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Résistivité Des Métaux

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Résistivité des métaux

par Michel FALLOU


Ingénieur de l’École Supérieure d’Électricité
Ancien chef du Département Machines Électriques à la Direction des Études
et Recherches d’Électricité de France

1. Présentation générale............................................................................. K 710 - 2


2. Précision des valeurs de résistivité .................................................... — 5
2.1 Précision des mesures ................................................................................ — 5
2.2 Difficultés particulières de détermination ................................................. — 5
2.3 Influence des impuretés.............................................................................. — 5
2.4 Influence des traitements mécaniques et thermiques ............................. — 5
2.5 Influence de l’épaisseur. Couches minces................................................. — 6
2.6 Influence de la pression et du champ magnétique................................... — 6
3. Précision des valeurs du coefficient de température.................... — 6
4. Valeurs retenues....................................................................................... — 6
Pour en savoir plus........................................................................................... Doc. K 710

e lecteur se reportera utilement à l’article Conducteurs métalliques [D 292]


L du traité Génie électrique.
1 - 1988
K 710

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur, traité Constantes physico-chimiques K 710 − 1
RÉSISTIVITÉ DES MÉTAUX _______________________________________________________________________________________________________________

1. Présentation générale température de fusion, ou même, plus simplement, à la tempéra-


ture ambiante. On peut d’ailleurs observer, avec certains métaux,
des discontinuités brusques dues :
— aux très basses températures, à des phénomènes de
Les métaux se caractérisent par le fait que ce sont des bons
supraconduction ;
conducteurs de l’électricité : tout métal, à l’état solide ou liquide,
— aux températures plus élevées (généralement supérieures à
soumis à une différence de potentiel (ddp) est le siège d’un courant,
la température ambiante), à des changements d’état allotropique.
dont l’amplitude peut varier dans un rapport non négligeable avec
la nature du métal considéré (de 1 à 50), mais qui est toujours Le lecteur trouvera des indications sur les mécanismes influençant
considérablement supérieure à celle que l’on observerait avec les la résistivité des métaux dans l’article Conducteurs métalliques
autres corps. [D 292] du traité Génie électrique.
Par ailleurs, si l’on maintient un métal dans des conditions phy- Toutefois, dans le plus grand nombre des cas pratiques d’utilisa-
siques (notamment de température et de pression) rigoureusement tion, on n’a besoin de connaître la résistivité d’un métal que dans
constantes, on constate que le courant ainsi engendré par une une étroite bande de température avoisinant la température
tension appliquée est strictement proportionnel à cette tension ; ambiante, par exemple entre 0 oC et 100 oC. On peut alors en général
cette propriété, qui constitue la loi d’Ohm, est loin d’être toujours admettre, dans cette zone de température, une variation linéaire de
observée avec les autres matériaux. Le coefficient de proportion- la résistivité avec la température de la forme :
nalité entre tension et courant est le produit de deux termes, l’un ρ = ρr [1 + α (θ – θ r )]
qui ne dépend que de la géométrie du métal considéré, l’autre qui
est caractéristique de ce métal, et qui est la résistivité. avec ρr résistivité à la température θ r (oC) prise comme référence,
Généralement, pour connaître la résistivité d’un métal, on ρ résistivité à une température θ (oC) intérieure à l’intervalle
constitue avec celui-ci un conducteur cylindrique, ayant une considéré,
section S faible devant sa longueur L, dont on mesure la résistance
α coefficient de variation dans cet intervalle.
R totale. On peut ainsi déterminer aisément cette résistivité ρ à partir
de la relation bien connue : En fait, comme le métal, en s’échauffant, a ses dimensions qui
S se modifient, ce qui joue sur sa résistance, on devrait définir un coef-
ρ = R ⋅ ----- ficient vrai correspondant à un conducteur dont on aurait maintenu
L
les dimensions constantes et un coefficient apparent correspondant
La résistivité d’un métal est une fonction croissante de la tempé- à une dilatation libre. Toutefois, en pratique, c’est ce dernier qui seul
rature que l’on ne peut traduire par une relation analytique simple, nous intéresse.
du moins si l’on considère une plage de variation importante, Le tableau 1 donne la valeur de la résistivité à 20 oC et le coefficient
allant des très basses températures (quelques kelvins) à la de température, pris entre 0 et 100 oC, de la plupart des métaux.
(0)

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Tableau 1 – Résistivité et coefficient de température des métaux


Coefficient de température
Résistivité
moyen
Corps (à 20 oC) Remarques
(0 à 100 oC)
(10 –8 Ω · m) (10 –3 K –1)
Valeurs correspondant à un aluminium écroui dur
Aluminium 2,826 4,03 titrant au moins 99,5 % de métal pur, tel qu’il est défini
par la norme NF C 34-120.
Antimoine 25 à 39 4
Argent 1,57 4,1
Arsenic 35 à 46 4,7
Baryum 40 à 60 6,1
Béryllium 4 à 10 6 à 22 α varie suivant les auteurs.
120 4,3 Le coefficient de température dépend du sens du
Bismuth 144 (cristal très pur) 4,2 à 4,8 courant par rapport au cristal.
Cadmium 7,2 3,9
Calcium 4,6 à 6,8 4,6
Césium 19 Fusion à 28,4 oC.
Chrome 13 Anomalie vers 30 oC (§ 3).
6,2 (Cobalt pur) 6,5 Cobalt fondu dans l’hydrogène forgé et recuit
Cobalt 13,5 (Cobalt à 99,2 %) 3 à 900 oC.
Valeurs du cuivre type recuit qui a été internationa-
Cuivre 1,724 3,93 lement défini et fait l’objet, en France, de la norme
NF C 30-010. Il correspond à un cuivre électrolytique
de pureté au moins égale à 99,9 %.
Étain 11,5 4,6
On peut observer des écarts de ± 2 % sur la résistivité
9,8 (fer à 99,99 %) 6,5 de ce métal très pur. Le coefficient de température
croît environ de 5,5 à 6,5 avec la pureté du fer.
Fer 10,4 (fer à 0,03 % de C)
12,9 (fer à 0,8 % de C)
14,5 (fer à 1,2 % de C) Fer spectroscopiquement pur.
31 (fer à 3,7 % de C)
Fonte 40 à 80 Fontes à 3,9 % de carbone.
Gallium 57 Fusion à 29 oC.
Hafnium 30 à 35 4,4

Indium 9 4,9 Précision vraisemblable sur la résistivité indiquée


meilleure que ± 1 %.
Iridium 5,5 3,9 Écart possible de ± 10 % sur la résistivité indiquée.
Lithium 9,5 4,6
Magnésium 4,6 3,7
140 à 247 (variété α) 2,3
Manganèse 90 (variété β) 1,2 Valeurs les plus probables.
40 (variété γ) 6

Mercure 95,8 0,9 Précision vraisemblable sur la résistivité indiquée


meilleure que ± 1 %.
Molybdène 5,5 4,3
Nickel 6 à 11 5,5 à 7
Niobium 13 à 17 3
Or 2,4 4
Osmium 9,5 4,2
Palladium 11 3,8
Platine 10,5 3,8

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Tableau 1 – Résistivité et coefficient de température des métaux (suite)


Coefficient de température
Résistivité
moyen
Corps (à 20 oC) Remarques
(0 à 100 oC)
(10 –8 Ω · m) (10 –3 K –1)
Plomb 22 4
Coefficient de température valable entre 0 oC et le
Potassium 6,8 5,1 à 5,8
point de fusion 63,5 oC.
18,8
Rhénium 130 (à 2 500 oC) 3,1

Rhodium 4,8 4,6


Rubidium 12,3 Fusion à 39 oC.
Ruthénium 7,3 4,5
Coefficient de température variant de 4,7 à 5,5 suivant
Sodium 4,8 5,1 les auteurs.
Strontium 25 à 33 3,8
Tantale 12 à 15 3,5
Thallium 18,8 4
Thorium 13 à 18 2,4 à 4
Titane 42 à 55 4,5
5,4 Pour le coefficient de température (figure 2 ).
Tungstène Au-dessus de T = 2 000 K, la formule empirique
115 (à 3 200 oC) suivante a été proposée :
ρ = 55,7 × 10– 8 (T /2 000)1,20 Ω · m.
Uranium 32 à 36 3
Vanadium 26 2,8 à 3,5
Zinc 6 4,1
Zirconium 43 4,4
Les mesures sur les terres rares sont généralement
TERRES RARES (Exemples) peu nombreuses et les résultats peuvent s’écarter
des valeurs indiquées de ± 10 %.
Cérium 75 0,8
Dysprosium 56

Erbium 110 2 Une valeur de résistivité de 180 × 10–8 Ω · m a été


également rapportée.
Holmium 87
Gadolinium 145 1,8
Lanthane 60 2,1
Lutétium 80
Néodyme 77 1,3
Praséodyme 76 1,7
Samarium 88 à 90 1,84 (de 0 à 25 oC)
Thulium 79
Ytterbium 30 1,3

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2. Précision des valeurs Par exemple, en ajoutant à l’aluminium environ 0,6 % de silicium et
0,6 % de magnésium (alliage dit almélec), on n’augmente la résistivité
de résistivité que de 10 à 15 % ; de même, en ajoutant 0,3 à 0,5 % de tellure au
cuivre, on n’a que 2 ou 3 % d’accroissement de résistivité. Par contre
avec l’or, si l’on ajoute 0,1 % de tellure et autant de cuivre, la résistivité
2.1 Précision des mesures passe de 2,42 × 10– 8 à 4,05 × 10 – 8 Ω · m, c’est-à-dire n’est pas très
loin de doubler.
Mesurer la résistance d’un conducteur avec une précision de Le manganèse est un des métaux qui présente les plus grandes
l’ordre de 0,5 % ne pose généralement pas de problème majeur à variations apparentes inexpliquées, peut-être parce que l’on ne sait
un laboratoire normalement équipé, et les laboratoires de métrologie pas bien doser ses impuretés. Ainsi, dans sa variété α (qui
font évidemment beaucoup mieux. On peut donc s’attendre à obtenir correspond à une température inférieure à 740 oC), on relève des
des chiffres de résistivité extrêmement précis. De fait, les résultats valeurs de résistivité s’étageant entre 150 × 10– 8 et 700 × 10– 8 Ω · m,
des expérimentateurs que l’on peut trouver dans la littérature, iso- entre les résultats expérimentaux de mêmes auteurs ou d’auteurs
lément ou dans des tables de constantes, sont donnés couramment différents.
avec 3, voire 4, chiffres significatifs. Malheureusement, les résultats
des uns et des autres présentent entre eux des écarts qui sont très
fréquemment supérieurs au pour-cent, et peuvent atteindre dans des
cas extrêmes 50 et même 100 %, ce qui rend illusoires les précisions 2.4 Influence des traitements mécaniques
indiquées. et thermiques
Ces écarts sont dus, dans quelques cas, à des difficultés parti-
culières de réalisation des éprouvettes de mesure et, pour le reste, Les traitements mécaniques que subissent les métaux ont une
à l’impossibilité de caractériser le métal considéré en prenant en influence non négligeable sur leur résistivité, qui dépend du métal
compte tous les facteurs qui influent sur ses caractéristiques considéré. Par exemple, un laminage de l’argent, qui réduit son
électriques. épaisseur de 90 %, entraîne une augmentation de sa résistivité
de 5 %. De la même façon, l’écrouissage de l’aluminium et du
cuivre accroît leur résistivité de quelques pour-cent. Avec le fer, il
n’y a pratiquement pas d’influence de l’écrouissage, tant que
2.2 Difficultés particulières celui-ci reste faible, c’est-à-dire correspondant à un allongement de
de détermination l’ordre de 5 % ; par contre, au-delà, on constate une augmentation
assez brusque de la résistivité qui peut atteindre 6 %.
Pour déterminer la résistivité d’un métal, il est nécessaire de Les traitements thermiques ont également une influence assez
constituer avec lui un conducteur homogène de forme parfaitement importante sur les caractéristiques électriques de tous les métaux.
définie, généralement, comme il a été dit, cylindrique, ce qui pose Les recuits, en particulier, tendent le plus souvent à diminuer la
des problèmes avec certains métaux. C’est le cas, notamment, des résistivité, mais dans des proportions qui dépendent du corps
métaux alcalins, en raison de leur grande oxydabilité et de l’impos- considéré, des températures et des durées du recuit, des contraintes
sibilité que l’on rencontre d’en étirer un fil pur. On peut, pour ceux-ci, mécaniques préalables, etc.
tenter de provoquer une solidification du métal dans un tube, mais
il risque de se produire alors des cavités d’importance non Ainsi, avec du cobalt étiré pur du commerce, un auteur trouve que
la résistivité croît de 6,36 × 10– 8 à 6,48 × 10– 8 Ω · m après un recuit
négligeable.
à 500 oC, tandis qu’un autre auteur travaillant sur des lames de cobalt
pur trouve qu’elle diminue de 8,07 × 10– 8 à 6,85 × 10–8 Ω · m après
un recuit à température peu supérieure (rouge sombre). La figure 1
2.3 Influence des impuretés montre, à titre d’illustration, l’évolution de la résistivité d’un fil
d’aluminium faiblement allié (de 0,8 mm de diamètre) en fonction
C’est toutefois les impuretés du métal qui jouent, et de loin, le de la température d’un recuit flash (0,2 s).
plus grand rôle dans la dispersion constatée des caractéristiques
électriques des métaux. Bien sûr, en théorie, les mesures de résis-
tivité sont effectuées avec du métal pur mais, en pratique, il n’y a
jamais de métal réellement pur et le taux d’impuretés est d’autant
plus difficile à déterminer qu’il est plus faible. La nature de ces impu-
retés a également une nette influence sur les valeurs trouvées.
C’est ce qui explique que des mêmes expérimentateurs travaillant
sur un même métal (au moins en apparence) aient trouvé des chiffres
discordants sans pouvoir en expliquer la différence. Ainsi, à titre
d’exemple tout à fait typique, on peut citer les travaux de Wise [4]
qui, travaillant sur du nickel électrolytique à 99,98 %, aboutit aux trois
chiffres suivants pour la résistivité à la température ambiante :
6,141 × 10– 8 ; 6,844 × 10– 8 et 10,327 × 10– 8 Ω · m.
L’influence des impuretés sur la résistivité dépend beaucoup du
métal considéré, de la nature de ces impuretés et de la température
d’utilisation. Avec l’aluminium et le cuivre, à la température
ambiante, il n’apparaît qu’un effet relativement limité des impuretés
ordinaires. C’est ce qui permet d’ailleurs de réaliser des alliages qui
ont des propriétés électriques voisines du métal pur, avec des carac- Figure 1 – Variation de la résistivité d’un fil d’aluminium
téristiques mécaniques par contre assez différentes. faiblement allié avec la température d’un recuit flash

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2.5 Influence de l’épaisseur. Couches minces


Avec un certain nombre de métaux tels que l’or, le nickel, le cobalt,
le fer, etc., on observe des anomalies dans le comportement élec-
trique lorsque l’épaisseur du conducteur formé avec ces métaux
décroît très fortement : la résistivité augmente et le conducteur peut
ne plus obéir à la loi d’Ohm.
Par exemple, avec le cobalt, la résistivité augmente de plus de
100 fois lorsque l’épaisseur diminue aux alentours de 35 µm ;
vers 20 µm, la loi d’Ohm n’est plus respectée.
Dans le cas de l’or, métal que l’on emploie fréquemment en couche
mince, la résistivité, qui est de l’ordre de 2,4 × 10–8 Ω · m sous épais-
seur normale (par exemple supérieure au micromètre), augmente
lorsque l’épaisseur descend au-dessous de quelques dizaines de
nanomètres : elle est multipliée par 3 pour un dépôt de
30 nm environ, et par 109 pour un dépôt de l’ordre de 2 nm. Cette
résistivité dépend d’ailleurs beaucoup des conditions de réalisation
du dépôt, notamment de son dégazage éventuel, de son ancienneté
et du support utilisé. Figure 2 – Variation du coefficient de température
(pris entre 0 et 100 oC) d’un fil de tungstène,
avec la température de son traitement jusqu’à la recristallisation [2]

2.6 Influence de la pression


et du champ magnétique Il faut par ailleurs bien se rappeler que la loi de variation linéaire
de la résistivité avec la température n’est qu’une approximation qui
La résistivité de presque tous les métaux varie avec la pression est plus ou moins valable suivant les métaux et les zones de tem-
appliquée et avec le champ magnétique transverse auxquels ils sont pérature considérés. Pour la plupart des métaux, et en particulier
soumis : en général, elle diminue quand la pression croît, et, dans ceux fréquemment utilisés en électrotechnique, comme l’argent, le
le cas des matériaux ferromagnétiques quand le champ magnétique cuivre, l’aluminium, l’or, elle est admissible au moins entre
croît (pour les autres métaux, il y a, au contraire, augmentation avec 0 et 200 oC (valeurs que l’on peut considérer comme des extrêmes
le champ). Toutefois, en pratique, et en particulier lorsque le champ dans les utilisations courantes) ; par contre, avec le chrome électro-
magnétique est appliqué aux températures égales ou supérieures lytique purifié, elle ne s’applique pas entre 0 et 100 oC, car on observe
à la température ambiante, ces phénomènes sont négligeables. Ainsi une décroissance de la résistivité entre 30 et 40 oC (anomalie que
avec l’or, à la température de 20 oC, il faut exercer une pression l’on ne trouve pas avec du chrome commercial). Si l’on dépasse,
de 4 000 bar pour obtenir une diminution de la résistivité de l’ordre en température, l’ordre de grandeur des 200 oC, il faut alors être
de 2 %, et créer un champ magnétique de 2 × 106 A/m pour accroître prudent car le coefficient de température (α = dρ /ρr dθ ) peut croître
la résistivité d’environ 0,03 %. ou décroître notablement. Par exemple, avec le nickel, on observe
Le bismuth, toutefois constitue une exception notable par sa une croissance de α jusque vers 360 oC (voisinage de la température
sensibilité à ces deux paramètres, surtout au second. On s’est de Curie), suivie d’une décroissance ; avec le manganèse α, le coef-
d’ailleurs servi de cette propriété, dans le passé, pour effectuer des ficient devient négatif à partir de 600 oC, et jusqu’à 740 oC qui est
mesures de champ magnétique. À titre d’ordre de grandeur, on peut une température de transformation allotropique (passage de α en β ).
admettre que la résistivité du bismuth augmente de 15 % lorsque C’est à cause de cette non-linéarité de la variation de la résistivité
le champ magnétique varie de 0 à 106 A/m. La valeur exacte dépend avec la température, qu’ont été données dans le tableau 1 des indi-
fortement de nombreux facteurs tels que la pression, la pureté du cations complémentaires sur la résistivité à haute température du
métal, l’épaisseur et la forme de l’échantillon. tungstène, métal fréquemment appelé à travailler à plus de 2 000 K ;
toute extrapolation à partir de la valeur à 20 oC donnerait, dans cette
zone, des chiffres très erronés.

3. Précision des valeurs


du coefficient 4. Valeurs retenues
de température
Dans le tableau 1, on a porté les valeurs moyennes des résistivités
Comme la résistivité, le coefficient de température peut être déter- et des coefficients de température des différents métaux. Par là, il
miné, par la mesure, avec une grande précision. Malheureusement, faut entendre la moyenne des résultats trouvés par les expérimen-
comme la résistivité, il subit une forte influence des impuretés et tateurs travaillant, au moins en apparence, sur le même métal. En
des traitements mécaniques et thermiques. l’absence d’indication particulière, il faut considérer que la disper-
Dans le cas du fer, la détermination de ce coefficient, qui croît sion peut atteindre ± 5 % de la valeur indiquée. Lorsque la dispersion
avec la pureté du métal, a d’ailleurs constitué un procédé d’évalua- des résultats s’est avérée dépasser ± 10 %, ce n’est plus la valeur
tion de cette pureté. Ce procédé tend maintenant à être remplacé moyenne, mais les valeurs extrêmes qui ont été rapportées.
par des mesures de résistivité à basse température. Un tel procédé Mention particulière doit être faite du cuivre et de l’aluminium :
a également été mis en œuvre dans des laboratoires pour étudier ces deux métaux, étant utilisés abondamment par l’industrie électro-
d’autres métaux, tels que le zirconium. technique, voient leurs caractéristiques très contrôlées au cours de
La figure 2 montre, à titre d’exemple du rôle des effets thermiques, leur fabrication pour cette industrie, et de leur mise en œuvre. En
la variation du coefficient de température d’un film de tungstène en particulier, il y a des normes qui fixent de façon très précise les
fonction de sa température de traitement avant recristallisation. valeurs maximales admissibles de résistivité. Les valeurs ici indi-
quées se réfèrent à certaines de ces normes.

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P
O
U
Résistivité des métaux R

E
par Michel FALLOU N
Ingénieur de l’École Supérieure d’Électricité
Ancien chef du Département Machines Électriques à la Direction des Études
et Recherches d’Électricité de France
S
Références bibliographiques A
[1] PASCAL (P.). – Nouveau traité de chimie miné-
rale. Masson et Cie (1958).
(Dans ce traité, qui comporte plus de
V
18 volumes, le lecteur trouvera des centaines
de références de publications rapportant des
mesures de résistivité).
O
[2] CHRÉTIEN (A.) et FREUNDLICH (W.). – Le
tungstène. [1] (1986).
I
[3]

[4]
Documentation technique sur les fils et alliages
d’aluminium. Péchiney Paris.
WISE. – Proceedings of Institution of Radio-
R
engineers. Tome 25, p. 714 (1937).

P
Normalisation L
Association française de Normalisation AFNOR
NF C 30-010 2-30
NF C 34-120 9-76
Cuivre type recuit. Spécification.
Câbles en aluminium-acier pour lignes aériennes. Règles.
U
S
1 - 1988
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