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Acoustique Des Salles

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Acoustique des salles

par Jacques JOUHANEAU


Professeur au Conservatoire National des Arts et Métiers (CNAM)

1. Généralités ................................................................................................. C 3 360 - 2


1.1 Comportement du son dans une salle....................................................... — 2
1.2 Notion d’impédance d’une paroi................................................................ — 4
1.3 Modes propres de résonance d’une salle.................................................. — 5
1.4 Principes de l’acoustique géométrique ..................................................... — 7
1.5 Réflexion et absorption sous incidence rasante ....................................... — 8
2. Étude du champ réverbéré dans un local .......................................... — 9
2.1 Densité d’énergie d’une onde acoustique ................................................. — 9
2.2 Champ sonore réverbéré dans un local..................................................... — 10
3. Temps ou durée de réverbération d’un local ................................... — 12
3.1 Absorption d’une salle selon les hypothèses de Sabine.......................... — 12
3.2 Détermination du temps de réverbération d’un local
selon les hypothèses d’Eyring.................................................................... — 14
3.3 Fréquence de coupure d’une salle ............................................................. — 17
4. Méthodes de détermination des caractéristiques
acoustiques d’une salle .......................................................................... — 17
4.1 Évaluation des niveaux sonores dans un local ......................................... — 17
4.2 Mesure des coefficients d’absorption........................................................ — 19
5. Étude des champs réverbérés stationnaires
dans les locaux couplés ......................................................................... — 21
5.1 Échanges d’énergie réverbérée entre deux locaux communiquant
par une ouverture ........................................................................................ — 21
5.2 Transmission d’énergie réverbérée entre deux locaux séparés
par une cloison acoustiquement transparente ......................................... — 21
5.3 Traitement acoustique des locaux couplés ............................................... — 22
5.4 Ondes stationnaires dans les salles couplées........................................... — 24
Coefficients d’absorption de différents matériaux.
Critères d’évaluation de la qualité des salles ........................................... Form. C 3 360

ompte tenu de la complexité des lois physiques qui régissent les phéno-
C mènes de propagation, d’absorption et de diffraction par les obstacles,
l’étude de l’acoustique des salles ne peut être abordée qu’à partir de modèles
simplifiés reposant, tantôt sur des lois analogues à celles de l’optique géo-
métrique, tantôt sur des lois ondulatoires, tantôt sur des lois statistiques.
2 - 1995

Lorsque ces modèles sont en défaut, on tente d’expliquer les phénomènes


observés en faisant appel à des distributions :
— temporelles, pour les régimes transitoires ;
— modales, pour les régimes permanents.
Ces distributions mettent en évidence les limites de validité des lois statistiques.
Dans les cas où la géométrie des salles devient trop complexe et où aucune
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des approches précédentes ne donnent satisfaction, il devient nécessaire de faire


appel à des théories mettant en jeu des bilans d’échange d’énergie. Les lois qui
en résultent s’appliquent aussi bien aux différentes parties d’une même salle
qu’aux ensembles constitués de plusieurs locaux, juxtaposés ou non.

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur, traité Construction C 3 360 − 1
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Mais l’étude complète d’une salle attribue une importance croissante aux effets
perceptifs. Sa description passe par l’introduction d’un certain nombre de critères
susceptibles de traduire les différentes composantes entrant dans la définition
de la qualité des salles.

Notations et symboles 1. Généralités


Symbole Définition 1.1 Comportement du son dans une salle
A absorption totale d’une salle 1.1.1 Facteurs déterminants du champ acoustique
B–3 largeur de bande à – 3dB
Une source sonore placée dans un espace fermé rayonne en
c célérité de propagation des ondes sonores
général dans toutes les directions.
E périmètre relatif (= périmètre/surface) puissance du
son Les ondes sonores se propagent vers les limites du volume et
entrent en contact avec les parois ou les obstacles. Leur compor-
Ec énergie cinétique
tement obéit à des lois qui dépendent principalement des caracté-
Ep énergie potentielle ristiques du signal émis et de l’impédance des matériaux rencontrés.
f fréquence Les principaux facteurs qui interviennent dans la structure du
fc fréquence de coupure d’une salle champ rayonné sont (figure 1) :
f Imn fréquences propres d’une salle rectangulaire — la source sonore dont les caractéristiques fondamentales sont :
ID intensité dans un champ direct • répartition temporelle (signaux continus, intermittents, impul-
sionnels, etc.) ;
IR intensité du champ réverbéré • la composition spectrale (bande passante, spectre de raies,
k1 , k2 coefficients de couplage de deux salles colorations, etc.) ;
communicantes • la puissance ou l’énergie rayonnée ;
 libre parcours moyen d’une salle • la directivité ;
LI niveau d’intensité acoustique — le milieu de propagation, en général l’air, supposé homogène
Lp niveau de pression acoustique et isotrope en l’absence de perturbations susceptibles de créer des
variations locales de pression (températures, hygrométrie, courants
Lw niveau de puissance de la source d’air) ou des dispersions (humidité, poussières, particules).
m (f) densité spectrale ou modale
Il est à noter que cette stabilité et cette homogénéité sont rarement
m coefficient d’atténuation des ondes sonores obtenues dans les locaux industriels (machines chauffantes, aéra-
M indice de recouvrement modal tion, pollution...) et, à un degré moindre, dans les salles de concert
pression (gradient de température dû à la présence du public) ;
p
facteur de directivité — la nature des parois et des obstacles. Selon la nature et la forme
Q
des obstacles rencontrés (murs, cloisons, tentures, auditoire...), le
r coefficient de réflexion comportement des ondes sonores est extrêmement variable. Il est
r0 rayon critique = rayon de réverbération régi par deux familles de lois : les lois de la diffusion et les lois de
R indice d’affaiblissement l’absorption.
 constante de la salle Les effets de diffusion sont dus principalement à la superposition
des phénomènes de réflexion, réfraction et diffraction.
Rp coefficient de réflexion en pression (valeur complexe)
L’absorption résulte surtout de la réfraction-transmission à l’inter-
TR temps ou durée de réverbération
face de deux milieux et de toutes les formes de dissipation qui lui
Wa énergie absorbée sont associées.
WR énergie réverbérée
X, Y, Z dimensions d’une salle rectangulaire 1.1.1.1 Diffusion
z impédance acoustique spécifique réduite (valeur Nota : ne pas confondre la diffusion (en anglais scattering ) et la dispersion (en anglais
complexe) dispersion ). La dispersion est le phénomène de variation de la célérité du son en fonction
Z impédance acoustique spécifique (valeur complexe) de la fréquence. Bien que les milieux dispersifs soient en général dissipatifs, la dispersion
n’implique pas nécessairement une perte d’énergie.
α coefficient d’absorption
αE coefficient d’absorption énergétique moyen La diffusion du son est le résultat de tous les changements de direc-
tion des ondes sonores provoqués simultanément par les phéno-
αn coefficient d’absorption sous incidence normale
mènes de réflexion, de réfraction et de diffraction.
ε densité moyenne d’énergie
εi densité d’énergie instantanée Réflexion : changement de direction de l’onde sonore arrivant sur
une paroi sous incidence donnée et réfléchie suivant les lois de
ρ0 masse volumique de l’air
Descartes.
τ constante de temps d’une salle
τ coefficient de transmission d’énergie Réfraction : changement de direction de l’onde sonore dû aux
variations de la vitesse de propagation dans le milieu (fluides inho-
mogènes).
Diffraction : changements de direction de l’onde sonore provo-
qués par les obstacles (ou les inhomogénéités du milieu).

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L’absorption est due à plusieurs phénomènes pouvant se produire


simultanément : la réfraction, la transmission et la dissipation.
■ Réfraction et transmission
Les lois de réfraction due au passage d’un milieu homogène à un
autre sont analogues à celles de l’optique : le changement d’impé-
dance du milieu de propagation provoque un changement de célérité
du son et une variation de la direction du front d’onde.
Dans le cas où l’obstacle a une épaisseur finie (paroi), le pinceau
sonore diffracté peut se réfléchir sur la seconde surface et revenir
partiellement vers la première où il sera à nouveau réfracté/réfléchi,
rejoignant avec un retard τ la première réflexion directe de l’onde
incidente.
Il en résulte qu’une fraction de l’énergie peut être transférée dans
le matériau et s’y trouver en partie absorbée, en partie transmise
vers l’extérieur.
■ Dissipation
Les phénomènes de la dissipation interviennent à tous les niveaux.
Peu importante dans l’air, la dissipation devient prépondérante dans
la matière condensée et particulièrement à l’interface de deux
milieux. L’énergie acoustique finit toujours par se dissiper sous
forme de chaleur.
En pratique, absorption et diffusion interviennent simultanément
et la complexité des lois, mises en jeu au cours des multiples
réflexions successives qui se produisent après l’émission d’un son,
ne permet pas d’aborder l’acoustique des salles autrement que par
des méthodes statistiques.
Ces méthodes impliquent un choix de critères variés plus ou moins
complémentaires selon qu’ils s’appuient sur une approche géo-
métrique, ondulatoire, statistique ou perceptive des lois fondamen-
tales de l’acoustique des salles.

Figure 1 – Phénomènes de diffusion et d’absorption


1.1.2 Représentation simple
des ondes sonores dans un espace clos des phénomènes de propagation

1.1.2.1 Propagation d’une onde. Trajet d’un rayon


■ Réflexion spéculaire
On appelle lois de réflexion spéculaire, les lois de réflexion L’approche géométrique de l’acoustique des salles s’appuie essen-
analogues à celles de l’optique de Descartes. Ces lois permettent tiellement sur une représentation graphique des phénomènes de
d’établir des relations géométriques ou statistiques sur la répartition propagation.
du son dans un local. Elles sont à l’origine des méthodes d’analyse Dans le cas très simple d’une source omnidirectionnelle située
« par rayons sonores » ou par « sources images ». dans une salle parallélépipédique, le tracé des fronts d’onde atteint
Ainsi, dans l’hypothèse d’une source omnidirectionnelle placée très vite des dimensions rédhibitoires et n’est envisageable que pour
dans un local parfaitement réfléchissant de forme connue, il est pos- rendre compte des toutes premières réflexions. Le tracé s’effectue
sible d’étudier le champ sonore résultant : à partir des images de la source engendrées par réflexion spéculaire
— soit à partir du trajet suivi par un rayon ayant accompli un sur les parois, c’est la méthode des sources images.
nombre suffisant de réflexions (moyenne temporelle) ; Ainsi, dans la représentation bidimensionnelle de la figure 2, le
— soit à partir d’un grand nombre de rayons pris au hasard dans tracé des fronts d’onde devient inextricable au-delà de 100 ms.
toutes les directions et ayant effectué un nombre limité de réflexions La représentation des propagations dans un local s’effectue de
(moyenne spatiale). façon plus simple à partir d’un tracé de rayons. Chaque rayon, per-
Dans tous les cas, il est également possible de prendre en compte pendiculaire au front d’onde, peut être considéré comme l’image
les images des sources données par les parois et de tracer en tout d’un pinceau sonore infiniment fin et son trajet peut être suivi
point la résultante des rayons issus de chacune des sources réelles pendant un temps assez long.
et virtuelles. Dans le cas de la figure 3, le tracé du pinceau sonore peut se
■ Diffraction poursuivre bien au-delà de 300 ms.
Les lois de la diffraction caractérisent les perturbations du champ Cette représentation peut être effectuée de façon assez correcte
sonore dues à la présence d’un obstacle. Ces lois sont extrêmement par ordinateur. Il est possible alors de créer des modèles simplifiés
complexes et les méthodes analytiques permettant de calculer le dans lesquels un pinceau sonore part de la source avec une certaine
champ diffracté, à partir d’hypothèses simplificatrices (Fresnel, énergie et perd à chaque réflexion, sur une surface d’indice i, une
Sommerfeld, Keller...), ne sont applicables que pour des obstacles fraction αi de son énergie.
de forme simple (écrans semi-infinis, arêtes, sphères...). Le tracé d’un grand nombre de rayons (> 100 000) peut ainsi
donner une première idée du comportement du son dans la salle.
1.1.1.2 Absorption Ce mode de représentation est appelé méthode des rayons.
L’absorption est le résultat de la perte d’une fraction de l’énergie
sonore de l’onde incidente en contact avec une paroi ou un obstacle.
Cette absorption peut être nulle (réflexion parfaite) partielle ou totale
(ouverture sur un espace infini).

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Figure 4 – Représentation bidimensionnelle du trajet


de l’onde directe et des premières réflexions
dans un local à parois d’impédance infinie

de dissocier les différentes composantes du son. Le champ résultant,


observé au point M, est alors appelé champ diffus.
Figure 2 – Représentation bidimensionnelle de l’évolution
d’un front d’onde induit par une source monopolaire On distinguera donc (figure 5) :
dans un local de 10,2 m × 6,8 m × z — le champ direct dont la valeur ne dépend que des caractéris-
tiques de la source (niveau de puissance et directivité) et de la dis-
tance source-point de mesure ;
— le champ réverbéré qui comprend par définition :
• le champ des réflexions successives dont l’ensemble forme la
texture du son,
• le champ diffus dont on admettra, en première approximation,
qu’il est homogène et isotrope dans tout le volume du local à un
instant donné, c’est-à-dire constitué d’une infinité d’ondes planes
se propageant dans toutes les directions.
Il faut noter que si t D ne dépend que de la distance source-
récepteur, les durées t 1 , t 2 , ..., t n dépendent à la fois de cette dis-
tance et de la position relative de la source et du microphone par
rapport aux parois, donc du volume de la salle.

1.1.2.3 Propagation en régime transitoire


Si une source émet, à partir d’un instant t = 0 pris comme origine,
un son permanent de niveau constant, l’incidence des réflexions suc-
cessives se traduit par une suite d’échelons énergétiques.
Cette représentation cumulative permet de rendre compte de la
croissance progressive du son en un point donné de la salle. Le tracé
Figure 3 – Représentation bidimensionnelle du trajet correspondant (figure 16) sera en partie discontinu (premières
d’un rayon sonore dans le local de la figure 2 réflexions), en partie quasi continu (champ diffus). Une théorie statis-
tique permet de déterminer la valeur moyenne de cette courbe et
sa nature exponentielle (cf. § 2.2.3).
1.1.2.2 Propagation d’une impulsion sonore De même, à l’arrêt de la source, on observe une décroissance de
Dans une salle, le son issu d’une source émettrice se propage dans l’énergie sonore. Les lois de décroissance sont révélatrices de cer-
toutes les directions. taines propriétés de la salle, dont la durée de réverbération.
Pour effectuer le parcours d’un point source à un point d’obser- Pour éviter le caractère discontinu de la fonction de croissance
vation, il peut emprunter une infinité de trajets respectant les lois des sons, il est préférable de mettre en évidence les propriétés réver-
de la réflexion spéculaire (figure 4). bérantes de la salle, à partir de la fonction de décroissance.
Une source sonore S émet, à l’instant t = 0, une impulsion dans
une salle de volume V. Un microphone situé en M reçoit successi-
vement : 1.2 Notion d’impédance d’une paroi
— le signal porté par l’onde directe D, atténué par la divergence
sphérique et l’absorption de l’air. Ce signal arrive en M au temps Les lois de la réflexion spéculaire ne sont applicables que dans
t D = SM/c (c étant la célérité du son) ; les situations simples : sources omnidirectionnelles, salles rectan-
— le signal formé par la première des réflexions (celle qui a suivi gulaires, impédances des parois infinies, etc.
le plus court chemin). Ce signal, atténué par la divergence sphérique En réalité, les parois présentent toujours une impédance complexe
et l’absorption murale, arrive au temps t1 = (SR + RM)/c ; et il convient de bien connaître les limites de validité des hypothèses
— les signaux fournis par les réflexions d’ordre 1 (réflexion sur simplificatrices que l’on utilise.
une seule paroi), d’ordre 2 (réflexions sur 2 parois),..., d’ordre n,
constituent une série de raies dont la densité croît avec le temps Les lois physiques permettant de décrire les phénomènes de
tandis que leur amplitude décroît avec la distance parcourue, le réflexion seront étudiées en détail dans le paragraphe 4. Pour mieux
nombre de réflexions et la nature des matériaux rencontrés. Ces comprendre les notions introduites dans cet article, un bref rappel
réflexions arrivent (successivement) aux temps t 2 , t 3 , ..., t n . Quand des relations fondamentales est donné ici.
la densité des réflexions est trop importante, il n’est plus possible

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Soit Z = ρ0 cz, l’impédance acoustique spécifique d’une paroi et z


son impédance acoustique spécifique réduite.
Le coefficient de réflexion en pression d’une onde arrivant sous
incidence normale a pour expression :
Rp = (Z – ρ0 c )/(Z + ρ0 c ) = (z – 1)/(z + 1)
et le coefficient d’absorption sous incidence normale est défini par
le rapport :
αn = 1 – | R p | 2
D’où, en posant z = r + jx :
4r
α n = ---------------------------------
x 2 + ( r + 1 )2
Ainsi l’absorption est nulle sur les parois d’impédance infinie
(r → ∞) et sur les parois d’impédance nulle (r, x = 0).
De même pour une onde arrivant sous incidence oblique θ, on
a:
Rp (θ ) = (z cos θ – 1)/(z cos θ + 1)
4 r cos θ
d’où : α ( θ ) = ----------------------------------------------------------------------
-
( x cos θ ) 2 + ( r cos θ + 1 ) 2
Le coefficient d’absorption varie avec l’incidence de l’onde.
L’exemple de la figure 6 donne le tracé du coefficient α = f (θ ) pour
trois parois d’impédance réelle (x = 0) et trois valeurs de r : 1 ; 4 et 1/4.
La réflexion sur les parois aura plusieurs conséquences, dont les
plus importantes sont :
— l’apparition d’ondes stationnaires (cf. § 1.3) ;
— pour les ondes d’incidence normale :
• l’existence d’une vitesse nulle et d’un maximum de pression au
niveau des parois d’impédance infinie,
• la décroissance du niveau de pression avec la distance à la
paroi et la largeur ∆f de la bande du signal ;
— pour les ondes arrivant sous incidence aléatoire :
• l’existence d’un maximum de pression sur les parois,
• la décroissance de l’amplitude de l’onde avec la distance aux
parois.

1.3 Modes propres de résonance Figure 5 – Distribution temporelle schématique


d’une impulsion sonore (émise au temps t = 0)
d’une salle

1.3.1 Cas des parois d’impédance infinie

On considère une source située entre deux murs plans parallèles,


distants d’une longueur Z. L’onde parallèle aux parois aura, en pre-
nant comme repère un axe Oz perpendiculaire au front d’onde, une
amplitude vibratoire d’expression :
s (z ) = a sin (kz +γ )
Les conditions limites des parois imposent :
s (0) = s (Z ) = 0 d’où γ = 0 et a sin kZ = 0
soit kZ = n π et les fréquences propres générées par la présence des
deux parois seront données par :
c n
f n = ----- ------
2 Z Figure 6 – Variation théorique du coefficient d’absorption
d’une paroi d’impédance réelle avec l’angle d’incidence
Dans une salle parallélépipédique rectangulaire de dimensions
XYZ, l’élongation en un point quelconque de la salle est une fonction
isotrope de l’espace.

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D’où s (x, y , z ) = s x (x ) s y (y ) sz (z ) et l’équation d’ Helmholtz Les principales conséquences de cet effet sont :
(∇2 + k 2)s (x, y, z ) = 0 peut se décomposer en : — le déséquilibre de la balance spectrale ;
2
— la redondance temporelle qui induit un effet de bourdonnement
d 2 s x / dx 2 + k x s x = 0 désagréable (effet de tonneau) ;
— le masquage des régions moyennes du spectre (les fréquences
2
d 2 sy / d y 2 + k y sy = 0 basses sont les plus gênantes et entraînent une perte d’intelligibilité).
2
d 2 sz / d z 2 + k z sz = 0
1.3.2 Cas des parois d’impédance complexe
Les conditions limites des parois :
En général, l’impédance des matériaux qui recouvrent les parois
s (0, y, z ) = s (X, y, z ) = s (x, 0, z ) = ... = 0
d’une salle a un module élevé mais non infini. Le système d’ondes
conduisent alors à la solution : stationnaires est alors modifié, parfois dans des proportions impor-
tantes, en amplitude, en phase et même en fréquence.
s (x, y, z ) = A sin kx x sin ky y sin kz z
Quand l’impédance est réelle mais finie, on observe toujours un
et les fréquences propres de la salle sont données par la relation : maximum de pression p au niveau des murs, mais l’amplitude des
ondes stationnaires varie avec la distance aux parois (figure 8).
2 2 2
k2 = k x + k y + k z Quand l’impédance est imaginaire, la pression acoustique
entraîne une mise en vibrations des parois et la vitesse particulaire
avec k x = l π /X, k y = m π /Y et k z = n π / Z, (l, m et n = 0, 1, 2 ...) de l’onde n’est plus nulle sur leur surface.
d’où les fréquences propres : Le maximum de pression est alors localisé à une certaine distance
des murs. Enfin, la présence d’écrans (rideaux, panneaux mobiles,
c l2 m2 n2 parois meublées, etc.) provoque des discontinuités dans le champ
f lmn = ----- -------- + --------- + -------
2 X2 Y2 Z2 d’ondes stationnaires.
Ainsi les modes propres d’une salle rectangulaire comprennent :
— les modes propres fondamentaux des 3 systèmes « fermés
aux deux bouts » que constituent les parois parallèles f100 , f 010 et
f 001 ainsi que leurs harmoniques f l00 , f 0m0 et f 00n . Ce sont les modes
axiaux ;
— les modes combinés correspondant aux systèmes d’ondes
stationnaires perpendiculaires à l’une des parois. Soit f lm0 , f l0n et
f 0mn . Ce sont les modes tangentiels ;
— les modes obliques pour lesquels l , m et n sont différents de 0.
Tous ces modes ont une importance particulière en basse fré-
quence car ils constituent un réseau de raies discrètes (figure 7) qui
donnent à la salle une coloration difficilement acceptable sur le plan
perceptif. Les raies trop importantes ou trop « isolées » sont en effet
toujours perçues comme gênantes dans le domaine des basses fré-
quences où elles donnent à la salle un rendu sourd et confus.

Figure 8 – Distribution des pressions quadratiques


d’un système d’ondes stationnaires
entre 2 parois d’impédance complexe (Z = R + j X )

Figure 7 – Mode propre de résonance d’une salle rectangulaire


de 10,2 × 6,8 × 3,4 m

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1.3.3 Conséquences de la présence 1.4.2 Réflexions sur les surfaces courbes


des ondes stationnaires
Les réflexions d’une source ponctuelle sur les surfaces courbes
En l’absence de tout traitement, la réponse en fréquence d’une n’engendrent pas des images sources ponctuelles, mais des images
salle parallélépipédique présente une suite de pics d’amplitudes qui étendues ou diffuses (réelles ou virtuelles). Les images définies sont
correspondent aux fréquences propres de la salle. Leur densité croît le résultat de phénomènes de focalisation (figure 10) ou de galeries
avec la fréquence. à écho (figure 11).
Comme pour la distribution temporelle des réflexions de la Une source située à proximité d’une surface cylindrique peut,
réponse impulsionnelle, la distribution fréquentielle des modes pour certaines incidences, se retrouver en phase avec la source
propres comprend : après avoir effectué un tour complet. Il y a, dans ce cas, amplifica-
— une suite de valeurs discrètes en basse fréquence ; tion du signal, particulièrement audible pour les auditeurs placés
— une partie « diffuse » quand la fréquence devient supérieure sur la trajectoire des rayons sonores.
à une certaine valeur que l’on appellera « fréquence de coupure de En acoustique architecturale, les focalisations sont indésirables car
la salle » (cf. § 3.3). elles concentrent l’énergie sur une zone limitée de la salle, pouvant
Un autre inconvénient de la présence des ondes stationnaires est créer un accroissement local important de l’énergie contenue dans
la création d’inégalités de répartition de l’énergie qui favorise les premières réflexions au détriment d’autres emplacements.
certaines places au détriment des autres. Dans la plupart des situations où l’architecture impose la conser-
Dans tous les cas, les ondes stationnaires sont à proscrire. La façon vation des dômes ou des cavités, un traitement local doit être
la plus sûre de les éviter consiste à construire des salles de formes effectué.
irrégulières évitant les formes géométriques simples (parois paral- Dans ce cas, les solutions les plus couramment envisagées sont
lèles, cylindriques, sphériques, etc.). La plupart des grandes salles basées sur l’absorption, la diffusion et la transmission.
de spectacles sont édifiées sur ce principe.
La grande majorité des locaux possède une forme parallélépipé-
dique et le risque d’apparition d’ondes stationnaires doit être étudié
en priorité. En effet, tant que ces ondes subsistent, il n’est guère pos-
sible de mesurer les principaux paramètres caractéristiques du local
(réponse en fréquence, temps de réverbération, clarté, etc.) et un
traitement énergique des parois s’impose.
De façon générale, la réponse de la salle dépend étroitement des
positions relatives de la source et du microphone, et, pour éviter la
disparité des mesures introduite par l’apparition des modes propres,
il est nécessaire d’opérer par une méthode de modulation rapide
ou par analyse en bandes de bruit, car l’amplitude des ondes station-
naires au centre d’une pièce varie en raison inverse de la largeur
de bande de bruit blanc utilisé.
La mise en évidence des modes propres par la mesure est aisée
et donne, dès lors que les parois sont assez rigides, une bonne
concordance avec les valeurs théoriques.
Le nombre de modes excités dépend cependant des positions res-
pectives de la source et du point de mesure. Le maximum de modes
est obtenu en plaçant la source et le microphone dans les angles
du local.
Si l’on place le microphone (ou le haut-parleur) au centre du local,
seuls les modes pairs (2l, 2m, 2n ) seront observés.

1.4 Principes de l’acoustique géométrique


Figure 9 – Réflexions des 1er (S’), 2e (S’’) et 3e (S’’’) ordres
L’approche géométrique de l’acoustique des salles repose sur le à l’intersection de deux parois
postulat de l’équivalence des lois de la réflexion des ondes sonores
avec celles des rayons lumineux.
Ces lois ont pour conséquence l’existence de sources images vir-
tuelles qui permettent, dans les configurations les plus simples, de
prédire le degré d’homogénéité du son dans les salles et de déter-
miner des défauts majeurs (focalisations, échos...) ainsi que les solu-
tions à y apporter.

1.4.1 Réflexions sur les surfaces planes


Une source sonore placée devant une paroi réfléchissante donne
lieu à une source virtuelle symétrique de la source réelle par rapport
à la surface de réflexion. C’est la source image d’ordre 1.
Figure 10 – Principe de la focalisation sur une surface courbe
La présence d’une seconde paroi donne lieu à l’apparition de
2 sources images d’ordre 2 et de 0, 1 ou 2 sources images d’ordre
3 suivant la nature de l’angle que forment les deux parois. Toutes
ces images s’obtiennent par tracé géométrique (figure 9).

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1.4.3 Échos 1.4.4 Contribution des réflexions contrôlées


à l’amélioration de l’acoustique des salles
La limite du phénomène de fusion, qui donne de la superposition
de l’onde directe et de l’onde réfléchie une image unique, est d’envi- Dans de nombreuses situations, la disposition des matériaux réflé-
ron 50 ms. Au-delà, l’oreille distingue deux sons décalés dans le chissants permet d’améliorer sélectivement l’acoustique des salles.
temps : il y a écho. Le cas le plus fréquent est celui des réflecteurs de scène qui per-
La condition d’apparition de l’écho correspond donc à une diffé- mettent aux musiciens ou aux acteurs d’avoir un « retour » optimal
rence de marche supérieure à 17 m. de l’onde directe, un temps de réverbération de scène inférieur à
Pour des salles de forme complexe ou couplées, il peut y avoir celui de la salle et un renforcement du son dans certaines zones
apparition d’échos multiples ou répétitifs (figure 12). faibles de la salle (loges, balcons, angles morts, etc.).
Parmi ceux-ci, certains ont un caractère périodique donnant lieu
à une perception plus ou moins accentuée de hauteur. Les plus fré-
quents sont l’écho tonal et le flutter echo. 1.5 Réflexion et absorption
■ Écho tonal (en anglais picket-fence echo, c’est-à-dire « écho en sous incidence rasante
palissade »)
Un son bref peut être suivi d’une série rapide d’impulsions réflé-
chies. Dans le cas où la série des réflexions apparaît sous forme Aucune des expériences précédentes ne permet d’étudier l’absor-
d’impulsions équidistantes, la fusion peut donner lieu à la perception ption du son sous incidence rasante.
d’une hauteur liée à la fréquence de ces impulsions, d’où le quali- Or cette configuration est particulièrement intéressante, car elle
ficatif de « tonal » associé à l’écho. Le cas le plus fréquent d’écho se présente dans toutes les salles à plancher plat dont la scène n’est
tonal est rencontré dans les amphithéâtres à gradins, les théâtres pas surélevée. Dans ce cas, le son arrive au niveau de la tête des
antiques ou les salles présentant des structures périodiques auditeurs sous incidence presque rasante.
(figure 12). La théorie et l’expérience montrent que, quand l’angle d’incidence
■ Flutter écho θ atteint 90o, l’absorption, qui tend vers 0 quand θ tend vers π /2,
fait subir au rayon une réflexion totale. Cette réflexion possède les
Sous certaines conditions, il peut se produire, entre deux murs mêmes propriétés qu’un rayon optique sur un miroir ou une onde
parallèles, une série d’allers-retours de l’onde sonore qui constituent acoustique sur un plan d’impédance : elle se produit avec un
le flutter écho. déphasage de 180o.
Les conditions d’obtention de ce type d’écho sont : Les auditeurs se trouvent donc soumis à deux ondes pratiquement
— l’existence de deux portions de parois réfléchissantes oppo- en opposition de phase (onde directe et onde réfléchie) et perçoivent
sées, pas trop éloignées ; un affaiblissement du niveau sonore (figure 13).
— la présence de parois absorbantes autour des parties réflé- Cette atténuation est supprimée dès que (π /2) – θ atteint quelques
chissantes. degrés, donc dès que l’on s’élève au-dessus du plan d’incidence
Exemple : entre deux murs de 7 m, on a 25 allers-retours par rasante. Cet effet de basculement de phase de l’onde est générale-
seconde. Le flutter écho aura donc une composante à 25 Hz. ment atténué par les réflexions sur le plafond en salle, mais peut
devenir très marqué en extérieur.

Figure 11 – Principe des ondes de galeries à écho

Figure 13 – Courbes d’atténuation du son d’un auditoire


placé dans les conditions d’incidence rasante.
Source et microphone sont situés à 1,15 m du sol

Figure 12 – Échos multiples dans une salle de forme complexe

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En effet si, dans un champ diffus, la pression acoustique –


scalaire – conserve tout son sens, la grandeur vectorielle que
constitue la vitesse vibratoire de l’onde n’a plus guère de significa-
tion.
Inversement, la densité d’énergie peut être évaluée aussi bien dans
le cas d’un champ direct que dans celui d’un champ diffus.

2.1.1 Densité d’énergie d’une onde sphérique


(champ direct)
Toute onde qui se propage dans un solide ou dans un fluide est
Figure 14 – Courbe d’exacte compensation de l’effet d’incurvation porteuse d’énergie. Si l’on considère un volume V0 assez petit pour
due à l’absorption par l’auditoire que les particules qu’il contient se déplacent à la même vitesse v,
on pourra admettre que l’énergie cinétique de cet élément est :
Il a été mis en évidence expérimentalement par comparaison 1
avec un son de référence émis par écouteur sur une oreille (Von E c = ----- ρ 0 V 0 v 2
2
Bekesy) ou par des mesures sur maquette (Schutz et Watters,
1964). et son énergie potentielle (égale au travail que la pression devra four-
Il est maximal pour les fréquences dont la longueur d’onde vaut nir pour entraîner une variation de volume dV ) est :
environ 4 fois la hauteur sol-tête.
 
V V
V0
L’effet d’interférence peut entraîner, pour certaines fréquences, Ep = – p d V = ---------- pdp
des différences de niveau pouvant atteindre 15 à 18 dB. V0 ρ0 c V0

Par ailleurs, l’absorption a une autre conséquence : l’inclinaison D’où l’énergie totale contenue dans V 0 :
du front d’onde. L’absorption d’une partie de l’énergie sonore par
frottement tangentiel (dispersion) entraîne une rotation du front ρ0 p2
d’onde, mise en évidence par Janowsky et Spandöck (1937). E = E c + E p = ------ v 2 + ----------------2- V 0
2 ( ρ0 c )
La compensation de cette dérive s’obtient par incurvation du
plancher. La ligne d’exacte compensation se détermine par une équa- On appelle densité d’énergie totale instantanée la quantité :
tion de la forme θ = θ0 ln (r /r 0) (spirale logarithmique), r 0 étant la dis-
tance à la source du 1er rang d’auditeurs et θ0 l’angle sous lequel ρ0 p2
ε i = E/V 0 = ------ v 2 + ----------------2-
on voit ce premier rang en prenant le plan horizontal comme réfé- 2 ( ρ0 c )
rence (figure 14).
En pratique, on cherchera toujours (surtout en extérieur) à déter- C’est une énergie volumique (en J/m3) dont la valeur moyenne
miner une dénivelée supérieure ou égale à celle que donne la spi- dans l’intervalle de temps [0, t ] est :
rale, afin d’éviter l’effet d’absorption sous incidence rasante.

t
1
ε = ----- i dt
t 0

2. Étude du champ réverbéré ε est la densité moyenne d’énergie de l’onde considérée.

dans un local Remarque : pour une onde progressive plane p = ρ0cv, la densité
d’énergie se réduit à :
Devant le nombre et la complexité des lois qui régissent le rayon-
nement, la propagation et le comportement des ondes en présence ε = p m v m /2 c = I / c
d’obstacles, il est actuellement impossible de déterminer avec pré-
cision l’évolution du champ acoustique à l’intérieur d’un local.
Par ailleurs, la recherche des critères de qualité d’une salle conduit 2.1.2 Densité d’énergie d’un champ diffus
à une grande diversité de paramètres physiques susceptibles d’être
pris en compte dans la définition même de la qualité. La salle peut être considérée comme un volume fermé contenant
En pratique, les utilisateurs souhaitent caractériser un local à une certaine quantité d’énergie sonore que l’on supposera unifor-
partir d’un minimum de grandeurs, mais cette tendance à vouloir mément répartie. Chaque élément de surface des parois de la salle
« chiffrer » la salle est difficilement concevable dans le cadre strict reçoit donc une énergie qui peut être considérée comme la somme
de l’approche géométrique. de toutes les énergies issues de chacun des éléments de volume
dV qui composent la salle.
Toute appréciation globale de la qualité intrinsèque d’un local
nécessite une formulation statistique. Si ε est la densité moyenne d’énergie de la salle, l’énergie contenue
dans un élément de volume dV sera ε dV (figure 15).
On choisit, comme élément de volume dV, la couronne de section
2.1 Densité d’énergie r d θ d r et de longueur 2 π R (= 2 π r sinθ ), soit :
d’une onde acoustique dV = 2 πr 2 sinθ dr dθ
Ce volume élémentaire contient une énergie ε dV qui est rayonnée
À la différence des champs d’ondes directs ou stationnaires qui dans tout l’espace.
peuvent être entièrement déterminés par les deux composantes,
pression et vitesse particulaire, l’étude des champs réverbérés Un élément de paroi dS recevra donc une fraction d Ω /4π de cette
nécessite l’introduction d’une autre grandeur locale : la densité énergie, soit dS cos θ /4 π r 2.
d’énergie.

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2.2.2 Variation de la densité d’énergie


dans une salle
Toute variation de puissance d’une source sonore dans une salle
entraîne une variation de la densité d’énergie. Cette variation ne
s’effectue pas de façon uniforme en raison de la présence de l’onde
directe. C’est la raison pour laquelle il convient de séparer le champ
acoustique en deux composantes :
— une composante directe due à l’onde divergente n’ayant pas
encore rencontré d’obstacles ;
— une composante réverbérée qui comprend la totalité des ondes
ayant subi au moins une réflexion.
Pour évaluer la valeur de cette composante, on admet générale-
ment que la densité d’énergie réverbérée est, à un instant donné,
uniforme en tout point de la salle. C’est l’hypothèse de la diffusion
homogène.
Cette hypothèse permet de déterminer l’amplitude du champ
acoustique par sommation des champs direct et réverbéré.

Figure 15 – Énergie diffuse émise par un élément de volume dV


sur un élément de surface d S 2.2.3 Établissement du son réverbéré dans un local

En une seconde, le son parcourt une distance r = c et la surface Dans une salle de volume V, on dispose une source sonore qui
dS reçoit donc pendant cet intervalle de temps une énergie : émet à partir d’un instant t = 0 un son de puissance constante
E (watts).

dW R =  ε d V d S cos θ
----------------------------------------
4 πr 2
=  ε d S cos θ
------------------------------ sin θ d r d θ
2
L’accroissement de la densité d’énergie réverbérée dans la salle
a pour expression :
dW R /dt = d(ε RV )/dt = V dε R /dt
soit :
Chaque seconde, une partie Wa de l’énergie émise est absorbée
 
c π /2 π /2
ε dS ε dS – cos2 θ par les parois tandis que l’autre fraction (d W R) contribue à l’accrois-
dW R = -------------- dr 2sin θ cos θ d θ = -------------- c -----------------------
4 0 0 4 2 0 sement de la densité d’énergie du champ réverbéré.
Si l’on néglige la composante du champ direct, le bilan des puis-
La relation obtenue dW R = εc dS /4 permet de déterminer l’inten- sances s’écrit :
sité du champ réverbéré dans la salle :
d ( V εR ) Vd ε R Ac ε R
dW R εc E = -------------------
- + E a = --------------
- + ---------------
I R = -------------
- = ------- dt dt 4
dS 4
Cette équation différentielle linéaire, du premier ordre, a pour
Ce résultat est fondamental. solution :
L’intensité mesurée dans un champ direct d’ondes planes pro- 4E
gressives ou dans un champ lointain d’ondes sphériques (ID = εDc ) ε R = -------- [ 1 – exp ( – Act /4 V ) ]
Ac
est 4 fois supérieure à l’intensité du champ réverbéré de même
densité d’énergie (IR = εRc /4), soit ID = 4 IR , si εD = εR . La densité d’énergie réverbérée croît de façon exponentielle avec
La principale conséquence de la présence de ce facteur 4 est l’appa- une constante de temps :
rition d’une différence de 6 dB entre niveau de pression L pR et niveau 4V
d’intensité L IR . τ = --------
2 Ac
En effet, de p R = ρ 0 c 2 ε R et de I R = ε R c /4
on tire L pR = 10 lg ( 4 I R /10 –12 ) proportionnelle au volume de la salle et inversement proportionnelle
à l’absorption.
soit : L pR = L IR + 6 dB Compte tenu de la relation entre intensité et densité d’énergie,
I R = ε Rc / 4, on peut donc déterminer en tout point de la salle la
Ce résultat se comprend mieux, si l’on tient compte du caractère variation d’intensité du champ réverbéré en fonction du temps
vectoriel de l’intensité. (figure 16) :
E
I R = ----- ( 1 – e –t / τ )
A
2.2 Champ sonore réverbéré dans un local
Remarque : la réponse de la salle à une excitation constante
2.2.1 Absorption du son par les parois peut être comparée à la réponse en tension de la charge d’un
condensateur.
Un élément de surface dS absorbe par seconde une fraction α de
l’énergie réverbérée incidente dWR . De E = RC du /dt + u, on tire : u = E (1 – e– t /RC) à l’établissement
du courant et de 0 = RC du /dt + u, on tire u = E e– t /RC ) à l’arrêt de

Soit dWa = α dW R , d’où W a = ( ε c/4 ) α d S = ε cA /4 = A I R .  l’excitation.

L’expression A =  α d S définit l’aire d’absorption totale de la


salle.

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2.2.4 Extinction du son réverbéré dans un local Dans cette expression, L p0 = L w – 10 lg A + 6 est le niveau de
pression stationnaire avant suppression de l’émission sonore (Lw
Si, à un instant t1 , on arrête l’émission sonore, le bilan des énergies étant le niveau de puissance de la source, cf. § 4.1.1.2), d’où la courbe
est toujours décrit par l’équation donnant E du paragraphe 2.2.3 dans de la figure 17.
laquelle E = 0.
Vd ε Ac ε 4E –t / τ
Il reste ------------ + ----------- = 0 dont la solution ε R = -------- e donne : Remarque : la pente de la droite de décroissance a également
dt 4 Ac pour expression :
E –t / τ
I R = ----- e
A m = – 4,35/τ = – 4,35 Ac /4 V = – 370 A /V
et comme le temps de réverbération T R de la salle est 0,16 V /A,
Cette relation traduit la décroissance exponentielle du son dans on peut exprimer la pente de décroissance logarithmique sous la
la salle. forme : m = – 60/T R
La variation d’intensité est à nouveau contrôlée par la constante d’où L p = L p0 – 60 t / T R
de temps de la salle τ = 4V /Ac et sa décroissance peut être évaluée
par un seul paramètre : le temps nécessaire ∆t pour que l’intensité
diminue d’une valeur donnée, c’est-à-dire passe d’une valeur I1 à
une valeur I 2 : Encadré 1 – Rappels des approximations consenties
I1 –t / τ pour l’établissement des formules du chapitre 2
e ∆t / τ
------ - = e
- = ------------------------
– ( t + ∆t ) / τ
I2 e Champ direct = champ d’onde plane.
On prend généralement la valeur de ∆t donnant une décroissance Champ réverbéré = somme du champ des premières réflexions
de 60 dB, d’où 10 lg (I1 / I2) = 60, et comme : et du champ diffus.
Champ diffus = superposition d’une infinité d’ondes planes
ln (I1 / I2) = 2,3 lg (I1 / I2) = 2,3 × 6 = ∆t /τ arrivant uniformément de toutes les directions avec la même
énergie et créant une densité d’énergie homogène dans toute la
on en tire : ∆t = 13,8 τ = 13,8 (4V /Ac ) = 0,16 V /A, pour c = 345,4 m/s salle.
(θ = 24,6 oC). En l’absence de toute précision, on adopte, pour décrire le
∆t est appelé, dans ce cas, le temps ou la durée de réverbéra- champ réverbéré, les lois statistiques du champ diffus extra-
tion de la salle : TR60 ou TR . polées aux premières réflexions
Si l’on introduit le coefficient moyen d’absorption de la salle ∞
α = A /S, on pourra exprimer le temps de réverbération de la salle
∑ pRi
2 2
pR =
sous la forme :
i=1
0,16 V
T R = ------------------
S α
Formule de Sabine  salle pas trop petite
Conditions  fréquence pas trop basse
Rappelons que cette formule a été établie à partir de l’hypothèse de validité  absorption pas trop importante
d’une répartition parfaitement homogène du champ réverbéré dans  point d’observation pas trop près de la source
la salle. Le respect de ces conditions permet d’évaluer la pression
Cette hypothèse n’est jamais observée en pratique, mais la for- quadratique en fonction de la densité d’énergie par la relation :
mule de Sabine sera d’autant mieux vérifiée que la salle sera peu p 2 = ρ0 c 2 ε
absorbante et que le nombre de réflexions considéré sera plus grand.
De même, l’assimilation du champ réverbéré à une infinité d’ondes Cette expression est valable pour le champ direct (kr > 3) et
planes arrivant de toutes les directions n’est acceptable que si les pour le champ réverbéré.
dimensions du local sont assez grandes pour que la pression et la
vitesse particulaire des ondes sphériques soient en phase dès la pre-
mière réflexion.

2.2.5 Représentation logarithmique


des variations de champ réverbéré
à la mise en route et à l’arrêt d’une source
de puissance constante

Des relations précédentes on déduit la variation des niveaux de


pression réverbérée dans la salle à la mise en route de la source
sonore :

  ln  4 ⋅ 10 ----A-  + ln ( 1 – e
10 E –t / τ )
L p = 10 lg ( 4 ⋅ 10 12 I R ) = -------- 12
2,3

et à l’arrêt de l’émission :

10
2,3  A
E

10
2,3  A
E

L p = -------- ln 4 ⋅ 10 12 ----- + ln ( e –t / τ ) = -------- ln 4 ⋅ 10 12 ----- – t / τ Figure 16 – Croissance et décroissance de l’énergie sonore
dans une salle
soit : L p = L p0 – 4,35 t / τ

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Figure 18 – Matériau de surface S2 placé dans un local homogène


d’absorption S 1  1

En pratique, α2 varie avec la surface S2 de l’échantillon et avec


sa position dans la salle. Le mesure est d’autant plus précise que :
Figure 17 – Représentation logarithmique des courbes de croissance
et de décroissance du son dans une salle
■ les hypothèses de Sabine sont mieux vérifiées (diffusion
homogène, local ni trop petit, ni trop absorbant, mesures effectuées
en champ lointain, fréquences supérieures à la fréquence de cou-
pure, etc.) ;
3. Temps ou durée ■ la surface de l’échantillon est plus grande et mieux dispo-
sée. Sabine (1933) a montré que le coefficient d’absorption d’une
de réverbération d’un local surface de fenêtre ouverte augmentait quand cette surface diminuait.
De même, un matériau constitué de N éléments de surface S2/N est
3.1 Absorption d’une salle plus absorbant que le même matériau disposé en une seule surface
S2 (effet de diffraction par les bords).
selon les hypothèses de Sabine Cet effet de diffraction a été mis en évidence de façon expéri-
mentale par de nombreux auteurs.
3.1.1 Absorption murale
Leurs résultats tendent à montrer que le coefficient d’absorption
de Sabine αS est une fonction approximativement linéaire de la lon-
L’intégrale 
S
αdS sur toute la surface de la salle est, en pratique,
gueur relative du périmètre de l’échantillon. Il en résulte que l’on
peut admettre en première approximation que :
difficile à évaluer pour les salles à parois inhomogènes. α S = α ∞ + βE
La formule de Sabine permet cependant d’estimer l’absorption
moyenne de la salle A = Sα. avec αS coefficient d’absorption de Sabine d’un matériau de sur-
face S,
α, coefficient moyen d’absorption, ne peut être mesuré directe-
ment. Son évaluation est liée à la mesure du temps de réverbération α∞ coefficient obtenu pour une surface théoriquement
T R par l’intermédiaire de la formule de Sabine : infinie,
β coefficient caractéristique du matériau et de la fréquence
α = 0,16 V /ST R
test,
Ainsi, pour une salle constituée d’un seul matériau (situation E rapport périmètre/surface du matériau encore appelé
jamais observée en pratique), la seule mesure du coefficient de réfle- périmètre relatif.
xion devrait permettre la détermination du T R de la salle. Note : on admet également que pour des échantillons de forme carrée de côté b, le
La mesure est toutefois délicate et les résultats obtenus par les produit k b est proportionnel à 1/E (k est le nombre d’onde).
différentes méthodes (§ 4.2) sont généralement assez dispersés. La figure 19 illustre ce phénomène également démontré par Ten
Quand la salle comprend plusieurs matériaux de surface Si et de Wolde, Daniel, Kosten, V. Esche, etc.) ;
coefficient d’absorption αi , les hypothèses de Sabine conduisent à ■ les modes propres sont mieux atténués. La présence d’ondes
prendre pour absorption totale la somme des absorptions de chaque stationnaires dans une salle est particulièrement critique pour la
matériau, soit : mesure d’absorption.
A = ∑ Ai = ∑ αi Si = Sα En effet, l’efficacité d’un matériau absorbant croît avec l’amplitude
i i des pressions maximales.
Cette relation, qui a le mérite d’être simple à mettre en œuvre, En présence d’ondes stationnaires, on observe donc des pressions
permet de déterminer le coefficient d’absorption d’un matériau en maximales dans les angles de la salle (qui peuvent atteindre des
le plaçant dans un local dont on connaît, par ailleurs, toutes les autres valeurs deux fois supérieures à la pression au centre des parois).
caractéristiques d’absorption. On trouve un certain nombre d’exemples de ce phénomène dans
Le calcul s’effectue à partir de deux mesures successives du T R . la littérature :
De T R1 = 0,16 V / A 1 et de T R2 = 0,16 V / A 2 , — Kuttruff (1958) place un matériau absorbant (αE = 0,94 en labo-
avec A2 = (S1 – S2) α1 + S2α2 (figure 18), on tire : ratoire) successivement sur une, puis deux parois adjacentes d’un
local. Il obtient deux valeurs différentes du coefficient d’absorption :
A 1 ( T R1 – T R2 ) α = 0,18 dans le premier cas et α = 0,59 dans l’autre ;
α 2 = α 1 + ------------------------------------
S 2 T R2 — Young (1959) dispose 25 m2 d’un matériau sur le sol et le tiers
supérieur des parois d’un local de 38 m3. Il mesure alors α = 0,25.

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Figure 20 – Décroissance des modes obliques, tangentiels et axiaux


dans une salle

Les variations de pentes modifient le T R résultant et les coefficients


d’absorption apparents, ce qui se traduit par les relations :
αobl > α tang > αaxial

3.1.2 Absorption atmosphérique

Une source sonore omnidirective placée en champ libre émet une


onde sphérique dont l’intensité décroît avec la distance.
Cette décroissance est due principalement à deux facteurs :
— la divergence sphérique (loi en 1/r 2) ;
— l’absorption atmosphérique.
Cette absorption est le résultat de deux mécanismes :
— l’absorption classique qui comprend principalement les phéno-
mènes de viscosité et de conduction thermique, ainsi que les
atténuations par rayonnement et diffusion moléculaire (dont les
effets dans les conditions de propagation atmosphérique sont
négligeables) ;
— l’absorption moléculaire due à des mécanismes de relaxation
dans les échanges d’énergies de translation et de rotation au cours
des collisions entre molécules.
Les conséquences des effets dissipatifs se traduisent par une
décroissance exponentielle de l’onde de propagation de la forme :

I = I0 e– mr
dans laquelle r est la distance parcourue par l’onde et m un coef-
ficient d’absorption énergétique (en m–1).
La composition de l’air fait intervenir des composants trop diffé-
rents (O2 , N2 , vapeur d’eau, CO2 , etc.) pour que la théorie permette
une détermination précise du coefficient d’absorption.
En pratique, on fait appel à des tables ou à des courbes expéri-
mentales donnant l’atténuation en fonction des deux principaux fac-
teurs qui sont l’hygrométrie (figure 21) et la température [cf. norme
AFNOR S 30-009 et les travaux de C.M. Harris (1966-1968)].
Plusieurs formules empiriques ont été données pour traduire les
variations du coefficient m avec l’humidité relative HR (%).
Figure 19 – Coefficient d’absorption Sabine  S d’une plaque Pour 20 < HR < 80 %, on peut adopter :
de laine minérale de 1,5 cm d’épaisseur en fonction de son périmètre
relatif E et de la fréquence centrale des bandes tiers d’octave m (HR) = 5,5(50/HR)(f /1 000)1,7 · 10–4
Il faut retenir que le facteur m est, en général, négligeable pour
les fréquences inférieures à 1 000 Hz et que, pour les valeurs
Quand il place seulement 4 m2 de ce même matériau dans l’angle usuelles, l’absorption décroît quand l’humidité croît.
de bordure du plafond (≈ 30 cm de large), il trouve une valeur
Dans une salle, à l’arrêt de la source, les effets cumulés de l’absorp-
α = 0,93.
tion murale et de l’absorption atmosphérique se traduisent par une
Par ailleurs, l’absorption des matériaux varie avec la nature des loi de décroissance de l’intensité de la forme :
modes propres. On démontre que, pour les matériaux peu absor-
bants, les modes obliques (l, m, n ) décroissent plus vite que les I = I0 e– mr e–∆t /τ = I0 e–(mc + 1/ τ )∆t
modes parallèles (0, m, n ) et, a fortiori, que les modes axiaux (0, 0, n )
(figure 20). ∆t étant la durée nécessaire pour que le niveau chute de 60 dB.

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Dans ce cas, au lieu d’obtenir I R0 =0 et τ = 0, conformément à la


définition de l’absorption totale (conditions de champ libre), on
trouve des valeurs finies qui dépendent des dimensions de la salle.
Ainsi la formule de Sabine devient grossièrement fausse dès que
l’absorption de la salle croît.
C’est en partie pour cette raison qu’Eyring propose une approche
moins « macroscopique » de la notion de coefficient d’absorption.
Il introduit un nouveau coefficient αE qu’il définit comme le coef-
ficient d’absorption énergétique moyen sous incidence statistique.
Il reprend les hypothèses de Sabine (parois homogènes, champ
parfaitement diffus, etc.) et postule le fait qu’un rayon acoustique,
subissant en 1 seconde n réflexions sur les parois, verra son énergie
atténuée de (1 – αE) n par seconde.
Par définition du temps de réverbération, l’énergie transportée par
le rayon sera atténuée au bout de T R secondes de ( 1 – α E ) nTR .
D’où la relation :
10 lg ( 1 – α E ) nTR = – 60

soit T R = 6/– n lg (1 – αE)


Figure 21 – Variations du coefficient d’absorption atmosphérique m et, en prenant en compte la définition du libre parcours moyen dans
en fonction de l’humidité relative HR, à 20 oC, pour des sons purs
une salle  = c /n , il vient :
de fréquence > 2 000 Hz
6<> (Fokker : 1924)
T R = --------------------------------------
De – 60 = 10 lg I /I0 = 10 lg e– (mc + 1/ τ ) T R – c lg ( 1 – α E ) (Eyring : 1933)
on tire : T R (1/τ + mc ) = 6 × 2,3 = 13,8
Sous cette formule, la forme d’Eyring donne lieu à de nombreuses
d’où : T R = 13,8 [4 V /(A + 4mV )c]
variantes reposant sur les différentes formulations du libre parcours
0,16 V moyen.
soit : T R = --------------------------
A + 4 mV Eyring, pour sa part, conserve la formule le Jaegger :
<  > = 4 V / S et, pour donner au T R obtenu une forme comparable
L’absorption totale de la salle est la somme de l’absorption de à celle de Sabine, il introduit le logarithme népérien de (1 – αE).
parois A et de l’absorption atmosphérique, proportionnelle au
volume de la salle : 4 mV. Il en résulte : T R = 6 × 4 V × 2,3 /– cS ln (1 – αE)
soit : T R = 0,16 V /– S ln (1 – αE)
Remarque : dans tous les cas, on conserve le terme d’absorp- Cette formule exprimée par Fokker en 1924, démontrée par
tion Sabine (A + 4 mV ) pour définir l’absorption d’un local, Eyring en 1930 (publiée en 1933) et par Norris en 1934 s’exprime
même quand on fait appel à d’autres expressions du temps de le plus souvent sous une forme identique à celle de Sabine :
réverbération que celle de Sabine.
0,16 V
T R = ---------------------------------------- Formule d’Eyring
– S ln ( 1 – α E )

3.2 Détermination du temps Dans cette présentation, la détermination de T R donne des résul-
de réverbération d’un local tats acceptables pour toutes les valeurs de αE :
selon les hypothèses d’Eyring — quand αE → 0, on retrouve l’accroissement infini de la limite
I R0 et de la constante de temps ;
— quand αE → 1, – ln (1 – αE) → ∞ et le T R de la salle est nul, ce
3.2.1 Local à parois homogènes qui traduit bien le phénomène d’absorption totale.
L’utilisation de la formule de Sabine pour la détermination du coef-
ficient d’absorption des parois d’un local présente sur le plan théo- 3.2.2 Local à parois hétérogènes
rique des limites importantes.
L’expression α = 0,16 V /ST R60 montre que la valeur de α dépend Les salles à parois homogènes introduites dans la théorie par
étroitement des incertitudes de mesure sur le T R60 . Elle ne tient pas Sabine et Eyring n’existent pas, et la difficulté majeure d’évaluation
compte, en particulier, des irrégularités de la courbe de décroissance de la réverbération d’une salle réelle réside dans la formulation cor-
et une même valeur de T R peut correspondre à des phénomènes recte de son temps de réverbération, compte tenu de la diversité
d’absorption très différents. des surfaces et de leur coefficient d’absorption (murs, fenêtres, pla-
De plus, elle n’est valable que pour certaines conditions qui, en fond, tentures, sièges, auditoires, portes, etc.).
pratique, ne sont pas respectées : diffusion homogène, absence Ainsi, pour un local constitué de plusieurs surfaces Si présentant
d’ondes stationnaires, hygrométrie et température constantes, pres- respectivement des coefficients d’absorption moyens αi (Sabine) ou
sion de paroi homogène, etc. αEi (Eyring), l’étude de l’absorption totale fait appel à des hypothèses
Enfin, la formule de Sabine contient une erreur de principe qui variées qui reposent sur différentes lois de sommation.
apparaît dès que l’absorption devient importante : en effet, quand Toutes ces lois font intervenir, soit les moyennes arithmétiques,
α → 0, les quantités I R0 = E/A et τ = 4 V /Ac tendent vers l’infini, ce soit les moyennes géométriques des énergies absorbées ou réflé-
qui est conforme aux lois de la réverbération. Mais quand α → 1, chies par chaque surface Si .
on a :
lim I R0 = E /S et lim τ = 4 V / Sc
α→1 α→1

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■ Sabine propose une loi de combinaison conforme à sa propre défi-


nition du T R . Le coefficient d’absorption d’une salle constituée de
surfaces Si de coefficient αi est la moyenne arithmétique des absorp-
tions élémentaires de chaque surface Si qui la compose, soit :

α = ( 1 /S ) ∑ Si αi
i

■ La formulation d’Eyring donne lieu à des interprétations beaucoup


plus variées que celle de Sabine. Chacune d’entre elles repose, impli-
citement ou explicitement, sur la notion de rayons séries ou rayons
parallèles.

Figure 22 – Hypothèse du rayon série (Millington)


3.2.2.1 Rayon série
L’hypothèse du rayon série consiste à suivre un rayon sonore et
à déterminer l’affaiblissement énergétique qu’il a subi après n réfle-
xions (figure 22).
À chaque réflexion sur une surface Si de coefficient d’absorption
énergétique α Ei , le rayon perd une fraction α Ei [ou repart avec une
fraction r i = ( 1 – α Ei ) ] de son énergie incidente.
Dans l’hypothèse « série », on considère que la fraction de temps
pendant laquelle le rayon risque de tomber sur une surface Si est
égale au rapport Si /S.
Ce qui revient à dire que le coefficient moyen de réflexion de la
salle est égal à la moyenne géométrique des coefficients de réflexion
ri de chaque surface Si .
En effet, si N = ∑ n i est le nombre total de réflexions effectuées
Figure 23 – Hypothèse des rayons parallèles (Eyring)
en 1 s et S la surface totale de la salle, on aura :
ni /N = Si /S
Ainsi ( 1 – α E ) N = ( 1 – α E1 ) n1 ( 1 – α E2 ) n2 ... ( 1 – α Ep ) np
d’où S αE = ∑ Si αE i
i

devient ( 1 – αE ) = ∏ ( 1 – αE ) S /S
i
i ou encore S ( 1 – αE ) = ∑ Si ( 1 – αE ) i
i
soit <r> = ∏ ( ri ) Si / S
Cette hypothèse fut formulée de façon différente par Eyring qui
i
considère qu’après réflexion sur une surface Si un rayon aurait une
d’où S ln r = ∑ Si ln ri probabilité Si /S de rencontrer à nouveau une surface de même coef-
i ficient de réflexion α Ei .
ou encore S ln ( 1 – α E ) = ∑ Si ln ( 1 – αE ) i
Dans ce cas, le produit Sr est la somme arithmétique des Si ri de
chaque surface :
i

L’absorption de la salle est égale à la somme arithmétique des


Sr = ∑ Si ri
i
absorptions de chaque surface Si .
On en déduit le T R de la salle : Il vient dans tous les cas :

0,16 V
T R = ----------------------------------------------- Formule de Eyring-Millington ( 1 – α E ) = ( 1/S ) ∑ S i ( 1 – α Ei ) = 1 – ∑ S i α Ei / S
– ∑ S i ln ( 1 – α Ei ) i i
i d’où le temps de réverbération :
Cette formule est généralement appelée formule de Millington 0,16 V
(1932). T R = --------------------------------------------------------------- Formule de Eyring-Eyring
1
C’est, en réalité, la formule d’Eyring dans laquelle on considère – S ln 1 – ---- ∑ S i α Ei
S i
que l’absorption totale suit la loi de combinaison de Sabine :
C’est toujours la formule d’Eyring, mais au lieu de considérer
A = ∑ Ai (ou encore A = –∑ Si ln ri ) l’absorption totale comme la somme arithmétique des absorptions
i
Sabine de chaque surface : [S α = Σ Si αi avec α i = – ln ( 1 – α Ei ) ],
Eyring postule que c’est l’absorption énergétique SαE qui est égale
3.2.2.2 Rayon parallèle à la somme arithmétique des absorptions S i α Ei .
La seconde famille d’hypothèses s’appuie sur le fait qu’un faisceau
de rayons issus d’un point de la salle tombe en « parallèle » sur une 3.2.2.3 Rayons série-parallèle
surface S composée d’une juxtaposition de surfaces Si (figure 23). Un raffinement supplémentaire a été proposé par les théoriciens
Dans ce cas, l’énergie absorbée par la surface S est la somme des qui considèrent que la plupart des salles sont constituées de grandes
énergies absorbées par chaque surface Si . surfaces Sj non juxtaposées, formées de petites surfaces Si voisines.
Soit W a = A ε c /4 = ( ε c /4 ) ∑ S i α Ei Ils appliquent dans ce cas l’hypothèse « série » pour les grandes
i surfaces et l’hypothèse « parallèle » pour les petites.

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Il en résulte que : Pour les salles rectangulaires présentant une ou deux dimensions
prépondérantes, il est préférable d’utiliser le libre parcours moyen
S α Ej = ∑ Si αEi pour les différents matériaux d’indice i consti- proposé par Pujolle.
i
Pour les salles rectangulaires présentant des différences impor-
tuant chaque paroi d’indice j,
tantes d’absorptions d’un mur à l’autre (par exemple, pour les murs
et S ln ( 1 – α E ) = ∑ Sj ln ( 1 – αE ) pour les différentes parois d’indice
j
de surface Sx perpendiculaires à l’axe Ox ), le T R mesuré est toujours
j supérieur au T R calculé. Dans ce cas, pour obtenir une valeur plus
j constituant la salle. conforme à la mesure, une théorie plus récente peut être adoptée :
D’où le temps de réverbération combiné : Fitzroy (1959) propose l’utilisation d’un T R appliqué virtuellement
à chaque paire de parois d’indices x, y et z :
0,16 V
T R = ----------------------------------------------------------------------
1 0,16 V
– ∑ S j ln 1 – ---- ∑ S i α Ei T Rj = -------------------------------------- j = x , y , z
j
S i – S ln ( 1 – α j )

Il considère que le produit ST R résultant est la moyenne arithmé-


3.2.2.4 Salles irrégulières tique des S j T Rj .
Les formules donnant la valeur du T R d’une salle sont d’autant 1
plus proches de la réalité que les conditions d’homogénéité du T R(F) = ---- ∑ S j T Rj j = x, y, z
S j
champ sont mieux respectées et que les salles sont plus régulières.
Pour les salles de forme très irrégulières, il est nécessaire de Le tableau 1 donne les temps de réverbération des salles selon
reconsidérer la valeur du libre parcours moyen de la salle. les différents auteurs. (0)

Tableau 1 – Temps de réverbération selon différents auteurs


Parois d’absorption Salles à différents coefficients d’absorption : chaque surface Si ayant un coefficient
homogène  ou  E d’absorption  i ( ou  Ei ) et un coefficient de réflexion r Si = 1 –  i ( ou r i = 1 –  Ei )

Auteur Auteur Hypothèse Relations en r Absorption totale Temps de réverbération


non corrigé
Sabine Moyenne arithmétique
Sabine : des absorptions : 0,16 V
0,16 V
Sr S = ∑ Si rS ∑ Si αi + 4 mV ---------------------
∑ Si αi
∑ Si αi
i
TR = ------------------ Sα = i i
S α i
i

Millington Rayon série.


Moyenne arithmétique 0,16 V
des absorptions : rS = ∏ riS i
– ∑ Si ln ri + 4 mV --------------------------------------------------
– ∑ S i ln ( 1 – α Ei )
i i
S ln ( 1 – α E ) = ∑ Si ln ( 1 – αE ) i
i
i

Eyring Rayons parallèles.


Moyenne arithmétique 0,16 V
de S i α Ei : ---------------------------------------------------------------
∑ Si ri
Si ri
– S ln ∑ ---------

Sr =

- + 4 mV 1
i S – S ln 1 – ---- ∑ S i α Ei
S αE = ∑ Si αE i
i S i
i

Eyring : Eyring- Réflexions « série-parallèle ».


Millington Grandes surfaces Sj formées
0,16 V de petites surfaces Si :
∏ rj
Sj
T R = --------------------------------------- rS =
– S ln ( 1 – α E ) 0,16 V
----------------------------------------------------------------------
∑ αE j
∑ Sj ln rj + 4 mV
 
Sα Ej = – 1
– ∑ S j ln 1 – ---- ∑ S i α Ei
∑ Si ri
i
i Sj rj = j
S i
i j
S ln ( 1 – α E ) = ∑Sj ln ( 1 – αE ) j
j

Fitzroy Différences notables des αx ,


αy et αz de chaque paire de
parois.
On introduit un : – S2 0,16 V
S Sj ---------------------------------- + 4 mV ∑ ----------------------------------------
-
T Rj
0,16 V
= -------------------------------------
----------- =
ln r ∑ -----------
ln
-
rj ∑ -----------
Sj
- j = x, y , z S2
– ------- ln ( 1 – α j )
– S ln ( 1 – α j ) j = x, y, z
j = x, y, z ln rj Sj

ST R = ∑ Sj TR j
j

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3.3 Fréquence de coupure d’une salle L’intensité étant la moyenne dans le temps de la puissance sur-
facique instantanée, elle ne peut être définie que pour une direction
La limite de validité des expressions caractérisant le champ diffus et un sens donnés (cf. § 2.2.3).
peut être évaluée à partir de la densité spectrale. Pour une onde progressive, l’intensité est implicitement déter-
Cette densité a pour expression : minée en prenant comme vecteur de référence celui qui donne la
direction et le sens de propagation.
m (f ) = ∆ N /∆ f Ainsi, pour une onde harmonique plane ou sphérique divergente
∆N étant le nombre de modes propres compris dans l’intervalle de dont la vitesse particulaire est définie par le vecteur v , l’intensité
fréquence ∆f. s’exprime par :


Elle est sensiblement proportionnelle au carré de la fréquence et T
1
peut, en première approximation, se limiter au terme : I n = ---- pv n d t
T 0
ω2 V
m (f ) ≈ -------------
- vn , la composante normale du front d’onde de la vitesse particulaire,
π c3 étant dans ce cas le module de v .
Sa valeur devient trop faible en basses fréquences pour que l’on vn = v
puisse admettre la validité des hypothèses de la diffusion homogène.
Pour donner une évaluation quantitative de cette limite de validité, Compte tenu des définitions précédentes, la relation fondamentale
on introduit un nouveau paramètre appelé indice de recouvre- entre pression et intensité est :
ment modal : M = B– 3 m (f ), où B– 3 est la largeur de bande d’un
mode typique à – 3 dB en-dessous du seuil (figure 7). p2
I = ----------
ρ0 c
Si τ = (T R /13,8) est la constante de la salle, on sait que la largeur
1 pour l’onde plane comme pour l’onde sphérique, et la relation entre
de bande à – 3 dB est l’inverse de τ : ( ∆ω ) –3 = ----- .
τ niveaux de pression et niveaux d’intensité qui en découle est :
( ∆ω ) –3 2,2 I p2 ρ0 c
On en déduit donc : B –3 = -----------------
- = -------- 10 lg ------- = 10 lg -----------
- – 10 lg --------------------
2π TR I ref pref2 ( ρ 0 c ) ref

De nombreuses valeurs de M ont été proposées par les différents avec Iref = 10–12 W/m2,
auteurs qui se sont intéressés à cette question. Parmi celles-ci, il
semble raisonnable de retenir la proposition de Schroeder, qui pref = 2 · 10–5 Pa,
consiste à prendre M = 3, c’est-à-dire à admettre que la largeur (ρ0c )ref = pref
2 / I ref = 400 N ⋅ s ⋅ m –3
moyenne entre deux pics voisins doit être inférieure au tiers de la ρ0c variant de 428 à 400 N · s · m–3 quand la température passe
largeur de bande à – 3 dB. de 0o à 40 oC, on admet généralement que ρ0c ≈ (ρ0c )ref .
Ce choix entraîne comme estimation de la fréquence de coupure : Il en résulte que, pour le champ direct, les niveaux d’intensité sont
π c 3 TR TR considérés comme identiques aux niveaux de pression :
fc = --------------------
- ≈ 2 000 -------
8,8 π V V L ID = L pD
Cette relation montre l’importance que peut prendre la fréquence
Dans une salle, le champ réverbéré est constitué d’une infinité
de coupure dans les petites salles peu amorties (f c ≈ 800/ A avec d’ondes planes arrivant de toutes les directions. On est conduit à
les hypothèses de Sabine). admettre l’homogénéité et l’isotropie du champ sonore (hypothèse
du champ diffus) et à évaluer son intensité à partir de la densité
d’énergie.
Les notions développées au paragraphe 2.1 ont conduit aux résul-
4. Méthode de détermination tats suivants :
des caractéristiques — densité d’énergie d’une onde sphérique progressive à la dis-
tance r de la source :
acoustiques d’une salle 2
pm 1
ε = --------------- 1 + -------------------
-
2 ρ0 c 2 k 2 r2
4.1 Évaluation des niveaux sonores À une distance r  1/ k , l’onde sphérique peut être assimilée à
dans un local une onde plane. Il en résulte que :
2 2
Les relations permettant de définir les niveaux sonores des ondes pm pD ID
progressives sont le plus souvent exprimées à partir de deux ε D = --------------- = ------------
- = -----
-
2 ρ0 c ρ0 c 2 c
variables :
— la pression acoustique (grandeur scalaire) p en Pa, ou niveau Enfin, pour le champ réverbéré, la densité d’énergie est :
de pression :
n
pR2 4 IR
p
L p = 20 lg --------------------
- en dB εR = ∑ εR i
= -------------
ρ0 c 2
- = ----------
c
-
2 ⋅ 10 –5 i=1

— l’intensité acoustique (grandeur scalaire ou vectorielle) I en D’où la relation entre niveaux de pression et d’intensité réverbérés
W/m2, ou niveau d’intensité : qui, pour le champ réverbéré, prend la forme :

I L pR = L IR + 6 dB
L I = 10 lg --------------
- en dB
10 –12

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4.1.1 Évaluation du niveau sonore résultant On notera que, pour les faibles valeurs de αE (salle réverbérante),
de la superposition des champs directs  → S α E ≈ A . Comme pour les théories de la réverbération, les
et réverbérés dans un local hypothèses de Sabine et d’Eyring se confondent pour les salles de
faible absorption.
L’absence de cohérence entre les ondes directes et réverbérées En introduisant le niveau de puissance de la source :
conduit à considérer que le niveau global du son dans une salle est
Lw = 10 lg (E /10–12)
obtenu par sommation des densités d’énergie ε = εD + εR ou des pres-
sions quadratiques p 2 = p D + p R .
2 2 on peut également évaluer les différents niveaux de pression dans
la salle :
Le résultat s’exprime différemment selon la nature des hypothèses — pour le champ direct :
utilisées pour définir le champ réverbéré.
L pD = L w – 20 lg r – 11 dB
4.1.1.1 Hypothèses de Sabine
— pour le champ réverbéré :
L’hypothèse de la diffusion homogène proposée par Sabine ayant
conduit à évaluer l’absorption de la salle à partir d’une relation de L pR = L w – 10 lg  + 6 dB
la forme :
— pour le champ global :
A = ∑ Si αi = S α
i 1 4
L p = L w + 10 lg ----------------2- + -----
l’intensité réverbérée du champ stationnaire et sa pression quadra- 4π r 
tique s’expriment par :
ou encore :
E 2 4E L p /10 L p /10
IR = ----- et pR = ρ 0 c ---------- L p = 10 lg [ 10 D + 10 R ]
A A
D’où la pression quadratique globale à la distance r d’une source
omnidirective non encastrée : 4.1.2 Rayon acoustique d’un local
2 2 1 4
p 2 = p D + p R = ρ 0 c E --------------2- + ----- Le rayon acoustique d’une salle (également appelé : rayon de
4 πr A réverbération, rayon critique, hallradius, etc.) est la distance source-
réception pour laquelle il y a égalité des pressions quadratiques entre
4.1.1.2 Hypothèses d’Eyring champ direct et champ réverbéré. Cette distance est définie par la
grandeur r0 telle que :
La théorie de la réverbération proposée par Eyring s’appuyant sur
le suivi du trajet d’un rayon sonore ayant subi n = c /  réflexions 1 4 
par seconde et ayant perdu en moyenne une puissance αE ε R V à - = -----
----------------- d ′ où r0 = ------
4 π r0
2  50
chaque réflexion, le bilan des puissances peut s’écrire :
E = αE E + n αE εR V Pour une source omnidirective, le rayon est une constante de la


salle.












Puissance Puissance perdue Puissance dissipée


de la source au cours de la au cours des n Si la source est directe, la directivité étant définie par le facteur
première réflexion réflexions suivantes de directivité Q et la fonction de directivité en pression h (θ ) [θ étant
la direction du point de mesure par rapport à l’axe de référence de
Il en résulte que : la source], la pression globale en un point M (r, θ ) prend alors la
forme :
E ( 1 – αE ) <  > E ( 1 – αE ) 4 V E ( 1 – αE ) Q h2 ( θ ) 4
ε R = -------------------------
- = -------------- -------------------------- = ---------- -------------------------- p 2 ( r, θ ) = ρ 0 c E ----------------------
n αE V c αE V Sc αE V - + -----

4 π r2
On en déduit l’intensité : Si le point de mesure est situé sur l’axe de la source directive,
εR c E ( 1 – αE ) l’expression du champ se simplifie :
IR = ----------- = -------------------------
-
4 S αE Q 4
p 2 ( r, θ ) = ρ 0 c E -----------------
- + -----
4 π r2 
De l’expression de l’intensité réverbérée, on peut maintenant tirer
celle de la pression quadratique correspondante : Dans ce cas, la distance critique relative à la source directive
prend la forme :
2 4 IR E ( 1 – αE )
pR = ρ0 c 2 εR = ρ0 c 2 ----------- = ρ 0 c 4 -------------------------- Q
c S αE r 0q = -----------
50
et celle du champ global à distance r d’une source omnidirective :

2 2 1 4
p 2 = p D + p R = ρ 0 c E ----------------2- + ----- 4.1.3 Tracé des niveaux de pression dans un local
4π r 
S αE La fonction de distribution des niveaux sonores dans une salle ne
avec  = ---------------
- que l’on appelle constante de la salle.
1 – αE peut, en toute rigueur, être traduite que par une représentation tri-
dimensionnelle.
Cette représentation peut toutefois être ramenée à un graphique
bidimensionnel dans deux cas d’un grand intérêt pratique.

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4.1.3.1 Cas où le local ne comprend qu’une 4.2.2 Mesure en chambre réverbérante


ou, au maximum, deux sources du coefficient d’absorption Sabine
Dans cette configuration, la représentation la mieux adaptée est (méthode normalisée)
la courbe de décroissance spatiale Lp (r ) (figure 24).
Cette courbe, qui peut être obtenue expérimentalement (source Au vu des différentes observations décrites dans cet article, il est
étalon + chariot enregistreur), permet de déterminer les principales nécessaire de pouvoir se référer à un protocole de mesures qui laisse
caractéristiques de la salle ( L pR ,  , r 0 , etc.) ainsi que les inhomo- une place minimale aux différents facteurs de dispersion que l’on
généités du champ dans le local. peut rencontrer. Cette harmonisation de la mesure des coefficients
d’absorption Sabine est possible si l’on se réfère à la norme
AFNOR NF S 31-003 : Mesurage de l’absorption acoustique en salle
4.1.3.2 Cas où le local comprend plusieurs sources
plus ou moins directives réverbérante.

Cette configuration peut être étudiée par le tracé des courbes ■ Caractéristiques du local
d’égal niveau de pression dans un plan de cote donné (hauteur Son volume doit être supérieur à 150 m3 (200 m3 dans les constru-
moyenne de la tête du spectateur dans une salle de spectacle, des ctions récentes).
travailleurs dans un atelier, etc.). Cette représentation nécessite un
La plus grande distance doit être supérieure à 1,9 V 1/3.
maillage de la pièce et une sommation des pressions quadratiques
au centre de chaque maille, ce dernier pouvant être resserré à proxi- Ses modes propres ne doivent pas présenter de pics doubles.
mité des sources sonores et dans les zones où il y a prédominance La diffusion doit être maximale (diffuseurs suspendus ou réflec-
du champ réverbéré. teurs tournants).
Un tracé identique peut être obtenu par la méthode des rayons. L’absorption A de la salle vide mesurée par bandes de tiers
La validation des modèles s’effectue par comparaison des tracés d’octave doit être inférieure à :
obtenus par le calcul avec les données expérimentales. • 6,5 m2 à 125, 250 et 500 Hz
La méthode des isobares est également appliquée à la détermi- • 7 m2 à 1 000 Hz
nation des niveaux dans l’environnement ou les habitations situées • 9,2 m2 à 2 000 Hz
à proximité d’un site bruyant (autoroutes, aéroports, centrales, etc.). • 13 m2 à 4 000 Hz
Toutes ces études relèvent du domaine de l’acoustique prévision- Ces valeurs sont à multiplier par (V /200)2/3 si V > 250 m3.
nelle. La courbe d’absorption A (f ) doit être régulière (pas de pics ou
de creux d’amplitude supérieure à 15 % de la moyenne des valeurs
des deux bandes 1/3 d’octave adjacentes).
4.2 Mesure des coefficients d’absorption ■ Échantillon
Il doit être disposé en un seul morceau de 10 à 12 m2 (multiplié
4.2.1 Principes d’action des matériaux absorbants par (V /200)2/3 si V > 250 m3).
La surface sur laquelle est disposé le matériau doit être rectan-
Les matériaux d’absorption acoustique peuvent se classer en
gulaire (0,7 < Y / X < 1) et au moins à 1 m des parois. On évite le
quatre catégories selon leur mode de dissipation.
parallélisme entre les bords de l’échantillon et ceux des parois. Les
On distingue principalement : bords de l’échantillon sont limités par un cadre réfléchissant de
1) les matériaux poreux rigides : ils sont essentiellement moins de 2 cm d’épaisseur.
composés de fentes étroites et de capillaires. Ces résistances acous-
tiques (cf. articles Microphones dans le traité Électronique) agissent ■ Température et humidité
en imposant le passage de l’onde acoustique dans des canaux étroits L’humidité relative doit être supérieure à 40 %. Les variations maxi-
qui provoquent la dissipation d’énergie par frottement fluide et males d’humidité et de température sont respectivement de 3 % et
conductivité thermique. 3 C pour 40 % < HR < 60 % et de 5 % et 5 oC pour HR > 60 %.
o

C’est la catégorie des fibres de verre, des bétons poreux, des


mousses rigides ;
2) les matériaux poreux élastiques : ils agissent selon un prin-
cipe identique au précédent mais avec, en plus, une déformation des
fibres dont la texture doit être aussi peu élastique que possible pour
favoriser la dissipation par friction solide. On trouve dans cette caté-
gorie tous les matériaux dont les agents de liaison sont déformables :
laines minérales, feutres, agglomérés, résines, polymères, pâtes à
papier, polystyrènes, cartons à œufs, etc. ;
3) les matériaux à résonance acoustique : ils agissent selon
le principe du résonateur de Helmholtz. Ils présentent donc une
grande sélectivité fréquentielle avec un maximum d’absorption au
voisinage de leur fréquence de résonance. Ces matériaux sont uti-
lisés le plus souvent en combinaison avec ceux de la catégorie pré-
cédente, afin d’accroître leur efficacité d’absorption.
On trouve dans cette catégorie les panneaux perforés, les maté-
riaux alvéolés, les bétons moulés et certains ciments fibreux ;
4) les matériaux à résonance mécanique, dont le principe
d’absorption repose sur le transfert de l’énergie acoustique en Figure 24 – Courbes de décroissance spatiale des niveaux sonores
énergie mécanique, agissant sur un oscillateur amorti. L’amortisse-
ment s’effectue par friction interne dans la structure du matériau.
C’est la catégorie des diaphragmes, écrans ou panneaux fléchis-
sants, diffuseurs semi-cylindriques, etc.

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■ Sources et microphones 55,3 V


L’absorption de la salle vide étant : A 1 = ------------------
Les sources doivent être aussi omnidirectives que possible. c T R1
En-dessous de 300 Hz, si l’on ne dispose que d’un haut-parleur, on
effectuera au minimum deux mesures en plaçant les sources à des 55,3 V
et celle de la salle contenant l’échantillon : A 2 = ------------------
positions différentes (distances d’au moins 3 m). Si l’on dispose de c T R2
plusieurs sources, on les alimente par des générateurs différents.
on en déduit l’absorption due à l’échantillon :
Les signaux utilisés ont une bande de largeur supérieure ou égale
au tiers d’octave.
 
V 1 1
La durée de l’excitation avant décroissance est supérieure au T R A M = 55,3 ---- --------- – ---------
c T R2 T R1
de la pièce, son niveau est nettement supérieur au bruit de fond.
Les microphones de mesure sont omnidirectifs et placés dans trois c varie avec la température Celsius (θ ) du local : c = 33 + 0,6 θ (entre
positions différentes, séparés d’au moins une demi-longueur d’onde 15 et 30 oC). Le coefficient d’absorption du matériau de surface
de la bande centrale du signal. s’obtient par la relation :
On utilise un seul microphone à la fois, placé à plus de 1 m des AM
parois et plus de 2 m des sources. α M = --------
-
SM
La constante d’intégration exponentielle de l’enregistreur est infé-
rieure à T R /20 tout en restant aussi proche que possible de cette La valeur obtenue est plus faible que la valeur réelle car on néglige
valeur (T R /7 pour une constante d’intégration linéaire). ici la surface recouverte par le matériau.
Les fréquences centrales des bandes 1/3 d’octave utilisées (et le Cependant, on estime que la prise en compte de cette surface pour-
nombre de mesures, indiqué entre parenthèses) sont données par rait conduire à une erreur plus importante compte tenu de la pré-
le tableau suivant : sence d’autres objets dans la salle.
100 125 160 200 250 (12) Il est à noter que, malgré l’homogénéité des conditions de
315 400 500 630 800 (9) mesures, la dispersion des résultats peut encore être importante. La
1 000 1 250 1 600 2 000 2 500 3 150 4 000 8 000 (6) figure 25 montre les différentes valeurs obtenues pour un même
Le T R est la moyenne arithmétique de toutes les mesures. matériau (laine de verre de 5 cm d’épaisseur et de 70 kg/m3 de masse
volumique) testé suivant une méthode identique (Round Robin Test )
sur des échantillons allant de 183 à 267 m2.

Figure 25 – Coefficients d’absorption


d’un même matériau mesurés
selon la même procédure
par différents laboratoires de métrologie

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5. Étude des champs


réverbérés stationnaires
dans les locaux couplés
5.1 Échanges d’énergie réverbérée
entre deux locaux communiquant
par une ouverture Figure 26 – Locaux communiquant par une ouverture

■ Relations fondamentales Et en introduisant :


On considère deux locaux voisins de volumes respectifs V1 et V2 k2 = Sc /A22 et k1 = Sc /A11
communiquant par une ouverture de surface Sc (figure 26).
On place dans la pièce ➀ de volume V1 une source sonore de les facteurs respectifs de couplage des locaux ➁ et ➀, on aura :
puissance constante E1 . ε1 A1 + A2 ε2
Soit A1 l’absorption du local ➀ exception faite de la surface ----- = --------------------------- et ----- = k 2
ε A1 + k2 A2 ε1
commune Sc
et A 2 l’absorption du local ➁ exception faite de la surface Ainsi l’effet de couplage entre les deux parties change l’absorp-
commune Sc . tion de A1 + A2 en A1 + k2 A2 pour la salle source et A2 + k1 A1 pour
La fraction d’énergie absorbée, par seconde, par les parois de ➀ la salle réceptrice.
est : Seule une fraction k2 de l’absorption A2 intervient dans l’absorp-
A1 ε1 c /4 tion totale. L’incidence de la présence de ➁ dépendra donc essen-
tiellement de la surface de couplage Sc et du traitement du local
La fraction d’énergie transmise au local ➁ est : récepteur.
Sc ε1 c /4 * Si A 2  S c : k2 → Sc /A2 . L’absorption totale de A1 sera de l’ordre
de A1 + Sc .
et de même pour le local ➁, les fractions d’énergies absorbée et
transmise sont respectivement : Dans ce cas, Sc a le même effet qu’une fenêtre ouverte.
* Si A 2  S c : k2 → 1. L’absorption totale devient A1 + A2 . On peut
A2 ε 2 c /4 et Sc ε 2 c /4
traiter l’ensemble comme un local unique.
Avec une source sonore située dans ➀, on aura donc un système Avec cette notation, les intensités réverbérées de chaque local
défini par les équations d’équilibre des puissances en régime prennent la forme :
stationnaire : E1
I R1 = --------------------------
-
c A1 + k2 A2
E 1 = ----- [ A 1 ε 1 + S c ε 1 – S c ε 2 ] pour le local source ➀
4 E1
c I R2 = ------------------------------------------------
-
0 = ----- [ A 2 ε 2 + S c ε 2 – S c ε 1 ] pour le local voisin ➁
 
et A1 A2
4 A 1 + A 2 + ---------------
Sc
Soit en posant A11 = A1 + Sc et A22 = A2 + Sc
A 11 ε 1 – S c ε 2 = 4 E 1 / c
– S c ε 1 + A 22 ε 2 = 0  (1)
5.2 Transmission d’énergie réverbérée
La résolution du système donne :
entre deux locaux séparés
par une cloison acoustiquement

ε1
 4 E1
A 22 -----------
c
4 E1
S c -----------
c
 
= ----------------------------------2- et ε 2 = ----------------------------------2-
transparente
A 11 A 22 – S c A 11 A 22 – S c 5.2.1 Transmission d’énergie entre deux locaux
non isolés
E1 E1
d’où I R1 = ---------------------------------------- et I R2 = --------------------------------------------------

   
Sc A2 A1 A2 Dans le cas où la surface Sc est fermée par un matériau acousti-
A 1 + ------------------- A 1 + A 2 + ---------------- quement transparent (figure 27) (rideau, porte, cloison mobile, etc.),
A2 + Sc Sc
la puissance transmise du local ➀ au local ➁ prend la forme :
ε2 Sc
et ------ = ---------
ε1 A 22 τ S ε1 c /4
τ étant le coefficient de transmission défini par :
Si l’on avait traité l’ensemble ➀ + ➁ comme un seul local d’absor-
ption A1 + A2 , on aurait une valeur de densité Énergie réverbérée transmise
τ = -----------------------------------------------------------------------------------
ε = [4 E1/c ]/[A1 + A2] Énergie réverbérée incidente

soit une différence que l’on peut exprimer par le rapport : Le système d’équations (1) devient :
A 11 ε 1 – τ S ε 2 = 4 E 1 /c
ε1
ε
A1 + A2
------- = ---------------------------------------
-
– τ S ε 1 + A 22 ε 2 = 0  (2)
 
A2 Sc
A 1 + -------------------
A2 + Sc et k 2 = ε 2/ε 1 = τ S/A22

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Figure 27 – Locaux séparés par une cloison acoustiquement


transparente

Figure 28 – Cloisons juxtaposées


On retrouve tous les résultats établis précédemment en considé-
rant que les deux locaux sont reliés entre eux par une surface ouverte
(surface de couplage) : Sc = τ S.
La différence de niveaux sonores entre ➀ et ➁ s’exprime alors
par l’expression :
L2 – L1 = 10 lg ε 2/ε1 = 10 lg k 2 = 10 lg τ + 10 lg S /A22

5.2.2 Indice d’affaiblissement

On caractérise généralement le rapport des énergies réverbérées


transmises et incidentes, non par le coefficients τ, mais par l’indice
d’affaiblissement :
R = 10 lg 1/τ
Dans le cas le plus général, le rapport ε2/ε1 s’exprime sous la Figure 29 – Cloisons parallèles
forme :
k 2 = τ S /(A2 + τ S )
En réalité les phénomènes de transmission présentent une sélec-
d’où l’on tire τ S = (k 2 A2)/(1 – k 2) et 1/τ = (S /A2)[(1/k 2) – 1]. tivité fréquentielle importante due aux impédances de parois et la
transmission d’une onde directe de faible intensité peut donner lieu
L’indice d’affaiblissement prend alors la valeur :
à des énergies transmises rendues prépondérantes par les phéno-
R = 10 lg [(ε1 /ε 2) – 1] + 10 lg S /A2 mènes de résonance et de coïncidence.
Dans le cas où τ S est négligeable devant A2 , c’est-à-dire quand
ε 1 / ε 2  1 , l’expression précédente se réduit à :
5.3 Traitement acoustique
R = L1 – L2 + 10 lg (S /A2)
des locaux couplés
C’est sous cette forme que l’indice d’affaiblissement est utilisé
en pratique (cf. norme NF S 31-051). 5.3.1 Réciprocité des effets de couplage
Note : en complément de l’indice d’affaiblissement normalisé, on fait également appel,
parfois, à l’indice d’affaiblissement brut qui représente simplement la différence de niveau La réciprocité des effets obtenus par interversion de la source et
entre les deux salles (L1 – L2).
du point de mesure peut être mise en évidence par l’exemple suivant.
Quand la surface de séparation S est composée de plusieurs sur-
Si l’on dispose une source de bruit de niveau constant E1 dans
faces juxtaposées Si de coefficient τi , le coefficient de transmission
un local ➀, à une distance de la surface d’ouverture assez grande
global de champ diffus prend la forme :
pour que le champ direct soit négligé (figure 30a ), on recueille, en
un point du second local, une pression quadratique réverbérée :
 ----S  ∑ S
1
τ = i τi
2 2
i p 2 = ρ 0 c 2 ε 2 = ρ 0 c ( 4 E 1 S c ) / ( A 11 A 22 – S c )
Dans le cas de la figure 28 : De même, si l’on place la source de puissance E1 dans le second
local ➁, on recueillera dans ➀ une pression quadratique réverbérée :
τ1 S1 + τ2 S2 + τ3 S3
Et =
 ---------------------------------------------------------
S1 + S2 + S3 E i 2 2
p ′1 = ρ 0 c ( 4 E 1 S c ) / ( A 11 A 22 – S c )
Quand la surface de séparation est constituée de deux ou de plu- Malgré la dissymétrie des absorptions, il apparaît qu’une source
sieurs surfaces parallèles Sj = S de coefficients τj , le coefficient de placée en un point M1 du premier local induit en un point M2 du
transmission global du champ diffus a pour valeur théorique : second local une pression identique à celle qui serait induite en M1
par la même source placée en M2 .
τ = ∏ τj Ce résultat est conforme au principe de réciprocité et se traduit
j
ici par l’égalité :
Dans le cas de la figure 29 : E t = τ1 τ2 τ3 Ei . p 2 = p′1

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5.3.2 Efficacité d’un traitement acoustique 5.3.3 Optimisation des coûts de traitement
des locaux couplés de locaux couplés

Exprimée sous la forme ε2 = k2 ε1 , la relation donnant le champ Soit Sc la surface de couplage séparant un local source d’un local
réverbéré du local récepteur en fonction du champ réverbéré du local récepteur.
émetteur montre que la fraction d’énergie transmise ne dépend que La densité d’énergie d’un local émetteur étant :
des caractéristiques du local récepteur.
Il en résulte que :
— la fraction transmise k2 est d’autant plus faible que le local
 4------------
E
c
1

ε 1 = -------------------------------
récepteur est mieux traité ( A 2  S c ) ; A 11 – k 2 S c
— le traitement sera d’autant plus efficace que la surface de trans-
mission Sc sera plus faible. celle du local récepteur sera :
Il faut également remarquer que le niveau sonore du local dépend
-  ------------  = ------------------------------------ ------------
A –k S 
 ------------------------------ A A – S  c 
2k 4E 1 Sc 4E 1
lui aussi du traitement du local voisin car : ε2 = 2
11 2 c c
11 22 c

 
4 E1
A 22 -----------
c Le niveau de bruit dans la pièce voisine du local source sera donc
ε 1 = -----------------------------------2- d’autant plus faible que le produit A11 A22 sera plus élevé.
A 11 A 22 – S c
Pour déterminer les coûts relatifs de traitement, il est nécessaire
En pratique, il convient d’étudier soigneusement les configura- de tenir compte des trois facteurs Sc , A1 et A2 .
tions respectives des salles couplées car, contrairement à certains
choix intuitifs, il est souvent plus économique de traiter le local récep-
teur que le local source. Sous la forme ε 2
 ------------ 
4E
c
1

= -------------------------------------------------- l’expression du niveau de


A + A +  ---------------- 
A A
1 2
1 2 Sc
bruit dans le local récepteur fait apparaître l’intérêt de rechercher
le maximum de la fonction :
A 1 + A 2 + ( A 1 A 2 /S c )
La recherche de ce maximum est le plus souvent limitée par les
contraintes techniques. Mais il est toujours avantageux de
commencer par réduire Sc .
La seconde étape consiste à évaluer les coûts nécessaires pour
accroître respectivement les absorptions A1 et A2 et surtout à déter-
miner dans quelle mesure le traitement du local source est plus éco-
nomique que celui du local récepteur, ce qui revient à optimiser la
répartition des moyens entre les deux pièces.
Le fait qu’à somme égale (A1 + A2) le produit des deux nombres
(A1 A2) soit maximal quand ceux-ci sont égaux, ne signifie pas que
la recherche d’une absorption équivalente pour les deux locaux soit
la plus économique et, dans chaque cas, il est nécessaire de prendre
en compte les impératifs techniques, économiques, ergonomiques
et esthétiques compatibles avec les actions de l’entreprise
(tableau 2). (0)

Figure 30 – Réciprocité des effets de couplage

Tableau 2 – Critères pouvant intervenir dans le choix des traitements acoustiques de locaux couplés
Choix des matériaux Qualités acoustiques, propriétés physico-chimiques, résistances à l’usure et à la corrosion, adaptation
à l’environnement (hygrométrie, chaleur, poussières, solvants, etc.).
Installation technique Nature des supports. Résistance des structures. Respect des impératifs de production et des fonctions
annexes (chauffage, aération, ventilation, distribution...). Facilités d’accès. Arrêt momentané de la
production.
Attribution permanente ou provisoire des locaux.
Sécurité, hygiène et ergonomie Stabilité des installations, irritation ou toxicité, comportement au feu.
Gêne induite par les écrans et les encoffrements.
Contraintes ergonomiques, manipulations supplémentaires.
Incidence économique Coût d’installation, d’entretien et de maintenance.
Modification de la production.
Automatisation du poste...

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5.4 Ondes stationnaires dans les salles


couplées

Il serait faux de croire que les irrégularités géométriques des


locaux couplés suppriment l’occurrence des ondes stationnaires.
Celles-ci sont, en effet, perturbées par la présence de cavités ou
d’infractuosités mais ne sont pas supprimées. Cette perturbation se
traduit par des incurvations et des repliements des surfaces modales
de pression.
La présence d’une cavité sur une paroi suffit à modifier les sys-
tèmes d’ondes stationnaires des autres paires de parois. Ces
dernières, malgré leur parallélisme, laissent apparaître des modes
combinés généralement assez réguliers au voisinage des surfaces
planes mais très perturbés au centre de la salle.
L’étude théorique des ondes stationnaires couplées sort du cadre
de cet article, mais la figure 31 donne un exemple de distribution
des lignes modales pour les quatre premiers modes (1.0 ; 2.0 ; 0.1
et 0.2) dans une maquette expérimentale de 60 cm de haut présen-
tant un corps principal de 236 × 197 cm2 couplé à une cavité de
94 × 76 cm2.

Figure 31 – Distribution des lignes modales


dans deux salles couplées

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F
O
R
Acoustique des salles M
U
L
par Jacques JOUHANEAU
Professeur au Conservatoire National des Arts et Métiers (CNAM)
A
I
1.
2.
Coefficients d’absorption de différents matériaux ...................
Critères d’évaluation de la qualité des salles .............................
Form C 3 360 - 1
— 1
R
2.1
2.2
Critères de réverbération .......................................................................
Critères de clarté.....................................................................................


1
1 E
2.3 Critères de distribution spatiale et localisation.................................... — 2
2 - 1995
Form. C 3 360

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O
R
1. Coefficients d’absorption
M de différents matériaux
U
L
A
I
R
E

Figure 2 – Coefficients d’absorption des sols et planchers avec


ou sans auditoire (densité des sièges comprise entre 1,5 et 2 m–2)

2. Critères d’évaluation
de la qualité des salles
Dès 1900, Sabine a introduit implicitement le premier critère de
qualité d’une salle à partir de l’estimation de la durée de réverbéra-
tion. Aujourd’hui, la plupart des auteurs s’accordent pour dire que la
qualité acoustique d’une salle peut être déterminée à partir d’un
minimum de quatre ou cinq critères.
Parmi les plus cités, on retiendra l’EDT [Early Decay Time : temps
de réverbération calculé sur l’intervalle 0 à – 10 dB de la réponse
impulsionnelle (Jordan)], la clarté, l’efficacité latérale et le temps
central.
■ Notations


N
p2 d t intégrale entre 0 et N (ms) du carré de la réponse
0 impulsionnelle de la salle
a (t ) fonction de pondération qui décroît de 1 à 0 entre 35
et 95 ms
tg temps limite de fusion (généralement voisin de
50 ms)
p G (p D ) pression recueillie sur le canal gauche (droit) d’une
tête artificielle
p0 pression mesurée avec un microphone omnidirec-
Figure 1 – Coefficients d’absorption de divers matériaux de parois
tionnel

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F
O
pu pression mesurée avec un microphone unidire- 2.3 Critères de distribution spatiale
R
pg
ctionnel
pression mesurée avec un microphone à gradient de
et localisation M
pression
Coefficient de clarté binaurale : U
  L
tg ∞
2.1 Critères de réverbération D GD = pG ( t ) pD ( t ) d t  pG ( t ) pD ( t ) d t (Danilenko)
0 0

V
T R = 0,16 -------------------
V
T R = 0,16 ------------------------------------------------
(On retrouve D GD = D pour pG = pD et tg = 50 ms). A
Temps central binaural :
∑ Si αi – ∑ S i ln ( 1 – α Ei )
I
 
i i ∞ ∞
t sB = t pG pD d t  pG pD d t (Kürer)
(Sabine)

Valeurs initiales du T R : TRi temps de réverbération calculé sur les


(Eyring-Millington) 0

À partir de la fonction d’intercorrélation binaurale :


0
R
160 ms initiales ou sur l’intervalle 0 à – 15 dB
p GD ( τ ) = 

pG ( t ) pD ( t + τ ) d t
E
0

2.2 Critères de clarté on définit la fonction d ’intercorrélation binaurale normalisée :

 
∞ ∞ 1/ 2
2 2
Deutlichkeit : IACC ( t ) = p GD ( τ )  p G dt pD d t
0 0

 
50 ∞
IACC à court terme :
D = p2 d t  p2 d t (Thiele)

  
0 0 tg tg tg 1/2
2 2
Indice de réverbération : IACC CT ( 0 ) = pG pD d t  pG d t pD d t (Keet)
0 0 0
1–D
R = 10 lg -------------- Indice d’effet de salle
D
(Beranek et Schutz)
 
∞ 80
2 2
Clarté p d t – 25 p u d t
25 0
R = 10 lg ----------------------------------------------------
- (Reichardt et Lehmann)
 

 
80 25 80
2 2
C = 10 lg p2 dt  p2 dt (Reichardt) p0 d t – pu d t
0 80 0 25

Temps central Efficacité latérale

  
∞ ∞ 80
2
ts = t p2 ( t ) d t  p2 ( t ) d t 25 g
p dt
LE = -----------------------
- (Jordan)

0 0
80
2
Rapport signal (pondéré)/bruit : p 0 dt
0


35
a ( t ) p2 ( t ) d t
0
S / N = 10 lg ---------------------------------------------
- (Lochner et Burger)


p2 (t) dt
35

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