KC Du Sein
KC Du Sein
KC Du Sein
I. INTRODUCTION :
Le cancer du sein est le plus fréquent des cancers de la femme en France : 53 000 nouveaux cas par an, à l'origine
de 11500 décès / an.
Une femme sur 9 risque d'en être atteinte au cours de son existence.
Le cancer du sein est en augmentation dans les pays développés, du fait de l'allongement de la durée de vie, du recul de
l'âge à la première naissance et des habitudes alimentaires.
L'adénocarcinome mammaire est une maladie diffuse de l'épithélium glandulaire avec passage de l'hyperplasie
atypique au carcinome in situ puis à la tumeur invasive avec rupture de la membrane basale
Le cancer débute le plus souvent dans les canaux galactophoriques (cancers canalaires), parfois dans les lobules
galactophoriques terminaux (cancers lobulaires).
L'extension se fait avant tout vers les ganglions axillaires de l'aisselle (de bas en haut, puis vers le creux sus-
claviculaire).
Les métastases ganglionnaires sont d'apparition précoce, souvent à un stade infraclinique de la maladie.
Les sites métastatiques les plus fréquents sont : ganglions axillaires, os, poumons, foie.
Facteurs hormonaux :
Le cancer du sein est dit « hormonodépendant », en raison du rôle favorisant d'un terrain d'hyperoestrogénie absolu ou
relatif :
Puberté précoce.
1ère grossesse tardive (> 35 ans).
Absence d'allaitement.
Nulliparité.
Ménopause tardive (> 52 ans).
Traitement hormonal substitutif de la ménopause prolongé (> 10 ans).
Contraception oestroprogestative : augmentation très faible du risque.
Obésité (aromatisation des androgènes en œstrogènes dans les adipocytes).
Facteurs familiaux :
Hyperplasies canalaires atypiques : prolifération anormale mais non cancéreuse de cellules des canaux
galactophoriques.
Néoplasie intra-lobulaire de type 1 et 2 : c'est un marqueur de haut risque de survenue d'un cancer infiltrant.
Contrairement au carcinome intra-canalaire, elle ne se transforme pas en cancer.
Facteurs environnementaux :
NB :
La contraception oestroprogestative augmente très légèrement le risque de cancer du sein (RR = 1,2).
Ce risque disparaît dix ans après la fin de l'utilisation de la contraception oestroprogestative.
En revanche, la contraception oestroprogestative réduit le risque de cancer de l'ovaire et de l'endomètre.
IV. ANATOMOPATHOLOGIE :
V. DIAGNOSTIC :
Circonstances de découverte :
Au cours du dépistage : autopalpation des seins, examen clinique mammaire annuel (surtout après 35 ans) ou
dépistage mammographique.
Tuméfaction découverte par la patiente ou lors d'un examen clinique.
Anomalie du mamelon : rétraction, écoulement séro-sanglant unipore, lésion eczématiforme évocatrice d'une
maladie de Paget du mamelon).
Sein inflammatoire : placard érythémateux et œdémateux pouvant mimer une infection du sein.
Adénopathie ou métastase prévalente faisant rechercher le cancer primitif. Il faut savoir penser à un cancer
du sein devant une fracture d'origine métastatique.
Diagnostic clinique :
INTERROGATOIRE :
Facteurs de risque, antécédents familiaux, gynécologiques (ménopause ? THM ?) et obstétricaux, date
d'apparition de l'anomalie...
EXAMEN CLINIQUE :
Bilatéral et comparatif (patiente assise puis couchée), noté sur un schéma daté (siège, quadrant du
sein), taille (T de la TNM), mobilité, adénopathies...
o Inspection : recherche une ride, un méplat, un capiton, une rétraction du mamelon.
o Palpation : Nodule dur, irrégulier, indolore avec recherche :
D'une adhérence cutanée spontanée ou provoquée (apparition d'une ride, d'un
capiton en refoulant la tumeur et en la pinçant entre le pouce et l'index)
D'une adhérence au muscle grand pectoral (manœuvre d'adduction contrariée
de Tillaux).
NB :
Manœuvre de Tillaux : Cette manœuvre est destinée à mettre en évidence une éventuelle adhérence de la tumeur
au muscle grand pectoral : la mobilité de la tumeur sur le plan profond est diminuée lorsqu'on fait contracter le
grand pectoral, en s'opposant au mouvement d'adduction du bras de la patiente.
Examens complémentaires :
Le bilan standard d'imagerie repose sur la mammographie couplée à une échographie. Contrairement au
dépistage, au moins 3 incidences sont réalisées (face, profil, oblique externe) +/- clichés d'agrandissement ou
de compression (permettant d'étaler la glande).
Opacité dense, hétérogène, à contours irréguliers, spiculée « image stellaire » ; rétractile ; classiquement
plus petite que la tumeur, entourée d'un halo clair œdémateux. Parfois, rétraction et/ou épaississement cutané
en regard de la tumeur.
Microcalcifications punctiformes, groupées en foyer, irrégulières (témoins en général d'un carcinome in situ
associé).
Echographie mammaire (surtout chez les femmes jeunes aux seins denses) : recherche d'un nodule mal circonscrit,
hypoéchogène, désorganisé sans renforcement postérieur.
Afin d'organiser la prise en charge chirurgicale, le diagnostic histologique est pré-opératoire. Il repose sur la biopsie
transcutanée de la lésion avec analyse anatomopathologique du produit de la biopsie.
Microbiopsies au pistolet : c'est la technique réservée pour les tumeurs palpables ou repérables en échographie.
Elle est réalisée sous guidage échographique.
Macrobiopsies au Mammotome : cette technique concerne les lésions non palpables et non repérables en
échographie, c'est-à-dire typiquement les foyers de microcalcifications. La biopsie se fait sous guidage
stéréotaxique (= radioguidage).
Bilan d’extension :
VI. LA MAMOGRAPHIE :
C'est une radiographie des seins. Le sein est écrasé entre 2 plaques, permettant d'étaler la glande mammaire pour une
étude plus précise de celle-ci.
Il faut savoir que les femmes jeunes ou les femmes ménopausées sous THM ont des seins denses plus difficilement
explorables à la mammographie. L'échographie mammaire est alors indispensable en complément de la
mammographie.
Dans le dépistage de masse du cancer du sein, il est réalisé au minimum 2 incidences tous les 2 ans pour toutes les
femmes de 50 à 74 ans :
VII. CLASSIFICATION :
Classification TNM :
Adénopathies :
Métastases :
Classification pTNM :
A la différence de la classification TNM qui est faite à partir des données de l'examen clinique, la classification pTNM
est faite en post-opératoire, à partir des résultats des analyses histologiques de la pièce opératoire mammaire et du(es)
ganglion(s) sentinelle(s) et/ou du curage axillaire.
Prolifération néoplasique intra-galactophorique, s'étendant dans les canaux de l'arbre galactophorique. Elle peut
être isolée ou retrouvée associée à un cancer infiltrant. La nécrose de ces cellules est à l'origine de dépôts
calcaires intra-galactophoriques.
A la mammographie : visualisation de microcalcifications typiquement groupées en amas, poussiéreuses,
dessinant parfois les canaux galactophoriques.
Traitement : exérèse chirurgicale passant en tissu sain.
Soit traitement conservateur (zonectomie) avec mesure des marges de résection, suivi d'une
radiothérapie.
Soit traitement radical (CIS étendu et/ou multifocal) : mastectomie.
La reconstruction mammaire est alors systématiquement proposée.
Métastase prévalente :
éi
Rare (< 1 % des cancers du sein), mais le diagnostic doit être évoqué devant une tumeur irrégulière, indolore,
rétromamelonnaire apparue chez un homme.
Une recherche de mutation génétique (le plus souvent BRCA2) est indispensable de même qu'un examen
prostatique à la recherche d'un cancer de la prostate (examen clinique, dosage PSA).
NB :
Classification de PEV :
PEV 0 : absence de signe inflammatoire.
PEV 1 : doublement du volume tumoral en moins de 6 mois.
PEV 2 : signes inflammatoires en regard de la tumeur et affectant moins du tiers de la peau du sein.
PEV 3 : signes inflammatoires étendus à tout le sein (mastite carcinomateuse).
IX. TRAITEMENT :
Moyens : chirurgie, chimio-radiothérapie, hormonothérapie
Le traitement est fonction du stade, de l’envahissement ganglionnaire, de la taille de la tumeur et de l’âge
Si taille < 3 cm : le traitement peut être chirurgical conservateur (tumorectomie ou quadrantectomie)
complété par un curage ganglionnaire axillaire :
o Si ganglions envahis : radiothérapie des aires ganglionnaires.
o En principe, il n’y a pas de chimiothérapie.
Si taille > 3 cm : ablation du sein (intervention de Patey), radiothérapie, chimiothérapie si cure,
hormonothérapie si les récepteurs sont présents.
Si tumeur T4 : uniquement une chimiothérapie et hormonothérapie
o L’hormonothérapie (anti-œstrogène (Tamoxifène) ou progestérone) est bénéfique si la tumeur est
hormono-sensible (présence de RE et RP au niveau de la tumeur) afin d’empêcher la stimulation
des cellules tumorales par les œstrogènes, inhibition compétitive de l’action des œstrogènes par
fixation au niveau de leurs récepteurs
Pronostic : dépend de la taille, l’atteinte cutanée, les adhérences, la différenciation et les RE.
Résultats : survie à 5 ans : 80% pour T1, 50% pour T2, 20% pour T3 et 0-10% pour T4.