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Du Reporting Financier: Les Objectifs

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Synthèse // Réflexion // Une entreprise/un homme // Références

COMPTABILITÉ

Les objectifs du reporting financier 1


Près de cinq mois avant son entrée en fonction à l’IASB, Hans Hoogervorst, qui succédera à David Tweedie
le 1er juillet 2011, a eu l’occasion de s’exprimer publiquement le 9 février sur “les objectifs du reporting
financier“, lors d’une réunion publique organisée à Bruxelles, autour du Livre Vert sur l’audit, par le
commissaire au marché intérieur, Michel Barnier.
Le changement de leadership après 10 ans de fonctionnement est en soi un événement. Il l’est d’autant
plus que le sortant est un technicien chevronné de la normalisation appartenant à la plus pure tradition
anglo-saxonne, alors que le nouveau est un Européen continental au parcours marqué par la politique
au plus haut niveau et par la régulation financière.
Pour cette raison on pouvait attendre – espérer ou craindre, selon les tendances de chacun – des
changements d’orientation substantiels.
Or, si le style et l’approche des problèmes sont différents, les fondamentaux sont maintenus quant aux
objectifs et à la base conceptuelle. Chacun peut en juger à la teneur du discours. M. Hoogervorst place
au-dessus de tout l’investisseur et la transparence, qui est pour lui le seul vrai garant de la stabilité, et
il n’est pas disposé à laisser la régulation prudentielle empiéter sur la normalisation comptable. Il fait
cependant preuve de pragmatisme sur des questions concrètes. Enfin, il appelle à un renforcement de
la gouvernance qui permettra aux IFRS d’assumer leur rôle mondial, en faisant qu’aucun pays ni aucune
partie prenante ne se sente exclu.
Gilbert GÉLARD
Ancien membre de l’IAS Board

Ces trois dernières années, j’ai participé tout, le reporting financier est né de la
à de nombreux débats intenses sur les nécessité de donner aux investisseurs
questions comptables. Deux questions une information adéquate sur la société
ont dominé ces débats. La première à laquelle ils fournissent des capitaux.
question qui a toujours surgi est de savoir L’intérêt de l’investisseur restera toujours
à quel public le reporting financier doit en la cible principale de la normalisation
priorité s’adresser : doit-il viser d’abord comptable.
les investisseurs, ou doit-il s’adresser au En même temps, il est important de com-
public plus généralement, y compris aux prendre que si le but du reporting finan-
régulateurs prudentiels ? Une seconde cier est d’être aussi fidèle que possible,
question, liée à la précédente, est de la question de savoir quel est l’utilisateur
savoir si les normes comptables ne pour- devient moins pertinente. Si les états
suivent que le but de transparence, ou financiers d’une société sont aussi exacts
bien si elles doivent aussi avoir un objectif que possible, ils ne peuvent être exacts
de stabilité financière. de dix façons différentes. Ils ne sauraient Par Hans HOOGERVORST,
J’ai souvent été intrigué par l’intensité de devenir plus ou moins exacts selon que Président de l’Autorité néerlandaise
ces débats, étant donné ma conviction l’utilisateur est un investisseur, un dépo- des marchés financiers et du Comité
que ces questions appellent une réponse sant ou un régulateur. technique de l’IOSCO,
relativement simple. En outre, bien qu’il reste indiscutable Futur président de l’IAS Board
que les états financiers sont d’une
Un reporting financier importance primordiale pour les inves-
pour qui ? tisseurs, dans notre économie moderne
il y a tant de gens qui travaillent avec dentiels, pour les fournisseurs, pour les
Essayons d’abord de répondre à la ques- “l’argent des autres“ que le reporting créanciers en général.
tion du public auquel le reporting financier financier est important pour des inté- En vérité, un reporting financier fiable
doit s’adresser en priorité. rêts beaucoup plus larges ; un repor- est un ingrédient si important pour
Tout le monde sera d’accord que le but ting financier de qualité est d’une impor- instaurer la confiance dans notre éco-
du reporting financier est de donner tance essentielle pour les déposants et nomie de marché globale qu’on peut
une image aussi fidèle que possible de leurs protecteurs, les régulateurs pru- affirmer qu’il est d’intérêt général.
la situation financière d’une société ou C’est pourquoi la Fondation IFRS men-
d’une organisation. Les états financiers tionne dans le premier paragraphe de
doivent une information qui soit autant sa constitution qu’elle travaille “dans
que possible fiable et dénuée de parti- 1. Les opinions exprimées dans cet article l’intérêt général“. Il est difficile de sous-
pris. sont les opinions personnelles de chaque estimer l’intérêt général des IFRS. Elles
Il va sans dire que les états financiers sont auteur ; elles ne représentent pas la position sont déjà le langage des affaires com-
extrêmement utiles à l’investisseur. Après officielle de l’IASB. mun à bien plus de 100 nations. C’est

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COMPTABILITÉ

en réalité le seul référentiel normatif tales des prêts et qui sont gérés sur la d’imaginer un modèle économique plus
qui a le potentiel d’être utilisé dans le base du rendement contractuel sont risqué que le modèle actuel de l’industrie
monde entier. Les IFRS sont un moteur mesurés au coût amorti. Pour de tels ins- bancaire. Les deux côtés du bilan sont
de modernisation économique, met- truments, le coût est réputé donner une sujets à la volatilité. Ces actifs peuvent
tant en relation les nations industriali- information plus pertinente que les fluc- être très sensibles au cycle économique,
sées avec les marchés de croissance tuations à court terme du marché. Cette qu’ils soient fondés sur les dérivés, les
de par le monde. Seules les IFRS peu- méthode peut effectivement éliminer les “briques et mortiers“ ou le risque souve-
vent libérer le plein potentiel d’un mar- bruits inutiles ; cependant, ceci n’implique rain. Des “Triple A“ plaqués or peuvent
ché financier vraiment mondial. Elles pas que les attentes du marché ne sont rapidement tourner à l’aigre, comme nous
peuvent contribuer énormément à la pas pertinentes, comme je l’expliquerai l’avons vu dans le cas de l’Irlande. Le côté
croissance économique en améliorant plus tard. “passif“ de l’industrie bancaire est aussi
la transparence et la liquidité dans le La distinction entre le compte de résultat notoirement vulnérable. Le financement
monde. C’est un intérêt public mondial (P&L) et les autres éléments du résultat peut s’évaporer à la vitesse d’un clic de
que je serai fier de servir. global (OCI) est un autre exemple mon- souris.
trant que les normes comptables sont Comme si ce n’était pas assez risqué,
L’objectif : transparence sensibles à la prévention du bruit dans le l’industrie bancaire a été autorisée à fonc-
ou stabilité ? compte de résultat. Bien que la définition tionner avec les marges de capital les plus
de l’OCI souffre d’un manque de fonde- ténues. Le coussin de capital de l’indus-
La seconde question chaudement débat- ment théorique mieux affirmé, c’est une trie bancaire a pu se rétrécir de façon dra-
tue est de savoir si le but du reporting façon pragmatique de protéger le compte matique au cours du siècle dernier. Juste
financier est avant tout de fournir la trans- de résultat contre une volatilité bilantielle avant la crise, les capitaux propres tan-
parence, ou bien s’il doit également servir qui ne reflète pas fidèlement la perfor-
l’objectif de stabilité. mance financière de l’entité.
Dans ce débat, transparence et stabilité
sont souvent juxtaposées comme si ces Ainsi, les normes comptables peuvent
deux buts étaient en conflit. Je pense contribuer de façon importante à la sta- Nearly five months before taking the
qu’il s’agit d’une fausse contradiction. bilité en assurant une transparence maxi- helm at the IASB, Hans Hoogervorst,
De mon point de vue, il est clair que male et en évitant les bruits artificiels. who will succeed David Tweedie
la transparence est une précondition Cependant, il est important de mettre ceci as of July 1st 2011, has seized the
nécessaire de la stabilité. La crise du en perspective. La stabilité doit être une opportunity to speak publicly on
crédit actuelle a dans une large mesure conséquence d’une plus grande transpa- “the objectives of financial repor-
été causée par un manque de trans- rence, plutôt qu’un objectif privilégié des ting“. This was during a public
parence des marchés financiers. Des normalisateurs comptables. Pour la sta- meeting around the Green Book
risques énormes ont pu s’accumuler bilité, les normalisateurs comptables sont for Audit, convened in Brussels by
dans les bilans et hors bilan sans qu’on simplement à court d’outils. Par exemple, the Internal Market Commissioner,
s’en aperçoive. Sans une transparence ils ne peuvent pas fixer les exigences en Michel Barnier, on the 9th of February.
adéquate sur les risques, la stabilité ne capital pour le secteur bancaire. Cet ins- The change of leadership after 10
peut que s’effondrer au bout du compte. trument appartient aux régulateurs pru- years of operations is in itself an
La stabilité est autre chose que la trans- dentiels qui ont comme mission principale event, even more so because the
parence, mais il ne peut y avoir de sta- la stabilité. retiring chairman is a seasoned
bilité durable sans transparence. Ce que les normalisateurs comptables Anglo Saxon standard setter, while
Ainsi, les normes comptables peuvent ne peuvent pas faire non plus est de faire the new comer is a Continental
contribuer à la stabilité en renforçant passer pour stables des choses qui ne European with a career in high level
la transparence. Il y a de nombreux le sont pas. Et très franchement, c’est là politics and financial regulation.
exemples récents montrant que c’est que leur relation avec les régulateurs pru- Therefore, one might have expec-
précisément ce que font les normalisa- dentiels devient quelquefois difficile. Les ted - hoped or feared, according to
teurs comptables, souvent en liaison normalisateurs comptables soupçonnent one’s leanings - substantial changes
avec la communauté prudentielle. Je fais parfois qu’on leur demande de plaquer of direction.
référence au resserrement des conditions un vernis de stabilité sur des instruments Now, if style and approach to pro-
de financement hors bilan ; à la conver- qui sont intrinsèquement volatils quant à blems are different, the basic objec-
gence proposée entre les US GAAP et les leur valeur. tives and concepts are preserved,
IFRS pour la compensation des actifs et Bien que la recherche de la stabilité as is apparent from the speech.
des passifs financiers ; à l’introduction soit l’objectif naturel des normalisateurs Mr. Hoogervorst rates above all the
proposée du modèle des pertes atten- comptables, tel n’est pas nécessairement investor and transparency, the latter
dues afin d’assurer la comptabilisation le cas pour les régulateurs prudentiels. Ils being, in his view, the only guarantee
en temps opportun des pertes sur un sont contraints à des règles de confiden- for a lasting stability, and he is not
portefeuille de prêts. tialité très strictes et ressentent souvent ready to let prudential regulation
la nécessité bien compréhensible de dis- tread the turf of accounting standard
Transparence et stabilité cuter les problèmes à huis clos. Après setting. However, he shows a prag-
Les normes comptables peuvent égale- tout, une transparence maximale n’est matic approach on concrete issues.
ment être utiles à la stabilité en évitant pas toujours le meilleur moyen de prévenir Finally, he calls for a strengthened
les “bruits“ artificiels dans le bilan et le une ruée sur la banque. governance that will permit IFRS’s
compte de résultat. C’est là une des rai- to play the global role they are to ful-
sons importantes qui ont conduit l’IASB à Instabilité sans transparence fill, with a sense of ownership for all
poursuivre un système d’attributs mixtes Plus généralement, la transparence ne countries and stakeholders.
en ce qui concerne les instruments finan- vient pas toujours spontanément à l’esprit
ciers. Les instruments financiers qui pré- d’une industrie aussi vulnérable que le Gilbert GÉLARD
sentent les caractéristiques fondamen- secteur financier. En vérité, il est difficile

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Synthèse // Réflexion // Une entreprise/un homme // Références
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gibles de la plupart des banques étaient parents sur la vraie nature des problèmes les rendre gérables par un meilleur sou-
inférieurs à 2 % et dans de nombreux cas peut contribuer à alimenter indûment l’in- tien et des mécanismes de résolution
proches de zéro ! quiétude des marchés. tels que ceux qui sont actuellement en
Il n’est pas surprenant qu’un tel modèle Le stress test de juillet 2010 appliqué cours de conception.
connaisse des crises récurrentes de par au secteur bancaire européen en est J’ai consacré toute ma carrière à l’inté-
le monde. Plus souvent qu’à leur tour, un exemple. Les marchés ont immé- rêt général et suis fortement motivé pour
des banques doivent être secourues par diatement perçu le manque de sévérité travailler au bien commun avec toutes
l’intervention gouvernementale ou un sti- de ce test. L’une des raisons du scep- les parties prenantes, y compris la com-
mulus budgétaire massif. Encore plus fré- ticisme a été que les obligations sou- munauté prudentielle. Mais, tout en coo-
quemment, l’industrie financière doit être veraines dans les livres des banques pérant, nous devons respecter les mis-
revigorée par la fourniture gratuite de sa étaient réputées conserver toute leur sions et les responsabilités des uns et
matière première, sous la forme de taux valeur, malgré le fait que nombre d’entre des autres.
d’intérêt artificiellement bas. Les garan- elles se négociaient sur le marché avec Les normalisateurs comptables doivent
ties implicites ou explicites des gouver- de fortes décotes. Le fait que certaines continuer à se consacrer à leur but prin-
nements, dont profitent de nombreuses banques irlandaises qui avaient passé cipal : assurer la transparence. Ce faisant,
banques, leur permettent d’emprunter à le test avec succès se sont plus tard ils contribuent grandement à la stabilité.
des taux qui sont de fait subventionnés. révélées insolvables n’a fait que renfor- La tâche difficile de sécuriser le secteur
En fait, le secteur financier est dans l’éco- cer les doutes du marché. financier est la responsabilité des supervi-
nomie mondiale parmi les plus soutenus Je me demande également quelle sorte seurs bancaires. Je suis convaincu qu’ils
par les Etats. de message ce stress test a envoyé aux peuvent renforcer leur mandat de gardien
auditeurs. La Commission européenne de la stabilité en utilisant comme instru-
Nombre des faiblesses du système se pose des questions sur le fait que des ment de prévention une transparence plus
actuel sont en cours de traitement. Les auditeurs ont donné un certificat de bonne efficace. La publication régulière de stress
exigences en capital sont relevées ; les santé à presque toutes les banques qui tests rigoureux, comme le demande la
normes de souscription sont en voie ont failli durant la crise. Mais comment les loi Dodd-Frank, peut beaucoup les aider
d’amélioration ; l’infrastructure des mar- auditeurs peuvent-ils être critiques quand dans leur tâche difficile d’imposer au
chés de dérivés sera renforcée. Mais ils voient les régulateurs considérer que secteur financier des niveaux de capital
beaucoup de vulnérabilités subsisteront. des valeurs sévèrement décotées sont adéquats.
Même sous Bâle 3, le risque souverain sans risque ?
triple-A est pondéré au risque zéro, alors Indépendance
que nous devrions savoir que le risque A ce propos, l’introduction d’un modèle et responsabilité
zéro n’existe pas. Le nouveau ratio d’en- de pertes attendues figure en bonne
dettement – bien que constituant en soi place sur la liste des desiderata des Dans la dernière partie de mon discours,
une grande amélioration – sera (à 3 %) régulateurs prudentiels, afin que les je voudrais faire quelques observations
toujours bas au regard des pertes mas- pertes soient comptabilisées au moment sur une autre question sensible, à savoir
sives qui ont été subies au cours de la opportun. Comment cela peut-il être la relation entre l’indépendance et la res-
présente crise. crédible si des signes actuellement évi- ponsabilité dans le domaine de la nor-
On ne peut pas envier les autorités dents de dépréciation sont ignorés ? Le malisation.
prudentielles d’avoir en charge un sys- modèle du coût amorti pour les valeurs
tème intrinsèquement si instable. Dans inscrites au “banking book“ ne peut être Quand on observe les fondamentaux
ces circonstances, on peut également crédible que si les dépréciations sont des IFRS, on est frappé par le fait que la
comprendre qu’elles puissent ne pas comptabilisées en temps opportun. Si plupart reposent sur le simple bon sens
se sentir à l’aise avec des règles comp- on maintient une divergence trop impor- économique. Malgré sa complexité, le
tables qui dévoilent les problèmes au tante entre les évaluations par le mar- référentiel IFRS est en fait un système
grand jour. Il est naturel que les super- ché et les valeurs comptables, en fin de très élégant de raisonnement écono-
viseurs bancaires essaient de gagner du compte les investisseurs se mettront à mique, profondément enraciné dans le
temps pour que le système bancaire se réclamer l’extension de la comptabilité bon sens.
rétablisse. Paul Volcker – le plus grand en juste valeur. En même temps, nous devons reconnaître
banquier central de tous les temps – se La vérité est que les investisseurs de par que le reporting financier n’est pas une
souvient encore avec fierté comment, le monde n’ont guère cru que l’industrie science exacte. L’évaluation des actifs
en cachant pendant la crise de la dette financière a fait face à ses problèmes ces est à bien des égards plus un art qu’une
latino-américaine que le secteur ban- dernières années. Dans de telles circons- science. De nombreux actifs ne sont pas
caire américain était pratiquement en tances, les marchés deviennent souvent homogènes et, souvent, ils n’ont pas de
faillite, il a gagné le temps nécessaire méfiants et tendent à sur-réagir ; ainsi, le marchés actifs ou liquides qui donne-
pour que les banques rétablissent leurs manque de transparence nourrit directe- raient des signaux de prix fiables. Dans
bilans. ment le manque de stabilité. de nombreux cas, l’évaluation des actifs
demande beaucoup de jugement et/ou de
Transparence d’abord Il y a une raison définitive qui me fait bon sens. Souvent, il y a place pour des
Cependant, je doute sincèrement que penser que la communauté tant comp- différences d’opinion légitimes
cette méthode fonctionne encore au 21e table que prudentielle devrait être plei- Mais souvent, les disputes comptables
siècle. En ces jours de révolution de l’in- nement engagée à la transparence. ne sont pas nourries par d’authentiques
formation par l’internet, de médias inten- Cette raison est qu’il est bien moins débats intellectuels, mais par de purs
sément inquisiteurs, d’investisseurs ins- coûteux de prévenir une crise en étant intérêts financiers. Il n’était pas dans l’in-
titutionnels et d’actionnaires activistes, pleinement transparent sur les risques térêt des PDG de constater en résultat les
c’est une illusion de croire que l’on peut que de laisser aller et de nettoyer après paiements basés sur les actions. C’est
très longtemps cacher de vrais pro- coup. S’il s’avère qu’un nettoyage est pourquoi ils se sont battus bec et ongles
blèmes. En fait, la perception que les inévitable, il ne faut pas gagner du lorsque les normes comptables les ont
régulateurs pourraient ne pas être trans- temps pour cacher les problèmes, mais forcés à le faire.

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COMPTABILITÉ

Il n’était pas non plus agréable pour les Je vois quatre façons de renforcer le sens compte de la capacité des utilisateurs à
sociétés d’avoir, pleinement visibles dans d’appropriation des IFRS au plan mon- les digérer.
leur bilan, leurs engagements de retraite, dial. Tout d’abord, les normes de l’IASB Finalement, l’indépendance doit s’ac-
et pour cette raison IAS 19 sur les avan- doivent toujours être de première qualité. compagner d’un système fort de res-
tages au personnel s’est heurtée à une On peut avoir des points de vue différents ponsabilité (“accountability“). La gou-
vive résistance. Bien que ces change- sur le contenu, mais la qualité du travail vernance de la Fondation IFRS est en
ments aient conduit certaines entreprises de l’IASB ne doit jamais pouvoir être mise cours de revue par la Fondation elle-
à modifier leurs comportements écono- en doute. même et par le Monitoring Board. Je
miques, il est clair que ce fut pour le bien, Deuxièmement, nous avons besoin pense que la gouvernance de leur
mettant en lumière des coûts ou des pas- d’un due process de première qualité. relation peut être renforcée et j’at-
sifs cachés. L’IASB suit déjà des règles très strictes tends avec intérêt des propositions à
Donc, la normalisation comptable doit et consulte de façon exhaustive dans le cet effet. Il est très important que nous
être sensible aux intérêts économiques monde entier. Les délibérations de l’IASB développions une structure de gouver-
légitimes, mais être ferme et indépen- et les procédures de vote sont diffusées nance plus complète et dans laquelle
dante en face des intérêts spéciaux. en direct sur l’internet, ce qui en fait l’un toutes les juridictions se sentent conve-
L’indépendance est une précondition des normalisateurs les plus transparents nablement représentées. Nous devons
essentielle pour que le public ait dura- du monde. Cependant, nous devons à tout prix éviter l’impression que la
blement confiance dans la normalisation bâtir sur les efforts que nous avons déjà Fondation IFRS est dominée par un
comptable. faits pour aller au contact, afin d’assu- petit groupe de pays. S’agissant d’une
rer que les participants de par le monde organisation mondiale, je pense qu’il
En même temps, je réalise pleine- soient entendus et que leurs points de est très important que tous les parti-
ment que l’indépendance ne vient pas vue soient dûment considérés par le cipants aient un sentiment d’apparte-
toute seule. L’IASB ne devrait jamais Board. L’ouverture d’un bureau régio- nance. Évidemment, c’est un immense
être perçue comme une tour d’ivoire. nal au Japon est un pas important dans défi que de rendre homogène une jeune
L’indépendance ne sera respectée que cette direction. organisation internationale.
s’il existe un puissant sens d’appropria- Troisièmement, la Fondation IFRS doit Tout au long de ma carrière dans les
tion par la communauté des utilisateurs avoir pleinement conscience des défis services publics, j’ai affronté de nom-
et par les autorités publiques qui approu- que peut représenter la mise en œuvre breux défis. J’y prends même plaisir.
vent les normes. C’est là un immense des normes. Bien que celles-ci doivent Je suis donc très impatient de présider
défi, en particulier pour une jeune orga- s’adapter rapidement aux évolutions l’IASB ces prochaines années.
nisation qui a conquis tant de territoire économiques, nous devons, s’agissant
en si peu de temps. du calendrier des changements, tenir Traduit de l’anglais par Gilbert Gélard.

LE REPORTING FINANCIER
ASPECTS COMPTABLES, FISCAUX ET DE GESTION
Coédition ECM/Dunod
Eric Tort, Docteur en sciences de gestion et membre associé du centre de recherche universitaire Gregor,
expert-comptable associé dans une importante firme pluridisciplinaire.

Dans les domaines comptables et financiers, le reporting financier occupe une place centrale dont les
objectifs sont multiples.
L’élaboration du reporting financier est aujourd’hui rendue de plus en plus délicate du fait de la complexité
croissante des structures de groupe.
Cet ouvrage de synthèse présente des exemples concrets sur cinq thématiques essentielles : 34,40 €
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