(H2O)6
rose
E 1.2 0
2
0.2 0
-0.8 0
1 1
Expérimentalement, on obtient ∆1 8000cm 1 et ∆ 2 19230cm 1 . La valeur de o correspond en
7
1250.10 520.10 7
général à l’énergie de la bande située à la longueur d’onde la plus élevée (ici 1 = o = 8000 cm-1). L’énergie de la deuxième
bande ne correspond pas à la valeur attendue par le diagramme d’Orgel (2 = 19230cm-1 au lieu de 2o = 16000 cm-1).
On pourra remarquer que la bande à la longueur d’onde la plus élevée ( = 1250 nm) se trouve dans l’infrarouge et ne peut
donc pas être observée sur la plupart des spectromètres classiques.
Interprétation des valeurs de , t ou p)
Pour un complexe octaédrique, o correspond au champ cristallin exercé par 6 ligands. On peut en déduire la valeur de
∆o
associée à un ligand X : ∆(X) .
6
La force du ligand détermine la couleur du complexe :
Un ligand à champ fort absorbera un photon de petite (couleur jaune / orange)
Un ligand à champ faible absorbera un photon de grande (couleur vert / bleu)
Couleur de quelques complexes
Complexe Couleur du complexe Couleur absorbée abs (nm) o (cm-1)
[Co(NH3)6]3+ Jaune Violet 380 26316
[Co(NH3)5NCS]2+ Orange Bleu 470 21277
[Co(NH3)5H2O]2+ Rouge Bleu-vert 500 20000
[Co(NH3)5Cl]2+ Pourpre Jaune-vert 530 18868
Trans[Co(NH3)4Cl2]+ Vert Rouge 680 14706
Pour cette série de complexes du cobalt III, on peut établir que la force des ligands correspond au classement suivant :
NH3 > SCN- > H2O > Cl-.
De façon générale, le classement général des ligand selon leur force constitue la série spectrochimique des ligands
(classement par force croissante) : - < Br- < Cl- < F- < OH- < C2O42- H2O < EDTA < NH3 < En < NO2- << CN- < CO.
Pour un même ligand, on constate que la force du champ cristallin dépend aussi du cation :
- elle augmente avec la charge du cation
- pour un degré d’oxydation donné, elle augmente avec la période (5d > 4d > 3d)
On peut donc construire également une série spectrochimique des cations : MnII < NiII < CoII< FeIII < CrIII < VIII < CoIII <
RhIII < RuIII < PdIV < ReIV < PtIV.
Ainsi, le passage d’une configuration spin élevé à spin faible sera facilité dans un complexe engageant un cation situé à gauche
de la série précédente et un anion (ou molécule) situé à droite de la série des ligands.
Remarque : si les orbitales d sont pleines (ions Zn2+, Cu+, Sc3+), les complexes sont incolores car aucune transition d-d ne peut
être observée.
En exploitant un diagramme d’Orgel pour les géométries tétraédrique et plan-carré, on peut prévoir le nombre de bandes
permises. A l’inverse, l’exploitation des spectres optiques permet de déterminer les énergies de dédoublement pour divers
complexes et diverses coordinations.
Application :
La figure suivante montre la relation entre la couleur d’un complexe et les bandes d’absorptions observées dans la gamme de
longueurs d’onde 300-900 nm.
On peut constater que le remplacement du ligand H2O par le ligand NH3 dans le complexe du cuivre II fait passer la couleur de
bleu pâle ( 800 nm) à bleu foncé ( 680 nm) par simple augmentation de la force des ligands (NH3 > H2O). Cette
modification de couleur se fait sans changement de géométrie (complexe octaédrique). La même remarque peut être faite pour
les complexes octaédriques du cobalt III avec les ligands NH3 et CN-.
Université du Maine - Faculté des Sciences Structure électronique des complexes des éléments de transition 1/12
Relation entre les couleurs observées et les spectres d’absorption de quelques complexes d’éléments de transition
U.V. bleu vert jaune rouge I.R.
[Co(CN)6 ]3 incolore
[Co(NH3 )6 ]3 jaune-rouge
[Ti(H2O)6 ]3 pourpre-rouge
[Co(H2O)6 ]2 rose
[CoCl4 ]2 bleu
[Cu(NH3 )4 ]2 bleu
[Ni(H2O)6 ]2 vert
De la même manière, on peut comprendre le changement de couleur observé lorsqu’on laisse le chlorure de cobalt anhydre au
contact d’une atmosphère humide (passage du bleu au rose). Ici le changement de couleur est essentiellement lié à un
changement de géométrie.
Conclusion :
La couleur des complexes d’éléments d est majoritairement expliquée par des transitions d-d.
Ci-dessous sont représentés les recouvrements des orbitales atomiques qui conduisent aux orbitales moléculaires liantes :
H2O z
z
z
+ H2O H2O
+ -
H2O + - -- - -
+ + H2O y - - + + H2O
y + H2O x
y
x + H2O +
H2O + x
x
H2O
H2O H2O
z z z
+ H2O + H2O
+
+ H2O ++ H2O
H2O
- - - -- H2O
y -- - -
x - + + y H2O + y
- x
H2O x +
H2O
H2O
pz ( x 2 y 2 ) ( z 2 )
Le diagramme d’énergie des orbitales moléculaires de [Ti(H2O)6]3+ est présenté ci-dessous . Les six paires d’électrons
apportés par les ligands et l’électron de l’ion Ti3+ occupent les OM de plus basse énergie. Le dernier niveau occupé (HOMO)
correspond à une orbitale moléculaire triplement dégénérée de type t2g alors que le premier niveau non occupé (LUMO)
correspond à une orbitale moléculaire doublement dégénérée de type eg. On comprend facilement que l’absorption d’une
énergie lumineuse adéquate (E) permettra de faire passer un électron de l’orbitale moléculaire HOMO à l’orbitale
moléculaire LUMO. Ce résultat est tout à fait identique à celui observé dans la théorie du champ cristallin, seule la nature de la
liaison est changée.
O.A de Ti3+ O.M de Ti(H2O)63+ six O.A de H2O
E
px , py , pz
4p s O.M. anti-liantes
4s
z2 , x2-y2
LUMO
0=20000cm-1
3d dxy , dxz , dyz O.M. non-liantes
HOMO
s
HOMO : Highest Occupied Molecular Orbitals
LUMO : Lowest Unoccupied Molecular Orbitals
Conclusion
La théorie des OM permet d’expliquer la couleur des complexes d’éléments d et la modification des propriétés magnétiques en
relation avec la différence d’énergie E entre les niveaux des orbitales moléculaires HOMO et LUMO.
Conclusion Générale
La couleur des complexes des éléments d est expliquée par des transitions électroniques (d-d) entre niveaux d’énergie. Les
propriétés magnétiques, spin élevé ou spin faible, sont dues respectivement au respect ou au non respect de la règle de Hund
pour le remplissage des niveaux d’énergie par les électrons du cation seul - Théorie du champ des ligands - ou par l’ensemble
des électrons de valence du cation et des ligands - Théorie des OM -.
Un complexe incolore est toujours diamagnétique
Un complexe paramagnétique est toujours coloré
Remarque
Les transitions d-d n’expliquent pas la couleur soutenue de KMnO4 (violet), K2CrO4 (jaune) et de bien d’autres composés. La
couleur du permanganate de potassium est due à l’ion [MnO4]- (géométrie tétraédrique). Cette couleur n’est pas due à une
transition d-d, car MnVII est un ion d0, mais à un transfert de charge (TC) d’un électron du ligand O2- vers le cation MnVII. Ceci
est la deuxième explication de la couleur des composés engageant des éléments de transition.