La Poésie
La Poésie
La Poésie
Elle se rencontre dans les épopées. L’épopée est un genre héroïque. Son but est de
sublimer, de galvaniser les jeunes générations. Bref, c’est un genre noble et patriotique.
L’épopée la plus ancienne est celle d’Homère, premier poète grec (L’Iliade et
L’Odyssée). L’épopée est restée une tradition vivante à travers les siècles. On peut
citer par exemple La chanson de Rolland par Chrétien de Troie qui chantait le règne de
Charlemagne qui, par sa bravoure et son courage empêcha l’islamisation de l’Europe ;
La Franciade de Ronsard, La Henriade de Voltaire, La légende des siècles d’Hugo. La
poésie épique vaut par son souffle, c'est à-dire sa force ; mais elle ne touche pas
profondément le lecteur qui reste, différemment du poète, étranger à l’intrigue. En
Afrique, ce poème de nature élogieuse est encore déclamé par les griots « mémoires
des peuples, des rois et des marabouts »
Dans la poésie lyrique, l’homme analyse ce qu’il ressent. Les premiers poètes lyriques
furent les trouvères du moyen âge qui raconte leurs aventures difficiles. Charles
d’Orléans et François Villon donnèrent à cette poésie une dimension supérieure. Elle
est le fruit de l’expérience personnelle, mais le poète ne se contente plus de se raconter
; il analyse ses sentiments et réfléchit sur la condition de l’homme de sorte que le
lecteur puisse être plus profondément touché et ému. L’amour, la nature, la fuite du
temps, la nostalgie sont les sujets d’inspirations les plus courants ; mais les thèmes
peuvent être plus philosophique, voire métaphysique : Dieu, les mystères de l’âme
humaine, du monde etc.… Ronsard et Du Bellay sont aussi de grands poètes lyriques.
Cependant, il faut noter que l’explosion véritable du lyrisme en poésie s’est produite au
XIXe siècle avec l’avènement du romantisme.
Son rôle essentiel est l’enseignement des hommes à travers deux formes principales :
la fable et le satyre. Ces deux formes sont d’origines anciennes, mais très peu
répandues à travers les siècles.
La fable : c’est un petit récit plaisant en vers, caractérisé par des personnages bien
définis, hommes ou animaux, correspondant à des types humains, avec une moralité,
une expression de bon sens ou d’une sagesse sans prétention. Les maîtres dans ce
genre sont : Esope, La Fontaine, Florian ; Juvénal, France Nohant…
Le satyre : comme la comédie, « elle châtie les mœurs en riant ». Les personnages, en
situation dans ces pièces, fustigent le défaut ou les ridicules de certains types humains
qui sont ses cibles de prédilection. Mais très peu de poètes sont attirés par ce genre ou
pourtant, la verve (force), la finesse de l’observation, la fantaisie et l’humour se
déploient aisément. Comme poètes satyriques nous pouvons citer : Oracle, Boileau,
Renier, etc.
La poésie est utile car elle procure un plaisir physique (musique, envoûtement, joie,
euphorie, libération…) ou un plaisir de l’imagination (évasion, fantaisie, mystère,
rêverie…) « La poésie est la musique de l’âme, et surtout des âmes grandes et sensibles
», écrira VOLTAIRE. La poésie est aussi beauté (couleurs, formes, musique).
MALLARME l’a bien rendu dans cette phrase en affirmant : « il n’y a que la beauté, et
elle n’a qu’une expression parfaite, la poésie ». La poésie peut être utile pour les
connaissances qu’elle donne. La sensibilité y est un maître mot car la poésie l’affine et
l’enrichit, l’enflamme et l’incite à l’action, console et apaise, permet la communication
entre les hommes. En fin, elle a une valeur morale (purification des passions, exaltation
héroïque, nationale et sociale) et une valeur civilisatrice, comme en témoigne son
importance dans les civilisations antiques.
La poésie, plus que toute autre forme d’expression littéraire, peut apparaître de nos
jours, gratuite voire inutile. Or, durant de nombreux siècles et, jusqu'à nos jours, elle
avait et, a encore à bien des égards de hautes missions :
III.1- Connaissance du monde.
La poésie facilite notre connaissance du monde en ce sens qu’en dévoilant ce qui était
caché à nos regards, obscurcit par l’habitude, le poète contribue par là à une nouvelle
approche du réel de façon passive ou active. Cloderne écrit en ce sens : « la poésie est
connaissance du monde, car le poète démiurge recrée le monde à sa manière ». Eugène
Guillevic dira aussi : « je crois que la poésie est un moyen de connaissance, un des
moyens de comprendre le monde ». Cette connaissance du monde se fera par la
description et la suggestion. C’est l’exemple de Jean de la Fontaine avec Les Fables et
la poésie symboliste.
Les poètes ont rêvé d’un au-delà d’idéal, d’une perfection universaliste, d’un amour
platonique, d’une harmonie salvatrice faisant de leur poème un sésame. Au monde
logique, la poésie préfère le domaine de l’irrationnel qu’elle seule peut explorer, car
l’état poétique est voisin de l’état mystique. A ce propos RIMBAUD disait : « je dis
qu’il faut être voyant. Le poète se fait voyant par un long immense et raisonné
dérèglement de tous les sens. » Et BAUDELAIRE affirmera que « c’est par la
poésie… et par la musique que l’âme entrevoit les splendeurs situées derrière le
tombeau ». Cette création d’un monde inconnu fait du poète un mage, un prophète
divin, un Prométhée, selon Rimbaud.
III.2 - Engagement
Une littérature est engagée lorsqu’elle exprime des prises de position et dénonce ce que
l’écrivain considère comme des atteintes aux droits des humains. Pendant longtemps,
la poésie a été didactique, messagère de leçon d’éthique, morale et politique. Au XIXe
siècle, le poète se proclame prophète des temps futurs. Dans Les Rayons et les
Ombres, (1840) Victor Hugo, écrit : « Peuple, écoutez le poète / Ecoutez le rêveur
sacré ! / Dans votre nuit, sans lui incomplète / Lui seul a le front éclairé. » Au XXe
siècle, la poésie sera souvent engagée au service d’une cause, d’un idéal, d’une
politique : (Existentialisme, Négritude, Surréalisme). Cette conception de la poésie en
tant qu’élément ou moyen de lutte pour le devenir de la cité est quelque chose de très
marquant à l’époque moderne. C’est en ce sens que AIME CESAIRE dira : «ma
bouche sera la bouche des malheurs qui n’ont point de bouche, ma voix, la liberté de
celles qui s’affaissent au cachot du désespoir ». De même PAUL ELUARD soutiendra
: « le temps est venu ou tous les poètes ont le droit et le devoir de soutenir qu’ils sont
profondément enfoncés dans la vie des autres homme, dans la vie commune. »
IV - LE POETE
Etre poète, ce n’est pas seulement savoir faire des vers corrects. Le poète, par sa façon
de voir les choses et de les exprimer, suscite la puissance de la poésie, la puissance du
mot. A travers les époques et les courants littéraires, diverses conceptions du poète
s’opposent ou se complètent. Ainsi le poète apparaît comme :
- Celui qui est inspiré, c’est-à-dire le « vastes », le devin qui interprète auprès des
hommes, les puissances divines et les voix de la nature. C’est aussi le favori des muses
car il a le pouvoir de déchaîner des passions.
- Un artiste comme les autres : Le poète est un artiste, parce qu’il est soumis aux
mêmes règles de la raison et du goût que les autres. Il se distingue de ceux-ci par ses
dons naturels qui le rendent apte à tel ou tel genre ; par les libertés et par le langage
particulier qui caractérisent la poésie. Ce point de vue est celui des classiques mais
aussi des Parnassiens, pour qui, le poète est non seulement l’artisan lucide, mais aussi
le maître des artifices du langage qui travaille sa matière première, les mots. C’est ce
qui fait de lui « un magicien du verbe », un jongleur entre mots et images. Dans ce cas
précis, la pensée claire est moins essentielle ; le poète a pour but de créer la beauté.
- Celui qui sent : Grâce à une sensibilité privilégiée, un moi qui est « un écho sonore »
et révèle les autres à eux même, le poète a le pouvoir de faire indigner, d’apaiser, de
réjouir, d’aimer, de haïr, d’admirer, d’étonner…
- Celui qui sait : Le poète est un prophète, un mage, un penseur, un déchiffreur de
symboles, un voyant qui communique son savoir aux autres hommes.
- Celui qui chante ses obsessions ou ses rythmes intérieurs sans se préoccuper d’autres
missions en particulier à l’égard du public.
Par ailleurs dans la littérature, le personnage du poète est vu sous différents aspects. Il
apparaît comme un courtisan, un rêveur, ami des plaisirs, chantre de la beauté et de
l’amour. Mais, c’est aussi un être exceptionnel par sa nature, supérieur au vulgaire,
égal aux rois, maître de conférer l’immortalité. C'est-à-dire, il peut parfois être voué à
la solitude, à l’incompréhension, au sarcasme (« Albatros »), à la pauvreté, à la
malédiction, à la souffrance. Sensible, il est incapable de vivre dans notre monde ;
c’est pourquoi, on excuse sa singularité, sa vie de bohème, ses passions, pourvu
qu’elles correspondent à son génie et à sa mission.
L’utilité sociale du poète est aussi très contre versée. Pour les uns, il est dangereux,
c’est pourquoi on doit le bannir car, il a trop de puissance occulte pour figurer dans un
ordre qui doit être raisonnable (Platon, La République). Pour d’autres, il est inutile
pour l’Etat car, le domaine de la poésie est autre que celui de la politique (Parnasse).
Mais pour beaucoup le poète est utile car il est capable de susciter les sentiments
nationaux, de conseiller les rois, de rappeler les grandes vérités utiles à l’humanité.
C’est aussi un « Prométhée » qui nous incite à la révolte, un « prophète » et un « mage
» qui voit l’avenir et suscite les forces qui le créent.
CONCLUSION
La poésie est donc un art du langage qui vient s’opposer à la prose. Ainsi, Mallarmé
considérait cette dernière comme un simple véhicule communicationnel. Les linguistes
reconnaissent à la poésie le souci du travail verbal. Pour Jakobson, elle explore le
signifiant du mot (graphème) autant sinon davantage que son signifié (sens). La poésie
a cette capacité de charger de sens l’ensemble des ressources linguistiques et
syntaxiques : rythme, sonorités, image, lexique, typographie…
Citations : « La poésie est à la vie, ce que le feu est au bois. Elle en émane et la
transforme » (Jacques REVERDY) ; « Les poètes nous transposent dans un monde
plus vaste ou plus beau, plus ardent ou plus doux que celui nous est donné, différent
par là même et en pratique presque inhabitable » (Marguerite YOURCENAR)