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La Famille 062002

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Leçons sur le thème

"La famille"

Par Christophe DOZIN,


licencié en sociologie et agrégé de l'enseignement secondaire supérieur à l'UCL,
2002.

INTRODUCTION

Ce module de cours a été enseigné à l’Institut Sainte-Marie de Namur (maître de stage : F.


Tinant). Il a fait l’objet d’une préparation structurée en deux grandes parties. La première a
pour but de présenter la démarche générale qui sera privilégiée au travers de ces 10 heures à la
lumière du nouveau Programme des sciences sociales. La seconde porte davantage sur
l’organisation et le déroulement concrets des leçons.

En outre, dans une troisième partie, le lecteur trouvera la bibliographie et la présentation du


travail de groupe (Annexes 1 et 2)

A : CONCEPTION D’UNE SÉQUENCE DE COURS À LA LUMIÈRE DU


NOUVEAU PROGRAMME

Remarques introductives

La séquence de cours proposée portera sur le thème de la famille. Plus précisément, ce sont
les grandes questions relatives aux transformations que connaît aujourd’ hui la famille
occidentale – et plus particulièrement belge – qui constituent l’ objet sur lequel nous
focaliserons notre attention. Comme précisé dans le Programme de Sciences sociales, tout ce
qui sera abordé dans le cadre de cette séquence n’ acquerra pertinence qu’ à la lumière de la
démarche située au cœur de ce programme. Celle-ci " vise à rendre compte, de manière
précise et informée, de la complexité d’ une réalité sociale ".

Le public cible désigné pour cette séquence de cours est composé d’ une bonne vingtaine
d’ élèves du second degré de l’ enseignement général (22 élèves de 4ème année générale).
Cette précision a son importance, notamment parce que le type de degré d’ enseignement
détermine les exigences en matière d’ outils de savoir-faire.

La durée du module de cours est estimée à 10 heures de 50 minutes, auxquelles il convient


d’ ajouter 2 heures consacrées à l’ évaluation sommative (via un débat).
1. Formulation des buts et des objectifs généraux

1.1. Buts visés

Les principaux buts visés au travers de ce module de cours sont au nombre de trois.
L’ enseignant exprime effectivement son intention d’ amener les élèves de 4ème générale à :

- prendre conscience que chaque concept – et notamment le concept de "famille" – peut


renvoyer à une pluralité de réalités possibles ;
- faire preuve d’ esprit critique à l’ égard de toute information recueillie ;
- développer le sens de l’ analyse sociologique (afin de parvenir à rendre compte des
questions actuelles qui traversent le thème de la famille).

1.2. Objectifs généraux

1.2.1. En termes de savoir outils à utiliser

Comme le prévoit le programme, nous n’ aurons pas directement recours à l’ une ou l’ autre
théorie dans le module de cours proposé, celui-ci portant sur un public du second degré. Cela
étant, nous ne manquerons pas de faire appel à certains apports théoriques clés dans la mesure
où ces derniers sont à la base de concepts nous paraissant importants à introduire. Ceux-ci
doivent être considérés, au même titre que les théories, comme " des outils destinés à repérer,
définir un contour, à éclairer la réalité sociale étudiée ".

Quelques apports théoriques.

Parmi les courants et auteurs suggérés dans le Programme de Sciences sociales, il nous
semble particulièrement intéressant d’ aborder :

- Le structuralisme tel qu’ introduit par C. Lévi-Strauss au travers des analyses du fondement
social de l’ interdit de l’ inceste (cf. : concepts d’ exogamie, d’ inceste, de parenté, …).
- Le fonctionnalisme tel qu’ introduit par T. Parsons au travers de ses analyses de la famille
contemporaine américaine (cf. : concept de famille nucléaire, …).
- L’ étude de la question de la famille peut être l’ occasion de découvrir E. Durkheim, un des
grands pères fondateurs de la sociologie.
Sa théorie sur la division du travail pourrait permettre de mieux cerner l’ évolution qu’ a
connue la famille occidentale depuis l’ émergence de l’ individualisme (concepts de
changement social, de solidarité mécanique, de solidarité organique, …).
- Il en va de même pour les analyses du changement social développées par F. Tonniës
(concepts de communauté et de société).

D’ autres auteurs comme J.C. Kauffmann, F. de Singly et bien d’ autres pourraient aussi
présenter un certain intérêt pour mieux comprendre la réalité sociale étudiée. Cela étant, nous
ne nous réfèrerons que rarement à leurs analyses, préférant plutôt rendre compte des questions
que pose aujourd’ hui l’ évolution de la famille au travers de cadres d’ analyse plus généraux,
construits par ou avec les élèves eux-mêmes et fondés sur une perspective constructiviste.

2
Enfin, remarquons que nous ferons probablement référence à l’ un ou l’ autre des premiers
intellectuels observateurs de la famille, tel Villermé ou F. Le Play (concepts de famille
patriarcale/instable/souche).

Concepts

A. Composantes Concepts

Psychosociales - Groupe
- Statut, rôle

Socioculturelle -Changement social - Interdit - Lien social


-Identité (sociale) - Contrôle social - Socialisation
- Rite - Exclusion sociale - Société / Communauté
- Individualisme - Culture - Solidarité

Socio-économique - Classe sociale


- Facteur de production
- Travail

Institutionnelle et - Institution - Groupe de pression


socio-politique - Mouvement social (féministes,..)
- Pouvoir / autorité

Épistémologique Positivisme Constructivisme

Plus spécifiquement - Famille - Parenté - Famille souche / instable


liée au thème traité - Exogamie - Famille nucléaire- patriarcale
- Inceste élargie - Famille recomposée,
monoparentale, …

Bien entendu, il importe de bien pouvoir cerner à quoi peuvent servir tous ces concepts. Le
Programme de Sciences sociales énonce à ce propos quatre grands aspects :

- les concepts permettent la mise à jour des connaissances dans le contexte social
contemporain.
=>Exemple : le concept de " famille " renvoie à une réalité qui varie selon l’ époque et le
lieu : la famille chez certains peuples d’ Afrique n’ équivaut pas à la même réalité que celle
que l’ on connaît aujourd’ hui en occident. Il importera donc que les élèves tiennent compte
chaque fois du contexte spatio-temporel considéré lors du recours à ce concept.
- les concepts obligent les élèves à comparer le discours abstrait avec la réalité qui les
entoure.
=>Exemple : dans le concept de " famille ", la famille recomposée est une des
configurations observées aujourd’ hui. Elle doit donc également être considérée.
- les concepts permettent de structurer la réalité.
=>Exemple : le recours au concept de " famille " permet, par exemple, s’ il est bien
clarifié, de rendre compte du nombre de personnes englobées dans ce concept pour
chacune des sociétés- époques considérées.

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- les concepts déterminent un cadre de référence dans la communication.
=>Exemple : le fait de se mettre tous d’ accord sur ce que désigne effectivement les
concepts de " famille nucléaire " et de " famille élargie " permet d’ aller plus loin dans
l’ analyse tout en évitant plusieurs incompris de la communication.

Autres savoirs (procéduraux, institutionnels)

La maîtrise de divers savoirs institutionnels et procéduraux a peu d’ intérêt en soi si ces


derniers ne sont pas destinés, au même titre que les théories et concepts, à servir d’ outils au
service de l’ étude de la réalité sociale.

En matière de savoirs institutionnels, ce module de cours sur la famille me semble être une
bonne occasion pour s’ intéresser au travail réalisé par l’ une ou l’ autre structure d’ aide
psychosociale mise à disposition des familles en général (et des couples en particulier). De
fait, le travail mené par ces organismes nous semble être en partie le reflet des questions et
problématiques que vit aujourd’ hui la famille.

C’ est pourquoi nous veillerons à inviter, lors du dernier cours, une personne-ressource d’ un
centre de consultation conjugale pour débattre avec elle des problématiques qui touchent
aujourd’ hui la famille.

Au fil de l’ apprentissage, des savoirs procéduraux tel que " savoir effectuer des recherches en
bibliothèque ", " savoir mener des recherches sur Internet " et " savoir lire et interpréter des
statistiques " (… ) pourraient être exercés.

1.2.2. En termes de savoir-faire

Voici, classés par compétence, les « savoir-faire » qui pourront être exercés dans le cadre de
ce module. La compétence 3 est celle qui sera plus particulièrement privilégiée. Le travail
demandé en fin de module consistera d’ ailleurs à confronter les observations des élèves d’ un
phénomène avec concepts et modèles qui auront été développés au cours.

Les outils de savoir-faire relatifs à la compétence 1

- Exprimer ses propres représentations, les confronter à celles d’ autrui, prendre conscience de
la contingence de ces représentations. (comp.term.1)
- Trouver les informations dans différentes sources courantes. (c.t.4)
- Poser le problème avec l’ aide de l’ enseignant : formuler une question courte et précise, non
moralisatrice et non psychologisante, réalisable et vérifiable, qui permet une explication.
(c.t.8)
- Produire des hypothèses avec l’ aide de l’ enseignant, en distinguant variable dépendante et
variable indépendante. (c.t.8)

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Les outils de savoir-faire relatifs à la compétence 2

- Extraire des données d’ un texte, d’ un graphique, d’ un tableau. (c.t.4)


- Articuler les idées principales avec cohérence afin de reconstituer l’ unité du document :
hiérarchiser, mettre des mots liens, … (c.t.5)
- Distinguer ce qui est hypothétique et ce qui est démontré. (c.t.5)
- Construire des concepts, des schémas explicatifs, des modèles et tester la pertinence
explicative des hypothèses. (c.t.8)

Les outils de savoir-faire relatifs à la compétence 3

- Confronter les différentes composantes d’ une même situation problème. ( ∨)


- Confronter les données du réel, les résultats de l’ observation avec le concept qui a été choisi
(c.t.7)
- Identifier la logique explicative de chacune des théories. (c.t.9)

Les outils de savoir-faire relatifs à la compétence 4

- Produire un exposé correct des relations de cause à effet (c.t.3)


- Proposer ses propres solutions et ses pistes d’ action (∨)

1.2.3. En termes de savoir être

Les savoirs être individuels


- Développer des attitudes de questionnement et de recherche qui, en lui assurant un esprit
critique, rendront l’ élève apte à déjouer les pièges de l’ ethnocentrisme.
=> Ce savoir être sera notamment travaillé lors de l’ initiation à la perspective
constructiviste ainsi que lors de l’ approche anthropologique de la famille.
- Développer un regard conscient et critique sur le monde actuel en mettant en question ses
préjugés et ses stéréotypes.
=> C’ est notamment le cas pour ce qui est de la question de l’ évolution actuelle de la
famille : qu’ en est-il vraiment ? quelles sont les tendances observées ?…
- Développer son aptitude à communiquer selon diverses modalités, à se présenter et à
mettre en valeur son travail.
=> Ce savoir être sera notamment lors des mises en commun des exercices réalisés au
cours.

Les savoirs être relationnels


- Respecter l’ autre, l’ écouter.
=> Notamment dans le cadre des travaux en groupe, exposés magistraux ou débats en
classe.
- Développer une attitude de coopération et de solidarité.
=> Notamment dans le cadre des travaux en groupe.
- S’ éveiller à la tolérance et à la relativité.
=> Ce savoir être me semble particulièrement important à la vue du thème traité.

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2. Principaux aspects de la démarche proposée

2.1. Les représentations mentales : émergence et mode de traitement socio-


cognitif

Apprendre, c’ est avant tout changer les représentations préalables.


Pour ce faire, il est essentiel de développer une manière de faire émerger ces représentations.
Une fois émergées, il importe de les soumettre à un mode de traitement socio-cognitif.

On peut imaginer, par exemple, de partir d’ un article qui se contente de relater les expériences
familiales diverses de deux ou trois personnes, sans qu’ il n’ encourage particulièrement à la
décentration.

Exemple type : l’ article de presse reproduit dans le portefeuille de lecture, p.1-4. (THOOFT
L., Nouvelles familles, nouvelles tribus, in Femmes d’ Aujourd’ hui, le 26/02/2001, pp.32-37).
On peut faire lire cet article aux élèves (division de la classe en trois ; chaque partie lit un des
trois récits relatés dans l’ article), puis leur demander de répondre à ces questions :

- de quoi traite cet article, que nous apprend-il ? : en quoi consiste l’ expérience relatée ?
que s’ est-il passé ? , comment ?, qui ?, où ?, pourquoi ?…
=> Registre de l’ observation, du recueil objectif des faits.
- que ressentez-vous à la lecture de cet article ?
=> Registre des émotions, sentiments.
- selon vous, peut-on parler de " famille " dans l’ expérience présentée ? Quelle est votre
position personnelle par rapport à ce fait relaté, qu’ en pensez-vous ?
=> Permet de cerner ce qu’ ils mettent derrière le concept de famille, la manière dont ils le
définissent. C’ est le registre de l’ interprétation personnelle (interpréter = " donner du sens
" à). Elle est basée sur l’ observation, mais renvoie également au registre du ressenti
puisqu’ on donne du sens aux choses en fonction de son vécu, de ce que l’ on ressent.

2.2. Formulation d’une situation problème

L’ objet social qu’ est la famille pourrait être traité au travers de la situation-problème suivante:

" En vue d’un débat avec une personne-ressource extérieure, rédigez et présentez oralement
une note portant sur l’analyse d’une question liée aux transformations que connaît
aujourd’hui la famille ".

Cette suggestion présente bien les trois grandes caractéristiques de toute bonne situation
problème :

- c’ est une situation concrète, qui a une finalité sociale et qui peut avoir du sens pour l’ élève ;
- il s’ agit d’ une situation complexe, qui exige un important travail de recherche et d’ analyse
qui devra être mené sous des angles multiples et variés (pluralisme explicatif) ;
- une production bien identifiable de l’ élève est attendue : la rédaction d’ une synthèse
collective.

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2.3. Formulation d’une question de départ et de l’une ou l’autre hypothèse

La question de départ à partir de laquelle peut se structurer l’ ensemble du parcours logique


suggéré de ce module de cours se résume comme suit : " Pourquoi observe-t-on, depuis une
vingtaine d’ année, une raréfaction du modèle de la famille contemporaine traditionnelle
belge (couple marié et de sexe différent + enfants) au profit d’ une diversification et
complexification croissante des modèles familiaux (famille monoparentale, recomposée,…) ?"

Si elle nous semble effectivement pertinente, cette question se doit également d’ être claire et
précise. Avant même de poser l’ une ou l’ autre hypothèse analytique, il importera donc de
clarifier avec les élèves ce que l’ on entend par " famille contemporaine traditionnelle ", ainsi
que de préciser les réalités couvertes par les notions de " diversification et complexification
des modèles familiaux ".

En outre, il va de soi que nous ne pourrons nous atteler à la mise à l’ épreuve des hypothèses
émises qu’ après avoir soigneusement pris soin d’ établir la nature exacte et l’ ampleur du
mouvement sous-tendu par cette question de départ.
Cela dit, ce travail sera sans doute partiellement mené avant même qu’ émerge la question de
départ.

Quelques tendances observées… :

- Une diminution du nombre de mariages et une augmentation du nombre d’ unions libres.


- Une augmentation du nombre de divorces et de séparations.
- Une augmentation du nombre de familles monoparentales.
- Une augmentation du nombre de familles recomposées.
- Une diminution du nombre de naissances.
- Une augmentation du nombre de naissances hors mariage.
- Une augmentation du travail salarié des femmes.

Pour répondre à cette question de départ, il est nécessaire de formuler l’ une ou l’ autre
hypothèse (s) de travail. La liste des hypothèses suggérées ci-dessous n’ est évidemment ni
exhaustive, ni exclusive. Leur nature et leur nombre dépendent également du travail de
recherche exploratoire mené avec les élèves.

" Pourquoi une raréfaction du modèle de la famille contemporaine traditionnelle au profit


d’ une diversification et complexification croissante des modèles familiaux ? "

* Hyp.1. On se marie moins car les individus n’ accordent plus d’ importance à la famille. Ils
souhaitent de plus en plus vivre seuls.
* Hyp.2. On se marie moins car les individus ne souhaitent plus s’ engager de façon durable
dans une relation. En ce sens, le mariage est perçu comme une forme d’ emprisonnement,
une contrainte qui risque de freiner la liberté de chacun des conjoints, de mettre à tout
moment fin à la relation.
* Hyp.3. On se marie moins, on se sépare plus facilement, on ne s’ unit plus forcément avec
quelqu’ un du sexe opposé et l’ on ne fait plus automatiquement des enfants car il n’ y a plus
une pression sociale qui force les individus à adhérer à un modèle préétabli (à rester
ensemble même s’ ils ne le souhaitent plus, à faire des enfants, … ). L’ individu prime
désormais sur le groupe social. C’ est à lui que revient le libre choix de sa vie =>
Emergence de l’ individualisme.

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* Hyp.4. Toutes les tendances observées aujourd’ hui trouvent leur raison d’ être dans le fait
que la famille reste une valeur particulièrement importante pour l’ individu, dans laquelle il
peut s’ épanouir affectivement, au point que ce dernier manifeste une trop grande exigence
à son égard. En conséquence, s’ il ne trouve pas satisfaction, il préfère renoncer à continuer
et se lance dans d’ autres essais. L’ individu est donc perpétuellement en quête d’ un bonheur
familial.
* Hyp.5. (… )

Une petite recherche exploratoire permettant de conduire aux hypothèses de travail suggérées
sera menée dans le cadre du point consacré à " l’ observation des faits sociaux ". C’ est ce que
nous ferons avec les élèves au départ de la recherche et de la lecture d’ articles se rapportant à
la question traitée (voir plus loin).

Ce faisant, on s’ inscrit bien dans une démarche descriptive qui a pour but d’ explorer le sujet,
d’ en savoir un peu plus à son égard et de commencer à susciter le questionnement des élèves.

2.4. Elaboration d’un parcours logique et cohérent

Pour répondre à la question de départ et valider, invalider ou nuancer les hypothèses, il


importe d’ élaborer un parcours logique et cohérent.

Le tableau synthétique reproduit en fin de travail permet de rendre compte de ce parcours.


Celui-ci se structure comme suit :

Stade 1 : faire émerger les représentations (déjà évoqué précédemment).

Stade 2 : leur appliquer un traitement cognitif + déboucher sur l’ une ou l’ autre question de
départ et l’ une ou l’ autre hypothèse (déjà évoqué précédemment).

Stade 3 : prendre distance vis-à-vis des représentations et construire un savoir plus rigoureux.
* Elaboration du concept de famille et de tout ce qu’ il sous-tend, en s’ inscrivant
dans une perspective constructiviste et en s’ aidant notamment de la définition
proposée par le dictionnaire de sociologie.
=> Intérêt de ce point à la lumière de la question de départ et des hypothèses :
avoir un aperçu précis des réalités couvertes par ce terme et de tout ce qu’ il sous-
tend, ce qui est indispensable si l’ on veut tenter ensuite de tester les hypothèses
formulées.
* Pour rendre compte des hypothèses posées, nous recourons à divers cadres
d’ analyse introduit par quelques auteurs classiques et construit sur base de
l’ analyse de l’ évolution actuelle de la société (voir seconde partie de ce travail).

Stade 4 : articuler le savoir construit par les élèves au savoir élaboré par des auteurs de
Sciences sociales. Exemples : (voir seconde partie de ce travail)

Stade 5 : identifier la ou les logiques explicatives mises en œuvre. Après avoir mis en place
une démarche de recherche visant à confronter les hypothèses émises à l’ épreuve
des observations, le temps sera venu de tirer les conclusions du travail accompli
(notamment au travers des travaux réalisés par les élèves).

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2.5. Mise en évidence des axes de tension

Les principaux axes de tension – définis comme des " enjeux contradictoires qui traversent
une société (localisée dans le temps et dans l’ espace) " – mis à jour à travers la démarche de
recherche sont repris ci-dessous.

AXES DE TENSION COMMENTAIRES EN LIEN AVEC LA RÉALITÉ SOCIALE


ÉTUDIÉE

Public / Privé Aujourd’ hui, on a tous tendance à considérer que la famille est un espace
privé. Cela étant, on a jamais autant étalé la vie privée des gens qu’ aujourd’ hui
(voir les émissions télévisées type " C’ est mon choix ", … )
En outre, une grande majorité d’ individus estime que l’ Etat a le droit (et même
le devoir) de s’ immiscer dans la vie privée des gens en cas de suspicion de
maltraitance, abus sexuel, pédophilie, …

Marchand /Non La famille étant un valeur particulièrement chère aux belges, ne risque-t-elle
marchand pas de se voir exploitée par certains comme un bien marchand ? (ex.: aux
Etats-Unis, … ).
En outre, le développement des émissions télévisées style " C’ est mon choix ",
" Star Academy ", (… ) ne traduit-il pas justement le besoin qu’ éprouvent les
individus à vivre des relations intimes, privées et familiales, et à extérioriser le
tout en espérant trouver dans les médias un moyen de légitimer leurs choix de
vie ? Qu’ en est-il de l’ exploitation marchande de ces besoins ?

Individuel / Collectif Cet axe de tension traverse l’ ensemble de la sociologie de la famille.


La famille, en tant que collectif, exerce-t-elle encore une pression sur
l’ individu ? Comment les individus vivent-ils en famille ? (… )

Conforme / Non Y a-t-il encore un modèle familial dit " conforme " et d’ autres jugés non
conforme (déviant) conformes ?

Comportement Quel poids occupe encore aujourd’ hui le système normatif sur les choix posés
intéressé / par les individus en matière de vie familiale ? Peut-on encore parler d’ un
comportement système normatif qui exerce une contrainte sur l’ individu ? Les
normatif comportements de l’ individu sont-ils désormais uniquement dictés par l’ intérêt
individuel ?

Positivisme / Ces deux perspectives d’ analyses seront abordées au cours dans le cadre de la
constructivisme présentation de la perspective constructiviste.

2.6. Production finale attendue de l’élève

La production finale attendue renvoie directement à la situation problème définie en début de


module (voir le point 2.2.).

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2.7. Proposition d’un mode d’évaluation

Outre les évaluations diagnostiques et formatives réalisées avant- pendant la séquence de


cours (notamment au travers de la participation au cours et de certains exercices demandés),
l’ évaluation sommative se basera de la situation problème déterminée avec les élèves au début
du module.

Concrètement, il s’ agira donc de rédiger et présenter collectivement une note portant sur
l’ analyse d’ une question liée aux transformations que connaît aujourd’ hui la famille.
Pour ce faire, les élèves seront également invités à recourir à d’ autres sources que celles qui
sont travaillées au cours, et ce afin de renforcer la situation de transfert.

B. PRÉSENTATION DE CHACUNE DES DIX HEURES DE COURS

Au plus tard lors de la troisième heure de cours, les élèves recevront un portefeuille de lecture
(recueil de textes) auquel nous nous référerons souvent. En outre, ce portefeuille fera office de
source d’ informations que les élèves pourront librement parcourir, notamment dans le cadre
du travail qui leur sera demandé. Tous les articles ne seront donc pas forcément travaillés au
cours.

Premier cours (2 x 50 minutes)

Prise de contact (15 min)

- Au début du cours, l’ enseignant se présente très brièvement : nom, formation, statut


(stagiaire) et durée du stage.
- Il invite ensuite chaque élève tour à tour à brièvement se présenter (nom, prénom,
hobbies, … ) et à apposer sur son bureau une feuille qui mentionne son prénom.
- Journal de classe : - prise de contact.
- présentation du thème et de la démarche du cours.
- Qu’ est-ce que la famille ?

Présentation du thème, de la démarche de travail et de l’ objectif de ce cours (25


min)

Une des ambitions de ce module de cours étant de s’ inscrire tant que possible dans la
démarche introduite par le nouveau Programme, il importe de rendre compte aux élèves de la
logique qui va traverser ces 10 heures de cours.

* Après avoir noté le titre du point au tableau, l’ enseignant fait état du thème traité ainsi que
de la démarche privilégiée en veillant à interagir avec les élèves et à noter les éléments clés au
tableau. Il structure ce dernier en deux colonnes :

- la première porte sur les caractéristiques de la recherche ;


- la seconde porte sur la structure du cours (qui est de connivence avec celle d’ une recherche).

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Thème traité : la famille.

Démarche privilégiée : une démarche qui s’ apparente à une démarche de recherche. Qu’ est-ce
qu’ une démarche de recherche ? Comment un chercheur s’ y prend-il lorsqu’ il souhaite mener
une recherche sur un sujet comme la famille ?
* Au départ, une fois le sujet choisi, le chercheur va se fixer une situation problème, soit une
situation dans laquelle il est proposé une tâche qu’ il va essayer de mener à bien.
=> Nous définirons aussi une situation problème.
* Il va d’ abord se documenter un peu sur le sujet, lire des articles, rechercher des documents,
rencontrer des gens (… ). C’ est la recherche exploratoire.
=> C’ est aussi ce que nous allons commencer par faire : nous allons nous informer sur la
question en parcourant un portefeuille de lecture et en effectuant des recherches sur
Internet et-ou en bibliothèque.
=> Pourquoi faire cela ? Pour s’ informer sur le sujet, commencer à se poser des questions
et rompre avec ses représentations, préjugés.
* Une fois la tâche déterminée, le chercheur devra se poser une question de départ, c’ est-à-
dire une question qu’ il se pose à propos du thème choisi et qu’ il sera nécessaire de
travailler pour résoudre la situation problème.
=> Nous définirons aussi une question de départ.
* Ensuite, le chercheur va élaborer une série d’ hypothèses. Celles-ci constituent des réponses
provisoires à la question de départ, qui doivent être confrontées aux faits et à l’ analyse.
=> Nous poserons également plusieurs hypothèses.
* Viendra ensuite le moment de rechercher des informations, réactiver et construire des
concepts en vue de tester les hypothèses.
=> C’ est ce que nous ferons aussi.
* Il s’ agira ensuite d’ analyser le fait social en veillant à rechercher des explications,
confronter des théories, identifier les axes de tension.
=> C’ est ce que nous ferons aussi.
* Enfin, le chercheur confrontera les hypothèses avec les résultats de ses analyses et en tirera
les conclusions. Il pourra aussi suggérer des pistes de solution.
=> Nous confronterons les résultats du travail de recherche à la question de départ ainsi
qu’ à nos représentations préalables. De la sorte, nous pourrons résoudre la situation
problème.

Remarque : cette démarche n’ est pas linéaire. Elle suppose des allers-retours fréquents.

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B. Aperçu possible du tableau

C. Thème général choisi : la famille

D. Démarche d’ une recherche E. Structure du cours

1. Recherche exploratoire 1. Première approche du thème de la famille


2. Elaboration d’ une question de départ 2. Question de départ et hypothèses
3. Formulation d’ hypothèses 3. La famille occidentale : histoire et analyse
4. Recueil d’ informations et élaboration de 4. La famille aujourd’ hui : analyse des
concepts changements observés
5. Analyse du fait social étudié 5. Conclusion
6. Conclusion (vérification des hypothèses et
pistes)

Ensuite, l’ enseignant propose aux élèves une situation problème, l’ explicite (quand, quel sera
l’ intervenant du dernier cours, … ) et la note au tableau : " En vue d’ un débat avec une
personne-ressource extérieure, rédigez et présentez oralement une note portant sur l’ analyse
d’ une question liée aux transformations que connaît aujourd’ hui la famille ".

1. Première approche du thème de la famille (environ 210 min)

1.1. Qu’ est ce que la famille ? (environ 145 min)


• ETAPE : EMERGENCE ET TRAITEMENT DES REPRÉSENTATIONS, 145
MINUTES.

° Introduction (25 min)

Remarques préalables : l’ enseignant veillera à chaque fois à noter la structure du cours au


tableau (les points et leur agencement).

On peut imaginer, par exemple, de partir d’ un article qui se contente de relater les expériences
familiales diverses de deux ou trois personnes, sans qu’ il n’ encourage particulièrement à la
décentration. Exemple type : l’ article de presse reproduit dans le portefeuille de lecture, n°1
(le portefeuille entier sera distribué au cours prochain. A ce stade, seul cet article est distribué)
(THOOFT L., Nouvelles familles, nouvelles tribus, in Femmes d’ Aujourd’ hui, le 26/02/2001,
pp.32-37).

♦ On peut faire lire cet article aux élèves (division de la classe en trois ; chaque groupe lit un
article), puis leur demander de répondre à ces questions :

- De quoi traite cet article, que nous apprend-il ? : en quoi consiste l’ expérience relatée ?
que s’ est-il passé ? , comment ?, qui ?, où ?, pourquoi ?…
=> Registre de l’ observation, du recueil objectif des faits.
- Que ressentez-vous à la lecture de cet article ?
=> Registre des émotions, sentiments.

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- Selon vous, peut-on parler de " famille " dans l’ expérience présentée ? Quelle est votre
position personnelle par rapport à ce fait relaté, qu’ en pensez-vous ?
=> Permet de cerner ce qu’ ils mettent derrière le concept de famille, la manière dont ils
le définissent. C’ est le registre de l’ interprétation personnelle (interpréter = " donner du
sens à "). Elle est basée sur l’ observation, mais renvoie également au registre du ressenti
puisqu’ on donne du sens aux choses en fonction de son vécu, de ce que l’ on ressent.

♦ Les réponses sont récoltées " sur le vif» par le professeur, mais question par question, et
collectées au tableau (une colonne par question). Une fois terminé, l’ enseignant invite les
élèves à nommer chacune des colonnes : OBSERVATION/DESCRIPTION des faits,
RESSENTI et INTERPRÉTATION PERSONNELLE (" donner du sens à ", en fonction
de son vécu).

♦ Ensuite, il souligne l’ intérêt de cet exercice et veille à ce que les élèves prennent note de
ces conclusions :

- L’ objectif est de parvenir à bien distinguer, dans nos représentations préalables, ce qui
est de l’ ordre de l’ observation, du ressenti et de l’ interprétation personnelle.
- Pourquoi ? Car il est essentiel de faire la part des choses si l’ on veut mener de bonnes
analyses. C’ est particulièrement vrai ici, car on a tous notre point de vue sur le thème
choisi, il nous concerne tous, renvoie à notre vécu, …

PAUSE (5 min)

° Paradigme constructiviste (70 min)

♦ L’ enseignant propose ensuite aux élèves un autre exercice : il leur montre une affiche
tirée d’ une campagne de prévention de l’ I.B.S.R. et pose à l’ ensemble de la classe la
question suivante : qu’ est-ce que c’ est ?

♦ L’ enseignant recueille les réponses sur le vif. On parie ici deux choses :

- la plupart des élèves ne vont pas dresser une stricte observation de l’ affiche (on voit une
femme, un homme et un enfant, ils sont positionnés de telle manière, il y a telle
couleur,… ) mais vont plutôt directement interpréter personnellement (donner du sens à
… ) ce qu’ ils voient ;
- les interprétations émises par les élèves vont toutes converger : " C’ est une famille, des
parents et leur fille, … ".

♦ Une fois l’ exercice réalisé, l’ enseignant revient sur les réponses émises et note
progressivement les conclusions clés de l’ exercice au tableau :

- il explique en quoi dire que " c’ est une famille " est une interprétation (si possible, sous
forme de questions ouvertes aux élèves : avez-vous observé ? ) ;
- il invite les élèves à se demander pourquoi les interprétations convergent ?
=> On a tous en nous une certaine représentation de ce qu’ est la famille (… ) et cela
dépend du point de vue dans lequel on est par rapport à cette affiche. Quelqu’ un d’ autre
aurait pu dire que ce sont deux copains qui gardent la fille d’ une amie, des noirs
auraient pu dire que ce sont des blancs, des publicistes que ce sont des figurants qui
posent pour une publicité, …

13
=> Les choses sont ce qu’ on en fait ! ! Un même réel (un homme / femme / enfant)
renvoie toujours à plusieurs réalités possibles, selon l’ interprétation qu’ on en fait.

♦ L’ enseignant distribue ensuite un texte à chaque élève (portefeuille de lecture, n°2)

1° Il laisse quelques minutes aux élèves pour lire individuellement le texte.


2° Il demande ensuite aux élèves quel est le lien entre l’ histoire racontée dans ce texte et
les deux exercices que l’ on vient de faire. Il suscite la réaction et conduit à tirer les
conclusions de ce texte : donner son interprétation personnelle, donner sa propre vision
des choses, c’ est restreindre l’ univers des " possibles "… Il fait appel à d’ autres
exemples pour illustrer cette idée.

Exemple : la question de l’ avortement.


- Il s’ agit toujours d’ un même fait empirique concret (interrompre le développement du
fœtus).
=> C’ est un même FAIT.
- Mais la signification donnée à ce réel varie : l’ avortement est passé d’ un crime à un
droit, d’ une négation de l’ humanité à une promotion de celle-ci.
=> Un même réel renvoie à plusieurs REALITES/INTERPRETATIONS possibles.

Autres exemples :
- Les Russes. Avant, ils étaient le mal absolu. Maintenant, ils désignent un grand marché
commercial.
- Le feu : il existe de façon objective (réelle), mais renvoie à des réalités diverses : cuire
de la viande, se chauffer, invoquer les esprits, …
-…

♦ Ensuite, l’ enseignant tente de situer l’ intérêt de ce qui vient d’ être dit par rapport au
cours. Il utilise le tableau et invite les élèves à noter les idées clés.

1° Pour analyser la question de la famille aujourd’ hui, il importe de dépasser le seul niveau
des FAITS pour essayer d’ aller plus loin, de voir quelle (s) REALITE (S) on place
aujourd’ hui dernière le mot " famille ", les enfants, le conjoint, … , quel sens donne-t-on
aujourd’ hui à tout cela ?
2° Pour essayer de cerner ce processus, il faut éviter de ne se baser que sur notre propre
interprétation (car cela réduit l’ espace des " possibles ". Il importe d’ analyser et
d’ observer les faits sociaux, puis interpréter de façon objective sur cette base.)

Second cours (2 x 50 minutes)

♦ L’ enseignant débute par un bref rappel oral de ce qui a été fait au cours précédent, en
insistant sur ce qui a été fait en fin de cours. Il retrace aussi le plan du cours au tableau et
fait le journal de classe (5 min). Il reprend ensuite le cours là où il s’ était arrêté.

♦ L’ enseignant distribue ensuite le portefeuille de lecture et précise son utilité : c’ est un


outil de travail, dans lequel on va pouvoir puiser des observations, des analyses (… ) et
qui pourra, bien entendu être enrichi par d’ autres documents. Il distribue également une
feuille relative au travail demandé en fin de module (annexe 2) et la lit avec les élèves (5
min.)

14
1° Il invite les élèves à former les groupes à la pause et à s’ organiser pour déjà déterminer
un thème et rechercher des informations à son propos.
2° Il précise que l’ on consacrera 15 minutes le cours prochain pour approuver les thèmes
proposés par chacun des groupes.

♦ En guise de synthèse de ce qui a été fait précédemment, l’ enseignant distribue ensuite une
feuille aux élèves (document 3). Il la présente au travers d’ un bref exposé plus
"magistral", même si les réactions des élèves sont encouragées. Il utilise le tableau. (15-
20 min)

***

DOCUMENT 3 : Le constructivisme

POSITIVISME CONSTRUCTIVISME
Postulat Les choses sont là une fois pour toutes. Ce qui existe, c’ est un processus
On doit connaître ce monde qui est là. permanent de production du monde.
But Il faut trouver des lois, des règles de Il faut mettre en lumière les ressources
fonctionnement du système. positives et négatives du monde, ainsi
que les choix possibles.
Place de L’ homme est soumis aux lois. L’ homme est ouvert à du possible, peut
l'
homme Ex. : les lois du marché. participer à la construction de la vie.
La perspective positiviste est Ex.: certains montrent qu’ il n’ y a pas
intéressante pour rendre compte de ce que les lois du marché.
qui est à un moment et en un lieu La perspective constructiviste permet de
donné. rendre compte de la dynamique de la
vie, de ce qui se construit.

CONCLUSION :

♦ Deux conclusions en découlent :

- Les hommes construisent le monde.


- Le monde construit les hommes.

Ex.: " Si j’ étais né en 1917 à Leindenstadt " (chanson de J.J. Goldman)


Les deux hypothèses sont également applicables à la question de la famille :
- Le monde construit la famille.
- La famille construit le monde.
Il importe donc de tenir compte du contexte pour cerner la famille.

♦ Il faut privilégier les processus plutôt que les contenus.

Ex.: Lipovetsky distingue trois modèles de femme :


- La femme dans la société archaïque : sa liberté de choix est nulle. Son rôle est confiné au
ménage et à l’ élevage des enfants.
- La femme qui dit " non " : elle acquiert les mêmes droits que l’ homme en termes de liberté
de choix.
- La femme actuelle : en termes de contenu, elle fait les choses comme la première femme
(enfant, ménage, … ). Mais le processus est différent : cette alternative résulte à présent de
son libre choix individuel. Elle a choisi cette option.

15
Dans une perspective constructiviste, un même réel peut renvoyer à des réalités diverses.
Donc, faire le ménage (… ) : c’ est un devoir pour la femme 1, un enfermement pour la femme
2 et un épanouissement pour la femme 3.

***

° Définition de la famille (50 min)

♦ Question posée aux élèves : maintenant qu’ on a vu l’ importance de tenir compte de la


façon dont les gens donnent sens aux choses, comment peut-on encore donner une
définition de la famille ? (environ 20 min)
• Par groupe de 4-5, les élèves tentent de construire une petite définition pendant 5
minutes.
• On fait ensuite une mise en commun. L’ enseignant recourt au tableau pour noter les
éléments intéressants.
• Le but : que les élèves comprennent qu’ on ne peut donner une définition claire de la
famille (c’ est " un couple avec des enfants ", c’ est … ) car le sens que l’ on donne à ce
mot dépend des sociétés / époques !

PAUSE (5 min)

♦ Illustration du caractère relatif des formes familiales occidentales : texte 1 du portefeuille


de lecture : Le fondement des systèmes de parenté. (environ 35 min)
• Lecture collective : un élève lit à voix haute, les autres suivent. On s’ arrête après
chaque paragraphe pour commenter le texte et débattre sur ce qui a été dit : quelle est
l’ idée centrale ? Qu’ en penser ? Qu’ est-ce que cela permet de se rendre compte ?,…
• L’ enseignant conclut ensuite en donnant une définition de la famille proposée par le
dictionnaire de sociologie. Celle-ci figure dans le portefeuille de lecture, p.11. Un
élève la lit à voix haute, puis l’ enseignant veille à ce qu’ elle soit bien comprise :
identification des mots clés et de leur signification, … : " Il n’ y a pas de définition
univoque de la famille contemporaine. D’ une part, les formes familiales sont diverses,
du mariage à la cohabitation, de la famille classique à la famille monoparentale et à la
famille recomposée. D’ autre part, les individus et les institutions changent de point de
vue selon leur intérêt. Au moment de la naissance, du mariage, de la mort, la famille se
donne en représentation sous des contours différents. Elle est donc un groupe
d’ appartenance flexible. "
En définitive… : le prof se sert du tableau pour noter les idées suivantes (les élèves
sont invités à noter ces quelques commentaires) :
=> La famille désigne donc tous les bricolages que les hommes et les femmes mettent
en place pour s’ organiser, faire avec, répondre aux exigences de la vie et de la mort.
=> Bricolage : l’ idée est qu’ on fait ce qu’ on peut avec ce qu’ on perçoit comme étant à
notre disposition.

16
1.2. La famille aujourd’hui : qu’observe-t-on ? (65 min)
• ETAPE : OBSERVATION DU FAIT SOCIAL ÉTUDIÉ, 65 MINUTES.

♦ L’ enseignant rappelle tout d’ abord oralement l’ intérêt et l’ objectif de ce point consacré à


l’ observation du fait social étudié à la lumière de la démarche générale de recherche : il
s’ agit de mener une petite recherche exploratoire, d’ explorer le sujet afin d’ en connaître
un peu plus et de susciter le questionnement : " pourquoi observe-t-on telle tendance ? ",

Rem. : la recherche exploratoire va aussi permettre de développer des pistes d’ explication,
des hypothèses pour répondre à la question que l’ on va se poser.

♦ L’ enseignant répartit ensuite la classe en quatre ou cinq groupes (si possible sur base de la
répartition géographique des élèves dans la classe). Il charge ensuite chaque groupe de lire
un quart des documents relatifs à la partie 2 du portefeuille de lecture et :
• d’ extraire de ces articles des observations concrètes relatives à la famille : nombre de
divorce, évolution du mariage, nouveaux phénomènes, … (rem. : l’ enseignant insiste
bien sur le fait que ce sont des observations qui sont demandées). Qu’ est-ce que l’ on
observe dans la famille d’ aujourd’ hui, d’ après les auteurs de ces articles ? Quels
changements observe-t-on par rapport à la famille d’ antan ?
• de faire part aux autres d’ une ou deux questions que vous vous poser à propos des
changement observés (en terme de " pourquoi ", " comment expliquer que ").

La consigne est aussi donnée aux groupes de désigner un rapporteur qui sera responsable
de faire part des observations relevées au reste de la classe. Les observations devront être
précise, mais brèves (ce sont des grands traits qu’ il faut mettre en avant). En outre, il est
également demandé à chaque individu d’ enrichir ses sources en recherchant au moins
deux autres articles / sites Internet … leur permettant de dresser des observations sur la
famille actuelle.

Organisation :
- les élèves commencent à lire individuellement et en silence les textes de leur groupe la
fin de cette heure de cours. Si la lecture n’ est pas terminée, ils l’ achèvent pour le cours
suivant.
- 15 minutes seront laissées au début du cours suivant pour faire une mise en commun
de la lecture individuelle au sein de chaque groupe.

L’ enseignant reste disponible toute la fin de l’ heure en cas de question. Il passe dans
bancs pour voir si tout va bien.

Troisième cours (2 x 50 minutes)

♦ L’ enseignant débute par un bref rappel oral de ce qui a été fait au cours précédent, en
insistant sur ce qui a été fait en fin de cours. Il retrace aussi le plan du cours au tableau et
fait le journal de classe (5 min). Il reprend ensuite le cours là où il s’ était arrêté.
Journal de classe : - Observation du fait social (suite).
- Elaboration d’ une question de départ et d’ hypothèses.

17
♦ L’ enseignant laisse ensuite 10 à 15 minutes aux élèves pour mettre en commun la lecture
individuelle (travail en groupe de 4-5 personnes) et désigner un rapporteur. Pendant ce
temps, il passe dans chacun des groupes pour voir si la mise en commun est productive et
éventuellement aider les groupes dans leur travail. (15 min)

♦ L’ enseignant invite ensuite chaque rapporteur à faire part du travail d’ observation qui a
été effectué par son groupe (30 min)
• Chaque rapporteur va devant la classe. L’ enseignant veille à classifier et synthétiser
les éléments émis avec la classe et note le tout au tableau. Il utilise éventuellement
des craies de couleur pour mettre en relation les observations similaires.

Parmi les indicateurs de changements :


- Une diminution du nombre de mariages et une augmentation du nombre d’ unions
libres.
- Une augmentation du nombre de divorces et de séparations.
- Une augmentation du nombre de familles monoparentales.
- Une augmentation du nombre de familles recomposées.
- Une diminution du nombre de naissances.
- Une augmentation du nombre de naissances hors mariage.
- Une augmentation du travail salarié des femmes.

Il y a aussi tous les changements qui affectent les relations dans la famille : relations
de couple, parent/enfant, grands parents, couples homosexuels, …

PAUSE (5 min)

• Une fois les 4 rapporteurs passés, l’ enseignant invite les groupes à faire part des
questions qu’ ils se posent par rapport aux observations tirées. Il les collecte " en vrac
" au tableau.

2. Question de départ et hypothèses (40 min)


• ETAPE : FORMULATION D’ UNE QUESTION ET ÉLABORATION
D’ HYPOTHÈSES, 40 MINUTES

♦ Avant de reprendre les questions posées par les élèves et annotées au tableau,
l’ enseignant précise ce qu’ est une question de départ, à quoi elle sert et quelles est ses
grandes caractéristiques. Pour ce faire, il se base sur le document 3 préalablement
distribuée aux élèves (15 min. environ) :
• Il explique d’ abord en ses mots, et interagissant si possible avec les élèves (suscite
les réactions : qu’ est-ce, pour vous, une question de départ ?… ).
• Ensuite, en guise de synthèse, il invite un élève à lire à voix haute le premier point du
document 3.
• Enfin, il laisse quelques minutes aux élèves pour individuellement réaliser l’ exercice
situé en deuxième partie de l’ annexe. Il interpelle ensuite la classe pour collecter les
réponses, en veillant à faire participer tout le monde.

18
♦ L’ enseignant reprend ensuite les questions formulées l’ heure précédente et les trie / les
reformule avec la classe pour ne garder que les questions de départ (10 min).
• Soit une des questions s’ apparente fortement à la question de départ préétablie par
l’ enseignant. Il en profite alors pour rebondir sur celle-ci.
• Soit aucune des question ne s’ y apparente. Il propose alors lui-même la question de
départ préétablie et veille à établir l’ un ou l’ autre lien avec celles qui ont été
élaborées par les élèves.

Question de départ dictée par le prof : " Pourquoi observe-t-on, depuis une vingtaine
d’ année, une raréfaction du modèle de la famille contemporaine traditionnelle belge
(couple marié et de sexe différent + enfants) au profit d’ une diversification et
complexification croissante des modèles familiaux (famille monoparentale,
recomposée,…) ? "

♦ L’ enseignant invite ensuite les élèves à élaborer des hypothèses, soit des réponses
provisoires à la question de départ. Il encourage la prise de parole et collecte les
hypothèses retenues au tableau (15 min). Parmi les hypothèses possibles : voir première
partie de ce travail.

♦ Les 10 minutes restantes sont laissées (et éventuellement quelques minutes du temps de
midi) sont laissées aux élèves pour qu’ ils puissent faire part à l’ enseignant de leur sujet
(en groupe) pour le travail final et poser leur question.

• Chaque groupe peut venir voir le professeur. Celui-ci répond aux questions, aide à la
définition du sujet et donne son accord à ce propos.

Quatrième cours (2 x 50 minutes)

♦ L’ enseignant débute par un bref rappel oral de ce qui a été fait au cours précédent, en
insistant sur ce qui a été fait en fin de cours. Il retrace aussi le plan du cours au tableau et
fait le journal de classe (5 min). Il reprend ensuite le cours là où il s’ était arrêté.
Journal de classe : la famille occidentale : histoire et analyse

3. La famille occidentale : histoire et analyse (95 min)


• ETAPE : RÉACTIVER ET CONSTRUIRE DES CONCEPTS. RECHERCHER DES
INFORMATIONS, 95 MINUTES

3.1. Introduction (10 min)

♦ L’ enseignant introduit d’ abord en expliquant l’ intérêt de ce point. Il se sert du tableau et


invite les élèves à prendre des notes.
• Postulat 1 : l’ analyse de l’ évolution générale de la société peut aider à comprendre
les changements qui traversent aujourd’ hui la famille.
• Postulat 2 : la prise en compte de la manière dont les auteurs passés ont analysé les
changements de la société dans laquelle ils vivaient, et plus particulièrement de la
famille, présente un intérêt pour compte les changements qui traversent aujourd’ hui
la famille (et notre société en général). L’ intérêt est aussi de réutiliser les concepts
élaborés par ces auteurs.

19
(Rem. : l’ enseignant précise ce qu’ est un postulat en prenant d’ abord soin de partir des
définitions émises par les élèves : une affirmation que l’ on ne prouve pas et à partir de
laquelle on travaille. Ex.: à un moment, on a postulé que la terre était plate).

3.2. Présentation de quelques auteurs clés du XIXe siècle (50 min)

♦ L’ enseignant passe ensuite à un cours plus " magistral ", bien que la participation des
élèves reste encouragée à plusieurs moments (voir signe % => interpellation des élèves).
• Cet exposé se structure de manière assez narrative (il s’ agit en quelque sorte de "
raconter "l’ histoire de ces auteurs, les questions qu’ ils se sont posées, … ). Cette
manière de faire est encouragée par M. Charlier (cours de Didactique des sciences
politiques et sociales). Notons aussi que l’ enseignant se sert du tableau.
• Le texte ci-dessous (transcrit dans un caractère d’ imprimerie différent) reprend la
base sur laquelle travaillera l’ enseignant pour faire son exposé. Il précise aussi les
moments au cours desquels une participation plus active des élèves sera demandée.
• L’ enseignant précise dès le début qu’ il n’ est pas nécessaire de prendre des notes à ce
stade puisque des feuilles qui synthétisent les idées émises seront distribuées à la fin
de l’ exposé (annexe 6).

1.1. Louis René Villermé et F. Leplay (années 1830-50)

- Contexte général

La fin du 18ème et la première moitié du XIXe siècle se caractérise par l’ essor de la première
révolution industrielle. Outre les progrès technologiques qu’ elle apporte, l’ industrialisation
consacre aussi la naissance d’ une nouvelle classe sociale (le prolétariat). Les liens sociaux
traditionnels comme on les connaissait autrefois dans les villages (… ) commencent à
disparaître et apparaissent de nouveaux problèmes importants.

* Quels sont les problèmes qui apparaissent à cette époque ?


• Alcoolisme, conditions de travail difficiles, misère ouvrière, urbanisation et création de "
cités ouvrières ", manque d’ hygiène, problèmes d’ épidémies (choléra, … ) ,…

On comprend dès lors mieux pourquoi cette époque marque, avec F. Leplay, l’ avènement de
technique d’ observation et d’ enquête. Les autorités politiques cherchent à connaître ce
nouveau monde afin de mieux le contrôler. Villermé est une des figures types de ce
mouvement.

- Les travaux de Villermé (années 1830)

Il est l’ auteur d’ une des plus célèbres enquêtes sociales de son temps : Tableau de l’ Etat
physique et moral des ouvriers employés dans les manufactures de coton, de laine et de soie
(1840). Pour lui, comprendre la famille suppose de faire une investigation poussée, des
enquêtes précises.

20
• Cet intellectuel voulait faire prendre conscience à la classe politique et patronale de
l’ étendue de la misère des familles ouvrières.

- Les travaux de F. Le play (années 1850)

Cet observateur scrupuleux des familles ouvrières a mis au point une technique d’ observation
directe : la monographie (" Les ouvriers européens ", 1855) : il s’ agit de récolter des données
de terrain relatives à l’ environnement et à l’ histoire familiale des individus.

Le Play pense que la Révolution française fut une erreur et cherche les conditions d’ un nouvel
ordre social stable. Cet auteur a identifié trois types de familles :

- La famille patriarcale, dans laquelle tous les enfants restent sous le toit paternel toute leur
vie.
- La famille instable, caractéristique de son époque, dont les traits sont l’ extrême
individualisme, une absence d’ enracinement dans la propriété et une structure
généralement instable d’ une génération à une autre. Dans ce type de famille, l’ autorité du
père perd de son influence. Pour Le Play, cette perte d’ autorité est largement responsable
de l’ instabilité et de l’ incertitude morale qui caractérisent son époque.
- La famille souche, dans laquelle les enfants quittent le toit paternel à leur majorité pour
former eux-mêmes de nouvelles familles, sauf un. L’ enfant qui reste deviendra l’ héritier
des biens familiaux.
=> C’ est le modèle qui est valorisé par Le Play, ce qu’ il y a de meilleur dans la famille
patriarcale avec l’ individualisation de la famille instable.

Conclusions : il prône un renforcement des structures familiales comme garant de l’ ordre


social (" La réforme sociale ", 1864).

- Qu’ en penser ?

Le développement de ces travaux contribue à diffuser une certaine image de la classe


ouvrière: celle-ci est vue comme dangereuse, criminelle, responsable des épidémies, …

On ressent bien qu’ il y a chez ces deux auteurs une certaine crainte des changements que
provoque la révolution industrielle sur la structure familiale ancienne. On retrouve aussi ces
mêmes tendances chez d’ autres auteurs, comme A. de Bonald.

* L’ enseignant invite les élèves à lire le texte de Bonald chez eux. Il sélectionne une ou deux
phrases pour cerner l’ idée principale qui en ressort.

1.2. F. TONNIËS (1855-1936)

Cet auteur allemand distingue deux grands types de sociétés.


Attention, ce sont des caricatures.

21
Ces catégories n’ existent pas comme ça dans la réalité :
• La communauté. On y trouve des relations basées sur l’ affectivité, l’ esprit de groupe, les
sentiments, l’ honneur, la tradition, …
Ex. : la famille de son époque.
• La société. On y trouve des relations basées sur l’ intérêt individuel, sur le calcul, la
rationalité, l’ impersonnalité, …
Ex. : l’ Etat, les entreprises modernes, …

Bien entendu, pour Tonniës, la famille fait partie du type " communauté ".
Cela étant, Tonniës constate une diminution de l’ importance prise par le modèle de la "
communauté " au profit d’ un développement de plus en plus important du modèle de la "
société ".

1.3. E. DURKHEIM (ANNÉES 1880)

- Contexte général

C’ est l’ époque de ce que l’ on va appeler la " Question sociale "

* Question : qu’ est-ce que la question sociale ?


• La pauvreté des populations ouvrière atteint un niveau important et la société est fort
déstabilisée : troubles sociaux, manifestations violentes, …

On est au cœur d’ une période de grands changements : c’ est la crise de la religion, des valeurs
traditionnelles, c’ est l’ époque de la révolution industrielle, …

- Analyse de l’ évolution de la société (De la division du Travail Social, 1983)

Dans ce contexte, Durkheim va lui aussi distinguer deux grands types de sociétés (deux
caricatures) :

F. Société à solidarité mécanique G. Société à solidarité organique

Sociétés dites " primitives " ou inférieures Sociétés dites " industrielles " ou "
supérieures "
La conscience collective recouvre exactement La conscience collective ne recouvre pas toute
la conscience individuelle / l’ individu n’ existe la conscience individuelle / l’ individu existe
que comme membre du groupe. aussi par lui-même.
Les individus sont unis grâce à leur La solidarité résulte de la différenciation de
ressemblance plus en plus importante entre les individus

Chacun à un rôle qui est complémentaire par
rapport au rôle des autres
La cohésion sociale est assurée par la La cohésion sociale est assurée par la division
conscience collective du travail

22
Paradoxalement, le développement de l’ individualisme est la conséquence de cette nouvelle
forme de solidarité :

- d’ un côté, les individus dépendent davantage les uns des autres (car ils ne peuvent plus se
suffire à eux-mêmes) ;
- de l’ autre, leur spécialisation leur donne une certaine autonomie.

Dans le contexte de changements dans lequel il s’ inscrit, Durkheim va se demander comment


maintenir la cohésion du corps social. La division du travail est une des réponses à cette
question.

Au niveau de la famille :

- Dans un contexte où domine une solidarité mécanique, la famille traditionnelle est


davantage fondée sur la solidarité mécanique parce que père, mère et enfant y sont
confondus d’ une famille à l’ autre.
- Dans un contexte où domine une solidarité organique, les rôles familiaux marquent
davantage les individus et chaque individu remplit des nombreux autres rôles qui
contribuent encore davantage à le distinguer de ceux qui exercent ailleurs, sous un autre
toit, le même rôle familial.

- Les travaux de Durkheim sur la famille (La famille conjugale, 1892)

On peut retenir de lui 3 grandes idées :

• La famille contemporaine (= de son époque) s’ est construite progressivement en un espace


privé. Les membres de la famille se sont mis petit à petit à manifester un intérêt de plus en
plus grand à vivre ensemble, à partager une intimité. La famille s’ est séparée de l’ espace
publique et l’ on a commencé à donner de l’ importance aux relations affectives dans la
famille (voir portefeuille de lecture, p.36)

- Lecture de l’ article (un élève le lit à voix haute), puis question aux élèves : en quoi ce
texte illustre ce qui vient d’ être dit ? => l’ individu devient attaché à sa famille car il tient
à son père, sa mère, sa femme et ses enfants.
Or, avant, les choses se passaient différemment : les relations personnelles et affectives
étaient secondaires et mineures.
Sous l’ ancien régime, on se mariait pour préserver le patrimoine familial.
La famille moderne s’ est mise en place avec le développement d’ une vie intime /affective
entre les membres de la famille.
Ex. : les mariages deviennent des mariages d’ amour.

• La famille s’ est peu à peu contractée pour en venir au modèle de la famille nucléaire : elle
se limite au mari, à la femme et aux enfants mineurs et célibataires. Elle s’ institue grâce
au mariage.
Cela dit, il faut insister sur le fait que la famille nucléaire n’ est pas une caractéristique de
la société industrielle.

• Les membres de la famille ont tendance à se libérer des contraintes familiales et des règles
imposées par la famille. Ils se forgent une identité distincte de celle de la famille,
expriment davantage leurs divergences.

23
C’ est le développement de l’ individualisme : l’ individu acquiert une identité en tant que
telle, en dehors de celle que lui donne sa famille.

- Qu’ en penser ?

Durkheim a analysé les changements qu’ il observe à son époque.


Face à la naissance de la famille conjugale, il prône l’ indissolubilité du mariage car il pense
que le mariage étant désormais davantage un mariage de cœur, non arrangé, il est essentiel de
la cimenter pour que la famille ne meure pas.

On a donc affaire à quelqu’ un qui a fait de très bonnes analyses des changements de son
époque. Inquiet face à ces bouleversements, il prône des solutions pour maintenir la cohésion
sociale (pour que la société reste unie, que les individus s’ y sentent encore appartenir).

1.4. Conclusion

Comme on a pu le voir, les grands auteurs de cette époque énonçaient dans les termes qui
convenaient à leur époque, leurs inquiétudes et leurs questionnements face aux mutations
économiques et politiques de leur temps. Leur interrogation ressemble à celle que se posent
aujourd’ hui les sociologues inquiets du passage à un nouveau type de société (qu’ on appelle
parfois " post-moderne ") et de ses conséquences multiples : la perte de certaine valeurs, un
individualisme très poussé, le relâchement des liens de communauté et de solidarité, un repli
chacun sur soi, …

PAUSE (5 min)

3.3. Conclusion (30 min)

♦ Dans un deuxième temps, l’ enseignant synthétise les principales idées émises lors de
l’ exposé en reconstituant au tableau le tableau situé en annexe 5.
• Le tableau sera distribué aux élèves en fin de cours. L’ enseignant précise donc qu’ ils
ne doivent donc pas prendre de notes particulières.
• La reconstitution de ce tableau se fait au départ des élèves :
- l’ enseignant situe d’ abord les auteurs vus par rapport au tableau dont la structure est
notée au tableau : ils se situent dans la transition entre l’ ancien régime et la modernité.
- l’ enseignant interpelle ensuite la classe dans son ensemble pour chacun des sous point
abordés par le tableau et veille à ce que tout le monde puisse prendre la parole. A
chaque fois, il demande aux élèves d’ essayer de compléter ce tableau (dont la structure
sera notée au tableau) sur base de ce qu’ ils ont entendu (ex :est-ce l’ individu ou le
groupe qui est essentiel dans la société d’ ancien régime, … ). L’ enseignant réagit " sur
le vif ", en orientant si nécessaire les élèves dans le sens des réponses attendues.

♦ En fin de cours, l’ enseignant distribue aux élèves l’ annexe 5 et l’ annexe 6. Il invite les
élèves à relire ces feuilles pour le cours prochain et de voir s’ il n’ y a pas de questions (2
min)

24
Cinquième cours (2 x 50 minutes)

♦ L’ enseignant débute par un bref rappel oral de ce qui a été fait au cours précédent, en
insistant sur ce qui a été fait en fin de cours. Il retrace aussi le plan du cours au tableau,
fait le journal de classe et répond aux éventuelles questions des élèves à propos des
feuilles distribuées à la fin du cours dernier (annexe 6). Il reprend ensuite le cours là où il
s’ était arrêté. (10 min)
Journal de classe : La famille aujourd’ hui : analyse des changements observés.

4. La famille aujourd’hui : analyse des changements observés (90 min)


• ETAPE : ANALYSER LE FAIT SOCIAL, 90 MINUTES

♦ L’ enseignant présente tout d’ abord ce que l’ on va faire pendant ces deux heures : il s’ agit
de s’ aider des concepts vus au cours derniers et des articles du portefeuille de lecture
pour essayer d’ analyser les changements que l’ on a observé dans la famille et tester ainsi
la pertinence de nos hypothèses. Puis il demande à la classe de lui rappeler les hypothèses
qui ont été émises. Il les note au tableau (en résumé). (10 min)

* Hyp.1. On se marie moins car les individus n’ accordent plus d’ importance à la famille.
Ils souhaitent de plus en plus vivre seuls.
* Hyp.2. On se marie moins car les individus ne souhaitent plus s’ engager de façon
durable dans une relation. En ce sens, le mariage est perçu comme une forme
d’ emprisonnement, une contrainte qui risque de freiner la liberté de chacun des
conjoints, de mettre à tout moment fin à la relation.
* Hyp.3. On se marie moins, on se sépare plus facilement, on ne s’ unit plus forcément
avec quelqu’ un du sexe opposé et l’ on ne fait plus automatiquement des enfants car il
n’ y a plus une pression sociale qui force les individus à adhérer à un modèle préétabli
(à rester ensemble même s’ ils ne le souhaitent plus, à faire des enfants, … ). L’ individu
prime désormais sur le groupe social. C’ est à lui que revient le libre choix de sa vie =>
Emergence de l’ individualisme.
* Hyp.4. Toutes les tendances observées aujourd’ hui trouvent leur raison d’ être dans le
fait que la famille reste une valeur particulièrement importante pour l’ individu, dans
laquelle il peut s’ épanouir affectivement, au point que ce dernier manifeste une trop
grande exigence à son égard. En conséquence, s’ il ne trouve pas satisfaction, il préfère
renoncer à continuer et se lance dans d’ autres essais. L’ individu est donc
perpétuellement en quête d’ un bonheur familial.
* Hyp.5. (… )

♦ L’ enseignant répartit ensuite la classe en 4-5 groupes (sur base de la répartition


géographique des élèves) et donne les consignes suivantes :
• individuellement, chacun lit les pages 37 à 42 du portefeuille de lecture et relit si
nécessaire les feuilles distribuées à la fin du cours dernier. L’ objectif est d’ essayer de
trouver dans les textes des éléments qui permettent de renforcer ou d’ infirmer les
hypothèses émises et d’ analyser ainsi les changements observés.
=> 30 minutes sont laissées pour cette lecture silencieuse : les élèves lisent / le prof
passe dans les bancs pour répondre aux éventuelles questions de compréhension.

25
PAUSE (5 min)

• Ensuite, les élèves se mettent en groupe et mettent en commun leur travail individuel. Ils
désignent aussi un rapporteur.
Õ 20 minutes.

♦ L’ enseignant invite chacun des rapporteurs à prendre la parole. A chaque fois, le prof
demande à la classe ce qu’ ils pensent des idées émises par le rapporteur. Le prof veille
aussi à noter au tableau les idées importantes qui ressortent de ce travail. Il veille aussi à
structurer les idées par hypothèse. En fin de cours, il synthétise ce qui a été dit pour
chaque hypothèse et invite les élèves à prendre des notes. Il montre aussi le lien entre ce
qui vient d’ être fait et la perspective constructiviste.

Parmi les éléments émis :


* Hyp.1/3. Emergence de l’ individualisme (// Durkheim) : l’ individu pose des choix
personnels. Ses choix ne sont plus dictés par le groupe social. Donc, plus de pression
sociale aussi forte et la référence devient la satisfaction de l’ individu => s’ il est
insatisfait dans la famille : il se sépare.
* Hyp.4. Emergence de l’ amour dans le couple. De plus, la famille reste une valeur à
laquelle les gens sont très attachés (différence entre famille vécue et famille rêvée).
D’ où beaucoup de séparations, mais aussi beaucoup de personnes qui se remettent en
couple, des familles recomposées, …
* Hyp.3. Le rapport parents / enfants change aussi puisque la valeur de référence dans la
société est la liberté : chacun est libre de faire ce qu’ il veut. Mais la liberté est quelque
chose qui s’ apprend, qui n’ est pas évident à assumer : d’ où certains problèmes avec les
enfants, …
* Hyp. 2. Le rejet du mariage marque un rejet des institutions traditionnelles qui
s’ imposaient jadis à l’ individu.
*…

Sixième cours (2 x 50 minutes)

La préparation de ces deux heures de cours supplémentaires n’ est pas aussi exhaustive que
pour les autres heures étant donné que des contacts doivent encore être pris avec les deux
intervenantes extérieures (une nouvelle rencontre est prévue deux jour avant cette séance). En
outre, le déroulement de la séance dépendra aussi de la manière dont se sont déroulés les
séances précédentes.

26
5. Conclusions
• ÉTAPE : PROPOSER DES CONCLUSIONS, 100 MINUTES

♦ Préparation préalable de la pièce : disposition des bancs en cercle (pour favoriser les
débats).

♦ L’ enseignant débute par une présentation et que nous allons faire pendant ces deux heures
et par une présentation des deux intervenantes extérieures. Il fait aussi le journal de classe
(5 min)
Journal de classe : Présentation des travaux de groupe, débat et synthèse générale.
• Au programme : présentation des différents travaux. Après le passage de chaque
groupe, on pose des questions et l’ on discute sur le thème choisi au débat des
questions préparées par le groupe. Après les 4 présentations, l’ enseignant synthétise
tout ce qui a été fait au cours de ces 12 heures en reprenant la structure du cours (//
structure d’ une recherche) et en utilisant le tableau.
• Présentation des deux intervenantes (elles se présentent).

Rem. : le travail demandé s’ inscrit surtout dans la compétence valorisée (compétence 3) : il


s’ agit effectivement de confronter les observations des élèves d’ un phénomène avec les
concepts et modèles qui auront été développés au cours.
Rem. : les rôles attendus de chacun des acteurs sont précisés dans la grille de préparation
jointe à ce travail.

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ANNEXE 1 : références bibliographiques

- AKOUN A. et ANSART P. (dir.), Dictionnaire de sociologie, Paris, Robert/Le Seuil, 1999.


- BAWIN-LEGROS B., Sociologie de la famille, Bruxelles, De Boeck & Larcier, 1996.
- BERTELS L., En Belgique, 450.000 familles sont dites monoparentales, in La Libre Belgique, le 25 octobre
2000.
- BOKHORST H., L’enfant ciment de la femme, in Le Soir, le 9 mai 1998.
- CASTIAU V., Les mariés de l'
an 2000, in La Libre Belgique, le 26 novembre 2000.
- CHAPELLE G., La fin de la domination masculine ? Oui, mais …, in Sciences humaines, n° 112, Auxerre,
janvier 2002, pp. 36-37.
- COLLEYN J.-P., Eléments d'
anthropologie sociale et culturelle, Bruxelles, ULB, 1990.
- DAMIENS M., Les super-papys de la génération "sandwich", in Le Soir, le 8 mai 1998.
- DAMIENS M., Paroles de "bébé couple" : la famille, ce nid cigogne, in Le Soir, le 8 mai 1998
- DEMAY F. et PECHOIN D. (dir.), Petit Larousse en couleur, Paris, éd. Larousse, 1999.
- DESIRANT A.-F., LAROCHE F., LAURENT L., MARTIN A., SOUTMANS P. et TONUS M.,
Programme de Sciences sociales, option de base - 2ème et 3ème degrés Humanités générales et
technologiques, Bruxelles, FESeC, 2001 (réf. D/2001/7362/3053).
- DUMONT J.F., Mon bonheur, comme je veux, in Le Vif L’Express, n° 2572, le 27 octobre 2000, pp. 18-19.
- DURET P., On ne naît pas homme, on le devient, in Sciences humaines, n° 112, janvier 2002, pp 32-35.
- FOURNIER M., Les "nouveaux pères" auraient-ils toujours existé ? , in Sciences humaines, n° 112, janvier
2002, pp. 31.
- GRUBER P., Un amour de pilule, in Le Vif L’Express, n° 2606, le 22 juin 2001, pp. 11-15.
- HACCOURT M., MASSART B., MASSART P. et THAELS V., Groupes efficaces. Le plein d'
idées
nouvelles pour la formation et l'
action, Bruxelles, Vie ouvrière, 1989.
- HUBERT E., Etre grands-parents aujourd’hui, in En marche, le 16 novembre 2000, p. 8.
- KINOO P., Homoparentalité : adopter n'
est pas éduquer, in Le Vif L'
Express, n° 2612, le 03 août 2001, p.
18.
- KLEIN D. Divorcer sans tout casser, in Le Vif L’Express, n° 2639, le 8 février 2002, pp. 35-36.
- KLEIN D. Y a-t-il encore un chef dans la famille ?, in Le Vif L’Express, n° 2546, le 28 avril 2000, pp. 17-19.
- LALLEMANT M., Histoire des idées sociologiques (tomes 1 et 2), Luçon, Nathan, 1993.
- LANNOYE C., Formation à la relation interpersonnelle et à la gestion d'
un groupe, support du cours du
même intitulé, 2000-2001.
- LECOMTE B., La famille, Dossier de presse Actualquatro, Gerpinnes, Actualquarto, 1988.
- LEMAL I., L'
amour, plus fort que l'
autorité, in Le Soir, le 9 mai 1998.
- LEMAL I., Un triptyque des familles, in Le Soir, le 9 mai 1998.
- NEYRAND G., Les mésaventures du père, in Sciences humaines, n° 112, janvier 2001, pp. 22-25.
- NYSSEN H., Sémantique à bâtons rompus, Bruxelles, Hubert Nyssen, 1971.
- RAUCH A., Culte et déclin de la virilité, in Sciences humaines, n° 112, janvier 2002, pp. 28-30.
- RICHTER R. (dir.), Physionomie sociale de l’Europe, in Family Observer, Observatoire européen pour les
affaires familiales, Communautés européennes, Luxembourg, 2000.
- SCHEUER B., Opinions et débats, in Le Soir, le 4 mai 1998.
- SEGALEN M., Sociologie de la famille, Paris, Armand Colin, 1993.
- THOOFT L., Nouvelles familles, nouvelles tribus, in Femmes d'
Aujourd'
hui, le 26 février 2001, pp. 32-37.
- VANDEMEULEBROUCKE M., L'
homme, en profonde crise d'
identité, in Le Soir, le 5 mai 1998.
- VANDEMEULEBROUCKE M., Une famille aux frontières rétrécies, in Le Soir, le 8 mai 1998.

28
ANNEXE 2 : travail de groupe (consignes et objectif)

• Le travail de groupe demandé fait directement référence à la situation-problème que nous


avons déterminée : "En vue d'un débat avec une personne-ressource extérieure, rédigez et
présentez oralement une note portant sur l' analyse d'une question liée aux
transformations que connaît aujourd' hui la famille".

⇒ Il s'
agit donc de réaliser une note de 2 à 5 pages structurée en deux temps : un
moment d' observation de la réalité étudiée et une moment d' analyse.
Vous pouvez bien entendu vous baser sur tout ce qui a été vu au cours et sur les
documents du portefeuille de lecture. Cela dit, il est également demandé de recourir à
au moins deux autres ressources (articles, sites internet, … ).
⇒ Il s'
agit aussi de préparer une petite présentation orale de votre travail pour la
dernière séance du cours. Cette présentation ne devra pas excéder 10 minutes. Lors
de cette séance, deux intervenantes extérieures viendront écouter votre exposé.
⇒ Enfin, pour alimenter le débat qui suivra, chaque groupe préparera au moins deux
questions-débats relatives à son thème.

• Exemple concret : la transformation des relations parents-enfants

⇒ Phase d'observation : qu'est-ce que l'


on observe aujourd'
hui à ce sujet, qu'
est-ce qui a
changé par rapport à hier ?
⇒ Phase d'analyse : pourquoi cela a-t-il changé ? Comment expliquer ces nouveaux
rapports.

• Délai : dernier cours.

• Modalité du travail : travail de groupe (4-5 personnes).

• Objectif : être capable de mener en groupe une démarche d'


observation et d'
analyse d'
un
phénomène social en s' aidant des concepts vus au cours.

• Autres thèmes suggérés :

- la place de la personne âgée dans la famille d'


aujourd'
hui;
- les rapports de sexes (femme/homme) dans la famille;
- le phénomène "Tanguy" (les grands adolescents qui s' installent chez leurs parents);
- les couples homosexuels;
- …

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