Mémoire de Fin d'Étude-MERROUCHE Smail, P38
Mémoire de Fin d'Étude-MERROUCHE Smail, P38
Mémoire de Fin d'Étude-MERROUCHE Smail, P38
Thème
38ème Promotion
1
2020/2021
Dédicaces
A ma chère mère.
I
Remerciements
A l’administration de l’IEDF.
II
Résumé
L’ objet de ce mémoire est d’apprécier l’évolution de la pression fiscale en Algérie, pour la période
2010-2020, par rapport à celle de la Tunisie et la France à travers l’analyse de la structure de leurs
prélèvements obligatoires ainsi que le poids de ces derniers sur le PIB.
Ainsi la pression fiscale totale est passée de 27.26% en 2010 à 35.72% en 2020 pour l’Algérie, de 27.2%
en 2010 à 33.6% en 2020 pour la Tunisie et de 43.75% en 2010 à 42.21% en 2020 pour la France.
Quant à l’analyse de la structure des prélèvements obligatoires de ces trois pays, elle a révélé qu’à la
différence de la Tunisie et la France qui dépendent de leur fiscalité directe, fiscalité indirecte et des
cotisations sociales, la structure des prélèvements obligatoires de l’Algérie dépend à plus d’un tiers de
sa fiscalité pétrolière.
Abstract
The purpose of this paper is to assess the evolution of the tax burden in Algeria, for the period 2010-
2020, compared to that of Tunisia and France through the analysis of the structure of their taxes and the
weight of the latter on GDP.
Thus, the total tax burden increased from 27.26% in 2010 to 35.72% in 2020 for Algeria, from 27.2%
in 2010 to 33.6% in 2020 for Tunisia and from 43.75% in 2010 to 42.21% in 2020 for France.
As for the analysis of the structure of taxes for these three countries, it has revealed that unlike Tunisia
and France which depend on their direct taxation, indirect taxation and social contributions, the structure
of taxes of Algeria depends on more than one third of its oil taxation.
ملخص
بالمقارنة مع تونس وفرنسا من خالل تحليل, 2020-2010 للفترة, الهدف من هذا البحث هو تقييم تطور الضغط الضريبي في الجزائر
.هيكل االستقطاعات اإلجبارية وكذلك وزن هذه األخيرة على الناتج المحلي اإلجمالي
٪33.6 إلى2010 في٪27.2 من، للجزائر2020 في٪35.72 إلى2010 في٪27.26 وهكذا ارتفع إجمالي الضغط الضريبي من
. لفرنسا2020 في٪42.21 إلى2010 في٪43.75 لتونس ومن2020 في
فقد تبين أنه على عكس تونس وفرنسا اللتين تعتمدان على، أما بالنسبة لتحليل هيكل االستقطاعات اإلجبارية في هذه الدول الثالث
فإن أكثر من ثلث هيكل االستقطاعات اإلجبارية في الجزائر، الضرائب المباشرة والضرائب غير المباشرة والمساهمات االجتماعية
. يعتمد على الجباية البترولية
III
Sommaire
Section 2 : Analyse du poids des prélèvements obligatoires par rapport au PIB en Algérie _____ 33
IV
Tables des illustrations
Tableaux
Figures
V
Table des abréviations
VI
INTRODUCTION
Introduction générale
Introduction générale
Dans l'opinion publique, les questions fiscales occupent une place importante générant
ainsi des débats qui s'appuient, bien souvent, sur des appréciations personnelles loin de tout
ancrage scientifique. A maintes fois, la pression fiscale est jugée tellement excessive, comparée
à d’autres pays, qu'elle confisque le revenu du contribuable et constitue ainsi un frein au
développement de l’économie.
Pourtant cette pression fiscale est nécessaire à tout système fiscal contemporain. En
effet, chaque système fiscal doit satisfaire trois principaux objectifs : d’abord des objectifs
financiers, en assurant des entrées fiscales régulières nécessaires au bon fonctionnement de
l'Etat et des Collectivités Locales ainsi que des objectifs économiques, en tant qu'instrument
incitatif ou dissuasif en matière d’investissement mais aussi des objectifs sociaux, en
redistribuant la richesse sur la population. Ceci amène l'Etat au bout d’un dilemme qui consiste
à balancer entre la pression fiscale et l’atteinte optimale de ces trois objectifs.
Ainsi la mesure de la pression fiscale est l’un des principaux indicateurs qui permet de
savoir si la politique fiscale a atteint ses objectifs sans pour autant constituer un frein au
développement de l’économie ou confisquer le revenu du citoyen.
Pour mieux cerner le sujet à traiter et ainsi mieux diriger ce travail, de la problématique
principale découle les questions subsidiaires suivantes :
2
Introduction générale
Dans le but de traiter le sujet et répondre aux questionnements émis, ce travail a suivi
une démarche descriptive analytique qui consiste à faire une recherche bibliographique en
consultant tout un éventail d'ouvrages, articles, thèses, mémoires et les sites spécialisés en
finances publiques, ainsi qu’en se rapprochant du Ministère des Finances algérien, plus
précisément de la Direction Générale des Impôts (DGI), pour recueillir toutes les informations
et statistiques nécessaires à notre thème de recherche.
3
Chapitre I : Cadre conceptuel de la
pression fiscale
Chapitre I : Cadre conceptuel de la pression fiscale
Afin de cerner la notion de la pression fiscale, il est nécessaire d’entamer sa définition (1)
afin de déterminer ses limites (3) tout en identifiant ses différentes formes (2).
La pression fiscale est un indicateur mesuré en établissant une relation entre deux
indicateurs économiques, à savoir : les prélèvements obligatoires (les impôts et taxes, y
compris les prélèvements sociaux) et le produit intérieur brut d'un pays donné1. Ou encore
comme étant la relation qui détermine « le pourcentage du revenu pris sous forme d’impôts et
taxes sur le revenu réalisé et dépensé par chaque individu, contribuable ou par un groupe ou
encore par l’ensemble de la collectivité » 2.
Cette notion peut également être définie comme étant l’indicateur qui permet de mesurer
le degré d'interventionnisme de l'Etat dans la vie économique et sociale. Ce qui lui permet, entre
outre, de se situer par rapport aux autres pays pour ce qui est de l'effort fiscal3.
1
BOUVIER Michel. « Introduction au droit fiscal général et à la théorie de l'impôt », édition L.G.D.J, 10ème
édition, Paris, 2010, P 274.
2
SADOUDI Ahmed. « Droit fiscal », édition SHP, 1ère édition, Alger, 2014, P 109.
3
FRIKHA Ahmed, « L’équité fiscale », mémoire de master, université de Sfax, Tunisie, 2003, P 18.
5
Chapitre I : Cadre conceptuel de la pression fiscale
Pour le calcul de la pression fiscale globale appelée aussi la pression fiscale nationale,
qui est le sujet de notre travail, on prend en compte l'ensemble des prélèvements fiscaux et
parafiscaux perçus pour le compte de l'Etat, les Collectivités Locales et les caisses de sécurités
sociales d’un côté et, de l’autre côté, l’ensemble des richesses créées par tous les agents
économiques sur l’ensemble du territoire national4.
𝑃𝑂
PFG = 𝑃𝐼𝐵
4
SADOUDI Ahmed, op. cit., P 110.
5
MIHAI NEDELESCU Dumitru et CROITORU Elena Lucia, «tax pressure - generating factor of fiscal evasion
in romania», journal of information systems & operations management, Vol.14, Romania, 2020, P 129.
6
ibid, P 131.
7
SADOUDI Ahmed. op. cit., P 109.
6
Chapitre I : Cadre conceptuel de la pression fiscale
𝑃𝑂
PFI = .
𝑅
L’Etat ne peut prélever l'impôt de manière illimitée sans être confronté à des limites
éthiques (1), sociales (2) et économiques (2).
Initialement, le système fiscal a été conçu autour d'un rapport de force qui vise à ce que
l'Etat prélève les deniers à ceux qui en possèdent. Ce qui fait que l’Etat, par principe, ne peut
être moral. Et le droit administratif, qui permet à l'Etat de s'affranchir de la moralité pour faire
ce qu'il doit faire, est là pour nous le rappeler. Cependant, il ne faut pas confondre moralité et
éthique car il est irrationnel d’exiger des entreprises un comportement moral si à côté, l’Etat
établit des taux d’impositions extrêmement élevés.
Sur le plan social une pression fiscale forte peut, dans certains cas, remettre en cause la
paix sociale. Par exemple le mouvement des gilets jaunes en France dont l’une des principales
revendications était un système fiscal plus équitable.
Pour ce qui est de l’impact d’une pression fiscale forte sur le plan économique, dans sa
thèse Arthur LAFFER, en s’appuyant sur les conclusions d’IBN KHALDOUN, préconise à ce
que l'impôt ne dépasse pas un certain seuil, sinon son impact serait néfaste pour l'économie.
LAFFER suggère que la relation positive entre le taux d'imposition et la progression des recettes
fiscales de l'Etat s'inverse lorsque le taux de prélèvement atteint un certain stade. à partir de ce
stade toute augmentation des taux de prélèvements aurait un effet contraire à celui escompté, à
savoir une réduction des recettes fiscales 8.
8
DIAGNE SAKRYA Youssoupha, « La réforme du code général des impôts : Principales mesures et
implications », thèse de doctorat, université de Reims Champagne-Ardenne, France, 2017, P 86.
7
Chapitre I : Cadre conceptuel de la pression fiscale
Le fait qu’une pression fiscale forte aurait un effet inverse à celui souhaité peut
s’expliquer par l’évasion et la fraude fiscale qu’un taux d’imposition élevé engendrerait d’une
part et, d’autre part, un taux d’imposition élevé ferait diminuer le pouvoir d’achat des différents
agents économiques ce qui découragerait la consommation, l’épargne et l’investissement. Par
conséquent, cette situation entraînerait une réduction du rendement des impôts notamment ceux
sur la dépense et sur le capital.
Il existe différentes approches qui permettent de calculer la pression fiscale d’un pays
donné, à savoir :
Le taux nominal reflète le taux légal d'imposition auquel sont soumis les contribuables
d'un pays donné et permet de comparer, dans l’espace et dans le temps, les régimes fiscaux qui
leur sont applicables. Cet indicateur est le plus évident du fait de la simplicité de son calcul.
Cependant le taux nominal de l'impôt ne donne pas une vision complète sur le régime
fiscal applicable aux contribuables dans un pays donné. En effet, le taux nominal ou légal ne
prend pas en compte les régimes et taux spécifiques, les exonérations et abattements accordés
à certaines catégories ou à certains secteurs qu’on trouve dans les différentes législations
fiscales9. C’est la raison pour laquelle on trouve à côté du taux nominal, le taux effectif qui tient
compte de ces paramètres à savoir les taux spécifiques appliqués, les exonérations et
abattements accordés.
9
OCDE, « Statistiques de l’impôt sur les sociétés », Première édition,2019, P 10.
8
Chapitre I : Cadre conceptuel de la pression fiscale
Un autre indicateur qui est très fréquemment utilisé est le taux de prélèvements
obligatoires exprimé en pourcentage du PIB. Cependant, cet indicateur doit être utilisé avec
précaution car la méthode de calcul du PIB n’est pas la même d’un pays à un autre, d’un
organisme à un autre, ajouté à cela que cet indicateur ne tient pas compte des avantages fiscaux
ainsi que des exonérations accordées.
Malgré le nombre important d’approches, toutes aussi légitimes les unes que les autres,
pour calculer la pression fiscale, dans ce travail, on va utiliser l’approche du taux de
prélèvements obligatoires pour évaluer la pression fiscale en Algérie et la comparer avec celle
de la Tunisie et la France.
Illustration :
Une personne physique commerçante soumise à l’IRG/bénéfices professionnels réalise
un revenu de 1 000 000 da. Son revenu est soumis au barème progressif par tranches.
Jusqu’à 120 000 da, le taux d'imposition est nul. De 120 001 da à 360 000 da, le taux
d'imposition du barème est de 20% de 360 001 da à 1 000 000 da, le taux d'imposition du
barème est de 30%.
Dans ce cas, l’impôt total résultant du barème s’élève à : 240 000 da.
10
LURTON Grégorie, « Mesurer la pression fiscale, Revue regards croisés sur l'économie », Vol.1, 2007, P 67.
11
Ministère de l'économie, des finances et de la relance, « Rapport sur les prélèvements obligatoires et leur
évolution », France, 2013, P 35.
12
LURTON Grégorie, op. cit., P 68.
9
Chapitre I : Cadre conceptuel de la pression fiscale
[(360 000-120 000) x20%] + [(1 000 000-360 000) x 30%] = 240 000 da
240 000
Son taux moyen d’imposition est donc de 24%. = 24%
1 000 000
𝑅𝐴𝐼 − 𝑅𝑅
TMEI =
𝑅𝐴𝐼
Sachant que : TMEI : Taux Marginal Effectif d’Imposition
RAI : le taux de Rendement Avant Impôt d’un investissement marginal déduction faite de
l’amortissement
13
LE BOURDONNEC Caroline, « Les Taux Effectifs Marginaux d’Imposition des sociétés suisses applicables
aux investissements locaux : Quel mode d’intégration de l’impôt sur le capital dans le modèle ? »,
Administration fédérale des contributions AFC, Suisse, 2004, P 6.
14
LURTON Grégorie, op. cit., P 68.
15
ibid., P68.
16
LE BOURDONNE Caroline, op. cit., P 06.
10
Chapitre I : Cadre conceptuel de la pression fiscale
La relation entre la pression fiscale et la croissance économique peut avoir une allure
linéaire (1), sous la forme de la courbe d'IBN KHALDOUN (2) ou encore comme l’a démontré
BARRO avec l’existence d’un seuil de pression fiscale optimale, qui maximise la croissance
économique, sous la forme d’une courbe de LAFFER (3).
Selon la doctrine libérale, le budget de l'Etat ne devrait financer que les missions
souveraines de celui-ci. Dès lors, toute autre dépense publique, notamment dans le secteur
économique et social, est inconcevable et incompatible avec rôle de l'Etat et porterait atteinte à
la liberté individuelle, à l'initiative privée et aux lois naturelles de l'économie du marché17.
17
IBANDA KABAKA Paulin, « L’intervention de l’Etat dans l’économie : du laisser-faire à la régulation »,
HAL, 2016, P 01.
18
RAMDAOUI Abdelillah et AFIFI Mehdi, « Pression fiscale optimale et croissance économique au Maroc »,
Revue Economie & Kapital, Rabat Maroc, 2019, P 154.
11
Chapitre I : Cadre conceptuel de la pression fiscale
- Des taux d'impositions élevés vont réduire les activités de recherche, d'innovation
et de développement et ainsi freiner la croissance des productivités globales du
capital et du travail ;
- Une politique fiscale excessive va engendrer un déplacement des investissements
privés productifs, lourdement imposés, vers des secteurs d'activités moins
productifs, qui bénéficient d'une fiscalité incitative.
Dans son ouvrage « les prolégomènes », IBN KHALDOUN explique que « si les
fondateurs de l’empire marchent dans la voie de la religion, ils n’adoptent que les impositions
autorisées par la loi divine, c’est-à-dire, la dîme aumônière, l’impôt foncier et la capitation19.
Or la dîme de l’argent monnayé 20 est peu forte, comme chacun le sait, celle des grains et des
troupeaux n’est pas lourde ; il en est de même de la capitation et de l’impôt foncier. Or le taux
de ces impôts est fixé par la loi et ne peut pas être augmenté. Si l’empire a été fondé sur l’esprit
de tribu et de conquête, la civilisation a dû y être d’abord celle de la vie nomade, ainsi que nous
l’avons dit ailleurs. Or cette civilisation a pour effet nécessaire de porter le gouvernement à
l’indulgence, à la générosité, à la douceur, à la répugnance de toucher aux biens du peuple et à
l’indifférence pour l’acquisition des richesses, excepté dans des cas assez rares. Aussi les taxes
et impôts individuels, dont le montant forme le revenu de l’empire, sont très légers, et, cela
étant ainsi, les sujets se livrent à leurs travaux avec ardeur et avec plaisir ; la culture des terres
prend beaucoup d’extension, parce qu’on veut profiter des avantages que la faiblesse des impôts
assure aux cultivateurs, et cela augmente beaucoup le nombre des personnes dont les
contributions forment les richesses de l’État. » 21
IBN KHALDOUN fut l’un des premiers penseurs à prendre conscience de l’existence
d’une relation entre la pression fiscale et la croissance économique. En effet, les premières
études, en la matière, effectuées par IBN KHALDOUN remontent au 14ème siècle. Il a constaté
que la dépense publique et les prélèvements obligatoires jouent un rôle central dans le
développement économique d'un Etat. Ainsi, sa conclusion fut qu'un taux d'imposition excessif
va étouffer l'activité économique ce qui va réduire les recettes fiscales 22. En d’autres termes,
19
Il s’agit d’un impôt payé par les juifs et les chrétiens
20
Il s’agit d’un impôt fixé à 2.5% du revenu
21
IBN KHALDOUN, « les prolégomènes », 1377, traduits en Français et commentés par W. MAC GUCKIN DE
SLANE en 1863, P 77.
22
TIDJANE Nesrine et LOUNIS Abdelouahab, « l’impact des incitations fiscales sur la relance de
l’investissement etranger », Revue des Sciences Juridiques et Politiques, V11 N01, avril 2020, P 883.
12
Chapitre I : Cadre conceptuel de la pression fiscale
IBN KHALDOUN préconise à ce que l'Etat ne prélève que ce qui est nécessaire pour soutenir
la population, assurer l'ordre public et la stabilité politique.
IBN KHALDOUN révèle que des taxes jugées excessives et injustes aux yeux des
contribuables peuvent entraver la production, d'autant plus que la taxe ne touche que ceux qui
travaillent et produisent 23. Les contribuables vont considérer que leur revenu est accaparé par
l’Etat ce qui va faire naître des formes de résistance à l’impôt sous la forme d’évasion fiscale
et abandon, partielle ou totale, de la production.
Ainsi les idées d’IBN KHALDOUN ont données naissance à fameuse théorie de « Trop
d’impôt tue l’impôt » et à la courbe d’IBN KHALDOUN.
Sachant que :
R : Les recettes fiscales obtenues
t : Les taux d’impositions
La courbe d'IBN KHALDOUN signifie24 qu’un même rendement fiscal R1 peut être
obtenu avec deux poids de fiscalité différents, situés de part et d'autre (à t 1 et t2) du taux de
fiscalité optimal t* (t* est le taux optimum).
Cette courbe signifie également que même si le taux d’imposition (t) dépasse un certain
seuil (t*) par exemple t 2, l’effet obtenu par un telle augmentation aura le résultat contraire à
celui escompté à savoir une réduction des recettes fiscales de Rmax à R1.
23
BERREBEH Jalel, « La théorie générale de l'impôt », Institut Supérieur de Gestion de Sousse, Tunisie, 2011,
P 09.
24
ibid, P 10.
13
Chapitre I : Cadre conceptuel de la pression fiscale
BARRO l’explique comme suit 26 : lorsque les prélèvements fiscaux financent des
dépenses publiques davantage axées sur la prestation de services, elle peut avoir un impact
négatif sur les consommateurs en termes d'utilité et nuire à la croissance économique. Cela
s’explique par le fait que les taxes qui financent de tels types de dépenses publiques impactent
négativement le rendement du capital privé et nuit ainsi à l’épargne et à l’investissement.
Cependant, lorsque les dépenses publiques visent à créer des infrastructures, par exemple
routières, ou des investissements liés aux secteurs privés, cela renchérit le rendement du capital
privé et entraîne une hausse des investissements privés, de la consommation et du revenu.
Ainsi BARRO a conclu qu’il existe une courbe de LAFFER entre le taux de croissance
économique et le taux d’imposition. Cette courbe se présente comme suit :
25
RAMDAOUI Abdelillah et AFIFI Mehdi, op. cit, P 155.
26
NDEMBA TSHILAMBU Elie, « Pression Fiscale Optimale et Croissance Economique en République
Démocratique du Congo : 1990 -2020 », HAL, 2020, P 07.
14
Chapitre I : Cadre conceptuel de la pression fiscale
Cette courbe fait le lien entre le taux de la pression fiscale (P) et le taux de la croissance
économique (C). Et elle indique27 :
Quant à la relation entre la pression fiscale et l’économie, celle-ci diffère selon les
différents courants de pensée économique. Par exemple, selon SKINNER la relation entre la
pression fiscale et la croissance économique peut avoir une allure linéaire c.-à-d. plus l’Etat
prélève de l’impôt, plus l’économie ira mal. Ou encore selon IBN KHALDOUN, pour qui l’Etat
ne doit prélever de l’économie que les ressources qui lui sont nécessaires et si l’Etat prélève
plus qu’il en faut, alors toute augmentation aura pour effet une réduction des recettes fiscales.
Enfin pour BARRO, la pression fiscale peut être bénéfique pour la croissance économique, si
elle ne dépasse pas un certain taux et qu’elle finance des investissements qui profitent au secteur
privé et dans le cas contraire, toute augmentation aura pour effet de décourager les entreprises
à investir et les ménages à consommer davantage.
27
RAMDAOUI Abdelillah et AFIFI Mehdi, op. cit, P 156.
15
Chapitre II : Vue panoramique sur le
système de prélèvements obligatoires en
Algérie
Chapitre II : Vue panoramique sur le système de prélèvements obligatoires en Algérie
Le système de prélèvements obligatoires en Algérie est constitué par les impôts et taxes
perçus par l'Etat et les Collectivités Locales (Section 1) ainsi que d’autres prélèvements
obligatoires (Section 2) et a des caractéristiques qui lui sont propres (Section 3).
L’impôt sur le revenu global (IRG) « est un impôt annuel unique qui s’applique au
revenus ou bénéfice net global d’une personne physique, quelle que soit sa nature »33. Le revenu
net global est constitué par le total des revenus nets des catégories suivantes34 :
- Bénéfices professionnels ;
- Revenus des exploitations agricoles ;
- Revenus de la location des propriétés bâties et/ou non bâties ;
- Revenus des capitaux mobiliers ;
- Traitements, salaires, pensions et rentes viagères ;
28
Dans un souci d’avoir une vision globale sur les impôts directs, on va se limiter aux quatre principaux impôts
composant cette catégorie de prélèvements.
29
Son équivalent en Tunisie et en France est l’impôt sur le revenu des personnes physiques (IRPP)
30
Son équivalent en Tunisie et en France est l’impôt sur les sociétés (IS)
31
Son équivalent en Tunisie est l’impôt forfaitaire (IF)
32
Son équivalent en Tunisie et en France est la taxe professionnelle (TP)
33
BENALI Brahim, « Fiscalité directe », Institut d’Economie Douanière et Fiscale (IEDF), Algérie, 2021, P 01.
34
Art 2, CIDTA
17
Chapitre II : Vue panoramique sur le système de prélèvements obligatoires en Algérie
- Les plus-values de cession à titre onéreux des immeubles bâtis et/ou non bâtis et des
droits réels immobiliers, ainsi que celles résultant de la cession d‘actions, de parts
sociales ou de titres assimilés.
L’impôt sur les bénéfices des sociétés (IBS) est un impôt annuel qui frappe les
entreprises. Cet impôt sur les bénéfices se calcule sur l’assiette des bénéfices réalisés par une
entreprise pendant un exercice donné. Les sociétés concernées par cet impôt sont les sociétés
établies sous un statut juridique d’une société à responsabilité limitée, une société par actions,
une société en commandite par actions. Cet impôt est considéré, pour les sociétés, comme
l’équivalent de l’impôt sur le revenu pour les particuliers.
L’impôt forfaitaire unique (IFU) Il s'agit d'un impôt unique qui frappe les petits
contribuables dont le chiffre d'affaires ne dépasse pas 15 millions de dinars. Cet impôt remplace
l’IRG, la TAP et la TVA.
La taxe sur l’activité professionnelle (TAP) « il s’agit d’une taxe due à raison du
chiffre d’affaires réalisé en Algérie par les contribuables qui exercent une activité dont les
profits relèvent de l‘impôt sur le revenu global, dans la catégorie des bénéfices professionnels
ou de l‘impôt sur les bénéfices des sociétés »35.
On constate ainsi que ce soit en Algérie, en Tunisie ou en France, les impôts et taxes se
ressemblent, de manière très importante en matière de mécanismes de fonctionnement, seule
l’appellation change d’un pays à un autre, c’est le cas de l’IRG et de l’IBS en Algérie appelé
en France et en Tunisie l’IR et l’IS.
Il s’agit principalement 36 de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA), la taxe sur les produits
pétroliers (TPP)37 et la taxe intérieure de consommation (TIC)38.
35
Art 217 CIDTA
36
Dans un souci d’avoir une vision globale sur les impôts indirects, on va se limiter aux trois principaux impôts
composant cette catégorie de prélèvements
37
Son équivalent en France est la taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques qui englobe : la
taxe intérieure de consommation finale sur l’électricité, la taxe intérieure de consommation sur le gaz naturel et la
taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques
38
Son équivalent en Tunisie est le droit de la consommation
18
Chapitre II : Vue panoramique sur le système de prélèvements obligatoires en Algérie
La taxe sur la valeur ajoutée (TVA) est un impôt indirect sur la consommation. Cet
impôt n'est pas collecté directement par l'Etat mais par l'entreprise appelée redevable légal et
supporté par le consommateur final appelé redevable réel.
La taxe intérieure de consommation (TIC) est un impôt qui s'inscrit dans le cadre de
la politique de lutte anti-tabac et qui frappe principalement les opérateurs exerçant dans le
secteur du tabac.
La taxe sur les produits pétroliers (TPP) est une taxe écologique qui s'applique à
l'essence, au gasoil et au gaz de pétrole liquéfié (GPL).
Il s’agit là aussi des trois composantes principales de la fiscalité indirecte dans les trois
pays.
Outre les impôts et taxes prélevés par l’Etat, on distingue généralement entre les
redevances ou rémunérations pour services rendus (1), les cotisations sociales (2) et les droits
de douane (3).
39
Son équivalent en France est le droit sur les alcools et les boissons alcooliques
19
Chapitre II : Vue panoramique sur le système de prélèvements obligatoires en Algérie
Le principe de financement des dépenses publiques par les impôts et taxes n'empêche
pas que le coût de certains services publics ou d’ouvrages publics soient directement supportés
par les usagers. Afin que ces redevances soient légalement instituées, Il faut qu'elles trouvent
une contrepartie directe et proportionnée dans l'utilisation du service public ou dans l'utilisation
de l'ouvrage40. C’est le cas par exemple des redevances d’occupation d’un domaine de l’Etat
qui sont perçues au profit de la personne publique qui délivre le permis de stationnement, et de
la personne publique propriétaire de la dépendance domaniale ou encore de la redevance
audiovisuelle.
Concernant les cotisations sociales 41, il est important de noter qu'elles sont aussi
obligatoires que l’impôt. Ces dernières sont prescrites par la loi et s'appliquent aussi bien aux
employeurs qu’aux employés, chacun a un taux qui lui est propre. Cependant, les cotisations
sociales diffèrent de l’impôt en termes de répartition. Les cotisations sociales sont affectées à
une dépense prédéterminée car elles sont affectées à la caisse de sécurité sociale afin qu'elles
puissent financer les prestations médicales et les retraites. D'autre part, les impôts sont utilisés
pour financer les dépenses publiques de l’Etat et des Collectivités Locales, et non pour des
dépenses spécifiques.
40
BELTRAME Pierre, « la fiscalité en France », édition hachette supérieure, 12ème édition, France, 2014, P 13.
41
SADOUDI Ahmed, op. cit., P 47.
42
Art.19 du CDA
43
BERCHICHE Ahmed, « droit douanier », Institut d’Economie Douanière et Fiscale, Algérie, 2020, P 03.
20
Chapitre II : Vue panoramique sur le système de prélèvements obligatoires en Algérie
21
Chapitre II : Vue panoramique sur le système de prélèvements obligatoires en Algérie
Pour la période 2017-2019 on constate que les contribuables qui relèvent du régime de
l’IFU ne cessent de progresser, passant de 1 569 864 en 2017 à 1 766 115 en 2019. A l’inverse
des contribuables qui relèvent du régime du réel, leur nombre diminue d’année en année,
passant de 330 921 en 2017 à 314 816 en 2019.
La courbe s’est ensuite inversée pour la période 2019-2020 où les contribuables relevant
du régime de l’IFU ont vu leur nombre baisser de 30 861 contribuables, passant de 1 766 115
contribuables en 2019 à 1 735 254 contribuables en 2020. Et les contribuables relevant du
régime du réel ont vu leur nombre augmenter de 43 180, passant de 314 816 contribuables en
2019 à 357 996 contribuables en 2020. Ceci est dû à ce que le seuil du chiffre d’affaires annuel,
pour l’IFU, initialement fixé à 30 000 000 DA (depuis 2007) se voit réduit à la moitié soit de
15 000 000 DA (en 2020). Ainsi les contribuables dont le chiffre d’affaires dépasse le montant
de 15 000 000 DA relève désormais du régime du réel, ce qui explique l’inversion de la courbe
pour la période 2019-2020.
Afin d’analyser la provenance des recettes fiscales en Algérie, nous allons prendre la
structure des prélèvements fiscaux pour trois dates, à savoir : 2010, 2015 et 2020, qui se
présente comme suit :
Tableau 2: Structure des prélèvements fiscaux en Algérie pour 2010, 2015 et 2020
22
Chapitre II : Vue panoramique sur le système de prélèvements obligatoires en Algérie
Pour une meilleure visibilité et analyse, le tableau ci-dessus est représenté sous la forme
d’un histogramme comme suit :
Figure 4 : Structure des prélèvements fiscaux en Algérie pour 2010, 2015 et 2020
La première chose à observer est que, pour cette période, la fiscalité pétrolière
représente près de la moitié du total des prélèvements fiscaux en Algérie, avec une part qui
varie entre 44.12% et 45.03%, soit une moyenne de 44.7%.
Quant à la fiscalité ordinaire, sa part du total des prélèvements fiscaux en Algérie varie
entre 55.9% et 55.1%.
On constate que les recettes fiscales en Algérie sont dominées par la fiscalité pétrolière
qui représente, en moyenne, 47.7% du total des prélèvements fiscaux. Vient ensuite, la fiscalité
directe avec une moyenne de 24.1% des prélèvements fiscaux suivie de la fiscalité indirecte
avec une part de 20.5% et enfin, la fiscalité locale avec une moyenne de 10.6% du total des
recettes fiscales.
23
Chapitre II : Vue panoramique sur le système de prélèvements obligatoires en Algérie
Pour résumer, ce régime concerne les petits contribuables dont le chiffre d’affaires ne
dépasse pas 15 millions de DA44, il remplace l’IRG, la TVA et la TAP 45, englobe deux taux46
5% pour les activités de production et de vente de biens et 12% pour les autres activités, et les
contribuables relevant de ce régime doivent tenir de simples registres d’achats et de ventes 47.
Ce régime a grandement participé à mettre de l’ordre dans les affaires de l’administration fiscale
par la réduction du nombre de démarches administratives notamment.
Il est à noter que les contribuables relevant de ce régime ne tiennent pas une
comptabilité, ce qui fait qu’en cas de doutes et en absence de justificatifs, l’administration
fiscale serait contrainte de faire une imposition d’office, ce qui aboutit généralement à un
contentieux. L’absence d’une comptabilité incite également certains contribuables mal
intentionnés à commettre des actes frauduleux. Ce régime peut donc être un générateur de
contentieux et de fraude, d’où la nécessité de revoir, en baisse, le seuil d’éligibilité à ce régime
ou d’insérer une disposition légale qui oblige les contribuables relevant de ce régime à tenir une
comptabilité simplifiée c.-à-d. que les contribuables relevant du régime de l’IFU doivent
enregistrer chronologiquement les opérations qui intéressent leur activité sans pour autant
établir, à la fin de l’exercice, des états financiers tels que le bilan et le compte de résultat.
Les dépenses fiscales appelées aussi les subventions fiscales, désignent l'ensemble des
avantages fiscaux consentis par l'Etat qui, au départ, constituent un manque à gagner en termes
de recettes budgétaires mais qui seront compensées, à terme, grâce aux revenus générés par les
investissements réalisés et mis en exploitation48.
44
Art. 282ter du CIDTA
45
Art. 282bis du CIDTA
46
Art. 282sexies du CIDTA
47
Art 1 du CPF
48
SADOUDI Ahmed, op. cit., P 101.
24
Chapitre II : Vue panoramique sur le système de prélèvements obligatoires en Algérie
En termes de poids sur le PIB, les dépenses fiscales représentent une proportion de
moins en moins importante. Avec une part de 0.8% du PIB en 2010 contre 0.5% en 2013 et
0.4% en 2016.
Cependant, les exonérations fiscales sont accordées à une large population. Par exemple
concernant les jeunes promoteurs de l’investissement, ils sont exonérés de la TVA pendant la
phase de réalisation de l’investissement 49 :
Pour ce qui est de l’IBS et de la TAP 50, les jeunes promoteurs de l’investissement sont
exonérés pour une période de trois ans à compter de la date de début de leur activité ou 6 ans si
l’activité est exercée dans une zone à promouvoir dont la liste est fixée par voie réglementaire.
Il est ajouté une période de deux ans, si les jeunes promoteurs s’engagent à recruter au moins 3
personnes pour un contrat à durée indéterminée.
49
Direction Générale des impôts, « La Lettre de la DGI », Bulletin d’information de la Direction Générale des
Impôts, N78, Algérie, 2015, P 04.
50
Art. 138 du CIDTA
25
Chapitre II : Vue panoramique sur le système de prélèvements obligatoires en Algérie
Conclusion du chapitre
Le système de prélèvements obligatoires en Algérie est constitué par des impôts directs
tels que l’IRG, l’IBS, l’IFU et la TAP, des impôts indirects tels que la TVA, la TIC ou la TPP,
ainsi que d’autres impôts et taxes tels que les droits de circulation, les droits de garantie et
d’essai qui s'appliquent aux ouvrages en or, argent et platine et les droits de timbre.
En sus des prélèvements fiscaux, il existe d’autres prélèvements parafiscaux tels que les
redevances d’occupation d’un domaine public ou encore le cas des cotisations sociales et des
droits de douane.
En ce qui concerne les spécificités du système fiscal algérien, en 2020 par exemple,
celui-ci englobe plus de 2 millions de contribuables dont 83% relèvent du régime de l’IFU et
17% du régime du réel.
Toujours dans le cadre des spécificités du système fiscal algérien, en 2020, les recettes
fiscales en Algérie proviennent à hauteur de 44.7% de la fiscalité pétrolière et 55.3% de la
fiscalité ordinaire, répartie entre 43.4% pour la fiscalité directe, 38.2% pour la fiscalité indirecte
et 18.4% pour la fiscalité locale.
En Algérie, depuis 2007, un régime simplifié a été introduit, connu sous l’appellation
du régime de l’impôt forfaitaire unique. Ce régime concerne les petits contribuables dont le
chiffre d’affaires ne dépasse pas 15 millions de DA, il remplace l’IRG, la TVA et la TAP,
englobe deux taux et les contribuables relevant de ce régime doivent tenir de simples registres
d’achats et de ventes.
26
Chapitre III : Analyse de la pression
fiscale en Algérie, en Tunisie et en
France
Chapitre III : Analyse de la pression fiscale en Algérie, en Tunisie et en France
Nous allons dans un premier temps analyser la structure des prélèvements obligatoires
dans sa totalité (1), avant d’analyser la structure de la fiscalité directe (2) ensuite celle de la
fiscalité indirecte (3) et enfin, la place de la fiscalité pétrolière dans les prélèvements fiscaux en
Algérie (3).
28
Chapitre III : Analyse de la pression fiscale en Algérie, en Tunisie et en France
Pour une meilleure visibilité et une meilleure analyse le tableau ci-dessus peut être
représenté par un histogramme, comme suit :
29
Chapitre III : Analyse de la pression fiscale en Algérie, en Tunisie et en France
A propos des droits de douane, leur part représentait un ratio de plus en plus important,
pour la période 2010-2015, passant de 5.62% en 2010 à 7.27% en 2015 avant d’enregistrer une
baisse progressive, pour la période 2016-2020, où leur part des prélèvements obligatoires est
passée de 7.27% en 2015 à 4.89% en 2020.
Enfin, hormis quelques variations en 2013,2014 et 2015, la part des cotisations sociales
du total des prélèvements obligatoires en Algérie reste relativement stable, pour la période
2010-2020, et varie entre 21.34% en 2010 à 22.81% en 2020.
On peut constater que la structure des prélèvements obligatoires en Algérie, du moins à
première vue, reste relativement stable pour la période 2010-2020. Ainsi, la fiscalité directe
représentait 17,11% du total des prélèvements obligatoires pour l’année 2010 contre 17.28% en
2020, la fiscalité indirecte 15,11% pour l’année 2010 contre 15.22% pour l’année 2020, la
fiscalité pétrolière 32,22% pour l’année 2010 contre 32.49% pour 2020, la fiscalité locale
8,60% pour l’année 2010 contre 7.32% pour 2020, en 2010 5,62% pour les droits de douane et
4.89% pour 2020 et enfin, les cotisations sociales représentaient 21,34% du total des
prélèvements obligatoires pour 2010 contre 22.81% pour 2020.
Il a également été constaté que la structure des prélèvements obligatoires en Algérie est
fortement impactée par la fiscalité pétrolière c.-à-d. quand la part de cette dernière augmente,
comme en 2015, 2018 et 2019, la part des autres prélèvements baisse et vice versa, lorsque la
part de la fiscalité pétrolière baisse, comme en 2016, la part des autres prélèvements augmente.
Ce qui fait que la structure des prélèvements obligatoires en Algérie dépend de manière
importante de la fiscalité pétrolière.
La structure de la fiscalité directe en Algérie peut être représentée sous la forme d’un
histogramme, comme suit :
30
Chapitre III : Analyse de la pression fiscale en Algérie, en Tunisie et en France
La première chose à observer est que la part de l’IRG/salaire prend une part de plus en
plus importante du total de la fiscalité directe en Algérie. Or la part de l’IRG/salaires a augmenté
de 22.26%, passant de 42.78% en 2010 à 65.05% en 2020. Alors que la part de l’IBS a baissé
de 18.68% du total des prélèvements obligatoires, passant de 45.59% en 2010 à 26.91% en
2020.
Tandis que les autres prélèvements directs tels que les autres catégories de l’IRG et
l’IFU représentent à peine 10% du total de la fiscalité directe, passant de 11.63% du total de la
fiscalité directe en 2010 à 8.04% en 2020.
On constate ainsi que la principale ressource de la fiscalité directe est l’impôt appliqué
sur le revenu des salariés. Les prélèvements opérés sur la part de ces derniers représentent
65.05% de la fiscalité directe en 2020. Ceci peut s’expliquer par deux raisons : d’abord
l’Algérie accorde des exonérations importantes en matière d’IBS mais aussi à cause de la
prolifération de l’économie souterraine.
Mais aussi, concernant l’IRG, les salariés représentent près de 90% du rendement de cet
impôt alors que les autres catégories, telles que les professions libérales, ne représentent que
6% de son rendement. Ce qui montre, de manière évidente, que l’IRG n’est pas un impôt
équitable puisqu’il repose quasi exclusivement sur revenu des salariés.
31
Chapitre III : Analyse de la pression fiscale en Algérie, en Tunisie et en France
On peut constater que c’est la TVA qui domine la structure de la fiscalité indirecte, pour
la période 2010-2020.
Cependant, au fil des années la TVA occupe une place de moins en moins importante.
Sa part a baissé de 16%, pour la période 2010-2020, passant de 89.68% du total de la fiscalité
indirecte en 2010 à 73.59% en 2020.
Alors que la part de la TIC et la TPP, pour la période 2010-2014, ne représentait pas
plus de 9%, elle a commencé à représenter une part plus importante de la fiscalité indirecte
durant la période 2015-2020, passant de 8.79% en 2014 à 26.41% en 2020. Ceci peut
s’expliquer par la mesure introduite par la LF 2016. Cette mesure a relevé la TPP de 1
DA/HL à 600 DA/HL pour les essences super et sans plomb et 500 DA/HL pour
l’essence normal et 100 DA/HL pour le gas-oil51. Cette mesure a été introduite dans un
double soucis : d’abord pour mettre en avant la volonté de l’Algérie en matière de lutte contre
le réchauffement climatique et encourager le consommateur à aller vers d’autres énergies moins
polluantes telles que le GPL mais aussi afin d’assurer des rentrées fiscales supplémentaires au
Trésor public.
51
Art 15 loi de finances 2016
32
Chapitre III : Analyse de la pression fiscale en Algérie, en Tunisie et en France
La baisse du poids de la TVA au profit de la TIC et la TPP peut être un bon signe dans
la mesure où la fiscalité indirecte tire ses ressources des produits polluants tels que l’essence et
des produits nocifs tels que le tabac et épargne certains produits, notamment ceux de première
nécessité, tels que le lait en sachet.
Figure 8 La part de la fiscalité pétrolière dans les prélèvements fiscaux en Algérie pour la période 2010-2020
Hormis pour l’année 2016 où la part de la fiscalité ordinaire a atteint 60% du total des
prélèvements fiscaux ,grâce notamment à la révision de la TPP qui a assurée des entrées fiscales
supplémentaires au Trésor public, la part de la fiscalité pétrolière reste relativement stable et
varie entre 44.11% en 2010 et 44.93% en 2020.
On constate ainsi que près de la moitié des recettes fiscales de l’Etat dépend de la
fiscalité pétrolière qualifiant ainsi l’Etat algérien d’un Etat rentier 52.
52
un État rentier est un État qui tire la majeure partie, voire la totalité, de son revenu national d'une rente provenant
de ressources naturelles telles que le pétrole.
33
Chapitre III : Analyse de la pression fiscale en Algérie, en Tunisie et en France
Tableau 5 Poids des prélèvements obligatoires sur le PIB en Algérie pour la période 2010-2020
2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020
Fiscalité 4,66% 4,70% 5,32% 4,94% 5,12% 6,19% 6,34% 6,40% 5,89% 6,19% 6,31%
directe
dont 2,00% 2,61% 3,38% 2,94% 3,06% 3,54% 3,61% 3,62% 3,44% 3,79% 4,11%
IRG/Salaires
dont IBS 2,13% 1,69% 1,53% 1,55% 1,68% 2,01% 2,17% 2,22% 1,88% 1,88% 1,70%
Fiscalité 4,12% 3,82% 4,02% 4,42% 4,44% 4,95% 5,09% 5,25% 5,34% 5,53% 5,56%
indirecte
dont TVA 3,69% 3,42% 3,63% 4,04% 4,09% 4,52% 4,36% 4,30% 4,14% 4,19% 4,09%
dont TIC et 0,35% 0,36% 0,38% 0,38% 0,35% 0,43% 0,73% 0,96% 1,21% 1,34% 1,47%
TPP
Fiscalité 2,34% 2,11% 2,18% 2,34% 2,38% 2,46% 2,92% 2,47% 2,12% 2,63% 2,68%
locale
Pression 11,13% 10,63% 11,52% 11,71% 11,94% 13,60% 14,35% 14,12% 13,35% 14,35% 14,55%
fiscale
ordinaire
Fiscalité 8,78% 8,52% 9,34% 9,37% 9,56% 11,14% 9,6% 11,65% 11,23% 11,72% 11,87%
pétrolière
Pression 19,91% 19,15% 20,86% 21,07% 21,51% 24,75% 23.95% 25,77% 24,58% 26,07% 26,42%
fiscale
totale
Cotisations 5,82% 5,34% 5,37% 5,78% 6,12% 6,55% 7,04% 7,01% 6,90% 7,35% 8,33%
sociales
(CS)
Pression 25,73% 24,48% 26,23% 26,86% 27,63% 31,29% 30,99% 32,78% 31,49% 33,42% 34,75%
fiscale (CS
incluses)
Droits de 1,53% 1,26% 1,13% 1,10% 1,07% 1,10% 1,05% 0,97% 0,90% 0,90% 0,96%
douane
Pression 27,26% 25,74% 27,36% 27,96% 28,69% 32,39% 32.04% 33,75% 32,38% 34,32% 35,72%
totale des
PO
Sources : tableau élaboré sur la base des informations de la DGI et l’ONS
On peut observer que le rendement de la fiscalité directe a progressivement augmenté
de 1.65% du PIB, pour la période 2010-2020, passant de 4.66% du PIB en 2010 à 6.31% du
PIB en 2020.
Cependant, cette évolution est due à l’augmentation de la part de l’IRG/salaires par
rapport au PIB, passant de 2.13% du PIB en 2010 à 4.11% du PIB en 2020. Contrairement à la
part de l’IBS qui a baissé au cours de cette période, passant de 2.13% du PIB en 2010 à
seulement 1.7% du PIB en 2020.
Ceci met en évidence qu’en Algérie les salariés paient 2.5 fois plus d’impôts que les
sociétés. Mais il convient de noter que le nombre de salariés en Algérie est très important par
rapport au nombre d’entreprises, ce nombre atteint, en juin 2020, les 11,281 millions contre
194 567 sociétés relevant de l’IBS.
34
Chapitre III : Analyse de la pression fiscale en Algérie, en Tunisie et en France
35
Chapitre III : Analyse de la pression fiscale en Algérie, en Tunisie et en France
36
Chapitre III : Analyse de la pression fiscale en Algérie, en Tunisie et en France
Tableau 6 Structure des prélèvements obligatoires en Algérie, en Tunisie et en France pour la période 2010-2020
2010 2015 2020
Algérie Tunisie France Algérie Tunisie France Algérie Tunisie France
Fiscalité 17,1% 27,6% 20,9% 18,3% 30,4% 23,3% 17,3% 31,5% 25.8%
directe
dont IRG ou 42,8% 38,7% 70,7% 57,3% 24,9% 63,8% 65,1% 22,1% 30.1%
IR
dont IBS ou 45,6% 51,7% 19,4% 32,4% 33,2% 12,6% 26,9% 29,5% 20.8%
IS
Fiscalité 15,1% 39,0% 18,1% 14,7% 36,2% 18,1% 15,2% 37,6% 16.4%
indirecte
dont TVA 89,7% 52,8% 70,9% 91,3% 52,8% 63,7% 73,6% 52,8% 45.7%
Fiscalité 8,6% 1,9% 12,6% 7,3% 1,1% 13,9% 7,3% 0,9% 15.8%
locale
Fiscalité 32,2% - - 33,0% - - 32,5% - -
pétrolière
Cotisations 21,3% 28,4% 41,3% 19,4% 29,5% 37,3% 22,8% 27,0% 34.2%
sociales
Droits de 5,6% 3,1% 7,1% 7,3% 2,9% 7,3% 4,9% 3,0% 7.8%
douane
Total 100% 100% 100% 100% 100% 100% 100% 100% 100%
Sources : Loi de règlements (France) ; Bilan annuel des douanes (France) ; insee (tableau de l'économie française) ; Résultats provisoires de l'exécution du
budget de l'Etat (Tunisie) ; Rapport de l'OCDE sur les statistiques des recettes publiques en Afrique ; DGI (Algérie); ONS (Algérie)
Pour une meilleure visibilité et analyse le tableau ci-dessus peut être représenté sous
forme d’un histogramme, comme suit :
Figure 9 Structure des prélèvements obligatoires en Algérie, en Tunisie et en France pour la période 2010-2020
37
Chapitre III : Analyse de la pression fiscale en Algérie, en Tunisie et en France
L’Algérie :
Comme cela a été souligné, dans la section précédente, la structure des prélèvements
obligatoires en Algérie reste relativement stable, pour la période 2010-2020. En 2010, la
fiscalité directe représentait 17,11% du total des prélèvements obligatoires pour l’année 2010
contre 17.28% en 2020, la fiscalité indirecte 15,11% pour l’année 2010 contre 15.22% pour
l’année 2020, la fiscalité pétrolière 32,22% pour l’année 2010 contre 32.49% pour 2020, la
fiscalité locale 8,60% pour l’année 2010 contre 7.32% pour 2020, en 2010 5,62% pour les
droits de douane et 4.89% pour 2020 et enfin, les cotisations sociales représentaient 21,34% du
total des prélèvements obligatoires pour 2010 contre 22.81% pour 2020.
La Tunisie :
Pour la Tunisie, on peut observer quelques variations, pour la part de la fiscalité directe,
la fiscalité indirecte et la fiscalité locale notamment.
Ainsi la part de la fiscalité directe dans les prélèvements obligatoires a augmenté de près
de 4%, pour la période 2010-2020, passant de 27.6% en 2010 à 31.5% en 2020.
Quant à la part de la fiscalité indirecte, la fiscalité locale et celle des cotisations sociales
du total des prélèvements obligatoires, pour la période 2010-2020, elles ont baissées
respectivement de 1.4%, 1.9% et 1.4% passant de 39% en 2010 à 37.6% en 2020 pour les impôts
indirects, de 1.9% en 2010 à 0.9% en 2020 pour les impôts locaux et de 28.4% à 27% pour les
cotisations sociales.
Concernant la part des droits de douane du total des prélèvements obligatoires, celle-ci
est restée relativement stable, pour la période 2010-2020, passant de 3.1% en 2010 à 3% en
2020.
La France :
On peut constater que la structure des prélèvements obligatoires en France a subi
quelques variations, pour la période 2010-2020. La variation la plus importante concerne la
fiscalité directe et les cotisations sociales. La part de la fiscalité directe du total des
prélèvements obligatoires a augmenté de 4.8%, passant de 20.9% en 2010 à 25.8% en 2020. Et
la part des cotisations sociales du total des prélèvements obligatoires a baissé de 7.1% passant
de 41.3% en 2010 à 34.2% en 2020.
38
Chapitre III : Analyse de la pression fiscale en Algérie, en Tunisie et en France
On peut également observer une hausse de 3.2% de la part de la fiscalité locale du total
des prélèvements obligatoires, pour la période 2010-2020, passant de 12.6% en 2010 à 15.8%
en 2020.
Quant à la part des droits de douane du total des prélèvements obligatoires, pour la
période 2010-2020, a enregistré une légère hausse et atteint 7.8% en 2020 contre 7.1% en 2010.
Pour l'année 2020, par exemple, la part la plus importante des prélèvements obligatoires
en Algérie provient de la fiscalité pétrolière, qui est une spécificité de la fiscalité algérienne,
avec une part de 32,5% suivie des cotisations sociales, de la fiscalité directe et de la fiscalité
indirecte respectivement avec une part de 22,8%, 17,3% et 15,2%, Alors qu'en Tunisie la part
la plus important des prélèvements obligatoires provient de la fiscalité indirecte et la fiscalité
directe avec une part de, respectivement, 37,6% et 31,5%, suivie des cotisations sociales avec
une part de 27% du total des prélèvements obligatoires, Quant à la France, la part la plus
importante des prélèvements obligatoires provient principalement des cotisations sociales et de
la fiscalité directe , respectivement, avec une part de 34.2% et 25.8%, suivie de la fiscalité
indirecte avec une part de 16.4% du total des prélèvements obligatoires.
Concernant la part de la fiscalité locale dans le total des prélèvements obligatoires, c’est
la France qui occupe la première place avec une part de 15.8% suivie de l’Algérie avec une part
de 7.4% et enfin la Tunisie avec une part qui ne dépasse pas le 1%.
En Algérie, la fiscalité locale est une préoccupation majeure des pouvoirs publics. Celle-
ci a vingt impôts et taxes qui sont affectés aux Collectivités Locales. Huit de ces impôts et taxes
sont affectés en totalité au budget de la Commune, il s’agit principalement de la TAP. Tandis
39
Chapitre III : Analyse de la pression fiscale en Algérie, en Tunisie et en France
que douze de ces prélèvements sont partagés entre le budget de l’Etat et celui des Collectivités
Locales, il s’agit principalement de la TVA.
Ceci montre la bonne volonté d’améliorer la situation des finances locales d’où la part
de 7.4% du total des prélèvements obligatoires. Cependant, cette situation doit être améliorée
davantage afin d’atteindre un niveau de fiscalité locale convenable, comme en France, par
exemple, en élargissant le pouvoir fiscal des assemblées locales concernant la détermination de
l’assiette et le taux de certaines taxes importantes telles que la taxe foncière.
Enfin, concernant la part des droits de douane dans le total des prélèvements
obligatoires, en 2020, la part de ces derniers était de 7.8% en France, 4.9% en Algérie et 3%
en Tunisie.
Figure 10 La structure de la fiscalité directe en Algérie, en Tunisie et en France pour l’année 2020
Source : élaboré sur la base du tableau 6
On peut observer qu’en termes d’impôts sur les rémunérations et salaires, c’est l’Algérie
qui occupe la première place. Les salariés algériens supportent 65.1% de la part de la fiscalité
directe, suivis de la France avec une part de 30.1% et enfin la Tunisie avec une part de 22.1%
du total de la fiscalité directe.
Quant à la part des impôts payés par les sociétés dans la fiscalité directe, c’est en Tunisie
qu’on trouve la plus importante contribution avec une part de 29.5% suivie de l’Algérie avec
une part de 26.9% et enfin la France avec une part de 20.8%.
40
Chapitre III : Analyse de la pression fiscale en Algérie, en Tunisie et en France
La part des autres impôts et taxes, tels que les autres catégories de l'impôt sur le revenu,
la taxe foncière, les cotisations foncières des entreprises, les cotisations sur la valeur ajoutée
des entreprises et la contribution au remboursement de la dette sociale, représente une part
importante en France et en Tunisie avec une part de la fiscalité directe qui est, respectivement,
de 49.1% et 48.4% suivie de l’Algérie avec une part de, seulement, 8%.
Ceci souligne le fait que les salariés supportent une part importante de la fiscalité directe
en Algérie, comparée à la Tunisie et la France, d’où la nécessité d’améliorer le rendement des
autres catégories de l’IRG, notamment celle qui concerne les professions libérales et envisager
un allègement du poids des prélèvements fiscaux qui pèse sur les salariés en Algérie. D’un autre
côté, le contrôle des sociétés relevant de l’IBS doit être renforcé et l’assiette élargi, afin de créer
une équité fiscale entre les sociétés relevant de l’IBS, les professions libérales ainsi que les
autres catégories de l’IRG d’un côté et les salariés de l’autre côté.
Figure 11 Structure de la fiscalité indirecte en Algérie, en Tunisie et en France pour l’année 2020
On constate que la TVA occupe près de trois quart de la fiscalité indirecte en Algérie
avec un taux de 73.6% suivie de la Tunisie dont la TVA occupe un peu plus de la moitié de la
fiscalité indirecte soit une part de 52.8% et enfin la France dont la TVA occupe 45.7% du total
de la fiscalité indirecte.
41
Chapitre III : Analyse de la pression fiscale en Algérie, en Tunisie et en France
Quant aux autres impôts indirects tels que la taxe intérieure de consommation, la taxe
sur les produits pétroliers, droits d’enregistrement, de timbre, taxes sur les tabacs, taxe
intérieure de consommation sur les produits énergétiques, etc. Ces prélèvements occupent
54.3% du total de la fiscalité indirecte en France, 47.2% en Tunisie et 26.4% en Algérie.
On constate ainsi que la fiscalité indirecte, en Algérie, s’appuie fortement sur la TVA
qui est considérée comme étant un impôt injuste du fait qu’elle est payée de la même manière
par tous les algériens quel que soit leur niveau de revenu, d’où la nécessité de s’orienter vers
d’autres impôts et taxes tels que les droits d’enregistrements, de timbre ainsi que les différentes
taxes sur les produits énergétiques afin d’équilibrer le rendement de ces derniers avec celui de
la TVA.
Tableau 7 Le poids des prélèvements obligatoires par rapport au PIB en Algérie, en Tunisie et en France, pour la
période 2010-2020 .
42
Chapitre III : Analyse de la pression fiscale en Algérie, en Tunisie et en France
On peut constater que la part de la fiscalité directe du PIB a augmenté pour les trois
pays, pour la période 2010-2020, de 1.65% pour l’Algérie, 1.76% pour la Tunisie et 1.72% pour
la France. Cette hausse de la part de la fiscalité directe du PIB est due en grande partie à la
hausse de la part de l’IRG/salaires du PIB pour l’Algérie et la France de, respectivement, 2.11%
et 2,15%. Alors qu’en Tunisie, la situation inverse s’est produite c.-à-d. que la part de
l’IR/salaires et de l’IS du PIB a baissé au profit d’une augmentation de la part d’autres impôts
directs tels que les autres catégories de l’IR, la taxe foncière, etc.
En matière de l’IRG/salaires, pour l’année 2020, on constate que les travailleurs français
supportent une pression fiscale très importante par rapport au PIB avec une part de 8.62%. Car
en France, en sus de l’IR, les travailleurs supportent également la contribution sociale
généralisée qui est un impôt destiné à participer au financement de la protection sociale et qui
s’applique à une série de revenus dont les salaires, son taux est fixé à hauteur de 9.2% du revenu.
Toujours en matière d’IRG/salaires, vient ensuite l’Algérie avec une part de 4.11% du
PIB, en 2020. Certes ce taux est loin de la part de l’IR/salaires en France mais ça représente
deux fois la part de l’IR/salaires du PIB en Tunisie, qui est de 2.05% en 2020.
En France, une part importante de sa fiscalité est affectée aux collectivités territoriales.
Ce qui explique la hausse de 1.16% de la part de la fiscalité locale, pour la période 2010-2020.
Contrairement à l’Algérie et la Tunisie qui ont enregistré une hausse de la part de la fiscalité
locale de 0.12% et 0.34% du PIB.
La fiscalité locale occupe une place très importante dans le système fiscal français, ce
qui explique sa part du PIB en 2020, qui est de 6.92% contre 2.68% pour l’Algérie. Alors qu’en
Tunisie la fiscalité locale a une part maigre du PIB, en 2020, par exemple, sa part était de 0.64%
du PIB.
Ainsi la pression fiscale ordinaire a augmenté de 3.43% en Algérie, 4.39% en Tunisie
et seulement 1.89% en France, durant la période 2010-2020.
43
Chapitre III : Analyse de la pression fiscale en Algérie, en Tunisie et en France
En 2020, c’est la France qui occupe la première place, avec une part de sa fiscalité
ordinaire du PIB qui atteint 24.47% suivie de la Tunisie avec un taux de 23.02% et enfin,
l’Algérie avec une part de sa fiscalité ordinaire du PIB qui atteint seulement 14.55%. En
Algérie, ce faible taux peut s’expliquer par deux facteurs : d’abord le nombre important
d’exonérations qui sont accordées, notamment dans le secteur des hydrocarbures et celui de
l’agriculture. Mais aussi par la prolifération de l’économie informelle, selon l’ONU, une
intégration de l’économie informelle à l’économie nationale devrait prévoir une augmentation
significative des recettes de la fiscalité ordinaire qui équivalent au moins à 8% du PIB hors
hydrocarbures53. Donc, en se référant à cette analyse de l’ONU, si l’Algérie intègre son
économie informelle dans l’économie nationale, elle devrait atteindre un taux de pression
fiscale ordinaire de 22% à 23%.
Cependant le poids de la fiscalité pétrolière sur le PIB a augmenté de 6.52%, pour la
période 2010-2020, augmentant ainsi la pression fiscale, hors cotisations sociales et droits de
douane, de 19,90% en 2010 à 26.42% en 2020.
Ainsi la pression fiscale, cotisations sociales incluses, est passée de 25,72% à 34,75%
pour l’Algérie, de 26.35% à 32.56% pour la Tunisie et de 40.64% à 38.9% pour la France.
Pour la période 2010-2020, la part des droits de douane du PIB a connu une légère
hausse pour la Tunisie et la France, respectivement de 0.2% et 0.21% contrairement à l’Algérie
qui a enregistré une baisse de 0.57% qui est due la chute de ses importations, qui sont passées
de 40.4 milliards de dollars en 2010 à 34.4 milliards de dollars en 2020.
Enfin, la pression fiscale globale a enregistré une hausse pour l’Algérie et la Tunisie de,
respectivement, 8.46% et 6.7% contrairement à la France qui a enregistré une baisse de sa
pression fiscale globale de 1.54%.
53
ONU, « Analyse rapide de l’impact socio-économique du covid-19 sur l’Algérie », Algérie, juin 2020, P 19.
44
Chapitre III : Analyse de la pression fiscale en Algérie, en Tunisie et en France
En 2020, parmi ces trois pays, c’est la France qui est championne de la pression fiscale
avec un taux de 42.42% de son PIB. Cette pression fiscale est répartie sur les cotisations sociales
et la fiscalité directe avec une part du PIB qui est, respectivement, de 14.43% et 10.88%, suivie
de la fiscalité indirecte avec une part de 6.92% du PIB et la fiscalité locale avec une part de
6.66% du PIB et enfin, vient les droits de douane avec une part de 3.31% du PIB.
Pour l’Algérie et la Tunisie, bien qu’en 2020 la pression fiscale de ces deux pays est
relativement proche avec une part du PIB qui est, respectivement, de 35,72% et 33,60%.
Cependant la structure de cette pression fiscale diffère sensiblement.
Alors qu’en Algérie, c’est la fiscalité pétrolière qui est en tête avec une part de 11.87%
du PIB suivie des cotisations sociales, de la fiscalité directe et de la fiscalité indirecte avec une
part du PIB de, respectivement,8.33%, 6.31% et 5.56%. Enfin, vient la fiscalité locale et la
fiscalité douanière avec une part du PIB de 2.68% et 0.96%.
En Tunisie, c’est la fiscalité indirecte qui domine les autres prélèvements avec une part
de 13.1% du PIB suivie des cotisations sociales avec une part de 9.54% du PIB et la fiscalité
directe avec une part de 9.27% du PIB. Enfin, on trouve les droits de douane et la fiscalité locale
avec une part du PIB qui est, respectivement, de 1.04% et 0.64%.
Conclusion du chapitre
Contrairement à la Tunisie et à la France qui dépendent de manière importante de leur
fiscalité directe et leur fiscalité indirecte. La structure des prélèvements obligatoires en Algérie
est fortement impactée par la fiscalité pétrolière c.-à-d. quand la part de cette dernière augmente,
la part des autres prélèvements baisse et vice versa, lorsque la part de la fiscalité pétrolière
baisse, la part des autres prélèvements augmente. Ce qui fait que la structure des prélèvements
obligatoires en Algérie dépend de manière importante de la fiscalité pétrolière.
45
Chapitre III : Analyse de la pression fiscale en Algérie, en Tunisie et en France
Parmi ces trois pays, en 2020, c’est la France qui occupe la première place en matière
de pression fiscale avec un taux de 42.42% de son PIB, suivie de l’Algérie avec un taux de
33,60% et la Tunisie avec un taux de 35,72%.
46
CONCLUSION GENERALE
Conclusion générale
Conclusion générale
Ce mémoire avait pour ambition de comprendre l’évolution de la pression fiscale en
Algérie mais également de savoir en quoi la structure des prélèvements obligatoires et leur
poids sur le PIB sont différents de ceux de la Tunisie et de la France, en se demandant comment
se présente l'évolution de la pression fiscale en Algérie, comparée à la Tunisie et la France,
durant la période 2010-2020 ?.
Il a fallu dans un premier temps cerner le cadre conceptuel de la pression fiscale, il a été
alors possible de définir la notion de pression fiscale et de voir les différentes approches de son
calcul, ce qui a permis de choisir l’approche la mieux adaptée à ce mémoire qui est celle du
taux de prélèvements obligatoires. Egalement, pour cerner l’importance des prélèvements
fiscaux, il a fallu aborder sa relation avec l’économie pour constater que l’interprétation de
l’impact de la pression fiscale diffère selon les économistes et leur courant de pensée. Ainsi,
pour certains économistes libéraux tels que SKINNER, la pression fiscale a un effet négatif
quel que soit son niveau tandis que pour IBN KHALDOUN la pression fiscale peut avoir un
effet négatif que si l’Etat prélève plus que ce qui lui est nécessaire.
48
Conclusion générale
Concernant le poids des prélèvements obligatoires par rapport au PIB, la pression fiscale
ordinaire, en Algérie, n’a que faiblement évolué durant la période étudiée, passant de 11.13%
en 2010 à 14.55% en 2020. Cependant, la pression fiscale totale, en ajoutant le poids de la
fiscalité pétrolière sur le PIB, a augmenté de 6,51%, passant de 19.91% en 2010 à 26.42% en
2020.
- L’augmentation de la taxe sur les produits pétroliers par les disposition de l’article 15
de la loi de finances de 2016 ce qui a augmenté de 1,04% la part de la taxe intérieure de
consommation et la taxe sur les produits pétroliers du PIB, pour la période 2016-2020,
passant de 0.43% en 2015 à 1.47% en 2020 ;
- L’accroissement du nombre de salariés, qui est passé de 8.6 millions en 2010 à plus de
11 millions en 2020, ce qui a fait augmenter le nombre de cotisants et le nombre de
contributions à l’IRG/salaires. Ainsi, la part des cotisations sociales du PIB a augmenté
de 2.51%, durant la période 2010-2020, passant de 5.82% en 2010 à 8.33% en 2020 et
celle de l’IRG/salaires a augmenté de 2.11% pour la même période, passant de 2% en
2010 à 4.11% en 2020.
La comparaison entre la structure des prélèvements obligatoires et leurs poids sur le PIB
de l’Algérie avec la Tunisie et la France, a révélé ce qui suit :
- Bien que la pression totale des prélèvements obligatoires en Algérie et en Tunisie est
relativement proche, 33.6% pour la Tunisie et 35.72% pour l’Algérie, en 2020, la
structure de leurs prélèvements obligatoires diffère sensiblement, que ce soit en matière
de leur provenance ou de leur poids sur le PIB. Alors que l’Algérie dépend de sa fiscalité
pétrolière et des cotisations sociales, la Tunisie dépend en premier lieu de sa fiscalité
indirecte ensuite, à un niveau presque égal, des cotisations sociales et de sa fiscalité
directe ;
- La France a une pression totale des prélèvements obligatoires très élevée, par rapport à
l’Algérie et la Tunisie, celle-ci a atteint 42,21% en 2020. On enregistre alors, en 2020,
un écart de près de 6.5% avec la pression totale des prélèvements obligatoires de
l’Algérie et 8.6% avec celle de la Tunisie ;
49
Conclusion générale
50
Références bibliographiques
Ouvrages :
- SADOUDI Ahmed, « Droit fiscal », édition SHP, 1ère édition, Alger, 2014.
- BELTRAME Pierre, « La fiscalité en France », édition hachette supérieure, 12ème édition,
France, 2014.
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L.G.D.J, 10ème édition, Paris, 2010.
- IBN KHALDOUN, « Les prolégomènes », 1377, traduits en Français et commentés par W. MAC
GUCKIN DE SLANE en 1863.
Articles scientifiques
- TIDJANE Nesrine et LOUNIS Abdelouahab, « L’impact des incitations fiscales sur la relance
de l’investissement etranger », Revue des Sciences Juridiques et Politiques, V11 N01, avril
2020.
- NEDELESCU Dumitru Mihai et CROITORU Elena Lucia, «Tax pressure - generating factor of
fiscal evasion in romania, journal of information systems & operations management»,
Vol.14, Romania, 2020.
- TSHILAMBU Elie Ndemba, « Pression Fiscale Optimale et Croissance Economique en
République Démocratique du Congo : 1990 -2020 », HAL, 2020. (https://hal.archives-
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- RAMDAOUI Abdelillah et AFIFI Mehdi, « Pression fiscale optimale et croissance économique
au Maroc », Revue Economie & Kapital, Rabat Maroc, 2019.
- KABAKA Paulin Ibanda, « L’intervention de l’Etat dans l’économie : du laisser-faire à la
régulation », HAL, 2016. (https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-01287474/document)
- LURTON Grégorie, Mesurer la pression fiscale, Revue regards croisés sur l'économie, vol.1,
2007.
- LE BOURDONNEC Caroline, « Les Taux Effectifs Marginaux d’Imposition des sociétés
suisses applicables aux investissements locaux : Quel mode d’intégration de l’impôt sur le
capital dans le modèle ? », Administration fédérale des contributions AFC, Suisse, 2004.
Thèses et mémoires :
VII
Textes :
Autres :
Rapports :
- Direction Générale des Douanes et Droits Indirects, « Bilan annuel des douanes françaises »,
France, (2017-2018-2019-2020)
- Direction Générale des Ressources et des Equilibres, « Résultats provisoires de l'exécution du
budget de l'Etat », Tunisie, (2010-2020)
- INSEE, « Tableaux de l'économie française », France. (2010-2016)
- Institut National des Statistiques, « Les Comptes de la Nation », Tunisie. (2010-2020)
- Ministère de l'Economie, des Finances et de la Relance « Rapport sur les prélèvements
obligatoires et leur évolution », , France, 2013.
- OCDE, « Rapport de l'OCDE sur les statistiques des recettes publiques en Afrique », s.l.
(2010-2017)
- OCDE, « Statistiques de l’impôt sur les sociétés », s.l., 2019.
- ONU, « Analyse rapide de l’impact socio-économique du covid-19 sur l’Algérie », Algérie,
2021.
Lettre de la DGI :
- BENALI Brahim, « Fiscalité directe », Institut d’Economie Douanière et Fiscale (IEDF), Algérie,
2021.
- BERCHICHE Ahmed, « Droit douanier », Institut d’Economie Douanière et Fiscale, Algérie,
2020.
- BERREBEH Jalel, « La théorie générale de l'impôt », Institut Supérieur de Gestion de Sousse,
Tunisie, 2011.
VIII
Table des matières
Dédicaces _______________________________________________________ I
Remerciements __________________________________________________ II
Résumé ________________________________________________________ III
Sommaire ______________________________________________________ IV
Tables des illustrations ____________________________________________ V
Table des abréviations ____________________________________________ VI
Introduction générale _____________________________________________ 2
Chapitre I : Cadre conceptuel de la pression fiscale ______________________ 5
Section 1 : La notion de la pression fiscale _____________________________________ 5
1.1. Définition de la pression fiscale ____________________________________________ 5
1.2. Typologies de la pression fiscale ___________________________________________ 6
1.2.1. La pression fiscale globale ______________________________________________ 6
1.2.2. La pression fiscale individuelle __________________________________________ 6
1.3. Les limites de la pression fiscale ___________________________________________ 7
1.3.1. Les limites éthiques ___________________________________________________ 7
1.3.2. Les limites sociales ___________________________________________________ 7
1.3.3. Les limites économiques _______________________________________________ 7
IX
1.1. Les impôts directs _____________________________________________________ 17
1.2. les impôts indirects ____________________________________________________ 18
1.3. Autres impôts et taxes __________________________________________________ 19
Section 2 : Analyse du poids des prélèvements obligatoires par rapport au PIB en Algérie
_______________________________________________________________________ 33
Section 3 : La pression fiscale en Algérie comparée à la Tunisie et la France _________ 36
3.1. La pression fiscale en Algérie comparé à la Tunisie et la France en matière de structure
des prélèvements obligatoires. _________________________________________________ 36
3.1.1. La structure de la fiscalité directe _______________________________________ 40
3.1.2. La structure de la fiscalité indirecte _____________________________________ 41
3.2. Poids des prélèvements obligatoires par rapport au PIB _______________________ 42
Conclusion du chapitre ________________________________________________________ 45