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Book Mission

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EGLISE ET MISSION

MANUEL DE MISSIOLOGIE BIBLIQUE

George Winston

(A l’usage de pasteurs, de missionnaires, de professeurs, d’étudiants,


de candidats, de sociétés et de membres de comités missionnaires)

N.B. Les citations bibliques, sauf contre-indication, sont de “La Bible en français courant”.

Abréviations: Louis Segond - Seg.


Traduction oecuménique de la Bible - TOB
La Bible de Jérusalem - Jérus.
La Bible du Semeur - Sem.
INTRODUCTION
2

La société missionnaire est-elle une invention du 18e siècle?

On a prétendu et que l’Eglise locale est l’unique structure légitime décrite dans le Nouveau
Testament. Le terme: “para-ecclésiastique” collé aux missions, a servi à marginaliser celles-ci aux
yeux de certains. On a passé outre au fait que de telles compagnies ont milité depuis le premier
siècle au sein de l’Eglise universelle. Certains ont laissé entendre qu’elles auraient vu le jour
uniquement parce que l’Eglise locale aurait failli à sa responsabilité d’obéir à l’ordre missionnaire
du Seigneur. Certes, les Eglises n’ont pas toujours été animées d’une vision et d’un zèle
missionnaire exemplaires. Et les sociétés missionnaires actuelles ne correspondent pas forcément en
toutes choses à un modèle biblique. Toutefois, il ne s’en suit pas que le Seigneur aurait confié la
tâche missionnaire aux Eglises locales exclusivement, ni que celles-ci soient les mieux armées pour
porter l’Evangile jusqu’aux extrémités de la terre. Et encore moins qu’elles soient capables de
répondre, à elles seules, à toutes les exigences de l’ordre missionnaire de Jésus.

Faut-il chercher un modèle pour une société missionnaire dans le Nouveau Testament?

On a aussi objecté qu’on ne pourrait guère tirer de conclusions valables pour la mission actuelle en
prenant comme exemples les récits du livre des Actes. Mais l’Ecriture ne considère pas de la sorte
l’usage à faire de ses livres historiques. L’historiographie biblique n’est pas purement descriptive,
dépourvue de toute finalité didactique ou doctrinale. Paul, en parlant des abondantes narrations de
l’Ancien Testament déclare: “Ces événements nous servent d’exemples” (1 Cor.10:6). Et: “Tout ce
que nous trouvons dans l’Ecriture a été écrit dans le passé pour nous instruire” (Rom.15:4). Et
encore: “Toute Ecriture est...utile pour enseigner la vérité, réfuter l’erreur, corriger les fautes et
former à une juste manière de vivre” (2 Tim.3:16).

En outre, des enseignements utiles et nombreux sur l’action missionnaires nous sont rapportés par
les Epîtres. Des recoupements entre les récits des chapitres 13 à 28 du livre des Actes et les 13
lettres de Paul, nous permettent de tirer des conclusions fermes au sujet de l’identité des
collaborateurs de l’apôtre, du type de leur activité missionnaire, du cadre dans lequel ils
collaborèrent avec lui, et des populations visées par leur action. L’Ecriture accorde beaucoup plus
de place à la mission de Paul aux païens qu’à celle des autres apôtres. La raison en est
vraisemblablement que la mission future de l’Eglise universelle devait être dirigée vers les nations
païennes principalement, et jusqu’aux extrémités de la terre. Ces lignes sont écrites avec la
conviction que le modèle qui s’y trouve décrit est valable de nos jours, non seulement pour les
sociétés missionnaires issues de l’Occident, mais également pour celles que Dieu suscite en nombre
croissant en Asie, en Amérique latine et en Afrique.

En effet, la plupart des Eglises dont l’implantation nous est décrite dans le Nouveau Testament sont
le fruit de l’action de Paul entouré d’une compagnie de collaborateurs. L’apôtre ne travaille pas
seul. Pendant les vingt-deux années de son activité missionnaire (de 45 à 67 après Jésus-Christ), une
quarantaine de collaborateurs différents dont les noms sont cités dans les textes, et une dizaine
d’autres personnes anonymes, sont associées avec lui dans la mission, à long, à moyen, ou à court
terme. Cette compagnie, dirigée par l’apôtre et dotée de structures d’autorité, est au service de
l’Eglise universelle car tournée vers l’établissement d’Eglises locales n’ayant pas existé auparavant.
Et ces Eglises, une fois établies, entretiennent des relations suivies avec la société grâce à laquelle
elles virent le jour et contribuent, à leur tour, à son action.

1. LA SOCIETE MISSIONNAIRE DANS L’HISTOIRE DE L’EGLISE


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Tout au long de cette histoire, des sociétés ont oeuvré en s’inspirant du modèle paulinien à des
degrés divers, chacune étant marquée par l’empreinte de son temps.

Au début du IIe siècle, il est question d’ouvriers itinérants (Didache 11:3). Eusèbe fait état, dans
son Histoire ecclésiastique (III 37,2) de nombreux évangélistes qui, à cette époque, vendaient leurs
biens et, à l’exemple des apôtres, entreprenaient de long voyages pour atteindre ceux qui n’avaient
pas encore entendu le message de Jésus.

Au début du IIIe siècle, Origène parle de ceux qui parcourent les villages et les maison dans les
campagnes pour amener les gens à se convertir à Dieu (Contra Celsus 3:9). Saint Denis, “apôtre des
Gaules”, fut envoyé de Rome avec six compagnons d’oeuvre. Il établit une Eglise à Paris et y subit
le martyre en 258.

Au IVe siècle, le Christianisme passa, presque sans transition, de l’état de mouvement persécuté, au
statut de religion officielle de l’empire Romain. Mais le Constantinisme fut plus néfaste pour
l’Evangile que la persécution, parce que le zèle missionnaire fléchit. Malgré tout, au IVe siècle,
Martin de Tours mettait le monachisme au service de l’extension de l’Evangile en Gaule et
organisait ce qui ressemblait à des compagnies missionnaires.

A la fin du Ve siècle, Benoît de Nursie fonda l’ordre des Bénédictins. Cette compagnie de moines,
bien organisée, fut, pendant des siècles, le fer de lance de la mission chrétienne dans le Nord de
l’Europe.

Le VIe siècle vit des monastères irlandais envoyer vers le continent des groupes de missionnaires
pionniers. Ces peregrini partaient par équipes d’une douzaine de moines, et fondèrent de nouvelles
congrégations en Germanie, en Helvétie et à travers toute l’Europe centrale. Ce furent des centres à
partir desquels rayonnait l’Evangile dans les régions environnantes. Le plus célèbre de ces Irlandais
fut Colomban. On lui attribue la fondation d’une cinquantaine de monastères, dont celui de Luxeuil.
Ces congrégations celtes constituaient souvent des organismes en marge des évêchés romains du
continent.

Au VIIe siècle, Augustin, “apôtre de l’Angleterre”, conduisait plusieurs équipes de missionnaires


italiens qui connurent un succès certain aux îles britanniques. Saint Amand fut appelé “l’apôtre de
la Gaule belgique”. Il fut consacré évêque missionnaire sans diocèse fixe, et organisa des
congrégations en Flandre et en Europe centrale. Ses moines évangélisaient les régions autour de
leurs monastères.

Au début du VIIIe siècle, Willibrord, un Anglais, “apôtre de la Frise” accompagné de onze


compagnons, évangélisa aux Pays-Bas. Un de ces compagnons, Boniface lui succéda et s’entoura
également d’équipes. De nombreux missionnaires, hommes et femmes, vinrent d’Angleterre pour
servir sous ses ordres en Allemagne rhénane. Il avait le don d’attirer et de garder des collaborateurs.
Il en recrutait aussi sur le continent (Latourette II, 93, 94).

Au IXe siècle, Anschaire (Ansgar), un Franc, appelé “l’apôtre du Nord” évangélisa en Scandinavie.
Il était issu du monastère de Corbie qui était dans la lignée spirituelle de la mission irlandaise de
Colomban. Il fut aidé dans son action par des moines de sa congrégations et d’autres qu’il avait
formé parmi les Danois gagnés à la foi.

Le Xe siècle vit la fondation en 910 du monastère de Cluny qui fut à la base d’un mouvement de
réforme au sein du monachisme et de toute l’Eglise. Les moines de cet ordre cherchaient, par la
prédication et l’enseignement, à amener les masses superficiellement christianisées à une foi
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vivante. Ils furent, par leur organisation disciplinée et l’annonce d’un évangile intégral, une
authentique compagnie missionnaire.

A la fin du XIe siècle et au XIIe siècle, un mouvement similaire vit le jour à Citeaux. Son but
principal n’était pas missionnaire, mais sa règle active, le sérieux et la prédication des Cisterciens
eut un rayonnement certain parmi des peuplades païennes dont les Prusses et les Wendes. Cet ordre,
à son apogée, comptait 2000 couvents d’hommes et 6000 couvents de femmes.

Du XIIIe au XVe siècle, deux ordres mendiants, celui de St. François d’Assise, fondé en 1209 et
celui de St. Dominique (en 1216) se distinguaient des ordres contemplatifs qui vivaient à l’écart du
monde. Ils furent les principales compagnies missionnaires de cette époque. Ils donnaient une
instruction religieuse aux christianisés et prêchaient parmi les non-chrétiens. Les Franciscains
étaient structurés en six vicariats et évangélisèrent en Espagne, en Egypte, au Maroc, en Lithuanie,
en Mongolie et en Chine. Les Dominicains oeuvrèrent en Estonie, en Finlande, en Russie, en Perse,
en Inde, parmi les Musulmans et les Juifs.

Au XVIé et au XVIIé siècles, de nouveaux ordres à vocation missionnaire furent créés au sein du
Catholicisme: Capucins, Jésuites, Récollets et la Société des Missions Etrangères de Paris. Mais ce
mouvement s’estompait quelque peu après deux siècles. Pourquoi n’y eut-il pas de sociétés
missionnaires protestantes pendant cette période? Pour deux raisons principales: D’une part, les
Eglises issues de la Réforme avaient fort à faire pour se maintenir face aux assauts et aux
persécutions de la contre-réforme. D’autre part, elles étaient en réaction contre le monachisme et les
ordres religieux, de sorte qu’elles n’étaient pas disposées à recréer des sociétés qui risquaient de
ressembler à ceux-ci.

A partir du XVIIIe siècle, et jusqu’à présent, le protestantisme prend à son compte et perpétue la
société missionnaire, mais en lui conférant un caractère propre et des formes multiples. D’abord,
par de petites missions issues des mouvements piétistes en Allemagne, par les équipes des Frères
Moraves, et en Grande Bretagne, par des missions Baptistes, Anglicanes, et interconfessionnelles.
Ce fut le début du grand essor des sociétés missionnaires modernes, qui dépassent actuellement le
nombre de 4000 dans le monde. C’est ainsi que le terme “apôtre” a été employé à travers les siècles,
pour désigner celui qui se voue en pionnier à la propagation de l’évangile et qui en mobilise
d’autres avec lui dans son action. La société missionnaire n’est pas une invention du XVIIIe siècle!

Conclusion

Dieu veut qu’il se crée, encore au XXIe siècle, des sociétés missionnaires sur le modèle de celle de
Paul. A cette fin, ces missions seraient appelées à se rapprocher le plus possible des principes
universels se dégageant de ce modèle biblique. Elles s’inspireraient de la sorte, outre de la ferveur
missionnaire de Paul, de sa sagesse missionnaire. Mais rien de tout cela ne se réalise sans
engagement: de la part de ceux que Dieu appelle à ce ministère, mais aussi de la part des croyants
que Dieu appelle à rester au pays. Ceux-ci s’engageront à prier, à contribuer généreusement de leurs
biens, et à apporter un soutien moral et logistique aux missionnaires.

Première partie - UNE SOCIETE

2. LES PERSONNES QUI LA COMPOSENT:


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Qui faisait partie de la société missionnaire de Paul? Nous commencerons en donnant une liste
complète des noms des collaborateurs de l’apôtre, et les preuves bibliques de leur participation avec
lui à une même société missionnaire. La chronologie de l’activité missionnaire de Paul jouit d’un
large consensus parmi les spécialistes. Les nombres d’années cités ci-dessous sont le nombre
minimum d’années de collaboration avec Paul qu’il est possible de prouver à partir des textes. Dans
plusieurs cas, il est probable que la période de collaboration fut plus longue.

Nombre de mentions de Nombre d’années de


leurs noms dans le N.T. collaboration avec Paul

Tite: de l ‘Eglise à Antioche (Act.15:2; Gal.2:3) 13 mentions 17 ans


Priscille et Aquilas: 6 mentions 15 ans
Luc: 8 mentions (dont 4 “nous”) 14 ans
Timothée: de l’Eglise à Lystre (Act.16:1-3) 24 mentions 14 ans
Barnabas: de l’Eglise à Jérusalem (Act.4:36; 11:22) 28 mentions 13 ans
Jean Marc: de l’Eglise à Jérusalem (Act.12:12) 10 mentions 13 ans
Apollos: 10 mentions 10 ans
Eraste: de l’Eglise à Corinthe (Ro.16:23; 2 Tim.4:20) 2 mentions 10 ans
Tichyque: 5 mentions : 8 ans
Trophime: de l’Eglise à Ephèse (Act.21:29) 3 mentions 6 ans
Aristarque: de l’Eglise à Thessalonique (Act.20:4) 5 mentions 6 ans
Silas (Silvain): de l’Eglise à Jérusalem (Act.15:22) 17 mentions 5 ans
Demas: de l’Eglise à Thessalonique (2 Tim.4:10?) 3 mentions 5 ans

Les personnes suivantes, dont les noms paraissent moins souvent, firent également partie, à des
moments divers, de la compagnie missionnaire de l’apôtre, sans qu’on puisse déterminer le nombre
exact de leurs années de service avec lui:
Jude: “homme considéré” dans l’Eglise à Jérusalem et prophète, envoyé avec Paul dans l’équipe
qui communiqua les décisions de la conférence à l’Eglise à Antioche et fortifia celle-ci pendant
“quelque temps” (Act.15:22,27,32 Seg.).
Epaphras: “compagnon de service” et “compagnon de captivité” de Paul et fidèle serviteur du
Christ (Col.1:7; 4:12; Philm 23 Seg.).
Lucius: membre de l’équipe de Paul à Corinthe (Rom. 16:21-22). Précédemment prédicateur dans
l’Eglise à Antioche (Act.13:1).
Epaphrodite: de l’Eglise à Philippe; “compagnon de travail et de combat” de Paul, et un de ses
envoyés (Phil.2:25; 4:18).
Sosthène: avec Paul à Ephèse pendant l’implantation de l’Eglise, il est associé par l’apôtre à la
composition de la première épître aux Corinthiens (1 Cor.1:1), comme le fut Timothée à sa seconde
(1:1). Il fut connu à Corinthe et considéré dans cette Eglise (Act.18:17).
Onésime: “utile à Paul” à Rome de sorte que l’apôtre “aurait désiré le garder auprès de lui pour
qu’il le serve” avec les autres membres de l’équipe (Philémon 11-13).
Gaïus de Macédoine: “compagnon de voyage de Paul” à Ephèse dont la foule en colère s’était
emparé (Act.19:29).
Gaïus: originaire de l’Eglise à Derbe et membre de l’équipe des sept qui accompagnèrent Paul en
Asie et dans ses visites à plusieurs Eglises, en route pour Jérusalem (Act.20:4).
Jason: de l’Eglise à Thessalonique et membre de l’équipe de Paul à Corinthe, qui salue les Eglises
à Rome (Act.17:5; Rom.16:21-22).
Sosipater: membre de l’équipe de Paul à Corinthe, qui salue les Eglises à Rome (Rom.16:21,22).
Tertius: secrétaire de Paul qui écrivit son épître aux Romains. Membre de son équipe à Corinthe
(Rom.16:21-22).
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Justus: “A travaillé avec Paul pour le royaume de Dieu et a été pour lui un grand réconfort”.
Membre de l’équipe de l’apôtre à Rome. Il salue aussi les Colossiens (Col.4:11).
Crescens: Membre de l’équipe de Paul à Rome, il part en mission en Galatie (2 Tim.4:9-13).
Artémas: Il est envoyé par Paul à Tite pour renforcer l’équipe de ce dernier en Crète (Tite 3:12).
Sopater: Originaire de l’Eglise à Bérée et membre de l’équipe des sept qui accompagnèrent Paul en
Asie et dans ses visites à plusieurs Eglises, en route pour Jérusalem (Act.20:4).
Second: Originaire de l’Eglise à Thessalonique et membre de cette même équipe des sept
(Act.20:4).
Urbain: de l’Eglise à Rome. Paul le fait saluer comme “son compagnon d’oeuvre” (Rom.16:9).
Evodie et Syntyche: de l’Eglise à Philippe. “Ont combattu avec Paul pour répandre la Bonne
Nouvelle” et avec ses autres collaborateurs (Phil.4:2,3).
Philemon: “Compagnon d’oeuvre de Paul”, qui aurait pu être à son service, et sur l’obéissance
duquel l’apôtre aurait pu compter, et qui devait lui préparer un logement. (Philemon 1,8,13,21,22).
Archippe: “compagnon de combat” de Paul et de Timothée (Philémon 1-2), ayant “reçu un
ministère dans le Seigneur”. Paul lui demande de s’en acquitter avec fidélité (Col.4:17).
Apphia: membre de l’équipe, avec Philémon et Archippe, à laquelle Paul adresse une lettre (Philem
1-3).
Andronicus et Junia: apôtres, “compagnons de captivité” et parents de Paul qu’il fait saluer (Rom.
16:7 Seg.).
Zenas: Membre de l’équipe de Tite sur Crète. Paul demande qu’il le rejoigne à Nicopolis, avec
Apollos, et que les Eglises en Crète pourvoient à tous les frais de leur voyage (Tite 3:12-14).
Onésiphore: de l’Eglise à Ephèse. Il a rendu de nombreux services à Paul à de nombreuses reprises
et en plusieurs lieux, dont sa prison à Rome, au risque de sa vie (2 Tim.1:16-18; 4:19).

Une société d’une cinquantaine de missionnaires?

Voila donc 40 noms différents, et les indications explicites de leurs ministères aux cotés de Paul
dans le cadre de son activité missionnaire. Il s’agissait donc d’une compagnie de 41 personnes, au
moins. Outre ses collaborateurs dont il mentionne le nom, Paul parle encore, à plusieurs reprises,
d’autres “frères qui sont avec moi” et qui se joignent à lui pour saluer les destinataires de ses épîtres
(Gal.1:2; Tit.3:15; Phil.4:21). Il les met en contraste avec “tous les croyants” du même endroit
(4:22) pour bien montrer qu’il s’agit de collaborateurs dans son équipe, plutôt que de chrétiens de
l’Eglise de l’endroit. Il ne qualifie jamais ces derniers de “avec moi”. Ces autres équipiers portent le
nombre de ceux qui ont servi avec l’apôtre bien au-delà de 40, sans toutefois qu’on puisse en
préciser le nombre exact. Les Eglises locales dont étaient issus les différents membres de la
compagnie, sont mentionnés explicitement dans 22 des cas sur les 40. Que la base de l’action
missionnaire se situait dans les Eglises locales, est ainsi une évidence.

Le texte biblique contient donc des précisions explicites sur une cinquantaine de personnes qui
quittèrent leurs Eglises locales respectives pour entreprendre avec Paul un travail d’évangélisation
et d’implantation d’Eglises. Nous en concluons qu’aujourd’huis encore il est légitime et souhaitable
que des personnes fassent de même pour collaborer avec un apôtre. Mais comment savons-nous que
les femmes et les hommes mentionnés plus haut, n’étaient pas qu’un ramassis de francs-tireurs,
qu’ils constituaient, à proprement parler, une société?

3. LE CARACTERE ORGANISE DE LA SOCIETE:

La compagnie avait un directeur

Les contextes dans lesquels leurs noms sont cités montrent que chacun d’entre eux connaissait
personnellement l’apôtre. Et à son tour, il les connaissait tous. Ils lui étaient attachés par des liens
7

de fraternité et d’amitié chrétiennes. Il emploie le mot “frère” à 11 occasions pour parler de l’un ou
l’autre d’entre eux, et “bien-aimé” au moins 7 fois. La personne de Paul constituait donc l’élément
essentiel de cohésion. La relation que chacun entretenait avec lui donnait consistance au groupe. Ils
n’étaient pas associés sur des bases administratives, financières ou contractuelles, mais
personnelles. Nous pourrions en tirer une première conclusion au sujet du type d’atmosphère et des
liens à rechercher au sein d’une telle société missionnaire.

Small is beautiful! L’importance des relations personnelles en son sein nous instruit également sur
la taille la plus naturelle pour une telle compagnie. Il existe actuellement des milliers de sociétés
missionnaires différentes dans le monde. (4000 selon David B.Barrett, WCE; Oxford Univ. Press,
2001). Plutôt que de déplorer leur multiplicité et de prôner des fusions, il faudrait voir dans leur
grand nombre la direction de l’Esprit-Saint. Certaines grandes dénominations ont une seule société
missionnaire pour toute l’institution. De telles sociétés comptent parfois des milliers de
missionnaires. Les Eglises Mennonites ne sont guère l’une des confessions les plus nombreuses
dans le monde. Elles comptent cependant, à elles seules 157 sociétés missionnaires différentes.
Celles-ci tendent à avoir des dimensions et un visage plus humains. La tendance générale de toute
organisation humaine est vers la centralisation. Les sociétés missionnaires au XXe siècle n’y ont
pas échappé. La formalisation des structures, la dépersonnalisation des relations, la distance
toujours plus grande entre la prise de décision et le contexte du problème, ont nuit à l’entente et à la
collaboration au sein de la société. Mais ce que celle-ci pense gagner en efficacité, en coordination,
en économies, en contrôle, elle le perd souvent en motivation, en flexibilité, en dynamisme.

Greg Livingstone, fondateur et directeur de la mission “Frontiers” qui compte 600 missionnaires,
vient d’en quitter la direction, bien avant l’âge de la retraite, pour reprendre un travail
d’implantation à la tête d’une équipe. Sa raison: Il n’arrivait plus à maintenir un contact personnel
avec tous les missionnaires de la société. Si un apôtre comme Paul s’en tenait à une compagnie
comptant une cinquantaine de missionnaires, les apôtres modernes devraient bien réfléchir et ne pas
vouloir en faire trop. Et le gigantisme de certaines missions actuelles, propulse à leur tête de
vulgaires “experts en management” n’ayant guère de charisme apostolique ni de rayonnement
spirituel. Si la multiplicité des sociétés ne doit pas être déplorée comme une dispersion, il faut, par
contre, qu’elles recherchent par tous les moyens à favoriser entre elles une collaboration fructueuse
et harmonieuse. Eviter les chevauchements et les concurrences nuisibles, constituer des partenariats
et des réseaux d’entraide, profiter des complémentarités quand il s’agit de ministères spécialisés
(radio, littérature, films, traduction de la Bible, secours, formation, etc.).

“Ca durera ce que ça durera, mais...” Le dynamisme et la cohésion de la société de Paul dépendait
des relations personnelles qu’il entretenait avec chacun de ses collaborateurs. Ces éléments
devraient aussi faire réfléchir quant à la durée d’une société missionnaire. Celle de Paul a duré 22
ans, et a disparu quand il est mort. Mais que de fruits durables! Etait-il bon qu’elle soit liée à sa
personne? Ses jeunes collaborateurs en ont-ils créé d’autres? Serait-il souhaitable d’avoir une
mission qui serait dirigée par quelqu’un qui n’a pas le charisme d’apôtre? Actuellement, certaines
sociétés semblent surtout soucieuses de se perpétuer elles-mêmes. Grandir à l’infini et s’éterniser
seraient-ils dans le plan de Dieu pour ces sociétés? Les missionnaires issus de l’Orient et du Sud
sont maintenant plus nombreux que ceux de l’Occident. Leurs sociétés missionnaires sont aussi plus
nombreuses et plus petites. Mais la personne de Paul, directeur de la société, n’était pas le seul
facteur de cohésion pour celle-ci.

Directeur et collaborateurs déservaient un même champs d’action

Dieu avait fait de Paul l’apôtre des païens, comme il avait fait de Pierre celui des Juifs (Gal.2:7-9: 1
Tim.2:7; 2 Tim.1:11; Act.9:15; Rom.15:16,18; etc.). Or, toute l’action missionnaire de ces 50
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personnes se dirigeait essentiellement vers les gentils et les régions au-delà de la Palestine. Paul
comprenait que sa compagnie devait s’en tenir à la mission que Dieu lui assignait. Il déclare:
“Quant à nous, nous n’allons pas nous vanter...sinon dans les limites du champ de travail que Dieu
nous a fixé...sans avoir à nous vanter des résultats obtenus par d’autres dans leur propre champ de
travail” (2 Cor.10:13,16). Et encore: “J’ai tenu à annoncer la Bonne Nouvelle uniquement dans les
endroits où l’on n’avait pas entendu parler du Christ, afin de ne pas bâtir sur les fondations posées
par quelqu’un d’autre” (Rom.15:20). Chaque société missionnaire trouve une part importante de sa
consistance et de son identité en ciblant une population spécifique, que celle-ci soit concentrée en
une seule région, ou dispersée en plusieurs.

Et les collaborateurs de l’apôtre étaient aussi culturellement proches que possibles des populations à
atteindre. En effet, la société de Paul était composée, à quelques exceptions près, de gentils. Il
écrivait à un moment donné: “Ces trois hommes (Aristarque, Marc et Justus) sont les seuls chrétiens
d’origine juive qui travaillent avec moi pour le royaume de Dieu” (Col.4:11). Il était naturel et
d’une importance stratégique certaine, que la société qui devait travailler parmi les gentils soit
composée principalement de non-Juifs. Mais, outre un même champ d’action, et l’identité culturelle
des missionnaires, un autre facteur contribuait à la cohésion de la compagnie.

Le service au sein de la compagnie était surtout à long terme

Paul appelle ses collaborateurs des: “compagnons d’oeuvre” (12 fois), “compagnons de captivité”
(4 fois), “compagnons de voyage” (3 fois), “compagnons de combat” (2 fois), “compagnons de
service” (2 fois). Ils collaboraient avec lui au sein d’une même compagnie, unie dans l’effort et
l’adversité, au-delà du temps et de l’espace. Les 14 missionnaires à long terme, dont on sait qu’ils
eurent entre 5 et 17 ans de collaboration avec Paul, sur les 22 que dura la compagnie. Ceux-ci
constituaient le noyau dur de la société, qui conférait à celle-ci continuité, solidité et permanence.
Les forces vives d’une Eglise locale, laissée à elle-même pour entreprendre une action missionnaire,
seraient toujours insuffisantes, face à l’éloignement du champ d’action. Paul est arrivé à regrouper,
à organiser et à coordonner en une même entreprise commune (une société) le potentiel spirituel,
humain et financier de nombreuses Eglises. L’élément qui fit la différence entre le Paul de ses dix
années silencieuses (entre sa conversion et son premier voyage missionnaire), et le Paul de ses 22
années les plus productives, fut la société missionnaire.

Le vocabulaire militaire dont se sert Paul parle de structures

“Epaphrodite, mon compagnon de combat” (Phil.2:25; Philm 2);


“Elles ont combattu pour l’évangile(-élisation) avec moi” (Phil.4:3);
“Je travaille, en combattant avec sa force” (Col.1:29 Seg.).
“Je veux que vous sachiez combien grand est le combat que je soutiens pour vous” (Col.2:1 Seg. -
pour leur maturité chrétienne);
“Combats le bon combat” (1Tim.1:18 Seg.),
“Nous travaillons et combattons” (1 Tim. 4:10 Seg.);
“Souffre avec moi, comme un bon soldat de Jésus-Christ. Il n’est pas de soldat qui s’embarrasse
des affaires de la vie, s’il veut plaire à celui qui l’a enrôlé” (2 Tim.2:3,4 Seg.) etc.

Nous verrons plus loin les directives, les ordres et les recommandations que l’apôtre adresse à ses
collaborateurs. Ceux-ci nous parlent d’une certaine chaîne hiérarchique au sein de la compagnie. Ce
vocabulaire tranche avec la façon de l’apôtre de décrire l’organisation de l’Eglise locale. Les
structures des Eglises sont adaptées à l’édification des croyants présents en un lieu. Ce sont des
structures nourricières et de communion. Celles de la société missionnaire visent un travail par des
croyants envoyés en tout lieu. Ce sont des structures militaires et d’action. Il manque aux Eglises,
9

de par leur nature locale, les mécanismes nécessaires pour mobiliser des ressources et les apporter
jusqu’aux extrémités de la terre. Il fallait une société dotée de structures adaptées.

La lutte spirituelle est spécialement intense sur le front de l’action missionnaire, où on s’aventure
sur le terrain de l’ennemi et où on lui conteste son pouvoir sur les âmes. Le fonctionnement de la
société missionnaire doit permettre une solidarité, une rapidité d’action, une abnégation, une
loyauté dans la collaboration, que seul un caractère militaire serait à même d’assurer. Tout cela
nous parle d’une société dotée de structures. Cependant, ce langage militaire ne pouvait en aucun
cas servir à justifier la création, au Moyen Âge, d’ordres militaro-religieux, tels les moines-
chevaliers de Malte, les chevaliers Teutoniques ou Templiers, qui mirent des régions entières à feu
et à sang pour étendre les limites territoriales de la Chrétienté. Paul précise: “Nous n’avons pas à
lutter contre des êtres humains, mais contre les puissances spirituelles mauvaises” (Eph.6:12BFC).
Qui que soient les hommes qui s’opposeraient au peuple de Dieu, celui-ci est appelé à les gagner,
non à les combattre. Les ennemis humains sont là pour être aimés (Mat.5:43-47).

Il existe actuellement un besoin de compagnies missionnaires de taille modeste, dont la cohésion est
assurée par des liens personnels de confiance, et dont la direction est assurée par une personnalité
douée pour l’implantation d’églises. Ces sociétés chercheront la direction de l’Esprit Saint pour
toucher des populations non-encore atteintes et pour circonscrire leur champ d’activité afin de ne
pas marcher sur les plates-bandes d’autrui. Elles auront des structures orientées vers l’action et la
lutte. Leur noyau de collaborateurs à long terme assurera la continuité de l’oeuvre sans que le but de
celle-ci ne devienne de se maintenir elle-même en existence. Ces sociétés chercheront à entretenir
entre elles des relations de complémentarité, de collaboration et de partenariat. Mais de quelles
structures internes de telles sociétés seraient-elles donc dotées?

4. LES EQUIPES DE LA SOCIETE

L’action de la compagnie se déployait en équipes, en unités de combat mobiles, flexibles,


composées d’un nombre limité de missionnaires. Jésus n’avait-il pas inauguré cette façon de
travailler en s’entourant de douze hommes qui l’assistaient pendant ses trois années de ministère.
Il les nommait disciples parce qu’il leur enseignait comment faire, mais aussi apôtres parce qu’il les
envoyait prêcher et mettre en pratique ce qu’il venait de leur apprendre. L’apôtre Paul n’agissait pas
autrement. Des recoupements entre ses épîtres et le livre des Actes nous permettent de dresser une
liste des équipes qui fonctionnèrent au sein de cette société. Voici les noms des missionnaires qui
constituèrent les différentes équipes, un résumé de leurs activités, et la période approximative du
fonctionnement de celles-ci:

De 45 à 51 après Jésus-Christ (6 ans): Paul, Barnabas, Marc et les autres “frères qui sont avec
moi” (Gal. 1:2) évangélisent à Salamine, Paphos, Antioche de Pisidie, Icone, Lystre, Derbe et
Perge. Ils retournent aux Eglises à Lystre, Icone et Antioche pour les affermir (Act.13:1-14:28).

L’an 51: Paul, Barnabas, Tite et quelques frères de l’Eglise à Antioche parcourent la Phénicie et la
Samarie racontant dans les Eglises la conversion des païens. Ils sont reçus par l’Eglise, les apôtres
et les anciens à Jérusalem, et leur racontent tout ce que Dieu avait fait avec eux (Act.15:1-4;Gal.2:1-
3).

L’an 51: Paul, Barnabas, Jude et Silas sont délégués par la conférence de Jérusalem pour se rendre
à l’Eglise à Antioche afin de communiquer à celle-ci les décisions prises contre le légalisme. Ils
prolongent leur séjour à Antioche pour y affermir l’Eglise et évangéliser (Act.15:22-35).

De 52 à ?: Barnabas et Marc affermissent les Eglises sur l’île de Chypre (Act.15:36-39).


10

L’an 52: Paul et Silas affermissent les Eglises en Syrie et Cilicie, à Derbe, Lystre, Icone et
Antioche, et leur communiquent les décisions de la conférence à Jérusalem (Act.15:40-16:5).

L’an 52: Paul, Silas, Timothée et Luc (“nous”- Act.16:10) traversent la Phrygie, la Galatie et la
Mysie. Après une vision de Paul à Troas, ils évangélisent à Philippe (accompagnés de Clément,
Evodie et Syntyche: Phil.4:2,3) et à Thessalonique, Bérée et Athènes en y faisant des disciples
(Act.16:6-17:34).

De 52 à 53: Paul, Priscille, Aquilas, Silas (Silvain) et Timothée évangélisent à Corinthe et y fondent
l’Eglise (Act.18:1-18). Paul, Silvain et Timothée y écrivent 1 et 2 Thessaloniciens (1:1 et 1:1).

De 53 à 56 (3 ans): Paul, Priscille, Aquilas, Timothée, Gaïus, Aristarque et Eraste évangélisent et


établissent l’Eglise à Ephèse (Act.18:19-20:1). Paul et Sosthène y écrivent 1 Corinthiens (1:1).

De 57 à ?: Tite est accompagné de deux frères anonymes de haute réputation parmi les Eglises, et
envoyés par elles (peut-être Luc et Eraste). Ils font une tournée parmi les Eglises nouvelles pour y
recevoir la collecte en faveur de celles de Jérusalem et de Judée, qui souffrent de la famine (1 Cor.
16:1-4; 2 Cor.8 et 9).

L’an 58: Paul, Timothée, Lucius, Jason, Sosipater et Tertius affermissent l’Eglise à Corinthe et font
partie de la délégation qui acheminera la collecte vers Jérusalem. Paul y écrit son épître aux
Romains avec l’aide de Tertius, son secrétaire (Act.20:1-3; Rom.16:21,22).

De 58 à 60: “Paul avait pour l’accompagner jusqu’en Asie: Sopater de Bérée, fils de Pyrrhus,
Aristarque et Second de Thessalonique, Gaïus de Derbe, Timothée, ainsi que Tychique et Trophime,
originaires d’Asie” (Act. 20:4). Luc s’est aussitôt joint à eux (20:5,6). Cette équipe est composée de
Juifs et de Gentils, originaires de quatre pays différents, envoyés de sept Eglises locales différentes.
Ils visitent les Eglises à Troas, Ephèse-Milet, Tyr, Ptolémaïs, Césarée et Jérusalem (Act.20:4-21:29)
et y remettent la collecte (Act.24:17).

De 60 à 61: Paul, Aristarque et Luc voyagent en prisonniers, de Césarée à Rome, évangélisent sur
le navire et l’île de Malte et visitent des frères de plusieurs Eglises (Act.27:1-28:16).

De 61 à 62: Paul, en résidence surveillée dans sa maison à Rome, reçoit beaucoup de monde: des
non-chrétiens et les équipiers Marc, Epaphrodite, Priscille, Aquilas, Epaphras, Aristarque, Démas,
Onésime, Luc, Justin et Tychique. Cette équipe affermit les Eglises de la capitale et y évangélise.
(Rom.16:3-5; Eph. 6:21; Phil.2:25; Col.4:7-14; Philm.23,24). L’apôtre y écrit, avec Timothée, les
épîtres aux Philippiens, aux Colossiens, aux Ephésiens et à Philémon (Phil.1:1; Col.1:1; Philm.1).

Avant et après l’an 61: Philémon, Apphia, Archippe, et plus tard, Onésime (Philm. 1-25) fortifient
l’Eglise à Colosse (Col.4:17).

L’an 64: Paul, Tite, Zenas et Apollos évangélisent plusieurs villes de la Crète (Tit.1:4-6; 3:13,14).

L’an 65: Tite, Zénas, Apollos, Artémas (ou Tychique) établissent des anciens et règlent la vie
d’Eglise dans chaque ville de Crète où leur évangélisation avec Paul avait porté des fruits (Tit.1:4-
6; 3:12-14)

De 65 à 66: Paul, Artémas, Tychique et d’autres “avec moi” travaillent en Macédoine, où l’apôtre
écrit 1 Timothée et Tite. L’équipe séjourne à Nicopolis (1 Tim.1:3; Tite 3:12,15).
11

L’an 67: Paul, Luc, Marc, Démas, Crescens, Tychique, Timothée, Tite et Onésiphore. Deuxième
captivité de Paul à Rome. Il jouit de moins de liberté que lors de la première, mais peut recevoir la
visite de ses équipiers. Plusieurs le quittent. Il écrit 2 Timothée (2 Tim.1:16-18; 4:9-13; Tit.3:12;
Héb.13:23).

Et le travail de continuation?

Il ne faut pas penser que chacune de ces équipes, dans le laps de temps relativement court qu’elles
étaient ensemble, achevait d’implanter une Eglise dans chaque ville où elles avait fait des disciples.
Le suivi des petits groupes, en vue de l’établissement d’Eglises, était assuré de diverses manières:
a) Par des visites d’autres équipes (Act.13:1-14:28; 15:22-16:5; 20:1-3, etc.).
b) Quand l’apôtre laissait sur place un équipier (1 Tim.1:3; Tit.1:5).
c) Par l’envoi de différents collaborateurs pour y rester plus longtemps et affermir l’Eglise (Act.19:
22;1 Cor.4:17; 2 Cor.12:18; Eph.6:22; Phil. 2:19,25,28; Col.4:8,9;1 Thes.3:2,5; 1 Tim.1:3).
d) Par des séjours plus long de l’apôtre lui-même (Act.14:3,28; 18:11,18; 20:31; 1 Cor.16:7;
Tit.3:12).
e) En les confiant à la puissance d’édification de la parole de Dieu. Paul leur avait expliqué les
Ecritures de l’Ancien Testament à la lumière de leur accomplissement en Jésus-Christ. Il dit, en les
quittant: “Et maintenant je vous remets à Dieu et à sa parole de grâce, qui a la puissance de bâtir
l’édifice” (Act.20:32 TOB). L’Eglise pouvait aussi être édifiée sans la présence de l’apôtre, si elle
sondait les Ecritures. Paul les met en contact direct avec la Bible en faisant confiance à l’Esprit
Saint pour les éclairer (1Cor.2:10,13).
f) Par de longues lettres, à la fois doctrinales et pratiques, adressées aux communautés, dont neuf
nous sont préservées dans la Bible. Il y en eut d’autres, non consignées dans l’Ecriture (1 Cor.5:9).

Aujourd’hui encore une partie importante du travail missionnaire pionnier se fait par de petites
unités de combat mobiles et flexibles. Celles-ci fonctionnent tantôt comme fers de lance dans
l’évangélisation, tantôt pour assurer le suivi des nouveaux chrétiens, tantôt pour organiser une
Eglise. Leur composition varie selon les besoins de l’oeuvre et les dons spirituels des équipiers.
Mais ne faut-il pas quelqu’un pour coordonner le travail si bien des équipes que des équipiers?

4. PROFIL DU DIRECTEUR

Paul était “apôtre (apostolos) de Jésus-Christ par ordre de Dieu” (1 Tim.1:1).

Le terme “apôtre” signifie “envoyé avec mandat”. Ce mandat lui fut accordé pour une mission
particulière: “Dieu a fait de moi l’apôtre des païens”(Gal.2:8 - les non-juifs). Il fut “établi apôtre,
chargé d’instruire les païens” (2 Tim. 1:11 Seg.). Cela ne pouvait être dit de cette façon d’aucun de
ses collaborateurs, même si ceux-ci travaillèrent aussi parmi les non-juifs. Sa vocation fut reconnue
officiellement par l’Eglise à Antioche (Act.13:1-5). C’était Paul que Dieu avait investi d’une
autorité apostolique pour diriger cette première mission aux non-juifs. Il était le directeur incontesté
de la compagnie. Toute société missionnaire a besoin d’une direction. Paul était presque toujours
chef de l’une ou l’autre équipe. Avec le temps, d’autres équipes se formèrent, travaillant en
plusieurs endroits en même temps, chacune avec son propre chef: Tite, Barnabas, Timothée,
Philémon, Andronicus et Junia. Tout en étant chef de sa propre équipe, Paul continuait de donner
des directives aux autres, devenus, à leur tour, chefs d’équipes. Il agissait de la sorte comme
directeur de l’ensemble des équipes et des missionnaires.
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Ce statut de directeur devait se confirmer sur le terrain

Lorsque “les apôtres Barnabas et Saul” (Act.14:14) furent mis à part pour l’oeuvre missionnaire
(Act.13), c’est Barnabas qui, à quatre reprises, est nommé en premier lieu (13:1,2,4,7). Tandis que,
par la suite, la plupart des nombreux accouplements de leurs noms donnent Paul en premier lieu.
C’est aussi toujours Paul qui agit et prend d’abord la parole quand ils sont ensemble (13:9,16,45;
14:9,11) et qui prend l’initiative de nouvelles actions (15:36). Barnabas et Marc sont appelés “les
compagnons de Paul” (13:13) et non pas lui le leur. C’est dans l’action que se manifeste la capacité
de Paul de conduire l’oeuvre, et l’ascendant qu’il prend sur ses collaborateurs. Le directeur en titre
doit d’abord l’être en réalité.

Paul dirigeait effectivement l’action de ses collaborateurs

Directives: Il coordonnait leur travail, ce qui faisait de cet ensemble une seule et même
organisation. Il leur donnait des directives: Il est dit 16 fois que Paul “envoie” l’un d’eux en
mission (pempo ou apostello). Pourtant, il ne fut pas pour cela autoritaire. Car il dit de Tite: “Il a
accueilli notre demande, et c’est de son plein gré qu’il part pour aller chez vous” (2 Cor.8: 16,17
Seg.).
Et encore d’Apollos: “Ce n’était décidément pas sa volonté de le faire maintenant; il partira quand
il en aura l’occasion” (1 Cor.16:12 Seg.). Il demande à 6 occasions à quelqu’un de le rejoindre; par
3 fois de rester là où il est; et une fois d’en prendre un autre avec lui. L’Ecriture fait donc état de 28
ordres différents adressés par Paul à des collaborateurs.

Recommandations: Il donnait aussi aux missionnaires des indications pour leur travail et faisait
des recommandations pour leur vie personnelle (voir les épîtres adressées à des individus:
Timothée, Tite et Philémon). Il écrit à ce dernier: “Je suis convaincu que tu feras ce que je te
demande - je sais même que tu feras plus encore” (Phm.21). Nul ne pouvait douter qu’il était le
directeur de la mission. Le directeur doit diriger. Le fait que Paul n’avait pas de quartier général
fixe a fait douter certain qu’il dirigeait une vraie société missionnaire. Mais un corps d’armée en
campagne a souvent un quartier général mobile. Et tout ce qui est vraiment missionnaire est plutôt
mobile que fixe, y compris sa direction. Dieu voulait que les décisions soient prises sur le champ
où se situait l’action, non aux pays d’origine, à Jérusalem ou à Antioche.

Le travail missionnaire actuel ne peut se passer d’hommes qui sont appelés et doués par Dieu pour
l’implantation d’Eglises et qui l’ont démontré sur le terrain, dans le feu de l’action. Ceux-ci, après
avoir conduit plusieurs fois une équipe, pourront rassembler autour d’eux des collaborateurs en
nombre suffisant pour constituer une société. Ces derniers accepteront des ordres et des
recommandations de la part de celui qui sera devenu, tout naturellement, leur directeur. Mais Dieu
donne-t-il encore aujourd’hui des apôtres à son Eglise pour qu’ils dirigent des sociétés
missionnaires?

6. LA VALIDITE ACTUELLE DE L’APOSTOLAT:

L’apostolat ne s’est pas limité aux douze:

Paul n’a-t-il pas constitué un cas exceptionnel, voir unique? Dans quelle mesure peut-on tirer des
leçons de sa mission ou s’en servir comme modèle pour une action missionnaire au 21e siècle? Il
saute aux yeux que seuls douze apôtres ont cheminé avec Jésus dès le début de son ministère
terrestre (Mc.3:14; Act.1:21,22) et ont été témoins oculaires du Christ ressuscité avant son
ascension (Luc 24:33,36; Act.1:2,3,22; 2:14,32; 1 Cor.15:5). Il n’y en a eu donc que douze qui
13

seront assis sur douze trônes pour juger les douze tribus d’Israël (Mat.19: 25-28) et dont les douze
noms seront inscrits sur les douze fondements de la muraille de la Jérusalem céleste (Apoc.21:14).
Mais si toutes ces choses ont trait uniquement aux douze premiers apôtres, rien dans l’Ecriture ne
suggère qu’il ne pouvait y en avoir d’autres après eux, ni que ces choses-là sont en elles-mêmes
constitutives de l’apostolat. En outre, des déclarations explicites de l’Ecriture attestent que l’Eglise
a eu des apôtres après les douze et en aura tout au long de l’ère chrétienne.

“Le Christ est apparu aux douze apôtres...puis à tous les apôtres” (1 Cor.15:5,7). Il y en avait donc
plus que douze, et que treize.

“Les apôtres Barnabas et Paul” (Act.14:4,14). Barnabas était apôtre au même titre que Paul. Ni
l’un ni l’autre n’étaient des douze.

Mais ils étaient apôtres tout autant et au même titre que les douze car Paul écrit: “Celui (Dieu) qui a
fait (energeo) de Pierre l’apôtre des circoncis a aussi fait (energeo) de moi l’apôtre des païens...
Jacques, Céphas et Jean me donnèrent à moi et à Barnabas, la main d’association, afin que nous
allions vers les païens, et eux vers les circoncis” (Gal.2:8,9 Seg.).

“Le Saint-Esprit dit: Mettez-moi à part Barnabas et Saul pour l’oeuvre à laquelle je les ai appelés”
(Act.13:2). L’Esprit Saint avait donc accordé à Barnabas le même appel à la même oeuvre
missionnaire qu’à Paul. Barnabas n’était pas un simple “émissaire”, tandis que seul Paul aurait été
pleinement apôtre du Christ.

“Paul, Silvain et Timothée... Nous aurions pu nous produire comme apôtres (pluriel) de Christ”
(1Thes.1:1; 2:7 Seg.). Le même vocable “apôtre” s’appliquait de la même façon aux trois. Silvain et
Timothée étaient donc apôtres au même titre que Paul. Ils n’étaient pas de simples “messagers”.

Paul confirme: “J’ai fait de ces choses une application à ma personne et à celle d’Apollos...Dieu a
fait de nous, apôtres (pluriel), les derniers des hommes” (1 Cor.4:6,9 Seg.).

“Saluez Andronicus et Junias...Ce sont des apôtres éminents” (Rom.16:7 TOB). Godet montre bien
qu’on ne peut traduire “aux yeux des apôtres”.

“Dans l’Eglise, Dieu a établi premièrement des apôtres...Désirez les dons les plus importants” (1
Cor.12: 28,31). L’Eglise peut-elle encore aspirer à un don qui n’existerait plus? Pourquoi donc
serait-elle privée aujourd’hui du meilleur des dons?

“Des uns le Christ a fait des apôtres...jusqu’à ce que nous soyons tous parvenus à l’unité de la foi”
(Eph.4:11-13). L’Eglise universelle n’en est pas encore là. Et elle a encore besoin d’apôtres.

La Grande Babylone de la fin des temps sera jugée par le Christ à son retour pour le mal qu’elle
aura fait à ses apôtres (Apoc.18:20). L’apostolat continuera donc jusqu’à l’apostasie finale.
Il faut retrouver le sens biblique du terme “apôtre” pour identifier aujourd’hui ceux qui le seraient,
et pour leur permettre d’exercer ce ministère au profit d’un monde qui se perd. Quel donc est ce
sens biblique?

L’apôtre est un “envoyé”, un missionnaire:

Le mot apostolos vient du verbe apostello: “envoyer”. Le Christ dit à Paul: “Va, je t’enverrai au
loin” (exapostello -Act.22:21). Le mot français: “missionnaire”, vient du verbe latin mito-mitere et
signifie aussi “envoyé”. Le caractère missionnaire du livre des actes ressortirait plus nettement si les
14

80 mentions du mot apostolos qui s’y trouvent étaient toutes traduites par “missionnaire”. Mais
l’apôtre n’est pas n’importe quel missionnaire. Ceux qui sont envoyés au loin pour témoigner du
Christ en parole et en actes dans un travail médical, éducatif, de traduction, etc., ne sont pas tous
des apôtres. Le verbe pempo signifie aussi “envoyer”, tandis que apostello signifie “envoyer avec
mandat”.

L’apôtre est missionnaire avec la charge d’annoncer l’Evangile:

Paul écrivait: “Le Christ m’a envoyé (apostello) annoncer la Bonne Nouvelle” (1 Cor.1:17). On dit
parfois, avec les meilleures intentions: “mais tout vrai croyant est un missionnaire”. On veut
souligner l’importance pour chacun d’être témoin du Christ, dans n’importe quel métier, profession
ou situation. Si le but est louable, c’est donner l’impression malgré tout, qu’il n’existe aucune
distinction entre chrétiens quant à leur service. Ce serait dire à celui qui cherche la volonté de Dieu
qu’il lui suffit de se laisser guider par ses préférences. Mais il est faux de dire que, face aux besoins
physiques et spirituels de notre monde, toutes les occupations seraient d’une égale utilité, d’une
même valeur pour le royaume de Dieu. Dire qu’on peut servir Dieu comme banquier, coiffeur,
commerçant, ou notaire est une chose. Dire qu’il importe peu quelle occupation on choisit, en est
une autre. Les buts que Dieu poursuit actuellement dans l’histoire de l’humanité ne sont pas
également servis par toutes les carrières.

Bien entendu, on pourrait imaginer qu’un homme qui réussit dans les affaires, s’en tienne au même
niveau de vie qu’un missionnaire, pour consacrer tout le reste de ses revenus à soutenir ceux qui
sont partis au loin. Mais tout chrétiens, si consacré soit-il, n’est pas un missionnaire, au sens
biblique du terme. Et toute activité légitime ne contribue pas également à faire passer des hommes
et des femmes des ténèbres à la lumière, de Satan au royaume de Dieu. Il ne s’agit pas d’une
opposition entre le travail spirituel et le travail matériel. Que Paul prêche ou que, momentanément,
il fabrique des tentes pour payer les frais (Act.18:3), le tout faisait partie de sa vocation, et était
également honorable. Mais le missionnaire est un envoyé du Christ avec le mandat spécifique
d’annoncer l’Evangile. Cependant tout missionnaire qui annonce l’Evangile n’est pas forcément
apôtre.

L’apôtre est missionnaire auprès de ceux qui n’ont pas encore été atteint par l’Evangile:

Paul écrivait aux Corinthiens: “Nous sommes bien arrivés les premiers jusqu’à vous en vous
apportant la Bonne Nouvelle du Christ” (2 Cor.10:14 ). Personne n’y était venu avant lui pour cela.
C’était un missionnaire pionnier qui franchissait des frontières, si bien géographiques que
culturelles pour frayer le chemin pour la Bonne Nouvelle. Jésus avait ordonné aux apôtres d’êtres
ses témoins jusqu’aux extrémités de la terre (Act.1:8 Seg.) et de faire des disciples parmi toutes les
nations (Mat.28:18-20). Annoncer l’évangile à des populations qui ont accès à l’Evangile et parmi
lesquelles il existent des Eglises vivantes, demeurera, certes, une nécessité. Mais “Le Seigneur dit à
Paul: Va, je t’enverrai au loin vers d’autres nations” Act.22:21). Paul en tire la conclusion: “J’ai
tenu à annoncer la Bonne Nouvelle uniquement dans les endroits où l’on n’avait pas entendu parler
du Christ, afin de ne pas bâtir sur les fondations posées par quelqu’un d’autre” (Rom.15:20 - un
autre apôtre). L’apôtre était un défricheur. Mais toute activité pionnière n’est pas forcément
apostolique.

L’apôtre est missionnaire pionnier, implanteur d’Eglises:

La dernière phrase du verset ci-dessus (Rom.15:20b) montre bien que Paul avait été établi par Dieu
comme apôtre, non pour travailler dans des Eglises fondées par d’autres apôtres, mais pour qu’il
15

pose les fondations d’Eglises locales nouvelles. Il écrivait à l’Eglise à Corinthe: “Vous êtes l’édifice
de Dieu. Selon le don que Dieu m’a accordé, j’ai travaillé comme un bon entrepreneur et posé les
fondements” (1 Cor. 3:9,10). Et plus loin, à la même Eglise:
“Ne suis-je pas apôtre?...n’êtes-vous pas le résultat de mon activité au service du Seigneur? (9:1,2).
On comprend pourquoi le don d’apôtre est “le meilleur”, “le plus important” des dons (1 Cor.12:28,
31), car il doit permettre l’implantation de nouvelles Eglises jusqu’aux extrémités de la terre, là où
il n’y en avait pas encore. Parmi les collaborateurs de Paul, Barnabas, Silvain, Timothée, Apollos,
Andronicus, Junia et deux anonymes sont aussi appelés apôtres (apostoloi). Il appartiendrait à ces
derniers, après la mort de Paul et des douze, d’être les fers de lance pour implanter de nouvelles
Eglises.

Outre des régions non-encore atteintes, il existe des générations non-encore atteintes

Certains, outre de mettre en doute la légitimité biblique d’un apostolat à notre époque, contestent
l’utilité d’implanter des Eglises locales nouvelles dans un monde dont tous les pays, sans exception
comptent au moins quelques Eglises. Mais il existe encore dans les forêts-vierges et les brousses de
la terre, des centaines d’ethnies jamais encore atteintes par l’Evangile. Et des centaines de millions
d’hommes et de femmes vivent isolés de tout témoignage chrétiens dans des pays islamisés où il est
interdit aux autochtones de se réunir au nom du Christ. De même, les masses en Occident ne sont
guère touchées par un message de salut clair et précis.

En effet, l’évangélisation dans des régions dites christianisées, ayant pour but d’amener les
nouvelles générations à intégrer des Eglises existantes, se solde souvent par un échec. Il suffit
qu’une église locale ait plus d’un demi-siècle d’existence pour que des personnes issues d’une
culture moderne y trouvent difficilement leur place. Soit l’Eglise les rejette comme un corps
étranger, soit elles n’arrivent pas à s’intégrer dans un milieu dont les traditions les rebutent. Le don
d’apôtre est encore d’actualité aujourd’hui parce que Dieu veut que des Eglises locales nouvelles et
contemporaines se créent, pour chaque génération.

Certains collaboraient à l’implantation d’Eglises sans, pour cela, être apôtres

Tous les collaborateurs de Paul dans son travail d’implantation, n’étaient pas, de ce fait, doués pour
être chefs d’équipes, avec autorité sur les Eglises qu’ils fondaient. Pourtant, la plupart des autres
membres de ses équipes d’implantation contribuaient aussi à la fondation d’Eglises. S’ils n’avaient
pas tous pour cela le don d’apôtre, ils avaient cependant chacun leur propre tâche et le ou les dons
spirituels y correspondant. Priscille et Aquilas étaient bergers-enseignants (Act.18:26-28). Jude était
prophète (Act. 15:32), Timothée était évangéliste (1 Thes.3:2;2 Tim.4:5). Lucius était enseignant
(Act.13:1), Archippe avait “reçu un ministère dans le Seigneur” (Philm 1,2). Peut-être Tite avait-il
été chargé d’assurer la collecte pour les églises pauvres parce qu’il avait le don de secourir (1 Cor.
12:28). Chaque membre du corps de Christ, et non seulement l’apôtre, a été “établi” dans l’Eglise
pour exercer son don particulier (1 Cor.12:27 -31). Ensemble, les différents collaborateurs
apportaient polyvalence et équilibre à leurs équipes d’implantation respectives. Ces équipes
constituaient de la sorte des microcosmes du corps de Christ et servaient d’embryons aux Eglises
locales naissantes.

Les capacités naturelles furent également utiles dans la société missionnaire

Professionnels: Luc était médecin (Col.4:14 ), Zénas juriste (Philm.13), Tertius rédacteur
(Rom.16:22).
16

Auxiliaires: Certains servaient dans un rôle d’assistance, au service des apôtres: “Paul et Barnabas
avaient également Jean (Marc), leur auxiliaire” (huperetes - Act.13:5 TOB). Paul, en prison, écrit à
Timothée: “Emmène Marc avec toi, car il pourra me rendre service” (2 Tim.4:11 FC). L’absence de
l’article devant “service” montre qu’il s’agissait de services rendus à l’apôtre. “Paul envoya alors en
Macédoine deux de ses aides (diakonounton), Timothée et Eraste” (Act.19:22). Ces deux jeunes
auront des responsabilités plus importantes plus tard. “J’aurais bien aimé garder Onésime auprès de
moi pendant que je suis en prison pour la Bonne Nouvelle afin qu’il me rende service” (Philm 13).

Soutien: Paul écrit à Timothée: “Onésiphore m’a souvent réconforté et n’a pas eu honte de moi qui
suis en prison...Tu connais très bien aussi tous les services qu’il m’a rendu à Ephèse” (2
Tim.1:16,18).

Des équipes polyvalentes

La compagnie de Paul comptait donc quatre types de missionnaires, tous au service de Jésus-Christ:
(1) Le directeur, coordinateur des projets,
(2) les autres apôtres, chefs des équipes d’implantation,
(3) les équipiers qui contribuaient aux implantations selon leurs charismes respectifs, et
(4) les auxiliaires dont les capacités naturelles ou le jeune âge les rendaient utiles comme aides dans
l’entreprise missionnaire. Tous ceux-là devaient également être envoyés par Dieu. Jésus disait à ses
disciples: “Priez le Maître de la moisson d’envoyer (ekballo - ”lancer”) des ouvriers dans sa
moisson” (Mat.9:38; Luc 10:2 Seg.).
“Comment y aura-t-il des prédicateurs, s’ils ne sont pas envoyés” (Rom. 10:15; Act.9:17 Seg.).
Aussi, tous les membres de l’équipe de la première campagne en Europe (voir plus haut) furent
appelés (proskaleo) à y annoncer la Bonne Nouvelle (Act.16:10), et non seulement l’apôtre.

Court terme. Moyen terme. Long terme. A vie.

Mais que dire de la période d’activité d’un missionnaire? Tout engagement serait-il à vie? Ce fut
sans doute le cas de ceux qui avaient le don d’apôtre. On conçoit difficilement que Paul ait, à un
moment donné, embrassé une autre carrière. Nous avons détaillé ci-dessus, dans notre premier
tableau, le nombre d’années de collaboration avec l’apôtre d’une douzaine de ses compagnons; du
moins, ce qui peut être prouvé par les données biblique. Il se peut que certaines de ces périodes
d’activité furent plus longues. Il faut en conclure, cependant, que la plus grande flexibilité était de
mise. Le changement étant l’unique constante dans l’oeuvre missionnaire, il faut pouvoir s’adapter
aux situations nouvelles et être ouvert à la direction de l’Esprit. Celui qui servait à moyen terme
n’était pas forcément un moins bon missionnaire que celui à long terme. Quitter une équipe ne
constituait pas nécessairement une défection. Rester ad infinitum auprès d’une Eglise nouvelle
pouvait freiner l’éclosion en son sein d’une direction locale responsable. Un service à court terme
d’un an ou deux pouvait apporter une formation utile à celui qui, plus tard, prendrait des
responsabilités dans une Eglise. Cette expérience lui permettait aussi de communiquer une vision
missionnaire à cette Eglise, voir, à ses propres enfants. L’important était un engagement à vie vis-à-
vis du Seigneur Jésus, plutôt que vis-à-vis d’une équipe, de la société, voir d’un champ
missionnaire.

Il existe encore aujourd’hui des gens que Dieu appelle à être apôtre et auxquels il accorde ce don
spirituel. Ils ont le charisme pour être des missionnaires pionniers, pour évangéliser et implanter des
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Eglises là où il en manque. Parce qu’ils sont souvent méconnus, il faut que les Eglises aspirent à ce
que se manifeste en leur sein ce meilleur des dons. Il doit être découvert et reconnu, et celui à qui
Dieu l’a accordé doit être envoyé. En même temps l’Eglise peut encourager d’autres de ses
membres à se joindre à des équipes missionnaires pour y exercer leurs dons respectifs ou pour
accomplir des tâches auxiliaires en faveur de la direction de la compagnie. Mais existe-t-il des
traces, dans l’histoire de l’Eglise, de sociétés missionnaires, après celle de Paul au Ie siècle?

Deuxième partie - UN ENGAGEMENT


7. LA VOCATION MISSIONNAIRE:

Paul un prototype? C’est chez l’apôtre qu’on voit la vocation missionnaire dans son essence.
Certains éléments surnaturels dans l’expérience de Paul lui furent, certes, particuliers. Ceux-ci ne
doivent pas être considérés comme de l’essence-même de tout appel missionnaire. Les autres, que
l’Ecriture dénomme “apôtres”, y compris les douze, n’ont pas tous été terrassés par une lumière
aveuglante, n’ont pas tous reçu un message audible, n’ont pas tous eu des visions. Personne ne doit
être exclu d’un service missionnaire du simple fait de n’avoir pas vécu de tels phénomènes. Il n’est
pas nécessaire de les rechercher, ou de vouloir les imiter sans, pour cela, en exclure la possibilité.
Dieu n’a pas une méthode-standard pour faire entendre son appel. Et les circonstances qui entourent
une vocation varient d’une personne à l’autre. Toutefois, les lignes essentielles de la vocation de
Paul peuvent servir de guide: (1) pour déterminer ce qui constitue un appel missionnaire, (2) pour
montrer comment il convient d’y répondre, (3) pour aider l’Eglise locale à assumer le rôle que Dieu
lui confie en la matière, et (4) pour comprendre les possibilités et les limites du recrutement.

En quoi consiste un appel missionnaire?

Avant de rencontrer le Christ, Saul de Tarse pensait servir Dieu. Mais son service n’était pas en
conformité avec le programme du Seigneur. On peut se tromper d’agenda. La vocation missionnaire
découle de l’ordre du jour actuel de Dieu dans l’histoire de l’humanité. La première question à se
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poser n’est pas: “Dieu, que veut-il que je fasse de ma vie?”, mais: “Dieu, qu’est-il en train de faire
dans le monde? Qu’est-ce qui est à son ordre du jour?” Seule une connaissance de l’Ecriture permet
d’y répondre.

La toile de fond

Dieu aime le monde (Jean 3:16).


Il ne veut pas qu’aucun périsse (2 Pi.3:9).
Il a envoyé son Fils pour être le Sauveur du monde (1 Jean 4:14).
Il l’a donné comme victime expiatoire pour les péchés du monde entier (1 Jean 2:2).
Dieu veut que tous les hommes soient sauvés (1 Tim.2:4).
Jésus a dit à ses disciples d’aller par tout le monde et d’annoncer la Bonne Nouvelle à toute créature
(Mc.16:15), jusqu’aux extrémités de la terre (Act.1:8). Il s’agit d’un ordre, non d’une suggestion.
Il ajoute que cette Bonne Nouvelle serait annoncée dans le monde entier pour servir de témoignage
à toutes les nations et qu’alors viendrait la fin (Mat.24:14).
Il a aussi fixé un jour où il jugera le monde (Act. 17:31).
Jésus dit: “Levez les yeux et regardez les champs; les grains sont mûrs et prêts pour la moisson”
(Jean 4:35).

Tout enfant de Dieu se doit de partager le fardeau de son Père céleste, de se forger une conviction
sur la condition de l’homme sans Jésus-Christ, de s’informer sur les besoins du monde, et sur les
populations les moins desservies par des ouvriers. L’échelle des valeurs d’une personne joue un rôle
important dans ses choix de vie. Il existe des endroits sur terre où les gens vivent et meurent sans
jamais avoir l’occasion d’entendre le nom de Jésus. Il en existe d’autres où n’importe qui peut
trouver une Bible ou de la littérature chrétienne, entendre l’Evangile à la radio ou la télévision,
interroger un chrétien, visiter une Eglise. Tous ces éléments constituent la toile de fond sans
laquelle on ne peut apprécier l’appel missionnaire à sa juste valeur. Mais beaucoup d’Eglises n’ont
pas actuellement les mêmes priorités que Dieu. Et cependant, les besoins matériels et spirituels du
monde et l’ordre missionnaire général du Seigneur à son Eglise ne constituent pas en eux-mêmes la
vocation missionnaire. Pourrait-on se choisir apôtre? L’Eglise locale pourrait-elle “bombarder”
quelqu’un missionnaire? Dans quelle mesure une société missionnaire peut-elle “recruter” des
collaborateurs? Dieu demande-t-il des volontaires? L’action de Dieu qui fit de Paul un
missionnaire s’est déroulée en trois temps:

La mise à part

“Paul, chargé d’être apôtre non point par les hommes ou par l’intermédiaire d’un homme, mais par
Jésus-Christ et Dieu le Père...Lorsqu’il plut à celui qui m’avait mis à part dès le sein de ma mère, et
qui m’a appelé par sa grâce, de révéler en moi son Fils, afin que je l’annonce parmi les païens,
aussitôt, je ne consultai ni la chair ni le sang” (Gal.1:15, 16 Seg.). La mise à part eut lieu dès la
conception de Paul, qui n’y était donc lui-même pour rien. Le caractère souverain de cette mise à
part est souligné par le moment où il eut lieu, avant-même la naissance et la conversion de
l’intéressé. Et aussi par la source de cette action dans le simple bon plaisir de Dieu. Paul n’a pas été
appelé parce que Dieu avait reconnu en lui une valeur personnelle intrinsèque. Tout appel
authentique comporte un élément impénétrable. Et sans l’intervention divine, il n’y a pas de
vocation. Mais celle-ci devient une nécessité intérieure pour l’intéressé, qui doit agir en
conséquence (1 Cor.9:16). Elle sera aussi accompagnée des dons nécessaires à sa réalisation. Et
ceux-ci doivent également être reconnus par d’autres. Le fait que des millions d’hommes n’ont pas
encore été évangélisés ne constitue pas en soi une vocation missionnaire. Ni présomption, ni
précipitation, ni la sourde oreille.
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L’appel proprement dit

Définition: Un appel est une parole, adressée par quelqu’un d’un rang supérieur, pour que la
personne dont le nom est prononcé, s’approche en vue de se voir accorder une qualité et confier une
tâche. La vocation de Paul eut lieu à un moment précis. “Comme j’approchais de Damas...
J’entendis une voix qui me disait: Saul, Saul, pourquoi me persécutes-tu?...Je suis Jésus de
Nazareth...Lève-toi, va à Damas, et là on te dira ce que tu dois faire” (Act.22:6-10 Seg.).
“Paul, appelé à être apôtre de Jésus-Christ...” (1 Cor.1:1). Il n’avait pas demandé que Jésus lui
parle. L’appel avait sa source dans la seule grâce de Dieu. Paul explique: “Je ne suis pas digne
d’être appelé apôtre...Par la grâce de Dieu je suis ce que je suis” (1 Cor.15:9,10 Seg.). La raison de
son appel ne se trouvait pas en lui-même, mais dans la faveur imméritée de Dieu. “Par lui nous
avons reçu la grâce et l’apostolat, pour amener à l’obéissance de la foi tous les païens” (Rom.1:5
Seg.). Cet appel visait pour Paul un but précis, l’évangélisation des non-Juifs. Entre temps, “Il y
avait à Damas un disciple nommé Ananias... Le Seigneur lui dit: Va, car cet homme est un
instrument que j’ai choisi, pour porter mon nom devant les nations païennes” (Act.9: 4-6; 10-15).

Qu’est-ce que l’envoi de Dieu si l’homme ne prend pas ses responsabilités?

“Le Seigneur me dit:...Je te délivre déjà du peuple et des nations païennes vers qui je t’envoie
(apostello-Act.26:17; 22:21 TOB). “Barnabas et Saul, envoyés en mission par le Saint-Esprit
...partirent en bateau pour l’île de Chypre” (Act.13:4). Cet envoi, le Saint-Esprit l’a fait par
l’intermédiaire de l’Eglise à Antioche. Dieu doit appeler et envoyer pour qu’il y ait vocation
missionnaire - ce qui n’exclut aucunement la responsabilité humaine. Si, après 2000 ans, toutes les
nations païennes n’ont pas encore été touchées par l’Evangile, est-ce parce que Dieu n’a pas appelés
des hommes et des femmes en nombre suffisant? Ou est-ce parce que certains n’ont pas écouté et
obéi? Ou toutes les Eglises ont-elles joué le rôle que Dieu leur confie pour favoriser les vocations
missionnaires? Si c’est Dieu qui met à part l’apôtre, qui l’appelle, qui l’envoie, que pourraient donc
faire les hommes pour que plus d’apôtres partent effectivement en mission? La responsabilité
première repose chez celui qui est appelé. Voyons comment Paul réagit à l’appel:

Comment Paul répond à l’appel

Il entend et réagit

“Saul entendit une voix qui lui disait: Saul, Saul...Il demanda: Qui es-tu? (Act. 9:4,5). Dieu appelle.
Encore faut-il entendre. Les préoccupations personnelles de Paul, le bruit du travail auquel il se
donne, ne l’empêchent pas de percevoir et de réagir à la voix de Dieu. On peut être tellement pris
par ses propres projets, occupé à gagner sa vie, qu’on risque de la perdre. On n’est pas attentif, à
l’écoute. On n’envisage pas que Dieu puisse nous parler. S’il le fait, on est absorbé, assourdi par ses
propres préoccupation, par le vacarme du carrousel sur lequel on tourne.

Il reconnaît la seigneurie du Christ

Les paroles: “Je suis Jésus” reçoivent de sa part une réaction immédiate: “Saul dit: Seigneur...”,
(9:5,6). D’emblée, il reconnaît l’autorité de Jésus sur sa personne. Nul ne sera jamais dirigé vers le
champ missionnaire sans ce premier acte de soumission, ce serment d’allégeance. L’apôtre
reconnaîtra désormais au Christ le droit d’intervenir dans tous les choix et toutes les décisions de sa
vie. Cette question une fois réglée, il sera relativement facile de découvrir la volonté de Dieu. Fort
de sa propre consécration au Christ, Paul lance un défi à tous les chrétiens à Rome: “Je vous exhorte
donc, frères...à offrir vos corps comme un sacrifice vivant ... afin que vous discerniez quelle est la
volonté de Dieu” (Rom.12:1,2 Seg.). Certains désirent savoir ce que Dieu veut, pour décider ensuite
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si oui ou non il vont le faire. Ce sera en vain. Sans cet engagement préalable et inconditionnel, on
pourrait bien “essayer de faire la volonté de Dieu”, mais on ne pourra jamais être certain d’avoir
bien investi sa vie. Et, hélas, on n’a qu’une seule vie. De là l’importance de la consacrer à ce qui a
une valeur éternelle.

Il cherche à connaître la volonté de Dieu

“J’ai demandé alors: que dois-je faire, Seigneur?” (Act.22:10). C’est une prière. Sa première
impression est que Jésus s’attend à quelque chose de sa part. Il ne s’agit pas chez lui d’une
disponibilité passive, attentiste. Il cherche activement à être dirigé par Dieu. Il est ouvert à tout.
Face à l’appel du Christ et aux besoins dans le monde, certains se disent prêts à partir au loin, tout
en comptant rester au pays. En général, ceux dont Dieu dirige la vie envisagent de partir, tout en
étant prêts à rester. Quelle donc est la réaction instinctive de celui qui voit six hommes transportant
une poutre, dont cinq à un bout, et un seul à l’autre? Et malgré cela, les besoins pressants ne sont
pas la vocation. Jésus ne dévoile pas d’emblée à Paul toute sa volonté. Il répond sur le champ à sa
demande, par une directive à court terme. “Relève-toi, va à Damas, et là on te dira tout ce que Dieu
t’ordonne de faire” (Act.22:10). Il lui donne en même temps l’assurance qu’il en saura davantage,
plus tard. Pour connaître la volonté de Dieu, il faut croire que Dieu dirige celui qui la cherche
sincèrement. Il le fait sûrement, mais un pas à la fois. Tantôt par une lecture biblique, tantôt par une
impression mûrie dans la prière, tantôt par une résistance ou un encouragement de l’Esprit, toujours
selon la sagesse.

Il obéit à ce que Dieu lui a déjà dit

“Va à Damas” (Act.22:10). “J’arrivai à Damas” (22:11 Seg.). Il faut faire ce qu’on sait de la
volonté de Dieu, pour en savoir plus. “Or un nommé Ananias, homme pieux...vint se présenter à
moi, et me dit:...le Dieu de nos pères t’a destiné à connaître sa volonté; car tu lui serviras de
témoin, auprès de tous les hommes” (Act.22: 12-15 Seg.). Il est donc possible de connaître la
volonté de Dieu en ce qui concerne le service. Le Seigneur tient parole et, par l’intermédiaire d’un
homme, précise pour Paul la portée de sa mission. Dieu se sert parfois de l’un de ses fidèles
serviteurs pour interpeller un jeune au sujet d’un service missionnaire. Le Seigneur veut qu’on
réponde d’abord à son appel général: au salut, à l’obéissance et à la sainteté, avant qu’il ne nous
révèle son appel personnel et individuel à un ministère. Voila donc Paul engagé dans la mission que
Dieu lui réserve. Il écrira plus tard à Timothée: “Il n’est pas de soldat qui s’embarrasse des affaires
de la vie, s’il veut plaire à celui qui l’a enrôlé” (2 Tim.2:3,4 Seg.). Paul est soldat du Christ, parce
qu’enrôlé par le Christ.

Il commence à annoncer l’Evangile là où il est

“Sans attendre, Paul proclamait dans les synagogues que Jésus est le Fils de Dieu” (Act.9:20 Seg.).
“Je n’ai point résisté à la vision céleste: à ceux de Damas d’abord, puis à Jérusalem...j’ai prêché la
repentance et la conversion à Dieu” (Act.26: 19,20 Seg.). Paul n’offre aucune résistance à l’appel
du Seigneur, mais y répond en s’adressant sans plus attendre à ceux qui sont à portée de main.
Ceux-ci ne sont pas réceptifs pour autant: “Les Juifs se sont saisis de moi dans le temple, et ont
tâché de me faire périr” (26:21 Seg.). Chacun a son propre “Jérusalem”, souvent hostile, où il doit
être témoin du Christ avant de l’être jusqu’aux extrémités de la terre. Paul avait manifestement
calculé la dépense.

Si on ne commence pas à être missionnaire chez soi, un long voyage n’y changera rien. Dieu dirige
plus facilement celui qui est en mouvement que celui qui s’assied pour attendre de connaître l’étape
suivante. L’oisif, le paresseux, même doué pour l’oeuvre de Dieu, est comme une voiture à l’arrêt.
21

On a beau tirer sur le volant, elle est difficilement dirigeable. C’est pourquoi Paul écrit à Timothée:
“Ne néglige pas le don spirituel que tu possèdes” (1 Tim.4:14). Exerçons-nous pleinement nos dons
et capacités là où nous sommes, malgré les oppositions? L’apôtre écrit encore: “Je t’exhorte à
ranimer (réenflammer) le don de Dieu qui est en toi” (2 Tim. 1:6 Seg.). Les tièdes se privent de la
direction de Dieu, et les talents dont on ne se sert pas, s’atrophient.

Il se soumet à une longue préparation

Le temps n’épargne pas ce qui se fait sans lui. Vinrent alors une dizaine d’années, que Paul passe
dans la retraite et dans l’ombre, en Arabie (Gal.1: 17), à Tarse (Act.9:30; 11:25), en Syrie et en
Cilicie, où, cependant, il ne fut pas inactif (Gal.1:21; Act.15:23,41). S’est-il impatienté en attendant
que soit lancée sa carrière missionnaire proprement dite? (13:1-4). C’est pendant cette période que
l’apôtre reçoit les révélations de la part du Seigneur (2 Cor.12:1-6) qui lui permettent d’expliciter
les richesses de l’Evangile, comme il le fait dans ses épîtres (Eph.3:3). Mais en même temps, il lui
est mis une écharde dans la chair, une infirmité physique, pour lui montrer que la puissance du
Christ s’accomplit dans la faiblesse (2Cor.12:7-10). Il fallait que le Juif bien né, érudit, zélé,
entreprenant, sache ce que veut dire avoir été crucifié avec le Christ et ne pas avoir confiance en la
chair. Il a connu un brisement.

Aucune préparation ne suffira entièrement à un missionnaire pour faire face aux difficultés et aux
épreuves qu’il rencontrera. Celles-ci le surprendront par leur nombre et leur intensité. Il ne pourra
jamais cesser de dépendre de Dieu à tout moment. Il n’empêche que Dieu s’est servi des capacités
humaines de Paul. Et la culture générale est un atout non négligeable pour n’importe quel
misssionnaire. La mission C.M.A., fondée à la fin du XIXe siècle a commandé une étude des
carrières complètes de plusieurs centaines de ses missionnaires, ayant servi dans de nombreux pays
différents. Le nombre élevé d’années d’études post-secondaires s’est révélé être un des facteurs
déterminants chez ceux qui avaient servi le mieux et le plus longtemps en terre de mission.

Les événements qui entourèrent sa conversion furent pour le moins tumultueux. Il avait vécu une
révolution spirituelle, mentale, émotionnelle. Avant de procéder plus loin, il fallait un temps de
réflexion, d’assimilation, d’expérience de terrain. Répondre à l’appel de Dieu, c’est acquérir une
formation biblique, s’engager dans une variété de ministères sur le tas, éviter les voies de garage et
les fausses pistes, se renseigner en profondeur sur tout ce qui concerne l’oeuvre missionnaire: les
champs, les sociétés, les méthodes, les problèmes. Evacuer tout romantisme. Accepter d’être
enseigné, testé, aguerri, pendant des années s’il le faut, tout en gardant le cap.

Sur le marché du travail, il existe des “surcalifiés”. Actuellement, le doctorat en théologie n’est pas
forcément la formation qui donne les meilleurs résultats sur le terrain missionnaire. Il produit des
experts en chambre, sans expérience qui éprouvent de la peine à comprendre qu’ils doivent
recommencer à zéro. Il est difficile pour des érudits de se trouver réduits à l’état de bébés pour
l’apprentissage d’une nouvelle langue. Et le travail missionnaire terre à terre au départ, leur semble
être un gaspillage de leurs connaissances. La question de la formation missionnaire sera abordée
plus loin. Il faudra déterminer quel est le type d’école que le Nouveau Testament prévoit pour le
perfectionnement au ministère.

Il acquiert une conviction inébranlable quant à sa mission

Il écrit: “Paul, apôtre de Jésus-Christ par la volonté de Dieu...” (1 Cor.1:1 Seg.). Le Seigneur lui
imposait une charge dont il devait s’acquitter. Seule cette certitude lui permettrait de persévérer à
travers les oppositions, la lapidation, le mépris, les dangers, les naufrages, les flagellations, les
privations, la prison et les soucis que lui donnaient toutes les Eglises (2 Cor.11:23-29). “J’ai été
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moi-même saisi par Jésus-Christ” (Phil.3:12). “Annoncer l’Evangile... c’est une nécessité qui
s’impose à moi: malheur à moi si je n’annonce pas l’Evangile!” (1 Cor.9:16 Seg.). C’était plus fort
que lui. Et c’est Dieu qui, désormais, est responsable. Il doit prendre en charge ses serviteurs,
aplanir les sentiers, leur permettre de surmonter les obstacles. Paul écrit: “Celui qui vous appelle
est fidèle: c’est lui encore qui agira” (1 Thes.5:24 TOB).

Rien d’autre ne peut expliquer la carrière de l’apôtre, et les avancées missionnaires qui ont eu lieu
dans le monde depuis 2000 ans, malgré tout. Quand un missionnaire rencontre les difficultés
inévitables: maladie, dangers, solitude, pauvreté, persécutions, ingratitudes, oppositions sataniques,
il a besoin d’être sûr de sa vocation. Il lui est indispensable de savoir qu’il est là où Dieu l’a placé,
en train de faire ce que Dieu lui a demandé de faire. Une impression ou une émotion passagère ne
suffit pas. Mais on ne peut avoir la conviction que Dieu nous a envoyé en mission, si on n’a pas été
d’accord de rester au pays. Et on ne peut poursuivre avec conviction une carrière au pays, si on n’a
pas été d’accord de partir au loin. Un chrétien doit pouvoir dire: “Instituteur, par la volonté de
Dieu”, “Femme au foyer, par la volonté de Dieu, “Homme d’affaires par la volonté de Dieu”. Et
pouvoir en même temps, consentir des sacrifices équivalents à ceux d’un missionnaire, pour
atteindre le monde.

Dieu ne change pas, et aime le monde tout autant aujourd’hui qu’autrefois. Il continue aussi
d’appeler souverainement des apôtres pour faire connaître le Christ à toutes les ethnies de la terre.
Tout chrétien doit être à l’écoute de la voix du Christ pour savoir à quoi celui-ci le destine au sein
de son corps. Dans la mesure où il en est ainsi, ceux qui ont le don d’apôtre répondront présent,
pour s’engager dans ce ministère. Mais la conviction personnelle d’une vocation missionnaire est-
elle suffisante?
8. LA CONFIRMATION DE L’APPEL PAR L’EGLISE:

La vocation missionnaire n’est pas une question purement subjective et privée, qui ne regarde que
les intéressés. Les cas ne manquent pas, de chrétiens qui ont échoué dans une société et sur un
champ missionnaires, pour devoir réaliser qu’ils n’y étaient pas à leur place. Ils rentrent au pays la
tête basse, avec de profondes blessures et non sans avoir fait des dégâts. Se sont-ils fait des
illusions? Ont-ils eu l’occasion préalablement de faire leurs preuves? Ont-ils voulu,
inconsciemment, changer de cadre, se valoriser, suivre ou plaire à quelqu’un? Dieu confie à son
Eglise un rôle complémentaire d’encouragement et de contrôle dans la vocation missionnaire.

L’Eglise permet le développement des dons spirituels, et ensuite les certifie:

Personne n’est bon juge de ses propres aptitudes. “Barnabas amena Paul à Antioche. Ils passèrent
tous deux une année entière dans cette Eglise et instruisirent dans la foi un grand nombre de
personnes...Dans l’Eglise d’Antioche, il y avait des prophètes et des enseignants: Barnabas...et
Saul” (Act.11:26; 13:1). L’orgueil ou l’ambition peuvent aveugler quelqu’un sur ses propres
capacités. On peut se faire des illusions. L’appel souverain de Dieu, qui ne fait aucun doute pour
Paul lui-même, demande confirmation objective de la part d’une Eglise. Et on ne sert pas l’Eglise
malgré elle, sans qu’elle apprécie et accepte le ministère de quelqu’un. Toute vocation est assortie
des dons spirituels qu’elle demande. Dieu n’appelle personne à une tâche, sans lui donner les
moyens de l’accomplir. La meilleure des formations ne fera pas d’un enseignant un apôtre. Certes,
aucune Eglise n’est infaillible, mais tous les chrétiens, y compris ceux qui sont spirituels, ne se
trompent pas à tous les coups.

Mais les vocations mettent aussi à l’épreuve l’Eglise locale et ses responsables. Ces derniers
exercent-ils un monopole sur les ministères, ou donnent-ils l’occasion à d’autres, comme Paul, de
manifester et de développer leurs dons? Ont-ils l’esprit clérical, ou forment-ils et encouragent-ils
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des jeunes pour qu’ils fassent leurs armes et leurs preuves? Certains dons cachés demandent d’être
découverts. Les plus doués sont parfois les plus modestes. Le complexe d’infériorité existe. Là aussi
les bergers de l’Eglise ont un rôle à jouer. Et si les responsables d’une Eglise locale particulière sont
insensibles à la voix du Saint-Esprit et refusent de reconnaître des dons parfaitement évidents, Dieu
peut justifier une vocation par l’entremise d’autres chrétiens. L’intéressé devra persévérer
humblement dans l’exercice de ses dons et user de patience.

L’Eglise peut-elle “perdre” un jeune au profit de la mission? Quand des jeunes s’engagent dans
l’Eglise, que leurs dons se manifestent, qu’on leur confie des tâches et des responsabilités, ils ne
tardent pas à devenir indispensables. Alors on veut les garder pour qu’ils servent l’Eglise. C’est à la
fois une pensée logique et un mauvais calcul. Car, si la mission a besoin de l’Eglise, l’Eglise a aussi
besoin de la mission. Une Eglise égoïste, repliée sur elle-même dépérit. Les exemples de cette
réalité sont légions en Europe. “Tel, qui donne libéralement, devient plus riche; et tel qui épargne à
l’excès, ne fait que s’appauvrir. La personne généreuse prospérera” (Prov.11:24,25 Seg.). C’est vrai
de l’Eglise qui cultive une vision missionnaire, qui laisse partir et soutient ceux que Dieu appelle -
même quand ceux-ci sont ses éléments les plus prometteurs. Paul et Barnabas furent parmi les
conducteurs les plus en vue de l’Eglise à Antioche. A première vue, la “perte” pour l’Eglise allait
être grande. Quoi donc en fit une Eglise d’envoi?

L’Eglise cultive l’atmosphère favorable à l’envoi de missionnaires

“Un jour, pendant qu’ils célébraient le culte du Seigneur et qu’ils jeûnaient, le Saint-Esprit leur dit:
Mettez à part Barnabas et Saul pour l’oeuvre à laquelle je les ai appelés” (Act.13:2 ). La voix de
Dieu, qui dévoile ceux qu’il a appelés, se fait entendre à l’Eglise réunie dans un esprit de prière, de
sérieux et de sobriété. Paul avait sans doute eu l’occasion, pendant l’année écoulée, de parler de sa
rencontre avec le Christ sur le chemin de Damas. Mais l’Esprit de Dieu lui-même devait adresser
une parole à l’Eglise. Le texte ne précise pas par quel moyen l’Esprit s’était exprimé. Il est peu
probable qu’une voix audible se fit entendre du ciel. Peut-être cette parole est-elle venue par l’un
des enseignants ou l’un des prophètes mentionnés au verset précédent (13:1), et d’un consensus de
l’assemblée au sujet de cette parole. Quoi qu’il est soit, c’est l’Esprit-Saint qui prend l’initiative et
qui précise qu’il avait déjà, précédemment appelé Barnabas et Saul. Eux-mêmes en étaient
d’ailleurs convaincus. L’Eglise ne choisit pas les apôtres, elle ne se trouve pas à l’origine de leur
appel, mais en donne la confirmation. La question se pose: “Et si l’Eglise n’avait pas été dans les
dispositions voulues pour entendre la voix de l’Esprit et pour reconnaître ces vocations
missionnaires?” Parmi toutes les Eglises locales du monde, certaines sont de véritables pépinières
de vocations. D’autres sont d’une affligeante stérilité. Où se situerait la différence?

Si une Eglise n’envoie pas de missionnaires, est-ce parce que Dieu n’appelle plus les jeunes
aujourd’hui comme autrefois? Est-ce parce que les jeunes n’ont plus de colonne vertébrale et sont
matérialistes? Ou est-ce parce que certaines Eglises ne s’attendent pas à ce qu’il se manifestent des
vocations en leur sein, ou ne le souhaitent pas vraiment Ou est-ce parce qu’elles ne pourvoient
guère le contexte spirituel favorable et nécessaire à leur éclosion? A Antioche, l’Eglise célébrait le
culte et jeûnait quand l’Esprit Saint a parlé. L’esprit profane et l’estomac trop plein son rarement à
l’écoute de l’Esprit de Dieu. Des parents en vue dans l’Eglise mettent la pression pour que leurs
enfants s’assurent d’abord une situation stable et un certain statut. Des pasteurs répètent à l’envi
qu’on a besoin d’hommes d’affaires et de cadres supérieurs chrétiens, et qu’on sert Dieu tout aussi
bien dans ses carrières-là. Et on s’étonne qu’aux yeux des jeunes, l’oeuvre missionnaire fasse pâle
figure par comparaison. Mais carrière n’est pas appel, et emploi n’est pas vocation.

Comment donc valoriser l’oeuvre missionnaire? Paul en parle en ces termes: “En tant qu’apôtre des
païens, je glorifie mon ministère” (Rom.11:13 Seg.). Il classifie les dons spirituels selon l’ordre de
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leur importance, dans son enseignement de l’Eglise à Corinthe: “Dieu a établi dans l’Eglise
premièrement des apôtres, deuxièmement des prophètes, troisièmement des enseignants,
ensuite...Aspirez aux dons les meilleurs” (1 Cor.12:28-31 Seg.). Il n’encourage pas l’individu à
aspirer à un don qu’il n’a pas, mais demande à l’Eglise d’aspirer à ce qu’il se manifeste en son sein
le premier des dons spirituels, c.à.d. celui d’apôtre, de missionnaire implanteur d’Eglises. Certaines
Eglises mettent systématiquement en avant les missionnaires, leur travail, leurs difficultés, leurs
besoins, leurs finances. Elles pourvoient à tous leurs membres des moyens de se former
bibliquement et sur le tas, en vue d’un travail missionnaire. Et y joignent des encouragements. Et
personne ne s’étonne quand des jeunes, des recyclés, voir des retraités, se lèvent pour la mission.

Les prières de l’Eglise, moteur de l’action missionnaire

“Le Saint-Esprit dit: Mettez-moi à part Barnabas et Saul pour l’oeuvre à laquelle je les ai appelés.
Alors, après avoir jeûné et prié, il leur imposèrent les mains” (Act.13:2,3 Seg.). L’Eglise était
consciente qu’ils auraient besoin de la puissance du Seigneur pour accomplir ce travail, et elle prie
de concert pour eux. Cette intercession est exprimée en d’autres termes, à leur retour de leur
premier voyage: “Ils s’embarquèrent pour Antioche, d’où ils avaient été recommandés à la grâce de
Dieu pour l’oeuvre qu’ils venaient d’accomplir. Après leur arrivée, ils convoquèrent l’Eglise, et ils
racontèrent tout ce que Dieu avait fait avec eux, et comment il avait ouvert aux nations la porte de
la foi” (Act.14:26, 27 Seg.). Ce texte établit un rapport direct entre la prière de l’Eglise et la grâce
de Dieu agissant avec puissance par le moyen des missionnaires. Ceux-ci estiment par conséquent,
qu’ils doivent un rapport à ceux qui avaient intercédé pour eux. De nombreux non-juifs avaient été
amenés à la foi et au moins quatre nouvelles Eglises avaient été implantées, fortifiées, organisées et
dotées d’anciens pour les diriger (14:20-25). C’est Dieu qui l’avait fait, mais non sans l’intercession
de l’Eglise. Une fois de plus, au terme de sa prochaine visite à Antioche, “Paul partit, après avoir
été confié par les frères à la grâce du Seigneur” (Act.15:40 ).

Mais il ne fallait pas s’en tenir à cette prière initiale. Nous aborderons plus loin les sujets de prière
précis que Paul demande aux églises de mentionner dans leur intercession en sa faveur. Les prières
des Eglises ont toujours été, à travers les siècles, le moteur de l’action missionnaire. De nombreuses
Eglises, aujourd’hui encore, favorisent l’intercession pour leurs missionnaires en portant des
nouvelles de leur travail à l’attention des membres et en donnant de la place à la prière pour eux
dans leurs diverses réunions. Mais ne fallait-il pas une consécration officielle?

L’Eglise met les missionnaires à part pour l’oeuvre, par l’imposition des mains

“”Le Saint-Esprit dit: Mettez-moi à part Barnabas et Saul pour l’oeuvre à laquelle je les ai appelés.
Alors, après avoir jeûné et prié, ils leur imposèrent les mains, et les laissèrent partir (13:2,3 Seg.).
L’Eglise locale, en agissant de la sorte, montre qu’elle a compris l’ordre du Saint-Esprit concernant
les deux hommes. Elle est l’agent pour reconnaître officiellement ceux que Dieu a appelé. En effet,
l’appel de Dieu, personnel et intérieur précède la consécration officielle et publique, par l’Eglise.
Nous ne lisons pas non plus que les apôtres à Jérusalem aient été consultés avant que le Saint-Esprit
ne s’adresse à l’Eglise à Antioche. Et qui impose les mains aux missionnaires? Aucun des douze ne
se trouvait parmi eux. Si la chose n’est pas précisée, c’est qu’elle avait peu d’importance.

Une succession apostolique? Un sacrement de l’ordre? Paul déclare à ce sujet: “Quand Dieu décida
de me révéler son Fils pour que je le fasse connaître parmi les non-Juifs, je ne suis allé demander
conseil à personne, et je ne me suis pas non plus rendu à Jérusalem auprès de ceux qui furent
apôtres avant moi” (Gal.1:16,17). Par conséquent, nul besoin d’un pape, d’un évêque, d’un roi, d’un
ordre religieux ou d’une société missionnaire pour adresser un appel. C’est Dieu qui appelle
directement l’individu. Et c’est encore Dieu qui accorde un statut à l’Eglise locale, pour que celle-ci
25

soit son instrument pour favoriser et reconnaître les vocations. Tout le mouvement missionnaire
s’en trouve libéré, élargi et dynamisé.

Un nouveau départ! Barnabas et Paul avaient tous les deux servi le Seigneur depuis longtemps. Et
des efforts d’évangélisation ponctuels et individuels avaient déjà été entrepris par d’autres: Philippe
à Samarie et auprès de l’eunuque éthiopien, Pierre chez Dorcas et chez Corneille, l’officier romain.
Cependant, l’Eglise universelle n’avait pas encore connu une entreprise missionnaire formelle et
organisée en vue de propager la Bonne Nouvelle et d’établir des Eglises locales parmi les nations
païennes. Il s’agissait d’un nouveau départ qui demandait une nouvelle commission. Et sans
avertissement ni explication apparaît désormais dans les textes le nom “Paul” au lieu du nom “Saul”
(13:9). Saul est nommé15 fois dans le livre des Actes avant ce chapitre 13, sans avoir été appelé
“apôtre”. Il est alors nommé à la tête d’un grand mouvement missionnaire et désormais est appelé
“apôtre” et “Paul”. C’était aussi Antioche, une Eglise de non-Juifs qui lance la mission aux gentils.
Elle appuie les deux apôtres dans leur action. Cette Eglise devient ainsi la base de la nouvelle
mission. C’est d’elle, et non de Jérusalem, et encore moins de Rome, que partent les apôtres, et
c’est à elle qu’ils reviennent, pour faire rapport, et ensuite repartir. Les liens entre la mission et
l’Eglise locale étaient fraternels, mutuels, non pas contractuels, institutionnels ou hiérarchiques.

L’Eglise sépare et laisse partir les missionnaires

“Le Saint-Esprit dit: Mettez-moi à part (aphorizo - le sens premier est “séparer”) Barnabas et Saul
pour l’oeuvre...Alors, ils les laissèrent partir” (13:2,3 Seg.). L’église à Antioche obéit à l’Esprit
Saint. Les apôtres sont détachés de l’Eglise locale pour l’action missionnaire. Ce détachement est
complet. Ce même verbe est employé pour la séparation des brebis d’avec les boucs au jugement
des nations (Mat.25:32). Les missionnaires sont donc “séparés” de leurs ministères précédants dans
cette Eglise. Ils le sont “pour moi”, c.à.d. “pour l’Esprit Saint”, pour être à sa disposition et sous sa
direction pour une oeuvre nouvelle à laquelle il les avait appelés. Un changement dans la relation
entre l’Eglise locale et les deux missionnaires doit intervenir pour que ces derniers puissent apporter
l’évangile au loin. L’Eglise les “laisse partir” (apolouo, litt. “relâcher”), ils sont relâchés de toute
autorité que ses conducteurs auraient eu sur eux, pour oeuvrer librement ailleurs en faveur de
l’Eglise universelle et sous la direction du Saint-Esprit. Le sens passif de “laisser partir” sous-
entend d’ailleurs cet “envoi” actif, et plus important, par le Saint-Esprit. Les deux verbes exprimant
un détachement des missionnaires de l’Eglise, laissent entendre que ceux-ci ne devaient plus
exercer leur ministère sous la surveillance de l’Eglise à Antioche.

La mission étrangère n’est pas la propriété de l’Eglise locale. Paul et Barnabas exercent désormais
eux-mêmes une autorité apostolique supra-locale pour l’implantation d’Eglises locales nouvelles.
Ils le font en vertu de leur don d’apôtre et de leur mise à part officielle par l’Eglise. Ils sont toujours
membres du corps de Christ, mais ne sont plus adhérents de l’Eglise locale à Antioche. Il ne s’agit
pas là d’une dévalorisation de l’Eglise locale par la mission. Au contraire, l’Eglise locale, outre
d’être le berceau de l’action missionnaire, devient aussi de la sorte son soutien et son
couronnement. Et le texte, au lieu de parler de l’envoi des missionnaires par l’Eglise, enchaîne:
“Barnabas et Saul, envoyés en mission par le Saint-Esprit, se rendirent à Séleucie...” (13:4). Une
indication de plus contre toute mainmise de l’Eglise locale d’origine sur les missionnaires et leur
action. Hudson Taylor bouleversa les conceptions de son époque en établissant le principe que
toutes les décisions concernant l’activité missionnaire devaient être prises sur le champ
missionnaire, en Chine et non en Angleterre.

Comment accroître le nombre de missionnaires? Jésus laisse entendre qu’il est possible d’ajouter
des collaborateurs à ceux que Dieu envoie. Il déclare et ordonne: “La moisson est grande, mais il y
a peu d’ouvriers. Priez donc le Maître de la moisson d’envoyer (litt. qu’il envoie) des ouvriers dans
26

sa moisson” (Mat.9:37,38 Seg.). Ici encore, c’est Dieu qui envoie. Vu l’immensité de la tâche, la
pénurie d’ouvriers sera chronique. Mais il ne fallait pas qu’on se précipite au loin dans la moisson
sans avoir été envoyé par le Maître de la moisson. Jésus n’a pas dit à ses disciples: “Envoyez des
ouvriers dans la moisson”, mais: “priez” pour que Dieu le fasse. C’est Dieu qui a “fait” de Pierre et
de Paul des apôtres (des “envoyés” Gal.2:8). Paul ajoute: “Et comment y aura-t-il des prédicateurs
s’ils ne sont pas envoyés?” (Rom.10:15 Seg.).

Que d’erreurs ont été faites en embrigadant des gens que Dieu n’a pas envoyés. L’Eglise à Antioche
avait-elle, dans sa prière et pendant son jeûne, demandé à Dieu d’envoyer des moissonneurs? Il ne
l’est pas dit. C’est possible. La notion de “moisson” précise également en quoi consiste l’action
missionnaire. Il s’agit de récolter les épis et de les rassembler en gerbes. Une image du
rassemblement en Eglises locales de ceux qui ont été touchés par l’Evangile - l’essence même de la
mission.

Quand Dieu a appelé, et que les apôtres ont répondu, il reste aux Eglises locales d’être le terreau
propice à l’éclosion, au développement, et à l’encouragement de ces vocations. Mais quand Dieu,
celui qui est appelé, et l’Eglise ont tous fait leur part, il faut que la société missionnaire prenne à son
tour le relais, afin de pourvoir l’encadrement nécessaire aux débuts du missionnaire dans son travail
au loin.

9. L’ENGAGEMENT DES MISSIONNAIRES DANS LA SOCIETE:

Quelques descriptions nous sont données de l’engagement par Paul de nouveaux missionnaires:
Ceux de Timothée, de Tite et de Silas, collaborateurs à long terme, sont les plus détaillées.
Quelques principes généraux peuvent en être dégagés.

Le directeur est informé sur la conversion de l’intéressé:

Timothée était devenu “disciple” du Christ (16:1 Seg.), quand Paul avait évangélisé à Lystre lors de
son premier voyage missionnaire (Act.14:6,7), et y avait fait des disciples (14:20). Il devint ainsi
“l’enfant dans le Seigneur” de l’apôtre (1Cor.4:17 Seg.). Paul fut persuadé de la sincérité de sa foi
(2 Tim.1:5). Il faut être vraiment chrétien pour participer à la mission chrétienne.
Tite: Paul savait tout de sa conversion également, car il l’appelle “mon vrai fils dans la foi qui nous
est commune” (Tit.1:4).
Silas: Paul savait qu’il était “un homme considéré entre les frères” à Jérusalem” (15:22 Seg.)

Le directeur est informé sur l’arrière-plan de l’intéressé:

Timothée était le fils d’un grec païen. Sa mère et sa grand-mère étaient juives et croyantes (16:1; 2
Tim.1:5). Paul rapporte aussi qu’il avait connu les saintes Ecritures dès son enfance (2 Tim.3:15).
Tite: Paul, familier de l’Eglise à Antioche, l’y avait connu comme Grec (Act.15:2; Gal.2:3).
Silas est connu de Paul comme Juif (16:21) et comme citoyen romain (16:31,37,38). Si un
employeur demande un CV avant d’engager quelqu’un, à plus forte raison la société missionnaire
doit-elle être informée sur les antécédents de ses collaborateurs.

Le directeur s’assure que l’Eglise locale de l’intéressé le recommande pour ce ministère:

Timothée était “de bonne réputation” dans l’Eglise à Lystre (16:2 Seg.). Paul y avait fait désigner
des anciens (14:21-23). Ceux-ci et Paul lui imposèrent les mains (1 Tim.4: 14; 2 Tim.1:6).
Tite: Les frères de l’Eglise à Antioche décident de l’envoyer avec Paul et Barnabas à Jérusalem
pour y traiter de la circoncision des païens. L’Eglise pourvoit à leur voyage (Act.15: 1-3; Gal.2:3-
27

6).
Silas: “Alors il parut bon aux apôtres et aux anciens, et à toute l’Eglise (à Jérusalem), de choisir
parmi eux et d’envoyer à Antioche, avec Paul et Barnabas...Silas” (15:22 Seg.). La société
missionnaire et l’Eglise locale doivent agir de concert dans l’engagement d’ouvriers pour la
moisson: discuter, prier et décider ensemble.

Le directeur s’assure que rien chez l’intéressé ne fasse obstacle à son ministère futur:

Timothée est de mère Juive (16:1) et Paul sait que, de ce fait, il est considéré par les juifs comme
Juif. L’apôtre le prend et le circoncit à cause des juifs, c.à.d. pour ne pas les choquer (16:3).
Tite: Paul, agit autrement avec Tite, un grec, qu’avec Timothée. Pour ne pas compromettre son
ministère parmi les païens, il refuse qu’il soit circoncis, malgré la pression des judaïsants (Act.15:1-
3; Gal.2:3-6). Il serait peu indiqué, de nos jours, d’envoyer un Juif travailler en Syrie, un Allemand
en France ou un Américain en Iran.
Silas fut choisi par Paul, au lieu de Marc parce que ce dernier avait abandonné leur équipe (13:13;
15:37,38) et ne donnait pas toutes les garanties de fidélité - au contraire de Silas, qui avait fait ses
preuves. L’insistance de Barnabas en faveur de Marc ne put convaincre Paul.

Le directeur engage l’intéressé comme compagnon de voyage:

Timothée, cinq ou six ans après sa conversion, il est emmené par Paul (16:3). Il sert d’abord comme
son “aide” (19:22). Au départ, il faut placer la nouvelle recrue dans des situations permetant aux
responsables de la connaître.
Tite accompagne Paul et Barnabas d’Antioche à Jérusalem (15:2; Gal.2:3-6)) et collabore avec
l’apôtre jusqu’au dernier emprisonnement de ce dernier à Rome (2 Tim.4:10).
Silas: “Paul choisit Silas et partit”(15:40). On le voit avec l’apôtre à Philippe (16:19), à
Amphipolis, Apollonie, Thessalonique (17:1), etc.

Le directeur lui confie graduellement des responsabilités grandissantes:

Timothée: Après un an, il sert d’émissaire à Paul (1 Thes.3:2,6). Après 3 ans, il est appelé son
“compagnon d’oeuvre” (Rom.16:21; 1Cor.16:10). Six ans plus tard, l’apôtre déclare qu’il avait fait
ses preuves dans le travail d’évangélisation avec lui (Phil.2:22). Il devient aussi coauteur avec Paul
de plusieurs épîtres (Col.1:1; Philm.1:1). Encore quatre ans plus tard, il est le représentant de
l’apôtre pour l’organisation d’une Eglise (1 Tim. 2-6). Il est le soutien affectueux de Paul en prison,
pendant les derniers jours de la vie de celui-ci (2 Tim.4:9).
Tite: Cinq ans après son engagement, Paul le charge d’une délicate mission de discipline à Corinthe
(2 Cor.12:18;7:13). Il le rend ensuite responsable de l’équipe qui visite les Eglises nouvelles pour y
recevoir la collecte en faveur des Eglises éprouvées de Judée (1 Cor.16:1-4; 2 Cor.8-9). Dix ans
plus tard, l’apôtre le laisse sur l’île de Crète pour y organiser les Eglises (Tite 1:4-6; 3:13,14).
Silas: Un an après s’être joint à l’équipe, il prêche Jésus-Christ avec Paul à Corinthe (2 Cor.1:19) et
est coauteur avec l’apôtre et Timothée des deux épîtres aux Thessaloniciens (1 Thes.1:1; 2 Thes.
1:1). Dix ans plus tard, il est appelé par Pierre “un frère fidèle”. Celui-ci le charge de porter sa
première épître, aux croyants de la dispersion (1 Pi.5:12; 1:1).

Quel fut le rôle des différentes parties dans la procédure d’engagement des missionnaires? Pour
ceux qui servaient à moyen terme et à court terme, cette procédure n’est guère détaillée dans les
textes, et fut, probablement moins élaborée que pour les collaborateurs permanents. Un élément,
cependant, semble avoir été incontournable dans tous les cas, à savoir la recommandation de
28

l’intéressé par son Eglise locale. La localité des Eglises d’origine de 22 des 50 collaborateurs de
Paul font l’objet d’une mention explicite dans l’Ecriture. Il a été question plus haut de la vocation
de l’apôtre Paul par Dieu, de ses années de préparation, ensuite de sa mise à part par l’Eglise à
Antioche, puis de son oeuvre missionnaire proprement dite qui, finalement débouche sur l’existence
d’une société. Tout cela soulève la question des rôles à jouer par ces différents acteurs dans
l’engagement d’un missionnaire dans une oeuvre: le rôle 1) de Dieu, 2) de l’intéressé, 3) de l’école
de perfectionnement, 4) de l’Eglise locale et 5) de la société missionnaire.

On n’est jamais missionnaire malgré soi. Dieu, étant celui qui appelle, aucune personne, aucune
instance ne doit s’arroger un rôle de vocation. La notion de “recrutement” de missionnaires à ses
limites. Celui qui est appelé, étant le premier concerné, il doit immédiatement prendre des
initiatives pour commencer à obéir, à servir là où il est, à chercher à connaître la volonté de Dieu, et
à passer des année en préparation. Il ne doit obtenir la permission de personne avant d’obéir.
Ecoutons l’apôtre: “Quand Dieu décida de me révéler son Fils pour que je le fasse connaître parmi
les non-Juifs, je ne suis allé demander conseil à personne et je ne me suis pas non plus rendu à
Jérusalem auprès de ceux qui furent apôtres avant moi; mais je suis parti aussitôt pour l’Arabie”
(Gal.1:16,17). On n’est pas obligé d’être envoyé par son Eglise à une école de perfectionnement,
bien qu’on fera bien d’en parler avec ses conducteurs. Paul subit une formation de dix ans, sans que
les Eglises à Jérusalem ou à Antioche n’y soient pour rien. L’Eglise peut sous-estimer le potentiel
d’un jeune, comme elle peut le surestimer. On demanda à T. J. Bach, à la fin de sa carrière (Il fut
directeur de la mission TEAM qui comptait à l’époque presqu’un millier de missionnaires), quelle
avait été la plus grosse erreur de son travail missionnaire. Réponse: “Surestimer certains; en sous-
estimer d’autres”.

Concertation! L’Eglise à Jérusalem n’a donc pas envoyé Paul pour ses trois ans de formation
théologique en Arabie (Gal.1:18). Mais une école devrait prendre l’avis de son Eglise au sujet d’un
candidat. Une fois la formation terminée, et un ministère fructueux ayant servi de preuve au sein de
l’Eglise locale, le Saint- Esprit donne à celle-ci la conviction que l’intéressé doit être mis à part
pour l’oeuvre à laquelle Dieu l’a appelé. Il y aura consultation réciproque et répétée entre l’école de
perfectionnement, l’Eglise locale et la société missionnaire. Ces trois sont interdépendantes dans ce
domaine, comme dans tant d’autres. Avant d’engager un collaborateur, Paul est pleinement informé
sur sa conversion, sur son arrière-plan, et il obtient la recommandation de son Eglise. Il entreprend
aussi par la suite et en personne, de parfaire sa formation pratique au sein de la mission. Aucune
école, aucune Eglise n’est à même d’assurer pour un candidat toute l’expérience du travail que
demande un service missionnaire à long terme.

Que penser du missionnaire indépendant? Toutes ces considérations sur l’engagement de


collaborateurs dans la société, soulignent l’anomalie du missionnaire franc-tireur. S’il était le seul à
être convaincu de sa vocation, il pourrait venir à en douter dans les moments difficiles. Le solitaire
sera toujours vulnérable physiquement, psychologiquement, spirituellement, financièrement,
moralement. Son oeuvre, par la nature des choses, manquera de continuité.

Peut-on demander des volontaires pour la mission? A la lumière de ce qui précède, que penser de
cette pratique assez répandue. Il est certain que d’excellents ouvriers pour la moisson ont été
recrutés de la sorte par des missionnaires en congé, dans des conférences missionnaires et par les
publications de sociétés missionnaires. Pourtant, aucune trace ne paraît dans le témoignage biblique
ci-dessus, d’un appel généralisé, lancé par Paul ou ses collaborateurs, pour que des volontaires se
joignent à la mission. L’histoire récente a révélé certains inconvénients attachés à cette approche.
Certains candidats se présentent qui n’ont pas forcément le profil que la société rechercherait si elle
devait les choisir. Par conséquent on accepte des volontaires sur base de leur sincérité et parcequ’ils
pourraient sans doute contribuer quelque chose sur le champ missionnaire.
29

Il en résulte un certain nombre d’échecs coûteux en ressources humaines et en argent. Mais, pour
que le modèle biblique fonctionne bien, il faut que les responsables d’Eglises jouent le rôle que
l’Ecriture leur confie. Des pasteurs, des anciens, des animateurs de jeunesse et des missionnaires à
la retraite doivent être sur le qui-vive pour noter ceux qui font preuve de dévouement au Seigneur,
qui peuvent faire passer un message, qui ont un bon esprit de collaboration, qui sont fidèles dans les
petites tâches. Ils pourront leur suggérer un travail sur place parmi des immigrés, un service à court
terme à l’étranger, une formation biblique, une conversation avec les représentants de quelques
missions. Ces derniers font bien de s’adresser d’abord à l’Eglise locale, avant de lancer des appels
ou d’aborder directement des jeunes.

Les sociétés missionnaires actuelles font bien d’engager de préférence des personnes qui sont
connues personnellement de l’un ou l’autre membre de la société et dont celui-ci a pu suivre le
cheminement spirituel. Conversion, arrière-plan, éléments pouvant faire obstacle à un service
fécond, formation biblique et expérience pratique doivent être pris en considération. Le nouveau
missionnaire s’engagera graduellement dans le travail. Il accompagnera d’abord une équipe,
apprendra sur le tas en son sein, se verra confier des tâches demandant qu’il travaille seul, et recevra
à son tour la responsabilité d’une équipe. Mais aucun missionnaire n’a jamais pu vivre d’amour et
d’eau fraîche, et il sera rapidement confronté aux questions financières.

10. LE SOUTIEN FINANCIER DES MISSIONNAIRES

Il se peut qu’à l’époque, la question de la sécurité sociale occupait moins les esprits qu’aujourd’hui.
Cependant la Bible n’est pas avare de précisions au sujet de ce qui fait aussi partie du nerf de la
guerre missionnaire.

Recevoir un soutien matériel pour un travail missionnaire est un droit

Ecoutons l’Ecriture. Paul demande: “N’avons-nous pas le droit de manger et de boire? N’avons-
nous pas le droit de mener avec nous une soeur qui soit notre femme, comme le font les autres
apôtres...Ou bien, est-ce que moi seul et Barnabas nous n’avons pas le droit de ne point travailler
pour gagner notre vie? Qui jamais est engagé dans une armée à ses propres frais? Qui est-ce qui
plante une vigne, et n’en mange pas le fruit?...N’est-ce pas à nous de jouir du droit de moissonner
vos biens matériels?...Le Seigneur a ordonné à ceux qui annoncent l’Evangile de vivre de
l’Evangile” (1 Cor.9: 4-14 Seg.). “Nous avons travaillé jour et nuit pour n’être à charge d’aucun de
vous...non parce que nous n’aurions pas le droit de recevoir votre aide, mais parce que nous avons
voulu vous donner un exemple à suivre” (2 Thes.3:9).

Ce message s’adresse tout d’abord aux Eglises dont les missionnaires sont issus, mais aussi aux
Eglises nouvelles. Paul insiste sur son droit à être soutenu par n’importe quelle Eglise, pour ensuite
y renoncer en ce qui concerne celle qu’il est en train d’implanter. Son allusion aux droit “des autres
apôtres”, avec leurs épouses, à recevoir un soutien financier (9:5) montre bien que le mariage ne
doit empêcher personne d’être missionnaire. Si Pierre avait une belle-mère (Mat.8:14), c’est qu’il
avait aussi une femme. Paul termine en disant que le Seigneur ne s’est pas contenté de permettre au
missionnaire de vivre de son travail, mais a ordonné qu’il en soit ainsi. Il arrive que les
responsables d’Eglise refusent de soutenir un missionnaire, ou découragent ceux en son sein qui
pensent avoir une telle vocation, pour ne pas grever les finances de l’Eglise. Mais il y a un pendant
à ce droit:

Les missionnaires doivent avoir un train de vie modeste


30

Paul écrit à Timothée: “Il n’est pas de soldat qui s’embarrasse des affaires de la vie” (2 Tim.2:4
Seg.). Il est des choses légitimes qui peuvent être encombrantes. “Tous ceux qui combattent
s’imposent toute espèce d’abstinences” (1 Cor.9:25 Seg.). “A cette heure encore, nous souffrons de
la faim et de la soif, nous manquons de vêtements” (1 Cor. 4:11). Il n’y aura pas de garantie absolue
contre les pénuries.“Nous nous rendons recommandables à tous égards comme serviteurs de Dieu,
par beaucoup de patience... comme pauvres, et nous en enrichissons plusieurs; comme n’ayant rien,
et nous possédons toutes choses” (2 Cor.6:4,10 Seg.). Mais tout chrétien est gérant plutôt que
propriétaire de ses biens. “J’ai été exposé...à la faim et à la soif...au froid et au manque de
vêtements” (2 Cor.11:27 ). “J’ai en effet appris à me contenter toujours de ce que j’ai. Je sais vivre
dans la pauvreté aussi bien que dans l’abondance. J’ai appris à être satisfait partout et en toute
circonstance, que j’aie de quoi me nourrir ou que j’aie faim” (Phil.4:11,12 ). “La piété avec le
contentement est une grande source de gain” (1 Tim.6:6). “Si nous avons la nourriture et les
vêtements, cela doit nous suffire” (1 Tim.6:8).

Jésus, “apôtre” avant la lettre (Héb.3:1), a été envoyé naître dans une étable. Il déclare: “Les renards
ont des tanières, et les oiseaux du ciel ont des nids; mais le Fils de l’homme n’a pas un lieu où il
puisse reposer sa tête” (Mat.8:20). Pendant son ministère, plusieurs femmes “utilisaient leurs biens
pour aider Jésus et ses disciples” (Luc 8:3). Il s’est montré vulnérable et son style vie, empreint de
sacrifice, le mena à la mort. Ce message a une importance accrue aujourd’hui pour les
missionnaires issus des pays riches d’occident, qui travaillent dans des régions où le niveau de vie
est plus bas par comparaison. Certes, il n’est pas indiqué pour leur santé d’adopter la hutte comme
habitation et le régime alimentaire d’une population primitive. Mais parfois, à force de regarder le
style de leur maison, ou la marque de leur voiture, les autochtones n’arrivent plus à entendre leur
message.

Certains missionnaires vivent de ressources personnelles

“Paul demeura deux ans (à Rome) dans dans une maison qu’il avait louée” (Act.28:30 Seg.). Les
antécédents de l’apôtre à Tarse laissent entendre qu’il était issu d’un milieu aisé. Certains ont
spéculé qu’il aurait reçu un héritage lui assurant une subsistance indépendante. Il déclare avoir été,
à plusieurs reprises, dans l’abondance (Phil.4:12). Plusieurs de ses collaborateurs avaient des
maisons, dans lesquelles ils accueillaient les Eglises naissantes, sans qu’on puisse dire s’ils en
étaient locataires ou propriétaires: Priscille et Aquilas à Corinthe (1 Cor.16:19) et ensuite à Rome
(Rom.16:3-5) et Philémon à Colosse (Philm.1:1,2). Onésiphore semble avoir été un homme
d’affaires dont la famille demeurait à Ephèse (2 Tim.4:19). Il avait rendu des services à Paul dans
cette ville (2 Tim.1:16-18), et avait les moyens de se déplacer à Rome à la recherche de l’apôtre en
prison, pour le consoler (2 Tim.1:16-18).

Profiter des recyclés. Une partie toujours plus importante de l’effectif missionnaire est composé, de
nos jours, de retraités et de préretraités dans la cinquantaine et la soixantaine encore vigoureuses. Ils
sont financièrement indépendants et n’ont plus d’enfants à charge. Ils ont des compétences
techniques, administratives, professionnelles ou pastorales leur permettant d’assumer des fonctions
de soutien, sur le champ ou dans les bureaux au pays. Une carrière dans l’agriculture, une
profession soignante, les affaires, l’éducation ou la comptabilité peut utilement se prolonger ou se
terminer à l’étranger. La maturité de telles personnes et le fait de n’avoir plus rien à prouver, leur
donne souvent un équilibre et une stabilité qui en font des ouvriers de paix parmi les autres
missionnaires. Et leurs cheveux blancs leur gagnent plus facilement le respect des populations
autochtones.

Les missionnaires peuvent recevoir un soutien matériel de la part d’Eglises locales établies
31

Quand ils cherchent à atteindre des personnes non-encore évangélisées

Paul sollicite une aide: “Je voudrais vous rendre visite quand je me rendrai en Espagne. Car j’espère
vous voir en passant et recevoir votre aide pour aller dans ce pays” (Rom.15:24). L’apôtre Jean
écrit dans le même sens à Gaïus, un ancien d’une Eglise: “Tu agiras bien en pourvoyant à la
mission des frères d’une manière digne de Dieu. Car c’est pour le Nom qu’ils se sont mis en route,
sans rien recevoir des païens. Nous donc, nous devons venir en aide à ces hommes, afin de nous
montrer coopérateurs de la vérité” (3 Jean 6-8 TOB). La précision: “sans rien recevoir des païens”
exclurait toute aide financière provenant de personnes ou d’instances non-chrétiennes.

Pendant la période coloniale de nombreux missionnaires en terres païennes furent rémunérés par
des souverains européens en échange de services rendus aux conquérants. Ce fut le système du
patronage. Et les compagnies commerciales qui cherchaient des matières premières dans les pays
d’outre-mer avaient à leur solde des missionnaires “aumôniers” pour faciliter leurs contacts avec les
populations autochtones. Les intérêts commerciaux et ceux des souverains passaient souvent avant
les exigences éthiques de l’Evangile et de sa prédication. L’une comme l’autre de ces méthodes
furent un désastre pour la cause du Christ et pour l’implantation d’Eglises majeures et vigoureuses
en terre païenne.
Quand leur travail est en faveur d’une Eglise qui est encore dans sa phase d’implantation

“J’ai accepté d’être payé par d’autres Eglises, et de vivre à leurs dépens, pour vous servir” (2 Cor.
11:8 ). Paul parle de la période pionnière, des débuts de son ministère à Corinthe. Le soutien
financier d’autres églises ne doit pas permettre à un missionnaire de s’éterniser dans une Eglise qui
devrait voler de ses propres ailes. Une fois l’Eglise implantée, le missionnaire ne doit pas s’y
installer et commencer à la gérer, au lieu de poursuivre plus loin sa fonction pionnière.

Quand ce soutien pourvoit au nécessaire et répond à un vrai besoin

“Détresses...besoin...nécessaire...”: “Vous avez bien fait de prendre votre part de mes


détresses...Philippiens: quand j’ai quitté la Macédoine...vous avez été la seule Eglise à m’aider,
vous seuls avez participé à mes profits et pertes. Déjà quand j’étais à Thessalonique, vous m’avez
envoyé plus d’une fois ce dont j’avais besoin. Je certifie donc que j’ai reçu tout ce que vous m’avez
envoyé; c’est plus que suffisant. Maintenant qu’Epaphrodite m’a apporté vos dons, je dispose de
tout le nécessaire” (Phil. 4:14-18; 2:25 ). Le missionnaire n’a pas le droit d’être payé un salaire
pour ses prestations si d’autres sources lui apportent, déjà le nécessaire pour vivre. Une Eglise qui
le soutient est en droit de lui demander une déclaration complète sur l’honneur de tous ses revenus
d’où qu’ils viennent. D’autre part, l’église doit tenir compte de tous ses vrais besoins, tels frais de
scolarité pour ses enfants, frais liés au ministère (déplacements, téléphone, bureau, équipements),
assurances, pension, etc.

Des missionnaires peuvent-ils se permettre d’avoir une nombreuse famille? Allusion a déjà été faite
aux droit des autres apôtres, avec leurs épouses, à recevoir un soutien financier (1Cor.9:5 voir plus
haut) . D’ailleurs, dans certains pays, le célibat des missionnaires catholiques rendaient ceux-ci
suspects aux yeux de la population. On concevait difficilement qu’ils puissent rester fidèles à leurs
voeux. Les charges supplémentaires qu’entraînent des enfants, ne constituent pas seulement des
inconvénients. Dans certaines cultures, le grand nombre d’enfants ajoute au prestige du père. Quoi
qu’il en soit, le témoignage vécu, dans un voisinage païen, d’une famille où règnent l’amour,
l’harmonie et une bonne éducation, constitue une attestation de poids pour le message de
l’Evangile. Et à mesure que les enfants grandissent, les contacts naturels qu’ils ont avec d’autres
enfants et leurs familles, en jouant, à l’école et dans des activités diverses, sont autant de portes qui
peuvent s’ouvrir pour la Bonne Nouvelle. Mais ces contacts seront utiles dans la mesure où les
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missionnaires auront consacré l’argent, le temps et l’attention nécessaires à leurs enfant pour que
ceux-ci soient obéissants, respectueux (1 Tim.3:4,5), croyants et d’une bonne conduite (Tit.1:6). Le
soutien du missionnaire comprend celui de sa famille et le travail missionnaire commence à la
maison.

Quand ils doivent retourner vers des Eglises déjà établies

“On décida alors que Paul, Barnabas et quelques autres personnes d’Antioche iraient à Jérusalem
pour parler de cette affaire avec les apôtres et les anciens. L’Eglise leur accorda donc l’aide
nécessaire pour ce voyage” (Act.15:2,3). “...que vous fassiez tout le nécessaire pour mon voyage en
Judée” (2 Cor.1:16 TOB). Les Eglises et les particuliers chrétiens demeureront en général, la source
de soutien la plus importante. Mais le missionnaire ne doit pas considérer cette source comme la
seule possible, ni s’attendre d’abord à l’Eglise. Il doit s’attendre en premier lieu à Dieu, qui jugera
bon peut-être, de se servir de plusieurs sources différentes pour subvenir à ses besoins. La société
missionnaire se gardera d’établir des règles contraignantes quant aux sources et aux montants du
soutien financier, tout en cherchant à faire respecter un principe général d’égalité (2 Cor.8:13,14).

Faute d’autres moyens, un missionnaire peut travailler pour subvenir à ses propres
besoins

“Nous nous fatiguons à travailler de nos propres mains” (1 Cor.4:12; Voir aussi 1 Thes.2:9; 2
Thes.3:8 Seg.). “Paul se rendit à Corinthe. Il y trouva un juif nommé Aquilas...avec sa femme
Priscille...Il se lia avec eux; et, comme il avait le même métier, il demeura chez eux et y travailla:
ils fabriquaient des tentes. Paul discourait dans la synagogue chaque sabbat. Mais quand Silas et
Timothée furent arrivés de la Macédoine, il se donna tout entier à la parole” (Act.18:1-5 Seg.). Paul
explique pourquoi il put reprendre un ministère à temps plein à Corinthe quand ses deux
collaborateurs arrivèrent de Macédoine: “Les frères de Macédoine ont pourvu à ce qui me
manquait” (2 Cor.11:9 Seg.). Luc, médecin (Col. 4:14), vivait probablement des honoraires d’une
pratique pouvant, à l’époque, s’exercer partout. Peut-être aidait-il matériellement ses coéquipiers.

On peut conclure de façon générale, qu’un missionnaire ne doit pas se satisfaire d’un service à
temps partiel si un soutien matériel suffisant peut être trouvé lui permettant de se donner
entièrement à l’oeuvre. Si Paul “se fatiguait” en travaillant de ses mains (1 Cor.4:12), c’est
qu’ensuite, il avait moins d’énergie pour son travail missionnaire. L’histoire récente des
missionnaires “faiseurs de tentes” dans les pays ouverts à l’Evangile, montre la difficulté de
poursuivre en même temps deux objectifs différents, d’être efficace à la fois comme “faiseur de
tentes” et comme missionnaire. Etablir des têtes-de-pont dans un territoire ennemi, demande en
général plus que les loisirs de celui qui doit gagner sa vie. S’il pense pouvoir évangéliser, faire des
disciple et fonder une Eglise tout seul et à temps partiel, il fera forcément preuve d’amateurisme et
rentrera désillusionné au pays. Ce type de ministère manque souvent de permanence. Et celui qui
assure sa subsistance en s’engageant dans les affaires, court le risque d’être identifié à des intérêts
commerciaux.

Mais le missionnaire non-professionnel a aussi des avantages: Il peut utilement assister un


implanteur à plein temps, et se joindre à une équipe. Il obtiendra plus facilement un permis de
séjour que celui qui est obligé de se déclarer “missionnaire”. Sa présence sera plus facile à justifier.
Il aura accès de la sorte à des pays qui seraient fermés à d’autres. Il entrera en contact d’une façon
naturelle avec une couche de la population que le missionnaire à plein temps touchera plus
difficilement. Et son témoignage, en tant que “non-professionnel”, par conviction personnelle, sera
plus facilement perçu comme authentique. De nombreux chrétiens d’occident ont donné des cours
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d’anglais, de français ou d’allemand en Chine, au Japon et dans d’autres pays où il existait une
demande. Un tel ministère de durée limitée a souvent été l’amorce ou la confirmation chez certains
d’une vocation missionnaire et d’un engagement à vie. Ou il leur a permis, une fois rentrés au pays,
de communiquer dans leur Eglise une vision des besoins dans le monde. D’autres, professeurs
d’université, ont été engagés pour enseigner les matières de leur compétences dans de nombreux
pays. Une évangélisation personnelle leur permet de toucher des élites.

En général, l’Ecriture laisse entendre que la question du gagne-pain d’un chrétien doit être
considérée en fonction de sa vocation et de ses dons pour le ministère, et non le contraire. Pour
Dieu, savoir à quoi on est appelé est essentiel et primordial; gagner sa vie est accessoire et
subsidiaire. On cherche d’abord le royaume de Dieu, sans s’inquiéter pour sa vie et du lendemain
(Mat.6:33,34). Ensuite, on lui fait confiance pour que nourriture et vêtements (6:25, 31) nous soient
donnés par-dessus (6:33b). Nombreux sont ceux qui ont cherché d’abord à gagner leur vie et qui,
outre l’avoir perdue, n’ont pas trouvé non plus le royaume de Dieu. Pour le non-chrétien, son
gagne-pain est sa vocation. Pour l’enfant de Dieu, le gagne-pain n’est qu’un aspect de sa vocation.
William Carey, père du mouvement missionnaire moderne, disait avant de partir en Inde: “Je suis
missionnaire; je répare des chaussures pour payer les frais”
Un chef d’équipe peut chercher un soutien matériel pour ses équipiers

Paul déclare: “Vous savez vous-mêmes que j’ai travaillé de mes propres mains pour gagner ce qui
nous était nécessaire à mes compagnons et à moi”(Act.20:34). Paul recommande à Tite, chef
d’équipe: “Aie soin d’aider Zénas l’avocat et Apollos à poursuivre leur voyage, fais en sorte qu’ils
ne manquent de rien. Il faut que les nôtres aussi apprennent à s’engager à fond dans des actions
bonnes, afin de pourvoir aux besoins importants” (Tite 3:13,14). Si Tite ne contribuait pas tout de
sa poche, c’est qu’il devait apprendre aussi aux “nôtres”, c.à.d. aux Eglises qu’il était en train
d’organiser, de soutenir l’action missionnaire au loin, et cela, dès leurs débuts. Il est bon pour un
chef d’équipe, qui choisit lui-même ses équipiers, de partager avec eux la responsabilité de trouver
leur soutien. Cette pratique facilite, accélère et stabilise l’engagement des missionnaires sur le
champ. Elle soulage aussi le directeur d’une charge qu’il ne peut assumer pour la société toute
entière.

Le missionnaire doit renoncer à être rémunéré par l’Eglise qu’il est en train d’implanter

“Nous n’avons pas usé du droit de moissonner vos biens matériels; au contraire, nous souffrons
tout, afin de ne pas créer d’obstacle à l’Evangile...Quelle est donc ma récompense? C’est d’offrir
gratuitement l’Evangile que j’annonce, sans user de mon droit de prédicateur de l’Evangile” (1
Cor.9:12,18 Seg.). L’Evangile est gratuit; il ne doit rien coûter au non-croyant. Comment appeler
quelqu’un à la repentance quand on vit à son crochet?
“Nous n’avons exploité personne...Je vous ai annoncé gratuitement l’Evangile de Dieu...Pendant
que je me trouvais chez vous, je n’ai été à charge de personne quand j’étais dans le besoin...C’est
vous que je recherche et non votre argent” (2 Cor.7:2; 11:7-9; 12:13,14).
“Nous n’avons mangé gratuitement le pain de personne; mais dans le travail et dans la peine, nous
avons été nuit et jour à l’oeuvre, pour n’être à charge à aucun de vous. Ce n’est pas que nous n’en
ayons le droit, mais nous avons voulu vous donner en nous-mêmes un modèle à imiter” (2 Thes.3:8;
1 Thes.2:9 Seg.). Comment donner l’exemple de courage au travail à de nouveaux croyants quand
on est à leur solde?

Que penser de la précarité? Malgré l’énumération ci-dessus des sources possibles d’un soutien
financier pour le missionnaire, il est probable que, dans de nombreux cas, ce soutien demeurera
précaire. Les missionnaires servant dans des sociétés rattachées à des institutions ecclésiastiques,
jouissent en général, d’un salaire assuré. Cependant, ces missionnaires constituent actuellement une
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petite minorité de la totalité des missionnaires en activité dans le monde. La plupart des autres font
partie de sociétés cherchant à suivre le principe d’une marche par la foi, c’est-à-dire une façon de
faire qui consiste à aller de l’avant et à entreprendre sans que tout le financement ne soit garanti à
l’avance. Cette précarité, loin d’être totalement négative, semble avoir été, au premier siècle, et être
encore aujourd’hui, une des composantes essentielle de l’action missionnaire la plus dynamique.
Elle oblige le missionnaire à regarder toujours vers Dieu et à s’attendre à lui pour tout, tandis
qu’une telle dépendance n’est pas du goût de la nature humaine.

Aujourd’hui encore, il faut enseigner dans les Eglises que le soutien financier d’un missionnaire lui
appartient comme un droit. Par contre ce soutien doit répondre chez lui à un vrai besoin et ne doit
lui assurer qu’un train de vie modeste. Le cas échéant, il engagera en premier lieu ses ressources
personnelles. Il a droit au soutien des Eglises pour un travail pionnier d’évangélisation et pour
l’affermissement d’une Eglise encore en phase d’implantation. Mais non pas pour un travail
pastoral devant normalement être assumé par les responsables sur place. Les chefs d’équipe
aideront les nouveaux équipiers à trouver le soutien nécessaire. Le missionnaire pourra prendre un
travail rémunéré comme gagne-pain en cas de besoin et pour un temps, mais reprendra aussitôt son
ministère à plein temps quand un soutien suffisant lui parvient. Il s’attendra toujours d’abord à
Dieu, et ensuite seulement aux hommes.
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Troisième partie - UN FONCTIONNEMENT

Le Nouveau Testament ne se borne pas à donner des indication sur l’engagement des missionnaires
et sur le soutien financier de leur travail. Il décrit aussi, avec un luxe de détails, le fonctionnement
interne des équipes et de la société, ainsi que les relations entre celles-ci et les Eglises.

11. LE FONCTIONNEMENT DES EQUIPES

Le rôle du chef d’équipe par rapport aux membres de celle-ci

Il choisit les membres de son équipe:

“Paul choisit Silas et partit” (Act.15:40).


“Il prit Timothée avec lui” (Act.16:3).
“Barnabas prit Marc avec lui et s’embarqua” (Act.15:39). Si Paul consulte l’Eglise d’origine de
l’équipier Timothée avant de l’engager (16:2), il ne consulte pas l’Eglise à Antioche, qui l’avait
envoyé lui, au sujet de ceux qu’il engage dans son équipe. La solidarité qui est indispensable au sein
d’une unité de combat est minée si on impose un collaborateur à un chef d’équipe, ou même si une
Eglise locale ou la société missionnaire se charge de rassembler l’équipe. Ce sont les équipiers qui
sont conçus comme les compagnons de Paul, et non le contraire (Act.13:13; 18:19; 19:29; 20:4).
Paul pouvait refuser d’avoir Marc dans son équipe (Act.13:13), mais pouvait l’y réintégrer neuf ans
plus tard (Col.4:10), et demander, encore cinq ans plus tard, qu’on le lui envoie parce qu’il lui était
utile (2 Tim.4:11). La marque d’un apôtre sera, entre autres, la capacité de s’entourer de
collaborateurs doués et consacrés.

Il aide ses équipiers à trouver un soutien financier

Paul a “pourvu aux besoins de ses compagnons” (Act.20:34 Seg.). Tite, chef d’équipe, doit pourvoir
aux frais de voyage de ses équipiers Zénas et Apollos et inciter les chrétiens de Crète à subvenir à
leurs besoins (Tit.3:12-14 -voir plus haut). La mission “Frontiers” a connu un dynamisme et une
croissance remarquable en s’inspirant de ce principe double, que les chefs d’équipes choisissent
eux-mêmes leurs équipiers, mais qu’ils sont également responsables de chercher avec eux leur
soutien financier. Les sources disponibles s’en trouvent multipliées.

Il prends l’initiative de proposer les actions à entreprendre par l’équipe:


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“Paul dit à Barnabas: retournons visiter les frères dans toutes les villes où nous avons annoncé la
parole du Seigneur, pour voir comment ils vont” (Act.15:36). L’Esprit de Jésus empêche l’équipe
de se rendre en Asie et en Bithynie, mais c’est à Paul qu’il adresse un appel dans une vision, pour
que l’équipe se rende en Macédoine pour y annoncer la bonne nouvelle (Act.16:6-10). Paul est
l’initiateur de la collecte parmi les Eglises nouvelles, en faveur des Eglises éprouvées de Judée. Il
“forma le projet” et conduit l’équipe qui achemine celle-ci à Jérusalem (Act.19:21; 20:1-21:29;
24:17; 2 Cor.8:16-20). Le chef d’équipe doit être libre de développer les stratégies pour l’action de
son groupe. Ses dons de conducteur à lui, et l’engagement dans l’équipe de personnes ayant une
vocation, favorisent la cohésion et l’efficacité dans le travail. Rassembler quelques volontaires par
décision administrative et les appeler une équipe, n’en fera pas forcément une équipe.

Le travail en équipe sous la conduite d’un conducteur compétent, présente de nombreux avantages.
Le jeune missionnaire peut avoir reçu une bonne formation théologique et avoir eu quelques années
d’expérience du ministère au pays; mais seul, il aura de la peine à s’orienter à ses débuts sur le
champ. Surmonter le choc des cultures, savoir aborder les gens, trouver sa place, découvrir son rôle,
pouvoir empoigner le travail, voilà autant de défis plus faciles à relever au sein d’une équipe. Il s’y
verra dirigé, encadré, encouragé, initié au travail, soutenu. Tout son potentiel restera intact. Il
pourra, avec le temps, s’affranchir, recevoir confirmation de ses dons, assumer des responsabilités
et, qui sait, conduire lui-même une équipe. Combien de jeunes de valeur ne sont-ils pas rentrés au
pays désillusionnés, brisés, après s’être trouvé isolés dans un champ difficile.

Il est le premier à intervenir par la parole ou le geste, lors des actions diverses de l’équipe:

Il prend l’initiative d’affronter une opposition satanique (13:6-12).


Il répond le premier à une invitation à parler (13:15,16)
Il opère la guérison d’un infirme qui l’écoutait (14:8-10; 20:9-10)
Il est le principal porte-parole de l’équipe (14:12; 16:13,14; 17:13)
Il chasse un esprit mauvais d’une servante qui vient à la rencontre de l’équipe (16:18)
Il est le premier intervenant en situation de crise (16:27,28)
Il est celui qui répond aux agents de police (16:35-37)
Il va le premier à la synagogue et discute avec les Juifs (17:1,2,17; 18:4; 19:8).
Il va discuter sur la place publique à Athènes (17:17,18,22)
Il décide de séparer les nouveaux disciples de la synagogue à Ephèse (19:9)
Il prend la parole lors de la visite de l’équipe à l’Eglise à Troas (20:7,11)
Il convoque les anciens de l’Eglise à Ephèse (20:17)
Il conduit l’équipe chez les conducteurs de l’Eglise à Jérusalem et raconte leur évangélisation parmi
les non-Juifs (21:17-19).
Il convoque les Juifs de Rome à son domicile pour leur annoncer l’Evangile (28:17-29).
L’initiative appartient au chef d’équipe en toute situation. Il sert de la sorte d’exemple à ses
collaborateurs, qui l’assistent, le soutiennent, travaillent à ses côtés et font leurs armes.

Il était la première cible de ceux qui s’opposaient à l’annonce de l’Evangile

En général, les missionnaires sont perçus comme des intrus parmi les populations qu’ils visitent. Ils
ne sont pas forcément les bienvenus. Le chef d’équipe, le fer-de-lance de l’action, est le premier à
subir les oppositions et les attaques:
Il est celui qui est lapidé (14:19,20).
Il est traîné devant les magistrats (16:19)
On agite la foule contre lui (17:13,14; 21:27).
C’est contre lui que les Juifs se soulèvent pour le mener devant le tribunal (18:12).
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C’est contre lui que parle l’orfèvre Démétrius (19:23-27).


C’est à lui qu’on dresse des embûches (20:3).
C’est sur lui que les Juifs mettent la main, lui qu’ils traînent hors du temple et cherchent à tuer
(21:27-31). Ses équipiers ne sont pas encore armés pour affronter de telles difficultés. Si, plus tard,
ils sont appelés à assumer la conduite d’une équipe, ils ne le feront pas légèrement, mais en
connaissance de cause. Le chef d’équipe doit pouvoir dire à un équipier: “Souffre avec moi pour
l’Evangile...Souffre avec moi comme un bon soldat de Jésus-Christ” (2 Tim.1:8; 2:3 Seg.).

Sous sa direction, l’équipe fonctionnait comme un atelier de formation ambulant

Tout au long des 22 ans de sa carrière missionnaire, Paul exerce un ministère de formation au sein
des équipes qu’il conduit. Il soustrait des disciples à leur contexte social habituel pendant un temps
limité, pour leur apporter une préparation intensive au ministère. Il s’entretient avec des équipiers
comme Timothée et Tite des richesses insondables du Christ. Cet enseignement fonde leur foi et
leur permet d’enseigner à leur tour. Il leur écrit: “Prends comme modèle les paroles véritables que
je t’ai communiquées, tiens bon dans la foi...Garde les bonnes instructions qui t’ont été confiées” (2
Tim.1:13,14). “Ce que tu as appris de moi en présence de nombreux témoins, confie-le à des
hommes fidèles” ( 2:2 TOB). Peut-être ces nombreux témoins sont-ils les coéquipiers des quatre
équipes de Paul dont Timothée avait fait partie. “Toi, tu m’a suivi dans mon enseignement...
Demeure ferme dans ce que tu as appris” (3:10,14). Et encore à Tite: “Rappelle-toi les instructions
que je t’ai données” (Tit.1:5). Les équipes étant itinérantes, les occasions de cet enseignement ne
manquaient pas pendant les longs déplacements à pied ou en bateau, les veillées et les séjours en
prison.

Un enseignement sur le tas. Il prend ses équipiers avec lui dans l’évangélisation, à la pointe du
combat. Il leur montre comment faire, comment réagir aux circonstances inattendues, comment
souffrir. Il les initie au suivi des nouveaux chrétiens. L’apôtre constitue un modèle de
comportement; il transmet un style de vie, s’implique dans la vie de ses collaborateurs. “Toi, tu
m’as suivi dans...ma conduite, mes intentions, ma foi, ma patience, mon amour, ma fermeté, mes
persécutions et mes souffrances” (2 Tim.3:10). Il ne se présente pas en modèle comme celui qui
était déjà arrivé, car il écrit autrepart: “Je ne prétends pas avoir déjà atteint le but ou être déjà
devenu parfait. Mais je pousuis ma course...Frères, imitez-moi. Nous avons donné l’exemple”
(Phil.3:12,17). Ils font leur apprentissage sur le tas avec quelqu’un qui était en devenir et encore lui-
même en train d’apprendre. Ils apprennent aussi en quoi consiste une saine soumission à l’autorité
d’un chef d’équipe, condition sine qua non pour bien exercer l’autorité eux-mêmes plus tard.

Apprendre en communauté. Il les implique dans la solution des problèmes auxquels toute l’équipe
doit faire face. Ils apprennent dans le contexte d’une vie de groupe, d’une communauté de travail
qui permet de vivre ensemble des expériences dans une variété de situations. Ils doivent accepter
leurs différences, se soutenir mutuellement, favoriser l’esprit de corps. Au lieu d’agir tout seul
chacun de son côté, ils apprennent à collaborer en vue d’objectifs communs sous la conduite d’un
conducteur compétent, . Jésus avait aussi formé ses disciples en communauté plutôt que dans des
situations de un-à-un. Il évangélisait l’individu, mais son discipulat se faisait en groupes de trois à
douze personnes. Ce travail d’éducation permanente de la part de l’apôtre Paul assurera à l’Eglise,
corps du Christ, son ossature dans tout le monde païen. Nous verrons plus loin que l’apôtre établira
également un centre de formation.

Il favorise le contact entre son équipe et les autres équipes de la société

Par l’échange de salutations:


“Salue Priscille et Aquilas, ainsi que la famille d’Onésiphore...Eubulus, Pudens, Linus, Claudia et
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tous les autres frères t’adressent leurs salutations” (2 Tim.4:19,21).


“Tous ceux qui sont avec moi t’adressent leurs salutations. Salue nos amis dans la foi” (Tit.3:15).
“Epaphras...t’adresse ses salutations, ainsi que Marc, Aristarque, Démas et Luc, mes compagnons
de travail” (Philm.23,24).
Par l’échange de nouvelles:
“Eraste est resté à Corinthe, et j’ai laissé Trophime à Milet parce qu’il était malade (2 Tim.4:20).
“J’ai décidé de passer l’hiver à Nicopolis” (Tit.3:12).
Par l’échange de collaborateurs:
“Efforce-toi de venir avant l’hiver” (2 Tim.4:21).
“Dès que je t’aurai envoyé Artémas ou Tychique, efforce-toi de venir me rejoindre” (Tit.3:12).
( Philm.1:1-3,23,24). Voila autant d’indications supplémentaires que tous les collaborateurs de Paul
et les équipes dispersées, constituaient une même société missionnaire. La cohésion au sein de la
compagnie était assurée par la communication, la chaleur fraternelle, la sollicitude mutuelle, et
l’entre-aide.

Le rôle des équipiers par rapport à leur chef d’équipe

Ils travaillent et combattent avec lui

“Aristarque...Marc...et Justus...travaillent avec moi pour le royaume de Dieu” (Col.4:10,11).


“Clément et tous mes autres collaborateurs...(Phil.4:3; Philm.1:1).
“Archippe, notre compagnon de combat...” (Philm.1:2). Les équipiers sont décrits comme étant
avec le chef d’équipe, et non lui avec eux. En s’engageant avec Paul, ils se montraient prêts à suivre
sa direction dans la poursuite du travail. Ils restent solidaires avec lui dans les combats. Cet
engagement comportait les avantages d’un cadre favorable dans l’action et de la possibilité d’un
développement spirituel, personnel et dans l’oeuvre.

Ils annoncent l’Evangile avec lui

“Timothée s’est activé avec moi au service de la Bonne Nouvelle” (Phil.2:22).


“Evodie et Syntyche...ont combattu avec moi pour répandre avec moi la Bonne Nouvelle”
(Phil.4:3).
“Le Fils de Dieu, Jésus-Christ, a été prêché par nous au milieu de vous, par moi, par Silvain et par
Timothée” (2 Cor.1:19).
“Le jour du sabbat, nous (Paul, Silas, Timothée et Luc) nous sommes assis et avons parlé aux
femmes qui étaient assemblées” (Act.16:13 FC). L’évangélisation de l’apôtre gagnait en impact et
en effets durables, par la participation active à celle-ci, des équipiers dont il s’entourait.

Ils l’aident de diverses manières:

“Paul et Barnabas avaient Jean pour aide” (Act.13:5). “Paul envoya en Macédoine deux de ses
aides, Timothée et Eraste” (Act.19:22). Aider le chef d’équipe signifiait qu’on acceptait qu’il assure
la répartition des tâches selon les besoins de l’oeuvre. Il ne manquerait pas de tenir compte des dons
et des capacités de chacun, mais l’accent serait placé sur la découverte de l’importance d’un travail
en d’équipe. “Gaïus et Aristarque, compagnons de voyage de Paul...” (Act.19:29). Ils assuraient sa
protection, et réduisaient pour lui les fatigues des longs déplacements.“Aristarque, mon compagnon
de captivité” (Col.4:10; Act.27:2 Seg.). Ils atténuaient pour lui les rigueurs de la vie en prison et lui
tenaient compagnie.“Marc...et Justus ont été un grand réconfort pour moi” (Col.4:11). L’apôtre ne
cesse jamais d’être humain. Il est sujet, comme chacun, à la tristesse et au découragement.

En fin de carrière et en prison, il écrit à Timothée: “Quand tu viendras, apporte-moi le manteau que
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j’ai laissé à Troas chez Carpus; apporte également les livres” (2 Tim.4:13). Il a froid en prison et
veut profiter de cet isolement pour se donner à l’étude et l’écriture. Rien de plus stressant qu’un
ministère d’implantation d’Eglises: Voyages, emprisonnements, intempéries, contretemps,
trahisons. L’apôtre doit être protégé de l’usure provoquée par les oppositions, les déceptions, le
poids des Eglises, les dangers. Le missionnaire chevronné est un capital qu’il ne faut pas dilapider.
Il reste de chair et d’os et a besoin d’être accompagné, épaulé, encouragé par des jeunes
collaborateurs loyaux.

Ils agissent en totale complicité avec lui

Action consensuelle: “Tite et moi (Paul), n’avons-nous pas marché dans le même esprit, sur les
mêmes traces?” (2 Cor.12:18 Seg.). “Dieu a inspiré à Tite autant de zèle pour vous que nous en
avons” (2 Cor.8:16). “Le Saint-Esprit empêcha Paul, Silas et Timothée d’annoncer la parole de
Dieu dans la province d’Asie...ils eurent l’intention d’aller en Bithynie, mais l’Esprit de Jésus ne le
leur permit pas” (Act.16:6,7). L’Esprit a fait connaître sa pensé à l’équipe dans son ensemble,
concernant le choix du prochain champ d’activité. L’autorité de l’apôtre et la complicité des
équipiers avec lui permettait la recherche d’un consensus au sein de l’équipe, concernant des
décisions importantes à prendre. Si c’est Paul qui eut la vision, c’est cependant toute l’équipe qui
fut “empêchée” d’aller ici, et toute l’équipe qui fut “appelée” à aller là. Ils s’efforçaient de
“conserver l’unité de l’Esprit par le lien de la paix” (Eph.4:3 Seg.).

Quel fut le statut du coéquipier? Le missionnaire équipier, comme Apollos (Tite 3:13), est
également un “serviteur du Christ” (1 Cor.3:22; 4:1) et, comme Paul, est redevable à Jésus son
Maître. Il n’est pas n’importe qui, mais quelqu’un qui a des dons spirituels et qui milite parce qu’il
a reçu un appel de Dieu. Cette vocation lui inspire une motivation intérieure, un sentiment de
responsabilité. Il n’est pas un domestique qui obéit au doigt et à l’oeil à un patron humain, et dont
ce dernier doit surveiller tous les faits et gestes. Il n’est pas non plus un employé engagé et
rémunéré et envoyé par un conseil d’administration, dont il attend les directives avant d’agir.

Agents téléguidés? Si une Eglise estime devoir diriger à distance le travail de son missionnaire, elle
n’aurait jamais dû le mettre à part pour un service au loin. Si tous les missionnaires dans une
équipe ou une mission devait suivre les directives de leurs Eglises d’origine respectives, une action
commune sur le champ et au sein de la compagnie deviendrait impossible. Une collaboration
harmonieuse sous la direction des chefs déquipe et du directeur, contribuera beaucoup à l’efficacité
des collaborateurs et à l’entretien de leur santé physique et mentale . Ils oeuvreront avec joie,
porteront beaucoup de fruit, et prolongeront leurs années de service.

Inter-raciales, multinationales, interecclésiastiques, multiculturelles! Ce furent des équipes


représentatives du corps du Christ, des microcosmes de l’Eglise universelle (Voir la liste des
équipes plus haut). Elles démontraient partout où elles se rendaient que l’Evangile du Christ était à
l’intention de tout le monde et que tous les clivages et les antagonismes humains pouvaient
disparaître au sein de son corps, l’Eglise. Elles furent des leçons de chose sur l’ouverture,
l’humilité, le respect des différences, l’égalité, la soumission réciproque, la sensibilité culturelle, la
collaboration harmonieuse, pour un monde souvent étonné. Elles incarnèrent tout ce qui devient
possible pour ceux qui connaissent le Fils de Dieu et le suivent. Ils payent le prix que demande un
service qui s’identifient aux hommes pour les comprendre.

De nos jours, il serait difficile pour un Hindou ou un Musulman de prétendre que le Christianisme
est une religion occidentale, s’il entendait l’Evangile de la part d’une équipe où militent un Indien,
un Philippin, un Coréen et un Brésilien. Les équipes de Paul ne furent jamais dépendantes d’un seul
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pays ni d’une seule Eglise locale, ni identifiées ni redevables à l’une d’elles en particulier. Elles
appartenaient entièrement à l’Eglise universelle, si bien de par leurs origines multiples qu’en raison
des Eglises qu’elles implantaient partout.
Une équipe comptait en moyenne entre six et huit missionnaires, si on compte les équipiers
mentionnés sans être nommés. Paul lui-même était le chef de la plupart des équipes répertoriées
plus haut. Mais si, à 25 reprises, il demande à un collaborateur d’aller au loin ou de le rejoindre,
c’est que la compagnie missionnaire déployait une activité importante en de nombreux endroits où
Paul lui-même n’était pas présent. Barnabas, Tite et Philémon nous sont aussi présentés comme
chefs d’équipes; ce qui laisse entendre qu’eux-mêmes et d’autres parmi les missionnaires
chevronnés ont également dirigé ces unités de combat. Celles-ci avaient, en général, une durée de
vie limitée, étant donné le caractère défini de leurs objectifs et/ou de leur champ d’action. Leur
composition pouvait aussi se modifier en cours d’activité, avec le départ ou l’arrivée d’équipiers.
Mais tous militaient sous les ordres de Paul. On pouvait donc distinguer trois niveaux au sein de la
société: le directeur, les chefs d’équipe et les missionnaires équipiers. Il est probable que les chefs
d’équipes continuèrent leur action après la mort de Paul. Peut-être certains d’entre eux, au don
d’apôtre, créèrent-ils à leur tour des compagnies missionnaires.
Le mouvement missionnaire moderne, aurait-il à apprendre de la société de Paul, qui comptait 50
collaborateurs au maximum, et déployait son activité en petites équipes? “Le prix de l’excellence:
le secret des meilleures entreprises” fut un succès de librairie sur la gestion des sociétés
commerciales et industrielles. Il s’est vendu à plus d’un million d’exemplaires (Thomas Peters et
Robert Waterman: 1983 Interédition, Paris). Les auteurs démolissent l’idée que l’efficacité des
entreprises est due à leur gigantisme, à leur faculté de rassembler d’énormes ressources et à une
organisation centralisée. Au contraire, les avancées réelles sont l’oeuvre de “petites équipes
d’innovation, indépendantes, travaillant avec passion”. Voici, selon cette étude, les attributs
caractérisant les meilleures entreprises actuelles ainsi que les éléments dans la compagnie de Paul
qui leur ressemblent:
“Elles ont le parti pris de l’action”:
Paul emploie le mot “travailler” 23 fois, “travail” 9 fois et “oeuvre” 30 fois pour décrire l’action
chrétienne. Ses équipes missionnaires faisaient preuve sans relâche d’une activité débordante.
“Elles ont l’obsession du service”:
Paul emploie le mot “servir” 17 fois, “service” 12 fois et “serviteur” 9 fois pour décrire l’action
chrétienne. Ses équipes servaient Dieu, en servant les hommes.
“Elles favorisent l’autonomie de leurs éléments les plus entreprenants et leur accordent une grande
liberté d’action”:
Le don d’apôtre, est un charisme marqué par l’esprit d’initiative, la polyvalence, et une autorité
spirituelle. L’Eglise qui reconnaît l’apôtre comme tel, doit le laisser agir comme il l’entend.
“Elles obtiennent leurs meilleurs résultats par de petits groupes qui se fixent des objectifs précis et
limités”:
Les équipes de Paul cernaient leur mission avec précision: il s’agissait d’évangéliser, de faire des
disciples et d’implanter des Eglises. Elles avaient les avantages de la spécialisation. Elles ne se
laissaient guère distraire par d’autres activités, même louables.
“Elles favorisent la motivation du personnel en les traitant avec dignité en associés, et en distribuant
les honneurs”:
La vocation missionnaire était, pour Paul, la base de la motivation de ses collaborateurs devant
Dieu. Mais nous verrons plus loin avec quel respect il les traite et qu’il n’est pas avare d’éloges à
leur sujet. Il remercie aussi continuellement le Seigneur dans ses prières pour eux.
“Elles se mobilisent autour d’une valeur clé”:
La personne du Christ, son oeuvre, sa parole et sa cause étaient l’élément mobilisateur qui conférait
toute sa vitalité à la compagnie missionnaire de Paul.
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“Elles préservent une structure simple et légère. “Plus on est petit, mieux on se porte”:
La compagnie de Paul, avec ses 50 collaborateurs et ses petites équipes mobiles et flexibles, a
dépassé en efficacité pure tous les ordres religieux et toutes les sociétés missionnaires qui lui ont
succédé à travers les siècles.
“Elles cultivent au plus haut point la communication”:
Paul n’avait, ni téléphone, ni poste, ni e-mail. Mais la communion fraternelle au sein de ses équipes,
le manque de formalisme (tout le monde l’appelait: “Paul”), la qualité des relations, et l’unité
d’âme, de pensée et d’esprit avec ses collaborateurs, renforçait l’effet de ses lettres, de ses
émissaires et de ses visites personnelles.

L’action missionnaire par équipes est tout aussi valable aujourd’hui qu’au premier siècle. Ces unités
de combat doivent avoir un chef qui est libre de sélectionner ses collaborateurs, de prendre des
initiatives et de diriger effectivement. Pour bien conduire, il impliquera ses équipiers dans les
décisions importantes, dans une recherche en commun de la direction de l’Esprit Saint. Ceux-ci lui
accorderont leur confiance, leur franche collaboration et leur soutien. C’est lui qui est à la pointe de
l’attaque, qui conduit par la parole et le geste, et qui est le premier à prendre les coups. Il assure
aussi la communication avec les autres équipes de la société. Ayant considéré les relations des
missionnaires entre eux et au sein des équipes, nous examinons maintenant les rapports entre la
société et les Eglises locales établies:

12. L’APPUI DES EGLISES EN FAVEUR DES MISSIONNAIRES:

Il nous arrivera de parler tantôt d’Eglises “établies” ou “d’envoi”, tantôt d’églises “nouvelles” ou
“réceptrices”. Il ne s’agira pas de catégories fixes. Car, pendant les 22 ans de la carrière
missionnaire de Paul, la plupart des Eglises qu’implantait sa compagnie, envoyaient à leur tour des
missionnaires et contribuaient sans tarder des libéralités. Il ne fallait donc pas de longues années
pour qu’elles passent du stade récepteur d’Eglises “nouvelles” au stade d’Eglises “établies” qui
envoyaient des collaborateurs et des fonds. Il suffira qu’elles contribuent activement à l’action
missionnaire pour que nous les considérions comme “établies” et “d’envoi”. La vitalité et le
rayonnement des Eglises dans le monde se situent d’ailleurs de nos jours, bien plus parmi les
Eglises nouvelles du Sud, que parmi les institutions ecclésiastiques du Nord.

Pour chaque homme au front, neuf autres au pays! Voilà ce dont un pays en guerre a besoin, comme
ligne de soutien et d’approvisionnement. En faut-il moins pour le combat missionnaire? Celui qui
part au loin a besoin d’aide quand il se prépare à partir, pendant tout le temps qu’il est sur le champ,
et après son retour. Une ou deux âmes bienveillantes ne suffiront pas. Il a besoin d’un appui moral
car, avant-même son départ, certains chercheront à le dissuader. Et une fois sur le champ, il sera
privé de ses repères et encaissera le choc culturel. Il lui faudra un soutien financier car il ne pourra
subvenir lui-même tout seul à ses besoins et à ceux des siens. Il faut donner soi-même, mais aussi
faire connaître les besoins du missionnaire à d’autres. Un soutien logistique au pays pour s’occuper
des détails administratifs, fiscaux, d’assurance, d’équipement et d’envoi de colis. Un appui dans la
prière pour le combat spirituel dans les lieux célestes. Un soutien dans la communication:
correspondance, distribution de lettres de nouvelles, photos, CD, DVD, téléphone, publicité, etc.
Une prise en charge dès son retour, car il risque de se trouver fragilisé, diminué, mal dans sa peau,
car devenu un étranger dans son propre pays. L’engagement de la part d’une équipe de soutien ne
sera pas moins nécessaire que l’engagement demandé au missionnaire.

Les Eglises prient pour les missionnaires

Dieu veut agir en réponse à la prière et non sans elle. La plupart des sujets de prière qui
alimentaient l’intercession des Eglises, leur étaient suggérés par l’apôtre Paul. Les chrétiens, ne
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pouvaient-ils donc pas se laisser inspirer par l’Esprit pour savoir que demander? Certes, le Saint-
Esprit doit diriger dans la louange et l’adoration. Mais la prière qui dit: “Seigneur, bénis tous les
missionnaires” ne suffit pas comme intercession. Et prier pour leurs besoins matériels, un logement
ou l’arrivée intacte de leurs colis, ne peut remplacer la prière pour leur oeuvre. L’intercession en
faveur de ceux qui sont au loin et qui sont confrontés aux difficultés du travail se doit d’être
informée. Elle sous-entend une écoute préalable des requêtes du missionnaire. Le recevoir chez soi,
l’interroger sur son travail et sa situation, correspondre avec lui, téléphoner et, éventuellement, lui
rendre visite. Se documenter sur le pays où il est appelé à oeuvrer, et sur les grands principes de
l’action missionnaire, permettra une écoute et une prière intelligentes. La plupart des requêtes
suivantes suggérées par Paul, seraient à-propos, voir urgentes, pour des missionnaires aujourd’hui.

Qu’ils aient de bonnes occasions d’annoncer l’évangile

Le missionnaire peut frapper aux portes de nombreuses maisons et de nombreux coeurs sans que
personne ne daigne ouvrir. “Priez pour nous afin que Dieu nous accorde une occasion favorable de
prêcher (litt. ouvre une porte pour) sa parole, d’annoncer le secret du Christ” (Col.4:3). A son
arrivée dans une ville ou un village, il est rarement accueilli par une foule qui, les bras tendus,
s’écrie: “Pourquoi n’êtes-vous pas venu plus tôt?!” Jésus est venu chez les siens, mais les siens ne
l’ont pas reçu (Jean 1:11). Ses serviteurs doivent-ils s’attendre à être mieux reçus que lui? Mais on
peut demander pour eux qu’ils rencontrent des personnes qui ont le coeur ouvert. La Mission
“Portes Ouvertes” de Frère André, est là pour nous rappeler que les pays sont nombreux, qui ne
permettent pas l’annonce de l’Evangile. Et si Paul demande qu’on prie pour son annonce du
“secret” du Christ (4:3), c’est pour que cette bonne nouvelle ne demeure plus un secret pour ses
auditeurs.

On peut dépenser beaucoup de temps, d’énergie et d’argent sans que la Bonne Nouvelle ne se
répande ni loin ni vite. “Frères, priez pour nous, afin que la parole du Seigneur se répande
rapidement et soit honorée” (2 Thes.3:1). La parole est certainement une bonne nouvelle, mais
Qu’elle soit parole de Dieu n’empêche pas qu’elle soit méprisée, critiquée et rejetée. Pourquoi ne
pas demander une pêche miraculeuse? Prier qu’il soit placé sur la route du missionnaire des
personnes en recherche. Le moral et la motivation du missionnaire s’en trouvent bonifiés quand il
rencontre des portes et des coeurs ouverts en réponse à l’intercession.

Qu’ils aient les mots justes:

L’Evangile est un message merveilleux et toujours le même, mais quand le missionnaire s’adresse
aux personnes d’une autre culture, il ne trouve pas toujours la bonne façon de le communiquer.
“Priez aussi pour moi, afin que Dieu m’inspire les mots justes quand je m’exprime” (Eph.6:19).
Des mots qui toucheront les coeurs et les consciences. Paul reconnaissait avoir besoin de Dieu et
des prières des églises, pour que le Saint-Esprit lui inspire la façon la plus heureuse de s’exprimer
dans chaque situation. Pour qu’il soit, devant chaque auditoire, sensible aux vrais besoins des gens.
Sans parler du danger d’être mal compris quand il doit se servir d’une langue qu’il ne maîtrise pas
parfaitement. Paul parlait le grec et l’hébreu. Nous ne savons pas s’il s’exprimait en latin quand il
était à Rome. Ses collaborateurs, venant d’horizons divers, étaient souvent confrontés à des
auditeurs dont ils connaissaient mal l’idiome. L’intercession de l’Eglise pour l’apprentissage de la
langue et une sensibilité à la culture devra durer plusieurs années. Que d’embarras et de frustrations
pour le missionnaire, dues aux lenteurs, aux erreurs et aux gaffes dans son propre discours. La
prière lui permettra d’avoir une communication efficace de la Bonne Nouvelle. .

Qu’ils aient le courage de parler de l’Evangile


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Le missionnaire n’est pas forcément un héros, plein de courage face aux regards indifférents, aux
réactions méprisantes, aux paroles et aux gestes menaçants. “Seigneur, sois attentif à leurs menaces
et donne à tes serviteurs d’annoncer ta parole avec une pleine assurance” (Act.4:29). “Priez pour
que je parle avec assurance de la Bonne Nouvelle comme je le dois” (Eph.6:20). L’apôtre déclare
que parler avec assurance est pour lui un devoir. Ce devoir peut, au fil des ans, peser lourd pour un
missionnaire. Dieu peut donner des occasions; encore faut-il avoir le courage de les saisir quand
elles se présentent. Qu’on est déçu de soi-même quand on a laissé passer de bonnes opportunités de
parler de Jésus, par manque de courage! La prière de l’Eglise peut aider le missionnaire à trouver le
bon équilibre entre le souci de parler avec tact et sensibilité, au risque de trahir le message, et une
témérité excessive qui heurte et ferme les coeurs. Mais le message de la croix sera toujours scandale
pour les uns et folie pour les autres (1 Cor.1:23). Quand on élimine totalement le scandale et la folie
du message, il ne reste plus rien de l’Evangile non plus.

Qu’ils soient préservés du danger

L’oeuvre missionnaire n’est pas une partie de plaisir. “Combattez avec moi en adressant à Dieu des
prières en ma faveur. Priez pour que j’échappe aux incroyants de Judée” (Rom.15:30,31). Il
s’agissait de fanatiques religieux qui constituaient un danger auquel il s’agissait d’échapper. Ce
type de personne existe encore aujourd’hui dans de nombreux pays, même dans ceux qui
garantissent, en principe une liberté de conscience. “Priez aussi Dieu de nous délivrer des hommes
mauvais et méchants. Car ce n’est pas tout le monde qui accepte de croire” (2 Thes.3:2).
L’incrédulité rend souvent malveillants ceux auxquels on demande de croire au Christ. L’apôtre fut
aussi en danger de naufrage (2 Cor.11:25), du froid (11:27), des fauves (1 Cor.15:32), de la maladie
(2 Cor.12:7-9). Prier pour la santé des missionnaires se trouvant dans des climats tropicaux ou
sibériens et pour la sécurité de ceux qui cherchent à toucher des populations hostiles, sera une
nécessité constante.

Qu’ils soient libérés de prison

Paul connaissait mieux les prisons de l’empire romain que ses hotels. “Pierre était gardé dans la
prison, mais les membres de l’Eglise priaient Dieu pour lui avec ardeur” (Act.12:5). Quand Jésus
déclare: “Le Seigneur m’a envoyé pour proclamer la délivrance aux prisonniers” (Luc 4:18),
pensait-il, entre autres, aux nombreux missionnaires qui, au cours de l’histoire de l’Eglise, se
trouveraient en prison? L’apôtre Pierre fut délivré suite aux prières de l’Eglise à Jérusalem (12:6-
19). Prions-nous avec ardeur pour ceux que nous savons en prison à cause de leur témoignage?
Plusieurs sites internet fournissent des précisions toutes fraîches sur leurs noms et leurs
circonstances.

Qu’ils soient délivrés de la mort

Paul fut souvent en danger de mort (2 Cor.4:11; 11:23; Act.14:19; 15:26; 21:13,30,31). “Nous
avons cette espérance en Dieu qu’il nous délivrera encore d’une telle mort, et vous y contribuerez
vous-mêmes en priant pour nous” (2 Cor.1:10,11). Qu’il y ait échappé tant de fois, fut certainement
dû aux prières des Eglises. Pourquoi eut-il finalement à souffrir le martyre? Nous ne le savons.
Pourquoi y a-t-il encore aujourd’hui des milliers de chrétiens qui, chaque année, sont mis à mort à
cause de leur témoignage? La mission qui porte le nom “La Voix des Martyres” nous informe
continuellement par ses publications, pour que nous priions pour nos frères et soeurs qui sont en
danger de mort.

Qu’ils soient préservé de déshonorer le Seigneur dans les persécutions


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Toute menace peut être une tentation au compromis, à la trahison qui déshonorerait le nom du
Christ. Paul écrit de sa prison à Rome: “Car je sais que cela tournera à mon salut, grâce à vos
prières et à l’assistance de l’Esprit de Jésus-Christ; selon ma ferme attente et mon espérance, je
n’aurai honte de rien, mais maintenant, comme toujours Christ sera glorifié dans mon corps avec
un pleine assurance, soit par ma vie, soit par ma mort” (Phil.1:19,20). Il redoutait le procès qui se
préparait contre lui. Outre la crainte d’être exécuté, il avait peur de défaillir lors de sa défense et,
par ses réactions ou ses paroles, de jeter le discrédit sur Jésus-Christ. Il voulait, grâce aux prières
des Philippiens, avoir la force de glorifier le Seigneur, même dans un corps mutilé. Le missionnaire
est soumis à différents types de pression, sans que sa vie ne soit toujours mise en danger. Dieu ne
promet pas de toujours délivrer ses serviteurs. Paul demande qu’on prie pour qu’il soit soutenu dans
son épreuve et qu’il ne fasse rien dont il aurait honte.

Que le missionnaire puisse leur rendre visite

“A Philémon...et à l’Eglise qui est dans ta maison...J’espère vous être rendu, grâce à vos prières”
(Philm.1,2,22). Que rendre visite à cette Eglise était pour lui un espoir, et que l’Eglise ait le désir de
prier pour qu’il leur soit rendu, témoignent des liens d’affection qui sous-tendaient leur intercession
en sa faveur. Si nous aimons nos missionnaires, nous prierons pour eux, pour qu’ils puissent nous
rendre visite. Et qu’ils soient gardés de tout accident pendant le voyage.

Il sera question plus loin d’une trentaine de requêtes que les missionnaires sont appelés à formuler
pour le progrès des nouveaux chrétiens (Voir chap. 18 “L’intercession des missionnaire”). Ceux
qui cherchent à soutenir leurs missionnaires dans ce ministère d’intercession en faveur de jeunes
croyants, peuvent aussi s’inspirer de ces prières-là, pour se joindre à eux dans leur intercession pour
ces derniers.

Les prières des Eglises pour les missionnaires n’étaient pas faites de banalités. Leur intercession
pour ceux-ci s’articulait autour de trois axes principaux: 1) Qu’ils aient liberté et efficacité dans leur
annonce de la parole, 2) Qu’ils soient protégés de tout danger, et 3) Qu’ils aient, dans la
persécution, un comportement à la gloire de Dieu. Paul sollicite les Eglises à répétition pour
qu’elles prient pour lui. Il le fait en les informant de ses difficultés et de ses besoins. Pour survivre,
tout missionnaire doit s’assurer un soutien dans la prière par le moyen d’une information régulière à
un cercle d’amis aussi large que possible. Il ne doit pas percevoir l’envoi de lettres de prière et de
rapports comme une charge supplémentaire. Celles-ci seront sa survie.

Les responsables dans les Eglises assureront aussi une courroie de transmission pour les nouvelles
vers tous leurs membres: les enfants de l’école du dimanche, les retraités qui ont plus de temps pour
prier, les groupes de maison, les jeunes, etc. Tous doivent recevoir une information régulière. Un
comité peut fonctionner au sein de l’Eglise pour s’occuper de tout ce qui concerne les
missionnaires. Les pasteurs et les anciens qui ont des convictions missionnaires bibliques,
enseigneront celles-ci, communiqueront une vision, soutiendront et encourageront tous les efforts
qui vont dans ce sens.

Les Eglises ont autant besoin de la mission que la mission a besoin d’elles, mais pour des raisons
différentes. Les prières pour les missionnaires ne pouvaient manquer d’avoir des répercussions
bénéfiques sur la vie des intercesseurs eux-mêmes. Comment ceux-ci pouvaient-ils demander que
les missionnaires aient des occasions pour annoncer l’évangile, du courage et les mots justes , tandis
qu’ils oubliaient eux-mêmes de témoigner autour d’eux? Comment prier qu’ils soient préservés du
danger, et ne courir soi-même aucun risque, ne consentir aucun sacrifice pour la cause du Christ?
Les Eglises établies ont toujours été les premières bénéficiaires de leur propre engagement pour la
mission. Elles restent ainsi conscientes de la lutte entre la lumière et les ténèbres, de la différence
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entre l’Eglise et le monde, et ont moins tendance à sombrer dans l’indifférence et la suffisance. Les
rapports et les nouvelles de l’action missionnaire favorisent la vitalité et le réveil dans les Eglises
qui reçoivent celles-ci.

Les Eglises établies accueillent les missionnaires en visite, avec tous les honneurs

Les soldats qui reviennent du front sont souvent blessés. Ceux qui n’ont jamais vécu l’expérience
missionnaire en perçoivent difficilement le prix en forces physiques et nerveuses. Dès le début,
préparatifs, séparations, finances précaires, adaptations, immersion dans une autre langue et culture,
oppositions, maladies, déceptions, tensions familiales, critiques, bouleversements politiques,
conflits d’Eglises et de collègues, découragements, dangers, etc. Que les missionnaires soient en
congé ou en fin de carrière, il sont souvent malades, physiquement diminués, émotionnellement
épuisés, préoccupés pour leurs enfants, pour leurs vieux parents, pour leurs propres vieux jours. La
réadaptation à un milieu et à des gens qui ont changé en leur absence peut être traumatisante.
Certains de ses vieux amis ont déménagé et les nouveaux dans l’Eglise ne connaissent pas le
vétéran. Il ne leur a pas manqué. Mais le missionnaire non plus n’est plus le même. Et il subit un
nouveau choc culturel.

Le missionnaire est un capital qu’il faut entretenir. Son suivi médical, pastoral et psychologique,
quand il est de retour au pays, peut difficilement être assuré par la société missionnaire, dont les
objectifs principaux sont autres. Ce sont les Eglises établies, et particulièrement celle dont le
missionnaire est issu qui doivent assumer le gros de cette tâche. Elles feront bien de constituer une
équipe d’accueil dont les membres se répartiront les tâches afférent à une bonne prise en charge du
guerrier. L’Ecriture donne un luxe de détails sur la façon dont les missionnaires doivent être
entourés par les Eglises. Cet accueil fait partie intégrante de la cause missionnaire dans son sens le
plus large.

On les reçoit bien et avec joie

Le missionnaire est humain comme tout le monde. “Timothée nous a dit que vous pensez toujours à
nous avec affection et que vous désirez nous revoir” (1 Thes.3:6). L’apôtre avait besoin de savoir
qu’on pensait à lui et qu’on serait content de le revoir. “Si Marc vient chez vous, accueillez-le bien”
(Col.4:10). “Les frères écrivirent une lettre aux croyants de cette région pour qu’ils fassent bon
accueil à Apollos” (Act.18:27). Paul craignait-il que Marc risquait d’être mal accueilli par l’Eglise à
Colosse et Apollos par les frères en Achaïe? Le directeur comprend combien importante est la
réception que les Eglises doivent réserver aux missionnaires. “Je me sens d’autant plus pressé de
vous envoyer Epaphrodite, afin que vous vous réjouissiez de le revoir...Ainsi, accueillez-le avec
une joie entière (Phil.2:28). “A notre arrivée à Jérusalem, les frères nous reçurent avec
joie”(Act.21:17). Le missionnaire qui revient chez lui, a besoin de sentir qu’on ne l’a pas oublié. De
voir une délégation importante à l’aéroport à sa descente de l’avion. D’être hébergé chez quelqu’un
en attendant qu’il retrouve un logement. L’accueil enthousiaste de l’Eglise peut l’aider à se refaire
un moral, si celui-ci est défaillant.

Les responsables de l’Eglise sont les premiers à les accueillir

Il fallut des semaines à une certaine missionnaire, de retour au pays, avant d’avoir un rendez-vous
avec le pasteur de son Eglise. “Quand Paul et Barnabas arrivèrent à Jérusalem, ils furent accueillis
par l’Eglise, les apôtres et les anciens” (Act.15:4). “Le lendemain (de son arrivée), Paul se rendit
avec nous chez Jacques où tous les anciens de l’Eglise se réunirent” (Act.21:18). Quelle réception!
Par tous les conducteurs sans exception et l’Eglise entière! Les responsables d’Eglise considèrent
souvent la mission comme le “dada” de quelques enthousiastes parmi leurs ouailles. Ils ne
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s’engagent pas personnellement en sa faveur comme pour une fonction essentielle de l’Eglise
entière. Dans les grandes Eglises, le pasteur et les anciens laissent parfois toute la responsabilité de
s’occuper des missionnaires, aux membres d’un comité ou à d’autres bonnes volontés. Ce ne fut
donc pas le cas pour l’Eglise à Jérusalem qui comptait plusieurs milliers d’adhérents (Act.2:41;
4:4). Pour certains conducteurs de nos jours, la mission n’est qu’une activité parmi tant d’autres.
Mais si, dans une entreprise commerciale, un département ou un projet est considéré comme
spécialement important, on en fait une affaire pour le P.D.G. Une Eglise va rarement penser et agir
autrement que pensent et agissent ses responsables. Si un pasteur n’appuie pas de tout son poids le
projet et le comité missionnaire de son Eglise, ce projet ne sera jamais prioritaire dans cette Eglise.

L’Eglise doit leur témoigner de l’estime

Une Eglise au pays n’a souvent aucune idée de la vraie valeur d’un missionnaire aux yeux de Dieu,
et aux yeux des Eglises qui ont vu le jour par son moyen. “Accueillez Epaphrodite...Vous devez
avoir de l’estime pour des hommes tels que lui” (Phil.2:29). “Vous avez accueilli Cite humblement,
avec respect” (2 Cor.7:15). “Nous envoyons le frère dont toutes les Eglises font l’éloge pour son
activité au service de la Bonne Nouvelle” (2 Cor.8:18). L’Eglise n’a souvent aucune idée de ce que
cela lui a coûté en renoncement, en sacrifice, ni de la valeur éternelle de ce que Dieu a accompli par
lui dans des centaines de vies. Il ne faut pas se fier aux apparences. On l’accueille parfois comme
s’il rentrait de vacances.

Aujourd’hui encore, le missionnaire qui revient au pays après des années d’avoir vécu en brousse et
d’avoir parlé une autre langue, fait rarement impression par son discours, ses manières ou ses
habits. “Si Timothée arrive, faites en sorte que rien ne le décourage chez vous, car il travaille
comme moi à l’oeuvre du Seigneur. Que personne ne le méprise” (1 Cor.16:10,11). Ces
recommandations de Paul sous-entendent que ses collaborateurs, lors de leurs visites à cette Eglise,
avaient parfois été d’avantage découragés qu’encouragés, et méprisés plutôt qu’estimés. Les habits
et le langage du vétéran missionnaire sont rarement au goût du jour en Occident. Il revient de
l’étranger après des années et peut parfois sembler un peu étrange pour celui qui n’a jamais quitté le
confort de son petit monde à lui. On trouve qu’il n’est plus à la page - dans le coup. Et il se sent
incompris, isolé. Il n’a plus le sentiment d’appartenir à ce milieu devenu indifférent sinon
condescendant.

L’Eglise entière écoute leur rapport en silence et en loue le Seigneur

On ne relègue pas les rapports des missionnaires aux seules réunions de maison, à l’école du
dimanche ou à la réunion de prière ou des dames. Alors, toute l’assemblée garda le silence et l’on
écouta Barnabas et Paul raconter tous les miracles et les prodiges que Dieu avait accomplis par eux
parmi les non-Juifs (Act.15:12). On leur accorde le temps qu’il faut dans la réunions plénière du
dimanche matin. Tous ne seront pas des orateurs ou des spécialistes en relations publiques, mais
leur personne et leur travail méritent toute l’attention et le respect de chacun. Les responsables se
montreront ingénieux pour mettre en lumière la valeur cachée de leur ministère et susciter l’intérêt
de l’Eglise pour leur travail. Le simple fait de les écouter dans le silence, de chercher à comprendre
leurs circonstances, et de réagir positivement, leur apportera un soutien moral et psychologique.

“Paul leur raconta en détail tout ce que Dieu avait accompli par son activité chez les non-juifs.
Après l’avoir entendu, ils louèrent Dieu” (Act.21:19,20). Il n’est pas étonnant que le missionnaire
se montre enthousiaste et empressé de raconter par le menu ce qui lui tient le plus à coeur. On se
gardera d’être ennuyé par la longueur du discours, ou par le nombre des diapositives; de trouver
normal qu’il y ait eu des succès, d’être étonné du peu de résultat ou des petits nombres. Il sera bon
de faire suivre l’exposé de questions et d’un temps de louange.
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L’Eglise profite pleinement du ministère de ses missionnaires en congé

Le missionnaire, même âgé, a beaucoup à contribuer à l’Eglise. “Paul et Barnabas restèrent à


Antioche...Ils enseignaient et prêchaient la parole du Seigneur” (Act.15:35). Ce séjour des apôtres
dans cette Eglise qui les avaient envoyés, se situe entre leur premier et leur deuxième voyage
missionnaire. Le congé ou la retraite d’un missionnaire devraient être consacrés d’abord au repos. Il
faut un temps pour récupérer et se réacclimatiser. Outre le défi qu’il lancera pour motiver chacun à
lever les yeux et à regarder les champs qui blanchissent pour la moisson, il servira selon ses dons
dans les réunions de maison, de prière, d’étude biblique, de jeunes, etc. Il pourra encourager,
conseiller et accompagner ceux qui se destinent à la mission, et les conduire dans un ministère
auprès des étrangers et des immigrés de la ville. Qui pourrait mieux que lui recruter et organiser des
équipes de soutien pour que celles-ci prennent à leur compte les aspects multiples de l’appui aux
missionnaires. Tout cela servira à valoriser le missionnaire aux yeux de tous, à le réintégrer à sa
patrie et prolongera les années de sa vie dans un ministère utile.

Les Eglises hébergent d’autres missionnaires que les leurs, qui sont de passage

“Nous avons abordé à Tyr...Nous y avons trouvé des croyants et sommes restés une semaine avec
eux...Après avoir salué les frères à Ptolémaïs, nous sommes restés un jour avec eux. Le lendemain,
nous sommes repartis et nous sommes arrivés à Césarée. Là, nous sommes entrés dans la maison de
Philippe, l’évangéliste et avons logé chez lui” (Act.21:4,7,8). “A Pouzzoles, nous avons trouvé des
frères qui nous invitèrent à passer une semaine avec eux” (Act.28:14). Ces Eglises n’avaient pas
envoyé Paul et n’avaient pas été fondées par lui. L’hospitalité chrétienne doit être accordée à tout
missionnaire de bonne réputation qui est de passage, même à celui qu’on connaît moins. L’Eglise
peut considérer sa visite comme une opportunité d’être sensibilisée aux possibilités et aux besoins
d’une autre oeuvre. Son apport spirituel pourra souvent surprendre et enrichir.

Les Eglises établies appuient l’enseignement des missionnaires contre l’influence de faux
docteurs

Les Eglises établies servent de référence doctrinale pour les missionnaires et les Eglises nouvelles

Le Nouveau Testament contient une douzaine de mentions de faux prophètes ou de faux docteurs.
Ce sera une constante à travers l’histoire de l’Eglise. “Quelques hommes vinrent à Antioche et se
mirent à donner aux frères cet enseignement: “Vous ne pouvez pas être sauvés si vous ne vous
faites pas circoncire comme la loi de Moïse l’ordonne”. Paul et Barnabas les désapprouvèrent et
eurent une violente discussion avec eux à ce sujet. On décida alors que Paul, Barnabas et quelques
autres personnes d’Antioche iraient à Jérusalem pour parler de cette affaire avec les apôtres et les
anciens”(Act.15:1,2). Les missionnaires qui sont confrontés à un désaccord doctrinal sur le champ,
peuvent, aujourd’hui encore, s’en référer directement à l’enseignement des premiers apôtres du
Seigneur et à celui de l’Eglise à Jérusalem, consignés dans le Nouveau Testament. Ils peuvent aussi
chercher un appui auprès d’apôtres modernes, implanteurs d’Eglises comme eux, et auprès des
Eglises fondées par ces derniers.

Les Eglises établies font une recommandation claire

Pas de formulations “oecuméniques” dont chacun pouvait faire ce qu’il voulait. “Les apôtres et les
anciens se réunirent pour examiner cette question. Après une longue discussion, Pierre intervint et
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dit:...Dieu, qui connaît le coeur des humains, a attesté qu’il accueillait les non-Juifs en leur donnant
le Saint-Esprit aussi bien qu’à nous...Maintenant pourquoi défiez-vous Dieu en voulant imposer aux
croyants un fardeau que ni nos ancêtres, ni nous-mêmes n’avons été capables de porter...Jacques
ajouta: J’estime qu’on ne doit pas créer de difficultés à ceux, non-Juifs qui se tournent vers Dieu”
(15:6-10,19). Si le désaccord avait été vif au départ, le Saint-Esprit avait pu faire entendre sa voix et
on se plia à la décision des apôtres. Celle-ci fut sans ambiguïté. “Si le joueur de trompette ne fait
pas retentir un appel clair, qui se préparera au combat?” (1 Cor.14:8).

Les Eglises établies communiquent leur décision aux Eglises nouvelles par lettre et par des
membres de la société, comme délégués officiels

“Alors les apôtres et les anciens, avec toute l’Eglise, décidèrent de choisir quelques-uns d’entre eux
et de les envoyer à Antioche avec Paul et Barnabas...Ils les chargèrent de porter la lettre suivante ...
Aux frères d’origine non-juive qui vivent à Antioche, en Syrie et en Cilicie...Les délégués se
rendirent à Antioche. Ils y réunirent l’assemblée des croyants et leur remirent la lettre. On en fit la
lecture et tous se réjouirent de l’encouragement qu’elle apportait...Dans les villes où ils passaient,
ils communiquaient aux croyants les décisions prises par les apôtres et les anciens de Jérusalem et
leur demandaient d’obéir à ces décisions”(15:22,23,30,31; 16:4). La société missionnaire doit avoir
une base théologique claire et ferme, qui est conforme à celle des Eglises qui soutiennent son
action. Elle doit s’y tenir strictement dans son enseignement. Les Eglises établies n’entrent pas en
contact direct avec les Eglises nouvelles, mais uniquement par l’intermédiaire de la société
missionnaire. Celle-ci doit faire connaître la base doctrinale à tous les croyants des Eglises
nouvelles et non seulement à leurs conducteurs. Elle contribuera de la sorte à l’unité doctrinale au
sein de ces Eglises, et entre elles et les Eglises établies.

Les Eglises établies accordent leur reconnaissance officielle aux missionnaires et les
recommandent chaleureusement auprès des Eglises nouvelles

Paul écrit aux Galates: “Reconnaissant la grâce qui m’a été donnée, Jacques, Pierre et Jean,
considérés comme des colonnes, nous donnèrent la main à moi et à Barnabas en signe de
communion, afin que nous allions vers les païens” (Gal.2:9 TOB). Les apôtres et les anciens à
Jérusalem précisent à l’intention des Eglises nouvelles: “Des délégués accompagneront nos chers
amis Barnabas et Paul qui ont risqué leur vie au service de notre Seigneur Jésus-Christ”
(Act.15:25,26). Les Eglises établies attestaient donc la légitimité de l’action des missionnaires.
Cette légitimité est basée (1) sur la justesse de leur enseignement, (2) sur le fait que Dieu leur avait
imparti un champ de travail précis et (3) sur les dangers auxquels ils s’étaient exposés pour la cause
du Seigneur.

Les Eglises établies se gardent d’obliger le missionnaire à transmettre à un autre peuple leurs
propres particularités culturelles

Les Eglises établies doivent distinguer, dans l’expression du Christianisme qui leur est propre,
entre les éléments qui sont de l’essence-même de l’Evangile et ceux de leur culture qui ne le sont
pas forcément

L’Eglise à Jérusalem a-t-elle imposé aux Eglises nouvelles les particularités juives de ses membres?
“Je suis retourné à Jérusalem avec Barnabas; J’ai également emmené Tite avec moi...Dans une
réunion privée que j’ai eue avec les personnes les plus influentes, je leur ai expliqué la Bonne
Nouvelle que je prêche aux non-Juifs. Je ne voulais pas que mon travail passé ou présent s’avère
inutile. Eh bien, Tite mon compagnon qui est grec, n’a pas même été obligé de se faire circoncire”
(Gal.2:1-3). Pierre déclare à son tour aux chrétiens d’origine juive: “Pourquoi défiez-vous Dieu en
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voulant imposer aux croyants (non-Juifs) un fardeau que ni nos ancêtres, ni nous-mêmes n’avons
été capables de porter? (Act.15:10). L’Eglise à Jérusalem, composée principalement d’Israélites,
n’estime pas que les coutumes qu’elle a hérité du Judaïsme soient les seules qui soient appropriées
pour une Eglise chrétienne autrepart dans le monde. Les problèmes qui se posent en mission ne sont
pas forcément les mêmes que ceux qui se posent à l’Eglise au pays.

Les nouveaux croyants en terre de mission doivent être détachés des élément purement culturels
propres aux Eglises établies, pour être libres d’exprimer une foi biblique qui ne heurte pas
inutilement ceux de leur propre culture

Le Judaïsme avait peu de rayonnement spirituel. Paul demande aux nouveaux chrétiens d’origine
païenne: “Comment pouvez-vous retourner encore à des éléments faibles et pauvres, dans la volonté
de vous y asservir de nouveau? Vous observez religieusement les jours, les mois...C’est pour que
nous soyons vraiment libres que Christ nous a libérés. Tenez donc ferme et ne vous laissez pas
remettre sous le joug de l’esclavage” (Gal.4:9,10; 5:1 TOB). Imposer de devenir prosélytes juifs
aux croyants en Christ d’un autre peuple, empêcherait ceux-ci de rayonner avec la Bonne Nouvelle
parmi leurs propres concitoyens. L’apôtre cherchait à dégager les nouveaux croyants de parmi les
gentils, du fardeau des coutumes juives. Aujourd’hui, nos missionnaires doivent veiller à ce que les
Eglises qu’ils implantent, ne deviennent pas des copies conformes des églises occidentales, dans
leurs rites, moeurs, architecture, structures, habillement, traditions, liturgies, musiques, etc. Ces
éléments sont autant de fardeaux qui risquent d’empêcher la multiplication spontanée des églises
dans le terroir qui leur est propre.

Pierre, à un moment donné, visite l’Eglise à Antioche, composée principalement de non-juifs (Gal.
2:11-14) et refuse de manger avec des frères non-juifs par peur de ce qu’en diraient certains
judaïsants venus de Jérusalem (2:12). Sur ce, Paul s’est “opposé à lui ouvertement parce qu’il avait
tort” (2:11). Cet incident est instructif. Il montre premièrement que les coutumes d’une Eglise
établie, même celle de Jérusalem, n’étaient pas forcément d’application dans un autre contexte
culturel. L’incident met aussi en évidence l’autonomie du missionnaire, Paul, vis-à-vis de Pierre, un
représentant officiel d’une Eglise établie. Paul n’a aucun compte à lui rendre, ni à son Eglise. C’est
même le contraire qui se produit car, sur une question de principe, c’est Paul qui adresse une
réprimande à Pierre devant tous les chrétiens non-Juifs d’Antioche (Gal.2:14).

Les Eglises établies doivent préciser pour les missionnaires et les Eglises nouvelles les
abstentions qui demeurent d’application pour tout chrétien

Mais il y a des éléments religieux et moraux invariables qui sont d’application pour l’Eglise
universelle de tous les temps. Ecoutez Pierre: “Nous avons décidé à l’unanimité de choisir des
délégués et de vous les envoyer. Ils accompagneront nos chers amis Barnabas et Paul...En effet, le
Saint-Esprit et nous-mêmes avons décidé de ne vous imposer aucun fardeau (de la loi de Moïse) en
dehors des devoirs suivants qui sont indispensables: Ne pas manger de viandes provenant de
sacrifices offerts aux idoles; ne pas manger de sang, ni la chair d’animaux étranglés; vous garder de
l’immoralité” (Act.15:25-29). Ces abstentions sont également de rigueur à notre époque, c.à.d.: se
garder (1) d’éléments religieux faux; (2) de ce qui est malsain et (3) de rapports sexuels extra-
conjugaux. Ces choses comportent toutes les trois une menace pour l’existence de l’Eglise. Un
enseignement clair sur le syncrétisme, l’hygiène et l’éthique sexuelle fait partie du discipulat
chrétien parmi des populations païennes. Cependant, il serait tout aussi important de nos jours, de
s’en tenir à ces interdictions-là sans en ajouter d’autres. Car les apôtres réunis à Jérusalem avaient
bien précisé que le Saint-Esprit, et eux-mêmes n’imposaient aucun autre fardeau (Act.15:28). Les
missionnaires ont parfois imposé des restrictions inutiles à la vie personnelle et sociale et à la
célébration du culte de populations aux tempéraments exubérants. Ils n’ont fait qu’en mater
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l’enthousiasme et restreindre le rayonnement de leurs Eglises.


Les Eglises établies doivent permettre aux missionnaires issus de leur culture de s’adapter aux
cultures des peuples auxquels ils annoncent l’Evangile

Le légalisme dresse une barrière entre le chrétien et l’homme perdu, qui entrave l’évangélisation du
monde. “Paul déclare: “Avec ceux qui sont sans loi, j’ai été comme sans loi (quoique je ne sois
point sans la loi de Dieu, étant sous la loi de Christ) afin de gagner ceux qui sont sans loi” (1
Cor.9:21). Obliger les missionnaires à obliger ceux qu’ils évangélisent, à adopter le style de vie de
l’église établie est un piège. Dire qu’il faut changer de culture, de langue ou d’idées politiques pour
devenir chrétiens, fait obstacle à l’implantation de l’Eglise dans toutes les cultures et toutes les
nations jusqu’aux extrémités de la terre.

Les Eglises apportent aux missionnaires une aide matérielle

Et elles seront les premiers bénéficiaires de leur propre générosité! Paul termine un des principaux
passages sur l’aide financière des églises aux missionnaires (Phil.4:10-19) par deux considérations
surprenantes: “Ce n’est pas que je recherche à recevoir des dons; mais je désire qu’un bénéfice soit
ajouté à votre compte” (4:17). En d’autres termes, Paul ne convoite pas l’argent des Philippiens.
Cependant, comme l’Eglise a besoin, pour son propre bien-être, de prier pour les missionnaire (voir
plus haut), elle a besoin, pour la même raison, de leur apporter son soutien financier. La vitalité et le
dynamisme de l’Eglise locale dépend de son engagement missionnaire. C’est un principe matériel et
spirituel: “Tel qui donne libéralement devient plus riche...celui qui arrose sera lui-même arrosé”
(Prov.11:24,25 Seg.).

Et Paul continue: “Mon Dieu pourvoira à tous vos besoins, selon sa magnifique richesse, par Jésus-
Christ” (Phil.4:19). Les Philippiens qui donnent largement à l’action missionnaire, pourront
toujours s’attendre au secours de Dieu s’ils se trouvent en difficulté financière. C’est une promesse:
Ils verront tous leurs besoins comblés, que ceux-ci soient matériels ou spirituels. L’immense trésor
de Dieu en sera le garant et la mesure. Celui qui garde tout pour lui-même peut difficilement
réclamer le secours de Dieu quand il est en détresse matérielle. Mais donner de son nécessaire, au
lieu de le garder pour soi-même, demande un acte de foi. Foi en cette parole de Dieu. La mesure de
nos libéralités missionnaires est souvent la mesure de notre foi. Ce qui est vrai sur le plan personnel,
l’est également sur le plan communautaire. Donner priorité aux missions dans le budget de l’Eglise
au lieu de satisfaire d’abord à tous les éléments de son programme, est une preuve de confiance en
Dieu. Cette libéralité sera aussi la mesure de la prospérité spirituelle de l’Eglise.

Les Eglises envoient des collaborateurs en renfort pour les missionnaires

Les Eglises locales sont des pépinières. Dieu veut s’en servir pour pourvoir les sociétés
missionnaires en collaborateurs. Les textes nous disent d’où provenaient à peu près la moitié des
quelques 50 missionnaires de la compagnie de Paul (Voir le tableau plus haut). Les Eglises à
Antioche et à Thessalonique envoyèrent chacune au moins quatre missionnaires. Les Eglises à
Jérusalem et à Philippe, au moins trois. Les Eglises à Corinthe et à Ephèse, au moins deux. Et les
Eglises à Lystre, Derbe, Bérée et Rome, au moins une chacune. Il saute aux yeux que les Eglises
nouvelles, implantées par l’action missionnaire, deviennent rapidement et à leur tour des sources de
nouveaux missionnaires. Elles passent du statut d’Eglises réceptrices à celui d’Eglises d’envoi. De
nos jours, les Eglises nouvelles des pays du Sud sont sur le point de dépasser celles du Nord et de
l’Occident, en nombre de missionnaires envoyés au-delà de barrières géographiques, linguistiques
ou culturelles. Elles sont loin d’estimer que les sociétés missionnaires leur “volent” leurs jeunes,
comme le ressentent actuellement certaines Eglises en Occident.
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Pour résumer ce qu’est l’appui des Eglises en faveur de la mission, on peut dire que l’Eglise locale
est la rampe de lancement pour l’action missionnaire. Elle est aussi sa base d’opération. C’est elle
qui entretient les lignes de communication avec le front. Le soldat y retourne pour se faire soigner,
pour reprendre des force, se refaire un moral. On l’accueil en héros, il raconte les dernières
nouvelles, il demande du renfort. Les communautés qui ont compris que, dans le plan de Dieu pour
l’ère présente, cette action est “la chose principale” chercheront à enraciner cette vision dans la
totalité de la vie de l’Eglise. Son fondement biblique reviendra constamment dans la prédication et
l’enseignement. Les nouvelles missionnaires seront portées à l’attention de tous, pour qu’ils prient
et apportent un soutien par tous les moyens. Le défi d’un service missionnaire sera lancé aux jeunes
et aux moins jeunes. Des possibilités d’évangélisation sur place, dans la région et au loin à court
terme seront organisés. Il ne s’agit pas d’une panacée pour la vie de l’Eglise. Mais un tel
engagement minimise les problèmes suscités par les futilités internes qui tendent à occuper les
esprits et les détourner de l’essentiel. Et les Eglises qui s’engagent résolument dans une action
missionnaire sont transformées elles-mêmes par cet engagement.

13. LES RESPONSABILITES DES MISSIONNAIRES VIS-A-VIS DES EGLISES QUI LES
APPUYENT

Les Eglises ne sont pas seules à avoir des responsabilités dans l’action missionnaire. Il y a
réciprocité.

Les missionnaires, de retour en visite aux Eglises établies, doivent se réadapter au milieu
culturel de celles-ci pour ne pas y choquer les nouveaux croyants ou y entraver
l’évangélisation

“Jacques et tous les anciens de l’Eglise (à Jérusalem) dirent à Paul: Tu vois, frère, combien de
milliers de Juifs sont devenus chrétiens: ils sont tous très attachés à la loi. Or, voici ce qu’on leur a
déclaré: tu enseignerais à tous les Juifs qui vivent au milieu d’autres peuples la nécessité
d’abandonner la loi de Moïse...de ne plus suivre les coutumes juives. Que faire?...Eh bien, fais ce
que nous allons te dire. Nous avons ici quatre hommes qui ont fait un voeu. Emmène-les, participe
avec eux à la cérémonie de purification...Alors Paul emmena ces quatre hommes et, le lendemain,
participa avec eux à la cérémonie de purification” (Act.21:18-26). Paul, de retour à Jérusalem, se
plie aux coutumes juives que les chrétiens convertis du Judaïsme, continuaient d’observer. Il le fait
pour ne pas leur être en scandale. Il montre aussi que, sur des questions purement culturelles, il
s’adapte, où qu’il soit. Il se soumet à l’autorité des anciens de l’Eglise locale à laquelle il rend
visite.

Le missionnaire français en Afrique, issu d’un milieu liturgique et de retour au pays, se gardera de
laisser entendre qu’un manque d’exubérance dans le culte de son Eglise d’origine serait signe d’un
manque de spiritualité. Le missionnaire américain, issu d’un milieu abstinent, qui boit du vin en
France pour se faire Français avec les Français, doit veiller malgré tout lorsqu’il rentre au pays, à ne
pas choquer inutilement les chrétiens dans son Eglise d’origine qui sont abstinents par conviction.
On peut multiplier de tels exemples en changeant les noms des pays. La réadaptation du
missionnaire en congé, après plusieurs années d’absence dans la brousse ou dans un pays islamique,
ne sera pas toujours facile. Il devra cependant, faire l’effort de conformer à nouveau son
habillement, son langage et son style de vie à l’Eglise au pays. Faute de quoi, il risque de ne pas être
compris, de ne pas contribuer l’apport spirituel qui pourrait enrichir l’Eglise, et surtout de ne lancer
aucun défi missionnaire qui soit compréhensible aux jeunes.

Les missionnaires font rapport aux Eglises sur leur travail, et sur leur situation personnelle
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“Je suis retourné à Jérusalem avec Barnabas; j’ai également emmené Tite avec moi...Dans une
réunion privée que j’ai eue avec les personnes les plus influentes, je leur ai expliqué la Bonne
Nouvelle que je prêche aux non-Juifs. Je ne voulais pas que mon travail passé ou présent s’avère
inutile” (Gal.2:1,2). Le missionnaire doit des explications aux responsables des Eglises établies, sur
le contenu doctrinal du message et de l’enseignement qu’il apporte sur le champ. Il est parfaitement
normal qu’une église demande aux missionnaires qu’elle soutient, d’être en accord avec sa
profession de foi. Par contre, ces explications sur sa prédication et son champ d’activité ne
signifiaient pas que l’apôtre avait des comptes à rendre à l’église de Jérusalem sur la stratégie et les
moyens de son action. Nous reviendrons plus loin sur la liberté qu’il avait dans le ministère, sous la
direction du Saint-Esprit.

“Paul et Barnabas traversèrent la Phénicie et la Samarie, en racontant comment les non-Juifs


s’étaient tournés vers le Seigneur. Cette nouvelle causait une grande joie à tous les frères. Quand ils
arrivèrent à Jérusalem, ils furent accueillis par l’Eglise, les apôtres et les anciens, et ils leur
racontèrent tout ce que Dieu avait réalisé par eux” (Act.15:3,4. Voir aussi 15:12; 21:17-19;
Rom.15:16-20). Le sujet était délicat. Il n’était pas acquis d’avance que tous les Juifs des Eglises en
Samarie et à Jérusalem allaient comprendre que les gentils puissent entrer dans l’Eglise sans garder
les lois juives. Il suffit de se souvenir du fort courant judaïsant qui persista pendant des années dans
l’Eglise à Jérusalem (Act.15; 21:17-26). L’apôtre devait se donner la peine de justifier son action
parmi des populations inconnues des croyants Juifs à Jérusalem.

Il est intéressant de noter que Paul, lors de cette visite, se fait accompagner par deux collaborateurs,
Barnabas et Tite (Gal.2:1). Son rapport était appuyé par des témoins. Il peut être utile à un
missionnaire, à notre époque, de demander à son chef d’équipe de l’accompagner lors d’une visite à
son Eglise d’origine; ou au directeur de donner des informations sur son activité et d’écrire des
lettres de recommandation. De nos jours encore, les chrétiens d’Eglises établies ne comprennent pas
d’office les situations et les exigences du travail dans d’autres cultures. La société missionnaire doit
aider les missionnaires à informer, éduquer et mobiliser les chrétiens des Eglises, en faveur d’une
action missionnaire qui, de premier abord, pourrait leur sembler étrange, voir suspecte.

“Arrivés à Antioche, Paul et Barnabas réunirent l’église et racontèrent tout ce que Dieu avait réalisé
par eux, et comment il avait ouvert la porte de la foi aux non-Juifs, eux aussi” (Act.14:27). Il était
normal pour les deux missionnaires de faire rapport sur leur travail à l’Eglise par laquelle ils avaient
été envoyés. Le principe est d’autant plus valable à notre époque, où les moyens de communication
sont plus nombreux et plus faciles. Il demande l’envoi régulier de lettres de nouvelles et des
rapports écrits. Ceux-ci doivent porter sur les objectifs, les moyens mis en oeuvre et les résultats du
travail. Paul et Barnabas mettent chaque fois en avant l’action de Dieu comme la cause des fruits
obtenus, plutôt que d’attribuer ceux-ci à leur activité. Leurs efforts n’en avaient été que le moyen.
C’est bien là l’accent qui doit être placé dans tout rapport missionnaire. Faut-il ajouter que tout
rapport doit aussi être rigoureusement honnête. Il est facile pour un missionnaire, quand son activité
est éloignée à des milliers de kilomètres de ceux qu’il informe, de dramatiser des situations, de
broder sur ce qui s’est vraiment passé, voir d’exagérer les résultats.
“Loin des yeux, loin du coeur” est un phénomène humain. Paul l’a compris et écrit: “Je veux que
vous sachiez, vous aussi, quelle est ma situation, ce que je fais; Tychique...vous donnera toutes les
nouvelles. Je vous l’envoie tout exprès pour vous dire où nous en sommes” (Eph.6:21,22;
Phil.1:12). Comment la plupart des membres d’une Eglise n’oublieraient-ils pas le missionnaire qui
disparaît pendant plusieurs années de leur champ de vision? Paul se sent responsable de leur donner
des nouvelles de ce qu’il fait. “En ce qui concerne ma situation, vous aurez toutes les nouvelles par
Tychique...Je vous l’envoie tout exprès pour vous donner de nos nouvelles. Onésime...
l’accompagne. Ils vous mettront au courant de tout ce qui se passe ici.” (Col.4:7-9). Paul est en
prison quand il écrit à ces trois Eglises (à Ephèse, Philippe et Colosse). Sa relation avec elles est de
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nature à le rendre libre de leur parler de sa situation difficile. Il s’attend à ce qu’elles s’intéressent à
des détails d’ordre personnel. Les lettres de prière des missionnaires doivent contenir, outre des
rapports sur le travail, des informations sur leurs circonstances personnelles, leur état de santé, leurs
proches. Il n’est pas question ici de simples “relations publiques”.

Les missionnaires ne sont pas responsables de consulter les Eglises établies pour la conduite
de leur ministère

Il est inconcevable qu’il y ait désaccord entre le missionnaire et son Eglise sur la définition de ce
qui constitue l’action missionnaire. Si l’église locale estime que l’ordre du Seigneur consiste à
évangéliser, faire des disciple et implanter des églises, le missionnaire n’est pas libre de se
consacrer à “la transformation de l’ordre socio-économique du monde”. Il est sous-entendu, dans
les paragraphes suivants, que le missionnaire s’en tiendra à un type d’action missionnaire
rigoureusement conforme à celui préconisé par son Eglise d’envoi. Cependant, plus une Eglise est
grande et plus elle contribue d’argent aux missions, plus elle a tendance à vouloir aussi en diriger
leur fonctionnement sur le champ.

Il ne faut pas oublier que, dans la société missionnaire de Paul, les missionnaires travaillaient en
équipe et était responsables vis-à-vis de leur chef d’équipe. Celui-ci, à son tour, se conformait aux
directives du directeur. L’Eglise locale ne doit pas chercher à se substituer aux conducteurs de la
société. Le missionnaire ne doit pas se sentir tiraillé de tous côtés et écarquillé par une multitude de
patrons séparés: l’Eglise qui l’ a envoyé, son chef d’équipe, chacune des Eglises qui lui envoie un
soutien financier, le directeur de la mission, etc. Toutes ces instances risquent d’avoir des attentes
contradictoires. Jésus a dit: “Nul ne peut servir deux maîtres” (Mat.6:24)- sans parler de quatre ou
cinq.

“Le Saint-Esprit doit diriger les chefs d’équipe et les équipes

On a dit, avec raison, que le livre des Actes des Apôtres pourrait aussi être appelé: “Les Actes du
Saint-Esprit”. “L’Esprit Saint me dit de partir avec eux sans hésiter. Les six frères que j’ai amenés
ici m’ont accompagné à Césarée” (Act.11:12). “Paul et Barnabas, envoyés par l’Esprit saint,
descendirent à Séleucie” (Act.13:4). “Le Saint-Esprit les empêcha d’annoncer la parole de Dieu
dans la province d’Asie...Pendant la nuit, Paul eut une vision...Aussitôt après cette vision, nous
avons cherché à partir pour la Macédoine, car nous étions certains que Dieu nous avait appelé à
porter la Bonne Nouvelle aux habitants de cette contrée” (Act.16:6,7,9,10). “Et maintenant, je me
rends à Jérusalem, comme le Saint-Esprit m’oblige à le faire” (Act.20:22 - avec une équipe:
21:1,15-17). L’Esprit peut inspirer aux missionnaires le chemin à suivre et les solutions à apporter
aux problèmes qui se posent. Les actes des missionnaires dépendent de sa direction. Ceux-ci
doivent demeurer attentifs et sensibles à ses directives. Et les Eglises doivent leur faire confiance,
sans se substituer à eux pour s’arroger la conduite de l’oeuvre.

Le chef d’équipe décide du lieu où poursuivre le travail; il forme des projets et des plans

Faire des plans, dans la pensée de l’apôtre, n’était nullement en contradiction avec la nécessité
d’être conduit par l’Esprit. “Paul décida de traverser la Macédoine et la Grèce et de se rendre à
Jérusalem. Il dit: “Après m’y être rendu, il faudra que je voie Rome” (Act.19:21). “Alors, Paul
décida de s’en retourner par la Macédoine. Il avait pour l’accompagner...(sept équipiers -
Act.20:3,4). “J’ai souvent fait le projet de me rendre chez vous”(Rom.1:13). “J’avais d’abord
projeté d’aller chez vous...Je voulais, en effet, passer chez vous, puis me rendre en Macédoine...En
formant ce projet, ai-je donc fait preuve de légèreté? Les plans que j’établis, sont-ils inspirés par
des motifs purement humains?” (2Cor.1:15-17). Il écrit à Timothée: “Tu m’a suivi avec
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empressement dans mes projets” (2 Tim.3:10). Il se montrait, à la fois, stratège, mais aussi sensible
aux directives de Dieu, et flexible pour modifier en cours de route les projets qu’il avait formés. Il
passait peu de temps dans une ville mais restait longtemps dans une autre. Les gens étaient plus
importants pour lui que les stratégies.

Ceux qui portent des responsabilités au sein de la société missionnaire doivent avoir les coudées
franches pour former des projets, élaborer des plans et développer des stratégies selon les
circonstances et les besoins. Il ne doivent pas se sentir gênés et freinés par des directives émanant
de leur Eglise d’origine. Un principe de saine gestion veut que la prise de décision se fasse le plus
près possible du lieu où se déroule l’action, à la base. Cette liberté est manifeste dans la relation de
Paul avec les Eglises établies à Rome. L’apôtre leur communique simplement son intention de leur
rendre visite, apparemment sans la moindre invitation de leur part (Rom.1:10-15). Il leur dévoile
ensuite son projet de partir de chez eux pour aller en Espagne et exprime l’espoir de recevoir leur
aide pour ce voyage missionnaire (15:22-24). Cela ne signifie pas qu’aucune erreur ne sera jamais
faite sur le champ missionnaire. Il s’en fait d’ailleurs aussi dans les Eglises au pays.

Le chef d’équipe engage de nouveaux équipiers, sans consulter son Eglise d’origine à lui

Paul engage dans sa compagnie Silas (Act.15:40), Timothée (16:1-3), Sopater, Aristarque,
Secundus, Gaïus, Tychique et Trophime (20:4), sans consulter l’Eglise à Antioche qui l’avait
envoyé, lui. Barnabas, envoyé également par l’Eglise à Antioche, engage Marc sans consulter cette
Eglise (Act.15:39). Nous avons déjà souligné que Paul avait toujours soin de consulter les Eglises
dont étaient issus ses nouveaux équipiers, avant d’engager ceux-ci. Aucune Eglise locale ne peut
décider des besoins en personnel d’une action missionnaire au bout du monde. Elle ne connaît pas
les gens disponibles, issus d’autres Eglises et d’autres cultures. Elle ne connaît pas les coutumes, le
niveau de vie, les relations sociales et les lois de pays lointains.

Le chef d’équipe donne des directives à ses équipiers sans consulter leurs Eglises d’origine à eux

Comment les anciens d’une Eglise en Europe pourraient-ils donner des directives à un missionnaire
en Amazonie? “Les frères retournèrent à Bérée avec les instructions de Paul pour Silas et Timothée;
il leur demandait de le rejoindre le plus tôt possible” (Act.17:15). Il est peu probable que Paul ait
consulté l’Eglise à Jérusalem avant de donner ses directives à Silas, ou celle à Lystre avant de les
donner à Timothée. Il demande à Tite de le rejoindre à Nicopolis (Tite 3:12) sans pour autant
prévenir l’Eglise d’origine de ce dernier à Antioche. Il dit à Timothée: “Emmène Marc avec toi” (2
Tim.4:11) sans en demander la permission pour Marc à l’Eglise à Jérusalem. Il envoie Eraste en
Macédoine sans un accord préalable de son Eglise à Corinthe (Act.19:22), etc. Tout ce qui précède
montre que la société missionnaire a une direction tout à fait distincte des organes directeurs des
Eglises. Les directives que les Eglises cherchent à donner aux missionnaires sur le champ leur
deviennent souvent pénibles et y entravent leur travail. Comment un pasteur en Amérique pourrait-
il conseiller le missionnaire qui travaille dans un pays musulman? Des initiatives intempestives et
des méthodes inadaptées venues de pays où règne une grand liberté, peuvent mettre en danger les
minorités chrétiennes dans des pays hostiles à l’Evangile.
Le chef d’équipe dirige son ministère et celui de ses équipiers sans consulter les Eglises qui leur
apportent un soutien financier

Rien dans les relations de l’apôtre avec les Eglises qui lui apportaient une aide matérielle (Philippe
(Phil.4:14-18), Rome (Rom.15:24), Antioche (Act.15:2,3), et autres (2 Cor.11:8), ne laisse entendre
que celles-ci pensaient avoir de ce fait, le droit d’influencer ou d’orienter son ministère. Tout au
plus leur devait-il des rapports. Tite n’accorde pas aux chrétiens sur l’île de Crète le moindre droit
de regard sur l’activité de son équipier Apollos, du fait qu’ils avaient à l’aider matériellement celui-
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ci (Tit.3:13,14). Toute libéralité chrétienne est un sacrifice offert à Dieu d’abord (Phil.4:18;
Héb.13:16) et ne fait pas encourir une dette (autre que la reconnaissance) à celui qui la reçoit envers
celui qui la donne. Certaines Eglises ou chrétiens riches ont pensé avoir le droit de donner des
directives aux missionnaires du fait qu’ils les soutenaient de leurs finances. Mais leur argent n’est
plus le leur à partir du moment où ils l’ont donné à Dieu.

Et les donateurs se trouvant à des milliers de kilomètres du champ où se déroule l’action, ne sont
pas les meilleurs juges des vrais besoins de l’oeuvre et des meilleures stratégies à y appliquer. Par
contre, l’Eglise est en droit de s’assurer que le missionnaire a une façon de travailler qui est
biblique. Participe-t-il personnellement à l’évangélisation? A-t-il une conduite exemplaire, est-il un
modèle pour le nouveau troupeau? Forme-t-il des conducteurs pour l’Eglise et les laisse-t-il la
conduire? Prépare-t-il l’Eglise à l’indépendance financière? Est-il en train de “..combattre pour la
foi que Dieu a donné aux siens une fois pour toutes?”(Jude 4), etc.

Le maintien par l’Eglise établie du contrôle de l’action missionnaire a eu, à long terme, des
conséquences malheureuses pour cette action. Dans de tels cas, les directives émanant de l’Eglise
au pays ont tendance à refléter les problèmes de celle-ci, et se répercutent sur le champ: disputes
théologiques, amour qui se refroidit, questions de personnes, libéralisme, scissions, etc. On fait
prendre position aux missionnaires sur des questions qui n’ont rien à voir avec leur situation et dont
ils ne comprennent pas toujours la portée. Des difficultés se créent avec les Eglises nouvelles et
entre missionnaires. Quand ceux-ci sont responsables pour leur travail vis-à-vis de la direction de la
société, ils sont moins exposés aux difficultés au pays. Bien entendu, des difficultés peuvent
également surgir au sein de la mission. Mais celles-ci ont des répercutions limitées au sein d’une
société de taille réduite, comme celle de Paul. Et une compagnie de pionniers se refroidit moins vite
et est touchée plus difficilement par le libéralisme, qu’une Eglise établie.

La société missionnaire est responsable d’encadrer au loin l’effort missionnaire des Eglises
locales

La société est un organe voulu de Dieu. Il s’avère que l’Eglise locale est incapable d’assurer pour
les missionnaires qu’elle envoie, l’encadrement dont ils ont besoin pour entreprendre une action
efficace au loin. La mission a une connaissance du terrain, une infrastructure et un savoir-faire qui
manquent aux Eglises. Les missions ont la lourde responsabilité d’offrir aux Eglises locales la
possibilité de participer au plan de Dieu partout dans le monde. Les unes et les autres ont des rôles
différents, mais complémentaires et font partie d’un même plan divin, unique et grandiose:
l’édification de l’Eglise universelle. Elles doivent constituer ensemble des partenariats.

La société informe les Eglises sur les besoins au loin et les exhorte à la prière pour ceux-ci

Qui va susciter l’intérêt d’une Eglise locale pour une peuplade ou une région où elle n’a encore
envoyé aucun missionnaire et dont elle ne sait rien? Tous les sujets de prière en faveur des
missionnaires sont proposés aux Eglises par l’apôtre Paul (Voir plus haut). Et là où elles ont envoyé
quelqu’un de chez elles, celui-ci n’est pas forcément la meilleure source d’information sur le travail
qu’il y fait, et ne devrait pas en être l’unique source. La mission doit compléter l’information
apportée par les lettres de prière du missionnaire. Elle situera le travail de ce dernier dans un cadre
plus large en renseignant les Eglises sur les besoins des autres champs d’action de la société, sur les
autres types d’activité quelle déploie et sur les ministères de ses autres missionnaires. La société
doit assurer une information objective, équilibrée et complète.

La mission engage ceux que Dieu appelle de parmi les Eglises à l’oeuvre missionnaire; elle les
introduit au travail, les forme sur le tas et les encadre dans leur action
56

Trouver la bonne personne, avec les dons qui conviennent, pour la placer au bon endroit, dans les
meilleures conditions, et la soutenir dans son travail. Voilà ce que peut faire la société pour l’effort
missionnaire des Eglises locales, que celles-ci sont incapables de faire pour elles-mêmes. Si les
moyens de transport modernes, les communications et les moyens techniques ont rendu l’oeuvre
missionnaire plus aisée à bien des égards, par contre, d’autres éléments rendent ce travail plus
complexe. L’Eglise locale n’est pas à même de préparer le candidat aux conditions qu’il va
rencontrer sur le champ missionnaire, de faciliter l’obtentions de visas, d’assurer les contacts avec
les autorités sur place, de favoriser son adaptation culturelle, de l’aider dans l’apprentissage de la
langue, de l’introduire auprès de l’Eglise autochtone, de le diriger dans ses premiers pas, de le
conseiller dans ses premières entreprises, etc. Ceux qui se sont aventurés tous seuls, en mettant en
doute la légitimité des sociétés missionnaires, ont souvent été obligés à avoir recours à elles, une
fois sur le champ. Et celles-ci ont eu, en général, la bonne grâce de les dépanner, pour la cause du
Seigneur. Mais les missionnaires francs-tireurs et les Eglises locales francs-tireurs devraient en tirer
la leçon.

La société est le canal pour les libéralités des Eglises en faveur des actions missionnaire et
caritatives au loin

Les sociétés permettent aux Eglises qui, par définition sont locales, de participer matériellement à
l’action missionnaire et à l’aide humanitaire jusqu’aux extrémités de la terre. La société doit faire
preuve d’une grande transparence dans toute question financière. (Voir 2 Cor.8-9). Actuellement,
elle devrait se soumettre à un audit annuel de la part d’un organisme extérieur et neutre. Tous les
dons, au moment de leur réception, doivent être enregistrés par plusieurs personnes ensemble. (Voir
plus haut sur le soutien financier de missionnaires et plus loin sur l’action caritative en faveur des
Eglises démunies)

Aujourd’hui encore, les missionnaires ont des responsabilités vis-à-vis des Eglises qui les envoient.
De retour au pays, ils doivent respecter leur façon d’être et de faire. Ils leur doivent des rapports
loyaux sur l’enseignement qu’ils dispensent et sur les méthodes et les résultats de leur travail. La
société est au service de l’action missionnaire des Eglises. Cependant, elle ne reçoit pas de celles-ci
des directives pour la conduite de son action, pour le développement de plans, projets et stratégies,
ni pour l’engagement de missionnaires issus d’autres Eglises. Elle doit être sensible à la direction
du Saint Esprit. Nous avons considéré les rapports entre les Eglises et les missionnaire. Nous nous
tournons maintenant vers les rapports entre le directeur de la société, et les missionnaires de celle-
ci:

14. LE ROLE DU DIRECTEUR PAR RAPPORT AUX MISSIONNAIRES

Paul agissait en sa qualité de directeur de la compagnie quand il traitait avec des missionnaires qui
étaient chefs d’équipe, avec ceux qui faisaient partie d’une équipe autre que la sienne, ou encore,
avec ceux qu’il envoyait au loin vers une Eglise ou pour quelqu’autre mission.
Le directeur entretient avec les missionnaires des relations d’affection fraternelle

Les rapports au sein de certaines sociétés sont surtout officielles, administratives ou contractuelles.
Quand Paul, dans ses lettres, parle d’un de ses collaborateurs, il le désigne par le singulier “frère”,
et cela à 17 reprises: Timothée (1 Thes.3:2; 2 Cor.1:1; Col.1:1; Philm.1); Sosthène (1 Cor.1:1);
Apollos (1 Cor.16:12); Epaphrodite (2 Cor.2:13); Tite (Phil.2:25); Tychique (Col.4:7); Onésime
(Col.4:9; Philm.16); Philémon (Phil.7, 20); Voir aussi 2 Cor.8:18,22; 11:9; 12:18. L’apôtre, en
individualisant ce terme, lui donne un poids plus important encore que celui de la fraternité
chrétienne collective dans l’Eglise, exprimée par le pluriel “frères”. Il y ajoute de la sorte des
57

éléments de complicité, de partenariat, de solidarité, qui font toute la force d’une compagnie
missionnaire. Paul emploie aussi le terme “bien-aimé” (agapetos) à 11 reprises pour décrire un des
missionnaires. Ce terme, en français, sonne actuellement exagéré et vieux-jeu . Mais il n’était, à
l’époque, ni obséquieux, ni une simple formule de politesse: L’apôtre s’adresse de la sorte à
Tychique (Eph.6:21; Col.4:7); Onésime (Col.4:9; Phil.16); Uranus (Rom.16:9); Epaphras (Col.1:7);
Luc (Col.4:14); Timothée (2 Tim.1:2;1 Cor.4:17); Philémon (Philm.1) et Appia (Philm 2).

Le directeur traite les missionnaires d’associés, non de subalternes ou d’employés

Le préfix grec “sun-” (“avec” ou “co-”) devant plusieurs termes accentue la communion dans
l’action, qui était vécue entre Paul et les membres de la compagnie:
sunergos: “compagnon d’oeuvre” ou collaborateur: Ce mot est employé pour décrire 17
missionnaires différents de la société. Il revient plusieurs fois pour décrire certains d’entre eux.
sundoulos: “compagnon de service”, ou “co-esclave”: de Epaphras (Col.1:7) et Tychique (Col.4:7).
Paul ne se voyait pas comme leur maître, mais serviteur avec eux d’un même Maître.
sustratiotes: “compagnon de combat” ou “co-soldat”: de Epaphrodite (Phil.2:25) et Archippe
(Philm.2). L’apôtre se trouvait uni à eux dans une lutte, face à un ennemi commun.
sunaikmalotos: “compagnon de captivité”, ou “co-prisonnier”: de Andronicus et Junia (Rom.16:7),
Aristarque (Col.4:10) et Epaphras (Philm.23). Partager la même prison forge des liens.
sunekdemos: “compagnon de voyage” ou “co-voyageur”: de Gaïus et Aristarque (Act.19:29).
sunathleo: “Evodie et Syntyche ont lutté avec moi pour l’Evangile” (Phil.4:3); Elles étaient
coéquipières de Paul dans l’évangélisation, comme dans des jeux athlétiques.
sugkakopatheo: “souffre avec moi comme un bon soldat de Jésus-Christ” (2 Tim.1:8).
Le mot: koinonos dont Paul se sert pour parler de Tite (2 Cor.8:23) et de Philémon (Philm.17) est
traduit par “ami”, ou “associé”. Il souligne ainsi le partage que le directeur tenait à vivre avec ses
collaborateurs et le caractère communautaire de la société.

L’apôtre associe nommément divers missionnaires à toutes les épîtres qu’il adresse à une Eglise
(huit), sauf à l’une d’elles, l’épître aux Galates. Outre le fait de valoriser ses collègues aux yeux des
Eglises, il évite aussi de la sorte le ton autoritaire et de donner l’impression d’agir seul. Il traite son
collègue Apollos d’égal à égal: “Qui est Apollos? et qui est Paul? Nous sommes simplement des
serviteurs de Dieu...J’ai mis la plante en terre, Apollos l’a arrosée, mais c’est Dieu qui l’a fait
croître...Celui qui plante et celui qui arrose sont égaux” (1 Cor.3:5-8). Aucune volonté de se
démarquer comme le supérieur hiérarchique d’Apollos. Il exprime un attachement personnel
profond à Epaphrodite: “Il a été malade, en effet, et bien près de mourir; mais Dieu a eu pitié de lui,
et non seulement de lui, mais aussi de moi, pour que je n’éprouve pas une tristesse encore plus
grande” (Phil.2:27). Il est touché par l’épreuve qui frappe un ami.

Le directeur entretient une communication suivie avec ses collaborateurs, par tous les moyens
disponibles

Il leur rend visite:


“Jusqu’à ce que je vienne, applique toi à la lecture...”(1 Tim.4:13 Seg.). “Je t’écris cette lettre, tout
en espérant aller te voir bientôt” (1 Tim.3:14). “Je désire beaucoup te revoir afin d’être rempli de
joie” (2 Tim.1:4). Il prend sur lui de se déplacer vers eux.

Il les invite à lui rendre visite:


“Efforce-toi de venir avant l’hiver” (2 Tim.4:21). “Efforce-toi de venir me rejoindre à Nicopolis”
(Tit.3:12). Il aspire à un contact personnel.
58

Il leur écrit des lettres personnelles:


Au moins deux à Timothée, une à Tite, une à Philémon. Il est vraisemblable que ces quatre lettres
canoniques ne sont qu’un échantillon de sa correspondance avec ses collègues.

Il fait saluer les collaborateurs qui sont auprès de ceux auxquels il écrit:
“Salue Prisca et Aquilas” (2 Tim.4:19; Rom.16:3). “Saluez Andronicus et Junia” (Rom.16:7). Il
montre ainsi qu’il pense à eux.

Il transmet les salutations des collaborateurs qui sont avec lui, à ceux auxquels il écrit:
“Tous ceux qui sont avec moi t’adressent leurs salutations” (Tit.3:15). “Epaphras qui est en prison
avec moi à cause de Jésus-Christ, t’adresse ses salutations, ainsi que Marc, Aristarque, Démas et
Luc, mes compagnons de travail” (Philm.23,24). Il favorise aussi les liens directs de ses collègues
entre eux. Tout ne doit pas passer par lui.

Il fait transmettre des messages à des collaborateurs par ceux auxquels il écrit:
“Dites à Archippe: Prends soin de bien accomplir la tâche dont tu as été chargé au service du
Seigneur” (Col.4:17).

Il donne des nouvelles des collaborateurs qui sont avec lui à ceux auxquels il écrit:
“Eraste est resté à Corinthe, et j’ai laissé Trophime à Milet parce qu’il était malade” (2 Tim.4:20).

Il récolte des nouvelles auprès de ses collaborateurs:


“Tite nous a raconté votre ardent désir, vos larmes, votre zèle pour moi, en sorte que ma joie a été
d’autant plus grande” (2 Cor.7:7). “J’ai bon espoir de vous envoyer bientôt Timothée, pour être
réconforté moi aussi par les nouvelles que j’aurai de vous” (Phil.2:19).

Le mot “communication” est à la mode. Celle-ci est indispensable au bon fonctionnement du


couple, de l’entreprise et de la société missionnaire. Les moyens de communication modernes
peuvent favoriser une communication authentique, comme ils peuvent y faire obstacle en
s’interposant entre les gens. Un mémo ou un e-mail désobligeant détruit le vrai contact. La
communication de Paul au sein de sa compagnie, était verticale, horizontale, officielle, officieuse,
écrite, orale, verbale, non-verbale. Elle était pleine de respect et de prévenance. Il ne veut pas
simplement faire passer des ordres, et il n’a pas un service des renseignements. Il préfère aller vers
l’autre plutôt de le convoquer chez lui. Il communique des idées, des sentiments, des principes, des
nouvelles, des projets, des mutations, des conseils, des départs, des arrivées, de l’émotion, en
respectant toujours la dimension personnelle. L’accord sur les vérités et les réalités fondamentales
était tel, qu’entre collaborateurs, on venait à se comprendre presqu’intuitivement. Le téléphone et le
courrier électronique n’étaient pas indispensables.
Le directeur contribue à l’édification personnelle de ses collaborateurs

Il prie pour eux:


Pour Timothée: “Je remercie Dieu lorsque, sans cesse, jour et nuit, je pense à toi dans mes prières”
(2 Tim.1:3). Pour Philémon: “Je rends grâce à mon Dieu en faisant continuellement mention de toi
dans mes prières” (Philm.4). L’intercession du directeur fonde et cimente les relations au sein de la
compagnie.

Il leur apporte un enseignement:


“Retiens le modèle des saines paroles que tu a reçues de moi. Garde le bon dépôt par le Saint-
Esprit...Ce que tu as entendu de moi...confie-le à des hommes fidèles, qui soient capables de
l’enseigner aussi à d’autres...Pour toi, tu as suivi de près mon enseignement...Demeure dans les
59

choses que tu as apprises, sachant de qui tu les as apprises” (2 Tim.1:13,14; 2:2: 3:10,14).
L’enracinement et l’attachement inconditionnel de chaque missionnaire à une base doctrinale
ferme, est la condition sine qua non de toute action dynamique de la part de la société.

Il leur montre l’exemple par son comportement:


“Tu as suivi de près...ma conduite, mes projets, ma foi, ma douceur, mon amour, ma constance, mes
persécutions, mes souffrances...J’ai combattu le bon combat, j’ai achevé la course, j’ai gardé la foi”
(2 Tim.3:10; 4:7). “Timothée est le seul à prendre part à mes préoccupations et à se soucier
réellement de vous...Comme un fils avec son père, il s’est activé avec moi au service de la Bonne
Nouvelle” (Phil.2:20,22). Paul est un homme de caractère et d’une grande force morale. Il constitue
un modèle à suivre et transmet ses qualités à ses collaborateurs.

Il leur fait des recommandations personnelles:


“Cesse de boire uniquement de l’eau, mais prends un peu de vin pour faciliter ta digestion, puisque
tu es souvent malade” (1 Tim.5:23). “Exerce-toi à vivre dans l’attachement à Dieu. Les exercices
physiques sont utiles, mais à peu de choses, tandis que la piété, elle, est utile à tout...Que personne
ne méprise ton jeune âge” (1 Tim.4:8,12). “Fuis l’amour de l’argent, et recherche la justice, la
piété, la foi” (1 Tim.6:10,11). “Garde la foi et une bonne conscience. Quelques-uns ont refusé
d’écouter leur conscience” (1 Tim.1:19). “Sois pour les fidèles un modèle en parole, en conduite,
en amour, en foi, en pureté” (1 Tim.4:12). “Combats le bon combat de la foi” (1 Tim.6:12). “N’aie
donc pas honte de rendre témoignage à notre Seigneur” (2 Tim.1:8).

Le directeur s’intéresse aux circonstances particulières des missionnaires et n’hésite pas à leur
donner des conseils pratiques pour leur santé, leur âge, les biens matériels, leur vie spirituelle et
intérieure, leur travail. Il ne conçoit pas qu’on puisse faire une distinction entre la vie privée et la
vie publique, comme si la première n’avait rien à voir avec la seconde. Ces recommandations
deviennent acceptables grâce à la relation de confiance qu’il entretient avec eux, à sa sincère
sollicitude, et au respect que commande sa personne.

Le directeur fait l’éloge des missionnaires auprès des Eglises, pour appuyer leur action

“Je vous envoie Timothée, qui est mon fils aimé et fidèle dans la foi au Seigneur. Il vous rappellera
les principes qui me dirigent...tels que je les enseigne partout, dans toutes les églises” (1 Cor.4:17).
“Avec Tite, nous envoyons le frère dont toutes les Eglises font l’éloge pour son activité au service
de la Bonne Nouvelle” (2 Cor.8:18). “Vous devez avoir de l’estime pour des hommes tels
qu’Epaphrodite, car il a été près de mourir pour l’oeuvre du Christ” (Phil.2:29,30).“Epaphras, notre
cher compagnon de service vous a donné cet enseignement; il travaille pour vous comme un fidèle
serviteur du Christ...Il ne cesse de prier avec ardeur pour vous...Je peux lui rendre ce témoignage:
il se donne beaucoup de peine pour vous, pour ceux de Laodicée et pour ceux d’Hiérapolis”
(Col.1:7; 4:12,13). Le missionnaire n’est pas la personne la mieux placée pour parler de lui-même,
de son ministère, de ses sacrifices, de sa vie de prière, de sa fidélité et de son dévouement.
Quelqu’un d’autre doit le faire pour lui. Qui aurait des paroles faisant le poids auprès des Eglises,
sinon le directeur. C’est aussi à cela que sert un directeur. Les éloges lubrifient mieux les rouages
que les critiques, ou que les silences. Elles mettent le missionnaire en confiance dans ses relations
avec les Eglises.

Le directeur conduit et coordonne le travail des missionnaires

Il leur adresse des directives:


“Ils retournèrent à Bérée avec les instructions de Paul pour Silas et Timothée; il leur demandait de
le rejoindre le plus tôt possible” (Act.17:15). “Comme je te l’ai recommandé, reste à Ephèse” (1
60

Tim.1:3). “Lorsque je t’enverrai Artémas ou Tychique, hâte-toi de venir me rejoindre à Nicopolis”


(Tit.3:12). “Prépare-moi un logement” (Philm.22). “Viens au plus tôt vers moi...Prends Marc, et
amène-le avec toi...J’ai envoyé Tychique à Ephèse” (2 Tim.4:9,11,12). “J’ai engagé Tite à aller
chez vous, et avec lui j’ai envoyé le frère” (2 Cor.12:18; Voir aussi 2 Cor. 8:22; 9:3; 1 Cor.4:17; 1
Thes.3:2,5; Act.19:22; Eph.6:22; Phil.2:19,25,28; Col;4:8,9). Ces directives, adressées à une dizaine
de collaborateurs, issus d’une demi-douzaine d’Eglises locales différentes, démontrent encore
l’autonomie de la société missionnaire et de son directeur par rapport aux Eglises d’origine. Celui-ci
ne se considère nullement tenu de consulter les Eglises d’origine de ses divers collaborateurs avant
d’indiquer à ces derniers une nouvelle affectation dans l’oeuvre. Et ceux-ci ne consultent pas leurs
Eglises avant d’y obtempérer.

Si le missionnaire n’est plus sous les ordres de son Eglise d’origine, après que celle-ci l’a “laissé
partir” (Act.13:3), il n’est pas non plus libre comme l’air. Il doit être fidèle aux convictions de
l’Eglise qui l’a envoyé. Il est redevable au directeur de la mission et/ou à son chef d’équipe. La
Bible ne sait rien du missionnaire auto-dirigé, indépendant et franc-tireur qui n’a de compte à
rendre à personne, sinon à Dieu. Il existe aussi de “faux apôtres” (2 Cor.11:13). C’est pour cela
qu’il faut “mettre à l’épreuve ceux qui se disent apôtres mais ne le sont pas” (Apoc.2:2). Le
missionnaire doit se sentir responsable vis-à-vis d’une personne d’expérience, sage et compétente
qui peut le conseiller, le guider, l’aider à établir les justes priorités pour son travail. Paul écrit à
Philémon: “Je suis convaincu que tu feras ce que je te demande - je sais même que tu feras plus
encore. En même temps, prépare-moi une chambre” (Philm.21,22). Il est évident que le directeur
s’attendait à ce que l’on suive ses directives. Mais il est aussi sensible aux désirs et aux
circonstances particulières de ses collaborateurs: “Tite a accueilli notre demande, et c’est avec un
nouveau zèle et de son plein gré qu’il part pour aller chez vous” (2 Cor.8:17; Voir aussi 1
Cor.16:12; Philm.8,9).

Il n’existait, aucune contrainte de continuer à collaborer dans la société. Jean-Marc quitte l’équipe
de Paul pour retourner à Jérusalem (Act.13:13). Cependant plus tard, malgré l’insistance de
Barnabas, Paul refuse de le reprendre, et l’oncle et son neveu quittent son équipe (Act.15:38,39).
Cette séparation temporaire n’empêche pas Marc d’être réintégré à la compagnie et de jouir, plus
tard, de chaleureuses recommandations de la part du Directeur (Col.4:10,11; 2 Tim.4:11). Barnabas
reprendra aussi du service avec Paul (1 Cor.9:6). Il arrivera que plusieurs autres quittent aussi
l’apôtre pour des raisons diverses (2 Tim.1:15; 4:9,10,16). Mais abandonner la société ne signifiait
pas pour autant abandonner la foi ou le Seigneur. Ni le directeur, ni la société missionnaire ne
pouvait empiéter sur la vie personnelle du missionnaire ni sur sa relation avec Dieu. Paul
reconnaissait les autres autorités établies par Dieu et leurs sphères respectives: celles de l’état
(Rom.13:1-7), du mariage (Eph.5:22-33), de l’église locale (1 Thes.5:12,13) et de la famille
(Eph.6:1-3). Cette séparation biblique des pouvoirs doit empêcher tout autoritarisme au sein de la
société missionnaire. C’est uniquement dans le domaine des exigences du travail que le directeur y
exerce une autorité. Dans certains ordres religieux et mouvements sectaires, les supérieurs exercent
une autorité à la fois paternelle, pastorale et patronale, ce qui constitue un abus de pouvoir.

Le directeur demande aux Eglises de respecter les missionnaires et de bien les accueillir:
“Faites en sortes que rien ne décourage Timothée chez vous, car il travaille comme moi à l’oeuvre
du Seigneur. Que personne ne le méprise. Aidez-le plutôt” (1 Cor.16:10,11).“Accueillez Epaphrodite
avec une joie entière...Vous devez avoir de l’estime pour des hommes comme lui, car il a été près
de mourir pour l’oeuvre du Christ: Il a risqué sa vie pour m’apporter l’aide” (Phil.2:29,30). “Si
Marc vient chez vous, accueillez-le bien” (Col.4:10). Le missionnaire doit pouvoir compter sur un
appui ferme et enthousiaste de la part du directeur, auprès des Eglises. Ce dernier n’hésite pas de
raconter les hauts faits de ses collaborateurs, des succès que ceux-ci ne mentionneraient peut-être
pas eux-mêmes.
61

Tout directeur de mission au XXIe siècle, ferait bien de s’inspirer du cahier des charges que la
Bible lui propose: Cultiver des relations d’affection et de confiance avec chacun de ses
collaborateurs par une communication suivie. Les traiter d’associés, d’égal à égal et non
d’employés ou de subalternes. Contribuer à leur édification personnelle en priant pour eux, et par
l’exemple, les conseils et les exhortations. Les appuyer auprès des Eglises par des recommandations
élogieuses. Conduire et coordonner leur action, tout en les laissant libres de quitter la société à tout
moment. Bien entendu, cette relation n’est pas à sens unique. Le directeur a aussi besoin des
missionnaires.

15. L’APPUI DES MISSIONNAIRES AU DIRECTEUR DE LA SOCIETE

Paul n’était pas un stratège en chambre qui dirigeait la manoeuvre à distance à partir du confort et
de la sécurité des bureaux d’un siège épiscopal. C’était un homme de terrain, continuellement
exposé à la sueur, aux larmes et au sang du champ de bataille. Vulnérable, il avait besoin du
soutien, de la protection et de l’encouragement de ses collaborateurs.

Des missionnaires réconfortent le directeur

“A notre arrivée en Macédoine...nous avons rencontré toutes sortes de difficultés: des conflits autour
de nous, des craintes au dedans de nous. Mais Dieu, qui relève le courage de ceux qui sont abattus,
nous a réconfortés par l’arrivée de Tite” (2 Cor.7:5,6). “Ces trois hommes (Aristarque, Marc et
Justus) sont les seuls chrétiens d’origine juive qui travaillent avec moi pour le Royaume de Dieu; ils
ont été un grand réconfort pour moi” (Col.4:11). “Frère, je t’en prie: réconforte mon coeur au nom
de notre communion avec le Christ” (Philm. 20). “Onésiphore m’a souvent réconforté” (2 Tim.
1:16). Paul n’était pas le supérieur hiérarchique tout-puissant et invulnérable. Il n’avait pas peur
d’avouer les combats qu’il soutenait, si bien intérieurs qu’extérieurs, et le besoin qu’il éprouvait
d’un soutien moral. Il estime d’ailleurs normal pour un missionnaire d’avoir part aux souffrances du
Christ pour son Eglise (Col.1:24).

Ils l’informent en lui rapportant des nouvelles des Eglises

“Tite nous a raconté votre ardent désir, vos larmes, votre zèle pour moi, en sorte que ma joie a été
autant plus grande” (2 Cor.7:7). “J’ai bon espoir de vous envoyer bientôt Timothée, afin d’être
réconforté moi-même par les nouvelles que j’aurai de vous” (Phil.2:19). “Epaphras nous a informé
de l’amour que l’Esprit Saint vous a donné” (Col.1:8). “Timothée nous est revenu de chez vous, et
il nous a donné de bonnes nouvelles de votre foi et de votre amour. Il nous a dit que vous pensez
toujours à nous avec affection et que vous désirez nous revoir” (1Thes.3:6). Il semblerait qu’on
l’informait surtout sur les progrès et les qualités des Eglises. Ses collaborateurs n’étaient pas un
service secret qui épiait les fait-et-gestes des chrétiens pour en rapporter les faiblesses et les dérives.
Les mauvaises nouvelles lui arrivaient tout seules.

Ils transmettent des messages du directeur aux Eglises et aux autres missionnaires

Paul écrit à Tite qui s’occupe des Eglises en Crète: “Rappelle aux fidèles...Salue nos amis dans dans
la foi” (Tite 3:1,15). Et à Timothée: “Voilà ce que tu dois enseigner et recommander...” (1 Tim.6:2).
“Salue Priscille et Aquilas” (2 Tim.4:19). En l’absence d’un service postal, le directeur était
dépendant des voyages de ses collaborateurs pour assurer son courrier.

Ils l’aident et se mettent à son service


62

“Paul et Barnabas avaient Jean pour aide” (Act.13:5). “Paul envoya en Macédoine deux de ses
aides, Timothée et Eraste” (Act.19:22). “J’aurais désiré retenir Onésime auprès de moi, pour qu’il
me serve à ta place, pendant que je suis dans les chaînes pour l’Evangile” (Philm.13). “Tu connais
très bien aussi tous les services qu’Onésiphore m’a rendus à Ephèse” (2 Tim.1:18). “Emmène Marc
avec toi, car il pourra me rendre service dans ma tâche” (2 Tim.4:11). Tous les mots composés avec
le préfix sun-, qui montrent que le directeur était “accompagné” dans son action par ses
collaborateurs (Voir plus haut), décrivent en même temps l’assistance que ceux-ci lui apportaient:
Ils “l’accompagnaient”: dans son travail (Rom.16:21), son service (Col.1:7), ses combats
(Phil.2:25), sa captivité (Rom.16:7), ses voyages (Act.19:29), ses luttes (Phil.4:3) et ses souffrances
(2 Tim.1:8). Le directeur avait besoin d’un soutien logistique pour le soulager des tâches qui
accapareraient inutilement ses forces et son temps, et pour permettre une action efficace de sa part
en toute circonstance.

Ils lui transmettent le soutien financier des Eglises

“Vous m’aviez envoyé Epaphrodite pour m’apporter l’aide dont j’avais besoin...Epaphrodite m’a
apporté vos dons” (Phil.2:25; 4:18). “Pendant que je me trouvais chez vous (à Corinthe), je n’ai été
à la charge de personne quand j’étais dans le besoin, car les frères venus de Macédoine m’ont
apporté tout ce qui m’était nécessaire” (2 Cor.11:9). “Comme Paul avait le même métier que
Aquilas et Priscille (ils fabriquaient des tentes), il demeura chez eux pour y travailler...Quand Silas
et Timothée furent arrivés de Macédoine, Paul put consacrer tout son temps à prêcher” (Act.18:3-
5). Il cesse de travailler à un gagne-pain parce qu’on lui avait apporté une aide financière de loin.
Les mouvements de fonds à l’époque, ne se faisaient pas aussi facilement qu’aujourd’hui. Mais une
administration financière rigoureuse et efficace n’en est pas moins indispensable de nos jours, pour
toute société missionnaire.

Si, de nos jours, les directeurs de missions ne ressentent plus le besoin d’être appuyés de la sorte par
leurs collaborateurs, c’est peut-être qu’ils s’exposent moins que ceux du premier siècle, aux
inconvénients et aux dangers à la pointe du combat. Mais le directeur vraiment engagé aura besoin,
encore maintenant, d’un soutien moral, logistique et financier. Ces considérations terminent ce
chapitre sur l’organisation et les rouages de la société missionnaire. Nous nous tournons maintenant
vers l’action proprement dite de la société. Quel est le rôle spécifique que Dieu lui assigne?

Quatrième partie - UNE ACTION

16. LES ELEMENTS DE L’ACTION MISSIONNAIRE

Une des conditions pour une action efficace consiste à clarifier les objectifs et à établir les priorités
basées sur l’Ecriture. Une notion vague du service peut amener le missionnaire à se disperser parmi
mille choses intéressantes qui lui sont proposées par d’innombrables personnes bien intentionnées,
ou suggérées par autant de besoins. Mais il finira par dépenser des trésors d’énergie, de temps et
d’argent à faire ce que d’autres que des missionnaires pourraient faire. Il n’est pas inutile de revoir
tout ce qui est explicite dans le Nouveau Testament au sujet du rôle de la mission, pour ne retenir
que çela.

Les missionnaires annoncent l’Evangile avec conviction


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“Quand Paul et Barnabas furent arrivés à Salamine, ils se mirent à annoncer la parole de Dieu
(Act.13:5). “Paul et Barnabas parlaient avec assurance, pleins de confiance dans le Seigneur”
(Act.14:3). “Paul se rendit à Corinthe...A chaque sabbat, il prenait la parole dans la synagogue et
cherchait à convaincre aussi bien les Juifs que les Grecs. ” (Act.18:1,4). “Timothée est
collaborateur de Dieu pour la diffusion de la bonne nouvelle du Christ” (1 Thes.3:2). “Prêche la
parole de Dieu avec insistance, que l’occasion soit favorable ou non; sois persuasif... travaille
activement à la diffusion de la Bonne Nouvelle” (2 Tim. 4:2,5).

C’est la toute première responsabilité du missionnaire. Pour être persuasif et convaincant, il doit lui-
même être persuadé et convaincu. On ne présente pas le message de Dieu comme si c’était à
prendre ou à laisser, bien qu’on doive le faire “avec douceur et respect” (1 Pi.3:16). On écoute
l’autre, en cherchant à être sensible et à le comprendre, tout en confessant Jésus-Christ. On respecte
la personne de l’interlocuteur, créé à l’image de Dieu, sans compromettre la vérité. On combine une
démarche modeste et une amitié authentique, avec une fidélité totale à l’Evangile.

Quel donc était le contenu de cette parole, de “l’Evangile” qu’il annonçait aux non-chrétiens? Paul
le précise et le résume dans un passage missionnaire clé: 1 Cor.15:1-11. Il n’est pas inutile de
rappeler cette définition de la “Bonne Nouvelle”, étant donné l’usage imprécis qu’on fait parfois du
terme “Evangile”, usage malheureux qui signifie à peu près: “Tout ce que Dieu veut faire de bien”.

“Frères, je désire vous rappeler maintenant...”. Un rappel n’était pas inutile, pour eux et pour nous.
“...la Bonne Nouvelle” (15:1 euangelion). Non pas de bons conseils ou des devoirs à accomplir.
“...que je vous ai annoncée” (euangelizo). Non pas uniquement vécue, une simple présence.
“...que vous avez reçue” (paralambano). Il fallait l’accepter, s’y ouvrir, au lieu de la négliger.
“...et à laquelle vous êtes fermement attachés”. La possibilité de s’en détacher était réelle.
“...C’est par elle que vous êtes sauvés” (15:2 sozo) - d’un état de perdition.
“...si vous la retenez telle que je vous l’ai annoncée”. La possibilité de la retenir autrement existait.
“...autrement vous auriez cru inutilement”. Il fallait ajouter foi à cet Evangile. Une foi authentique.
“...le Christ” (15:3) - tel qu’il est. Pas un “autre Jésus” (2 Cor.11:4).
“...est mort pour nos péchés”- pour en payer le prix - non pas simplement comme exemple.
“...comme l’avaient annoncé les Ecritures”. Conformément aux prédictions de l’Ancien Testament.
“...il a été mis au tombeau” (15:4). Il est réellement mort; il n’était pas dans un coma, évanoui.
“...et il est revenu à la vie”. Christ est ressuscité corporellement, laissant vide le tombeau.
“...Il est apparu à Pierre, puis aux douze apôtres. Ensuite...à plus de cinq cents disciples à la fois”.
“...Voilà ce que nous prêchons”- Une Bonne Nouvelle proclamée par Paul personnellement (15:11).

S’en tenir à l’essentiel. Présenter la Bonne Nouvelle avec conviction et exactitude, ne signifie pas
étaler devant les non-chrétiens nos convictions sur toutes sortes de questions éthiques, sociales ou
politiques. L’apôtre, lors de sa première visite dans une ville, se limitait, par conviction, à
l’essentiel. Il écrit plus tard aux Corinthiens: “Je n’ai rien voulu savoir parmi vous, sinon Jésus-
Christ, et Jésus-Christ crucifié” (1 Cor.2:2). Paul savait beaucoup d’autres choses; mais les non-
croyants devaient être confrontés avec une seule question: “Que faites-vous de Jésus-Christ?”
Aborder avec eux des problèmes de société, des “normes et valeurs chrétiennes” risquerait de les
distraire de l’essentiel, voir de provoquer chez eux une levée de boucliers et des discussions
inutiles.

Si Paul, à dessein, délimitait son propos pour les incroyants, il ne manquait pas d’annoncer “tout le
conseil de Dieu” (Act.20:27) à ceux qui avaient déjà cru à la Bonne Nouvelle. Ces vérité
regardaient tous ceux qui avaient décidé de suivre le Christ et qui recevaient de l’Esprit Saint les
forces pour les mettre en pratique, mais ceux-là seulement. Ils ne se conformeraient plus au siècle
présent; tous les domaines de leur vie en seraient affectés; ils seraient sel et lumière pour la société.
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Mais christianiser, humaniser le monde des non-croyants n’était pas au programme de l’apôtre. Il
n’entendait pas plaquer des formes chrétiennes sur un fond païen.

Où évangéliser? Les missionnaires faisaient connaître Jésus-Christ “dans la synagogue” (Act.13:14-


16), devant “toute la ville rassemblée” (Act.13:44), “sur la place publique” (Act.17:17), “à un lieu
de prière le long d’une rivière” (Act.16:13), “à une famille” (Act.16:30-32), “dans les maisons”
(Act.20:20), devant un tribunal (Act.23:1), devant un roi (Act.26:1), sur un navire (Act.27:21-37,
dans la maison louée de l’apôtre à Rome (Act.28: 23,30,31), “en tout lieu” (2 Cor.2:14).

Paul concentre son action sur les grands centres urbains. C’est là qu’il peut toucher le plus grand
nombre de personnes en peu de temps. C’est vers les villes que viennent les gens de la campagne,
plutôt que l’inverse et c’est d’une ville qu’une Eglise nouvelle peut atteindre les régions
environnantes. L’Eglise à Thessalonique en fut un exemple frappant. Paul en rend témoignage:
“Non seulement la parole du Seigneur s’est propagée de chez vous en Macédoine et en Achaïe,
mais encore c’est partout que la nouvelle de votre foi en Dieu s’est répandue” (1 This.1:8).
Actuellement, 60 pour-cent de la population du monde vit dans les grandes villes. Celles-ci, comme
au premier siècle, présentent certains dangers pour la sécurité des missionnaires, mais constituent
surtout une opportunité à ne pas négliger.

Quand évangéliser? Ils évangélisaient “le jour du sabbat” (Act.13:13), “chaque jour” (Act.17:17),
“sans cesse” (Act.20:21), “en toute occasion, favorable ou non” (2 Tim 4:2).

Comment évangéliser? Un verbe grec différent est employé pour décrire chacune des actions
suivantes dans la communication de la Bonne Nouvelle par les missionnaires: Ils “parlaient”
(Act.13:42), “adressaient la parole” (13:43), “évangélisaient” (14:21), “disaient” (16:31),
“expliquaient” (17:3), “s’entretenaient” (17:17), “annonçaient (17:23), “persuadaient” (18:4),
“ouvraient la bouche” (18:13), “prêchaient hardiment” (18:26), “démontraient” (18:28),
“attestaient” (20:24), “proclamaient” (20:25), “interpellaient” (21:40), “rendaient témoignage”
(23:11), “répondaient” (24:10), “se défendaient” (25:8), “prêchaient” (26:20), “exprimaient”
(26:25), “enseignaient”(28:31).

La communication de l’apôtre n’était pas uniquement non-verbale. Il ne se satisfaisait pas d’assurer


une présence parmi les non-croyants, sans plus. Les gens avaient besoin d’être exposés à une
information sur le Christ. Bien entendu, Paul les abordait avec bienveillance, il s’orientait vers les
récepteurs. Il cherchait à les rencontrer dans leur situation, à comprendre leurs préoccupations et
leur façon de penser. Mais il ne masquait pas la vérité, ne se réfugiait pas dans des formulations
ambiguës, n’arrondissait pas les angles de ce qui, dans l’Evangile, est scandale et folie. Il avait
confiance en la puissance de son message pour satisfaire tous les besoins les plus profonds de ses
interlocuteurs.

Ils amènent leurs auditeurs à la foi en Christ:

“Le gouverneur fit appeler Barnabas et Saul , car il désirait entendre la parole de Dieu...Il devint
croyant; il était vivement impressionné par l’enseignement du Seigneur” (Act.13:7,12).
“A Iconium, Paul et Barnabas entrèrent aussi dans la synagogue des juifs et parlèrent d’une façon
telle qu’un grand nombre de Juifs et de non-Juifs devinrent croyants (Act.14:1).
“Quand Silas et Timothée furent arrivés de Macédoine, Paul put consacrer tout son temps à prêcher;
il attestait devant les Juifs que Jésus est le Messie...Crispus, le chef de la Synagogue, crut au
Seigneur, ainsi que toute sa famille” (Act.18:5,8).

Jésus disait à ses apôtres: “Je vous ai envoyés moissonner” (Jean 4:38). Il ne suffisait pas de semer.
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Toute semaille vise une récolte. Toute annonce de l’évangile qui perd de vue son but d’amener les
auditeurs à la foi en Christ, perd sa raison d’être et, de ce fait, son mordant. Les missionnaires
appelaient leurs auditeurs à:
- “Croire au Seigneur Jésus” pour être sauvé (pisteuo - Act.16:31).
- “Se repentir” (Seg.), “changer d’avis” (Carrez et Morel metanoeo -Act.17:30).
- “se convertir ” (Sem.), “Se tourner vers Dieu” (TOB), “revenir à ”(Interl.- epistrepho -Act.26:20).

Faut-il aussi mentionner que la mission de Paul ne faisait pas de prosélytisme. Mais qu’est-ce, au
juste, le prosélytisme? Bien souvent ce mot a souffert de définitions subjectives telles: “C’est
l’évangélisation que font les autres”. Ou: “Toute évangélisation est orgueilleuse et intolérante, donc
du prosélytisme”. Voyons dans les textes l’approche de l’apôtre qui nous permet de distinguer ce
qui est légitime dans l’évangélisation, de ce qui ne l’est pas:

Pas de racolage. L’apôtre insistait sur la conversion à Dieu, à une relation directe avec lui par Jésus
l’unique médiateur (Act.26:20; 1 Thes.1:9; 1 Tim.2:5). Sa motivation première n’était pas de gagner
des adeptes pour sa personne, pour une institution, un groupe ou une Eglise locale particulière. Il
n’avait pas une approche partisane; il ne prêchait pas pour sa chapelle. Il ne se considérait pas lui-
même ni les siens comme l’unique courroie de transmission de la grâce. Il faisait preuve d’humilité.
Il ne se prêchait pas lui-même (2 Cor.4:5).

Chacun devait être laissé libre. Il n’hésitait pas à annoncer l’Evangile à des personnes d’une autre
religion, mais quand celles-ci ne voulaient plus entendre son message, il s’empressait de se tourner
vers d’autres (Act.13:46; 18:6; 28:28). Ni acharnement ni cajoleries, ni procédés psychologiques, ni
menaces. Il prêchait en public et s’entretenait en privé mais ne faisait intrusion chez personne.
Mais, pour Paul, il aurait été anormal de ne pas évangéliser. “Malheur à moi si je n’annonce pas la
Bonne Nouvelle” (1 Cor.9:16).

Pas de conversion de groupe. Il ne s’attendait pas à une réponse collective à sa prédication, Chacun
se trouvait individuellement devant Dieu. Il insistait sur la nécessité, pour devenir chrétien, d’un
acte de foi personnel et librement consenti. Cette insistance excluait pour lui, toute possibilité de
considérer comme croyant en Christ quelqu’un qui aurait été entraîné, poussé, contraint ou
influencé à le devenir. Il insistait aussi que les enfants des dirigeants de l’Eglise devaient, à leur
tour, venir personnellement à la foi en Christ. C’est que, pour lui, ils n’étaient pas chrétiens
d’office (Tite 1:6). Et si les enfants d’un croyant ne se convertissaient pas, cela pouvait disqualifier
leur père de l’exercice d’une charge officielle dans l’Eglise. Nous concluons qu’on ne peut
considérer être croyant authentique quelqu’un dont on pense qu’il l’est uniquement de par sa
naissance dans une famille chrétienne, ou grâce à sa citoyenneté dans une nation dont les dirigeants
auraient embrassé le christianisme, ou par son appartenance à une collectivité chrétienne
quelconque. Ces dernières dérives sont celles du christianisme sociologique, des chrétiens de nom.

Pas de manipulation. Il se gardait d’user de tromperie, de flatterie ou de ruse (2 Cor.4:2; 1


Thes.2:3,5). Son évangélisation était honnête. Pas de fausses promesses de santé, de prospérité, de
monts et merveilles. Il jouait franc-jeu. Il n’agissait pas par des motifs impurs ou intéressés (2
Cor.10:2,3; 1 Thes.2:3). L’esprit et le but de l’évangélisation était primordial à ses yeux. Il
cherchait l’intérêt de la personne, son salut, son bien. Il prenait au sérieux la dignité de chaque
homme en tant que créature de Dieu.

On ne pouvait l’accuser d’acheter des conversions, de profiter de la pauvreté ou de la faiblesse des


gens. Il déclare: “Pratiquons le bien envers tous, et surtout envers les frères en la foi”. L’aide
sociale ne se limitait pas au cercle de l’Eglise. Cependant, il n’existe aucune indication que lui, ou
ses collaborateurs aient offert une aide humanitaire ou des avantages matériels à des personnes non-
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chrétiennes. En général, ses auditeurs non-croyants étaient bien conscients des inconvénients et des
risques que pouvait comporter, un attachement au Christ de leur part. Il s’en suivait des conversions
radicales et vraies, et des Eglises moins imparfaites.

Pas de chasse gardée. Son évangélisation, là où Jésus-Christ n’avait pas encore été annoncé, ne lui
donnait aucun moyen d’exercer une quelconque pression sociale, économique ou politique sur
personne. Quand certains évangélisaient par esprit de rivalité avec lui (Phil.1:17), il se réjouissait
que, de toute façon le Christ était annoncé, même si c’était pour des motifs inavouables (1:18). Il ne
lui serait pas venu à l’idée de le leur interdire, ou que les églises qu’il implantaient puissent jamais
réclamer le moindre monopole du christianisme dans les villes ou les pays où elles se trouvaient.

L’apôtre ne retenait personne. “Tous ceux de la province d’Asie m’ont abandonné (2 Tim.1:15).
“Démas m’a abandonné par amour pour le monde présent” (4:10). “Hyménée et Philète se sont
écartés de la vérité” (2 Tim. 2:17-18). . Ceux qui étaient venus à la foi en Christ, ou qui avaient
collaboré avec lui étaient libres de partir. En cela, il était en accord avec la notion moderne des
droits de l’homme, qui comprend le droit de changer de religion. Des Eglises d’Etat ont souvent
rendu illégale ou dangereuse l’appartenance à une Eglise autre que la leur. Paul précise: “Dieu
annonce maintenant aux hommes que tous et partout ont à se convertir”(Act.17:30 TOB). Il ne
disposait pas toujours de la liberté d’annoncer le Christ, mais quand il avait cette liberté, il n’en
abusait d’aucune façon. Le prosélytisme est donc une corruption de l’évangélisation, non
l’évangélisation elle-même.

Il n’empêche que les chefs religieux du judaïsme (religion qui, au départ, avait été instituée par
Dieu) traitaient malgré tout le christianisme apporté par l’apôtre, de “secte” (Act.24:5,14; 28:22).
De nos jours, des institutions dont les débuts ont été suscités par Dieu, mais qui s’en sont parfois
détournées, veulent empêcher que l’évangile soit annoncé à leurs adhérants par d’autres qu’eux-
mêmes. Elles n’hésitent pas d’accuser de “prosélytisme” ceux qui, malgré tout, s’en tiennent
strictement aux mêmes limites que celles de Paul, dans leur annonce du Christ (voir plus haut). Si
elles sont devenues Eglises d’Etat, elles tendent à considérer que tous les citoyens de leur pays leur
appartiennent d’office; elles ont tous les droits sur eux. Le territoire de la nation est leur chasse
gardée. Etre Russe ou Grec, c’est être Orthodoxe. Etre Italien ou Polonais, c’est être Catholique.
Etre Irlandais du Nord, c’est être Protestant. Ce qui ne semble pas empêcher Orthodoxes,
Catholiques et Protestants de déployer leurs activités dans des pays où les autres institutions sont
majoritaires. Cependant une authentique liberté de conscience sous-entend que n’importe qui doit
être libre d’entendre toute idée religieuse qu’il veut bien lui-même écouter et, s’il le veut de
“changer de religion”. Et il ne serait pas venu à l’idée de Paul, sur la place publique d’Athènes,
d’interdire à ces interlocuteurs païens, de propager leurs idées à eux, que lui, Paul, estimait, malgré
tout, être fausses et nuisibles.

Ils baptisent les croyants

“Beaucoup de Corinthiens, qui entendaient Paul, crurent aussi et furent baptisés” (Act.18:8).
“Paul leur dit: “Jean baptisait ceux qui acceptaient de changer de comportement et il disait au
peuple d’Israël de croire en celui qui allait venir après lui, c’est-à-dire en Jésus”. Après avoir
entendu ces mots, ils se firent baptiser au nom du Seigneur Jésus” (Act.19:3,4).
“Le gardien demanda à Paul et à Silas: “Messieurs, que dois-je faire pour être sauvé?” Ils
répondirent: “Crois au Seigneur Jésus et tu seras sauvé, et ta famille avec toi”. Et ils annoncèrent la
parole du Seigneur, à lui et à tous ceux qui étaient dans sa maison...Il fut aussitôt baptisé, ainsi que
tous les siens” (Act.16:30-33). Le baptême d’eau constituait, pour ceux qui se tournaient vers le
Christ, une rupture avec leur passé religieux. Il permettait la constitution de l’Eglise locale, une
nouvelle communauté religieuse en marge de leur société, que celle-ci fut juive ou païenne. Le
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baptême dérange le statu quo qui donne aux hommes une identité: statu quo religieux, et souvent
social ou ethnique, quand ces derniers sont liés à la religion. Se faire baptiser constitue un
engagement personnel qui comporte, en général, des risques.

Mais le baptême leur donne en même temps une nouvelle identité: chrétienne. Le baptême dans le
Saint-Esprit doit précéder le baptême dans l’eau (Act. 10:44-48); il est la réalité spirituelle dont ce
dernier est le signe. Ce baptême supprime au sein de l’Eglise, les différences du passé: raciales
(Juif-non-Juif -1 Cor.12:13a), sociales (esclave-libre -1 Cor.12:13b), religieuses (circoncis -
incirconcis - Col.3:11b), ethnique (barbare-Scythe - Col.3:11c), sexuelles (homme-femme -
Gal.3:28) et d’âge (vieu-jeune - Act.2:17b). Ce baptême crée en même temps une nouvelle entité, le
corps du Christ (1 Cor.12:13). Celui-ci confère à son tour une nouvelle identité, déterminée par
Jésus-Christ, et partagée par tous les vrais croyants en lui dans le monde entier.: “...tous vous êtes
un en Jésus-Christ” (Gal.3:28) et “...le Christ est tout et en tous” (Col.3:11).

Cette nouvelle identité, qui fait irruption dans une société humaine, est dérangeante (en Occident,
comme ailleurs) car elle doit révéler qu’aucune culture, aucune société, n’est entièrement soumise à
l’autorité du Christ et au règne de Dieu. Se convertir au Christ signifie donc la reconnaissance que
les autorités anciennes et rivales son détrônée et relativisées. Jésus a vécu en marge de la société
juive en fréquentant et en sauvant les marginaux, en dénonçant l’idolâtrie de la richesse, et en
contestant l’hypocrisie de l’établissement religieux. L’Eglise qui ne se conforme pas au siècle
présent, sera souvent marginalisée. L’Eglise, la vraie est, et a toujours été une minorité dans la
grande majorité des pays du monde.

En Jésus-Christ, Dieu crée un nouvelle humanité, universelle, qui ne peut se soumettre à aucune
culture particulière, qu’elle soit du Nord ou du Sud. C’est dans cette humanité-là que tous les
membres de l’Eglise universelle doivent chercher leur identité. Ils sont d’abord chrétiens, ensuite
Français, Africains, Arabes, Américains, Coréens, Indiens, etc. La race, la langue, la classe, la
nationalité, la culture doivent toutes être soumises à Jésus-Christ et transformées par lui. L’Eglise
n’est ni l’Eglise des riches, ni l’Eglise des pauvres, elle est l’Eglise du Christ. Et le missionnaire
d’où qu’il vienne, ne peut se permettre d’importer ni d’imposer sa culture à qui que ce soit. Sa
culture à lui, tout autant que celle de ceux qu’il évangélise, doit être soumise à une transformation
par Jésus-Christ. Jésus le missionnaire s’est dépouillé lui-même et s’est fait homme pour venir
jusqu’à nous (Phil.2:6-8). Il a dit à ses apôtres: “Comme mon Père m’a envoyé, moi aussi je vous
envoie” (Jean 20:21).

Le missionnaire doit aussi se dépouiller quand il franchit des frontières nationales et des barrières
culturelles. Il évitera des termes qui peuvent susciter des malentendus, qui traînent avec eux un
bagage culturel. Il parlera de “foi” en Jésus plutôt que de “conversion”, de “disciples du Christ”,
plutôt que de “chrétiens”, de “serviteurs”, plutôt que de “soldats du Roi”, etc. Le baptême qu’il a
reçu, et celui qu’il administre au nouveau croyant, déclare qu’il est un avec ce dernier dans l’Eglise
universelle. Il partage désormais avec lui, la même identité chrétienne, et tous les deux laissent
derrière eux une partie de leur identité d’origine. Il est évident qu’une équipe missionnaire multi-
culturelle aura moins tendance à imposer aux nouveaux croyants une culture particulière, que
l’équipe issue d’une même église locale, voir d’un même pays.

Ils font des disciples

“Paul et Barnabas annoncèrent la parole de Dieu dans la ville de Derbe où ils firent beaucoup de
disciples”(Act.14:21). “Paul et Barnabas annoncèrent la bonne nouvelle à Lystre...Les disciples
entourèrent Paul...Voici, il y avait à Lystre un disciple nommé Timothée”. “Paul...à Timothée, mon
vrai fils dans la foi”(Act.14:6,7,20; 16:1; 1 Tim.1:1,2). Le mot “disciple” est employé une trentaine
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de fois dans le livre des actes pour décrire ceux qui suivaient le Christ. Un disciple est un élève à
l’école de Jésus, à qui on enseigne à observer tout ce qu’il a prescrit (Mat.28:18-20). Le rôle des
missionnaires est d’amener les gens au Maître pour qu’ils s’inscrivent à son école. Ensuite ils les
aident à recevoir ses instructions et à le suivre.

Mais quelle est la portée que Jésus lui-même a donné à ce terme: “disciple”? Quelle sont les
marques du disciple du Christ? Les passages suivants, tous des paroles de Jésus, contiennent tous le
mot mathetes, et apportent une précision quant à son sens. Etre disciple du Christ c’est:
1) Préférer le Christ à sa propre famille; lui accorder la priorité sur toute personne (Luc 14:26a).
2) Préférer le Christ à sa propre personne; priorité sur toutes choses de “sa propre vie” (14:26b).
3) Porter sa croix pour suivre le Christ; accepter d’être désavantagé pour sa cause (Luc 14:27).
4) Renoncer à tout ce qu’on possède; ne plus être propriétaire mais gérant (14:33)
5) S’attacher aux paroles du Christ; écouter, lire, sonder, pratiquer son enseignement (Jean 8:31).
6) Aimer les autres disciples; apprendre dans le cadre de la vie communautaire (Jean 13:34,35).
7) Porter du fruit: une vie droite, propre, qui attire, généreuse et de témoignage (Jean 15:8).
C’est le radicalisme chrétien. Il est évident, que pour faire des disciples du Christ, le missionnaire
doit lui-même être son disciple.

Ils rassemblent les croyants

“Paul et Silas arrivèrent à Thessalonique où les juifs avaient une synagogue... Paul leur disait: “Ce
Jésus que je vous annonce, c’est lui le Messie. Quelques-uns des auditeurs furent convaincus et se
joignirent à Paul et Silas. C’est ce que firent aussi un grand nombre de Grecs qui adoraient Dieu, et
beaucoup de femmes influentes” (Act.17:1-4).“Les Juifs s’opposaient à Paul et l’insultaient; alors il
secoua contre eux la poussière de ses vêtements...Il partit alors de la synagogue et se rendit chez un
certain Tertius Justus qui adorait Dieu et dont la maison était à côté de la synagogue. Crispus, le
chef de la synagogue crut au Seigneur, ainsi que toute sa famille” (Act.18:6-8).“Paul se retira des
endurcis et incrédules, sépara les disciples, et enseigna chaque jour dans l’école d’un nommé
Tyrannus” (Act.19:9). Evangéliser et conduire des individus à la foi en Christ ne suffit pas. Seuls ils
sont vulnérables. Des brebis ont besoin d’un troupeau, et des enfants, d’une famille. Le Christ nous
sauve pour qu’on fasse partie de son Eglise, et le mot ekklesia signifie “rassemblement”.
Ils implantent et fondent des Eglises

“J’ai tenu à annoncer la Bonne Nouvelle uniquement dans les endroits où l’on n’avait pas entendu
parler du Christ, afin de ne pas bâtir sur les fondations posées par quelqu’un d’autre” (Rom.15:20).
“J’ai planté...vous êtes le champ de Dieu, l’édifice de Dieu. Selon la grâce de Dieu qui m’a été
donnée, j’ai posé le fondement comme un sage architecte...Car personne ne peut poser un autre
fondement, que celui qui a été posé, savoir Jésus-Christ” (1 Cor.3:6,9,10,11). “Vous avez été édifiés
sur le fondement des (posé par les) apôtres et prophètes, Jésus-Christ lui-même étant la pierre
angulaire” (Eph.2:20). Paul écrit à l’église à Corinthe: “Ne suis-je pas apôtre? N’êtes-vous pas le
résultat de mon activité au service du Seigneur?...Puisque vous êtes unis au Seigneur, vous êtes
vous-mêmes la preuve que je suis apôtre” (1 Cor.9:1,2). Le rôle du missionnaire n’est pas de
réveiller les Eglises qui pourraient déjà exister dans une région particulière. Tous les efforts faits
dans ce sens au Moyen Orient ou en Europe, outre d’avoir été considérés comme présomptueux, se
sont soldés par des échecs. Et les masses non-évangélisées de ces continents sont restées sans être
touchées comme il aurait fallu.

Ils affermissent et fortifient dans la foi les nouveaux disciples :

“Paul et Barnabas repassèrent par Lystre, Iconium et Antioche. Ils y affermissaient le coeur des
disciples et les engageaient à persévérer dans la foi” (Act.14:21,22).“Jude et Silas...parlèrent
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longuement aux frères à Antioche pour les encourager et les fortifier dans la foi” (Act.15:32).
“Paul traversa la Syrie et la Cilicie, en fortifiant la foi des Eglises” (Act.15:41).“Paul traversa
successivement la Galatie et la Phrygie, en fortifiant la foi de tous les disciples” Act.18:23).
“Nous vous avons envoyé Timothée, notre frère...Il devait vous fortifier et vous encourager dans
votre foi... Nous demandons à Dieu avec ardeur de nous permettre de vous revoir personnellement
et de compléter ce qui manque encore à votre foi” (1 Thes.3:2,10). “Nous avertissons et instruisons
chacun, avec toute la sagesse possible, afin de rendre chacun spirituellement adulte”(Col.1:28).

L’apôtre précise le but de ce travail de discipulat et d’affermissement. Il vise la persévérance des


nouveaux chrétiens dans une foi pleinement vécue, et leur maturité spirituelle. Ces buts doivent être
réalisés par des encouragements, des avertissements et l’enseignement. Tout ce travail vise d’abord
l’individu, ensuite l’Eglise en tant que collectivité.

Ils exercent une autorité spirituelle sur les nouvelles Eglises

Paul, absent en personne, écrit comme suite aux Eglises qu’il a fondées: “Si quelqu’un n’obéit pas
aux instructions que nous donnons dans cette lettre, notez-le et n’ayez aucun contact avec lui” (2
Thes.3:14). Ce n’est pas l’apôtre lui-même qui pourrait intervenir, à distance, pour exercer la
discipline. Il dépend de l’Eglise pour le faire.“Je désirais vous mettre à l’épreuve pour voir si vous
êtes toujours prêts à obéir à mes instructions” (2 Cor.2:9). Il n’était pas certain que l’Eglise allait
obtempérer. “Mes chers amis, vous m’avez toujours obéi quand je me trouvais auprès de vous. Eh
bien, faites-le encore plus maintenant que je suis absent” (Phil.2:12). Il ne disposait d’aucun moyen
de contrainte. S’il en avait eu, il n’est pas certain qu’il s’en serait servi.

Paul, présent dans une Eglise, décrit sa façon d’agir quand il est en visite: “La prochaine fois que
j’irai vous voir, je ne serai indulgent pour personne” (13:2). Ses interventions personnelles
pouvaient être énergiques, mais impartiales. “Je vous en supplie: ne m’obligez pas à intervenir
énergiquement quand je serai chez-vous; car je compte faire preuve de fermeté envers ceux qui
prétendent que nous agissons selon des motifs purement humains...et nous sommes prêts à punir
toute désobéissance, dès que vous aurez manifesté une parfaite obéissance...L’autorité que le
Seigneur nous a donnée, autorité qui a pour but de faire progresser votre communauté et non de la
détruire” (2 Cor.10:2,6,8). Paul n’acceptait pas d’accusation injustifiée contre sa personne qui
pouvait miner son autorité. Mais il ne perdait jamais de vue que le but de tout exercice d’autorité
était l’édification de l’Eglise. Pas de coup de crosse!

Cette autorité était souvent contestée par les Eglises. Celle à Corinthe ne reconnaissait pas Paul
comme apôtre, malgré le fait qu’il en fut le fondateur (1 Cor.9:1). Mais l’attitude des Corinthiens
est ambiguë, car en même temps, ils lui écrivent pour demander son avis (7:1). Il explique, il
raisonne, il plaide avec eux (9:1b,2). Il écrit aux Thessaloniciens: “Nous aurions pu vous imposer
notre autorité en tant qu’apôtres du Christ. Au contraire, nous avons fait preuve de douceur parmi
vous” (1 Thes.2:7). Malgré la contestation il s’exprime avec chaleur et affection. Quelle donc, était
la nature de son autorité? Il semblerait qu’elle dépendait essentiellement de la relation personnelle
qu’il pouvait entretenir avec eux, d’une amitié à long-terme, d’un respect mutuel. Il en est de même
aujourd’hui sur tous les champs missionnaires. On ne fera jamais l’économie des relations
personnelles de confiance. C’est l’essence-même d’une autorité spirituelle plutôt qu’administrative.
Le missionnaire aura le degré d’autorité qu’il pourra persuader les Eglises d’accepter. C’est
exigeant pour lui, mais il n’y a pas d’autre voie. Le travail pionnier se transforme en
accompagnement, en encouragement, en exhortation.

Ils organisent les Eglises en y établissant des responsables


70

Il est évident que l’implanteur itinérant de plusieurs Eglises ne pourra pas continuer indéfiniment à
assurer personnellement la conduite de ces communautés. C’est ainsi que Paul remplace son
autorité apostolique, dans chaque Eglise, par l’autorité officielle et permanente de “surveillants” ou
“épiscopes” (episkopoi), aussi dénommés “anciens” (presbuteroi).

Ceux-ci doivent répondre à certaines exigences en matière de conduite et d’expérience

“Je t’ai laissé en Crète afin que tu achèves d’organiser ce qui doit l’être encore et que tu établisses
des anciens d’Eglise dans chaque ville. Rappelle-toi les instructions que je t’ai données: un ancien
doit être irréprochable et mari d’une seule femme...” (Tite 1:5-9). “Si quelqu’un souhaite la fonction
de dirigeant (Litt. “surveillant”- episkopos) dans l’Eglise, il désire une belle tâche. Il faut qu’un
dirigeant d’Eglise soit...sobre, raisonnable et convenable...(1 Tim.3:1,7). Les diacres aussi doivent
être respectables et sincères; ils ne doivent pas abuser de vin...”(3:8). “Paul et Timothée...à tous les
saints en Jésus-Christ qui sont à Philippe, aux surveillants et aux diacres...” (Phil.1:1). Une fois
dûment établis, les responsables doivent être reconnus par le missionnaire.

Les anciens doivent être établis d’une certaine manière

“Dans chaque Eglise, Paul et Barnabas firent élire des responsables (Litt; “anciens”), à main levée
et, en priant et en jeûnant, ils les confièrent au Seigneur en qui ils avaient cru” (Act.14:23 Semeur).
L’initiative pour cette démarche, appartient aux missionnaires; mais on ne peut nommer des
conducteurs sans l’accord des adhérants de l’Eglise. Un ancien pourra difficilement fonctionner s’il
n’a pas la confiance du plus grand nombre. Ceux-ci sont meilleurs juges que les missionnaires de la
présence ou non chez lui des qualités requises en matière de conduite et d’expérience. “Ne te hâte
pas de poser les mains sur quelqu’un pour lui confier une charge dans l’Eglise” (1 Tim.5:22). Pas
de précipitation.

L’établissement “dans chaque Eglise” de conducteurs ayant des attributions précises, montre bien
que la société missionnaire ne place pas les Eglises, ni sous sa propre autorité, ni sous la tutelle
d’une institution ecclésiastique dans le ou les pays d’origine. Les responsables d’une Eglise
n’avaient rien à dire dans une autre, étant donné que celle-ci avait ses responsables à elle. Les
missionnaires ne revêtent aucune charge au sein des Eglises nouvelles. Ils demandent aux croyants
de respecter et de suivre leurs conducteurs dûment établis sur place. “Frères, nous vous demandons
de respecter ceux qui travaillent parmi vous, ceux qui, par ordre du Seigneur, vous dirigent et vous
avertissent” (1 Thes.5:12,13; Voir aussi1 Cor.16:15-16). Un des buts du missionnaire doit être de
se rendre lui-même superflu. Quand il a une supériorité technique ou économique, il ne doit pas se
servir de celles-ci pour exercer un pouvoir.

Les missionnaires agissent en parents spirituels

“Même si vous aviez dix mille maîtres en Christ, vous n’avez cependant pas plusieurs pères,
puisque c’est moi qui vous ai engendrés en Jésus-Christ par l’évangile” (1 Cor.4:15).
“Je m’adresse à vous comme à mes enfants” (2 Cor.6:13). “Mes enfants, pour qui j’éprouve de
nouveau les douleurs de l’enfantement, jusqu’à ce que Christ soit formé en vous” (Gal.4:19).
“Nous avons fait preuve de douceur parmi vous, comme une mère qui prend soin de ses enfants.
Nous avions une telle affection pour vous, que nous étions prêts à vous donner non seulement la
Bonne Nouvelle de Dieu, mais encore notre propre vie. Vous nous étiez devenus si chers...Traitant
chacun de vous comme un père ses enfants, nous vous avons exhortés, encouragés et adjurés de
vous conduire d’une manière digne de Dieu” (1 Thes.1:7,8,11,12).

Il fallait un suivi, les premiers soins et un lait spirituel pour des enfants nouveau-nés. Il ne s’agissait
71

pas de paternalisme, à ce premier stade, car Paul faisait tout pour les attacher au Christ et pour les
détacher de sa personne. Il ne les a pas infantilisé, ne les rendait pas redevables, dépendants et
soumis en assurant un soutien financier à leurs Eglises ou à leurs responsables.

Ils y enseignent la saine doctrine

“Paul demeura un an et demi à Corinthe; il y enseignait à tous la parole de Dieu” (Act.18:11).


“Je n’ai rien caché de ce qui devait vous être utile: je vous ai tout annoncé et enseigné, en public et
dans vos maisons...Je vous ai annoncé tout le conseil de Dieu” (Act.20:20, 27).
“Paul prêchait le Royaume de Dieu et enseignait ce qui concerne le Seigneur Jésus-Christ”(28:31).
Soupçonné de modifier ou d’adapter son message par intérêt, il répond: “Est-ce que par là je
cherche à gagner l’approbation des hommes? Non...Est-ce que je cherche à plaire aux hommes? Si
je cherchais encore à leur plaire, je ne serais pas serviteur du Christ” (Gal.1:10; 1 Thes.2:4).
“Vous le savez bien, nous n’avons jamais usé d’un langage flatteur; nous n’avons pas non plus
caché sous nos paroles des motifs intéressés” (1 Thes.1:5).

Ses collaborateurs partageaient le même souci de l’enseignement et de la saine doctrine. “Timothée


vous rappellera les principes qui me dirigent dans la vie avec Jésus-Christ, tels que je les enseigne
partout, dans toutes les Eglises” (1 Cor.4:17). Il écrit à Timthée: “Ce que tu as entendu de
moi...confie-le à des hommes fidèles, qui soient capables de l’enseigner aussi à d’autres” (2
Tim.2:2). “Un serviteur du Seigneur doit être capable d’enseigner” (2 Tim.2:24). “Pour toi (Tite),
enseigne ce qui est conforme à la saine doctrine” (Tit.2:1). Le terme “doctrine” n’était pas, à
l’époque, un vilain mot. Enseigner la vérité n’était pas de l’impérialisme. Il n’était pas prétentieux
de dire qu’on apportait la parole de Dieu. On ne nuançait pas à l’infini, on n’arrondissait pas tous
les angles de peur de déplaire. Mais le message avait du mordant, au contraire de celui qu’on
apporte parfois aujourd’hui.

L’enseignement de l’apôtre ne se limitait pas à une communication orale sur place. Toutes ses
lettres aux Eglises avaient un contenu doctrinal important. Il arrivait aussi qu’une Eglise lui écrive
pour lui poser des questions sur des points précis (1 Cor.7:1). C’était l’occasion pour lui de
satisfaire aux préoccupations immédiates des chrétiens. Il introduit souvent ses réponses par la
formule: “Pour ce qui concerne...” et apporte ainsi un enseignement sur les mariage (7:1), les
personnes non-mariées (7:25), la viande sacrifiée aux idoles (8:1,4), les dons spirituels (12:1), la
collecte (16:1), etc. Ses lettres s’adressaient aux Eglises toutes entières et non uniquement aux
conducteurs. Il s’agissait d’enseigner tous les croyants de toutes les Eglises et non seulement les
responsables ou une élite: le “clergé”. Il ne devait pas y avoir parmi eux le moindre illettré biblique.

Les missionnaires aidaient les nouvelles Eglises à exercer une saine discipline

Paul donne des indications en matière de discipline à ses collaborateurs présents dans des Eglises.
Le missionnaire devait montrer l’exemple pour que les responsables sachent comment s’y prendre
après son départ. “N’accepte pas d’accusation contre un ancien à moins qu’elle soit appuyée par
deux ou trois témoins. Si quelqu’un se rend coupable d’une faute, adresse-lui des reproches en
public, afin que les autres aussi éprouvent de la crainte” (1 Tim.5:19,20). “Donne un premier
avertissement, puis un second, à celui qui cause des divisions; ensuite, écarte-le” (Tit.3:10).

A distance, l’apôtre n’intervient pas directement lui-même “ex-cathédra”, mais incite l’Eglise locale
à prendre ses responsabilités. Mais il assure celle-ci de son plein soutien moral dans cet exercice
pénible. “On entend dire partout qu’il y a de l’immoralité parmi vous...L’auteur d’une telle action
devrait être chassé du milieu de vous. Quant à moi...j’ai déjà jugé au nom de notre Seigneur Jésus
celui qui a si mal agi, comme si j’étais présent parmi vous...Je vous ai écrit de ne pas avoir de
72

contact avec ceux qui vivent dans l’immoralité. Je ne visais pas, d’une façon générale, tous ceux
qui, dans ce monde, sont immoraux...sinon, vous devriez sortir du monde! Je voulais vous dire de
ne pas avoir de contact avec quelqu’un qui, tout en se donnant le nom de chrétien, serait
immoral...Vous ne devez même pas partager un repas avec un tel homme. Ce n’est pas mon affaire
de juger les non-chrétiens. Mais ne devriez-vous pas juger les membres de votre communauté?” (1
Cor.5:1-12). Et, quand l’Eglise avait pris position et avait agi, il lui faisait entièrement confiance:
“Quand vous pardonnez à quelqu’un une faute, je lui pardonne aussi” (2Cor.2:10).

Ils organisent des actions caritatives en faveur des Eglises en régions sinistrées

Quel donc est le rôle de la société missionnaire dans l’aide humanitaire? Paul et Barnabas servent
d’intermédiaires pour faire parvenir les dons de l’Eglise à Antioche aux Eglises en Judée où sévit la
famine (Act.11:29:30). L’apôtre donne des instructions aux Eglises en Galatie et à Corinthe pour
qu’on mette de côté chaque dimanche les dons destinés à la collecte, et qu’on choisisse des délégués
pour les acheminer à Jérusalem (1 Cor.16:1-3; Gal.2:10). Paul écrit aux Eglises pour les encourager
à donner généreusement (2 Cor. 8:7-15; 9:1,2,4; 6-15). Les chrétiens de Macédoine et d’Achaïe ont
décidé à leur tour et de leur plein gré de contribuer à la collecte (Rom.15:26,27; 2 Cor.8:1,3). Le
directeur achemine ces offrandes à Jérusalem (Act.24:17). Il explique que c’est là une dette
matérielle que les Eglises nouvelles doivent aux Eglises établies pour les biens spirituels qu’elles
ont reçus d’elles (Rom.15:27).

Solidarité chrétienne: deux finalités. Les indications ci-dessus, sauf pour la dernière précision,
peuvent servir de marche à suivre pour une société missionnaire dans sa promotion parmi des
Eglises prospères, d’une aide matérielle en faveur d’Eglises en zones sinistrées. De nos jours, cette
aide ira en général des Eglises établies vers les Eglises nouvelles, plutôt que dans le sens contraire
comme au premier siècle. Un des buts de cette collecte consistait d’ailleurs à démontrer que, dans le
corps du Christ, il n’y avait ni des Eglises de Juifs (en Judée), ni des Eglises de Gentils en terre
païenne, mais uniquement des Eglises chrétiennes partout dans le monde. Cette aide matérielle
servait, non seulement à secourir les chrétiens démunis, mais également à abolir les barrières
raciales et sociales au sein de l’Eglise universelle. Aujourd’hui la société missionnaire, en servant
de relais à l’aide humanitaire aux frères en la foi, peut aussi renforcer les liens entre les chrétiens
riches du Nord et ceux du Sud qui sont dans le besoin. Mais cette collecte n’était pas destinée à la
totalité de la population sinistrée de la Judée, y compris les non-chrétiens. Elle ne peut servir de
justification à l’idée qu’une des responsabilités des sociétés missionnaires est de venir en aide à tous
les démunis du monde (Voir plus loin sous “Action”).

Transparence! Le directeur se fait accompagner de délégués des Eglises, qu’il munit de lettres
d’introduction auprès de l’Eglise à Jérusalem (1 Cor.16:3,4; 2 Cor.8:19; 9:11). Personne ne doit
gérer seul les finances, pas même le directeur. Toutes les recettes doivent être dépouillées par
plusieurs personnes. Des représentants des Eglises qui donnent, et de celles qui reçoivent, doivent
avoir un droit de regard dans les comptes de la société missionnaire. L’apôtre charge Tite, son
collaborateur, et deux autres frères, de bonne réputation et désignés par les Eglises, de poursuivre
la collecte parmi les Eglises (2 Cor.8:6,16-19; 22-24; 9:3,5). Il prend de telles précautions pour
éviter toute critique et pour faire ce qui est bien, non seulement aux yeux du Seigneur, mais aussi
aux yeux des hommes. Une gestion transparente des finances de la société, et un partage des
responsabilités dans ce domaine avec un audit extérieur est indispensable pour fonder la confiance
des donateurs et des collaborateurs (2 Cor.8:20-21).

Mais des effets pervers ne sont-ils pas à craindre? Il existe, dans toute oeuvre de bienfaisance,
certains pièges à éviter, qui apportent des divisions dans le corps du Christ plutôt que des liens. La
société missionnaire ne doit pas créer un état de dépendance chez les chrétiens ou les Eglises qui
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sont démunies et qui reçoivent une aide. Cette assistance, accordée à mauvais escient peut favoriser
une mentalité d’assisté, de passivité, un manque d’initiative. Le chrétien défavorisé est vu et se voit
comme un mendiant recevant l’aumône, et non plus comme un frère qu’on aide parce qu’il est en
difficulté . Le chrétien riche se voit comme un bienfaiteur, non comme un serviteur, comme il se
doit. D’autre part, la mission ne doit pas assister de manière indépendante, sans consulter les
Eglises sur leurs vrais besoins, et sans s’assurer de leur enthousiasme et de leur collaboration pour
des projets humanitaires communs.

Les mots-clé: “partenariat” et “interdépendance”. La mission ne doit pas non plus aider les
chrétiens directement et individuellement. Paul apportait l’aide aux responsables (Act.11:30) de
l’Eglise pour que ceux-ci en assurent la distribution aux membres. Le donateur doit se montrer
collaborateur et se garder d’assumer le rôle de dirigeant. Il faut une action interdépendante, où la
mission qui aide, et les Eglises qui sont aidées, travaillent ensemble dans un même but. De tels
partenariats reflètent le caractère interdépendant des membres du corps de Christ (Rom.12:4;
Eph.4:15,16) et contribuent, comme il se doit, à l’unité de l’Eglise universelle. Mais
l’interdépendance sous-entend comme point de départ, l’autonomie des deux partenaires. Il
n’existe, dans l’Ecriture, aucune trace de partenariats administratifs permanents et institutionnels.
Quand le but était atteint, le partenariat cessait. Mais il s’en créait tout aussi vite un nouveau là où le
besoin s’en faisait sentir.

Les missionnaires avertissent les nouvelles Eglises et les défendent contre les faux docteurs

Première ligne de défense: “Je suis stupéfait de la rapidité avec laquelle vous vous détournez de
Dieu...et vous, vous regardez à une autre bonne nouvelle. En réalité, il n’y en a pas d’autre; il y a
seulement des gens qui vous troublent” (Gal.1:6,7). La bonne semence à peine semée, le diable
répand parmi elle l’ivraie. “Je vous ai annoncé tout le plan de Dieu, sans rien vous en cacher.
Veillez sur tout le troupeau que le Saint-Esprit a remis à votre garde...Je sais qu’après mon départ
des hommes pareils à des loups redoutables s’introduiront parmi vous et n’épargneront pas le
troupeau. Et même dans vos propres rangs, des hommes se mettront à dire des mensonges”
(Act.20:27-30). “Un serviteur de Dieu doit être aimable envers tous, capable d’enseigner et de
supporter les critiques. Il doit instruire avec douceur ses contradicteurs” (2 Tim.2:24-25). La
première défense contre l’erreur est une action positive: l’enseignement approfondi de tout le
conseil de Dieu. L’ignorance de l’Ecriture prépare un terrain accueillant aux fausses doctrines.

Deuxième ligne de défense: Elle consiste à ne pas se laisser entraîner dans des polémiques stériles,
et d’empêcher que celles-ci naissent dans l’Eglise. Il fallait pouvoir distinguer l’essentiel de
l’accessoire. Evite les querelles et polémiques au sujet de la loi” (Tit.3:9). “Evite les bavardages
vides et contraires à la foi, les objections d’une soi-disant connaissance” (1 Tim.6:20). “Demande-
leur solennellement devant Dieu de ne pas se quereller à propos de mots...Rejette les discussions
folles et stupides” (2 Tim.2:14,23).

Confronté à un enseignement contraire à l’évangile, il faudra enfin en venir à la dénonciation, à


l’interdiction et à la réprimande. Paul déclare: “Si quelqu’un vous annonce une Bonne Nouvelle
différente de celle que vous avez reçue, qu’il soit maudit!” (Gal.1:9). C’est un langage vigoureux.
“Il y a des gens qui enseignent de fausses doctrines et il faut que tu leur ordonnes de cesser. Dis-
leur de renoncer à ces légendes” (1Tim.1:3,4). “Il y en a beaucoup...qui trompent les autres en
disant n’importe quoi. Il faut leur fermer la bouche ...adresse-leur de sévères reproches, afin qu’ils
aient une foi juste” (Tit.1:10,13). La sensibilité de l’apôtre, son écoute de l’autre, et son ouverture,
ne l’empêchaient pas d’être intransigeant quand la vérité de Dieu, considérée comme universelle et
immuable, était en jeu.
74

Ils font l’éloge des Eglises nouvelles

Paul n’a pas peur de faire un compliment quand il y avait de quoi féliciter une Eglise. Pour tout
reproche, il donne trois encouragements. Une sincère approbation de sa plume n’est pas de la
psychologie, mais un signe d’amour chrétien. Et elle fait avancer l’oeuvre bien plus que la critique.
“Vous êtes devenus un modèle pour tous les croyants de Macédoine et d’Achaïe” (1 Thes.1:7).
“C’est vous...qui êtes notre espérance, notre joie et le signe de victoire dont nous pourrons être fiers
devant notre Seigneur Jésus quand il viendra. Oui, vous êtes notre sujet de gloire et de joie” (1
Thes. 2:19,20). “Comment pourrions-nous assez remercier notre Dieu à votre sujet, à cause de
toute la joie que vous nous donnez devant lui?” (1 Thes.3:9). “Votre foi fait de grands progrès et
l’amour que vous avez tous, les uns pour les autres, augmente constamment. C’est pourquoi nous
parlons de vous avec fierté dans les Eglises de Dieu” (2 Thes. 1:3,4). Ces derniers propos ne nous
étonnent guère, compte tenu de tout le bien que nous savons de l’Eglise à Thessalonique. Par
contre, les paroles suivantes dans la même veine, adressées à l’Eglise à Corinthe dont nous
connaissons tant de mal, ne manquent pas de nous surprendre.

Mais passer du moins que rien, à peu, c’est déjà beaucoup! “J’ai une grande confiance en vous, je
suis très fier de vous...Si je me suis un peu vanté à votre sujet auprès de Tite, vous ne m’avez pas
déçu...L’éloge que nous avons fait de vous auprès de Tite s’est révélé justifié...Que les Eglises
sachent que nous avons raison d’être fiers de vous...J’ai exprimé ma fierté à votre sujet auprès des
Macédoniens” (2 Cor.7:4,14; 8:24; 9:2). De tels propos peuvent sembler exagérés à nos oreilles
méfiantes. Mais ils sont autant de stimulants si bien pour les collaborateurs que pour les Eglises.
Les conversations entre missionnaires s’attardent parfois inutilement et de façon peu édifiante sur
l’immaturité et les problèmes des Eglises nouvelles. Il faut garder à l’esprit ce qu’étaient ces
personnes avant de connaître le Christ (1 Cor.6:9-11), et mesurer tout le chemin qu’elles ont fait
depuis lors.

Les missionnaires ne se montrent pas autoritaires

“Non pas que nous dominions sur votre foi, mais nous contribuons à votre joie” (2 Cor.1:24 Seg.).
Le but de tout exercice d’autorité doit être le bonheur des chrétiens. Tous les missionnaires
paternalistes et les régimes épiscopaux devraient y songer. “Nous aurions pu vous imposer notre
autorité comme apôtres du Christ. Au contraire, nous avons fait preuve de douceur parmi vous” (1
Thes.2:7). “Moi, Paul, je vous adresse personnellement un appel...par la douceur et la bonté du
Christ” (2Cor.10:1). Non pas l’arrogance du missionnaire à poigne, mais la douceur qui donne une
autorité spirituelle, même sur des dirigeants et des opposants. “Même si je suis un peu trop fier de
l’autorité que le Seigneur nous a donné pour votre édification, et non pour votre ruine, je n’en
rougirai pas. Je ne veux pas avoir l’air de vous effrayer par mes lettres” (2 Cor.10:8,9 TOB). Ni
bulle, ni bref, ni décrétale ni encyclique. “Etant encore loin, je vous écris ceci pour ne pas avoir, une
fois présent, à trancher dans le vif selon le pouvoir que le Seigneur m’a donné pour édifier et non
pour détruire” (2 Cor.13:10 TOB).

Par contre, le missionnaire n’est pas un paillasson. Il a sa dignité. Ecoutons l’apôtre: “Voici
comment je me défends contre ceux qui me critiquent: N’aurais-je pas le droit...” (1 Cor.9:3-5).
“Que personne ne méprise Timothée” (1 Cor.16:11). “Eh bien, si quelqu’un est persuadé
d’appartenir au Christ, qu’il réfléchisse encore à ceci: nous appartenons au Christ tout autant que
lui” (2 Cor.10:7). “Peut-être pensez-vous depuis un bon moment que nous cherchons à nous
justifier devant vous? Eh bien non! Nous parlons en communion avec le Christ, devant Dieu” (2
Cor.12:19). Paul écrit à son jeune collaborateur: “Que personne ne te méprise parce que tu es jeune”
(1 Tim. 4:12). On respecte ceux qui se respectent.
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Mais l’apôtre authentique n’est pas un soliste. Outre le refus des missionnaires de se montrer
dominateurs vis-à-vis des Eglises, une soumission réciproque marquait les relations de apôtres entre
eux. Paul soumet aux apôtres à Jérusalem le contenu de l’évangile qu’il annonçait parmi les païens
(Gal.2:2). Ceux-ci, à leur tour, acceptent le point-de-vue de Paul, à savoir qu’il ne faut pas obliger
les païens qui croient en Christ à se faire circoncire, et ils le soutiennent contre les judaïsants dans
leur propre Eglise (Act.15). Les apôtres font preuve d’humilité et d’une grand écoute de l’autre,
pour qu’ils perçoivent ensemble la voix du Saint-Esprit. Quand les Corinthiens essayent de monter
Paul contre Pierre et Apollos (1 Cor.1:11; 3:4), il leur répond: “Nous sommes simplement des
serviteurs” (3:5). “Celui qui plante et celui qui arrose sont égaux” (3:8). “Nous sommes des
collaborateurs de Dieu” (3:9). Les directeurs de sociétés missionnaires différentes doivent s’écouter
entre eux et faire preuve de déférence mutuelle.

A qui appartiennent les nouvelles Eglises? C’est une question fondamentale dans tout travail
missionnaire. Paul déclare à l’église à Corinthe: “Vous, vous appartenez au Christ” (1 Cor. 3:23).
Cette précision était en réaction aux prétentions de certains: “Moi, j’appartiens à Pierre” (1:12), ou
“J’appartiens à Paul” ou “J’appartiens à Apollos” (3:5). Mais l’apôtre insiste: “Vous êtes le champ
de Dieu...l’édifice de Dieu” (3:9). Jésus dit: “Je bâtirai mon Eglise” (Mat.16:18). Et Pierre explique:
“...comment Dieu a pris soin...de choisir parmi les non-juifs un peuple qui lui appartienne”
(Act.15:14). Et l’Eglise à Ephèse était l’Eglise du Seigneur” (Act.20:28), etc. Aucune autorité
apostolique ne faisait donc d’une Eglise, l’Eglise de Pierre ou l’Eglise de Paul ou l’Eglise
d’Apollos. Aucun apôtre ne pouvait empiéter sur l’autorité personnelle du Christ sur une Eglise
locale. Cette autorité était assurée par la présence de l’Esprit Saint dans cette Eglise, édifice et
temple de Dieu (3:9,16,17).

L’Eglise que Paul avait implantée à Corinthe ne lui appartenait donc pas du fait qu’il en était le
fondateur au prix d’un labeur souvent ingrat. Elle n’était pas son Eglise, l’Eglise du missionnaire.
La mission ne doit jamais absorber l’Eglise. Celle-ci n’appartenait pas non plus à “l’Eglise-mère” à
Antioche qui s’était privée de Paul et Barnabas au profit des Corinthiens, ou à l’Eglise à Lystre qui
avait envoyé Timothée évangéliser avec lui à Corinthe. Elle n’était pas non plus l’Eglise de ceux, à
Philippe, qui s’étaient sacrifiés pour envoyer de l’argent à l’apôtre, ainsi que des collaborateurs
pour l’aider dans son travail. L’Eglise à Corinthe n’appartenait même pas aux Corinthiens, du
simple fait qu’elle était composée de chrétiens autochtones de l’endroit. Elle n’appartenait pas non
plus à l’Eglise à Jérusalem où se trouvait Pierre et les premiers apôtres. Pour situer la question dans
le contexte moderne, les églises nouvelles n’appartiennent ni à l’institution ou à la dénomination au
pays d’origine, ni à la société missionnaire, ni à elles-mêmes, mais au seul Seigneur Jésus-Christ.

Ils témoignent de l’amour aux jeunes croyants

“Nous avions une telle affection pour vous, que nous étions prêts à vous donner non seulement la
Bonne Nouvelle, mais encore notre propre vie. Vous nous étiez devenus si chers” (1 Thes. 2:8).
“Que le Seigneur fasse croître de plus en plus l’amour que vous avez les uns pour les autres...à
l’exemple de l’amour que nous avons pour vous” (1 Thes.3:12). “Nous ne vous avons pas refusé
notre affection” (2 Cor.6:12). “Je serai heureux de dépenser tout ce que j’ai et de me dépenser moi-
même pour vous. M’aimerez-vous moins, si je vous aime à un tel point? (2 Cor.12:15). Paul avait
témoigné son amour pour ces Eglises par des actes. Il s’était exposé au danger, s’était privé pour les
servir, s’était donné corps et âme. Mais ce n’était pas un stoïque qui ne faisait qu’agir, sans rien dire
ni montrer.

L’apôtre n’avait pas peur d’exprimer ses sentiments. En cela, il était d’avantage méditerranéen que
nordique. “Vous nous êtes si chers que nous sommes unis pour la vie ou pour la mort” (2 Cor.7:3).
“Je vous aime tous dans la communion avec Jésus-Christ” (1 Cor.16:24). “Je vous porte dans mon
76

coeur...Dieu m’est témoin: je vous aime tous avec la profonde affection de Jésus-Christ”
(Phil.1:7,8). Il faut aussi pouvoir le dire.“Je vous ai écrit...pour que vous sachiez à quel point je
vous aime” (2 Cor. 2:4). Un enfant accepte plus facilement la correction de la part de ses parents,
s’il est convaincu de leur amour pour lui. Il faut donner, en actes et en paroles, plus qu’on ne
demande. On a beau être exigeant, il n’en résultera rien de bon si on n’a rien donné. Paul pouvait se
montrer sévère parce qu’il s’était constitué un capital d’amour auprès des Eglises.

Paul rend aussi témoignage à l’amour de ses collaborateurs pour les Eglises: “L’affection de Tite
pour vous est encore plus grande” (2 Cor.7:15). Il écrit à Philémon: “J’entends parler de ton amour
pour tous les croyants...Ton amour, frère, m’a donné beaucoup de joie et d’encouragement, car tu
as réconforté le coeur des croyants” (Philm.5,7). Cet amour qui vient de Dieu (1 Jean 4:7), est le
fruit de l’Esprit (Gal.5:22) répandu par lui dans le coeur du missionnaire (Rom.5:5). Il n’a pas sa
source dans le coeur de ce dernier, qui se trouve souvent à sec. Ni dans le caractère toujours
aimable des nouveaux chrétiens. Mais si le missionnaire les a aimés de l’amour du Seigneur, ceux-
ci s’en souviendront, quand ils auront oublié tout le reste.

Les sociétés missionnaires sont l’unique trait-d’union biblique structuré entre Eglises locales

1) La compagnie missionnaire fut, dans les personnes de Paul, Barnabas, Silas et Jude, l’organe
officiel désigné pour transmettre les décisions et les recommandations des Eglises établies aux
Eglises nouvelles (Act.15: 22,23,30,31; 16:4). Les apôtres et les anciens de l’Eglise à Jérusalem ne
se rendirent pas eux-mêmes à Antioche et parmi les autres Eglises nouvelles pour leur
communiquer les décisions prises en conférence. Ils élaborèrent encore moins des structures
d’organisation institutionnelles pour leur imposer leurs décisions. Il fallait un organe qui avait le
contact avec les Eglises établies d’une part, et les Eglises nouvelles d’autre part.

2) La société missionnaire fut la courroie de transmission pour faire parvenir aux Eglises établies,
les rapports et les informations concernant les Eglises nouvelles. Elle assurait également une liaison
spirituelle et d’amitié pour les Eglises nouvelles entre elles (Act.14:27,28; 15:2-5; 22-35; 21:18-19;
Rom:16:16; 1 Cor.4:17; 7:17; 16:1,19; 2 Cor.8:18; 13:12; 1 Thes.5:26). La composition multi-
ethnique et multi-culturelle de la société missionnaire facilitait le contact entre des Eglises locales
séparées les unes des autres par des barrières linguistiques et nationales. Cette diversité au sein de la
mission prévenait tout impérialisme culturel et favorisait le caractère autochtone de chacune des
nouvelles Eglises. Une société missionnaire, comme il y en a eu beaucoup, composée de personnes
d’une seule nationalité, race ou langue ne pourrait remplir ces fonctions de façon satisfaisante.

3) La société missionnaire constituait pour les Eglises locales, un cadre de collaboration


dynamique et fraternel, plutôt que statique et institutionnel. Elle rassemblait, coordonnait et mettait
en oeuvre les ressources humaines et financières de plusieurs Eglises locales établies, au profit de
l’implantation et de l’affermissement des Eglises nouvelles. Il s’agissait de partenariats. Les Eglises
d’origine de 22 des collaborateurs de Paul sont mentionnées explicitement dans les textes. Le
soutien financier des Eglises aux missionnaires fut transmis à ceux-ci par d’autres membres de la
société (voir plus haut). Il fallait les hommes et l’argent de plusieurs Eglises pour assurer au loin un
effort d’implantation et de formation soutenu. Les Eglises locales et les sociétés missionnaires sont
complémentaires, non concurrentes.

4) La société fut le moyen de susciter et de transmettre une aide humanitaire de la part d’Eglises
matériellement prospères en faveur d’Eglises en régions sinistrées (voir plus haut). Cette solidarité
fut aussi le moyen de concrétiser l’union spirituelle d’Eglises de races différentes, et fort éloignées
les unes des autres, au sein d’un même corps, l’Eglise universelle. Si les Eglises locales et les
sociétés missionnaires sont toutes autonomes, aucune d’elles ne pourrait être vraiment
77

indépendante. Toutes ont besoin les unes des autres, d’apports spirituels, d’une saine émulation, de
consultations, de concertations et d’intercession. Des rapports personnels, ciblés, limités dans le
temps, relationnels, réciproques. Non une pyramide, mais un réseau plat mondial d’Eglises et de
missions; .

5) La société missionnaire, étant supra-locale, elle appartient à l’Eglise universelle et non à des
Eglises locales particulières. Elle n’est ni “para-ecclésiastique” (en marge de l’Eglise), ni “extra-
ecclésiastique” (en plus de l’Eglise), ni “infra-ecclésiastique” (sous l’Eglise), comme on le pense
parfois, mais parfaitement ecclésiastique par rapport à l’Eglise universelle et inter-ecclésiastique au
service des Eglises locales. Elle émane des Eglises locales, fonde des Eglises locales, et canalise les
ressources des Eglises locales. Mais elle est directement responsable vis-à-vis de Dieu (comme l’est
n’importe quelle Eglise locale établie, sous l’autorité de ses anciens), et cela en vertu de l’autorité
apostolique de son directeur. Cette autorité est assurée par le don d’apôtre qu’il a reçu de l’Esprit
Saint, et par sa mise à part officielle par une Eglise locale établie, pour son action missionnaire.
L’Eglise, selon le Nouveau Testament, ne se limite pas aux structures des communautés locales. La
société missionnaire fait également partie du corps de Christ.

6) Les sociétés missionnaires contribuent bien plus à l’unité de l’Eglise universelle, que les
institutions ecclésiastiques et autres dénominations. Ces dernières ne font que reproduire sur le
champ missionnaire, les mêmes divisions qu’elles ont créées depuis toujours dans leurs pays
d’origine. Le Nouveau Testament ne contient aucune trace objective d’un lien administratif entre
les Eglises établies et les Eglises nouvelle, sans parler d’une autorité institutionnelle.

7) Ce rôle de trait-d’union entre les Eglises du monde conserve (ou devrait faire retrouver) pour les
sociétés missionnaires, toute l’importance que leur accorde le Nouveau Testament. Les sociétés
peuvent favoriser les contacts des Eglises entre elles pour que celles-ci s’engagent ensemble dans
des partenariats à objectifs limités. Les sociétés ayant des ministères spécialisés (radio, littérature,
films, traduction, médecine, formation, etc.) peuvent aussi s’engager directement avec des Eglises
dans des partenariats en vue de l’évangélisation, la multiplication et l’affermissement des Eglises.

Cerner avec précision en quoi consiste la mission est un des besoins de notre époque. Ses
responsabilités sont suffisamment large pour qu’il ne faille lui ajouter des tâches que Dieu ne lui
confie pas. La société doit évangéliser, amener à la foi en Christ, baptiser les croyants, les affermir,
en faire des disciples, les rassembler, agir pour eux en parents spirituels, les enseigner, leur
témoigner de l’amour, implanter des Eglises, diriger celles-ci, y établir des responsables, les aider à
exercer la discipline, les défendre contre les faux docteurs, sans se montrer autoritaire, organiser des
actions caritatives en faveur d’Eglises en régions sinistrées, et servir de trait-d’union entre toutes les
églises. Il y a du pain sur la planche. Inutile de chercher d’autres besognes. Celles-ci détournent la
société de ses responsabilités premières. L’action missionnaire ayant été définie, il reste à examiner
les moyens à mettre en oeuvre pour atteindre ces objectifs.

17. LES MOYENS DE L’ACTION MISSIONNAIRE:

Les missionnaires sont envoyés dans le monde, de la même manière que Jésus y fut envoyé

Jésus dit à son Père: “Comme tu m’as envoyé dans le monde, je les envoie dans le monde” (Jean
17:18). Il dit à ses apôtres: “Comme le Père m’a envoyé, moi aussi je vous envoie” (Jean 20:21).
Jésus envoie les missionnaires dans le monde de la même manière que son Père l’a envoyé, lui,
dans le monde. Jésus est appelé “apôtre” (Héb.3:1) parce qu’il fut “envoyé”. Dieu n’avait qu’un
seul fils, et il fut missionnaire. Il ne l’a pas envoyé dans le monde n’importe comment. Pour
atteindre une humanité rebelle, aveuglée, corrompue, méfiante, indifférente, les “envoyés”
78

(missionnaires) doivent aussi y joindre la manière. La question se pose donc: “De quelle manière
Jésus est-il venu dans le monde? La réponse est lourde de signification pour la mission. Et c’est
Paul qui, dans sa lettre aux Philippiens, y répond de la façon la plus complète (2:6-11). Il en tire
aussi les conséquences pratiques pour la mission:

Le missionnaire reste ce qu’il est (v.6)

“Existant en forme de Dieu, Jésus-Christ n’a point regardé son égalité avec Dieu comme une proie à
arracher” (Seg.)). L’expression: “existant en forme de Dieu” demande que cet état ait persisté. Il ne
s’est pas limité à son état d’égalité avec Dieu au temps avant son incarnation. Il ne devait pas
s’emparer de cette égalité avec Dieu parce qu’il la possédait déjà pleinement. Ici sur terre, il n’a pas
cessé d’être Dieu (Jean 5:18; 10:30,31; 14:9; 20:28,29, etc.). L’apôtre Paul est aussi resté ce qu’il
était. Il écrit aux non-Juifs de Philippes: “Je suis Israélite de naissance, de la tribu de Benjamin,
Hébreux descendant d’Hébreux...En ce qui concerne la vie juste prescrite par la loi, j’étais
irréprochable” (Phil.3:5,6). Le missionnaire ne gagne pas le respect de la population autochtone en
reniant ce qu’il est. Il doit rester lui-même, garder ses valeurs, son authenticité. Sinon, il risque une
crise d’identité. Il ne portera pas forcément un pagne, ne singera personne, mais cherchera à
exprimer par son style de vie, un amour, une compassion, un partage qui permettent des relations
humaines naturelles et réciproques.
Il renonce à ses privilèges (v.7)

“Jésus-Christ s’est dépouillé”. De quoi donc s’est-il “vidé” (kenoo)? “Lui qui était riche , il s’est fait
pauvre en votre faveur” (2Cor.8:9). “Le fils de l’homme, lui, n’a pas où poser la tête” (Mat.8:20).
“On traitera le fils de l’homme avec mépris” (Mc.9:12). Il a renoncé, non pas à son essence, à ses
attributs divins, mais à la jouissance de ses richesses, de son rang, de la maison du Père. Il n’a pas
voulu manifester toute sa propre gloire et sa puissance. S’il a fait des miracles, ce fut par la
puissance du Saint-Esprit (Mat.12:28; Jean 5:30). L’apôtre Paul déclare à son propre sujet: “Mais
ces qualités que je regardais comme un gain, je les considère maintenant comme une perte à cause
du Christ...A cause de lui j’ai tout perdu et je considère tout cela comme ordures” (Phil.3:7,8).
En général, le missionnaire venu de l’Occident n’aura pas le train de vie auquel il aurait pu
prétendre dans son pays d’origine. Son pouvoir économique, technologique, voir politique
constitueraient pour lui, sur la plupart des champs missionnaires, autant d’handicaps. Il consentira
des sacrifices, renoncera au domicile paternel, à ses droits, à son indépendance, à tout prestige. Il
acceptera des limitations, ne brandira pas ses diplômes, taira un talent, ne fera pas valoir un statut,
une réputation.

Il prend la condition de serviteur (v.7b)

“Jésus-Christ a pris la condition de serviteur” (litt. “esclave”- doulos). “Le Fils de l’homme n’est
pas venu pour être servi, mais pour servir” (Mat.20:28; Luc 22:27). L’apôtre déclare à son propre
sujet: “Je me suis fait l’esclave de tous afin d’en gagner le plus grand nombre possible au Christ”
(Cor.9:19). “Nous nous proclamons vos serviteurs à cause de Jésus” (2 Cor.4:5). Le missionnaire
résistera à toute tentation de se servir de son savoir-faire, de ses moyens financiers, pour donner des
ordres ou exercer un pouvoir. Il saura qu’il est vraiment serviteur quand il acceptera qu’on le traite
comme tel. Il ira vers l’autre, il quittera son terrain sécurisant à lui, pour accepter d’être vulnérable,
sur le terrain de l’autre. Il se mettra à sa disposition, servira éventuellement sous ses ordres, “à
cause de Jésus”.

Il devient le semblable de ceux auxquels il est envoyé (v.7b)

“Il est devenu homme parmi les hommes, il a été reconnu comme homme”. “Celui qui est la Parole
79

est devenu un homme” (Jean 1:14). “Il y a un seul intermédiaire entre Dieu et l’humanité, l’homme
Jésus-Christ” (1 Tim.2:5). Paul, déclare: “Lorsque je suis avec ceux qui ignorent la loi de Moïse, je
vis comme eux...afin de les gagner...Avec ceux qui sont faibles, je vis comme si j’étais faible moi-
même, afin de les gagner. Ainsi je me fais tout à tous afin d’en sauver de toute manière quelques-
uns” (1Cor.9:21,22). Le missionnaire s’identifie à ceux auxquels il a été envoyé. Il prend sur lui
leur façon d’être, maîtrise leur langue, recherche leur amitié, veut être reconnu comme étant un des
leurs. Il devient vulnérable, s’assimile, s’incarne. Il n’étale pas son savoir parmi les illettrés ou les
profanes, ne fait pas usage de toutes ses capacités et de tous ses moyens, parmi ceux qui en ont
moins. Il les respecte.

Il s’abaisse lui-même (v.8a)

“Jésus-Christ s’est abaissé lui-même”. “Jésus a été abaissé quelque peu par rapport aux anges”
(Héb.2:9). “Jésus a été humilié” (Act.8:33). L’apôtre déclare à son propre sujet: “Je me suis abaissé
afin de vous élever” (2 Cor.11:7). “J’ai servi le Seigneur en toute humilité” (Act.20:19). Le
missionnaire écoutera, cherchera à comprendre, à apprécier, à être sensible, à apprendre. Il saura
reconnaître les éléments de la culture dans laquelle il sert, qui sont supérieurs à certains aspects de
sa culture à lui. Il adoptera ceux-ci, et laissera de côté cette part de son bagage culturel qui n’est pas
de l’essence de l’Evangile. Il fréquentera, comme son Maître, les pauvres, les intouchables, ceux
que la société rejette. Il saura comprendre qu’un autochtone ne tardera pas à mieux communiquer
l’Evangile que lui, à mieux traduire la Bible, à mieux enseigner. Il ne se sentira pas obligé de
briller.

Il est obéissant à Dieu (v.8b)

“Il s’est montré obéissant”.“Par l’obéissance d’un seul une multitude de gens sont rendus justes aux
yeux de Dieu” (Rom.5:19). L’apôtre déclare à son propre sujet: “Je n’ai pas désobéi à la vision qui
m’est venue du ciel. Mais j’ai prêché d’abord aux habitants de Damas et de Jérusalem, puis à ceux
de toute la Judée et aux membres des autres nations” (Act.26:19,20). Le missionnaire franchi des
distances géographiques ou culturelles, non pas essentiellement par altruisme, philanthropie ou
humanitarisme, mais parce que Jésus lui en a donné l’ordre; pour ne pas lui désobéir. Cette raison-là
lui permettra de persévérer quand les gens sont ingrats, et quand ses sentiments bienveillants envers
eux l’abandonnent.

Il accepte les conséquences de sa mort avec le Christ (v.8c)

“Jésus-Christ s’est montré obéissant jusqu’à la mort, la mort sur une croix”. L’apôtre déclare de lui-
même: “J’ai été mis à mort avec le Christ sur la croix” (Gal.2:20). “L’amour du Christ nous
domine, nous qui avons la certitude qu’un seul est mort pour tous et, donc, que tous ont part à sa
mort. Il est mort pour tous afin que ceux qui vivent ne vivent plus pour eux-mêmes, mais pour celui
qui est mort et revenu à la vie pour eux” (2 Cor.5:14,15). L’amour du Christ pour le missionnaire,
exprimé dans sa mort pour lui, presse ce dernier à ne plus vivre pour lui-même, mais pour son
Sauveur. Il échange une vie consacrée à la poursuite égoïste de ses propres intérêts, avec une vie
consacrée à l’avancement de la cause du Christ. Cette motivation lui permet de servir au loin avec
le même abandon désintéressé que celui du Christ. Mais le missionnaire ne se limite pas à être
envoyé comme le fut le Christ. Il suit aussi l’exemple de son Maître dans sa façon de déployer son
action parmi les hommes.

Le missionnaire compte sur la puissance de l’Esprit-Saint, non sur des armes humaines

L’apôtre Paul met en contraste deux types de moyens auxquels les missionnaires pourraient avoir
80

recours dans leur action: les armes spirituelles (que nous transcrivons en gras dans les textes) et les
armes qui sont purement humaines (en italique). “Le Christ m’a envoyé annoncer la Bonne
Nouvelle, et cela sans utiliser le langage de la sagesse humaine, afin de ne pas priver de son
pouvoir la mort du Christ sur la croix. En effet, prêcher la mort du Christ sur la croix est une folie
pour ceux qui se perdent; mais nous qui sommes sur la voie du salut, nous y discernons la
puissance de Dieu...Le Christ est la puissance et la sagesse de Dieu...Quand je suis allé chez vous,
frères...je n’ai pas usé d’un langage compliqué ou de connaissances impressionnantes...Mon
enseignement et ma prédication n’avaient rien des discours de la sagesse humaine, mais c’est la
puissance de l’Esprit divin qui en faisait une démonstration convaincante” (1 Cor.1:17,18,24;
2:1,4).

Les barrières sont, humainement parlant, insurmontables. Les arguments intellectuels les mieux
construits sont dérisoires aux yeux de ceux qui ne veulent pas croire en Jésus-Christ crucifié. Ils ont
l’intelligence obscurcie (Eph.4:18a), la volonté endurcie (18b) et la sensibilité déréglée (4:18) par le
péché et Satan. La dureté du terrain est un problème redoutable sur de nombreux champs
missionnaires. Des facteurs humains, à eux seuls, ne peuvent expliquer ni l’opposition à l’Evangile,
ni l’expansion du Christianisme dans le monde malgré tout. Les interventions de Dieu pour
l’avancement de son règne, que ce soit en faveur des missionnaires ou sans eux, jalonnent l’histoire
des missions. Dieu veut toujours faire plus que ce qui peut être expliqué par la sociologie. Si
l’apôtre fait des miracles, il ne cède pas à l’engouement pour le miraculeux chez ses auditeurs, dans
le but de susciter chez eux la foi. Pas plus qu’il ne cédait au désir chez d’autres d’entendre un
discours intellectuel. “Les Juifs demandent comme preuves des miracles et les Grecs recherchent la
sagesse. Quant à nous, nous prêchons le Christ crucifié”. Si la possibilité de miracles ne doit pas
être exclue, Paul déclare que l’essence-même de la foi concerne des choses qu’on ne voit pas (1
Cor.2:9,10; 2 Cor.5:7). Et c’est surtout par l’annonce de la parole du Christ que vient la foi
(Rom.10:17).

Dieu intervient de deux manières pour faire passer le message de l’Evangile:


(1) Il agit d’abord en faveur du messager: “Quand nous vous avons annoncé la Bonne Nouvelle, ce
ne fut pas seulement en paroles, mais aussi avec la puissance et le secours du Saint-Esprit, et
avec une entière conviction” (1 Thes.1:5). Dieu veut agir sur, avec et par ceux qui annoncent
l’Evangile, pour que leurs paroles passent la rampe. Il confère à leur discours une dimension
supplémentaire, une puissance spirituelle de conviction. Jésus n’avait-il pas dit: “Vous recevrez une
puissance, le Saint-Esprit survenant sur vous, et vous serez mes témoins” (Act.1:8)? Conclusion:
avoir confiance en l’Esprit Saint plutôt qu’en ses propres moyens.

(2) Dieu peut aussi agir chez l’auditeur: “Lydie nous écoutait et le Seigneur la rendit attentive et
réceptive (Litt. “lui ouvrit le coeur”) aux paroles de Paul” (Act. 16:14). Ce ne sont pas toujours
ceux qui nous semblent les plus susceptibles d’accepter le message qui, finalement, le reçoivent.
Tout ne dépend pas de nous; et Dieu est souvent à l’oeuvre dans les coeurs que nous estimons les
plus imperméables. La manifestation principale de la puissance de l’Esprit, décrite dans le livre des
Actes, fut d’insuffler dynamisme et rayonnement à l’annonce de l’Evangile.

Que de forteresses spirituelles! “Nous ne combattons pas d’une façon purement humaine. Dans
notre combat, les armes que nous utilisons ne sont pas d’origine humaine: ce sont les armes
puissantes de Dieu qui permettent de détruire des forteresses. Nous détruisons les faux
raisonnements, nous renversons tout ce qui se dresse orgueilleusement contre la connaissance de
Dieu, nous faisons prisonnière toute pensée pour l’amener à obéir au Christ” (2 Cor. 10:3,4 BFC).
Que de forteresses dans la laïcité, dans l’Islam, en Chine communiste, dans l’Hindouisme, chez les
juifs aveuglés! Des murs semblent se dresser jusqu’au ciel quand on veut amener de telles
personnes à l’obéissance au Christ et à la connaissance de Dieu. Le combat est d’ordre spirituel. Il
81

faut renoncer à toute confiance en des méthodes, des techniques, des raisonnements, des pressions.
Le missionnaire n’est pas un stratège, un avocat, un politique, mais un témoin (martus). Dieu se
servira de son exemple, de ses prières, de ses souffrances, voire de son martyre. Il peut accorder une
vision du Christ chez des personnes sincères mais isolées, pour renverser les barrières et les
résistances. C’est le cas de nombreuses personnes dans des pays musulmans.

Que faire quand le missionnaire est poussé à la confrontation avec les puissances maléfiques? “Le
magicien Elymas s’opposait à Paul et Barnabas et cherchait à détourner de la foi Sergius Paulus,
gouverneur de l’île de Chypre...Paul, rempli du Saint-Esprit, lui dit:...fils du diable...Le Seigneur va
te frapper, tu seras aveugle pendant un certain temps...Aussitôt les yeux d’Elymas
s’obscurcirent...Le gouverneur devint croyant, vivement impressionné par la parole du Seigneur”
(13:4-12). Aujourd’hui, les missionnaires en Afrique, en Asie et en Amérique du Sud témoignent de
manifestations sensibles de la puissance de Satan. Jésus avait envoyé Paul vers les païens: “Pour
que tu les ramènes de l’obscurité à la lumière et du pouvoir de Satan à Dieu” (Act. 26:18). L’apôtre
déclare: “Dieu nous a arraché à la puissance de la nuit et nous a fait passer dans le royaume de son
Fils” (Col.1:13). Le missionnaire doit opposer à cette puissance-là, une puissance plus grande:
“L’Evangile est une puissance de Dieu à salut” (Rom.1:16 Gen). “La prédication de la croix...est
une puissance de Dieu” (1Cor.1:18 Gen). “Ma prédication reposait...sur une démonstration d’Esprit
et de puissance” (1Cor.2:4). Le paganisme est une religion de puissance. Mais le Christianisme
authentique l’est aussi.

“L’Evangile est une puissance de Dieu” (Rom.1:16). L’efficacité de la mort du Christ ne se résume
pas à l’expiation du péché et au pardon du coupable, mais comprend aussi la victoire sur le pouvoir
de Satan. “Jésus a réduit à l’impuissance, par sa mort, celui qui détenait le pouvoir de la mort, c’est-
à-dire le diable” (Héb.2:14 TOB). “Nos frères ont remporté la victoire sur Satan grâce au sang de
l’Agneau” (Apoc.12:11 BFC). Le païen vit dans la crainte du monde spirituel mauvais, plutôt que
dans la conscience de son péché. Il doit être abordé en premier lieu en fonction de son vécu. Il doit
d’abord comprendre le message de la puissance du sang de Jésus qui peut le délivrer de
l’oppression des puissances maléfiques.

Il s’agit d’un combat spirituel. Paul a démontré que Jésus, “Seigneur”, était plus fort que Elymas le
magicien. Et Sergius Paulus, le gouverneur, a cru à la parole du Seigneur. Bien entendu, la
puissance appartient à Jésus-Christ. Le monde recherche la puissance pour s’en servir à ses propres
fins. Une puissance entre les mains des hommes est dangereuse. Mais la puissance de Dieu se
manifeste dans la faiblesse humaine (2Cor.4:7; 12:9,10; 1Cor.1:26,27). La mort de Jésus-Christ,
homme, en est la meilleure démonstration (1Cor.1:18,23,24). Dieu ne met pas sa puissance à notre
disposition pour que nous nous en servions à nos propres fins. C’est lui qui veut se servir de nous.

Encore une confrontation! A Philippe, “Une servante vint à notre rencontre: il y avait en elle un
esprit mauvais qui lui faisait prédire l’avenir, et elle rapportait beaucoup d’argent à ses maîtres par
ses prédictions”. Elle suivait les missionnaires en criant, pendant plusieurs jours. “Paul se retourna
et dit à l’esprit: Au nom de Jésus-Christ, je t’ordonne de sortir d’elle! Et l’esprit sortit d’elle à
l’instant même. Quand ses maîtres virent disparaître tout espoir de gagner de l’argent grâce à elle,
ils saisirent Paul et Silas et les traînèrent devant les autorités”(Act.16:16-23). Le paganisme est un
effort de manipuler des êtres spirituels invisibles qui sont sensés habiter des objets de la nature ou
des personnes. Ceux-ci sont plus forts que les hommes et sont à craindre. Mais l’animiste cherche à
gagner leur faveur pour qu’ils lui apportent richesse, santé, succès et sécurité dans une vie pleine
d’aléas. Les esprits mauvais sont capricieux, accordant parfois ce qui semble favorable, parfois ce
qui semble défavorable, mais toujours ce qui étend leur domination. Le païen vit dans la crainte et
cherche à les apaiser par des sacrifices, des rites et des liturgies. Il sera d’avantage disposé à croire
en Jésus-Christ s’il est convaincu que celui-ci est le plus fort.
82

La démonstration doit surtout en être faite lors d’une confrontation provoquée par l’esprit mauvais,
comme celle à Philippe, décrite ci-dessus. Paul savait que: “Le Christ est placé au-dessus de toute
autorité, de tout pouvoir, de toute puissance, de toute domination...Dieu a mis toutes choses sous les
pieds du Christ” (Eph.1:21,22). Par conséquent, l’apôtre n’a pas craint d’affronter le défi lancé à
l’autorité du Christ et à son Evangile par l’esprit qui habitait cette jeune servante. Ceux qui
observaient la cène devait être convaincu que Jésus était le plus fort. Se sentir en sécurité sous
l’autorité du Christ permettra au païen de comprendre plus facilement qu’il a aussi besoin d’être
sauvé de son péché. Dans sa compréhension, se détourner des esprits mauvais et se soumettre au
Christ comme son Seigneur précéderait la réalisation que Jésus est aussi son sauveur du péché. Et le
vrai Chrétien est celui qui ne se borne pas à reconnaître Christ comme étant le plus fort, mais qui en
vient aussi à être convaincus de son péché, pour en recevoir le pardon.

Les missionnaires adaptent leur style de vie et de prédication aux cultures des différentes
populations parmi lesquelles ils évangélisent:

Se faire tout à tous! Lorsque l’apôtre évangélise parmi des Juifs qui n’ont pas encore reconnu Jésus-
Christ comme Messie, il se plie à leurs coutumes, pour ne pas créer d’obstacle inutile à leur
conversion au Christ. “Je suis libre, je ne suis l’esclave de personne; cependant, je me suis fait
l’esclave de tous afin d’en gagner le plus grand nombre possible au Christ. Lorsque j’ai affaire aux
juifs, je vis comme un juif, afin de les gagner; bien que je ne sois pas soumis à la loi de Moïse, je vis
comme si je l’étais lorsque j’ai affaire à ceux qui sont soumis à cette loi, afin de les gagner” (1 Cor.
9:19,20 BFC). C’est ainsi que “Paul circoncit Timothée, à cause des juifs qui se trouvaient dans ces
régions” (Act.16:3). “Paul s’était fait raser la tête à Cenchrées, car il avait fait un voeu” (Act.18:18).
Il s’agissait, probablement du voeu de naziréat (Nomb.6:5-18). Faut-il souligner la légitimité
actuelle d’une telle approche pour l’évangélisation parmi les Juifs (Rom.1:16; 10:1), à une époque
où certains traite la mission aux Juifs “d’antisémitisme”?

Ce principe peut s’appliquer également à la mission parmi les Musulmans. Ceux-ci observent les
lois de l’Islam et considèrent “l’Occident chrétien” comme étant corrompu et sans loi ni morale. Ce
n’est pas parmi ceux-ci que le missionnaire va claironner qu’il n’est pas sous la loi et qu’ils
s’oppose aux rites de la religion. Paul, dans sa défense devant Félix (Act.24:10-27), déclare qu’il
venait d’arriver à Jérusalem “pour y adorer Dieu” dans le temple (24:11,12). Ce fut donc bien pour
le faire selon les rites du Judaïsme, cérémonies qu’il ne considérait plus lui-même comme étant
nécessaires et qu’il récusait comme moyens de salut. Il semble n’y avoir eu chez lui le moindre
conflit intérieur à ce sujet. Bien que le missionnaire en pays musulman ne soit pas soumis aux lois
de l’Islam, il peut vivre à certains égards comme s’il l’était - afin de gagner le Musulman. Il pourra
s’agenouiller pour prier, observer le carême, faire l’aumône, porter la barbe, s’abstenir de manger
du porc et de boire du vin. Sa femme s’habillera modestement etc.

A Jérusalem, parmi les Juifs s’opposant au Christ, Paul cherche, dans son discours, un terrain
commun avec eux. “Il s’adressa à eux en langue hébraïque” (Act.21:40). Il s’écrie devant le
sanhédrin: “Je suis Pharisien, fils de Pharisien” (Act.23:6). Il répond à ses accusateurs Juifs: “Je
sers le Dieu de nos ancêtres et je crois tout ce qui est écrit dans les livres de la Loi et des Prophètes
(24:14). “Paul cherchait à convaincre les chefs des Juifs de Rome au sujet de Jésus en citant la loi
de Moïse et les livres des prophètes” (Act.28:23).

De nos jours, les missionnaires Juifs messianiques, à l’exemple de Paul, observent de nombreuses
coutumes juives et annoncent Jésus-Christ à partir des prophéties messianiques de l’Ancien
83

Testament. Ils le font dans le but d’atteindre ceux de leur peuple qui ne croient pas encore en Jésus
comme Messie. Rien n’empêche celui qui évangélise parmi les Musulmans de leur citer les sourates
du Coran qui déclarent que Jésus est né d’une vierge et qu’il jugera les hommes à la fin - et de le
faire en langue arabe. Ceux qui, aujourd’hui, cherchent à toucher des chrétiens traditionnels non-
pratiquants, purement “sociologiques”, font bien de trouver dans leurs traditions, tout ce qui
pourrait constituer avec eux un terrain commun, et de se servir de termes, d’allusions, de symbôles
et de concepts qui leur sont familiers.

Se faire païen parmi les païens? Ecoutons Paul: “De même, lorsque je suis avec ceux qui ignorent
la loi de Moïse, je vis comme eux, sans tenir compte de cette loi, afin de les gagner. Cela ne veut
pas dire que je suis indifférent à la loi de Dieu, car je suis soumis à la loi du Christ...Ainsi, je me
fais tout à tous afin d’en sauver de toute manière quelques-uns. Je fais tout cela pour la Bonne
Nouvelle” (1 Cor.9:21-23 BFC). S’adapter, faire abstraction de ses préférences personnelles, se
servir du langage de l’autre, afin de l’atteindre là où il se trouve. L’apôtre enseigne aussi aux
croyants de Corinthe comment s’adapter aux coutumes des païens. Il déclare au sujet des viandes
sacrifiées aux idoles: “Si un non-croyant vous invite à un repas...mangez de tout ce qu’on vous
servira, sans poser de question par motif de conscience” (1 Cor.10:27). Les païens modernes et
post-modernes d’un Occident déchristianisé, seront atteints plus facilement par des chrétiens dont
l’apparence, le vocabulaire et la façon d’être ne tranche pas trop par rapport aux leures. L’Eglise du
premier siècle a touché son époque parce qu’elle était contemporaine d’elle. Les Chrétiens du XXIe
siècle toucheront mieux leur époque s’ils sont des gens de style contemporains - sans pour cela
trahir les exigences de la parole de Dieu.

Quand Paul s’adressait à des non-Juifs, il leur parlait en grec (Act.21:27). Il est indispensable pour
tout missionnaire de maîtriser la langue de ceux auxquels il est envoyé. A Athènes, il prend comme
point de départ de son discoure un autel païen dédié “à un dieu inconnu” (Act.17:23). Il poursuit en
citant deux de leurs poètes grecs: Epiménide et Aratos. Il illustre son propos pour les Corinthiens
par des allusions à l’athlétisme et au pugilat des jeux de Corinthe (1Cor.9:23-27). L’apôtre ne cède
rien de l’essence de l’Evangile, ni à Jérusalem, ni à Corinthe: “Jésus-Christ et Jésus-Christ crucifié”
(1 Cor.2:2). Mais il tient compte du vocabulaire, des symboles, des traditions, des croyances, des
coutumes, de l’art et de l’histoire de ses divers auditoires pour situer le message dans un cadre de
pensée qui leur est familier. Cela peut s’appeler une contextualisation du message. De nos jours,
l’anthropologie, l’ethnologie, la sociologie et la linguistique sont d’une aide précieuse pour une
bonne communication de l’Evangile et l’implantation d’églises vraiment autochtones dans des
cultures autres que celles du missionnaire.

Payer le prix! Finalement, tout missionnaire devra consentir le sacrifice de lâcher sa propre culture
et d’en adopter une autre. Paul, Hébreu, né d’Hébreux, ayant étudié la loi sous Gamaliel, était aussi
originaire de Tarse, ville universitaire grècque et chef-lieu romain. Il était devenu “tri-culturel”, à la
fois hébraïsant, hellénisant et citoyen romain. Barnabas, Juif, mais originaire de Chypre était bi-
culturel. Tout missionnaire doit chercher à le devenir. Les enfants de missionnaires et les jeunes,
originaires du Sud, qui font des études en Occident, deviennent souvent d’excellents serviteurs du
Christ dans les pays de leur enfance. Mais une adaptation parfaite à la culture ne garantit pas
forcément le succès de la mission. Jésus était parfaitement chez lui dans la culture au sein de
laquelle il a prêché et oeuvré. Il avait une vie exemplaire et agissait par la puissance de l’Esprit
Saint. Mais lui-même, ainsi que son message ont été méprisés et rejetés. Il pourra en être de même
pour le meilleur des missionnaires.

Comment faire la part des choses? Toute culture humaine est riche en éléments beaux et
recommandables qui découlent de la création de l’homme à l’image de Dieu. Mais toutes les
cultures, y compris celles de l’Occident, sont entachées par le péché et infectées d’éléments
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démoniaques. Cette influence du mal et de Satan découle de la chute. Aucune culture ne peut être
acceptée en bloc, ni celle du missionnaire, ni celle de ceux qu’il cherche à toucher pour le Christ. Le
messager doit chercher à distinguer les éléments de la nouvelle culture qui sont recommandables ou
simplement neutres, de ceux qui sont contraires à la volonté de Dieu. Il le fera dans le but de
s’adapter aux premiers et de refuser les seconds.

Il y aura toujours des éléments dans l’Evangile qui déplairont aux gens, peu importe leur culture.
Jésus-Christ crucifié était un scandale pour la culture juive et une folie pour la culture grècque
(1Cor.1:23). On refuse le message, non pas toujours parce qu’on estime qu’il est faux, mais parce
qu’il constitue une menace pour sa culture et pour la solidarité avec son milieu ethnique, social ou
religieux. La prédication de Paul fut interprétée par les Juifs comme étant dirigée contre “le peuple,
la loi et le temple” (Act.21:28). La foule et les autorités de la ville grècque de Thessalonique furent
inquiètes parce qu’on disait que Paul et Silas “agissaient de façon contraires aux lois de l’empereur,
et prétendaient qu’il y a un autre roi, appelé Jésus” (Act.17:7,8).

La Seigneurie de Jésus est une menace. Aujourd’hui encore, elle le sera pour certains éléments de
n’importe quelle culture. Elle signifie un changement d’appartenance: à Jésus au lieu d’un
attachement à d’autres seigneurs, à d’autres dieux, y compris à Mamon. Au coeur de toute culture
se trouve une perception du monde, une religion, fut-elle laïque. Suivre le Christ demande une
metanoia, un “changement d’avis”. Repenser ses convictions les plus profondes. Ensuite viendra un
changement de comportement, d’éthique, de style de vie. Et éventuellement un changement dans les
relations. Si celui qui se tourne vers le Christ doit tout faire pour éviter une rupture avec sa famille,
son milieu, et son ethnie, des conflits sont parfois inévitables. Il s’agit d’un passage d’un royaume
spirituel à un autre, d’une communauté à une autre. “Le Christ s’est livré lui-même pour nous...afin
de nous arracher au pouvoir mauvais du monde présent” (Gal.1:4). Par conséquent, le nouveau
croyant n’appartient plus au monde. Toutefois, il ne doit pas se retirer du monde, mais y demeurer
présent pour y annoncer l’Evangile (Jean 17:14,15; Mc 16:15). La conversion à Dieu ne veut pas
défaire, mais refaire.

L’Evangile est une semence. On le sème à Jérusalem - une Eglise juive sort de terre; on le sème à
Corinthe - une Eglise corinthienne émerge; à Rome - un romaine; en Asie - une asiatique, etc. Mais
de nombreux missionnaires n’ont pas été satisfaits de semer la semence; ils ont transplanté des
plants de leur propre institution ou dénomination. C’est ainsi qu’on a obtenu des Eglises romaines
en Chine; des Eglises américaines en Afrique; des anglaises en Inde, etc. Les missionnaires, d’où
qu’ils viennent, doivent donc semer la semence de l’Evangile dans chaque sol culturel et la laisser
grandir. La même plante sortira toujours de terre, mais nourrie de sols culturels différents.

Toute Eglise doit pouvoir manifester à sa façon l’essence unique de l’Eglise universelle. Car toute
Eglise bâtie sur le Christ est église de Dieu, car temple de Dieu, habité par son Esprit (1 Cor.3:9b,
16). C’est ainsi que se manifestera par l’Eglise, la sagesse infiniment variée de Dieu (Eph.3:10
Seg.). Les missionnaires doivent en même temps laisser derrière eux leur bagage culturel occidental
avec son matérialisme, racisme, colonialisme, intellectualisme, sa musique, etc. Mais ils doivent en
même temps favoriser les contacts de toutes les Eglises du monde entre elles dans un but
d’enrichissement mutuel, de saine émulation et d’entraide. Les Eglises établies pourront en tirer leur
profit tout autant que les nouvelles.

Les missionnaires assurent des séjours prolongés parmi les nouveaux chrétiens

Le missionnaire occidental est souvent pressé. “Paul et Barnabas restèrent longtemps à Iconium”
(Act.14:3). “Paul et Barnabas demeurèrent assez longtemps avec les disciples (Act.14:28) “Paul
demeura un an et demi à Corinthe...Paul resta encore assez longtemps à Corinthe” (Act.18:11,18).
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“Souvenez-vous que, pendant trois ans, je n’ai pas cessé d’avertir chacun de vous” (Act.20:31). “Je
ne veux pas cette fois vous voir en passant, mais j’espère demeurer quelque temps auprès de vous,
si le Seigneur le permet” (1 Cor.16:7). Rien ne vaut la présence personnelle du missionnaire avec
ses propres enfants spirituels, pendant les débuts de leur vie chrétienne. Un ministère itinérant ne
doit pas laisser des orphelins le long de la route. Sa conception du temps découle de sa culture
activiste. Il cherche un résultat dans les choses plutôt que dans les personnes. Il risque souvent de ne
pas prendre le temps qu’il faut pour établir et laisser mûrir des relations, dans une culture où tout est
bâti sur les relations. Qui on connaît a plus d’importance que ce qu’on sait.

Mais ne pas s’incruster! Trois ans semble avoir été pour Paul, le séjour le plus long. Certaines
missions modernes sont tombées dans le travers opposé. Elles sont restées trop longtemps, elles ont
infantilisé les Eglises, elles ont donné l’impression que seul un ministère professionnel était valable,
et leurs structures se sont figées sur place. Elles ont continué à occuper des postes de direction dans
les institutions. Les missionnaires doivent rester mobiles pour aller implanter des Eglises ailleurs,
parmi des populations non-encore atteintes. Tout séjour prolongé doit être consacré à la formation
des chrétiens sur place pour qu’émergent des conducteurs, parmi les personnes fidèles. Par contre,
sur les champs au terrain dur, dans des pays fermés à l’Evangile et parmi des populations
résistantes, un départ prématuré du missionnaire peut mettre en péril l’existence-même de l’Eglise.
Il faudra peut-être rester de longues années au même endroit. On ne se passera jamais de la
direction de l’Esprit Saint et d’une sensibilité à sa voix.

Ils accueillent dans leurs maisons les rencontres des Eglises naissantes

“Saluez Prisca et Aquilas, mes compagnons d’oeuvre en Jésus-Christ...Saluez aussi l’Eglise qui est
dans leur maison (à Rome)” (Rom.16:3-5). “Aquilas et Priscille, avec l’Eglise qui est dans leur
maison (à Corinthe) vous saluent”(1 Cor. 16:19). “Paul...et Timothée, à Philémon, notre compagnon
d’oeuvre...et à l’Eglise qui est dans ta maison (à Colosses)”(Philm.1,2). L’hospitalité, considérée
comme un ministère, a été de tout temps un moyen important dans l’évangélisation et le suivi des
jeunes croyants. Mais cette situation ne devait pas s’éterniser. L’Eglise nouvelle ne doit pas être
identifiée, aux yeux du voisinage, à la personne ou à la maison du missionnaire. Les Eglises à Rome
se réunissaient aussi dans les catacombes. Il faut trouver le plus tôt possible un lieux de rencontre
neutre. On pourra aussi louer des locaux: une école, une salle de fêtes, un centre culturel, une salle
de restaurant, etc.

Ils rendent visite aux nouveaux chrétiens

“Paul dit à Barnabas: Retournons visiter les frères dans toutes les villes où nous avons annoncé la
parole du Seigneur, pour voir comment ils vont” (Act.15:36). “Depuis de nombreuses années, je
désire vous rendre visite et je voudrais le faire quand je me rendrai en Espagne. Car j’espère vous
voir. (Rom.15:23,24; 1 Thes.2:17). “Certains d’entre vous ont fait les prétentieux en pensant que je
ne viendrais pas vous voir. Mais si le Seigneur le permet, j’irai bientôt chez vous” (1 Cor.4:18,19).
“Je voulais, en effet, passer chez vous , puis me rendre en Macédoine et vous revoir à mon retour”
(2 Cor.1:16). L’apôtre retourne donc visiter des Eglises qu’il avait lui-même établies, pour les
affermir, et y conseiller les nouveaux conducteurs. Mais il n’était pas seul à assurer ce travail de
continuation.

“Tite était si plein de zèle qu’il a décidé spontanément de se rendre chez vous” (2 Cor.8:17).
“J’espère vous envoyer Timothée...et j’ai la certitude, fondée dans le Seigneur, que j’irai moi-même
vous voir bientôt...Je m’empresse de vous renvoyer Epaphrodite” (Phil.2:24,28). Il envoie aussi des
collaborateurs: Tite, Timothée, Epaphrodite, et d’autres encore pour assurer le suivi. Les Eglises
nouvelles ne dépendaient pas entièrement de conducteurs formés sur place pendant les premiers
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séjours relativement courts des missionnaires. Les équipes de Paul étaient aussi des organes de
formation itinérants pour des jeunes issus des Eglises. Perfectionnement et recyclage sur le tas. Il
s’y préparait des ouvriers capables de retourner dans les Eglises pour y épauler et conseiller les
nouveaux responsables et leur communiquer la vision missionnaire. De la sorte, la société assurait
simultanément: évangélisation, affermissement et formation en divers lieux tout en évitant de créer
une dépendance malsaine dans les Eglises. Là où les Eglises existent et fonctionnent déjà, il faut
envoyer des missionnaires d’expérience, de plus en plus qualifiés et spécialisés.

Ils leur écrivent des lettres

“Je vous écris à, vous qui êtes à Rome, vous tous que Dieu aime” (Rom.1:7). “Paul...et le frère
Timothée, à l’Eglise de Dieu qui est à Corinthe, et à tous les saints qui sont dans toute l’Achaïe” (2
Cor.1:1). “Lorsque cette lettre aura été lue chez vous, faites en sorte qu’elle soit aussi lue dans
l’Eglise des Laodicéens” (Col.4:16). “Je vous en conjure par le Seigneur, que cette lettre soit lue à
tous les frères” (1 Thes.5:27). Neuf des treize épître de Paul furent adressées à des Eglises, et à tous
les chrétiens de ces Eglises. Une seule lettre, celle “à tous les saints en Jésus-Christ qui sont à
Philippe, aux dirigeants et aux diacres” mentionne aussi les responsables. Les missionnaires ne
doivent pas traiter avec les seuls conducteurs, comme “entre confrères”, ce qui introduit l’esprit
clérical. Ce serait contourner tous les autres frères qui sont, après tout, des prêtres au même titre que
les responsables.

Mais les missionnaires n’écrivaient pas seulement aux communautés. Luc, collaborateur de Paul,
adresse deux longues lettres personnelles à un seul nouveau croyant, Théophile. Il prend la peine de
lui écrire les 24 chapitres de son Evangile, sur ce que Jésus avait commencé de faire: “...afin que tu
puisses constater la solidité des enseignements que tu as reçus” (Luc 1:4 TOB). Il lui écrit une
deuxième lettre de 28 chapitres, le livres des Actes, sur ce que Jésus à continué de faire après son
ascension, à travers ses apôtres (Act.1:1-3). Nous voyons, par ces 52 chapitres, toute l’importance
que les missionnaires attachaient au suivi à accorder à un seul jeune dans la foi. On pourrait appeler
ces deux livres bibliques “La première et la deuxième épître de Luc à Théophile”. Les épîtres de
Paul furent constituées “Ecritures” (2 Pi.3:15,16), ainsi que les épîtres de Luc (son Evangile et les
Actes), à l’intention de tous les autres chrétiens et de toutes les Eglises à travers les siècles.

Les missionnaires s’étaient abondamment servi des Ecritures de l’Ancien Testamment, pour
annoncer Jésus comme Messie (Act.28:23), et pour fonder l’instruction des nouveaux croyants
(Rom.15:4; 1Cor.10:6,11). C’est ainsi que Paul écrit à Timothée: “Les Saintes Ecritures peuvent te
donner la sagesse qui conduit au salut par la foi en Jésus-Christ. Toute Ecriture est inspirée de Dieu
et utile pour enseigner la vérité, réfuter l’erreur, corriger les fautes et former à une juste manière de
vivre” (2 Tim.3:15,16BFC). Les missionnaires, depuis l’invention de l’imprimerie et la Réforme,
ont compris qu’il fallait mettre les Ecritures de l’Ancien et du Nouveau Testament entre les mains
de chaque chrétien. On avait retrouvé la liberté d’examiner personnellement l’Ecriture pour soi-
même, sous la direction du Saint-Esprit. Par conséquent, il s’est créé des sociétés bibliques et de
traduction, qui ont publié la Bible dans plus de deux mille langues, qui ont assuré l’alphabétisation
de millions de personnes et qui ont distribué des portions de l’Ecriture par milliards d’exemplaires.
Mettre la Bible à la portée de tous, fut le moyen d’en amener beaucoup à la foi, d’affermir les
Eglises implantées par les missionnaires, mais aussi de favoriser l’éclosion de mouvements
chrétiens de base et d’Eglises ne devant pas leur existence à celles de l’Occident.

Ils ont une conduite exemplaire parmi les nouveaux chrétiens


87

“Vous savez comment nous nous sommes comportés parmi vous, pour votre bien. Vous avez suivi
notre exemple et celui du Seigneur” (1 Thes.1:5,6). “Vous en êtes témoins à notre égard et Dieu
l’est aussi: notre conduite envers vous, les croyants, a été pure, juste et irréprochable” (1
Thes.2:10).
“Vous savez bien vous-mêmes comment vous devez suivre notre exemple. Car nous n’avons pas
vécu en paresseux chez vous” (2 Thes.3:7). “Ce que vous avez...observé en moi, tout cela, mettez-le
en pratique” (Phil.4:9 TOB). “Sois un exemple pour les croyants, dans tes paroles, ta conduite, ton
amour, ta foi et ta pureté (1 Tim.4:12). “Suivez mon exemple, comme je suis l’exemple du Christ”
(1 Cor.11:1; 4:16). Il est évident qu’aucun chrétien ne constitue un exemple en toute chose. Les
autres ne peuvent suivre notre exemple que dans la mesure où nous suivons celui du Seigneur Jésus.
Les chrétiens et les missionnaires en particulier ont, de tout temps, été la cible d’attaques et de
fausses accusations (Mat.5:11). D’où l’importance de réduire au silence les critiques par un
comportement irréprochable.

Ils se dévouent pour les nouveaux chrétiens

“Loué soit Dieu qui a inspiré à Tite autant de zèle pour vous que nous en avons” (2 Cor.8:16).
“Il y a ma préoccupation quotidienne: le souci que j’ai de toutes les Eglises...Quant à moi, je serai
heureux de dépenser tout ce que j’ai et de me dépenser moi-même pour vous” (2 Cor.11:28; 12:15).
“Je travaille et lutte avec la force qui vient du Christ...Je tiens à ce que vous sachiez combien dure
est la lutte que je livre pour vous, pour ceux de Laodicée et pour bien d’autres” (Col.1:29-2:1).
“Timothée est le seul à prendre part à mes préoccupations et à se soucier réellement de vous”
(Phil.2:20). “Je peux rendre ce témoignage à l’égard d’Epaphras: Il se donne beaucoup de peine
pour vous, pour ceux de Laodicée et pour ceux d’Hiérapolis” (Col.4:13). Les missionnaires se
dévouent pour ces jeunes dans la foi, parce qu’il les considère comme “frères” en Christ. Paul
emploi le mot “frère” (adelphos) au moins 115 fois dans ses épîtres. Il ne les traite pas
“d’indigènes” ou de “convertis”. Il pense constamment à eux, il pleure avec eux, se réjouit avec
eux, prie avec eux, passe le plus clair de son temps avec eux. Le vrai missionnaire paye de sa
personne, il ne travaille pas en dilettante.

Ils sont prêts à souffrir pour accomplir leur mission

“C’est pour cette Bonne Nouvelle que je souffre” (2 Tim.2:9; 2 Tim.1:8,11,12). “Nous avons
abondamment part aux souffrances du Christ” (2 Cor.1:5; Act.9:16). “Mes enfants, je souffre de
nouveau pour vous, comme une femme qui accouche” (Gal.4:19). “Je crains que je n’aie à pleurer
sur beaucoup qui continuent à pécher comme autrefois” (2 Cor.12:21). “Je vous ai écrit en pleine
angoisse, le coeur lourd et avec beaucoup de larmes” (2 Cor.2:4). “Si quelqu’un est détourné de la
foi, j’en éprouve une vive douleur” (2Cor.11:29). Les égarements des jeunes chrétiens le faisaient
souffrir. Paul ne s’indigne pas, ne récrimine pas. Il se borne à avoir de la peine. Les souffrances du
missionnaire ne sont pas simplement celles qui font partie de la condition humaine. Elles étaient
“pour le Christ”, “pour l’Evangile”, “pour les nouveaux chrétiens”. La “passion” (souffrance) de
Paul était de bâtir l’Eglise. Ceux qui n’ont pas cette passion-là, en ont généralement d’autres:
s’enrichir, réussir, exercer un pouvoir, faire impression, s’assurer un avenir. On trouve normal
qu’ils acceptent de souffrir pour leur passion. Pourquoi s’étonne-t-on des souffrances d’un
missionnaire?

“Pourquoi suis-je persécuté?” (Gal.5:11) “Les Juifs nous ont persécutés” (1 Thes.2:15). “Le
commandant eut peur que les Juifs ne mettent Paul en pièces” (Act.23:10). “Le grand-prêtre
ordonna à ceux qui étaient près de Paul de le frapper sur la bouche” (Act.23:2). L’opposition
principale à la mission de Paul lui venait des chefs religieux. “Le commandant ordonna de battre
Paul à coups de fouet pour l’obliger à parler” (Act.22:24; 16:22,23,37a; 2 Cor.11:23-25). Plus, à
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travers les siècles, on a lancé aux jeunes le défi du prix à payer pour toucher le monde pour Jésus,
plus ils y ont répondu. Ce fut le cas au temps du Christ et des apôtres, et au temps de François
d’Assise. C’est encore le cas pour la génération présente. On a souvent hésité à présenter le coût
réel du combat missionnaire, ce qui explique dans bien des cas, le manque d’engagement chez
certains.

Paul connaissait de l’intérieur les prisons de l’empire romain - mieux que l’intérieur des hôtels. “Le
commandant fit arrêter Paul et ordonna de le ligoter avec deux chaînes” (Act.21:33; 16:23,24; 2
Tim.2:9). “Je suis en prison pour le service du Christ”(Phil.1:13,17; Act.24:27; 16:37b; 2 Cor.
11:23; 2 Tim.1:8 - huit (8) mentions de ses emprisonnements). . Nous aimerions tous récolter autant
de fruits que lui - sans devoir en payer le prix.
Un métier de tous les dangers! “Nous sommes sans cesse exposés à la mort à cause de Jésus” (2
Cor.4:11; 11:23; Act.14:19; 15:26; 21:13,30,31). “Et nous-mêmes, pourquoi nous exposons-nous à
tout moment au danger? Frères, chaque jour je risque la mort...A quoi m’aurait-il servi de
combattre contre des bêtes sauvages à Ephèse, si c’était pour des motifs purement humains?” (1
Cor.15:30-32; 2 Cor.11:26). Paul n’a jamais souffert à cause de son action sociale et caritative, mais
toujours à cause de sa prédication du scandale de l’Evangile. Il est étonnant qu’il ne mourut pas
plus jeune. La mort ne pouvait le toucher, tant que sa mission n’était pas achevée. Mais ces 40
mentions explicites de la souffrance montrent à quel point celle-ci fait partie intégrante de son
action missionnaire.

Les paroles désobligeantes de la part de ses propres enfants dans le Seigneur, ne sont pas les
moindres des souffrances à endurer par le missionnaire. Le passage de la petite enfance spirituelle à
l’âge adulte semble, de tout temps, devoir passer par l’âge ingrat. Voici un échantillon de ces
attitudes blessantes:

On refuse de reconnaître son ministère: “Ne suis-je pas apôtre?...N’êtes-vous pas le résultat de
mon activité au service du Seigneur? Même si d’autres refusent de me reconnaître comme apôtre,
pour vous je le suis certainement...Vous êtes vous-mêmes la preuve que je suis apôtre”
(1Cor.9:1,2). Combien douloureux pour Paul de constater que l’Eglise qu’il avait lui-même fondée,
refusait de le considérer comme apôtre! “Certains annoncent le Christ par jalousie avec des
intentions polémiques à mon égard...Ils annoncent le Christ dans un esprit de rivalité, leurs motifs
sont troubles; ils pensent augmenter ma détresse de prisonnier” (Phil.1:15-17). Même en prison,
Paul n’échappe pas aux contestations de la part de certains prédicateurs de l’Evangile jaloux.

On le critique: “Je compte faire preuve de fermeté envers ceux qui prétendent que nous agissons
selon des motifs purement humains” (2Cor.10:2). On lui fait un procès d’intention; on lui reproche
un manque de spiritualité. “Les lettres de Paul sont dures et sévères; mais quand il se trouve parmi
nous en personne, il est faible”. (2Cor.10:10). L’apôtre est accusé de lâcheté, sinon de duplicité.
“Sa façon de parler est lamentable...Il est possible que je ne sois qu’un amateur quant-à l’art de
parler...” (2Cor.10:10; 11:6). Ce jugement peut être particulièrement pénible pour quelqu’un dont
la vocation est de prêcher.“Je ne vous serai pas à charge. C’est vous que je recherche et non votre
argent...Vous admettez donc que je n’ai pas été un fardeau pour vous. Mais on prétendra que, faux
comme je suis, je vous ai pris au piège par ruse. Est-ce-que je vous ai exploité?” (2Cor.12:14-16).
Quoi qu’il fasse pour travailler des ses mains et subvenir à ses propres besoins, il n’échappe pas à
l’accusation de servir par intérêt. Malgré les sacrifices consentis par les missionnaires, ceux-ci sont
souvent accusés, à tort, d’exploiter ceux qu’ils cherchent à servir.

Paroles de directeur à un jeune missionnaire: “Supporte la souffrance” (2 Tim.4:5). “Souffre avec


moi comme un bon soldat de Jésus-Christ” (2 Tim.2:3). Il a le droit de dire à Timothée de souffrir,
parce qu’il souffre lui-même. Qui augmente ses responsabilités dans la mission, augmente ses
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peines: persécutions, épuisement, rivalités, ennuis, tensions entre personnes, incompréhensions,


décisions déchirantes, critiques, pressions en temps de crise, partage de la peine des autres,
maladies graves, oppositions, déceptions, etc. Pour Jésus, c’était d’abord la croix, ensuite la
couronne. Il en est de même pour qui prend sa croix et le suit. Le prix à payer est inévitable.

Par surcroît la faim, la soif, le dénuement, l’errance ça et là, les fatigues du travail manuel (1
Cor.4:11-12) découlèrent souvent de la précarité du soutien financier des apôtres. Mais cette
précarité n’avait pas que des conséquences négatives. Elle obligeait les missionnaires à demeurer
dans une saine attitude de dépendance du Seigneur. Comment donc supporter l’insupportable?
“Souffre avec moi pour l’Evangile, par la puissance de Dieu” (2 Tim.1:8). L’aide surnaturelle du
Seigneur lui-même est promise à ceux qui acceptent la souffrance pour l’avancement de son règne.
Une façon chrétienne de vivre la souffrance constitue aussi un témoignage puissant à l’adresse du
non-croyant et du jeune croyant. Elle atteste de l’authenticité et de la vérité du regard biblique sur la
souffrance.

Ils puisent courage dans la joie que leur procure leur service

Même les souffrances de l’apôtre n’excluaient pas la joie. Au contraire, il se réjouissait même de
ses souffrances. “Même si mon sang doit être versé en libation dans le sacrifice et le service de
votre foi, j’en suis joyeux et m’en réjouis avec vous tous” (Phil.2:17 Seg.). “Je me réjouis des
souffrances que j’éprouve pour vous” (Col.1:24). “Dans toutes nos détresses...je déborde de joie” (2
Cor.7:4). “Je me réjouis des faiblesses, des insultes, des détresses, des persécutions et des angoisses
que j’endure pour le Christ” (2 Cor.12:10). Il chante en prison avec Silas à minuit (Act.16:25). Ce
n’était pas du masochisme; mais ses souffrances avaient un but, un sens, de l’importance.

Paul se réjouit du ministère de ses collaborateurs et des nouveaux croyants: “Je prie pour vous avec
joie, en raison de l’aide que vous m’avez apportée dans la diffusion de la Bonne Nouvelle”
(Phil.1:5). Et même quand certains évangélisaient par esprit de rivalité. “Le Christ est de toute
façon annoncé, et je m’en réjouis. Je continuerai même à m’en réjouir” (Phil.1:18).

Il éprouve de la joie quand les Eglises se portent bien: “C’est une joie pour moi de constater l’ordre
qui règne parmi vous et la fermeté de votre foi en Christ” (Col.2:5). “Je me réjouis de pouvoir
compter sur vous en tout” (2 Cor.7:16). “Rendez ma joie parfaite, ayant un même sentiment, un
même amour, une même âme, une même pensée” (Phil.2:2 Seg.). “Vous demeurez fermes dans
l’union avec le Seigneur. Comment pourrions-nous assez remercier notre Dieu à votre sujet, à cause
de la joie que vous nous donnez devant lui?” (1 Thes.3:8,9). Si la mission n’est pas toujours une
partie de plaisir, elle demeure un sujet de joie profonde.

Ils se soumettent aux autorités établies et se prévalent de leurs droits civiques

Une des responsabilités missionnaires de Tite consistait à enseigner aux Eglises nouvelles en Crète
leurs responsabilités envers l’Etat. Paul écrit à son collaborateur: “Rappelle aux fidèles qu’ils
doivent se soumettre aux dirigeants et aux autorités, qu’ils doivent leur obéir” (Tite 3:1). L’apôtre
avait précédemment apporté lui-même ce même enseignement aux nouveaux chrétiens de la ville de
Rome (Rom. 13:1-7). Ses collaborateurs, comme Tite, devaient également être porteurs de cette
doctrine. L’empire romain, à ce moment précis, n’avait rien d’un état démocratique, mais était un
régime oppresseur, gouverné par Néron, despote cynique, persécuteur des chrétiens. A l’époque, les
esclaves étaient plus nombreux dans l’empire que les citoyens libres.

Cette soumission de l’apôtre, si elle lui a finalement coûté la vie à Rome, lui a par contre, procuré à
de nombreuses reprises, une protection lui permettant d’échapper à des opposants et de poursuivre
90

son travail missionnaire. Ce respect des autorités lui permettait de faire valoir ses droits civiques.
Les magistrats romains le font sortir de prison à Philippes (Act.16:35-39). Ils le délivrent des foules
en colère à Ephèse (19:21-41), et encore deux fois à Jérusalem (21:30-40; 22:22-30). Ensuite ils le
protègent d’un complot des Juifs (23:12-24). L’apôtre plaide devant le tribunal civil: “Je n’ai
commis aucune faute contre l’empereur” et “J’en appelle à César!” (25:8,11).

Cet enseignement de l’apôtre montre bien qu’il n’entrait manifestement pas dans son programme
missionnaire de s’attaquer aux structures d’oppression de la société Romaine. D’ailleurs les
missions qui n’ont eu aucun programme politique ou économique, et qui se sont gardées d’exercer
le moindre pouvoir, ont toujours été les plus libres d’annoncer l’Evangile. Combien de temps les
missions pourraient-elles survivre dans les pays islamiques, en Chine communiste ou en Inde (au
total 3 milliard d’habitants - la moitié de la population du monde) si elles poursuivaient un
programme ouvertement politique ou économique?

La meilleure approche pour les missions à travers les siècles et dans tous les pays a été de respecter
les autorités, mêmes hostiles, et de s’y soumettre . Rares sont les régimes qui durent plus de deux ou
trois siècles. Pour un missionnaire, chercher à démolir ou à soutenir l’un ou l’autre des royaumes de
ce monde, n’est qu’une perte de temps et d’énergie. Car les révolutionnaires d’aujourd’hui sont les
dictateurs de demain. Et les 2000 ans de l’histoire du christianisme prouvent à quel point sa
propagation a survécu à la succession des régimes: A celui de l’empire romain, du moyen âge, de
l’inquisition, du siècle des lumières, de la révolution industrielle, des dictatures de droite et de
gauche, de la société de consommation.

Il est une exception, cependant, à cette soumission aux autorités. Elle touche à l’essence-même de
la mission. Dans les cas ou il y aurait interdiction de “parler ou d’enseigner au nom de Jésus...Il faut
obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes” (Act.4:19; 5:30). Dieu voit à long terme et donne des
indications qui profiteront le plus à la mission, compte tenu de tous les régimes sous lesquels elle
serait appelée à déployer son action. Cette soumission, par contre, ne devait jamais aller jusqu’à une
alliance avec l’Etat, à en recevoir une aide matérielle, à en promouvoir les intérêts. Ni l’Etat dont le
missionnaire est citoyen, ni l’Etat du pays où il évangélise. Pas de colonialisme, de paternalisme, d’
impérialisme culturel. Ne pas être identifié à des intérêts économiques. Ne pas non plus, en terre de
mission, courtiser les gouvernants et les puissants, hanter les salons. Paul dit à Timothée: “...de ne
rien faire par favoritisme” (1 Tim.5:21).

En traitant ci-dessus des divers “moyens” de l’action missionnaire, il faut se méfier de la tentation
de réduire ceux-ci à des méthodes et des techniques qu’il suffit d’appliquer pour obtenir un résultat.
L’approche pragmatique qui se fixe des objectifs quantifiables et développe des stratégies pour
assurer le succès, n’est pas loin du marketing profane de la société de consommation. La société
missionnaire n’est pas une entreprise commerciale, ni par ses objectifs, qui ne sont pas mercantiles,
ni par son fonctionnement, qui n’est pas celui du “management”. Il faut aussi se méfier de la hantise
du grand nombre et des statistiques. Les chiffres ne peuvent rendre compte de la qualité d’un
ministère. Le missionnaire qui, au cours d’une vie, fonde cinq Eglises en Afrique noire n’est pas
meilleur que celui qui n’en fonde qu’une seule en Afrique du Nord. Les “moyens” de l’action
missionnaire énumérés au chapitre 17, sont tous mentionnés explicitement dans l’Ecriture. Ils ne
sont pas purement humains. Ils évitent en même temps l’autre extrême, qui est une approche
spiritualiste du ministère, qui refuse de tenir compte du lien de cause à effet, que Dieu à établi dans
sa création.

Résumé de ce qu’est l’action missionnaire - et de ce qu’elle n’est pas:

Il faut respecter, au départ, la distinction, faite dans l’Ecriture, entre le rôle de l’Eglise et le rôle de
91

la société missionnaire. La vingtaine de dons spirituels différents énumérés dans les épîtres
montrent combien grand est l’éventail des ministères au sein du corps de Christ. La tâche de
l’Eglise est beaucoup plus large et variée que celle de la société missionnaire. La responsabilité
sociale et diaconale de l’Eglise est représentée par les dons d’exercer la miséricorde (Rom.12:8), de
secourir (1 Cor.12:28), de donner de ses biens (Rom.12:8), de servir (Rom.12:7) et par la
responsabilité de chaque chrétien de faire des oeuvres bonnes. La responsabilité missionnaire de
l’Eglise est représentée par les dons d’apôtre (1 Cor.12:28; Eph.4:11-12), d’évangéliste (Eph.4:11),
d’enseignant (Rom.12:7) et de diriger (Rom.12:8; 1 Cor.12:28) et par la responsabilité de chaque
croyant de témoigner de sa foi. Mais dès le départ, les apôtres ont voulu montrer que leur tâche
d’apôtre ne comprenait pas le service diaconal. Ils dirent à l’Eglise à Jérusalem: “Il ne convient pas
que nous délaissions la parole de Dieu pour le service des tables. Cherchez plutôt parmi vous,
frères, sept hommes...et nous les chargerons de cette fonction” (Act.6:2,3 TOB).

Le service diaconal devait être confié à d’autres que les missionnaires. Il fallait deux groupes: un
groupe apostolique de douze, et un autre groupe diaconal de sept, et non pas un seul groupe hybride
de dix-neuf. Depuis toujours dans l’Eglise universelle, ont oeuvré des ordres religieux à caractère
missionnaire et d’autres ordres à caractère caritatif; d’une part des sociétés missionnaires et d’autre
part des organisations diaconales et humanitaires. Ces dernières servent simplement par obéissance
au Christ et parce qu’il existe des personnes ayant des besoins physiques et moraux - en dehors de
toute visée d’évangélisation. On ne doit pas pouvoir les accuser de prosélytisme. Par contre, les
sociétés missionnaires, également sur ordre du Christ, annoncent l’évangile à ceux qui ne le
connaissent pas, et implantent des Eglises où il en manque. Il ne convient pas que les missionnaires
délaissent la tâche à laquelle ils ont été appelés et pour laquelle ils ont reçu des dons spirituels, pour
pourvoir aux besoins matériels sans limites du monde des démunis. Ils ne seraient ni fidèles ni
obéissants à l’ordre du Seigneur qui leur demande de s’occuper des besoins spirituels de tous: de
ceux des pauvres comme de ceux des riches, sans distinction.

Nous avons vu l’aperçu que nous donne l’Ecriture, de l’action de Paul. Les sociétés missionnaires
d’aujourd’hui font bien de s’en inspirer. On prétend, cependant, étant donné que le monde change,
que l’action missionnaire doit changer, pour tenir compte de la nouvelle situation. Les pauvres et les
démunis seraient-ils donc un phénomène récent dans le monde? Jésus disait: “Vous aurez toujours
des pauvres avec vous” (Mat.26:11; Mc.14:7; Jean 12:8). Certes la mission doit se servir de tous les
nouveaux outils mis à sa disposition par la technologie moderne. Par contre, son action elle-même,
le cahier de charges reçu du Seigneur et de ses apôtres ne doit pas changer d’un iota. Toute
organisation humaine a besoin d’un mandat clairement défini pour être efficace dans son action.
Elle doit être capable de formuler avec précision sa finalité et ses buts. Tous les collaborateurs de la
société doivent savoir ce qu’elle est, et à quoi elle sert. La question n’est donc pas: l’Eglise doit-elle
s’occuper des besoins de toute la personne humaine, corps et âme. La réponse est oui! La question
est plutôt celle-ci: Est-ce là le rôle que Dieu à assigné à la société missionnaire? Ou est-ce le rôle
qu’il à assigné aux charismes sociaux, aux organisations et aux services diaconaux de l’Eglise?

Un flou règne actuellement dans certaines missions sur ce point. On prétend parfois que l’action de
Paul ne pourrait nous servir de modèle pour déterminer en quoi consiste la mission chrétienne.
Comment faire donc pour découvrir le contenu biblique du terme “mission”, en plus d’une analyse
de la mission de l’apôtre Paul et de sa compagnie, élaborée plus haut ? Trois approches
supplémentaires nous permettent de cerner d’avantage ce terme: (a) La mission messianique du
Christ, telle qu’il la définit lui-même, (b) les synonymes du verbe “envoyer” tels qu’ils sont
compris dans leurs divers contextes Néo-Testamentaires, et (c) les cinq formulations du
commandement missionnaire de Jésus, à la fin de chacun des quatre Evangiles et au début du livre
des Actes.
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(a) Le Christ décrit sa mission messianique envers les défavorisés de la terre dans Luc 4:18,19.
Quel est le premier des cinq aspects de cette mission que Jésus mentionne? “L’Esprit du
Seigneur...m’a oint pour annoncer une bonne nouvelle aux pauvres” (18 Seg.). Les pauvres ont
donc surtout besoin qu’on leur annonce l’évangile. Et la dernière des cinq choses mentionnées, pour
laquelle il a été oint Messie: “Pour proclamer (kerusso - “prêcher”) une année de grâce du
Seigneur” (19b Seg.). La proclamation de l’évangile du salut par grâce est donc l’enveloppe qui
entoure les retombées sociales de l’action missionnaire (la délivrance des captifs, le recouvrement
de la vue pour les aveugles et la libération des opprimés -19a). Dieu s’intéresse à l’homme dans sa
totalité, corps et âme. Mais ce sont le péché et la religion fausse qui sont à la racine de la pauvreté
endémique. Les ténèbres spirituelles et le mal moral créent les mentalités et les dysfonctionnements
sociaux qui sont à la base des maux physiques et de l’indigence d’une population. Par conséquent,
le bien-être durable des corps des pauvres et des opprimés passe nécessairement par la guérison de
leur âme. L’homme dans sa totalité n’a pas été aidé vraiment, tant que ses besoins spirituels n’ont
pas été satisfaits. La foi en Christ et la régénération sont la base-même d’une assistance sociale
authentique et à long terme.

Et si la prédication de l’Evangile doit être dirigée prioritairement vers les pauvres, c’est parce que
ceux-ci sont généralement plus réceptifs (le riche entre difficilement dans le royaume de Dieu -
Mc.10:25), et parce que les effets sociaux de l’Evangile doivent se faire sentir d’abord chez ceux
qui en ont le plus besoin. La stratégie missionnaire qui consistait à influencer d’abord les élites et
les gouvernants d’un pays a parfois étendu l’influence de la chrétienté. Elle n’a pas, pour autant,
gagné au Christ ceux des couches inférieures de la société, ni implanté de nouvelles communautés.
Paul décrit les résultats de sa mission à Corinthe: “Considérez, frères, qui vous êtes, vous que Dieu
a appelé: il y a parmi vous, du point de vue humain, peu de sages, peu de puissants, peu de gens de
noble origine. Au contraire, Dieu a choisi... ce qui est faiblesse au yeux du monde pour couvrir de
honte les forts; il a choisi ce qui est bas, méprisable ou ne vaut rien aux yeux du monde, pour
détruire ce que celui-ci estime important” (1 Cor.1:26-28).

L’histoire des missions a démontré que l’Evangile pénètre rarement une population du haut vers le
bas. Les Jésuites en Chine et en Inde, et quelques missions protestantes en Polynésie ou en Afrique
l’ont tenté, sans qu’il en résulte à la base, un christianisme vraiment autochtone. Il existe une
méfiance, dans la plupart des populations, vis-à-vis de ceux, même des leurs, qui détiennent le
pouvoir. Et ces derniers deviennent rarement des évangélistes parmi les pauvres de leurs propres
pays. Les pauvres sont partout. Jésus dit que ses missionnaires doivent prioritairement leur
annoncer l’Evangile. S’ils sont en train de mourir de faim, ils doivent d’abord leur donner à
manger. Mais sortir un homme ou une population d’une condition de pauvreté demande une
nouvelle mentalité, une autre conception du monde, un changement spirituel et moral.

(b) Les synonymes de la notion “d’envoi” sont les suivants:


1) “Jésus en établit douze...pour les envoyer prêcher” (Mc.3:14 Seg. apostello - pour une
proclamation).
2) “Priez donc le maître de la moisson d’envoyer des ouvriers dans sa moisson” (Mat.9:38 Seg.
ekballo - pour une récolte).
3) “Comme le Père m’a envoyé, moi aussi je vous envoie” (Jean 20:21,23 pempo) dans un esprit
d’abaissement, de dépouillement, de service, de sacrifice - dans une incarnation Phil.2:6-8).
4) “Allez” (Mat.28:19; Mc.16:15 poreuomai - par des déplacements).
5) “Jésus fut enlevé au ciel, après avoir donné ses ordres aux apôtres” (Act.1:2 Seg. apostolois - des
“envoyés avec mandat”). Certes, l’aide humanitaire, sociale et au développement font partie du
devoir de tout chrétien. Par contre, il est indispensable de préserver le sens étymologique et
théologique des mots apostello et apostolos. Les mots “mission” et “missionnaire” qui doivent
traduire ces notions, sont actuellement en danger de perdre leur spécificité scripturaire. Un certain
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“holisme”, appliqué à la mission en dilue le sens biblique.

(c) Quels donc fut ce mandat, ces derniers ordres donnés d’autorité par Jésus?
1) Aller par tout le monde (Mc.16:15), à Jérusalem, dans toute la Judée, dans la Samarie, et
jusqu’aux extrémités de la terre (Act.1:8), tout comme le Christ y a été envoyé (Jean 20:21;
Phil.2:5-8).
2) Témoigner de la mort et de la résurrection du Christ par la puissance du Saint Esprit (Luc 24: 46-
48; Act.1:8).
3) Prêcher la Bonne Nouvelle du salut par la foi, à toute créature (Mc.16:15), la repentance pour le
pardon des péchés en le nom de Jésus (Luc 24:47; Jean 20:21-23), et la condamnation pour celui
qui ne croira pas (Mc.16:16; Jean 20:21-23).
4) Faire des disciples des gens de toutes les nations (Mat.28:19).
5) Baptiser ceux qui croient, c.à.d. les disciples, au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit
(Mc.16:15,16; Mat.28:19).
6) Enseigner ces disciples à observer tout ce que Jésus avait prescrit aux onze (Mat.28:20).
7) Continuer à faire tout cela, assuré de la présence quotidienne du Christ, jusqu’à la fin du monde
(Mat. 28:20).

Aucune modification ne doit être apportée à la tâche ainsi décrite avant la fin du monde (litt.
“l’achèvement de l’ère”), sous prétexte de s’adapter aux besoins d’une époque nouvelle. On a
prétendu que le message de l’Evangile “implique aussi un message de jugement sur toute forme
d’aliénation, d’oppression et de discrimination” et que nous avons le devoir “de dénoncer le mal et
l’injustice où qu’ils soient”. Mais l’ordre missionnaire de Jésus ci-dessus ne contient guère de trace
d’un tel message de jugement et de dénonciation à l’encontre des non-chrétiens. Au contraire, il
déclare: “Je suis venu, non pour juger le monde, mais pour sauver le monde” (Jean 12:47; 3:17 Se.).
Et Paul ajoute: “Ce n’est pas mon affaire, en effet, de juger les non-chrétiens” (1 Cor.5:12). Il faut
gagner le méchant, non le combattre. L’Eglise ne doit pas imposer des valeurs chrétiennes à une
société qui n’en veut pas. Mais elle peut en montrer l’importance par son exemple. Paul poursuit:
“Mais ne devriez-vous pas juger les membres de votre communauté?” (5:13). Les chrétiens feront
bien de veiller d’abord à ce qu’il n’y ait chez eux-mêmes, ni dans leur Eglise la moindre forme
d’aliénation, d’oppression ou de discrimination. C’est ainsi qu’ils assumeront, comme il se doit,
leurs responsabilités sociales.

L’action missionnaire qui n’est pas ciblée n’est pas efficace. “Dieu a d’abord jeté les regards sur les
nations pour choisir du milieu d’elles un peuple qui porte son nom” (Act.15:14 Seg.). La mission
est d’abord pour Dieu. Et son but à lui est de se choisir un peuple qui porte le nom du Christ. Tout
ce qui ne contribue pas à cela n’est pas essentiel, mais accessoire. La raison la plus fondamentale de
la mission chrétienne n’est pas ancrée dans les besoins du monde, mais dans la Rédemption et
l’ordre missionnaire du Seigneur. Paul déclare: “Je suis débiteur (opheiletes) et envers les Grecs et
envers les barbares, et envers les sages et envers les inintelligents: ainsi..., je suis tout prêt à vous
annonce l’évangile, à vous aussi qui êtes à Rome (Rom.1:14 Darby). La dette de l’apôtre était
d’apporter la bonne nouvelle pour le monde d’une Rédemption acquise par le Christ à la croix.

Les Grecs, les sages et les gens à Rome n’étaient pas les plus démunis de la terre. Mais ils étaient
perdus; et il existait un salut qui devait leur être apporté. C’est pourquoi Paul s’écrie: “Malheur à
moi si je n’annonce pas la Bonne Nouvelle!” (1 Cor.9:16). Le terme “mission” dans sa signification
biblique, devrait donc être réservé pour décrire l’envoi de messagers au-delà des barrières
culturelles pour toucher avec l’Evangile des populations non-encore atteintes et y implanter des
Eglises. Une population ou un lieu doivent être considérés comme non-atteints, quand il ne s’y
trouvent pas d’Eglises. Ou bien quand celles qui s’y trouvent ne pourraient, à elles seules,
raisonnablement atteindre cette population.
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Ayant dit cela, il ne faut pas en conclure que la “mission” est l’unique responsabilité de l’Eglise.
Toute Eglise, locale, qu’elle envoie des missionnaires, ou qu’elle soit elle-même le fruit de l’action
missionnaire, doit promouvoir les “oeuvres bonnes” (kala erga), c’est-à-dire des actions
bienveillantes. Mais il ne faut ni confondre, ni mélanger “mission” et “service diaconal”. La
mission dirige son action vers ceux qui ne connaissent pas le Christ. Le service diaconal dirige la
sienne vers ceux qui sont dans le besoin, que ceux-ci connaissent le Christ ou non. Le but essentiel
de la mission est de prêcher l’Evangile pour faire des disciples qui, de ce fait, deviendront des
personnes motivées et responsables. Le but du service diaconal est de soulager la souffrance
humaine pour démontrer l’amour du Christ. Les charismes d’apôtre et d’évangéliste sont les
moteurs de la mission. Ceux de servir, de pratiquer la miséricorde, et de secourir au nom du Christ,
sont ceux du service diaconal.

Malheureusement, on a dilué et déformé le concept “mission” en inventant (vers 1952) le terme


“Missio Dei”. Tel qu’elle est définie, cette notion signifie plus ou moins: “Tout le bien que Dieu
veut faire dans le monde”. Mais quand tout est mission, rien n’est mission. La tâche missionnaire
n’est pas déterminée par une analyse socio-politique des besoins du monde. Le “développement”
que l’Occident pense devoir apporter n’est souvent que sa “civilisation” technologique, matérialiste,
médiatique et sécularisée; la modernité et le consumérisme. Cette culture n’est pas forcément
supérieure à celles des pays dits “sous-développés”. On peut aider les gens à gagner le monde,
tandis qu’ils perdent leur âme. On risque de perdre le sens de l’éternité, d’accepter l’ordre du jour
d’une conception purement humaine du bien-être et de la justice, de ne considérer que les choses de
la terre. On se laisse culpabiliser par ceux qui taxent l’action biblique de “propagande”, de
“prosélytisme” de “prétention” de “religion privée”, de “spiritualisme”. La société qui nous entoure
exerce un pression pour qu’on s’occupe d’abord du corps. Paul se demandait: “Est-ce la faveur des
hommes que je désire, ou celle de Dieu?...Si je plaisais encore aux hommes, je ne serais pas
serviteur de Christ” (Gal.1:10 Seg.).

Le pompier doit arracher aux flammes ceux qui en sont menacés, avant l’arrivée de l’autopompe
qui éteint l’incendie. C’est une question théologique: Que signifie la notion biblique de “perdition”?
Que cela veut-il dire quand “se perdre” est mis en contraste dans les textes avec “être sauvé”? (Luc
19:10;1 Cor.1:18; Jac.4:12). L’enthousiasme pour l’humanitaire trahi parfois un manque de
conviction quant à l’état du pécheur en dehors de Christ, ou de courage pour l’évangélisation.
L’aide sociale sans régénération est un pis-aller. Elle est ambiguë et est souvent interprétée comme
un incitant à la conversion. Le missionnaire est accusé de profiter de la pauvreté des gens pour leur
imposer sa religion. A long terme, on déteste ceux dont on reçoit une aide; c’est un phénomène
humain très général. Quand une générosité est de nature inconditionnelle, celui qui en bénéficie doit
pouvoir rendre la pareille, sans quoi il perd tout respect de soi, ainsi que son sentiment de valeur
personnelle. Il commence à se voir comme inférieur à son bienfaiteur; sa dignité et sa fierté en
prennent un coup. Au lieu d’être reconnaissant, il devient amer. Il en veut à celui qui lui fait la
charité. C’est souvent le cas pour des adeptes de religions non-chrétiennes vis-à-vis d’une
assistance sociale missionnaire. Celle-ci fini par fermer les coeurs plus qu’elle ne les ouvre.

Jésus n’a ni extirpé la pauvreté (Mat.26:11), ni établi une société juste (Luc 12:13,14), ni renversé
des gouvernements corrompus (Jean 18:36). Il est venu pour mourir (Mat.20:28), “pour chercher et
sauver ce qui était perdu” (Luc 19:10), pour bâtir son Eglise (Mat.16:18). Il établira son royaume de
justice et de paix à son retour et dans l’ère à venir. Dans son discours eschatologique, il décrit deux
conditions apparemment contradictoires, qui marqueront simultanément, la fin de l’ère présente
(Mat.24:5-14). En même temps que les guerres, les persécutions et le mal vont croissant (v.6,9,12),
la Bonne Nouvelle est annoncé dans le monde entier et un témoignage est présenté à tous les
peuples (v.14). Le Seigneur est optimiste quant à l’extension de l’Evangile et de l’Eglise avant son
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retour. Nous partageons cet optimisme. Il est pessimiste quant à la transformation de la société,
l’amélioration du monde et l’édification d’un paradis terrestre. Nous acceptons ce pessimisme.
Toute activité missionnaire doit préparer le retour du Christ, et ce retour est un stimulant pour cette
activité.
Notre intention n’est pas de minimiser l’importance de l’aide humanitaire, du service diaconal et du
travail de développement parmi les populations démunies et non-chrétiennes du monde. Notre seul
souci est qu’on nomme ceux-ci “oeuvres bonnes” (kala erga). Cette expression revient à 28
reprises dans le N.T., et le mot “oeuvres” (erga), ayant trait à des actions de bienfaisance, y revient
encore 22 fois. Ces 50 mentions suffisent pour en souligner l’importance aux yeux de Dieu. Mais
celles-ci sont à accomplir par n’importe quel chrétien et spécialement par ceux qui ont reçu les
charismes d’un service de miséricorde. Le terme “mission” doit être réservé au travail que doivent
accomplir ceux que Dieu a appelés à cette tâche spécifique. Les forces vives du missionnaire sont
souvent dispersées dans une multitude d’activités légitimes mais secondaires par rapport à sa
vocation. En situant le “social” sous “mission” on surcharge le missionnaire et on donne
l’impression aux autres chrétiens qu’on les en décharge.

Il n’est pas nécessaire pour un chrétien engagé de s’affilier à une société missionnaire pour pouvoir
se rendre dans un pays en voie de développement et secourir les opprimés. Il existe suffisamment de
programmes gouvernementaux et d’O.N.G. qui l’accueilleront à bras ouverts. Qu’on crée encore
d’autres O.N.G. caritatives chrétiennes, comme Tear Fund, World Vision etc., mais qu’on ne les
appelle pas des “sociétés missionnaires”. Et quand les organisations caritatives sont distinctes des
sociétés missionnaires et ne font pas d’évangélisation directe, elles peuvent légitimement canaliser
les aides gouvernementales qui sont en augmentation en faveur des O.N.G. Une société
missionnaire ne pourrait jamais accepter une telle aide. Que des milliers de chrétiens secourables
mais “non-missionnaires” se lèvent donc, pour aider un monde en détresse! Et qu’on leur lance ce
défi-là au lieu de leur dire qu’ils peuvent tout aussi bien servir Dieu en devenant notaire. Mais si les
missions toutes ensemble deviennent l’UNESCO, qui annoncera l’évangile?

Aujourd’hui, comme jadis, il y a la fin et les moyens. L’Ecriture nous éclaire, non seulement sur les
buts de l’action missionnaires, mais aussi sur la façon légitime de les atteindre. La fin ne justifie pas
les moyens, et nous faisons bien d’avoir recours aux moyens que nous propose la Bible: aller dans
le monde à la manière de Jésus, compter sur la puissance de l’Esprit, annoncer la bonne nouvelle,
s’adapter à la culture, séjourner avec les nouveaux croyants, se dévouer pour eux, exercer
l’hospitalité, rendre visite, écrire des lettres, avoir une conduite irréprochable, se soumettre aux
autorités et accepter de souffrir. Mais il ne suffit pas d’agir, même de bien agir. Il existe tout un
domaine de l’entreprise missionnaire sur lequel l’activité humaine n’a aucune emprise. Dieu a
décrété que, pour avancer jusqu’aux extrémités de la terre, ses enfants doivent le faire à genoux.
Cette façon leur semble plus lente et plus pénible, mais ils n’y échapperont pas.

18: LA PRIERE DES MISSIONNAIRES

Le missionnaire n’a pas à combattre les êtres humains qui empêchent et interdisent sa prédication,
ou qui oppriment et exploitent les autres (Eph.6:12). Il doit être un ouvrier de paix (Mat.5:9), aimer
ses ennemis (5:44) et abandonner l’esprit de croisade qui ferme les coeurs à l’amour du Christ. Au
contraire, il livre un combat “contre les puissances spirituelles mauvaises dans le domaine céleste,
contre les pouvoirs de ce monde de ténèbres” (v.12). Les armes de Dieu qu’il doit saisir (v.13) sont
d’ordre spirituel, dont la principale est la prière constante, vigilante, fidèle et assistée de l’Esprit
(v.18). “Epaphras ne cesse de combattre pour vous dans ses prières” (Col.4:12). Quand le
missionnaire rencontre l’opposition de Satan, il peut réclamer la victoire que Jésus-Christ a
remportée sur le diable à la croix. Par sa mort, Jésus l’a “jeté dehors” (Jean 12:31), l’a “dépouillé”
(Col.2:15), l’a “rendu impuissant” (Héb.2:14), a “détruit ses oeuvres” (1 Jean 3:8). Les témoins du
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Christ peuvent désormais, dans tout affrontement avec le méchant, “remporter la victoire grâce au
sang de l’agneau” (Apoc.12:10,11).

La vie de prière des missionnaires du Nouveau Testament nous éclaire également sur les buts que
Dieu vise dans la mission. Une étude des sujets d’intercession de Paul et de ses collaborateurs en
faveur des nouveaux chrétiens nous permet de savoir ce qu’il est le plus important de demander. Il
est possible de prier pour de nombreux sujets qui ne touchent pas aux besoins les plus
fondamentaux des gens. L’intercession missionnaire que nous propose la compagnie de Paul nous
permet de demander avec la confiance que nous prions selon la volonté de Dieu. Cette prière sera
aussi de nature à faire avancer l’action missionnaire sainement, le plus rapidement possible et dans
la meilleure direction. Ces prières ne sont ni mystiques ni rituelles, mais dynamiques et pastorales.
Elles doivent permettre aux jeunes croyants d’affronter la vie, de vaincre la tentation, d’engager le
combat contre les puissances du mal et pour le royaume de Dieu. C’est une lapalissade: “Quand
l’homme agit, l’homme agit; quand l’homme prie, Dieu agit”. Les missionnaires qui participèrent
nommément aux intercession suivantes furent: Paul, Timothée, Silvain et Epaphras. Nous avons
beaucoup à apprendre d’eux à l’école de la prière.

Les missionnaires commencent par remercier Dieu pour les nouveaux chrétiens

Sept des huit prières de reconnaissance de Paul furent formulées dans le premier chapitre d’une de
ses épîtres, soit bien avant la première prière d’intercession. Il est bon de penser d’abord à tout ce
que Dieu a déjà accompli dans la vie d’un jeune croyant, avant de se pencher sur tout ce qu’il lui
manque encore. La tentation consistera à porter un regard négatif sur l’Eglise immature. Constater
ce que Dieu a déjà fait est un encouragement à croire qu’il accordera encore d’autres exaucements.
“Nous remercions toujours Dieu pour vous tous” (1 Thes.1:2). Le “toujours” parle d’une constance
dans la reconnaissance à Dieu pour eux. Le “tous” nous dit qu’il y a de quoi remercier Dieu chez
n’importe lequel de ses enfants, même chez celui qui, pour le moment, est désobéissant.

“Comment pourrions-nous assez remercier Dieu à votre sujet, à cause de toute la joie que vous nous
donnez devant lui”(1 Thes.3:9). Tout ce qui, chez les croyants, pourrait nous réjouir doit être passé
en revue et susciter des actions de grâce.“Nous devons sans cesse remercier Dieu à votre sujet,
frères. Il est juste que nous le fassions, car votre foi fait de grands progrès et l’amour que vous avez
tous, les uns pour les autres, augmente constamment” (2 Thes.1:3). Il était plus facile de remercier
Dieu pour les Thessaloniciens que pour d’autres! Et il était “juste” pour lui de le faire, malgré
certains parmi eux qui étaient à la traîne (5:14).“Je remercie mon Dieu sans cesse à votre sujet pour
la grâce qu’il vous a accordée par Jésus-Christ” (1Cor.1:4). Il s’agit de l’Eglise à Corinthe dont Paul
énumérera tous les égarements dans cette épître: disputes, divisions, débauche, procès entre
chrétiens, idolâtrie, désordre aux réunions, négation de la résurrection, etc. Mais la grâce, étant une
“faveur imméritée”, l’apôtre peut toujours remercier Dieu pour tous ceux qui étaient sauvés.

“Avant tout, je remercie mon Dieu, par Jésus-Christ, au sujet de vous tous” (Rom.1:8). Le “avant
tout” confirme qu’il est bon de commencer toute prière par des remerciements.“Je ne cesse pas de
remercier Dieu à votre sujet” (Eph.1:16). Paul ne remercie pas à chaque instant, mais il ne vient
jamais un temps où il cesse de remercier. “Je remercie mon Dieu chaque fois que je pense à vous”
(Phil.1:3). Il suffisait qu’il pense à eux pour que sa reconnaissance s’exprime.“Nous remercions
toujours Dieu...quand nous prions pour vous” (Col.1:3). Pas d’intercession sans actions de grâce.

Viennent maintenant les choses à demander. L’intercession missionnaire constitue tout un


programme. Ces requêtes peuvent être groupées logiquement sous neuf catégories qui
correspondent grosso modo à neuf besoins pouvant être présents chez un jeune chrétien. Il suffit, en
priant, de repérer les besoins les plus pressants chez quelqu’un, pour ensuite formuler les requêtes
97

qui y correspondent le mieux. En ce qui concerne la prière pour les non-chrétiens, nous avons des
exemples chez Paul: “Ce que je désire de tout mon coeur et que je demande à Dieu pour les Juifs,
c’est qu’ils soient sauvés” (Rom.10:1). Il est frappant que “l’apôtre des non-Juifs” prie
spécialement pour le salut des Juifs, de son peuple à lui. Quelle conclusion en tirer? La
responsabilité du Chrétien vis-à-vis de ses proches qui sont non-croyants, serait-elle d’avantage la
prière que l’évangélisation? Sa responsabilité envers les non-chrétiens en général serait-elle
d’avantage l’évangélisation?

En tout cas, l’apôtre souligne également l’importance de la prière pour le salut de tous. Le roi
Agrippa dit à Paul après avoir entendu son témoignage: “Penses-tu faire de moi un chrétien?..Paul
répondit:...Je prie Dieu que non seulement toi, mais encore vous tous qui m’écoutez aujourd’hui,
vous deveniez tel que je suis” (Act.26:28,29). Et encore à Timothée: “J’exhorte donc, avant toutes
choses, à faire des prières...pour tous les hommes...Cela est bon et agréable devant Dieu notre
Sauveur, qui veut que tous les hommes soient sauvés” (1 Tim.2:1-2 Seg.). Par contre, le
témoignage biblique sur le prière en faveur des nouveaux Chrétiens est autrement abondant et clair:

Il prie pour leur relation avec Dieu

1) “Que Dieu vous donne un esprit...de révélation et vous le fasse vraiment connaître” (Eph.1:17b).
Le besoin le plus fondamental chez tout chrétien est de connaître Dieu personnellement et vraiment.
Mais ce sera au prix d’une “révélation” (un “dévoilement” apokalupsis) de sa part. D’où la
nécessité de demander à Dieu de leur révéler toute la portée de ce que l’Ecriture déclare au sujet de
Jésus, pour que leur relation avec lui s’approfondisse.

2) “Que le Christ habite pleinement dans vos coeurs par la foi” (Eph.3:17a, katoikeo). Le Christ est
déjà présent en tout vrai croyant (Rom.8:9b; 1 Cor.6:19). Mais chacun ne lui accorde pas forcément
accès à tous les recoins de son coeur, pour qu’il y réside en propriétaire et qu’il s’y sente chez lui.
Le préfixe kat- devant oikeo (habiter) renforce l’idée d’une occupation totale des lieux. Et c’est la
foi, la confiance en Christ, qui lui cédera les clés de toutes les pièces de la demeure. On peut prier
qu’ils portent pleinement Jésus dans leur coeur.

3) “Que vous soyez capables de connaître l’amour du Christ qui surpasse toute connaissance”
(Eph.3:19a). Au premier coup dur, à la première épreuve, le jeune chrétien est surpris, tenté de
douter de l’amour de Jésus pour lui. Tout seul, sans la force de Dieu, il est incapable de connaître
par expérience, de sentir cet amour, qui ne peut être pleinement saisi intellectuellement. Par nos
prières, il pourra éprouver l’amour de Jésus et résoudre ce paradoxe: connaître ce qui surpasse toute
connaissance.

4) “Que vous soyez remplis jusqu’à toute la plénitude de Dieu” (Eph.3:19b). L’Ecriture déclare que
le Père, le Christ et le Saint Esprit sont tous les trois présents dans le chrétien authentique. Ce
dernier, a-t-il besoin d’avoir en lui encore d’avantage de Dieu? Ou faut-il demander que Dieu,
présent dans le croyant, prenne encore d’avantage possession de lui?

5) “Que vous plaisiez au Seigneur à tous égards” (Col.1:10b). Le Seigneur est attristé par le péché
(Eph.4:30). Quelle pensée, qu’il soit au pouvoir d’un être humain, de procurer du plaisir au créateur
de l’univers! La vie chrétienne va bien au delà des interdictions et des commandements et se situe
sur le plan d’une communion intime qui cherche à plaire à Jésus-Christ. Prier, non que le jeune
chrétien se conforme à un code, non qu’il se fasse plaisir à lui-même, non qu’il cherche à plaire aux
hommes, mais qu’il soit empressé de faire plaisir à celui qui l’a sauvé.
98

Pour leurs connaissances

6) “Que Dieu illumine les yeux de votre coeur” (Eph.1:18a). Le jeune chrétien est une petite taupe
qui voit mal, même la terre où elle se meut. Il a une vue naturelle, mais il lui manque une vision
spirituelle. Demander qu’il prenne de la hauteur, qu’il lève les yeux, qu’il échange son point-de-vue
terrestre pour les perspectives de Dieu. Et la lumière se fera dans son coeur.

7) “Que vous compreniez à quelle espérance Dieu vous a appelés” (Eph.1:18b). Le pessimisme et le
désespoir marquaient le climat du monde à la fin de l’antiquité. Il peut arriver au jeune chrétien de
penser que ses possibilités sont limitées, que ses horizons sont bouchés. Nos prières lui permettront
de réaliser tout ce que sa vocation de chrétien comporte de magnifique pour l’avenir, dans cette vie
comme dans la vie future. Cette connaissance le remplira d’espérance, une des valeurs durables de
l’Evangile. Il sera dans l’expectative de toutes les possibilités que Dieu ouvre devant lui.

8) “Que vous sachiez quelles sont les richesses de la gloire de son héritage dans les saints” (Eph.
1:18c Darby -Voir l’original). La tendance naturelle est de penser avant tout à l’héritage que nous
avons auprès de Dieu. La prière peut faire comprendre que le peuple de Dieu constitue pour son
Seigneur un “héritage” parce qu’il l’a racheté (Deut.9:29; 32:9; 1 Rois 8:51). Saisir toute la valeur
qu’ont les rachetés aux yeux de Dieu, donne conscience au jeune croyant de sa propre valeur, et de
celle de l’Eglise, même imparfaite.

9) “Que vous compreniez quelle est l’extraordinaire grandeur de la puissance dont il dispose envers
nous les croyants” (Eph.1:19). Des sentiments de faiblesse, de déficience accablent souvent le jeune
chrétien. Notre intercession l’aidera à prendre conscience de la grandeur de la puissance que Dieu
veut lui accorder, pour tenir bon, avancer et triompher.

Pour leur croissance

10) “Que vous croissiez dans la connaissance de Dieu” (Col.1:10d). Un enfant nouveau-né a
d’abord besoin de grandir. Le jeune chrétien gagnera en maturité en apprenant par expérience ce
que Dieu peut signifier pour lui dans la vie quotidienne, dans les difficultés et dans les victoires. Un
accompagnement dans la prière l’y aidera.

11) “Que vous soyez spirituellement adultes” (Col.4:12b). L’immaturité des croyants est une cause
de disputes dans l’Eglise (1 Cor.3:1,3,4), de dérives doctrinales (Eph.4:13), de stérilité spirituelle
(Héb.5:11-14), et du refus d’un enseignement moral (1 Cor.3:1-2). La prière pour leur maturité
spirituelle est la solution à bien des problèmes dans l’Eglise. Moins de bébés, moins de tapage.

12) “Voilà le but de nos prières: votre perfectionnement” (2 Cor.13:9, 11 katartisis). Au début de sa
vie chrétienne, le croyant n’est pas préparé, formé au service de Dieu. L’intercession contribuera à
sa préparation, pour qu’il devienne productif et utile dans l’oeuvre du Seigneur.

Pour leur fermeté

13) “Que vous soyez enracinés et fondés dans l’amour” (-du Christ pour vous Eph.3:17b). La petite
pousse qui sort à peine de terre est facilement ébranlée, déstabilisée par une tempête, ou desséchée
par un soleil trop chaud. Quand nous prions, l’enfant nouveau-né en Christ en proie aux épreuves,
au lieu de douter, fera descendre ses racine dans la conviction inébranlable que Jésus l’aime.

14) “Que vous puissiez persévérer avec patience” (Col.1:11b). Nombreux sont ceux qui
99

abandonnent. “Qu’on serait nombreux ce dimanche matin, si tous ceux qui ont fréquenté les
réunions depuis un an, étaient présents!” On peut assurer un suivi, pour les nouveaux qui flanchent,
par l’intercession. C’est plus efficace que les avertissements et les reproches. Demander pour eux
une constance dans la foi. Arrêter l’hémorragie qui touche le corps du Christ..

15) “Que vous demeuriez fermes” (Col.4:12a). La mollesse chez les chrétiens est chose commune.
Pas de colonne vertébrale, peu d’engagement. Ils sont présents quand cela leur chante. On ne peut
pas compter sur eux. Un rien les secoue. Pourquoi ne pas demander à Dieu qu’ils deviennent
fidèles, solides, fiables, robustes.

16) “Que vous soyez bien décidés à faire toute la volonté de Dieu” (Col.4:12c). Faire ce qui semble
avantageux. Suivre le chemin de la facilité. Dire: “Je n’ai pas le choix” quand le bon choix est
coûteux. Remettre à plus tard les décisions difficiles. Faire sa propre volonté, ou celle de Dieu en
partie seulement. Il faut demander à Dieu de donner à son Eglise des gens résolus, décidés d’y aller
à fond.

Pour leur conduite

17) “Que le Dieu de paix lui-même vous sanctifie tout entier” (1 Thes.5:23a). Cette prière sous-
entend que leur sanctification avait déjà commencé. Mais personne parmi eux n’était absolument
“consacré à Dieu”, ni totalement “séparé du péché” (les deux sens de hagiazo). Pas de
perfectionnisme dans ce verset. Le “tout entier” se rapportait à la totalité de leur personne, non à la
totalité de leur sanctification. Cependant, c’est à cette sanctification que chacun devait tendre pour
lui-même. Et on peut aussi le demander pour son frère en Christ. On n’est pas capable le faire soi-
même. Mais Dieu lui-même entreprend de le faire. La part de l’enfant de Dieu consiste à le lui
demander. “Le Dieu de paix” le fera dans la paix et pour la paix.

18) “Que votre être entier, l’esprit, l’âme et le corps, puisse être gardé irréprochable lors de la
venue de notre Seigneur Jésus Christ” (1 Thes.5:23b). “Que vous soyez purs et irréprochables pour
le jour du Christ” (Phil.1:10b). Les péchés et les impuretés sont de tous ordres: spirituels (orgueil,
occultisme), psychiques (égoïsme, haine) et physiques (meurtre, adultère). Le petit enfant en Christ
en sera gardé par l’intercession du père spirituel. Le retour imminent de Jésus Christ sera pour tous
un incitant à éviter toute cause de reproche.

18) “Que vous ne fassiez aucun mal...” (2 Cor.13:7). Quel simplicité désarmante! Mais une prière
qui n’est ni banale, ni négligeable.

19) Que vous soyez remplis du fruit de la justice qui nous vient par Jésus-Christ, à la gloire et à la
louange de Dieu” (Phil.1:11). Rien n’écorne la gloire de Dieu, et fait taire les louanges qui lui sont
adressées, comme l’injustice chez ses enfants. On peut demander à Dieu de produire une vie juste
chez celui qui croit en Jésus-Christ. Car cette vie juste vient de lui.

20) “Que vous vous conduisiez d’une manière digne du Seigneur” (Col.1:10a). Le jeune chrétien,
par son comportement, peut jeter le discrédit sur le Christ et nuire à sa réputation et à sa cause. Dieu
mérite que ses enfants se conduisent bien, que leur vie soit conforme à ce qu’ils professent, qu’ils
soient conséquents. On peut prier que leur style de vie soit en conformité avec celui du Christ, et
qu’ils lui fassent honneur.

Pour leur sagesse


21)
“Que Dieu vous donne un esprit de sagesse” (Eph.1:17a). “Qu’il vous accorde toute sagesse et
100

compréhension spirituelle” (Col.1:9b). Un jeune peut être insensé. Un nouveau converti plus âgé,
peut garder de sa vie passée une “sagesse terrestre, charnelle, diabolique” (Jac.3:15). Dieu peut
accorder “la sagesse d’en haut” (3:17) et une compréhension spirituelle. Cette dernière consiste à
avoir une perception des choses spirituelles, mais aussi à avoir une perception spirituelle de toutes
choses. Nos prières peuvent l’aider à avoir le point de vue de Dieu sur tous les aspects de sa vie.

22) “Pour que vous discerniez ce qui convient le mieux” (litt. “les enjeux” Phil.1:10a). On peut
garder de l’ancienne vie une échelle de valeurs faussée. Ce qui est “bon” à vues humaines ne tient
pas toujours compte des vrais enjeux et peut être l’ennemi du meilleur. On peut demander pour le
jeune croyant qu’il fasse la distinction entre l’acceptable et l’excellent dans l’établissement de ses
priorités. Qu’il quitte, outre les bas-fonds, également la plaine et même les plateaux, pour viser les
cimes. Cela peut concerner lectures, amis, films, achats, télé, loisirs, aspirations.

23) “Que vous soyez remplis de la connaissance de la volonté de Dieu” (Col.1:9a). Le désir de faire
la volonté de Dieu ne suffit pas toujours. Le jeune, en face des choix importants de la vie, est
souvent perplexe. Le missionnaire ne connaît pas forcément la volonté de Dieu pour lui. La voie de
la sagesse sera de demander à Dieu de la lui révéler, dans sa Parole et par son Esprit.

Pour leur force

24) Que Dieu vous donne, selon la richesse de sa gloire, d’être puissamment fortifiés par son Esprit
dans votre être intérieur” (Eph.3:16). Les faiblesses de l’être intérieur sont nombreuses:
psychologiques, mentales, nerveuses, affectives, morales, de la volonté, etc. Ces faiblesses-là
appauvrissent la vie et sont peu glorieuses. Les thérapeutes s’avouent souvent impuissants. Avoir
recours à la prière permet d’obtenir de l’Esprit Saint une puissance pour le Chrétien faible. Cette
source-là est inépuisable car elle émane de la richesse de la gloire de Dieu.

25) “Que vous ayez la force de comprendre, avec tous ceux qui appartiennent à Dieu, combien
l’amour du Christ est large, long, élevé et profond” (Eph.3:18). L’enfant dans la foi se trouve dans
l’embarras et sans force devant nombre de drames, d’épreuves, de catastrophes de la vie. Il lui
semble inconcevable, dans ces circonstances, que l’amour de Dieu ait quatre dimensions! Mais cet
amour est large pour embrasser le monde entier, long parce qu’il ne cesse jamais, élevé car répandu
d’en haut pour nous élever jusqu’aux cieux, et profond car inépuisable. On peut prier que ce jeune
ait la force de le comprendre. De nombreux frères et soeurs en Christ en ont éprouvé toutes les
dimensions bien avant lui.

26) “Que vous soyez fortifiés à tous égards par sa puissance glorieuse” (Col.1:11a). Les forces
manqueront au jeune croyant à bien des égards quand il subira les attaques du monde, de la chair et
de Satan. Seul, il risque la défaite et la médiocrité. La puissance glorieuse de Dieu est libérée en sa
faveur en réponse à la prière de ses compagnons d’armes. Quel encouragement!

Pour leur amour

27) “Que le Seigneur fasse croître de plus en plus l’amour que vous avez les uns pour les autres et
envers tous les humains” (1 Thes.3:12). L’amour à avoir pour les autres n’est pas un élastique qui se
distend, mais un muscle qui se développe. Dieu le fait croître à mesure que le croyant l’exerce, car
cet amour est action plutôt que sentiment. Il ne dépend pas de l’amabilité de l’autre. Il grandira en
intensité envers les frères en la foi, et en étendue envers les non-croyants, en réponse à la prière.

28) “Que votre amour augmente de plus en plus en vraie connaissance et en toute clairvoyance”
(Phil.1:9). On dit que l’amour est aveugle. Mais c’est l’amour-passion. L’amour chrétien est lucide,
101

il se témoigne en pleine connaissance de cause. Il est clairvoyant et se donne malgré une parfaite
conscience des défauts de l’autre. Il passe outre. La prière n’est pas inutile pour le faire augmenter.

Pour leur action

29) “Que vous portiez du fruit en toute oeuvre bonne” (Col.1:10). Le figuier que Jésus maudit avait
grandi et produisait des feuilles, mais pas de fruit (Mat.21:18,19; Luc 13:6-9). Le fruit des oeuvres
bonnes est la preuve d’une bonne santé spirituelle et d’un stade avancé de croissance. Il consiste en
une vie droite et propre (Phil.1:11; Rom.6:22), qui plaît et attire (Gal.5:22), qui est généreuse (2
Cor.9: 10-11; Rom.15:8), une vie de témoignage (Rom.1:13-15). Le missionnaire est appelé à faire
des disciples. Par la prière, il fera aussi “des faiseurs de disciples”. Il sera le père fécond, d’enfants
féconds.

30) “Que Dieu vous trouve dignes de l’appel qu’il vous a adressé” (2 Thes.1:11a). Tous ne
concrétisent pas toutes les bonnes intentions de Dieu à leur égard, ni en ce qui concerne leurs
responsabilités dans cette vie, ni pour les récompenses dans la vie future. Paul priait que les
croyants remplissent leur vocation de manière digne de Dieu. Qu’ils réalisent tout ce que le
Seigneur veut qu’ils deviennent, qu’ils accomplissent et qu’ils reçoivent, maintenant et plus tard.
Dieu les y avait appelés et il continuerait de le faire.

31) “Que Dieu, par sa puissance, vous aide à réaliser vos désirs de faire le bien” (2 Thes.1:11b). Le
vrai chrétien a le désir de faire le bien, sans toutefois en avoir toujours le pouvoir. “L’esprit est bien
disposé, mais la chair est faible” (Mat.26:41). La prière peut libérer la puissance de Dieu en sa
faveur pour qu’il soit capable de réaliser ses meilleures aspirations.

32) “Que Dieu rende parfaite l’oeuvre que votre foi vous fait entreprendre” (2 Thes.1:11c). Toutes
les entreprises des Thessaloniciens n’émanaient pas forcément de leur foi. Et les oeuvres qui
s’inspiraient de leur confiance en Dieu ne connaissent pas toutes un plein accomplissement. Paul
demande que Dieu intervienne pour que leurs aspirations à entreprendre des choses pour sa gloire se
réalisent complètement.

Voila tout un programme d’intercession que la société de Paul propose aux missionnaires de notre
époque, mais aussi à tous ceux qui, restés au pays, ont à coeur de prier pour la mission. Les
distances ne comptent pas pour Dieu. Le missionnaire et ceux qui le soutiennent peuvent s’unir
pour intercéder pour ces jeunes dans la foi. Ils prieront pour leur communion avec Dieu, leur
connaissance, leur croissance, leur fermeté, une conduite irréprochable, la sagesse, la force, l’amour
et une action fructueuse. S’inspirer de ces prière que nous suggère l’Ecriture, permet d’intercéder
avec la conviction de prier selon la volonté de Dieu. “Nous avons auprès de Dieu cette assurance
que si nous demandons quelque chose selon sa volonté, il nous écoute” (1 Jean 5:14 Seg.).
Evangéliser, implanter des Eglises et voir des chrétiens grandir dans la foi est une oeuvre exaltante.
Mais cette action, à elle seule, ne suffira pour assurer le pérennité d’Eglises fortes, qui seront
capables de se multiplier parmi une population. Il faudra aussi un programme de formation.

Cinquième partie - UNE FORMATION

19. L’ECOLE MISSIONNAIRE


102

Si la mission de Paul a connu un tel rayonnement, c’est que ses collaborateurs et les responsables
dans les nouvelles Eglises avaient été formés. Si la Bonne Nouvelle a été annoncée avec clarté et
puissance, et si les Eglises ont été organisées et se sont multipliées à travers le monde connu, c’est
que des ouvriers avaient joui d’un perfectionnement au ministère. On a prétendu que l’école
biblique ou de théologie était aussi une invention du XVIIe siècle. Mais le centre de formation
faisait partie intégrante de la société missionnaire de Paul. La théologie était un des aspects de la
missiologie, et non le contraire.

Ephèse fut le site de la première école biblique chrétienne. Le principe d’une faculté de personnes
douées, en vue de la formation des croyants, nous est présenté par Paul dans le chapitre 4 de son
épître aux Ephésiens: Le Christ a donné celles-ci à l’Eglise “pour le perfectionnement des saints en
vue de l’oeuvre du ministère” (4:12). Ce concept, l’apôtre le dégage du centre de perfectionnement
qu’il avait développé pendant trois ans dans cette capitale de la province d’Asie. Cette école nous
est décrite dans les chapitres 18, 19 et 20 du livre des Actes. Voyons d’abord la réalité du terrain à
Ephèse, et ensuite les principes qui la sous-tendent expliqués dans l’épître aux Ephesiens. Paul,
accompagné de Priscille et Aquilas, arrive à Ephèse et y annonce l’Evangile (Act.18:18,19).
L’apôtre y laisse ses deux compagnons pendant qu’il fait un aller-retour à Jérusalem (18:19-21). En
son absence, ceux-ci y poursuivent une oeuvre pastorale et d’enseignement (18:26). Paul, revenu à
Ephèse, y poursuit son évangélisation et y reste encore deux ans pour le perfectionnement des
nouveaux disciples (19:8-10).

Quels donc sont les éléments qui nous permettent de parler d’une école?
Un enseignement quotidien : “Paul enseigna chaque jour ” (Act.19:9).
Des locaux appropriés: “Paul enseigna chaque jour dans l’école d’un nommé Tyrannus” (19:9). Il
s’agissait probablement d’une école de rhétorique dont les locaux pouvaient être loués.
Un programme complet: Paul dira plus tard aux conducteurs de l’Eglise à Ephèse qu’il avait
formés: “Je vous ai annoncé tout le conseil de Dieu, sans rien en cacher” (20:27).
Une durée de plusieurs années: Il dira à ces mêmes conducteurs: “Durant trois années, je n’ai
cessé nuit et jour d’exhorter avec larmes chacun de vous” (20:31).
Une compagnie de formateurs: Paul était assisté à Ephèse d’une équipe d’au moins sept
collaborateurs: Priscille, Aquilas, Timothée, Eraste, Gaïus, Aristarque (Act.18:19 - 20:1) et
Sosthène (1 Cor.1:1). Il sera évident plus loin que ceux-ci ne se bornèrent pas à évangéliser.
Un but de perfectionnement au ministère: L’apôtre rappellera plus tard aux Ephésiens à quoi
devait servir la faculté de formateurs avec leurs dons respectifs (4:11): Ce fut “pour le
perfectionnement des saints en vue de l’oeuvre du ministère” (4:12).
Une formation efficace: “Paul enseigna chaque jour dans l’école d’un nommé Tyrannus. Cela dura
deux ans (la différence entre les “deux ans” (19:10) et les “trois années” (20:31) est probablement
due aux deux courtes absences de l’apôtre), de sorte que tous ceux qui habitaient l’Asie, Juifs et
Grecs, entendirent la parole du Seigneur” (19:9,10). Ce ne fut pas Paul lui-même qui parcourut
toute la province pour l’évangéliser. Le “de sorte que” établit la relation de cause à effet entre le
travail de formation de l’apôtre pendant trois ans à Ephèse, et l’évangélisation totale de la
province. Ce travail déboucha sur l’implantation d’au moins sept Eglises (Apoc.2-3). Examinons
d’abord et de plus près, la composition de cette compagnie des formateurs.

Les enseignants

Quels furent les rôles des sept personnes qui assistaient Paul à Ephèse? Plus tard, quand l’apôtre
écrira aux Ephésiens, il décrira en termes doctrinaux les différents types de personnes devant faire
partie de toute compagnie consacrée au perfectionnement des croyants au ministère: “Il a donné les
103

uns comme apôtres, les autres comme prophètes, les autres comme évangélistes, les autres comme
pasteurs et docteurs (lit.“ bergers-enseignants”- ces deux fonctions en une même personne), pour le
perfectionnement des saints en vue de l’oeuvre du ministère et de l’édification du corps de Christ”
(Eph.4:11-12). Cette courte liste désigne des personnes dotées de dons spirituels différents, plutôt
que les dons eux-mêmes (comme dans Rom12:6-8 ou 1 Cor.12:7-11). En effet, il ne s’agit pas ici en
premier lieu des dons de l’apostolat, de prophétie, d’évangélisation, etc., accordés à certaines
personnes, mais des personnes elles-mêmes: apôtres, prophètes, évangélistes, etc., donnés par le
Christ à l’Eglise. Le “il” (lit. lui-même) est mis en valeur pour montrer que c’est c’est bien le
Seigneur qui accorde à l’Eglise universelle ces quatre types de personnes douées.

Or, Jésus-Christ le fait dans un but précis. Ce groupe restreint de cinq personnes est différencié par
rapport aux autres membres du corps, du fait que leurs dons visent spécifiquement le
perfectionnement, (katartismon - l’équipement, la mise en état) des autres croyants pour que ces
derniers soient rendus aptes à l’oeuvre de servir. Ceux qui auraient le don de pratiquer la
miséricorde, de donner de leurs biens (Rom.12:8), de guérir ou de parler en langues (1 Cor.12:9,10)
peuvent bien édifier (oikodomeo) les autres, mais ils n’ont pas pour fonction spécifique de les
perfectionner (katartizo) pour l’oeuvre du ministère. Les apôtres, les prophètes, les évangélistes et
les bergers-enseignants par contre, ont en commun leur capacité à contribuer à la réalisation de cet
objectif commun qui est la formation des croyants. Ce sont des spécialistes. Ils constituent
ensemble une compagnie enseignante, mise par le Christ à la disposition des membres de son corps.
Voyons donc les différents types d’enseignants qui collaborèrent dans l’école à Ephèse. Cette liste
pourrait suggérer en même temps les chaires de spécialisations les plus utiles pour une faculté de
formateurs au service chrétien. En tout état de cause, une école est essentiellement et avant tout un
corps d’enseignants. Tout le reste est accessoire.

Un apôtre

Paul montre l’exemple aux autres membres de son équipe en évangélisant lui-même dans la
synagogue à Ephèse (Act.18:19; 19:8; 20:21) et en faisant des disciples du Christ (19:5-7), selon
l’ordre du Seigneur (Mat. 28:19). Quand certains juifs refusent de croire et se moquent du chemin
du Seigneur devant la foule, “Paul se retira d’eux et sépara les disciples” (19:9). En d’autres termes,
il les constitue en une nouvelle Eglise locale. L’annonce de la Bonne Nouvelle du Christ et
l’implantation d’une nouvelles Eglise là ou il en manque (Rom.15:20), est la marque de l’apôtre. Le
directeur et le principal enseignant de l’école de formation à Ephèse est donc un apôtre. Celui-ci
communiquera sa vision missionnaire, la façon de s’y prendre pour fonder de nouvelles
communautés, et son expérience du terrain comme conducteur d’une équipe d’implantation. Dans
ce cadre, destiné au perfectionnement des croyants au ministère, le fruit de son travail ne sera pas
l’implantation d’encore une deuxième Eglise à Ephèse, mais consistera en la préparation de
nouveaux implanteurs d’Eglises.

Le résultat en fut l’établissement d’Eglises nouvelles dans toute la province d’Asie, dont Ephèse
était le chef-lieu, à Smyrne, Pergame, Thyatire, Sardes, Philadelphie, Laodicée, Hiérapolis,
Colosses et Troas. Paul lui-même ne fut pas l’implanteur de ces Eglises. Ce furent plutôt les
nombreux disciples qu’il avait formés à Ephèse qui fondèrent le christianisme en Asie mineure.
Cette école serait au service de l’Eglise universelle, y compris au delà de l’Asie. Le membre
principal du corps enseignant de n’importe quelle école ne devrait-il pas être un apôtre? Quelqu’un
dont le charisme se serait manifesté incontestablement sur le terrain par l’implantation d’Eglises? Il
se reproduira “selon son espèce” et l’école sera “apostolique”, c.à.d. missionnaire. Si le directeur
d’une faculté était apôtre, la chaire principale de celle-ci ne serait-elle pas tout naturellement la
missiologie? Et la vocation à laquelle s’attacherait le plus grand prestige, ne serait-elle pas celle de
missionnaire? La formation théologique dans les Eglises d’Etat en Occident a sous-entendu des
104

structures d’Eglise qui étaient statiques. Cette formation devait donc préparer des cadres pour
l’institution plutôt qu’en vue d’une action dynamique au loin. Le prestige consistait à gravir les
échelons de la hiérarchie ecclésiastique. La mission était une vocation de seconde zone, pour ceux
qui trouvait difficilement une place en vue au pays. Mais une école de théologie aurait-elle droit à
l’existence si elle n’était pas, dans une certaine mesure, missionnaire? Mais elle ne peut être que
missionnaire.

Des bergers-enseignants

Priscille et Aquilas arrivèrent à Ephèse avec Paul et y restèrent pendant l’absence de ce dernier
(Act.18:18-21). Ils eurent bientôt l’occasion de commencer un ministère d’enseignement auprès
d’Apollos, un Juif qui était de passage à Ephèse. C’était un “homme éloquent et versé dans les
Ecritures, instruit dans la voie du Seigneur, fervent d’esprit qui annonçait et enseignait avec
exactitude ce qui concerne Jésus, bien qu’il ne connaissent que le baptême de Jean” (18:24,25). En
d’autres termes, son information sur le Christ se limitait à ce que l’Ancien Testament et Jean-
Baptiste en avaient dit. Priscille et Aquilas l’entendirent parler à la synagogue (18:26) et comprirent
quelles étaient les lacunes dans ses connaissances. L’enseignement qu’ils lui apportèrent dût être
convaincant, étant donné son empressement à le recevoir. D’autant plus que c’était un homme
d’une grande culture biblique, rigoureux, fervent et éloquent. Le verbe “exposer” ou “expliquer”
(ektithemi) et l’adverbe “plus exactement” témoignent aussi de la rigueur de leur enseignement.

Et cette formation portât ses fruits sans tarder, comme en témoigne l’usage qu’Apollos en fit
aussitôt en Achaïe: “Il fut très utile à ceux qui étaient devenus croyants. En effet, avec des
arguments solides, il réfutait publiquement les objections des juifs: il leur prouvait par les Ecritures
que Jésus est le Messie” (18:27-28). Paul appelle Priscille et Aquilas “mes compagnons de travail
au service de Jésus-Christ” (Rom.16:3 FC). Ils avaient montré d’emblée qu’ils avaient leur place
avec l’apôtre parmi la faculté des formateurs à Ephèse. L’apport des femmes, dans le
perfectionnement au ministère, a souvent été négligé, au détriment de la qualité et de l’équilibre de
la formation. Priscille est mentionnée le plus souvent dans les textes avant son mari, ce qui a amené
la plupart des commentateurs à suggérer que, des deux, elle était le personnalité la plus en vue dans
leur ministère. Qu’ils furent deux, parmi les formateurs de l’école à Ephèse, à avoir le charisme
d’enseignant, suggère peut-être l’importance à accorder dans une faculté aux connaissances
bibliques et théologiques.

Mais ce ne fut pas seulement un couple d’enseignants. Ils se montrèrent en même temps bergers.
Paul est à Ephèse quand il écrit aux Corinthiens et parle de “Aquilas et Priscille, avec l’église qui
est dans leur maison” (1 Cor.16:19) ou, “qui se réunit chez eux” (TOB). Outre leur enseignement à
l’école de perfectionnement, ils s’occupent aussi du troupeau à Ephèse. D’ailleurs, quand Apollos
était passé dans cette ville, il est précisé qu’ils “le prirent avec eux” pour l’enseigner; c.à.d. chez
eux. Ils exercent cette hospitalité qui était l’une des responsabilités des bergers de l’église (1
Tim.3:2; Tit.1:8). C’est un couple de bergers-enseignants. Leur don pastoral trouve confirmation
quand, plus tard, ils iront à Rome. Car Paul, dans son épître aux Romains, demande qu’on salue
Priscille et Aquilas “ainsi que l’église qui est dans leur maison” (16:5). Où qu’ils allaient, ils
paissaient le troupeau de Dieu. Une école de perfectionnement qui n’assure pas à ses élèves une
base doctrinale solide et d’où ne sort aucun pasteur ne serait pas digne de ce nom. Le berger-
enseignant inculquera la théologie biblique, y compris la théologie pastorale et s’assurera que les
aspirants-bergers fassent leur apprentissage sur le tas dans une Eglise locale. Le fruit de son travail
ne sera pas d’autres brebis qui s’ajoutent au troupeau, mais un nombre plus grand de bergers aptes à
ajouter des brebis au troupeau, à en prendre soin et à les nourrir de la parole de Dieu.

Un évangéliste
105

Paul, en tant que dirigeant de cette école, avait plusieurs “aides”, “assistants”, ou “auxiliaires”
(diakonounton) dans ce travail de formation, dont Timothée et Eraste (Act.19:22). Il écrit plus tard,
au sujet de Timothée: “Il est collaborateur de Dieu pour la diffusion de la Bonne Nouvelle du
Christ” (1 Thes.2:2). Il écrira à Timothée lui-même: “Fais oeuvre d’évangéliste, remplis ton
ministère” (2 Tim.4:5 TOB). Ces déclarations indiquent que le charisme et le ministère particuliers
que Dieu avait confiés à Timothée était celui d’évangéliste. Il avait certainement assisté Paul de son
don, dans l’annonce de la bonne nouvelle aux non-chrétiens à Ephèse. Paul soulignera encore pour
Timothée, quand ce dernier était à Ephèse, qu’il ne devait pas se borner à évangéliser mais qu’il
devait aussi former des évangélistes: “Ce que tu m’as entendu annoncer en présence de nombreux
témoins, confie-le à des hommes de confiance, qui seront eux-mêmes capables de l’enseigner
encore à d’autres” (2 Tim.2:2). Cette école devait communiquer une vision missionnaire. Celle-ci
préviendrait que des années d’étude ne favorisent une mentalité sédentaire ou cléricale.

Il fallait “faire des disciples” selon l’ordre de Jésus, mais aussi “faire des faiseurs de disciples”.
Timothée entraîna donc les nouveaux disciples dans ce ministère, “de sorte que tous ceux qui
habitaient l’Asie, Juifs et Grecs, entendirent la parole du Seigneur” (19:10). L’évangéliste
formateur, qui sait aborder le non-chrétien et le conduire à Jésus, expliquera à ses élèves comment
s’y prendre et se fera accompagner d’eux dans ses contacts, ses visites et ses réunions avec des non-
chrétiens. Il est lui-même expert en communication de la Bonne Nouvelle. Mais le fruit de son
travail dans ce cadre ne sera pas tellement d’autres qu’il amènera lui-même au Seigneur, mais bien
d’autres évangélistes. Le corps enseignant d’une école, dont aucun membre n’aurait le charisme
d’évangéliste, courrait un risque de nombrilisme.

Un prophète

Outre Paul (apôtre), Priscille et Aquilas (bergers-enseignants), et Timothée (évangéliste), quatre


autres collaborateurs travaillèrent avec Paul à Ephèse: Aristarque, Eraste, Gaïus et Sosthène (Voir
plus haut). Rien n’est précisé dans les textes au sujet de leurs dons spirituels respectifs, comme c’est
le cas des quatre autres membres de l’équipe. Peut-être au moins un de ces derniers-nommés fut-il
prophète, comme il est dit ailleurs de Jude et de Silas (Act.15:32). Dans ce cas, la faculté de
formateurs, chacun avec son charisme particulier, préconisée par Paul dans Eph.4:11-12, se serait
trouvée au complet à Ephèse. Le prophète est un prédicateur inspiré qui “parle aux hommes, les
édifie, les exhorte, les console” (1 Cor.14:3). Il exposera et démontrera pour les élèves les éléments
d’une homilétique solide et d’une dépendance de l’action de l’Esprit Saint dans la prédication. Le
fruit de son travail de perfectionnement ne sera pas un message prophétique de plus de sa part, mais
d’autres prédicateurs pour l’Eglise.

Les élèves de l’école

Quelles furent les conditions d’admission à l’école d’Ephèse? “Paul sépara les disciples (mathetes)
et enseigna chaque jour dans l’école d’un nommé Tyrannus” (19:9). Ceux qui suivirent son
enseignement étaient des élèves qui s’étaient préalablement inscrits à l’école du Christ. L’apôtre
précise que l’enseignement dispensé était “pour le perfectionnement des saints” (hagios - Eph.4:12
Seg.), c.à.d. de personnes “misent à part” pour Dieu et du monde des non-chrétiens. Ces deux
termes, “disciples” et “saints”, pris ensemble laissent entendre qu’il fallait être, tout au moins, un
croyant authentique en Jésus-Christ. Un diplôme d’études secondaires ne suffisait pas. On ne se
contentait pas d’enrôler des étudiants en théologie si ceux-ci ne s’étaient pas montrés de vrais
disciples à l’école du Christ.

Et même un certain niveau d’études n’était pas indispensable. S’il ne fallait enrôler que ceux qui
106

s’étaient personnellement convertis à Dieu, il ne fallait exclure d’office aucun de ceux-là. Les textes
n’ajoutent pas le moindre qualificatif aux mots: “disciples” et “saints”. Et Pierre avait précisé qui
devait avoir part au service de Dieu: “Vos fils et vos filles prophétiseront, vos jeunes gens auront
des visions, et vos vieillards auront des songes. Oui, sur mes serviteurs et sur mes servantes, dans
ces jours-là, je répandrai de mon Esprit et ils prophétiseront” (Act.2:17,18). Ni l’âge, ni le sexe, ni
la condition sociale ne devait exclure un vrai chrétien du ministère de prédication et, par
conséquent, du perfectionnement à ce ministère. Nous noterons plus loin la grande flexibilité de la
formation à Ephèse, qui la rendait accessible au plus grand nombre.

Jésus dit à ses apôtres: “Je vous ai chargés d’aller, de porter des fruit et des fruits durables”; (Jean
15:16). Une des priorités pour toute société missionnaire qui veut porter du fruit qui demeure sera,
de nos jours encore, d’établir des écoles pour la formation des croyants au ministère. Ces écoles
auront, parmi leurs formateurs, au moins un implanteur d’Eglise, un prédicateur prophétique, un
évangéliste, un berger et un enseignant. Tous ceux-ci auront démontré de façon incontestable sur le
terrain qu’ils ont effectivement les dons en question. Les élèves seront connus pour être des
croyants authentiques et cela, par leurs fruits. Mais il faut parler, outre des enseignants et des
élèves de l’école, du type de formation qui y est dispensé.

20. LA PEDAGOGIE DE L’ECOLE

Après son énumération des différentes personnes douées qui constituent le corps enseignant
(Eph.4:11), et les conditions d’admission à l’école, Paul précise au verset suivant (4:12) la raison
d’être de la formation : “...pour le perfectionnement des saints en vue de l’oeuvre du ministère (but)
et de l’édification du corps de Christ” (finalité).

But de la formation: L’aptitude à accomplir un service

Paul rappelle aux conducteurs de l’Eglise à Ephèse: “Je n’ai rien caché de ce qui devait vous être
utile” (Act.20:20). Il ne faut pas oublier le but “utilitaire” de la formation. Apollos, formé par
Priscille et Aquilas à Ephèse “fut très utile à ceux qui étaient devenus croyants” à Corinthe
(Act.19:27). Le perfectionnement des croyants a un but précis; c’est “en vue de l’oeuvre du
ministère” (Eph.4:12), c.à.d. pour qu’ils soient aptes à accomplir un service. L’absence de l’article
devant “ministère” montre qu’il s’agit du service dans son sens le plus général. Quand cela devient:
“en vue de l’augmentation du savoir”, sans plus, les moyens remplacent les fins, et l’école est
détournée de son but. C’est le début du déclin. La formation à l’école d’Ephèse eut comme résultat
l’évangélisation de toute l’Asie mineure et l’établissement de plus de sept Eglises dans cette
province (Act.19:10; Apoc.2-3). Outre une connaissance du message à apporter, ils avaient aussi
appris comment le communiquer.

La faculté de formateurs répond à sa raison d’être dans la mesure où elle développe les aptitudes de
ses disciples à accomplir un travail pour l’Eglise. Malheureusement, les écoles n’ont pas toujours
visé ni atteint cet objectif. Elles ont développé des programmes de cours parfois éloignés des
réalités du terrain, détachés des besoins réels des Eglises locales et de la mission. On a établi des
chaires de dogmatique (où on lisait d’avantage les théologiens que la Bible), de philosophie (qui
orientaient la lecture de la Bible), de casuistique et de droit canon (qui codifiaient la morale et la vie
d’église), de critique biblique (qui en minaient l’autorité), d’histoire ecclésiastique (pour accréditer
l’institution), de psychologie (qui devenait à son tour une religion), plutôt que de (1) missiologie,
(2) homilétique, (3) d’évangélisation-communication, (4) de travail pastoral et (5) de culture
biblique.

Finalité de la formation: L’édification de l’Eglise universelle


107

La finalité de l’oeuvre de perfectionnement est “l’édification du corps du Christ” (Eph.4:12). Paul


répète pas moins de sept fois dans ses épîtres qu’il y a “un seul corps”. On ne peut donc parler de
chaque Eglise locale comme étant “un corps du Christ”; il y aurait, dans ce cas, des milliers de
corps. On ne pourrait pas non plus parler des institutions ecclésiastiques ou des dénominations
comme étant des corps du Christ. L’Ecriture ne leur attribue explicitement aucun statut. Ce serait
diviser le corps sous prétexte d’unir les Eglises locales. Par conséquent, l’action de préparation et de
perfectionnement par de telles facultés de formateurs, doit largement dépasser le cadre d’une seule
communauté, voir d’une même dénomination. Elle ne doit pas appartenir exclusivement à l’une ou
l’autre institution; elle doit être au service de l’Eglise universelle.

Quand une école est rattachées à une seule confession, elle accentue les clivages théologiques, et
elle tend à servir des intérêts confessionnels et particularistes aux dépends de ceux de tous les
chrétiens. Elle sert à perpétuer la hiérarchie et la bureaucratie plutôt que de former des gens au
service de l’humanité. Actuellement les écoles de théologie et les instituts bibliques
interecclésiastiques attirent un nombre d’étudiants plus important que les facultés strictement
confessionnelles. C’est bon signe, car cela atténue les divisions en tous genres et sert les intérêts de
l’Eglise universelle. La faculté des formateurs à Ephèse étaient au service de l’Eglise locale de cette
ville, mais aussi de toutes les Eglises de la province d’Asie qui avaient été implantées par des élèves
formés en son sein. L’école de perfectionnement au ministère, pas plus que la société missionnaire
dans son ensemble, n’est “para-ecclésiastique”, c.à.d. en marge du corps de Christ.

Un enseignement interactif

“Paul enseigna chaque jour dans l’école d’un nommé Tyrannus” (19:9 Seg.). Le verbe traduit
“enseigna” (dialegomenos) signifie, selon le dictionnaire Carrez et Morel: “s’entretenir avec qqn,
dialoguer”. L’apôtre ne dispensait pas uniquement un cours magistral. Il refusait l’enseignement à
sens unique, mais suscitait l’intéraît, les réactions et les échanges. Il enseignait la doctrine du Christ
dans le contexte des circonstances et des sujets d’actualité soulevés par les élèves. Les vérités
devaient être discutées, débattues, assimilées, intériorisées dans l’entrechoc des idées. Il stimulait la
réflexion. Chacun devait participer librement à la discussion, mais on arrivait, sous la conduite de
Paul, à des conclusions claires et fermes. Toutes les opinions ne se valaient pas. On ne se limitait
pas aux simple partage des ignorances des uns et des autres.

L’apôtre devait répondre, dans cette première phase de son enseignement, à des questions et des
préoccupations suscitées par la culture païenne des Ephésiens: idolâtrie, polygamie, philosophie,
mort, occultisme, sexualité, origines, esclavage, rites, l’au-delà, le mariage, etc. Pour cela, il devait
d’abord écouter, se montrer sensible à leur monde de pensée. Veiller à ne pas répondre à des
questions juives qu’un païen ne posait pas. Apporter des solutions aux problèmes tels qu’ils étaient
vécus par les Ephésiens à Ephèse. Enseigner en fonction des besoins des élèves, de leur degré de
maturité, plutôt qu’en fonction d’un schéma pré-établi et rigide. Commencer avec ce qui était connu
et admis pour passer ensuite à ce qui était inconnu et nouveau. Apporter un enseignement pertinent,
à-propos et applicable dans l’immédiat. Il cherchait à percer jusqu’aux choses importantes et
vitales pour eux. C’est une approche exigeante pour l’enseignant, mais efficace.

Aujourd’hui on dirait qu’il tenait des séminaires, des ateliers. Il enseignait d’avantage des élèves
que des matières. Le contact personnel avec eux lui permettait de s’associer de coeur à leur
condition, de répondre à leurs préoccupations, de leur communiquer un enthousiasme, une vision,
un esprit. Mais aussi d’inculquer chez eux un respect pour la parole de Dieu, comme devant
toujours être le juge des cultures et ne jamais être jugée par elles. On ne pourra jamais faire
l’économie de l’élément personnel et spirituel de la pédagogie chrétienne. Rien ne doit créer une
108

distance entre enseignants et enseignés; ni des notions hiérarchiques, ni des barrières artificielles de
respectabilité académique, ni des moyens purement techniques (livres, syllabi, matériel didactique,
internet), ni des programmes inflexibles. L’enseignement interactif favorise également le contact et
les réactions des élèves entre eux. L’atmosphère de la classe et les rapports sociaux qui s’y nouent
sont d’autres aspects non-négligeables de la formation.

Un enseignement accessible

Dans un premier temps, l’enseignement de Paul à la synagogue d’Ephèse (18:18; 19:8) limitait son
champ d’action, tant par le temps qu’il y consacrait, que du fait d’être catalogué comme Juif par la
population païenne de la ville. Le fait de se retirer des moqueurs de la synagogue, de séparer les
disciples et de les réunir avec lui dans des locaux du rhétoricien Tyrannus (19:9), lui permit de
franchir les barrières culturelles et de se montrer ouvert aux non-Juifs également (10b). “J’ai
annoncé aux Juifs et aux grecs” (20:21). Ni l’Eglise ni l’école ne devait être identifiée à une seule
race, ethnie, langue ou culture. La parole de Dieu devait être rendue accessible à tous, sans
distinction.

Séparer l’Eglise de la synagogue permet aussi à l’apôtre d’enseigner “chaque jour” (19:b), au lieu
d’une fois par semaine. Il dira plus tard à ses élèves: “Je n’ai pas craint de vous enseigner
publiquement et dans les maisons” (20:20). “Durant trois années, je n’ai cessé nuit et jour
d’exhorter chacun de vous” (20:31). Il s’agissait donc de cours du jour, de cours du soir (adaptés
aux horaires et aux disponibilités de chacun), de cours en classe pour le grand nombre, et dans les
maisons en petits groupes. Il ne fallait pas, pour être formé, quitter son travail, sa localité ou son
Eglise. On rapprochait le plus possible l’enseignement de ceux qui en avaient besoin. On le portait
donc dans les quartiers pour les mères au foyer et autres personnes isolées. La formation, étant
partiellement décentralisée, elle était accessible à ceux qui devaient gagner leur vie. De nos jours,
l’enseignement par modules, les sessions de cours groupés et l’établissement d’unités de valeur et
de passerelles d’une école à l’autre, peuvent rendre la formation toujours plus accessible.

Les études de théologie uniquement en latin, réservées à des personnes de sexe masculin,
célibataires, jeunes, bacheliers, ou d’un certaine milieu racial, national ou économique, ont
inutilement limité l’accès à la formation au service. Ces critères artificiels ont arbitrairement
éliminé bon nombre de personnes auxquels le Saint-Esprit avait accordé des dons et une expérience
de la vie pour édifier et conduire son Eglise. Ils ont aussi servi à gaspiller d’énormes moyens, du
temps et des efforts, en consacrant ceux-ci à la formation de nombreux jeunes n’ayant pas encore
fait leurs preuves, que ce soit sur les plans pratique, spirituel, ou des dons spirituels. L’age moyen
de la retraite effective en Europe est de 60 ans. L’espérance de vie y atteindra bientôt 80 ans. On
aurait tort de négliger la formation des retraités et leur engagement au service de l’Eglise. On se
braque souvent sur les jeunes, mais tous ceux-ci ne sont pas forcément les conducteurs naturels de
l’Eglise. Ils auront l’esprit formé, mais ne seront pas forcément doués pour un ministère public. Bon
nombre d’entre eux deviennent de la sorte de simples fonctionnaires institutionnels dépourvus de la
vision, du caractère, de la sagesse et des charismes nécessaires pour conduire l’Eglise. Et c’est ainsi
que certaines facultés deviennent essentiellement les dépositaires de la tradition et les gardiens de
l’institution.

Outre des études à temps plein, on pouvait aussi les suivre à temps partiel. Il y avait d’ailleurs à
Ephèse, chevauchement entre l’Eglise locale et l’école, de sorte qu’il s’agissait aussi d’une
éducation permanente, accessible au plus grand nombre. Il s’agissait du “perfectionnement des
saints” (Eph.4:12 Seg.), sans exclure un seul vrai chrétien. Paul ne visait pas la formation d’une
caste de professionnels du ministère. Tous étaient mis en contact direct avec la parole de Dieu. Tous
pouvaient être éclairés sur son sens par l’Esprit Saint (1Cor.2:10,13). Ni racisme, ni cléricalisme, ni
109

élitisme ni machisme, mais un maximum de souplesse et d’adaptation aux situations et aux besoins
de chacun. Il fallait conduire le peuple de Dieu tout entier à la maturité et à l’action.

Dans la plupart des sociétés, le cycle des semaines, des saisons, et des circonstances permet une
concentration de l’enseignement en des périodes courtes et de plus grande disponibilité de la part
des élèves: Dans les pays industrialisés, pendant les weekends et les périodes de vacances, et dans
les régions rurales, entre les temps de semaille et de moisson. Actuellement, l’enseignement par
internet, pourrait, dans certaines conditions, rendre plus accessible un aspect important de la
formation au service. Mais il ne pourrait certainement pas en assurer tous les aspects. Le campus
virtuel n’est pas la réponse à tous les besoins en formation. De toute façon, un des buts de l’école
sera de donner à l’étudiant des outils lui permettant d’entreprendre toute une vie d’étude biblique
personnelle. L’école ne pourra jamais lui faire emmagasiner toutes les connaissances qu’il lui serait
utile d’avoir. Elle le rendra indépendant en lui apprenant comment sonder les Ecritures pour lui-
même. Elle ne lui donnera pas toutes les informations; elle lui montrera où et comment les trouver.

Un enseignement vécu

Paul déclare aux conducteurs qu’il avait formé à Ephèse: “Vous savez de quelle manière, depuis le
premier jour, je me suis sans cesse conduit avec vous, servant le Seigneur en toute humilité.”
(20:18). “Je n’ai désiré ni l’argent, ni l’or de personne” (20:33). Il écrit à Timothée qui est à
Ephèse: “Sois un modèle pour les fidèles” (1 Tim.4:12 Seg.). Dès le départ, les nouveaux disciples
comprennent qu’ils sont, avec l’apôtre, et non sans lui, à l’école du Christ. Ils y sont pour être ce
qu’ils doivent être, avant de faire ce qu’ils doivent faire. Paul appuie son enseignement par une
conduite irréprochable: une humilité qui désamorce le danger de “la connaissance qui enfle” (1
Cor.8:1), et un désintéressement qui refuse de monnayer sa formation ou tondre le troupeau. Il a
démontré l’esprit de sacrifice jusqu’à “combattre contre des bêtes sauvages à Ephèse” (1 Cor.
15:32). Il démontre comment être, vivre, servir et s’engager pour le Christ. Il communique une
vision, une intégrité, une motivation, un idéalisme, une foi, une espérance et un amour. Tout cela
doit trancher avec l’égocentrisme, l’apathie et le désespoir du paganisme Ephésien. Le niveau
académique ne prend pas le pas sur le niveau comportemental, spirituel ou pratique. Les institutions
académiques, même d’obédience chrétienne, ont parfois d’avantage préparé à l’exercice du pouvoir
et à l’accumulation de l’avoir.

On pense aussi de nos jours, dans les facultés universitaires, pouvoir cloisonner la vie
professionnelle et la vie privée, communiquer un savoir sans être un exemple en dehors de la salle
de cours. Il s’en est suivi que certains des théologiens modernes les plus réputés se sont montrés
prétentieux, ont eu des conduites notoirement irrégulières et ont contribué à vider les Eglises.
L’apôtre, lui, démontre par son exemple qu’il faut aimer les gens, avoir du courage au travail, servir
sans espoir d’être acclamé, faire preuve d’initiative et qu’un missionnaire doit constamment repartir
pour atteindre des régions et des peuples non-encore évangélisés. Certes, il passe trois ans à Ephèse
pour former des disciples. Mais en y restant plus longtemps, il risquait de leur enseigner par son
exemple à devenir des sédentaires, à prendre leurs aises, à asseoir leur autorité. Des missionnaires
sont parfois restés trop longtemps confortablement sur place, au détriment du développement, de la
maturité et de l’autonomie de l’Eglise autochtone. Ils ont cessé en même temps d’être des pionniers,
des apôtres. La mission a été absorbée par les Eglises.

Un enseignement doctrinal

Paul rappelle aux anciens d’Ephèse: “Vous savez que je n’ai rien caché de ce qui vous était utile, et
que je n’ai pas craint de vous prêcher et de vous enseigner (didasko -Carrez et Morel traduisent
didake: “enseignement”, “doctrine”)...”Je vous ai annoncé tout le conseil de Dieu” (Act.20:20,27).
110

Ces responsables furent parmi les premiers à recevoir de lui une formation de théologie biblique.
Celle-ci fut complète, car tirée de toutes les Ecritures. La Bible, au contraire des philosophes,
répond de façon satisfaisante aux questions existentielles et aux angoisses de la vie. Elle permet aux
hommes de se situer face à la nature, à leurs semblables et à Dieu. Elle arme aussi les croyants
contre les faux docteurs, adeptes de courants de pensée à la mode, qui ne manqueront pas, plus tard,
de s’introduire dans l’Eglise (20:29-31).

En effet, dès le IIIe siècle, certaines écoles chercheraient à faire la synthèse entre l’Ecriture et les
philosophes, toujours au détriment de l’Ecriture. Au lieu de perfectionner les étudiants à servir, on
les en disqualifierait en minant leur confiance dans les paroles de Moïse, des prophètes, du Christ et
des apôtres. Cette tendance se maintiendrait à des degrés divers à travers les siècles et introduirait
dans la direction de l’Eglise de simples érudits, des arrivistes et même des contradicteurs. On
perdait de vue la formation de travailleurs pour l’oeuvre du ministère, et de soldats bibliquement
armés pour le bon combat de la foi. Et avec la venue du Constantinisme, la théologie occidentale
devint introspective, académique et institutionnelle au lieu d’être extravertie, biblique et
missionnaire. La théologie qui touche les gens le plus authentiquement et le plus profondément, est
la théologie qui se pratique dans le contexte d’une évangélisation active.

Une tendance actuelle sur certains champs missionnaires consiste à envoyer les candidats au
ministère les plus prometteurs en Europe pour y recevoir une formation théologique. Elles
méprisent de la sorte les écoles qu’elles ont elles-mêmes fondées sur le champ. Ou peut-être n’ont-
elles pas déployé tous les efforts nécessaires pour que ces écoles soient suffisamment efficaces. Ou
peut-être n’ont-elles pas compris quel était le type de formation qu’il fallait à leurs meilleurs
éléments pour que ceux-ci puissent faire face aux vrais besoins des Eglises nouvelles. Et les facultés
prestigieuses d’un christianisme occidental en déclin déforment et disqualifient actuellement ceux
qui devraient donner une direction et une impulsion supplémentaire à un christianisme en plein
essor dans l’hémisphère Sud.

Ces jeunes ont tout appris des mouvements hérétiques des IIe et IIIe siècles, mais ne savent pas
comment apporter des remèdes aux mouvements hérétiques qui se développent aujourd’hui parmi
leurs peuples à eux. Barth, Brunner, Küng et Tillich ne leur sont d’aucune aide. Et Bultman qui, sur
papier, a démythologisé tout le surnaturel, les rend impotents face au vaudou, à la possession
démoniaque et à la sorcellerie qu’ils retrouvent quand ils rentrent chez eux. Et les missions se
mordent les doigts parce qu’elles ont oublié que la formation doit être interactive, vécue et sur le
tas. Et qu’elle est mieux assurée par les apôtres, prophètes, évangélistes, bergers et enseignants de la
société missionnaire que par des docteurs en théologie, à mille lieues du terrain.

Un enseignement engagé

“Souvenez-vous que, pendant trois ans, jour et nuit, je n’ai pas cessé d’avertir chacun de vous,
même avec des larmes” (20:31). Ce ne fut pas un cours accéléré de quelques semaines, sans plus, ni
un programme académique sec, cérébral, froid. Paul, comme le Seigneur Jésus, enseignait avec
émotion et passion. Le coté affectif a souvent été négligé dans la formation théologique, tandis qu’il
enrichit la relation avec Dieu et les autres et joue un rôle important dans la motivation. Le
perfectionnement au service de Dieu ne peut faire l’économie de l’engagement personnel de
l’enseignant. Paul était aussi un modèle de discipline. Il voulait que les disciples “mettent à profit le
temps présent” ou “fassent bon usage de toute occasion qui se présente” (Eph.5:18). S’il les
avertissait, c’est qu’il ne se contentait pas de les enseigner, mais que, selon l’ordre du Seigneur, il
“leur enseignait à observer tout ce qu’il leur avait prescrit” (Mat.28:20).

Pour Paul, comme pour Jésus, le processus pédagogique n’était pas achevé, tant que les disciples
111

n’avaient pas traduit la leçon en action. Il ne s’agissait pas, pour le maître, de débiter un cours, ni
même d’être captivant, ni même d’assurer que l’élève réponde correctement aux questions de
l’examen. Outre la compréhension des vérités, il fallait aussi leur application. On en arrive vite au
point où on n’apprend rien de plus, si on n’a pas agi en fonction des vérités connues. Celles-ci
doivent descendre de la tête au coeur, mais aussi jusqu’aux mains et aux pieds. Nul doute que
certains à Ephèse ne l’entendaient pas d’emblée de cette oreille. C’est peut-être pourquoi il arrivait
à Paul d’être ému en les exhortant.

Une formation au carrefour de la société

Ephèse était le chef-lieu de la province romaine d’Asie. Une cité portuaire, elle devint un centre de
commerce prospère. Mais elle devait surtout son importance au temple de la déesse Diane, une des
sept merveilles du monde, que visitaient des pèlerins en provenance de tout le Moyen Orient. Ses
prêtres devinrent immensément riches et jouèrent les banquiers pour les régions d’alentour. La
fabrication d’objets religieux rapportait un gain important à ses orfèvres et à ses artisans (19:23-28).
Ce fut un centre géographique, commercial, religieux, financier, industriel et politique. Par
conséquent, la situation de l’école permettait à ses élèves de toucher les habitants de toute la
province, qui se rendaient, pour n’importe quelle raison, à Ephèse. Le réseau routier qui rayonnait
de la ville conduisit ceux qui y avaient été formés vers “tous ceux qui habitaient l’Asie, Juifs et
Grecs” pour leur faire entendre la parole du Seigneur (19:10). Le caractère cosmopolite de la ville
facilitait l’évangélisation des différentes couches de la population. Les écoles ne doivent donc pas
se percher au sommet d’une colline, ni s’isoler derrière de hauts murs, mais pénétrer les grands
centres et assurer une présence aux carrefours de la société humaine. Aujourd’hui, il faut considérer
l’internet comme l’un de ces carrefours, mais non le seul.

Un apprentissage sur le tas

A peine arrivé à Ephèse avec Priscille et Aquilas, Paul, le missionnaire, montre l’exemple: “Il se
rendit à la synagogue et y discuta avec les Juifs. Ils lui demandèrent de rester plus longtemps”
(18:19,20). Priscille et Aquilas, bergers, ouvrent immédiatement leur maison, y prennent Apollos
sous leur aile (18:26), et y accueillent l’église naissante d’Ephèse (1 Cor.16:19), ainsi que ses
pasteurs en herbe (20:28). Ceux-ci voient d’emblée devant eux comment s’y prendre pour s’occuper
du troupeau. Timothée, évangéliste, se fait accompagner de ceux qui suivent l’enseignement de
Paul (19:9) de sorte que ceux-ci sèment la parole du Seigneur dans toute la province. Les
enseignants étaient des hommes de terrain. Les élèves inscrits à l’école d’Ephèse ne s’y sont pas
trouvés dans une tour d’ivoire ou en serre chaude. Ils avaient eu l’occasion, pendant deux ou trois
ans, d’observer la mise en pratique de tous ces ministères. Le travail de l’apôtre et de sa faculté de
formateurs, pour fonder et édifier l’Eglise à Ephèse, fut pour eux une leçon de choses
indispensable.

Plus tard, des professeurs dans certaines écoles et facultés seront des experts en chambre. Ils se
satisferont de dire aux étudiants en classe quoi faire, au lieu de démontrer également sur le terrain
comment faire. On reproduit selon son espèce. Si on dit qu’il faut évangéliser et implanter des
églises et qu’on ne le fait pas, on reproduit des gens qui disent qu’il faut évangéliser et implanter
des églises, mais qui ne le font pas. C’est le phénomène inéluctable de la transmission. La formation
académique ne prépare pas toujours l’élève à résoudre les problèmes qu’il rencontrera dans les
situations concrètes du terrain. Il apprendra des réponses à des questions n’ayant rien à voir aux
réalités auxquelles il devra faire face. En plus de l’acquisition de connaissances, il faut développer
les aptitudes. Des études on montré les divergences de vues entre professeurs de théologie, pasteurs
et membres d’église quant aux priorités à respecter dans la formation au service. L’important pour
les professeurs tend à être les connaissances théologiques. Pour les pasteurs, ce sont les
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compétences relationnelles. Pour les chrétiens ordinaires c’est la spiritualité, la piété personnelle.

S’il faut profiter au maximum des possibilités offertes par l’enseignement à distance et par internet,
il faut également en comprendre les limites. Une aptitude à ce mode de travail n’est pas donné à
tous. Et tous ne disposent pas d’un ordinateur. Développer un cours en ligne coûte cher. Il a aussi
un prix élevé en termes d’accompagnement. Outre des forums de discussion, il faut également des
tuteurs, hommes d’expérience, accessibles par téléphone et courrier électronique. Ceux-ci doivent
aussi assumer la gestion des réponses aux questions d’examen. Et cette acquisition de
connaissances doit encore être complétée par l’apprentissage des ministères dans le cadre de
l’Eglise locale ou de la société missionnaire. L’élève doit être confronté aux réalités, mais sous la
direction de mentors chevronnés. Mais il n’est pas facile d’en trouver qui soient à la fois compétents
et disponibles. Il reste encore à prouver qu’il soit possible de “faire des disciples” à distance ou par
internet. Pourtant, le discipulat est un des principaux éléments de l’ordre missionnaire de Jésus
(Mat.28:19). La technologie a ses limites quand il s’agit de remporter des victoires spirituelles.

On ne peut s’empêcher de penser au Seigneur Jésus lui-même et aux douze disciples qui furent à
son école pendant trois ans. Il les enseignait, vivait devant eux dans la sainteté, leur montrait
comment faire, et dirigeait leur apprentissage. Il ne les enseignait pas seulement en vue d’un
ministère futur, mais il leur assurait sur le champ, l’expérience d’un vrai ministère bien pensé et
expliqué. Leur préparation se déroulait dans le contexte authentique du vécu, du cadre social dans
lequel ils seraient appelés à servir. Jésus les avait avec lui (Mc.3:14a), il les envoyait prêcher
(Mc.3:14b) et les faisait revenir ensuite auprès de lui pour faire rapport de leur activité (Mc.6:30).
La formation théologique s’opère mieux dans le cadre d’un ministère présent, qu’uniquement en
vue d’un ministère futur. On apprend mieux quand on voit l’utilité pratique des vérités enseignées,
et qu’on en fait un usage immédiat.

Cependant, au contraire de l’école à Ephèse qui avait plusieurs formateurs, Jésus était seul pour la
formation de son groupe de disciples. Il réunissait cependant en sa personne, tous les dons
nécessaires au perfectionnement des disciples en vue de l’oeuvre du ministère et de l’édification de
son corps. Jésus était apôtre (Héb.3:1), fondateur d’Eglise (Mat.16:18), prophète (Luc 1:76),
évangéliste (Luc 4:18,43; 8:1; 20:1), berger (Jean 10:11; 1 Pi.2:25) et enseignant (Mat.22:16-
didaskalos et didasko). Plus que toute autre corps d’élèves, ce groupe des douze fut consacré au
service de l’Eglise universelle, car ils étaient appelés à en poser les fondements. Mais Jésus les
préparait aussi à un service dans le monde entier en imprimant à leur formation un caractère
itinérant. Il parcourait le pays à leur tête en les enseignant par la parole et par le geste, du Nord au
Sud et d’Est en Ouest.

Il n’est pas étonnant qu’on trouve des traces de centres de formation dès les années qui suivirent la
mort des apôtres. Justin le Martyr (103-165) enseigne à Ephèse, probablement dans la continuation
de l’école fondée par Paul. Il fonde lui-même une école à Rome vers l’an 150. Irénée (125-200) est
originaire de l’Eglise à Smyrne, fruit de l’évangélisation de l’Asie mineure par les disciples de
l’école d’Ephèse. Il établit à son tour une autre école dans cette province. Clément fonde une école
à Alexandrie vers 189, et Tertullien, un peu plus tard, en Afrique du Nord. Le centre de
perfectionnement au ministère chrétien n’est pas une invention moderne. Au VIe siècle on trouve
des écoles pour la formation de missionnaires aux îles britanniques à Iona et à Lindisfarne
(Latourette II, p.59). Ces moines celtes contribuèrent pendant plusieurs siècles à l’évangélisation du
continent Européen.

Et le nombre d’écoles ne fait qu’augmenter partout au cours des années. Au Moyen Âge elles se
situent souvent dans les monastères. C’est là qu’on copiait et recopiait la Bible et les écrits des
Pères de l’Eglise et que ces trésors spirituels et théologiques furent sauvegardés. Par la suite,
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grands et petits séminaires sont établis au sein du Catholicisme et de l’Orthodoxie par des ordres
religieux. Dès la réforme, et dans le protestantisme en général, les différentes confessions et
dénominations mettent l’accent sur la formation des pasteurs et fondent des facultés de théologie
universitaires. Et les sociétés missionnaires ouvrent des écoles bibliques de par le monde. Il existe
aujourd’hui sur terre, des milliers de centres de types divers, pour le perfectionnement au service
chrétien.

Ni le but de la formation, ni sa pédagogie n’ont changés en 2000 ans de temps. Il faut toujours
chercher à développer l’aptitude du plus grand nombre à accomplir ces types de service qui
contribueront à l’édification de l’Eglise universelle. L’enseignement doit être accessible, interactif,
doctrinal et se fera également par l’exemple des formateurs. Les élèves feront un apprentissage sur
le tas. Que Dieu multiplie dans le monde entier le nombre des sociétés missionnaires calquées sur le
modèle de celle du Nouveau Testament, ainsi que le nombres des écoles de formation établies par
elles parmi toutes les nations.

TABLE DES MATIERES

INTRODUCTION
1. LA SOCIETE MISSIONNAIRE DANS L’HISTOIRE DE L’EGLISE

Première partie - UNE SOCIETE


2. LES PERSONNES QUI LA COMPOSENT
3. SON CARACTERE ORGANISE
4. SES EQUIPES
5. SON DIRECTEUR
6. LA VALIDITE ACTUELLE DE L’APOSTOLAT

Deuxième partie - UN ENGAGEMENT


7. LA VOCATION MISSIONNAIRE
8. LA CONFIRMATION DE L’APPEL PAR L’EGLISE
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9. L’ENGAGEMENT DES MISSIONNAIRES DANS UNE SOCIETE


10. LE SOUTIEN FINANCIER DES MISSIONNAIRES

Troisième partie - UN FONCTIONNEMENT


11. LE FONCTIONNEMENT DES EQUIPES
12. L’APPUI DES EGLISES EN FAVEUR DES MISSIONNAIRES
13. LES RESPONSABILITES DES MISSIONNAIRES ENVERS LES EGLISES D’ENVOI
14. LE ROLE DU DIRECTEUR PAR RAPPORT AUX MISSIONNAIRES
15. L’APPUI DES MISSIONNAIRES AU DIRECTEUR

Quatrième partie - UNE ACTION


16. ELEMENTS DE L’ACTION MISSIONNAIRE
17. LES MOYENS DE L’ACTION MISSIONNAIRE
18. LA PRIERE DES MISSIONNAIRES

Cinquième partie - UNE FORMATION


19. L’ECOLE MISSIONNAIRE
20. LA PEDAGOGIE DE L’ECOLE

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