15132-15092-02 - Echouage Des Sargasses PDF
15132-15092-02 - Echouage Des Sargasses PDF
15132-15092-02 - Echouage Des Sargasses PDF
– JUILLET 2016 –
MINISTÈRE DES OUTRE-MER MINISTÈRE DE L’ENVIRONNEMENT, MINISTÈRE DE L’AGRICULTURE,
DE L’ÉNERGIE ET DE LA MER DE L’AGROALIMENTAIRE
ET DE LA FORÊT
Etabli par :
– JUILLET 2016 –
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Rapport
Résumé
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Rapport
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Rapport
estimer l’ordre de grandeur des coûts de gestion des sargasses à un montant variant de 0 à 16
M€ selon les années, mais qui s’établirait à 3 M€ en moyenne. La mission recommande donc
vivement de mener une étude d’incidence pour valider la mise en place d’un mécanisme
financier pour gérer le risque sargasses. Ce mécanisme permettrait de créer une provision,
alimentée chaque année à hauteur de 3 M€, d’une part, par les subventions de l’Etat aux
dispositifs d’insertion des jeunes utilisés pour le ramassage des sargasses et, d’autre part, par
des taxes additionnelles aux taxes de séjour et aux taxes de transport des passagers aériens et
maritimes ; cette provision serait mobilisable rapidement lors des années à arrivage massif de
sargasses et dépensée en fonction des besoins, en complément des contributions courantes de
l’Etat et des collectivités.
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Rapport
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Rapport
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Rapport
Introduction
En 2011, au cours du second semestre, et en 2012, pendant quelques mois, des échouages
importants d’algues brunes dites « sargasses » ont eu lieu sur les côtes des îles de la Caraïbe,
du golfe du Mexique et du sud-est des États-Unis. D’avril 2014 à octobre 2015, de manière
quasi-continue, cette zone géographique a de nouveau été impactée. Pendant cette période, les
Antilles françaises ont été victimes d’échouages massifs de sargasses, à l’origine de troubles
sanitaires, de désordres économiques et environnementaux, provoquant d’abord la mise en
place par l’État, au cours du second semestre 2014, de mesures de conseil et d’appui aux
collectivités, ainsi que d’un plan d’urgence au niveau local, puis d’un plan d’urgence au
niveau national à l’été 2015. En Guyane, un échouage massif s’était produit dès mai 2015,
mais l’océan a retiré rapidement les dépôts.
Par lettre en date du 21 septembre 2015, la ministre de l’écologie du développement durable
et de l’énergie, le ministre de l’agroalimentaire et de la forêt et la ministre des Outre-mer ont
confié au conseil général de l’environnement et du développement durable (CGEDD), au
conseil général de l’alimentation, de l’agriculture et des espaces ruraux (CGAAER) et à
l’inspection générale de l’administration (IGA) une mission d’évaluation visant, dans une
perspective de gestion à long terme des échouages de sargasses, à formuler des
recommandations opérationnelles dans les domaines du ramassage et du stockage mais aussi
dans ceux du traitement et de la valorisation de ces algues.
Cette mission a été constituée dans le courant du mois d’octobre. Il est alors apparu très vite
que la mission ne pourrait se dérouler avec efficacité si elle se rendait sur place pendant la
campagne des élections régionales. En accord avec la ministre des Outre-mer, avec laquelle la
mission a eu une réunion de travail, le déplacement de celle-ci a été reporté au mois de janvier
2016.
La mission a mis ce délai à profit pour effectuer à Paris les travaux préparatoires nécessaires
et conduire les premiers entretiens et les premières réunions avec, notamment, les
administrations centrales. Elle a également participé par visioconférence aux comités de
pilotage sur les sargasses mis en place par les préfets de la Martinique et de la Guadeloupe, ce
qui lui a permis d’établir les premiers contacts avec les acteurs (élus et administrations)
concernés. Elle a adressé, par l’intermédiaire des trois préfets, des questionnaires aux
collectivités directement impactées par les échouages de sargasses. Enfin, elle a également
mené des investigations, qui lui ont été fort utiles, en Bretagne (Côtes d’Armor et Finistère)
afin d’étudier le volet curatif du plan « algues vertes » et de bénéficier de l’expérience déjà
ancienne des acteurs bretons dans la mise en place de filières intégrées allant du ramassage à
la valorisation (essentiellement agricole en l’espèce) des algues.
Il est résulté de ces travaux préparatoires que les échouages de sargasses en Guyane avaient
été ponctuels dans le temps et que le principal impact connu portait sur la pêche maritime. En
accord avec les commanditaires, il n’a pas été jugé utile que la mission se rende en Guyane
dès janvier 2016. En revanche, des contacts ont eu lieu avec les services locaux de l’État et de
la Collectivité puis ceux-ci ont été rencontrés, ainsi que des élus, en avril 2016 à l’occasion
d’une autre mission.
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Rapport
Après avoir adressé aux trois ministres commanditaires une note de cadrage, en date du 21
décembre 2015, précisant les modalités et le calendrier de son travail, la mission s’est rendue
sur place (Martinique, Guadeloupe, Saint-Martin et Saint-Barthélemy) du 6 au 31 janvier. Elle
a rencontré, au cours d’entretiens ou réunions de travail, de nombreux interlocuteurs
concernés par le problème des sargasses : préfets et membres du corps préfectoral ; membres
des services de l’État ou d’établissements publics (DEAL, DAAF, DDTM, ARS, ADEME,
ONF, ONCFS notamment) ; présidents des collectivités et leurs collaborateurs ; maires et
présidents d’EPCI et leurs collaborateurs ; représentants des chambres consulaires ;
représentants des secteurs économiques impactés (pêche, hôtellerie-restauration, commerces
et autres métiers du tourisme, notamment) ; chercheurs et dirigeants d’instituts de recherche
agronomique et d’organismes de recherche ; dirigeants d’entreprises ou d’opérateurs publics
de compostage ; agriculteurs ; industriels proposant des techniques de ramassage ou de
valorisation ; habitants des secteurs impactés, dirigeants d’associations d’insertion, membres
des « brigades vertes » etc. Cette liste n’est pas exhaustive mais on trouvera en annexe 9.3 la
liste des personnes rencontrées ou contactées par la mission.
La mission a également tenu à se rendre à de nombreuses reprises sur le terrain, notamment
avec les maires des communes impactées et leurs collaborateurs. Ainsi s’est-elle attachée à se
rendre dans chacune des îles de l’archipel guadeloupéen. Par ailleurs, sur proposition du
préfet de la Martinique et à l’invitation de l’ambassadeur de France, elle s’est également
rendue à Sainte-Lucie, où elle a pu rencontrer plusieurs responsables du ministère de
l’environnement et de l’agriculture ainsi que des acteurs économiques de ce pays.
L’ambassadeur, qui représente également la France auprès de l’Organisation des États de la
Caraïbe orientale (OECO), lui a ménagé des entretiens avec des représentants des
organisations régionales. Ce bref séjour a permis à la mission de mesurer l’étendue des
difficultés rencontrées par une île non française de la Caraïbe dans le traitement du problème
des sargasses et de lui donner une vision régionale du problème, qui a été complétée par un
entretien avec l’ambassadrice déléguée à la coopération régionale dans la zone Antilles-
Guyane.
Une note d’étape a été diffusée en avril 2016 de façon confidentielle aux cabinets ministériels
et aux préfets concernés pour exposer les analyses et les premières conclusions de la mission
interministérielle. Elle a été actualisée et enrichie pour constituer l’annexe au présent rapport
intitulée « étude détaillée », qui développe largement les constats et les principales analyses
effectués par la mission au cours de ses travaux et sur lesquels sont fondées ses propositions.
Le présent rapport se présente, pour répondre au mieux à la commande de la lettre de mission,
et après avoir rappelé la problématique des sargasses, sous la forme d’un plan d’action
opérationnel.
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Rapport
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Rapport
Dans ces conditions, une grande incertitude demeure sur l’avenir de ce phénomène.
Si les acteurs locaux ont bien identifié les sites susceptibles de recevoir des arrivages massifs
de sargasses, les volumes de sargasses échouées en 2014 – 2015 ont été mal quantifiés.
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Rapport
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Rapport
nuisances que pourrait apporter le ramassage des sargasses au cycle de reproduction des
tortues marines et à l’érosion des plages ou le dommage que le stockage sur les aires de
dépôts pourrait apporter à la population, aux sols, à la végétation ou aux eaux douces alentour.
Comme cela est analysé au chapitre 8 de l’étude détaillée, le scénario prévisionnel d’arrivages
sur plusieurs années correspond à une dépense publique de collecte et traitement des sargasses
qui s’élève en moyenne à 3M€ par an, mais fluctue selon les années entre 0 et 16 M€ pour
l’ensemble des îles.
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Rapport
L’aléa conjugué aux impacts conduit à préconiser la mise en place d’un plan de gestion du
risque qui mobilise les parties prenantes sous la conduite de l’État (paragraphe 2.1).
L’expérience actuelle conduit à recommander des actions opérationnelles en cas d’afflux de
sargasses, à mettre en œuvre dès maintenant (paragraphe 2.2).
La connaissance du phénomène, les méthodes de collecte et les possibilités de valorisation
doivent être complétées pour préparer les années suivantes (paragraphe 2.3).
Enfin, dans la perspective de devoir faire face à des situations de crise, la mission
recommande de mettre en place les ressources financières indispensables (paragraphe 2.4).
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Rapport
œuvre définissant le rôle de chacun des intervenants, répertoire des intervenants avec leur
coordonnées, dispositif d’information du public et de communication, etc. ;
• la rédaction de fiches des sites des principaux échouages ayant un enjeu notable. Ces
fiches sont annexées au PCS.
Le plan départemental décrit :
• les mesures que l’État prend en charge de manière continue (alerte à partir des suivis
satellites, aériens et maritimes ; suivi sanitaire,…) ;
• les mesures prises en période de crise nécessitant une « escalade » faisant appel à la
solidarité des moyens départementaux.
Le plan et les fiches de site sont publiés sur le site de l’État à la rubrique appropriée.
Le plan, au niveau communal comme au niveau départemental, doit être actualisé chaque
année en fonction des retours d’expérience.
Un exercice de simulation de crise, comme on le fait pour les autres risques, devrait être
organisé en dehors de la saison des échouages, selon une périodicité à définir localement.
Certains services de l’État ont diffusé aux collectivités des modèles de fiches permettant de
décrire les arrivées de sargasses et les actions menées pour les collecter et les traiter, mais ces
fiches ont été peu renseignées. En attendant que l’expérience technique et administrative des
communes se consolide dans un domaine si nouveau, une forte implication des services de
l’État et des collectivités de l’échelle départementale est nécessaire pour s’assurer que ces
fiches soient bien remplies. Les sous-préfets devraient être les moteurs et les fédérateurs de
ces travaux, détaillés dans les paragraphes qui suivent.
Un premier exercice de simulation de crise permettra de valider et, le cas échéant, de modifier
le plan de gestion de risque qui aura été élaboré.
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Rapport
Il est préconisé que les services de l’État en liaison avec les collectivités complètent
rapidement les fiches de description des sites d’échouage retraçant leurs caractéristiques
topographiques et la nature et l’importance des enjeux humains, économiques et écologiques.
Ce fichier permettrait :
• d’identifier et de planifier les besoins humains, matériels, et financiers ;
• de prioriser les sites et les actions en cas d’arrivage justifiant la solidarité
départementale ;
• de suivre l’importance des échouages.
Il est préconisé que, pour chaque site, les collectivités, avec l’appui des services de l’Etat,
identifient celle d’entre elles qui est responsable respectivement :
• de la surveillance des arrivages ;
• du déclenchement de la collecte et de son suivi ;
• du choix du type d’élimination/valorisation, du contact avec son auteur et du
déclenchement du transport vers les sites ad hoc.
Cette collectivité et, en son sein, le service en charge seront mentionnés sur la fiche de site.
La simplicité voudrait que les acteurs soient les mêmes pour les trois étapes qui précèdent.
La taille critique voudrait que les communautés de communes/d’agglomération soient en
charge du dispositif.
La réalité humaine et technique montre que la situation doit être appréciée de manière
pragmatique. Par exemple, aux Saintes ou à la Désirade, l’insularité fonde une responsabilité
communale ; ou encore, l’intervention d’un matériel spécialisé peut justifier que la collecte
relève d’une autre collectivité, etc. L’échelon communautaire doit cependant rester l’objectif
sur les îles principales (Guadeloupe « continentale », Marie-Galante, Martinique).
Dans cette perspective, il est préconisé de répartir les responsabilités selon une logique de
subsidiarité bien conçue, c’est-à-dire qui laisse la responsabilité à l’échelon le plus local
possible mais mutualise ce qui peut être assuré à l’échelon plus large avec une meilleure
qualité, plus rapidement et à coût plus compétitif.
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Rapport
Il est préconisé, dans cette perspective, que, pour chaque commune, le préfet subordonne les
concours de l’État à ce que les responsabilités soient clairement identifiées, décrites et
cohérentes mais aussi à ce que les personnels en charge se soient approprié les bonnes
pratiques sanitaires et environnementales attachées aux chantiers de collecte, stockage,
transport et traitement des algues.
2.1.3 Préparer, pour chaque site, collecte et élimination
Sur de nombreux sites, la collecte a été mise en œuvre avec des moyens et des résultats variés.
Ces expériences sont peu enregistrées. De même, des expériences externes au site sont
méconnues. Enfin, il est difficile de savoir si les moyens existants sont saturés, si une priorité
doit être fixée entre sites et si des renforts peuvent être demandés de manière justifiée.
Ces enregistrements doivent être actualisés après chaque campagne et chaque progrès des
techniques de collecte.
Il est préconisé qu’en « période de crise » (c’est-à-dire lorsque des échouages massifs sont
constatés) :
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Rapport
Il est préconisé que l’État, en concertation avec les collectivités et les entreprises, définisse
une fiche de traçabilité de chaque lot d’algues (un chargement) comprenant :
La fiche est transmise au sous-préfet par les soins de la collectivité ; l’éliminateur en conserve
également copie.
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Rapport
En outre lorsque les afflux prévisibles sont massifs, au sens où ils risquent de conduire à des
accumulations de sargasses qui pourraient difficilement être ramassées et évacuées dans le
délai de trois jours garantissant contre la production de gaz issus de la fermentation, l’État
doit diffuser un bulletin « période de crise » pour tout ou partie des îles menacées.
L’État dispose d’outils distincts selon les îles (satellites/ signalements aériens ou maritimes) et
selon les services (CLS, DEAL- bureau d’études, Direction de la mer - CROSS) qui doivent
être mis en synergie. Comme beaucoup d’éléments sont communs à tout l’archipel, une
organisation zonale s’impose. La Guyane pourrait être associée le cas échéant.
• le préfet de zone, organise le dispositif de prévision de l’État et qu’à cette fin il veille à la
synergie des moyens de l’État de chaque île et entre les îles ;
•les préfets :
+ désignent un chef de file responsable de la diffusion des prévisions;
+ publient un bulletin de prévision « période d’alerte » unifié ;
+ décrètent éventuellement une « période de crise ».
• La collectivité responsable dresse, pour tous les jours de la période, la liste des agents
chargés de surveiller les arrivages et, s’ils sont distincts de ces agents, la liste des cadres
chargés de donner l’ordre de service des travaux de collecte. Le nombre d’agents
désignés doit permettre que l’ordre de service de la collecte soit donné au plus tard deux
heures après le lever du jour.
• L’agent de surveillance procède au lever du jour à une visite de tous les sites d’échouage
ou d’accumulation infra-littorale et quantifie sommairement les dépôts.
• L’agent de surveillance (ou le cadre de permanence), dès la fin de la reconnaissance,
après priorisation éventuelle, donne un ordre de service téléphoniquement au collecteur
(entreprise ou régie).
• L’agent de surveillance (ou le cadre de permanence) transmet au sous-préfet l’estimation
des échouages constatés lors de la tournée.
• Si besoin, l’agent de surveillance (ou le cadre de permanence) accueille le collecteur sur
site et lui indique les consignes (accès, place de ressuyage, ponte de tortues).
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Rapport
En Bretagne, en haute saison d’échouage des algues vertes (mai / septembre) les moyens peu
mobiles (pelles, etc.) sont pré-positionnés près des sites d’échouage tandis que les moyens
généralistes restent au siège de l’entreprise concernée (distant d’une dizaine de km) ; la
collecte démarre contractuellement une heure après saisine. En période d’échouages
moindres, le pré-positionnement est supprimé et le délai d’intervention porté à 12 heures.
Avec ces précautions, l’obligation contractuelle de l’entreprise est de collecter 750 m3/jour.
Les données antillaises dont dispose la mission sur l’importance des échouages simultanés,
sur la mobilité des matériels et sur les capacités de collecte ne lui permettent pas de formuler
une recommandation aussi précise, au-delà du principe de pré-positionnement du matériel.
Il est préconisé qu’en période d’alerte le matériel spécialisé et peu mobile soit pré-positionné
près des sites d’échouage.
Des essais controversés et mal documentés ont porté sur l’utilisation d’engins amphibie (type
« truxor ») et l’utilisation d’embarcations de pêche tirant une seine pour pousser les sargasses
vers une reprise terrestre.
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Rapport
Des barrages flottants (jusqu’à présent artisanaux et posés sans autorisation) semblent pouvoir
ponctuellement donner des résultats qui devront être vérifiés, selon des critères à définir dans
le cadre du programme d’expérimentation, par des essais professionnels et conformes à la
réglementation. Ils pourraient, si ces essais sont probants, être utilisés comme barrages de
déviation des sargasses vers des lieux plus propices à la collecte.
La solution du ramassage en haute-mer, qui apparaît peu réaliste, a été écartée par la mission
pour des raisons juridiques autant qu’économiques et techniques, qui sont mentionnées dans
le paragraphe 4.6 de l’étude détaillée.
Suivant le type de côte, les types de ramassage ayant donné des résultats éprouvés sont les
suivants :
Type de côte Type de ramassage préconisé en l’état des
expériences
Falaise (cas à enjeux très rares) Aucune solution
Cul de sac (anse, port) Pelle mécanique sur jetée ou sur barge ;
barge récolteuse (« sargator »)
Dans une perspective de retour à l’emploi, il est préconisé que, d’une part, soit étudiée leur
formation à l’utilisation de petits engins et, d’autre part, que des scénarios de sortie soient mis
au point avec les entreprises du tourisme ou de travaux qui ont côtoyé les chantiers,
complétant ainsi la mobilisation du tissu associatif qui a déjà permis des retours à l’emploi en
Martinique et à Saint-Martin.
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Rapport
Il est préconisé que les services de l’État et les collectivités responsables fassent sur tous les
sites de plage (de toutes dimensions) un diagnostic détaillé sur tous les points des fiches de
sites et qu’une consolidation départementale soit dressée. Les techniques de ramassage
mécanique (pas seulement de grandes dimensions) étant disponibles à des prix raisonnables
pour ce type de sites et ces sites constituant une part importante des sites à enjeux
(particulièrement en Guadeloupe), il est indispensable qu’ils puissent faire l’objet d’une
« gestion de routine » et que soit vérifiée l’adéquation entre besoins et moyens.
Il est préconisé que ces mêmes acteurs examinent avec les acteurs du tourisme, premiers
bénéficiaires du nettoyage de ces sites, les contributions réciproques, en évitant notamment le
sur-équipement.
Il est préconisé que les préfets interdisent au titre de leur pouvoir de police l’usage de godets
sur les engins opérant sur les plages.
Il est préconisé que les actuels dépôts de sable soient remis sur les plages de prélèvement par
les collectivités responsables de la collecte.
S’agissant des ports, il est préconisé que les services de l’État et les collectivités compétentes
(département de Guadeloupe, collectivités de Martinique, de Saint-Martin, de Saint-
Barthélemy) fassent un diagnostic détaillé sur tous les points des fiches de sites et qu’une
consolidation départementale soit dressée. Compte tenu de ce que des expériences multiples
ont eu lieu pour nettoyer les ports, mais qu’elles semblent peu partagées, cette revue
permettrait de dégager des pistes de progrès, de maîtrise des coûts et des voies d’amélioration.
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Rapport
Le stockage des sargasses en épaisseur importante peut présenter les dangers de leur
fermentation anaérobie.
• que les services de l’État en dressent la cartographie exhaustive et précise avec les
collectivités ; qu’ils s’accordent pour ne pas en ouvrir d’autres tant que l’évaluation des
risques sodium et chlordécone ne sera pas plus avancée ; qu’ils poussent à la clarification
des relations avec les propriétaires des terrains ;
• que les services de l’État procèdent avec les collectivités et entreprises utilisatrices à des
sondages des dépôts épais existants pour constater le devenir des sargasses enfouies
(minéralisation ou fermentation anaérobie) ;
• que, si la minéralisation est avérée, les dépôts soient réutilisés, avec retour du sable aux
plages et, le cas échéant, avec les aménagements de la protection environnementale (tels
que drainage et récupération d’eaux salées) en attendant une meilleure solution.
• qu’en ce qui concerne le sodium, les préfets publient après concertation avec les
organismes de recherche (INRA, CIRAD,…), les instituts techniques (IT2 institut
technique tropical, CTCS centre technique de la canne à sucre) et les organisations
professionnelles, les doses d’algues qui peuvent être épandues « sans regret » (c’est-à-
dire où la dose de sodium apportée est suffisamment faible pour n’entraîner aucune
conséquence pédologique structurelle), accompagnées d’un mode opératoire simple et
pratique ;
• qu’en ce qui concerne la chlordécone, les préfets fixent comme règle, à titre
conservatoire, que les algues prélevées en zone d’interdiction piscicole ne peuvent être
épandues que sur les terrains déjà contaminés ;
• que les services de l’État, en concertation avec les acteurs agricoles, déterminent dans
chaque département les possibilités d’épandage compte tenu des assolements, des
1
Pesticide non biodégradable, à la toxicité persistante.
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Rapport
Il est préconisé que les préfets, en synergie avec les collectivités en charge de la formation
professionnelle, mobilisent les ressources de formation (par exemple CNFPT, enseignement
agricole pour adulte, ONCFS, associations ou ONG environnementales, parcs naturels,
ARS…) afin de dispenser des formations pratiques à tous les acteurs de la chaîne de
l’organisation des chantiers, tout en veillant à ne pas omettre le respect des préconisations
sanitaires et environnementales.
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Rapport
Il est préconisé que les préfets désignent chacun un chef de file pour co-animer un groupe
technico-scientifique (ADEME, instituts techniques, organismes de recherche) et chargés, par
un travail conjoint à l’échelle des Antilles françaises :
Ces travaux seront soumis à l’avis d’une instance élargie à l’ensemble des acteurs de filière
lorsqu’ils déborderont du cadre technico-scientifique.
Sans attendre ces travaux, il apparaît que des compléments sont nécessaires.
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Rapport
En ce qui concerne les expérimentations en cours sur la collecte et sur les valorisations et,
pour l’épandage agricole, sur la base des travaux du groupe technico-scientifique évoqué au
paragraphe précédent, il est préconisé :
Il est préconisé :
• de lancer une étude épidémiologique sur l’impact sur la santé d’une exposition chronique,
même à faibles doses, au H2S et aux autres molécules libérées par les sargasses en
décomposition ;
• d’évaluer lors d’une campagne d’études les émissions d’autres gaz que le H2S auxquelles
peuvent être soumises les résidents des sites non ramassables ;
29
Rapport
• de suivre les émissions gazeuses dans les places de dépôt au titre du protocole
« enfouissement technique » de l’INRA.
Il est préconisé que les services de l’État avec les gestionnaires d’espaces protégés :
• dressent des protocoles de suivi des milieux impactés et des événements (plage de ponte
des tortues, ponte et émergence des tortues, coraux, mangroves) ;
• organisent la collecte et la consolidation des informations.
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Rapport
Il est préconisé que les préfets et les ambassadeurs régionaux (auprès de l’OECO, auprès des
États de la Caraïbe) se concertent et :
Il est préconisé que les ministres chargés des outre-mer et de l’environnement, en partenariat
avec les présidents de région ou de collectivité :
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Rapport
• soutiennent des organismes tels que les universités des Antilles et de la Guyane, l’IRD, le
CNRS, le CNES ou le CEVA pour initier ou poursuivre des recherches ciblées notamment
sur :
o l’origine de la prolifération et de la circulation des sargasses alimentant la Guyane et
les petites Antilles (y compris l’étude d’un éventuel cycle Amazone-Afrique) ;
o une quantification des impacts des échouages sur les tortues marines;
o l’impact sanitaire (études épidémiologiques, études des émissions gazeuses).
32
Rapport
Tristan FLORENNE
Inspecteur général de l’administration
33
Etude détaillée
p. 34
Etude détaillée
ANNEXE :
Étude détaillée
p. 35
Etude détaillée
p. 36
Etude détaillée
p. 37
Etude détaillée
p. 38
Etude détaillée
9 Annexes........................................................................................................................... 165
9.1 Lettre de mission ...................................................................................................... 165
p. 39
Etude détaillée
Figure 1: Les îles de la Caraïbe orientale touchées par les arrivages massifs d’algues
sargasses ................................................................................................................................... 47
Figure 2: Région de recirculation nord équatoriale .................................................................. 48
Figure 3 : Images satellites des nappes de sargasses dans la zone nord équatoriale de
recirculation .............................................................................................................................. 49
Figure 4: Historique des échouages sur le littoral martiniquais (2014-2015) .......................... 50
Figure 5: Schéma d’évolution des volumes et densités apparentes des amas de sargasses après
échouage ................................................................................................................................... 54
Figure 6: Carte des zones d'échouage des sargasses en Guadeloupe ....................................... 57
Figure 7: Effet des échouages de sargasses sur la nidification des tortues Luth à Awala-
Yalimapo (Guyane) .................................................................................................................. 69
Figure 8: Schéma de synthèse des filières envisageables du ramassage jusqu'à la valorisation
des sargasses ........................................................................................................................... 148
Figure 9 : Carte des sols potentiellement pollués en Guadeloupe.......................................... 191
Figure 10: Carte des sols potentiellement pollués en Martinique .......................................... 192
Figure 11: Carte des sols de Guadeloupe ............................................................................... 193
Figure 12: Carte des sols de Martinique................................................................................. 194
p. 40
Etude détaillée
p. 41
Etude détaillée
p. 42
Etude détaillée
Introduction
Une note d’étape a été diffusée en avril 2016 de façon confidentielle aux cabinets ministériels
et aux préfets concernés pour exposer les analyses et les premières conclusions de la mission
interministérielle.
La présente étude détaillée actualise cette note en y apportant des éléments complémentaires
et fournit le détail exhaustif des constats et raisonnements sur lesquels la mission a fondé son
rapport.
Les principaux compléments portent notamment sur les points suivants :
• scénarios d’échouages possibles et procédures de gestion de crise incluant les
modalités d’alerte ;
• compléments sur le cas de la Guyane ;
• estimation des coûts de collecte et de traitement des sargasses (et donc priorité de
certaines filières envisageables par rapport aux autres) et pistes de financement visant à
clarifier le rôle des collectivités, du secteur privé, des assurances et de l’État ;
• faisabilité et préconisations pour le court terme (et notamment le stockage en dépôt
recommandé «à défaut» d’épandage agricole) en attendant les améliorations envisageables
pour 2017 ou 2018 telles que le ramassage d’une partie des sargasses flottantes ou certains
procédés de valorisation ;
• fondement juridique du refus de classement en «catastrophe naturelle», de la
responsabilité des collectivités et de la notion de déchet appliquée aux sargasses échouées ;
• avancement des expérimentations pilotées par l’ADEME, des actions de recherche ou
de coopération régionale.
p. 43
Etude détaillée
p. 44
Etude détaillée
En Guyane, les sargasses ont été observées pour la première fois en avril 2011. En avril 2014,
des échouages ont été observés près de Cayenne en quantité comparable à ce qui avait été
observé en 2011, puis la quantité d’algues échouées a augmenté progressivement au cours des
semaines suivantes et n’a commencé à diminuer que vers la mi-mai2. Début mai 2015, des
échouages massifs sont intervenus mais ont été remportés par la mer dans les semaines
suivantes.
2
(Blanchard, mai 2014)
p. 45
Etude détaillée
Les sargasses sont connues depuis longtemps pour s’accumuler au large à l’est de la Floride,
cette partie de l’océan atlantique étant dénommée « Mer des sargasses », et pour en dériver
jusqu’à des zones très éloignées. Christophe Colomb, alors qu’il n’a pas encore effectué la
moitié de sa traversée au cours de son premier voyage vers l’Amérique, note dans son journal
de bord la « présence de tapis de sargasses » et, le lendemain, la « présence de tapis très
importants de sargasses ».
Du côté nord de la mer des Caraïbes et du golfe du Mexique, la dérive de ces tapis de
sargasses est connue 3: une circulation annuelle entraîne tout d’abord les sargasses vers le sud,
les fait pénétrer dans la mer des Caraïbes entre Cuba et Porto Rico, puis les dirige vers l’ouest
où elles vont certaines années atteindre le Mexique sur les côtes du Yucatan, puis vers le nord
où elles sont susceptibles de s’échouer sur les côtes du Texas. Enfin, les sargasses repartent
vers l’océan atlantique où les courants peuvent les amener assez loin vers le nord et l’est avant
qu’elles ne reviennent à leur point de départ. Ce phénomène est bien documenté, au point que
les scientifiques américains ont reconstitué l’intensité des échouages de sargasses sur les côtes
du Texas depuis 1844, savent repérer par image satellitaire les tapis, et même prévoir trois
semaines à l’avance et de façon fiable les arrivages massifs sur les côtes du Texas4.
Le phénomène nouveau et exacerbé depuis deux ans qui touche les Antilles françaises
provoque aussi des échouages dans les autres pays riverains de la mer des Caraïbes : en
premier lieu dans l’archipel des petites Antilles, depuis Trinité et Tobago au sud jusqu’aux
îles Vierges britanniques au nord, mais aussi à l’ouest (Belize, Mexique). En Guyane, au
Surinam et au Guyana, les sargasses peuvent se déposer épisodiquement sur les rivages mais
sont surtout considérées comme une gêne pour la pêche au large.
Il y a eu peu d’informations sur ce phénomène de « marées brunes », au début sans doute
parce qu’il était considéré comme passager, puis pour éviter qu’il ne porte atteinte à l’image
du tourisme, vital pour la plupart de ces pays. Malgré une sorte de « loi du silence » voulue
par endroit pour protéger les activités liées au tourisme, la situation est désormais connue via
les photographies qui circulent sur le web et reconnue par les pays eux-mêmes. Ceux-ci ont
mandaté l’organisation internationale AEC (Association des États de la Caraïbe, qui regroupe
25 États et 8 membres associés non indépendants) pour développer des actions communes en
vue de gérer le phénomène des sargasses. Ce même thème a été retenu par l’OECO
(Organisation des États de la Caraïbe Orientale) qui comprend 6 États membres et 5 membres
associés dans les petites Antilles, dont la Martinique, l’adhésion de la Guadeloupe étant en
cours (cf. figure n°1).
3
La mise en évidence de cette boucle complète (« sargassum loop ») -dont des composants élémentaires étaient
connus- remontent à 2014 grâce à l’imagerie satellite (Webster, Sargassum Early Advisory System (SEAS), 3
Mar. 2014) (Frazier, Linton, & Webster, 2014)
4
(Webster & Linton, Development and implementation of Sargassum Early Advisory System (SEAS), 2013)
p. 46
Etude détaillée
Figure 1: Les îles de la Caraïbe orientale touchées par les arrivages massifs d’algues
sargasses
Source : CAR-SPAW
5
Partie végétative, ne possédant ni feuilles ni tige ni racines, des plantes inférieures.
p. 47
Etude détaillée
Les quantités de sargasses observées depuis 2011 sont considérées comme « du jamais vu » et
l’origine comme le mécanisme d’ensemble de ce développement algal demeurent à ce jour
très imparfaitement expliqués ou quantifiés. Le seul résultat scientifique publié à ce jour est
que le développement algal (bloom) observé en Mer des Caraïbes en 2011 a pris naissance
dans la zone équatoriale et non dans la Mer des sargasses située plus au nord, au large de la
Floride6.
La circulation des sargasses arrivant aux Antilles est essentiellement le fait d’un ensemble
complexe de courants qui produisent un mouvement circulaire appelé « recirculation nord
équatoriale » schématisé sur la figure 2. Ce courant traverse l’Océan Atlantique depuis le
Congo jusqu’au nord du Brésil, poursuit son chemin vers l’ouest au travers de l’archipel des
petites Antilles puis traverse à nouveau l’Atlantique, plus au nord en direction de l’Afrique de
l’ouest7.
Figure 2: Région de recirculation nord équatoriale
6
(Gower, Young, & King, Satellite images suggest a new sargassum source region in 2011, 2013)
7
(Johnson & al., November 2012.)
p. 48
Etude détaillée
Figure 3 : Images satellites des nappes de sargasses dans la zone nord équatoriale de
recirculation
Des variations inter-annuelles de cette circulation des courants ont été constatées qui
pourraient expliquer les fluctuations des échouages sur les côtes des Antilles8. A partir de
2010, une zone d’accumulation de sargasses dues à un régime circulaire des courants
(« gyre ») située au nord de l’embouchure de l’Amazone est apparue. Début 2016, cette gyre
semble avoir disparu des images satellite.
De plus, le régime des vents et des températures induit des variations saisonnières aux
phénomènes de circulation et de multiplication des algues.
Ces phénomènes pourraient, selon plusieurs hypothèses, être liés à des tendances globales de
changement environnemental et à de nouveaux apports de nutriments à l’océan (apports par
les grands fleuves du Congo et de l’Amazone, notamment lors des crues exceptionnelles dues
à l’instabilité climatique en 2010 et 2011, nuages de poussières issues du Sahara9,
développement et intensification agricole du bassin de l’Amazone).
Il s’agit donc d’un circuit différent du circuit ancien situé entre le sud des Etats-Unis et
traversant les grandes Antilles. Par rapport au précédent, ce deuxième circuit est beaucoup
plus récent et beaucoup moins étudié ; diverses hypothèses ont été avancées pour expliquer
l’ampleur de ce phénomène mais il n’y a pas encore de démonstration ni même de
quantification ou de modélisation.
8
(Franks & al., November 2014)
9
(DEAL Martinique, 2011)
p. 49
Etude détaillée
Figure 4: Historique
istorique des échouages sur le littoral martiniquais (2014-2015)
(2014
Les facteurs qui interviennent dans la prolifération et la dérive des sargasses fluctuent d’une
année sur l’autre: alimentation et croissance de l’algue selon la présence de nutriments et la
température de surface de la mer, dérive selon les vents ou selon les courants de surface,
dispersion des tapis selon les vents ou la houle etc. Pour
Pou prévoiroir les localisations et les
l tailles
de nappes de sargasses dans l’océan, il faudrait pouvoir quantifier ces facteurs et leurs
influences multiples. Une telle compréhension allant jusqu’à la modélisation du phénomène
nécessite un effort de recherche important,
import décrit au § 7.1,, qui n’est pas susceptible d’aboutir
avant plusieurs années.
Les observations des années récentes montrent toutefois que :
• Il existe une grandee variété de tapis flottant en mer, les sargasses pouvant s’étaler sur
de grandes surfaces et se subdiviser en plusieurs parties sous l’effet des tempêtes,
même si elles ont tendance à la longue, sous l’effet combiné de la houle et du vent, à
s’étirer en dee longs filaments. Des filaments longs de plusieurs centaines de
kilomètres ont été observés.
10
(Védie, 2015)
p. 50
Etude détaillée
• Les arrivages aux Antilles sont limités pendant les mois de décembre à avril, les
échouages les plus importants ayant lieu de juillet à octobre. Mais ceci est très
variable d’une année sur l’autre et l’on peut constater aussi bien aucun arrivage de
sargasses certaines années que des arrivages plus avancés ou plus tardifs d’autres
années.
• Les tapis de sargasses approchant à quelques kilomètres des côtes se déplacent en
fonction de la dynamique des courants côtiers qui est très complexe en raison des
fonds, des rochers et des passes ; un tapis peut repartir au large du jour au lendemain
si les vents changent.
Les sargasses sont une algue qui comporte des parties relativement rigides, contrairement aux
algues vertes, ce qui fait que les tas vont comporter une part importante d’eau ou d’air à tous
les stades. Les poids et volumes des tas de sargasses fournissent une densité apparente très
différente de la densité de l’algue elle-même qui est de 0,9 +/- 0,1. Les observations des
DEAL permettent de distinguer les stades suivants qui sont très différents entre eux :
• l’algue flottant dans l’eau mais bloquée contre le littoral, comme on le voit sur la
photo ci-dessous;
p. 51
Etude détaillée
Les sargasses flottantes sont de 3 couleurs différentes : claires à gauche car arrivées
récemment, sombres au centre car compactées depuis plusieurs jours et noires à droite car
bloquées sur une longue durée (et ayant coulé en partie)
Source : DEAL de Martinique
p. 52
Etude détaillée
Photo 3: Sargasses écouées sur une plage de Martinique créant une érosion
A droite des sargasses flottantes arrivées récemment et à gauche une marche créée dans le
profil de la plage. On constate au centre l’érosion du sable due à l’amas de sargasses
échouées sur le sable mais remuées par les vagues.
Source : DEAL de Martinique
Le terme « algue fraîche » recouvre les trois premiers stades et est porteur de confusion.
Même à un stade donné, la situation peut varier fortement comme, par exemple, pour les
algues flottantes dont l’épaisseur peut aller de 20 à 90 cm.
Le tassement par le poids propre des algues et l’écoulement par gravité de l’eau emmagasinée
dans les tas vont faire évoluer les volumes et la densité des sargasses au fil de leur collecte
comme indiqué dans le schéma ci-dessous, reconstitué par la mission à partir des observations
rapportées par la DEAL de Martinique11.
11
Les illustrations sans indication de source sont des productions de la mission.
p. 53
Etude détaillée
Figure 5: Schéma d’évolution des volumes et densités apparentes des amas de sargasses
après échouage
Les sargasses évoluant en plusieurs stades, comme indiqué ci-dessus, une estimation de
volume ou de poids n’est pas exploitable si on ne précise pas le stade auquel a été effectuée la
mesure.
La mission recommande de considérer :
• les volumes en m3 lorsque l’on parle de quantités échouées, à ramasser ; ou à
reprendre après ressuyage ;
• le poids en tonnes lorsqu’il s’agit des quantités valorisées ;
• le volume en m3 pour dimensionner les capacités de transport et le poids à l’entrée en
valorisation.
Lorsque des observations ont lieu, la mission recommande :
• de mentionner le stade de l’algue et, pour les algues échouées, la durée approximative
d’échouage ;
p. 54
Etude détaillée
Par ailleurs, elle considère comme nécessaire d’effectuer et de conserver les deux types de
mesures, volume et poids, pour bâtir un barème de densité pour chaque stade notamment à
l’occasion des expérimentations en cours (cf. § 7.2 Des expérimentations techniques ADEME
à la mise en œuvre d’un plan d’action opérationnel). Ce barème permettra le dialogue entre
les différents acteurs des filières, depuis l’échouage jusqu’à la valorisation.
En attendant ces résultats de mesure, la mission a appliqué pour ses travaux le barème
provisoire correspondant au schéma ci-dessus (même si les analyses connues montrent de
larges fluctuations autour des valeurs12) :
Les observations rapportées ne sont malheureusement pas nombreuses, ni exhaustives, ni
suffisamment documentées en terme de dates ou de stades d’échouage. Par exemple, on
constate dans l’exploitation des questionnaires renseignés par les communes (cf. annexe 9.8)
que celles-ci n’ont enregistré qu’une partie de ce qui a été évacué : ce qui a été retiré par des
entreprises sous-traitantes mais pas ce que prenaient à leurs frais certains agriculteurs ou ce
que ramassaient les hôteliers ; les quantités contiennent probablement à la fois des algues et
du sable, mélangés au cours du ramassage. Les chiffres ne précisent pas si la valeur a été
obtenue par une mesure de poids ou bien par une mesure de volume, et dans ce cas, quelle
densité a été utilisée. Souvent, la période et la localisation exacte de ces estimations ne sont
pas renseignées. Le ramassage manuel par les brigades vertes est bien comptabilisé depuis mi-
2015 en Martinique et à Saint Martin, mais pas encore en Guadeloupe où la comptabilisation
se met en place progressivement.
La DEAL de Martinique a effectué des survols aériens à chaque arrivée massive, avec une
cotation par maille de 1 km sur 1 km de la densité des arrivages allant de 1 à 5, et en déduit
une surface moyenne occupée par les sargasses flottant près du rivage de 51 ha, avec une
pointe à 171 ha13. Cette observation fiable n’indique pas quelle proportion de cette superficie
de sargasses s’est finalement échouée et a dû être évacuée, une partie des tapis flottants
pouvant être renvoyée ultérieurement au large par des courants. Ces cartographies montrent
que les zones impactées sont assez régulièrement les mêmes, situées sur la côte au vent et au
sud de l’île, mais qu’elles sont touchées avec une intensité variable d’un arrivage à l’autre. En
cas d’arrivages espacés d’une ou deux semaines seulement, on peut supposer qu’une partie de
la surface couverte observée à un moment donné est le reliquat de l’arrivage précédent. En
comparant ces photographies d’arrivages massifs et les quelques échouages de faible ampleur
qu’elle a observés en janvier 2016, la mission pense que les arrivages de sargasses sont
négligeables entre les épisodes massifs ; en revanche, les tapis flottants accumulés, poussés
par les courants et les vents, vont :
• en cas de plage ou rivage en pente douce, se déposer pendant plusieurs jours à
plusieurs semaines, en couches ou en tas au fur et à mesure du ramassage effectué ;
• en cas de baie avec relief côtier, stagner et se concentrer le long du rivage jusqu’à
couler au fond au bout d’une à deux semaines.
12
Par exemple les valeurs pour les sargasses ressuyées sont de 290 kg/m3 d’après la DEAL de Martinique et de
250 kg/m3 d’après la DEAL de Guadeloupe
13
(Védie, 2015)
p. 55
Etude détaillée
p. 56
Etude détaillée
La mission extrapole ces estimations aux îles du nord pour proposer un échouage de 50.000
m3 de sargasses à Saint Martin et Saint Barthélemy, dont 40.000 à ramasser en zones à enjeu,
et de 13.000 m3 de sargasses ressuyées à transporter.
En Guyane des témoignages concordants14 relatent que les échouages de mai 2015
mesuraient de 0,5 à 0,8 m de haut environ sur une dizaine de mètres de largeur (soit environ
6 m3 au mètre linéaire de plage) et occupaient toute la longueur de la plage de Yalimapo
(environ 4 km) ou de Rémire (environ 1,5 km) (soit environ 24 000 m3 et 9 000m3). Comme
il semble que chaque échouage correspondait au dépôt d’une nappe unique, cela donne un
ordre de grandeur du dépôt « instantané» possible.
14
Réserve naturelle nationale de l’Amana et Etat-major interministériel de zone de défense (EMIZ) de la
Guyane.
p. 57
Etude détaillée
p. 58
Etude détaillée
15
(Haut Conseil de la Santé Publique, 22 mars 2012.)
16
(INERIS, 19 août 2009).
p. 59
Etude détaillée
continu, pendant plusieurs semaines voire plusieurs mois, à d’autres émanations gazeuses
potentiellement toxiques que le H2S.
Les effets de l’émission de H2S sont d’abord olfactifs. Mais le H2S est également un gaz
toxique dont la gravité de l’intoxication dépend de la dose respirée et de la durée d’exposition.
Sa toxicité est beaucoup mieux connue et documentée dans le cas d’une exposition aiguë que
dans le cas d’une exposition chronique. C’est ce que rappelle notamment l’Agence Nationale
de Sécurité Sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES) dans son
avis émis le 17 février 201617, qui comporte une analyse du profil toxicologique du H2S.
17
(ANSES, Avis relatif à la problématique des émanations issues d’algues sargasses en décomposition aux
Antilles et en Guyane, 17 février 2016.)
18
Le ppm est une unité de mesure de concentration : 1 ppm = 1,4 mg/m3
p. 60
Etude détaillée
Il convient de noter qu’en 2014/2015, les concentrations mesurées à un instant t aux Antilles,
semblent ne jamais avoir été supérieures à 20 ppm dans les lieux habités, pic mesuré
ponctuellement les 6 et 7 octobre 2014 au Robert, l’une des communes les plus exposées de
Martinique. En Guadeloupe le maximum relevé semble avoir été à la Porte d’Enfer, le 2
septembre 2015 (10,4 ppm) suivi par Terre de Haut (9,2 ppm le 24 septembre 2015) et Terre
de Bas (9,2 ppm le 15 juin 2015). En revanche, plusieurs zones habitées du Robert ont été
exposées en continu, sur des périodes plus ou moins longues, à des valeurs dépassant 5 ppm.
19
(ANSES, Avis relatif à la problématique des émanations issues d’algues sargasses en décomposition aux
Antilles et en Guyane, 17 février 2016.)
p. 61
Etude détaillée
p. 62
Etude détaillée
Photo 4:: Présentation des dégâts subis par les particuliers à Marie-Galante
Marie
Pomme de douche, pièces de monnaie, dés à coudre,, collier et montre oxydés par le H2S
p. 63
Etude détaillée
Ces trois éléments contribuent à créer une tension sur la trésorerie des entreprises, l’invasion
des sargasses venant affaiblir un secteur fragilisé depuis la crise économique de 2009 et qui,
souvent, rencontre des difficultés auprès des banques. Il en résulte des doléances, dont les
chefs d’entreprises se sont souvent fait l’écho auprès de la mission, concernant un moratoire
ou un étalement pour les charges fiscales et sociales.
Il convient toutefois de souligner qu’il est difficile de prendre une mesure exacte de ce
phénomène : les entreprises qui vivent du tourisme se plaignent de difficultés rencontrées
depuis l’invasion des sargasses mais il est bien rare qu’elles fournissent des chiffres précis sur
l’augmentation des coûts et la perte du chiffre d’affaires (au-delà de pourcentages avancés
sans justificatifs) qui en résultent. Lorsqu’elles le font, les chiffres avancés sont purement
déclaratifs. Certains entrepreneurs (notamment à Marie-Galante) ont fait état de
correspondances sollicitant des étalements de charges restées sans réponse de la part de la
DGFiP ou de la CGSS : la mission n’a pas pu vérifier ce point mais constate que, lorsque la
Commissaire à la vie des entreprises et au développement productif de Guadeloupe s’est
20
Respectivement 7 et 9 % du PIB de la Guadeloupe en 2012 et de la Martinique en 2011 (Cour des comptes,
rapport public annuel 2014)
p. 64
Etude détaillée
p. 65
Etude détaillée
21
La mission a également constaté la fermeture d’un hôtel à Sainte-Lucie, qui n’a pas pu supporter le coût
récurent du ramassage des algues. Cet exemple souligne bien le caractère international des difficultés
22
Même dans ces conditions, en 2015, le coût direct des sargasses a été de 316 660 € pour de la Collectivité de
Saint-Barthélemy et de 160 000 € environ pour la Collectivité » de Saint-Martin
p. 66
Etude détaillée
CCIIG, ce sont les pêcheurs qui connaissent la baisse la plus forte de leur chiffre d’affaires au
premier semestre 2015 : - 50 %. Et 22 journées de pêche ont été perdues sur la période.
En Guyane, le comité des pêches maritimes relève un encombrement des filets maillants. Il en
résulte un temps de pêche plus long et une moindre productivité des sorties ou même un arrêt
complet des sorties. Le chiffre d’affaires de certains pêcheurs se réduit fortement (des deux
tiers) pendant les périodes où les bancs de sargasses envahissent les zones de pêche23. La
petite pêche artisanale souffre également mais, non immatriculée, elle est mal connue.
L’impact final est difficile à cerner car la plupart des pêcheurs et marins sont pluriactifs, ce
qui peut les avoir conduits à se reporter temporairement sur une autre activité. Les captures
annuelles de 2015 seraient équivalentes à celles de 201424.
Notons enfin que des mortalités ont été constatées, sans doute par anoxie, sur des casiers
aquacoles, par exemple en Martinique.
23
(Comité régional des pêches maritimes et des élevages marins de Guyane, 11 juin 2015)
24
Communication de la Direction de la mer de Guyane d’après les enquêtes de l’IFREMER
25
(DEAL Martinique, 2011)
26
(Oxenford, august 2015)
p. 67
Etude détaillée
20 ppm observés). Enfin les tapis flottants proches du rivage diminuent la lumière arrivant sur
les fonds marins.
Les principaux impacts environnementaux directs des arrivées massives sont les suivants :
• Sur les herbiers : blanchiment et même disparition le long du littoral jusqu’à 10 ou
20m du rivage. En cas de départ des sargasses, les herbiers repartiront probablement
après blanchiment et sont aussi susceptibles de revenir même après disparition. La
faune attachée à ces herbiers (oursins, holothuries, crabes …) disparaît avec eux mais
de façon plus irréversible.
• Sur les coraux, l’anoxie et la perte de lumière sont préjudiciables, mais n’ont pas la
durée suffisante pour créer des impacts négatifs avérés, sauf ponctuellement.
• Sur la mangrove, l’impact négatif est clair sur la qualité de l’eau (anoxie, matière
organique, sulfates) mais pas sur la végétation elle-même ni sur les espèces vivant
autour des racines des palétuviers, tant que les accumulations n’ont pas conduit à un
envasement complet qui se traduira par un ensablement durable. Cette résilience
pourrait s’expliquer par la capacité de ce type de végétation à utiliser la matière
organique présente dans l’eau et par les eaux de ruissellement provenant du bassin
versant en temps de pluie, qui repoussent une bonne partie des algues hors de la
mangrove.
• Sur la faune aquatique, les tapis de sargasses jouent un rôle extrêmement positif
puisqu’ils constituent des lieux de nurserie, d’abri ou de nourriture pour de
nombreuses espèces. Ceci est clairement le cas au large, où les tapis favorisent la
multiplication et la croissance des espèces et en attirent des nouvelles (y compris des
oiseaux), au point qu’on les compare aux DCP (dispositifs concentrateurs de poissons)
que l’on développe artificiellement au profit des pêcheurs depuis plusieurs années
dans la Mer des Caraïbes. Mais cet effet positif disparaît lorsque le tapis stagne
longtemps dans les baies, au point de se décomposer et de couler. Des poissons et une
tortue olivâtre ont ainsi été piégés par la nappe déposée à Awala27.
• Sur les espèces de tortues marines (cinq sont présentes et protégées par des
réglementations nationales, communautaires et internationales), les données
scientifiques manquent mais les affirmations abondent.
Selon la Réserve naturelle nationale de l’Amana (Awala-Yalimapo en Guyane), le
dépôt des sargasses sur la plage début mai 2015 a interrompu la nidification des
tortues Luth ; il est possible que l’arrivée en masse des sargasses dans l’eau à
proximité immédiate ait en outre gêné leur accès. La nidification a repris après le
départ des algues (Figure 7 et Photo 5). Les tortues vertes, alors en nombre moindre
(et non comptées à ce moment), auraient - au moins pour certaines - surmonté
l’obstacle des dépôts, confirmant ainsi leur réputation d’agilité. La nouveauté de
l’événement n’a pas permis de définir un protocole de suivi plus précis28.
27
Observation de la Réserve naturelle nationale de l’Amana
28
La mission n’a pu avoir accès aux données plus précises du CNRS. Leur publication serait du plus haut intérêt
pour limiter les on-dit
p. 68
Etude détaillée
Figure 7:: Effet des échouages de sargasses sur la nidification des tortues Luth à Awala-
Awala
Yalimapo (Guyane)
p. 69
Etude détaillée
p. 70
Etude détaillée
• La circulation sur les zones de ponte des tortues marines écrase de façon irrémédiable
les œufs dans leur nid ou crée des tassements qui empêchent l’éclosion ou la ponte. La
solution passe par la limitation des zones autorisées à la circulation des engins, l’usage
de pneus basse pression ou de chenilles, l’interdiction de l’enfouissement et la
formation du personnel aux consignes précises fournies par la DEAL et l’ONCFS qui
sont reprises en annexe 9.1 - Préconisation de ramassage des sargasses (DEAL
Martinique).
p. 71
Etude détaillée
éventuelles, ce qui suppose toutefois une forte anticipation pour que les mesures
sanitaires soient en place au préalable et que les délais administratifs soient très courts.
p. 72
Etude détaillée
• Diverses mesures non encore mises en œuvre mais faisant partie des expérimentations
en cours ou de projets (cf. § 7.2) devront faire la preuve de leur capacité à respecter
l’environnement : barrages flottants (ancrages, érosion, effet rebond…), pompage
d’algues en baie (érosion, coraux,…), dilacération des algues et rejet en mer, norias de
camions sur des routes ou ponts de petits gabarits, lixiviats de divers traitements
industriels envisagés. L’idée d’un bateau usine de grande taille capable de collecter et
traiter les sargasses en pleine mer, avancée par un groupe industriel antillais n’est pas
réaliste compte tenu de l’intérêt biologique exceptionnel -souligné notamment par
l’opinion publique nord-américaine- qu’ont les nappes de sargasses flottant en mer.
p. 73
Etude détaillée
p. 74
Etude détaillée
Les sous-préfets ont impulsé ces différentes actions sur le terrain et ont tenu des réunions
publiques, parfois difficiles, d’information.
Les crédits locaux (DETR, FEDER…) ont également été mobilisés pour aider les communes
à l’acquisition de matériels destinés au ramassage mécanisé sur les plages.
En certaines occasions, les préfets ont également mobilisé directement certains moyens de
l’État : par exemple, en Martinique, les Forces Armées aux Antilles (FAA) ont été mobilisées
à plusieurs reprises en octobre et novembre 2014 pour aider aux opérations de ramassage ; le
matériel de la DEAL (une pelle à long bras) a également été utilisé ; 17 reconnaissances par
hélicoptères, d’août 2014 à octobre 2015, ont permis de cartographier les sites d’échouage et
de repérer les bancs d’algues à proximité des côtes ou plus au large.
Devant la persistance du phénomène mais aussi, devant la passivité de certains maires, qui
s’inscrivaient dans une logique d’assistance de la part de l’État, les préfets ont dû initier une
dynamique de solidarité en mobilisant les collectivités : par exemple, à l’initiative du préfet
de la Guadeloupe, un protocole de mobilisation de la solidarité a été signé entre l’État, la
région, le département, les communes et les communautés d’agglomération et de communes
pour définir les rôles de chacun, les solutions opérationnelles de collecte et les principes de
leur financement. Ce protocole prévoit notamment les principes d’action suivants :
• le niveau communal pour le ramassage ;
p. 75
Etude détaillée
29
Imagerie satellite(Copernicus) de l’ESA (European Space Agency) fournie à l’ ERCC (Emergency
Response Coordination Center) sur saisine du COGIC/ DGSCGC (Centre opérationnel de la sécurité
civile à Paris)
p. 76
Etude détaillée
et valorisation des algues sargasses afin d’organiser une réponse sur le long terme au
problème.
Le HCSP précise également que la population doit être informée des risques pour la santé des
algues en décomposition et que celles-ci ne doivent pas être manipulées.
Dans son avis du 10 juillet 2015, le HCSP rappelle que la meilleure action, en termes
sanitaires, est la prévention par l’enlèvement des algues avant décomposition et manifeste une
certaine irritation face à l’insuffisance des moyens mis en œuvre pour le ramassage dont il
préconisait pourtant la mise en place trois ans auparavant :
« Poser en termes de santé publique la question de l’échouage des algues brunes sur les côtes
de la Martinique traduit les retards regrettables de la gestion d’un phénomène naturel
prévisible et connu de longue date qui a trouvé des solutions satisfaisantes dans les pays
voisins. Dans ces pays, notamment aux États-Unis, les algues sont rapidement et
fréquemment collectées dans les zones fréquentées. (…) Autrement dit, la réponse du HCSP
à la question posée est d’évacuer les algues, pas les gens. »
La mission fait sienne la conclusion, en forme de mot d’ordre, de ce paragraphe. Elle
considère, en effet, que la meilleure façon pour qu’aucun problème d’ordre sanitaire ou
30
Avis relatif à la gestion du risque sanitaire lié aux émissions toxiques d’algues brunes échouées sur les côtes
de la Martinique en provenance de la Mer des Sargasses (sic) du 10 juillet 2015.
p. 77
Etude détaillée
économique (cf. § 3.2) ne se pose est d’enlever les algues sur tous les sites à enjeux avant
qu’elles n’entrent en décomposition, c’est-à-dire dans le délai maximum de trois jours.
Ceci posé en principe, il reste à l’appliquer et la réalité rend souvent cette application difficile.
D’une part, le phénomène, pour être naturel, n’est, contrairement à l’affirmation du HCSP, ni
aisément prévisible ni connu de longue date : on l’a dit plus haut, les irruptions massives de
sargasses sont récentes et erratiques. Celles de 2014-2015 ont surpris toutes les îles de la zone
Caraïbe par leur ampleur. Et si les États-Unis ont les moyens de faire face aux pics
d’échouage (encore le font-ils parfois de façon sommaire : au Texas, souvent on enfouit les
algues dans des fosses creusées à même la plage ou l’on construit des dunes de sargasses
recouvertes de sable en arrière-plage, solutions interdites par le profil des plages aux
Antilles), la mission a pu constater que les îles de la Caraïbe, notamment les îles à faible
niveau de vie, sont démunies face aux arrivages massifs.
D’autre part, à l’été 2015, les moyens disponibles aux Antilles pour collecter les sargasses
étaient, excepté quelques lieux, encore très insuffisants, lors des pics d’échouage, pour
ramasser régulièrement les quantités échouées dans le délai de 3 jours, dans la mesure où le
plan d’urgence mis en œuvre par l’État n’avait pas pris tous ses effets (les matériels de
ramassage mécanique ont, pour la plupart, été livrés fin 2015 / début 2016). Il était donc
inévitable que les Antilles fussent, en 2015, exposés à des nuisances sur les plans sanitaire et
économique.
Enfin, il ne faut pas méconnaître que certains sites habités sont inaccessibles aux moyens de
ramassage à terre, soit en raison de la topographie (côtes rocheuses ou à falaise, fonds de baie
sans accès ou desservis par des sentiers, zones de mangroves, par exemple) soit en raison de
la densité même de l’habitat en bordure de mer, parfois très proche du rivage (quelques
mètres) : c’est le cas, par exemple, dans le quartier de Pontaléry, où s’est rendue la mission,
dans la commune du Robert en Martinique. Les habitations, très proches les unes des autres et
en bordure immédiate du rivage empêchent l’accès à tout moyen de ramassage, même
manuel. Dans ce type de zones habitées, la population, souvent modeste, n’a, la plupart du
temps, pas le moyen d’aller résider provisoirement ailleurs pour se protéger. En Guadeloupe,
dans la commune de Petit Bourg, sur le site d’Arnouville, la mangrove a empêché la collecte
des sargasses et les habitations d’un quartier résidentiel, situées à une centaine de mètres du
rivage, ont été fortement impactées. Une résidente, rencontrée par la mission, a déclaré avoir
dû, sur les vives recommandations de son médecin, évacuer sa maison pendant six mois en
2015 et se reloger ailleurs, à ses frais, bien entendu, dans une location. Dans ce type de
situations, il ne reste que la collecte en eau, moyen pour lequel on ne dispose actuellement, à
titre post-expérimental, que d’une solution coûteuse (le « sargator » de la société Karukeralg
dont le coût de ramassage est de 80 € la tonne, cf. § 4.3.2).
Ces éléments de la réalité antillaise, de nature à la fois très pratique et très contraignante,
montrent bien que la collecte ne sera pas possible en tout lieu (à moins d’investir
massivement dans les dispositifs très coûteux de la collecte en eau) et que des problèmes
d’ordre sanitaire subsisteront. Il convient donc de les traiter au mieux.
p. 78
Etude détaillée
Sachant que les valeurs limites d’exposition professionnelle (VLEP) du l’H2S sont de 5 ppm
pour 8 heures et 10 ppm pour 15 minutes, les principales préconisations sont les suivantes :
• Chaque travailleur doit être équipé d’un détecteur portatif de H2S, situé près des voies
respiratoires (dont l’ANSES précise les caractéristiques techniques).
• Chaque travailleur doit porter des équipements de protection individuelle dont des
bottes, des gants et des demi-masques filtrant anti-gaz. Ceux-ci doivent être portés dès
que le détecteur signale une concentration supérieure à 5 ppm.
• Si la concentration reste égale ou supérieure à 5 ppm pendant 15 minutes, le chantier
doit être évacué.
• Les cabines de conduite des engins de ramassage mécanique doivent être isolantes.
p. 79
Etude détaillée
En complément, une surveillance ad hoc a été mise en place dans les trois services d’urgence
du CHU de Martinique : quelques dizaines de consultations ont eu lieu sur la période, avec les
mêmes constats. Aucune personne civile n’a été hospitalisée pour des troubles provoqués par
l’H2S. En revanche, deux militaires pratiquant des exercices d’aguerrissement en zone de
mangrove ont été hospitalisés pour des troubles graves provoqués par la libération d’une
poche de gaz.
Les mêmes constats peuvent être faits dans l’archipel guadeloupéen. A Saint-Martin, où
l’ARS de Guadeloupe a mis en place un dispositif identique, il n’y a pas eu de remontées
spécifiques des médecins du réseau sentinelle mais l’association des riverains de Cul-de-Sac
s’est fortement mobilisée et a exprimé avec vigueur ses doléances sur les nuisances olfactives
et sanitaires aux autorités.
Le recensement des établissements exposés recevant du public
Les ARS ont recensé les établissements exposés. Il s’agit principalement d’établissements
scolaires, dont certains sont particulièrement exposés (par exemple, un collège au Robert et
une école au François en Martinique ainsi qu’une école primaire et un lycée à Cul-de-Sac à
Saint-Martin). Tous ont été dotés d’une fiche de signalement des incidents et, sur la période
2014-2015, quelques fermetures temporaires (24 h) ont été décidées.
La mise en place d’un système de mesures du H2S et du NH3
Les ARS de Martinique et de Guadeloupe ont développé au cours de l’année 2015, avec l’aide
d’associations agréées pour la surveillance et la qualité de l’air, un dispositif permanent de
mesure des émanations de gaz H2S et NH3 dans les sites à enjeux forts.
En Martinique, dès 2014 l’ARS s’est équipée de détecteurs portatifs (5 détecteurs monogaz
H2S, 5 monogaz NH3, 2 multigaz) avec un seuil de détection à 0,1ppm. Une équipe de cinq
personnes (dont deux volontaires du service civil et deux contrats aidés) ont réalisé des
mesures ponctuelles, en priorité sur les sites les plus impactés. Sur la période d’échouages
massifs de 2014-2015, 5000 données de terrain ont ainsi été recueillies : 80 % des résultats
sont inférieurs à 1 ppm mais 20% sont supérieurs à cette valeur (dont 2,5 % supérieurs à 5
ppm). Le week-end, le dispositif était complété par le SDIS.
En 2015, dans le cadre des appels à manifestation d’intérêt (AMI) de l’ADEME, il a été
décidé de mettre en place un réseau de 15 capteurs fixes, installés en permanence dans les
zones d’habitat dense fortement impactées par les échouages de sargasses, au niveau de sites
sensibles comme les établissements scolaires ou à proximité des rivages fortement touchés
sur la côte Atlantique et sur la côte sud. Ils peuvent néanmoins être déplacés le cas échéant et
ont l’avantage de fonctionner à l’électricité fournie par de petits panneaux solaires (ou par le
secteur si nécessaire). Leur seuil de détection est de 0,1 ppm. Les mesures de H2S sont
transmises en continu et en temps réel vers l’unité centrale de l’association Madininair,
permettant ainsi une surveillance à distance des 15 sites de mesure (cf. photo8). Une synthèse
hebdomadaire est envoyée à l’ARS sous de forme de tableaux indiquant notamment les
valeurs maximales relevées (horaire et journalière), la valeur maximale horaire sur huit heures
glissantes ainsi que la concentration moyenne hebdomadaire.
p. 80
Etude détaillée
Ces tableaux devaient être complétés au premier trimestre 2016 par une cartographie
journalière des concentrations moyennes glissantes sur les 15 sites de mesure.
Le coût de ce dispositif est de 206 280 € TTC tout compris (matériel, maintenance, dépenses
de personnel, etc.) pour trois ans de surveillance. Le financement en est assuré à 70% par
l’ADEME et à 30% par la Collectivité Territoriale de Martinique (CTM).
p. 81
Etude détaillée
p. 82
Etude détaillée
consultation du site des ARS. La mission est partagée sur ce point et recommande de laisser
les préfets décider en fonction des caractéristiques et des exigences locales.
3.2.2.2 Au profit des professionnels.
Les équipements préconisés par le HCSP ont été distribués aux personnels (brigades vertes,
conducteurs d’engins) qui sont au contact des sargasses pour le ramassage. Néanmoins, la
mission (qui ne se trouvait pas aux Antilles lors de la période des échouages massifs) doute
que, compte tenu de la chaleur, le masque soit toujours porté lorsque les conditions l’exigent.
Il conviendra que les maires et les responsables de chantier fassent un rappel des précautions
nécessaires en la matière.
Par ailleurs, en Martinique, le Centre d’Étude et de Valorisation des Algues, missionné par
l’ADEME, a mis à profit son déplacement de quelques jours en août 2015, pour dispenser une
formation aux acteurs locaux (élus, personnels en charge du ramassage…) sur la gestion du
risque sanitaire lié au H2S.
La mission préconise que les municipalités et les ECPI concernés se procurent sur internet le
guide de la DIRECCTE de Bretagne et les fiches associées, qui sont très instructifs et
présentés de façon pédagogique, et les mettent à disposition des responsables de chantier.
31
D’après les renseignements collectés auprès du réseau diplomatique français par l’ambassadrice déléguée à la
coopération régionale dans la zone Antilles-Guyane.
32
D’après les renseignements collectés auprès du réseau diplomatique français par l’ambassadrice déléguée à la
coopération régionale dans la zone Antilles-Guyane.
33
Selon les renseignements recueillis sur le web.
p. 83
Etude détaillée
d’abord au niveau local puis au niveau national, l’État a mis en œuvre un plan d’urgence pour
aider les collectivités à faire face.
Dans ce cadre, quatre dispositions, concernant la collecte et la valorisation, sont intervenues :
la mise en place d’un ramassage manuel par des brigades vertes formées de jeunes en
insertion, des subventions d’équipement en matériel pour les collectivités, des subventions de
fonctionnement à certaines collectivités et enfin un appel à manifestation d’intérêt de
l’ADEME portant sur la collecte ainsi que la valorisation.
Les brigades vertes ont commencé à être opérationnelles au second semestre 2015. Dans un
objectif de mutualisation des moyens, l’employeur était initialement prévu au niveau de
chaque île ou au moins au niveau intercommunal.
p. 84
Etude détaillée
34
(CAID Patrimoine, juin 2016)
p. 85
Etude détaillée
p. 86
Etude détaillée
Photo 10: Matériel de ramassage livré en janvier 2016 à la commune de Terre de Haut aux
Saintes
Le matériel spécialisé (par exemple, ratisseur tracté de type « Barber » ou d’une autre
marque), des entreprises comme des collectivités n’a commencé à arriver qu’à la fin des
échouages en 2015.
Le ramassage a porté sur des algues souvent déjà accumulées et décomposées, suivant les
urgences sanitaires et la disponibilité des moyens matériels et humains.
Les chantiers ont été peu planifiés. Il semble que nombre de chantiers ont été décidés lors des
comités de pilotage préfectoraux hebdomadaires, ce qui conduisait à les réaliser environ une
semaine après un arrivage. Cette centralisation s’explique notamment par la multiplicité des
acteurs et leur réticence à se reconnaitre responsables des opérations face à l’ampleur du
phénomène et au risque de devoir prendre en charge le coût des opérations.
Les chantiers ont également été peu organisés35 faute d’expérience et de temps de préparation,
même si des éléments étaient mis en place (place de dépôts, protection des sites de ponte), et
encore moins documentés. Seulement deux types de ramassage (brigades vertes et ratisseur
tracté) pour un seul site dans chaque cas ont fait l’objet d’une fiche de suivi par SAFEGE
suivant la méthode du CEVA au titre des AMI de l’ADEME.
35
Toutefois les chantiers encadrés par les associations d’insertion à Saint-Martin et en Martinique se sont
organisés rapidement.
p. 87
Etude détaillée
Il est donc impossible d’avoir pour l’instant un retour d’expérience sur une stratégie planifiée
d’enlèvement, sur l’efficacité confirmée des différents matériels et méthodes et sur
l’adéquation des moyens achetés aux besoins.
En dehors des sites incurables, qui heureusement ne sont pas les plus nombreux, cette
mobilisation pragmatique a été efficace car l’essentiel des algues a fini par être collecté ou
disparaître en mer.
Dans l’urgence, la majorité des algues collectées a été déposée soit en arrière plage soit sur
des terrains disponibles. En Guadeloupe, un recensement des terrains avaient été conduits par
les services de l’État compte tenu de précautions sanitaires et environnementales et de
l’occupation du sol mais sans connaissance du statut de la propriété ; il a de ce fait peu été mis
en pratique. Des quantités d’algues ont été déposées sur les terrains disponibles en couches de
quelques dizaines de centimètres ou en tas jusqu’à des hauteurs dépassant un mètre.
L’enfouissement dans la plage n’a été relaté qu’à Saint-Martin à l’initiative d’un acteur privé
mais immédiatement interrompu à la demande des autorités publiques ; il semblerait
largement pratiqué à l’étranger36. Dans les faits, il semble que la quasi-totalité des algues
récoltées y ont été traitées par ces méthodes.
Une entreprise de Martinique a conduit des essais concluants de compostage sur des quantités
significatives mais cette voie a gardé une dimension expérimentale. En revanche, à Saint-
Martin, toute la récolte a été compostée.
Les questionnaires que la mission a adressés aux communes ainsi que des agriculteurs
rencontrés par la mission font état d’enlèvements à destination agricole mais sans doute en
quantité limitée.
36
En particulier au Mexique et aux Etats Unis sur des plages beaucoup plus étendues et de configuration
différente.
p. 88
Etude détaillée
sargasses aux Antilles. L’ADEME a publié un appel à manifestation d’intérêt, en deux étapes
bien coordonnées entre les directions de chacune des îles. Cet AMI a permis de sélectionner
huit projets, tout d’abord en juin 2015 en Martinique, puis une quinzaine de projets
complémentaires, fin 2015 en Guadeloupe. Le financement ADEME ne sera totalement
engagé qu’en 2016 avec quelques projets complémentaires en cours de sélection. Mais il va
mobiliser un autofinancement important de la part des porteurs de projets puisque
l’investissement total s’élèvera à près de 20 M€.
Les projets relèvent du domaine de la collecte à terre ou en mer (40% en nombre) ou du
domaine de la valorisation (60% en nombre). L’ADEME s’est adjoint les services du bureau
d’études SAFEGE pour évaluer les résultats des expérimentations de collecte selon une
méthodologie mise au point par le CEVA. En mars 2016 quelques fiches synthétiques des
premiers résultats obtenus sur le ramassage manuel ou par ratisseur ont déjà été diffusées par
l’ADEME.
Certains projets seront évoqués dans les chapitres 4 et 5 qui suivent concernant la collecte et
la valorisation des sargasses mais, la plupart n’ayant pas encore démarré, le programme
d’expérimentation sera analysé plus complètement dans le paragraphe 7.2 concernant les
perspectives scientifiques et techniques.
p. 89
Etude détaillée
p. 90
Etude détaillée
4 Priorité à la collecte
4.1 Annoncer les sargasses mais à quelle échelle et pour quoi faire ?
« Prévoir l’arrivée des sargasses permettrait de mieux organiser les moyens pour y faire
face » est souvent affirmé. Pour analyser ce souhait, la mission s’est intéressée aux
moyens de prévisions et aux usages qui peuvent en être faits.
Prévoir le développement des sargasses est aujourd’hui impossible faute de
connaissances notamment sur la provenance des naissains éventuels, ainsi que sur les
lieux et les facteurs de développement. Ainsi rien ne permet de dire si une année sera
« une année à production de sargasses ».
Il reste donc à annoncer l’arrivée des bancs de sargasses formés. Toutefois il y a lieu de
distinguer entre l’arrivée de bancs menaçants et l’atterrissement de tout ou partie de ces
bancs. Cette distinction est importante quant aux conséquences pratiques qui seront
tirées de l’annonce.
Le suivi des bancs de sargasses comprend deux méthodes : les satellites et l’observation
humaine.
37
(Gower, Hu, Borstad, & King, december 2006)
p. 91
Etude détaillée
Image satellite MODIS du 29 juillet 2011 (Gower, Young, & King, Satellite images suggest a
new sargassum source region in 2011, 2013)
Les sargasses sont en vert clair en pleine mer (le liseré des côtes est un artefact), les terres en
gris, les nuages en noir.
A partir de cette méthode, un système d’annonce gratuit a été construit en utilisant les
données MODIS fournies librement par l’université de Sud Floride38. Il couvre le
Texas puis d’autres sites des grandes Antilles et du golfe du Mexique (situé sur la
« sargassum loop » cf. §1.1) Les bulletins sont accessibles à tous sur internet39. SEAS
annonce pouvoir prévoir exactement les atterrissements avec trois semaines de préavis.
L’élargissement à la Barbade bute sur le délai d’une vingtaine de jours qui s’écoulent
entre les images d’un même lieu.
Cette expérience conduit à préciser que les images satellite ont plusieurs
caractéristiques :
• La largeur de fauchée qui est la largeur de terrain couverte par chaque passage
du satellite.
38
(Webster & Linton, Development and implementation of Sargassum Early Advisory System (SEAS), 2013)
39
Voir le site http://seas-forecast.com
p. 92
Etude détaillée
40
Gower déplorait que le satellite européen dont la longueur d’onde était appropriée (MERIS) ait cessé ses
fonctions ; les longueurs actuellement utilisées (MODIS) sont celles dont il soulignait les biais.
41
(Frazier, Linton, & Webster, 2014)
p. 93
Etude détaillée
Photo 12: Trajets suivis sous l’effet du courant selon les années par des bancs de sargasses
entre l’embouchure de l'Amazone et les Petites Antilles
En ce qui concerne les petites Antilles, plusieurs travaux ont été conduits :
• SEAS a manifesté une intention d’étendre son système mais ce n’est pas opérationnel
(cf. ci-dessus).
• CLS (filiale commerciale du CNES) a construit un pilote financé par le ministère des
Outre-Mer. Ce pilote est le plus riche de ceux dont la mission a eu connaissance : il
couvre toute la zone comprise entre l’Amazone et l’ouest de l’arc des petites Antilles.
La surveillance peut-être quotidienne. Chaque banc peut être suivi individuellement.
Un modèle de dérive est disponible et applicable à chaque banc. Curieusement ces
travaux n’ont jamais été mentionnés par les acteurs publics des Antilles. En Guyane
des contacts informels ont été pris par le CNRS. Le CEVA entretient des relations
avec le CNES. Un groupe privé serait intéressé pour l’exploiter avec une résolution
très précise (environ 150m) pour une récolte industrielle en mer.
p. 94
Etude détaillée
• Nova Blue (alias OMMM observatoire du milieu marin martiniquais) est un bureau
d’études qui interprète les images de l’université de Floride. Ces travaux sont
commandés par la DEAL de Guadeloupe qui les diffuse régulièrement notamment
auprès des maires.
• PSB-Carib est un projet financé par l’ADEME Martinique, le conseil régional de
Martinique et la DEAL de Guadeloupe qui réunit le bureau Nova Blue précité et des
universitaires du Sud Mississippi et du Sud Floride. A partir des données de cette
université, l’équipe cherche à construire un modèle de dérive permettant de prédire les
arrivages. Le modèle choisi (HYCOM) ne semble pas prendre en compte le vent.
A ces travaux, il convient d’ajouter les images obtenues par l’Etat-major de zone de Guyane
au titre de la sécurité civile et sans doute aussi celles dont peut disposer le CROSS42.
En conclusion, il semble que deux logiques soient en présence :
• Une logique à faible coût exploitant les données gratuites de l’université de Floride
mais qui doit compenser les limites de celles-ci (durée de retour, etc..) par une
modélisation qui reste à construire.
• Une logique d’exploitation complète des possibilités satellite permettant le cas échéant
une très grande précision mais dont la version de base doit coûter annuellement
plusieurs dizaines de milliers d’euros.
Enfin, il semble que l’Etat multiplie les expériences sans avoir fait le bilan de ce dont il
dispose.
4.1.1.2 Les observations maritimes et aériennes
Des observations aériennes et maritimes sont recueillies par le CROSS Antilles mais elles ne
sont pas systématiques en l’absence de décision de principe et ne sont pas systématiquement
exploitées. Elles sont beaucoup plus précises et proches des côtes que les informations
satellite actuellement publiées.
La collaboration des comités des pêches pourrait être envisagée43.
Tous les préfets ont eu recours aux hélicoptères de la sécurité civile Dragon, mais davantage
pour constater périodiquement l’état des échouages qu’à des fins de prévision. En effet, le
survol dédié par hélicoptère est trop coûteux pour être pratiqué suffisamment fréquemment.
4.1.1.3 Prédire
SEAS annonce dans le golfe du Mexique des résultats remarquables (précision exacte à trois
semaines). Toutefois certaines différences de situation doivent être relevées :
• La précision du point d’impact n’est pas connue : par rapport aux plages des
côtes texanes, les plages antillaises sont minuscules.
42
Le CROSS dispose en outre du modèle Mothy de Météo-France qui a été conçu pour d’autres objets que les
tapis de sargasses (bateau dérivant, homme à la mer ou nappe d’hydrocarbures). Un calage serait nécessaire
pour simuler la dérive des tapis de sargasses.
43
Ainsi le comité des pêches de Guadeloupe a informé la mission de la mise en place d’une application
smartphone permettant de signaler les tapis de sargasses.
p. 95
Etude détaillée
• L’existence aux Antilles de hauts fonds en avant du rivage est quasi générale.
De l’avis des gens de mer locaux, les combinaisons du vent, de la houle et de
la marée sont trop nombreuses pour prévoir si les hauts fonds seront franchis
par une nappe.
• Le rivage américain est relativement linéaire sans les canaux « venturi » qui
séparent chacune des Antilles.
En conclusion :
• Il semble préférable d’utiliser les observations quotidiennes (satellite,
aérienne et maritime) pour faire l’annonce d’une menace prochaine plutôt
que de compter sur des résultats issus de modélisations incertaines basées sur
des images satellite peu fréquentes.
• En revanche, prédire la date et la localisation des échouages avec précision
semble hors de portée.
p. 96
Etude détaillée
Photo 13: 17 Mai 2015: une image satellite montre que les sargasses quittent la Guyane
Les sargasses (en brun) dérivent vers l’Ouest au large d’Awala Yalimapo (à
l’embouchure du Maroni à l’extrême gauche de la photo)
Source : EMIZ (Etat-major interministériel de zone de défense) de Guyane
Ces expériences et le contenu des dispositifs étudiés précédemment laissent penser
qu’actuellement :
• Des annonces de nappes situées à moins de trois jours des îles pourraient conduire
à une information (« pré-alerte ») des services de l’Etat et des maires.
• Des nappes situées à moins de deux jours pourraient conduire à une alerte (mise en
place de la surveillance terrestre formelle des échouages § 4.2).
• Le déploiement des moyens de collecte dépend des observations terrestres citées
ci-dessus, complétées d’observations aériennes ou maritimes de toute proximité
(aux fins de priorisation). L’expérience montre que le survol par hélicoptère de
l’ensemble des côtes exposées d’une île en une heure est trop rapide pour fixer
finement les priorités.
• La mobilisation des installations de traitement dépend de leur nature :
o la réservation de capacité dans les entreprises de compostage est difficile
car elle conduit à un manque à gagner ou à une perturbation du process en
cas de fausse alerte ;
p. 97
Etude détaillée
p. 98
Etude détaillée
Des pratiques comparables de ramassage des sargasses dans les 24 h suivant leur échouage à
terre existent aux Antilles ; des élus et des entrepreneurs rencontrés in situ par la mission en
ont fait état à Goyave (Guadeloupe), Saint-Martin et Saint-Barthélemy. Les sites concernés,
des plages, peuvent être nettoyés en moins d’une journée lorsqu’il s’agit des seuls arrivages
quotidiens ; toutefois l’expérience est récente et ne permet pas de juger si tous les arrivages de
2014 et 2015 auraient été maîtrisés à ce rythme.
La mission préconise la généralisation de ces bonnes pratiques de veille, de collecte
immédiate, de ressuyage sur des lieux prédéterminés et de transport rapide vers les lieux
d’élimination. Cette généralisation doit être toutefois modulée par les difficultés de collecte
selon les sites (cf. § 4.3.1). Ces bonnes pratiques devraient être érigées en condition
suspensive au versement de fonds à la collectivité.
p. 99
Etude détaillée
• Au niveau départemental:
o En phase de préparation, il est impossible d’estimer l’adéquation des moyens
de collecte et d’élimination/valorisation, d’organiser la négociation avec les
acteurs. Du coup on ne peut évaluer les besoins ni optimiser la répartition des
subventions d’investissement.
o Les expériences sont peu exploitables faute de documentation (état et quantité
des algues, causes du succès ou des échecs) mais les chantiers suivis au titre
des AMI éviteront cet écueil. En attendant, la diffusion des retours d’une
p. 100
Etude détaillée
expérience nouvelle et sa prise en compte personnalisée sur chaque site ont été
impossibles.
o En cas d’arrivage, il n’est pas possible de déterminer quels sont les moyens
nécessaires pour faire face : faut-il escalader ou les moyens communaux (ou
de la communauté) sont-ils suffisants ? faut-il « mobiliser » des filières de
valorisation au-delà des flux ordinaires ? faut-il allouer des crédits de
solidarité ?
• La collecte par des engins de travaux publics (pelles, pelles à long bras, tractopelles) a
permis de récupérer des dépôts anciens et de collecter sur des points inaccessibles au
corps de l’engin grâce à la longueur du bras. L’équipement par des godets est à
44
(CAID Patrimoine, juin 2016)
p. 101
Etude détaillée
proscrire absolument hors les cas de la récupération de dépôts anciens car le taux de
contamination par des éléments « accessoires » (sable, déchets domestiques…)
devient très important.
Photo 15: Ramassage des algues dans le port de Terre de Bas (les Saintes)
• Les outils spécialisés portés ou tractés par des tracteurs agricoles : fourches à fumier,
râteau goémonier, ratisseur de plages sont efficaces et sélectifs. Mais leur emploi est
limité par la hauteur d’eau et par la nature du substrat. La légèreté des outils, le
convoyeur en élastomère semblent être des avantages (poids, maintenance). Les
ratisseurs (un tambour à dents peigne le sol et alimente le convoyeur secoueur) sont à
préférer aux cribleurs (le sable monte sur le convoyeur secoueur ce qui favorise la
contamination).
Photo 16: chantier de ramassage des sargasses à Terre de Haut (les Saintes)
p. 102
Etude détaillée
La collecte manuelle, par des engins de travaux publics, et par des engins spécialisés peut
s’effectuer dans certaines limites en zone d’eau infra-littorale. Le « sargator » est apte aux
ramassages dans tous les types d’eau (en eau infra-littorale et en mer).
Tableau 1 : Rendements et coûts des méthodes de collecte
Méthodes Manuel45 Ratisseur Tracteur agricole « Sargator »
de collecte avec fourche
Rendement 11 à 16 m3/homme jour 450 m3 /jour47 ? 35 à 50 m3/jour49
dans les meilleures 210 à 240
conditions m3/jour48
Moyenne : 10 m3/homme
jour46
Coût 30,5 €/m3 50 7,2 à 10 €/m3 51 2 €/m3 52
40 €/m3 ?53
110 €/tonne ressuyée 24€/tonne 80 €/tonne54
ressuyée
45
(SAFEGE, Evaluation des méthodes de ramassage des sargasses : collecte manuelle à terre, 07 janvier 2016)
46
(CAID Patrimoine, juin 2016)
47
Source : entreprise Latchan
48
(SAFEGE, Evaluation des méthodes de ramassage des sargasses : ratisseur, 7 janvier 2016)
49
Sur une durée quotidienne de 7 heures
50
(CAID Patrimoine, juin 2016)
51
Source : entreprise Latchan
52
Estimation de la mission pour reprise d’un tas et chargement en benne par comparaison aux autres opérations
avec les mêmes types d’engins
53
Calcul de la mission sur la base d’algues égouttées alors que le sargator ramasse en pleine eau.
54
Source : entreprise Karugeralg
p. 103
Etude détaillée
Les chantiers auxquels la mission a assisté et les photos qui lui ont été présentées montrent
souvent une grande désorganisation du chantier entraînant de multiples retournements des
engins et des déplacements à vide. De plus certains conducteurs d’engin pratiquent du
terrassement (leur métier de base) et non une collecte sélective. Une formation à
l’organisation est indispensable. L’écriture de guides méthodologique envisagée par les
services de l’État est insuffisante, des formations pratiques sont nécessaires. Il est
vraisemblable que des agents de l'État pourraient y contribuer par leurs connaissances ou
expériences antérieures (en exploitation de lycée agricole, dans les parcs de l’Équipement) en
les transposant. Ces formations doivent en outre, dans le cas particulier des chantiers de
ramassage de sargasses, dont la plupart portent sur des aires de ponte des tortues marines,
intégrer à la fois les mesures de sécurité vis-à-vis du d’H2S et les préconisations vis-à-vis des
espèces protégées (par exemple selon la note « Interactions Sargasses & Tortues marines »
élaborée conjointement par l’ONCFS et le réseau tortues marines de Guadeloupe).
Les ramassages terrestres sont conduits de manière à ce que la plage soit le plus propre
possible. Ainsi les brigades vertes détiennent des râteaux à feuille. Psychologiquement, c’est
la preuve d’un bon travail et de ce que les « infâmes » sargasses ont été maîtrisées. Ce peut-
être une exigence réelle ou supposée des touristes. Ce n’est pas une nécessité sanitaire comme
on l’a vu (une couche mince n’étant pas nocive) mais cela conduit à une forte contamination
par le substrat sableux ou vaseux des sargasses ramassées. « Laisser sale » serait bénéfique
aussi souvent que possible.
Toutes les solutions souffrent d’une faible capacité de stockage sur l’engin : les meilleurs
ratisseurs mécaniques de plage et les grandes fourches n’excèdent pas 2m3 (à comparer à un
ramassage de 450 m3 jour pour un bon chantier avec un ratisseur mécanique).
Pour les engins roulants, alors que les outils spécialisés sont équipés de pneus basse-pression
qui respectent l’environnement, les engins de traction ne semblent pas l’être.
La dimension et la puissance des engins doit être adaptée ; il semble que dans certains cas
« on a vu grand ». On peut ainsi noter l’absence de petits engins (micropelles, petits chargeurs
type « bobcat ») qui seraient adaptés à certains sites étroits ou d’accès difficile et seraient plus
productifs que le ramassage manuel.
Des essais controversés et non ou mal documentés en matière de coût et d’efficience ont
porté sur :
• L’utilisation d’engins amphibies (type « truxor »), qui semblent pouvoir être efficaces
dans certains cas pour pousser les sargasses vers une reprise terrestre notamment par
un convoyeur installé sur le rivage ; en revanche, ils seraient peu capables de prélever
et de transporter les algues.
• L’utilisation d’embarcations de pêche tirant une seine pour pousser les sargasses vers
une reprise terrestre.
p. 104
Etude détaillée
Des entreprises expertes dans les barrages d’hydrocarbures s’apprêtent à conduire des essais
de barrages calculés et posés dans les règles de l’art (avec études des courants et des fonds)
avec les autorisations nécessaires. Elles considèrent que les barrages d’arrêt ne sont viables
qu’avec un prélèvement très régulier des arrivages flottants et que les barrages déviants
peuvent être pérennes en s’accompagnant d’une analyse d’impact sur la destination des
nappes déviées : soit atterrissement en zone de collecte facile, soit utilisation du courant pour
une déviation vers le large. Si ces essais sont positifs, la protection par des barrages déviants
aux entrées de port ou de cul de sac à forts enjeux serait une solution très utile, mais qui
malheureusement ne peut prétendre être adaptée à une part significative des zones
d’échouage : en particulier les grandes baies ne peuvent pas être protégées par des dispositifs
de ce type.
Des dispositifs en projet résultent des AMI de l’ADEME, en particulier une pompe suceuse
ramenant les algues à terre dont le suçoir est monté sur un véhicule amphibie55, mais le projet
n’indique pas le coût prévisionnel de collecte. Un autre projet comportant un bateau équipé
d’une pompe ramassant les algues près d’un barrage flottant56 vise un coût de 65 €/tonne.
Devant l’inaccessibilité de plusieurs sites et l’attrition des plages par emport de leur sable, un
sentiment très général est que la solution réside dans « le ramassage en mer ». Mais cette
expression, souvent utilisée, est ambigüe car elle renvoie à des situations différentes. Pour la
mission, il faut distinguer le cas des eaux infra-littorales, où soit des barges à très faible tirant
d’eau, soit du matériel amphibie voire terrestre roulant sur le fond ou sur le rivage sont
envisageables, et le cas du ramassage de pleine eau, à proximité des côtes ou au large, où
seules des embarcations maritimes peuvent intervenir. En outre, des collectes en pleine eau
peuvent ouvrir un débat sur leur nature : s’analyseront-elles comme des mesures de
sauvegarde des populations dans leur intérêt sanitaire et économique ou comme l’exploitation
d’une ressource naturelle ? On y reviendra (cf. § 4.6 Le ramassage en mer : miracle ou
mirage).
55
Projet COPAME
56
Projet Séché éco Services Guadeloupe
p. 105
Etude détaillée
p. 106
Etude détaillée
p. 107
Etude détaillée
Les collectivités ayant fait état de leur difficulté à transporter les algues faute de moyens, des
fonds ont permis qu’elles se dotent de moyens de transport.
p. 108
Etude détaillée
notable)57 ; puis ce fut la pratique des Québécois mais le manuel de référence de ce pays n’en
fait pas état58 ; ensuite ont été évoqués les Anglais mais, après vérification, ils récoltent une
sargasse invasive fixée, comme en France, par de petites embarcations ; Norvégiens et
Irlandais ont complété les références mais les sources mentionnent des récoltes manuelles ou
en petites unités 59 ; il reste les Chinois... La mission ne conclut pas que la récolte par des
vaisseaux usiniers ou hauturiers n’existe pas mais elle se demande pourquoi ses recherches
sur internet ont été infructueuses et pourquoi les pistes qui lui ont été données sont fausses.
Ensuite, il faut souligner que, ces projets ne mentionnent jamais leur équilibre économique,
leur promoteur se retranchant derrière le secret des affaires. Les débouchés sont ceux qui sont
consultables dans toutes les publications sur les algues et qui mentionnent l’éventail
considérable des prix suivant la qualité du produit livré. Tout essai de reconstitution est donc
hasardeux.
Enfin la collecte dans les conditions de pleine eau sera de moins en moins un ramassage
destiné à prévenir des dommages sanitaires et économiques au fur et mesure que la fraction
qui se serait échoué diminuera (en s’éloignant de la côte) mais deviendra le prélèvement
d’une ressource naturelle. Ceci a deux conséquences :
• Une conséquence juridique : la collecte relèvera de la législation nationale et
européenne des pêches maritimes.
• Une conséquence sociétale et environnementale : l’impact de ce prélèvement
deviendra un sujet de préoccupation et de débats puisqu’il portera sur des radeaux de
sargasses regardés comme des biotopes exceptionnels. A cet égard il faut rappeler,
d’une part, que la Mer des Sargasses est maintenant regardée comme un sanctuaire
écologique et, d’autre part, qu’aux Etats-Unis, l’opinion majoritaire conduit les
collectivités à cesser le ramassage même à terre (par exemple Galveston).
En l’état des éléments dont la mission dispose, elle considère la solution de la collecte
maritime comme la part du rêve qui ne doit pas détourner de solutions plus terrestres…
57
(McMahon, 9 juin 2005)
58
(CRSNG, 2016)
59
(FAO, A guide to the seaweed industry Fisheries Technical Paper 441, 2002)
p. 109
Etude détaillée
p. 110
Etude détaillée
5 De la minéralisation à la valorisation
Les algues sont utilisées de manières multiples dans l’agriculture, l’alimentation, l’industrie60.
En écho à cette réputation, les sargasses font l’objet de nombreux espoirs.
La démarche d’appel à projet de l’ADEME ouvre, par définition, le champ à toute les
possibilités qui n’ont pas manqué de se manifester.
En Bretagne, où les algues vertes abondent localement dans des quantités importantes (25 000
m3 par an sur la seule communauté de Lannion Trégor), la valorisation agricole par épandage
est dominante (90%) et complétée par le compostage (10%). Ces solutions se sont imposées
pour des raisons économiques, de capacité d’absorption d’une matière de qualité et de
quantité inconstantes et en l’absence d’investissements dédiés générant un risque de chômage
en cas d’insuffisance d’algues. Les usages industriels, bien qu’implantés dans la région, n’ont
pas utilisé de manière significative cette ressource, notamment faute de compétitivité vis-à-vis
d’algues de qualité, importées ou cultivées, et prêtes à l’emploi.
La mission s’est donc intéressée, pour ces mêmes raisons, d’abord aux usages agricoles puis
aux processus industriels plus complexes. Elle a constaté que les données nécessaires à une
mise en œuvre étaient d’avantage réunies pour ces usages agricoles que pour les processus
industriels.
60
Pour un panorama mondial de la multiplicité des usages : (FAO, Production,trade,and utilization of seaweeds
and seaweed products, 1976)
p. 111
Etude détaillée
industrielles. Mais l’importance et l’irrégularité des quantités échouées font craindre qu’on ne
puisse valoriser ainsi qu’une partie des sargasses parmi l’ensemble de celles qui arrivent.
p. 112
Etude détaillée
61
(CEVA, 22 juin 2015)
62
La chlordécone est un insecticide organochloré qui a été utilisé de 1972 à 1993 (date de son interdiction)
contre le charançon du bananier en application sous forme de poudre en cercle au pied du tronc. Il provoque de
graves troubles de santé par ingestion. Très rémanent, il demeure dans les sols cultivés en banane et se diffuse
par les cours d’eau, probablement principalement adsorbé sur les matières en suspension mais aussi en eau libre.
Il contamine les racines des autres plantes mais n’est guère véhiculé par la sève.
63
(IT2, Résultat d'analyse chlordécone sur algues sargasses en Martinique, 30 juillet 2015)
64
Les algues brunes sont connues comme concentratrices de ces métaux.
65
(IT2, 30 octobre 2015)
66
Cette teneur dépasse celle de la norme applicable aux composts normalisés (NF U 44-051 et NF U 44-095), ce
qui n’est qu’un point de comparaison, cette norme garantissant la composition d’un produit commercial mais
n’étant pas une norme de toxicité. Pour d’autres analyses, la teneur est moitié moindre que la norme.
67
(FAO, 2002)
68
(Bird, Chynoweth, & Jerger, 1990)
p. 113
Etude détaillée
o les algues brunes présentent un moindre intérêt pour la nutrition animale que
les autres algues car elles sont moins riches en protéines69.
En conclusion, les sargasses ne se révèlent, dans l’état des éléments recueillis actuellement et
contrairement à certains rêves ou à certaines craintes, ni comme un tas d’or ni comme une
montagne intrinsèquement toxique.
Le statut juridique donné aux algues a des conséquences sur leur élimination ou leur
valorisation. Pragmatiquement, elles sont considérées à l’état frais plutôt comme des déchets
voire des éléments sui generis. Leur récolte en mer pourrait remettre en question ce statut ;
elle deviendrait alors une ressource exploitable au sens du code rural et de la pêche maritime70
et leur collecte serait sans doute, comme on l’a dit, une source de controverses et de débats.
69
(FAO, 2002) (Harinder, Makkar, & Giger-Reverdin, 2016)
70
Ainsi en Bretagne, le ramassage des algues vertes sur les plages relève de la collecte des déchets mais celle
effectuée à des fins industrielles dans le rideau d’eau fait l’objet d’autorisations à plusieurs titres comme une
récolte de produits.
p. 114
Etude détaillée
Sur presque tous les sites visités, les résidus minéraux (sable) sont importants et soulignent
l’exportation importante de sable lors du ramassage. Restituer le sable aux plages apparaît
comme indispensable pour éviter leur réduction massive. En zone touristique « haut de
gamme », la préoccupation que le sable retrouve sa couleur initiale pourrait être
vraisemblablement satisfaite par un apport en fin de saison, ce qui permettrait à la mer de le
laver avant l’arrivée des futurs touristes. A Saint-Barthélemy, où la clientèle recherche
particulièrement des plages, caractérisées chacune par une texture et une couleur différente,
les sargasses devraient être stockées par compartiments de provenance dûment identifiée si les
emports ne peuvent être réduits à court terme.
Si la minéralisation superficielle est indéniablement bonne et rapide,71 surtout lorsque l’algue
est mélangée à une fraction minérale, son comportement lorsqu’elle est pure ou en profondeur
est inconnu. Compte-tenu des bons résultat obtenus, semble-t-il, par les dépôts de sargasses
compactées pour enrichir les dunes aux USA, l’espoir est permis mais les modalités de cet
emploi souvent cité ne sont pas connues. Les effets sur le sol posent les mêmes questions
qu’en matière agricole et seront examinés ci-après.
Il en est de même pour la végétation aux différences près des espèces concernées (sur l’arrière
plage, elles sont a priori plus résistantes au sel), de la hauteur et de la densité d’algues
déposées. Les émanations sont inconnues.
Pour mettre fin aux conjectures, les travaux prévus par l’INRA (AMI de l’ADEME de
Guadeloupe) au titre de l’ « enfouissement technique » sont très utiles. Malheureusement le
protocole prévu n’est pas disponible. Il est peu vraisemblable qu’il traite des émanations et
leur suivi devrait aussi être étudié72.
A court terme, la mission préconise que :
• Les services de l’État recensent avec les collectivités et entreprises déposantes les
terrains de dépôts utilisés en 2014 et 2015, vérifient qu’ils sont en quantité suffisante
et qu’ils ne sont pas trop proches des lieux habités.
• Les services de l’État conduisent avec les collectivités ou les entreprises déposantes
sur ces dépôts anciens des sondages en profondeur précautionneux pour les opérateurs
permettant de vérifier que la minéralisation est complète et qu’il ne s’est pas créé un
horizon de décomposition anaérobie.
• Les collectivités effectuent la restitution du sable (des dépôts minéralisés) aux plages
avant qu’il ne soit colonisé par la végétation. Cette opération semble pouvoir être
effectué sans problème par les collectivités elles-mêmes compte tenu du matériel dont
elles sont désormais dotées.
• L’épandage d’arrière-plage soit poursuivi, sur les zones prédéterminées.
• Le dépôt soit poursuivi sur les sites déjà utilisés après vérification et vidange précitées
et à condition qu’aucun inconvénient dirimant ne soit apparu. Il est certes regrettable
que toutes les connaissances amont ne soit pas disponibles pour préconiser la
poursuite de cette pratique, mais il semble pragmatique d’éviter de prononcer une
71
L’épaisseur d’une couche d’algues qui sèche sans difficultés et se minéralise en quelques semaines est de 15
cm ou 25 cm selon les interlocuteurs.
72
Des éléments préliminaires avaient été réunis pour les algues vertes (CEVA 2009)
p. 115
Etude détaillée
73
La DAAF de Guadeloupe a mis à disposition de la mission un travail cartographique précis qui identifie des
parcelles agricoles probablement non cultivées ou sous-exploitées d’après les photographies de 2010 ou les
déclarations PAC. Il s’agit de superficies importantes puisque totalisant plus de 2500 ha dans les communes
impactées par les sargasses. Par conséquent, cela garantit la possibilité de trouver suffisamment de terrains pour
déposer les sargasses, de façon provisoire pour ressuyage ou sur une plus longue durée pour minéralisation,
même si ceci suppose au préalable d’obtenir l’accord de certains propriétaires ou de débroussailler certains
terrains et que le protocole de dépôt ne conduise pas à la pollution des sols.
74
En s’inspirant par exemple du compostage rapide Brekley : FAO mai 2005 Méthodes de compostage au
niveau de l’exploitation agricole et du compostage à la ferme ADEME (novembre 2015) Fiche technique : le
compostage
p. 116
Etude détaillée
75
(HOLDEX Environnement, 2015)
76
(CARIAGRO et DAAF, 23 septembre 2011)
77
(IT2, 30 octobre 2015)
78
La matière sèche correspond à la partie résiduelle de l’algue une fois déshydratée dans des conditions
normalisées
79
Un agriculteur en Martinique a relaté à la mission le développement des lombrics consécutif à l’enfouissement
de sargasses et la diminution du parasitisme des patates douces permettant une plus grande période de croissance
avant arrachage.
80
(Blanchart & al., 2000)
81
20 tonnes d’algues couvrent les besoins annuels (CARIAGRO et DAAF, 23 septembre 2011)
82
(IT2, Résultat d'analyse chlordécone sur algues sargasses en Martinique, 30 juillet 2015)
p. 117
Etude détaillée
l’analyse hors zone (Sainte Anne) est indemne. La connaissance est donc très limitée
puisqu’il n’y a ni répétition des analyses ni un grand nombre de sites. Aucun élément n’est
disponible en Guadeloupe.
La cause de la contamination est hypothétique, la source terrigène est possible mais elle ne
semble être pas la seule83.
Techniquement, au niveau détecté, la conséquence d’un épandage d’algues contaminées est
négligeable (l’atteinte du seuil d’interdiction de la culture des racines et tubercules sensibles
(0,1 mg/kg de sol) nécessiterait l’apport de 5 000 tonnes d’algues/ha alors que les apports
envisagés sont de 20 à 40 t/ha84). Toutefois, contaminer des sols indemnes est à exclure.
Psychologiquement, la crainte de chlordécone est telle qu’elle peut néanmoins bloquer
l’épandage des sargasses.
Deux réponses doivent être mises en place :
• Déterminer par des analyses systématiques et périodiques la contamination en prenant
en compte lieu de prélèvement et temps de séjour des algues.
• A titre conservatoire, fixer comme règle que les algues prélevées en zone
d’interdiction piscicole ne peuvent être épandues que sur les terrains déjà contaminés.
Ces terrains sont cartographiés dans les deux départements et connus des agriculteurs.
Cette restriction ne réduit pas considérablement les possibilités d’épandage : les zones
envahies par l’algue ne coïncident avec les zones contaminées que dans le Nord
Atlantique de la Martinique et dans le Sud de la Basse Terre de Guadeloupe. Dans ces
zones, les sols contaminés sont suffisamment étendus pour recevoir un tonnage
important d’algues (cf. annexe 9.2 Chlordécone : sols contaminés et zone d’échouage
des sargasses).
Le sel
La question du sel se décompose en une question à long terme relative au sodium dans le sol
et une question à court terme relative à la sensibilité des cultures aux chlorures. Les chlorures
sont solubles et se fixent peu dans le sol ; aussi est-ce la sensibilité des cultures qui doit être
étudiée.
Des essais culturaux sur l’ensemble des cultures, même avec une faible sole, sont en cours
ou prévus. Ils sont conduits par IT2 en Martinique et seront complétés ultérieurement (mais
marginalement) par l’INRA en Guadeloupe. Ces essais comportent un volet phytosanitaire qui
peut éclairer sur la portée des vertus biocides prêtées aux sargasses. Les résultats sur la canne
à sucre seront disponibles au premier semestre 2016 et ceux des plantes maraîchères le sont
déjà pour partie85. En revanche, les essais sur la banane n’ont pas débuté ; cette culture
représente une sole importante notamment en zone sujette à la chlordécone. Enfin aucun essai
ne semble prévu sur les prairies qui couvrent des surfaces importantes et qui en outre, sont les
83
(IFREMER, 2011)
84
(IT2, Résultat d'analyse chlordécone sur algues sargasses en Martinique, 30 juillet 2015)
85
Les résultats d’un essai de dimension limitée sur la patate douce montrent l’absence de toxicité et un faible
effet bénéfique (chambre d’agriculture de Martinique mai 2016)
p. 118
Etude détaillée
seuls espaces agricoles disponibles dans les petites îles ; à défaut d’intérêt agronomique,
l’innocuité devrait au moins être vérifiée.
La sensibilité des terres agricoles à l’épandage des sargasses est avant tout une question
pédologique de sensibilité au sodium86. Ce cation est connu pour déstructurer les sols et,
dans le cas particulier, les colloïdes des andisols et les argiles des sols ferralitiques et plus
encore celles des vertisols (montmorillonites)87. Cet effet apparaît par accumulation du
sodium au cours des années dans ces composants en substitution à d’autres cations si le
sodium n’est pas lessivé. La teneur de vigilance est de 5% de la capacité d’échange cationique
du sol (CEC) ; une teneur de 10% conduit à un effet sur la structure du sol88. Elles dépendent
toutefois de la nature des autres cations89 ; en particulier Ca et Mg sont antagonistes, ce qui
est un facteur de protection des sols de Grande Terre de Guadeloupe alors que les vertisols de
Martinique sont naturellement riches en sodium90.
Des résultats préliminaires du CIRAD, conduits malheureusement sur d’autres types de sols,
constatent le lessivage du sodium. La mission préconise d’entamer rapidement des études de
la dynamique du sodium dans les autres types de sols les plus sensibles et d’ailleurs les plus
répandus ainsi qu’un suivi sur l’ensemble du profil pédologique au-delà de l’horizon
superficiel.
Compte tenu de la teneur en sodium des sargasses fraîches, de la teneur naturelle des sols, du
lessivage observé, les instituts techniques91 concluent à titre provisoire qu’un apport de 20
tonnes/ha d’algues fraîches avant la plantation, en saison des pluies, peut-être pratiqué. La
mission considère que les investigations conduites et les précautions prises rendent crédibles
cette proposition.
Le projet IT2, le plus précoce, prévoit une publication des travaux courant 2017 et d’un Guide
d’utilisation des sargasses en agriculture en juin 2018. Ces délais conduisent à exclure l’usage
agricole pendant au moins deux années, délai qui n’est pas raisonnable si les sargasses sont de
retour en quantités importantes.
Il est certain qu’un acteur doit donner, avant cette date, le signal de l’utilisation et ce ne peut
être un institut technique. C’est à l’État de prendre cette responsabilité.
86
(IRD & Blanchart)
87
(Duchaufour, 1977)
88
(CIRAD, 16 mars 2016)
89
(Ahmed & Mermut, 1996)
90
(Blanchart & al., 2000)
91
(CARIAGRO et DAAF, 23 septembre 2011) (IT2, Compilation de résultats d'analyse de la composition de
sargasses, 30 octobre 2015)
p. 119
Etude détaillée
chaque année92 ? L’élevage ne figure pas dans les productions de grande notoriété des
îles, mais il existe et utilise de grandes surfaces. Ces surfaces présentent l’avantage
d’être disponibles pour l’épandage sur des périodes beaucoup plus longues que les
cultures, et selon des modalités moins coûteuses.
• L’épandage doit être conduit par les agriculteurs ou collectivement par le collecteur de
sargasses. Ainsi en Bretagne, la collectivité effectue l’épandage à coût (2€/m3) partagé
pour garantir traçabilité, enfouissement dans les règles et mutualiser la mécanisation.
• Les agriculteurs sont volontaires. Un atout réside dans l’utilisation ancestrale d’algues
dans les deux îles (« varèche »). En ce sens, les questionnaires communaux recueillis à
l’occasion de la mission mentionnent des utilisations agricoles. La position de la
profession agricole compte pour beaucoup. La filière aval (distilleries, par exemple,
qui sembleraient refuser les apports de boues des stations d’épuration sur la canne)
doit être associée. En Guyane, les agriculteurs et les éleveurs semblent intéressés par
les algues, des prélèvements ont même été observés lors des échouages.
• Le coût est supportable. L’examen des valeurs fournies par la DAAF de Guadeloupe
conduit à des valeurs qui fluctuent entre 2 et 25 /m3, essentiellement selon la taille de
la parcelle et le degré de mécanisation de l’épandage ; l’examen de celles fournies par
Holdex pour un épandage mécanique conduit à une fourchette de 3 à 5 €/m3.
Rappelons qu’en Bretagne le coût est de 2 €/m3.
La mission n’a connaissance d’aucun travail en vue de traiter les questions ci-dessus.
Cette carence ne permet donc pas d’estimer la quantité d’algues absorbable par l’agriculture.
En Martinique, un calcul purement théorique d’épandage sur la totalité de la SAU mentionnée
précédemment conduit à 110 000 tonnes/an (pluri-annualité de la banane et de la canne prise
en compte) soit quatre fois la quantité de sargasses récoltées et ressuyées lors d’une année de
92
Cultures pluri-iannuelles, la banane (5 à 6 ans) et la Canne (5 à 8 ans) sont plantées environ de mai à
septembre (DAAF Martinique, 2016). Les surfaces (ha) de ces cultures sont (2014) :
p. 120
Etude détaillée
crise. Ce chiffre n’a pour objet que de montrer l’ordre de grandeur potentiel par rapport à
d’autres voies de valorisation.
Cette absence de travaux expose surtout au risque majeur de disposer de résultats
agronomiques favorables sans qu’aucune suite concrète ne soit donnée. Certes, en Bretagne ce
sont les collectivités qui dans la suite des travaux de collecte se sont organisées avec le monde
agricole. Mais les collectivités des Antilles n’ont pas atteint le même stade d’organisation en
la matière. Il est certain que les instituts techniques peuvent apporter un soutien décisif mais il
n’est pas dans leur rôle de susciter l’apparition et l’organisation de « filières sargasses ».
L’État serait donc sans doute le mieux placé pour vérifier l’adaptation structurelle de
l’agriculture à l’épandage et impulser la mise en place de filières locales. La mission
recommande que les préfets mobilisent leurs services en ce sens et engagent les discussions
nécessaires avec la profession agricole.
En conclusion, à partir des résultats agronomiques déjà disponibles, l’État doit sans attendre
amorcer la constitution de filières locales d’épandage des sargasses. Le temps nécessaire à
leur initiation permettra de disposer des résultats des essais culturaux en instance, notamment
de ceux de la canne à sucre.
5.5 Le compostage
Le compostage est un procédé de transformation aérobie de matières fermentescibles (déchets
verts, déjections animales, ordures ménagères, boues de station d’épuration des eaux,…) dans
des conditions contrôlées. Il permet l’obtention d’une matière fertilisante stabilisée riche en
composés humiques, utilisée en tant qu'amendement organique améliorant la structure et la
fertilité des sols.
Le compostage comprend usuellement deux phases : une phase de fermentation assez rapide
(quelques semaines) produisant des matières organiques, suivie d’une phase de maturation (se
comptant en mois) au cours de laquelle cette matière organique se transforme en une forme
plus stable. Il semblerait, dans les conditions antillaises, que les phases de la fermentation et
de la maturation soient d’environ 8 semaines chacune (ceci pouvant varier selon les
producteurs).
Le compost ne peut être vendu que s’il est conforme à une norme (ou à une homologation
ministérielle qui lui soit propre) en tant qu’amendement organique (deux normes distinguent
le compost comprenant des boues d’épuration des eaux NF U 44-095 de celui qui en est
exempt NF U 44-051), support de culture NFU 44-551, voire engrais.
Le compostage nécessite des caractéristiques des matières premières (en particulier
Carbone/Hydrogène > 30, ce qui est le cas des sargasses semble-t-il), une porosité des tas
(30%, ce qui peut être obtenu par l’adjonction de « structurants » comme des branchages), des
conditions d’humidité et de température94.
Aussi des essais et une mise au point sont à chaque fois nécessaires.
94
La bibliographie est riche sur le compostage en zone tempérée où il s’est développée comme technique
industrielle, moins sur le cas des zones tropicales où sa pratique est plus une activité traditionnelle
d’exploitations agricoles (FAO).
p. 121
Etude détaillée
Seuls des exemples de compostage industriels ont été présentés à la mission. Le compostage
sur exploitation agricole ou dans les places de dépôts mériterait des investigations.
Le compostage le plus proche de ce que pourrait être celui d’une exploitation agricole est le
compostage à l’air libre conduit par les sociétés Holdex en Martinique et Verde à Saint-
Martin.
La société Holdex est incontestablement la plus avancée dans ses essais qui comprennent des
algues pures séchées, des algues pures compostées, des composts de 50% d’algues et des
supports de culture avec algues. C’est le seul centre de compostage des Antilles françaises
agissant dans un modèle d’équilibre économique fondé sur la vente de ses produits. Holdex
recherche des produits à valeur ajoutée (certificat agriculture biologique par exemple) par une
adaptation précise à la demande locale avec pour objectif de remplacer les produits
d’importation (compost, support de culture, voire engrais). Cette société ne traite que des
déchets verts ou agricoles. C’est le seul opérateur de compostage qui ait déclaré à la mission
qu’il serait preneur d’algues gratuitement si elles étaient rendues à son usine « propres » c’est-
à-dire sans déchets incorporés tels que filets, bouchons, plastiques. Cet équilibre économique
est sans doute permis par le marketing précité et par la maîtrise des coûts d’exploitation liés
au traitement à l’air libre. Les installations sont toutefois en projet d’agrandissement pour
mettre en place un procédé de compostage confiné avec possibilité de contrôle d’aération et
d’humidité. Cet agrandissement devrait être opérationnel courant 2017, mais les procédures
d’autorisation administrative en cours (nécessité d’une étude sismique complémentaire, etc.)
semblent se prolonger. Ce changement de procédé est lié à l’obligation réglementaire de
composter en zone confinée au-delà d’un seuil de production. Cet investissement (bénéficiant
d’une subvention en cours hors plan « sargasses ») ne devrait pas remettre en cause la gratuité
de la prise en charge mais le coût de fonctionnement réel n’est pas encore connu. La nouvelle
installation sera dimensionnée pour accepter 1000 m3/jour de sargasses ressuyées. Toutefois,
la dimension de cette installation, compte tenu du temps d’élaboration du compost (environ
un mois) limite la capacité à 3000m3/ mois ; cette capacité pouvant être doublée par
raccourcissement du temps de traitement grâce à un chauffage artificiel (qui aurait
nécessairement un coût). Les installations permettraient en outre de sécher très rapidement
des algues pures par le moyen du soleil (10 à 15 jours) ou par séchage énergétique (5 à 10)
jours pour une utilisation agricole ou énergétique.
p. 122
Etude détaillée
Les autres centres relèvent de délégations de service public. Ces centres, pour lesquels la
vente de produits est une recette complémentaire, traitent des ordures ménagères ou des boues
de station d’épuration ou des matières de vidanges. Il s’agit toujours de traitement en milieu
confiné. Les exploitants sont peu diserts sur le temps de fabrication puisqu’il s’agit d’une
partie de leur secret de fabrication. Il semblerait compris entre 1,5 mois et 4 mois. Or, il est
indispensable de connaître ce temps pour connaître la capacité de traitement par compostage
en période d’arrivage des algues. Un autre facteur limitant possible est la disponibilité en
quantité et en saison de certains déchets recherchés pour l’amélioration de la qualité du
compost : fiente de volaille et bagasse ; cette dernière semble convoitée par le compostage
mais aussi pour l’énergie (sans parler des besoins propres des distilleries). Enfin, la mission a
noté que les centres visités semblent souvent surchargés de déchets verts et semblent produire
sous leur capacité nominale à la suite de pannes ou de mouvements sociaux.
p. 123
Etude détaillée
Il n’existe pas de dispositif de compostage sur les îles de Marie-Galante, la Désirade, les Saintes.
L’éventualité d’un compostage rustique (« type exploitation agricole ») devrait être analysée.
Un centre de compostage est en projet à Saint-Barthélemy.
95
ISMO : Indice de stabilité de la matière organique. La moyenne des composts de déchets verts se situe autour
de 75 à 85 (Chambre régionale d’agriculture de Languedoc-Roussillon, Novembre 2011)
p. 124
Etude détaillée
96
(IT2, Petit guide de la matière organique , juin 2013)
p. 125
Etude détaillée
Toutefois, ce type de valorisation est à la fois complexe sur le plan technique et difficile à
rentabiliser sur le plan économique. La mission n’a pas identifié de réalisation de ce type sur
des algues et estime qu’un des facteurs-clé de succès n’est pas assuré, à savoir la régularité en
quantité et en qualité de l’approvisionnement de l’installation en matériau entrant. Les
arrivées de sargasses n’étant pas régulières au cours de l’année, il faut disposer soit de
capacités importantes de stabilisation et stockage des algues soit d’autres ressources telles que
des déchets verts pour régulariser les flux entrants. Les autres recommandations classiques
pour rentabiliser ce genre d’installations s’appliquent aussi et devront être vérifiées dans le
cas des Antilles et en Guyane : débouché pour le biogaz en priorité en utilisation directe de
chaleur et pas uniquement en production d’électricité ; procédé de séparation de phase et de
compostage, conçu pour un utilisateur bien identifié, qui valorise au maximum le digestat ;
emplacement de l’installation et conception du génie civil qui maîtrise le coût
d’investissement.
p. 126
Etude détaillée
A cet égard le projet présenté par la commune de Saint-François et sélectionné par l’ADEME
est intéressant puisqu’il propose un certain nombre d’analyses sur les sargasses destinées à
affiner un chiffrage très préliminaire des investissements nécessaires (5 M€) pour une
production de 900 T/an d’acide alginique à partir de 30 000 T/an environ d’algues ressuyées.
Néanmoins, ce type de projet ne sera rentable que si l’approvisionnement de l’usine est assuré
de façon régulière en quantité et en qualité, et à un coût compétitif vis-à-vis de
l’approvisionnement en algues de culture c’est-à-dire, selon le marché actuel du commerce
d’algues brunes issues de cultures asiatiques, à moins de 450 $/T d’algues propres, stabilisées
et rendues usine.
Un autre projet du domaine de la chimie fine semble plus avancé dans sa faisabilité puisqu’il
existe déjà sous forme de prototype industriel de petite taille. Il s’agit de la fabrication de
p. 127
Etude détaillée
plastique biodégradable à partir d’algues brunes. Les procédés brevetés par la société
Algopack produisent des billes de plastique qui sont le matériau d’entrée de la fabrication par
moulage de tous les objets en plastique. Ces billes permettent la production d’objets en
plastique de couleur brune, ou de toute autre couleur, mais pas transparents. Les objets sont
stabilisés par une couche protectrice qui leur assure la durée de vie souhaitée, mais se
dégradent en trois semaines lorsqu’ils sont mis en terre en fin de vie. Le soutien de l’ADEME
à ce projet ne porte pour l’instant que sur la collecte et le conditionnement d’algues fraîches.
L’industriel projette un investissement ultérieur de 1 M€ pour construire un prototype de
grande taille pour fin 2016 puis une installation industrielle pouvant traiter jusqu’à 10 000
T/an de sargasses d’ici mi-2018. La valeur ajoutée que l’on peut attendre d’une telle
installation n’est pas connue publiquement, et encore moins la part de cette valeur ajoutée qui
pourrait être affectée au financement des coûts de collecte et de transport des sargasses
jusqu’à l’usine.
p. 128
Etude détaillée
quelques milliers de tonnes en Guadeloupe et 35.000 tonnes à Saint Martin, ce qui excède
largement la quantité susceptible d’être ramassée sur cette île), de type épandage ou de type
dépôt et minéralisation.
Au-delà de 2018, les scénarios optimistes de développement industriel font apparaître une
capacité potentielle de 17 000 tonnes susceptible de s’ajouter aux capacités de compostage
qui auront pu croître jusqu’à 60 000 tonnes environ. Le tout devenant donc suffisant pour
absorber le tonnage collecté même en année de crise à condition d’être compétitif par rapport
à l’épandage agricole ou au séchage pour minéralisation et terrassement.
Performances économiques de l’approvisionnement :
Le scénario suppose que les échouages ont lieu 6 mois dans l’année. Ces échouages peuvent
très bien être totalement absents une année donnée, comme cela a été le cas en 2013. Les
investissements de collecte, transport et traitement ne sont amortissables que sur une partie de
l’année et il faut même envisager que le phénomène puisse s’arrêter définitivement. Chaque
investisseur doit donc prévoir d’autres activités (entretien d’espaces verts pour les brigades
vertes, par exemple) ou des sources alternatives d’approvisionnement en matière première
(déchets verts ou bagasse pour le compostage ou l’incinération, algues cultivées ou importées
pour l’usine de bioplastique par exemple) pour rentabiliser au mieux ses investissements.
Par ailleurs, le coût du transport est un des éléments clés : 30 €/tonne par camion pour une
distance de 20 km par exemple ou 125 €/tonne par bateau entre Marie-Galante et la
Guadeloupe continentale par exemple. La localisation respective des sites de stockage
intermédiaire et des lieux de traitement ou valorisation sera donc primordiale dans la
rentabilité économique des projets. Ceci devrait favoriser les projets de valorisation de petite
taille ayant un rayon d’approvisionnement et un rayon de commercialisation relativement
courts. En particulier, le coût du transport entre les îles des Antilles dépend des volumes de
trafic mais est tel que les îles de l’archipel devront chercher à éviter ce transport en devenant
autonomes pour traiter leurs arrivages de sargasses (spécificité de la double insularité). De
même, on imagine mal des installations de traitement des sargasses à l’échelle de plusieurs
îles des Antilles ou même des Caraïbes. L’avenir semble être celui de la démultiplication
locale de petits projets davantage que celui de grands investissements industriels.
L’équilibre final entre ces diverses filières va dépendre des performances économiques de
chacune. A titre de comparaison, c’est ce qui se passe en Bretagne où le traitement des algues
vertes s’effectue en quasi-totalité par épandage.
p. 129
Etude détaillée
dans des projets qui n’en sont qu’au stade du papier ou, au mieux, au stade de pilotes.
Implicitement les projets comptent, pour les études ultérieures, le développement et la
réalisation en vraie grandeur, sur des concours publics directs ou indirects aux
investissements, ce qui en soit n’est pas choquant puisque ces concours sont usuels
pour les projets économiques aux Antilles.
p. 130
Etude détaillée
6 Organisation et professionnalisation
97
Au sens où les surfaces de sargasses bloquées sur la côte seront telles qu’il sera très difficile et peut-être
impossible de ramasser et d’évacuer dans un délai de trois jours la proportion de sargasses qui s’échoue à terre.
p. 131
Etude détaillée
p. 132
Etude détaillée
• Ramassage des sargasses : d’une part, chaque commune organise les moyens
nécessaires en régime de croisière pour pouvoir, sur les sites facilement accessibles
par la terre, ramasser dans la journée les sargasses qui s’échouent et les égoutter au
plus tard dans les 24 à 48 heures qui suivent. Ceci s’effectue sous la responsabilité du
maire, en régie avec du personnel et du matériel de la commune, en accord avec les
sociétés privées qui mobilisent leurs propres moyens dans des secteurs
particulièrement sensibles tels que restauration ou hôtellerie proche des plages, ainsi
qu’en sous-traitance par bon de commande à des entreprises présélectionnées par un
98
L’équipement de certaines collectivités par des drones munis de caméra (moins de 500€ l’unité) pourrait
alléger les déplacements notamment dans les sites difficiles d’accès.
p. 133
Etude détaillée
• Transport des sargasses égouttées : en dehors des algues qui sont traitées ou valorisées
sur le territoire même de la commune où elles sont ramassées, le transport est décidé,
selon la planification d’ensemble évoquée ci-dessus, par les EPCI en régime de
croisière et par la cellule communale de crise en période de crise. Les commandes aux
entreprises de transport sont effectuées dans le cadre d’un appel d’offres pluriannuel
lancé en commun pour l’ensemble du territoire de chaque département.
p. 134
Etude détaillée
opérationnelles peut être expliquée à tous les acteurs, donner lieu à des ajustements si
nécessaire, mais être fixée au plus tôt pour la saison 2016 – 2017.
6.3 Professionnalisation
Pour mettre en œuvre les dispositions ci-dessus, la mission a noté trois points que les acteurs
de la gestion des sargasses doivent soigner particulièrement:
• Encadrement des brigadiers verts en Guadeloupe, qui ne s’est pas appuyé pour
l’instant, contrairement à la Martinique et à Saint-Martin, sur des structures
expérimentées en gestion de personnels ayant connu un chômage de longue durée ;
préparation de la réinsertion des brigadiers dans les trois îles par des formations
spécifiques et des aides à la recherche d’emploi.
• Formation des conducteurs d’engins, avec un volet consacré aux précautions sanitaires
et environnementales, ainsi que des responsables de l’entretien.
• Culture du rapportage et développement des outils correspondants.
p. 135
Etude détaillée
moment où certains hôteliers se sont déjà équipés de la sorte dans plusieurs îles des
Caraïbes (et un site en Martinique)99.
• Production de synthèses régulières, que le grand public finira par préférer aux données
brutes si elles sont bien faites.
• Mise à disposition par les préfectures d’informations factuelles sur les actions menées,
de façon proactive auprès des médias et fréquente.
99
Voir le site http://seas-forecast.com/Pages/Webcams.php
p. 136
Etude détaillée
p. 137
Etude détaillée
Contenu du projet Porteur Coût en k€ Résultats attendus Délai Suites envisageables pour les
acteurs
Total Subv
Réseau de suivi d’H2S Madininair 206 144 Niveau d’H2S par 13 terminé Préconisations, exposition de la
capteurs population et des travailleurs et
mise en ligne des résultats
Observations en mer Comité des 350 ? Application smartphone en Mi Déploiement autres îles
pêches Guadeloupe 2016
Prévision par satellite CLS 111 50 Prévision des arrivages ? Information sur période d’alerte
Ratissage en rideau, NOVUNDI 980 73 Rendement et coût du sept- Bioplastique : pilote 2017 puis
conditionnement des ramassage, préconisations 2016 usine 10.000 tonnes/an fin 2018
sargasses ramassées pour l’entrée en process
Ratissage sur plage SEEN - NET 194 116 Rendement, coût, impacts mi- Réplication
p. 138
Etude détaillée
Les 3 projets d’observation et l’analyse des dépôts correspondent à des besoins opérationnels
listés dans les chapitres précédents. Les deux expérimentations sur le ratissage ont fourni des
éléments concrets sur les matériels classiques qui seront utiles, en cas d’acquisition de
matériels ou de spécifications aux entreprises, pour multiplier les chantiers ; les autres ne
semblent pas réalistes sur un plan économique.
Contenu du projet Porteur Coût en k€ Résultats attendus Délai Suites envisageables pour les
Total Subv acteurs
Essai de filets tractés DNS 109 76 Faisabilité, rendement, coût, Début Réplication si test positif
depuis la terre impacts 2017
Essai duporte-outils SDTP 88 62 Rendement, coût, impacts de mi- Utilisation possible en baie sous
amphibie Truxor cette plateforme de collecte 2016 réserve d’un accès ;
en zone infra-littorale recommandée en combinaison
avec une pelle long bras, sinon
limitée à 40 m³/j
Essai d’outils de ROM 188 56 Rendement, coût, impacts Début Extension de capacité à 80 m3/j
ramassage en zone d’un ratisseur manuel, d’un 2017
infra-littorale et de convoyeur et d’une
convoyage à terre plateforme amphibie
608 55 Rendement, coût, impacts Réplication si rentable
d’une barge de nettoyage
portuaire
Étude d’implantation et RIS’K 256 64 Faisabilité à partir du cas du Fin Réplication sous réserve
essai de barrages Marigot (100 ml) et du 2017 d’identification de sites
flottants Robert (700 ml) favorables
Essai de barrages avec SECHE - 256 64 Faisabilité et implantation des Début Réalisation du projet
pompage et transfert à Ecoservices barrages 2017 expérimental ci-dessous
p. 139
Etude détaillée
terre des algues 2000 600 Rendement, coût, impacts du Fin Extension avec barge et récolte
système de pompage et de 2017 de 25.000 T/an mi-2017
transfert à terre
Construction d’une STMI 275 83 Capacité et coût de collecte Fin Eléments du projet industriel de
barge de stockage pour et transfert des sargasses par 2017 collecte et valorisation en 2018,
transfert le Sargator non détaillé par l’entreprise
Pompage en zone infra- COPAME 5000 234 Rendement, coût, impacts du Fin Préalable à un projet industriel
littorale et décantation à système de collecte et 2017 de méthanisation non détaillé
terre décantation par l’entreprise
L’objectif de ces projets est fondamental car le ramassage de sargasses en zone infra-littorale
est un besoin important, notamment en Martinique, et un problème non résolu. Néanmoins,
les projets de barrages semblent plus aléatoires et les matériels en cours d’expérimentation
sont de trop petites dimensions par rapport aux besoins. Le tableau ci-dessus n’inclut pas un
projet de ramassage en pleine mer, reçu récemment par l’ADEME et dont la mission n’a pas
eu connaissance en détail, mais qui, de toute façon, n’est pas à retenir pour les raisons
expliquées au § 4.6
Coût en k€
Suites envisageables pour
Contenu du projet Porteur Résultats attendus Délai
Total Subv les acteurs
p. 140
Etude détaillée
sept-
Confirmations
2017
Extension de la Transformation de 26.000
Début Principal débouché avéré
plateforme de HOLDEX 12650 4950 tonnes/an de sargasses en
2017 en Martinique
compostage compost
Utilisation industrielle au
Intégration d’algues
Test de 3 types d’algues, de 3 sept- SME (Martinique),
dans le compostage de SME 99 46
process et de 10 mélanges 2016 potentiel de 2000 tonnes/an
boues d’épuration
de sargasses
Séchage et intégration Étude économique de
IDEX Conformité du compost à la sept-
dans le procédé de 96 67 l’utilisation industrielle au
Environmt norme 2016
compostage CVO (Martinique)
Intégration des algues Test de substitution partielle
SITA Utilisation industrielle au
dans diverses filières de 134 50 aux déchets verts ou bagasse nov-2016
VERDE Moule (Guadeloupe)
compostage sur la plateforme de Gardel
Conditions lavage, avril-
prétraitement 2016
Étude du potentiel de Pilote industriel puis
sept-
valorisation en AMADEITE 47 25 Procédés d’extraction construction d’une usine de
2016
alimentation animale nutrition et santé animale
janv-
Caractérisation des extraits
2017
Tous ces projets apporteront des éléments techniques utiles, mais avec un délai important
pour les expérimentations agronomiques, et se différencieront en fonction de leurs
performances économiques.
d) En matière de valorisation industrielle
Contenu du projet Porteur Coût en k€ Résultats attendus Délai Suites envisageables pour les
Total Subv acteurs
«ECOVALSAR» Étude ECODEC 3555 17 Tests des procédés de ? Introduction dans les chaudières
du potentiel énergétique torréfaction ou pyrolyse hors période de bagasse,
des sargasses en (potentiel calorifique, potentiel de 22000 tonnes/an de
incinération comportement, rejet sargasses
polluant)
Étude du potentiel DSK 27 19 Potentiel énergétique de la terminé Projet de filière de traitement de
énergétique des algues pyrolyse selon les co- divers déchets par pyrolyse
en incinération substrats
Étude du potentiel Innov-Dévt 1656 9 Potentiel méthanogène, mi- Usine de méthanisation,
énergétique des algues prétraitement, analyse 2016 potentiel de 11000 tonnes/an
en méthanisation économique
Étude de la composition St François 35 25 Analyses ? Étude de faisabilité puis pilote
des algues en alginates industriel puis usine, potentiel
de 60000 tonnes/an
p. 141
Etude détaillée
100
Cas du projet AXINOR qui envisage la construction d’un engin spécifiquement adapté aux plages des
Antilles, mais sans aucune indication de coût pour les phases de réplication du prototype
101
C’est par exemple le cas du projet DSK qui est terminé et démontre uniquement le faible pouvoir calorifique
des sargasses et la nécessité de les mélanger à d’autres produits à brûler, ainsi que la supériorité de la pyrolyse
sur l’incinération. La suite de ce projet n’est pas définie.
102
Les projets de l’INRA ou de la commune de Saint-François pourraient incorporer ce thème sans bouleverser
leur programme mais sous réserve d’un protocole expérimental à valider collectivement
p. 142
Etude détaillée
• Enfin, en arrêtant les projets les moins réalistes dans la mesure du possible et en
donnant priorité, dans les dépenses restant à engager, à un appui à la maîtrise
d’ouvrage qui constitue un pilotage du programme par l’économie et non par la
103
C’est le cas du projet SORECTA de fabrication d’amendement organique
p. 143
Etude détaillée
104
XXIe réunion ordinaire de l’AEC, Pétion-Ville, République d’Haïti, 19 janvier 2016
p. 144
Etude détaillée
A l’avenir, si les préconisations de ramassage et ressuyage dans les 3 jours après échouage à
terre ou dans les 10 jours après échouage en zone infra-litttorale sont respectées, les quantités
pour dimensionner le scénario sont les volumes de sargasses échouées récemment, qu’il faut
105
(Smetacek & Zingone, 2013)
p. 145
Etude détaillée
ramasser et mettre en tas, les volumes de sargasses ressuyées, qu’il faut transporter puis
traiter, et les volumes de sargasses séchées qui vont conditionner la capacité des zones de
dépôt. Les sargasses qui seront laissées échouées plus longtemps ne se trouvent que dans des
zones sans enjeu et ne seront pas ramassées.
La situation de crise correspond à la période d’octobre 2014 à octobre 2015, pour laquelle les
volumes ont été estimés au chapitre 1. La contrainte qui va dimensionner les réponses à
mettre en place, en termes d’investissement et d’équipement en moyens humains et matériels,
est celle du volume de pointe, tandis que la contrainte qui va dimensionner le coût total, en
termes de fonctionnement, est celle du volume annuel. En pointe, les sargasses échouées à
terre doivent être collectées dans les 3 jours qui suivent leur dépôt, mais elles ne se déposent à
terre que progressivement, au fur et à mesure que la plage, est nettoyée et continuent à flotter
pendant environ une semaine, ce qui est la situation aussi pour les côtes où il n’y a pas de
terrain suffisamment plat pour que les sargasses puissent s’y déposer. Par conséquent, pour
tous les cas, on peut considérer un délai de 7 jours pour collecter en continu et traiter un
arrivage massif. Par ailleurs, sur la dizaine d’épisodes observés en Martinique en 2014 –
2015, le plus important a représenté de l’ordre de 1,5 fois les autres (en termes de surface de
sargasses flottantes, donc de volume échoué).
Ces valeurs n’ont rien de choquant au regard des chiffres avancés par exemple pour la côte
mexicaine du Yucatan : 9,1 millions de m3 de sargasses échouées pendant un épisode de 4
semaines et 4.600 brigadiers embauchés pour le ramassage106. En Guyane, sur la plage de
Yalimapo, une couche de sargasses de 50 à 80 cm de haut sur 10 m de large et environ 4 km
de long s’est échouée en une journée, représentant environ 24 000 m3, soit environ 6 m3 par
mètre linéaire de côte. Si ces sargasses atterrissaient dans un site à enjeu sans reprise par la
mer, il faudrait collecter ce volume en 3 jours, correspondant à 13.000 m3 par jour à ramasser
et à plus de 4.000 m3 par jour de sargasses ressuyées à transporter et à traiter.
106
Cité par le vice-recteur de l’université des West Indies à l’ouverture du symposium sur les sargasses, Barbade
août 2015
p. 146
Etude détaillée
Une filière est la combinaison d’un ramassage des sargasses, à terre ou dans l’eau, puis d’un
stockage intermédiaire qui est recommandé pour régulariser et ressuyer les flux d’algues à
transporter et pour limiter la production ultérieure d’odeurs, puis d’un transport des sargasses
vers un site de traitement ou de valorisation et enfin d’un prétraitement et d’un process de
transformation. Une grande variété de combinaisons sera nécessaire pour faire face à la
variété des situations d’échouage et à la variété des types de traitement ou de valorisation, et
en raison de la variété des matériels ou équipements envisageables. Il faut rechercher les
combinaisons dans lesquelles chaque étape respecte les exigences de l’étape ultérieure, mais
aussi qui soient les plus rapides et les moins coûteuses. En particulier, tout enchaînement qui
évite des manipulations successives est à privilégier : par exemple, ramasser les sargasses
dans le rideau d’eau avec un tapis roulant égoutteur et les transporter par bande transporteuse
jusqu’à une usine de traitement évite une étape de stockage intermédiaire et utilise des
équipements de transport beaucoup moins coûteux que les camions. Mais cette solution
suppose une combinaison de facteurs favorables, qu’on ne trouvera pas souvent, pour installer
les convoyeurs, qui plus est si on y inclut le coût du traitement.
Les chapitres 4 et 5 ont décrit les types de ramassage (manuel ou mécanique, à terre ou dans
l’eau) et les types de traitement ou de valorisation des sargasses. A partir de ces éléments, la
mission a dressé le panorama des différentes filières envisageables à terme dans le sens où,
depuis le ramassage jusqu’au traitement ou à la valorisation, chaque étape satisfait les
exigences de l’étape suivante :
p. 147
Etude détaillée
Face à toutes les incertitudes concernant les volumes d’arrivages de sargasses sur l’année
ou en pointe ou concernant les techniques de ramassage et de valorisation qui sont en cours
d’expérimentation, la mission n’est pas en position de décréter de manière précise et
quantifiée les quelques filières qui assureront pour chacune des îles la maîtrise des nuisances
dues aux arrivages massifs de sargasses.
Toutefois, les différents types de ramassage seront imposés par le type d’échouage et
d’accès, à l’exception du ramassage manuel qui est susceptible de traiter plusieurs types de
configuration. Ce type de ramassage étant beaucoup plus coûteux que le ramassage
mécanisé, il devra être orienté en priorité vers les zones non accessibles aux engins. En
revanche, les différents types de traitement ou de valorisation peuvent être classés entre eux
depuis le moins coûteux jusqu’au plus coûteux. Le programme opérationnel consistera par
conséquent à utiliser la modalité la moins coûteuse jusqu’à sa limite de capacité puis la
modalité suivante en terme de coût etc. Ces hypothèses permettront d’aboutir à une
estimation des coûts totaux.
p. 148
Etude détaillée
Le ressuyage et le transport constituent une étape difficile à éviter, dont les coûts peuvent être
optimisés en évitant les reprises des sargasses par plusieurs engins successivement, en
réduisant les trajets entre les lieux de ramassage, de stockage et de valorisation ou en
augmentant les capacités des bennes de transport. Mais dans l’ensemble, les coûts unitaires
resteront proches des valeurs suivantes :
• reprise du tas et chargement des algues : 2 € /m3 ;
• transport par camion : 1,5 à 2 € par tonne x kilomètre, ce qui revient à 5 € / m3 pour
une distance de 10 km ;
• transport par bateau pour rapatrier sur la Guadeloupe les déchets des îles de La
Désirade, Marie-Galante ou Les Saintes : 35 € / tonne soit 9 € /m3.
• Epandage sur terres cultivées ou surfaces en herbe. Ce type de traitement est loin
d’être opérationnel à grande échelle en 2016, même s’il a déjà été utilisé
ponctuellement. Le coût sera sans doute différent selon le type de culture et fortement
influencé par la taille des parcelles, selon que celle-ci permet ou non la mécanisation.
Une valeur vraisemblable en bonnes conditions serait de 5 € / m3, la fourchette du
coût variant sans doute entre 2 et 25.
p. 149
Etude détaillée
a) le cas de l’entreprise Holdex qui, en Martinique, est déjà opérationnelle et accepte les
sargasses gratuitement si celles-ci sont propres (elle ne facture que le retrait des déchets
mélangés aux algues à hauteur de 0,5 € / m3). En effet, elle équilibre ses coûts de
production par ses ventes de compost.
b) le cas de l’entreprise Verde de Saint Martin, opérationnelle également, qui pratique un
tarif de 10 € / m3.
c) le cas des autres plateformes de compostage en Martinique et en Guadeloupe qui sont à
étudier ou à construire et annoncent pour l’instant des tarifs supérieurs à 20 € / m3. On
peut espérer que ces prévisions seront ramenées à 15 € / m3 lorsque les essais seront
terminés.
Les expérimentations qui démarrent sur d’autres procédés industriels ont annoncé très peu
d’éléments de coût, sauf le procédé de transformation des sargasses en billes de plastique
biodégradable qui envisage, comme Holdex, d’équilibrer ses charges par les produits des
ventes si les sargasses sont apportées nettoyées. La mission propose à ce stade de prendre la
même hypothèse pour les autres procédés industriels envisageables. En effet, si d’autres
procédés facturent les entrées de sargasses à des coûts supérieurs, la concurrence devrait jouer
par rapport au compostage de type Holdex et conduire les industriels à accepter les mêmes
conditions économiques ou à abandonner leur projet. Il reviendra en particulier à l’ADEME
de veiller à ce que les aides publiques à l’investissement ne viennent pas fausser ce principe.
Les procédés industriels sont donc envisagés à un coût de traitement quasi nul, même si cela
ne pourra s’appliquer qu’après plusieurs années de développement.
p. 150
Etude détaillée
Les tableaux ci-dessus montrent que le ramassage à terre semble maîtrisable avec les outils
existants, alors que le ramassage en eau infra littorale reste, en l’état actuel, en dehors des
conditions économiques réalistes. Si les expérimentations en cours sont réorientées comme
proposé au chapitre 7.2, le pompage ou les convoyeurs doivent apporter une réponse à
condition que les équipements soient conçus dès le départ et dimensionnés pour aboutir à des
coûts de fonctionnement réalistes. Par exemple un système de convoyeur par tapis roulant est
excellent mais doit atteindre des capacités de l’ordre de 50 m3/h au lieu des 5 à 7 m3/h du
sargator.
Le ressuyage étant effectué par tas de 2 m de haut pendant 3 jours, la surface nécessaire en
pointe est de 2,7 ha en Martinique, soit un cumul de 5 ha environ si on tient compte du fait
que les arrivages ne sont pas toujours aux mêmes endroits. La surface cumulée nécessaire au
ressuyage en Guadeloupe est de 6 ha et, pour les îles du Nord, de moins d’un ha. Les volumes
de sargasses ressuyées sont les volumes à reprendre et transporter, soit 2.000 m3/j en
Martinique, ce qui nécessite de mobiliser un parc de 25 bennes d’une taille moyenne de 10 m3
effectuant 8 rotations par jour, avec camions ou tracteurs. En Guadeloupe, le volume ressuyé
à transporter serait de 2.300 m3/j correspondant à 28 bennes et, pour les îles du Nord, un
volume à transporter de 260 m3/j correspondant à 3 bennes.
En ce qui concerne le traitement ou la valorisation, on suppose que le volume de sargasses
apportées en jour de pointe doit pouvoir entrer en traitement le même jour, même si certains
sites pourront disposer de capacités de stockage sécurisées vis-à-vis de la production d’odeurs
leur permettant de régulariser leur fonctionnement. L’épandage agricole en revanche n’est pas
p. 151
Etude détaillée
tenu d’absorber le volume de pointe en une journée puisque les sargasses ressuyées peuvent
être stockées en bout de champ pendant longtemps avant d’être épandues.
On suppose une capacité de valorisation industrielle à moyen terme de 400 m3/j de sargasses
ressuyées en Martinique comme en Guadeloupe, correspondant à 15.000 m3 par an, les
installations pouvant être dimensionnées au-delà puisque l’activité cherchera d’autres sources
d’approvisionnement en sargasses pour les années ou les saisons sans arrivage. Cette
valorisation pourrait prendre la forme de transformation en plastique biodégradable, en
aliments du bétail ou en granulés pour méthanisation, procédés dont l’expérimentation ne fait
que commencer.
Pour les autres traitements en Martinique, le compostage par l’entreprise Holdex est celui qui
coûte le moins cher et il sera dimensionné courant 2017 pour accepter 1.000 m3/j de sargasses
ressuyées, sous réserve de l’analyse conduite au paragraphe 5.5.
Les quantités restantes étant relativement faibles, estimées à 600 m3/j, l’épandage a une
capacité très supérieure aux besoins puisque 10 ha suffiraient à accueillir 8.000 m3 pour un
arrivage massif d’une semaine. 100 ha seraient donc suffisants pour l’année de crise définie
au paragraphe 8.1.1. Ce mode de valorisation sera préféré au dépôt parce qu’il offre moins de
risques de nuisances aux sols ou au voisinage, bien que légèrement plus cher et nécessitant un
délai de mise au point avec la profession agricole.
En Guadeloupe, le compostage pourrait atteindre une capacité de 400 m3/j de sargasses
ressuyées mais à moyen terme seulement compte tenu du faible avancement des
expérimentations et du dimensionnement des plateformes existantes. Les quantités restantes
sont relativement importantes, estimées à 1.800 m3/j de sargasses ressuyées, et seraient
réparties pour 1/3 sur des terrains de dépôt et pour 2/3 en épandage agricole. En effet, le
recensement des terrains susceptibles d’accueillir des sargasses ressuyées pour séchage et
minéralisation, effectué par la DAAF, indique un potentiel important de terrains sur les 21
communes les plus touchées par les arrivages massifs. Ce potentiel de plus de 2.500 ha ne
sera évidemment jamais utilisable en totalité, compte tenu des risques pour les sols qui
élimineront beaucoup de terrains, compte tenu des conditions d’accès, de limitation des
nuisances au voisinage et compte tenu de la négociation avec les propriétaires, même si une
proportion significative de ces terrains est publique. Une hypothèse de 20 ha réservés
permettrait d’absorber 10.000 m3 sur les arrivages de l’année de crise, au rythme de 600 m3/j
en pointe, en supposant que les dépôts ne soient renouvelés que tous les 2 ans sur la même
parcelle. Pour l’épandage, les surfaces en herbe ou les cultures offrent un potentiel très
supérieur aux besoins mais qui dépendra aussi des risques pour les sols, des calendriers des
cultures, ainsi que de la négociation avec les agriculteurs et du coût d’épandage qui varie
sensiblement. Avec le même raisonnement que pour la Martinique, une surface de 200 ha
suffirait pour les besoins de l’année de crise.
En conclusion, les chiffres qui précèdent, même si ce ne sont que des ordres de grandeur,
montrent que les Antilles françaises peuvent absorber les quantités échouées
essentiellement avec le compostage et l’épandage, même en période d’échouages massifs
de sargasses.
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Etude détaillée
Tableau 3: Ordre de grandeur des coûts de gestion des sargasses en année de crise et en
année intermédiaire
Année de crise Martinique Guadeloupe Iles du Nord
A noter que ces coûts estimés sont cohérents avec la seule comptabilisation exhaustive des
dépenses qui ait été effectuée en 2014 – 2015 : 330 k€ de supplément de dépenses pour l’île
de Saint Barthélemy.
Il convient d’ajouter à ces coûts opérationnels futurs, qui dépendent des quantités d’arrivage,
des coûts d’étude et de gestion absolument indispensables pour les deux premières années à
partir de 2016 pour les travaux initiaux de mise en place d’une gestion du risque. Ces actions
dépendent des services de l’Etat et de l’ADEME qui les prendront en charge pour l’essentiel
avec leurs effectifs et crédits budgétaires existants. Néanmoins, la mission recommande un
renfort pendant la première année d’un équivalent temps plein (stagiaire ou intérimaire) pour
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Etude détaillée
chacun des archipels de Martinique et de Guadeloupe et Saint Martin, ainsi que quelques
crédits d’étude pour mener à bien les travaux préparatoires suivants :
• Appui aux communes pour la rédaction des fiches de site et pour compléter les PCS de
façon homogène, report cartographique et contacts de terrain pour valider les sites
envisagés pour les dépôts, les accès par engin ou camion : ce sera l’essentiel du travail
du renfort en première année, pour un coût de 30 k€ par archipel.
• Observation des arrivages : l’anticipation à partir des images satellitaires présente des
limites car elle indique une prévision d’arrivée en mer mais seulement une probabilité
d’échouage sur les côtes, avec une fréquence et un délai d’anticipation assez faibles.
Cette technique devrait être réservée, tant que les recherches n’ont pas apporté de
réponse, à la simple identification de la période d’alerte : tapis de sargasses à
l’horizon. Le survol par hélicoptère coûte cher et va trop vite pour une observation des
échouages suffisamment précise pour en tirer des instructions aux équipes
opérationnelles ; il devrait être réservé à des situations d’arbitrage en cas de moyens
globalement insuffisants. Les études de modélisation de la dérive à l’approche des
côtes sont complexes et coûteuses, comme le montre le projet d’expérimentation de
barrages flottants : elles ne peuvent pas être généralisées. Heureusement des actions
simples sont possibles comme indiqué au chapitre 4 telles que l’observation par les
personnels des EPCI ou des communes ainsi que par des drones équipés de caméra
(500 € l’unité). Un budget de 30 k€ doit permettre de compléter utilement les
observations à terre.
• Formation de volontaires pour des « jurys des nez », par précaution : les préfets
auraient ainsi les moyens, en cas de plainte vis-à-vis des odeurs, de bâtir une
évaluation de l’origine ou de l’extension des odeurs, de façon objective et
complémentaire aux points de mesure de H2S, notamment à proximité des zones
d’échouage de sargasses dans des baies sans accès terrestre, en attendant une solution
au problème du ramassage en eau infra-littorale. Coût limité à quelques milliers
d’euros, selon l’ampleur que l’on souhaitera donner au dispositif.
Enfin, la mission rappelle les principales orientations pour maîtriser les coûts à moyen terme :
• Organisation de la commande publique. Pour mener à bien les actions opérationnelles
de surveillance, de collecte, transport et traitement ou valorisation des sargasses, les
donneurs d’ordre publics seront nombreux : communes, EPCI, conseil départemental
ou régional, établissements publics ou services de l’Etat. Ces donneurs d’ordre
pourraient même être en concurrence entre eux lors de situations de crise face à des
entreprises à mobiliser qui ne seraient pas suffisamment équipées en matériels pour
satisfaire toutes les demandes d’intervention avec la rapidité souhaitée. Pour éviter de
telles difficultés, et aussi pour optimiser collectivement les coûts de sous-traitance,
plusieurs solutions sont envisageables. Tout d’abord la mutualisation, en cas de
prestations peu nombreuses mais utiles à tous. C’est le cas par exemple de
l’interprétation d’images satellitaires en vue de définir la période d’alerte, qui devrait
être prise en charge par la préfecture de la zone de défense Antilles pour l’ensemble
des archipels, agissant le cas échéant en liaison avec la zone de défense de Guyane , si
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Etude détaillée
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Etude détaillée
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Etude détaillée
La mission déduit de cette circulaire que, dans le cas des arrivages massifs de sargasses aux
Antilles dont l’impact principal est le risque sanitaire lié aux dépôts d’une durée supérieure à
3 jours, la responsabilité principale est celle des communes et de leurs groupements. Elle
s’interroge toutefois sur la portée juridique d’une simple circulaire et relève qu’elle ne traite
que des fautes commises dans l’exercice du pouvoir de police abstraction faite de la
responsabilité du propriétaire du domaine (l’Etat en Martinique, Guadeloupe et Guyane, les
collectivités à Saint-Martin et Saint Barthélémy).
L’Etat conserve une responsabilité minimale consistant à ce que la réponse aux arrivages
massifs ne se traduise pas par des destructions des habitats et espèces protégées, ni en mer
pour les tapis de sargasses dont on n’a pas l’assurance qu’ils s’échoueront sur les côtes, ni sur
p. 157
Etude détaillée
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Etude détaillée
de population. La recette de cette taxe s’est élevée en 2012 à 9,4 M€ pour les
départements d’outre-mer, soit environ 5 M€ pour la Guadeloupe et la Martinique.
Cela suppose que le législateur autorise les collectivités (collectivité de Martinique,
département et région de Guadeloupe, le cas échéant collectivité de Guyane) pour ce qui les
concerne à instituer des centimes additionnels propres à l’alimentation du fonds « sargasses ».
Saint-Martin et Saint-Barthélemy disposent de pouvoirs fiscaux propres.
En effet le phénomène d’échouage massif, s’il survient, nécessite de redistribuer les moyens
aux actions les plus nécessaires. Les collectivités ont d’ailleurs été nombreuses à dépenser
pour l’enlèvement des sargasses en 2014 – 2015, même si cela a été avec retard compte tenu
du caractère inattendu du phénomène d’échouage, qu’il s’agisse de certaines communes ou
EPCI, des départements ou des régions. A l’avenir, bien que cela puisse nuire à la
compétitivité du secteur, une augmentation du taux de ces taxes est envisageable, étalée sur
quelques années et pouvant atteindre jusqu’à 25%, de manière à générer un flux annuel dédié
aux sargasses de 2 M€ par an sur les deux îles. Cela correspondrait à des augmentations de
l’ordre de 15 centimes d’euro par nuitée en hôtel 2 étoiles et de 60 centimes d’euro par
voyage international en avion.
De son côté, l’Etat contribue à l’effort général de différentes manières :
• sous la forme des moyens humains déployés au sein des services de l’Etat (préfecture,
ARS, DEAL ou DAF) pour la coordination ou l’appui aux intervenants des
communes, EPCI et départements ;
• par les aides pour l’accès à l’emploi que l’Etat verse aux brigades vertes (par exemple
1,3 M€ de subvention en Martinique de mi-2015 à mi-2016 pour une montée en
puissance de 40 jusqu’à 90 brigadiers) ;
• par les crédits DETR ;
• par une dotation initiale de l’Etat qui pourrait ainsi choisir d’abonder le fonds dès sa
création pour inciter les collectivités à le mettre en place.
Enfin, en cas de crise majeure, il convient de ne pas oublier que l’Etat reste l’ « assureur en
dernier recours » au titre de la solidarité nationale.
En ce qui concerne les investissements, de nombreux dispositifs de financement en
place peuvent être utilisés et il n’est pas nécessaire d’en créer de nouveaux: ADEME (par
exemple pour les plateformes de traitement de déchets) ; FEDER (par exemple pour la
formation professionnelle, l’insertion des jeunes dans le monde du travail ou la restauration de
sites naturels remarquables d’intérêt touristique) ; agence des 50 pas géométriques (par
exemple pour le désenclavement de certaines parties du littoral).
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Afin d’éviter toute ambigüité, il convient de rappeler les termes de l’article L 125-1 du code
des assurances qui définit l’état de catastrophe naturelle :
« Les contrats d’assurance, souscrits par toute personne physique ou morale autre
que l’Etat et garantissant les dommages d’incendie ou tous autres dommages à des
biens situés en France, ainsi que les dommages aux corps des véhicules terrestres à
moteur, ouvrent droit à la garantie de l’assuré contre les effets des catastrophes
naturelles sur les biens faisant l’objet de tels contrats.
En outre, si l’assuré est couvert contre les pertes d’exploitation, cette garantie est
étendue aux effets des catastrophes naturelles, dans les conditions prévues au contrat
correspondant.
Sont considérés comme les effets des catastrophes naturelles, au sens du présent
chapitre, les dommages matériels directs non assurables ayant eu pour cause
déterminante l’intensité anormale d’un agent naturel, lorsque les mesures habituelles
à prendre pour prévenir ces dommages n’ont pu empêcher leur survenance ou n’ont
pu être prises. »
S’agissant de savoir si les échouages de sargasses constituent en eux-mêmes une catastrophe
naturelle, les termes mêmes du troisième paragraphe de cet article rendent difficile
aujourd’hui une réponse positive mais ne l’excluent pas dans l’avenir. De ce point de vue, la
plupart des arguments développés à l’appui du rejet de la notion de catastrophe naturelle dans
une note de la direction générale de la sécurité civile et de la gestion de crise (DGSCGC) sur
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Etude détaillée
les algues sargasses en Martinique, en date du 14 avril 2015 (cf. annexe 9.8), ne sont pas
recevables. En effet :
• Les échouages sont soudains et difficilement prévisibles : le fait qu’on puisse repérer
la présence de bancs de sargasses en mer ne fournit en soi aucune indication sur leur
éventuel échouage sur les côtes et les actions préventives en mer sont, de ce fait,
aléatoires et, en tout état de cause, extrêmement coûteuses, c’est-à-dire hors de portée
des budgets des communes potentiellement impactées.
• Une fois échouées, les quantités observées en 2014 et 2015 sont telles que les moyens
à mettre en œuvre pour collecter les sargasses dans le délai maximum de trois jours
pour éviter les nuisances sont hors de portée des citoyens, de la plupart des entreprises
et des communes : il ne suffit donc pas de dire « il n’y a qu’à ramasser pour éviter les
dommages », d’autant plus qu’en l’état actuel certains sites habités ne peuvent faire
l’objet d’opérations de ramassage. De ce point de vue, la condition exigée par le § 3 de
l’article L 125-1 précité (« lorsque les mesures habituelles à prendre pour prévenir
ces dommages n’ont pu empêcher leur survenance ou n’ont pu être prises ») est
remplie.
Toutefois, rien ne permet aujourd’hui d’établir ce dernier point avec certitude : le phénomène
est beaucoup trop récent (2011) pour permettre d’établir une mesure statistique de ce qui est
anormal ou non et pour définir une période de retour, et ce d’autant plus que, si les échouages
massifs de 2014 et 2015 se caractérisent bien par des « pics », ils se sont néanmoins produits
pendant une période continue de plusieurs mois. Dans cette perspective, seul un recul de
plusieurs années et une étude statistique rigoureuse des différents épisodes sur au moins dix
ans permettraient de déterminer s’il y a ou non « intensité anormale » du phénomène et à
quelle fréquence.
En conclusion, on ne peut qu’admettre que les échouages de sargasses, qu’ils soient massifs
ou non, relèvent d’un « agent naturel » et que « les mesures habituelles à prendre pour
prévenir (les) dommages ou empêcher leur survenance » ne peuvent pas toujours être prises
en cas d’échouages massifs. En revanche il est trop tôt pour affirmer que cet « agent naturel »
est d’une « intensité anormale ». En l’état actuel, les échouages de sargasses ne peuvent donc
aujourd’hui relever du régime des catastrophes naturelles tel qu’il est défini à l’article précité
du code des assurances. Mais ceci ne préjuge en rien d’un changement éventuel
d’appréciation, dans l’avenir, de la commission interministérielle.
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Etude détaillée
Quoi qu’il en soit, même à supposer que, dans l’avenir, l’état de catastrophe naturelle soit
reconnue pour les échouages de sargasses d’une « intensité anormale », cela serait très loin
d’avoir l’intérêt qu’on imagine sur place. Il convient, en effet, de rappeler que :
• La reconnaissance de l’état de catastrophe naturelle ne permet en rien de bénéficier
de subventions de la part de l’Etat mais seulement d’indemnités de la part des
assurances.
• Encore faut-il pour cela avoir souscrit un contrat d’assurance. Or, s’agissant des
entreprises, l’étude précitée de la CCIIG souligne que 83% des entreprises
guadeloupéennes de l’échantillon ne sont pas assurées. S’agissant des particuliers,
la proportion des biens assurés par les multirisques habitation était de l’ordre de 43
% en Guadeloupe et 50 % en Martinique en 2010.
• A supposer même que l’on soit assuré, il résulte du premier paragraphe de l’article
L 125-1 précité que seuls les dommages aux biens sont indemnisés, ce qui a
plusieurs conséquences :
1. Les dommages sanitaires ne sont pas concernés.
2. Aucune indemnisation ne peut être versée à quiconque au titre du ramassage et
de l’évacuation des sargasses, l’échouage de celles-ci, même jugé « anormal »,
ne constituant pas un dommage à des biens. Pour illustrer ce propos, le régime
des catastrophes naturelles indemnise les biens endommagés par une
inondation mais non le pompage de l’eau. L’essentiel du coût généré par le
problème des sargasses reste donc, par nature, en dehors du champ
d’indemnisation au titre des catastrophes naturelles.
3. Pour les entreprises, la garantie « perte d’exploitation » (à condition que celle-
ci ait été souscrite…) ne couvrira que la perte d’exploitation subie en raison
des dommages aux biens (climatiseurs, congélateurs, téléviseurs, matériels
divers pour les entreprises d’hôtellerie et de restauration, par exemple) mais,
en aucun cas, celle résultant de la désaffection des touristes en raison des
nuisances, d’ordre mécanique ou chimique, provoquées par les échouages
massifs de sargasses. Or, c’est là le principal préjudice subi par les entreprises
vivant du tourisme.
4. Pour les particuliers (comme d’ailleurs pour les entreprises), les dommages
aux biens résultant de l’oxydation des différents métaux ne seront indemnisés
qu’à la condition de pouvoir établir que les sargasses en sont « la cause
déterminante », ce qui, naturellement, comme tout dommage assurantiel, sera
soumis à dire d’expert…
5. Sur l’aspect particulier des dommages aux embarcations de pêche ou de
plaisance, la Caisse centrale de réassurance précise que celles-ci sont, par
nature, hors champ du régime des catastrophes naturelles puisqu’elles relèvent
du domaine spécifique des assurances maritimes.
La conclusion s’impose : même si, dans l’avenir, l’état de catastrophe naturelle était reconnu
en cas d’échouages de sargasses « d’intensité anormale » sur les côtes antillaises, l’intérêt
que pourrait en retirer la population serait très faible et, de ce fait, l’effet principal de cette
reconnaissance serait d’engendrer une déception et une frustration proportionnelles aux
attentes.
p. 162
Etude détaillée
Cette piste, si l’on en croit les professionnels de l’assurance, ne peut être retenue, pour
plusieurs raisons.
Tout d’abord, créer une nouvelle garantie exige une étude approfondie permettant notamment
d’évaluer les risques potentiels et la viabilité économique de cette garantie. Bien évidemment,
le risque « sargasses » n’étant réellement apparu dans toute son étendue qu’en 2014 et en
2015, cette étude n’existe pas. Elle a d’ailleurs peu de chances d’être programmée, à supposer
même que ce risque se confirme dans les années à venir.
En effet, ce risque est trop circonscrit géographiquement et ne concerne que trop peu
d’assurés potentiels. C’est d’ailleurs là le principal handicap pour cette hypothétique garantie
nouvelle : d’un côté, pour qu’elle soit financièrement viable, il faudrait que cette garantie soit
en quelque sorte mutualisée à l’ensemble du territoire national, ce qui signifierait
concrètement que la très grande majorité des assurés souscrirait une garantie pour un risque
qu’ils sont certains de ne jamais subir et ce pour l’unique profit des habitants des côtes
impactées aux Antilles et en Guyane, soit une population qu’on peut évaluer à un peu plus de
50 000 habitants et ce qui est donc irréaliste. D’un autre côté, si l’on cherche à mettre en place
une garantie « sargasses » optionnelle, à destination, par conséquent, des seules populations
exposées à ce risque, le marché est trop étroit pour que cela soit économiquement
envisageable. Il n’est d’ailleurs même pas certain que, vu le taux d’assurance aux Antilles,
tous ceux qui sont objectivement exposés au risque « sargasses » souscrivent cette garantie
optionnelle…
Dans ces conditions, la création de cette hypothétique garantie « sargasses » ne semble pas
possible.
Dans ces conditions, il apparait qu’une stratégie de prévention des dommages est bien
préférable à une hypothétique indemnisation. Une fois de plus la priorité est donc la collecte
des sargasses échouées dans le délai maximum de trois jours.
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Etude détaillée
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Etude détaillée
9 Annexes
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Etude détaillée
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Etude détaillée
1. AU NIVEAU NATIONAL
Avant de se rendre sur place, la mission a adressé au mois de décembre 2015 un courriel à
chaque sénateur et chaque député des Antilles afin de présenter la mission et de solliciter un
rendez-vous. A la suite de cette démarche, elle a rencontré les parlementaires suivants :
MINISTERE DE L’INTERIEUR
p. 169
Etude détaillée
AUTRES
2. EN BRETAGNE
p. 170
Etude détaillée
ENTREPRISES
Société ALGOPACK
3. EN MARTINIQUE
p. 171
Etude détaillée
Direction de la Mer :
- M. Michel PELTIER, directeur
- M. Hervé MOUSSARON, directeur adjoint
- CROSS Antilles-Guyane :
- M. Edouard PERRIER, directeur
- Lieutenant Olivier DELTEIL
p. 172
Etude détaillée
COMMUNE DU MARIN
COMMUNE DU FRANCOIS
COMMUNE DU DIAMANT
COMMUNE DE SAINTE-ANNE
COMMUNE DU VAUCLIN
COMMUNE DE SAINTE-MARIE
COMMUNE DE MARIGOT
p. 173
Etude détaillée
COMMUNE DU ROBERT
COMMUNE DE LA TRINITE
HOLDEX ENVIRONNEMENT
- M. Myke BERNUS, directeur
- M. Myke COQUERAN, responsable commercial
- M. Laurent HENNIG, ingénieur agronome
p. 174
Etude détaillée
SOCIETE CIVILE
4. EN GUADELOUPE
- Direction de la Mer
- M. Fabrice Le MESNAGER
p. 175
Etude détaillée
Conservatoire du Littoral :
- M. Alain PIBOT
- M. Gilles BAZIR
- M. Frantz MACCOW
AUTRES
CONSEIL REGIONAL
CONSEIL DEPARTEMENTAL
p. 176
Etude détaillée
INTERCOMMUNALITE
- Syndicat intercommunal pour la mise en valeur des plages et des sites touristiques de
Guadeloupe (SIPS) :
- M. Camille PELAGE, président
- Mme Vanessa DOQUET-BOURGUIGNON, chargée de mission
p. 177
Etude détaillée
COMMUNE DE SAINT-FRANCOIS
COMMUNE DE SAINTE-ANNE
COMMUNE DE GOYAVE
COMMUNE DE LA DESIRADE
p. 178
Etude détaillée
AUTRES COMMUNES
SOCIO-PROFESSIONNELS ET ENTREPRISES
p. 179
Etude détaillée
Pêche :
- M. Jean ROGER, du Comité Régional des Pêches Maritimes et des Elevages Marins
(CRPMEM)
- M. Jean-Pierre GALONNEAU, marin-pêcheur (Capesterre de Marie-Galante)
-
Hôtellerie, hébergement, restauration :
- M. Patrick VIAL-COLLET, de GHT-hôtels
- M. Nicolas VION, de GHT-hôtels
- Mme Gisèle MAISONNEUVE (location de gîtes à Terre-de-Haut, plage de
Pompierre)
- Mme Catherine LOGNOS, restauratrice à Terre-de-Haut, plage de Pompierre
- Mme Elyne BADE, gérante du « Soleil Levant » (Capesterre de Marie-Galante)
- M. Jérôme HAGEGE, restaurateur (Capesterre de Marie Galante)
Travaux publics :
- M. Gino LATCHAN, gérant de E.L.G-TP
- M. Medhi, OUJAGIR, chargé d’affaire à E.L.G-TP
- Mme Claudy CLAIRE, groupe VAITILINGON
Autres :
- Mme Annie-Dominique POULLET, directrice générale de Rescue International
Services K’raïb (RISK)
- M. Mike CARENE, société RISK
- M. Jean KASSIS, de la CGPME
SOCIETE CIVILE
5. A SAINT-MARTIN
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Etude détaillée
SOCIO-PROFESSIONNELS ET ENTREPRISES
SOCIETE CIVILE
GOUVERNEMENT DE SINT-MAARTEN
p. 181
Etude détaillée
6. A SAINT-BARTHELEMY
COLLECTIVITE DE SAINT-BARTHELEMY
SOCIO-PROFESSIONNELS ET ENTREPRISES
7. A SAINTE-LUCIE
AMBASSADE DE France
p. 182
Etude détaillée
AMINISTRATIONS DE SAINTE-LUCIE
8. EN GUYANE
p. 183
Etude détaillée
p. 184
Etude détaillée
p. 185
Etude détaillée
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p. 187
Etude détaillée
p. 188
Etude détaillée
p. 189
Etude détaillée
Si possible un confinement en partie marine, à l'aide de sennes par exemple, des tapis d'algues
flottants proches du rivage permettra de limiter les interventions sur la plage. Ces agglomérats
pourront ensuite être remorqués sur des parties de rivages présentant une bonne accessibilité
et un enjeu environnemental moindre.
Plage Mer
Marnage
Zone de marnage
Plage Mer
p. 190
Végétation d’arrière-plage
Etude détaillée
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Etude détaillée
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Etude détaillée
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Etude détaillée
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Etude détaillée
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Etude détaillée
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Etude détaillée
QUESTIONNAIRE
destiné aux MAIRES et PRESIDENTS D’ETABLISSEMENTS
PUBLICS INTERCOMMUNAUX
La ministre des Outre-Mer ainsi que les ministres chargés respectivement de l’écologie et de
l’agriculture ont mis en place une mission interministérielle chargée d’étudier le phénomène
d’échouage des sargasses et d’apporter une contribution à la résolution de ce problème.
Dans cette perspective, il est indispensable de mieux cerner l’ampleur du phénomène et les
actions menées au sein de chaque commune au cours de l’année 2015.
p. 197
Etude détaillée
• Importance des échouages et des impacts sur les principaux sites de la commune
Site 1 Site 2 Site 3
Nom de la plage ou de l’anse
touchée
Durée sur un an du phénomène :
• quasi continu
• plus de la moitié du temps
• épisodique
Plaintes de la population :
• virulentes
• fortes
• faibles
• inexistantes
IMPACT SUR CHAQUE SITE
Impacts sanitaires :
• odeur
• troubles de santé
• abandon d’habitation
• autre (préciser)
Impact économique (préciser la
perte de chiffre d’affaire ou d’emploi
à chaque rubrique):
• pêche
• commerce
• restauration
• hôtel
• autre (préciser)
p. 198
Etude détaillée
Impact environnemental :
• végétations des rives
• (mangrove,…)
• tortues
• faune ou flore marine
ACTIONS DEJA MENEES SUR CHAQUE SITE
p. 199
Etude détaillée
o Ramassage
• ramassage manuel
− nombre de journées en 2015 :
− volume ou tonnage récolté en 2015 :
− coût pour le territoire communal en 2015 :
− type de ramassage sur la plage (à sec, en eau ?) :
− statut du personnel employé (personnel communal, brigade verte,
entreprise,…) :
− outillage utilisé :
• ramassage en mer
− nombre de journées en 2015 :
− volume ou tonnage récolté en 2015 :
− coût pour le territoire communal en 2015 :
− propriétaire des embarcations (marins-pêcheurs, gestionnaire de ports,
entreprise,…) :
• difficultés rencontrées :
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Etude détaillée
o Transport
− Volume ou tonnage transporté en 2015 :
− coût pour le territoire communal en 2015 :
− organismes intervenants (commune, EPCI, département, Etat, entreprise,
agriculteurs,…) :
• élimination
• valorisation
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Etude détaillée
p. 202
Etude détaillée
Réponses communales :
• Anse-Bertrand
• Capesterre-Belle-Eau
• Goyave
• La Désirade
• Le Moule
• Petit-Bourg
• Petit-Canal
• Saint-François
• Terre de Bas
• Terre de Haut
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Etude détaillée
p. 204
Etude détaillée
Réponses communales :
• Le François
• Le Marin
• Le Robert
• Marigot
• Sainte-Anne
• Sainte-Luce
• Sainte-Marie
• Trinité
• Vauclin
p. 295
Etude détaillée
p. 296
Etude détaillée
• Collectivité de Saint-Barthélemy
• Collectivité de Saint-Martin
p. 375
Etude détaillée
p. 376