Location via proxy:   [ UP ]  
[Report a bug]   [Manage cookies]                

Pfe Fahd Final

Télécharger au format docx, pdf ou txt
Télécharger au format docx, pdf ou txt
Vous êtes sur la page 1sur 110

LA DUALITÉ DES ENJEUX EN MATIÈRE DE CONTROLE

FISCAL

Encadré par :

Professeur Tarik LEGDALI

Réalisé par :

ETTOUBI Mohamed Fahd

Année universitaire :

2019- 2020
AVERTISSEMENT

« La faculté n’entend accorder ni approbation, ni improbation


aux opinions émises dans ce mémoire, celles-ci devant être
considérées comme propres à leur auteur ».

2
Remerciement

Avant tout développement, je souhaite adresser mes remerciements les plus


sincères au professeur Tarik LEGDALI pour ses précieux conseils dans la conduite et
la poursuite de mon travail.

Toute mes gratitudes à mes parents sans qui rien n’aurait été possible, mes plus
vifs remerciements s’adressent aussi à tout le corps professoral et administratif de la
faculté des sciences juridiques économiques et sociales Mohammedia pour le travail
énorme qu’ils effectuent pour nous créer les conditions les plus favorables pour le
déroulement de notre formation.

Mes remerciements vont enfin à toute personne qui a contribué de près ou de


loin à l’élaboration de ce travail…

SOMMAIRE

3
ABRÉVIATIONS

INTRODUCTION

PREMIERE PARTIE : LE CADRE JURIDIQUE ET ORGANISATIONNEL DE


CONTROLE FISCAL

CHAPITRE PREMIER : LES MODALITES LEGALES DE CONTROLE FISCAL

Section 1 : L'architecture légale de contrôle fiscal


Section 2 : Les moyens de contrôle fiscal
Section 3 : Constats, Critiques et Suggestions

CHAPITRE SECOND : CHRONOGRAPHIE DE CONTROLE FISCAL

Section I : Préparation de contrôle fiscal


Section 2 : Mise en œuvre de contrôle fiscal
Section 3 : Examen des irrégularités et des défaillances

DEUXIEME PARTIE : LES IMPLICATIONS DE CONTROLE FISCAL &


GARANTIES DU CONTRIBUABLE

CHAPITRE PREMIER : LES PROCEDURES DE REDRESSEMENT

Section I : Procédure normale de redressement


Section 2 : Procédure de taxation d'office
Section 3 : Constats, Critiques et Suggestions

CHAPITRE SECOND : LES GARANTIES DU CONTRIBUABLE

Section 1 : Les Garanties légales et procédurales du contribuable


Section 2 : La matérialisation du recours administratif et judiciaire
Section 3 : Constats, Critiques et Suggestions

BIBLIOGRAPHIE

TABLE DES MATIERES

TABLE D’ABRÉVIATIONS

4
BRR : BRIGADE DE RECHERCHES & RECOUPEMENTS
CA : CHIFFRE D’AFFAIRES
CGI : CODE GENERAL DES IMPOTS
CGNC : CODE GENERAL DE LA NORMALISATION COMPTABLE
CLT : COMMISSION LOCAL DE TAXTATION
CNRF : COMMISSION NATIONALE DE RECOURS FISCAL
DG : DIRECTION GENERALE
DF : DIRECTION FINANCIERE
DGI : DIRECTION GENERALE DES IMPOTS
D D : DEPOT DE DECLARATION
E M : ERREUR MATERIELLE
IR : IMPOT SUR LE REVENU
IS : IMPOT SUR LES SOCIETES
LF : LOI DE FINNACE
NTIC : NOUVELLE TECHNOLOGIE D’INFORMATION ET DE COMMUNICATION
U.E : UNION EUROPEENNE
TVA : TAXE SUR LA VALEUR AJOUTEE
VA : VALEUR AJOUTEE

5
Introduction

6
La construction d’un état démocratique moderne est un processus dans lequel le
Maroc est engagé depuis de nombreuses années, et qui connaît une accélération forte avec
l’adoption du nouveau texte constitutionnel de 2011, ainsi les changements géopolitiques
que connait le Maroc.

Dans ce cadre, l’instauration d’une politique fiscale juste et équitable constitue une
condition majeure. Cette question est de fait abordée dans le texte fondateur à travers les
articles 39 et 75, marquant de façon claire le principe de l’égalité devant l’impôt, et
attribuant aux représentants de la Nation au sein du Parlement, la compétence générale en
matière fiscale, par le biais du vote de la loi de finances. 1

La fiscalité marocaine, avec ses avancées, ses contraintes et les résistances au


changement que connaît tout système fiscal, est un processus en évolution continue, et qui
a été marqué par plusieurs inflexions, notamment suite à la grande réforme de 1984. Une
réforme, imposée par la crise économique du pays et dont l’objectif essentiel était de sortir
d’un système devenu complexe et très peu efficace, et de passer à un nouveau système
fiscal, à la fois cohérent, efficient et plus universaliste. La fiscalité marocaine s’est ainsi
rapprochée dans son architecture globale des grands systèmes d’imposition qui constituent
des références à l’échelle internationale. 

Par ailleurs et dès 1995, le Maroc a fait le choix d’une économie ouverte, avec une
volonté d’ancrage à l’économie mondiale, et a entrepris de vastes chantiers de
modernisation et de démantèlement douanier à travers une politique ambitieuse
d’ouverture à l’international, appuyée par les accords de libre-échange avec de nombreux
pays et zones économiques importantes.

Aujourd’hui, les droits de douane ayant été fortement réduits, l’impôt constitue
l’essentiel des recettes de l’Etat. 2

La fiscalité présente ainsi un intérêt majeur, d’abord pour les finances publiques, qui
jouent un rôle capital dans l’ordre économique et social du pays, et permettent à l’Etat de
faire face notamment aux dépenses de fonctionnement et d’investissement nécessaires à la
mise en œuvre et le financement des services publics.3
1
Le système fiscal marocain : développement économique et cohésion sociale, , p. 15

2
Noureddine Bensouda, analyse de la décision fiscal au Maroc, édition Editif, 2008, p.404.

3
Trotobas (L) droit fiscal, Paris, Dalloz, 8é édition, 1996, p.143.

7
L’impôt est aussi important pour le Citoyen, il constitue un lien entre ce dernier et
l’Etat, dans la mesure où il y est soumis comme contribuable et il bénéficie en retour, des
services publics financés par l’impôt. Dans toute action, dans tout acte, dans toute activité
économique et sociale, l’impôt justifie l’utilisation d’un service financé totalement ou
partiellement par l’Etat. Ainsi, le citoyen est aussi intéressé par les recettes et les bases sur
lesquelles elles sont assises que leur utilisation dans le cadre de différentes dépenses de
l’Etat. 4

Généralement, l’impôt peut être perçu comme l’outil principale de financement des
charges étatiques ; c'est un versement obligatoire et sans contrepartie aux administrations
publiques. Il sert principalement à financer les dépenses publiques et peut constituer
également un moyen de régulation de l’activité économique. En effet, le triomphe de
l’idéologie libérale exige l’acceptation de l’impôt, sous un système fiscal de
responsabilités, dit un système fiscal déclaratif dont lequel le Maroc s’est inscrit.

Le système fiscal marocain, dans sa pratique, est basé sur le principe de déclaration,
la plupart des impôts supposent une initiative de déclaration de la part des assujettis (IS,
TVA, Droits d’Enregistrements etc.). D’autres impôts, plus simples à cerner à la base, sont
plutôt prélevés à la source (IR sur les salaires, prélèvements sur les placements financiers),
sur une base également déclarative par les organismes responsables des prélèvements
(Employeurs, Banques etc.).

Le système fiscal marocain est très largement utilisé par l’autorité gouvernementale
comme levier économique d’incitation, soit à l’investissement de façon générale (charte de
l’investissement de 1995), ou à l’investissement plus particulièrement dans tel ou tel
secteur (logement économique, offshoring etc..).

A cet égard, La pratique fiscale et la relation entre l’Administration et les


contribuables se reflètent dans la procédure du contrôle fiscal ; conséquence naturelle du
système fiscal déclaratif et se perçoivent au niveau du système des sanctions mis en place
et aussi bien dans les attentes des contribuables que de celles de l’Administration.5

Le système fiscal marocain repose essentiellement sur le régime déclaratif. A ce titre,


ce sont les contribuables qui établissent leurs déclarations fiscales et Procèdent à la
liquidation et au paiement de l’impôt sous leur propre responsabilité.

4
Bouvier (M), Introduction au droit fiscal général et à la théorie de l’impôt, Paris, LGDJ, 2001, 4éme édition,
p.101.
5
Dictionnaire fiscal, groupe Revue Fiduciaire, 2000, p.241.

8
Ce régime comportant par la force des choses des risques d’erreurs et d’omissions, ne
peut limiter les tentatives de fraude, sans parler des divergences d’interprétation devant la
diversité des situations nées de l’application des dispositions fiscales.6

C’est la raison pour laquelle, le législateur a doté l’Administration fiscale d’un droit
de contrôle de ces déclarations. Le contrôle fiscal est donc la contrepartie logique et
objective du régime déclaratif.

La loi fiscale reconnaît à l’administration fiscale certains droits dont la nature et


l’étendue ont pour objet de faciliter à celle-ci le contrôle fiscal :

• Droit de contrôle ;

• Droit de constatation ;

• Droit de communication ;

• Droit de préemption ;

En parallèle, l’administration fiscale dispose également :

• D’un pouvoir d’appréciation ;

• D’un droit de contrôle des prix et déclarations estimatives.

le contrôle fiscal est donc la contrepartie d'un système déclaratif qui permet à
l’administration fiscale d’une part de vérifier les déclarations, actes et opérations, et
d’autre part d’assujettir l’impôt à tout contribuable qui s’est partiellement ou entièrement
soustrait, en vue de réparer les omissions, insuffisances et inexactitudes constatées dans
l’assiette ou le recouvrement des impôts et taxes.

Dans le deuxième livre du CGI un titre premier intitulé "le contrôle de l’impôt",
englobe 38 articles, qui ne définissent pas le contrôle fiscal mais encadrent les moyens
juridiques du contrôle fiscal, détenus par l’administration générale des impôts (D.G.I).

6
Lambert (M), contrôle fiscal : droit et pratiques, Paris, P.U.F, 2 é édition, 1998, p.14.

9
Comme l’impôt, le contrôle fiscal contribue à la réalisation des missions
économiques, financières, sociales et même politiques, de sorte que ses enjeux connaissent
une grande diversité que nous pouvons les limiter à trois objectifs majeurs :

- Le premier est une finalité budgétaire où l’Etat cherche à maximiser le rendement


financier de l’impôt.

- Le deuxième est consacré au pouvoir répressif dont jouie l'administration à


l'encontre des contribuables frauduleux.

- Le troisième est consacré aux garanties attribuées aux contribuables face aux
prérogatives de l’administration.

Donc suite à la nature du système déclaratif et afin de valider les résultats déclaratifs
où la plupart des impôts sont établis d’après les indications figurant dans les déclarations
souscrites par les sociétés ou les entreprises individuelles , et même pour les personnes
physiques ; les déclarations fiscales nécessitent en contrepartie un contrôle d'après lequel
l’administration fiscale en fait recours en vue de vérifier la véracité de ces déclarations
souscrites ,et ce , à travers le biais des procédures de contrôle fiscal.7

C’est dans ce contexte qu’on va voir à travers ce thème les différentes démarches et
les procédures en matière du contrôle fiscal, à savoir ses modalités et ses implications.

Cependant, il y a lieu de discerner les avantages et les prérogatives octroyés par le


législateur à l’administration au détriment du contribuable vérifié, et les garanties
accordées à ce dernier8.

Lorsque l’on parle des procédures de contrôle fiscal, on fait rappel à deux acteurs
principaux, à savoir l’administration et le contribuable. A ce niveau les règles de jeu "se
résument dans la définition des garanties de l’un et de l’encadrement des pouvoirs de
l’autre".9
7
le C.G.I, institué par l’art. 5 de la loi de finances n°43-06 pour l’année budgétaire 2007, et l’un des principaux
réformes tendant à l’amélioration de l’impôt au Maroc, grâce à son codification dans un seul texte de tous les
dispositions relatives à l’assiette au recouvrement et aux procédures fiscales en matière d’IS, d’IR, de TVA, D.E,
D.T et T.S.A.V.A.
8
Il est noter ici que l’administration est dans le nouveau régime « le sujet actif », elle se voit attribuer par la loi «
des droits ou des pouvoirs déterminées ». Quant au contribuable « sujet passif », la loi lui impose « des obligations
déterminées »
Baylac, le formalisme en droit fiscal, Paris, L’Harmattant, 2002, p. 68.
9
Leroy (M), le contrôle fiscal une approche cognitive de la décision administratives, Paris, l’Harmattan, 1998,
p.288.
On parle des taxes locales confiée aux collectivités territoriales et qui sont au nombre de 17 taxes. Ainsi, on néglige
dans ce travail les impôts et les taxes entrant dans la gestion de la direction de douane notamment la TVA à

10
En d’autres termes notre problématique se penche sur " la recherche de la situation
actuelle des procédures de contrôle fiscal en droit marocain, en analysant les textes de la
loi qui régit le contrôle fiscal. Ainsi, chercher les implications et la réalité de son
application sur le paradoxe des garanties du contribuable face aux pouvoirs de
l'administration fiscale". En vue de fournir une image complète concrétisant où l’Etat
marocain s’est arrivée dans ses démarches de contrôle fiscal.

A cet égard, plusieurs questions doivent être traitées :

-Comment la loi encadre les pouvoirs de la D.G.I et comment elle définit les garanties
des contribuables ?

-Quels sont les outils juridiques ou les pouvoirs détenus par la D.G.I encadrant
l’exercice du contrôle fiscal ?

-Comment la loi adapte-elle les outils du contrôle fiscal devant la diversité des impôts
et des personnes vérifiés ?

-Quelles sont les modalités d’après lesquelles la DGI contrôle effectivement l’impôt ?

-Quels sont les implications et les suites d’un contrôle fiscal ?

-Comment la D.G.I répare et rectifie-elle les omissions, insuffisances et inexactitudes


constatées dans les déclarations des contribuables ?

-En quoi se concrétise le pouvoir répressif de l’administration face au contribuable ?

-De plus, quelles sont les garanties des contribuables face aux pouvoirs de contrôle et
de rectification ?

-Quelle est la structure administrative adoptée par la D.G.I pour assurer le contrôle
fiscal ?

-Et en ce qui concerne les recettes fiscales, jusqu’à quel point le contrôle fiscal
constitue un levier économique et quelle est son efficacité dans la lutte contre
l’indiscipline fiscale ?

l’importation.
L’administration fiscale Marocaine se compose de quatre administrations : la Direction Générale des Impôts, les
collectivités territoriales, la Direction de la Douane et des impôts indirectes, la Trésorerie Générale du Royaume.

11
L’analyse du droit et le questionnement de la pratique, exige, comme souligne
Salamon, "de partir de la règle abstraite pour arriver à une conclusion en passant par des
situations concrètes à réagir". 10

Ainsi, afin de répondre à notre problématique, nous allons faire recours à la méthode
analytique qui consiste à aller du droit au fait et du fait au droit, puis on va procéder à une
décortication analytique des procédures de contrôle fiscale et ce, à travers les textes de lois
qui en régissent, et bien encore une lecture des statistiques qui mènent vers des constats
décrivant la réalité du contrôle par rapport à sa finalité au regard de ses moyens.

A ce niveau on va adopter le plan suivant :

Une première partie, comme titre de rappel, sera consacrée à mettre en évidence les
modalités du contrôle fiscal et par conséquent expliquer les pouvoirs attribués par la loi à
la D.G.I en vue de contrôler les contribuables, c'est-à-dire qu'on va traiter les outils et les
mécanismes juridiques permettant d’exercer un contrôle fiscal, et ce, en vue de mesurer
son efficacité.

Une deuxième partie met en évidence les implications des modalités du contrôle
fiscal. A ce niveau, on va analyser les mesures de rectifications des bases imposables, et
les garanties des contribuables face aux pouvoirs de contrôle, en vue de déterminer les
vices de procédure et d’examiner la réalité du contrôle fiscal sur la lumière d’un arsenal
jurisprudentiel.

Salamon (J.A), la construction juridique du fait en droit international public, in archives de philosophies du droit,
10

Paris, Sirey, tome 32, 1987, p.135.

12
Première partie
LE CADRE JURIDIQUE ET ORGANISATIONNEL DE
CONTROLE FISCAL

CHAPITRE PREMIER : LES MODALITES LEGALES DE


CONTROLE FISCAL
Il est judicieux de mettre en évidence que le contrôle de l'impôt constitue la contrepartie
d'un système déclaratif ; à ce niveau nous nous contenterons de présenter :

13
Section I- Le contexte légal de contrô le fiscal :
1- Types et motifs de contrôle :

Afin de valider les résultats déclaratifs où la plupart des impôts sont établis d’après
les indications figurant dans les déclarations souscrites par les sociétés ou les entreprises
individuelles ; la véracité des déclarations est mise en doute et peut être sensée « Présumés
inexactes » ! dans toutes les sphères s’y rattachant à ce domaine (service des impôts :
culture Fiscale au Maroc) il y a lieu donc la possibilité à l’administration fiscale de vérifier
la véracité de ces déclarations souscrites.

Ce contrôle a pour Objectif :

1- Eviter la minoration des rentrées fiscales ;

2- Rétablir l’égalité fiscale ;

3- Vérifier la bonne application des textes fiscaux par les particuliers et les
entreprises ;

4- Rectifier les erreurs dans les déclarations ;

5- Dissuader ceux qui seraient tentés de se soustraire à leurs obligations ;

6- Réprimer « les comportements fraudeurs ».

En outre les candidats au contrôle sont en principe sélectionnés de manière aléatoire


par le système d’information et d’analyse de risques de la Direction Générale des Impôts.
Cependant, si tous les contribuables sont susceptibles de faire l’objet d’un contrôle fiscal,
certains critères ou évènements peuvent augmenter la probabilité de contrôle chez
certaines entreprises. Ainsi, l’expérience a permis d’observer que les critères de
déclenchement les plus récurrents sont les suivants 11:
 

       (i) Programmation sectorielle

11
Examen d’une écriture dont on doute et contre laquelle il y a inscription de faux, pour savoir si elle est vraie ou
fausse. Ce dit aussi de l’éclaircissement de la vérité sur plusieurs faits. Dictionnaire universel François et latin,
tome premier, THA-Z, Volume 7, livre numérique Google, p. 728.
Un groupe d’étude de l’American Accounting Association définit la comptabilité comme étant « le processus par
lequel l’information économique est identifiée, mesurée et communiquée aux utilisateurs dans le but de leur
permettre de formuler des décisions et des jugements éclairés.

14
Durant chaque exercice, l’administration fiscale procède au lancement, à l’échelle
nationale ou régionale, de campagnes de vérification ciblant un secteur d’activité ou une
profession en particulier.

A titre d’exemple, ces dernières années ont été marquées par la vérification des
professions libérales, des cliniques, des promoteurs immobiliers, etc…
         (ii) Dépôt tardif des déclarations fiscales

Les déclarations fiscales, étant la « matière première » sur laquelle travaille


l’administration fiscale, des retards répétés de déclarations ou le dépôt de déclarations
rectificatives sont vus par l’administration comme des indicateurs de profils de
contribuables à risque. Ceux-ci sont donc plus exposés, a minima, un contrôle sur pièces,
au plus à une vérification étendue de leur comptabilité.

        (iii) Recoupement auprès d’autres administrations


L’interconnexion récente du système d’information de l’administration fiscale avec
celui d’autres administrations (tels que l’administration des douanes, la CNSS, l’office des
changes ou la conservation foncière) permet de faire ressortir d’éventuelles incohérences
dans les données communiquées par le contribuable. Ainsi, un décalage relevé entre les
importations déclarées à la douane et les achats comptabilisés, ou entre les retenues à la
source acquittées et les paiements effectués au profit de prestataires non-résidents,
enregistrés par l’office des changes, peut pousser l’administration à déclencher un contrôle
sur pièces ou même une vérification sur place.

       

 (iv) Déficits chroniques
Depuis 2017, l’administration fiscale a tendance à cibler les entreprises déclarant
depuis plusieurs exercices des déficits chroniques importants sans pour autant cesser
d’activité. En effet, le maintien en activité d’un business a priori en perte continue suscite
les soupçons de l’administration quant à l’existence de ventes au noir ou de planification
fiscale agressive.

      (v) Déclarations fiscales divergentes

15
Le recoupement entre les différentes déclarations des contribuables peut donner lieu à
des discordances qui font l’objet d’investigations par les inspecteurs des impôts et qui
peuvent faire l'objet d’un contrôle sur pièces. A titre d’exemple, l’administration fiscale
procède de manière systématique et automatisée à des tests de cohérence de la TVA ou à
des rapprochements entre données comptables du contribuable et les données de certaines
déclarations telle que celle des rémunérations versées à des tiers ou celle des traitements et
Salaires (communément reconnue comme « déclaration 9421 »).12

      (vi) Existence d’un précédent contrôle


Il s’agit dans ce cas d’une situation ou l’administration procède au contrôle d’une
entreprise déjà vérifiée pour s’assurer que les pratiques fiscales erronées, identifiés lors
d’un précédent contrôle fiscal, ont bien été corrigées par le contribuable.

      (vii) Ratios incohérents

L’administration fiscale dispose d’un certain nombre d’indicateurs ou de


« guidelines » par secteur regroupés sous forme de monographies.  De fait et à titre
d’exemple, des ratios de rentabilité trop bas par rapport aux normes du secteur peuvent
pousser l’administration à approfondir ses investigations.   13

      (viii) Opérations de restructuration ou de liquidation

La réalisation d’opérations de liquidation ou de restructuration (fusions, apports


partiels d’actif ou scissions) réalisées notamment en franchise d’impôt est suivie quasi
systématiquement d’une vérification fiscale.

        (ix) Délation
La délation d’une tierce personne (ancien employé, concurrent, etc…) n’entraîne pas
systématiquement un contrôle fiscal mais si les informations communiquées par le délateur
peuvent être facilement corroborées par des éléments probants, cela peut déclencher une
vérification fiscale.
      (x) Echange d’information avec desadministrations fiscales d’autres pays 

12
Voir garanties et droit de contribuables, deuxième partie, première chapitre, section 2.
Article 7 de la loi de finances n° 43-10 pour l’année budgétaire 2011.
13
HAMMOU LAAFOU, Le contrôle fiscal au Maroc : cadre légal et rôle de l’expert comptable, op.cit, p. 32.

16
Ce facteur devrait prendre de plus en plus d’importance dans les années qui viennent
et devrait surtout impacter les filiales de multinationales et notamment celles dont le
chiffre d’affaires consolidé mondial est supérieur à 750 Millions d’euros.

En effet, le gouvernement marocain a récemment signé la convention multilatérale


pour la mise en œuvre des mesures relatives aux conventions fiscales visant à prévenir
l’érosion de la base d’imposition et le transfert des bénéfices, plus communément appelées
mesures anti-BEPS. Il est vrai que cette convention n’est pas encore effective car elle est
toujours en instance de ratification, mais les contribuables doivent d’ores et déjà anticiper
son déploiement, tant ses implications pourraient s’avérer significatives, notamment pour
les groupes multinationaux.14

A ce niveau le contrôle des déclarations s’exerce sous deux formes différentes mais
complémentaires (bureau et sur place) selon l’objectif recherché.

L’administration fiscale dispose également d’un droit de constatation (LF 2006) en


vertu duquel elle peut demander aux contribuables :

-De se faire présenter les factures, les livres comptables, les registres et les documents
professionnels se rapportant à des opérations ayant donné ou devant donner lieu à
facturation et procéder à la constatation matérielle des éléments physiques de
l’exploitation pour rechercher les manquements aux obligations prévues par la législation
et la réglementation en vigueur (art.210 : Code Général des Impôts)

Plusieurs types de contrôle peuvent être effectués par l’administration fiscale dont les
principaux sont les suivants :

1.      Le contrôle sur pièces

Il s’agit d’une procédure de vérification relativement méconnue mais qui devient de


plus en plus utilisée par l’administration.

Dans le cas ou des incohérences sont relevées par le système d’information de


l’administration, l’inspecteur des impôts envoie une demande de renseignements au
contribuable :

14
Pour les sociétés en liquidation le lieu de conservation des documents comptables da la société en liquidation.
Pour les personnes physiques non-résidents le domicile fiscal élu.

17
Si les justifications fournies par le contribuable sont suffisantes ou que celui-ci
procède spontanément à une déclaration rectificative en vue de palier aux anomalies
relevées, l’inspecteur clôt le dossier ;    

Dans le cas contraire, l’inspecteur lance une procédure de taxation d’office ou


propose le   déclenchement d’une vérification fiscale sur place.

Cette procédure, de plus en plus privilégiée par l’administration fiscale, a ainsi


rapporté 3,44 Milliards de dirhams de recettes en 2018, soit 6 fois le montant collecté en
2017, selon le rapport d’activité de la Direction Générale des Impôts pour l’année 2018.

Il a pour objet de s’assurer que les contribuables ont bien déposé leurs déclarations. Il
permet à l’administration :

- d’identifier le nombre des retardataires ;

- et de procéder à leur mise en recouvrement.

Il est exercé par l’inspecteur des impôts chargé du secteur dans lequel se trouve le
siège social ou le principal établissement du contribuable. L’administration a le droit de
procéder à une taxation d’office sur la base des éléments dont elle dispose, dans le cas où
le contribuable ne dépose pas ou ne complète pas sa déclaration dans les délais.15
2.      Le contrôle sur place

Il s’agit de la procédure de vérification « classique » ou l’inspecteur vérificateur se


déplace dans les locaux de l’entreprise ou de la personne physique pour vérifier sa
comptabilité et ses déclarations fiscales sur les 4 derniers exercices non prescrits.

La durée d’intervention de l’inspecteur est de 3 mois si le chiffre d’affaires du


contribuable est inférieur ou égal à 50 Millions de dirhams et 6 mois dans le cas contraire.

Cette procédure connait également une augmentation importante en passant de 3977


dossiers vérifiés en 2017 à 7622 dossiers vérifiés soit une augmentation de 92%, d’après le
rapport d’activité 2018 de la Direction Générale des Impôts.16

2- Vérification de Comptabilité :
15
C’est le chiffre d’affaires déclaré au compte de produits et charges, correspond au montant des ventes de biens et
de services, réalisées par l’entreprise avec des tiers dans l’exercice de son activité professionnelle courante, nettes
des réductions commerciales.
16
HAMMOU LAAFOU, Le contrôle fiscal au Maroc : cadre légal et rôle de l’expert comptable, po.cit, p. 38.

18
La vérification de comptabilité se définit comme l’ensemble des opérations qui ont
pour objet d’examiner sur place la comptabilité d’une entreprise et de la confronter aux
normes du CGNC et du Code Général des Impôts (C.G.I).de l’exactitude des déclarations
souscrites. Elle constitue un moyen dont dispose l’administration pour veiller au respect de
la législation en vigueur et de voir si la situation réelle du contribuable est bien cohérente
avec les revenus qu’il déclare. Elle porte sur toutes les déclarations souscrites concernant
tous les impôts dans la limite du délai de prescription (4 ans en général : Prescription
Quadriennale).

La vérification de comptabilité est le processus systématique qui consiste à obtenir et


à évaluer objectivement des éléments probants concernant une assertion vérifiable portant
sur des activités et des faits, en vue d’établir le degré de conformité de l’assertion avec des
critères établis et à communiquer ensuite les résultats aux utilisateurs intéressés.

La vérification de comptabilité est énoncée par le législateur à l’article 212 du C.G.I


17
mais seulement en précisant les règles de sa mise en œuvre. Cependant, l’article 210
18
"droit de contrôle" prévoit que : « les contribuables, personnes physiques ou morales,
sont tenus de fournir toutes justifications nécessaires et présenter tous les documents
comptables aux agents assermentés de l’administration fiscale (…) ». En effet, une
vérification de comptabilité est un contrôle fiscal proprement dit.

La vérification de comptabilité vise principalement l’activité professionnelle du


contribuable, son entreprise, et autorise un examen au fond et au forme par le vérificateur
des documents comptables du contribuable concerné : « En cas de vérification de
comptabilité par l’administration (…) les documents comptables sont présentés dans les
locaux (…) aux agents de l’administration qui vérifient la sincérité des écritures
comptables et des déclarations souscrites par les contribuables et s’assurent, sur place, de
l’existence matérielle des biens figurant à l’actif (…)»

A ce niveau on va procéder à une présentation des modalités légales de la mise en


œuvre de cette opération :

L’article 212 du C.G.I porte principalement sur l’obligation de notifier au


contribuable un avis de vérification, le lieu et la durée de la vérification et les procédures à
respecter en admettant que tout manquement de la part de l’administration risque
d’entraîner la nullité de la procédure. Le moyen juridique utilisé pour garantir les droits et
les obligations des deux parties, le fisc et le contribuable vérifié, est la procédure.19
17
l’article 212 du C.G.I
18
L’article 210 du C.G.I
19
CGI : article 212, « Pouvoir de vérification de comptabilité ».

19
3- Droit de Constatation :
Par exception de ce qui vient d’être dit, le vérificateur ou l’inspecteur d’assiette peut
intervenir à l’improviste dans l’entreprise, c’est ce que l’on appelle le droit de constatation
(art.210 du C.G.I). Ce contrôle inopiné s’exerce immédiatement après remise d’un avis de
constatation par les agents assermentés de l’administration fiscale qui sont commissionnés
pour procéder à ce genre de constat. Remarque : Signalons que cette procédure toute
récente est prévue par la loi de finance 2006 mais qui reste presque inapplicable à ce jour
(par manque d’effectif).

Juridiquement le constat est le document rédigé par un agent public en vue de


l’établissement de la réalité d’un fait matériel, et comme dit le proverbe français " C’est
une constatation que sont obligés de faire quelquefois certains Hommes, que de sots ont
facilement ce qu’ils n’ont pas". Le C.G.I complète l’article 210, le droit de contrôle de
l’administration, par un droit de constatation de sorte que l’administration fiscale puisse se
déplacer sur place pour contrôler les contribuables soit par :

- Demander aux contribuables la présentation des factures, ainsi que les livres,
les registres et les documents professionnels se rapportant à des opérations
ayant donné lieu ou devant donner lieu à une facturation ;
- Procéder à la constatation des éléments physiques d’exploitation : s’assurer de
l’existence effective des immeubles, machines et toutes autres immobilisations
matérielles, ainsi l’état du stock ... ;

En effet, le pouvoir de constatation peut être mis en œuvre auprès de tous les
contribuables relevant de l’I.S ou de l’I.R selon le régime du R.N.S ou R.N.R, pour
rechercher les manquements aux obligations prévues par la législation et la
réglementation en vigueur.

1. Agent compétent, lieu et période d’intervention

20
Peut être menée par les agents assermentés de l’administration ayant au moins le
grade d’inspecteur adjoint et qui sont commissionnés220 pour procéder au contrôle fiscal.
L’inspecteur des impôts doit motiver sa décision et obtenir l’autorisation de sa
hiérarchie.20
Le droit de constatation s’exerce dans tous les locaux du contribuable concerné
magasins, ateliers, usines, dépôts, bureaux (…) ou peut s’étendre aux locaux où les
documents Comptables sont habituellement traités et conservés, bureau d’un comptable,
fiduciaire, représentant de contribuable. La durée de constatation sur place est fixée au
maximum huit (8) jours ouvrables à compter de la date de remise de l’avis de constatation
et durant les heures d’activité professionnelle propres à l’entreprise concernée par le droit
de constatation.

2. Mise en œuvre de la procédure de constatation

La procédure commence par la remise de l’avis de constatation au contribuable, ou


son représentant ou toute personne travaillant avec lui. Qui accuse réception de cet avis par
la signature à l’emplacement réservé contre récépissé. Puis l’intervention, dite inopiné,
peut commencer immédiatement. Et l’inspecteur procède à relever les manquements aux
obligations prévues par la législation et la réglementation en vigueur, sans que sa
constatation dépasse, au maximum, 8 jours.
La clôture de l’opération est matérialisée par un avis de clôture établi par l’agent en deux
exemplaires et signé à la fois par l’inspecteur et le contribuable, à qui un exemplaire est
remis. Après, dans un délai de trente (30) jours, suivant la date d’établissement d’avis de
clôture, l’agent de l’administration établis un procès-verbal comprenant ses contestations,
listes des pièces dont il se préserve une copie et éventuellement les manquements relevés
sur place. Une copie est remise au contribuable concerné qui dispose d’un délai de 8 jours
pour faire ses observationVu sa nature et partant de proverbe français « Ce n’est pas une
critique, c’est une simple constatation », le droit de constatation ne se traduit par aucune
modification des éléments déclarés et c’est pour cela que cette procédure entre dans les

20
Article 212-I- 6 alinéa du C.G.I Maroc.
Article 212-II-1 alinéa du C.G.I Maroc.

21
pouvoirs d’investigations de l’administration malgré son caractère du contrôle sur place.
Cependant, les constatations qui en découlent peuvent être opposées aux contribuables
dans le cadre d’un contrôle fiscal sur place.
En réalité et dans la mesure où le contribuable s'oppose au droit de constatation, soit
par le refus de présentation des documents dans la tenue est obligatoire, soit le refus
d’accès aux locaux professionnels, le contribuable encourt une amende de 2000 DH,
majorée d’une astreinte de 100 DH par jour de retard dans la limite de 1000 DH.

22
SectionII- Moyens de contrô le :
La vérification de comptabilité est organisée à deux niveaux : central et
régional.
Le service central a pour mission : la programmation et l’orientation des
vérifications
- le suivi des travaux effectués par les vérificateurs nationaux.
- Les services régionaux des vérifications s’occupent de l’exécution de
l’opération du contrôle sur place.
- Les services d’assiette s’occupent des contrôles des sociétés en cession
ou cessation d’activité dont le chiffre d’affaires est inférieur ou égal à 3.000.000
MAD.
1- Attribution de l’Administration Centrale :

Les opérations de contrôle sont coiffées au niveau central par une


direction dite des vérifications fiscales constituée de trois divisions :
- Division des Suivi des dossiers de vérifications des brigades régionales :
Cette division de penche sur l’étude des rapports de vérification, des
notifications adressées aux contribuables des chefs de redressements notifiés. Le
but est de procéder au suivi des travaux des inspecteurs vérificateurs et de
contrôler les méthodes et les démarches utilisées. 21
La mission de cette division est importante dans la mesure où il permet à
l’administration centrale de centraliser toutes les vérifications opérées et
constituer une base de données statistique et technique.22
- Division de la Brigade nationale de vérification :
Cette division a pour attribution de procéder à la vérification des
entreprises industrielles et commerciales de grande dimension.

21
Notes circulaires N° 717, D.G.I. MAROC, op.cit, p. 203.
Notes circulaires N° 717, D.G.I. MAROC, op.cit, p. 204.
22
REMI MOUZAN, Le contrôle fiscal des sociétés, Editions LITEC, 1990, p.9.

23
Elle est constituée de trois services qui s’occupent de la vérification des
dossiers à l’échelle nationale. Ces services sont constitués de brigades.
L’affectation des dossiers à ces brigades se fait selon l’importance du
chiffre d’affaires réalisé.
Une tentative de restriction des brigades nationales s’est faite ces
dernières années par le biais de la création des brigades des grandes entreprises
au niveau de certaines directions régionales (Casablanca). L’objectif escompté
est de parvenir à toucher le plus grand nombre possible des grandes entreprises
dans la limite du délai de prescription.23
2- Organisation des services extérieurs :

Le service comprend des brigades polyvalentes de vérifications dont le


nombre varie selon l’importance de la région. En principe chaque brigade est
formée de six vérificateurs et gérée par un chef de brigade ayant la mission
d’encadrer les inspecteurs et de participer à la formation des nouveaux agents et
les personnes nouvellement mutées au service des vérifications.
3- Procédures de sélection de dossiers :

Il existe deux procédés de sélection des dossiers de vérification :


- Le programme annuel de vérification
- La vérification hors programme.
- Le programme annuel de vérification
Il est certain que les contribuables ne peuvent pas tous être vérifié dans le
délai de la prescription (droit de reprise), c’est pourquoi il est indispensable de
sélectionner les dossiers à vérifier qui montre le plus d’indicateurs d’omissions
ou de fraude autrement dit l’administration fiscale s’outille d’un « programme »
basé sur les critères suivants :

23
L’administration à la possibilité de réparer les insuffisances, erreurs et omissions constatées dans
lecalcul de l’impôt à l’intérieur d’un délai nommé « délais de reprise ». Ce délai est appelé en droit
fiscal délai de reprise et en droit commun « prescription ».

24
1) l’utilisation des ratios de rentabilité et de structure qui permettent à
l’administration de se rapprocher le plus de la réalité de l’entreprise par leur
confrontation aux moyennes calculées par secteur d’Activité.
2) l’exploitation des recoupements en possession des services des impôts
lorsque ceux-ci indiquent l’existence d’une dissimulation de factures d’achat ou
de vente.
Les moyens informatiques seront d’une grande utilité dans cette
opération et constitueront un moyen indéniable pour éviter l’arbitraire puisque
toutes les déclarations des Contribuables seront bien saisies à savoir :
- Achats
- Ventes
- Stocks.
D’une manière générale, les entreprises à vérifier sont sélectionnées à
partir les éléments suivants :
Résultats déficitaires continus ;
Entreprises n’ayant fait jamais l’objet de vérification ;
Crédits de TVA continus ;
Baisse continue du chiffre d’affaires ou du résultat ;
Inadéquation entre le chiffre d’affaires déclaré à l’impôt sur les sociétés
ou l’impôt sur le revenu et les encaissements déclarés en matière de taxe sur la
valeur ajoutée ;
Marge commerciale négative (Marge Brute) et même Nette
– Vérification hors programme
Le contrôle peut concerner également les dossiers hors programme qui
feront l’objet d’un traitement analogue à ceux contenus dans le programme
annuel.24

24
Le déficit d’un exercice comptable peut être déduit du bénéfice de l’exercice comptable suivant.
Article 12 du C.G.I Maroc.

25
Les dossiers hors programme sont proposés à la suite d’un événement
nouveau de nature soit à entraîner la cessation d’activité, ou à une fusion.
Ainsi sont obligatoirement soumis à vérification, les dossiers des
contribuables ayant cessé leur activité, décès, faillite, liquidation judiciaire ou
départ du Maroc, afin d’épargner les deniers de l’état.
Les contribuables ayant réalisé une transformation de leur unité ou la
fusion avec d’autres sociétés sont soumis au contrôle du fait qu’une telle
entreprise entraîne la disparition de l’unité absorbée qui s’analyse sur le plan
fiscal comme une liquidation au profit de l’entreprise absorbante (quelquefois il
y a des dérogations) qui encouragent la transformation d’entreprises
individuelles en société (L.F 2008 ;2009 & 2010).
D’autres dossiers pourront faire l’objet de vérification hors programme,
c’est le cas de dénonciation formulées à l’encontre de contribuables ou lorsque
l’administration possède des recoupements.25

Section III : Constats, Critiques et Suggestions :


La programmation des dossiers des contribuables à contrôler est une
mission qui ne peut être ni spontanée ni livrée au hasard. Au contraire, c’est une
mission confiée à un service chargé d’étudier les propositions des vérifications
reçues et d’élaborer le programme annuel des vérifications.
1- La Programmation non ciblée des sociétés à vérifier

Malgré des avancées, les garanties conférées par la loi restent limitées,
encore plus en pratique. Les experts suggèrent un rééquilibrage entre les droits
et obligations du contribuable et le pouvoir de contrôle de l’administration. État
de droit fiscal reste largement perfectible (qui reste à perfectionner). Si
l’administration doit légitimement lutter contre la fraude et l’évasion fiscale, il
faudrait réajuster les dysfonctionnements liés à ce contrôle.

HAMMOU LAAFOU, Le contrôle fiscal au Maroc : cadre légal et rôle de l’expert comptable,
25

mémoire présenté en vue de l’obtention du diplôme national d’expert-comptable, ISCE, 2004, p. 24

26
Par exemple, la garantie qui permet au contribuable d’être à l’abri d’une
vérification inopinée est, aujourd’hui, écartée par l’instauration d’un « droit de
constatation ».
Celui-ci concerne l’ensemble des impôts alors qu’il est strictement limité
à la TVA dans les pays de l’union européenne.
De plus, aucune périodicité n’est fixée par la loi pour l’exercice du droit
de constatation.
Ce qui sous-entend que le contribuable peut faire l’objet de ce droit à la
discrétion de l’administration fiscale, autant de fois qu’elle le souhaite.
• Par ailleurs, les critères de programmation des contrôles font l’objet de
critiques de la part des entreprises qui ont le sentiment que le fisc s’oriente vers
les entreprises les plus structurées.
Remarque :
Lors d’une réunion avec la chambre de commerce Le Directeur Général
des impôts assume pour ce point de vue « l’Approche adoptée au Maroc est de
concentrer les vérifications des comptabilités sur un nombre limité des sociétés
au regard de l’enjeu qu’elles représentent pour le Trésor », justifié Mr
Noureddine Bensouda
-Une entreprise peut faire l’objet de plusieurs contrôles, concernant les
mêmes impôts et exercices.
Pire encore, une procédure de vérification, même frappée de nullité, peut
être reprise par l’administration, dans les délais de prescription, sans dépasser,
cependant, les montants notifiés.
Même si une taxation d’office ne permet pas de clôturer définitivement
ce contrôle, puisque l’entreprise peut faire l’objet d’une procédure
contradictoire, si des éléments nouveaux apparaissent.

27
Au-delà d’une délimitation formelle des travaux de programmation ainsi
que d’une détermination des critères de programmation ci-dessus, cette mission
reste opaque selon certains vérificateurs.26
Ces derniers disposent d’une faible marge de manœuvre pour proposer
des contrôles suite à leur confrontation sur le terrain à un besoin très prononcé
de provoquer d’autres contrôles qui ont un impact direct sur l’efficacité de leur
intervention initiale.
D’autre part, chaque année les services d’assiette sont invités à fournir des
fiches de proposition de vérification. A cet égard, le service de programmation
demeure assez discret sur ce sujet.
Si la confrontation entre le nombre de fiches produites et le nombre de
contrôles réalisés permet de déterminer le taux de sélectivité de la DGI, elle ne
permet pas, par contre, de connaître les vrais critères adoptés pour enclencher
une vérification ni même de mesurer l’efficacité du processus de sélection en
question.
D’ailleurs, parfois, on assiste à une programmation de contribuables qui
ne présentent pas de risque fiscal significatif par rapport aux autres
contribuables dont l’enjeu fiscal est de taille, qui étaient proposés au départ à la
vérification mais qui ne sont pas retenus dans le programme définitif ni de
l’exercice de la proposition ni dans celui qui suit :
Donc on peut s’interroger sur les méthodes employées par
l’administration fiscale pour proposer une vérification ou mieux encore une
vérification ciblée dont le risque fiscal est bien étudié. ?
2- Absence de base de données et inexactitude des recoupements demandés :

La disposition de recoupements pertinents à travers des enquêtes fiscales


très efficaces constitue un élément capital dans le processus de la vérification
fiscale.
26
http://www.dictionnaire-juridique.com/definition/constat.php.
Citations de Paul Léautaud, passe-temps, 1929.
Notes circulaires N° 717, D.G.I. MAROC, op.cit, p. 185.

28
C’est pour cela que la DGI a chargé un service à part entière de cette
mission :
C’est le service des recoupements et enquêtes fiscales. En effet, ce
service est chargé de la constitution d'une base de données qui gère les casiers
fiscaux des contribuables, à partir des informations recueillis du circuit interne
de l'administration ou auprès des tiers.
Il est à remarquer que cette description de la tâche au service des
recoupements et enquêtes fiscales reste très théorique car en réalité, les
inspecteurs qui font partie de ce service se contentent de recueillir des
informations fiscales à partir du circuit interne de l'administration. Leur
intervention manque de pertinence et surtout d’initiative. La base de données
qu’ils sont censés constituer n’est guère exploitée comme il se doit, faute de
motivation et d’ingéniosité des équipes qui composent ce service. Il est à
signaler à ce sujet que l’affectation à ce service est perçue pour la plupart
comme une sanction tellement que les conditions de travail dans ce service sont
déprimantes. Ce qui favorise le climat de démotivation qui y règne et qui porte
une grande atteinte à leur rendement.27
Les vérificateurs pour leur part, reprochent souvent aux inspecteurs du
service des recoupements et enquêtes fiscales, l’inefficacité de leur
collaboration. Ils doutent même de l’existence d’une vraie base de données
centralisant les renseignements fiscaux nécessaires à leur mission de
vérification.
Leur doute n’est pas sans être fondé, il est justifié par des réponses
évasives a leur demande de la part des brigades de recoupements qui, des fois,
ne parviennent au vérificateur que vers la fin de la vérification. Ce qui interpelle
une interrogation sur la disponibilité de ces renseignements chez ce service. !

27
Etre munis d’un ordre de mission spécifique sous forme d’avis de constatation, indiquant le nom de l’agent de
l’administration, la nature de la mission, la date d’intervention, le contribuable concerné et son identifiant fiscal.
Le droit de constatation n’est pas une mitraillette, Noureddine Bensouda, directeur de
l’administration général des impôts Maroc, journal l’Economiste, Edition N°2445 du 18/01/2007.

29
Selon le principe qu’aucune information n’est disponible, le processus
d’investigation n’est entamé que suite à une réclamation de la part des services
de vérifications fiscales.28
C’est ainsi pour dire que faute de recevoir les renseignements nécessaires
en temps opportun, les vérificateurs se voient contraints de faire des
investigations et recherches sur le terrain. Ils approchent eux-mêmes certains
clients et fournisseurs du contribuable vérifié afin de collecter des informations
externes aux déclarations du contribuable et les confronter à ces dernières.
( mais à condition d’avoir l’autorisation du service central)
Dans ces conditions, l’action du service de recoupements et d’enquêtes
appelle fortement la critique du service des vérifications fiscales dont la mission
est encore alourdie par sa substitution à un travail d’enquêtes dont il n’est pas le
responsable.
Cette substitution non seulement entrave le rendement du service des
vérifications mais aussi contribue à la déconcentration de son énergie
professionnelle.
3- Recours limité des vérificateurs aux études monographiques sectorielles

La conception et la réalisation d'une base documentaire en vue de


l'élaboration des guides et études monographiques sectorielles, tel est le rôle
attribué au service des monographies.
Certes, cette base monographique existe, néanmoins, peu de vérificateurs
y recourent.
Par conséquent, ce n’est pas pour des besoins d’archivage que le service
des monographies investit son temps et ses efforts dans la préparation d’études
sectorielles. Au contraire, c’est pour servir de référence et de données de base
aux vérificateurs pour comparer les normes de chaque activité à celle de
l’entreprise vérifiée et dégager des indices de disparité.

En ce qui concerne les personnes morales : soit à l’associé principal, au représentant légal, aux
28

employés ou à toute autre personne travaillant avec lui.

30
Faut-il s’interroger sur la raison de cette réticence des vérificateurs à
l’utilisation des outils monographiques mis à leur disposition ?
Il est à préciser que le service des monographies est localisé au niveau
central de la DGI.29
L’éloignement des services extérieurs de vérifications peut expliquer le
non-recours systématique des brigades régionales de vérification à ce service
pour solliciter ses études monographiques ?
Nonobstant, les nouvelles technologies de communication réduisent
sensiblement les distances, une connexion en réseau permet la circulation de
tout type d’informations.
D’où, si le facteur spatial n’est pas un handicap pour l’accès aux études
monographiques en question, il devra certainement exister d’autres facteurs
explicatifs de cette réticence. !
Le non-recours de tous les vérificateurs aux études monographiques pour
les besoins de vérification, peut être expliqué soit par la non-pertinence d’eux-
mêmes soit par l’inconscience des vérificateurs de la valeur ajoutée que pourrait
leur apporter la bonne exploitation de cet outil de travail qui est à leur service.
En tout état de cause, le service des monographies doit déployer beaucoup
d’efforts pour actualiser en permanence ses données et considérer tous les
facteurs socio-économiques dans ses études afin de gagner en pertinence. Quant
aux vérificateurs, ils ne doivent guère sous-estimer l’intérêt de recourir à des
normes sectorielles pour les besoins de comparaison de l’activité de sa cible de
vérification.30

4- Non-Généralisation du contrôle Fiscal et limite de sa pertinence


Dans ce cas, un procès-verbal est établi et signé par l’inspecteur, les membres de la commission
29

locale et le contribuable lui-même ou son représentant.


Article 211 du C.G.I Maroc : conservation des documents comptables.
30
Le domicile fiscal ou le principal établissement et pour les sociétés en liquidation le lieu de
conservation doit être indiqué sur la déclaration du résultat final de la liquidation.

31
Sur le terrain proprement économique, le contrôle fiscal recouvre des
enjeux de première importance.
Il est, en effet, une condition substantielle d’une saine concurrence entre
les entreprises.
Un entrepreneur accomplissant régulièrement ses obligations fiscales se
verra pénalisé si son concurrent recourt à la fraude ou à la dissimulation fiscale
pour baisser ses prix.
Nul doute que le contrôle fiscal généralisé à tous, est le souhait de tous les
« contribuables fiscalement responsables » si on emprunte la terminologie «
d’entreprise socialement responsable » (RSE) pour la transposer au contexte
fiscal.

32
CHAPITRE II : CHRONOGRAPHIE DE CONTROLE
FISCAL
A l'égard du chronographe de contrôle fiscal, il convient de clarifier les étapes
dont le déroulement aura lieu :

Section I : Préparation de Contrô le Fiscal :


La vérification demande des préparations minutieuses avant même
d’effectuer le contrôle sur place.
Ces préparations s’effectuent au bureau du vérificateur au moment de
l’affectation des dossiers et qui se penche à priori d’étudier soigneusement le
dossier du contribuable, de le compléter pour avoir une idée approximative sur
la nature d’activité du contribuable, ou de la société vérifiée l’état de son chiffre
d’affaires et sa place sur le marché.31
Après avoir effectué les calculs des ratios à partir des données des
déclarations souscrites de l’intéressé et analyser la situation du secteur d’activité
dans lequel la société opère, l’inspecteur débute déjà ses travaux préliminaires
de la société et la sincérité des résultats déclarés.
Il procède ensuite à l’envoi de l’avis de passage pour informer le
contribuable que sa comptabilité fera l’objet d’une vérification fiscale.
L’inspecteur vérificateur doit s’assurer avant l’envoi de l’avis de
vérification que toutes les déclarations fiscales relatives à la période non
prescrite sont déposées par le contribuable. 32
1- Préparation du dossier

Après avoir pris connaissance, l’inspecteur vérificateur commence à faire


une étude exhaustive de celui-ci en établissant :

Obligations des entreprises non-résidentes : les entreprises dont le siège est situé à l’étranger et qui
31

ont au Maroc une activité permanente doivent tenir, au lieu principal établissement au Maroc, la
comptabilité de l’ensemble de leurs opérations effectuées au Maroc, conformément à la législation en
vigueur.

Une comptabilité est régulière quand elle est conforme aux principes règles énoncés : loi n°9-88
32

relatives aux obligations comptables, C.G.N.C et les plans spécifiques à certains secteurs.

33
Un tableau récapitulatif des différentes données relatives à l’évolution
des comptes du bilan et du Compte des produits et charges (C.P.C) au cours des
exercices vérifiés (calcul des ratios) ;
Un tableau des états comparatifs du bilan (ECB) et les états comparatifs
des C.P.C.
(EVOLUTION DES COMPTES).
Reconstitution d’un état des encaissements déclarés par le contribuable
au cours des mêmes exercices en matière de taxe sur la valeur ajoutée.
Ces états permettent une analyse dynamique des différents comptes du
bilan et une comparaison des différentes déclarations déposées par le
contribuable. Ils donnent un aperçu intéressant et précieux sur l’évolution de
l’activité du contribuable (son chiffre d’affaires, ses charges et ses résultats
fiscaux) et permettent d’établir les ratios nécessaires pour porter un jugement
préalable sur sa situation financière et l’état de santé de son affaire. Par
conséquent le vérificateur peut tirer des conclusions souvent pertinentes et des
renseignements fructueux sur la marche de la société et son style de gestion.
Lorsque cette comparaison aboutit à relever certaines discordances. Ces
notes sont susceptibles de lui fournir de nouveaux champs d’investigation. Il lui
est donc conseillé de demander au contribuable ou à son représentant légal des
éclaircissements susceptibles de lui fournir les raisons de ces discordances
(Exemple : marge de bénéfice en dents de Scie : variable) , marge brute non
conforme à la profession etc…..
-L’examen des correspondances est d’une utilité extrêmement importante.
Il donne une idée sur la sincérité de la société et son respect des
dispositions fiscales.
Parmi ces correspondances figurent éventuellement les anciennes
notifications fiscales et les réponses de la société déjà soumise à la vérification.
Elles permettent à l’inspecteur vérificateur de :
Chercher si la société a répété les mêmes erreurs ou omissions ;

34
Améliorer la méthode utilisée afin de ne pas procéder à la rectification
des bases déclarées en cas où sa comptabilité était réputée non probante (rejet).
2- Recherches et investigations (Sur Place) :

Après l’étude préalable du dossier, le vérificateur s’engage à chercher les


informations nécessaires de nature à lui faciliter la tâche une fois aux locaux du
contribuable. Relevé des Fournisseurs & Clients et prendre attache avec la
Brigade de Recoupements et
Recherches (demande de renseignements).
Les anomalies, discordances ou incohérences relevées au cours de cette
phase ne constituent pas une preuve solide pour que la comptabilité soit
considérée entachée d’irrégularités.
Seul le contrôle des documents comptables sur place peut confirmer ou
infirmer la véracité des informations recueillies à ce titre dans le cadre de
recoupements et de l’exercice du droit de communication. 33
3- L’avis de vérification :

On entend par avis de vérification ou avis de Passage la lettre adressée par


le chef de service régional des vérifications des impôts à la société l’informant
qu’il fera l’objet d’un contrôle fiscal.
Il constitue une garantie pour la société et une obligation pour
l’administration qui doit l’accomplir sous peine de nullité de la procédure de
contrôle (VICE DE FORME).
Il porte à la connaissance de la société que sa comptabilité fera l’objet
d’une vérification et qu’il doit présenter, dans son principal établissement ou

33
« Registre dans le quel toute écriture affecte au moins deux comptes dont l’un est débité et l’autre est
crédité d’une somme identique » Article2 de la loi n° 9-88 relatives aux obligations comptables des
commerçants. Et « qui enregistre de façon chronologique toutes les opérations effectuées par
l’entreprise et c’est pourquoi il est considéré comme la mémoire de l’entreprise. Ce livre est coté et
paraphé par la juge du tribunal compétent et doit être tenu sans blanc ni altération d’aucune sorte. Les
erreurs doivent être rectifiées par des écritures spéciales telles que la contre-passation des écritures »
Notes circulaires N° 717, D.G.I. MAROC, op.cit, p. 20.

35
dans le siège social de la société, tous les livres et documents comptables ainsi
que les pièces justificatives conformément aux dispositions de la loi en vigueur.
Sur cette lettre se trouve également indiqué le nom et le prénom de
l’inspecteur chargé du contrôle et la date de la première intervention.
L’avis de vérification comporte aussi : le grade et la qualité de la
personne qui envoie cette lettre l’adresse administrative et le numéro de
téléphone ; le nom et le prénom de la société ou sa raison sociale et l’adresse de
son principal établissement ou de son siège social.
Le report de la date de vérification n’est pas envisagé par la loi,
l’appréciation de l’administration peut faire l’objet d’un refus ou d’une
acceptation.
Il y a lieu de noter que l’opération de vérification ne peut commencer
qu’à l’expiration du délai minimum de quinze (15) jours suivant la date de
notification de l’avis de vérification. (16 ème jour).
Lorsque le délai minimum de (15) jours n’est pas respecté, la procédure
de vérification est frappée de nullité.
L’administration peut reprendre la vérification pour les exercices non
prescrits par l’envoi d’un nouvel avis de vérification au contribuable.
Néanmoins, une dérogation à ce principe est prévue par les dispositions
du quatrième alinéa de l’article 232 du C.G.I. 34dans les trois cas suivants :
En matière de l’I.S. ou d’I.R., le droit de réparer peut s’étendre aux
quatre derniers exercices prescrits lorsque des déficits afférents à des exercices
comptables prescrits ont été imputés sur les résultats d’un exercice ou d’une
période non prescrite ;
En cas de cessation d’activité suivie d’une liquidation prolongée : le droit
de contrôle peut concerner toute la période de liquidation, sans que la
prescription puisse être opposée à l’administration ;

34
L’article 232 du C.G.I.

36
En matière de T.V.A., lorsqu’un contribuable dispose au début de la
première année non atteinte par la prescription d’un crédit de taxe
l’administration est en droit de vérifier l’exactitude de ce crédit, en vérifiant les
quatre derniers exercices prescrits.
N.B : Cette vérification ne peut aboutir qu’à la réduction ou l’annulation
dudit crédit, et ne peut en aucun aboutir à son augmentation ou à un
redressement de la taxe.
4- Lieu de vérification :

Le droit de vérification doit s’exercer généralement dans les locaux des


personnes physiques ou morales vérifiées où la société est tenue d’y présenter à
l’inspecteur les documents comptables prévus par la loi.
Dans ce cas, l’inspecteur peut apporter les documents et livres comptables
à son bureau en remettant au contribuable une décharge écrite.
Le contrôle sur place n’est pas seulement l’examen des documents
comptables, il est aussi la constatation des faits réels et des immobilisations.
On entend par immobilisation : les biens de toute nature acquis ou crées
par l’entreprise pour être, non vendus ou transformés, mais utilisés d’une
manière durable comme moyens d’exploitation (instruments de travail) :
terrains, constructions, matériel et outillage, mobiliers et installations, fonds de
commerce, brevets et licences, etc. (moyen de production).
Le législateur a donc insisté sur le contrôle dans les locaux de la société
pour que l’inspecteur puisse avoir une vision claire et des idées précises sur le
patrimoine de l’entreprise, le rythme de sa production, et la commercialisation
de ses produits.
Pour les personnes morales, le siège social ou le principal établissement ;
Pour les personnes physiques la résidence habituelle ou le principal
établissement pour les contribuables non-résidents au Maroc, le domicile fiscal
élu.35
35
Laurance Thibault-Le Gallo, La comptabilité pour les nuls, Edition FIRST, 2009, p. 360.

37
5- Délai de vérification de Comptabilité :

Les opérations de vérification de comptabilité d’une entreprise ne peuvent


durer plus :
De 6 mois pour les entreprises dont le chiffre d’affaires, hors T.V.A,
déclaré au compte de produits et charges, au titre des exercices soumis au
contrôle, est inférieur ou égal à 50 millions de dirhams H.T ;
De 12 mois pour les entreprises dont le chiffre d’affaires, hors T.V.A.,
déclaré au compte de produits et charges, au titre de l’un des exercices soumis
au contrôle, est supérieur à 50 millions de dirhams H.T.
Le délai de 6 ou 12 mois précité court à compter du 16ème jour suivant la
date de notification de l’avis de vérification.

Section II : Mise en œuvre de contrô le fiscal :


1- Prise de Contact :

L’inspecteur doit se rendre à la société à la date et à l’heure indiquée sur


l’avis de vérification. En général, il est accompagné par le chef de brigade.
Il s’agit d’une visite de prise de contact entre les agents du fisc et le chef
de l’entreprise (Gérant, administrateur ; D.G ; D.F etc.…).
Il est nécessaire que ce dernier soit assisté par son comptable ou son
expert-comptable ou le représentant du cabinet qui tient sa comptabilité.
Cette première rencontre permet à l’inspecteur vérificateur de connaître
les rouages de l’activité de la société, ses problèmes, ses projets
d’investissement et de s’informer sur l’organisation de l’entreprise et ses
différentes structures d’où affectation d’une place ou d’un bureau au
vérificateur. 36

« la balance est un document comptable qui présente la liste de tous les comptes utilisés au niveau du
journal et du grand livre, elle permet de vérifier que le report des écritures du journal dans le grand
livre a été effectué sans erreurs et que les différentes opérations ont été enregistrées dans les comptes
conformément à la règle de double partie » Mohamed Zeamari, Initiation pratique à la comptabilité
général Marocaine 5 ème édition, éditions Maghrébines, 2004, p. 65.
36
Notes circulaires N° 717, D.G.I. MAROC, op.cit, p. 190.

38
2- Investigations : Examen des livres et documents comptables :

- La loi stipule que tous les documents comptables détenus par la société
doivent être tenus conformément aux prescriptions légales en vigueur. Le
manque de certains d’entre eux peut conduire l’inspecteur à écarter la
comptabilité présentée.
Ces documents sont :
Les livres légaux : il s’agit du livre journal et du livre d’inventaire : Côtés
et paraphés ;
Les inventaires détaillés de stock ;
Les pièces justificatives de dépenses et de recettes ;
Les originaux de factures d’achats et les doubles des factures de ventes ;
Les relevés bancaires ;
Les journaux auxiliaires ;
Le grand livre et la balance avant et après inventaire.
Remarque :
L’inspecteur est tenu de s’assurer que les livres existent et qu’ils sont
côtés et paraphés par le tribunal compétent dont relève la société dès le début de
son activité.
Ces documents comptables doivent être tenus chronologiquement sans
blancs ni altérations d’aucune sorte.
Le service de comptabilité doit faire fournir les explications en détails sur
système de comptabilisation et les procédés utilisés par l’entreprise pour la
réalisation de son exploitation (MANUEL DE PROCEDURES).
Le travail de l’inspecteur consiste à examiner les examiner les écritures
portées sur ces livres et de les comparer avec celles passées dans la
comptabilité. Aucune discordance, ni incohérence n’est admise.

La comptabilité des grands et des très grandes associations (ASBL et AISBL), Fernand Maillard,
EDIPRO, 2013, page 28

39
D’autres documents à la disposition de l’entreprise peuvent être demandés
par l’inspecteur, il s’agit :
Des correspondances administratives et commerciales ; du livre de paie ;
du manuel de procédures comptables : CA à 10.000.000,00 dirhams hors taxes ;
du rapport du commissaire aux comptes au cas échéant.
Ces documents constituent la base de l’établissement de la déclaration de
la société autrement dit du bilan, du compte de produits et de charges et des
états d’information comptable (ETIC).37
Une attention particulière doit être portée aux : Procès-Verbaux
d’assemblées générales et du conseil d’administration (cession d’actions,
contacts avec des tiers, mutation de fonds de commerce, vente de brevet) ;
Les feuilles de présence (pour contrôler les cessions d’actions) ;
Les rapports du commissaire aux comptes au cas échéant.
Ce premier examen permet au vérificateur d’avoir une première
appréciation sur le degré de conformité de la société aux prescriptions de la loi
surtout comptable.
Il est intéressant dans la mesure où il peut avoir des informations
précieuses sur certains aspects de l’activité de la société et la manière de tenir sa
comptabilité.
L’analyse des comptes du bilan est instructive, elle débouche dans la
plupart des cas à des réintégrations au titre des amortissements, des intérêts des
comptes courants débiteurs ou des prêts à plus ou moins d’un an (I.S ou I.R
selon le cas), de la Taxe Professionnelle ou la taxe Communale si certaines
immobilisations ne sont pas déclarées.
L’examen du compte des produits et charges offre un outil de travail plus
intéressant car il conduit souvent à déceler des anomalies et effectuer des
réintégrations substantielles.38

Robert Baumann, Comptabilité financière et comptabilité d’exploitation- compétence de base en


37

gestion, CompendioBildungsmedien, 2011, p. 70.


38

40
La vérification de comptabilité concerne tous les impôts et taxes qu’ils
soient déclaratifs (IS, I.R., TVA) ou non déclaratifs (taxe urbaine, taxe d’édilité,
Taxe
Professionnelle).
A titre d’exemple, le contrôle des salaires distribués par l’entreprise est
extrêmement utile et ce pour deux raisons au moins. Il permet :
De voir que les salaires distribués évoluent normalement et s’adaptent
aux fonctions exercées par chacun des intervenants dans l’activité de
l’entreprise ;
De s’assurer que l’I.R prélevé à la source sur les salaires distribués est
bien versé au trésor dans les délais prescrits par la loi.
Remarque :
En cas de vol, d’incendie ou de perte de documents comptables, la société
est tenue d’en informer l’inspecteur des impôts directs et taxes assimilées du
lieu de son siège social ou de son principal établissement.
La loi exige que l’information du service d’assiette se fait par lettre
recommandée avec accusé de réception, dans les quinze jours suivant la date à
laquelle il a constaté ladite perte. A défaut de ceci, l’absence de ces documents
non motivée entraîne le rejet de la comptabilité.
Il y a lieu rappeler que l’obligation de conserver les documents
comptables pendant dix (10) ans est prévue également par les dispositions de
l’article 22 de la loi n° 9-88 relative aux obligations comptables des
commerçants.39

A- Documents comptables d’ordre général

Catherine Deffains-Crapsky, Comptabilité générale : principes, opérations courantes, opérations de


régularisations, Edition Béal, 2006, p. 38.
39
l’article 22 de la loi n° 9-88 relative aux obligations comptables des commerçants

41
Les sociétés sont tenues de conserver l’ensemble des documents
comptables nécessaires au contrôle fiscal, conformément aux dispositions du
premier alinéa de l’article 211 du C.G.I40., notamment :
Le livre journal ;
Les journaux et livres auxiliaires ou divisionnaires ;
Le grand livre ;
Le livre d’inventaire ;
Les inventaires détaillés (des stocks et des produits en cours etc.) ;
Les fichiers des clients et fournisseurs (grands livres auxiliaires clients et
fournisseurs) ;
Les balances du début et de fin d’exercice.
En outre l’article 211 du C.G.I. précité prévoit l’obligation de
conservation de tout autre document comptable prévu par la législation ou la
réglementation en vigueur (code de commerce, loi comptable, lois sur les
sociétés, code du travail,) notamment :
Les rapports de commissaires aux comptes
Le registre et les procès-verbaux des assemblées générales (ordinaires ou
extraordinaires) ;
Les rapports des vérifications externes d’audit effectuées dans
l’entreprise par des experts ou spécialistes ;
Le livre et les fiches de paie sur support papier ou support informatique.
B - Documents comptables spécifiques à certaines professions :

Il s’agit des livres spéciaux que seuls certains commerçants ont


l’obligation de tenir tels que :
Le registre de garantie des bijoutiers ;
Le répertoire des transitaires agréés en douane ;
Le registre de l’office National Interprofessionnel des Céréales et
Légumineuses (O.N.I.C.L.).

40
l’article 211du C.G.I

42
Il y a lieu de rappeler qu’il existe des documents prévus par la
réglementation relative aux plans comptables spécifiques à certaines branches
d’activité et sont également concernés par l’obligation de conservation. (expl :
Médecins)41
3- Technique de Contrôle :

La mission de l’inspecteur vérificateur consiste à employer les techniques


de contrôle pour vérifier l’exactitude des écritures comptables et leur
confrontation avec la réalité.
Ces techniques peuvent être utilisés séparément ou conjointement selon
l’activité exercée par le contribuable, l’importance de son chiffre d’affaires et le
traitement fiscal du secteur où il exerce (exonéré taxable, hors champ).
- Il s’agit de deux techniques utilisées par l’inspecteur vérificateur dans la
majorité des dossiers à vérifier pour voir si la comptabilité est sincère et
probante, autrement si toutes les écritures comptables transcrites ont une
contrepartie réelle et des pièces justificatives correspondantes.42
- La méthode de sondage est très intéressante,
- Le recours à un examen exhaustif et détaillé de la comptabilité pour
avoir plus d’assurance et plus d’exactitude des chiffres déclarés.
4- Le Contrôle arithmétique :

Le contrôle arithmétique consiste à s’assurer de l’exactitude des additions


des écritures comptables et des soldes d’un même exercice et des reports d’un
exercice sur un autre.
Il consiste également de confronter les soldes retenus sur les journaux
auxiliaires avec ceux transcrits au grand livre et à la balance puis dans une phase
finale avec les écritures transcrites sur les états de synthèse (actif, passif, CPC,).

41
En cas d’opérations exonérées de la TVA ainsi que les opérations bénéficiant du régime suspensif, la
mention de la taxe est remplacée par l’indication de l’exonération, article 91, 92, 94 du CGI
Une facture est une note détaillée des marchandises vendues qui en indique le prix, tandis que la
mémoire est un état des sommes dues au titre d’une prestation de services.
42
On entend tout écrit dressé par une personne physique ou morale pour constater les conditions de
vente.

43
Les erreurs répétées constituent un élément de preuve justifiant le
caractère non probant de la comptabilité présentée.
L’inspecteur vérificateur procède à rapprocher les soldes des différents
comptes d’année
(N-1) avec les à nouveaux de l’année (N) afin de s’assurer que les reports
effectués sont faits d’une manière fidèle.
Dans le cas où la vérification concerne une société très importante, le
contrôle arithmétique ne peut être utilisé d’une manière systématique.
L ‘inspecteur vérificateur procède alors à un contrôle partiel concernant
un nombre limité de comptes (Sondage).
5- Le pointage :

Le pointage ou le contrôle des pièces justificatives constitue l’une des


tâches essentielles effectuées par l’inspecteur vérificateur. Ce contrôle puise sa
légitimité et son authenticité dans le fait que la loi oblige le contribuable à
appuyer toute écriture comptable transcrite par une pièce justificative probante
que cette écriture est un achat, une vente ou une dépense nécessaire à
l’exploitation.
Ce contrôle consiste à s’assurer que :
- les écritures comptables transcrites sont appuyées des pièces
justificatives sous peine d’être rejetées par l’administration ;
- L’imputation est régulière autrement la transcription de la charge se fait
dans le compte concerné et avec le montant exact tel qu’il figure sur la facture
- La charge comptabilisée doit être réelle avec la pièce justificative
présentée à l’appui conformément aux dispositions de l’article 146 du C.G.I.43
6- Contrôle quantitatif :

Le contrôle quantitatif est une technique utilisée par l’administration pour


la vérification du chiffre d’affaires déclaré par les contribuables qui revendent

43
l’article 146 du C.G.I.

44
leurs articles en l’état autrement dit les commerçant grossistes, les importateurs
et les commerçants détaillants qui ont opté pour le régime du bénéfice réel.
L’inspecteur procède à ce contrôle : soit systématiquement lorsque
l’entreprise vérifiée est de petite taille ou lorsque les articles revendus en l’état
sont peu nombreux ;
Soit partiellement lorsque le contribuable revend en l’état en ensemble
d’articles de petite valeur ou lorsqu’ils sont très variés. Dans ce cas, il procède à
un contrôle par sondage en se basant sur les articles les plus importants. Le
choix de l’échantillon est laissé à l’appréciation du vérificateur.44
7- Contrôle matière :

Les entreprises de production procèdent à la fabrication de produits à


partie des matières premières ou des produits semi-finis à l’aide des matières
consommables et de la main d’œuvre.
Le contrôle du chiffre d’affaires réalisé par ces sociétés fait au moyen de
la technique du contrôle matière qui permet de suivre les entrées des matières
utilisées dans la production et la sortie des produits fabriqués (produits semi-
finis, articles finis).
Pour s’assurer qu’aucune insuffisance n’a été opérée par l’entreprise,
l’inspecteur vérificateur procède alors à la reconstitution du chiffre d’affaires à
l’aide des factures d’achats et des ventes comptabilisées. Il peut entreprendre ce
travail à partir de la comptabilité matières et des fiches de stocks s’ils lui sont
communiqués.
D’autres moyens peuvent être utilisés pour vérifier l’exactitude du chiffre
d’affaires en cas d’une entreprise de production tels que : la main d’œuvre
(rendement moyen par ouvrier, nombre d’heures de travail, quantité d’énergie
utilisée, etc.).

44
Voir le paragraphe pouvoir d’appréciation de l’administration.
Notes circulaires N° 717, D.G.I. MAROC, op.cit, p. 205.
C.G.N.C MAROC, p. 13.

45
Les résultats obtenus peuvent permettre un rapprochement significatif de
réalité.
Toutefois ils offrent un champ fertile pour Les critiques à la suite de la
faiblesse de
« Garantie de fiabilité » de ces méthodes qui reposent le plus souvent sur
des approximations et des moyennes. Mais il s’agit quand même de
présomptions appréciables.
8- Contrôle des déductions en matière de T.V.A

Les sociétés assujettis à la taxe sur la valeur ajoutée sont tenues de


souscrire mensuellement ou trimestriellement selon l’importance de leurs ventes
réalisées, une déclaration de chiffre d’affaires. Ils sont tenus de joindre à celle-ci
un était détaillé des déductions opérées.
Le contrôle des taxes déduites se fait en plusieurs étapes qu’on peut
énumérer comme suit :
L’examen de la pièce justificative de la dépense en s’assurant qu’elle soit
conforme aux prescriptions de la loi ;
La vérification de biens et services acquis afin de saisir s’ils ne sont pas
exclus de droit de déduction ;
Le recalcule et le rapprochement du prorata avec celui pratiqué par le
contribuable en cas où il exerce des activités taxables et des activités situées
hors champ ou exonérées.45
9- Contrôle des encaissements réalisés :

Les encaissements réalisés correspondent aux sommes reçus à la suite de


la vente des biens et services produits par l’entreprise ou des marchandises
revendues en l’état. Ces sommes peuvent parvenir d’une opération effectuée à
titre principal, occasionnel ou accessoire.
Ces encaissements peuvent être contrôlés en examinant le journal caisse
et le journal banque. L’inspecteur vérificateur procède à la confrontation des
45
Mohamed Zeamari, Initiation pratique à la comptabilité général Marocaine 5 ème édition, op.cit,

46
sommes figurant ou crédit des relevés bancaires avec les écritures passées en
comptabilité.

Section III : Examen des irrégularités et des défaillances

Lorsque les écritures d’un exercice comptable présentent des irrégularités


graves de nature à mettre en cause la valeur probante de la comptabilité,
l’administration peut déterminer la base d’imposition d’après les éléments dont
elle dispose.
1- Irrégularité grave :

La loi a énuméré les irrégularités graves qui sont de nature à mettre en


cause la valeur probante de la comptabilité. Cette liste limitative se présente
comme suit :
Le défaut de présentation d’une comptabilité tenue conformément aux
prescriptions du code de commerce et organisée de manière à permettre à
l’inspecteur vérificateur d’exercer le droit de contrôle ;
L’absence des inventaires prévus par la loi.
Des inventaires détaillés, en quantités et en valeur, des marchandises, des
produits divers, des emballages et des matières consommables qu’elle achète en
vue de la revente ou pour les besoins de l’exploitation ;
La dissimulation d’achats ou de ventes, dans ce sens, l’administration
doit apporter la preuve de telles manœuvres (factures d’achats non déclarés,
factures de ventes non présentés, ventes sans factures…) ;
Les erreurs, omissions ou inexactitudes graves et répétées, constatées
dans la comptabilisation des opérations répétées, constatées dans la
comptabilisation des opérations ;46

46
Décrit en termes de produits et charges les composantes du résultat final de l’exercice
Fait apparaitre, en fin de l’exercice comptable, des soldes intermédiaires de gestion très utiles pour
l’analyse économique et financière de l’entreprise tels que la valeur ajoutée, la marge brute, l’excédent
brut d’exploitation…

47
L’absence de pièces justificatives privant la comptabilité de toute valeur
probante ;
La non-comptabilisation d’opérations effectuées par la société ;
La comptabilisation d’opérations fictives.
Remarque :
Il y a lieu de préciser que la comptabilité présentée par la société ne peut
être rejetée que si elle est entachée d’une ou plusieurs des irrégularités
énumérées ci-dessus. Cette liste limitative prévue par le législateur a donc
restreint le pouvoir d’appréciation de l’administration qui ne peut plus écarter la
comptabilité arbitrairement.
Toutefois, l’inspecteur vérificateur ne doit pas se limiter à citer seules
irrégularités graves constatées énumérées par la loi fiscale, il ne lui est pas
interdit de les appuyer, le cas échéant des infractions commises par l’assujetti en
matière de droit comptable ou commercial.47
2- Rejet de comptabilité :

En cas de rejet de comptabilité suite à l’existence des irrégularités


énumérées ci-dessus, l’administration a le droit de procéder à la rectification des
déclarations déposées. On assiste alors à deux cas possibles :
L’inspecteur peut procéder à un rejet total ou simplement à un rejet
partiel.
a) Rejet total : Le rejet total doit être appuyé des arguments solides qui
détruisent les éléments de preuve du contribuable et rendent sceptiques
l’exactitude de ses comptes et des bases déclarées. Dans ce cas le transfert de la
charge de la preuve se fait de l’administration à la société. Cette dernière doit
présenter toutes les pièces et documents susceptibles de justifier la sincérité des
chiffres déclarés ainsi que la véracité des bases déclarées.

47
Traduit au cours de l’exercice sous forme d’emplois et ressources la situation financière de
l’entreprise.

48
En cas de rejet de la comptabilité, le chiffre d’affaires peut être
reconstitué par plusieurs méthodes. Ces méthodes sont :
La méthode des coefficients réglementaires ;
La méthode du contrôle quantitatif ;
La méthode du contrôle matière ;
La méthode de la reconstitution selon certains éléments de l’entreprise
tels que L’électricité, main d’œuvre, achats de force motrice ; Marge Brute :
Ventes - Achats Revendus.

Achats revendus = Achats + SI – SF.


b) Rejet partiel : L’inspecteur peut procéder à un rejet partiel de la
comptabilité lorsqu’il constate lors de l’examen des documents comptables et
que certains recoupements ou certains indices remettent en cause le chiffre
d’affaires déclaré.
3- Rectification des déclarations sans rejet de comptabilité :

Lorsque l’inspecteur est en présence d’une comptabilité régulière en la


forme et qu’elle ne présente aucune irrégularité grave, il conserve tout de même
le droit de rectifier les déclarations des sociétés même lorsqu’il constate
l’existence des erreurs, omissions et insuffisances involontaires ou de simples
erreurs d’addition ou de mauvaises imputations.48
Les insuffisances constatées peuvent résulter de l’existence des :
Provisions injustifiées au regard de la loi fiscale ;
Charges d’impôts non déductibles ;
Inexactitudes matérielles telles que les erreurs de reports, les inscriptions
inexactes ;
Doubles emplois ;
Reliquats d’amortissement non déductibles ;
Un ensemble de 22 tableaux garantissant des informations supplémentaires contenues dans les autres
48

états.
C.G.N.C, tome 1, p. 18.

49
Lacunes dues à l’incompréhension dispositions légales (absence
d’inventaire, absence de pièces justificatives pour certaines opérations ;
Erreurs de comptabilisation involontaires ;
Irrégularités mineures.
4- Conséquences de la vérification :

La vérification pourrait aboutir à l’un des résultats suivants :


1°/ L’inspecteur constate que la comptabilité présentée est régulière en la
forme et au fond et que la société a respecté à la fois les dispositions comptables
et fiscales prévues par les lois en vigueur.
Dans ce cas l’administration est tenue d’informer le contribuable,
2°/ l’inspecteur apporte des rectifications à la base imposable déclarée par
le contribuable sans rejeter sa comptabilité ;
3°/ l’inspecteur dispose d’éléments suffisants prouvant la valeur non
probante de la comptabilité, auquel cas il procède à son rejet total ou partiel.
4°/ le contribuable refuse de se soumettre au contrôle ou de communiquer
une partie ou la totalité des documents comptables susceptibles de justifier les
déclarations déposées, l’administration procède à la taxation d’office.
Il existe trois types de procédures de rectification des impositions sont
alors prévues par la loi, il s’agit de :
La procédure normale de rectification ;
La procédure de rectification accélérée ;
La procédure de taxation d’office. 49
5- L'impact de l'insuffisance de l’effectif des vérificateurs

Les services des vérifications sont structurés en une division nationale des
vérifications au niveau central de la DGI et des brigades régionales de
vérification organisées par zone géographique (ville), dont la composition type
Ce principe exige que les entreprises établissent leurs états de synthèse dans l’hypothèse d’une
49

poursuite de leur activité.

50
est un directeur régional de la vérification, un chef de service qui coiffe à peu
près 3 brigades et un chef de brigade qui encadre en moyenne 5 vérificateurs.
Au total, le corps des vérificateurs regroupe environ 294 (jusqu'à 2011),
vérificateurs dont plus d’une centaine (120) se trouvent sur Casablanca. Ce
déséquilibre est expliqué par la forte concentration du tissu industriel et
commercial dans la capitale économique du pays.
Malheureusement, on ne dispose pas de statistiques, détaillées par
direction, liées au nombre de vérifications fiscales annuelles pour juger de la
performance de ces équipes.
Cette absence d’informations concerne également les moyens humains
mis en œuvre par la
DGI pour les besoins des vérifications fiscales ainsi que la répartition des
effectifs sur le territoire national. Ce qui rend difficile la mesure de l’efficacité
des structures mises en place par la DGI pour le contrôle de l’impôt.
Certes, pour accompagner la croissance des créations des sociétés, la DGI
renforce de plus en plus l’effectif de ses équipes de vérification, cependant, le
nombre actuel des vérificateurs demeure largement en deçà du minimum exigé
pour marquer une présence du contrôle fiscal dans le milieu des entreprises. Ces
dernières, dans leur majorité, n’ont jamais eu l’occasion de connaître un
contrôle fiscal, ne serait-ce qu’une fois dans leur existence professionnelle. Ce
qui laisse beaucoup de marge de manœuvre à la fraude fiscale.50

6- Absence d’outils techniques performants au service d’un réel audit fiscal externe

Les principales étapes de la vérification fiscale qui nécessitent des outils


techniques performants sont :
L’étude préliminaire du dossier fiscal global de l’entreprise ;
La vérification de la comptabilité de l’entreprise ;

50
Notes circulaires N° 717, D.G.I. MAROC, op.cit, p.209.

51
Afin de bien assimiler l’importance des outils techniques pour mener à
bien la vérification fiscale, il est opportun de rappeler la description de ces
étapes.
Etude préliminaire du dossier fiscal de la société vérifiée
En attendant que les 16 jours, qui séparent la date de réception de l’avis
de vérification par le contribuable et celle du début du contrôle sur place,
s’écoulent, le vérificateur se consacre à l’examen sur pièces du dossier fiscal de
l’entreprise. Cette étude porte sur :
Identification de l’entreprise : à travers la consultation d’un certain
nombre de renseignements généraux de la société, à savoir :
Raison sociale, adresse du siège social, adresse des différents
établissements, ou succursales, point de ventes, etc ;
Nature d’occupation des locaux de la société (location ou propriété de
l’entreprise) ;
Activité de l’entreprise : Commerciale, industrielle, prestation deservices,
profession libérale. Importance de l’activité : détaillant, grossiste, sous-traitant.
Statut fiscal de l’entreprise : entreprise individuelle, société.
Statut juridique : personne physique, société anonyme, société à
responsabilité limitée…
Identification des principaux actionnaires
Identification des actionnaires exerçant une fonction de direction de
l’entreprise ou exerçant une autre fonction au sein de l’entreprise (déclaration
des salaires)
Identification du cabinet comptable chargé du suivi de la tenue de la
comptabilité (déclaration des honoraires) ;
Identification du ou des cabinets d’expertise comptable procédant au
contrôle périodique de la comptabilité ou au contrôle de gestion externe ;
Identification du ou des commissaires aux comptes ;
Régime fiscal particulier ou conventionnel adopté ;

52
Avantages fiscaux accordés à l’entreprise s’il y en a.
Il est à remarquer qu’il s’agit là d’une simple collecte d’informations de la
part du vérificateur. Ce dernier ne dispose pas d’outil technique particulier lui
permettant de saisir ces premières données et d’attendre le résultat de leur
traitement pour repérer les premiers indices à approfondir.
Examen des correspondances :
Les correspondances archivées dans le dossier de l’entreprise peuvent
contenir des informations utiles pour la compréhension par le vérificateur du
rapport liant l’entreprise à l’administration fiscale. Ces informations peuvent
être : réclamation contentieuse, demande de solution, lettre d’information ayant
trait aux questions d’ordre comptable, demande de remboursement en matière
d’impôt sur les sociétés (I.S.), d’impôt sur les revenus salariaux (I.R.), de la
Taxe sur la Valeur ajoutée (T.V.A.), retenue à la source au titre des différents
impôts et taxes, lettre d’information portant sur des évènements exceptionnels,
destruction de stock périmé, incendie ou dégâts liés à des intempéries,
(inondation, dégâts naturels), etc.
Examen des rapports des vérifications précédentes :
Le vérificateur doit accorder aux rapports des vérifications antérieures
une attention minutieuse notamment en ce qui concerne les irrégularités de
forme et/ou de fonds relevées par les autres vérificateurs
Cette base de données est un outil de travail très important pour la
performance du contrôle fiscal car elle évite au vérificateur de perdre son temps
à collecter des informations éparpillées entre les différents services concernés.
Etude financière préalable à la vérification :
Elle porte, principalement sur une appréciation dynamique de l’évolution
dans le temps, de l’activité de l’entreprise à travers l’étude critique des
performances économiques et financières de l’entreprise liées aux chiffre
d’affaires (C.A.) :

53
Production, consommation marge brute, valeur ajoutée (V.A.), résultats
financiers, courant et fiscal.
Sur le plan financier, l’analyse portera sur les états de synthèse de la
période soumise au contrôle fiscal.51
Il est à noter que les vérificateurs ne disposent d’aucun logiciel
performant pour les besoins de l’analyse financière qu’ils doivent effectuer. Une
question s’impose dans ce contexte, comment la DGI peut-elle aspirer à un
niveau de performance très élevé si les vérificateurs continuent à calculer
manuellement des ratios, à utiliser des feuilles de note mais surtout à élaborer
leurs propres outils de travail ?
7- Logistique rudimentaire de travail et faiblesse de la motivation
matérielle des vérificateurs

En l’absence d’une définition claire de la mission des vérificateurs, les


agents se trouvent en situation de devoir faire face à de multiples attributions,
avec un ensemble de moyens limités. Ils sont parfois contraints à sélectionner
eux-mêmes les priorités de leur action, alors que la responsabilité de ce choix ne
devrait pas leur incomber.
Quant aux brigades régionales, c’est au vérificateur lui-même d’assurer
son déplacement vers les sociétés, de sacrifier une partie de son budget
personnel pour se procurer un micro-ordinateur portable, d’acheter des ouvrages
de référence pour actualiser ses connaissances, d’acheter les lois fiscales
actualisées dès leur mise en vente après la publication de la loi de finances de
chaque exercice s’il ne veut pas rester dépendant de la distribution des lois en
question par la DGI.

51
L’image fidèle n’est pas un principe comptable supplémentaire mais c’est le résultat de l’application
des 7 principes comptables.
A partir des documents de base (factures…) on extrait des informations concernant l’activité de
l’entreprise. Ensuite ils sont traités chronologiquement dans des documents comptables appropriés
(journal, grand-livre…), avant d’être inscrites en fin d’exercice dans des états de synthèse bilan, CPC,
ESG, TF.

54
C’est pour faire face à des charges supplémentaires inhérentes à l’exercice
de la fonction de vérification qu’a été inventée une prime dite « de fonction »
mais cette prime s’est vite trouvée soumise à l’appréciation des supérieurs
hiérarchiques qui l’ont liée à une notation selon le rendement, ce qui réduit
sensiblement son montant initial. En conséquence, elle s’est vite retrouvée
détournée de son objectif de départ, à savoir la satisfaction des besoins de la
vérification afin que la frustration des vérificateurs cède la place à leur
épanouissement et surtout pour que ces derniers se concentrent mieux sur leur
travail au lieu de se soucier de petits détails matériels.
8- Faiblesse de la Motivation Matérielle des vérificateurs

La frustration des vérificateurs est d’autant plus grande à cause du


manque d’intéressement de ces derniers aux redressements obtenus après avoir
fourni un grand effort pour conclure des accords à l’amiable avec les
contribuables.
A ce sujet une prime de rendement (en plus de la prime de fonction) a été
instaurée pour remercier les éléments les plus méritants mais cette prime, au lieu
d’être appréciée, au contraire, non seulement elle est très critiquée dans le
milieu des vérificateurs mais parfois elle devient source de conflits et de
problèmes entre eux.
Le critère d’attribution de cette prime est le recouvrement effectif des
redressements dégagés par le contrôle, suite à un accord à l’amiable avec le
contribuable. Ce critère est doublé de la fixation d’un seuil assez élevé du
recouvrement en question, le seuil étant non officiellement communiqué, il
concerne principalement les grandes entreprises susceptibles de faire ressortir de
gros redressement, d’où surgit le problème entre vérificateurs de la réparation
du programme des sociétés candidates à la vérification.52
9- Profil de vérificateur mal défini
52
Article 20 du C.G.I Maroc : « déclaration du résultat fiscal et du chiffre d’affaires ».
Article 82 du C.G.I Maroc : déclaration annuelle du revenu globalJacquesNjampiep, Maitriser le droit et
la pratique du système comptable OHADA, Editions Publibook, 1 jan.2008, p. 485.

55
La DGI a recouru à un cabinet externe pour la description de certains
emplois dans ses services. C’est ainsi que la finalité de la mission du
vérificateur a été délimitée dans la vérification de la comptabilité des entreprises
et des déclarations fiscales en vue d’assurer l’équité fiscale et la lutte contre les
comportements frauduleux.
Quant aux missions dont les vérificateurs sont investis, elles se résument
dans :
Assurer la vérification de la comptabilité des entreprises et examiner la
Situation fiscale d’ensemble des personnes physiques
Gérer les recours devant les commissions d’arbitrage et le contentieux
juridictionnel et administratif
Assurer l’émission des impôts.
Dans le but de réaliser les missions en question, il est exigé du
vérificateur d’avoir de bonnes connaissances en comptabilité, en fiscalité et en
gestion financière, en plus d’une maîtrise des langues française et arabe ainsi
qu’un bon savoir-faire d’analyse et de négociation.
Quant aux qualités personnelles requises, elles ont été classées comme
suit :
Capacité d’écoute et de communication ;
Rigueur et méthode ;
Autonomie ;
Capacité de synthèse
Diplomatie ;
Maîtrise de soi ;
Négociation ;
Esprit de curiosité ;
Intégrité ;

56
.Il est à reconnaître que la compétence technique est essentielle,
cependant, le métier de vérificateur requiert des qualités personnelles
indispensables à l’exercice de sa fonction.53
Lesquelles qualités passent en priorité avant même les compétences
techniques. Il s’agit principalement de l’intégrité et de l’honnêteté du
vérificateur. Si ce paramètre a été classé spontanément en dernier lieu dans la
liste des qualités personnelles établie par la DGI, à mon avis, c’est un critère qui
doit devancer tous les autres en raison de la sensibilité de la fonction de
vérification exercée.
En effet, un vérificateur a beau maîtriser la technicité de sa fonction, si
l’intégrité lui fait défaut, il est définitivement déclaré non valable pour exercer
la fonction en question, car la nature de sa fonction l’expose à toutes sortes de
tentation, à laquelle il ne saurait résister.
Par conséquent, céder à la tentation porterait forcément grand préjudice
aussi bien à l’image de l’administration fiscale qu’à la performance du contrôle
fiscal. C’est ainsi que la DGI est appelée à doter cet aspect de l’intérêt qu’il
mérite et même recourir à toutes les méthodes nécessaires pour vérifier
l’intégrité et le bon sens des candidats au poste de vérificateur. Un simple
entretien par un non spécialiste du recrutement ne pourrait donner ses fruits à cet
égard.
Il est à noter, cependant, que la DGI a réalisé une avancée, en formalisant
les conditions d’accès aux services de vérification, avancée qu’il faudrait
renforcer par un intérêt non négligeable aux valeurs morales des futurs
vérificateurs.
Il est à signaler qu’auparavant, les affectations aux services des
vérifications ne se basaient sur aucun critère de choix objectif, permettant de
garantir l'opportunité de sélection.

53
Le contrôle fiscal informatisé : comment s’y préparer, cahier n°20, l’académie des sciences et
techniques financières, article publié www.lacademie.info, page 15.

57
Néanmoins pour une fonction aussi importante, pour laquelle l’aspect
humain est très précieux, on se demande jusqu’à quel point le profil du bon
vérificateur peut être déterminé à partir seulement d’épreuves techniques écrite
et orale, sans aucun test psychotechnique approfondi ou enquête sur la bonne
conduite des candidats.
D’après ce nouveau procédé, les inspecteurs vérificateurs des impôts sont
sélectionnés parmi le personnel de la DGI. Ils doivent être classés au moins au
grade d'inspecteur adjoint et être dotés d'un important niveau des connaissances
en matière du droit et techniques fiscales, la comptabilité des sociétés et droit
commercial, maîtrise de l'outil informatique.
10- Défaut de communication et de méthodologie du suivi des
vérifications (absence de référentiel)

Le suivi des vérifications relève des attributions de la division du suivi


des vérifications et des recours.
Cette division a pour principale mission d'assurer le suivi des travaux des
services des vérifications décentralisés, l'encadrement du corps opérationnel, la
coordination et l'harmonisation des méthodes de travail.
Ces fonctions sont assurées par le biais de trois services, structurés en
fonction de la nature des contribuables : service du suivi des vérifications
régionales des grandes entreprises ; service du suivi des vérifications régionales
des autres personnes morales service du suivi des vérifications des personnes
physiques.54
En outre, cette division se charge du suivi des dossiers en cours de
procédure, en phase des recours devant les commissions.
A cet égard, il est intéressant d’apporter une réflexion critique par rapport
à la fonction de la division de suivi des vérifications et des recours telle que

« On doit conserver non seulement les fichiers contenant les livres, mais aussi les programmes et les
54

systèmes qui permettent de les lire durant cette période de conservation. Chaque état comptable doit
pouvoir être présenté et réimprimé pendant la période de conservation minimale ». Erik De Lembre.
Michel Vander Linden. Stéphane Mercier. Christophe Vanhee, Principes de comptabilisation, Edition
Kluwer 2007, p.333.

58
décrite ci-dessus. Il est vrai que, théoriquement, cette division est chargée de
l'encadrement du corps opérationnel, la coordination et l'harmonisation des
méthodes de travail.
Cependant, dans la pratique, les services de vérifications décentralisés ne
reçoivent pas d’encadrement particulier et pour la plupart d’entre eux ils
méconnaissent cette mission attribuée à la division en question. Quant à la
coordination et l’harmonisation des méthodes de travail, elle demeure
l’attribution des chefs de brigades et chefs de services de vérifications, quoiqu’il
soit parfois difficile d’harmoniser les méthodes de travail en question qui sont le
plus souvent le fruit de l’effort de chaque vérificateur pris isolément.
Par ailleurs, la mission de suivi des recours ne débouche sur aucun
partage ou communication des conclusions aux services de vérifications afin
d’animer des discussions autour de l’amélioration des vérifications suite au suivi
qui en était fait.55
Dans ce contexte, s’agit-il d’un désengagement de la division du suivi et
des recours de ses missions de base au profit d’une prise en charge des services
de vérification par eux-mêmes ou encore d’un manque de communication entre
services, un manque de communication qui pénalise conséquemment la
performance de la mission du contrôle fiscal ?

11- Absence d’implication et d’accompagnement des vérificateurs

Il est à noter que les vérificateurs ont un long chemin à parcourir pour
atteindre le niveau de performance qui leur est exigé. Leurs efforts sont appelés
à doubler, leur esprit d’initiative et leur ingéniosité à s’éveiller. En conclusion,
ils doivent être à la hauteur des attentes, et de la direction, et des contribuables.
Par exemple le principe comptable d’irréversibilité suppose l’impossibilité de supprimer une écriture
55

une fois qu’elle a été passée en comptabilité. Il s’agit, pratiquement, de proscrire toute fonction
permettant, pour quelle que raison que ce soit, d’annuler une écriture.
Muriel Caronne, L’infirmière libérale et son organisation comptable, Edition La MARRE. France. P.
55.

59
Seulement, on ne peut livrer les vérificateurs au fruit de leur imagination sans se
soucier des moyens à mettre en œuvre pour leur accompagnement.
La DGI ne peut se désengager de la responsabilité de leur assurer un
encadrement et un accompagnement adéquat au niveau de performance exigé.
Dans le même ordre d’idées, il est à signaler que certains vérificateurs
s’accordent à déclarer que leur implication dans l’élaboration de la stratégie du
contrôle fiscal est quasi absente,
Ils ont exprimé un souhait insistant de les intégrer dans toutes les
discussions concernant les objectifs à atteindre et les moyens à mettre à leur
disposition par la DGI pour l’accomplissement de ces objectifs.
Leur forte connaissance des contraintes du terrain ne peut être ignorée
dans le développement des axes stratégiques à adopter pour une meilleure
performance du contrôle fiscal. Leur implication est d’autant plus utile pour
l’accompagnement et le suivi de leur action en aval, cela les responsabilisera
davantage pour donner le meilleur d’eux-mêmes et se féliciter de
l’accomplissement d’objectifs tracés initialement.
En outre, l’accompagnement des vérificateurs s’avère indispensable pour
le dépassement immédiat des entraves qui peuvent surgir en cours de la
réalisation de la vérification.56
Parallèlement à ce qui a été cité ci-dessus, l’accompagnement des
vérificateurs se matérialise également par la formation continue. En effet, les
vérificateurs ne peuvent se contenter de leur formation de base pour faire face à
un contexte économique et financier en perpétuelle évolution. Les tables rondes
et débats organisés par la DGI favorisent un espace de discussion intéressant
mais ils doivent être appuyés de formations dispensées dans un cadre
institutionnel permettant l’acquisition de nouvelles connaissances et de
techniques modernes indispensables à l’actualisation de leurs notions initiales.

56
Dernier alinéa de l’article 211 du C.G.I MAROC.
Article 23, loi n°9-88 relative aux obligations comptables des commerçants.

60
En conséquence, l’évolution du contrôle fiscal et l’amélioration de sa
performance dans le temps, ne sont possibles que grâce à la conjugaison des
efforts déployés par l’administration fiscale au niveau de la formation et de la
mise à niveau de ses cadres.

A cet égard, l’acceptation du contrôle fiscal par l’ensemble des


contribuables ne sera favorisée que grâce à sa généralisation à tous les
opérateurs du tissu économique du Maroc.
Cette généralisation aura un double objectif, d’abord : banaliser la
perception du phénomène de contrôle fiscal, ensuite, améliorer la pertinence du
contrôle en question du fait d’un élargissement du référentiel de comparaison
par secteur d’activité et par taille d’entreprise.57

On doit distinguer 3 cas : celle de compétence liée (Le contenu de la décision administrative est alors
57

prédéterminé par la loi, qui définit certains éléments de fait nécessaires à la prise de décision). Un
pouvoir discrétionnaire (toutes les fois qu’une autorité agit librement, sans que la conduite à tenirlui
soit dictée à l’avance par une règle de droit. L. MICHOUD, études discrétionnaires, revue général de
d’administration, 1914, p.5) et notre cas, un pouvoir d’appréciation où la décision
del’administration est subordonnée à des éléments de faits, qu’elle doit elle-même appréciée.
R. BONNARD, le pouvoir discrétionnaire des autorités administratives et le recours pour excès du pouvoir,
RDP, 1923, page 5.

61
DEUXIEME PARTIE
LES IMPLICATIONS DE CONTROLE FISCAL &
GARANTIES DU CONTRIBUABLE

CHAPITRE I : LES PROCEDURES DE


REDRESSEMENT

Lorsque la comptabilité présente des irrégularités ; ceci peut donner lieu soit :

62
SECTION I : Procédure normale de redressement

Il s’agit d’une procédure contradictoire permettant de déclencher une phase de


dialogue entre l’administration et le contribuable et clarifier des points de
désaccords entre eux qu’ils soient sur les irrégularités commises ou sur les
questions soulevées par le vérificateur.
L’échange de points de vue se fait par le biais de lettre ou doivent respecter
certaines conditions de fonds et de forme :
1- La première lettre de notification :

L’inspecteur vérificateur est tenu d’informer la société des rectifications


qu’il a apportées à ses déclarations et les nouvelles bases d’imposition
auxquelles elle serait imposée.

Les redressements proposés sont notifiés à la société par lettre


recommandée avec accusé de réception ou remise en main propre.

La notification doit être envoyée à l’adresse que la société à son siège


social.

L’inspecteur est tenu de rédiger sa notification en offrant au contribuable


toutes les explications et les précisions complémentaires.

Les réintégrations proposées doivent être dûment motivées par


l’administration.

Cette notification doit contenir les motifs qui ont amené l’inspecteur
vérificateur à procéder au rejet de la comptabilité ou cas échéant, la nature des
anomalies constatées et le montant des réintégrations opérées.

Dans le cas où l’administration procède à la reconstitution du chiffre


d’affaires déclaré par le contribuable, elle est tenue de préciser les éléments qui
ont servis à cette reconstitution et la méthode utilisée.

D’autres informations doivent être mentionnées sur la lettre de notification


à savoir :

Les exercices vérifiés et les impôts et taxes concernés ;

63
Les articles de la loi autorisant l’administration à procéder à la rectification
;

L’invitation du contribuable à émettre ses remarques au à produire ses


observations dans un délai de 30 jours suivant la date de réception de la lettre ;

Les articles indiquant les irrégularités commises ;

Chaque réintégration doit être motivée et le montant doit être détaillé de


manière à permettre au contribuable d’identifier l’origine de celles-ci ;

Un tableau récapitulatif des redressements opérés et éventuellement la


nouvelle base imposable.

L’inspecteur doit s’assurer que sa notification comporte tous les éléments


indiqués ci-dessus puisque le défaut de ces éléments entraîne son irrégularité.

La notification comporte en général deux annexes, l’une relative à l’I.S OU


à l’I.R selon qu’une personne morale ou physique et l’autre relative à la TVA
lorsque le contribuable est assujetti à cette taxe.

La notification n’est pas considérée comme ayant été reçue par la société à
la date indiquée sur la lettre de notification, mais la date qui déclenche le délai
de 30 jours :

Celle qui figure à l’accusé de réception si la lettre est reçue par la société
par poste ;

Ou celle qui figure sur le PV de la remise en main propre si la lettre est


donnée à la société par l’inspecteur vérificateur ou toute personne désignée par
la loi.

Remarque : Le refus de réception de la lettre de notification des


redressements par la société ou les personnes désignés par la loi doit être
considéré comme valant réception.

• Réponse de la société à la première lettre de notification

La société est tenue de répondre à la lettre de notification par l’inspecteur


vérificateur dans le délai prescrit de la loi, soit trente jours (30) à compter de la
date de réception de ladite lettre.

64
Elle doit exprimer son accord sur la nouvelle base notifiée ou son
désaccord total ou partiel sur les chefs des redressements proposés.

Il est tenu également de veiller à ce que sa lettre soit postée à l’adresse


indiquée sur la notification ou déposée au secrétariat du chef de service de
notification (Bureau d’ordre).

Remarque :

La société pourrait toujours contacter l’inspecteur vérificateur ou son chef


immédiat pour discuter certains points avant de répondre ou demander des
éclaircissements mais ceci n’interrompt par le délai prévu de 30 jours

L’examen de la réponse de la société peut aboutir à trois cas :

1° / La société formule dans sa réponse son accord sur la totalité des


redressements proposés, dans ce cas, la procédure contradictoire est terminée.
Par conséquent, les redressements proposés feront l’objet d’une taxation par
l’inspecteur et ils ne pourront plus être contestés.

2° / La société ne répond pas dans le délai d’un mois prévu par la loi : dans
ce cas l’imposition est établie sur les bases notifiées qui ne pourront plus être
contestées par la société dans le cadre de cette procédure.

Le défaut de réponse dans le délai est considéré par l’administration


comme un accord tacite.

Toutefois la loi accorde à la société la voie de la réclamation devant le


Directeur

Général des Impôts ou son délégué.

3° / La société répond dans le délai imparti et formule son désaccord partiel


ou total sur les redressements proposés.

Dans ce cas, l’inspecteur est tenu de lui dresser une deuxième lettre de
notification pour lui émettre ses observations sur les remarques et pièces
justificatives produites.

2- La deuxième lettre de notification de redressement :

Lorsque la société répond dans le délai à la première lettre de notification


de redressements conteste une partie ou la totalité, l’inspecteur doit après

65
examen approfondi des observations émises et des pièces justificatives produites
répondre dans un délai de 2 mois (60 Jours). !

La réponse à ces observations fait l’objet de la 2ème lettre de notification


où l’inspecteur est tenu de traiter point par point les remarques formulées par la
société.

La loi a fixé le délai de réponse de l’administration à 60 jours à compter de


la réception de la lettre de la société et elle est tenue de la respecter sous peine
de nullité de cette procédure.

Après examen de la réponse de la société deux cas figure peuvent présenter


:

1 er cas : l’inspecteur accepte toutes les observations acceptation et


l’informer qu’aucune imposition ne sera émise à son égard.

2ème cas : l’inspecteur trouve non fondé une partie ou la totalité des
remarques émises par la société. Il est tenu de répondre à ses observations dans
le délai prescrit (60 jours) en invitant le contribuable à formuler son acceptation
ou en cas la contestation à demander le pourvoi devant la commission locale de
taxation dans les Trente jours (30) qui suivent la date de réception de la 2ème
lettre de notification.

Dans le cas où le vérificateur trouve le bien fondé des observations de la


société, ou les pièces justificatives qu’il a communiqué pour justifier une partie
des réintégrations proposées, il doit aviser clairement la société de son
acceptation et par conséquent il doit modifier à la baisse des bases inégalement
notifiées.

Réponse de la société à la deuxième lettre de notification :

La réponse de la société à la 2ème lettre de notification peut aboutir à l’une


deux situations suivantes :

- La première a trait au maintien de sa position en refusant d’admettre une


partie ou la totalité des redressements notifiés et par conséquent la société se
pourvoit devant la commission locale de taxation pour une partie ou la totalité
des redressements. Dans ce cas le différent est la totalité des redressements.
Dans ce cas le différent est donc porté devant la CLT par l’administration qui
assure l’information de cette commission de l’intention de la société ;

66
- La deuxième situation correspond à l’acceptation par la société de
l’ensemble des redressements notifiés. Dans ce cas la procédure est terminée.

Dans le cas où la société n’a pas répondu ou a répondu hors délai, les
impositions sont établies et ne pourront être constatées que par le moyen d’une
réclamation devant les impôts (Contentieux).

En conclusion, il y a lieu de préciser que les questions de droit doivent être


immédiatement faire l’objet d’une imposition. Ils ne doivent pas suivre de
procédure car elles sont claires et fondées. Il suffit simplement d’informer la
société qu’une imposition a été émise à son égard concernant les questions de
droit et de lui fournir le détail.58

3- Procédure de redressements accélérés :

La procédure de redressement accélérée a aussi un caractère contradictoire


puisqu’elle engage un processus d’échange de correspondances entre
l’administration fiscale et la société pour l’éclaircissement de points de vue sur
les litiges nés à la suite de la vérification fiscale.

4- Domaine d’application de la procédure accélérée :

En matière d’impôt sur les sociétés, l’impôt sur le revenu et la taxe sur la
valeur ajoutée, la procédure accélérée est mise en œuvre en cas de rectification :

Du résultat fiscal de la dernière période d’activité non couverte par la


prescription en cas de cession, cessation totale, redressement ou liquidation
judiciaire ou transformation de la forme juridique d’une entreprise entraînant,
soit son exclusion du domaine de l’impôt sur les sociétés ou de l’impôt sur le
revenu, soit la création d’une personne morale nouvelle ;

5- Phase de la procédure accélérée :

58
l’article 119 du C.G.I

67
A l’issue du contrôle fiscal effectué conformément aux dispositions de
l’article 212 du C.G.I, la procédure accélérée définie à l’article 221 dudit code
est engagée selon les phases suivantes 59:

Première lettre de notification

Les règles applicables à cette lettre de notification sont identiques à celles


applicables à la première lettre de notification de la procédure normale.

Deuxième lettre de notification

Suite à la réponse de la société à la première lettre de notification, lorsque


l’inspecteur estime non fondées en tout ou en partie les observations de celui-ci,
il notifie à l’intéressé dans les formes prévues à l’article 119 du C.G.I. et dans un
délai de soixante (60) jours suivant la date de réception de la réponse du
contribuable :

Les motifs de son rejet ou total ;

Les bases d’imposition retenues ;

La possibilité de recours devant la C.L.T. prévue à l’article 225 du C.G.I.


dans un délai de trente (30) jours suivant la date de réception de la deuxième
lettre de notification.

L’inspecteur établit les impositions sur les bases notifiées selon les formes
prévues à l’article 219 du code précité à la société dans la deuxième lettre de
notification précitée.

A défaut de pourvoi devant la C.L.T., l’imposition émise ne peut être


contestée que les conditions prévues à l’article 235 du C.G.I. relatif au droit de
réclamation.

Réponse de la société à la deuxième notification et recours devant les


commissions :

La société dispose d’un délai de trente (30) jours suivant la date de


réception de la 2ème lettre de notification pour formuler expressément son
pourvoi devant la C.L.T.

l’article 212 du C.G.I


59

L’article 220 du C.G.I

68
Il convient de préciser que le recours devant la C.L.T. et la C.N.R.F. et, le
cas échéant, devant le tribunal compétent s’exerce dans les conditions fixées par
l’article 220 du C.G.I.60

Section II : Procédure de taxation d’office :

L’administration détermine d’une manière unilatérale les bases


d’imposition selon la procédure de taxation d’office prévue à :

L’article 220 du C.G.I., en cas de défaut de déclaration du résultat fiscal,


du revenu global, de profit ou de chiffre d’affaires.

L’article 229 du code précité, en cas d’infraction aux dispositions relatives


à la présentation des documents comptables et au droit de contrôle.

Cette taxation d’office permet de remédier à l’inobservation des obligations


fiscales du contribuable et met la preuve à sa charge en cas de contestation de
l’imposition devant l’administration ou devant les tribunaux.61

1- Taxation d’office pour défaut de déclaration, déclaration incomplète et


défaut de versement des retenus à la source :

L’article 228 du C.G.I. prévoit l’application de la procédure de taxation


d’office dans les trois cas suivants :

- Défaut de déclaration :

La procédure de taxation d’office est applicable en la matière pour ceux qui


ne produisent pas dans les délais prescrits :

- La déclaration du revenu global prévue par les articles 84 et 85 du même


code (I.R + I.S) ;

- La déclaration du chiffre d’affaires faisant ressortir éventuellement le


versement de la taxe correspondante (TVA).

B) - Déclaration incomplète :

La procédure de taxation d’office est applicable également pour les


contribuables qui produisent une déclaration incomplète ou d’un acte sur

60
l’article 221 du C.G.I
61
L’article 229 du C.G.I

69
lesquels manquent les renseignements nécessaires pour l’assiette, le
recouvrement de l’impôt ou la liquidation des droits. 62

Par déclaration incomplète ou omissions, il y a lieu d’entendre l’absence


des renseignements exigés par la loi ou seulement certains de ces
renseignements ayant une incidence sur l’assiette, la liquidation ou le
recouvrement des impôts droits ou taxes.

MAJORATIONS :

Par ailleurs, il y a lieu de rappeler que les déclarations incomplètes donnent


lieu à l’application de la majoration de 15 %.

C) - Défaut de versement des retenus à la source sur salaires :

La procédure de taxation d’office est également applicable en matière


d’impôt sur le revenu pour les contribuables qui n’effectuent pas ou ne versent
pas au trésor les retenues à la source sur les revenus salariaux et assimilés dont
ils sont responsables.

2) - Déroulement de la procédure de taxation d’office :

Dans les trois cas précités, l’inspecteur invite le contribuable à déposer ou à


compléter sa déclaration ou son acte ou à verser le montant retenu à la source ou
qui aurait dû être retenu, dans le délai de trente (30) jours suivant la date de
réception de ladite lettre.

Si la société ne dépose pas ou ne complète pas sa déclaration ou son acte ou


ne verse pas le montant de l’impôt retenu à la source dans le délai de trente (30)
jours prévu ci-dessus, l’administration l’informe des bases qu’elle a évaluées et
sur lesquelles le contribuable sera imposé d’office,

Lorsque la société ne se conforme pas aux dites obligations fiscales dans ce


deuxième délai de trente (30) jours, il est taxé d’office sur les bases évaluées par
l’administration.

Section III : Constats, Critiques et suggestions

1- le marchandage entre l’administration et le contribuable pour trouver un


accord à l’amiable

62
L’article 228 du C.G.I

70
En privilégiant la contrainte financière, la politique de l'administration
fiscale a tendance de plus en plus à rechercher un rendement statistique du
contrôle fiscal.

Pour cela, elle admet, voire encourage, l'aboutissement des dossiers à des
accords à l'amiable dont le fond est la négociation. L'évolution des dossiers
réglés à l'amiable en nombre et en valeurs n'a cessé de croître ces dernières
années.

Les implications de ce choix organisationnel, sont appréhendées à deux


niveaux :

- l'organisation du contrôle fiscal répond plus à un choix rationnel, mais


non pas d'une manière optimale à la fonction objective du contrôle fiscal, celle
de lutter contre toutes les formes d'évitement (Action de se défendre) de l'impôt
et crédibiliser le système déclaratif, mais de faire alimenter les caisses du trésor
par des recettes supplémentaires ;

- le pouvoir décisionnel du vérificateur se voit renforcé, vu l'importance de


son rôle dans le processus de négociation des accords à l'amiable. A partir de ses
pouvoirs, il s'arrange, pour afficher de bonnes performances (bons chiffres) à
concilier entre trois objectifs.

1-Trouver des redressements et pas tous les redressements.

2-réaliser une moyenne annuelle satisfaisante et non la meilleure et enfin.

3-aboutir au maximum d'accords et de recouvrements.

De ce qui précède, en privilégiant le choix d'évaluer le contrôle fiscal par la


contrainte financière conjuguée au pouvoir décadent et insignifiant du
vérificateur dans la sphère décisionnelle, il y a lieu d'envisager le risque de
basculement des choix et enjeux.

Face à cela, il est impératif de prévoir ce que pourra dissimuler cette option
de travail, notamment toutes les éventuelles formes de dérives alimentées par un
contexte favorable, à savoir l'ampleur de la fraude au Maroc et l'importance des
sommes mises en jeu et où, malheureusement, l'intégrité n'est pas une devise
précieuse.

2-Efficacité du Contrôle biaisée par le recours à la fraude et l’évasion fiscale


favorisés par l’économie informelle

71
L’administration fiscale, consciente des effets négatifs de la turbulence de
l’environnement, marqué par l’économie informelle, sur l’efficacité du contrôle
fiscal, a proposé, dans le cadre des différentes lois de finances, plusieurs
mesures de nature à neutraliser progressivement et à atténuer l’impact de cette
turbulence. Certaines de ces mesures dépassent le cadre purement fiscal et
s’identifient davantage à la réglementation économique (réglementation des
ventes en tournées, obligation d’affichage du N° d’article de l’impôt des
patentes, obligation du paiement par chèque pour les transactions entre
commerçants ou assujettis, obligation de paiement par chèque entre société «
barrée non endossable ».

Toutefois, les efforts déployés par l’administration fiscale restent relatifs,


quel que soit le niveau de compétence de ses cadres et l’efficacité de ses
structures, L’administration fiscale ne peut venir à bout du phénomène de la
fraude fiscale, lorsque cette fraude se nourrit et se régénère dans un
environnement caractérisé par la résistance et la persistance du secteur informel.

Ce qui serait intéressant c’est de mesurer la fraude fiscale afin de pouvoir


quantifier l’enjeu fiscal en question.

3- Le manque de civisme pour toutes les parties

Il est d’usage au Maroc de porter la responsabilité du développement


économique et social du pays sur les autres en ignorant que chaque membre de
notre société a un rôle à jouer, combien même ce rôle est négligeable à nos
yeux. Malheureusement, cette culture est propre aux pays en voie de
développement qui aspirent au progrès mais qui ne fournissent aucun effort pour
l’atteindre, au contraire, ils le retardent davantage par leur inconscience et leur
irresponsabilité.

Le manque de civisme des contribuables les incite à minorer leurs


déclarations fiscales. En effet, certains contribuables préfèrent courir un grand
risque fiscal que payer un grand montant d’impôt, qui revient de droit au trésor
public. Au fait, ces contribuables sont conscients de Faiblesse des moyens
humains et matériels de la DGI pour faire face au contrôle de l’intégralité des
entreprises existantes. Donnée selon laquelle, ces contribuables de mauvaise foi,
calculent leur probabilité de contrôle qui avoisine 0%.

72
Il peut émaner également des agents de l’administration fiscale qui
recourent à l’abus de pouvoirs, à la menace et au chantage exercés sur les
contribuables les moins avertis et ce, dans le seul but de chercher un
complément de salaire via la corruption.

CHAPITRE 2 : LES GARANTIES DU CONTRIBUABLE

Face aux prérogatives dont dispose l'administration, et en vue de remettre


l'équité entre les deux opposants, le contribuable, de sa part bénéficie de tout un
arsenal juridique qui garantit ses droits à l'égard de l'administration fiscale.

Section1 : Les Garanties légales et procédurales du contribuable

I- Principes fondamentaux :

1 - Présomption de sincérité

Les déclarations et les documents comptables déposés ou présentés à


l’administration fiscale sont présumés être exacts et sincères.

2 - Engagement de facilitation de l’opération de contrôle

L’administration dispose d’un droit de contrôle des déclarations fiscales,


pour s’assurer du respect des obligations fiscales par les contribuables et lutter
contre la fraude et l’évasion fiscales.

Les contribuables s’engagent à faciliter les opérations de contrôle


effectuées par l’administration.

3 - Garantie de contrôle selon une procédure légale

Le contrôle fiscal ne peut s’exercer que dans le cadre des procédures de


rectification prévues par le C.G.I, par des agents de l’administration fiscale
assermentés.

4 - Droit de défense selon une procédure contradictoire

73
Les procédures de rectification des bases d’imposition sont des procédures
contradictoires qui garantissent aux contribuables le droit de défense durant
toutes les phases de contrôle fiscal.

5 - Droit d’être assisté par un conseil de son choix

Les contribuables ont le droit de faire appel à un conseil de leur choix pour
les assister lors des opérations de vérification. Ils disposent de la garantie de
choisir librement aussi bien le titre que l’effectif des personnes pouvant remplir
ce rôle d’assistance.

6 - Obligation de conservation des documents comptables

Les contribuables ont l’obligation de conserver tous les documents


comptables et pièces justificatives, pendant dix (10) ans au lieu où ils sont
imposés.

Les contribuables qui tiennent la comptabilité par procédé électronique


doivent conserver pendant la même durée les documents comptables précités sur
support électronique.

En cas de perte des documents comptables, les contribuables doivent


obligatoirement en informer l’administration fiscale par lettre recommandée
avec accusé de réception, dans les quinze (15) jours suivant la date à laquelle ils
ont constaté ladite perte. Ce délai est porté à trente (30) jours en cas de force
majeure.

II- Droits et obligations au début de la procédure de vérification

1 - Droit d’être informé du début de la procédure de vérification

Les contribuables ont le droit d’être informés du début de la procédure de


vérification par un avis de vérification que l’administration doit obligatoirement
notifier au moins quinze (15) jours avant la date fixée pour cette opération. Cet
avis doit comporter :

 Le(s) nom(s), prénoms et le grade de(s) vérificateur(s) ;

 La période concernée par la vérification ;

 La nature des impôts à vérifier ;

74
 Les postes ou opérations à vérifier en cas de contrôle ponctuel ;

 La date du début de l’opération de vérification, qui commence à


partir du 16ème jour suivant la date de notification dudit avis, sans
dépasser le cinquième jour ouvrable à compter de la date fixée pour
le début du contrôle.

En cas de défaut de notification aux intéressés de l'avis de vérification dans


le délai précité, la procédure de rectification est frappée de nullité.

2 - Droit d’être informé des droits et obligations en matière de vérification

Les contribuables ont le droit d’être informés de leurs droits et obligations


en matière de contrôle fiscal. L’administration doit obligatoirement
accompagner l’avis de vérification d’une copie de la charte du contribuable.

En cas de défaut de notification aux intéressés de cette charte, la procédure


de rectification est frappée de nullité.

3 - Droit d’être notifié selon des formes légales

L'administration doit notifier au contribuable l’avis de vérification et les


autres notifications dans les formes prévues à l’article 219 du C.G.I.

4 - Droit à l'observation par l’Administration d'un délai légal avant le début


du contrôle

L’opération de vérification ne peut commencer qu'à l'expiration du délai


minimum de quinze (15) jours suivant la date de notification de l'avis de
vérification, soit à partir du 16ème jour suivant la date de notification dudit avis,
sans dépasser le cinquième jour ouvrable à compter de la date fixée pour le
début du contrôle.

La date de commencement de l’opération de contrôle est constatée par un


procès-verbal établi par l’administration et signé par les deux parties, dont une
copie est remise au contribuable.

Ce procès-verbal, daté, doit comporter notamment les informations


suivantes :

 Le nom, prénom ou raison sociale de l’entreprise vérifiée ;

 La date de commencement de l’opération de contrôle ;


75
 Le nom et la qualité des signataires ;

5 - Obligation de présentation des documents comptables

Les contribuables ont l’obligation de mettre les documents comptables et


pièces justificatives à la disposition de l’agent chargé du contrôle à la date fixée
pour le contrôle.

Les contribuables qui tiennent une comptabilité par procédé électronique


doivent présenter, également, les documents comptables précités sur support
électronique.

Les entreprises ayant des liens de dépendance directe ou indirecte avec des
entreprises situées hors du Maroc, doivent mettre à la disposition de
l'administration fiscale la documentation permettant de justifier leur politique de
prix de transfert, visée à l'article 214-III-A du C.G.I, à la date de début de
l'opération de vérification de la comptabilité.

Ladite documentation doit être communiquée par procédé électronique


selon les modalités prévues par voie réglementaire, Les documents comptables
sont présentés dans les locaux, selon le cas, du domicile fiscal, du siège social
ou du principal établissement des contribuables personnes physiques ou morales
concernés, aux agents de l’administration fiscale qui vérifient, la sincérité des
écritures comptables et des déclarations souscrites par les contribuables et
s'assurent, sur place, de l'existence matérielle des biens figurant à l'actif.

Lorsque la comptabilité est tenue au moyen de systèmes informatisés, le


contrôle porte sur l’ensemble des informations, données et traitements
informatiques qui concourent directement ou indirectement à la formation des
résultats comptables ou fiscaux et à l’élaboration des déclarations fiscales, ainsi
que sur la documentation relative à l’analyse, à la programmation et à
l’exécution des traitements.

Si le contribuable refuse de mettre à la disposition du vérificateur les


documents comptables nécessaires à la vérification de ses déclarations ou refuse
de se soumettre à la vérification, l’administration lui envoie deux lettres de mise
en demeure avant de procéder à la taxation d'office.

Si le contribuable tenant une comptabilité par procédé électronique ne


présente pas les documents comptables sur support électronique, il lui est
76
adressé une lettre, dans les formes prévues à l’article 219 du C.G.I, l’invitant à
se conformer à cette obligation dans un délai de quinze (15) jours à compter de
la date de réception de ladite lettre. A défaut, il est informé par lettre de
l’application de l’amende prévue à l’article 191 bis du C.G.I.

A défaut de présentation, au cours de la vérification, d’une partie des


documents comptables et pièces justificatives prévus par la législation et la
réglementation en vigueur et le cas échéant de la documentation précitée visée à
l'article 214-III-A du C.G.I, le contribuable est invité dans les formes prévues à
l’article 219 du C.G.I, à produire ces documents et pièces dans un délai de trente
(30) jours à compter de la date de réception de la demande de communication
desdits documents et pièces. Ce délai peut être prorogé jusqu’à la fin de la
période de contrôle.

Les documents et pièces manquants ne peuvent être présentés par le


contribuable pour la première fois devant la commission locale de taxation et la
commission nationale de recours fiscal.

6 – Droit de communication

L’administration a le droit de demander par écrit la communication des


renseignements et documents qui peuvent servir dans l’opération de contrôle des
déclarations des contribuables. Le droit de communication porte sur tous les
renseignements concernant les contribuables à l’intérieur du Maroc ou à
l’étranger à travers la communication avec les administrations fiscales
étrangères en vertu des conventions ou accords internationaux conclus par le
Maroc.

III- Droits et obligations au cours de la procédure de vérification

1 - Droit d’être vérifié dans les locaux du contribuable

Le lieu de vérification est le siège social ou le principal établissement pour


les personnes morales, le domicile fiscal ou le principal établissement pour les
personnes physiques et le domicile fiscal élu pour les contribuables non-
résidents au Maroc.

L’administration n’est pas en droit d’exiger du contribuable de lui faire


parvenir à ses locaux des documents comptables ou des extraits de sa
comptabilité et ne doit pas emporter les livres et pièces comptables originaux,

77
sauf autorisation expresse du contribuable et à condition de lui délivrer un
récépissé détaillé desdits livres et pièces.

2 - Droit d’être vérifié dans une durée limitée

Les opérations de vérification de comptabilité ne peuvent durer plus de


trois (3) mois pour les entreprises dont le chiffre d’affaires déclaré, au titre des
exercices soumis à vérification, est inférieur ou égal à cinquante (50) millions de
dirhams hors taxe sur la valeur ajoutée et plus de six (6) mois pour les
entreprises dont le chiffre d’affaires déclaré, au titre de l’un des exercices
vérifiés, est supérieur à cinquante (50) millions de dirhams hors taxe sur la
valeur ajoutée.

Les délais de trois (3) et six (6) mois ne tiennent pas compte des
suspensions de la vérification pour défaut de présentation des documents
comptables obligatoires ou refus de se soumettre au contrôle.

Lorsque le contribuable est soumis à la vérification des postes ou


opérations déterminés, au titre d’un ou plusieurs impôts ou taxes, pour une
période déterminée, suivie d’un examen de la comptabilité au titre de tous les
impôts et taxes et pour la même période, la durée cumulée de la première et de
la deuxième intervention sur place ne peut excéder la durée de vérification visée
ci-dessus.

3 - Pouvoir d’appréciation de l’Administration

Dans le cadre d’une opération de vérification, l’administration dispose d’un


pouvoir d’appréciation des bases d’imposition déclarées par les contribuables
lorsque :

 La comptabilité présente des irrégularités graves de nature à mettre


en cause sa valeur probante et ayant pour conséquence une
insuffisance de chiffre d’affaires ou de résultat imposable ou de ne
pas permettre à la comptabilité présentée de justifier les résultats
déclarés ;

 La comptabilité présente des insuffisances au niveau des chiffres


d’affaires déclarés ;

 Les bénéfices ont été transférés par une entreprise disposant de liens
de dépendances avec d’autres entreprises ;

78
 L’importance de certaines dépenses engagées ou supportées à
l’étranger par les entreprises étrangères ayant une activité
permanente au Maroc n’apparaît pas justifiée.

4 - Droit de rectification des erreurs au profit du contribuable

Le vérificateur peut rectifier les erreurs et omissions qu’il constate lors de


l’opération de vérification et qui peuvent être en faveur du contribuable.

IV- Droits et obligations à la clôture de la procédure de vérification

1 - Droit d’être informé de la date de clôture de la vérification

Au terme de l’opération de vérification, il est notifié au contribuable, un


avis de clôture de ladite opération dans les formes prévues à l’article 219 du
C.G.I.

2 - Droit à un échange oral et contradictoire

Avant la notification des redressements envisagés, le contribuable est invité


dans les trente (30) jours suivant la date de clôture de la vérification et dans les
formes prévues à l’article 219 du C.G.I, à un échange oral et contradictoire,
organisé dans les locaux de l’administration fiscale concernant les rectifications
que l’inspecteur envisage d’apporter à la déclaration fiscale. Les observations
formulées par le contribuable, lors de cet échange, sont prises en considération si
l’administration les estimes fondées. Un procès-verbal est établi par l’inspecteur
des impôts indiquant la date de la tenue de l’échange précité et les parties
signataires. Une copie dudit procès-verbal est remise au contribuable.

La lettre de notification prévue aux articles 220-I (3ème alinéa) et 221-I


(2ème alinéa) du CGI demeure le seul document ayant pour effet de fixer les
montants des redressements notifiés et de constater l’engagement de la
procédure de rectification des impositions.

3 - Garantie de respect des procédures de rectification des bases


d’imposition

A l’issue du contrôle fiscal sur place, l'administration doit en cas de


rectification des bases d'imposition, engager, selon le cas, la procédure normale

79
de rectification prévue à l’article 220 ou la procédure accélérée prévue à l’article
221 du C.G.I.

4 - Droit du contribuable d’être informé en cas d’absence de rectifications

Au cas où la vérification n’aboutit à aucun redressement, l'administration


doit en aviser le contribuable dans les formes prévues à l’article 219 du C.G.I.

5 - Garantie de respect de la charge de la preuve

La charge de la preuve dépend des trois (3) situations suivantes :

 Si la comptabilité présentée n’est entachée d’aucune irrégularité


grave, la charge de la preuve incombe à l’administration pour la
reconstitution du chiffre d’affaires ;

 Si la comptabilité présente des irrégularités graves la charge de la


preuve incombe au contribuable ;

 Si la comptabilité est inexistante ou n’a pas été mise à la disposition


du vérificateur, la charge de la preuve incombe au contribuable.

6 - Garantie du non modification des bases d’imposition retenues au terme


d’un contrôle fiscal antérieur

L’administration peut procéder ultérieurement à un nouvel examen des


écritures déjà vérifiées sans que ce nouvel examen, même lorsqu’il concerne
d’autres impôts et taxes, puisse entraîner une modification des bases
d’imposition retenues au terme du premier contrôle.

Lorsque la vérification a porté sur des postes ou opérations déterminés, au


titre d’un ou plusieurs impôts ou taxes, pour une période déterminée,
l’administration peut procéder ultérieurement à un contrôle de ladite
comptabilité au titre de tous les impôts et taxes et pour la même période, sans
que ce contrôle puisse entraîner le rehaussement des montants des redressements
ou rappels retenus au terme du premier contrôle, au titre des postes et opérations
précités.

7 - Garantie de la non reprise de la vérification pour les exercices prescrits

80
L’administration ne peut procéder au contrôle des écritures se rapportant à
une période couverte par la prescription. Néanmoins, une dérogation à ce
principe est prévue dans les quatre (4) cas suivants :

 En matière d’I.S ou d’I.R, le droit de réparer peut s’étendre aux


quatre (4) derniers exercices prescrits, lorsque des déficits afférents
à des exercices comptables prescrits ont été imputés sur les revenus
ou les résultats d’un exercice non prescrit ;

 En cas de cessation d’activité suivie d’une liquidation : le droit de


contrôle peut concerner toute la période de liquidation, sans que la
prescription puisse être opposée à l’administration pour toute cette
période ;

 En matière de T.V.A, lorsqu’un contribuable dispose au début de la


première année non atteinte par la prescription d’un crédit de taxe,
l’administration est en droit de vérifier les périodes d’imposition ou
les quatre (4) derniers exercices prescrits.

 En matière de taxe sur les contrats d’assurances, l’administration est


en droit de vérifier la sincérité des déductions opérées au cours des
cinq (5) derniers exercices prescrits, lorsque le crédit de taxe
afférent à ces exercices a été imputé sur la taxe due au titre d’un
exercice non prescrit.

Dans tous les cas, cette vérification ne peut aboutir qu’à la réduction ou à
l’annulation des crédits ou déficits précités et ne peut engendrer un complément
d’impôt ou de taxe au titre de la période prescrite.

V- Droits et obligations en cas de procédure normale de rectification des


bases d’imposition

La procédure normale s’applique pour la rectification des bases


d’imposition initiales résultant soit d’une déclaration, soit d’une taxation
d’office au titre des impôts, droits et taxes. Il s’agit d’une procédure
contradictoire écrite qui comprend cinq étapes :

 La première lettre de notification ;

 La réponse du contribuable à la première lettre de notification ;

81
 La deuxième lettre de notification ;

 La réponse du contribuable à la deuxième lettre de notification ;

 Le pourvoi devant la commission locale de taxation (C.L.T) ou


devant la commission nationale du recours fiscal (C.N.R.F), selon le
cas.

1 - Droit d’être informé des résultats de la vérification dans une première


lettre de notification

Les nouvelles bases arrêtées en matière d’impôt sur les sociétés et d’impôt
sur le revenu, les montants des droits complémentaires arrêtés en matière de
T.V.A, la base retenue en matière de droits d’enregistrement, de droits de timbre
(sur déclaration) et de taxe sur les contrats d’assurances, ainsi que les droits
complémentaires résultant de la base précitée doivent être notifiés par
l’administration au contribuable, dans les formes prévues à l’article 219 du
C.G.I, durant les trois (3) mois qui suivent la date de clôture des travaux de
vérification. Ladite date de clôture est celle portée à la connaissance du
contribuable par la lettre d’information, prévue par les dispositions de l’article
212-I du C.G.I. La lettre de notification des redressements doit être motivée et
doit comporter l'assignation au contribuable d'un délai de réponse de trente (30)
jours suivant la date de réception de ladite lettre pour faire parvenir à
l’inspecteur son acceptation ou ses observations détaillées et motivées par nature
de redressement et par période d’imposition. Cette lettre a pour effet
d’interrompre la prescription et de fixer les limites d'imposition établie suite à un
contrôle fiscal à celle résultant des bases fixées dans cette première lettre de
notification.

2 – Droit de réponse à la première lettre de notification

Le contribuable peut adresser sa réponse, pour donner son accord total ou


partiel, ses observations ou propositions sur la base qui lui a été notifiée, par
lettre recommandée avec accusé de réception à l’inspecteur des impôts ou la
déposer au service des impôts concerné, à l’adresse figurant sur la lettre de
notification, dans le délai franc de trente (30) jours suivant la date de réception
de ladite lettre.

L‘examen par l'inspecteur de la réponse du contribuable peut aboutir soit à


l'abandon total des redressements notifiés, soit au maintien total ou partiel de ces

82
redressements. A défaut de réponse ou en cas de réponse hors délai, les droits
complémentaires sont émis par voie de rôle, état de produits ou ordre de
recettes, sans préjudice de l’application des sanctions prévues par le C.G.I.

3 - Droit d’être informé des observations de l’Administration dans une


deuxième lettre de notification

Si l'inspecteur estime que les observations du contribuable ne sont pas


fondées en tout ou en partie, il lui notifie dans les formes prévues à l’article 219
du C.G.I, dans un délai maximum de soixante (60) jours suivant la date de
réception de la réponse du contribuable, les motifs de son rejet partiel ou total
ainsi que la base d'imposition qui lui paraît devoir être retenue et, le cas échéant,
le montant des droits et taxes. Il doit également informer le contribuable que
cette base sera définitive s’il ne présente pas un recours devant la Commission
Locale de Taxation (C.L.T) ou devant la Commission Nationale de Recours
Fiscal (C.N.R.F), selon le cas, dans un délai de trente (30) jours suivant la date
de réception de cette deuxième lettre de notification.

A défaut de réponse de l’inspecteur aux observations du contribuable dans


un délai de soixante (60) jours, la procédure de vérification est frappée de
nullité.

4 - Droit de réponse à la deuxième lettre de notification

Les redressements acceptés totalement ou partiellement par le contribuable


ainsi que ceux n’ayant pas fait l’objet de réponse de sa part donnent lieu à une
imposition immédiate. La procédure est poursuivie pour les redressements ayant
fait l’objet de recours par le contribuable devant la C.L.T ou devant la C.N.R.F,
selon le cas.

Il est à noter que les cas de nullités précités et visés aux articles 220-VIII et
221-IV ne peuvent être soulevés pour la première fois devant la C.L.T. ou la
C.N.R.F.

VI- Droits et obligations en cas de procédure accélérée de rectification des


bases d’imposition

La procédure accélérée est engagée pour la rectification des déclarations en


matière d’I.S, d’I.R, de T.V.A, de droits de timbre (sur déclaration) et de taxe
sur les contrats d’assurances dans les cas suivants :

83
 cession totale ou partielle des actifs corporels ou incorporels de
l’entreprise, cessation totale ou partielle d’activité, cessation
temporaire d’activité, redressement ou liquidation judiciaire ou
transformation de la forme juridique d'une entreprise entrainant, soit
son exclusion du domaine de l’impôt sur les sociétés ou de l’impôt
sur le revenu, soit la création d’une personne morale nouvelle ;

 Décès ou départ des contribuables qui cessent d’avoir au Maroc une


résidence habituelle, un établissement principal ou un domicile
fiscal ;

 Cession des valeurs mobilières et autres titres de capital et de


créance ;

 Cession d’immeubles ou de droits réels immobiliers. Les règles de


notification (contenu, délai, effet, …) et de recours régissant cette
procédure sont identiques à celles prévues pour la procédure
normale de rectification, à la seule différence que l’imposition,
éventuellement établie, est émise sur les bases adressées au
contribuable dans la deuxième lettre de notification.

VII- Droits et obligations en cas recours devant les commissions (C.L.T


ou C.N.R.F)

Les contribuables peuvent contester les redressements et rappels notifiés


dans la deuxième lettre de notification, devant l’une des deux commissions,
C.L.T ou C.N.R.F, selon le cas.

1 - Droit de présenter un pourvoi devant la C.L.T

La C.L.T est compétente pour statuer en cas de vérification de comptabilité


des contribuables dont le chiffre d’affaires déclaré, au compte de produits et
charges, au titre de chaque exercice de la période non prescrite vérifiée, est
inférieur à dix (10) millions de dirhams.

La requête de pourvoi devant la C.L.T est adressée par le contribuable à


l’inspecteur. Elle doit définir l’objet du désaccord et contenir un exposé des
arguments invoqués.

Un délai maximum de trois (3) mois est fixé pour la communication par
l’administration des requêtes et documents relatifs aux actes de la procédure

84
contradictoire à la C.L.T, à compter de la date de notification à l’administration
du pourvoi du contribuable devant ladite commission.

A défaut de communication de la requête et des documents susvisés, dans


le délai prescrit, les bases d’imposition ne peuvent être supérieures à celles
déclarées ou acceptées par le contribuable.

La C.L.T, par la voie de son secrétaire rapporteur, est tenue :

 D’informer le contribuable et l’administration de la date à laquelle


elle tient sa réunion, trente (30) jours au moins avant cette date dans
les formes prévues à l’article 219 du C.G.I ;

 De convoquer les membres de la commission, quinze (15) jours au


moins avant la date fixée pour la réunion dans les formes prévues à
l’article 219 du C.G.I. Le délai fixé à la C.L.T pour statuer est de
douze (12) mois à partir de la date de la réception par la commission
de la requête du contribuable et des documents transmis par
l’administration. Lorsqu’à l’expiration du délai précité, la C.L.T n’a
pas pris de décision, le secrétaire rapporteur de la commission en
informe les parties par lettre, dans les formes prévues à l’article 219
du C.G.I, dans les deux (2) mois suivant la date d’expiration du délai
de douze (12) mois précité. Dans ce cas, l’administration doit
transmettre la requête et les documents précités à la C.N.R.F dans un
délai de deux (2) mois, à compter de la date de réception de la lettre
d’information.

A défaut de communication par l’administration de la requête et des


documents susvisés à la C.N.R.F dans le délai précité, les bases d’imposition ne
peuvent être supérieures à celles déclarées ou acceptées par le contribuable. Les
décisions des commissions locales de taxation doivent être détaillées et
motivées. Elles sont notifiées aux deux parties par les secrétaires rapporteurs
desdites commissions, dans les formes prévues à l’article 219 du C.G.I, dans les
quatre (4) mois suivant la date de la décision. Elles doivent faire ressortir les
bases, droits et taxes arrêtées et, le cas échéant, les rectifications pour lesquelles
les commissions se sont déclarées incompétentes.

2 - Droit de présenter un pourvoi devant la C.N.R.F

La C.N.R.F est compétente pour statuer sur les recours :

85
 Relatifs à l’examen de l’ensemble de la situation fiscale des
contribuables prévu à l’article 216 du C.G.I, quel que soit le chiffre
d’affaires déclaré ;

 Relatifs aux vérifications de comptabilité des contribuables lorsque


le chiffre d’affaires déclaré, au compte de produits et charges, au
titre de l’un des exercices vérifiés, est égal ou supérieur à dix (10)
millions de dirhams ;

 Pour lesquels les C.L.T n’ont pas pris de décision dans le délai de
douze (12) mois.

La requête de pourvoi devant la C.N.R.F est adressée par le contribuable à


l’inspecteur. Elle doit définir l’objet du désaccord et contenir un exposé des
arguments invoqués. Un délai maximum de trois (3) mois est fixé pour la
communication par l’administration des requêtes et documents relatifs aux actes
de la procédure contradictoire à la C.N.R.F, à compter de la date de notification
à l’administration du pourvoi du contribuable devant ladite commission.

A défaut de communication de la requête et des documents susvisés, dans


le délai prescrit, les bases d’imposition ne peuvent être supérieures à celles
déclarées ou acceptées par le contribuable.

La C.N.R.F, par la voie de son secrétaire rapporteur auprès de la sous-


commission, est tenue :

 D’informer le contribuable et l’administration de la date à laquelle


elle tient sa réunion, trente (30) jours au moins avant cette date dans
les formes prévues à l’article 219 du C.G.I ;

 De convoquer les membres de la commission, quinze (15) jours au


moins avant la date fixée pour la réunion dans les formes prévues à
l’article 219 du C.G.I.

Le délai fixé à la C.N.R.F pour statuer est de douze (12) mois à partir de la
date de la réception de la requête et des documents transmis par l’administration.

Dans le cas où la C.N.R.F n’aurait pas pris de décision dans ce délai,


aucune rectification ne peut être apportée à la déclaration du contribuable ou à la
base d’imposition retenue par l’administration en cas de taxation d’office.

86
Toutefois, lorsque le contribuable donne son accord partiel sur les bases
notifiées par l’administration ou ne fait pas d’observations sur les chefs de
redressements de l’administration, la base retenue pour l’établissement de
l’impôt est celle résultant de l’accord partiel ou des chefs de redressements
précités. Les décisions des sous commissions doivent être détaillées et motivées.

Elles sont notifiées aux deux parties par le magistrat assurant le


fonctionnement de la C.N.R.F, dans les formes prévues à l’article 219 du C.G.I,
dans les quatre (4) mois suivant la date de la décision. Elles doivent faire
ressortir les bases, droits et taxes arrêtées et, le cas échéant, les rectifications
pour lesquelles la C.N.R.F s’est déclarée incompétente.

VIII- Droits et obligations en cas d’émission des droits


complémentaires

Les droits supplémentaires, les majorations, les amendes et les pénalités y


afférentes sont immédiatement émis dans les cas suivants :

 Défaut de réponse ou de recours dans les délais prescrits par les


dispositions de l’article 220 (I et II) du C.G.I ;

 Accord partiel ou total conclu par écrit entre les parties au cours de
la procédure de rectification ;

 Après la décision de la commission locale de taxation ou celle de la


commission nationale du recours fiscal, selon le cas ;

 Pour les redressements envisagés dans la deuxième lettre de


notification sur lesquels les commissions locales de taxation ou la
commission nationale de recours fiscal se sont déclarées
incompétentes ;

 Défaut d’observations de la part du contribuable sur des


redressements et/ou rappels notifiés au cours de la procédure de
rectification ;

 Suite à la deuxième lettre de notification pour les opérations de


vérification engagées dans le cadre de la procédure accélérée prévue
à l’article 221 du C.G.I.

87
IX- Droits et obligations en cas de procédure judiciaire suite à la rectification
des bases d’imposition
Les décisions des C.L.T ou celles de la C.N.R.F et celles portant
reconnaissance desdites commissions de leur incompétence, peuvent être
contestées par l’administration et le contribuable, par voie judiciaire, dans le
délai de soixante (60) jours suivant la date de notification des décisions desdites
commissions, que celles-ci portent sur des questions de droit ou de fait.

Le recours par voie judiciaire ne peut être intenté en même temps que le
recours devant les commissions locales de taxation devant la commission
nationale de recours fiscal.

X - Droits et obligations en cas d'accord à l'amiable

Le contribuable ou son représentant légal peut, au cours de la procédure,


conclure un accord à l'amiable avec l'administration sur les redressements
acceptés par les deux parties.

Cet accord doit être concrétisé par un écrit signé par les deux parties et
comportant :

- La date de la signature de l'accord

- Le nom et la qualité des signataires

- Le montant des bases et des droits qui résultent de l'accord

L'accord écrit doit être établi en double exemplaire dont l'un est remis au
contribuable contre décharge ou lui est adressé, éventuellement; par courrier
recommandé. Chaque accord doit etre accompagné de la lettre de désistement de
la part de l'intéressé de tout recours actuel ou éventuel devant les commissions ;
l'administration ou le tribunal compétent; ainsi que de toute demande en
restitution concernant les chefs de redressement.

Section II : La matérialisation du recours administratif et


judiciaire
Les C.L.T. sont instituées par l’administration qui en fixe le siège et le ressort,
conformément aux dispositions du paragraphe I de l’article 225 du C.G.I. Le

88
même article précise les compétences, la composition et le fonctionnement de
ces commissions.

1 - Compétences des C.L.T :

Les C.L.T. statuent sur les litiges qui leur sont soumis et doivent se déclarer
incompétentes sur les questions qu’elles estiment porter sur l’interprétation des
dispositions législatives ou réglementaires. Ces commissions connaissent les
réclamations formulées par le contribuable sous forme de requêtes. Il s’ensuit que
la continuité de la procédure contradictoire après la deuxième lettre de
notification, est subordonnée à la condition que le contribuable ait exprimé d’une
manière expresse dans sa deuxième réponse, sa décision de porter le litige devant
la commission locale de son lieu d’imposition. Les compétences dévolues à ces
commissions sont des compétences territoriales et d’attribution.63

a) Compétence territoriale Le siège et le ressort des C.L.T. sont fixés par


l’administration, conformément aux dispositions du paragraphe I de l’article 225
du C.G.I. A cet effet, la C.L.T. est compétente de statuer sur le litige qui lui est
soumis par le contribuable est celle du lieu de son imposition Il est à rappeler que
le lieu d’imposition s’entend : Pour les personnes morales, du siège social ou du
principal établissement ; Pour les personnes physiques, de la résidence habituelle
ou du principal établissement et pour les contribuables non-résidents au Maroc,
du domicile élu.

b) Compétence d’attribution Elles peuvent se déclarées incompétente quand il


y a des interprétations des textes en vigueur Elles sont donc appelées : A statuer
valablement sur les questions de fait ; A confirmer ou infirmer que les motifs
invoqués par les parties portent sur l’interprétation des dispositions légales ou
réglementaires (articles 225 –I- deuxième alinéa du C.G.I). En revanche, les
commissions locales n’ont pas à statuer :

 Sur les redressements ayant fait l’objet d’un accord en cours de


procédure ;

André Locussol, Comprendre la crise et l’actualité économique 2000 définitions sous forme de mini-
63

cours, Editions le Manuscrit, 2010, p. 114.


Autrement dit : les commerçants grossistes.
Notes circulaires N° 717, D.G.I. MAROC, op.cit, p. 211.
Jean Celeste, Contrôle fiscal au Maroc, op. cit, p.84.

89
Lorsque le contribuable, du fait de sa propre défaillance, a fait l’objet d’ une
taxation pour défaut de réponse dans le délai légal à la première où à la deuxième
notification ; Lorsque le contribuable répond, dans le délai à la deuxième lettre de
notification, mais ne demande pas expressément le pourvoi devant la C.L.T.

1- Composition de la C.L.T : Le paragraphe II- A de l’article 225 du C.G.I. fixe la


composition de chaque C.L.T. comme suit :

 Un magistrat, président ;

 Un représentant du gouverneur de la préfecture ou de la province dans le


ressort de laquelle est situé le siège de la commission ;

 Le chef du service local des impôts ou son représentant qui tient le rôle
de secrétaire rapporteur ;

 Un représentant des contribuables appartenant à la branche


professionnelle la plus représentative de l’activité exercée par le
contribuable requérant. 64

3- Fonctionnement de la C.L.T :

- Rapport de l’inspecteur Pour chaque affaire, l’inspecteur des impôts établit un


rapport faisant ressortir les propositions et les observations du contribuable et de
l’administration. Les différents points de litige de tous les renseignements de
nature à éclairer la commission.

- Tenue de la séance La C.L.T. se réunit à l’initiative de son président.

Après accord du président, le secrétaire rapporteur adresse les convocations aux


membres de la commission dans un délai raisonnable et suffisant pour que
lesdits membres ou les parties intéressées (contribuable, vérificateur ou leurs
représentants) puissent prendre connaissance du dossier : Le secrétaire
rapporteur, chef du service d’assiette ou son représentant, informe également le
contribuable de la date de la réunion de la commission pour lui permettre, au cas
où il le désire, de demander de se faire entendre ou de fournir des informations à
l’appui de sa requête expresse, des informations supplémentaires susceptibles
64
BRAHIM JBARA, Contrôle fiscal au Maroc, constats, critiques et suggestions, certificat professionnel
comptable et financier, ISCAE MAROC, année universitaire 2012 /2013, p.39.
Jean Celeste, Contrôle fiscal au Maroc, op. cit, p. 85.
KHALIL HALOUI, Les garanties du contribuable dans le cadre du contrôle fiscal en droit Marocain, op.cit, p.58.

90
d’éclairer les membres de la commission sur la nature du litige et l’importance
réelle de son activité. S’il y a utilité, la commission locale peut demander à
l’administration de procéder à un supplément d’instruction. Mais en aucun cas,
ce nouvel examen ne peut se solder par de nouvelles rectifications. C’est ainsi
que la commission ne peut :65

 Substituer ou compenser l’abandon d’un redressement, relevé lors de la


rectification initiale par une réintégration (de fait), relevée au niveau
d’une instruction supplémentaire ;

 Statuer sur des points litigieux autres que ceux qui lui ont été soumis par
le contribuable dans sa requête.

 Délibération de la C.L.T En application du paragraphe II- A de l’article


225 précité, la commission statue valablement lorsque trois au moins ses
membres, dont le président et le représentant des contribuables, sont
présents. Elle délibère à la majorité des voix des membres présents. En
cas de partage égal des voix, celle du président est prépondérante. Elle
statue valablement au cours d’une seconde réunion en présence du
président et de deux autres membres quelle que soit leur qualité. Les
décisions des commissions locales doivent être détaillées et motivées, en
application des dispositions du quatrième alinéa du paragraphe II-A de
l’article 225 du C.G.I. La commission doit fixer les bases d’imposition et
se déclarer incompétente pour les questions qu’elle estime porter sur
l’interprétation de la loi. Les décisions de la C.L.T. sont consignées sur
les rapports établis selon un modèle prévu à cet effet, qui doivent être
dûment signés par les seuls membres habilités à statuer et ayant délibéré.

 Délai de prise de décision de la C.L.T La C.L.T. dispose d’un délai de


vingt-quatre (24) mois, à compter de la date d’introduction du recours,
pour rendre ses décisions, étant précisé que le délai de vingt-quatre (24)
mois commence à courir à compter de la date de la réception, par
l’inspecteur, de la demande du pourvoi devant la C.L.T. Lorsqu’à
65
Tahour Mohamed, Vers une amélioration du contrôle fiscal Marocain « cas pratique de lavérification
générale de la comptabilité », mémoire de fin d’études sous le thème, Master spécialisé en Sciences et
techniques fiscales, université HASAN 1 ER , faculté des Sciences Juridiques, Economiques et
Sociales de SETTAT , année universitaire 2013-2014, p.60.

91
l’expiration de ce délai, la C.L.T. n’a pas pris de décision, l’inspecteur
compétent informe le contribuable dans les formes prévues à l’article 219
du C.G.I., de l’expiration de ce délai et de son droit de saisir la C.N.R.F.
dans un délai de soixante (60) jours à compter de la réception de l’avis
d’information et lui indique l’adresse exacte de cette commission. A
défaut de présentation, par le contribuable, du recours devant la C.N.R.F.
dans le délai de soixante (60) jours l’inspecteur établit les droits
complémentaires d’après les bases arrêtées dans la deuxième notification.
Ces impositions ne peuvent être contestées que dans les conditions
prévues à l’article 242 du C.G.I.(Contentieux).

 Contenu de la décision de la C.L. T Les décisions de la C.L.T.doivent


être détaillées et motivées afin de permettre, à la fois au contribuable et à
l’administration fiscale, de connaître les fondements sur lesquels la
commission s’est basée pour rendre sa décision et de mieux juger de
l’opportunité d’un recours devant C.N.R.F. La décision notifiée au
contribuable doit également faire ressortir distinctement les bases arrêtées
par la commission locale et les rectifications sur lesquelles elle s’est
déclarée incompétente.

 Notification de la décision de C.L.T Les décisions de la C.L.T. sont


notifiées au contribuable par l’inspecteur vérificateur, dans les formes
prévues à l’article 219 du C.G.I. conformément aux dispositions du III de
l’article 11 du même livre. La notification de la décision au contribuable
doit l’informer du délai de soixante (60) jours pour exercer son recours
devant la C.N.R.F.66

Le point de départ de décompte du délai de recours devant la C.N.R.F, aussi


bien pour l’administration que pour le contribuable, est constitué par la date de
notification de la décision au contribuable (article 220 (IV) du code précité).

Recours contre les décisions de C.L.T. devant la C.N.R.F

Les décisions de la commission locale ainsi que les litiges pour lesquels le
contribuable n’a pas formulé sa demande de comparaître devant la commission
locale dans sa composition restreinte dans le délai de trente (30) jours comme
prévu au Code du paragraphe II de l’article 225 du C.G.I. sont susceptibles de

66
Article 29 du C.G.I Maroc : Evaluation des dépenses des contribuables lors de l’examen de
l’ensemble de la situation fiscale

92
recours devant la C.N.R.F. Ce recours peut être exercé par chacune des deux
parties adverses dans les conditions de forme et de délai.

 Exécution de la décision de la commission locale dans le cas où le


contribuable n’a pas exercé le recours devant la C.N.R.F. Lorsque la
société n’a pas exercé le recours devant la C.N.R.F. dans le délai légal de
soixante (60) jours, les droits correspondants aux rectifications sur les
questions estimées de fait par la C.L.T.

Les rectifications de droit sur lesquelles elle s’est déclarée incompétente sont
immédiatement établis. L’administration conserve le droit de recours devant la
C.N.R.F pour : La partie rejetée des redressements par la C.L.T ;

 Les rectifications opérées par la CL.T. à l’avantage de la société : Dite


commission permanente Art 226 du C.G.I

Cette commission, qui siège à Rabat, est placée sous l’autorité directe du
premier Ministre. Les compétences, la composition, et le fonctionnement de
ladite commission sont prévus par le dit article 226 du C.G.I.

4- Compétence de la C.N.R.F :

La C.N.R.F. Statue sur les litiges dont elle est saisie dès lors que les recours
sont exercés dans les conditions de forme et de délai prévues aux articles
220,221 et 227 du C.G.I.

a) - Compétence territoriale la C.N.R.F. siège en permanence à Rabat et


traite des recours des contribuables ou de l’administration. Sa compétence
territoriale couvre tout le territorial national.

b) - Compétence d’attribution La compétence de la C.N.R.F. couvre :

 Les recours contre les décisions de C.L.T. ;

 Les litiges pour lesquels la société n’a pas formulé de demande de


comparaître devant la C.L.T. dans sa composition restreinte ;

Les recours en cas d’absence de décisions de la C.L.T. dans le délai légal


de 24 mois.

 Les recours contre les décisions des commissions locales prévues à


l’article 227 du code précité. Elle doit, toutefois, se déclarer
93
incompétente sur les questions qu’elle estime portant sur l’interprétation
des dispositions légales ou réglementaires sans être tenue par les
appréciations émises par les commissions locales.

En effet, une rectification jugée par la C.L.T. comme étant une question de
droit peut être considère par la C.N.R.F. comme étant une question de fait
relevant de sa compétence et au sujet de laquelle elle peut statuer, sous réserve
du recours de l’une ou de l’autre des deux parties devant les juridictions
compétentes. 67

5- Composition de la C.N.R.F :

Conformément aux dispositions du paragraphe I de l’article 226 du C.G.I.


la C.N.R.F. comprend :

Cinq (5) magistrats appartenant au corps de la magistrature, désignés par le


Premier Ministre, sur proposition du Ministre de la Justice ;

Vingt-cinq (25) fonctionnaires désignés par le Premier Ministre sur


proposition du Ministre des Finances, ayant une formation fiscale, comptable,
juridique ou économique et qui ont au moins le grade d’inspecteur ou un grade
classé dans une échelle de rémunération équivalente. Ces fonctionnaires sont
détachés auprès de la commission ;

Cent (100) personnes du monde des affaires désignées par le Premier


Ministre, sur proposition conjointe des Ministres chargés du Commerce, de
l’industrie et de l’Artisanat, de Pêches Maritimes et du Ministre chargé des
Finances, pour une période de trois ans, en qualité de représentant des
contribuables. Ces représentants sont choisis parmi les personnes physiques
membres des organisations professionnelles les plus représentatives exerçant des
activités commerciales, industrielles, de services, artisanales ou de pêches
maritimes. Ces derniers doivent figurer sur les listes présentées par lesdites
organisations et par les présidents des chambres de commerce, d’industrie et de
service, des chambres d’artisanat, des chambres d’agriculture et des chambres

Le fisc marocain
67
se donne des moyens de contrôler, article publié dans http :
http://mizania.forumdediscussions.com, Forum de consommateur et de contribuable Franco-Marocain.
Notes circulaires N° 717, D.G.I. MAROC, op.cit, p. 220.
Le foyer permanant d’habitation du contribuable relatif à la taxe d’habitation.
Toute habitation non qualifiée du principale et non destiné à la location ou à la vente.
C'est-à-dire fixé à l’avance, un taux constant.

94
maritimes, et ce, avant le 31 octobre de l’année précédant celle au cours de
laquelle les membres désignés sont appelés à siéger au sein de la commission
nationale. En cas de retard ou d’empêchement dans la désignation des nouveaux
représentants, le mandat des représentants sortants est prorogé de six mois (6) au
maximum.

Tout représentant des contribuables ne peut siéger à la C.N.R.F. pour un


litige dont il a déjà eu à connaître en tant que membre d’une C.L.T.

6- Fonctionnement de la C.N.R.F :

Le fonctionnement de la commission est assuré par un magistrat désigné


par le Premier Ministre sur proposition du Ministre de la Justice. Le Président de
la C.N.R.F. désigne chaque année parmi les présidents des sous-commissions un
intérimaire afin de le suppléer dans la gestion de la commission, en cas
d’absence ou d’empêchement. 68

7- Composition et fonctionnement des sous-commissions :

La C.N.R.F se subdivise en cinq (5) sous commissions délibérantes.


Chaque sous-commission est composée : D’un magistrat président ; De deux
fonctionnaires tirés au sort parmi ceux qui n’ont pas instruit le dossier soumis à
délibération ; De deux représentants des contribuables.

Les fonctionnaires ayant instruit les dossiers soumis à délibération assistent,


avec voix consultative, en qualité de secrétaires rapporteurs, aux réunions des sous-
commissions qui délibèrent. La sous-commission peut s’adjoindre dans chaque
affaire un ou deux expert, fonctionnaires ou non qui ont voix consultative. Elle ne
peut en aucun cas prendre ses décisions en présence des représentants des deux
parties ou des experts. Les règles de validité à observer en matière de délibération
des sous-commissions sont les suivantes :

 Les sous-commissions délibèrent valablement en présence du président et


de deux autres membres parmi ceux visés au I de l’article 226 précité, l’un
représente les contribuables et l’autre l’administration ;

 Les sous-commissions délibèrent valablement au cours d’une seconde


réunion en présence du président et de deux autres membres, quelle que soit
leur qualité ;

68
Notes circulaires N° 717, D.G.I. MAROC, op.cit, p. 267.

95
 En cas de partage égal de voix, celle du président est toujours
prépondérante. Les décisions des sous-commissions doivent être détaillées
et motivées et sont notifiées aux parties par le magistrat assurant le
fonctionnement de la commission, dans les formes prévues à l’article 219
du C.G.I. dans les six (6) mois qui suivent la date de la décision en
application du sixième alinéa du III de l’article 226 précité ;

 Le délai maximum qui doit s’écourter entre la date d’introduction d’un


recours devant la C.N.R.F. et celle de la décision qui est prise à son sujet est
fixé à douze (12) mois comme prévu au septième alinéa du III dudit article
226.

Si l’expiration du délai précité, la décision de la C.NR.F. n’a pas été prise,


aucune rectification ne peut être apportée aux résultats déclarés par le contribuable
ou la base d’imposition retenue initialement par l’administration en cas de taxation
d’office pour défaut de déclaration ou déclaration incomplète, en vertu des
dispositions du IV de l’article 226 du C.G.I. Toutefois, dans le cas où la société
aurait donné son accord partiel sur les bases notifiées par l’administration ou en
l’absence d’observations de sa part sur les chefs de redressements notifiés par
l’administration, c’est la base de résultat de cet accord partiel ou des chefs de
redressements précités qui est retenue pour l’émission des impositions.

8- Recours judiciaire : (JURISPRUDENCE)


En application du V de l’article 226 du C.G.I., le recours judiciaire peut être
exercé soit par le contribuable, soit par l’administration dans les conditions dans
les conditions et délais prévus à l’article 242 du code précité.

 Recours exercé par le contribuable La société peut contester, par voie


judiciaire, les impositions émises suite aux décisions de la C.N.R.F et
celles établies d’office par l’administration d’après la base qu’elle a
notifiée du fait de la reconnaissance par ladite commission de son
incompétence. Ce recours doit être exercé :

 Dans le délai de soixante (60) jours suivant la date de mise en


recouvrement du rôle, état de produits ou ordre de recette ;

 Dans le délai de soixante (60) jours suivant la date de notification de


la décision de la C.N.R.F. en l’absence d’émissions de rôle, état de
produits ou ordre de recettes.

96
La Jurisprudence marocaine a fortement matérialisé les garanties du
contribuable par le biais d'un certain nombre d'arrêts, Citons entre
autre :

Numéro d'arrêt : 2634/4/2/2005


Contentieux fiscal - Saisies du fonds de commerce - non-respect des procédures - Nullité
N'a pas respecté le principe de la gradualité des procédures de recouvrement, qui
constitue une garantie fondamentale pour le débiteur, le percepteur qui a procédé à la
saisie du fonds de commerce avant d'adresser au contribuable un dernier avis sans frais.
Le non-respect de la procédure entraîne la nullité de tous les actes de procédures
ultérieurs. La saisie pratiquée par le percepteur après l’expiration du délai de prescription
quadriennal est nulle d’où la nécessité d’ordonner sa levée.

Numéro d'arrêt : 2958/4/2/2006


Recouvrement - Prescription - Arrêt d'exécution
L'appelant ayant invoqué la prescription fiscale la demande d’arrêt d’exécution des
procédures de recouvrement est justifiée.

Numéro d'arrêt : A1482


La procédure de l'examen de comptabilité - ses conditions
1) L'avis d'examen de comptabilité doit être adressé par l'inspecteur fiscal au
contribuable 15 jours avant la date fixée au contrôle. 2) La procédure de vérification
effectuée en méconnaissance du délai susvisé est frappé de nullité. (Art 39 IS-Art 43
TVA).

Recours exercé par l’administration

L’administration peut également constater, par voie judiciaire dans le même


délai, les décisions de ladite commission, que celles-ci portent sur des questions de
droit ou de fait. Ce recours doit être exercé dans le même délai de soixante (60)
jours suivants :
- La date de mise en recouvrement du rôle, étant de produits ou ordre de
recettes ;
- La date de notification de la décision de la C.N.R.F. lorsque cette décision
ne donne lieu à l’émission de rôle, état de produits ou ordre de recettes.69

L’ESFP ne concerne que les personnes physiques, quelle que soit leur nationalité, qui ont leur
69

domicile fiscale en France ou/et qui sont domiciliées fiscalement hors de France mais ont des
obligations au titre de l’impôt sur le revenu.
Article L12 du LPF France.

97
Section III : Constats, critiques et Suggestion

1– Des procédures de recours marquées par la lenteur et l’incertitude

Dans le même temps que l’administration voyait s’accroître ses pouvoirs et


que la législation fiscale se complexifiait, le législateur a voulu garantir aux
citoyens, personnes morales et personnes physiques, des droits de recours contre
une décision mal fondée en droit ou en fait, qu’elle concerne la procédure, les
sanctions ou la mise en recouvrement. En « empilant » des voies de recours sans
toujours se soucier de les mettre en cohérence. Le législateur a encore accru la
complexité du droit. D’où la lenteur et le retard, accusés dans le traitement des
dossiers font objet de discorde.

2- Les instances de recours sont-elles assez compétentes pour statuer en


matière fiscale ?

Dans le cadre de la procédure contradictoire du contrôle fiscal, le


contribuable non convaincu des bases retenues à sa charge, peut recourir aux
commissions d’arbitrage composées en premier lieu par la Commission Locale
de Taxation (CLT) et en second lieu par la Commission Nationale de Recours
Fiscal (C.N.R.F.). En droit fiscal marocain, il existe deux commissions qui
interviennent dans le cadre des litiges et des désaccords qui persistent, entre
l'administration et le contribuable dans le cadre de la procédure de rectification
des impositions issus d'un contrôle fiscal. Le recours devant ces commissions
d'arbitrage, a été souvent qualifié d'un contentieux para juridictionnel et ce, au
vu de la nature de ces commissions, leur composition et de leurs attributions.
Concernant les commissions, il serait pertinent que celles-ci, étant présidées
par des juges, soient des vrais magistrats des tribunaux de commerce «
bilingues » et ayant une formation fiscale et comptable. 70

- La décision de la CNRF peut faire l’objet de recours judiciaire, mais


attention, elle est exécutoire. Le contribuable doit donc régler les droits que lui
réclame le Fisc, même s’il décide de contester la décision devant le tribunal. Le
déclenchement de la procédure judiciaire n’est pas suspensif du paiement des
redressements fiscaux réclamés par l’administration. Il y a quelques années, les
contribuables obtenaient le sursis à exécution de la décision de la CNRF devant le
tribunal administratif, aujourd’hui, ce n’est plus possible, révèle un expert-
comptable. (Journal Economiste en date du 20/06/2012)
- « Le constat est que beaucoup plus lassant de contribuables font suivre
l’affaire au tribunal (Recours Judiciaire) après avoir épuisé le recours devant la
70
Article 217 du C.G.I Maroc.
Réforme de la législation de l’enregistrement, Louis Caron, Imprimerie de Lenoël-Hérouart, 1872, p. 10.

98
CNRF, ce qui correspond à une perte de temps et de ressources importantes pour
les sociétés (témoignages).
- La plupart des praticiens conseillent de négocier un accord amiable en
amont avec l’administration fiscale. Lourdeur, est donc le maître mot pour désigner
ces procédures adossées au recours fiscal : déjà que la phase devant la CNRF peut
durer 12 mois et qu’elle fait la suite à une phase devant les CLT tout aussi longue,
il faudra ensuite se faire aux lourdeurs de l’appareil judiciaire, « c’est à se
demander si le recours à la CLT ou à la CNRF est toujours pertinent ». !
Principalement le manque d’expertise de certains fonctionnaires, ce qui ne laisse
pas d’autres choix pour le contribuable que d’opter pour le recours devant le
tribunal administratif. Pour éviter ces désagréments, de nombreux contribuables
préfèrent recourir à une procédure à l’amiable. « La procédure devant la CNRF et
les tribunaux implique des coûts importants et peut prendre un temps fou. En tout
état de cause, voilà pourquoi tant l’administration que les personnes imposables
préfèrent trouver un arrangement et mettre fin au contentieux ».71

3- Les mesures prises par la DGI pour faire face aux conséquences du
COVID19 :

En cette période d'incertitude pour les opérateurs économiques découlant de


la situation de confinement généralisée dans le Royaume, le Gouvernement
marocain a réagi en mettant en place une série de mesures fiscales d'urgence à
destination des entreprises. Celles-ci ont essentiellement pour but de (i) soulager
leur trésorerie ou (ii) alléger les formalités administratives.

Vous trouverez ci-dessous le détail des mesures fiscales prises en faveur des
entreprises.

Une alerte relative à la procédure d'approbation des comptes de l'exercice


2019 dans le contexte de fermeture généralisée des tribunaux sera publiée
prochainement.

Report des échéances fiscales au 30 juin


A la suite de la réunion du Conseil de Veille Economique ("CVE") du 19
mars 2020, il a été décidé de reporter le dépôt de certaines déclarations fiscales au
30 juin 2020 pour les entreprises dont le chiffre d'affaires ("CA") relatif à
l'exercice 2018 est inférieur à 20 millions de dirhams (hors taxes).
Article publié dans Lemag.ma, Abdellatif Zaghnoune directeur général des impôts, annonce un
71

référentiel des prix immobiliers d’ici juin 2013, Amine Mernissi, Marance, publié le vendredi 15
février 2013.
Consiste dans le fait de porter dans l’acte un prix, une indemnité ou une soulte, inférieurs à ceux
réellement convenus.
Par exemple une donation déguisant d’une vente, un marché de travaux dissimulant une mutation
d’immeuble.

99
Toutefois, la publication au bulletin officiel du Décret-loi n° 2.20.292 du 24
mars 2020 portant promulgation de dispositions relatives à "l'état d'urgence
sanitaire" a semé certains doutes quant au champ d'application exact de son article
6, celui-ci disposant que tous les délais prévus par les textes législatifs et
réglementaires en vigueur sont suspendus jusqu'au lendemain de la levée de l'état
d'urgence sanitaire (jusqu'au 20 avril 2020, sauf prorogation).

Les échéances fiscales sont-elles couvertes par les dispositions de l'article 6


du Décret-loi ? Afin de lever tout doute, la DGI a publié un communiqué précisant
que sont exclusivement concernés par le report d'échéances fiscales détaillé par le
communiqué du CVE du 19 mars, sans aucune formalité préalable à accomplir, les
éléments suivants :

1. Dépôt de la déclaration du résultat fiscal (liasse fiscale de l'exercice clos


en 2019) ;
2. Paiement du complément de l'IS dû au titre de l’exercice 2019 ;
3. Paiement du 1er acompte provisionnel d'IS exigible au titre de l’exercice
en cours.

Ces mesures, qui ne concernent finalement que l'IS, ont pour objectif de
soulager les entreprises à deux niveaux : sur le plan administratif, avec le report de
dépôt de la liasse fiscale au titre de l'exercice 2019, et sur le plan financier
(trésorerie) avec le report du paiement du complément d'IS 2019 et du 1er acompte
provisionnel d'IS relatif à l'exercice en cours[1].

Toutefois, le communiqué ne précise pas les conditions d'application de ces


mesures pour les entreprises qui ne clôturent pas leur exercice au 31 décembre. Par
exemple, une société clôturant son exercice social au 31 janvier bénéficie-t-elle de
cette mesure, et si oui, dans quelles conditions ? Dans ce cas, la liasse devant être
déposée avant fin avril 2020, il nous semble que la prudence indique que le report
du délai n'est que de 2 mois (au lieu de 3 pour les entreprises clôturant au 31
décembre) et est limité au 30 juin 2020.

Par ailleurs, ce report d'échéance ne s'applique pas aux impôts pour lesquels
les entreprises n'agissent qu'en tant que collecteur d'impôt, y compris la TVA,
l'impôt sur le revenu retenu à la source sur les salaires, ainsi que la retenue à la
source effectuée au titre du versement de dividendes, d'intérêts ou de
rémunérations à des personnes non-résidentes et les droits de timbre72.

Gérard Cornu, Vocabulaire juridique, Association Henri Capitant, Paris, Editions Presses
72

universitaires de France (PUf), 2005.

100
S'agissant des entreprises dont le CA était supérieur à 20 millions de dirhams
(hors taxes) au cours de l'exercice 2018, celles-ci :

ne sont pas concernées par les mesures d'assouplissement des obligations


fiscales prévues par le communiqué du CVE et demeurent donc soumises au droit
commun : obligation de dépôt de la liasse fiscale 2019 et paiement de l'IS au titre
de la régularisation de l'IS 2019 et du 1er acompte 2020 au plus tard le mardi 31
mars 2020.

Peuvent solliciter un étalement ou un report du paiement de l'impôt sur


demande effectuée auprès du ministre chargé des finances[2] notamment en cas de
graves difficultés de trésorerie ou de difficultés importantes pour l'établissement de
la liasse 2019[3].
Suspension des contrôles fiscaux et des avis à tiers détenteurs ("ATD")
jusqu'au 30 juin 2020
S'agissant de la suspension des contrôles fiscaux et des ATD, la DGI n'a pas
communiqué à ce sujet pour préciser le détail de la mesure. Toutefois, ces mesures
devraient se matérialiser comme suit :

Seuls les ATD dont l’exécution était programmée à partir du 18 mars 2020
sont concernés par la suspension jusqu’au 30 juin 2020 ;

Seuls les contrôles fiscaux qui étaient programmés à partir du 18 mars 2020
sont concernés par la suspension jusqu’au 30 juin 2020.
Concernant les contrôles fiscaux, les avis de vérification de comptabilité qui
devaient être envoyés à compter du 18 mars 2020 sont reportés au moins jusqu'au
30 juin 2020. A défaut de communication à ce sujet, toutes les procédures de
contrôle fiscal en cours poursuivent la procédure conformément aux modalités et
délais prévus par le CGI.

Déductibilité des dons au profit du fonds spécial Covid-19


La DGI a confirmé via un communiqué que les dons effectués par les
personnes physiques ou morales au profit du Fonds spécial pour la gestion de la
pandémie du coronavirus (Covid-19), sont considérés comme des dons revêtant le
caractère de charges comptables déductibles du résultat fiscal.

Les personnes physiques visées ci-dessus sont celles exerçant une activité
professionnelle et tenant une comptabilité. Les particuliers (par exemple les
salariés) effectuant un don à titre privé ne pourront pas déduire ceux-ci dans le
cadre de la déclaration d'impôt sur le revenu global.

101
102
CONCLUSION

Certainement il reste à améliorer dans le système fiscal, notamment dans le


domaine du contrôle. « Il faudrait que les vérifications soient entourées de plus de
garanties pour le contribuable ». Le pouvoir discrétionnaire du fisc est trop
important (Jugement de l’administration).
• Déséquilibre entre les droits et obligations du contribuable ;
• Être transparent ne protège pas du contrôle
• Résultat, les contrôles se passent rarement dans la sérénité (Manque
d’encadrement). Si le contrôle fiscal est toujours perçu par les contribuables
comme une malédiction, il n’en demeure pas moins vrai que la responsabilité de
son acceptation volontaire, incombe à l’administration fiscale. Celle-ci devrait
justement saisir l’occasion d’un contrôle fiscal pour amener les contribuables à
constater par eux-mêmes le grand pas a été franchi par la DGI vers la

103
modernisation de son système fiscal dans sa globalité sur la base d’une culture de
service très prononcée, accompagnée d’un certain nombre d’aménagements
favorisant la protection des contribuables à travers de meilleures garanties de leurs
droits. Certes, le système fiscal marocain a connu des aspects de modernisation.
Mais il pourra devenir encore plus moderne si la DGI arrive à combler les lacunes
du passé, car la réforme fiscale instituée par la loi cadre de 1984, n’est qu’un
premier épisode de la série de réformes timides qui s’en est suivie au moment où
notre système fiscal a vraiment besoin d’une réforme courageuse et de grande
portée eu égard à d’autres pays.

Quelques années plus tard et plus récemment encore, un chantier de


réformes est déclenché, il se matérialise notamment par les NTIC : La
modernisation de l’administration à travers une prestation de meilleure qualité au
moindre coût, véritable avancée pour les finances publiques ;

 Amélioration de la gouvernance ;

 Renforcement de la performance de l’action publique C’est dans ce


contexte national que s’inscrit la réforme fiscale en cours qui a fait L’objet
de l’intérêt, sur un plan international, même de l’Union Européenne (U.E.).
Cet intérêt a témoigné par la signature, le 12 octobre 2006, d’une
convention de l’U.E avec le Maroc pour le financement du programme
d’appui à la réforme fiscale. Portant sur un montant de 80 millions d’euros,
cette convention financera le suivi des dépenses fiscales, l’assainissement
des régimes dérogatoires, la réhabilitation de la TVA, la définition d’une
stratégie de réforme à moyen terme de l’Impôt sur le Revenu (I.R.) et la
poursuite de la modernisation de l’administration fiscale. Cette initiative de
l’U.E. permettra ainsi de poursuivre la modernisation de l’environnement
économique et institutionnel de notre pays et la création de conditions
saines pour une croissance économique forte et durable.

BIBLIOGRAPHIE

Webographie :

https://juricaf.org/recherche/+fiscal+maroc/facet_pays%3AMaroc
https://www.Tax.gov

104
https://genitax.ma/app#/cgi?id=419&titre=CGI
https://www.finances.gov.ma
https://leconomiste.com/article/1043043-ces-warnings-qui-declenchent-un-
controle-fiscal
https://www.genitax.ma

Les ouvrages consultés

 Code Général des Impôts

 Note circulaire à l’IS & la TVA : loi ° 24-86

 NOTE CIRCULAIRE SERVICE DE LA FORMATION :

 LES PROCEDURES FISCALES DE MR ABEDLJALLIL JBILOU.


PROCEDURES FISCALES ET DECRETS D’APPLICATIONS : EDITION
LEGIS PLUS 2010

 LES IMPOTS AU MAROC : TECHNIQUES ET PROCEDURES : MR


MOHAMED NMILI

 FRANCIS LEFEBVRE : AUDIT FISCAL Journaux & Quotidiens


L’ECONOMISTE LA VIE ECONOMIQUE

Journaux & Quotidiens

L’ECONOMISTE
LA VIE ECONOMIQUE

Jurisprudences

105
106
107
108
Table des matières

Remerciement.................................................................................................................................................3
Introduction...........................................................................................................6
CHAPITRE 1 : LES MODALITES LEGALES DE CONTROLE FISCAL........................14
Section I- Le contexte légal de contrôle fiscal :...................................................14
Section II - Moyens de contrôle :........................................................................23
Section III : Constats, Critiques et Suggestions :.................................................26
CHAPITRE 2 : CHRONOGRAPHIE DE CONTROLE FISCAL...................................33
Section I : Préparation de Contrôle Fiscal :.........................................................33
Section II : Mise en œuvre de contrôle fiscal :....................................................38
Section III : Examen des irrégularités et des défaillances...................................47
LES IMPLICATIONS DE CONTROLE FISCAL & GARANTIES DU CONTRIBUABLE....62
CHAPITRE 1 : LES PROCEDURES DE REDRESSEMENT.......................................63
SECTION I : Procédure normale de redressement..............................................63
Section II : Procédure de taxation d’office :........................................................69
Section III : Constats, Critiques et suggestions....................................................71
CHAPITRE 2 : LES GARANTIES DU CONTRIBUABLE...........................................73
Section I : Les Garanties légales et procédurales du contribuable.....................73
Section II : La matérialisation du recours administratif et judiciaire..................88
Section III : Constats, critiques et Suggestions....................................................97
CONCLUSION.....................................................................................................102
BIBLIOGRAPHIE..................................................................................................104

109

Vous aimerez peut-être aussi