Location via proxy:   [ UP ]  
[Report a bug]   [Manage cookies]                

La Digitalisation Au Sein Du Secteur Bancaire

Télécharger au format pdf ou txt
Télécharger au format pdf ou txt
Vous êtes sur la page 1sur 28

Institut de Recherche en Management et en

Pratiques d’Entreprise

The Groupe ESC PAU Institute for Research


in Management and Best Practices

La digitalisation au
Document sein du secteur

de travail bancaire : entre


causes et
N°10 conséquences cas
d’ABC Bank

N°1

Juillet 2020

1
La digitalisation au sein du secteur bancaire : entre
causes et conséquences cas d’ABC Bank

Ryma Derridj 1 Lila Amiar2

RESUME

A l’ère de la digitalisation et de la révolution numérique, tous les secteurs de l’économie


n’ont pas eu le choix que de s’adapter et d’intégrer les nouvelles technologies au sein de
leurs structures. Les principales transformations induites par l’avènement du numérique au
sein du secteur bancaire, se ressentent dans la conception des nouveaux produits. De plus
la politique produit qui a été impactée par le numérique. C’est l’ensemble de l’organisation
et du fonctionnement, allant jusqu’au développement des métiers de la banque. A cet effet,
dans une perspective d’appuyer notre argumentaire, nous avons opté pour une étude
empirique au sein d’un établissement bancaire, ABC BANK, une banque implantée en
Algérie qui tente d’incorporer la digitalisation dans l’exercice de ses activités quotidiennes.

Mots-clés : transformation digitale, banque en ligne, Fintech, stratégie digitale.

1. INTRODUCTION
L’industrie bancaire, avec son poids économique qui ne peut être ignoré, représente en
termes d’emploi selon le recensement de la Fédération bancaire européenne, 675 000
personnes en Allemagne, 440 000 au Royaume uni et 380000 en France, est en situation de

1
Université Mouloud Mammeri, LAREMO: ryma.derridj@ummto.dz

2
Université Mouloud Mammeri, LAREMO: lildouadi@yahoo.fr

2
fragilité. Une pression réglementaire, une concurrence intense représentent l’environnement
actuel des banques dans le monde.

Ajouter à ça la démocratisation d’internet et des nouvelles technologies numériques au


début des années 2000, qui ont induit de nouveaux comportements et de nouvelles habitudes
de consommation. L’évolution du comportement et des attentes du consommateur font que
celui-ci, soit davantage initié aux nouvelles technologies, il consulte et commande ses
comptes bancaires en ligne depuis son ordinateur personnel, mais aussi de plus en plus
depuis son Smartphone. Il devient plus informé, plus exigeant.

L’autre aspect de la révolution digitale est l’émergence de nouveaux acteurs. Que ça soit
sur le marché bancaire en faisant référence aux banques à distance (banques en ligne), Où
des intervenants de pôles différents qui représentent une menace pour la banque (la Fintech).
En prenant l’exemple du marché des moyens de paiement (monnaie virtuelle). Ces acteurs
ont su profiter d’une législation non restrictive, mais aussi des nouvelles conjonctures de
conquête de marché induites par l’évolution des comportements des clients.

Par ailleurs, en un peu plus d’une décennie, c’est le déferlement d’une succession de
contraintes qui s’abat sur les acteurs de ce secteur, les poussant à s’adapter rapidement
pour survivre et rester compétitifs.

En effet, l’impact sur les banques, pilier décisif de l’économie, a été considérable. Par
conséquent, l’industrie bancaire est l’un des secteurs les plus touchés par la transformation
digitale, en occupant la 4éme place du podium, derrière les TIC, les medias et les services
professionnels (Gandhi et al, 2016). En cause, nous avons, l’exigence de la clientèle, le
progrès technologique et la concurrence des acteurs de la FinTech.

La transformation des banques, est ainsi une réponse à ces évolutions de marché. Plusieurs
recherches tentent d’expliquer, que la maitrise digitale à un rôle prépondérant dans la
performance économique de l’organisation (Accenture, 2016). Cette digitalisation de la
banque, se traduit par l’optimisation via internet de l’expérience client, la transformation
des processus opérationnels, l’évolution des organisations et modes de fonctionnement
internes et le développement de ses métiers (Béziade, Assayag, 2014).

3
Inévitablement et autrement dit, c'est tout le modèle économique qui est remis en cause : à
savoir l'aménagement et sa réactivité, les sources de rentabilité, les effets sur le réseau
d'agences, les effectifs, les compétences, et la relation client.

L'objectif de cet article est sans aucun doute de révéler l'impact de cette révolution
numérique dans le monde de la banque, en particulier en se penchant sur les principaux
apports de la digitalisation dans l’activité bancaire. Nous essayerons de comprendre et
connaitre les stratégies adoptées par les banques pour parfaire cette mutation qui les entoure.

Le cadre empirique portera sur l’Algérie. Il sera abordé pour savoir où l’Algérie se situe sur
la question de la digitalisation dans le domaine bancaire, en se basant essentiellement sur la
banque ABC, qui servira d’étude de cas. Une banque privée implantée de plus de 20 ans en
ALGERIE.

A partir d'une synthèse de la littérature existante à ce sujet, et en recourant à une enquête


basée sur une approche qualitative, à l’aide d’entretiens individuels auprès des employés
d’ABC Bank (directeur d’agence, responsable digital, etc…).

La Structure de l’article est composée de trois parties. Une première partie qui expose les
raisons ayant conduit les banques à entreprendre des mutations dans son modèle
économique, qui est désormais de plus en plus poussé vers le numérique. La deuxième
partie traite de l’explication de ces transformations digitales, qui s’opère à différents niveaux
au sein de la banque. Enfin pour finir, un état des lieux de la digitalisation bancaire en
Algérie, cas d’ABC BANK.

1. Les raisons de la digitalisation du secteur bancaire

La transformation digitale du secteur bancaire ne s’est pas faite par hasard. Des éléments
et des facteurs ont suscité, cette intégration du numérique au sein de l’activité quotidienne
de la banque.

Ces facteurs sont d’ordre social, économique et technologique. Social en prenant compte
les nouveaux codes des consommateurs à l’ère digitale. Economique pour la forte

4
concurrence qu’entraine la digitalisation. Technologique pour les avancées de plus en plus
sophistiqués dans le domaine de la finance en général, en faisant référence à la Fintech.

1.1.Evolution des Attentes et des Comportements des clients

La généralisation d’internet et des appareils connectés qui sont de plus en plus sophistiqués,
a fortement modifié les habitudes de consommation des individus d’aujourd’hui (Eray P,
2018). Ils sont connectés la majorité du temps et adoptent une préférence à ce qui est
accessible directement via les sites web (Chamoux J-P, 2018). Contrairement aux
générations précédentes, qui ne voyaient pas d’inconvénients à se rendre et se déplacer en
agence pour effectuer leurs opérations financières.

Nous constatons, que désormais le client est plus difficile à satisfaire. Il veut tout faire
rapidement en un temps plus court et ne pas perdre son temps (Mckinsey, 2014). Ces
nouvelles habitudes, viennent du fait que les modes de vie évoluent avec le développement
de ces technologies. Les consommateurs ont alors pris goût à la facilité, la rapidité de
l’accessibilité des produits et services en un seul clic par le recours à internet.

L’impact et les effets de ces changements se ressentent dans la plupart des secteurs. La
banque est ainsi sujette à cette évolution et n’échappe pas aux nouvelles tendances du
marché.

La révolution digitale et les progrès technologiques, mettent le consommateur sur un


piédestal, en lui conférant plus d’importance. Celui-ci est donc plus exigent.

Le consommateur des temps modernes est dans une position où, il a la possibilité d’interagir
avec l’entreprise. La communication est devenue bilatérale et interactive. Dans le sens
qu’elle n’est plus seulement de l’entreprise vers le client. Ce dernier, peut lui aussi
répondre, réagir et exprimer un avis (sa satisfaction ou insatisfaction). Le consommateur
d’aujourd’hui est également plus informé, notamment grâce aux nombreuses informations
disponibles sur le web (Chamoux J-P, 2018). Il détient aussi la capacité à porter atteinte à
la réputation d’une entreprise, ou au contraire la valoriser en la recommandant (par les
commentaires laissés sur les sites web ou sur les réseaux sociaux). Le consommateur à l’ère
digitale, se veut être servi efficacement en étant rapide, se veut être informé en répondant
à ses questions et aussi qu’on le traite de manière personnalisée.

5
1.2. Les Banques en ligne : Nouvelle Source de Concurrence

Vers les années 2000, avec la révolution numérique, un nouvel acteur bancaire fait son
entrée sur le marché, il s’agit des banques en ligne ou dans le jargon financier les pure
Player, « imaginez une vraie banque virtuelle, pure player. Pas le classique un peu simplet,
service en ligne d’une banque ordinaire, mais une indescriptible légèreté, une banque sans
agence, sans comptoirs, sans guichets, sans conseillers, sans services clients. » (Sicard. M,
2012). Elles mettent à disposition de leur clientèle, différents services tels que ceux fournis
par les banques conventionnelles, mais accessibles exclusivement via internet. C’est le cas
de Boursorama Banque, qui se trouve être leader du marché des banques à distance en
France.

Ces banques, ont complètement conquit un grand nombre de personnes, dans la mesure où,
elles jouissent de certains avantages incontournables.

Les frais des services très attractifs par rapport aux banques classiques. Ces tarifs
compétitifs sont le résultat d’une capacité à faire baisser les coûts. En effet, n’ayant pas de
réseau d’agences leurs coûts se voient donc réduits. Un autre atout, c’est le gain de temps
qu’elles font gagner à leurs clients. L’accès est possible à n’importe quel moment de la
journée et de la semaine par un simple clic, procurant ainsi un sentiment de facilité à la vie
quotidienne de ces personnes qui y recourent.

Nous comprenons que les banques virtuelles représentent une menace pour les banques
traditionnelles. Surtout en sachant que « la fréquentation des agences exprimée en
pourcentage de clients les visitant une fois par mois et plus est passé de 40 % en 2006 à 28
% en 2011 et devrait atteindre 20 % en 2015. À l’inverse, le pourcentage de client utilisant
les banques en ligne au moins une fois par mois est passé à 28 % en 2006 et à près de 40 %
en 2012.» (Philippe Lecigne 2013).

Figure (1) : Part des Français se rendant en agence bancaire plusieurs fois par mois

6
Source : BERNARD ROMAN et ALAIN TCHIBOZO 2017.

Nous remarquons dans la figure 1, que les plus jeunes fréquentent de moins en moins les
agences bancaires. La tranche d’âge entre 18 et 34 ans sont principalement connectés et
développent une préférence aux services en ligne.

Il est primordial pour les banques classiques d’aller vers une transition digitale. Si elles
parviennent à intégrer la digitalisation en interne et externe, elles pourront réduire leurs
coûts de fonctionnement et réussiront à toucher une clientèle plus large. Ça serait également
le moyen de conserver leur compétitivité face aux banques en ligne.

1.3. La Fintech : Avancée du Monde de la Finance

La Fintech, ce concept nouveau qui est la contraction de deux mots, « finance » et


« technologie », fait référence à un ensemble de start-up qui innove dans le secteur de la
finance à l’aide de nouvelles technologies. Ce phénomène des dix dernières années,
enregistre une croissance considérable et attire de plus en plus d’investisseurs. Elle arrive à
révolutionner le domaine financier dans son ensemble, par le développement de différentes
applications qui essayent de construire la banque de demain. « La Fintech, dans une
perspective étymologique et générale représente le porte-monnaie de la technologie
financière, elle désigne un secteur émergent des services financiers qui deviennent
rapidement indispensables pour les institutions financières et impactent constamment la
manière dont les technologies soutiennent les services bancaires et financiers. » (Freedman,
2006).

7
La figure (2) ci-dessous présente le montant total des investissements dans la Fintech dans
le monde, des années 2008 à 2018, avec des prévisions allant jusqu’à 2020. Ainsi, la valeur
des investissements dans les services financiers innovants devrait atteindre les 45 milliards
de dollars. Ce qui nous fait percevoir la croissance fulgurante de ce phénomène.

Figure (2) : Valeurs totales des investissements dans la Fintech dans le monde

source : Statista 2019.

Les Fintech, peuvent désigner plusieurs exemples concrets tels que la monnaie virtuelle ou
la crypto monnaie (Bitcoin, blockchain) qui ne demande pas le recours à la banque centrale.
Ou encore le lancement d’application de transfert d’argent en dehors du circuit bancaire,
la création de compte en ligne, la fourniture de carte de paiement…

Les plateformes de crowdfunding sont elles aussi l’œuvre de la Fintech. Ces sites web qui
permettent à des particuliers d’emprunter des fonds sans l’intermédiaire des banques.

Nous déduisons, que le monde de la Fintech a détrôné le monopole de la banque dans


plusieurs de ses activités. Elle a également plusieurs atouts, en proposant des services qui
répondent parfaitement aux clients de l’ère digitale, moins de barrière à l’entrée, une facilité
financière à l’aide du capital risque, et une réglementation peu restrictive à leur égard
(Capgemini, 2017). Tout comme les banques virtuelles, la Fintech représente elle aussi une
forme de concurrence grandissante.

8
Cette émulation pour le secteur bancaire, les conduit à se surpasser et à revoir leurs stratégies
qui passent par une transformation digitale nécessaire pour revoir la relation avec le client
qui interagit dans un écosystème en constante évolution technologique.

2. Les principals transformations digitales de la banque

De par les nombreuses mutations qui s’opèrent dans le monde, en cause la révolution
numérique et technologique, les banques comme tout autre entreprise, intervenant dans tous
secteurs confondus, sont tenues de procéder à ce qu’on appelle la «transformation digitale».

Les banques sont dans une phase de définition d’une stratégie digitale absolue et
harmonieuse sur tous ses axes. Le numérique génère des transformations rigoureuses de tout
le fonctionnement du secteur bancaire. Dans la manière de faire et d’interagir avec la
clientèle, c’est l’ensemble de son écosystème qui est bouleversé et qui traduit la mise en
place d’un nouveau business model.

La transformation digitale de la banque implique une transition de cette activité à plusieurs


niveaux. C’est une intégration du numérique dans son quotidien, que ce soit dans sa
stratégie, son organisation et son interaction avec ses clients. Essentiellement, le numérique
dans le secteur bancaire a induit des changements à son environnement externe et interne.
L’externe comprend la présence de la banque sur le web via son site internet ou sur les
réseaux sociaux qui impactent l’interaction avec ses clients. En interne, ceci suscite des
modifications pour les collaborateurs, pour l’organisation et les processus opérationnels.

La digitalisation a pour rôle principal de rendre les relations plus souples et moins cadrées,
en permettant par la même occasion une communication plus simple et rapide et un échange
de données plus important.

De façon générale, le numérique représente un outil de diffusion et de transmission


d’information efficace, du fait qu’il arrive à atteindre un grand nombre de personnes, alors
qu’autrefois, elle était plus restreinte et destinée à un groupe bien précis.

Cette partie abordera cinq points principaux, qui résument les principales transformations
observé dans le domaine bancaire et ceux à différent axes : l’interaction des banques avec

9
les clients mise en avant, les processus opérationnels changent, les usages de
fonctionnement internes, le développement des offres et sources de revenus de la banque,
evolution des métiers de la banque.

2.1.Une interaction des banques avec les clients plus poussée

La banque pour rattraper son retard et ne pas perdre la face, devant un écosystème évolutif,
met en place au sein de son service marketing, une stratégie tournée vers le client comme la
base de sa stratégie de digitalisation.

Dans cette optique, le responsable marketing va se centrer sur l’expérience à faire vivre au
client. La relation entre la banque et son client est mise en avant comme une priorité.
Contrairement aux stratégies d’auparavant qui étaient concentrées sur le service à fournir.
Cette approche visant à faire émerger une relation durable avec le client, se base
essentiellement sur les sentiments et émotions ressentis par le consommateur. Ces
mécanismes sont aujourd’hui primordiaux pour accompagner les choix et l’offre de la
banque, et par la même occasion parvenir à fidéliser et à attirer de nouveau client.

Les clients de l’ère moderne ayant des attentes et des comportements qui ont évolué, la
fonction marketing de la banque est là pour les comprendre et parvenir à leur proposer des
services plus personnalisés, adapter au profil de chacun d’entre eux de manière à pouvoir
répondre à leurs besoins et ainsi les satisfaire (Mckinsey, 2014).

Les services de demain se veulent innovants et sur mesure avec une accessibilité plus
rapide, et non homogène et récurrent, normalisé à l’ensemble des clients de la banque.

Pour capter les prospects et pérenniser la relation avec les clients existants, les responsables
marketing tentent de créer des services avec ces derniers, pour obtenir un service répondant
à la pointe de leurs attentes. À l’aide d’une méthode remise en avant par le marketing digital,
qu’on appelle le «test and learn » (Béziade, Assayag, 2014). En plus du concept de
personnalisation, la banque adopte une stratégie multicanale. Le terme multicanal désigne
une pratique à laquelle recours les entreprises, qui consiste en l’utilisation parallèle ou

10
relayée des différents canaux de contact pour la commercialisation des produits et
l’interaction avec la clientèle.

En d’autres termes, c’est le recours à d’autres moyens de communication tout droit sortis
de la révolution digitale. Dans une perspective de promouvoir les services bancaires, la
communication digitale conduit à nouer des liens de proximité avec les clients au-delà des
réseaux d’agences traditionnelles.

Parmi les outils de communication numérique à la disposition des banques, les réseaux
sociaux qui représentent une opportunité pour celles-ci, en assurant une continuité de
dialogue auprès d’une communauté plus élargie d’individus. Elle permet de connaitre les
nouvelles tendances du marché, les évolutions et attentes des clients et ainsi réagir en temps
voulu sur les bonnes occasions qui se présentent.

Un autre point important à souligner est le nouveau rôle des marqueteurs au sein des banques
qui est de recueillir l’ensemble des données clients, disponibles dans les différents appareils
numériques, sites internet des banques… afin de constituer des bases de données
consistantes, qui une fois analysées aboutiront à une meilleure connaissance du client. Ce
terme qui est utilisé principalement dans le milieu du marketing digital est connu sous
l’appellation du Big Data.

Le Big Data renvoie au volume de plus en plus important de données que devront traiter
les entreprises, représentant un enjeu majeur en termes de stratégie marketing. Ces données
peuvent être collectées soit, sur les systèmes d’information se trouvant en interne de la
banque, qui sont constitués des renseignements personnels (nom, âge, adresse, profession,
revenu…) et d’historique des opérations effectuées précédemment (crédits contractés,
ouverture de compte…). Soit recueillies en dehors de la banque, par le biais des réseaux
sociaux, des sites web ou des blogs. Le recours au Big Data est un moyen incontournable
pour mieux connaitre les prospects, et établir une segmentation plus précise et obtenir une
personnalisation du service plus optimal envers le client.

2.2. Modification des processus opérationnels

Le développement de la relation client n’est pas le seul élément qui a été induit par la
transformation digitale au sein du secteur bancaire. Les processus opérationnels ont eux

11
aussi étaient impactés dernièrement. Les modifications observées au niveau opérationnel
sont de deux ordres. Une automatisation des opérations récurrentes et une dématérialisation
des dossiers de travail (Lemoine P, 2014).

L’automatisation des opérations bancaires représente un moyen d’atteindre une efficacité


dans l’exécution des taches (Mckinsey, 2014). Dans la mesure où, ça permet de réduire et
de rendre les procédures bancaires plus simples. Cette automatisation est le fruit de
l’utilisation de progiciel de gestion intégrée qui arrive à gérer l’ensemble des processus de
la banque.

L’automatisation permet également de disposer de plus de temps, surtout pour les


intervenants en Back Office qui arrivent à faire les choses plus rapidement et ce temps
additionnel pourrait être consacré à des taches plus pertinentes.

Cette transformation digitale permet aussi aux établissements bancaires de témoigner


davantage de dextérité. Le processus décisionnel est plus concis, ce qui fait que les
tendances du marché peuvent être assimilées au bon moment (Mckinsey, 2014). Les
banques disposent ainsi d’outils leur permettant une meilleure anticipation, Apprécier et
gérer les risques. Elles sont alors dans une situation plus aisée, à répliquer et à agir face aux
obstacles réglementaires et législatifs.

La dématérialisation des documents de la banque présente elle aussi plusieurs avantages à


savoir, des profits incontestables en termes de Produit Net Bancaire, une baisse des délais
de traitement, des coûts du Back Office et de sécurité. Sans oublier la qualité du service qui
ne peut être que raffermie.

Cette dématérialisation peut faire référence à plusieurs pratiques, qui avant l’intégration
des progrès technologiques étaient très pesantes : mise en place de salles de courriers
électroniques, qui permettent, le tri et la redistribution automatique de tous les courriers en
version électronique, l’organisation des documents clients par une indexation automatique,
mise en place d’archives électroniques, lecture automatique de documents…

L’automatisation du tri, de l’indexation, de la saisie ou des processus d’instruction de


dossiers clients permet des gains d’efficacité importants, et de sécurité puisqu’ils
préviennent le risque opérationnel, en remplaçant les tâches, autrefois accomplies

12
manuellement, susceptibles d’entrainer des erreurs et du temps considérable que ça
impliquait.

D’autre part, la dématérialisation permet une innovation dans le cadre du suivi et de la


traçabilité des processus, participant d’autant plus à leur sécurisation. Le coffre-fort virtuel
est une référence aux potentiels gains que les évolutions technologiques et digitales dans
leur ensemble, que pourraient représenter pour les banques. Une possibilité d’obtenir plus
de temps, une aptitude à sécuriser le stockage et le partage des documents, des coûts de
stockage et de transfert plus faible, disposé d’une nouvelle source de revenu.

2.3. Evolution des usages de fonctionnement internes

La transformation digitale pour les banques, implique également des changements de


fonctionnement en interne. En effet, la digitalisation contribue fortement à de nouvelles
perspectives, dans le sens de l’acquisition d’une plus grande part de marché et un accès à
l’innovation, qui n’en demeure pas moins les seuls apports de celle-ci.

Le digital bouleverse en profondeur l’établissement qui l’adopte, que ce soit dans son
organisation ou dans ses usages de fonctionnement. Le partage de l’information est l’un des
éléments qui se trouve impacté par cela. Le défi étant de parvenir à une habilité inégalable,
les membres de l’équipe, et plus précisément les chargés de clientèle doivent être en mesure
de disposer de l’information souhaitée dans les plus brefs délais (Beziade, Assayad, 2014).
C’est à cet effet que les intranets sont mis en place, il s’agit d’un moyen de communication
utilisé par les établissements en interne pour communiquer et échanger en toute sécurité.

Nous parlons d’une nouvelle manière d’interagir au sein de l’agence bancaire entre
collaborateurs, c’est des plateformes qui permettent des échanges instantanés. En quelque
sorte, il s’agit d’adopter une certaine culture à l’entreprise, une interaction à l’ère digitale
qui est sensée aboutir à une meilleure performance en termes de partage d’information.

L'équipement mis à la disposition des employés sera également développé pour atteindre
ces objectifs d'efficacité et d'agilité, tels les ordinateurs, téléphones, tablettes PC et outils de
partage ou d'organisation tiers. De plus en plus entrent sur le marché du travail car
l'entreprise tarde souvent à intégrer ces outils et les nouvelles technologies, en particulier la
banque est soumise à des exigences réglementaires et de sécurité particulièrement

13
contraignantes, le fleurissement de la tendance du Bring Your Own Device (ou Apportez
votre propre appareil) n’en facilite pas la tâche (Beziade, Assayad, 2014). Ces appareils
personnels se connectent au réseau interne, emportent des documents, stockent des e-mails,
etc. Autant de pratiques qui peuvent nuire à la sécurité informatique de l’entreprise.

Contrairement à ce que nous pouvons penser, la transformation numérique de l'entreprise


ne consiste pas à réconcilier les générations, mais à accompagner le changement culturel.

2.4.Développement du modèle économique de la banque

Le secteur bancaire revoie son modèle économique pour être en mesure de s’intégrer dans
cet écosystème actuel. Cela passe par le renforcement du réseau d’agence, l’innovation dans
les services à proposer et la recherche de revenus supplémentaires.

La révolution digitale pour le secteur bancaire a suscité de vives réflexions au sujet du


réseau d’agences. Du fait que le réseau d’agences de la banque pèse considérablement en
termes de coûts, sans que ça ne soit très rentable dans le constat d’une diminution réelle du
nombre d’individus qui se rendent en agence. Le but pour ces établissements étant alors de
réinventer la notion de réseau d’agences, et ainsi baisser les frais, parvenir à des synergies,
et obtenir des économies d’échelles. Il se trouve que c’est l’un des objectifs majeurs pour
une banque. Consistant à devoir atteindre une optimisation de son réseau d’agences.

Le domaine bancaire a effectivement vu son modèle économique extrêmement chamboulé


ces dernières années, particulièrement par la généralisation croissante des moyens de
communication en ligne.

Cependant, malgré l’importance que revêt le réseau d’agences pour la banque notamment
pour la relation clients, au milieu du secteur financier. Des statistiques nous révèlent que le
nombre d'agences bancaires en France de 2016 à 2020 sera en baisse. Ainsi qu'au cours de
cette période, selon une étude menée par Sia Partners sur différents établissements, le
nombre d'agences bancaires en France va diminuer pour 2020 par rapport aux années
précédentes en passant de 37 261 à 32 500 agences.

Le contact direct représente un atout par rapport aux concurrents, qui peut s’avérer
déterminant notamment lors de la bancarisation d’un client par ouverture d’un compte. La

14
stratégie des banques n’est pas tournée principalement vers la réduction de son réseau
d’agences. Mais plutôt en s’appuyant sur des études d’implantation et d’optimisation des
actions de démarchages à l’aide d’outils tel que le géomarketing (Beziade, Assayad 2014).

Des modèles d’agences modernes sont alors nés, réinventés, certains entièrement ou
partiellement automatisés, le décor et la présentation est aussi au rendez-vous pour obtenir
des structures très accueillantes pour les clients.

Les banquiers essayent en quelque sorte de construire le concept de la banque de demain,


qui pourrait mieux répondre au contexte actuel et des tendances et des codes des clients.
Une autre idée est de penser à catégoriser les agences bancaires selon le profil et les
caractéristiques des clients. Le but ultime est tout simplement d’être plus rentable.

Un autre point d’évolution dans le secteur bancaire serait de diversifier l’activité, en


proposant des produits et services plus digitalisés. « Réinventer le service, c’est proposer
un nouveau modèle économique intégrant pleinement la force des innovations et répondant
aux nouvelles attentes des clients » (Denis, 2019).

Le digital et l’amplification des dernières technologies est un outil qui permet d’aboutir à
ces objectifs, par la mise en place d’application spécialement conçues pour les banques,
avec une simplicité d’utilisation pour le client qui pourra avoir accès à des services de bases,
comme la gestion de ses comptes, juste en étant connecté à internet, et ce à n’importe quel
moment.

C’est de la sorte qu’émergent l’e-Banking, qui pareillement a pour intérêt de profiter des
nombreux atouts conférés par internet, et de faire barrière aux banques en ligne, des acteurs
non bancaires de la Fintech et de la distribution en ligne.

La recherche de nouvelles sources de revenus par les banques, est un autre sujet de
réflexion. Car les progrès technologiques pourraient servir à faire émerger des idées
innovantes, qui seraient aptes à amener un revenu supplémentaire à la banque à côté des
produits traditionnels (Lavayssière, 2015).

Les résolutions des banques sur le sujet, ce sont du moins concrétisées, en faisant référence
à beaucoup de banques qui lancent des produits nouveaux qui servent à payer des achats sur

15
internet ou qui permettent des transferts d’argent sécurisés. Dans l’objectif de corroborer les
rapports avec le client, et ainsi d’influencer réellement les ventes éventuelles de produits et
services bancaires.

En outre, les banques s’engagent à saisir les opportunités découlant de l’utilisation de la


notion du Big Data, tel un moyen qui arrivera à dégager des revenus additionnels.

La banque du futur doit être dans une position, la mettant dans la capacité à fournir des
services personnalisés et novateurs adaptés aux besoins de chaque client, ça représentera un
passage d’un système basé sur le contact physique qui ne se fait pas très souvent avec
cependant une forte valeur ajoutée à des interactions virtuelles très fréquentes, à faible
valeur personnelle, mais qui, au final, présentent une valeur significative pour la banque.

Le numérique est un procédé crucial qui doit permettre aux établissements financiers de
recouvrer ou entretenir la relation client en leur offrant des services innovateurs et faciles
d’utilisation, pour lesquels il serait apte à sauter le pas par la suite, mais qui le transcrivent
dans un climat de fiabilité, et le rendent plus favorable à souscrire à ces services et produits
bancaires qui lui sont fournis de façon plus adéquate.

Dans un but d’appréhender et de satisfaire davantage le client, quelques banques n’hésitent


pas à opter pour la méthode des personas, un plus à la banque engagée dans sa
transformation digitale.

Ça consiste à établir le profil type de la cible de la banque, très utilisée en marketing, cette
méthode est la représentation fictive d’une personne appartenant à un groupe d’individus
aux comportements, motivations et objectifs proches.

Donc une fois le client type identifié, ça permettra à la banque d’être plus efficace
lorsqu’elle va concevoir ses produits et services (site web, application etc...).

2.5.Evolution des métiers de la banque

La digitalisation qui touche le secteur bancaire, arrive à le réformer dans ces axes les plus
profonds. Son fonctionnement, son organisation, ses interactions, ses produits tous ont
connu des modifications. Mais ça ne s’arrête pas là, car les métiers de la banque sont eux
aussi en train d’évoluer.

16
Une prédication totale et exhaustive des métiers futurs de la banque n’est certes pas possible
pour l’instant. Cependant, nous pouvons dès à présent décrire, et expliquer les éventuels
effets et conséquences du digital sur les métiers apparus récemment.

Par ailleurs, une panoplie importante de métiers fleurit par référence à ce qui se faisait
auparavant, la différence réside dans l’incorporation de l’aspect digital.

Deux catégories principales de métiers sont impactées par la digitalisation, les opérations
de gestion administratives, les métiers liées aux services clientèles.

Selon l'Observatoire des métiers de la Banque « estime que d'ici 2025, les entités bancaires
auront pleinement pris la mesure des évolutions digitales et qu'elles seront donc en mesure
d'offrir à chaque client un traitement personnalisé ».

Egalement selon l’observatoire des métiers « Depuis 2011, il existe 26 métiers repères dans
la banque, d'ici 2025, certains seront amenés à disparaître, d'autres à se transformer
profondément ».

Parmi les métiers qui sont voués à disparaitre, trois principales activités. « Les métiers
proches à la gestion administrative, le suivi et le contrôle des opérations courantes ainsi
que le recueil et l'interprétation des activités simples » (Bourse des crédits).

Le déclin de certains métiers de la banque est le résultat du recours et de l’intégration de


plusieurs technologies du numérique telles que l’automatisation et l’intelligence artificielle.

Pour le gestionnaire administratif soit les fonctions de Back Office, la généralisation de la


digitalisation a eu l’effet de diminuer et simplifier le travail administratif, principalement
celui réalisé manuellement et qui demandait des durées de réalisation assez longues. Par
exemple, le classage et l'archivage des documents devraient bientôt être entièrement
dématérialisés et automatisés.

Ce gain de temps est donc mobilisé sur des opérations plus pertinentes comme le contrôle,
le traitement et la vérification.

17
Concernant les métiers voués à se transformer, ceux des chargés de clientèles, qui sont
particulièrement au cœur de la relation client, vont devoir évoluer avec l'arrivée des
nouvelles technologies.

Notamment, dans l’appréhension des besoins des clients qui compte tenu de cette
digitalisation sera sans doute facilitée par le recourt à des supports d’interaction virtuels. Le
contact avec le client devra ainsi se faire par le biais de plusieurs canaux (réseaux sociaux,
site web, ect...).

Egalement, l’activité de financements, soit les opérations de crédit, d’analyse financière, la


réalisation de plans de financement et la mise en place des garanties seront soutenues par
l'Intelligence Artificielle.

3. Etat des lieux du processus de digitalisation en Algérie : cas d’ABC bank

Cette partie présentera de manière concise le secteur bancaire algérien dans un premier
temps. Puis abordera la manière dont est perçue la digitalisation en Algérie de façon
générale. Nous terminerons par la stratégie digitale selon la banque ABC Bank, un
établissement bancaire exerçant en Algérie.

3.1. Bref Présentation du Marché Bancaire Algérien

Le secteur bancaire algérien est constitué de six principales banques étatiques, BNA, BEA,
BADR, BDL, CPA, CNEP. Il comporte également quatorze banques à capitaux étrangers,
dont dix filiales et trois succursales de banques internationales et une banque à capitaux
mixtes.

Pour le moment, il n’y a pas de banques privées à capitaux algériens qui exercent sur le
territoire national. Les banques privées implantées en Algérie, les succursales sont HSBC
Algeria, Citibank Algeria et Arab Bank Plc. Quant aux filiales, il s’agit de Société Générale,
BNP Paribas, Natixis Algerie, Crédit Agricole CIB Algerie, Arab Banking Corporation
ABC BANK, Housing Bank for Trade and Finance, Fransabank Al Djazair, Gulf Bank
Algeria, Al Salam Bank et Trust Bank Algeria. La banque à capitaux mixtes sous le nom de
Banque Al Baraka.

18
Selon la Banque d’Algérie, le marché bancaire algérien est composé de 1469 agences. Dont
1123 agences de banques publiques, contre 346 agences de banques privées. « On relève
donc la présence d’un guichet bancaire pour 25 660 habitants contre, par exemple, une
agence pour 7 437 habitants en Tunisie ». (Sekak, 2017). Nous constatons que le marché
bancaire algérien, n’est pas très dense, par comparaison au pays voisins. L’implantation des
banques en Algérie est aussi caractérisée par une mauvaise répartition des réseaux. Malgré
que les banques publiques soient présentes dans pratiquement toutes les wilayas. Les
banques privées ont tendance à s’implanter dans les grandes villes, au Nord du pays.

Quelques banques étrangères, plus spécifiquement les banques françaises, ont fortement
contribué au développement de la densité du marché bancaire algérien. En effet, deux
d’entre elles disposent de plus de 70 agences. BNP Paribas avec 71 agences et Société
Générale avec 87 agences.

A côté d’elles s’ajoute Gulf Bank Algeria, qui comporte 63 agences. Ces trois banques
privées ont mis en place une activité considérable en ce qui concerne la fourniture de
services aux particuliers. Sans oublier deux établissements, Natixis Algérie avec ses 28
agences et ABC Bank avec 25 agences, qui sont particulièrement tournées vers une clientèle
corporate.

Le nombre d’employés dans le secteur est estimé à 36 287 salariés et 6 500 parmi eux
sont rattachés aux banques privées. Concernant le nombre de comptes bancaires, ils sont à
priori de 12 millions dans le pays. Une autre caractéristique du secteur bancaire algérien,
c’est l’offre de services qui n’est pas très diversifiée par comparaison aux pays plus
développés. Que ce soient ceux fournis aux particuliers ou bien aux entreprises.

3.2.La digitalisation du secteur bancaire en Algérie

« L’Algérie s’est classée à la 76ème place au niveau mondial en matière d’adoption des TIC,
de téléphonie et haut débit mobile et au nombre d’utilisateurs internet, selon le rapport du
forum économique mondial (FEM) sur la compétitivité mondiale pour l’année 2019 ».
(Mehenni, 2019). L’adoption des nouvelles technologies en Algérie est donc en progression,
ce qui serait un bon signe.

19
Concernant la numérisation des services, bien que celle-ci soit encore timide, nous
observons cependant une évolution et une volonté de vouloir adopter et intégrer la
digitalisation dans le domaine de la finance. Les Algériens, ont en effet adopté les supports
de connexion et le numérique dans leur vie quotidienne. Que ce soient les plus jeunes ou
les plus âgés. Les banques algériennes sont donc dans l’obligation de réponde aux nouvelles
tendances du marché, en se lançant dans une transformation digitale, bien qu’elle soit moins
impressionnante par rapport aux pays avancés, mais elle est notamment bien là.

C’est ce qu’affirme l’ancien ministre des finances Abderhmane Raouya, qui dans un
communiqué déclare que l’année 2018 devrait connaitre des évolutions considérables en
matière de digitalisation financière, en faveur de la modernisation des systèmes financiers
des banques publiques et l’application des mesures introduites par la loi de finances.

Dans le même sillage, lors d’une conférence dédiée à la digitalisation bancaire, ce dernier a
fait connaitre que quatre banques publiques (BDL, BADR, CNEP et BEA) sont au stade de
finalisation de la rénovation de leurs systèmes financiers en attendant l’achèvement de la
même démarche par la BNA et le CPA. À ce propos, en vertu de la loi de finances 2018 en
vigueur depuis le premier janvier, tous les commerçants ont l’obligation de se doter d’un
terminal de paiement électronique (TPE) avant la fin de l’année 2019. Encourageant ainsi
la transition vers une économie numérique.

Cette évolution digitale du secteur bancaire algérien a fait émerger une agence digitale
de la Banque Nationale d’Algérie (BNA) en octobre 2018, qui représente une première pour
les banques publiques sur l’ensemble du territoire national. Une modernité pour le concept
d’agence, dont l’objectif est d’externaliser les services fournis aux clients, en l’occurrence
aux particuliers, ça permet de gagner un temps considérable, qui sera affecté aux activités
de conseils et de financement directement en faveur d’une clientèle corporte jugée plus
importante en termes de rentabilité. Cette dernière tendance d’agence remplie toute les
fonctionnalités d’une agence traditionnelle. Elle arrive même à maintenir un contact de
proximité par le biais des supports de Visio conférence mis à la disposition du client pour
interagir systématiquement en cas de nécessité avec les chargés de clientèle de
l’établissement.

20
La première banque à avoir introduit le concept d’agence digitale en Algérie, avant
même la Banque Nationale d’Algérie, se trouve être BNP Paribas El Djazair., qui sera
adoptée par la suite par Natixis Algérie.

Les observations de ces dernières années, nous soulignent que les transformations
digitales n’ont pas atteint leurs termes, il reste encore plusieurs dispositifs à mettre en place.
Cependant, Il y a lieu de signaler que l’évolution de l’économie numérique dans notre pays
est en bonne voie, garantissant une sécurité aux consommateurs et essayant de restreindre
toute manœuvre frauduleuse dans ce nouveau modèle, qui vont être les principales
préoccupations par la suite, pour le succès de la démarche de mutation vers le digital dans
le secteur bancaire Algérien.

3.3.La digitalisation au sein d’ABC Bank

ABC Bank (Arab Banking Corporation), constituée en société est une banque internationale
dont le siège est à Manama, dans le Royaume de Bahreïn. Leur réseau est réparti sur les
cinq continents, couvrant des pays du Moyen-Orient, d'Afrique du Nord, d'Europe, des
Amériques et d'Asie.

ABC Bank, fondée en 1980 est cotée à la Bourse de Bahreïn et ses principaux actionnaires
sont la Banque centrale de Libye et la Kuwait Investment Authority. La banque ABC est
l'un des principaux fournisseurs de services de financement commerciaux, de trésoreries, de
projets et de financement structuré, de syndications, de services bancaires aux entreprises et
institutionnels ainsi que de services bancaires islamiques. Ils sont également sur une
stratégie d’élargissement du réseau de la banque de détail dans la région MENA.

Malgré que la Banque ABC soit agréée comme une banque de gros corporate par la Banque
centrale de Bahreïn, ceci ne l’empêche en rien d’être présente sur d’autres créneaux.
Concernant son activité, ABC Bank propose des produits et des services bancaires de détail
pour les particuliers à travers ses filiales en Algérie, en Egypte, en Jordanie et en Tunisie.

ABC Bank met en place sa stratégie de digitalisation de son activité en Algérie, tout en
étant dirigée par le département Digital Banking and Retail au siège social à Bahreïn.
L’activité de détail de la Banque a établi une empreinte de distribution importante et a

21
investi considérablement dans la technologie pour offrir des produits et des services
diversifiés, régionaux et sectoriels spécifiques, dans toutes les zones géographiques.

Elle tente ainsi de proposer des produits et services traditionnels et sur mesure. Les moyens
déployés pour atteindre cet objectif sont les suivant : la formation continue des équipes de
personnel, une stratégie centrée sur le client, une variété de plateformes de distribution
(stratégie multicanal).

Les équipes de la banque s’engagent alors à fournir une expérience client irréprochable sur
une variété de plateformes de services et de points de contact clients. En développant des
solutions financières personnalisées holistiques construites autour des besoins et des
aspirations des clients, les produits et services sont alignés sur le style de vie permettant à
leurs clients de satisfaire leurs besoins financiers. Tous ces efforts ont aboutit au lancement
d’une application en 2018 « ABC Digital », qui est un service de banque en ligne, conçu
pour mieux répondre aux besoins de ses clients. Accessible à n’importe quel moment et
n’importe où 24h/24 et 7j/ 7 utilisable avec toute appareil via internet (ordinateur, tablette
et Smartphone).

La Banque ABC, a adopté le numérique dans un certain nombre d'initiatives innovantes.


Avec ABC Digital, la plate-forme bancaire en ligne de pointe de la Banque, elle a mis en
œuvre avec succès l'une des phases les plus vitales de sa stratégie numérique
visant à fournir des services bancaires en lignes homogènes et complets aux
clients. Dans l'ensemble de ses gammes de produits, ils réorganisent leurs canaux
Omni clients avec une nouvelle plate-forme numérique de pointe pour améliorer
l'expérience client et stimuler la croissance future. La nouvelle plate-forme
numérique offre un bouquet réfléchi de services, d'avantages et de solutions et leur
permet d'être plus agiles en offrant cela directement à leurs clients.

Le département Digital Banking de ABC Bank fournit le leadership et les conseils


nécessaires pour transformer la banque en une solution numérique et met en
œuvre la démarche stratégique, permettant de positionner la banque comme la
meilleure banque numérique de la région. En effet, avec cette nouvelle plateforme
de banque à distance, ABC Bank s’investit davantage dans la digitalisation qui
aujourd’hui, devient primordiale pour assurer autant la mobilité que la disponibilité

22
tant réclamée par les clients. C’est désormais une réalité pour peu qu’on dispose
d’un appareil électronique (ordinateur, tablette ou smartphone) et d’une connexion
internet. Ce service offre, selon les responsables d’ABC Bank, plus de
fonctionnalités qui facilitent davantage le quotidien des Algériens. Autrement dit, il
devient possible, tout comme le font déjà d’autres banques.

L’application propose une variété de fonctions. Elle permet un transfert de compte


à compte, l’exécution de l’opération est totalement digitalisée. Le client recevra une
notification d’exécution une fois le transfert accompli. A noter que le traitement ici
est à 100 % automatisé. Elle permet aussi des virements interbancaires et RTGS
(Real Time Gross System) dont le montant doit être inférieur à 1 000 000 DZD.
L’instruction de transfert sera notifiée à l’agence et à la Direction des opérations, à
une adresse électronique spécialement conçue à cet effet. A la réception de la
notification, le directeur d’agence devra valider la transaction sur l’application.

Les transferts de Devises à l’étranger (compte devises) est lui aussi un service
proposé via l’application. L’instruction de transfert des devises sera notifiée à
l’agence et à la Direction des opérations à une adresse électronique dédiée. La
réservation de fonds nécessaires au transfert des devises ainsi que le montant de
la commission de transfert en DZD sont totalement digitalisés (automatisés). A la
réception de la notification, le directeur d’agence devra valider la transaction et
poursuivre le traitement conformément à la procédure de transfert de devises à
l’étranger. La Direction des opérations, poursuivra le traitement de l’instruction
conformément à la procédure de transfert en vigueur. A noter que le traitement ici
est semi automatisé.

L’autre possibilité offerte est la demande de chèque de banque. L’instruction de


demande du chèque de banque sera notifiée à l’agence de tenue de compte. A la
réception de la notification, le Back office de l’agence procèdera à l’établissement
du chèque de banque conformément à la procédure en vigueur. Le chargé de
clientèle contactera le client pour venir récupérer le chèque de banque. Le
traitement est alors semi automatisé.

23
La demande d’ouverture de dépôt à terme est aussi accessible via la plateforme.
L’instruction de demande d’ouverture de dépôt à terme sera notifiée à l’agence de
tenue de compte. A la réception de la notification, le chargé de clientèle contactera
le client pour l’informer des conditions et du taux applicable et programmer le
rendez-vous avec le client. Il est à noter qu’ABC Digital permet l’initiation à distance
de la transaction. Cette dernière est finalisée en agence.

Deux autres types de services qui facilitent le quotidien des clients au travers d’ABC
Digital, c’est la demande de relevé de compte et la demande de chéquiers.
L’instruction de demande de relevé de compte sera notifiée à l’agence de tenue de
compte. A la réception de la notification, le Back office de l’agence procèdera à
l’établissement du relevé de compte ou de la demande de chéquier. Le chargé
clientèle contactera le client pour venir récupérer à l’agence son relevé de compte
ou son chéquier. A signaler que le traitement est semi automatisé pour ce genre
d’opérations.

Pour les entreprises le paiement de leurs taxes (G50) est l’un des nombreuses
fonctions de la plateforme. L’instruction de transfert sera notifiée à l’agence de
tenue de compte et à la Direction des opérations. Avant la date limite du paiement
de la taxe, la direction des opérations devra exécuter le virement via RTGS même
si le montant du virement est inférieur à 1 million de dinars.

Une autre option pour les clients de la banque ABC est la possibilité de souscrire à
une pré-domiciliation en ligne. Une fois établie l’instruction de transfert sera notifiée
à l’agence et à la Direction des opérations documentaires. A la réception de la
notification, la direction des opérations documentaires procédera au traitement de
la pré-domiciliation selon la procédure en vigueur.

En plus de la diversité des fonctions introduites, cette application confère une


grande sécurité à ses utilisateurs, en introduisant une authentification à deux
facteurs, via des mots de passe à usage unique, One Time Passwords (OTP) qui
peuvent être générés avec l'application ABC Bank. Cela a tendance à rassurer la
clientèle.

24
CONCLUSION
Les banques ont bien compris la nécessité de la digitalisation de leur activité, qui
est devenue sans aucun doute non pas une option mais une obligation. Pour
pérenniser et ne pas tomber dans le déclin et l’obsolescence.

Certes, ça représente une prise de risque à prendre, de reformer et de revoir toutes


les manœuvres du secteur bancaire. Mais, le risque a toujours était dans les veines
d’un banquier et constituant son métier à l’origine.

La nécessité de se transformer, a été poussée par deux raisons motrices. La


première s’inscrit dans une volonté de s’adapter aux comportements des potentiels
clients, qui suivent de très près l’écosystème numérique dans lequel ils activent,
et dégagent de ce fait des attentes et des besoins par rapport à la banque. La
seconde raison, consiste à mettre des barrières aux nombreux nouveaux venus sur
le marché, qui concurrence directement ou indirectement les banques, et qui par
leur maitrise pointue des technologies du web 2.0, se font une place incontestable
dans le milieu de la finance.

En revanche, les conséquences de la digitalisation sur le secteur bancaire selon ce


qui a été remarqué et observé, se traduisent, comme des transformations qui
s’opèrent à différents axes de la banque. En effet, ça ne se limite pas simplement
au recourt aux canaux numériques adoptés par les clients. Ça engage des
bouleversements profonds, que ce soit dans l’optimisation du parcours client, des
procédures opérationnelles, dans les usages de fonctionnement interne, et enfin
la révision du modèle économique de la banque dans sa globalité.

Un autre volet qui est impacté directement par le digital, il s’agit des métiers de la
banque. En particulier deux d’entre eux, celui de gestionnaire administratif qui
s’occupe des opérations avales, et celui de chargé de clientèle intervenant plus en
amont. Certains d’entre eux devront être supprimés en raison d’une automatisation
des tâches surtout celles administratives. Et les autres vont évoluer notamment
ceux qui entrent directement en contact avec les clients, en renforçant leur métier
à l’aide de supports digitaux.

Ça conduit à penser que ces transformations constituent un apport à l’industrie


bancaire, en faisant ressortir des avantages, des facilités, une rapidité d’exécution,
une réduction de coûts et une rentabilité.

25
En terme de stratégie à suivre, les banques devront s’armer d’idées innovantes qui
leurs permettront de révolutionner le modèle dans lequel elles s’y trouvent, et ainsi
être en mesure de rivaliser avec les Fintech.

Quelques banques, qui sont dans des économies avancées choisissent une
stratégie radicale, celle d’investir dans l’achat de ces start-up innovantes, qui leur
font intégrer ces technologies plus facilement et plus rapidement.

Pour d’autres banques la stratégie de digitalisation passera par plusieurs étapes.


La mise en place d’une manœuvre multicanal, l’intégration de la technique du Big
Data, la rénovation de l’offre de services. Les banques sont aussi tenues de former
leurs employés, et de recruter des personnes plus qualifiées et aptes à contribuer
à la construction de la banque de demain.

Concernant les banques Algériennes, elles commencent effectivement à se


transformer. Mais à un rythme plus lent, à la mesure du possible de ce qu’offre
l’environnement économique du pays. Des lois ont certes été adoptées et sont
dans l’attente d’être appliquées définitivement, notamment dans le cadre du
paiement électronique. Ça aura pour effet de renforcer et d’appuyer la numérisation
des banques Algériennes.

Dans le cas d’ABC BANK, elle est en plein dans la transformation digitale. Pour
l’instant, sa stratégie se base essentiellement sur l’amélioration de la visibilité en
ligne, le développement d’un nouveau canal commercial, la proposition d’une
panoplie de services à distance aux prospects et clients de la banque. Une
application a été mise en place à cet effet, ABC Digital qui permet d’avoir accès à
certains services sans devoir se déplacer en agence. Cependant, elle ne compte
pas s’arrêter là, en envisagent d’investir d’avantage dans ce créneau et être à la
hauteur d’une transformation plus achevée. Dans une perspective de mettre à
disposition de leurs clients une «agence virtuelle » avec tous les services.

BIBLIOGRAPHIE
Accenture, Performance digitale des entreprises françaises, Accenture digital, 2016.

Beziade C. & Assayag S., l’impact du numérique sur les métiers de la banque, les études
de l’observatoire, France, 2014.

26
Campos E. & Gayte D., Redonner vie aux agences face à l’incertitude des modèles de valeur
de la banque, le journal de l’école de Paris du management 2017/3 (N°125), pages 15 à 22.

Capgemini, The fintech advantage – Harnessing digital technology, keeping the customer
in focus, Capgemini, The University of Sydney Business School, 2017.

Chamoux J.P., L’ère du numérique 2 : l’économie revisitée, Ed ESTG, London, 2018.

Denis N., La Banque en Pleine Transformation, Annales des Mines- Réalités industrielles,
2019/1, Février 2019, pages 33 à 35.

Descamps C. & Soichot J., Economie et Gestion de La Banque, Ed Ems Management et


Société, Paris, 2002.

Eray P., Le middle management à l’ère de la digitalisation, Ed L’harmattan, Paris, 2018.

Gandhi P., Khanna S., Ramaswamy S., Which Industries Are the Most Digital (and Why)?
,https://hbr.org/2016/04/a-chart-that-shows-which-industries-are-themost-digital-and-why,
d’après une étude du McKinsey Global Institute, 2016.

Habets N., La Banque de Détail Face au Défi du Numérique, l’Expansion Management


Review, 2014/3, N°154, pages 113 à 120.

Lavayssière B., Les modèles économiques bouleversés par le digital, Dans Revue
d'économie financière 2015/4 (n° 120), pages 57 à 66.

Lecigne P., Les Banque de Détail le Dos au Mur, l’Expansion Management Review, 2013/4,
N°151, pages 86 à 89.

Lemoine P., La transformation numérique de l’économie française, Rapport au


gouvernement, Novembre 2014.

Marrone R. & Gallic C., Le Grand Livre du Marketing Digital, Ed DUNOD, Paris, 2018.

Mckinsey, Accélérer la mutation numérique des entreprises : un gisement de croissance et


de compétitivité pour la France, Mckinsey&Company, 2014.

Mehenni O., Adoption des TIC en 2019 : l’Algerie classée à la 76éme place mondiale, le
journal El moudjahid du 18 décembre 2019.

Mieszala J. C., La Révolution Technologique des Systèmes Financiers : L’exemple de La


Banque de Financement et d’Investissement, Revue d’Economie Financière 2015/2 (n°118),
pages 53 à 66.

Mouillot P., La Relation Client à l’Heure du Numérique : le Cas du Marketing Bancaire,


Dans Management et Avenir 2019/2 (N°108), pages 63 à 82.

Robert M. L., La Banque à 2020, 2025 : Emploi et Compétences, Quelles Orientations ?,


Observatoire des métiers, de qualification et de l’égalité professionnel entre les femmes et
les hommes dans la banque, Edition 2017.

27
Roman B. & Tchibozo A., Transformer la Banque : Stratégies Bancaires à l’Ere Digitale,
Ed DUNOD, Malakoff, 2017.

Sekak R., Monographie : secteur bancaire en Algérie, Journal El watan du 06 août 2017.

Sicard M., Banque virtuelle, Dans Médium 2012/1 (n°30), pages 65 à 70.

Van Laethem N., Lebon Y., Durant-Mégret B., La Boite à Outil du Responsable marketing,
Ed DUNOD, Paris, 2007.

28

Vous aimerez peut-être aussi