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‫سري أعالم النبالء‬

LES GRANDES FIGURES DE


L’ISLAM
SHAMS AD-DINE DHAHABI (748 h)

01

‫أبو عبيدة بن اجلراح‬


ABOU OUBAYDA IBN AL-JARRAH
AU NOM D’ALLAH
LE CLÉMENT LE MISÉRICORDIEUX

NOUS LUI DEMANDONS SON AIDE

1. ABOU OUBAYDA IBN AL-JARRAH


‫الج َّراح‬
َ ‫أبو ُع َب ْيدَ ة بن‬

‘Amir (‫عامِ ر‬
َ ) ibn Abd-Allah ibn Al-Jarrah ibn
Hilal ibn Ouhayb ibn Dabba ibn Al-Harith ibn
Fihr ibn Malik ibn Nadr ibn Kinana ibn Khou-
zayma ibn Moudrika ibn Ilyas ibn Moudar ibn
Nizar ibn Maad ibn Adnan, le Qourashite, Al-
Fihri, Al-Makki.

Un des tout premiers croyants ; celui qu’Abou


Bakr As-Siddiq voulait nommer Calife le jour
d’As-Saqifa1 pour toutes les caractéristiques
qu’il voyait en lui.

Sa filiation et celle du Prophète (‫ )ﷺ‬se rejoi-


gnent en la personne de Fihr.

1
Allusion à la saqifa (lieu de réunion/tente) des Banou
Saïda où se réunirent les grands compagnons à la mort du
Prophète (‫)ﷺ‬.

1
Le Prophète (‫ )ﷺ‬attesta pour lui du Paradis et le
surnomma « Le digne de confiance de cette com-
munauté ».
Ses vertus sont nombreuses et connues.
Il a rapporté un certain nombre de hadith et par-
ticipa à des batailles mémorables.
Ont rapporté de lui : Al-Irbad ibn Sariya, Jabir
ibn Abd-Allah, Abou Oumama Al-Bahili, Sa-
moura ibn Joundoub, Aslam l’esclave de Oumar,
Abderrahman ibn Ghanm et d’autres.
On trouve un hadith de lui dans le Sahih de
l’imam Mouslim, un dans le recueil d’Abou Issa1
et quinze dans le Mousnad de Baqi2.

Récit remontant à lui :


Abou Al-Maali Mouhammad ibn Abdessalam
At-Tamimi nous a informés, via une lecture faite
sur lui en l’an 694h : Abou Raouh Abdelmou’iz
ibn Mouhammad Al-Bazzar nous a narré : Ta-
mim ibn Abou Saïd Abou Al-Qassim Al-Maarri
nous a narré, au mois de Rajab de l’an 529h, dans

1
At-Tirmidhi
2
Ibn Makhlad

2
la ville de Hérat1 : Abou Saad Mouhammad Ibn
Abderrahman nous a narré : Abou Amr ibn Ham-
dane nous a narré : Abou Ya’la Ahmad ibn Ali
nous a narré : Abd-Allah ibn Mouawiya Al-Qou-
rashi nous a rapporté : Hammad ibn Salama nous
a rapporté : D’après Khalid ibn Al-Hadha :
D’après Abd-Allah ibn Shaqiq : D’après Abd-
Allah ibn Souraqa : D’après Abou Oubayda ibn
Al-Jarrah qui a dit :
J’ai entendu le Messager d’Allah (‫ )ﷺ‬dire : « Il
n’est pas un prophète après Nouh qui n’ait mis
en garde sa communauté contre le Dajjal et
certes je vous mets moi-même en garde contre
lui ! »
Puis il nous en fit la description et dit (‫ )ﷺ‬: « Il
est possible que certains de ceux qui m’ont vu ou
qui ont entendu mes propos le rencontrent ! »
Les compagnons dirent : Ô Messager d’Allah –
qu’Allah prie sur toi et te salut – comment seront
nos cœurs ce jour-là ; seront-ils tels qu’ils sont
aujourd’hui ?
Et le Prophète de dire : « Meilleurs encore peut-
être ! »

1
Située dans l’actuel Afghanistan, elle est une des villes
les plus majestueuses de l’ancien Khorassan.

3
Rapporté par At-Tirmidhi d’après Abd-Allah Al-
Joumahi. Et nous avons nous-même (Dhahabi)
notre propre chaîne de transmission jusqu’au
shaykh de Tirmidhi1 avec moins de rapporteurs2.
At-Tirmidhi a dit : Un hadith semblable est rap-
porté par Abd-Allah ibn Bousr et d’autres que
lui. Et ce récit d’Abou Oubayda (qu’Allah
l’agrée) est un récit singulier mais bon (hassan
gharib).

Ibn Saad a dit dans Les Tabaqates : Mouham-


mad ibn Oumar nous a informés : Thaour ibn Ya-
zid m’a rapporté : D’après Khalid ibn Ma’dane :
D’après Malik ibn Yakhamir qui décrit Abou
Oubayda : « C’était un homme très mince, le vi-
sage creusé et la barbe peu fournie. Grand de
taille, légèrement courbé. Il avait les incisives
cassées. »

Et Mouhammad ibn Oumar nous a informés :


Mouhammad ibn Salih nous a rapporté : D’après
Yazid ibn Roumane qui a dit :
Ibn Mazhoun, Oubayda ibn Al-Harith, Abder-
rahman ibn ‘Aouf, Abou Salama ibn Abdelassad

1
Ce que l’on nomme al-mouwafaqa dans la science du
hadith.
2
Que dans notre autre chaîne passant, elle, par Tirmidhi

4
et Abou Oubayda ibn Al-Jarrah se rendirent au-
près du Messager d’Allah (‫ )ﷺ‬et ce dernier leur
présenta l’Islam. Il leur expliqua ses rites et tous
les cinq se convertirent en même temps. Ceci eut
lieu avant que le Prophète (‫ )ﷺ‬n’intègre la mai-
son d’Al-Arqam1.
Abou Oubayda participa à la bataille de Badr,
dans laquelle son père fut tué.
Et il fit preuve d’une bravoure exceptionnelle le
jour de Ouhoud lorsqu’il retira, de ses dents,
deux des maillons du casque du Prophète (‫)ﷺ‬
qui étaient rentrés dans la joue de celui-ci suite à
un coup qu’il avait reçu. Il en perdit ses incisives
mais son sourire n’en fut qu’embelli. À tel point
que l’on disait : « Il n’est pas meilleure extrac-
tion dentaire que celle d’Abou Oubayda ! »
Et lorsque le Messager d’Allah (‫ )ﷺ‬mourut,
Abou-Bakr dit sous la tente des Banou Saïda :
« J’agrée pour vous deux hommes : Oumar et
Abou Oubayda ! »
Az-Zoubayr ibn Bakkar a dit : Il ne reste au-
cune descendance d’Abou Oubayda, ni de ses
frères.

1
Demeure dans laquelle le Prophète (‫ )ﷺ‬et ses compa-
gnons se réunissaient au tout début de l’Islam.

5
Il était parmi ceux qui ont immigré vers
l’Abyssinie1 d’après ce qu’ont rapporté Ibn Ishaq
et Al-Waqidi.
Je dis (Dhahabi) : Si cela s’avère vrai, il n’y est
alors pas resté longtemps.
Abou Oubayda demeure, en outre, parmi ceux
qui compilèrent2 le Coran majestueux.

Moussa ibn Ouqba a dit dans son Livre des


batailles : L’expédition de ‘Amr ibn Al-‘Ass est
appelée l’expédition d’As-Salassil qui eut lieu
non loin du Sham. ‘Amr, ayant eu des appréhen-
sions dans ce sens, demanda assistance au Mes-
sager d’Allah (‫ )ﷺ‬qui lui envoya Abou Bakr,
Oumar et une élite d’entre les compagnons. Le
Prophète (‫ )ﷺ‬désigna alors à leur tête Abou Ou-
bayda.
Lorsque ces derniers arrivèrent auprès de ‘Amr
ibn Al-‘Ass, celui-ci leur dit : « Je suis votre
émir ! »
– Les Mouhajirounes répondirent : Non, tu es
l’émir de tes troupes. Notre émir à nous est Abou
Oubayda !

1
Lors de la première hijra
2
Compiler ou mémoriser. Le terme (‫) َج َم َع‬, en ce qui con-
cerne les compagnons, peut avoir les deux sens.

6
– Non, vous n’êtes que des renforts qui m’ont été
envoyés ! répliqua ‘Amr.
Face à la situation, Abou Oubayda ibn Al-Jarrah
– qui était un homme de comportement noble et
de caractère très doux – lui concéda le comman-
dement des troupes conformément à l’engage-
ment qu’il avait pris envers le Prophète (‫)ﷺ‬.1
Et il est rapporté de manière authentique, se-
lon plusieurs voies, que le Messager d’Allah (‫)ﷺ‬
a dit : « Chaque communauté a un digne de con-
fiance et le digne de confiance de cette commu-
nauté est Abou Oubayda ! »
Abderrahman ibn Mouhammad Al-Faqih et
d’autres nous ont informés (par ijaza2) ; ils ont
dit : Hanbal ibn Abd-Allah nous a informés : Hi-
bat-Allah ibn Mouhammad nous a narré : Abou
Ali ibn Al-Moudhib nous a narré : Abou Bakr
Al-Qati’i nous a informés : Abd-Allah ibn Mou-
hammad nous a rapporté : Mon père m’a rap-
porté : Abou Al-Moughira nous a rapporté : Saf-
foine nous a rapporté : D’après Shourayh ibn
Oubayd, Rashid ibn Saad et autres qu’eux ; ils
ont dit :

1
De ne pas se diviser ni diverger
2
Autorisation donnée à l’élève de transmettre d’après son
maître sans forcément l’avoir entendu

7
Lorsqu’Oumar ibn Al-Khattab eut atteint Sargh1,
l’information qu’une pandémie dévastatrice sé-
vissait au Sham lui parvint. Il dit alors : Si mon
heure venait à arriver et qu’Abou Oubayda était
vivant, désignez-le Calife !
Si Allah le Noble me demande pourquoi je l’ai
nommé à la tête de la communauté de Mouham-
mad, je répondrai : Certes, j’ai entendu le Mes-
sager (‫ )ﷺ‬dire : « Chaque communauté a un
digne de confiance et le digne de confiance de
cette communauté est Abou Oubayda ! »
Les gens réprouvèrent quelque peu cela et di-
rent : « Qu’en est-il des grands Qourashites ? »
désignant par-là la lignée des Banou Fihr.
Oumar poursuivit : Et si mon heure arrive et
qu’Abou Oubayda n’est plus là, désignez alors
Mouadh ibn Jabal !
Si mon Seigneur me questionne sur cela, je di-
rai : Certes, j’ai entendu ton prophète dire :
« Mouadh ibn Jabal sera ressuscité d’entre les
savants le Jour du jugement et avec un degré
supplémentaire ! »

1
Village au nord de la péninsule arabique à proximité du
Sham

8
Et Hammad ibn Salama a rapporté : D’après
Al-Jourayri : D’après Abd-Allah ibn Shaqiq :
D’après ‘Amr ibn Al-‘Ass qui a dit :
On demanda au Messager d’Allah (‫ )ﷺ‬: « Qui
d’entre les gens t’est le plus cher ?
– Aïsha ! dit-il.
– Et d’entre les hommes ? ajoutèrent-ils.
– Abou Bakr !
– Et ensuite ?
– Ensuite, Abou Oubayda ibn Al-Jarrah ! »
Hammad a rapporté ce hadith sous cette forme
mais certains l’ont transmis autrement. Ils rap-
portent d’après Al-Jourayri : D’après Abd-Allah
qui a dit :
J’ai demandé à Aïsha lesquels des compagnons
du Prophète (‫ )ﷺ‬lui étaient les plus chers ? Elle
dit : « Abou Bakr puis Oumar puis Abou Ou-
bayda ibn Al-Jarrah ! »

Ismaïl ibn Abderrahman Al-Mouaddal nous a


informés : Abd-Allah ibn Ahmad Al-Faqih nous
a narré : Mouhammad ibn Abdelbaqi nous a
narré : Abou Al-Fadl ibn Khayroun nous a
narré : Ahmad ibn Mouhammad ibn Ghalib nous
a narré, d’après une lecture faite sur Abou Al-
Abbas ibn Hamdane : Mouhammad ibn Ayoub

9
vous a rapporté : Abou Al-Walid nous a narré :
Shou’ba nous a narré : D’après Abou Ishaq : J’ai
entendu Sila ibn Zoufar : D’après Houdhayfa :
Le Messager d’Allah (‫ )ﷺ‬a dit : « Je vais vous
envoyer un homme d’une extrême confiance ! »
Les compagnons attendirent de savoir qui
d’entre eux allait être désigné, espérant tous être
l’heureux élu. Puis le Prophète (‫ )ﷺ‬désigna
Abou Oubayda ibn Al-Jarrah !
Al-Boukhari et Mouslim rapportent tous deux ce
hadith d’après Shou’ba.
Et ils rapportent également le hadith de Khalid
ibn Al-Hadha : D’après Abou Qilaba : D’après
Anas :
Le Prophète (‫ )ﷺ‬a dit : « Chaque communauté a
un digne de confiance et le digne de confiance de
cette communauté est Abou Oubayda ibn Al-
Jarrah ! »

Ahmad ibn Mouhammad Al-Mouallim nous a


informés : Abou Al-Qassim ibn Rawaha nous a
narré : Abou Tahir Al-Hafizh nous a narré : Ah-
mad ibn Ali As-Soufi, Abou Ghalib Al-Baqilani
et d’autres, nous ont narré ; ils ont dit : Abou Al-
Qassim ibn Bishrane nous a narré : Abou Mou-
hammad Al-Fakihi nous a narré à La Mecque :

10
Abou Yahya ibn Abou Mayssara nous a rap-
porté : Abdelwahhab ibn Issa Al-Wassiti nous a
rapporté : Yahya ibn Abou Zakariya nous a
narré : Abd-Allah ibn Outhman ibn Khouthaym
nous a rapporté : D’après Abou Az-Zoubayr :
D’après Jabir qui dit :
J’étais dans l’armée de Khalid qui rejoint Abou
Oubayda, en renfort, lors du siège de Damas.
Lorsque nous arrivâmes, Abou Oubayda dit à
Khalid : Avance et prie, tu es plus digne d’être
imam car tu arrives en renfort !
Khalid lui répondit alors : Il n’est pas envisa-
geable que j’avance devant un homme pour qui
j’ai entendu le Messager d’Allah (‫ )ﷺ‬dire :
« Chaque communauté a un digne de confiance
et le digne de confiance de cette communauté est
Abou Oubayda ibn Al-Jarrah ! »

Abou Bakr ibn Abou Shayba : Abderrahim


ibn Soulayman nous a narré : D’après Zakariya
ibn Abou Zaïda : D’après Abou Ishaq : D’après
Sila : D’après Houdhayfa : Les deux évêques de
Najran1, Al-Aqib et As-Sayid, se rendirent au-
près du Prophète (‫ )ﷺ‬et lui demandèrent de

1
Ville du sud de l’Arabie saoudite frontalière avec le Yé-
men

11
renvoyer avec eux un homme d’une extrême
confiance.
Le Prophète (‫ )ﷺ‬leur dit : « Je vais vous délé-
guer un homme répondant parfaitement à vos at-
tentes ! »
Les gens se demandèrent qui d’entre les compa-
gnons allait être désigné ? Jusqu’à ce que le Pro-
phète (‫ )ﷺ‬dise : « Lève-toi Abou Oubayda et
pars avec eux ! »
(Abou Bakr ibn Abou Shayba) : Waki’ nous a
rapporté le même récit d’après Soufiane, d’après
Abou Ishaq.
At-Tourqoufi dans son Jouz1 : Abou Al-
Moughira nous a rapporté : Saffoine ibn ‘Amr
nous a rapporté : Abou Hisba Mouslim ibn
Akyas, l’esclave d’Ibn Kourayz, nous a rap-
porté : Un homme qui visita Abou Oubayda me
dit :
Je le trouvai en train de pleurer et je lui deman-
dai : Pourquoi pleures-tu ô Abou Oubayda ?
Il dit : Je pleure car j’ai entendu le Messager
d’Allah (‫ )ﷺ‬mentionner le jour où Allah ferait

1
Les jouz (‫ ) ُج ْزء‬sont de petits recueils de hadith consa-
crés à un même sujet ou à un même individu.

12
grâce aux musulmans. Il évoqua le Sham et dit :
« Si Allah te prête vie, contente-toi ce jour-là de
trois esclaves : un pour t’assister, un pour voya-
ger et un pour servir ta famille ! Et contente-toi
de trois montures : une pour toi, une pour tes ef-
fets et une pour ton valet ! »
Quant à moi aujourd’hui, je regarde ma demeure
et la trouve remplie d’esclaves ! Je regarde mon
écurie et je la vois pleine de chevaux ! Comment
vais-je rencontrer le Messager d’Allah (‫ )ﷺ‬après
cela alors qu’il nous recommanda :
« Ceux qui me sont les plus chers et qui seront
les plus proches de moi sont ceux que je rencon-
trerai dans l’état qu’ils étaient lorsque je les ai
laissés ! »
Ce récit, rapporté également par Ahmad dans son
Mousnad, d’après Abou Al-Moughira, est un ha-
dith singulier (gharib).

Waki’ ibn Al-Jarrah : Moubarak ibn Fadala


nous a rapporté : D’après Al-Hassan : Le Messa-
ger d’Allah (‫ )ﷺ‬a dit :
« Si je l’avais voulu, j’aurais pu adresser des re-
proches à chacun d’entre vous concernant son
comportement ; excepté Abou Oubayda ! »

13
Le compagnon dans la chaîne de transmission de
ce récit est manquant (hadith moursal).

Abou Oubayda était décrit comme ayant un


noble comportement, une personne dotée d’une
extrême douceur et faisant preuve de beaucoup
de modestie.
Mouhammad ibn Saad a dit : Ahmad ibn Abd-
Allah nous a rapporté : Ibn Ouyaïna nous a rap-
porté : D’après Ibn Abou Najih :
Oumar dit un jour à ses hôtes : « Quels sont vos
rêves ? Dites-le-moi. Quant à moi, mon seul sou-
hait est de voir cette maison se remplir
d’hommes tels qu’Abou Oubayda Ibn Al-
Jarrah ! »

Et Ibn Abou Shayba a dit : Ibn Oulaya a dit :


D’après Younous : D’après Al-Hassan : Le Mes-
sager d’Allah (‫ )ﷺ‬a dit :
« Il n’est pas un de mes compagnons – si je
l’avais souhaité – à qui j’aurais pu reprocher
des choses si ce n’est Abou Oubayda ! »

Soufiane At-Thawri : D’après Abou Ishaq :


D’après Abou Oubayda ; il a dit : Ibn Mas’oud a
dit : « Les compagnons du Messager d’Allah
(‫ )ﷺ‬qui me sont les plus chers sont au nombre

14
de trois : Abou Bakr, Oumar et Abou Ou-
bayda ! »
D’autres l’ont contredit dans la chaîne : on
trouve notamment dans le Mousnad d’Ibn Ja’d :
Zouhayr nous a rapporté : D’après Abou Ishaq :
D’après Abou Al-Ahwas : D’après Abd-Allah.
Puis il mentionna le récit.

Khalifa ibn Khayat a dit : Abou Bakr avait


confié la responsabilité de Bayt al-Mal1 à Abou
Oubayda.
Je dis (Dhahabi) : Il entend par là les biens des
musulmans car le Bayt al-Mal n’existait pas en-
core à cette époque ; le premier à l’avoir institué
est Oumar.
Khalifa : Abou Bakr l’envoya ensuite au Sham,
en l’an 13, à la tête d’une armée. Puis,
lorsqu’Oumar succéda à Abou Bakr, il destitua
Khalid ibn Al-Walid du commandement général
et nomma à sa place Abou Oubayda.

Al-Qassim ibn Yazid a dit : Soufiane nous a


rapporté : D’après Ziyad ibn Fayyad : D’après
Tamim ibn Salama : Lorsqu’Oumar et Abou Ou-
bayda se rencontrèrent, ils se serrèrent la main et

1
Le Trésor public

15
Oumar embrassa la main d’Abou Oubayda. Puis
ils s’écartèrent et se mirent à pleurer tous les
deux.

Ibn Al-Moubarak, dans son Livre du jihad, a


dit : D’après Hisham ibn Saad : D’après Zayd
ibn Aslam : D’après son père qui a dit :
Lorsqu’Oumar eut connaissance qu’Abou Ou-
bayda était encerclé par l’ennemi, au Sham, et
que celui-ci commençait à gagner du terrain sur
lui, il lui écrivit ces mots :
« Il n’est pas une seule fois où Allah éprouva un
serviteur par une difficulté sans qu’il n’ait ap-
prêté après elle un dénouement ! Et certes
l’épreuve est synonyme de deux facilités. ﴾ Ô
vous qui croyez, patientez, endurez et restez
fermes ﴿
Abou Oubayda lui répondit par le verset : ﴾ La
vie d’ici-bas n’est que jeu et futilité ﴿ jusqu’à sa
parole ﴾ jouissance trompeuse ﴿.
Oumar sortit alors avec cette lettre et la lut sur le
minbar puis il dit : Ô gens de Médine, Abou Ou-
bayda vous fait ici passer un message, à vous ou
bien à moi peut-être ; Espérez donc le jihad ! »

Ibn Abou Foudayk : D’après Hisham ibn


Saad : D’après Zayd : D’après son père ; il dit :

16
Il m’est parvenu que Mouadh entendit, un jour,
un homme dire : Si Khalid ibn Walid avait été là,
les gens ne se seraient pas retrouvés dans la con-
fusion ! Allusion au siège que subit Abou Ou-
bayda. Mouadh dit alors : « Que dis-tu ?! Abou
Oubayda est en lui-même sujet aux miracles ; il
est par Allah le meilleur de ceux qui sont sur
Terre ! »
Rapporté par Al-Boukhari dans son Tarikh ainsi
qu’Ibn Saad.

Et dans le Livre du zouhd1 d’Ibn Al-Mouba-


rak : Maamar nous a rapporté : D’après Hisham
ibn Ourwa : D’après son père ; il dit : Oumar se
rendit au Sham et y rencontra les généraux ainsi
que d’autres personnalités puis il dit : Où est
mon frère Abou Oubayda ?
Les gens répondirent : Il est en route.
Abou Oubayda arriva alors à dos d’une chamelle
dressée.
Oumar le salua puis demanda aux gens de les
laisser. Ils marchèrent ensuite jusqu’à la demeure
d’Abou Oubayda. Oumar y entra et ne vit à l’in-
térieur qu’une épée, un bouclier et la selle d’une
monture. Il dit alors à Abou Oubayda : « Si tu

1
Ascétisme

17
l’aménageais un peu ? » ou quelque chose du
genre.
Abou Oubayda lui répondit : « Ô Prince des
croyants, cela nous suffit à passer la sieste1 ! »

Ibn Wahb : Abd-Allah ibn Oumar m’a rap-


porté : D’après Nafi’ : D’après Ibn Oumar :
Lorsqu’Oumar se rendit au Sham, il demanda à
Abou Oubayda de le conduire chez lui.
– Que veux-tu y faire ? lui dit Abou Oubayda. Tu
risques de te faire mal en voyant comment je
vis !
Oumar s’y rendit malgré tout. Lorsqu’il pénétra
dans la maison, il la trouva complètement vide.
– Où sont tes affaires hormis ce tapis de laine que
je vois, cette assiette et cette outre !?
Oumar demanda ensuite à Abou Oubayda s’il
avait de quoi manger ? Abou Oubayda se dirigea
alors vers une vieille jarre noircie et en sortit
quelques morceaux de pain. À cet instant, Oumar
fondit en larmes.
– Je t’avais dit que tu allais te causer du tort en
voyant comment je vis. Ô Prince des croyants, ne

1
Allusion à ce que représente la vie d’ici-bas

18
nous suffit que ce qui nous sert à passer la sieste !
Puis Oumar de dire : La dounia nous a tous chan-
gés sauf toi Abou Oubayda !
Rapporté dans les Sounan d’Abou Dawoud par
la voie d’Ibn Al-Arabi.
Et ceci est, par Allah, le réel ascétisme ; non l’as-
cétisme de celui qui ne possède rien !

Maan ibn Issa : D’après Malik : Oumar fit en-


voyer 400 ou bien 4000 dinars1 à Abou Oubayda
et dit à son émissaire : Regarde ce qu’il en fait ?
Abou Oubayda divisa alors la somme et en en-
voya la moitié à Mouadh. Puis il ne cessa de par-
tager le montant restant jusqu’à ce que sa femme
lui dise : Ceci, nous en avons besoin !
Lorsque le Messager eut informé Oumar de ce
qu’il en fit, ce dernier dit :
« Louange à Allah qui a fait qu’en Islam des gens
œuvrent de la sorte ! »

Al-Fassawi : Abou Al-Yémen nous a rap-


porté : D’après Jarir ibn Outhman : D’après
Abou Al-Hassan Imrane ibn Nimrane : Alors

1
Pièces d’or de l’époque

19
qu’Abou Oubayda était en train d’inspecter les
troupes il dit :
« Combien de personnes veillent à la beauté de
leurs vêtements alors que leur religion est souil-
lée ?! Et combien pensent élever leur âme alors
qu’en fait ils la rabaissent ?! Empressez-vous de
troquer vos péchés passés pour vos bonnes ac-
tions futures ! »

Et Thabit Al-Bounani a dit : Abou Oubayda


disait : « Ô gens, je suis certes issu de Qouraysh
mais il n’est pas une personne – quelle que soit
sa couleur de peau, blanche ou noire – qui ne me
dépasse en piété sans que je n’aie souhaité être à
sa place ! »
Maamar : D’après Qatada : Abou Oubayda
ibn Al-Jarrah disait : « J’aurais aimé être un ovin
que ma famille égorge. Ils mangeraient ainsi ma
viande et dégusteraient mon bouillon ! »

Et Imrane ibn Houssayn disait :


« Si seulement j’avais pu être des cendres que le
vent disperse ! »

Shou’ba : D’après Qays ibn Mouslim :


D’après Tariq : Oumar écrivit à Abou Oubayda
lors de la pandémie de peste : « J’ai vraiment

20
besoin de toi dans une affaire. Rejoins-moi au
plus vite. »
Lorsqu’Abou Oubayda lut la lettre, il dit : Je sais
de quoi le Prince des croyants a besoin. Il sou-
haite préserver ce qui ne peut être préservé !
Il lui répondit alors : Je connais ton besoin et je
te demande de me démettre de ta volonté. Je suis
à la tête d’une troupe de soldats musulmans et
mon intérêt ne devance pas le leur !
Lorsqu’Oumar lut sa réponse, il se mit à pleurer.
On lui demanda si Abou Oubayda était mort ?
Il dit : Non mais peu s’en faut !
Puis Abou Oubayda mourut et la peste se répan-
dit.

Abou Al-Mouwajih Mouhammad ibn ‘Amr


Al-Marwazi a dit : Il a été rapporté qu’Abou Ou-
bayda était à la tête d’une troupe de 36000 fan-
tassins et que seuls 6000 d’entre eux survécurent.

Mouhammad ibn Abdessalam : D’après Abou


Raouh : Abou Saad nous a narré : Ibn Hamdane
nous a narré : Abou Ya’la nous a narré : Abd-Al-
lah ibn Mouhammad ibn Asma nous a rapporté :
Mahdi ibn Maymoun nous a rapporté : Wassil
l’esclave d’Abou Ouyaïna nous a rapporté :

21
D’après Ibn Abou Sayf Al-Makhzoumi : D’après
Al-Walid ibn Abderrahman (faqih, originaire du
Sham) : D’après Iyad ibn Ghoutayf qui relate :
Je rendis visite à Abou Oubayda ibn Al-Jarrah
alors que celui-ci était malade. Sa femme Tou-
hayfa était assise auprès de lui et lui avait le vi-
sage tourné vers le mur.
Je questionnai : Comment Abou Oubayda a-t-il
passé la nuit ?
– Récompensé ! répondit son épouse.
– Non, par Allah, la nuit ne m’a sûrement pas
valu de récompense ! rétorqua Abou Oubayda.
Les gens s’étonnèrent quelque peu de sa réponse.
– Vous ne me demandez pas pourquoi je vous dis
ça ? demanda-t-il alors.
– Te questionnerons-nous sur une chose que
nous réprouvons ?! répondit l’assemblée.
Abou Oubayda leur dit alors : Certes j’ai entendu
le Messager d’Allah (‫ )ﷺ‬dire :
« Celui qui dépense une bonne chose dans la
voie d’Allah en aura sept-cents fois la récom-
pense !

22
Et celui qui dépense pour sa famille, visite un
malade ou bien éloigne un mal, sa bonne action
en vaut dix !
Quant au jeûne, il est une armure tant que celle-
ci n’est pas rompue !
Et quant à celui qu’Allah a éprouvé par une ma-
ladie dans son corps, cela lui vaut rémission des
péchés ! »

Il nous a été narré par plusieurs personnes :


Ibn Tabarzad nous a narré : Ibn Al-Houssayn
nous a narré : Ibn Ghaylane nous a narré : Abou-
Bakr As-Shafii nous a narré : Abd-Allah ibn Ah-
mad nous a narré : Mouhammad ibn Abane Al-
Wassiti nous a rapporté : Jarir ibn Hazim m’a
rapporté : Bashar Ibn Abou Sayf m’a rapporté :
Al-Walid Ibn Abderrahman m’a rapporté :
D’après Iyad ibn Ghoutayf ; il a dit :
Abou Oubayda tomba malade et nous lui ren-
dîmes visite. Il nous rapporta alors le récit sui-
vant : J’ai entendu le Messager d’Allah (‫)ﷺ‬
dire : « Le jeûne est une armure tant que celle-ci
n’est pas rompue ! »

Aussi, le Prophète (‫ )ﷺ‬nomma Abou Ou-


bayda émir maintes fois. Ce fut le cas notamment
lors de l’expédition où ses troupes connurent la

23
faim. Ils étaient alors trois-cents. Puis la mer re-
jeta subitement un cachalot. Abou Oubayda
s’écria alors : Ceci est une bête morte ! Puis il
dit : « Non, nous sommes les émissaires du Mes-
sager d’Allah (‫ )ﷺ‬et dans la voie d’Allah ; man-
gez ! »
Jusqu’à la suite du récit qui se trouve dans les
deux Sahih…

Et lorsqu’Abou Bakr en eut fini de combattre


ceux qui avaient apostasié, ainsi que Moussay-
lima l’imposteur, il fit équiper les généraux pour
la conquête du Sham.
Il envoya alors : Abou Oubayda, Yazid ibn Abou
Soufiane, ‘Amr ibn Al-’Ass et Shourahbil ibn
Hassana.

Puis la bataille d’Ajnadayne eut lieu, non loin de


Ramla1, et Allah donna la victoire aux croyants.
La nouvelle du triomphe parvint à Abou Bakr
alors que ce dernier était atteint par la maladie
qui causa sa mort.

1
Une des villes les plus majestueuses de Palestine, située
à environ 40 kms au nord-ouest de Jérusalem. Les
Omeyyades la prirent pour capitale administrative.

24
Eurent lieu ensuite la bataille de Fihl et la bataille
de la Prairie des Souffar1.
Abou Bakr avait, à ce moment-là, envoyé Khalid
à la conquête de l’Irak mais il lui ordonna ensuite
de rejoindre le Sham en renfort.
Khalid traversa alors l’ensemble des plaines dé-
sertiques en partance de Samawa2.
As-Siddiq le nomma ensuite à la tête de toutes
les armées. Puis ils prirent d’assaut Damas et
Abou Bakr mourut.
Oumar s’empressa alors de destituer Khalid et il
nomma Abou Oubayda à sa place.
Lorsque la nouvelle de sa désignation lui parvint,
il la dissimula un temps. Ceci de par son émi-
nente religiosité, son tact et sa grande sagesse.
Damas fut par la suite conquise sous son com-
mandement. À ce moment, il rendit sa nomina-
tion publique afin de pouvoir conclure un accord
avec les Byzantins. Ainsi, ils entrèrent pacifique-
ment, sous son autorité, par Al-Jabiyah3 alors
que Khalid pénétra dans la ville du côté est par la

1
Nom donné à une espèce d’oiseaux
2
Ville d’Irak
3
Entrée principale de Damas du côté ouest

25
force. Puis Abou Oubayda étendit le traité à son
ensemble.

Et d’après Al-Moughira : Abou Oubayda leur


laissa la moitié de leurs églises et de leurs de-
meures. Puis, le jour de la bataille de Yarmouk1,
il devint le maître de l’Islam lorsqu’Allah ruina
les armées byzantines et qu’un nombre considé-
rable d’entre l’ennemi fut tué.

Ibn Al-Moubarak a rapporté dans son Livre


du zouhd ; il a dit : Abdelhamid ibn Bahram nous
a narré : D’après Shahr ibn Haoushab ; il a dit :
Abderrahman ibn Ghanm m’a rapporté : selon le
hadith d’Al-Harith ibn Oumayra dans lequel il
rapporte que Mouadh ibn Jabal le prit par la main
et l’envoya s’enquérir de l’état d’Abou Oubayda
alors que la peste s’était emparée d’eux.
Abou Oubayda lui montra alors le bubon2 qui
était apparu sur sa main. Cela bouleversa Al-Ha-
rith et il fut terrifié à sa vision. Abou Oubayda
lui dit alors : « Par Allah, ce bubon vaut pour moi
tout l’or du monde ! »

1
Rivière située à l’extrême sud-ouest de la Syrie aux
frontières avec la Jordanie
2
Tuméfaction résultant de la peste

26
Et d’après Al-Aswad : D’après Ourwa : Abou
Oubayda et les siens avaient été épargnés par la
peste d’Emmaüs1. Abou Oubayda invoqua alors
en ces termes : Ô Allah, attribue une part de ce
fléau à la famille d’Abou Oubayda !
Quelque temps après, une pustule apparut sur
son petit doigt. Pendant qu’Abou Oubayda l’ob-
servait quelqu’un lui dit : Elle n’est rien !
Abou Oubayda dit alors : « J’espère qu’Allah y
mettra sa baraka car le peu qu’il bénît devient de
par sa grâce immense ! »

Al-Walid ibn Mouslim : Abou Bakr ibn Abou


Maryam m’a rapporté : D’après Salih ibn Abou
Al-Moukhariq ; il a dit : Abou Oubayda quitta
Damas pour se rendre à Jérusalem afin d’y ac-
complir la prière. Il délégua à la tête des musul-
mans Mouadh ibn Jabal.
Al-Walid a dit : Quelqu’un ayant entendu
Ourwa ibn Rouwaym m’a rapporté : Le terme de
sa vie arriva alors qu’il était à Fihl. Il y mourut,
non loin de Beït Shéan2.

1
Village célèbre de Palestine situé non loin de Jérusalem
2
(Bayssane en arabe) : une des villes de Palestine au
passé historique le plus riche

27
La peste d’Emmaüs (‘Amawas) tire son appella-
tion du village du même nom. Situé entre Ramla
et Jérusalem. Quant à Al-Asma’i, il prétendit que
cela venait de ce que les gens disaient lors de
l’épidémie de peste : « ‘amma wa aassa ! » (Elle
s’est généralisée et a causé bien des peines).

Abou Hafs Al-Fallas a dit : Abou Oubayda


mourut en l’an 18 de l’hégire alors qu’il avait 58
ans. Il se teignait les cheveux avec du henné et
du katam et avait deux nattes.

D’autres que lui ont confirmé la date de sa mort ;


à l’exception d’Ibn Aïdh qui rapporte qu’Abou
Moussehir a lu dans le livre de Yazid ibn Ou-
bayda qu’Abou Oubayda était mort en l’an 17 de
l’hégire.

28
‫سري أعالم النبالء‬
LES GRANDES FIGURES DE
L’ISLAM
SHAMS AD-DINE DHAHABI (748 h)

02

‫طلحة بن عبيد اهلل‬


TALHA IBN OUBAYD-ALLAH
AU NOM D’ALLAH
LE CLÉMENT LE MISÉRICORDIEUX

NOUS LUI DEMANDONS SON AIDE

2. TALHA IBN OUBAYD-ALLAH


‫َط ْل َحة بن ُع َب ْيد الل‬

Talha ibn Oubayd-Allah ibn Outhman ibn


‘Amr ibn Kaab ibn Saad ibn Taïm ibn Mourra
ibn Kaab ibn Louay ibn Ghalib ibn Fihr ibn Ma-
lik ibn Nadr ibn Kinana, le Qourashite, At-
Taïmi, Al-Makki, Abou Mouhammad.
Un des dix promis au Paradis.
Il rapporte plusieurs hadiths du Prophète (‫)ﷺ‬.
On en dénombre dans le Mousnad de Baqi ibn
Makhlad, avec les répétitions, trente-huit.
Conjointement, Al-Boukhari et Mouslim ont
rapportés deux de ses hadiths. Al-Boukhari seul
en a rapporté deux autres. Et enfin Mouslim seul
en a rapporté trois supplémentaires.

Ont rapporté de lui :


Ses fils : Yahya, Moussa et Issa.

1
Ainsi que : As-Saïb ibn Yazid, Malik ibn Aous
ibn Al-Hadathane, Abou Outhman An-Nahdi,
Qays ibn Abou Hazim, Malik ibn Abou ‘Amir
Al-Asbahi, Al-Ahnaf ibn Qays At-Tamimi,
Abou Salama ibn Abderrahman et d’autres.

Abou Abd-Allah ibn Manda a dit : C’était un


homme très brun, la chevelure dense, ni crépue,
ni raide et il avait un beau visage. Il pressait le
pas lorsqu’il marchait. Il n’avait pas pour habi-
tude de teindre ses cheveux.
Et Ibrahim ibn Al-Moundhir Al-Hizami relate :
D’après Abdelaziz ibn Imrane : Ishaq ibn Yahya
m’a rapporté : Moussa ibn Talha m’a rapporté :
Mon père avait la peau blanche, le teint légère-
ment rose. Il était de taille moyenne, plutôt petit,
le torse et les épaules larges. Il avait des pieds
imposants. Son allure traduisait la dignité.
Je dis (Dhahabi) : Il fut parmi les premiers à
embrasser l’Islam et subit moult nuisances dans
le sentier d’Allah. Puis il émigra (hijra). Il ne par-
ticipa pas à la bataille de Badr – comme cela est
communément admis – car il était, à cet instant,
au Sham pour une affaire le concernant. Son ab-
sence l’affligea d’ailleurs grandement. Le Mes-
sager d’Allah (‫ )ﷺ‬lui accorda malgré tout une

2
part du butin ainsi que la rémunération à laquelle
il avait droit.

Abou Al-Qassim ibn Assakir, le hafizh, a dit


dans sa biographie : Il accompagna Oumar lors-
que celui-ci se rendit à Al-Jabiya1 et Oumar le
désigna à la tête des Mouhajirounes.
D’autres que lui rapportent qu’il avait une main
estropiée des suites de sa défense du Messager
d’Allah (‫ )ﷺ‬le jour d’Ouhoud.

Salt ibn Dinar : D’après Abou Nadra :


D’après Jabir : Le Messager d’Allah (‫ )ﷺ‬a dit :
« Quiconque désire voir un martyr marchant sur
Terre, qu’il regarde Talha ibn Oubayd-Allah ! »
Ce récit m’a été transmis par Al-Abarqouhi par
cette voie : Ibn Abou Al-Joud nous a narré : Ibn
Talaba nous a narré : Abdelaziz Al-Anmati nous
a narré : Abou Tahir Al-Moukhalis nous a narré :
Al-Baghawi nous a rapporté : Dawoud ibn Rous-
hayd nous a rapporté : Makki nous a rapporté :
Salt nous a rapporté.

Et il a été rapporté dans le recueil d’Abou Issa2

1
Village important de l’époque situé à environ 70 kms au
sud de Damas
2
Tirmidhi

3
que le Messager d’Allah (‫ )ﷺ‬a dit le jour d’Ou-
houd : « Le Paradis est promis à Talha ! »
Ibn Abou Khalid a dit : D’après Qays : J’ai vu la
main mutilée de Talha avec laquelle il défendit
le Prophète (‫ )ﷺ‬le jour d’Ouhoud. Rapporté par
Al-Boukhari.

An-Nassaï rapporte d’après Yahya ibn Ayoub


et autre que lui : D’après ‘Imara ibn Ghaziya :
D’après Abou Zoubayr : D’après Jabir qui a dit :
Lorsque les gens se détournèrent le jour d’Ou-
houd et que le Messager d’Allah (‫ )ﷺ‬se retrouva
à l’écart en compagnie d’une douzaine
d’hommes seulement, parmi lesquels Talha, les
polythéistes se ruèrent sur eux. Le Prophète (‫)ﷺ‬
appela alors :
– Qui pour nous défendre ?
– Moi ! s’empressa Talha.
– Reste à ta place ! lui ordonna le Prophète (‫)ﷺ‬.
– Moi ! dit alors un autre homme.
– Vas-y ! lui dit le Prophète.
L’homme sortit alors pour combattre et fut tué.
Puis, le Prophète (‫ )ﷺ‬tourna la tête et aperçut un

4
autre groupe de polythéistes ; il appela de nou-
veau :
– Qui pour s’en occuper ?
– Moi ! s’empressa Talha.
– Reste à ta place ! lui ordonna-t-il.
– Un homme des Ansar dit alors : Moi, ô Messa-
ger d’Allah !
– Vas-y ! lui dit le Prophète (‫)ﷺ‬.
L’homme sortit alors pour combattre et fut tué.
Et ceci n’eut cessé jusqu’à ce qu’il ne reste avec
le Prophète d’Allah que Talha seulement. Le
Prophète dit encore :
– Qui pour s’occuper d’eux ?
– Moi ! dit Talha.
C’est alors que Talha s’engagea et combattit
d’un combat équivalent aux onze autres dans le-
quel ses doigts furent tranchés. Il poussa à cet
instant un cri de douleur « hassi ! »
Le Messager d’Allah (‫ )ﷺ‬lui dit alors : Si tu
avais dit, à la place, « bismillah » les anges t’au-
raient élevé aux yeux de tous !
Puis Allah repoussa les polythéistes. Les rappor-
teurs de ce récit sont tous de confiance.

5
Abou Al-Maali ibn Abou Asseroune le sha-
fiite nous a informé : Abdelmou’iz ibn Mouham-
mad nous a narré dans son livre : Tamim ibn
Abou Saïd nous a narré : Mouhammad ibn Ab-
derrahman nous a narré : Mouhammad ibn Ah-
mad nous a narré : Ahmad ibn Ali At-Tamimi
nous a narré : Mouhammad ibn Abou-Bakr Al-
Mouqadami et Abd Al-A’la nous ont rapporté ;
ils ont dit : Al-Mou’tamir nous a rapporté : J’ai
entendu mon père dire : Abou Outhman nous a
rapporté ; il a dit :
Il ne resta ce jour-là – le jour où le Messager
d’Allah (‫ )ﷺ‬combattit – que Talha et Saad ;
d’après ce que tous deux nous racontèrent.
Ce récit est rapporté par les deux Shaykhs1,
d’après Al-Mouqadami.

Et toujours par sa voie, jusqu’à At-Tamimi :


Abou Kourayb nous a rapporté : Younous ibn
Boukayr nous a rapporté : D’après Talha ibn Ya-
hya : D’après les deux fils de Talha : Moussa et
Issa : D’après leur père :
Un homme parmi les bédouins vint trouver le
Messager d’Allah (‫ )ﷺ‬pour le questionner sur

1
Al-Boukhari et Mouslim

6
l’homme étant passé de vie à trépas1 ; qui était-
ce ?
Les compagnons du Messager n’osant eux-
mêmes le questionner sur cela de par la grande et
profonde vénération qu’ils avaient pour lui.
L’homme le lui demanda alors une première fois
mais le Prophète (‫ )ﷺ‬ne lui répondit pas. Puis il
le questionna une seconde fois mais le Prophète
(‫ )ﷺ‬garda à nouveau le silence.
C’est alors que j’entrai par la porte de la mos-
quée, dit Talha, portant ce jour-là des habits
verts. À cet instant, le Messager d’Allah (‫)ﷺ‬
m’aperçut et dit :
– Où est l’homme qui questionnait sur celui étant
passé de vie à trépas ?
– Moi, lui dit le bédouin.
– Voici celui que tu cherchais ! lui répondit le
Prophète (‫ )ﷺ‬tout en désignant Talha.

Et At-Tayalissi rapporte, dans son mousnad,


un hadith de Mouawiya qui dit : J’ai entendu le

1
De l’expression arabe (‫ ) َق َضى ن َْح َب ُه‬qui exprime implicite-
ment le fait de mourir

7
Messager d’Allah (‫ )ﷺ‬dire : « Talha fait partie
de ceux qui sont passés de vie à trépas ! »

Quant à Mouslim, dans son Authentique, il


rapporte d’après Abou Hourayra ce récit : Alors
que le Messager d’Allah (‫ )ﷺ‬se trouvait sur le
mont Hira en compagnie d’Abou Bakr, Oumar,
Outhman, Ali, Talha et Zoubayr, le rocher sur le-
quel ils étaient se mit à trembler.
Le Prophète (‫ )ﷺ‬s’adressa alors à lui et dit :
« Doucement, il n’y a sur ton écorce qu’un pro-
phète, un véridique et un martyr ! »

Souwayd ibn Saïd : Salih ibn Moussa nous a


rapporté : D’après Mouawiya ibn Ishaq :
D’après la fille de Talha, Aïsha : D’après Aïsha :
Le Messager d’Allah (‫ )ﷺ‬a dit : « Quiconque
veut voir marcher sur terre un homme étant
passé de vie à trépas, qu’il regarde Talha ! »

Tirmidhi a dit : Abou Saïd Al-Ashaj nous a


rapporté : Abou Abderrahman, Nadr ibn Man-
sour, nous a rapporté : Ouqba ibn Alqama Al-
Yashkouri nous a rapporté :
J’ai entendu Ali lors de la bataille d’Al-Jamal
dire : Certes j’ai pris de la bouche du Messager
d’Allah (‫ )ﷺ‬les paroles suivantes : « Talha et

8
Zoubayr font partie de mon voisinage au Para-
dis ! »
Ibn Zaydane Al-Bajali et Abou Bakr Al-Jaroudi
ont également rapporté ce récit, comme cela,
d’après Al-Ashaj. Quant à Abou Ya’la Al-
Maoussili, il s’est singularisé en le rapportant
d’après Nadr : D’après son père : D’après
Ouqba.

Douhaym : Mouhammad ibn Talha nous a


rapporté : D’après Moussa ibn Mouhammad :
D’après son père : D’après Salama ibn Al-Akwa’
qui a dit :
Talha fit l’acquisition, non loin de la montagne,
d’un puits et sacrifia un chameau afin de nourrir
et d’abreuver les gens. Le Messager d’Allah (‫)ﷺ‬
lui dit alors : « Tu es Talha le brave1 ! »

Soulayman ibn Ayoub ibn Issa ibn Moussa


ibn Talha : Mon père m’a rapporté, d’après mon
grand-père : D’après Moussa ibn Talha :
Le Prophète (‫ )ﷺ‬surnomma Talha le jour d’Ou-
houd « Talha le bon ». Et il le surnomma lors de

1
« Al-Fayyad » en arabe, synonyme d’une abondante gé-
nérosité

9
l’expédition d’Al-Ashira1 « Talha le brave ».
Puis il le surnomma le jour de Khaybar « Talha
le généreux » !
(La chaîne de transmission de ce récit est légère-
ment faible)

Moujalid a dit : D’après Shaabi : D’après Qa-


bissa ibn Jabir qui a dit : Il m’a été donné d’ac-
compagner Talha, un temps, et jamais je n’ai vu
quelqu’un distribuer autant d’argent que lui sans
qu’on ne le sollicite !

Abou Ismaïl At-Tirmidhi : Soulayman ibn


Ayoub ibn Soulayman ibn Issa ibn Moussa nous
a rapporté : Mon père m’a rapporté, d’après mon
grand-père : D’après Moussa : D’après son
père :
Une somme de 700 000, en provenance de l’Ha-
dramaout, parvint à Talha. Cela le travailla à tel
point qu’il ne cessait de gesticuler dans sa
couche. Sa femme lui dit alors :
– Qu’as-tu ?
– Je ne cesse de réfléchir, répondit-il. Quelle opi-
nion un homme pourrait avoir de son Seigneur

1
Qui eut lieu en l’an 2 de l’hégire.

10
alors qu’il se trouve en possession d’une telle
somme d’argent ?
– N’as-tu pas pensé à certains de tes fidèles ca-
marades ? Au petit matin, demande donc que
l’on t’apporte divers récipients et partage la
somme, lui conseilla-t-elle.
– Qu’Allah te fasse miséricorde, bien-pensante
que tu es, fille de bien-pensant !
(Elle était Oum Koulthoum, la fille du véri-
dique1)
Puis, lorsque le matin arriva, il fit venir différents
récipients et partagea la somme entre les Mouha-
jirounes et les Ansar. Il adressa à cet égard une
écuelle à Ali. Sa femme, lui dit :
– Abou Mouhammad, ne nous as-tu pas réservé
une part dans tout cela ?
– Où étais-tu tout ce temps durant ? Tu n’as plus
qu’à te satisfaire de ce qu’il reste.
Sa femme termina : Il ne restait alors que l’équi-
valent d’une bourse contenant 1000 dirhams.

Al-Moussallam ibn ‘Allane et un groupe de


savants nous ont informés – par écrit ; ils ont dit :

1
Abou Bakr

11
Oumar ibn Mouhammad nous a narré : Hibat-Al-
lah ibn Al-Houssayn nous a narré : Ibn Ghaylane
nous a narré : Abou Bakr As-Shafii nous a narré :
Ibrahim Al-Harbi nous a rapporté : Abd-Allah
ibn Oumar nous a rapporté : Mouhammad ibn
Ya’la nous a rapporté : Al-Hassan ibn Dinar
nous a rapporté : D’après Ali ibn Zayd qui a dit :
Un homme parmi les bédouins vint demander à
Talha de ses faveurs au nom d’un lien de parenté
qui les unissait. Talha lui dit alors :
Tu es le premier à me solliciter au nom de ce lien.
Je possède une terre et Outhman m’en donne
300 000 ; prends-là donc ! Où si tu le souhaites,
je la lui vends et t’en remets son prix.
L’homme choisit d’en avoir le prix et Talha le lui
remit.

Al-Koudaymi : Al-Asma’i nous a rapporté :


Le juge de Médine, Ibn Imrane, nous a rapporté :
Talha acquitta, le jour de Badr, la rançon de dix
prisonniers !
Et on le sollicita, un jour, au nom d’un lien de
parenté ; il dit : J’ai vendu un verger qui m’ap-
partenait pour la somme de 700 000 mais je peux
encore m’en désister. Si tu le souhaites, je le ré-
cupère pour toi ou bien t’en donne son prix !

12
La chaîne de ce récit est discontinue. De plus, Al-
Koudaymi est un rapporteur faible.

Ibn Saad a dit : Saïd ibn Mansour nous a


narré : Salih ibn Moussa nous a rapporté :
D’après Mouawiya ibn Ishaq : D’après les deux
filles de Talha, Aïsha et Oum Ishaq :
Notre père reçu, le jour d’Ouhoud, un total de
vingt-quatre blessures. Il fut balafré au visage,
son nerf-sciatique fut touché et les doigts de sa
main tranchés. Le reste de ses blessures étaient
sur son corps. Il perdit connaissance. Quant au
Messager d’Allah (‫)ﷺ‬, une de ses incisives laté-
rales fut cassée et il fut également blessé au vi-
sage. Il parvint toutefois à rester conscient et à ne
pas s’évanouir. Talha le portait tout en reculant.
À chaque fois qu’un polythéiste s’approchait, il
le combattait durement. Jusqu’à ce qu’il réus-
sisse à le ramener auprès du reste des troupes.

Ibn Ouyaïna : D’après Talha ibn Yahya : Ma


grand-mère Souada bint Aouf Al-Mourriya m’a
rapporté :
Je trouvai, un jour, Talha complètement abattu et
lui demandai :

13
– Qu’as-tu ? Espérons que ce ne soit pas ta fa-
mille1 qui te soucie ?
– Non, tu es une épouse musulmane merveil-
leuse, je le jure ! Je suis seulement en possession
d’une somme d’argent et cela me préoccupe
beaucoup, lui répondit-il.
– Qu’est-ce qui te préoccupe ? Tu n’as qu’à la
partager avec tes compagnons !
Il fit, à ce moment-là, appeler son valet et lui de-
manda de distribuer la somme entre eux. Je ques-
tionnai alors le trésorier : Combien a-t-il donné ?
Il répondit : 400 000 !

Hisham et Aouf : D’après Al-Hassan Al-Ba-


sri : Talha ibn Oubayd-Allah vendit une terre lui
appartenant pour un montant de 700 000 mais
cette somme l’empêcha de trouver le sommeil.
Dès que le matin vint, il la partagea.

Mouhammad ibn Saad : Mouhammad ibn Ou-


mar nous a rapporté : Moussa ibn Mouhammad
ibn Ibrahim At-Taïmi nous a rapporté : D’après
son père :

1
Allusion à elle-même

14
Talha bénéficiait de revenus équivalant à 400
000 en provenance d’Irak. Et 10 000 dinars1,
plus ou moins, lui parvenaient des monts Sara-
wat2. Il tirait également des revenus de diffé-
rentes terres agricoles qu’il détenait.
Il ne laissait aucun membre des Banou Taïm
dans le besoin sans l’aider ou bien éponger ses
dettes.
Chaque année, lorsqu’il percevait ses rentes, il
faisait parvenir la somme de 10 000 à Aïsha.
Et il acquitta pour untel des Taïm la somme de
30 000.

Zoubayr ibn Bakkar a dit : Outhman ibn Abder-


rahman m’a rapporté : Talha ibn Oubayd-Allah
acquitta la somme de 80 000 dirhams3 en faveur
d’Oubayd-Allah ibn Maamar et d’Abd-Allah ibn
‘Amir ibn Kourayz.

Al-Houmaydi a dit : Ibn Ouyaïna nous a rap-


porté : ‘Amr ibn Dinar nous a rapporté : Un des
esclaves de Talha m’a informé que les revenus

1
Pièces d’or de l’époque
2
Chaîne montagneuse partant des environs de la Mecque
et s’étendant jusqu’au Yémen
3
Pièces d’argent de l’époque

15
journaliers de Talha n’étaient pas inférieurs à
mille dirhams !

Al-Waqidi a dit : Ishaq ibn Yahya nous a rap-


porté : D’après Moussa ibn Talha qui rapporte
que Mouawiya le questionna :
– Quelle fortune Abou Mouhammad a-t-il lais-
sée ?
– 2 200 000 pièces d’argent et 200 000 pièces
d’or ! lui répondit-il.
– Il vécut dans l’estime, la générosité et l’hon-
neur et fut tué dans la peine ; qu’Allah lui fasse
miséricorde ! dit Mouawiya.

Et Ar-Riyashi composa les vers suivants pour un


homme de Qouraysh :
Ô toi qui me questionne, sur les meilleurs des
hommes
Trouve-moi sur cela, savant et averti
Les meilleurs serviteurs, se nomment Qourashi
D’abord les immigrés, il faudrait que l’on
nomme
Les tout premiers croyants, au sommet de ceux-

Huit parmi cette élite, l’ont chacun secouru
Ali, Outhman, Zoubayr, compagnons de l’élu

16
Après ces trois Talha, puis deux Banou Zouhra1
S’en suivent deux dévots, amis de Ahmada
Leurs tombes à côté, de celle bien aimée
Quiconque veut chercher, en des gens la fierté
En aucun autres qu’eux, il ne la trouvera

Yahya ibn Ma’ine : Hisham ibn Youssouf


nous a rapporté : D’après Abd-Allah ibn
Mouss’ab : Moussa ibn Ouqba m’a informé : J’ai
entendu d’Alqama ibn Waqqas Al-Laythi le récit
suivant :
Lorsque Talha, Zoubayr et Aïsha partirent pour
exiger la vengeance de Outhman, ils se détour-
nèrent de leur route au niveau de Dhat-Irq2. Ils
renvoyèrent alors Ourwa ibn Zoubayr et Abou
Bakr ibn Abderrahman ; les jugeant tous les deux
trop jeunes.
Je voyais Talha, à cet instant, rester seul, loin de
toute assise, la tête baissée. Je lui dis :
– Abou Mouhammad, je te vois à l’écart de toute
assise ; si tu répugnes autant cette affaire,

1
Abderrahman ibn Aouf et Saad ibn Abi Waqqas descen-
dants de Zouhra
2
Situé à une centaine de kilomètres à l’est de La
Mecque ; c’est l’endroit où les pèlerins en provenance
d’Irak se sacralisent pour le pèlerinage.

17
pourquoi ne la délaisses-tu pas ?
– Ô Alqama, ne me blâme pas, répondit-il. Nous
étions, hier, unis face à nos ennemis mais nous
sommes devenus aujourd’hui deux montagnes
de fer se concurrençant l’une et l’autre !
Néanmoins, j’ai commis envers Outhman ce qui
ne peut être expié, selon moi, que par le prix de
mon sang et le fait que nous exigions sa ven-
geance !
Je dis (Dhahabi) : Ce dont parle Talha est le fait
qu’il ait feint d’ignorer ce qui se tramait contre
Outhman et qu’il ait quelque peu participer, lui
aussi, à ameuter les gens contre lui. Il le fit ce-
pendant selon un effort d’interprétation prove-
nant de sa part.
Il changea par la suite d’avis lorsqu’Outhman fut
tué et regretta de ne pas lui avoir porté secours.
Qu’Allah les agrée tous les deux.
Talha fut le premier à faire allégeance à Ali ; les
meurtriers d’Outhman l’y ayant contraint. Ils le
firent venir jusqu’à ce qu’il prête serment.

Al-Boukhari a dit : Moussa ibn A’yane nous


a rapporté : Abou Awana nous a rapporté :
D’après Houssayn, dans le hadith de ‘Amr ibn
Jawane qui a dit :

18
Lorsque les gens se rencontrèrent le jour d’Al-
Jamal, Kaab ibn Sour se leva et prit le Coran. Il
tourna alors avec au milieu des deux clans, adju-
rant les gens par Allah et l’Islam de préserver
leur sang. Il ne cessa de faire cela jusqu’à ce
qu’on le tue.
Talha compte parmi les premiers à être mort ce
jour-là.
Quant à Zoubayr, il voulut rejoindre ses fils mais
fut rattrapé et tué également.

Yahya Al-Qattane : D’après Aouf : Abou


Raja m’a rapporté ; il a dit : Je vis Talha sur sa
monture les interpeller : « Ô gens, écoutez ! »
Ils s’obstinèrent malgré tout et ne voulurent l’en-
tendre. Il s’exclama alors en ces termes : « Pfff !
Bestioles du feu et mouches convoiteuses ! »
Ibn Saad a dit : Quelqu’un ayant entendu Is-
maïl ibn Abou Khalid m’a informé : D’après Ha-
kim ibn Jabir qui relate :
Talha dit : « Notre attitude perfide dans l’affaire
d’Outhman ne peut être compensé, aujourd’hui,
que par le prix de notre sang. Ô Allah, prends de
moi, en ce jour, ce qui peut te satisfaire pour le
compte d’Outhman ! »

19
Waki’ : Ismaïl ibn Abou Khalid nous a rap-
porté : D’après Qays qui a dit : Je vis ce jour-là
Marwan ibn Al-Hakam lorsqu’il décocha une
flèche en direction de Talha. Elle l’atteint au ge-
nou. Il se vida alors de son sang jusqu’à en mou-
rir.
Ce récit est rapporté par plusieurs rapporteurs
d’après Waki’.
Et dans la version d’Abdelhamid ibn Salih, tou-
jours selon Waki’, figure en plus la parole de
Marwan : « Il était de ceux qui ont contribué au
meurtre d’Outhman ; je ne demanderai plus, dé-
sormais, que vengeance soit faite ! »
Je dis (Dhahabi) : Le meurtrier de Talha est pé-
cheur au même titre que le meurtrier d’Ali !

Khalifa ibn Khayat a dit : Quelqu’un ayant


entendu Jouwayria ibn Asma nous a rapporté :
D’après Yahya ibn Saïd : D’après son oncle :
Marwan décocha une flèche en direction de
Talha et le tua. Il se tourna ensuite vers Abane et
lui dit : « Te voilà à présent débarrassé de cer-
tains meurtriers de ton père ! »

Houshaym : D’après Moujalid : D’après


Shaabi qui a dit : Ali vit le corps de Talha

20
abandonné dans le lit d’une rivière à sec. Il y des-
cendit et essuya la poussière de son visage. Puis
il dit :
« Tu étais bien plus cher à mes yeux, Abou Mou-
hammad, pour que je te retrouve ainsi, jeté à l’air
libre au fond d’une rivière. À Allah je me plains
de mes fautes apparentes et cachées ! »
Au sujet de l’expression employée (‫ُجري وبُ َجري‬
َ ‫)ع‬,
Al-Asma’i1 a dit : Cela signifie : « Les pensées
et les peines qui font tumultes au fond de moi. »

Abd-Allah ibn Idriss : D’après Layth :


D’après Talha ibn Moussarif : Ali parvint à
Talha et trouva ce dernier déjà mort. Il descendit
alors de sa monture et l’assit. Il essuya la pous-
sière de son visage et de sa barbe puis il dit :
« Qu’Allah te fasse miséricorde, qu’Allah te
fasse miséricorde… Si seulement j’avais pu
mourir vingt ans avant ce jour ! »
Le dernier maillon de la chaine de transmission
de ce récit est manquant.

Et Zayd ibn Abou Ounayssa a rapporté :


D’après Mouhammad ibn Abd-Allah (descen-
dant des Ansar) : D’après son père : Ali dit :

1
Grand savant de la langue arabe du 2e siècle de l’hégire

21
« Faites l’annonce au meurtrier de Talha du feu
de l’enfer ! »

Ibn Abou Asseroune nous a informés :


D’après Abou Raouh : Tamim nous a narré :
Abou Saad nous a rapporté : Ibn Hamdane nous
a narré : Abou Ya’la nous a narré : ‘Amr An-
Naqid nous a rapporté : Al-Khadir ibn Mouham-
mad Al-Harrani nous a rapporté : Mouhammad
ibn Salama nous a rapporté : D’après Ibn Ishaq :
D’après Mouhammad ibn Ibrahim At-Taïmi :
D’après Malik ibn Abou ‘Amir qui a dit :
Un homme vint trouver Talha et lui dit :
Vois-tu ce Yéménite (désignant par cela Abou
Hourayra), est-il plus savant que vous concer-
nant les hadith du Messager d’Allah (‫ ?! )ﷺ‬Il
nous rapporte certes des choses que nous n’avons
jamais entendues de vous !
Talha lui répondit alors : Je ne doute pas un ins-
tant qu’il ait entendu du Messager d’Allah (‫)ﷺ‬
ce que nous n’avons pu entendre ! Sache que
nous avions des foyers à charge et ne voyions le
Messager d’Allah (‫ )ﷺ‬que le soir et le matin seu-
lement.
Quant à lui, il était pauvre et ne possédait aucun
bien. Il passait son temps devant la demeure du

22
Messager d’Allah (‫)ﷺ‬. Je ne doute donc aucu-
nement qu’il ait pu entendre ce que nous n’avons
nous-même pas entendu !
De plus, crois-tu qu’un homme de bien oserait
dire du Prophète (‫ )ﷺ‬ce qu’il n’a pas pro-
noncé ?!

Et Moujalid a rapporté : D’après Shaabi : Ja-


bir entendit Oumar questionner Talha :
– Pourquoi te vois-je poussiéreux, les cheveux
tout ébouriffés, depuis la mort du Messager
d’Allah (‫ ? )ﷺ‬Est-ce l’autorité de ton cousin qui
te rend ainsi ? (Allusion à Abou Bakr)
– Non, loin de là ! Seulement, j’ai entendu le
Prophète (‫ )ﷺ‬dire : « Je connais une parole, si
l’homme la prononce au moment de la mort, son
âme trouvera paix et félicité à sa sortie du corps
et elle deviendra pour lui, le Jour de la résurrec-
tion, une lumière ! »
Je n’ai malheureusement pas pu le questionner
sur cela et il ne m’en a pas informé non plus.
Voilà ce qui m’arrive !
– Je sais de quoi il parle ! rétorqua Oumar.
– Vraiment ? À Allah la louange, de quoi s’agit-
il ?

23
– La parole qu’il voulut faire prononcer à son
oncle… dit Oumar.
– Cela ne peut être que ça ! conclut Talha.

Abou Mouawiya et d’autres : Abou Malik Al-


Ashja’i nous a rapporté : D’après Abou Habiba,
un des esclaves de Talha : J’accompagnai Imrane
le fils de Talha, après la bataille d’Al-Jamal, pour
rencontrer Ali. Ce dernier l’accueillit chaleureu-
sement et le fit rapprocher. Puis il dit :
– J’espère qu’Allah nous place, ton père et moi,
parmi ceux qui ont été cités dans ce verset : ﴾ Et
nous ôterons toute rancune de leurs poitrines ;
ils seront frères, face à face sur des divans1 ﴿
Deux hommes de l’assemblée – l’un deux étant
Al-Harith le Borgne – dirent :
– Allah est bien plus juste que ça pour les ac-
cueillir et en faire des frères dans son Paradis !
– Levez-vous et disparaissez ! leur ordonna alors
Ali.
De qui d’autres pourrait-il s’agir, dans ce verset,
si ce n’est de Talha et de moi ?!
Ô mon neveu, si tu as besoin de quoique ce soit,

1
Sourate Al-Hijr, verset 47

24
tu sais vers qui te diriger ! »

Et d’après Abou Hourayra, le Messager d’Al-


lah (‫ )ﷺ‬a dit : « Je me revois le jour d’Ouhoud ;
il n’y avait à cet instant personne auprès de moi
en dehors de Jibril, à ma droite, et de Talha à ma
gauche ! »
Il fut d’ailleurs dit à ce sujet :
Talha le jour d’Ouhoud, Mouhammad il sauva
Difficile moment, par lequel il passa
Les lances de ses mains, finirent détournées
Ses gracieuses phalanges, auront été tranchées
Juste après Mouhammad, il devint un imam
C’est lui qui fit en sorte, que triomphe l’Islam

Et on rapporte de Talha qu’il dit : « Toutes les


parties de mon corps furent touchées, le jour
d’Ouhoud, jusqu’à mes parties intimes ! »

Ibn Saad a dit : Mouhammad ibn Oumar nous


a rapporté : Ishaq ibn Yahya m’a rapporté :
D’après sa grand-mère Souada bint Aouf qui a
dit :
Talha fut tué alors qu’il y avait, entre les mains
de son trésorier, 1 200 000 dirhams1 ! Et ses

1
Pièces d’argent

25
biens, dans leur ensemble, furent évalués à trente
millions de dirhams.
La parole la plus étonnante par laquelle je suis
passé, à ce sujet, est celle d’Ibn Al-Jawzi, en
commentaire d’un hadith, qui dit : Talha laissa
derrière lui l’équivalent de trente chameaux
chargés d’or !

Et Saïd ibn ‘Amir Ad-Douba’i a rapporté :


D’après Al-Mouthanna ibn Saïd qui a dit : Un
homme vit en rêve Talha qui lui disait : « Dis à
Aïsha qu’elle me transfert de cet endroit ; les
ruissellements m’importunent ! »
Il se rendit alors auprès de sa fille Aïsha bint
Talha pour lui narrer ce songe.
Elle entreprit aussitôt de partir, accompagnée de
ses proches.
Ils réaménagèrent alors sa tombe de sorte à ce
que l’eau ne l’atteigne plus, puis ils le recouvri-
rent à nouveau de terre.
Rien de lui n’avait été altéré hormis quelques
poils de sa barbe (ou de sa tête).
Trente années s’étaient pourtant écoulées !
Al-Mass’oudi prétendit que c’est sa fille Aïsha,
elle-même, qui le vit en rêve.

26
Il fut tué au mois de Joumada Al-Akhira de
l’an 36 de l’hégire. Certains ont dit que ceci eut
lieu au mois de Rajab. Il avait alors soixante-
deux ans environ. Sa tombe se situe en périphérie
de Bassora1.
Yahya ibn Boukayr, Khalifa ibn Khayat et Abou
Nasr Al-Kalabadhi prétendirent que c’est Mar-
wan ibn Al-Hakam qui tua Talha.
Talha eut d’honorables enfants. Le plus pieux
d’entre eux étant Mouhammad As-Sajjad.
C’était un jeune enclin au bien, dévoué à l’ado-
ration et soumis totalement à Allah. Il naquit du
vivant du Prophète (‫ )ﷺ‬et fut, lui aussi, tué le
jour d’Al-Jamal. Ali en fut d’ailleurs très attristé
et dit à ce propos : « Sa bienveillance envers son
père a eu raison de lui ! »

1
Basra

27
‫سري أعالم النبالء‬
LES GRANDES FIGURES DE
L’ISLAM
SHAMS AD-DINE DHAHABI (748 h)

03

‫الزبري بن العوام‬
ZOUBAYR IBN AL-‘AWAM
AU NOM D’ALLAH
LE CLÉMENT LE MISÉRICORDIEUX

NOUS LUI DEMANDONS SON AIDE

3. ZOUBAYR IBN AL-‘AWAM


‫الز َب ْير بن ال َع َّوام‬
ُّ

Zoubayr ibn Al-‘Awam ibn Khouwaylid ibn


Assad ibn Abd Al-Ouzza ibn Qoussay ibn Kilab
ibn Mourra ibn Kaab ibn Louay ibn Ghalib.
L’apôtre du Messager d’Allah (‫ )ﷺ‬et son cousin
du côté de sa tante paternelle Safiya la fille d’Ab-
delmoutalib.
Un des dix promis au Paradis et l’un des six
ayant participé à la Consultation1.
Le premier à avoir tiré son épée du fourreau pour
la cause de l’Islam.
Abou Abd-Allah. Qu’Allah l’agrée.

1
La consultation qui eut lieu entre six des compagnons
du prophète (‫ )ﷺ‬afin de désigner le nouveau calife
lorsqu’Oumar fut assassiné.

1
Il se convertit alors qu’il n’était encore qu’un
jeune homme ; il avait à peine seize ans.

Layth a rapporté : D’après Abou Al-Aswad :


D’après Ourwa ; il a dit : Zoubayr se convertit
alors qu’il n’avait que huit ans. Un jour, le diable
joua de ses insufflations pour faire croire que le
Messager d’Allah (‫ )ﷺ‬avait été tué dans les hau-
teurs de La Mecque. Zoubayr sortit alors, muni
de son épée. Il n’avait que douze ans. Les gens le
voyant passer étaient pris d’étonnement et di-
saient : « Le gamin a une épée dans la main ! »
Jusqu’à ce qu’il arrive auprès du Prophète (‫)ﷺ‬.
Lorsque ce dernier le vit, il lui dit : Qu’as-tu ô
Zoubayr ?
Zoubayr l’informa alors de la rumeur et dit : « Je
suis venu pour trancher tes assaillants ! »
Il est rapporté que Zoubayr était très grand ;
ses pieds touchaient terre lorsqu’il enfourchait
une monture !1 Il avait une barbe peu fournie.
Il a transmis certains hadiths.
Ont rapporté de lui :
Ses fils : Abd-Allah, Mouss’ab, Ourwa et Jafar.

1
Expression arabe

2
Ainsi que : Malik ibn Aous Al-Hadathane, Al-
Ahnaf ibn Qays, Abd-Allah ibn ‘Amir ibn Kou-
rayz, Mouslim ibn Joundoub, Abou Hakim son
esclave et autres qu’eux.
Conjointement, Al-Boukhari et Mouslim ont
rapporté deux de ses hadiths. Al-Boukhari, seul,
en a rapporté quatre. Et Mouslim, seul, en a rap-
porté un autre.
Al-Mouslim ibn Mouhammad et un groupe de
savants nous ont informés – par autorisation de
transmettre ; ils ont dit : Hanbal nous a narré :
Ibn Al-Houssayn nous a narré : Ibn Al-Moudhib
nous a rapporté : Abou Bakr Al-Qati’i nous a
narré : Abd-Allah ibn Ahmad nous a rapporté :
Mon père m’a rapporté.
(‫)ح‬1
Et Mouhammad ibn Abdessalam nous a narré :
Abdelmou’iz ibn Mouhammad nous a narré : Ta-
mim nous a narré : Abou Saad le médecin nous a
narré : Abou ‘Amr Al-Hiri nous a narré : Abou
Ya’la nous a narré : Zouhayr nous a rapporté.

1
La lettre ‫( ح‬qui signifie transfert/changement ‫ )تَحْ ِويل‬est
utilisée par les mouhadithounes (savants spécialistes du
hadith) lorsque ceux-ci souhaitent faire mention d’une
autre chaîne de transmission menant à l’un des rappor-
teurs du récit.

3
Ils ont dit1 : Abderrahman nous a rapporté :
Shou’ba nous a rapporté : D’après Jami’ ibn
Shaddad : D’après ‘Amir (Et dans la version
d’Abou Ya’la : J’ai entendu ‘Amir ibn Abd-Al-
lah ibn Zoubayr) :
D’après Abd-Allah ibn Zoubayr qui relate :
Je demandai à mon père : Pourquoi ne rapportes-
tu pas des hadiths du Messager d’Allah
(‫ )ﷺ‬comme untel et untel ?
Il me répondit : Je ne l’ai pas quitté depuis le jour
où je me suis converti. Simplement, je l’ai en-
tendu dire : « Que prépare sa place en Enfer ce-
lui qui ment sur moi délibérément ! »
(Abou Ya’la n’a pas mentionné le mot « délibé-
rément »)

Abou Saïd, Sounqour ibn Abd-Allah Al-Ha-


labi, nous a informés : Abdellatif ibn Yousouf
nous a narré : Abdelhaqq Al-Yousoufi nous a
narré : Ali ibn Mouhammad nous a narré : Ali
ibn Ahmad, le Lecteur, nous a narré : Abdelbaqi
ibn Qani’ nous a rapporté : Ahmad ibn Ali ibn

1
Ahmad et Zouhayr, rapporteurs des deux chaines de
transmission

4
Mouslim nous a rapporté : Abou Al-Walid nous
a rapporté. (‫)ح‬1
Et Bishr nous a rapporté : ‘Amr ibn Hakkam
nous a rapporté ; ils ont dit2 : Shou’ba nous a
narré : D’après Jami’ ibn Shaddad : D’après
‘Amir ibn Abd-Allah : D’après son père qui dit :
Je demandai à mon père : Pourquoi ne rapportes-
tu pas des hadiths du Messager d’Allah
(‫ )ﷺ‬comme le fait Ibn Massoud ?
Il me répondit : En ce qui me concerne, je ne l’ai
plus quitté depuis ma conversion. Simplement, je
l’ai entendu dire : « Quiconque ment sur moi dé-
libérément, qu’il prépare sa place en Enfer ! »
Khalid ibn Abd-Allah At-Tahane a rapporté ce
récit dans les mêmes termes d’après Bayan ibn
Bishr : D’après Wabara : D’après ‘Amir ibn
Abd-Allah.
Quant à la voie de Shou’ba, elle a été rapportée
par Al-Boukhari, Abou Dawoud, An-Nassaï et
Al-Qazwini.

Ishaq ibn Yahya rapporta : D’après Moussa ibn


Talha qui dit : Ali, Zoubayr, Talha et Saad sont

1
Le dédoublement de la chaîne a lieu, au niveau, de Ab-
delbaqi ibn Qani’
2
‘Amr ibn Hakkam et Abou Al-Walid

5
les montants d’une seule et même bride ! C’est-
à-dire : Ils sont tous nés la même année.
Et Al-Madaïni a dit : Talha, Zoubayr et Ali sont
tous les trois de la même génération.
L’orphelin d’Ourwa1 a dit : Zoubayr émigra
(hijra) alors qu’il n’avait que dix-huit ans. Son
oncle l’attachait et l’enfumait, pour le châtier,
mais Zoubayr ne cessait de répéter malgré tout :
« Jamais je ne retournerai à la mécréance ! »
Ourwa relate : Zoubayr vint au Prophète (‫)ﷺ‬
muni d’une épée et ce dernier le questionna
alors :
– Qu’as-tu ô Zoubayr ?
– On m’a dit que tu avais été tué ! répondit Zou-
bayr.
– Et que comptais-tu faire ? lui demanda le Pro-
phète (‫)ﷺ‬.
– J’aurais trancher la tête de ton meurtrier ! ré-
pondit-il.
Le Prophète invoqua alors pour lui et pour son
épée.

1
Surnom donné à Abou Al-Aswad, Mouhammad ibn Ab-
derrahman ibn Nawfal ibn Al-Aswad. Son père, Abder-
rahman, avait enjoint Ourwa ibn Zoubayr, dans son testa-
ment, de veiller sur lui.

6
Et Hisham, le fils de Ourwa, rapporte de son
père que Zoubayr était très grand ; ses pieds tou-
chaient le sol lorsqu’il enfourchait une monture.
Aussi, il était particulièrement velu. Sa mère,
Safiya, le frappait sévèrement alors qu’il n’était
qu’un enfant et était orphelin de père. On lui dit
une fois : Tu vas le tuer ou bien causer sa perte !
Elle répondit :
Moi si je le corrige, c’est pour qu’il marche droit
Et conduise une armée, au timbre qui foudroie
Aussi, il cassa, un jour, la main d’un enfant.
On amena donc le garçon auprès de Safiya, tout
en lui narrant l’incident, et celle-ci lui dit :
Comment as-tu trouvé la pierre1
Une saveur particulière
Ou rapide comme l’éclair
Ibn Ishaq a dit : Parmi ceux qui ont embrassé
l’Islam par la cause d’Abou Bakr demeurent –
d’après ce que l’on m’a rapporté : Zoubayr,
Outhman, Talha, Abderrahman et Saad.
Et d’après Oumar ibn Mouss’ab ibn Zoubayr :
Zoubayr combattit au côté du prophète d’Allah
alors qu’il n’avait que dix-sept ans.

1
Zoubayr étant le diminutif de « zabr » en arabe (‫ )زَ بْر‬qui
signifie pierre

7
Assad ibn Moussa : Jami’ Abou Salama nous a
rapporté : D’après Ismaïl ibn Abou Khalid :
D’après Al-Bahi qui a dit : Il n’y avait que deux
chevaux, le jour de Badr, au côté du Messager
d’Allah (‫ )ﷺ‬: L’un était monté par Zoubayr, sur
l’aile droite de l’armée, et le second par Al-
Miqdad ibn Al-Aswad sur le flanc gauche.

Et Hisham ibn Ourwa a dit : D’après son


père qui rapporte : Zoubayr portait, le jour de
Badr, un turban jaune et c’est sous cet aspect que
descendit Jibril.
Zoubayr ibn Bakkar : D’après Ouqba ibn Mou-
kram : Mouss’ab ibn Salam nous a rapporté :
D’après Saad ibn Tarif : D’après Abou Jafar Al-
Baqir qui relate : Zoubayr portait, le jour de
Badr, un turban jaune et c’est sous cet aspect que
les anges descendirent.
‘Amir ibn Salih ibn Abd-Allah ibn Zoubayr com-
posa, à ce propos, les vers suivants :
Mon arrière-grand-père, de Ahmad est cousin
Cavalier des déserts, lorsque l’épreuve vint
Le premier fantassin, de Badr en matinée
À combattre de jaune, la tête habillée
Sous cet aspect les anges, vinrent pour secourir
Lorsque le jour d’Ouhoud, les rivaux accourir

8
Zoubayr demeure parmi ceux qui ont immigré
vers l’Abyssinie d’après ce qu’ont relaté Moussa
ibn Ouqba et Ibn Ishaq. Il n’y est cependant pas
resté longtemps.

Abou Mouawiya : D’après Hisham : D’après


son père1 : D’après Aïsha qui lui dit :
Ô mon neveu, ton père et ton grand-père – c’est-
à-dire Zoubayr et Abou Bakr2 – demeurent parmi
ceux pour qui Allah a dit : ﴾ Ceux qui,
quoiqu’atteints de blessures, répondirent à
l’appel d’Allah et du Messager3 ﴿ !
Ceci, lorsque les polythéistes quittèrent Ouhoud
et après que le Prophète (‫ )ﷺ‬et ses compagnons
furent atteints par ce qui les eut atteints.
Le Prophète (‫ )ﷺ‬craignit par la suite qu’ils ne
reviennent. Il lança alors : Qui pour partir sur
leurs traces afin qu’ils sachent que nous sommes
à nouveau prêts à combattre ?
Abou Bakr, Zoubayr et soixante-dix d’entre les
compagnons s’exécutèrent aussitôt et se mirent à
les poursuivre. Lorsque les polythéistes eurent
vent de cela, ils quittèrent les lieux une fois pour

1
Ourwa le fils de Zoubayr
2
La mère de Ourwa étant Asma la fille d’Abou Bakr
3
La famille d’Imran, 172

9
toute. ﴾ Ils revinrent donc avec un bienfait de
la part d’Allah et une grâce ; et nul mal ne les
toucha1 ﴿ et ce sans qu’ils n’aient eu à affronter
l’ennemi de nouveau !

Al-Boukhari et Mouslim ont rapporté d’après


Jabir : Le Messager d’Allah (‫ )ﷺ‬demanda le
jour du Fossé :
– Qui pour s’enquérir des agissements des Banou
Qourayzha2 ?
– Moi ! dit Zoubayr.
Ce dernier partit alors, à dos de cheval, et revint
avec les informations souhaitées.
Puis, le Prophète (‫ )ﷺ‬redemanda cela et Zou-
bayr se porta à nouveau volontaire. Puis une troi-
sième fois et Zoubayr partit encore !
Le Prophète (‫ )ﷺ‬dit à ce moment : « À chaque
prophète son apôtre et mon apôtre à moi est Zou-
bayr ! »
Rapporté par un groupe de savants selon Ibn Al-
Mounkadir, d’après Jabir.

1
La famille d’Imran, 174
2
Tribu juive qui s’était alliée, pour combattre les musul-
mans, avec d’autres tribus arabes

10
Et d’autres ont rapporté : D’après Hisham :
D’après son père : D’après Ibnou Zoubayr1 : Le
Messager d’Allah (‫ )ﷺ‬dit : « Chaque prophète a
un apôtre et mon apôtre à moi est Zoubayr ! »
Abou Mouawiya : D’après Hisham ibn Ourwa :
D’après Ibn Al-Mounkadir : D’après Jabir : Le
Messager d’Allah (‫ )ﷺ‬a dit : « Zoubayr est mon
cousin germain2 et l’apôtre de ma commu-
nauté ! »
Younous ibn Boukayr : D’après Hisham :
D’après son père : D’après Zoubayr lui-même :
Le Messager d’Allah (‫ )ﷺ‬me prit par la main et
dit : « À chaque prophète son apôtre et mon
apôtre à moi est Zoubayr le fils de ma tante pa-
ternelle ! »

Et par ma chaîne de transmission (Dhahabi)


jusqu’au Mousnad d’Ahmad ibn Hanbal :
D’après Mouawiya ibn ‘Amr : Zaïda nous a rap-
porté : D’après ‘Assim : D’après Zirr qui a dit :
Alors que j’étais auprès d’Ali, Ibn Jourmouz de-
manda la permission d’entrer.
Ali dit alors : Annoncez le feu de l’enfer à celui
qui a tué le fils de Safiya ! Certes, j’ai entendu le

1
Abd-Allah, le frère de Ourwa
2
Le fils de Safiya, sa tante paternelle

11
Messager d’Allah (‫ )ﷺ‬dire : « À Chaque pro-
phète son apôtre et mon apôtre à moi est Zou-
bayr ! »
Shaybane et Hammad ibn Salama rapportent
également cette narration dans des termes équi-
valents.
De même que Jarir Ad-Dabbi : D’après Moug-
hira : D’après Oum Moussa qui relate : « Le
meurtrier de Zoubayr demanda la permission
d’entrer… » jusqu’à la suite du récit.
Et Yazid ibn Abou Habib a rapporté, d’après
Marthad Al-Yazani, que le Messager d’Allah
(‫ )ﷺ‬a dit : « Mon apôtre d’entre les hommes est
Zoubayr et celle d’entre les femmes est Aïsha ! »
Ibn Abou Arouba : D’après Ayoub : D’après
Nafi’ : Ibn Oumar entendit, un jour, un homme
appeler une personne « fils de l’apôtre du Mes-
sager d’Allah » ; il dit alors : À condition qu’il
soit de la famille de Zoubayr, sinon non !
Deux rapporteurs dignes de confiance rapportent
ce récit de lui1.

Concernant le terme « hawari » (apôtre), il si-


gnifie : celui qui porte secours.

1
C’est-à-dire : de Ibn Abou Arouba

12
Et d’après Mouss’ab Az-Zoubayri, il désigne le
pur.
Quant à Al-Kalbi, il affirma que c’était l’ami in-
time.

Hisham ibn Ourwa : D’après son père :


D’après Ibnou Zoubayr1 : D’après son père : Le
Messager d’Allah (‫ )ﷺ‬fit don, pour moi, de ses
parents !
Ibn Abou Asseroune nous a informés : Abou
Raouh nous a narré : Tamim le Lecteur nous a
narré : L’érudit Abou Saad nous a narré : Abou
‘Amr Al-Hiri nous a narré : Abou Ya’la Al-
Maoussili nous a narré : Hawthara ibn Acheras
nous a rapporté : Hammad ibn Salama nous a
rapporté : D’après Hisham ibn Ourwa : D’après
son père : D’après Ibnou Zoubayr qui dit :
– Ô mon père, je t’ai vu, vaillant, le jour du Fossé
à dos de ton pur-sang alezan2 !
– Tu m’as vu mon fils ? répondit Zoubayr.
– Oui ! dit Ibnou Zoubayr.

1
Abd-Allah
2
Dont la robe et les crins sont de couleur fauve tirant sur
le roux

13
– Sache que ce jour-là le Messager d’Allah (‫)ﷺ‬
donna, pour ton père, ses parents en rançon ô
mon fils lorsqu’il dit : « Tire, pour toi mon père
et ma mère ô Zoubayr ! »

Ahmad dans son Mousnad : Abou Oussama


nous a rapporté : Hisham nous a rapporté :
D’après son père : D’après Abd-Allah ibn Zou-
bayr qui dit : Je me trouvais le jour du Fossé,
avec Oumar ibn Abou Salama, dans le fortin où
s’étaient réfugiées les femmes du Prophète (‫)ﷺ‬
– le fortin de Hassan1. Nous nous portions l’un et
l’autre, à tour de rôle, afin de regarder. J’aperçu
alors les allers-retours de mon père lorsqu’il par-
tait combattre les Banou Qourayzha.

Ar-Riyashi : Al-Asma’i nous a rapporté : Ibn


Abou Zinad nous a rapporté : Zoubayr assena un
coup d’épée, le jour du Fossé, à Outhman ibn
Abd-Allah ibn Al-Moughira qui trancha son ca-
mail2 et atteignit le pommeau de sa selle ! Les
gens dirent : Comme ton épée est puissante Zou-
bayr ! Il s’en agaça alors, désirant que le mérite
lui soit attribué à lui et non à son épée.

1
Hassan ibn Thabit
2
Pièce de mailles portée par le combattant sous son
casque

14
Abou Khaythama : Mouhammad ibn Al-Has-
san Al-Madini nous a rapporté : Oum Ourwa bint
Jafar m’a rapporté : D’après sa sœur Aïsha :
D’après son père : D’après son grand-père Zou-
bayr : Le Messager d’Allah (‫ )ﷺ‬lui confia, le
jour de la conquête de La Mecque, le gonfalon1
de Saad ibn Oubada. Il pénétra alors dans l’en-
ceinte sacrée arborant deux bannières à la fois.

Et d’après Asma, celle-ci dit : J’ai en ma posses-


sion deux brassards de soie que Zoubayr portait
au combat. C’est le Prophète (‫ )ﷺ‬qui les lui
donna.
Rapporté par Ahmad, dans son Mousnad, selon
la voie d’Ibn Lahi’a.

Ali ibn Harb : Ibn Wahb nous a rapporté :


D’après Ibn Abou Zinad : D’après Hisham ibn
Ourwa : D’après son père : Le Messager d’Allah
(‫ )ﷺ‬donna à Zoubayr un caban bourré de soie
grège que Zoubayr utilisait, par la suite, au com-
bat.

Et Yahya ibn Yahya Al-Ghassani a rapporté :


D’après Hisham ibn Ourwa : D’après son père :
Zoubayr affirma certes : « Je n’ai fait défection

1
Bannière de guerre qui était suspendue à un fer de lance

15
d’aucune bataille menée par les musulmans ; je
trouvais, dans le pire des cas, les gens sur le che-
min du retour… »
Et At-Thawri a dit : Trois parmi les compagnons
incarnent la bravoure : Hamza, Ali et Zoubayr !
Hammad ibn Salama : D’après Ali ibn Zayd :
Quelqu’un ayant vu Zoubayr m’a rapporté qu’il
avait des traces, sur sa poitrine, en forme d’yeux,
des suites des coups d’épées et de lances qu’il
reçut.
Maamar : D’après Hisham : D’après Ourwa qui
a dit : Zoubayr avait sur son corps trois cicatrices
de coups d’épée. L’une d’entre elles se trouvait
sur son épaule ; j’aurais pu y faire rentrer mes
doigts si je l’avais voulu. Il en reçut deux à Badr
et une lors de la bataille de Yarmouk.

Ourwa relate : Lorsqu’Ibnou Zoubayr fut tué,


Abdelmalik ibn Marwan me dit :
– Ô Ourwa, pourrais-tu reconnaître l’épée de
Zoubayr ?
– Oui, lui répondis-je.
– Qu’a-t-elle de particulier ? me demanda-t-il.
– Il s’y trouve une ébréchure datant de la bataille
de Badr ! lui précisai-je.

16
Il la sortit alors de son fourreau et vit l’entaille
en question. Il prononça à cet instant le vers sui-
vant : « Sur elles des entailles, marques de leurs
batailles1 »
Puis il la rengaina et me la remit.
Nous évaluâmes2 son prix à 3000 que certains
d’entre nous déboursèrent pour la conserver. Je
regrette de ne pas l’avoir gardée moi-même !

Yahya ibn Saïd Al-Ansari : D’après Souhayl :


D’après son père : D’après Abou Hourayra :
Alors que le Messager d’Allah (‫ )ﷺ‬se trouvait
sur le mont Hira, ce dernier se mit à produire des
secousses. Le Messager d’Allah (‫ )ﷺ‬lui adressa
alors les mots suivants : « Du calme Hira, ne
surmontent ton écorce qu’un prophète, un véri-
dique et un martyr ! »
Il se trouvait à ce moment-là en compagnie
d’Abou Bakr, Oumar, Outhman, Talha et Zou-
bayr.
Ce hadith a également été rapporté par Moua-
wiya ibn Abderrahman ibn Joubayr, d’après son

1
Vers de poésie connu
2
Cette parole et la suivante sont de Hisham, le fils de
Ourwa, qui est le rapporteur du récit. (voir Sahih Al-
Boukhari)

17
père, d’après Abou Hourayra, du Prophète (‫)ﷺ‬,
avec la mention de Ali en plus.
Et nous avions mentionné, dans la biographie des
Califes bien guidés, les fameux dix compagnons
ayant été promis au Paradis. Nous avions rap-
porté également, dans la biographie de Talha,
que le Prophète (‫ )ﷺ‬avait dit : « Talha et Zou-
bayr font partie de mon voisinage au Paradis ! »

Abou Jafar Ar-Razi : D’après Houssayn :


D’après ‘Amr ibn Maymoune : Oumar dit : On
me demande de nommer mon successeur ! Je
dis : S’il venait à m’arriver quelque chose, que le
calife soit un des six que le Prophète (‫ )ﷺ‬quitta
pleinement satisfait. Puis il les cita expressé-
ment…

Ahmad dans son Mousnad : Zakariya ibn


‘Adi nous a rapporté : Ali ibn Moussehir nous a
rapporté : D’après Hisham : D’après son père :
D’après Marwan – que je ne considère pas
comme suspicieux – il a dit :
Outhman fut atteint de saignements de nez l’an-
née où ces épistaxis1 s’étaient brusquement mul-
tipliés chez les gens. Ceci, à tel point qu’il ne put

1
Nom donnée aux saignements de nez dans la terminolo-
gie médicale

18
se rendre au hajj et qu’il proclama ses dernières
volontés.
Un homme de Qouraysh le visita alors et lui de-
manda de désigner son successeur. Outhman
l’interrogea :
– L’ont-ils déjà évoqué ?
– Oui, répondit son visiteur.
– De qui s’agit-il ? demanda Outhman.
L’homme se tut.
Une seconde personne entra alors et Outhman
l’interrogea de la même manière mais celle-ci
garda aussi le silence.
– Est-ce Zoubayr ? demanda Outhman.
– Oui, lui répondirent-ils.
Outhman dit à cet instant : Par celui qui détient
mon âme entre ses mains, il est certes le meilleur
d’entre eux et celui que le Messager d’Allah
(‫ )ﷺ‬aimait le plus !
Abou Marwan Al-Ghassani a également rap-
porté ce récit, d’après Hisham, de manière iden-
tique.

Et Hisham relata, d’après son père, qu’Oumar


déclara : « Si j’avais dû désigner un calife après

19
ma mort, ou léguer en testament une chose, j’au-
rais désigné Zoubayr ; il est certes un pilier de la
religion ! »
Ibn Ouyaïna : Hisham ibn Ourwa nous a rap-
porté : D’après son père : Sept d’entre les com-
pagnons ont enjoint à désigner Zoubayr comme
calife ; parmi lesquels : Outhman, Ibn Massoud
et Abderrahman1.
Il avait pour habitude de préserver soigneuse-
ment l’héritage des orphelins et subvenait à leurs
besoins de son propre argent.
Ibn Wahb : ‘Amr ibn Al-Harith nous a rap-
porté : Hisham ibn Ourwa m’a rapporté : D’après
son père : Zoubayr partit vers l’Égypte dans le
but de combattre. L’émir qui était alors sur place
lui écrivit : La peste s’y est déclarée, retourne sur
tes pas !
Zoubayr dit alors : Je suis sorti pour l’épée et la
peste à la fois ! Il s’y rendit tout de même et fut
blessé au front mais il en sortit guéri.

Aouf : D’après Abou Raja Al-Outaridi qui a


dit : J’étais présent le jour où un homme est venu
voir Zoubayr et lui a dit : Qu’avez-vous, vous

1
Ibn Aouf

20
autres compagnons du Messager d’Allah (‫)ﷺ‬, à
ne prier que de courtes prières en comparaison
aux autres ?!
Zoubayr lui répondit alors : Nous devançons par
cela les insufflations sataniques !

Al-Awza’i : Nouhayk ibn Maryam m’a rap-


porté : Moughith ibn Soumay nous a rapporté ; il
a dit : Zoubayr ibn Al-‘Awam possédait un mil-
lier d’esclaves qui lui versaient la dîme1 mais
rien de cet argent ne pénétrait sa demeure !
Saïd ibn Abdelaziz a également rapporté ce récit,
dans les mêmes termes, avec l’ajout : « Au con-
traire, il la reversait dans sa totalité en aumône. »

Et Zoubayr ibn Bakkar a dit : Abou Ghaziya,


Mouhammad ibn Moussa, m’a rapporté : Abd-
Allah ibn Mouss’ab nous a rapporté : D’après
Hisham ibn Ourwa : D’après Fatima bint Al-
Moundhir : D’après sa grand-mère, Asma la fille
d’Abou-Bakr :
Zoubayr passa une fois près d’une assise où
s’étaient réunis des compagnons du Messager
d’Allah (‫)ﷺ‬. Hassan2 était en train de leur réciter

1
« al-kharaj » dans la terminologie islamique
2
Ibn Thabit, le poète

21
des vers de poésie mais son assemblée ne sem-
blait guère captivée par celui-ci. Zoubayr s’assit
alors avec eux et leur demanda : Qu’avez-vous à
ne donner que si peu d’attention à la poésie d’Ibn
Al-Fouray’a1 ?! Il récitait ses vers en présence du
Messager d’Allah (‫ )ﷺ‬et le Prophète l’écoutait
attentivement. Il en faisait les éloges et ne s’en
désintéressait pas !
Hassan prononça alors les vers suivants vantant
Zoubayr :
La guidée du Prophète, il a su s’y tenir
Et ses dires d’apôtre, sont conformes à ses actes
La voie du Messager, il la suit tel un pacte
Toujours la vérité, il cherche à soutenir
Le glorieux cavalier, au zèle légendaire
Au combat il se rue, à l’heure des grands jours
Au cœur de la bataille, pour lui aucun détour
Vers la mort il se tient, le premier volontaire
Un homme dont la mère, se nomme Safiya
Éduqué par un lion, dans leur digne demeure
Cousin du Messager, filiation la meilleure
Le secours de l’Islam, son rang lui octroya
Et combien son épée, a bravé de limites
Allah offre ses grâces, et ce abondamment

1
La mère de Hassan ibn Thabit

22
L’œuvre des gens ne vaut, en rien tes compli-
ments
Et mieux quand tu agis, toi fils de Hashimite

Jouwayriya ibn Asma relate : Zoubayr vendit


une maison qu’il détenait pour la somme de six-
cent-mille. Quelqu’un lui dit :
– Ô Abou Abd-Allah, tu t’es fait avoir !?
– Au contraire, tout cela est dans le sentier d’Al-
lah ! répondit Zoubayr.

Al-Layth : D’après Hisham ibn Ourwa :


Lorsqu’Oumar fut tué, Zoubayr fit retirer son
nom des ayant-droits à la pension de guerre. Et
son fils Abd-Allah en fit de même lors de l’as-
sassinat d’Outhman.

Ahmad dans le Mousnad : Abou Saïd, l’es-


clave des Banou Hashim, nous a rapporté : Shad-
dad ibn Saïd nous a rapporté : Ghaylane ibn Jarir
nous a rapporté : D’après Moutarrif : Je dis à
Zoubayr :
Que vous arrive-t-il ? Vous avez négligé le Ca-
life jusqu’à ce qu’il se fasse tuer et, à présent,
vous réclamez le prix de son sang !?
Zoubayr lui répondit alors :

23
Nous lisions du temps du Messager d’Allah (‫)ﷺ‬,
d’Abou-Bakr, d’Oumar et d’Outhman le verset
suivant :
﴾ Et craigniez une épreuve dont les consé-
quences n’atteindront pas seulement les in-
justes d’entre vous ﴿.
Jamais alors nous ne pensions que nous aurions
nous-même été concernés par celle-ci. Jusqu’au
jour où il arriva ce qu’il arriva…

Moubarak ibn Fadala : D’après Al-Hassan :


Un homme vint questionner Zoubayr lorsque ce
dernier se trouvait à Bassora :
– Ne devrais-je pas tuer Ali ? lui demanda-t-il.
– Comment le pourrais-tu alors qu’il est entouré
de toute sa garde ?! répondit Zoubayr.
– Je feins de me ranger à ses côtés puis je le tue
par surprise ! lui rétorqua l’homme.
– Non, dit Zoubayr, car certes le Messager d’Al-
lah (‫ )ﷺ‬attesta : « La foi est une entrave au
meurtre par surprise. Le croyant n’assassine
pas ! »
Ce hadith se trouve dans le Mousnad d’Ahmad
et d’Ibn Ja’d.

24
Ad-Doulabi dans son livre La Lignée pure1 :
Ad-Daquiqi nous a rapporté : Yazid nous a rap-
porté : J’ai entendu de Sharik : D’après Al-As-
wad ibn Qays : Quelqu’un m’a rapporté de Zou-
bayr : Je le vis talonner les cavaliers et les trans-
percer un à un avec sa lance. Soudain, Ali l’ap-
pela : « Abou Abd-Allah ! »
Zoubayr se rapprocha alors de lui au point où les
encolures2 de leurs montures se retrouvèrent côte
à côte. Ali lui dit :
– Je t’adjure par Allah : Te souviens-tu du jour
où nous nous prêtions à des confidences ? Le
Messager d’Allah (‫ )ﷺ‬vint alors à nous et me
dit : Tu te confies à lui ? Par Allah, viendra un
jour où il te combattra injustement !
Aussitôt que Zoubayr entendit cela, il mit une
tape à sa monture et s’en alla sans plus ne retour-
ner au combat.

Abou Shihab Al-Hannat et d’autres relatè-


rent : D’après Hilal ibn Khabbab : D’après
Ikrima : Ibn Abbas dit à Zoubayr le jour d’Al-
Jamal : Ô fils de Safiya, l’autorité, Aïsha la

1
Référence à « Ahl al-bayt » (la famille et les descen-
dants du prophète ‫)ﷺ‬
2
Cou du cheval

25
confiera à Talha ; quant à toi, quel intérêt as-tu à
combattre ton cousin Ali ?!
Dans d’autres versions que celle d’Abou Shihab,
se trouve l’ajout : Zoubayr fit alors demi-tour
mais Ibn Jourmouz le rattrapa et le tua.

Qoutayba : Al-Layth nous a rapporté :


D’après Ibn Abou Farwa, le frère d’Ishaq, qui re-
late : Ali dit :
Cinq personnes m’ont combattu :
- La plus écoutée d’entre les gens : Aïsha
- Le plus intrépide d’entre eux : Zoubayr
- Le plus rusé : Talha ; aucun être ne réussit à le
tromper !
- Le plus charitable : Ya’la ibn Monia
- Et enfin le plus dévot : Mouhammad ibn Talha ;
il était digne d’éloges jusqu’à ce que son père ne
l’entraîne avec lui !
Et Ya’la octroyait jusqu’à trente dinars1 à chaque
individu, ainsi qu’armes et chevaux, dans le but
de me combattre !

1
Pièces d’or de l’époque

26
Abd-Allah ibn Mouhammad ibn Abdelmalik
Ar-Raqashi relate : D’après son grand-père :
D’après Abou Jarw Al-Mazini qui dit : Je fus té-
moin lorsqu’Ali et Zoubayr se retrouvèrent face
à face. Ali lui dit :
– Ô Zoubayr, je t’adjure par Allah : As-tu en-
tendu le Messager d’Allah (‫ )ﷺ‬nous informer
que tu me combattrais injustement ?
– Oui, répondit Zoubayr, et je viens seulement de
m’en rappeler !
Puis Zoubayr se retira.
Rapporté par Abou Ya’la dans son mousnad. Ce
récit a également été rapporté sous d’autres
formes ; nous avons mentionnées nombre
d’entre elles dans notre livre Fath Al-Matalib1.

Yazid ibn Abou Ziyad relate : D’après Abder-


rahman ibn Abou Layla qui a dit : Zoubayr dé-
laissa le combat contre Ali le jour d’Al-Jamal. Il
rencontra alors son fils Abd-Allah qui lui dit :
– La peur ?
– Tout le monde sait que je ne suis pas un lâche,
répondit Zoubayr. Seulement, Ali m’a rappelé

1
Ouvrage de l’imam Dhahabi consacré à Ali ibn Abi Ta-
lib

27
une chose que j’ai entendue du Messager d’Allah
(‫ )ﷺ‬et j’ai juré de ne pas le combattre !
Puis il dit sous forme de vers : Délaisser, pour
Allah, les choses dont je crains les conséquences
est meilleur pour cette vie et pour la religion !
Et on rapporte qu’il prononça également : Je sais
pertinemment – et si seulement ce que je savais
pouvait m’être utile – que la mort est certes
proche de la vie !
Peu après cela, il fut tué par Ibn Jourmouz.

Et Houssayn ibn Abderrahman a rapporté :


D’après ‘Amr ibn Jawane ; il a dit : Talha fut tué
et les troupes mises en déroute. Zoubayr se diri-
gea alors vers Safwan1 et rencontra Naïr Al-
Moujashi’i qui l’interpella : Ô apôtre du Messa-
ger d’Allah, où vas-tu ? Suis-moi, je t’accorde
mon patronage2 ! Ils se mirent alors à faire route
ensemble.
Au même moment, un homme se rendit auprès
d’Al-Ahnaf pour l’informer et lui demander :
Zoubayr se trouve à Safwan, que nous ordonnes-
tu s’il vient à nous et souhaite rejoindre ses fils,

1
Ville du sud de l’Irak, frontalière avec le Koweït, située
à une cinquantaine de kilomètres de Bassora
2
Ma protection

28
ce après qu’il ait poussé les musulmans à se com-
battre les uns les autres par l’épée ?
Oumayr ibn Jourmouz, Fadala ibn Habis et un
homme répondant au nom de Noufay’ les enten-
dirent. Ils partirent aussitôt à sa poursuite et le
trouvèrent, en chemin, avec Naïr.
Oumayr l’attaqua alors par derrière et le poi-
gnarda mais trop faiblement. Zoubayr put se dé-
gager et engager un combat contre lui. Oumayr
savait pertinemment qu’il ne pourrait faire face
et qu’il risquait de se faire tuer ; il appela alors à
la rescousse ses compères Fadala et Noufay’. Ils
se ruèrent ensuite, à trois, sur Zoubayr et le tuè-
rent.

Oubayd-Allah ibn Moussa : Foudayl ibn Mar-


zouq nous a rapporté : Shaqiq ibn Ouqba m’a
rapporté : D’après Qourra ibn Al-Harith :
D’après Jawn ibn Qatada qui relate : « J’étais
avec Zoubayr le jour d’Al-Jamal. Les gens le sa-
luaient tout en lui accordant le statut de Prince
des croyants... »
Jusqu’à sa parole : « Puis Ibn Jourmouz lui
adressa un second coup de poignard qui fut fatal
et Zoubayr s’effondra mort sur le sol. Il fut en-
terré à la Vallée des Fauves. Ali – qu’Allah

29
l’agrée – et ses hommes restèrent alors à le pleu-
rer ! »

Qourra ibn Habib : Al-Fadl ibn Abou Al-Ha-


kam nous a rapporté : D’après Abou Nadra qui a
dit : On apporta la tête de Zoubayr à Ali ; ce der-
nier dit alors :
Prépare ta place en enfer ô bédouin ; Le Messa-
ger d’Allah (‫ )ﷺ‬m’a informé que celui qui tue-
rait Zoubayr y était destiné !

Shou’ba : D’après Mansour ibn Abderrah-


man : J’ai entendu Sha’bi affirmer : J’ai rencon-
tré cinq-cents compagnons ou plus ; tous affir-
maient que Ali, Outhman, Talha et Zoubayr
étaient au Paradis !
Je dis (Dhahabi) : Ceci, car ils font partie de ceux
pour qui le Paradis a été attesté ! Et de ceux qui
étaient présents à la bataille de Badr. De ceux
également qui ont prêté serment lors du pacte de
Ridwan et des tout premiers croyants que le
Très-haut a agréés – comme Il nous en a infor-
més – et qu’ils ont eux-mêmes agréé. De même
parce que ces quatre-là ont été tués et que, de ce
fait, ils sont morts martyrs. C’est pour cela que
nous les aimons et que nous haïssons les quatre
qui les ont tués !

30
Abou Oussama : Hisham ibn Ourwa nous a
informés : D’après son père : D’après Zoubayr :
Je fis face le jour de Badr à Oubayda ibn Saïd ibn
Al-’Ass. Il était entièrement recouvert par ses
équipements et on ne lui voyait que les yeux. Il
avait pour surnom Abou Dhat-Al-Karish. Je fon-
dis alors sur lui muni d’un épieu et le poignardai
dans l’œil, ce qui le tua.
Et l’on m’informa1 que Zoubayr dit aussi : Je mis
mon pied sur lui et m’arc-boutai afin de pouvoir
l’enlever (l’épieu) ; ce que j’eu beaucoup de mal
à faire, sa pointe s’étant tordue.
Ourwa dit : Le Messager d’Allah (‫ )ﷺ‬demanda,
par la suite, cet épieu à Zoubayr et ce dernier le
lui offrit. Il le récupéra ensuite à la mort du Pro-
phète (‫ )ﷺ‬et c’est Abou-Bakr qui, à son tour, le
voulut. Zoubayr le lui remit alors. Lorsqu’Abou-
Bakr mourut, c’est Oumar qui le convoita et Zou-
bayr le lui donna. Puis il le récupéra de nouveau
mais Outhman le sollicita une fois de plus et
Zoubayr le lui remit encore. Lorsqu’Outhman fut
assassiné, la famille d’Ali le récupéra mais Abd-
Allah ibn Zoubayr le leur réclama. Il resta alors
avec lui jusqu’à ce qu’il fut tué.

1
Le propos est de Hisham ibn Ourwa

31
Ce récit est un hadith singulier (gharib) ; Al-
Boukhari étant le seul à l’avoir rapporté.

Ibn Al-Moubarak : Hisham nous a narré :


D’après son père : Les compagnons du Messager
d’Allah (‫ )ﷺ‬dirent à Zoubayr :
– Charge l’ennemi afin que nous chargions avec
toi !
– Vous ne me suivrez pas si je charge, leur ré-
pondit Zoubayr.
– Ne dis pas cela ! dirent-ils.
Zoubayr donna alors l’assaut et perça les rangs
ennemis. Il les dépassa sans qu’il n’y ait avec lui
aucun d’entre eux. Puis il revint vers les siens.
Les ennemis saisirent alors la bride de son cheval
et lui assenèrent deux coups à l’épaule, de part et
d’autre d’une blessure qu’il avait déjà reçu le
jour de Badr.
Ourwa dit : Enfant, je m’amusais à faire rentrer
mes doigts dans ses cicatrices.
Et il y avait, ce jour-là, Abd-Allah ibn Zoubayr
qui était alors âgé de dix ans. Zoubayr le munit
d’un cheval en désignant toutefois quelqu’un
pour le surveiller.

32
Je dis (Dhahabi) : Cet évènement eut lieu lors de
la bataille de Yarmouk1 insha Allah car Abd-Al-
lah avait, lors de celle-ci, dix ans.

Abou-Bakr ibn ‘Ayash : Soulayman nous a


rapporté : D’après Al-Hassan qui a dit :
Lorsqu’Ali triompha le jour d’Al-Jamal, il rega-
gna son gîte et, alors que les gens étaient autour
de lui, il dit :
– Je connais le leader d’une dissension (fitna)
voué au paradis mais dont les suiveurs sont des-
tinés à l’enfer !
– De qui s’agit-il ? lui demanda Al-Ahnaf.
– De Zoubayr ! lui répondit Ali.
Cette chaîne de transmission comporte un mail-
lon manquant. De plus, son énoncé demeure sus-
picieux. Qu’Allah nous préserve d’attester du feu
de l’enfer pour les adeptes de Zoubayr – ou bien
pour l’armée de Mouawiya ou d’Ali ! Plutôt,
nous nous en remettons à Allah les concernant et
nous demandons le pardon pour eux ; à l’inverse
des khawarij « les chiens de l’enfer » et « les plus
mauvais de tous ceux qui ont été tués sous la

1
Rivière située à l’extrême sud-ouest de la Syrie aux
frontières avec la Jordanie

33
voûte céleste »1 ! Ceci car « ils sont sortis de
l’Islam ». Nous ignorons toutefois le devenir de
ces derniers et n’affirmons pas que l’enfer leur
est voué éternellement. Plutôt, nous nous abste-
nons de nous prononcer quant à leur sort.

Certains composèrent :
La rivière des Fauves, sa dernière demeure
À cet endroit sa tombe, voilà bien le malheur
De peine succombèrent, les remparts de Médine
À l’annonce de cette, nouvelle qui chagrine

D’après Al-Boukhari et d’autres, Zoubayr a


été tué au mois de Rajab de l’an 36.
Quant à la Vallée des Fauves en question, elle se
situe à sept parasanges2 de Bassora.
Al-Waqidi et Ibn Noumayr ont dit qu’il était
mort à l’âge de 64 ans.
D’autres ont affirmé qu’il se trouvait encore dans
la cinquantaine de son âge. Cette dernière parole
semble plus probable.

1
Les termes usités entre guillemets sont les propos d’un
hadith
2
Ancienne unité de mesure perse qui équivaut à environ
5000 mètres. C’était la distance que l’on pouvait parcou-
rir à pied en une heure.

34
Al-Qahdami relate qu’il avait pour épouses à sa
mort : Asma la fille d’Abou-Bakr, ‘Atika la sœur
de Saïd ibn Zayd, Oum Khalid la fille de Khalid
ibn Saïd et Oum Mouss’ab Al-Kalbiya.

Ibn Al-Madini a dit : J’ai entendu Soufiane


dire : Ibn Jourmouz vint trouver Mouss’ab ibn
Zoubayr (lorsque ce dernier prit la gouvernance
de l’Irak pour le compte de son frère : le calife
Abd-Allah ibn Zoubayr) et lui dit : Tue-moi en
représailles de la mort de Zoubayr !
Mouss’ab écrivit alors à son frère Ibnou Zoubayr
pour lui demander ce qu’il devait faire ? Sa ré-
ponse fut alors : « Tuer Ibn Jourmouz en repré-
sailles de la mort de Zoubayr ?! Il ne vaut même
pas la courroie de sa sandale ! »
Je dis (Dhahabi) : Ce misérable se mordit les
doigts de ce qu’il fit et voulut, par la suite, se re-
pentir ; contrairement aux meurtriers de Talha,
d’Outhman et d’Ali.

Zoubayr1 : Ali ibn Salih m’a rapporté :


D’après ‘Amir ibn Salih : D’après Mousalim ibn
Abd-Allah ibn Ourwa : D’après son père : Ou-
mayr ibn Jourmouz se rendit. Il put même poser
sa main dans la main de Mouss’ab. Mouss’ab le
1
Ibn Bakkar

35
fit alors emprisonner et écrivit à son frère pour
savoir comment il devait agir avec lui ? Ce der-
nier lui répondit : Quelle chose mauvaise com-
mettrais-tu ! Crois-tu que je vais tuer un bédouin
pour le compte de Zoubayr ?! Laisse-le partir !
Mouss’ab le libéra alors. Ibn Jourmouz rejoint
ensuite un bastion, dans la région de Sawad1, sur
lequel il y avait une arcade. Il ordonna à un
homme de la faire tomber sur lui ; ce qui causa
sa mort. Il s’était mis, en effet, à détester la vie à
cause des horreurs qui lui étaient montrées en
rêve.
Ibn Qoutayba relate : Mouhammad ibn
Outba nous a rapporté : Abou Oussama nous a
rapporté : D’après Hisham : D’après son père :
Zoubayr laissa derrière lui différents biens pour
une valeur de cinquante millions de dirhams2
ainsi que la même somme en numéraire. Ce récit
a été rapporté tel quel.
Et Ibn Ouyaïna rapporte : D’après Hisham :
D’après son père : Le montant qui fut partagé de
l’héritage de Zoubayr s’élève à quarante mil-
lions.

1
Nom donné à la région de l’Irak conquise du temps du
calife Oumar
2
Pièces d’argent de l’époque

36
Abou Oussama : Hisham ibn Ourwa m’a in-
formé : D’après son père : D’après Ibnou Zou-
bayr qui raconte : Lorsque Zoubayr prit part au
conflit, le jour d’Al-Jamal, il m’appela. Je vins
alors à ses côtés et il me dit :
Ô mon fils, ne sera tué aujourd’hui qu’un homme
injuste ou bien victime d’une injustice. Quant à
moi, je ne me vois mourir, ce jour, que de la se-
conde manière ! Cependant, ce qui constitue ma
plus grande préoccupation, ce sont mes dettes.
Penses-tu qu’après les avoir toutes remboursées
il restera quelque chose de nos biens ? Mon fils,
vends ce que nous possédons et éponge-les dans
leur totalité !
Il légua à cet instant un tiers de ses biens, par tes-
tament, ainsi que le tiers du tiers à Abd-Allah.
Et s’il reste quelque chose après tout cela, qu’un
tiers revienne à tes enfants ! dit-il.
Hisham dit : Certains des enfants d’Abd-Allah –
tels que Khoubayb et ‘Abbad – avaient alors le
même âge que certains des enfants de Zoubayr.
Et il avait à ce moment-là neuf filles.
Abd-Allah dit : Il me chargea alors de régler ses
dettes et me dit : Ô mon fils, si tu rencontres une
quelconque difficulté dans cela, demande de
l’aide à mon allié !

37
Je ne voyais alors pas à qui il faisait allusion
jusqu’à ce que je lui demande :
– Ô mon père, qui est donc ton allié ?
– Allah le Très-Haut ! me répondit-il.
Et par Allah, à chaque fois que je rencontrais une
quelconque difficulté dans le remboursement de
ses dettes, j’invoquais par ces mots : Ô toi l’allié
de Zoubayr, éponge ses dettes ! La situation se
dénouait alors peu de temps après.
Puis Abd-Allah dit : Zoubayr fut tué et ne laissa
ni or, ni argent à l’exception de terres dans la Fo-
rêt1, d’une demeure à Médine, d’une à Bassora,
d’une autre à Koufa et enfin d’une dernière en
Égypte.
Le problème qui était est qu’à chaque fois qu’une
personne venait pour confier de l’argent à Zou-
bayr, ce dernier lui disait : Ceci n’est pas un dé-
pôt mais un prêt ; j’ai trop peur que cet argent se
perde !
Et jamais il n’exerça de fonction en tant que di-
rigeant, percepteur de l’aumône légale, des im-
pôts ou de quoique ce soit d’autre. Tout ce qu’il
a pu acquérir comme biens provenait des

1
Contrée notoire à proximité de Médine

38
batailles qu’il a menées avec le Prophète (‫)ﷺ‬,
Abou-Bakr, Oumar ou Outhman.
J’énumérai alors ses dettes et trouvai qu’elles
s’élevaient à deux-millions-deux-cents-mille !
Hakim ibn Hizam Al-Assadi rencontra, par la
suite, Abd-Allah et lui demanda :
– Ô mon neveu, à combien s’élèvent les dettes de
mon frère ?
Abd-Allah les lui cacha, pour commencer, et ré-
pondit :
– À cent-mille !
– Je ne pense pas que vous ayez les moyens de
les recouvrir, lui répliqua Hakim.
– Que dirais-tu alors si elles étaient de deux-mil-
lions-deux-cents-mille !! dit Abd-Allah.
– Je ne vous vois pas capable de rembourser une
telle somme, dit Hakim. Si, à l’avenir, vous n’y
arrivez pas, sollicitez-moi !
Zoubayr avait investi, dans la Forêt, pour un
montant de cent-soixante-dix-mille et Abd-Allah
put revendre le tout pour la somme d’un-million-
six-cents-mille. Puis il dit : Que ceux pour qui
Zoubayr avait une dette nous viennent à la Fo-
rêt !

39
Abd-Allah ibn Jafar se présenta alors. Zoubayr
avait une dette envers lui qui s’élevait à quatre-
cents-mille. Il dit à Ibnou Zoubayr :
– Si tu le souhaites, je m’en désiste pour vous.
– Non, lui répondit Ibnou Zoubayr.
– Attribuez-moi une parcelle de terre, dans ce
cas-là ! dit Abd-Allah ibn Jafar.
– Prends-donc cette partie-là, lui répondit Ibnou
Zoubayr, tout en lui montrant ce qu’il lui avait
attribué.
Ainsi, il la lui vendit en échange de sa dette. Il
restait alors quatre parts et demi.
Al-Moundhir ibn Zoubayr dit alors : Je prends
une part pour cent-mille.
‘Amr ibn Outhman dit également : Je prends une
part pour cent-mille !
Et Ibn Rabi’a dit lui aussi : Je prends une part
pour cent-mille !
Mouawiya demanda ensuite :
– Combien reste-t-il ?
– Une part et demi, lui répondit Abd-Allah.
– Je la prends pour cent-cinquante-mille ! dit
Mouawiya.

40
Plus tard, Ibn Jafar revendit sa part à Mouawiya
pour un montant de six-cent-mille.
Puis, lorsqu’Ibnou Zoubayr en eut fini de régler
les dettes de son père, ses frères lui dirent :
– À présent, partageons l’héritage !
– Non, répondit Abd-Allah, pas tant qu’il ne se
sera pas écoulé quatre années ! Ceci, afin que
ceux pour qui Zoubayr avait une dette puissent
venir nous la réclamer.
Il appelait ainsi, chaque année, au pèlerinage,
pour savoir si Zoubayr avait une dette envers
quelqu’un. Puis, une fois les quatre années ache-
vées, il donna à chacun sa part d’héritage.
Zoubayr avait, à sa mort, quatre épouses. Après
avoir soustrait le tiers, chaque épouse reçut un-
million-cent-mille ; le montant total de sa fortune
étant de cinquante-millions-deux-cents-mille.

Zoubayr a rapporté, dans le mousnad de Baqi


ibn Makhlad, trente-huit hadiths. Deux d’entre
eux figurent conjointement dans les deux Au-
thentiques. Et Al-Boukhari, seul, en a rapporté
sept.
Hisham relate : D’après son père : La part d’hé-
ritage de ‘Atika bint Zayd ibn ‘Amr ibn Noufayl,

41
la femme de Zoubayr, atteignit les quatre-vingt-
mille dirhams1.
Par ailleurs, cette dernière composa l’élégie sui-
vante :
Ibnou Jourmouz parvint, à trahir un héros
Le jour du choc où il, ne tournait point le dos
Ô ‘Amr il fut surpris, ce fut ta seule chance
Il n’aurait pas tremblé, face à tes défaillances
Que ta mère te perde, il n’avait pas d’égal
Parmi tous ceux qui vinrent, jusqu’au plus mati-
nal
Combien a-t-il bravé, de ces intempéries
Tu ne lui as pas nui, fils de truffe pourrie
Par Allah ton seigneur, tu l’as certes tué
Dans l’au-delà t’attend, le dam des meurtriers

1
Pièces d’argent

42
‫سري أعالم النبالء‬
LES GRANDES FIGURES DE
L’ISLAM
SHAMS AD-DINE DHAHABI (748 h)

04

‫عبد الرمحن بن عوف‬


ABDERRAHMAN IBN ‘AOUF
AU NOM D’ALLAH
LE CLÉMENT LE MISÉRICORDIEUX

NOUS LUI DEMANDONS SON AIDE

4. ABDERRAHMAN IBN ‘AOUF


‫عبد الرحمن بن عوف‬

Abderrahman ibn ‘Aouf ibn Abd-‘Aouf ibn


Abd ibn Al-Harith ibn Zouhra ibn Kilab ibn
Mourra ibn Kaab ibn Louay.
Abou Mouhammad.
Un des dix promis au paradis et l’un des six ayant
participé à la Consultation1. Il demeure parmi les
tout premiers croyants et de ceux ayant combattu
le jour de Badr.
Le Qourashite, le Zouhri.
L’un des huit qui ont hâté leur conversion à
l’Islam.

1
La consultation qui eut lieu entre six des compagnons
du Prophète (‫)ﷺ‬, à la mort d’Oumar, afin de désigner qui
serait le nouveau Calife.

1
Nombre de hadiths ont été transmis par son in-
termédiaire.
Ont rapporté de lui : Ibn ‘Abass, Ibn Oumar et
Anas ibn Malik.
Ses fils : Ibrahim, Abou Salama, ‘Amr et
Mouss’ab des Banou Abderrahman. Ainsi que
Malik ibn Aous et autres qu’eux.
On trouve, conjointement, dans les deux Authen-
tiques, deux hadiths transmis par sa voie. Quant
à Al-Boukhari, seul, il en rapporte cinq de lui. Le
nombre total de ses hadiths, dans le Mousnad de
Baqi1, s’élève à soixante-cinq.
Il s’appelait, avant l’Islam, Abd-‘Amr (ou Abd
Al-Kaaba comme il fut aussi rapporté) mais le
Prophète (‫ )ﷺ‬le surnomma, par la suite, « Ab-
derrahman ».
Parmi les compagnons qui ont également rap-
porté de lui figurent : Joubayr ibn Mout’im, Jabir
ibn Abd-Allah, Al-Miswar ibn Makhrama et
Abd-Allah ibn ‘Amir ibn Rabi’a.
Il se rendit, avec Oumar, à Al-Jabiya2, sur le côté

1
Ibn Makhlad
2
Village important de l’époque situé à 70 kms environ au
sud de Damas

2
droit de l’armée. Quant à l’expédition de Sargh1,
il se trouvait sur le flanc gauche.

Mouhammad ibn Hazim ibn Hamid et Mou-


hammad ibn Ali ibn Fadl nous ont informés :
Abou Al-Qassim ibn Sassra nous a narré : Abou
Al-Qassim ibn Al-Boun Al-Assadi nous a narré :
(‫)ح‬2
De même que Mouhammad ibn Ali As-Soulami
et Ahmad ibn Abderrahman As-Souri3 nous ont
narré : Abou Al-Qassim Al-Houssayn ibn Hibat-
Allah At-Taghlibi nous a narré : Abou Al-Qas-
sim ibn Al-Boun et Nasr ibn Ahmad As-Soussi
nous ont narré : Ali ibn Mouhammad ibn Ali, le
faqih4, nous a narré : Abou Mansour Mouham-
mad et Abou Abd-Allah Ahmad nous ont narré :
Al-Houssayn ibn Sahl ibn As-Sabah nous a
narré, à Balad, lors du deuxième mois de Rabi’
de l’an 427 : Abou Al-Abbas, Ahmad ibn

1
Village situé au nord de la péninsule arabique, à proxi-
mité du Sham
2
La lettre ‫( ح‬qui signifie transfert/changement ‫ )تَحْ ِويل‬est
utilisée par les mouhadithounes (savants spécialistes du
hadith) lorsque ces derniers font mention d’une autre
chaîne de transmission conduisant à un des rapporteurs
du récit.
3
‫الصوري‬
4
Savant spécialiste du fiqh

3
Ibrahim ibn Ahmad, l’imam, nous a rapporté :
Ali ibn Harb At-Taï nous a rapporté : Soufiane
ibn Ouyaïna nous a rapporté : D’après ‘Amr ibn
Dinar qui entendit Bajala raconter :
J’exerçais la fonction de scribe auprès de Jaz ibn
Mouawiya, l’oncle d’Al-Ahnaf ibn Qays. La
missive d’Oumar nous parvint alors et ce, un an
environ, avant la mort de ce dernier. Il y figurait
ceci : « Tuez tout sorcier ou sorcière. Séparez les
mazdéens1 mariés avec des membres de leur fa-
mille qui leur sont illicites et interdisez-leur,
lorsqu’ils mangent, d’émettre leurs murmure-
ments2 ! »
Nous exécutâmes alors trois sorciers et nous
nous mîmes à séparer tout individu marié avec
une femme lui étant interdite dans le Livre d’Al-
lah.
Jaz fit, par la suite, préparer un festin auquel il
les convoya à manger. Il posa son épée sur sa
cuisse puis fit apporter, sur un mulet ou deux,
toute une charge de brochettes en argent 3. Ils
mangèrent alors mais sans émettre leurs murmu-
rements.

1
Adeptes du mazdéisme, religion de la perse antique
2
Ceci était un rituel de leur religion.
3
Les mazdéens avaient coutume de manger avec.

4
Et Oumar ne préleva pas la jizya1 sur les maz-
déens jusqu’à ce qu’Abderrahman ibn ‘Aouf at-
teste que le Messager d’Allah (‫ )ﷺ‬la préleva,
lui-même, sur les mazdéens de Hajar2.
Ce récit est un hadith singulier (gharib), transmis
par la voie de Soufiane, qui figure dans l’Authen-
tique d’Al-Boukhari ainsi que dans les Sounan
d’Abou Dawoud, d’At-Tirmidhi et d’An-Nassaï.
Et nous avons nous-même (Dhahabi) notre
propre chaîne de transmission jusqu’au shaykh3
du shaykh de l’imam Al-Boukhari4. Il est égale-
ment rapporté par Hajjaj ibn Arta, de manière ré-
sumée, d’après ‘Amr.

Le prélèvement de la jizya opéré par le Prophète


(‫ )ﷺ‬sur les mazdéens est aussi rapporté par
Abou Dawoud selon cette voie :
D’après le digne de confiance : D’après Yahya
ibn Hassan : D’après Houshaym : D’après
Dawoud ibn Abou Hind : D’après Qoushayr ibn
‘Amr : D’après Bajala ibn Abada : D’après Ibn
Abbas : D’après Ibn ‘Aouf.

1
Impôt de capitation
2
Ville populaire du Bahreïn de l’époque
3
Soufiane ibn Ouyaïna
4
Ce qui se nomme dans la science du hadith « al-badal ».

5
Abou Al-Hassan, Ali ibn Ahmad Al-Alaoui
nous a informés : Mouhammad ibn Ahmad Al-
Qati’i nous a narré : Mouhammad ibn Oubayd-
Allah Al-Moujallid nous a narré :
(‫)ح‬
De même qu’Ahmad ibn Ishaq, l’ascète, nous a
narré : Abou Nasr, Oumar ibn Mouhammad, At-
Taïmi nous a narré : Hibat-Allah ibn Ahmad As-
Shibli nous a narré :
Ils ont dit1 : Mouhammad ibn Mouhammad Al-
Hashimi nous a narré : Abou Tahir Al-Moukha-
lis nous a narré : Abd-Allah Al-Baghawi nous a
rapporté : Abou Nasr At-Tammar nous a rap-
porté : Al-Qassim ibn Fadl Al-Houddani nous a
rapporté : D’après An-Nadr ibn Shaybane qui re-
late : Je demandai à Abou Salama :
Narre-moi quelque chose que tu as entendu de
ton père et que ce dernier rapporte du Messager
d’Allah (‫! )ﷺ‬
Il me révéla alors : Mon père m’a rapporté, au
cours d’un Ramadan, que le Messager d’Allah
(‫ )ﷺ‬dit : « Allah vous a prescrit le jeûne du mois
de Ramadan et, quant à moi, j’ai institué ses

1
C’est-à-dire : Al-Moujallid et As-Shibli des deux
chaînes de transmission

6
prières de nuit. Quiconque donc, durant ce mois,
jeûne et prie la nuit, avec foi et en espérant la
récompense divine, sera absous de ses péchés et
se retrouvera comme le jour où sa mère le mit au
monde ! »
Ce récit est un hadith singulier mais bon (hassan
gharib). Il a été rapporté par An-Nassaï d’après
Ibn Rahaway, d’après An-Nadr ibn Shoumayl,
ainsi que par Ibn Majah d’après Yahya ibn Ha-
kim, d’après Abou Dawoud At-Tayalissi ; tous le
tenant d’Al-Houddani.
An-Nassaï précisa par ailleurs : Le plus juste au
sujet du hadith d’Az-Zouhri est qu’Abou Salama
le rapporte d’Abou Hourayra.

Mouhammad ibn Abdessalam Al-Asserouni


nous a informés : Abdelmou’iz ibn Mouhammad
Al-Harawi nous a narré : Tamim Al-Jourjani
nous a narré : Mouhammad ibn Abderrahman
An-Nayssabouri nous a narré : Mouhammad ibn
Ahmad Al-Hiri nous a narré : Ahmad ibn Ali Al-
Maoussili nous a narré : Abou Khaythama nous
a rapporté : Yaqoub ibn Ibrahim nous a rap-
porté : Mon père nous a rapporté : D’après Ibn
Ishaq : Makhoul m’a rapporté : D’après Kou-
rayb : D’après Ibn Abbas qui relate :

7
Alors que nous prîmes part à une assise avec Ou-
mar, ce dernier me questionna :
– As-tu entendu quelque chose du Messager
d’Allah (‫ )ﷺ‬sur ce que doit faire le musulman
lorsqu’il a un oubli dans sa prière ?
– Par Allah, non ! répondis-je avant de le ques-
tionner à mon tour : L’as-tu entendu, toi, ô Prince
des croyants, ordonner quelque chose à ce sujet ?
– Par Allah, non ! répondit-il également.
Puis, alors que nous en restâmes sur nos réponses
respectives, Abderrahman ibn ‘Aouf vint à nous
et nous demanda : De quoi parliez-vous il y a
peu ?
Oumar l’informa alors de la question qu’il posa
à Ibn Abbas et Abderrahman lui dit :
– Moi, j’ai entendu le Messager d’Allah (‫ )ﷺ‬or-
donner quelque chose à ce sujet !
– Tu es pour nous un digne de confiance, lui ré-
pondit Oumar avant de l’interroger : Qu’as-tu
donc entendu de lui ?
Abderrahman de répondre alors :
– Je l’ai entendu dire (‫ )ﷺ‬: « Lorsque l’un
d’entre vous a un oubli dans sa prière, au point
de ne plus savoir s’il a prié en plus ou en moins,

8
qu’il agisse ainsi : Dans le cas où il ne sait pas
s’il se trouve dans sa première ou dans sa deu-
xième raka, qu’il considère qu’il est dans la pre-
mière. Dans le cas où il ne sait pas s’il est dans
sa deuxième ou dans sa troisième raka, qu’il
considère qu’il est dans la deuxième. Et dans le
cas où il ne sait pas s’il est dans sa troisième ou
bien dans sa quatrième raka, qu’il considère
qu’il est dans la troisième raka ! Ceci, afin qu’il
en ait prié plus que pas assez dans l’éventualité
où il se serait trompé. Après cela, qu’il se pros-
terne deux fois, lorsqu’il est assis, juste avant la
salutation finale. Enfin, qu’il salue normalement
pour clore sa prière. »
Ce hadith est un récit jugé bon, authentifié par
At-Tirmidhi. Ce dernier le rapporte d’après
Boundar : D’après Mouhammad ibn Khalid ibn
‘Athma : D’après Ibrahim ibn Saad.
Quant à notre voie (Dhahabi), elle comporte un
maillon en moins dans la chaîne.
Ce hadith a également été rapporté par le hafizh
Ibn Assakir dans la biographie qu’il a apprêté à
Ibn ‘Aouf et dans laquelle figure la parole sui-
vante d’Oumar : « Informe-nous, tu es pour nous
un digne de confiance que nous agréons ! »

9
(Dhahabi) : Certes, même s’ils sont considérés
comme étant tous de confiance, certains compa-
gnons demeurent plus dignes et plus honorables
que d’autres ! Ce hadith en est la preuve car Ou-
mar se satisfit, ici, de l’information rapportée par
Abderrahman ; ce qu’il ne fit pas dans le récit sur
la permission d’entrer dans les demeures où il
demanda de produire un témoin. Dans le même
registre, Ali ibn Abi Talib déclara : J’avais pour
habitude de faire jurer quiconque voulait me rap-
porter un hadith du Messager d’Allah (‫)ﷺ‬.
Quant à Abou Bakr – lui qui prononça la vérité,
il ne m’était pas nécessaire de le lui demander
lorsqu’il me rapportait quelque chose, véridique
qu’il était !
Et Allah est plus savant.

Al-Madaïni a dit : La naissance d’Abderrah-


man eut lieu dix ans après l’année de l’Éléphant.
Zoubayr1 précise : Al-Harith ibn Zouhra eut pour
progénitures Abd et Abd-Allah, de par Qayla
leur mère. Et parmi la descendance d’Abd fi-
gure : Abderrahman ibn ‘Aouf ibn Abd-‘Aouf
ibn Abd.

1
Ibn Bakkar

10
Ibn Ishaq et Ibn Saad ont également attesté de
cette filiation. Quant à Al-Boukhari et Al-Fas-
sawi, à l’instar d’Ourwa et d’Az-Zouhri avant
eux, ils n’ont pas fait mention d’Abd dans la gé-
néalogie d’Abderrahman.
Pour Al-Haytham As-Shashi, Abou Nasr Al-Ka-
labadhi et d’autres, il s’agit en fait de : Abd-
‘Aouf ibn Abd Al-Harith ibn Zouhra.
La mère d’Abderrahman se nomme, quant à elle,
As-Shifa bint ‘Aouf ibn Abd ibn Al-Harith ibn
Zouhra comme l’ont mentionné un groupe de sa-
vants.
Et Abou Ahmad Al-Hakim a dit : « Sa mère est
Safiya bint Abd-Manaf ibn Zouhra ibn Kilab. Et
il a été dit également : As-Shifa bint ‘Aouf. »

Ibrahim ibn Saad : Mon père m’a rapporté :


D’après son père : D’après Abderrahman ibn
‘Aouf lui-même : Mon nom avant l’Islam était
Abd-‘Amr et, lorsque je me convertis, le Pro-
phète (‫ )ﷺ‬me nomma « Abderrahman ».

Ibrahim ibn Al-Moundhir : Abdelaziz ibn


Abou Thabit nous a rapporté : D’après Saïd ibn
Ziyad : D’après Hassan ibn Oumar : D’après Sa-
hla bint Assim qui a dit : Abderrahman ibn ‘Aouf
avait la peau blanche, de grands yeux noirs, avec

11
de longs cils, et le nez busqué. Il avait également
de très grandes canines supérieures susceptibles
de lui blesser la lèvre du bas ! Ses cheveux lui
arrivaient en dessous des oreilles. Il avait un long
cou et le dos très large.
Et Ziyad Al-Bakkaï rapporte, d’après Ibn Ishaq :
Il n’avait plus d’incisives centrales, était gaucher
et, en plus de cela, il boitait ! Il perdit ses dents
au combat, le jour d’Ouhoud, lors duquel il reçut
une vingtaine de coups. Certaines d’entre elles le
touchèrent au pied, ce qui provoqua son handi-
cap et le fit boiter.
Al-Waqidi : Abd-Allah ibn Jafar nous a rap-
porté : D’après Yaqoub ibn Outba qui a dit : Ab-
derrahman était un homme grand de taille. Il
avait un beau visage aux traits fins. Il était légè-
rement vouté, blanc de peau, le teint rosé. Il ne
teignait pas ses cheveux blancs.

Et Ibn Ishaq relate : Salih ibn Ibrahim ibn Ab-


derrahman ibn ‘Aouf nous a rapporté : D’après
son père qui a dit :
Nous cheminions en compagnie d’Outhman, sur
la route de La Mecque, lorsque ce dernier aperçu
Abderrahman ibn ‘Aouf ; c’est alors qu’il dit :
« Personne ne peut se prévaloir d’avoir un

12
quelconque mérite dans les deux exodes (hijra)
que ce shaykh a accomplies ! »
Le même récit a été rapporté par Al-Aqadi :
D’après Abd-Allah ibn Jafar : D’après Abder-
rahman ibn Houmayd ibn Abderrahman :
D’après son père : D’après Al-Miswar ibn
Makhrama.

Abou Al-Houssayn Ali ibn Mouhammad


ainsi qu’un groupe de savants nous ont infor-
més : Abd-Allah ibn Oumar nous a narré : Abou
Al-Waqt nous a narré : Abou Al-Hassan Ad-
Dawoudi nous a narré : Abou Mouhammad ibn
Hammouya nous a narré : Ibrahim ibn Khou-
zaym nous a narré : Abd ibn Houmayd nous a
rapporté : Yahya ibn Ishaq nous a narré : Oumara
ibn Zadhane nous a rapporté : D’après Thabit :
D’après Anas :
Lorsqu’Abderrahman ibn ‘Aouf immigra, le
Messager d’Allah (‫ )ﷺ‬lui désigna pour frère de
foi Outhman (Ainsi cela nous a été transmis !).
Ce dernier lui dit alors :
– Je possède deux jardins et je voudrais te faire
don de l’un d’entre eux ; prends donc celui qui te
plaît !

13
– Non, je t’en remercie. Indique-moi plutôt où se
trouve le marché ! lui répondit Abderrahman.
(Jusqu’à sa parole)
Son argent fructifia à tel point qu’il fit importer,
un jour, sept-cents montures transportant du blé,
de la farine et d’autres denrées alimentaires.
Lorsque le convoi pénétra Médine, un bruit
sourd se fit entendre !
Aïsha fut informée de ce dont il s’agissait et elle
dit alors : J’ai entendu, à ce propos, le Messager
d’Allah (‫ )ﷺ‬dire : « Abderrahman ne rentrera
au paradis qu’à quatre pattes ! »
Lorsque ce récit parvint à Abderrahman, ce der-
nier dit : « Ô mère, sois témoin que j’apprête le
convoi dans son entièreté pour la voie d’Allah,
marchandises et bâts compris ! »
Rapporté par Ahmad dans son mousnad, d’après
Abdessamad ibn Hassan, d’après Oumara. Il pré-
cisa aussi concernant ce hadith : ceci est un récit
discordant (mounkar).
Je dis (Dhahabi) : On trouve, dans la version
d’Ahmad, les termes suivants :
Aïsha dit : J’ai entendu le Messager d’Allah (‫)ﷺ‬
dire : « Certes, j’ai vu Abderrahman rentrer au
paradis à quatre pattes ! »

14
Lorsque ceci parvint à Abderrahman, il dit : « J’y
entrerai debout tant que possible ! » Il fit alors
don de son convoi, marchandises et bâts compris,
pour la voie d’Allah.

Plusieurs savants nous ont informés, par écrit,


d’après Abou Al-Faraj Al-Jawzi. Et nous rappor-
tons également par ijaza1 d’Ibn ‘Allane et
d’autres : Al-Kindi nous a narré : Tous deux ont
dit2 : Abou Mansour Al-Qazzaz nous a narré :
Abou Bakr Al-Khatib nous a narré : Ibn
Moudhib nous a narré : Al-Qati’i nous a narré :
Abd-Allah ibn Ahmad nous a rapporté : Mon
père m’a rapporté : Houdhayl ibn Maymoune
nous a rapporté : D’après Mouttarih ibn Yazid :
D’après Oubayd-Allah ibn Zahr : D’après Ali
ibn Yazid : D’après Al-Qassim : D’après Abou
Oumama qui relate : Le Messager d’Allah (‫ )ﷺ‬a
dit :
Alors que j’entrai au paradis, j’entendis un bruit
de pas. Je questionnai alors :
– De qui s’agit-il ?
– De Bilal, me répondit-on.

1
Autorisation donnée à l’élève de transmettre d’après son
maître sans forcément l’avoir entendu
2
Al-Kindi ainsi qu’Abou Al-Faraj Al-Jawzi

15
(Jusqu’à sa parole)
C’est alors qu’Abderrahman ibn ‘Aouf tardait à
venir. Puis, au moment où j’eu désespéré qu’il
nous rejoigne, il arriva enfin ! Je lui dis :
– Abderrahman ?
– Pour toi mon père et ma mère ô Messager d’Al-
lah, j’ai bien cru que je ne te reverrai jamais ! ré-
pondit Abderrahman.
– Que s’est-il passé ? lui demanda le Prophète
(‫)ﷺ‬.
– Il s’agit de ma fortune ; j’ai été longuement et
minutieusement interrogé sur celle-ci ! expliqua
Abderrahman.

La chaîne de transmission de ce récit est toute-


fois médiocre (‫)واه‬.
َ Quant au hadith précédent,
Oumara est le seul à le rapporter et il est un rap-
porteur comportant certaines faiblesses. Abou
Hatim dit cependant à son propos : « Ses hadiths
se consignent tout de même. »
Et Ibn Ma’ine, quant à lui, le jugea de « Fiable ».
De même qu’Ibn ‘Adi qui dit : « Il n’est pas pro-
blématique pour moi. »

16
Je dis (Dhahabi) : Quant à An-Nassaï, il ne l’es-
tima pas parmi les rapporteurs sur lesquels il
convient de s’appuyer.
Quoiqu’il en soit, même si Abderrahman eut mis
du temps à rejoindre le Messager d’Allah (‫ )ﷺ‬à
cause du questionnement dont il fut l’objet, puis
qu’il entra au Paradis à quatre pattes – ceci de
manière métaphorique et imagée, son rang au Pa-
radis n’en est pas pour autant inférieur à celui
d’Ali ou Zoubayr. Qu’Allah soit satisfait d’eux
tous !

Et parmi ses mérites figure le fait que le Pro-


phète (‫ )ﷺ‬ait attesté pour lui du Paradis. Le fait
également qu’il demeure parmi ceux qui ont
combattu, le jour de Badr, et pour qui il a été dit
« Faites ce que vous voulez, le Paradis vous est
promis ! ». De même qu’il fait partie de ceux à
qui le verset suivant fait allusion : ﴾ Allah a
certes agrée les croyants lorsqu’ils t’ont prêté
serment d’allégeance sous l’Arbre ﴿. Il y a, en-
fin, le fait que le Messager d’Allah (‫ )ﷺ‬ait prié
derrière lui !

Ahmad dans le Mousnad : Ismaïl nous a rap-


porté : Ayoub nous a rapporté : D’après Mou-
hammad : D’après ‘Amr ibn Wahb At-Thaqafi
qui a dit : Alors que nous étions en compagnie

17
d’Al-Moughira ibn Shou’ba, ce dernier fut ques-
tionné :
– Est-ce que quelqu’un de cette communauté a
guidé le Prophète (‫)ﷺ‬, dans sa prière, en dehors
d’Abou Bakr ?
– Oui ! répondit-il. Puis Il mentionna qu’un jour
le Prophète (‫ )ﷺ‬fit ses ablutions en passant ses
mains mouillées sur ses bottines et son turban et
pria une raka de la prière du soubh derrière Ab-
derrahman ibn ‘Aouf. J’étais avec lui, dit Al-
Moughira, et nous rattrapâmes, tous deux, la raka
que nous eûmes manquée.
Ce récit est également rapporté par Houmayd At-
Tawil, d’après Bakr ibn Abd-Allah : d’après
Hamza ibn Al-Moughira : D’après son père.

Ibrahim ibn Saad : D’après son père : D’après


son grand-père : Le Messager d’Allah (‫ )ﷺ‬se
rendit, un jour, auprès d’Abderrahman ibn ‘Aouf
et trouva ce dernier en train de guider la prière
pour les gens. Il voulut, à cet instant, céder sa
place au Prophète (‫ )ﷺ‬mais ce dernier lui fit
signe de rester là où il était. Il poursuivit alors sa
prière à laquelle se joignit le Messager d’Allah
(‫)ﷺ‬.
Ce récit est rapporté également par l’imam

18
Ahmad dans le Mousnad : D’après Al-Haytham
ibn Kharija : D’après Rishdine : D’après Abd-
Allah ibn Al-Walid qui entendit Abou Salama, le
fils d’Abderrahman, rapporter ce hadith de son
père.
En fait aussi mention : Hisham : D’après Qa-
tada : D’après Al-Hassan : D’après Al-Moughira
ibn Shou’ba.
De même Zourara ibn Awfa qui relate, d’après
Al-Moughira ibn Shou’ba, que le Messager
d’Allah (‫ )ﷺ‬pria derrière Abderrahman ibn
‘Aouf.
Il est aussi parvenu par la voie de Khoulayd ibn
Da’laj : D’après Al-Hassan : D’après Al-Moug-
hira. Ceci étant, Al-Hassan est un rapporteur fai-
sant usage de subterfuges dans ses récits (mou-
dalis) et il n’a pas entendu d’Al-Moughira.

Issa ibn Younous : D’après Outhman ibn


‘Ata : D’après son père : D’après Ibnou Oumar :
Le Messager d’Allah (‫ )ﷺ‬désigna Abderrahman
ibn ‘Aouf à la tête d’une expédition et lui remit,
en main propre, la bannière de guerre.
Ceci-étant, Outhman est un rapporteur faible.
Toutefois, le même récit a été relaté par Abou
Damra : D’après Nafi’ ibn Abd-Allah : D’après

19
Farwata ibn Qays : D’après ‘Ata ibn Abou Ra-
bah : D’après Ibnou Oumar.

Maamar : Qatada expliqua au sujet du verset


﴾ Ceux qui dirigent leurs calomnies vers les
croyants qui font des aumônes volontaires ﴿ :
Abderrahman ibn ‘Aouf avait donné en aumône
la moitié de son argent, soit quatre-mille dinars1.
Les hypocrites dirent alors de lui qu’il était passé
maître dans l’ostentation !
Et Ibn Al-Moubarak mentionna : Maamar nous a
narré : D’après Az-Zouhri : Ibn ‘Aouf avait fait
don, du temps du Messager d’Allah (‫)ﷺ‬, de la
moitié de son argent, soit une somme de quatre-
mille. Et il fit don, par la suite, de quarante-mille
dinars. Il donna également cinq-cents chevaux,
pour la voie d’Allah, ainsi que cinq-cents bêtes
de somme. La majeure partie de sa fortune pro-
venait du commerce qu’il pratiquait.
Rapporté dans son Livre de l’ascétisme.

Soulayman ibn bint Shourahbil : Khalid ibn


Yazid ibn Abou Malik nous a narré : D’après son
père : D’après ‘Ata ibn Abou Rabah : D’après
Ibrahim ibn Abderrahman ibn ‘Aouf : D’après

1
Pièces d’or de l’époque

20
son père à qui le Messager d’Allah (‫ )ﷺ‬dit :
– Ô Ibnou ‘Aouf, tu comptes parmi les riches et
tu n’accèderas au Paradis qu’en rampant ; fais-
donc un bon prêt à Allah le Très-haut et il dé-
liera, par cela, tes pieds !
– Quel prêt dois-je lui vouer ô Messager d’Al-
lah ? demanda alors Abderrahman.
Le Prophète (‫ )ﷺ‬l’informa par la suite que Jibril
vint le voir et lui dit : « Ordonne-lui de remplir
son devoir d’hospitalité envers l’hôte, de dépen-
ser même en temps de malheur et de nourrir l’in-
digent ! »

Khalid ibn Al-Harith et autres que lui ont dit :


Mouhammad ibn ‘Amr nous a rapporté : D’après
Abou Salama : D’après son père : « Le paradis
m’a été montré. Je me suis vu y rentré à quatre
pattes et je ne vis y pénétrer que des pauvres ! »
Je dis (Dhahabi) : Ce récit est doté d’une bonne
chaîne de transmission (hassan). Il provient à
l’origine, comme d’autre, d’un songe et les
songes ont une explication. Ibnou ‘Aouf – qu’Al-
lah l’agrée – tira profit de ce qu’il vit en rêve et
des paroles du Prophète (‫ )ﷺ‬qui lui parvinrent.
Il put ainsi donner en aumône des sommes d’ar-
gent considérables. Cela contribua à délier ses

21
pieds, par la grâce d’Allah, et lui permit de
compter parmi les héritiers du Firdaous. Il en sor-
tit ainsi, au final, sans dommage.

Ibn Abou Oumar nous a narré : Hanbal nous


a narré : Ibn Al-Houssayn nous a narré : Ibn Al-
Moudhib nous a rapporté : Abou Bakr nous a
rapporté : Abd-Allah nous a rapporté : Mon père
m’a rapporté : Mouhammad ibn Oubayd nous a
rapporté : Al-A’mash nous a rapporté : D’après
Shaqiq qui dit : Abderrahman se rendit, un jour,
auprès d’Oum Salama et lui confia :
– Ô Mère des croyants, je crois que je suis perdu :
je compte parmi les plus riches des Qourashites ;
j’ai vendu une terre pour la somme de quarante-
mille dinars !
– Ô mon fils, veille à dépenser pieusement ! lui
répondit-elle. J’ai certes entendu le Messager
d’Allah (‫ )ﷺ‬dire :
« Il en est parmi mes compagnons qui, après ma
mort, ne me reverront plus ! »
J’allai voir alors Oumar et l’informai de cela, dit
Abderrahman. Celui-ci se rendit aussitôt chez
Oum Salama et lui demanda :
– Je t’adjure par Allah, fais-je partie de ceux-là ?

22
– Non, Dieu soit loué, répondit-elle, cependant je
ne répondrai à plus personne concernant cela
après toi !
Ce récit a également été rapporté par Ahmad,
d’après Abou Mouawiya : D’après Al-A’mash
qui dit : D’après Shaqiq : D’après Oum Salama.

Zaïda : D’après ‘Assim : D’après Abou Sa-


lih : D’après Abou Hourayra qui rapporte : À la
suite d’un différend qui opposa Khalid à Abder-
rahman ibn ‘Aouf, le Messager d’Allah (‫)ﷺ‬
s’exclama en ces termes : « Laissez mes compa-
gnons (ou mes petits compagnons) tran-
quilles car certes si l’un d’entre vous dépensait
l’équivalent, en or, du mont Ouhoud, cela ne
saurait équivaloir à la seule jointée1 que l’un
d’entre eux donnerait en aumône, ni même à sa
moitié ! »
Al-A’mash l’a rapporté, quant à lui, d’après
Abou Salih, d’après Abou Saïd Al-Khoudri. Le
même récit est également parvenu par la voie de
Zouhayr ibn Mouawiya, d’après Houmayd,
d’après Anas.

1
(Moud en arabe) : unité de mesure, utilisée à l’époque,
qui équivaut à ce qui peut être contenu dans le creux
formé par les paumes des deux mains placées côte à côte

23
Abou Ismaïl le Précepteur : D’après Ismaïl
ibn Abou Khalid : D’après Sha’bi : D’après Ibn
Abou Awfa qui relate : Un jour, Abderrahman
ibn ‘Aouf se plaignit de Khalid auprès du Mes-
sager d’Allah (‫)ﷺ‬. Ce dernier lui dit alors :
– Ô Khalid, ne cause pas de tort à un homme qui
a participé à la bataille de Badr car certes si tu
dépensais en aumône l’équivalent, en or, du
mont Ouhoud, cela ne pourrait équivaloir à ce
qu’il a accompli !
– Ô Messager d’Allah, je ne fais que répondre à
leurs provocations ! dit Khalid.
– Ne causez pas de tort à Khalid, dit alors le Pro-
phète (‫)ﷺ‬, il est certes un sabre parmi les sabres
divins qu’Allah a apprêtés pour les mécréants !
Rabi’ ibn Tha’lab est le seul à rapporter ce récit
d’Al-Mouaddib (le Précepteur). Jarir ibn Hazim
l’a, quant à lui, rapporté d’après Al-Hassan mais
sans la mention du compagnon détenteur du ha-
dith (moursal).

Shou’ba : Houssayn nous a narré : J’ai en-


tendu Hilal ibn Yassaf rapporter d’Abd-Allah
ibn Zhalim Al-Mazini : D’après Saïd ibn Zayd :
Alors que le Messager d’Allah (‫ )ﷺ‬était en com-
pagnie d’Abou Bakr, Oumar, Outhman, Ali,

24
Talha, Zoubayr, Saad et Abderrahman ibn ‘Aouf,
sur le mont Hira, il dit : « Du calme Hira ! Ne
sillonnent ton écorce qu’un prophète, un véri-
dique et un martyr ! »
Saïd mentionna, à cette occasion, qu’il faisait
partie lui aussi du groupe.
Jarir, Houshaym, Abou Al-Ahwas et Al-Abbar le
rapportent également de cette manière, d’après
Houssayn.
Le rapportent, aussi, les auteurs des Quatre sou-
nans et autres qu’eux par la voie de Shou’ba.
Quant à Ibn Idriss et Waki’, ils le rapportent
d’après Soufiane : D’après Mansour : D’après
Hilal ibn Yassaf.
Abou Dawoud dit à propos de ce hadith : Il est
également rapporté par Al-Ashja’i : D’après
Soufiane : D’après Mansour : D’après Hilal :
D’après Ibn Hayan : D’après Abd-Allah ibn Zha-
lim : D’après Saïd.
Qassim Al-Jarmi vient appuyer cette dernière
voie (moutaba’a) le rapportant lui aussi de Sou-
fiane.
Et le récit a été authentifié par At-Tirmidhi.

25
Il est également parvenu par la voie suivante :
D’après Soufiane : D’après Mansour et Hous-
sayn : D’après Hilal : D’après Saïd.

Abou Qilaba Ar-Raqashi : Oumar ibn Ayoub


nous a rapporté : Mouhammad ibn Ma’n Al-Ghi-
fari nous a rapporté : Moujammi’ ibn Yaqoub
nous a rapporté : D’après son père : D’après Ab-
derrahman ibn Abd-Allah ibn Moujammi’ : Ou-
mar demanda, un jour, à Oum Koulthoum bint
Ouqba, la femme d’Abderrahman ibn ‘Aouf :
– Le Messager d’Allah (‫ )ﷺ‬s’est-il adressé à toi
en te disant : « Épouse le Prince des musulmans
Abderrahman ibn ‘Aouf » ?
– Oui ! répondit-elle.

Ce questionnement d’Oumar adressé à Oum


Koulthoum est également rapporté par la voie
suivante : Ali ibn Al-Madini : Soufiane m’a rap-
porté : D’après Ibn Abou Najih.

Une autre version du hadith dans laquelle sub-


siste le terme « Prince des musulmans » est rap-
portée, cette fois, d’après Abderrahman ibn Hou-
mayd ibn Abderrahman : D’après son père :
D’après sa mère Oum Koulthoum.

26
Maamar : D’après Az-Zouhri : Oubayd-Allah
ibn Abd-Allah m’a rapporté ceci : Alors que le
Messager d’Allah (‫ )ﷺ‬distribuait, un jour, de ses
grâces à un groupe d’individus dont Abderrah-
man ibn ‘Aouf faisait partie, il ne donna étrange-
ment rien à ce dernier. Abderrahman ibn ‘Aouf,
les larmes aux yeux, quitta alors le groupe. Il ren-
contra, par la suite, Oumar qui lui demanda :
– Qu’est-ce qui t’attriste autant ?
Abderrahman ibn ‘Aouf lui expliqua alors ce que
le Prophète (‫ )ﷺ‬venait de faire et dit :
– Je crains qu’il ait agit ainsi envers moi à cause
d’une rancœur qu’il me porte !
Oumar rapporta alors ceci au Prophète (‫ )ﷺ‬et ce
dernier expliqua son geste en disant :
– Non, c’est simplement que sa foi ne le nécessi-
tait pas !

Qouraysh ibn Anas : D’après Mouhammad


ibn ‘Amr : D’après Abou Salama : D’après Abou
Hourayra : En application de la parole du Mes-
sager d’Allah (‫ « )ﷺ‬Les meilleurs d’entre vous
sont ceux qui se montrent les plus bienveillants
envers mes épouses ! », Abderrahman légua à
ces dernières un verger qu’on estima, par ail-
leurs, à quatre-cent-mille.

27
Abd-Allah ibn Jafar Az-Zouhri relate : Oum
Bakr, la fille d’Al-Miswar, nous a rapporté
qu’Abderrahman vendit une terre à Outhman
pour la somme de quarante-mille dinars1. Il dis-
tribua ensuite son montant aux pauvres des Ba-
nou Zouhra, aux Mouhajirounes et aux Mères
des croyants.
Puis Al-Miswar de raconter : J’apportai alors à
Aïsha sa part et cette dernière me questionna :
– De qui cela provient-il ?
– D’Abderrahman ! lui répondis-je. C’est alors
qu’elle me dit :
– J’ai certes entendu le Messager d’Allah (‫)ﷺ‬
dire : « Ne vous prendront en compassion après
ma mort que les véritables endurants ! »
Et Aïsha de conclure par ces mots : Qu’Allah
abreuve Ibnou ‘Aouf de l’eau délicieuse du pa-
radis ! (Salsabil)
Rapporté par Ahmad dans son mousnad.

Ali ibn Thabit Al-Jazari : D’après Al-Wazi’ :


D’après Abou Salama : D’après Aïsha qui rap-
porte : Le Messager d’Allah (‫ )ﷺ‬réunit ses
épouses, pendant les derniers jours de sa vie, et

1
Pièces d’or de l’époque

28
leur dit : « Seuls les endurants et véridiques,
après ma mort, me préserveront en ce qui vous
concerne ! »

Et parmi les plus grands mérites d’Abderrah-


man, le fait qu’il ait renoncé, dès le départ, au
titre de Calife lors de la Consultation1. Puis qu’il
ait nommé, par la suite, celui vers qui les sages
l’avaient orienté. Il veilla ainsi du mieux qu’il
put à unir la communauté autour d’Outhman. S’il
avait manqué d’une quelconque impartialité, il se
serait mis en avant ou aurait désigné son cousin
qui, parmi les six, lui était le plus proche à sa-
voir : Saad ibn Abi Waqqas.

Et Abd-Allah ibn Niyar As-Aslami relate,


d’après son père : Abderrahman ibn ‘Aouf fait
partie de ceux qui délivrait des avis juridiques
(fatwa) du temps du Messager d’Allah (‫ )ﷺ‬puis,
par la suite, d’Abou Bakr et d’Oumar ; se basant
en cela sur les dires que le Prophète (‫ )ﷺ‬lui avait
transmis.

Yazid ibn Haroun a dit : Abou Al-Moualla


Al-Jazari nous a rapporté : D’après Maymoun

1
La consultation qui eut lieu entre six des compagnons
du Prophète (‫)ﷺ‬, à la mort d’Oumar, afin de désigner qui
serait le nouveau Calife.

29
ibn Mihrane : D’après Ibnou Oumar : Abderrah-
man dit aux membres de la Consultation :
– M’autorisez-vous à désigner l’un d’entre vous
et, dans le même temps, à moi-même m’en dé-
sister ?
– Bien-sûr, répondit Ali, et je demeure le premier
à l’accepter ; j’ai certes entendu le Messager
d’Allah s’adresser à toi en te disant : « Tu es un
digne de confiance pour les gens du ciel et ceux
de la Terre à la fois ! »
Rapporté par As-Shashi dans son mousnad.
Abou Moualla, quant à lui, est un rapporteur
faible.

Moujalid, d’après Sha’bi, a rapporté que c’est


Abderrahman ibn ‘Aouf qui accomplit le pèleri-
nage, à la tête des musulmans, l’an 13 de l’hé-
gire.

Jouwayriya ibn Asma : D’après Malik :


D’après Az-Zouhri : D’après Saïd : Saad Ibn Abi
Waqqas envoya quelqu’un porter un message à
Abderrahman. Alors que ce dernier, debout, était
en train de s’adresser publiquement aux gens,
l’homme lui dit :
– Érige ta tête en dirigeant ! (C’est-à-dire : Invite
les gens à te prêter serment d’allégeance)

30
Abderrahman lui répondit alors par les mots sui-
vants :
– Puisse ta mère te perdre ! Nul n’accèdera à
cette fonction, après Oumar, sans qu’il ne soit as-
sujetti au blâme des gens !
Abou Ouways Abd-Allah a appuyé ce récit
(moutaba’a) en le rapportant également par la
voie d’Az-Zouhri.

Ibn Saad : Abdelaziz Al-Ouwaysi nous a


narré : Abd-Allah ibn Jafar nous a rapporté :
D’après Oum Bakr : D’après son père Al-Mis-
war qui relate : Lorsqu’Abderrahman se joignit
au groupe de la Consultation, il était celui dont
j’espérais le plus la nomination pour cette fonc-
tion. Et, dans le cas où il la refuserait, venait alors
Saad après lui. Puis, je rencontrai, par la suite,
‘Amr ibn Al-‘Ass qui me dit :
– Que pense ton oncle qu’Allah fera de lui s’il
désignait quelqu’un, pour cette fonction, tout en
se sachant éperdument mieux que lui !?
J’allai alors voir Abderrahman pour l’informer
de ceci et il me dit :
– Par Allah, qu’on me mette un couteau sous la
gorge puis qu’on me transperce avec m’est pré-
férable au fait de prendre cette responsabilité !

31
Ibn Wahb : Ibn Lahi’a nous a rapporté :
D’après Yahya ibn Saïd : D’après Abou Oubayd
ibn Abd-Allah ibn Abderrahman ibn Azhar :
D’après son père : D’après son grand-père :
Lorsqu’Outhman fut pris, à répétition, par ses
saignements de nez, il convoqua Houmrane et lui
commanda ceci :
– Écris le nom de mon successeur : il s’agit
d’Abderrahman !
Houmrane se rendit alors auprès d’Abderrahman
pour lui annoncer cela :
– Me voilà porteur d’une excellente nouvelle !
lui dit-il.
– De quoi s’agit-il ? lui demanda Abderrahman.
– Outhman t’a désigné comme étant son succes-
seur au titre de Calife ! répondit Houmrane.
Abderrahman se leva alors, entre la tombe et le
minbar du Prophète (‫)ﷺ‬, puis il invoqua en ces
termes : « Ô Allah, si Outhman m’a désigné
comme étant son successeur au titre de Calife,
alors fait que je meurs avant lui ! »
Six mois à peine s’écoulèrent après cet évène-
ment et Allah reprit son âme.

32
Yaqoub ibn Mouhammad Az-Zouhri : Ibra-
him ibn Mouhammad ibn Abdelaziz nous a rap-
porté : D’après un homme : D’après Talha ibn
Abd-Allah ibn ‘Aouf qui relate : Les gens de Mé-
dine dépendaient tous d’Abderrahman ibn
‘Aouf : À un tiers d’entre eux, il prêtait de l’ar-
gent. À un autre tiers, il épongeait les dettes.
Quant au dernier tiers, il le gratifiait de présents !

Moubarak ibn Fadala : D’après Ali ibn Zayd :


D’après Ibn Al-Moussayb qui raconte : Talha
tomba malade à un moment où lui et Ibnou ‘Aouf
étaient en froid. Abderrahman entreprit alors de
le visiter et, à cet instant, Talha lui dit :
– Par Allah, mon frère, tu es meilleur que moi !
– Ne dis pas cela mon frère, lui rétorqua Abder-
rahman.
– Si, je le jure ! Car si c’est toi qui étais tombé
malade, je n’aurais jamais fait ce que tu as fait !
confia alors Talha.

Damra ibn Rabi’a : D’après Saad ibn Al-Has-


san qui relate :
Lorsqu’Abderrahman ibn ‘Aouf se trouvait en
compagnie de ses esclaves, on ne pouvait le dis-
tinguer de parmi eux !

33
Shouaïb ibn Abou Hamza : D’après Az-
Zouhri : Ibrahim ibn Abderrahman m’a rap-
porté le récit suivant : Alors qu’il était gravement
malade, Abderrahman ibn ‘Aouf perdit connais-
sance à tel point que ses proches crurent qu’il
était décédé. Ils recouvrirent alors son corps puis
se retirèrent un à un lorsque, tout à coup, il reprit
ses esprits et prononça le takbir : Allah akbar !
Aussitôt, sa famille reprit derrière lui la formula-
tion et dit : Allah akbar ! Puis Abderrahman leur
demanda :
– Ai-je perdu connaissance il y a peu ?
– Oui, répondirent-ils.
– Vous dites vrai ! leur dit Abderrahman.
Puis de continuer : Deux hommes – à l’air rude
et sévère – me prirent, pendant mon coma, et
m’annoncèrent :
– Suis-nous, nous t’emmenons comparaître de-
vant le Loyal et Tout-Puissant !
Ils m’emmenèrent alors jusqu’à ce que nous ren-
contrions un homme, sur notre chemin, qui leur
demanda :
– Où donc vous dirigez-vous avec lui ?

34
– Nous l’emmenons comparaître devant le Loyal
et Tout-Puissant ! répondirent les deux bour-
reaux.
– Faites demi-tour ! leur dit alors l’homme avant
d’ajouter : Il fait partie de ceux pour qui Allah a
prescrit la félicité et le pardon alors qu’ils se
trouvaient encore dans le ventre de leurs mères !
Ses enfants profiteront encore de lui jusqu’à ce
qu’Allah le décide !
Il resta alors en vie, après cet évènement, un mois
durant.
Rapporté par Az-Zoubaydi et un groupe de sa-
vants, d’après Az-Zouhri. Saad ibn Ibrahim le
rapporte également, d’après son père.

Ibn Lahi’a : D’après Abou Al-Aswad :


D’après Ourwa : Abderrahman ibn ‘Aouf légua
cinquante-mille dinars1 pour la cause d’Allah.
On donna alors à chaque individu mille dinars !

Et d’après Az-Zouhri : Abderrahman légua une


partie de sa fortune aux combattants de Badr.
Ils étaient encore, à cette époque, près d’une cen-
taine. Chaque ayant-droit reçut alors quatre-

1
Pièces d’or de l’époque

35
cents dinars. Outhman, qui en faisait partie, les
accepta lui aussi.
Et d’après une autre chaîne de transmission, tou-
jours selon Az-Zouhri : Abderrahman légua
mille chevaux pour la voie d’Allah !

Ibrahim ibn Saad relate : D’après son père :


D’après son grand-père qui a entendu Ali, le jour
de la mort d’Abderrahman ibn ‘Aouf, dire : « Va
Ibnou ‘Aouf, tu as certes atteint le meilleur de
cette vie et dépassé le plus vil ! »

Saad ibn Ibrahim rapporte : D’après son


père qui a dit : J’ai vu Saad, aux funérailles
d’Abderrahman ibn Saad, planté devant la bière1,
en train de dire : « Ô montagne que tu es ! »
Rapporté par plusieurs savants, d’après Saad.

Maamar : D’après Thabit : D’après Anas qui


a dit : Je vis Abderrahman ibn ‘Aouf et la part de
chacune de ses femmes, après sa mort, s’élevait
à cent-mille !
Et Hisham a rapporté : D’après Ibn Sirine : Le
huitième de l’héritage que les épouses

1
Planche avec laquelle les morts et les blessés sont trans-
portés.

36
d’Abderrahman se partagèrent s’éleva à trois-
cent-vingt-mille !
Layth ibn Abou Mouslim a rapporté la même
chose, d’après Moujahid.
L’auteur de « L’histoire de Damas » a certes
compilé les narrations d’Abderrahman en quatre
livrets.
Et lorsqu’il immigra à Médine (hijra), il y entra
pauvre ne possédant rien. Le Messager d’Allah
(‫ )ﷺ‬lui désigna alors pour frère de foi Saad ibn
Rabi’, un des chefs de la ville. Ce dernier lui pro-
posa sur-le-champ de lui faire grâce de la moitié
de sa fortune et de divorcer la plus belle de ses
deux femmes pour la lui donner ! Abderrahman
refusa toutefois et lui dit : « Qu’Allah te bénisse,
toi, ta famille et tes biens ! Montre-moi plutôt où
se trouve le marché ! »
Il se mit alors à acheter et à vendre puis à récolter
des bénéfices. C’est ainsi qu’en peu de temps, il
se retrouva avec de l’argent.
Il épousa alors une femme pour qui il donna une
pépite d’or en guise de dot. À cette occasion, le
Prophète (‫)ﷺ‬, ayant vu sur lui des traces de tein-
ture corporelle, lui dit : « Organise un repas de
noce ne serait-ce qu’en égorgeant un mouton ! »

37
Puis ses affaires dans le commerce prirent l’am-
pleur qu’on leur connait...
Al-Madaïni, Al-Haytham ibn ‘Adi et d’autres
savants ont daté sa mort à l’an 32. Al-Madaïni
mentionna qu’on l’enterra au Baqi’. Quant à Ya-
qoub ibn Al-Moughira, il prétendit qu’Abderrah-
man était âgé, à sa mort, de soixante-quinze ans.
Abou Oumar ibn Abd Al-Barr écrivit à son
propos : Le commerce lui réussit. Il légua mille
chameaux, trois-mille ovins et cent chevaux ! Il
avait aussi des plantations, au Jourf1, dont l’irri-
gation nécessitaient la mobilisation de vingt
bêtes de somme !
Je dis (Dhahabi) : Abderrahman est l’exemple
parfait de l’homme reconnaissant bien que for-
tuné. Quant à Ouways, sa personne incarne le
pauvre endurant. Abou Dharr – ou bien Abou
Oubayda – sont, pour leur part, le modèle de l’as-
cétisme et de la probité !
Houssayn Al-Jou’fi : D’après Jafar ibn Bourqane
qui relate : Il m’est parvenu qu’Abderrahman ibn
‘Aouf affranchit de l’esclavage trente-mille
foyers !

1
Endroit situé en périphérie de Médine devenu, à notre
époque, un quartier à part entière de la ville.

38
‫سري أعالم النبالء‬
LES GRANDES FIGURES DE
L’ISLAM
SHAMS AD-DINE DHAHABI (748 h)

05

‫سعد بن أيب وقاص‬


SAAD IBN ABI WAQAS
AU NOM D’ALLAH
LE CLÉMENT LE MISÉRICORDIEUX

NOUS LUI DEMANDONS SON AIDE

5. SAAD IBN ABI WAQAS


‫َس ْعد بن أبي َو َّقاص‬

Saad ibn Abi Waqas – le nom d’Abou Waqas


étant Malik – ibn Ouhayb ibn Abd-Manaf ibn
Zouhra ibn Kilab ibn Mourra ibn Kaab ibn
Louay.
« L’Émir », « Abou Ishaq », le Qourashite, Az-
Zouhri, Al-Makki.
Un des dix promis au Paradis et l’un des tout pre-
miers croyants.
Il demeure parmi ceux qui ont participé à la ba-
taille de Badr et de ceux qui étaient présents lors
du pacte d’Al-Houdaybiya.
Il fait également partie des six de la Consulta-
tion1.

1
La consultation qui eut lieu entre six des compagnons
du Prophète (‫)ﷺ‬, à la mort d’Oumar, afin de désigner qui
serait le successeur de ce dernier au poste de Calife.

1
Saad a transmis une quantité non négligeable
de hadiths. On en dénombre, conjointement dans
les Deux Authentiques, quinze. Par ailleurs, Al-
Boukhari, seul, en a rapporté de lui cinq et Mou-
slim seul en a, quant à lui, rapporté dix-huit.

Ont transmis de Saad : Ibnou Oumar, Aïsha,


Ibnou Abbas et As-Saïb ibn Yazid.
Ses enfants : ‘Amir, Oumar, Mouhammad,
Mouss’ab, Ibrahim et Aïsha.
Ainsi que : Qays ibn Abou Hazim, Saïd ibn Al-
Moussayb, Abou Outhman An-Nahdi, ‘Amr ibn
Maymoun, Al-Ahnaf ibn Qays, ‘Alqama ibn
Qays, Ibrahim ibn Abderrahman ibn ‘Aouf,
Moujahid, Shourayh ibn Oubayd Al-Houmsi,
Ayman Al-Makki, Bishr ibn Saïd, Abou Abder-
rahman As-Soulami, Abou Salih Dhakwane,
Ourwa ibn Zoubayr et autres qu’eux.

Mouhammad ibn Abdessalam ibn Al-Mouta-


hir At-Tamimi nous a informés : Abdelmou’iz
ibn Mouhammad nous a narré dans son livre :
Tamim ibn Abou Saïd nous a narré : Mouham-
mad ibn Abderrahman nous a narré : Abou ‘Amr
ibn Hamdane nous a narré : Abou Ya’la Al-
Maoussili nous a narré : Ali ibn Al-Ja’d nous a
rapporté : Shou’ba nous a narré : D’après Abou

2
‘Aoun qui a dit : J’ai entendu Jabir ibn Samoura
rapporter qu’Oumar dit à Saad :
– Ils se plaignent de toi dans absolument tout
jusqu’à dans ta façon de guider la prière !
– Quant à moi, j’allonge les deux premières et je
raccourci les deux suivantes ! répondit alors
Saad avant d’ajouter : Et je n’ai nullement l’in-
tention de délaisser ce qu’il m’est possible de
mettre en pratique de la prière du Messager d’Al-
lah (‫! )ﷺ‬
– C’est bien cette opinion que nous nous faisions
de toi ! conclut Oumar tout en l’acquiesçant.
Le nom d’Abou ‘Aoun At-Thaqafi est Mouham-
mad ibn Oubayd-Allah.
Quant au récit, il figure dans les Deux Authen-
tiques.

Et par sa voie1 jusqu’à Abou Ya’la : Zouhayr


nous a rapporté : Ismaïl ibn Oumar nous a rap-
porté : Younous ibn Abou Ishaq nous a rapporté :
Ibrahim ibn Mouhammad ibn Saad nous a rap-
porté : Mon père m’a rapporté : D’après son
père qui a dit : Un jour, je passai devant

1
C’est-à-dire : par la voie de Mouhammad ibn Abdessa-
lam ibn Al-Moutahir

3
Outhman, dans la mosquée, et je lui adressai le
salam. Ce dernier, bien qu’ayant posé son regard
grand sur moi, ne me rendit toutefois pas la salu-
tation !
J’allai alors voir Oumar pour l’en informer et lui
dis :
– Ô Prince des croyants, est-ce que quelque
chose dans l’Islam a changé ?
– Comment ça ? s’étonna-t-il.
– En effet, je viens de croiser Outhman, l’ai salué
mais ce dernier ne m’a pas répondu ! Lui expli-
quai-je alors.
Oumar fit aussitôt appeler Outhman et, lorsque
ce dernier arriva, il lui demanda :
– Qu’est-ce qui t’a empêché de rendre la saluta-
tion à ton frère ?
– Aucunement ! répondit Outhman, semblant
nier cet agissement.
– Bien sûr que oui ! Lui rétorquai-je alors.
Outhman alla alors jusqu’à jurer et je jurai donc
à mon tour quand soudain, il retrouva ses esprits
et dit :
– Ça y est, je me rappelle ! Qu’Allah me par-
donne et accepte mon repentir ! Nous nous

4
sommes croisés, il y a peu, mais je méditais sur
une parole que j’ai entendu du Messager d’Allah
(‫ ; )ﷺ‬par Allah, à chaque fois que je me la remé-
more, mon esprit et mon cœur s’envolent !
– Laisse-moi te dire de quoi il s’agit ! lui dis-je
alors avant de lui narrer le récit : Un jour, le Mes-
sager d’Allah (‫ )ﷺ‬mentionna une invocation
mais il fut interrompu par un bédouin qui l’oc-
cupa du reste. Lorsqu’il eut terminé avec celui-
ci, il se leva (‫ )ﷺ‬et c’est alors que je me mis à le
suivre. Puis, au moment où j’eus craint qu’il
rentre chez lui, je tapai le sol avec mon pied et il
se retourna. Il me dit alors :
– Abou Ishaq ?
– Oui, c’est moi ô Messager d’Allah ! répondis-
je.
– Que se passe-t-il ? me demanda-t-il.
– Rien de grave, le rassurai-je avant de lui expli-
quer : C’est simplement que tu as évoqué une in-
vocation mais le bédouin est arrivé à ce moment-
là…
– Oui, il s’agit de l’invocation du prophète de la
baleine : ﴾ Il n’y a de dieu que toi, gloire à toi,
j’étais certes du nombre des injustes ﴿ ; en effet,
nulle âme musulmane n’invoque son seigneur

5
par celle-ci sans qu’Allah ne l’exauce ! répondit
alors le Prophète (‫)ﷺ‬.
Rapporté par At-Tirmidhi par la voie d’Al-Fi-
ryabi, d’après Younous.

Ibn Wahb : Oussama ibn Zayd Al-Laythi


nous a rapporté : Ibn Shihab m’a rapporté :
D’après Abderrahman ibn Al-Miswar qui dit : Je
partis en expédition en compagnie de mon père,
de Saad et d’Abderrahman ibn Al-Aswad ibn
Abd-Yaghouth l’année d’Adhrouh1. C’est alors
que se répandit, au Sham, l’épidémie de peste.
Nous nous établîmes, par conséquent, dans le vil-
lage de Sargh2, et ce durant cinquante nuits
jusqu’à ce qu’arrive Ramadan. Al-Miswar et Ab-
derrahman commencèrent alors à jeûner le mois
mais Saad s’y refusa. Je l’interrogeai alors :

– Ô Abou Ishaq, tu es le compagnon du Messa-


ger d’Allah (‫ )ﷺ‬et tu as participé à la bataille de
Badr ; comment se fait-il qu’eux deux jeûnent et
toi non ?!

1
Nom d’un village situé au sud de l’actuelle Jordanie ;
c’est là qu’eut lieu le célèbre arbitrage entre Ali et Moua-
wiya.
2
Situé au nord de la péninsule arabique à proximité du
Sham

6
Saad répondit alors :
– Je suis certes plus versé en science qu’eux !

Ibn Jourayj : Zakariya ibn ‘Amr m’a rapporté


que Saad ibn Abi Waqas partit à la rencontre de
Mouawiya et séjourna près de lui un mois. Il rac-
courcit sa prière durant toute cette période et,
lorsque le mois de Ramadan arriva, il s’abstint de
jeûner.
La chaîne de ce récit est cependant discontinue.

Shou’ba et d’autres : D’après Habib ibn Abou


Thabit : J’ai entendu Abderrahman ibn Al-Mis-
war rapporter : Alors que nous nous trouvions
dans un village du Sham ayant pour nom Am-
mane, Saad accomplissait, pour chaque prière,
deux rakas seulement. Nous l’interrogeâmes
donc sur cela et il répondit :
– Nos connaissances sont certes plus vastes !

Ibn Ouyaïna : D’après ‘Amr qui affirma :


Saad et Ibnou Oumar assistèrent tous deux à
l’Arbitrage1.

1
L’arbitrage qui eut lieu entre Ali et Mouawiya et qui fut
dirigé par ‘Amr ibn Al-‘Ass et Abou Moussa Al-Ashari.

7
Ibn Ouyaïna : D’après Ali ibn Zayd : D’après
Saïd ibn Al-Moussayb : D’après Saad qui dit :
J’ai interrogé le Messager d’Allah (‫ )ﷺ‬:
– Qui suis-je ?
– Saad ibn Malik ibn Wouhayb ibn Abd-Manaf
ibn Zouhra, répondit-il (‫ )ﷺ‬avant d’ajouter :
Quiconque prétend le contraire encoure la malé-
diction d’Allah !

Ibn Saad1 rapporte : Sa mère est Hamna bint


Soufiane ibn Oumaya ibn Abd-Shams ibn Abd-
Manaf.

Ibn Manda a dit : Saad embrassa l’Islam à


l’âge de dix-sept ans. Il était petit, ventru, avec
de grosses mains, une corpulence et une tête im-
posantes. Il décéda dans sa demeure située au
bord d’Al-Aqiq2, à environ sept miles3 de Mé-
dine, puis fut transporté vers la ville prophé-
tique ; ceci en l’an 55.

Al-Waqidi : D’après Boukayr ibn Mismar :


D’après Aïsha la fille de Saad qui rapporte : Mon

1
L’historien et rapporteur de hadiths
2
Célèbre fleuve de Médine qui prend sa source à une
centaine de kilomètres au sud de la ville
3
À l’époque de l’auteur, le mile équivalait approximati-
vement à 1,8 kilomètres.

8
père était petit de taille, ventru et fort. Il avait une
grosse tête et de gros doigts. Son corps était par-
ticulièrement velu. Il avait également pour habi-
tude de teindre ses cheveux en noir.
Quant à Ismaïl ibn Mouhammad ibn Saad, il a
dit : Saad avait les cheveux bouclés et une abon-
dante pilosité. Sa peau était basanée. Il avait le
nez plat et était grand de taille.

Yaqoub ibn Mouhammad Az-Zouhri : Ishaq


ibn Jafar et Abdelaziz ibn Imrane nous ont narré :
D’après Abd-Allah ibn Jafar ibn Al-Miswar :
D’après Ismaïl ibn Mouhammad ibn Saad :
D’après ‘Amir ibn Saad : D’après son père : Le
Messager d’Allah (‫ )ﷺ‬congédia, le jour de Badr,
Oumayr ibn Abi Waqas l’ayant jugé trop jeune.
Cela affecta particulièrement Oumayr qui fondit
en larmes. Le Prophète (‫ )ﷺ‬lui autorisa, par la
suite, à rester et c’est moi qui je me chargeai
alors de lui nouer son porte-épée. J’assistai à la
bataille de Badr et je n’avais, à ce moment-là,
pas un seul poil au menton avec lequel jouer !

Un groupe de savants : D’après Hashim ibn


Hashim : D’après Saïd ibn Al-Moussayb : J’ai
entendu Saad dire : Nul n’embrassa l’Islam avant
le jour de ma conversion ! Je suis par ailleurs

9
resté sept jours en constituant, durant cette pé-
riode, le tiers de l’Islam !
Et Youssouf ibn Al-Majishoune rapporte : J’ai
entendu Aïsha la fille de Saad dire : Mon père
demeura toute une journée, jusqu’au coucher du
soleil, en constituant à lui seul le tiers de l’Islam !

Ismaïl ibn Abou Khalid : D’après Qays qui


rapporte : Saad ibn Malik a dit : Le Messager
d’Allah (‫ )ﷺ‬ne donna en rançon ses parents pour
personne d’autre avant moi ! Je me remémore
dès lors sa parole : « Tire, pour toi mon père et
ma mère ô Saad ! ».
Aussi, je demeure le premier musulman à avoir
décoché une flèche en direction des poly-
théistes ! Je me revois également avec le Messa-
ger d’Allah (‫ )ﷺ‬constituant, avec d’autres, un
groupe de sept individus seulement. Nous
n’avions pour seul nourriture que les feuilles des
arbres ; à tel point que l’on pouvait confondre
nos selles avec les selles d’un troupeau de bre-
bis ! Et voilà que les Banou Assad veulent me
donner des leçons en religion ! J’aurais alors
bien échoué et mon œuvre aurait été très certai-
nement vaine !
Unanimement reconnu authentique ; tout un
groupe le rapporte d’après Ismaïl.

10
Et Al-Mass’oudi rapporte d’après Al-Qassim
ibn Abderrahman : Saad est le premier homme à
avoir décoché une flèche dans la voie d’Allah !
Il faisait partie des oncles maternelles du Pro-
phète (‫)ﷺ‬.

Hatim ibn Ismaïl : D’après Boukayr ibn Mis-


mar : D’après ‘Amir ibn Saad : D’après son père
qui rapporte que le Messager d’Allah (‫ )ﷺ‬donna
en rançon, pour lui, ses parents ; il dit : Un
homme parmi les polythéistes causait des dégâts
considérables aux rangs des musulmans. C’est
alors que le Messager d’Allah (‫ )ﷺ‬me dit :
« Tire, pour toi mon père et ma mère ! » Je dé-
cochai alors une flèche, dépourvue de pointe,
vers cet homme et celle-ci l’atteignit en plein
front. Il s’écroula et ses parties intimes, dans sa
chute, se dévoilèrent. Cela fit rire le Messager
d’Allah (‫ )ﷺ‬aux éclats au point où l’on en vit ses
molaires !

Abd-Allah ibn Mouss’ab : Moussa ibn Ouqba


nous a rapporté : D’après Ibn Shihab qui relate :
Saad tua un homme, le jour d’Ouhoud, à l’aide
d’une flèche dont il était initialement la cible.
Les polythéistes la renvoyèrent alors et Saad la
récupéra pour la décocher et frapper une seconde
fois dans le mile ! Les polythéistes répliquèrent,

11
une troisième fois, et Saad, de nouveau, prit la
flèche, la tira et atteint sa cible qui s’écroula. Les
gens furent époustouflés par son action !
La chaîne de ce récit est discontinue.

Ibn Ishaq : Salih ibn Kayssane m’a rapporté :


D’après certains membres de la famille de Saad.
Ces derniers rapportent la narration que fit Saad
de la bataille d’Ouhoud, en sa qualité d’archer :
Je revois le Messager d’Allah (‫)ﷺ‬, ce jour, me
munir de flèches et me dire : « Tire, pour toi mon
père et ma mère ! » Il me donna même, ce jour-
là, des flèches vierges de pointe.

Ibn Al-Moussayb a dit : C’était un tireur adroit.


Aussi, je l’ai entendu rapporter : Le Messager
d’Allah (‫ )ﷺ‬donna ses parents en rançon, pour
moi, le jour d’Ouhoud !
Ceci figure dans le recueil d’Al-Boukhari. Ibn
Assakir, le hafizh, l’a également rapporté via une
dizaine de voies et plus. Il rapporta aussi la nar-
ration d’Ibn Abou Khalid, d’après Qays, par dix-
sept voies et ce de manière complète. C’est ainsi
que son livre « Les Chroniques de Damas » a le
volume qu’on lui connait ! Quant à la version
d’Abd-Allah ibn Shaddad, d’après Ali, « Je n’ai
entendu le Messager d’Allah (‫ )ﷺ‬donner ses

12
parents en rançon pour personne d’autre que
Saad ! », il l’a rapporté via seize voies diffé-
rentes. Cette dernière a été transmise par Miss’ar,
Shou’ba et Soufiane, d’après Saad ibn Ibrahim,
d’après Ibn Shaddad.

Ibn Ouyaïna : D’après Yahya ibn Saïd :


D’après Ibn Al-Moussayb qui rapporte les pro-
pos d’Ali suivants : Je n’ai entendu le Prophète
(‫ )ﷺ‬donner ses parents en rançon pour personne
en dehors de Saad !
Ibn Ouyaïna s’est singularisé en rapportant ce ré-
cit par cette voie alors que Shou’ba, Zaïda et
d’autres l’ont rapporté d’après Yahya ibn Saïd :
D’après Saad. Cette dernière chaîne demeure
plus authentique.

Ibn Zanjaway : Abderrazzaq nous a rapporté :


Ma’mar nous a informés : D’après Ayoub qui a
entendu Aïsha, la fille de Saad, dire : Je suis la
fille du mouhajir1 pour qui le Messager d’Allah
(‫ )ﷺ‬donna ses parents en rançon le jour d’Ou-
houd !

1
Personne qui émigre. Ici, il s’agit de l’exode accomplie
par les compagnons du Messager d’Allah (‫ )ﷺ‬de La
Mecque vers Médine.

13
Al-A’mash : D’après Ibrahim : Abd-Allah
ibn Mass’oud a dit : J’ai vu Saad, le jour de Badr,
combattant tel un cavalier faisant rage au sein
d’une troupe de fantassins !
Certains ont également rapporté ce récit d’après
Al-A’mash : D’après Ibrahim : D’après Alqama.

Younous ibn Boukayr : D’après Outhman ibn


Abderrahman Al-Waqqassi : D’après Az-Zouhri
qui relate : Le Messager d’Allah (‫ )ﷺ‬envoya une
expédition vers une contrée du Hijaz, nommée
Rabigh, à proximité d’Al-Jouhfa. Les poly-
théistes se saisirent alors de l’occasion pour atta-
quer leur convoi et Saad prit la défense des mu-
sulmans armé de ses flèches ! Cet accrochage est
considéré comme le premier combat ayant eu
lieu du temps de l’Islam. Saad dit à ce propos :
A-t-on transmis cela, au Messager d’Allah
Qu’à l’aide de mes flèches, j’ai repoussé l’of-
fense
Je demeure sans doute, après cette défense
Le premier à viser, les ennemis d’Allah

Et dans l’Authentique d’Al-Boukhari :


D’après Marwan ibn Mouawiya : Hashim ibn
Hashim m’a informé avoir entendu Saïd ibn Al-
Moussayb ; lui-même ayant entendu Saad dire :

14
Le Messager d’Allah (‫ )ﷺ‬me munit, le jour
d’Ouhoud, de tout ce que contenait son carquois
et me dit : « Tire, pour toi mon père et ma
mère ! »
Ce récit nous a été narré par Ahmad ibn Salama :
D’après Ibn Koulayb : Ibn Bayan nous a narré :
Ibn Makhlad nous a narré : Ismaïl As-Saffar
nous a informés : Al-Hassan ibn Arafa nous a
rapporté : Marwan nous a rapporté… jusqu’à la
suite du récit.

Al-Qa’nabi ainsi que Khalid ibn Makhlad re-


latent : Soulayman ibn Bilal nous a rapporté :
D’après Yahya ibn Saïd : D’après Abd-Allah ibn
‘Amir ibn Rabi’a : D’après Aïsha : Un soir, le
Messager d’Allah (‫ )ﷺ‬eut quelque peu du mal à
trouver le sommeil et s’exclama ainsi : Si seule-
ment un homme bon parmi mes compagnons
pouvait veiller sur moi cette nuit ! C’est alors que
nous entendîmes un cliquetis d’armes se rappro-
cher de nous. Le Messager d’Allah (‫ )ﷺ‬de-
manda alors :
– Qui est-ce donc ?
– C’est moi, ô Messager d’Allah, répondit Saad
ibn Abi Waqas avant de préciser : Je suis venu
pour monter la garde auprès de toi !

15
Le Messager d’Allah (‫ )ﷺ‬s’endormit alors serei-
nement au point où je pus même l’entendre ron-
fler !

Abou Bakr Al-Hanafi Abdelkabir : Boukayr


ibn Mismar nous a rapporté : D’après ‘Amir ibn
Saad qui rapporte que son père était en train de
garder son troupeau, un jour, lorsque son fils Ou-
mar vint à lui. Au moment où Saad l’aperçu, au
loin, il invoqua en ces termes : Je cherche pro-
tection auprès d’Allah contre le mal de cet hôte !
Quand Oumar arriva auprès de lui, il demanda à
Saad :
– Ô mon père, agrées-tu vraiment cette vie d’er-
mite, près de ton troupeau, alors que les gens, en
ville, sont en train de se disputer l’autorité !?
Saad lui donna alors une tape sur la poitrine et lui
dit :
– Tais-toi ! J’ai certes entendu le Messager d’Al-
lah (‫ )ﷺ‬dire : « Certes Allah le Très-Haut aime
le serviteur pieux, effacé, doté d’une âme
riche ! »

Rouh et Al-Ansari (les termes du récit sont de


ce dernier) : Ibn ‘Aoun nous a narré : D’après
Mouhammad ibn Mouhammad ibn Al-Aswad :
D’après ‘Amir ibn Saad qui rapporte que Saad

16
dit : J’ai certes vu rire le Messager d’Allah (‫)ﷺ‬
aux éclats, le jour d’Al-Khandaq1, jusqu’à en
apercevoir ses molaires !
En effet, il y avait un combattant parmi l’ennemi
qui se protégeait le visage à l’aide d’un bouclier ;
tantôt il l’abaissait et découvrait son front pour
regarder, tantôt il le remontait pour couvrir sa fi-
gure. Saad arma alors son arc et, au moment où
l’homme baissa son bouclier, il lui décocha une
flèche qui vint le frapper de plein fouet dans la
tête. L’homme tomba à la renverse, le pied en
l’air, et ceci fit rire aux éclats le Messager d’Al-
lah (‫ )ﷺ‬à tel point que l’on en vit ses molaires !

Yahya Al-Qattane ainsi qu’un groupe de sa-


vants : D’après Sadaqa ibn Al-Mouthanna : Mon
grand-père Riyah ibn Al-Harith m’a rapporté le
récit suivant : Alors qu’Al-Moughira se trouvait
dans la Grande mosquée de Koufa et qu’étaient
réunis, autour de lui, les gens de la ville, un
homme entra, se tourna vers lui et commença à
proférer des injures. Saïd ibn Zayd, alors présent,
demanda étonné :
– Ô Moughira, qui donc cet homme insulte-t-il ?

1
La bataille du Fossé

17
– Il insulte Ali ibn Abi Talib ! répondit alors Al-
Moughira.
– Ô Moughir ibn Shouayib, ô Moughir ibn
Shouayib ! s’exclama Saïd avant de continuer :
Les compagnons du Messager d’Allah (‫ )ﷺ‬se
font insulter en ta présence et tu ne blâmes pas
cela ni ne corriges ?! Quant à moi, je témoigne
de ce que mes oreilles ont entendu et de ce que
mon cœur a pu imprégner du Messager d’Allah
(‫ ; )ﷺ‬et jamais je ne proférerai un seul mensonge
à son encontre ! Certes, celui-ci déclara :
« Abou Bakr est au Paradis, Oumar est au Para-
dis, Ali est au Paradis, Outhman est au Paradis,
Talha est au Paradis, Zoubayr est au Paradis,
Abderrahman est au paradis et Saad ibn Malik
est au paradis ! »
Quant au neuvième croyant venant après ces
huit, le Paradis lui est lui aussi promis et, si je
l’avais voulu, je l’aurais cité ! ajouta Saïd. Un
brouhaha se fit alors entendre dans la mosquée et
les gens implorèrent Saïd qu’il leur cite le nom
de ce neuvième. Il répondit alors :
Vous m’avez imploré, il y a peu, par Allah et
certes Allah est immense : C’est moi qui suis ce
neuvième ! Puis Saïd de dire : Et le Messager
d’Allah (‫ )ﷺ‬demeure, quant à lui, le dixième !

18
Puis Saïd de conclure : Par Allah, une seule ba-
taille menée avec le Messager d’Allah (‫ )ﷺ‬a
plus de poids que toutes vos œuvres réunies et ce
même s’il vous était accordé de vivre la vie que
Nouh a vécue !
Rapporté par Abou Dawoud, An-Nassaï et Ibn
Maja par la voie de Sadaqa.

Shou’ba : D’après Al-Hourr : J’ai entendu un


homme répondant au nom d’Abderrahman ibn
Al-Akhnas rapporter le récit suivant : Al-Moug-
hira ibn Shou’ba prononça un discours, un jour,
dans le lequel il injuria Ali. Saïd ibn Zayd se leva
alors et dit :
Que cherches-tu exactement en faisant cela ?!
Quant à moi, j’atteste certes avoir entendu le
Messager d’Allah (‫ )ﷺ‬dire : « Dix sont au Para-
dis : Le Messager d’Allah est au Paradis, Abou
Bakr est au Paradis… » jusqu’à la suite du récit.
Le nom d’Al-Hourr est : Ibn As-Sayyah.
Cette narration a également été rapportée par
cette voie : Abdelwahid ibn Ziyad : D’après Al-
Hassan ibn Oubayd-Allah : Al-Hourr nous a rap-
porté…

19
Ibn Abou Foudayk : Moussa ibn Yaqoub nous a
rapporté : D’après Oumar ibn Saïd ibn Sourayj à
qui Abderrahman ibn Houmayd a rapporté :
D’après son père Houmayd ibn Abderrahman :
Saïd ibn Zayd m’a rapporté alors que nous étions
avec lui en petit groupe : Certes, le Messager
d’Allah (‫ )ﷺ‬a dit : « Dix sont au Paradis : Abou
Bakr est au Paradis, etc. » et il cita parmi eux
Abou Oubayda.
Ibn Ouyaïna : D’après Souayr ibn Al-Khims :
D’après Habib ibn Abou Thabit : D’après Ibn
Oumar : Le Messager d’Allah (‫ )ﷺ‬a dit : « Dix
d’entre les Qourashites sont au Paradis… » puis
il les cita un à un.

Ibn Abou Oumar et un groupe de savants nous


ont informés – par autorisation de transmettre :
Hanbal nous a narré : Hibat-Allah nous a narré :
Ibn Al-Moudhib nous a narré : Ahmad ibn Jafar
nous a rapporté : Abd-Allah ibn Ahmad nous a
rapporté : Mon père m’a rapporté : Mouhammad
ibn Jafar nous a rapporté : Shou’ba nous a rap-
porté : D’après Houssayn : D’après Hilal ibn
Yassaf : D’après Abd-Allah ibn Zhalim qui re-
late : Al-Moughira prononça, un jour, un dis-
cours dans lequel il injuria Ali. Saïd ibn Zayd,
alors présent, quitta les lieux et dit : N’es-tu pas

20
étonné que celui-ci insulte Ali de la sorte !?
Certes, je témoigne des dires du Messager d’Al-
lah (‫)ﷺ‬, alors que nous nous trouvions sur le
mont Hira (ou bien le mont Ouhoud) : « Du
calme ô Hira (ou Ouhoud), ne parcourent ton
écorce qu’un prophète, un véridique et un mar-
tyr ! » Puis Saïd cita le Prophète (‫)ﷺ‬, Abou
Bakr, Oumar, Outhman, Ali, Talha, Zoubayr,
Saad, Abderrahman et sa propre personne.
Qu’Allah soit satisfait d’eux tous !
Ce récit jouit de plusieurs voies ; parmi celles-
ci : ‘Assim ibn Ali : Mouhammad ibn Talha nous
a rapporté : D’après son père : D’après Hilal ibn
Yassaf : D’après Saïd directement avec les
termes : « Calme-toi ô Hira ».

Ibn Abou Al-Khayr nous a informés : Ab-


delghani le hafizh nous a narré – via le livre qu’il
nous a légué : Al-Moubarak ibn Al-Moubarak le
Courtier (simsar) nous a narré : An-Ni’ala nous
a narré : Abou Al-Qassim ibn Al-Moundhir nous
a narré : Ismaïl As-Saffar nous a narré : Ad-
Daquiqui nous a rapporté : Younous ibn Mou-
hammad nous a rapporté : Layth nous a rap-
porté : D’après Yazid ibn Al-Had : D’après
Abou Bakr ibn Hazm qui relate : Arwa bint

21
Ouways se rendit, un jour, auprès de Mouham-
mad ibn ‘Amr ibn Hazm et déclara :
– Saïd ibn Zayd ibn ‘Amr ibn Noufayl a érigé
une digue sur mon terrain ! Va le voir et parle-
lui. Par Allah, s’il ne me restitue pas mon bien,
je crie au scandale dans la mosquée du Prophète
(‫! )ﷺ‬
– Ne fais pas cela ; il est un compagnon du Mes-
sager d’Allah ! Je suis certain qu’il ne te causera
aucun tort et ne prendra pas ce qui ne lui appar-
tient pas ! lui répondit Ibn ‘Amr.
Arwa se retira alors et se rendit, après cela, au-
près d’Oumara ibn ‘Amr et d’Abd-Allah ibn Sa-
lama. Elle leur affirma la même chose :
– Allez voir Saïd ibn Zayd car il m’a porté pré-
judice ! Celui-ci a construit une digue sur mon
terrain ! Par Allah, s’il ne rectifie pas cela, je vais
crier au scandale dans la mosquée du Messager
d’Allah (‫! )ﷺ‬
Oumara et Abd-Allah s’en allèrent alors voir
Saïd, dans sa demeure, près d’Al-Aqiq1. En arri-
vant près de lui, ce dernier leur demanda :
– Qu’est-ce qui vous amène ici ?

1
Fleuve notoire de Médine et de ses alentours

22
– Arwa est venue nous voir ; elle prétend que tu
as construit une digue sur son terrain. Elle a juré
par Allah que si tu ne lui restituais pas son bien,
elle crierait au scandale en plein cœur de la mos-
quée du Prophète (‫ ! )ﷺ‬Nous tenions à t’en in-
former directement, répondirent les deux com-
pères à Saïd qui, à son tour, leur répliqua :
– Quant à moi, j’ai certes entendu le Messager
d’Allah (‫ )ﷺ‬dire : « On accrochera autour du
coup de tout individu, le jour de la Résurrection,
l’empan de terre qu’il aura pris sans droit et on
le fera venir avec depuis les Sept Terres ! »
Qu’elle vienne donc et prenne ce qui, soi-disant,
lui appartient ! Puis Saïd invoqua : Ô Allah, si
celle-ci a menti sur moi, ne lui prend pas la vie
avant de lui avoir pris la vue et fais que sa terre
devienne son tombeau ! Retournez auprès d’elle
et informez-la de ce que vous venez d’entendre.
Arwa fit alors le choix de détruire la digue en
question et de se faire construire, à la place, une
maison. Peu de temps après cet évènement, elle
perdit la vue. Il était aussi, dans ses habitudes, de
se lever la nuit et c’est sa servante qui l’aidait à
se diriger. Une nuit, elle se leva mais ne réveilla
pas la domestique. Elle trébucha alors dans le
puits de sa demeure et mourut.

23
(Dhahabi : Ce récit est à agencer dans la biogra-
phie de Saïd ibn Zayd)

Ahmad dans son Mousnad : Soulayman ibn


Dawoud Al-Hashimi nous a rapporté : Ibrahim
ibn Saad nous a rapporté : D’après son père :
D’après son grand-père : D’après Saad qui a dit :
J’ai vu deux hommes, le jour d’Ouhoud, habillés
de blanc, l’un était à la droite du Messager d’Al-
lah (‫ )ﷺ‬et l’autre se trouvait à sa gauche ; ils
combattaient avec ardeur à ses côtés. Je ne les
avais jamais vus auparavant et ne les revis plus
par la suite !

At-Thawri : D’après Abou Ishaq : D’après


Abou Oubayda : D’après Ibn Mass’oud qui ra-
conte : Nous nous associâmes, Saad, Ammar et
moi, le jour de Badr, dans ce que nous eûmes ré-
cupéré des prises de guerre. C’est alors que Saad
rapporta deux captifs alors qu’Ammar et moi ne
revînmes avec rien !

Sharik : D’après Abou Ishaq qui a dit : Les


compagnons faisant le plus preuve de hardiesse
sont au nombre de quatre : Oumar, Ali, Zoubayr
et Saad !

Abou Ya’la dans son Mousnad : Mouhammad


ibn Al-Mouthanna nous a rapporté : Abd-Allah

24
ibn Qays Ar-Raqashi : Ayoub nous a rapporté :
D’après Nafi’ : D’après Ibn Oumar qui relate :
Alors que nous étions assis en compagnie du
Messager d’Allah (‫)ﷺ‬, celui-ci nous dit : « Un
homme parmi les habitants du Paradis va nous
rejoindre, par cette porte, d’ici peu ! » C’est
alors que nous vîmes apparaitre Saad ibn Abi
Waqas.

Rishdine ibn Saad : D’après Al-Hajjaj ibn


Shaddad : D’après Abou Salih Al-Ghifari :
D’après Abd-Allah ibn ‘Amr : Le Prophète (‫)ﷺ‬
dit un jour : « L’homme que vous verrez entrer,
en premier, par cette porte demeure parmi les
habitants du Paradis ! » C’est alors que pénétra
par la porte en question Saad ibn Abi Waqas.

Ibn Wahb : Haywa m’a informé : ‘Aqil nous


a informés : D’après Ibn Shihab : Quelqu’un
dont je ne doute pas de la probité m’a rapporté :
D’après Anas qui a dit : Alors que nous étions
assis en compagnie du Messager d’Allah (‫)ﷺ‬, ce
dernier nous dit : « Un homme parmi les habi-
tants du Paradis va nous rejoindre d’ici peu ! »
C’est alors que Saad apparut.

At-Thawri : D’après Al-Miqdam ibn Shou-


rayh : D’après son père : D’après Saad qui a

25
dit au sujet du verset ﴾ Et ne repousse pas ceux
qui invoquent leur Seigneur…1 ﴿ : Ce dernier a
été révélé à propos d’un groupe de six individus
dont Ibn Mass’oud et moi faisions partie.

Maslama ibn ‘Alqama : Dawoud ibn Abou


Hind nous a rapporté : D’après Outhman : Saad
dit au sujet de la parole d’Allah ﴾ Et si tous deux
te forcent à m’associer ce dont tu n’as aucune
connaissance, ne leur obéis point2 ﴿ : Ce verset
a été descendu sur ma personne. En effet, alors
que je faisais preuve de bienveillance envers ma
mère, cette dernière, lorsque je me convertis à
l’Islam, me dit :
– Quelle est donc cette religion que tu as inventée
Saad ? Si tu n’y renonces pas, je cesserai de boire
et de manger jusqu’à ce que mort s’en suive ! Tu
te retrouveras ainsi couvert de honte car les gens
diront que c’est toi qui m’as tuée !
– Ne fais pas cela mère ! Certes, je ne délaisserai
ma religion pour rien au monde ! répondit Saad.
Elle resta alors une journée et une nuit, tout en-
tières, sans manger ni boire. Le lendemain matin,

1
Sourate Les Bestiaux ; verset 52
2
Sourate Louqman ; verset 15

26
elle se réveilla recrue de fatigue. En la voyant
ainsi, je lui dis :
– Ô mère, par Allah, sache que si tu avais cent
vies et que tu les perdais une à une, cela ne me
ferait pas pour autant changer de religion ! Que
tu manges ou ne manges pas, cela ne changera
strictement rien !
Face à ma détermination, elle ne put que recom-
mencer à s’alimenter normalement.
Rapporté par Abou Ya’la dans son Mousnad.

Moujalid : D’après Sha’bi : D’après Jabir qui


relate : Alors que nous étions en compagnie du
Messager d’Allah (‫)ﷺ‬, Saad ibn Malik nous re-
joint. Le Messager (‫ )ﷺ‬dit alors : « Voici mon
oncle (maternel) ; faites-moi donc voir un pareil
oncle ! »
Je dis (Dhahabi) : Il qualifia Saad comme étant
son oncle car la mère du Prophète (‫ )ﷺ‬est issue
des Banou Zouhra. Elle est Amina bint Wahb
bint Abd-Manaf, la cousine de Abi Waqas (fille
de son oncle paternel).

Yahya Al-Qattane : D’après Al-Ja’d ibn


Aous : Aïsha, la fille de Saad, m’a rapporté :
D’après Saad qui a dit : Un jour où j’étais

27
souffrant – alors que nous nous trouvions à La
Mecque – le Messager d’Allah (‫ )ﷺ‬me rendit vi-
site. Il passa sa main sur mon visage ainsi que ma
poitrine et mon ventre puis invoqua : « Ô Allah,
guéris Saad ! » Mes entrailles ne cessent, depuis
ce jour, de ressentir la fraîcheur de sa main (‫! )ﷺ‬
Rapporté par Al-Boukhari et An-Nassaï.

Ahmad dans son Mousnad : Abou Al-Moug-


hira nous a rapporté : Mou’ane ibn Rifa’a nous a
rapporté : Ali ibn Yazid m’a rapporté : D’après
Al-Qassim : D’après Abou Oumama qui relate :
Nous prîmes place, un jour, aux côtés du Messa-
ger d’Allah (‫ )ﷺ‬et celui-ci nous exhorta au point
de faire vibrer nos cœurs. En entendant son dis-
cours, Saad se mit à pleurer chaudement et ne
cessa de verser des larmes jusqu’à s’écrier : Si
seulement j’avais pu mourir !
Le Prophète (‫ )ﷺ‬le réprimanda alors par trois
fois en lui disant : « Ô Saad, tu souhaites la mort
en ma présence !? » Puis il lui dit : « Saad, si tu
as été créé pour le Paradis, sache que tant que
ta vie se prolonge et tes actions se bonifient, cela
est un bien pour toi ! »

Mouhammad ibn Al-Walid Al-Bousri : Ya-


hya ibn Saïd nous a rapporté : D’après Ismaïl :

28
D’après Qays : Saad m’a informé que le Messa-
ger d’Allah (‫ )ﷺ‬prononça cette invocation : « Ô
Allah, exauce Saad lorsqu’il t’invoque ! »
Le même récit a été rapporté par Jafar ibn
‘Aoun : D’après Ismaïl : D’après Qays.

Abderrahman ibn Maghra : D’après Saïd ibn


Al-Marzoubane : D’après Ikrima : D’après Ibn
Abbas qui rapporte que le Messager d’Allah (‫)ﷺ‬
invoqua, le jour d’Ouhoud, par trois fois : « Ô
Allah, exauce Saad ! »

Ibn Wahb : Abou Sakhr m’a rapporté :


D’après Yazid ibn Qoussayt : D’après Ishaq ibn
Saad ibn Abi Waqas : Mon père m’a rapporté
que, le jour d’Ouhoud, Abd-Allah ibn Jahche lui
dit :
– Viens, nous allons invoquer Allah le Très-
Haut !
Ils se retirèrent alors, tous les deux, et Saad com-
mença à invoquer :
– Ô Seigneur, si demain nous rencontrons l’en-
nemi, destine-moi un adversaire intrépide et hai-
neux contre lequel je me battrai, puis accorde-
moi la victoire sur celui-ci afin que je le tue et
prenne ses effets en butin !

29
Abd-Allah dit alors « amine » et invoqua à son
tour :
– Ô Allah, accorde-moi demain un adversaire in-
trépide et haineux que je combattrai puis qui aura
le dessus sur moi, découpera mon nez et mes
oreilles ! Je te rencontrerai ainsi et tu me deman-
deras : Ô Abd-Allah, pour quelle raison ton nez
et tes oreilles ont-ils été mutilés de la sorte ? Je
te répondrai alors : Pour ta cause et celle de ton
envoyé ! Et tu me diras : Ceci est la vérité !
Saad dit : Son invocation fut certes meilleure que
la mienne. Je le vis en fin de journée ; le nez et
les oreilles découpés et suspendus à un fil !

Abou ‘Awana et un groupe de savants : Ab-


delmalik ibn Oumayr nous a rapporté : D’après
Jabir ibn Samoura qui relate : Les gens de Koufa
vinrent se plaindre de Saad à Oumar prétendant
que celui-ci ne priait pas correctement ! Saad
s’expliqua alors en ces termes :
– Au sujet ce qu’ils racontent, je me contentais
de les diriger dans la prière – lors des deux of-
fices du soir – comme le faisait le Messager
d’Allah (‫ )ﷺ‬et ce sans m’écarter de sa voie : En
prenant mon temps dans les deux premières (ra-
kas) et en écourtant les deux suivantes !

30
– C’est bien l’opinion que nous nous faisions de
toi Abou Ishaq ! lui répondit le Calife.
Oumar délégua, par la suite, un groupe
d’hommes pour aller s’enquérir des agissements
de Saad à Koufa. Chaque mosquée dans laquelle
ils entraient, les fidèles de celle-ci ne pronon-
çaient à l’encontre de Saad que du bien. Jusqu’au
jour où ils se rendirent dans une mosquée des Ba-
nou ‘Abs. Là-bas, un homme répondant au sur-
nom d’Abou Sa’da leur dit :
– Puisque vous nous adjurez par Allah de témoi-
gner, et bien sachez qu’il ne tranche pas les dif-
férends avec justice, ne partage pas équitable-
ment les biens et ne se joint jamais aux cam-
pagnes militaires !
Lorsque Saad entendit cela, il invoqua de la
sorte : Ô Allah, si celui-ci ment, ôte-lui la vue,
allonge sa vie et expose-le aux troubles (fitna) !
Abdelmalik ajouta : Je le vis plus tard racoler les
jeunes esclaves au coin des rues ! Lorsqu’on lui
demandait « Que deviens-tu ? », il répon-
dait : « Un vieux barbon éprouvé ; l’invocation
de Saad m’a touché ! »
(Récit unanimement reconnu authentique)

31
Mouhammad ibn Jouhada : Zoubayr ibn ‘Adi
nous a rapporté : D’après Mouss’ab le fils de
Saad : Saad prononça un sermon à Koufa lors du-
quel il demanda :
– Ô habitants de Koufa, quel émir ai-je été pour
vous ?
Un homme se leva alors et dit :
– Par Allah, je ne t’ai connu que pour ton manque
de justice envers tes sujets, ta répartition inéqui-
table des biens et ton absence aux campagnes mi-
litaires !
Saad invoqua alors par l’invocation suivante :
– Ô Allah, si celui-ci ment, ôte-lui la vue, hâte
son indigence, allonge sa vie et expose-le aux
troubles (fitna) !
L’homme ne décéda pas avant d’avoir perdu la
vue ; devant, à cause de cela, palper les murs
pour se diriger. La pauvreté le toucha également
au point où il fut contraint de mendier. Il vécut
finalement jusqu’à la fitna d’Al-Moukhtar1 dans
laquelle il fut tué.

‘Amr ibn Marzouq : Shou’ba nous a rap-


porté : D’après Saad ibn Ibrahim : D’après Saïd

1
Al-Moukhtar At-Thaqafi

32
ibn Al-Moussayb qui raconte : Une esclave ap-
partenant à Saad sortit, un jour, vêtue d’un vête-
ment neuf. Mais alors que celle-ci marchait dans
la ville, le vent se mit malencontreusement à dé-
couvrir son habit et à laisser entrevoir des parties
de son corps. Oumar, pour ce fait, décida d’infli-
ger à la captive une correction. Lorsque Saad vit
cela, il voulut s’interposer mais fut lui aussi
frappé par le fouet. Furieux, ce dernier com-
mença alors à invoquer contre Oumar. Le Calife,
voyant cela, le munit sur le champ du fouet et lui
dit : « Rends-moi ce qui t’est dû ! ». Saad finit,
en définitive, par lui pardonner et par le gracier.

Assad ibn Moussa : Yahya ibn Zakariya nous


a rapporté : Ismaïl nous a rapporté : D’après
Qays qui relate : Alors qu’Ibn Mass’oud avait
prêté une somme d’argent à Saad, il demanda par
la suite à ce dernier qu’il s’en acquitte :
– Rembourse l’argent ! lui dit-il.
– De quoi parles-tu ? De ce qui nous revient de
droit, à toi autant qu’à moi ?! lui répondit Saad.
– Rembourse l’argent que tu dois ! insista alors
Ibn Mass’oud.
– Par Allah, je crois que tu cherches les ennuis !
Qui es-tu pour m’ordonner cela si ce n’est Ibn

33
Massoud et un serviteur parmi les Banou Houd-
hayl ?! répliqua Saad.
– Oui, je suis bien Ibn Mass’oud, effectivement,
et toi tu es Ibn Hamna !
Hashim ibn Outba, alors présent, intervint entre
les deux compères et leur dit :
– Vous êtes tous deux des compagnons du Mes-
sager d’Allah (‫ )ﷺ‬et les gens vous observent !
À ce moment, Saad jeta le bâton qu’il tenait puis
il leva ses mains :
– Ô Allah, Seigneur des cieux… commença-t-il
à invoquer avant qu’Ibn Mass’oud ne l’inter-
rompe :
– Prononce une bonne parole mais ne maudis
pas !
Saad s’arrêta alors et dit :
– Par Allah je le jure, si ce n’était la crainte d’Al-
lah, j’aurais invoqué contre toi d’une invocation
qui ne t’aurait pas loupé !

Rapporté par Ibn Al-Madini d’après Soufiane :


D’après Ismaïl. Ibn Mass’oud avait, à ce mo-
ment-là, prêté de l’argent à Saad du Bayt Al-
Mal1.
1
Trésor public

34
Et parmi les mérites étant attribués à Saad fi-
gure la conquête de l’Irak. C’est lui qui fut le
commandant des armées, lorsqu’Allah fit triom-
pher sa religion, le jour de la bataille d’Al-Qa-
disiyya.
Saad pénétra ensuite dans Ctésiphon1 et s’y
s’établit un temps. Puis il fut à nouveau émir, à
la tête des gens, et remporta la victoire lors de la
bataille de Jalula2. Allah mit ainsi fin, de manière
définitive, au règne des Chosroès3.

Ziyad Al-Bakkaï a rapporté : D’après Abdel-


malik ibn Oumayr : D’après Qabissa ibn Jabir
qui relate : Un cousin à nous rima, le jour d’Al-
Qadisiyya, les vers suivants :
Allah fit triompher, le jour de Cadésie4
Pendant que Saad était, atteint de parésie

1
Appelée Al-Madaïne en arabe (‫)المدائن‬. Située à quelques
kilomètres au sud-est de Bagdad (qui n’existait pas en-
core à l’époque), Ctésiphon était la capitale de l’Empire
perse.
2
Forteresse située à environ 150 kms au nord-est de Bag-
dad dans laquelle une partie des troupes perses avait pris
place après leur mise en déroute.
3
Kisra en arabe. Du nom de plusieurs empereurs sassa-
nides, c’est de cette manière que les arabes nommèrent
par la suite les souverains perses.
4
Nom francophone donné à Al-Qadisiyya

35
Combien devinrent veuves, lors de notre retour
Quant aux femmes de Saad, elles comptaient
leurs atours
Lorsque Saad en eut vent, il invoqua contre cet
homme de la sorte : « Ô Allah, coupe-lui pour
cela la langue et les mains ! ». L’auteur des vers
reçut, par la suite, une flèche en pleine bouche et
perdit ainsi l’usage de la parole. Sa main fut éga-
lement tranchée lors des combats.
Saad souffrait, à ce moment-là, de plaies mul-
tiples sur le corps. Il informa alors les gens qu’il
ne pourrait se joindre à eux sur le champ de ba-
taille.
Ce récit a également été rapporté par Sayf ibn
Oumar, d’après Abdelmalik.

Houshaym : D’après Abou Mouslim :


D’après Mouss’ab ibn Saad : Un homme proféra
des insultes à l’encontre d’Ali. Lorsque Saad
l’entendit, il l’en interdit mais l’homme ne cessa
malgré tout de l’injurier. Saad se mit alors à in-
voquer contre lui. Soudain, avant même que l’in-
dividu en question n’eut le temps de quitter les
lieux, un chameau errant surgit et le percuta vio-
lemment. Il mourut, quelques instants plus tard,
piétiné sous les pattes de l’animal.

36
Cet évènement a été rapporté via de nombreuses
voies. Ibn Abi Dounia en a fait mention dans son
livre « Les Invocations exaucées1 ». De même
Zoubayr ibn Bakkar : D’après Ibrahim ibn
Hamza : D’après Abou Oussama : D’après Ibn
‘Aoun : D’après Mouhammad ibn Mouhammad
Az-Zouhri : D’après ‘Amir ibn Saad. Ibn Kou-
rayb l’a également rapporté d’après Abou Ous-
sama. Quant à Ibn Houmayd, il l’a rapporté
d’après Ibn Al-Moubarak : D’après Ibn ‘Aoun :
D’après Mouhammad ibn Mouhammad ibn Al-
Aswad.
Pour ma part (Dhahabi), j’en ai fait lecture sur
Oumar ibn Al-Qawwas : D’après Al-Kindi :
Abou Bakr le Juge nous a narré : Abou Ishaq Al-
Barmaki nous a narré de vive voix : Ibn Massi
nous a narré : Abou Mouslim nous a narré : Al-
Ansari nous a rapporté : Ibn ‘Aoun nous a rap-
porté.
Ibn ‘Oulaya l’a lui aussi rapporté d’après Mou-
hammad ibn Mouhammad.

Et Ibn Joud’ane rapporta de manière sem-


blable : D’après Ibn Al-Moussayb : Un homme
insulta Ali, Talha et Zoubayr en présence de

1
‫مجابو الدعوة‬

37
Saad. Ce dernier lui demanda de cesser immédia-
tement lui disant : « N’insulte pas mes frères ! ».
L’homme continua malgré tout à proférer ses in-
jures. Saad se leva alors et alla prier deux unités
de prière puis il se mit à invoquer. Soudain, un
chameau de Bactriane1 surgit et traversa les gens
pour venir percuter l’individu et le projeter sur le
pavé. L’animal baraqua ensuite et l’écrasa avec
son poitrail sur le sol.
Je vis les gens suivre Saad pour le féliciter et lui
dire : « Tes invocations ont été exaucées ô Abou
Ishaq ! »
Je dis (Dhahabi) : Ce récit constitue un prodige,
à la fois pour l’auteur de l’invocation et à la fois
pour les trois ayant été insultés.
Jarir Ad-Dabbi : D’après Moughira : D’après
sa mère qui relate : Alors que nous rendîmes vi-
site à la famille de Saad, nous aperçûmes chez
eux une jeune fille naine. Je demandai alors à son
sujet :
– De qui s’agit-il ?

1
Région qui englobe les États actuels d'Afghanistan, du
Tadjikistan et de l'Ouzbékistan. Les chameaux ont la par-
ticularité d’y avoir deux bosses à l’inverse des chameaux
d’Arabie (ou dromadaires) qui n’en ont qu’une. Ils sont
par ailleurs plus imposants et plus velus que ces derniers.

38
– Tu ne la connais pas ? me répondirent-ils ; il
s’agit de la fille de Saad ! Elle eut le malheur de
tremper sa main dans le récipient des ablutions
de Saad et ce dernier invoqua spontanément :
« Que Dieu brise ton élan ! ». Elle cessa, depuis
ce jour, de grandir.

Et Abderrazzaq a rapporté : D’après son


père : D’après Mina l’esclave d’Abderrahman
ibn ‘Aouf : Une femme avait l’habitude d’épier
Saad constamment. Bien que ce dernier l’en in-
terdit, la voyeuse continuait malgré tout à agir
ainsi. Un jour, alors qu’il accomplissait ses ablu-
tions, elle se mit à le guetter de nouveau. Lorsque
Saad la vit, il lui lança : « Puisse ton visage s’en-
laidir ! ». Peu de temps après, sa face se déforma
et finit par se retrouver de l’autre côté de sa tête.
Mina est toutefois un rapporteur dont les narra-
tions ne sont pas acceptées.

Hatim ibn Ismaïl : Yahya ibn Abderrahman


ibn Abou Labiba nous a rapporté : D’après son
grand-père qui relate : Saad invoqua, un jour, par
cette invocation : « Ô Seigneur, mes enfants sont
encore petits, retarde donc ma mort jusqu’à ce
qu’ils grandissent ! ». Il mourut ainsi vingt ans
plus tard.

39
Khalifa ibn Khayat a dit : En l’an 15 eut lieu
la bataille d’Al-Qadisiyya à l’occasion de la-
quelle le commandant des musulmans était Saad.
Puis, en l’an 21, certains habitants de Koufa vin-
rent se plaindre à Oumar de leur émir à savoir
Saad. Oumar le destitua alors de ses fonctions.
Et Layth ibn Saad a dit : La conquête de Jalula
eut lieu en l’an 19 sous le commandement de
Saad.
Je dis (Dhahabi) : Les mazdéens furent, ce jour-
là, tués en masse. Il est rapporté que le butin de
guerre atteignit les trente millions de dirhams1 !
Abou Waïl précisa à ce sujet : Jalula fut appelée
la Victoire des victoires !
Az-Zouhri déclara : Lorsqu’Outhman devint Ca-
life, il destitua Al-Moughira de sa fonction de
gouverneur de Koufa pour nommer, de nouveau,
Saad à sa place.

Et Houssayn a rapporté : D’après ‘Amr ibn


Maymoune : Lorsqu’Oumar fut poignardé, il dé-
signa une commission de six compagnons char-
gés de préparer sa succession et déclara : « Celui
qu’ils nommeront deviendra Calife après

1
Pièces d’argent de l’époque

40
moi ! ». Puis il dit : « Dans le cas où Saad ne se-
rait pas désigné, que mon successeur s’aide de
lui dans sa tâche. Certes, je ne l’ai nullement dé-
mis de ses fonctions de gouverneur de Koufa
pour incompétence ou trahison ! »

Ibn Oulaya : Ayoub nous a rapporté : D’après


Mouhammad qui dit : Il m’a été rapporté que
Saad dit : Je ne prétends pas être plus à même de
porter le vêtement de Calife qu’un autre. J’ai
certes combattu dans le sentier d’Allah et je
jouis, par conséquent, d’une grande expérience
des combats. Le fait qu’un autre soit meilleur que
moi ne m’afflige sûrement pas. Je ne me joindrai
pas à leur conflit tant qu’ils ne m’auront pas re-
mis une épée pourvue de deux yeux et d’une
bouche et qui soit capable de me dire : « Untel
est musulman… Untel est mécréant… » !
Maamar vient appuyer ce récit (moutaba’a) ; le
rapportant lui aussi de Ayoub.

Abou Al-Ghanaïm Al-Qayssi et un groupe de


savants nous ont informés, par voie manuscrite :
Hanbal nous a narré : Hibat-Allah nous a narré :
Ibn Al-Moudhib nous a narré : Al-Qati’i nous a
narré : Abd-Allah nous a rapporté : Mon père
m’a rapporté : Abdelmalik ibn ‘Amr nous a rap-
porté : Kathir ibn Zayd nous a rapporté : D’après

41
Al-Mouttalib : D’après Oumar ibn Saad qui re-
late : Lorsque ‘Amir le fils de Saad vint trouver
son père, ce dernier lui dit :
Ô mon fils, veux-tu que je sois une tête dans la
fitna ?! Par Allah, je m’en tiendrai aussi éloigné
que possible tant que je n’aurai pas entre les
mains une épée en mesure de ricocher lorsqu’elle
est dirigée vers un musulman et de tuer lorsque
c’est un mécréant qu’elle vise ! J’ai certes en-
tendu le Messager d’Allah (‫ )ﷺ‬dire : « Allah le
Très-Haut aime le serviteur pieux, effacé, doté
d’une âme riche ! »

Zoubayr : Mouhammad ibn Dahhak Al-


Hizami nous a rapporté : D’après son père :
Lorsque les deux arbitres se retrouvèrent en dé-
saccord, Ali prononça un discours, sur l’estrade
de Koufa, et dit :
– Je vous avais avertis au sujet de cet arbitrage
mais vous ne m’avez pas écouté !
À cet instant, un jeune homme au teint basané se
leva et dit :
– En aucun cas tu ne nous avais avertis ; au con-
traire, c’est toi qui nous y as incité et qui nous l’a
enjoint ! Et maintenant que tu réprouves

42
certaines choses, tu t’en désavoues et rejettes la
faute sur nous !
– Qu’Allah t’enlaidisse, d’où tiens-tu cela ?! lui
répliqua Ali – qu’Allah l’agrée – en le répriman-
dant, avant de poursuivre : Par Allah, nous
étions, à une époque, soudés ; tu étais alors
comme inexistant. Puis, lorsque les querelles
commencèrent, tu es apparu soudainement
comme les cornes du bouc apparaissent !
Ali se tourna ensuite vers la foule et dit : « Saad
ibn Malik et Abd-Allah ibn Oumar ont certaine-
ment un rang à part auprès d’Allah. Je jure que si
leur retraite est un péché, il n’est alors que mi-
nime et pardonné. Si à l’inverse c’est une œuvre
de bien, elle est dans ce cas immense et grati-
fiée ! »

Abou Nou’aym : Abou Ahmad Al-Hakim


nous a rapporté : Ibn Khouzayma nous a rap-
porté : Imrane ibn Moussa nous a rapporté : Abd
Al-Warith nous a rapporté : Mouhammad ibn
Jouhada nous a rapporté : D’après Nou’aym ibn
Abou Hind : D’après Abou Hazim : D’après
Houssayn ibn Kharija Al-Ashja’i qui relate :
Lorsqu’Outhman fut tué, je ne sus quelle posi-
tion adopter face aux querelles qui découlèrent
de cet évènement. Je demandai alors à Allah

43
qu’il me fasse voir de la vérité une chose à la-
quelle je pourrai m’accrocher. C’est alors que je
vis en rêve l’au-delà et la vie présente. Au milieu
des deux, se trouvait un mur vers lequel je me
dirigeai. Soudain, un groupe de personnes m’ap-
parut et ses membres me dirent :
– Nous sommes des anges !
– Où sont les martyrs ? leur demandai-je.
– Monte les marches ! me dirent-ils.
Je me mis alors à les gravir, une à une, lorsque
soudain j’aperçu Mouhammad et Ibrahim –
qu’Allah prie sur eux –, le premier s’adressant au
second :
– Implore le pardon pour ma communauté !
– Tu ignores quels crimes ils ont perpétrés après
toi, lui répondit Ibrahim avant de poursuivre : Ils
ont versé mutuellement leur sang et assassiné
leur imam ! Ne pouvaient-ils pas agir comme
agit Saad mon ami intime !?
Après cette vision, j’entrepris de me rendre au-
près de ce dernier pour lui faire part de ce songe.
Il en fut extrêmement réjoui et s’exclama ainsi :
– A certes échoué celui qu’Ibrahim – sur lui la
paix – n’a pas pris pour ami intime !

44
– Avec quel parti es-tu ? lui demandai-je alors.
– Ni avec l’un, ni avec l’autre ! me répondit-il.
– Que me recommandes-tu dans ce cas ?
– As-tu des bêtes ? demanda-t-il.
– Non, répondis-je.
– Dans ce cas, achètes-en et reste avec elles
jusqu’à ce que les choses s’éclaircissent ! con-
clut-il.

Ismaïl ibn Abderrahman nous a informés :


Abou Mouhammad ibn Qoudama nous a narré :
Hibat-Allah ibn Al-Hassan nous a narré : Abd-
Allah ibn Ali Ad-Daqqaq nous a narré : Ali ibn
Mouhammad nous a informés : Mouhammad ibn
‘Amr nous a narré : Saadane ibn Nasr nous a rap-
porté : Soufiane nous a rapporté : D’après Az-
Zouhri : D’après ‘Amir ibn Saad : D’après son
père qui dit : Je tombai gravement malade lors-
que nous étions à La Mecque, lors de la Con-
quête, à tel point que je crus que j’allai rendre
l’âme. Je reçus alors la visite du Messager d’Al-
lah (‫ )ﷺ‬et en profitai pour lui demander :
– Ô Messager d’Allah, je possède beaucoup d’ar-
gent et je n’ai, pour seule héritière, qu’une fille ;
puis-je faire don de toute ma fortune ?

45
– Non ! me répondit-il.
– La moitié alors ? demandai-je.
– Non ! répondit-il de nouveau.
– Dans ce cas, le tiers ? lui dis-je.
– Oui, le tiers et c’est déjà beaucoup ! dit-il avant
d’ajouter : « Que tu laisses tes héritiers riches
après toi est préférable au fait que tu les laisses
pauvres, indigents, devant tendre la main aux
gens ! »
Puis il dit : « Il n’est pas impossible que, de tous
tes compagnons, c’est toi qui meurs le dernier !
Et sache qu’il n’est pas une dépense dont tu te
charges, en recherchant l’agrément d’Allah,
sans que tu ne sois récompensé pour celle-ci ;
même la bouchée que tu portes au palais de ta
femme ! »
Je lui dis ensuite :
– Ô Messager d’Allah, mourir sur une terre dont
j’ai émigré est pour moi redoutable !
– Tu pourrais bien rester en vie et profiter à une
foule de gens et, inversement, nuire à d’autres !
me répondit-il avant d’invoquer : « Ô Allah, raf-
fermis mes compagnons sur leur exode (hijra) et
préserve-les de retourner sur leurs pas ! Le mal-
chanceux est cependant Saad ibn Khawla ! »

46
Ce dernier ayant trouvé la mort à La Mecque, le
Prophète (‫ )ﷺ‬eut pour lui cette parole de com-
passion.
Récit unanimement reconnu authentique, selon
des voies multiples, d’après Az-Zouhri.

Et d’après Ali ibn Zayd : D’après Al-Hassan :


Lorsque les conflits se généralisèrent, un homme
se mit à questionner les gens sur le meilleur des
compagnons encore en vie, qui était-ce ? Tous,
sans exception, le dirigèrent vers Saad ibn Ma-
lik !

Et Oumar ibn Al-Hakam a rapporté : D’après


‘Awana qui dit : Lorsque Saad s’introduit auprès
de Mouawiya, il ne lui conféra pas le titre de
Prince des croyants dans la salutation. Mouawiya
le lui fit alors remarquer :
– Si tu avais salué comme il se devait, cela aurait
été préférable !
– Les croyants ce sont nous et à aucun moment
nous ne t’avons désigné à ce poste ! lui répliqua
alors Saad. Puis il lui dit : Tu te complais peut-
être à porter ce titre mais sache que, par Allah,
en aucun cas je ne voudrais être à ta place, ni
avoir versé ne serait-ce que le contenu d’une
ventouse de sang !

47
Je dis (Dhahabi) : Saad s’est tenu éloigné des
querelles. Il ne participa pas à la bataille d’Al-
Jamal, ni à celle de Siffine, ni à l’Arbitrage ; bien
qu’il fût digne d’occuper la fonction de calife. Il
était doté d’un tempérament infiniment grand –
qu’Allah l’agrée.

Nou’aym ibn Hammad a rapporté : Ibn Idriss


nous a rapporté : D’après Hisham : D’après Ibn
Sirine : Une nuit, Saad ibn Abi Waqas fit le tour
de neuf de ses esclaves. Lorsqu’il réveilla la
dixième, celle-ci se mit à sa disposition mais
c’est lui qui s’endormit. La captive n’osa alors
pas interrompre son sommeil.

Hammad ibn Salama : D’après Simak :


D’après Mouss’ab le fils de Saad : Alors que je
tenais la tête de mon père sur mon giron, lorsque
ce dernier rendait l’âme, je me mis à pleurer. Il
leva alors sa tête vers moi et me dit :
– Qu’est-ce qui te fait pleurer mon fils ?
– Te voir dans cet état, lui répondis-je.
– Ne pleure pas, me dit-il alors avant de pour-
suivre : Allah ne me fera goûter aucunement au
châtiment ; je demeure certes parmi les habitants
du Paradis !

48
Je dis (Dhahabi) : Par Allah, ceci est on ne peut
plus vrai. Ses efforts ont été couronnés de suc-
cès !

Layth : D’après ‘Aqil : D’après Az-Zouhri :


Lorsque que Saad se retrouva aux affres de la
mort, il fit venir un vieux manteau de laine et dit :
Faites-en mon linceul ; c’est vêtu de celui-ci que
j’ai combattu les polythéistes le jour de Badr. Je
l’avais soigneusement gardé pour ce jour !

Ibn Saad : Mouhammad ibn Oumar nous a


narré : Farwa ibn Zoubayd nous a narré : D’après
Aïsha la fille de Saad : Mon père envoya sa zakat
à Marwan alors que celle-ci atteint les cinq-
mille. Il laissa par ailleurs, le jour de sa mort, la
somme de deux-cent-cinquante-mille.

Zoubayr ibn Bakkar dit : À la fin de sa vie,


Saad vivait en reclus dans la demeure qu’il avait
faite construire aux abords de Hamra Al-Assad1.

Et l’on rapporte d’Oum Salama que lorsque


Saad mourut, on fit venir sa dépouille et la fit en-
trer dans sa demeure. Elle se mit alors à pleurer

1
Endroit situé à une douzaine de kilomètres du centre de
Médine, vers le sud-ouest, non loin du miqat Dhou Al-
Houlayfa

49
puis s’écria : « Le restant des compagnons du
Messager d’Allah (‫» ! )ﷺ‬
An-Nou’mane ibn Rashid : D’après Az-Zouhri :
D’après ‘Amir le fils de Saad qui dit : Saad fut le
dernier des Mouhajirounes1 à mourir.
Al-Madaïni, Abou Oubayda et un groupe de sa-
vants mentionnèrent qu’il décéda en l’an 55.
Et Nouh ibn Yazid a rapporté, d’après le fils de
Saad, Ibrahim, que son père mourut à l’âge de 82
ans, en l’an 56. Il fut dit aussi : en l’an 57.
Abou Nouaym Al-Moulaï, quant à lui, prétendit
que sa mort eut lieu en l’an 58. Il fut suivi, dans
cet avis, par Qa’nab ibn Al-Mouhriz.

On trouve dans le mousnad de Baqi ibn


Makhlad 270 hadiths attribués à Saad. Trente-
huit d’entre eux se trouvent dans l’Authentique
d’Al-Boukhari.

1
Ceux qui ont accompli l’exode de La Mecque vers Mé-
dine

50
‫سري أعالم النبالء‬
LES GRANDES FIGURES DE
L’ISLAM
SHAMS AD-DINE DHAHABI (748 h)

06

‫سعيد بن زيد‬
SAÏD IBN ZAYD
AU NOM D’ALLAH
LE CLÉMENT LE MISÉRICORDIEUX

NOUS LUI DEMANDONS SON AIDE

6. SAÏD IBN ZAYD


ِ‫َسعِيِدِبنِ َز ْيد‬

Saïd ibn Zayd ibn ‘Amr ibn Noufayl ibn Abd


Al-‘Ouzza ibn Riyah ibn Qourt ibn Razah ibn
‘Adi ibn Kaab ibn Louay ibn Ghalib,
« Abou Al-A’war », le Qourashite, Al-‘Adawi.
Un des dix pour qui le Paradis a été attesté et l’un
des tout premiers croyants. Il demeure parmi les
combattants de Badr et de ceux qu’Allah agréa et
qui, à leur tour, l’agréèrent.
Il participa aux batailles en compagnie du Mes-
sager d’Allah (‫ )ﷺ‬et prit part au siège et à la con-
quête de Damas. Abou Oubayda ibn Al-Jarrah le
nomma, à cet égard, gouverneur de la ville. Il de-
vint ainsi le premier de cette communauté à oc-
cuper cette fonction.
Seuls quelques hadiths ont été transmis par son
intermédiaire. On en dénombre, dans les Deux

1
Authentiques, deux seulement tandis qu’Al-
Boukhari, seul, en rapporte un troisième.
Ont transmis de lui : Ibn Oumar, Abou At-Tou-
fayl, ‘Amr ibn Hourayth, Zirr ibn Houbaysh,
Abou Outhman An-Nahdi, Ourwa ibn Zoubayr,
Abd-Allah ibn Zhalim, Abou Salama ibn Abder-
rahman et d’autres.
D’après la lecture qu’il m’a été donné de faire
sur Ahmad ibn Abdelhamid : L’imam Abou
Mouhammad Ibn Qoudama vous a informés en
l’an six-cent-dix-huit : La Scribe Shouhda bint
Ahmad nous a informés – via ma lecture : Tirad
ibn Mouhammad Az-Zaynabi nous a narré : Ibn
Rizqaway nous a narré : Abou Jafar Mouham-
mad ibn Yahya At-Taï nous a narré en l’an trois-
cent-trente-neuf : Ali ibn Harb nous a rapporté :
Soufiane nous a rapporté : D’après Abdelmalik
ibn Oumayr : D’après ‘Amr ibn Hourayth :
D’après Saïd ibn Zayd ibn ‘Amr : Le Prophète
(‫ )ﷺ‬a dit :
« Les terfesses1 font partie de la manne2 par la-
quelle Allah combla les Israélites ; leur suc est
un remède pour les yeux ! »

1
Champignons souterrains proches de la truffe
2
Nourriture providentielle que Dieu envoya aux Hébreux
lors de la traversée du désert

2
Rapporté par Al-Boukhari par la voie d’Ibn
Ouyaïna. Et nous avons nous-même (Dhahabi)
notre propre chaîne de transmission jusqu’au
shaykh1 du shaykh de l’imam Al-Boukhari avec
moins de rapporteur qu’en passant par ce der-
nier2.

D’après la lecture qui m’a été donné de faire


sur Ali ibn Issa At-Taghlibi : Mouhammad ibn
Ibrahim As-Soufi vous a informés en l’an six-
cent-vingt : Abou Tahir As-Silafi nous a narré :
Abd-Allah At-Thaqafi nous a narré : Ahmad ibn
Al-Hassan nous a narré : Hajib ibn Ahmad nous
a narré : Abderrahim (qui est Ibn Mounib) nous
a rapporté : Soufiane nous a rapporté : D’après
Az-Zouhri : D’après Talha : D’après Saïd ibn
Zayd jusqu’au Prophète (‫ )ﷺ‬qui a dit :
« On accrochera autour du coup de tout indi-
vidu, le jour de la Résurrection, l’empan de terre
qu’il aura pris sans droit et on le fera venir avec
depuis les Sept Terres ! Et quiconque se fait tuer
alors qu’il défend ses biens est considéré comme
martyr ! »
La chaîne de transmission de ce hadith est relati-
vement bonne si ce n’est qu’elle est discontinue.
1
Soufiane ibn Ouyaïna
2
Ce qui se nomme « al-badal » dans la science du hadith

3
En effet, Talha ibn Abd-Allah ibn ‘Aouf n’a pas
entendu ce récit directement de Saïd.
Malik, Younous et un groupe de savants le rap-
portent également, d’après Az-Zouhri, avec
l’ajout d’un maillon entre Talha et Saïd qui est :
Abderrahman ibn ‘Amr ibn Sahl Al-Ansari.
Quant à Al-Boukhari, il le rapporte par la voie
suivante : D’après Abou Al-Yamane : D’après
Shouaïb : D’après Az-Zouhri.

Le père de Saïd, Zayd ibn ‘Amr, demeure


parmi ceux qui délaissèrent l’adoration des
idoles pour se retourner vers Allah. C’est dans
cet esprit qu’il partit sillonner les contrées du
Sham à la recherche de la Religion de droiture. Il
y rencontra, là-bas, les juifs et les chrétiens mais
n’adhéra pas à leur profession. À ce propos, il
déclara : « Ô Allah, sois témoin que je ne suis
que sur la religion d’Ibrahim ! » Il ne parvint ce-
pendant pas à en découvrir ce qu’il eut souhaité
et ne trouva personne pour lui enseigner ses rites.
Il demeure malgré cela parmi les serviteurs qui
seront épargnés du feu.
Le Prophète (‫ )ﷺ‬dit à son sujet : « Zayd sera res-
suscité en constituant, à lui tout seul, une com-
munauté ! »

4
Il est par ailleurs le cousin de l’imam Oumar ibn
Al-Khattab (fils de son oncle paternel) et vécut
au côté du Prophète (ِ‫ )ﷺ‬mais il mourut avant
que ce dernier ne soit envoyé comme messager.

À ce sujet, Younous ibn Boukayr – qui de-


meure parmi les biographes les plus versés dans
leur domaine – a rapporté de Mouhammad ibn
Ishaq la narration suivante : Un groupe de Qou-
rashites, composé de Zayd ibn ‘Amr ibn Nou-
fayl, Waraqa ibn Nawfal, Outhman ibn Al-Ha-
rith ibn Assad, Oubayd-Allah ibn Jahche et Ou-
mayma la fille d’Abdelmoutalib, se rendit auprès
de leurs confrères à l’occasion d’un culte voué à
l’une de leurs idoles et dans lequel des offrandes
lui étaient destinées.
Lorsque la foule se réunit, les cinq compères se
mirent à l’écart et s’exclamèrent ainsi : Procla-
mons la vérité et que notre échange reste entre
nous !
L’un d’eux s’exclama alors : Soyez-en sûres – et
je le jure – les agissements de notre peuple sont
certes vains ! Ils ont délaissé la voie d’Ibrahim et
l’ont clairement transgressée. Comment peu-
vent-ils adorer, de la sorte, une idole incapable
de produire ni bien ni mal !? N’allons-nous pas
raisonner ?!

5
Peu après cela, ils se mirent à parcourir la Terre,
en quête de la foi originelle (al-hanifiya), ques-
tionnant les juifs, les chrétiens et les adeptes des
autres religions. Waraqa se convertit ainsi au
christianisme. Il en devint l’un des sages après
avoir acquis nombre de leurs écrits et s’être lar-
gement cultivé.

Aucun d’eux ne fit toutefois preuve d’autant de


droiture que Zayd. Il délaissa les idoles et toutes
les autres religions pour ne s’adonner qu’au culte
d’Ibrahim. Il concrétisa ainsi pleinement la foi
monothéique, vouée à Allah seul, et fit vœux de
ne plus jamais manger la viande provenant des
rituels polythéistes de son peuple.

Suite à cela, son oncle Al-Khattab lui causa


beaucoup de tort et le poussa à s’exiler dans les
hauteurs de La Mecque. Il se réfugia alors sur le
mont Hira. Al-Khattab chargea ensuite un
groupe de jeunes écervelés d’empêcher Zayd
d’accéder à La Mecque. Il ne pouvait y pénétrer
dès lors qu’en cachette.

Al-Khattab était également le demi-frère de


Zayd par sa mère. Il en voulait à ce dernier
d’avoir renier sa religion.

6
Zayd parcourut, par la suite, les contrées du
Sham et d’Arabie, en quête de la religion véri-
table, et il se rendit à Ninive1.

Youssouf ibn Ahmad ibn Abou Bakr le Tail-


leur de pierres (Al-Hajjar) nous a informés :
Moussa ibn Abdelqadir nous a narré : Saïd ibn
Ahmad ibn Al-Banna nous a narré.
(‫)ح‬2
Ahmad ibn Al-Mouayad nous a également
narré : Al-Hassan ibn Ishaq nous a narré : Mou-
hammad ibn Oubayd-Allah ibn Az-Zaghouni
nous a informés.
De même qu’il m’a été donné de lire sur Oumar
ibn Abdelmoun’im en quatre-vingt-treize :
D’après Abou Al-Youmn Al-Kindi, par ijaza3,
en l’an six-cent-huit : Abou Al-Fadl
1
Mossoul en arabe, seconde ville d’Irak. C’est l’une des
cités les plus anciennes de Mésopotamie et au passé le
plus riche. Ninive est mentionnée dans de nombreux pas-
sages de la Bible. C’est notamment en son sein que le
prophète Jonas (Younous) professa.
2
La lettre ‫( ح‬qui signifie transfert/changement ‫ )تَحْ ِويل‬est
utilisée par les mouhadithounes (savants spécialistes du
hadith) lorsque ces derniers font mention d’une autre
chaîne de transmission conduisant à l’un des rapporteurs
du récit.
3
Autorisation donnée à l’élève de transmettre d’après son
maître sans forcément l’avoir entendu

7
Mouhammad ibn Abd-Allah ibn Al-Mouhtadi-
Billah nous a narré.
Tous les trois1 rapportent : Mouhammad ibn
Mouhammad Az-Zaynabi nous a narré : Mou-
hammad ibn Oumar le Papetier (Al-Warraq)
nous a narré : Abd-Allah ibn Soulayman nous a
rapporté : Issa ibn Hammad nous a rapporté :
Layth ibn Saad nous a narré : D’après Hisham
ibn Ourwa : D’après son père : D’après Asma, la
fille d’Abou Bakr, qui relate : Je revois encore
Zayd ibn ‘Amr ibn Noufayl, adossé au mur de la
Kaaba, s’adressant aux gens : « Ô Qourashites,
je jure par Allah qu’aucun d’entre vous ne de-
meure sur la religion d’Ibrahim comme je peux
l’être ! »
Il s’efforçait, tant bien que mal, à sauver les
jeunes filles de l’infanticide pratiqué à son
époque. Lorsqu’un homme voulait tuer sa fille, il
lui disait : Arrête, ne la tue pas ! Je la prends en
charge et elle ne coûtera rien ! Il l’emmenait
alors avec lui et lorsque celle-ci grandissait, il di-
sait à son père : Si tu le souhaites, je te la rends
ou bien je continue à m’en occuper !

1
C’est-à-dire : Saïd ibn Ahmad ibn Al-Banna, Mouham-
mad ibn Oubayd-Allah ibn Az-Zaghouni et Abou Al-Fadl
Mouhammad ibn Abd-Allah ibn Al-Mouhtadi-Billah

8
Ceci est un récit authentique bien que singulier
(gharib) ; Layth étant le seul à le rapporter. De
plus, il ne le tient de Hisham que par voie écrite.
Al-Boukhari en a fait mention, dans son Authen-
tique, sans toutefois citer de chaîne (‫ ) ُم َعلَّقا‬mais en
commençant sa narration par : « Layth a dit :
Hisham m’a écrit... »
Ibn Ishaq l’aurait, quant à lui, entendu d’Hisham
de vive voix.

Je détiens moi-même (Dhahabi) une version


de ces feuillets, via la voie que j’ai citée précé-
demment, jusqu’à Layth : D’après Ourwa. Cer-
tains récits s’y trouvant présentent toutefois des
contradictions (hadiths mounkars) vis-à-vis des
narrations notoires rapportées par les érudits.
Parmi les plus flagrantes, ce que l’on attribue à
Hisham, d’après Ourwa son père : Waraqa ibn
Nawfal passa, un jour, près de Bilal alors que ce
dernier se faisait châtier. Il avait été couché sur
le sol afin que les pierres brûlantes de La Mecque
lui brûlent le dos. Malgré cela, il répétait : « Il
n’est qu’un… Il n’est qu’un… » Waraqa
s’adressa alors à lui : « Il n’est qu’un, il n’est
qu’un ! Patiente ô Bilal ! » Puis il dit :
Pourquoi le torturez-vous de la sorte ?! Par celui
qui détient mon âme entre ses mains, je jure que

9
si vous le tuez, il deviendra pour moi une source
de clémence par laquelle je convoiterai la ba-
raka !
Le ou les maillons de la chaîne précédents Wa-
raqa sont cependant manquants (hadith moursal).
Si Waraqa avait réellement assisté à cela, il aurait
été du nombre des compagnons. Or, il mourut du
temps de la révélation et après l’avènement de la
prophétie, certes, mais avant que le Prophète
(‫ )ﷺ‬ne reçoive l’injonction de transmettre le
message et d’appeler les gens à la foi comme ceci
figure dans l’Authentique d’Al-Boukhari.

Younous ibn Boukayr : D’après Ibn Ishaq :


Hisham m’a rapporté : D’après son père :
D’après Asma qui rapporte : Waraqa disait : « Ô
Allah, si je savais quelle personne t’est la plus
chère, je t’aurais adoré à travers elle ! Cepen-
dant, je n’en ai pas la moindre connaissance… »
Il se prosternait ensuite sur la paume de sa main.

Younous ibn Boukayr et de nombreux autres :


D’après Al-Mass’oudi : D’après Noufayl ibn
Hisham ibn Saïd ibn Zayd : D’après son père :
D’après son grand-père qui rapporta que Zayd
ibn ‘Amr rencontra, un jour, le Messager d’Allah
(‫ )ﷺ‬et Zayd ibn Haritha. Ces derniers le

10
convièrent alors à un repas qu’ils étaient en train
de partager. Zayd répondit toutefois :
Ô mon neveu, je ne mange pas de ce qui a été
sacrifié sur les pierres1 !
Depuis ce jour, on ne vit plus le Messager d’Al-
lah (‫ )ﷺ‬manger de ces viandes…
Al-Mass’oudi est cependant un rapporteur sur le-
quel on ne peut s’appuyer.
Rapporté par Ahmad dans son mousnad –
D’après Yazid : D’après Al-Mass’oudi – avec, à
la fin, l’ajout de la parole de Saïd :
– Ô Messager d’Allah, certes mon père était
comme tu l’as vu et comme on te l’a rapporté.
S’il avait vécu jusqu’à ta prophétie, il aurait sans
aucun doute cru en toi et été du nombre de tes
suiveurs ; invoque donc le pardon pour lui !
– C’est exact, je le ferai. Et il sera certes ressus-
cité en constituant une communauté à lui tout
seul !

1
Il y avait, avant l’Islam, tout autour de la Kaaba, des
pierres levées (‫)أنصاب‬. Les polythéistes s’en servaient
pour égorger et couper les offrandes qu’ils adressaient à
leurs idoles. Ces pierres ont été évoquées dans plusieurs
passages du Coran (voir sourate Al-Maïda ; versets 3 et
90).

11
Ce hadith a également été rapporté par Ibrahim
Al-Harbi selon cette voie : Ibrahim ibn Mouham-
mad nous a rapporté : Abou Qatane nous a rap-
porté : D’après Al-Mass’oudi : D’après Nou-
fayl : D’après son père : D’après son grand-
père : Zayd passa un jour au près du Messager
d’Allah (‫ )ﷺ‬et d’Ibn Haritha alors qu’ils étaient
en train de partager un repas.
Ces derniers lui proposèrent de se joindre à eux
mais Zayd répondit : « Je ne mange pas de ce qui
a été immolé sur les pierres ! »
Depuis ce jour, on n’aperçut plus le Messager
d’Allah (‫ )ﷺ‬manger la viande de ces offrandes.

Cette version du récit nous est profitable et vient


expliquer la précédente. Bien entendu, l’élu (‫)ﷺ‬
n’a eu de cesse d’être préservé et protégé ; que
cela soit avant ou bien après sa prophétie. Mais
en admettant que ceci soit avéré, nous savons
bien que le Prophète (ِ‫ )ﷺ‬mangeait inéluctable-
ment de la viande des Qourashites car elle
n’était, initialement, pas interdite. Celle-ci n’a
été prohibée qu’après la descente du verset.
De la même manière que la consommation de vin
était licite jusqu’à ce que soit édicté son interdic-
tion, à Médine, peu après la bataille d’Ouhoud.

12
Toutefois, ce qui ne fait pas l’ombre d’un doute,
c’est que le Prophète (ِ‫)ﷺ‬, avant même la révé-
lation et la légifération de ces interdits, fut
exempt de tomber dans la fornication, la traitrise,
la trahison ou le mensonge. De même qu’il fut
préservé d’être ivre, de se prosterner pour les
idoles ou encore d’avoir recours aux flèches pour
trancher dans ses affaires mondaines1. Il n’était
pas connu non plus pour se parer de comporte-
ment abjects ou stupides ou bien pour proférer
des obscénités. Il ne laissait pas apparaître ses
parties intimes (awra). Jamais il n’accomplit la
circumambulation (tawaf), autour de la Maison
sacrée, nu. Le neuvième jour du pèlerinage, il ne
stationnait pas à Mouzdalifa, comme le faisait les
gens à son époque, mais il se tenait à Arafa.
Quoiqu’il en soit, si quelque chose de la sorte
avait été rapporté de lui, aucun grief n’aurait pu
lui être fait car il était comme celui qui ne sait
pas. Cependant, le rang parfait auquel il est hissé

1
Avant l’Islam, les arabes avaient recours à cette pratique
(‫ )األزالم‬qui consistait à tirer au sort entre trois flèches sur
lesquelles était écrit « Dieu me l’ordonne », pour la pre-
mière, et « Dieu me l’interdit » pour la seconde. Quant à
la troisième, elle restait vierge de toute inscription. Les
arabes usaient de cette tradition pour les affaires impor-
tantes de leur vie. L’Islam l’a ensuite proscrite via les
versets 3 et 90 de la sourate Al-Maïda.

13
ne nous laisse pas penser que l’une de ces choses
put avoir lieu. Que les éloges d’Allah et la paix
soient sur lui !

Abou Mouawiya : D’après Hisham : D’après


son père : D’après Aïsha : Le Messager d’Allah
(‫ )ﷺ‬a dit : « Je suis entré au Paradis et j’y ai vu
deux arbres titanesques réservés à Zayd ibn
‘Amr ibn Noufayl ! »
Hadith singulier (gharib), rapporté par Al-Bag-
handi : D’après Al-Ashaj : D’après Abou Moua-
wiya.

Abderrahman ibn Abou Zinad : D’après His-


ham ibn Ourwa : D’après son père : D’après
Asma qui relate : Je revois encore Zayd ibn
‘Amr, avancé en âge, dire alors qu’il était adossé
à la Kaaba : « Malheur à vous ô peuple de Qou-
raysh ! Prenez garde à la fornication car elle ré-
duit à l’indigence ! »

Abou Al-Hassan Al-Madaïni : D’après Ismaïl


ibn Moujalid : D’après son père : D’après
Shaabi : D’après Abderrahman ibn Zayd ibn Al-
Khattab qui relate de Zayd ibn ‘Amr le témoi-
gnage suivant : Je me suis rapproché du christia-
nisme et du judaïsme mais je n’en fus pas con-
vaincu. Puis, lorsque je me trouvais au Sham, je

14
me rendis, un jour, au près d’un moine et je lui
narrai mon histoire. Celui-ci me dit alors :
– Je vois que ce que tu cherches est la religion
d’Ibrahim – sur lui la paix. Ô frère du peuple de
La Mecque, sache que tu es à la recherche d’une
chose qui n’existe plus aujourd’hui ! Cependant,
la vérité se trouve dans ton pays : Allah va y en-
voyer un homme d’entre les tiens avec la religion
d’Ibrahim ; le culte originel (al-hanifiya) ! Ce
sera la plus noble des créatures auprès de lui !

Et malgré une chaîne de transmission faible :


D’après Houjayr ibn Abou Ihab qui relate : Je
voyais Zayd ibn ‘Amr observer attentivement le
soleil. Lorsque celui-ci dépassait son point de
culmination, il s’orientait vers la Kaaba et priait
une raka en se prosternant deux fois.
Quant à Dahhak ibn Outhman Al-Hizami, il rima
– d’après Zayd – les vers suivants :
À celui qui octroie, j’ai soumis mon visage
Une eau exquise et pure, portée par les nuages
Lorsqu’il a décrété, d’abreuver un pays
Elle se répand alors, bon gré et obéit
À celui qui étale, s’est soumise mon âme
Des rochers par milliers, par crainte de son
blâme

15
La Terre se soumit, lorsqu’il lui ordonna
Les montagnes s’ancrèrent, ainsi il façonna

Et il est parvenu à Hisham ibn Ourwa –


d’après ce qu’Ibn Abou Zinad a transmis de lui –
que Zayd ibn ‘Amr se trouvait au Sham lorsque
la nouvelle de la prophétie du Messager d’Allah
(‫ )ﷺ‬lui parvint. Il désira alors le joindre mais les
habitants de Mayfa’a1, là où il se trouvait, l’exé-
cutèrent.
Al-Waqidi, pour sa part, a rapporté qu’il mourut
et fut enterré au pied du mont Hira.
Quant à Ibn Ishaq, il prétendit que Zayd fut tué à
Bethléem.

Abdelaziz ibn Al-Moukhtar : Moussa ibn


Ouqba nous a narré : Salim m’a informé avoir
entendu Ibnou Oumar rapporter du Messager
d’Allah (‫ )ﷺ‬que ce dernier rencontra, un jour, en
contrebas du Baldah2, Zayd Ibn ‘Amr et ce avant
l’avènement de la prophétie. Le Prophète (‫)ﷺ‬

1
Connue de nos jours sous le nom d’Oum Ar-Rassas, en
Jordanie, c’est une ancienne cité située à une trentaine de
kilomètres au sud d’Amman et contenant, aujourd’hui, un
site archéologique avec des ruines des civilisations ro-
maine, byzantine et musulmane.
2
Cours d’eau situé au nord de La Mecque

16
dressa alors une nappe qu’il garnit de viande puis
il y convoya Zayd mais ce dernier répondit : « Je
ne mange pas de ce que vous sacrifiez sur vos
pierres mais seulement de ce sur quoi le nom
d’Allah a été prononcé ! »
Rapporté par Al-Boukhari avec, à la fin, l’ajout
suivant : Il blâmait les Qourashites et leur disait :
« Allah a créé les ovins et pourvu à leur subsis-
tance du ciel et de la Terre ; après quoi vous
égorgez au nom d’autres que lui ?! »

Abou Oussama et autre relatent : Mouham-


mad ibn ‘Amr nous a rapporté : D’après Abou
Salama et Yahya ibn Abderrahman : D’après
Oussama ibn Zayd : D’après Zayd ibn Haritha
qui raconte : J’accompagnai, un jour, le Messa-
ger d’Allah (‫)ﷺ‬, en croupe derrière lui, jusqu’à
l’un des autels de la Kaaba. C’est alors que nous
égorgeâmes, pour lui, un mouton. (« Pour lui »
c’est-à-dire : pour le Messager d’Allah) Nous
l’enfournâmes ensuite jusqu’à ce que sa viande
cuise complètement puis nous le prîmes avec
nous dans notre gibecière1. Le Messager d’Allah
(‫ )ﷺ‬se mit ensuite en route me prenant, une nou-
velle fois, en croupe. C’était alors une période de
forte chaleur. Puis, alors que nous nous trouvions

1
Cuir dans lequel la nourriture était transportée

17
plus en amont de la rivière, nous rencontrâmes
Zayd ibn ‘Amr. Le Messager d’Allah (‫ )ﷺ‬et lui
se saluèrent mutuellement avant que le Prophète
ne lui dise :
– Comment se fait-il que ton peuple te répugne à
ce point ? (ou te mette autant en colère)
– Je jure que cela n’est, en aucun cas, dû à une
rancune que je leur porte. Cependant, je les con-
sidère dans un grand égarement ! répondit Zayd
avant de continuer :
J’ai sillonné les contrées en quête de la religion
véritable ; jusqu’à rencontrer les rabbins
d’Ayla1. Je les trouvai adorant Allah mais en lui
donnant toutefois des associés. On m’indiqua,
par la suite, un shaykh dans la péninsule Ara-
bique. Je me rendis donc auprès de lui et lui nar-
rai mon parcours. Celui-ci me dit :
« Tous ceux que tu as croisés ne suivent pas la
voie droite ; certes ce que tu recherches est la re-
ligion d’Allah et de ses anges ! Un Prophète est
cependant apparu sur tes terres – ou est sur le
point d’apparaitre. Retournes-y et suis-le ! »

1
Ville côtière située tout au sud de l’actuelle Jordanie, à
l’extrémité du golfe d’Aqaba, et frontalière avec la Pales-
tine

18
C’est alors que je m’en retournai mais je n’ai
jusqu’à présent rencontré personne !
À cet instant, le Messager d’Allah (‫ )ﷺ‬fit bara-
quer sa monture. Nous le conviâmes alors à man-
ger du mouton que nous venions de faire cuire.
Zayd nous demanda :
– Qu’est-ce donc ceci ?
– Un mouton que nous venons d’égorger sur tel
autel ! nous répondîmes.
– Je ne mange pas de ce qui a été égorgé pour
autre qu’Allah ! nous dit-il alors.
Puis nous nous séparâmes et Zayd mourut avant
l’avènement de la prophétie. Le Messager d’Al-
lah (‫ )ﷺ‬dit de lui plus tard : « Il sera ressuscité
en constituant à lui seul une communauté ! »
Rapporté par Ibrahim Al-Harbi dans son livre
« Al-Gharib », d’après deux de ses shaykhs,
d’après Abou Oussama, à la suite duquel il fit le
commentaire suivant : Quant au fait qu’il ait
égorgé sur un autel, deux hypothèses sont envi-
sageables : La première consiste à dire que c’est
Zayd ibn Haritha qui fit cela sans que le Prophète
(‫ )ﷺ‬ne le lui ait demandé. Cela lui fut ensuite
attribué. En effet, Allah n’accorda pas à Zayd
l’infaillibilité et la réussite qu’il accorda à son

19
prophète. De plus, comment une telle chose au-
rait-elle pu se produire alors que le Prophète lui-
même – sur lui la paix –, avant la prophétie, n’ap-
prochait pas les idoles et défendait à Zayd de le
faire1 ; comment donc aurait-il pu tolérer
cela ? Ceci est un contresens !
Quant à la seconde hypothèse, elle consiste à dire
que la bête ait bien été sacrifiée pour Allah mais
que ceci eut lieu à proximité d’une statuette pour
laquelle les gens avaient initialement l’habitude
d’égorger…
Je dis (Dhahabi) : Cela semble fort plausible et,
comme nous le savons, seules les intentions ca-
ractérisent nos actes ! Quant à Zayd (ibn ‘Amr),
il ne fit que se baser sur ce qui était apparent et à
Allah appartenait la réalité des faits.
Il est également envisageable que le Prophète
(‫ )ﷺ‬se soit tu par crainte des représailles qui au-
raient pu en découler. Car même s’il réprouvait
l’adoration des idoles, nous savons très bien qu’il
ne l’exprimait pas ouvertement aux Qourashites,
avant la prophétie, et ne dénonçait pas leur infa-
mie avant qu’il n’eût été envoyé comme messa-
ger.

1
Zayd ibn Haritha était l’esclave du prophète (‫)ﷺ‬

20
Quoiqu’il en soit, il semble bien que Zayd –
qu’Allah lui fasse miséricorde – soit décédé
avant que le Prophète ne reçoive la révélation.
À son sujet, Ibn Ishaq fit mention de l’élégie que
Waraqa ibn Nawfal rima à sa mort :
Bien guidé et comblé, ainsi tu as vécu
Le fourneau de l’enfer, dès lors tu as vaincu
L’adoration de Dieu, tu l’as haut déclarée
En délaissant de fait, les idoles égarées
Tu as cherché le vrai, et tu l’as certes atteint
Le pur monothéisme, c’est ça que tu retins
À présent te voilà, dans noble résidence
Recevant les honneurs, de cette Providence
Celui qui est voué, au pardon du Seigneur
En trouvera l’accès, quels qu’en soient ses mal-
heurs

Voilà pour ce qui concerne Zayd. Quant à son


fils Saïd, Ourwa le considéra parmi les combat-
tants de Badr ; il rapporta à ce propos : Saïd ren-
tra du Sham, après la bataille, mais il s’entretint
avec le Messager d’Allah (‫ )ﷺ‬et ce dernier lui
accorda une part du butin en plus de la rémuné-
ration à laquelle il avait droit.
Moussa ibn Ouqba et Ibn Ishaq firent également
mention de cela.

21
Saïd était marié avec sa cousine (la fille de son
grand-oncle paternel) à savoir Fatima, la sœur
d’Oumar ibn Al-Khattab. Par ailleurs, il se con-
vertit et cela avant même que le Prophète (‫)ﷺ‬
n’intègre la maison d’Al-Arqam1.

Al-Boukhari rapporte par trois voies diffé-


rentes ; toutes menant à Ismaïl : D’après Qays
ibn Abou Hazim qui rapporte les propos de Saïd
ibn Zayd : « Je me souviens de ce que nous avons
enduré lors de notre conversion : Oumar nous sé-
questrait à cause de cela sa sœur et moi-même.
Quant à ce que vous avez commis envers Outh-
man, je jure que cela aurait pu faire s’écrouler le
mont Ouhoud tout entier ! »
Ceci a déjà été mentionné dans certains para-
graphes consacrés à la conversion d’Oumar.

Et Ibn Saad, dans ses Tabaqates, a fait men-


tion du récit suivant, d’après Al-Waqidi, selon
plusieurs chaînes de transmission ; ils relatent :
Lorsque le Messager d’Allah (‫ )ﷺ‬épia le retour
de la caravane qourashite du Sham, il dépêcha
Talha et Saïd ibn Zayd (une dizaine de jours

1
Demeure dans laquelle le prophète (‫ )ﷺ‬et ses compa-
gnons se réunissaient au tout début de l’Islam ; Al-Arqam
est en outre un des premiers fidèles du messager d’Allah.

22
environ avant sa sortie de Médine) afin qu’ils
s’enquièrent des nouvelles de celle-ci. Les deux
émissaires atteignirent alors Al-Hawra1 où ils
restèrent postés. C’est alors que la caravane ar-
riva et passa devant eux. Elle poursuivit ensuite
sa route tout en longeant la côte.
L’information parvint avantageusement au pro-
phète d’Allah (‫ )ﷺ‬avant même le retour des
deux hommes. Il motiva alors ses compagnons
au combat puis ils sortirent dans l’espoir d’inter-
cepter les voyageurs. Ces derniers ayant em-
prunté le littoral, ils marchèrent dès lors nuit et
jour.
Talha et Saïd, quant à eux, arrivèrent à Médine,
plus tard, avec l’information mais le jour de la
bataille seulement. Ils repartirent aussitôt pour
rejoindre le Prophète (‫ )ﷺ‬mais trouvèrent les
hostilités achevées. Le Messager d’Allah (‫)ﷺ‬
leur accorda toutefois leur part du butin en plus
du salaire auquel ils avaient droit.
Saïd participa, par la suite, aux autres batailles
notamment celles d’Ouhoud et d’Al-Khandaq2.

1
Ancien village côtier, à proximité de l’actuelle ville
d’Umluj en Arabie saoudite. Il se situe à environ 250 ki-
lomètres au nord-ouest de Médine.
2
La bataille du Fossé

23
Il fut également présent lors du pacte d’Al-Hou-
daybiya.
Nous avons par ailleurs, dans les biographies
précédentes, cité nombre de hadiths indiquant
qu’il demeure parmi les gens du Paradis et les
martyrs.

Abd-Allah le fils d’Ahmad rapporte à ce su-


jet : J’ai questionné mon père sur ce qui atteste
qu’Abou Bakr et Oumar soient promis au Para-
dis ? Il me répondit : Oui, cela est attesté ; je
pense notamment au hadith de Saïd ibn Zayd.

Hisham ibn Ourwa : D’après son père : Arwa


bint Ouways prétendit que Saïd ibn Zayd s’était
approprié une partie de son terrain. Elle fit alors
une réclamation auprès de Marwan. Lorsque
Saïd entendit cela, il dit :
– Moi, je lui aurais pris une parcelle de terre alors
que j’ai entendu le Messager d’Allah dire « On
accrochera autour du coup de tout individu, le
jour de la Résurrection, l’empan de terre qu’il
aura pris sans droit et on le fera venir avec depuis
les Sept Terres » !?
– Inutile pour moi que je te demande une quel-
conque preuve après cela ! lui répondit alors
Marwan.

24
Puis Saïd invoqua contre elle et dit : Ô Allah, si
elle ment, ôte-lui la vue et fais que sa terre de-
vienne son tombeau ! Arwa ne mourut finale-
ment pas avant de devenir aveugle et, un jour où
elle marchait sur son terrain, elle tomba dans un
trou et décéda.
Rapporté par Mouslim. Le même récit a été rap-
porté par Abdelaziz ibn Abou Hazim : D’après
Al-‘Ala ibn Abderrahman : D’après son père.
Il l’a également été par Al-Moughira ibn Abder-
rahman : D’après Abd-Allah ibn Oumar1 :
D’après Nafi’ : D’après Ibnou Oumar.
On trouve dans la version rapportée par Ibn
Abou Hazim : Arwa demanda à Saad qu’il in-
voque en sa faveur lui disant :
– Je reconnais t’avoir causé du tort !
Saïd lui répondit alors :
– Je ne retournerai sûrement pas à Allah une
chose qu’il m’a donnée !

Je dis (Dhahabi) : Le fait qu’Oumar


– qu’Allah l’agrée – n’ait pas désigné Saïd,

1
Al-Oumari, l’arrière-arrière-petit-fils d’Oumar ibn Al-
Khattab. À ne pas confondre avec le célèbre Abd-Allah
ibn Oumar, le fils même d’Oumar.

25
parmi les membres de la Consultation1, n’in-
dique en aucun cas que ce dernier était d’un rang
inférieur, par rapport aux autres, quant à son mé-
rite et à son ancienneté dans l’Islam. Oumar
veilla simplement à ne plus avoir le moindre in-
térêt dans le califat. En effet, Saïd était le mari de
sa sœur et le fils de son cousin. Par conséquent,
s’il l’avait cité dans sa liste, les rafidas2 auraient
pu dire qu’Oumar l’eut favorisé. Il exclut ainsi
de sa nomination son fils et l’ensemble de ses
proches. De cette manière, les œuvres doivent
être faites pour Allah !

Khalid At-Tahhane (le Meunier) : D’après


‘Ata ibn As-Saïb : D’après Mouharib ibn Dithar
qui relate : Mouawiya dépêcha vers Marwan – le
gouverneur de Médine – une lettre dans laquelle
il l’enjoignit de prêter allégeance à son fils Ya-
zid. Marwan ne s’exécutant pas sur le champ, un
homme parmi la délégation du Sham lui de-
manda :
– Qu’est-ce qui te retient ?

1
La consultation qui eut lieu entre six des compagnons
du prophète (‫)ﷺ‬, à la mort d’Oumar, afin de désigner qui
serait le successeur de ce dernier au poste de calife.
2
Chiites niant notamment la légitimité des trois premiers
califes. Ils sont la branche majoritaire à notre époque.

26
– Non, jusqu’à ce qu’arrive Saïd ibn Zayd et
qu’il prête lui-même serment, répondit Marwan
avant d’ajouter : Certes, il est le souverain de
cette contrée ; s’il le fait, tous les gens suivront !
– Ne souhaites-tu pas que je te le ramène ? lui
demanda alors l’homme.
Puis il mentionna la suite du hadith…

Certains savants ayant entendu Hanbal, de


vive voix, nous ont narré de lui et informés : Ibn
Al-Houssayn nous a narré : Ibn Al-Moudhib
nous a narré : Al-Qati’i nous a narré : Abd-Allah
nous a rapporté : Mon père m’a rapporté : Waki’
nous a rapporté : Soufiane nous a rapporté :
D’après Houssayn et Mansour : D’après Hilal
ibn Yassaf : D’après Saïd ibn Zayd (Quant à
Houssayn, il a dit : D’après Ibn Zhalim : D’après
Saïd ibn Zayd) : Le Prophète (‫ )ﷺ‬dit un jour :
« Du calme ô Hira, ne parcourent ton écorce
qu’un prophète, un véridique et un martyr ! »
Se trouvaient, à cet instant, sur le mont : le Mes-
sager d’Allah (‫)ﷺ‬, Abou Bakr, Oumar, Outh-
man, Ali, Talha, Zoubayr, Saad, Abderrahman et
Saïd ibn Zayd.

27
Ibn Saad : Abou Damra nous a narré : D’après
Yahya ibn Saïd : Nafi’ m’a informé : D’après Ib-
nou Oumar que lui-même fut appelé, en urgence,
auprès de Saïd ibn Zayd. C’était alors un ven-
dredi en toute fin de matinée. Il se rendit par con-
séquent à Al-‘Aqiq1 et délaissa la prière du ven-
dredi. Rapporté par Al-Boukhari.

Et Ismaïl ibn Oumaya a rapporté : D’après


Nafi’ : Saïd ibn Zayd est mort alors qu’il souf-
frait de douleurs intestinales2. Lors de sa toilette
mortuaire, sa mère demanda à Abd-Allah ibn
Oumar :
– Vas-tu l’embaumer avec du musc ?
– Il n’y a rien de meilleur que cela ! lui répondit-
il.
Elle lui en remit alors de quoi l’oindre.
Soulayman ibn Bilal : Al-Jou’ayd ibn Abder-
rahman nous a rapporté : D’après Aïsha la fille
de Saad :

1
Cours d’eau notoire de Médine et de ses alentours
2
Le terme « ‫( » وكان يذرب‬Il souffrait de douleurs intesti-
nales) ne figure que dans les ouvrages de l’imam Dha-
habi. Dans tous les autres livres de hadiths, le terme usité
est « ‫( » وكان بدريا‬Il était parmi les combattants de Badr).
Il semblerait que cela soit dû à une erreur de copie ; la
graphie des deux mots étant très proche.

28
Saïd est mort à Al-‘Aqiq et c’est Saad ibn Abi
Waqas qui se chargea de sa toilette mortuaire. Il
enveloppa dans son linceul puis accompagna sa
dépouille.
Et il a été rapporté, par des voies multiples :
D’après Malik : Saïd ibn Zayd et Saad ibn Abi
Waqas décédèrent tous deux à Al-‘Aqiq.
Al-Waqidi précisa : Saïd ibn Zayd décéda en l’an
51 de l’hégire alors qu’il avait dépassé les
soixante-dix ans. Il fut inhumé à Médine et c’est
Saad ainsi qu’Ibnou Oumar qui se chargèrent de
le mettre en terre.
Abou Oubayd, Yahya ibn Boukayr et Shihab ont
tenu des propos similaires.
Al-Waqidi décrivit également Saïd ; il dit :
C’était un homme au teint basané, grand avec
une forte pilosité.
Al-Haytham ibn ‘Adi contredit cependant la plu-
part des narrations en prétendant que Saïd était
mort à Koufa.
Quant à Oubayd-Allah ibn Saad Az-Zouhri, il af-
firma que Saïd décéda en l’an 52.
Puisse Allah l’agréer !

29
Voilà pour ce qui nous a été donné de men-
tionner quant à la vie des dix promis au Paradis.
Ils demeurent, par ailleurs, les meilleurs des
Qourashites, les meilleurs des tous premiers
croyants, les meilleurs de ceux qui accomplirent
la hijra, les meilleurs de ceux ayant combattu à
Badr, les meilleurs de ceux qui prêtèrent serment
sous l’arbre et ils sont, de plus, les guides de cette
communauté, dans cette vie d’ici-bas et dans
l’au-delà !
Quant aux rafidas, qu’Allah les éloigne ! Leur
égarement est certes aussi immense que le sont
leurs passions. Comment en viennent-ils à recon-
naître le mérite d’un seul d’entre eux, seulement,
en déniant la valeur des neuf autres !? Ils ont
certes forgé, à leur encontre, les pires des men-
songes en prétendant qu’ils avaient caché un
texte qui désignait de droit Ali comme calife. Par
Allah, rien de tout ce qu’ils prétendent ne s’est
produit ! Ils les ont accusés de lui avoir arracher
cette fonction et d’avoir, par cet acte, désobéit au
Prophète (‫)ﷺ‬. Ils auraient préféré – selon leurs
dires – prêter serment d’allégeance à un simple
homme1, parmi les Banou Taïm, qui était obligé
de commercer pour vivre ; même pas pour un

1
Allusion à Abou Bakr qui n’était ni extrêmement for-
tuné, ni issu d’une tribu puissante

30
intérêt pécuniaire qu’ils auraient pu obtenir de
lui, ni même par peur de son clan. Malheur à
eux ! Est-ce qu’une personne qui possède un
soupçon de bon sens pourrait accomplir une
chose pareille ?! Admettons que ceci eût émané
de l’un d’entre eux, est-il possible que tous les
autres l’eussent acquiescé ?! Et quand bien
même ceci se serait produit, peut-on sincèrement
envisager qu’ils y soient parvenus en la présence
de milliers de compagnons, parmi les Mouhaji-
rounes et les Ansars, les souverains et cavaliers
de cette communauté et les héros de l’Islam ?!
Malheureusement, il n’y a aucun remède à la
souillure du rafidisme ; c’est une maladie que
l’on ne peut guérir ! La voie droite est cependant
ce qu’Allah insuffle, comme lumière, dans le
cœur de qui il veut. Il n’y a de force que par lui !

Récit rassemblant plusieurs extraits de ha-


diths mais dont la chaîne comporte certains mail-
lons très faibles (mounkar) ; il figure, par ail-
leurs, dans le Grand mou’jam de Tabarani selon
cette voie :
Al-Houssayn ibn Ishaq At-Toustari nous a rap-
porté (Abou ‘Amr ibn Hamdane a, quant à lui,
dit : Al-Hassan ibn Soufiane, dans son Mousnad,
nous a rapporté) ; tous deux ont dit : Nasr ibn Ali

31
nous a rapporté : Abd Al-Mou’mine ibn ‘Abbad
Al-‘Abdi nous a rapporté : Yazid ibn Ma’ne nous
a rapporté : Abd-Allah ibn Shourahbil m’a rap-
porté : D’après un Qourashite : D’après Zayd ibn
Abou Awfa (qu’Allah l’agrée) qui relate : Alors
que je rejoignais le Messager d’Allah (‫ )ﷺ‬dans
la mosquée de Médine, celui-ci se mit à appeler :
Où sont untel, untel et untel ? Il ne cessa alors de
chercher ses compagnons les plus proches et de
les convier jusqu’à ce qu’ils soient tous réunis
autour de lui. Il dit alors :
– Je vais vous narrer une chose aujourd’hui ; mé-
morisez-la et imprégniez-vous-en ! Certes Allah
a choisi parmi sa création ceux qu’il fera rentrer
au Paradis. Quant à moi, je vais désigner certains
d’entre vous et faire de vous des frères comme
Allah le fit avec les anges.
Lève-toi Abou Bakr ! Je te suis redevable pour
ce que tu as accompli pour moi et Allah t’en ré-
compensera. Et si j’avais dû prendre un ami in-
time dans ce monde, c’est assurément toi que
j’aurais choisi ! Tu es certes pour moi comme ce
qu’est la soutane pour mon corps !
Puis il dit : Approche ô Oumar ! Tu nous as
causé, en ce qui te concerne, moult désagréments
avant ta conversion. J’ai par la suite invoqué Al-
lah pour qu’il renforce sa religion par ton

32
intermédiaire ou celui d’Abou Jahl. Voilà ce
qu’il a finalement fait de toi. Tu demeures certes
de ma compagnie, au Paradis, le troisième d’une
triade ! Puis il fit de lui et d’Abou Bakr des
frères.
Il appela ensuite Outhman. Ce dernier se rappro-
cha alors du Prophète (ِ‫ )ﷺ‬jusqu’à ce que ses ge-
noux touchent les siens. À cet instant, le Messa-
ger leva ses yeux vers le haut et glorifia Allah par
trois fois. Il dit ensuite à son hôte : Tu as certes
un rang élevé auprès des habitants du ciel ! Et tu
demeures parmi ceux qui s’abreuveront, du Bas-
sin, de mes mains. Le sang jaillira, à cet instant,
de ta gorge et je te demanderai :
– Qui donc t’a fait cela ?
– C’est untel ! me répondras-tu.
Puis, le Prophète (‫ )ﷺ‬appela Abderrahman ibn
‘Aouf : Approche, ô toi le digne de confiance
d’Allah et le digne de confiance dans le ciel ! Al-
lah t’octroiera d’utiliser tes biens au service de la
religion ! J’ai certes pour toi une invocation qui
t’est réservée.
– Choisis pour moi ô Messager d’Allah ! lui ré-
pondit Abderrahman.

33
– Tu me charges là d’un dépôt ; qu’Allah fasse
donc fructifier ton argent ! invoqua le Prophète
(‫)ﷺ‬.
Puis il fit de lui et d’Outhman des frères.
Il appela ensuite Talha et Zoubayr. Ils se rappro-
chèrent alors de lui et le Prophète (‫ )ﷺ‬leur dit :
Vous êtes tous les deux mes apôtres comme
l’étaient les apôtres d’Issa pour lui ! Puis il fit
d’eux deux des frères.
Il appela ensuite Saad et Ammar. Avant de faire,
également, d’eux deux des frères, il s’adressa à
Ammar et lui dit : Tu mourras sous les coups des
séditieux !
Puis il appela Abou Darda et Salman et dit : Ô
Salman, tu demeures parmi les membres de ma
famille (ahl al-bayt) ! Certes Allah t’a donné le
savoir de l’Islam et de ce qu’il y avait avant.
Et toi Abou Darda : Sache que si tu fais une re-
marque aux gens, ils t’en feront une. Et si tu les
ignores, eux ne t’ignoreront pas ; même si tu les
fuis, ils tenteront toujours de te rattraper. Dès
lors, laisse-leur une part de ton honneur que tu
retrouveras le Jour où tu en auras réellement be-
soin !
Il fit, ensuite, d’eux deux des frères.

34
Puis le Prophète (‫ )ﷺ‬tourna son regard vers Ib-
nou Oumar et dit : Louange à Allah qui guide et
préserve de l’égarement !
À cet instant, Ali s’adressa à lui et dit :
– Ô Messager d’Allah, peu s’en faut pour que
mon âme ne flanche et que mon échine ne se
brise du fait que tu ne m’aies pas mentionné !
– Si je ne t’ai pas cité c’est pour te garder pour
moi ! lui répondit le Prophète (‫ )ﷺ‬avant de pour-
suivre : Tu es certes pour moi comme ce qu’était
Haroun pour Moussa et tu demeures mon
héritier !
– Que vais-je hériter de toi ? lui demanda alors
Ali.
– Le Livre d’Allah et la sounna de son prophète !
lui dit-il (‫ )ﷺ‬avant d’ajouter : Tu seras avec moi
au Paradis, dans ma demeure, en compagnie de
Fatima !
Puis il lut le verset : ﴾ Ils seront frères, face à
face sur des divans1 ﴿ ِ

Zayd, le rapporteur, n’est pas connu en dehors de


ce récit qui, par ailleurs, est un hadith forgé.

1
Sourate Al-Hijr, verset 47

35
Il a également été rapporté par Mouhammad ibn
Jarir At-Tabari : D’après Houssayn Ad-Dari’ :
D’après Abd Al-Mou’mine mais sans le maillon
manquant « D’après un Qourashite ».
Quant à Mouhammad ibn Al-Jahm As-Simmari,
il le rapporte par cette voie : Abderrahim ibn
Waqid nous a rapporté : Shouaïb ibn Younous
nous a rapporté : Moussa ibn Souhayb nous a
rapporté : D’après Yahya ibn Zakariya : D’après
Abd-Allah ibn Shourahbil : D’après un indi-
vidu : D’après Zayd.
Moutayine en a également fait mention, de ma-
nière résumée et par cette voie : Thabit ibn Ya-
qoub nous a rapporté : Thabit ibn Hammad An-
Nasri nous a rapporté : D’après Moussa ibn Sou-
hayb : D’après Oubada ibn Noussaï : D’après
Abd-Allah ibn Abou Awfa.
Al-Hassan ibn Ali Al-Houlwani l’a, pour sa part,
rapporté par la voie suivante : Shababa ibn
Sawwar nous a rapporté : Abou Abd-Allah Al-
Bahili (dont le nom est Jafar ibn Marzouq) nous
a rapporté : D’après Ghiyath ibn Shouqayr :
D’après Abderrahman ibn Saqit : D’après Saïd
ibn ‘Amir Al-Joumahi :
Un jour, le Messager d’Allah (‫ )ﷺ‬dit : Approche
Abou Bakr ! Approche Oumar ! Puis il cita ce

36
hadith de la fraternisation dans lequel il interver-
tit toutefois les noms, ajouta certains compa-
gnons et en omit d’autres.
Shababa s’est cependant singularisé par cette
version et elle ne demeure pas avérée.
Au sujet de la fraternisation des compagnons, ce
qui est notoire est que cela se soit produit entre
les Mouhajirounes et les Ansars afin qu’ils s’as-
sistent et s’entraident les uns les autres…
Saïd ibn Zayd a rapporté 48 hadiths. Deux
d’entre eux figurent, de manière conjointe, dans
les Deux Authentiques et Al-Boukhari, seul, en
a rapporté un troisième.

37
‫سري أعالم النبالء‬
LES GRANDES FIGURES DE
L’ISLAM
SHAMS AD-DINE DHAHABI (748 h)

LA LISTE DES CINQUANTE PREMIERS


CROYANTS

7. MOUSS’AB IBN OUMAYR

LA LISTE DES MARTYRS D’OUHOUD

8. ABOU SALAMA

9-12. LES FILS MAZH’OUNE

13-14. ABOU HOUDHAYFA ET SON


PROTÉGÉ SALIM

LA LISTE DES MARTYRS DE BADR


AU NOM D’ALLAH
LE CLÉMENT LE MISÉRICORDIEUX

NOUS LUI DEMANDONS SON AIDE

LES PREMIERS CROYANTS


‫ون‬ َ ‫السابِ ُق‬
َ ‫ون األَ َّو ُل‬ َّ
Les tout premiers compagnons à avoir cru sont :
Khadija bint Khouwaylid, Ali ibn Abi Talib,
Abou Bakr As-Siddiq (le Véridique) et Zayd ibn
Haritha An-Nabawi (celui qui grandit dans le gi-
ron du Prophète ‫)ﷺ‬.
Viennent ensuite : Outhman, Zoubayr, Saad ibn
Abi Waqas, Talha ibn Oubayd-Allah et Abder-
rahman ibn ‘Aouf.
Puis : Abou Oubayda ibn Al-Jarrah,
Abou Salama ibn Abd Al-Assad et Al-Arqam ibn
Abou Al-Arqam ibn Assad ibn Abd-Allah ibn
Oumar (ces deux derniers faisant partie des Ba-
nou Makhzoum),
Outhman ibn Mazh’oune Al-Joumahi,

1
Oubayda ibn Al-Harith ibn Al-Mouttalib Al-
Mouttalibi,
Saïd ibn Zayd ibn ‘Amr ibn Noufayl Al-‘Adawi,
Asma (la fille du Véridique),
Khabbane ibn Al-Aratt Al-Khouza’i (l’allié des
Banou Zouhra),
Oumayr ibn Abi Waqas (le frère de Saad),
Abd-Allah ibn Mass’oud Al-Houdhali (un autre
allié des Banou Zouhra),
Mass’oud ibn Rabi’a Al-Qari (parmi les combat-
tants de Badr),
Salit ibn ‘Amr ibn Abd-Shams Al-‘Amiri,
‘Ayash ibn Abou Rabi’a ibn Al-Moughira Al-
Makhzoumi et sa femme : Asma bint Salama At-
Tamimiya,
Khounays ibn Houdhafa As-Sahmi,
‘Amir ibn Rabi’a Al-‘Anzi (l’allié de la famille
Al-Khattab),
Abd-Allah ibn Jahche ibn Riab Al-Assadi (l’allié
des Banou Oumaya),

2
Jafar ibn Abi Talib Al-Hashimi et sa femme :
Asma bint ‘Oumays,
Hatib ibn Al-Harith Al-Joumahi ainsi que : son
épouse (Fatima bint Al-Moujallal Al-‘Amiriya),
son frère (Khattab), l’épouse de ce dernier (Fou-
kayha bint Yassar) et son autre frère (Ma’mar
ibn Al-Harith),
As-Saïb (le fils d’Outhman ibn Mazh’oune),
Al-Mouttalib ibn Azhar ibn Abd-‘Aouf Az-
Zouhri et sa femme : Ramla bint Abou ‘Aouf As-
Sahmiya,
Le Tousseur (An-Nahham)1 : Nou’aym ibn Abd-
Allah Al-‘Adawi,
‘Amir ibn Fouhayra (l’esclave du Véridique),
Khalid ibn Saïd ibn Al-‘Ass ibn Oumaya et sa
femme : Oumayma bint Khalaf Al-Khouza’iya,
Hatib ibn ‘Amr Al-‘Amiri,
Abou Houdhayfa ibn Outba ibn Rabi’a Al-
‘Abshami,

1
Il fut surnommé ainsi car le Prophète (‫ )ﷺ‬dit dans un
hadith : « j’ai entendu, au Paradis, la toux de Nou’aym ! »
(rapporté par Al-Hakim)

3
Waqid ibn Abd-Allah ibn Abd-Manaf At-Ta-
mimi Al-Yarbou’i (l’allié des Banou ‘Adi),
Les fils d’Al-Boukayr ibn Abd-Ya-Layla Al-
Laythi : Khalid, ‘Amir, ‘Aqil et Iyas (par ailleurs
alliés des Banou ‘Adi également),
Ammar ibn Yassir ibn ‘Amir Al-‘Anssi – avec
un ‫( – ن‬l’allié des Banou Makhzoum),
Souhayb ibn Sinane ibn Malik An-Namiri (qui
grandit au sein de l’Empire byzantin et dont le
patron fut, par la suite, Abd-Allah ibn Joud’ane),
Abou Dharr Joundoub ibn Jounada Al-Ghifari et
Abou Noujayh ‘Amr ibn ‘Abassa As-Soulami
Al-Bajali (ces deux derniers étant cependant re-
tournés dans leur contrée après leur conversion).
Ainsi, ces cinquante-là constituent le groupe des
tout premiers croyants (as-sabiqoune al-awa-
loune).
Se convertirent après : Le lion d’Allah : Hamza
ibn Abdelmoutalib et le Séparateur (Al-Farouq)
Oumar ibn Al-Khattab, dit la Gloire de l’Islam.

Qu’Allah les agrée tous, sans exception !

4
7. MOUSS’AB IBN OUMAYR
‫ُم ْص َعب بن ُع َم ْير‬

Mouss’ab ibn Oumayr ibn Hashim ibn Abd-


Manaf ibn Abd Ad-Dar ibn Qoussay ibn Kilab.
Le Noble, le Martyr, le Pionnier,
Combattant de Badr,
Le Qourashite, Al-‘Abdari.

Al-Bara ibn ‘Azib affirma : Le premier des


Mouhajirounes1 que nous accueillîmes est
Mouss’ab ibn ‘Oumayr. Nous lui demandâmes
alors :
– Qu’a fait le Messager d’Allah (‫? )ﷺ‬
– Il demeure, pour l’instant, là où il est mais ses
compagnons arrivent derrière moi !
Vint ensuite ‘Amr ibn Oum Maktoum,
l’Aveugle, de la tribu des Banou Fihr. Jusqu’à la
suite du récit…

Al-A’mash : D’après Abou Waïl : D’après


Khabbab qui relate : Nous émigrâmes (hijra)
avec le Messager (‫ )ﷺ‬désirant par cela le visage

1
Compagnons qui émigrèrent de La Mecque à Médine

5
d’Allah. La récompense divine nous était, par
conséquent, inéluctablement promise. Certains
d’entre nous s’en allèrent, cependant, avant
même de n’avoir pu en goûter les délices. C’est
le cas de Mouss’ab ibn Oumayr qui fut tué le jour
d’Ouhoud. Il ne possédait comme biens, à cette
époque, qu’un unique pagne à rayures. Lorsque
nous essayions de couvrir son corps avec, ses
pieds dépassaient et lorsque nous couvrions ses
pieds, c’est sa tête qui débordait ! Le Messager
d’Allah (‫ )ﷺ‬nous dit alors : « Couvrez sa tête et
mettez des feuilles de citronnelle1 sur ce qui dé-
passe de son corps ! » D’autres, parmi nous, ont
cependant la chance, aujourd’hui, de récolter les
fruits de leur labeur !

Shou’ba : D’après Saad ibn Ibrahim qui en-


tendit son père2 narrer le récit suivant : On ap-
porta, un jour, un plat à Abderrahman ibn ‘Aouf
et ce dernier se mit à pleurer. Il s’écria alors :
Hamza est mort et nous n’avions à notre disposi-
tion qu’un seul vêtement pour l’ensevelir ! Il en
fut de même pour Mouss’ab ibn Oumayr. Quant
à nous, j’ai si peur que notre récompense ne nous

1
Idkhir en arabe (‫ )إذخِ ر‬: plante originaire d’Afrique et
d’Asie possédant, entre autres, des qualités aromatiques
et médicinales
2
Ibrahim ibn Abderrahman ibn ‘Aouf

6
ait été accordée que le temps de cette vie ! Puis
il fondit, de nouveau, en sanglots.

Ibn Ishaq : Yazid ibn Ziyad m’a rapporté :


D’après Al-Qourazhi : D’après le récit d’une
personne ayant entendu Ali ibn Abi Talib dire :
Alors que je venais de puiser de l’eau, pour un
juif, en échange d’une poignée de dattes, je me
rendis ensuite à la mosquée. C’est alors qu’arriva
Mouss’ab ibn Oumayr portant sur lui un manteau
usagé, rapiécé avec une étoffe de cuir. Mouss’ab,
quand nous demeurions à La Mecque, était le
jeune le plus aisé et le plus comblé d’entre nous.
Lorsque le Messager d’Allah (‫ )ﷺ‬le vit ainsi, il
se remémora cette époque et des larmes coulè-
rent de ses yeux. Puis il nous dit :
– Vous imaginez-vous un jour où il vous serait
servi des écuelles pleines de pain et de viande ;
préfériez-vous cette situation-là à celle dans la-
quelle vous êtes aujourd’hui ?
– Sans aucun doute ô Messager d’Allah ; nous
pourrions déléguer nos tâches et nous adonner
pleinement à l’adoration !
– Et bien non, vous êtes aujourd’hui bien meil-
leurs que si vous étiez dans pareille condition !
nous répondit-il alors (‫)ﷺ‬.

7
Ibn Ishaq : Salih ibn Kayssane m’a rapporté :
D’après Saad ibn Malik1 qui relate : Avant d’im-
migrer (hijra), nous connûmes des jours extrême-
ment difficiles au point où la situation devint, à
un moment, insupportable. Nous n’avions alors
d’autre choix que de quitter La Mecque. Puis, la
faim et la misère nous affectèrent, de nouveau,
mais nous nous y habituâmes peu à peu et nos
corps se renforcèrent. Quant à Mouss’ab ibn Ou-
mayr, il faisait partie des jeunes les plus aisés de
La Mecque et était comblé par ses parents. Mais
lorsqu’il fut éprouvé par ce qui nous toucha tous,
son organisme ne parvint cependant pas à
s’adapter. Je le revois ainsi, la peau sur les os,
flétrie telle la peau d’un serpent ! Je me souviens
que certains jours, il ne pouvait tenir debout faute
de trouver quelque chose à avaler. Nous étions
alors obligés de le porter, à l’aide de nos arcs, sur
nos épaules. J’ai le souvenir également qu’une
nuit, alors que j’étais sorti pour faire mes be-
soins, j’entendis quelque chose obstruer l’écou-
lement de mon urine. C’est alors qu’en palpant
avec mes mains, je trouvais un bout de peau qui
provenait d’un chameau. Je le pris et le lavai
jusqu’à le purifier parfaitement. Puis, je le fis
brûler avant de le moudre et d’en faire trois

1
C’est-à-dire : Saad ibn Abi Waqas

8
morceaux bien distincts qui furent ma nourriture
pendant un nombre de jours équivalent !

Ibn Ishaq précisa en outre : Mouss’ab ibn Ou-


mayr combattit aux côtés du Messager d’Allah
(‫ )ﷺ‬jusqu’à la mort. C’est Ibn Qamia Al-Laythi
qui le tua en pensant qu’il était le Messager d’Al-
lah. Lorsque celui-ci s’en retourna auprès des
autres Qourashites, il leur dit : J’ai tué Mouham-
mad !
Au moment où Mouss’ab mourut, le Messager
d’Allah confia la bannière de guerre à Ali ibn
Abi Talib. Ce dernier batailla ainsi, accompagné
d’autres musulmans.

PARMI LES MARTYRS DE LA


BATAILLE D’OUHOUD

Figurent également : Hamza et son neveu Abd-


Allah ibn Jahche Al-Assadi (le fils de sa sœur).
Ils furent, par ailleurs, enterrés ensemble,
Outhman ibn Outhman Al-Makhzoumi dont le
surnom était Shammas (le Radieux) de par la
beauté de son visage,
Et parmi les Ansars morts ce jour, on compte :

9
‘Amr ibn Mouadh Al-Aoussi (le frère de Saad)
et son neveu Al-Harith ibn Aous (le fils de son
frère),
Al-Harith ibn Ounays,
Oumara ibn Ziyad ibn As-Sakane,
Rifa’a ibn Waqsh et ses neveux : ‘Amr et Salama
(fils de Thabit ibn Waqsh, le frère de Rifa’a),
Sayfi ibn Qayzhi ainsi que son frère Janab,
‘Abbad ibn Sahl,
Oubayd ibn At-Tayihane,
Habib ibn Zayd,
Iyas ibn Aous,
Ces derniers étant tous des Achehaliyounes (Ba-
nou Abd Al-Achehal).
Al-Yamane (le père de Houdhayfa),
Zayd ibn Hatib Az-Zhoufari,
Abou Soufiane Ibn Harith Ibn Qays,
Hanzhala ibn Abou ‘Amir (celui que les anges
ont lavé),
Malik ibn Oumaya,

10
‘Aouf ibn ‘Amr,
Abou Haya ibn ‘Amr,
Abd-Allah ibn Joubayr ibn Nou’mane,
Khaythama (le père de Saad) ainsi que son pro-
tégé (halif) Abd-Allah,
Soubay’ ibn Hatib et son protégé Malik,
Et enfin Oumayr ibn ‘Adi.
Tous ceux-là faisaient partie de la tribu des Aous.

Quant aux Khazraj, furent tués parmi eux :


‘Amr ibn Qays et son fils Qays,
Thabit ibn ‘Amr,
‘Amir ibn Makhlad,
Abou Houbayra ibn Al-Harith,
‘Amr ibn Moutarrif,
Iyas ibn ‘Adi,
Aous ibn Thabit (le père de Shaddad),
Anas ibn An-Nadr,
Et Qays ibn Moukhallad.

11
(Tous ces derniers étant des Banou Najjar)
Furent également tués parmi eux : leur esclave
Kayssane ainsi que Soulaym ibn Al-Harith et
Nou’mane ibn Abd-‘Amr.

Quant aux Banou Al-Harith ibn Al-Khazraj,


sont morts parmi eux :
Kharija ibn Zayd Ibn Abou Zouhayr,
Aous ibn Arqam,
Malik (le père d’Abou Saïd Al-Khoudri),
Saïd ibn Souwayd,
Outba ibn Rabi’,
Tha’laba ibn Saad,
Thaqf ibn Farwa,
Abd-Allah ibn ‘Amr,
Damra Al-Jouhani,
‘Amr ibn Iyas,
Nawfal ibn Abd-Allah,
Oubada ibn Al-Hassehasse,
‘Abbas ibn Oubada,

12
Nou’mane ibn Malik,
Al-Moujadhar ibn Ziyad Al-Balawi,
Rifa’a ibn ‘Amr,
Malik ibn Iyas,
Abd-Allah (le père de Jabir),
‘Amr ibn Al-Jamouh, son fils Khallad ainsi que
son esclave Assir,
Soulaym ibn ‘Amr ibn Hadida et son esclave
‘Anetara,
Souhayl ibn Qays,
Dhakwane,
Et enfin Oubayd ibn Al-Mou’alla ibn Loudhane.


13
8. ABOU SALAMA
‫أبو َس َل َمة‬

Abou Salama ibn Abd Al-Assad ibn Hilal ibn


Abd-Allah ibn Oumar ibn Makhzoum ibn Ya-
qazha ibn Mourra ibn Kaab.
Le Noble, le Grand,
Le cousin et frère de lait du Messager d’Allah
(‫ – )ﷺ‬fils de sa tante paternelle Barra bint Ab-
delmoutalib,
Un des tout premiers croyants.
Il émigra (hijra) en Abyssinie puis à Médine. Il
participa à la bataille de Badr puis mourut
quelques mois après.
Certains de ses enfants – tels qu’Oumar, Zaynab
et autres – comptent parmi les compagnons.
Lorsque son épouse Oum Salama eut achevé sa
période de viduité, le Prophète (‫ )ﷺ‬se maria
avec. Par ailleurs, cette dernière rapporta de lui
la fameuse formulation prononcée lors des
épreuves.
Elle disait aussi : Qui donc pourrait être meilleur
qu’Abou Salama ?!

14
Elle ne pensait alors pas pouvoir trouver
quelqu’un du rang de son ancien mari. C’était
sans se douter qu’il allait lui être accordé, à son
plus grand bonheur, de devenir l’épouse du Sou-
verain de l’humanité !
Abou Salama mourut alors qu’il était encore
dans la force de l’âge, en l’an 3 de l’Hégire,
qu’Allah l’agrée !

Ibn Ishaq rapporte à son sujet : Il est le pre-


mier à avoir immigré en Abyssinie. Il revint en-
suite avec Outhman ibn Mazh’oune lorsque ce-
lui-ci retourna à La Mecque. Abou Talib lui ac-
corda alors sa protection.
Je dis (Dhahabi) : Ils quittèrent l’Abyssinie
lorsqu’ils entendirent que les Mecquois s’étaient
convertis ; ceci eut lieu au moment où fut révélée
la sourate de l’Étoile.

Mouss’ab ibn Abd-Allah affirma : Oum Sa-


lama enfanta de lui en Abyssinie : Salama, Ou-
mar, Dourra et Zaynab.
Je dis (Dhahabi) : Ils sont tous nés là-bas avant
l’Hégire.

Al-A’mash : D’après Shaqiq : D’après Oum


Salama qui rapporte du Messager d’Allah (‫ )ﷺ‬la

15
parole suivante : « Lorsque vous vous rendez au-
près d’un défunt, ne prononcez que de bonnes
paroles car les anges disent amine à vos invoca-
tions ! »
Elle rapporta en outre : Lorsqu’Abou Salama
mourut, je questionnai le Messager d’Allah
(‫ )ﷺ‬:
– Que devrais-je dire, ô Messager d’Allah, en pa-
reil moment ?
– Dis : Ô Allah, pardonne-lui et accorde-nous
une issue heureuse après lui ! me répondit-il.
Allah m’octroya alors meilleur que lui à savoir le
Messager d’Allah lui-même (‫)ﷺ‬.

Hammad ibn Salama : Thabit nous a narré :


D’après Oumar ibn Abou Salama : D’après Oum
Salama qui rapporte : Le Messager d’Allah (‫)ﷺ‬
dit : « Lorsque l’un d’entre vous est touché par
une épreuve, qu’il dise : Certes, nous apparte-
nons à Allah et à lui nous retournons. Ô Allah,
c’est en toi que j’espère ma récompense pour ce
qui m’atteint ; rétribue-moi donc pour ceci et ac-
corde-moi une suite meilleure ! »
Lorsqu’Abou Salama rendit l’âme, je prononçai
alors cette invocation mais au moment de dire
« Et accorde-moi une suite meilleure », je

16
m’écriai : Quel être meilleur qu’Abou Salama
pourrais-je trouver ?! Je ne cessai de me répéter
cela mais finis tout de même par prononcer l’in-
vocation dans son entièreté…
C’est alors qu’à la fin de son délai de viduité,
Abou Bakr demanda sa main mais celle-ci re-
fusa. Puis, Oumar tenta, à son tour, sa chance
mais Oum Salama n’accepta pas non plus. Le
Prophète délégua alors quelqu’un dans le but de
l’épouser lui-même et sa réponse fut alors :
« Que le Messager d’Allah (‫ )ﷺ‬et son envoyé
soient les bienvenus ! »
Jusqu’à la suite du récit…

Al-Waqidi mentionna : Oumar ibn Outhman


Al-Yarbou’i nous a rapporté : D’après Salama
ibn Abd-Allah ibn Oumar ibn Abou Salama et
d’autres ; ils rapportent : Abou Salama participa
à la bataille d’Ouhoud. Il s’était, en outre, installé
dans les hauteurs de la ville avec les Banou Ou-
maya ibn Zayd. Il fut ensuite blessé, lors de la
bataille d’Ouhoud, et resta un mois durant à soi-
gner sa blessure. Puis, lorsque le mois de Mou-
harram arriva, le Prophète (‫ )ﷺ‬le convoqua afin
de le mobiliser pour une expédition. Il lui confia
alors une bannière de guerre et lui dit : « Rends-
toi jusqu’aux terres des Banou Assad et attaque-

17
les ! » Il avait, lors de cette razzia, cent-cin-
quante hommes en sa compagnie. Ils marchèrent
ainsi jusqu’à arriver au pied du mont Qatane,
dans l’une de leurs oasis. Là-bas, ils mirent la
main sur du bétail leur appartenant puis ils s’en
retournèrent à Médine une dizaine de jours envi-
ron après leur départ.
Oumar ibn Outhman ajouta : Et Abdelmalik ibn
Oubayd me rapporta que lorsqu’Abou Salama
revint à Médine, sa blessure commença à sérieu-
sement s’infecter. Il mourut ainsi, à trois nuits de
la fin du second mois de Joumada, en l’an 4.
Certaines versions mentionnèrent toutefois
qu’Abou Salama décéda en l’an 3.

9. OUTHMAN IBN MAZH’OUNE


‫ُع ْثمان بن َم ْظ ُعون‬

Outhman ibn Mazh’oune ibn Habib ibn Wahb


ibn Houdhafa ibn Joumah ibn ‘Amr ibn Hous-
says ibn Kaab Al-Joumahi.
« Abou As-Saïb ».
Il compte parmi les plus éminents des

18
Mouhajirounes1 et parmi les alliés d’Allah ; ces
pieux qui sont morts du vivant de leur prophète
et qui ont ainsi eu la chance que ce dernier (‫)ﷺ‬
accomplisse la prière funéraire sur eux !
Abou As-Saïb est, par ailleurs, le premier à avoir
été enterré au cimetière du Baqi’.

Kathir ibn Zayd Al-Madani a rapporté :


D’après Al-Mouttalib ibn Abd-Allah qui dit :
Lorsque le Prophète (‫ )ﷺ‬enterra Outhman ibn
Mazh’oune, il demanda à un homme d’entre
ceux qui étaient présents : « Apporte cette grosse
pierre et pose-la près de la tombe de mon frère
afin qu’on la reconnaisse et que je puisse enter-
rer, à ses côtés, les membres de ma famille qui
mourront ! »
L’homme s’exécuta mais ne parvint toutefois pas
à soulever le rocher.
Celui qui rapporte le hadith dit en outre : Je re-
vois encore la blancheur des bras du Messager
d’Allah (‫ )ﷺ‬lorsqu’il souleva lui-même la pierre
et la posa près de la tombe…
Le dernier maillon de la chaîne de ce récit est
toutefois manquant (hadith moursal).

1
Compagnons qui émigrèrent de La Mecque vers Médine

19
Saïd ibn Al-Moussayb rapporta : j’ai entendu
Saad dire : Le Messager d’Allah (‫ )ﷺ‬n’accepta
pas d’Outhman ibn Mazh’oune le vœu de chas-
teté qu’il voulut faire. S’il le lui avait permis,
nous nous serions très certainement châtrés éga-
lement !

Abou Oumar An-Namiri affirma : Abou As-


Saïb fut le quatorzième homme à se convertir.
Aussi, il prit part aux deux exodes (hijra) et mou-
rut peu après la bataille de Badr. C’était un grand
dévot qui faisait moult efforts dans l’adoration.
Il avait souhaité, avec Ali et Abou Dharr, se faire
châtrer.

Parmi ce que l’on a rapporté d’Oubayd-Allah


ibn Abou Rafi’ – mais dont le dernier maillon de
la chaîne de transmission est cependant man-
quant (moursal) – figure le récit suivant : La pre-
mière personne à avoir été enterré au Baqi’ d’Al-
Gharqad1 est Outhman ibn Mazh’oune. Le Mes-
sager d’Allah (‫ )ﷺ‬apposa alors, près de sa tête,
une pierre et dit :
« Voici la toute première de nos tombes ! »

1
Nom d’un arbuste épineux répandu en Arabie. Le cime-
tière fut nommé ainsi du fait que cette espèce y prolifé-
rait.

20
Outhman ibn Mazh’oune demeure, en outre,
de ceux qui s’était interdit de boire du vin avant
l’Islam :
Ibn Al-Moubarak : D’après Oumar ibn Saïd :
D’après Ibn Sabit : Outhman ibn Mazh’oune di-
sait : Pourquoi consommerais-je une boisson qui
à la fois : me fait perdre la raison, est susceptible
de faire de moi un sujet de moqueries auprès de
gens insignifiants et, de plus, est capable de me
pousser à forniquer avec des proche-parentes ?!
Puis il dit lorsque le vin fut interdit définiti-
vement : Malheur à cette boisson ; je m’étais
montré bien perspicace !
Ce récit n’est toutefois pas authentique car sa
chaîne est discontinue. De plus, l’interdiction de
consommer du vin est survenue après sa mort.

Soufiane ibn Waqi’ : Ibn Wahb nous a rap-


porté : D’après ‘Amr ibn Al-Harith : Abou An-
Nadr m’a rapporté : D’après Ziyad : D’après Ibn
Abbas qui relate : Lorsqu’Outhman ibn
Mazh’oune décéda, le Prophète (‫ )ﷺ‬se rendit au-
près de lui. Il pénétra alors dans la pièce où se
trouvait sa dépouille et fondit sur lui. Lorsqu’il
redressa la tête, les gens se demandèrent, en le
voyant, s’il pleurait. C’est alors qu’il s’inclina

21
vers lui une seconde fois et, quand il releva de
nouveau la tête, ils aperçurent des larmes couler
sur son visage. Puis le Prophète se pencha vers
lui une troisième et, cette fois-ci, lorsqu’il releva
la tête, les gens le virent sangloter. Ils surent
alors que ce dernier pleurait et ils se mirent à
pleurer avec lui. À cet instant, le Prophète (‫)ﷺ‬
leur dit : « Arrêtez ; ceci provient du
diable ! Qu’Allah me pardonne. »
Puis il s’adressa à Outhman et lui dit : « Ô Abou
As-Saïb, tu as certes quitté cette vie sans n’avoir
perpétré quoique ce soit pouvant te nuire ! »

Hammad ibn Salama : D’après Ali ibn Zayd :


D’après Youssouf ibn Mihrane : D’après Ibn Ab-
bas qui relate : Lorsqu’Outhman ibn Mazh’oune
décéda, son épouse s’écria :
– Heureux sois-tu au Paradis !
À cet instant, le Messager d’Allah (‫ )ﷺ‬s’adressa
à elle d’un air mécontent et dit :
– Qu’en sais-tu ?
– Il est ton cavalier et ton fidèle compagnon ! lui
répondit-elle.
– Je suis le Messager d’Allah et je ne sais ni ce
que l’on fera de moi, ni ce que l’on fera de lui !
lui dit alors le Prophète (‫)ﷺ‬.

22
Les gens furent très peinés pour Outhman ibn
Mazh’oune et les femmes se mirent à pleurer.
Oumar voulut, à cet instant, les faire taire mais le
Prophète l’arrêta et lui dit :
– Doucement Oumar. Puis il s’adressa aux com-
pagnonnes et leur dit : « Prenez garde aux hulu-
lements du diable ! Certes ce qui émane des yeux
provient d’Allah et de la miséricorde mais ce qui
émane des mains et de la langue provient assu-
rément du diable ! »

Ya’la ibn Oubayd : L’Africain1 nous a rap-


porté : D’après Saad ibn Mass’oud qui rapporte
qu’Outhman ibn Mazh’oune dit, un jour, au Mes-
sager d’Allah :
– Ô Messager d’Allah, je n’aime pas que ma
femme voie mes parties intimes !
– Pour quelle raison ? lui demanda le Prophète
(‫)ﷺ‬.
– Cela me gêne, lui répondit Outhman.
– Sache qu’Allah a fait d’elle un vêtement pour
toi et qu’il a fait de toi un vêtement pour elle ! lui
dit alors le Prophète (‫)ﷺ‬.

1
Son nom est : Abderrahman ibn Ziyad ibn An’oum. On
dit de lui qu’il est le premier enfant musulman à être né
sur le continent africain.

23
La chaîne de transmission de ce récit est toute-
fois discontinue.

Ibn Abou Dhi’b : D’après Az-Zouhri qui re-


late : Outhman ibn Mazh’oune entreprit de se
faire châtrer et de se retirer loin de tout afin de se
consacrer à l’adoration. Le Prophète (‫ )ﷺ‬lui dit
alors : « Ne suis-je pas, pour toi, un exemple à
suivre ? Certes, quiconque se fait castrer ou pra-
tique la castration ne fait pas partie de ma com-
munauté ! »

Abou Ishaq As-Sabi’i : D’après Abou


Bourda : La femme d’Outhman ibn Mazh’oune
rendit visite, un jour, aux épouses du Prophète
(‫)ﷺ‬. La voyant négligée sur elle, ces dernières
lui demandèrent :
– Qu’est-ce qu’il t’arrive ? Ton mari n’est-il pas
un des Qourashites les plus riches ?!
– Quant à ses nuits, il les passe à prier. Et quant
à ses journées, il les passe à jeuner ! répondit-
elle.
Peu après, lorsque le Prophète (‫ )ﷺ‬rencontra
Outhman, il dit à celui-ci : « Ne suis-je pas pour
toi un excellent modèle ? »
Jusqu’à la suite du récit…

24
Le rapporteur précisa en outre : Quelques temps
plus tard, elle s’en retourna les voir et elle était,
cette fois-ci, couverte de teinture corporelle telle
une jeune mariée !

Hammad ibn Zayd : Mouawiya ibn ‘Ayash


nous a rapporté : D’après Abou Qilaba : Alors
qu’Outhman ibn Mazh’oune s’était retiré pour se
consacrer pleinement à l’adoration, le Prophète
(‫ )ﷺ‬se rendit auprès de lui et lui dit :
« Ô Outhman, Allah ne m’a pas commandé le
monachisme1. Certes la meilleure des religions
auprès de lui est le culte originel (hanifiya) rem-
pli de clémence ! »

Aïsha bint Qoudama a dit : Lors de l’immi-


gration (hijra), les trois fils de Mazh’oune :
Outhman, Qoudama et Abd-Allah, ainsi que
Ma’mar ibn Al-Harith furent les hôtes d’Abd-Al-
lah ibn Salama Al-‘Ajlani.

Al-Waqidi précisa en outre : La famille de


Mazh’oune fait partie des familles qui émigrè-
rent dans leur totalité. Toutes leurs habitations, à
La Mecque, furent condamnées.

1
État et mode de vie des moines

25
Par ailleurs, on rapporte d’Oubayd-Allah ibn
Outba1 la parole suivante : L’emplacement de la
maison des Mazh’oune que l’on connait au-
jourd’hui, à Médine, a été défini par le Messager
d’Allah (‫ )ﷺ‬lui-même !
Outhman ibn Mazh’oune décéda au cours du
mois de Shabane de l’an 3.

At-Thawri : D’après ‘Assim ibn Oubayd-Al-


lah : D’après Al-Qassim ibn Mouhammad :
D’après Aïsha : Lorsqu’Outhman ibn
Mazh’oune décéda, le Prophète (‫ )ﷺ‬embrassa sa
dépouille. On aperçut alors les larmes du Messa-
ger d’Allah (‫ )ﷺ‬couler sur les joues du compa-
gnon défunt !
Hadith authentifié par At-Tirmidhi.

Malik : D’après Abou An-Nadr qui relate :


Lorsque la dépouille d’Outhman ibn Mazh’oune
fut apportée au Messager d’Allah (‫)ﷺ‬, ce der-
nier s’exclama :
« Tu es parti sans n’avoir joui d’elle en quoique
ce soit ! »

1
De la génération des compagnons des compagnons.
Mort en l’an 98. Il est l’un des fameux Sept Juristes de
Médine.

26
Ibrahim ibn Saad : D’après Ibn Shihab :
D’après Kharija ibn Zayd : D’après Oum Al-
‘Ala – qui compte parmi celles qui prêtèrent ser-
ment d’allégeance au Messager d’Allah (‫; )ﷺ‬
elle raconte : Outhman ibn Mazh’oune tomba
malade lors de son séjour chez nous. Nous nous
occupâmes alors de lui et ce jusqu’à son dernier
souffle. Lorsqu’il décéda, le Messager d’Allah
(‫ )ﷺ‬se rendit auprès de lui et je dis en sa pré-
sence :
– Je témoigne pour toi, ô Abou As-Saïb : Certes
Allah ne manquera pas de t’honorer !
– Qu’en sais-tu ? me rétorqua subitement le Pro-
phète (‫)ﷺ‬.
– Je ne sais pas, lui répondis-je, étonnée, avant
de lui dire : Je donnerais pour toi mon père et ma
mère, ô Messager d’Allah, mais si Allah ne l’ho-
nore pas lui, qui donc pourrait-il honorer
d’autre !?
– Quant à Outhman, son heure est arrivée et, par
Allah, je n’espère pour lui que le bien ! me ré-
pondit-il (‫ )ﷺ‬avant d’ajouter : Quant à moi, je
suis le Messager d’Allah et je ne sais même pas
ce que l’on fera de mon être !
– Certes je jure que je ne vanterai les mérites de
plus personne après cela ! m’écriai-je alors.

27
Puis elle ajouta : Ceci me contraria particulière-
ment et je me couchai comme cela. C’est alors
que je vis, en rêve, de l’eau couler d’une
source qui appartenait à Outhman. J’en informai,
plus tard, le Messager d’Allah (‫ )ﷺ‬et il me dit :
« Cela représente ses actions ! »

Hammad ibn Salama : Ali ibn Zayd nous a


rapporté : D’après Youssouf ibn Mihrane :
D’après Ibn Abbas qui rapporte le même récit
avec l’ajout : Lorsque la fille du Messager d’Al-
lah (‫ )ﷺ‬mourut, ce dernier s’écria :
« Rejoins notre prédécesseur Outhman ibn
Mazh’oune le Brave ! »

Al-Waqidi : Ma’mar nous a rapporté :


D’après Az-Zouhri : D’après Oubayd-Allah qui
rapporte le récit d’Oumar suivant : Lorsqu’Outh-
man ibn Mazh’oune s’éteignit sans avoir été tué
au combat, il baissa dans mon estime. Ceci,
jusqu’au jour où le Messager d’Allah (‫ )ﷺ‬lui-
même mourut ; je m’écriai alors : Malheur à moi,
même les meilleurs succombent sans être tués !
S’en suivi le décès d’Abou Bakr dans des cir-
constances similaires. Outhman ne retrouva –
malheureusement – le haut rang qu’il avait au-
près de moi qu’à ce moment-là !

28
Et on rapporte d’Aïsha la fille de Qoudama
qu’elle décrit les fils de Mazh’oune ; elle dit : Ils
se ressemblaient beaucoup physiquement. Quant
à Outhman, il avait la peau très mate et une barbe
dense.
Qu’Allah l’agrée !

10. QOUDAMA IBN MAZH’OUNE


‫ُقدَ ا َمة بن َم ْظ ُعون‬

Abou ‘Amr Al-Joumahi.


Il est l’un des premiers croyants et l’un des com-
battants de Badr.
Oumar lui confia la gouvernance de Bahreïn (ré-
gion qui correspondait anciennement à toute la
partie est de la Péninsule arabique).
Qoudama est, par ailleurs, un des oncles mater-
nels de Hafsa (la Mère des croyants) et d’Ibnou
Oumar. Son épouse était également leur tante pa-
ternelle : Safiya bint Al-Khattab, une des Mou-
hajirates1.

1
Les croyantes qui émigrèrent de La Mecque (hijra)

29
Qoudama a, à son actif, l’une des deux exodes
vers l’Abyssinie.

Il est connu pour avoir bu du vin, une fois, en


se basant sur le verset : ﴾ Ceux qui ont cru et
accompli de bonnes œuvres n’auront pas de pé-
ché pour ce qu’ils ont consommé dès lors qu’ils
craignent, ont la foi et s’adonnent au bien1 ﴿
Il en fit l’interprétation mais cela n’empêcha pas
Oumar de le fouetter pour ce motif et de le desti-
tuer de son poste de gouverneur.
Ayoub As-Sakhtiyani prétendit, en outre, que
Qoudama est le seul compagnon à avoir participé
à la bataille de Badr sur qui on appliqua la peine
du buveur.
Je dis (Dhahabi) : Ceci n’est pas exact. Il y a
aussi Nou’aymane ibn ‘Amr Al-Ansari An-Naj-
jari, celui qui aimait plaisanter.

Ibn Saad mentionna : Qoudama avait pour en-


fants : Oumar, Fatima et Aïsha. Il émigra (hijra)
lors du deuxième exode vers l’Abyssinie et par-
ticipa, plus tard, aux batailles de Badr et d’Ou-
houd.

1
Sourate Al-Maïda, verset 93

30
Sa fille Aïsha le décrit : Mon père est mort en
l’an 36, à l’âge de 65 ans. Il n’avait pas pour ha-
bitude de teindre ses cheveux blancs. C’était un
homme grand, à la peau mate.
Qu’Allah l’agrée !

11. ABD-ALLAH IBN MAZH’OUNE


‫عبد اهلل بن َم ْظ ُعون‬

« Abou Mouhammad », un des tout premiers


croyants.
Abd-Allah demeure parmi les combattants de
Badr, comme ses frères Outhman et Qoudama
ainsi que son neveu As-Saïb.
Il immigra (hijra) en Abyssinie lors du deuxième
exode.
Ibn Saad mentionna : Abd-Allah participa aux
batailles de Badr, d’Ouhoud et d’Al-Khandaq1.
Le Messager d’Allah (‫ )ﷺ‬lui désigna pour frère
de foi, à Médine, Sahl ibn Oubayd ibn Al-
Mou’alla Al-Ansari. Il décéda en l’an 30, au

1
La bataille du Fossé

31
cours du califat d’Outhman ; Il était alors âgé
d’une soixantaine d’années.

12. AS-SAÏB IBN OUTHMAN


‫السائِب بن ُع ْثمان‬
َّ
As-Saïb est le fils d’Outhman ibn Mazh’oune Al-
Joumahi.
Sa mère est Khawla bint Hakim As-Soulamiya et
la mère de cette dernière : Da’ifa bint Al-‘Ass
ibn Oumaya ibn Abd-Shams.
As-Saïb fut de ceux qui immigrèrent (hijra) en
Abyssinie.
Il était connu pour être un tireur extrêmement
adroit.
Le Messager d’Allah (‫ )ﷺ‬lui désigna pour frère
de foi Haritha ibn Souraqa Al-Ansari, celui qui
mourut lors de la bataille de Badr et décrocha
ainsi le Firdaous1.

Ibn Saad mentionna : D’après Ibn Ishaq,

1
Référence à un hadith dans lequel le Prophète (‫ )ﷺ‬af-
firma cela pour lui (voir Al-Boukhari 2809)

32
Abou Ma’shar et Al-Waqidi, As-Saïb participa
bien à la bataille de Badr. Quant à Ibn Ouqba, il
ne cita pas son nom parmi les combattants. His-
ham ibn Al-Kalbi prétendit par ailleurs : Celui
qui combattit à Badr est As-Saïb ibn Mazh’oune,
le frère germain d’Outhman.
Ibn Saad rétorqua cependant : Ceci est une er-
reur. Puis de dire un peu plus loin : Il fut atteint
par une flèche lors de la bataille d’Al-Yamama1,
en l’an 12 ; ce qui causa sa mort.

13. ABOU HOUDHAYFA


‫أبو ُح َذ ْيـ َفـة‬

Le Noble, le Grand, le Martyr : Abou Houd-


hayfa.
Fils du Notable de l’époque antéislamique :
Outba ibn Rabi’a ibn Abd-Shams ibn Abd-Ma-
naf ibn Qoussay ibn Kilab.
Le Qourashite, Al-‘Abshami.
Il demeure parmi les combattants de Badr et les
tout premiers croyants.

1
Région située au centre de la Péninsule arabique

33
Son prénom est Mihsham (‫ )مِ ْهشَم‬d’après ce qui a
été rapporté.
Abou Houdhayfa se convertit avant même que le
Prophète (‫ )ﷺ‬et ses compagnons ne rejoignent
la maison d’Al-Arqam1.
Il participa aux deux exodes (hijra) vers
l’Abyssinie. Là-bas, son fils Mouhammad ibn
Abou Houdhayfa naquit ; celui même qui
s’insurgera plus tard contre Outhman ibn
‘Affane. C’est Sahla bint Souhail ibn ‘Amr qui
le lui donna, une des compagnonnes atteintes de
métrorragies2 et celle qui épousera, par la suite,
Abderrahman ibn ‘Aouf. Elle est connue
également pour avoir allaité Salim3, pubère, afin
que ce dernier puisse aller et venir, en sa
présence, librement. La majorité des savants de
l’Islam considèrent toutefois que cette
permission leur est spécifique.

Ibn Az-Zinad rapporte que le jour de Badr,


Abou Houdhayfa appela son père à combattre en
1
Demeure dans laquelle les premiers croyants se réunis-
saient aux prémices de l’Islam. Du nom de son proprié-
taire : le compagnon Al-Arqam ibn Abou Al-Arqam.
2
Saignements vaginaux survenant en dehors des mens-
truations
3
Salim était un enfant perse qu’Abou Houdhayfa avait
recueilli

34
duel. Sa sœur Oum Mouawiya Hind bint ‘Outba
rima alors :
Bigleux malencontreux, sous tes dents chevau-
chées
La foi de tes ainés, tu as bien débauchée
Ainsi tu remercies, celui qui t’a couvé
Par sa cause tu es, ce gaillard approuvé
Il précisa également : Abou Houdhayfa était
grand et avait un beau visage. Ses dents se che-
vauchaient les unes les autres.
Qu’Allah l’agrée, il mourut en martyr lors de la
bataille d’Al-Yamama1, lui et son protégé Salim.

Son frère Abou Hashim ibn Outba ne se con-


vertit que bien plus tard, lors de la conquête de
La Mecque, mais sa religiosité s’abonnit par la
suite significativement. Il accomplit, en outre, le
jihad et s’installa au Sham. Il était connu pour
être un homme pieux et intègre. On trouve de lui,
dans les livres de hadith, une narration du Pro-
phète (‫)ﷺ‬.
Il mourut lors du califat d’Outhman.
Abou Hashim est, par ailleurs, le demi-frère du
martyr Mouss’ab ibn Oumayr (par sa mère) et

1
Région du centre de la Péninsule arabique

35
l’oncle maternel de Mouawiya le Calife.

Mansour ibn Al-Mou’tamir relate : D’après


Abou Waïl : Samoura ibn Sahm nous rapporta :
Je me rendis au chevet d’Abou Hashim ibn
Outba lorsque ce dernier contracta la peste. C’est
alors qu’arriva Mouawiya, au même moment,
pour le visiter. Abou Hashim se mit, à cet instant,
à pleurer et Mouawiya lui demanda :
– Ô mon oncle, qu’est-ce qui te chagrine ? Est-
ce la douleur ou bien le fait de quitter ce bas-
monde ?
– Rien de cela ! répondit Abou Hashim avant de
s’exprimer : C’est simplement que le Messager
d’Allah (‫ )ﷺ‬me prodigua une recommandation
que je ne fus point capable d’honorer ! Il me dit
un jour : « Ô Abou Hashim, il se peut que tu vives
jusqu’à une époque où les gens se partageront
des biens en abondance ; contente-toi ce jour-là
d’un seul servant et d’une seule monture que tu
apprêteras pour la cause d’Allah ! »
Quant à moi, j’ai certes atteint cette époque et ai
usé de bien plus que cela !
Dans une autre version du récit, avec toutefois
des maillons manquants dans la chaîne

36
(moursal), figure sa parole : Si seulement cette
vie n’avait pu ressembler qu’à un crottin stérile !
Quant à Abou Houdhayfa, son frère, il est rap-
porté qu’il mourut à l’âge de 53 ans.

14. SALIM LE PROTÉGÉ


D’ABOU HOUDHAYFA
‫َسالِم َم ْولى أبي ُح َذ ْيـ َفـة‬

Il est l’un des tout premiers croyants et des com-


battants de Badr et compte parmi les rapprochés
et les versés en science.

Moussa ibn Outba mentionna : Il est Salim


ibn Ma’qil, de la cité d’Istakhr1. Il devint le
client2 d’Abou Houdhayfa après que la femme de
ce dernier, Thoubayta bint Ya’ar Al-Ansariya,
l’ait affranchi. Abou Houdhayfa l’éleva ensuite
et le considéra comme son propre fils.
(Ainsi Ibn Outba rapporta)

1
Située en Iran, c’était une ville majeure et un centre reli-
gieux de l’ancien Empire perse.
2
Personne qui se place sous la protection d’un homme
puissant

37
Ibn Abou Moulayka : D’après Al-Qassim ibn
Mouhammad qui relate : Sahla bint Souhayl,
l’épouse d’Abou Houdhayfa, se rendit au près du
Prophète (‫ )ﷺ‬et lui dit :
– Ô Messager d’Allah, Salim est encore avec moi
dans le domicile conjugal et il a certes atteint
l’âge adulte !
– Allaite-le ; vous deviendrez illicites l’un pour
l’autre comme le reste des membres de ta fa-
mille ! lui enjoint alors le Prophète (‫)ﷺ‬.
Oum Salama ajouta par ailleurs : Les épouses du
Messager d’Allah (‫ )ﷺ‬refusèrent, par la suite,
que quiconque leur devienne illicite par ce pro-
cédé. Elles disaient : Ceci est une exception qui
n’a été accordée qu’à Salim !

Et d’après Ibnou Oumar : Lorsque les Mou-


hajirounes1 arrivèrent de La Mecque, c’est Salim
le protégé d’Abou Houdhayfa qui les dirigeait
dans leur prière. Il était, en effet, celui d’entre
eux qui connaissait le mieux le Coran !

Al-Waqidi : Aflah ibn Saïd nous a rapporté :


D’après Mouhammad ibn Kaab Al-Qourazhi qui
relate : C’est Salim qui guidait les

1
Compagnons qui émigrèrent de La Mecque à Médine

38
Mouhajirounes, dans leurs prières, lorsque ces
derniers se trouvaient à Qouba. Et il y avait
parmi eux Oumar ; peu avant qu’il ne rejoigne le
Messager d’Allah (‫)ﷺ‬.

Hanzhala ibn Abou Soufiane : D’après Ab-


derrahman ibn Sabit : D’après Aïsha qui rap-
porte : Une nuit, alors que je tardai à rejoindre le
Messager d’Allah (‫)ﷺ‬, celui-ci me demanda :
– Qu’est-ce qui t’a retenue ?
– Il y a, dans la mosquée, une personne qui lit le
Coran ; je n’ai jamais entendu pareille récita-
tion ! lui répondis-je.
Il revêtit alors son pardessus et sortit pour l’écou-
ter. C’est alors que nous aperçûmes Salim le pro-
tégé d’Abou Houdhayfa. Le Prophète (‫ )ﷺ‬dit à
cet instant : « Louange à Allah qui a fait que des
gens comme toi fassent partie de ma commu-
nauté ! »
Ce récit jouit d’une chaîne de transmission rela-
tivement bonne.

Abd-Allah ibn Noumayr : D’après Oubayd-


Allah : D’après Nafi’ : D’après Ibnou Oumar qui
relate : Lorsque les Mouhajirounes arrivèrent à
Médine, ils s’installèrent à Al-‘Ousba, près de

39
Qouba. Leur imam était alors Salim, le protégé
d’Abou Houdhayfa, car il était celui d’entre eux
qui connaissait le plus de Coran. Il y avait alors,
parmi eux, Oumar et Abou Salama ibn Abd Al-
Assad.
Oussama ibn Hafs a rapporté le même récit,
d’après Oubayd-Allah, mais avec les termes :
Lorsque les premiers Mouhajirounes arrivèrent à
Al-‘Ousba, avant la venue du Messager d’Allah
(‫)ﷺ‬, c’est Salim qui les guidait dans leur prière.

Et il a été rapporté de Mouhammad ibn Ibra-


him At-Taïmi que le Prophète (‫ )ﷺ‬désigna Abou
Oubayda ibn Al-Jarrah comme frère de foi de Sa-
lim, le protégé d’Abou Houdhayfa.
La chaîne de transmission de ce récit est toute-
fois discontinue.

En outre, il est mentionné dans une narration


d’Al-Waqidi, que Mouhammad ibn Thabit ibn
Qays rapporta : Lorsque certains combattants
musulmans commencèrent à fuir, le jour de la ba-
taille d’Al-Yamama, Salim le protégé d’Abou
Houdhayfa s’écria : Ceci n’était pas notre ma-
nière d’agir au temps du Messager d’Allah (‫! )ﷺ‬
Il creusa alors un trou dans lequel il se figea.

40
Salim avait avec lui, ce jour-là, l’étendard des
Mouhajirounes. Il combattit ensuite jusqu’à la
mort.

Oubayd ibn Abou Al-Ja’d rapporta : D’après


Abd-Allah ibn Al-Had : Lorsque Salim mourut,
Oumar ibn Al-Khattab vendit ses biens pour un
montant total de deux-cents dirhams1. Il les remit
alors à sa mère, en héritage, et lui dit : « Tiens,
dépense-les ! »

Par ailleurs, il fut rapporté que Salim et Abou


Houdhayfa furent retrouvés, gisant tous deux à
terre, la tête de l’un au niveau des pieds de
l’autre…
Qu’Allah les agrée tous les deux !

Parmi les mérites de Salim, la narration sui-


vante est également à mentionner :
L’imam Abou Mouhammad Abderrahman ibn
Mouhammad – via son livre – ainsi qu’un groupe
de savants nous ont informés : Hanbal ibn Abd-
Allah nous a informés : Hibat-Allah ibn Mou-
hammad nous a narré : Abou Ali ibn Al-
Moudhib nous a narré : Ahmad ibn Jafar nous a
narré : Abd-Allah ibn Ahmad nous a rapporté :

1
Pièces d’argent de l’époque

41
Mon père m’a rapporté : ‘Affane nous a rap-
porté : Hammad nous a rapporté : D’après Ali
ibn Zayd : D’après Abou Rafi’ qui rapporte
qu’Oumar ibn Al-Khattab ordonna :
Que tous les captifs arabes qui seront vivants à
ma mort soient affranchis avec l’argent d’Allah !
Saïd ibn Zayd, alors présent, lui dit :
– Pourquoi ne désignerais-tu pas ton successeur,
d’entre les musulmans, comme Abou Bakr le
fit ? Les gens pourraient ainsi se fier à ta recom-
mandation comme ils se fièrent à celle d’Abou
Bakr le Véridique !
– Certes j’ai vu en ceux qui m’entourent une âpre
convoitise ! répondit-il alors avant de pour-
suivre : Pour cette raison, j’ai confié cette tâche
à ces six !
Puis il dit : S’il y avait deux hommes qui
m’avaient survécu et que j’aurais pu nommer à
ce poste en ayant pleinement confiance, ce sont :
Salim le protégé d’Abou Houdhayfa et Abou Ou-
bayda ibn Al-Jarrah !
Ali ibn Zayd est toutefois un rapporteur dont on
écrit les hadiths seulement (‫ )لين‬mais dont les nar-
rations, seules, ne peuvent être acceptées.

42
Ceci-étant, si ce récit s’avère authentique, il
montre la grande considération qu’Oumar avait
pour Salim et Abou Oubayda. Il indique égale-
ment que celui-ci ne voyait pas le titre de calife
réservé aux seuls Qourashites. Et Allah est plus
savant !

LES MARTYRS DE BADR

Oubayda ibn Al-Harith Al-Mouttalibi,


Oumayr ibn Abi Waqas Az-Zouhri (le frère de
Saad),
Saffoine ibn Bayda (dont le père est : Wahb ibn
Rabi’a Al-Fihri),
Celui que l’on surnommait l’Ambidextre1 :
Oumayr ibn Abd-‘Amr Al-Khouza’i,
Oumayr ibn Al-Houmam ibn Al-Jamouh Al-An-
sari, celui qui jeta les dattes qu’il avait dans la
main, lors de la bataille, et combattit jusqu’au
martyr,
Mou’adh ibn ‘Amr ibn Al-Jamouh As-Soulami,

1
Personne qui use de ses deux mains avec la même faci-
lité

43
Mou’adh ibn ‘Afra et son frère ‘Aouf (le père de
ces deux derniers étant : Al-Harith ibn Rifa’a des
Banou Ghanm ibn ‘Aouf),
Haritha ibn Souraqa ibn Al-Harith ibn ‘Adi Al-
Ansari, l’enfant qui fut tué par un tir de flèche
perdu et pour qui le Messager d’Allah (‫ )ﷺ‬dit :
« Ô Oum Haritha, ton fils a gagné les plus hauts
degrés du Paradis (Al-Firdaous) ! »,
Yazid ibn Al-Harith ibn Qays Al-Khazraji, dont
la mère est : Foussehame. Et il fut dit que
Foussehame était en fait son nom à lui,
Rafi’ ibn Al-Mou’alla Az-Zouraqi,
Saad ibn Khaythama Al-Aoussi,
Moubashir ibn Abd Al-Moundhir (le frère
d’Abou Loubaba),
Et ‘Aqil ibn Al-Boukayr ibn Abd-Ya-Layla Al-
Kinani Al-Laythi, l’un des fameux quatre frères
qui ont combattu ensemble lors de la bataille.
Ce qui porte le total des martyrs, du côté des
compagnons, à quatorze.

Quant aux polythéistes morts ce jour, on dé-


nombre :

44
Outba ibn Rabi’a ibn Abd-Shams ibn Abd-Ma-
naf ainsi que son frère Shayba ; ils avaient, à eux
deux cumulés, 140 ans,
Abou Jahl ‘Amr ibn Hisham ibn Al-Moughira
Al-Makhzoumi,
Oumaya ibn Khalaf Al-Joumahi et son fils Ali,
Ouqba ibn Abou Mou’it ; ce dernier fut, par ail-
leurs, exécuté d’un coup de couteau à la gorge
après avoir été fait prisonnier,
Abou Al-Bakhtari Al-‘Ass ibn Hisham Al-
Assadi,
Al-‘Ass (le frère d’Abou Jahl),
Hanzhala ibn Abou Soufiane (le frère de
Mouawiya),
Les fils d’Abou Ouhayha : Oubayd et Al-‘Ass,
Al-Harith ibn ‘Amir An-Nawfali,
Touayma (l’oncle paternel de Joubayr ibn
Mout’im),
Harith ibn Zam’a ibn Al-Aswad et son père, ainsi
que Ouqayl (le frère de son père),
Nawfal ibn Khouwaylid Al-Assadi (le frère de
Khadija),

45
An-Nadr ibn al-Harith (mort exécuté),
Oumayr ibn Outhman (l’oncle paternel de Talha
ibn Oubayd-Allah),
Mass’oud Al-Makhzoumi (le frère d’Oum
Salama),
Abou Qays (le frère de Khalid ibn Al-Walid),
Qays ibn Al-‘Ad ibn Al-Moughira Al-
Makhzoumi,
Et enfin les fils d’Al-Hajjaj ibn ‘Amir As-
Sahmi : Noubayh et Mounabbi ainsi que les deux
fils de Mounabbi : Haritha et Al-‘Ass.

46
‫سري أعالم النبالء‬
LES GRANDES FIGURES DE
L’ISLAM
SHAMS AD-DINE DHAHABI (748 h)

15

‫محزة بن عبد املطلب‬


HAMZA IBN ABDELMOUTALIB
AU NOM D’ALLAH
LE CLÉMENT LE MISÉRICORDIEUX

NOUS LUI DEMANDONS SON AIDE

15. HAMZA IBN ABDELMOUTALIB


‫الم َّطلِب‬
ُ ‫َح ْم َزة بن عبد‬
Hamza ibn Abdelmoutalib ibn Hashim ibn
Abd-Manaf ibn Qoussay ibn Kilab,
L’imam, le héros, le vaillant, le Lion d’Allah,
« Abou Oumara » et « Abou Ya’la »,
Le Qourashite, Al-Hashimi, Al-Makki puis Al-
Madani,
Le combattant de Badr et martyr,
L’oncle paternel du Messager d’Allah (‫ )ﷺ‬et son
frère de lait à la fois.

Ibn Ishaq rapporte : Lorsque Hamza se con-


vertit, les Qourashites surent à cet instant que le
Messager d’Allah (‫ )ﷺ‬devenait intouchable et
que son oncle serait, pour lui, un rempart. Ils

1
cessèrent par conséquent une partie de leur nui-
sance envers lui…

Abou Ishaq rapporte : D’après Haritha ibn


Moudarrib : D’après Ali qui relate : Le Messager
d’Allah (‫ )ﷺ‬me demanda d’appeler Hamza et je
questionnai alors ce dernier :
– Qui donc est sur la chamelle rousse ?
– C’est Outba ibn Rabi’a ! me dit-il.
Puis il le défia en duel, un peu plus tard, et le tua.

Oussama ibn Zayd rapporte : D’après Nafi’ :


D’après Ibnou Oumar qui relate : Lorsque le
Messager d’Allah (‫ )ﷺ‬entendit les femmes des
Ansar pleurer leurs morts, il dit : « Quant à
Hamza, personne ne le pleure lui ! » Elles se ren-
dirent alors auprès de lui et se mirent à pleurer
Hamza jusqu’à ce que le Prophète (‫ )ﷺ‬ne leur
ordonne : « Dites-leur de ne plus pleurer per-
sonne après ce jour ! »

On trouve dans le livre « Al-Moustadrak »


d’Al-Hakim : D’après Jabir : Du prophète (‫ )ﷺ‬:
« Le prince des martyrs est Hamza ! Ou bien un
homme qui aurait sermonné un gouverneur in-
juste puis se serait fait tuer par celui-ci ! »
La chaîne de ce récit est toutefois faible.

2
Ad-Daghouli : Ahmad ibn Sayar nous a rap-
porté : Rafi’ ibn Acheras nous a rapporté : Kha-
lid ibn As-Saffar nous a rapporté : D’après Ibra-
him ibn As-Saïgh : D’après ‘Ata : D’après Jabir :
Le Prophète (‫ )ﷺ‬a dit : « Hamza ibn Abdelmou-
talib est le prince des martyrs ! »
Hadith gharib (singulier)

Oussama ibn Zayd : D’après Nafi’ : D’après


Ibnou Oumar qui relate : Lorsque le Messager
d’Allah (‫ )ﷺ‬s’en retourna de la bataille d’Ou-
houd, il entendit les femmes des Banou
Al-Achehal pleurer leurs morts. Il s’écria
alors : « Quant à Hamza, il n’a personne pour le
pleurer lui ! »
Les femmes des Ansar se rendirent alors auprès
de lui et se mirent à pleurer Hamza.
Puis le Prophète (‫ )ﷺ‬s’assoupit un moment.
Lorsqu’il se réveilla, il trouva celles-ci, à leur
place, n’ayant cessé de pleurer son oncle défunt.
Il dit alors : « Malheur à elles ! Elles sont encore
là !? Dites-leur de partir et qu’elles ne pleurent
plus sur personne après ce jour ! »

Ibn Ishaq : Abd-Allah ibn Al-Fadl ibn Al-


‘Abbas ibn Rabi’a m’a rapporté : D’après Sou-
layman ibn Yassar : D’après Jafar ibn ‘Amr ibn

3
Oumaya Ad-Damri qui relate : Nous sortîmes,
Oubayd-Allah ibn ‘Adi ibn Al-Khiyar et moi, en
expédition à l’époque de Mouawiya. C’est alors
que nous passâmes par Homs1 dans laquelle se
trouvait Wahchi. Ibn ‘Adi me dit alors :
– Voudrais-tu que l’on aille questionner Wah-
chi afin de savoir comment il a tué Hamza ?
Nous partîmes alors à sa recherche et deman-
dâmes après lui. Les gens nous dirent :
– Certes vous le trouverez dans le patio de sa de-
meure assis sur un duvet ! C’est un alcoolique
notoire mais, s’il est sobre, il s’exprime parfaite-
ment en arabe…
Nous nous rendîmes alors auprès de lui et trou-
vâmes un vieil homme noir assis sur son duvet.
On aurait dit un vautour. Il n’était pas saoul au
moment de notre visite. Nous le saluâmes. À cet
instant, il leva sa tête vers Oubayd-Allah ibn
‘Adi et dit :
– Tu es le fils de ‘Adi ibn Al-Khiyar ?
– Oui, répondit Oubayd-Allah.
– Par Allah, la dernière fois que je t’ai vu, c’est
lorsque je t’ai porté pour te remettre à ta mère des

1
Célèbre ville de Syrie

4
Banou Saad1, non loin de la rivière de Touwa2.
Elle t’allaita sur son chameau. Je revois encore
tes petits pieds !
– Nous sommes venus pour que tu nous racontes
comment tu as tué Hamza ?
– Je vais vous le raconter exactement comme je
l’ai raconté au Messager d’Allah (‫ ! )ﷺ‬répondit-
il avant de poursuivre : J’étais, à l’époque, sous
le joug de Joubayr ibn Mout’im. Tou’ayma ibn
‘Adi, son oncle paternel, avait été tué lors de la
bataille de Badr. Joubayr me dit alors :
– Si tu tues Hamza, tu es libre !
Je possédais, à ce moment-là, une javeline et
étais un fort bon lanceur ; rares étaient les fois où
je manquais ma cible. Je me rendis alors sur le
champ de bataille avec les combattants. Puis,
lorsque les deux groupes commencèrent à s’af-
fronter, je me mis à chercher Hamza. C’est alors
que je l’aperçu sur le flanc. Il faisait penser à un
dromadaire cendre tellement la poussière l’avait
recouvert ! Il terrassait les combattants un à un
avec son épée. Je me préparais, à cet instant, à le

1
Il veut sans doute signifier sa mère de lait car la mère
biologique de Oubayd-Allah ibn ‘Adi était une Qouras-
hite des Banou Abd-Shams.
2
Oued de La Mecque

5
viser quand Siba’ ibn Abd Al-Ouzza Al-
Khouza’i, soudainement, s’avança vers lui. Lors-
que Hamza le vit, il lui dit :
– Approche fils d’exciseuse !
Hamza lui assena alors un coup d’épée en pleine
nuque. Par Allah, je n’avais jamais vu quelqu’un
trancher une tête d’une manière aussi violente
que ça !
À cet instant, j’emmanchai ma javeline et, lors-
que je l’eus bien en main, je la lançai droit sur
lui. Elle alla se planter dans son abdomen et res-
sortit d’entre ses jambes. Là, il s’effondra. Il es-
saya ensuite, péniblement, de se relever mais fi-
nit par succomber définitivement. Je le laissai
ainsi, la javeline plantée, jusqu’à ce qu’il rende
l’âme puis je partis récupérer mon arme. N’ayant
besoin de combattre personne d’autre ce jour-là,
je m’en retournai ainsi à notre campement et at-
tendis paisiblement là-bas !
Plus tard, lorsque le Messager d’Allah (‫ )ﷺ‬eut
conquis La Mecque, j’allai trouver refuge à Taïf.
Mais lorsque la délégation de Taïf embrassa
l’Islam, la Terre d’Allah devint pour moi bien
étroite malgré toute l’étendue de ses contrées ! Je
songeai alors à me rendre au Sham, au Yemen ou
dans d’autres endroits. Puis, alors que j’étais

6
grandement préoccupé par cela, un homme me
dit :
– Certes Mouhammad ne tue pas ceux qui se con-
vertissent à sa religion !
Je décidai alors de me rendre à Médine pour voir
le Messager d’Allah (‫)ﷺ‬. Lorsque j’arrivai près
de lui, il me dit :
– Wahchi ?
– C’est moi, lui répondis-je.
– Assieds-toi, me dit-il avant de me demander :
Raconte-moi comment tu as tué Hamza ?
Je lui ai alors raconté exactement comme je vous
l’ai narré. Il me dit ensuite :
– Malheur à toi ! Pars loin de moi afin que je ne
voie plus ton visage !
Pendant toute la durée de sa vie, je veillai donc à
me tenir aussi éloigné que possible de lui et ce
jusqu’à sa mort.
Puis, lorsque les musulmans entreprirent de
combattre Moussaylima, je partis avec eux muni
de la javeline avec laquelle j’avais tué Hamza.
Quand le combat éclata, je guettai attentivement
Moussaylima qui tenait dans sa main une épée.
Par Allah, je ne l’avais jamais vu auparavant.

7
Soudain, alors que je me préparais à le viser,
j’aperçus un homme des Ansar se diriger égale-
ment vers lui mais par une autre direction. Tous
deux nous préparions à le cibler. Puis, lorsque je
le pus, je lui lançai la javeline qui le transperça.
Au même moment, le Ansari lui asséna, à son
tour, un coup d’épée ! Je lui dis alors :
– Par ton Seigneur, c’est bien lui le seul à savoir
qui de nous deux a tué cet individu ! Quoiqu’il
en soit, s’il est mort par ma cause, j’aurais au fi-
nal tué le meilleur des hommes – après le Mes-
sager d’Allah (‫ – )ﷺ‬et le pire d’entre eux !

Et toujours d’après lui1 : D’après Soulayman


ibn Yassar : D’après Abd-Allah ibn Oumar qui
dit : J’entendis, ce jour-là, quelqu’un crier :
« L’esclave noir l’a tué ! » (C’est-à-dire Mous-
saylima)

Oussama ibn Zayd : D’après Az-Zouhri :


D’après Anas qui relate : Lorsque le Messager
d’Allah (‫ )ﷺ‬vit, le jour d’Ouhoud, le nez de
Hamza estropié et son corps mutilé, il dit :
« Si cela n’avait pas affecté Safiya, je l’aurais
laissé tel quel afin qu’Allah, le Jour du jugement,

1
C’est-à-dire Ibn Ishaq

8
le ressuscite d’entre les entrailles des fauves et
des rapaces ! »
On l’ensevelit alors dans un vêtement à rayures.
Lorsque l’on couvrait sa tête, ses pieds dépas-
saient et lorsque l’on voulait couvrir ses pieds,
c’est sa tête qui ressortait. Ce jour-là, le Messa-
ger d’Allah (‫ )ﷺ‬ne pria sur aucun des martyrs. Il
leur dit par ailleurs : « Je suis un témoin pour
vous ! »
Aussi, on enterrait les morts à deux ou à trois
dans les tombes. À chaque fois, on demandait :
Lequel d’entre eux connaissait le plus de Coran ?
Il était alors inhumé en premier. On pouvait uti-
lisé également le même linceul pour ensevelir
plusieurs martyrs à la fois !

Ibn ‘Aoun : D’après Oumayr ibn Ishaq :


D’après Saad ibn Abi Waqas qui relate : Le jour
d’Ouhoud, Hamza combattait juste devant le
Messager d’Allah (‫ )ﷺ‬avec deux épées dans les
mains et il disait : « Je suis le Lion d’Allah ! »
Rapporté également par Younous ibn Boukayr –
avec toutefois un ou plusieurs maillons man-
quants dans la chaîne (moursal) : D’après Ibn
‘Aoun : D’après Oumayr et dans lequel on
trouve l’ajout : Puis il trébucha et fut projeté sur
le sol. Dans sa chute, sa cuirasse se démit et lui

9
découvrit le ventre. L’esclave abyssin en profita
alors pour lui lancer sa javeline qui vint lui trans-
percer l’abdomen !

Abdelaziz ibn Al-Majishoune : D’après Abd-


Allah ibn Al-Fadl : D’après Soulayman ibn Yas-
sar : D’après Jafar ibn ‘Amr Ad-Damri qui ra-
conte : Alors qu’Ibn Al-Khiyar et moi nous trou-
vions au Sham, nous questionnâmes après Wah-
chi. Les gens nous répondirent : Vous trouverez
cette grosse jarre à beurre dans le patio de sa de-
meure !
Nous nous rendîmes alors là où il habitait. Nous
entrâmes, le saluâmes et attendîmes un moment.
Ibn Al-Khiyar était alors totalement enveloppé
avec un turban ; Wahchi ne voyait de lui que ses
yeux et ses pieds ! À cet instant, il s’adressa à ce
dernier :
– Me reconnais-tu Wahchi ?
– Non, par Allah ! répondit l’homme avant de
poursuivre : Si ce n’est que je me souviens que
‘Adi ibn Al-Khiyar épousa une femme du nom
de « Oum Qital », la fille d’Abou Al-‘Is. Elle lui
donna un enfant à La Mecque. Cette dernière
confia, par la suite, son nouveau-né à une nour-
rice afin qu’elle l’allaite et c’est moi qui le lui

10
donnai. Ses pieds ressemblaient étrangement aux
tiens !
À ce moment, Oubayd-Allah découvrit son vi-
sage puis il lui dit :
– Veux-tu nous raconter comment tu as tué
Hamza ?
– Si vous le souhaitez ! répondit-il avant d’enta-
mer son récit et de dire : Tou’ayma ibn ‘Adi ibn
Al-Khiyar avait été tué lors de la bataille de
Badr. Joubayr – qui était alors mon maître – me
dit :
– Si tu tues Hamza pour venger mon oncle, je
t’affranchis !
Puis, lorsque les gens sortirent à ‘Aynayne1 (nom
d’un monticule situé juste à côté d’Ouhoud et
qu’un oued sépare), Siba’ cria :
– Y a-t-il quelqu’un pour se battre en duel ?
– Est-ce que tu t’opposes à Allah et à son messa-
ger fils d’exciseuse ? lui répondit Hamza. Il lui
sauta ensuite dessus pour n’en faire qu’une bou-
chée.
À cet instant, je me postai derrière un rocher et
attendis qu’il passe devant moi. Je patientai

1
Autre nom donné au fameux mont des Archers

11
jusqu’au moment où je pus enfin le cibler. Ma
javeline vint alors lui transpercer l’abdomen
avant de ressortir du côté de sa hanche.
Jusqu’à sa parole : Plus tard, alors que je me
trouvais à Taïf, ils envoyèrent des émissaires au
Prophète (‫)ﷺ‬. On me dit à ce moment :
– Certes, il ne cause aucun tort aux envoyés !
C’est alors que je partis avec eux. Lorsque le
Prophète (‫ )ﷺ‬me vit, il me dit :
– Tu es Wahchi ?
– Oui, répondis-je.
– Celui qui a tué Hamza ? me demanda-t-il.
– Effectivement, ce que l’on t’a rapporté de moi
est exact ! lui confirmai-je.
– Peux-tu faire en sorte que je ne vois plus ton
visage ? C’est la phrase qu’il me dit à ce mo-
ment-là.
Je m’en retournai alors. Puis, lorsqu’il mourut et
que Moussaylima entra en scène, j’eus la ferme
intention de partir le combattre et de le tuer afin
de me racheter du meurtre de Hamza. Je m’enga-
geai alors avec les troupes. Arriva ensuite ce
qu’il arriva entre les combattants ce jour-là. Sou-
dain, je vis au milieu des armées, depuis la fente

12
d’un mur, un homme couvert de poussière et la
chevelure complètement ébouriffée. Il était gris
comme un chameau ! Je le visai alors avec ma
javeline et celle-ci vint lui transpercer le thorax
avant de ressortir au niveau de ses omoplates. Au
même moment, un homme des Ansar se rua sur
lui et lui assena un coup d’épée en pleine tête…
Soulayman ibn Yassar précisa en outre : J’ai en-
tendu Ibnou Oumar rapporter : À cet instant, une
jeune fille, sur le toit d’une maison, cria : « L’es-
clave noir a tué le Prince des Croyants1 ! »

Moussa ibn Ouqba relate : C’est alors que les


musulmans se dispersèrent, chacun recherchant
ses morts. Tous les martyrs qu’ils trouvèrent
avaient été mutilés à l’exception de Hanzhala ibn
Abou ‘Amir. Il avait été épargné car son père –
Abou ‘Amir – était dans les rangs des poly-
théistes.
Ils racontèrent qu’il se rendit auprès du corps de
son fils et mut la poitrine de ce dernier avec son
pied tout en disant :
« Tu as embrassé deux religions, ordure, et qui
de toi ou moi est victorieux maintenant ?! Par

1
Elle veut dire Moussaylima ; ses suiveurs le considérant
comme un véritable prophète.

13
Allah l’Éternel, tu étais toutefois de ceux qui pré-
servent les liens familiaux et un fils bienveillant
envers son père !
Puis ils trouvèrent Hamza, le ventre étripé. Wah-
chi lui avait arraché le foie, pour le rapporter à
Hind, suite au vœu qu’elle avait fait le jour de la
mort de son père à Badr. Hamza fut enterré dans
un manteau à rayures qui, lorsque l’on couvrait
son visage avec, laissait dépasser ses pieds. Ils
utilisèrent alors des branches d’arbres pour le re-
couvrir entièrement.

Ibn Ishaq : Bourayda m’a rapporté : D’après


Mouhammad ibn Kaab Al-Qourazhi : Le Messa-
ger d’Allah (‫ )ﷺ‬dit suite à cet évènement : « Si
je vaincs les Qourashites, j’en mutilerai trente
d’entre eux ! » Lorsque les compagnons virent ce
que cela avait suscité comme peine chez le Mes-
sager, ils jurèrent : Si nous l’emportons, nous les
mutilerons comme aucun arabe n’a été mutilé
jusque-là ! Puis Allah révéla : ﴾ Et si vous ripos-
tez, ripostez de manière équivalente au tort que
l’on vous a fait1 ﴿ jusqu’à la fin de la sourate.
Le Messager d’Allah (‫ )ﷺ‬s’abstint alors de faire
ce qu’il avait envisagé.

1
Sourate Les Abeilles, verset 126

14
Abou Bakr ibn ‘Ayash : D’après Yazid ibn
Abou Ziyad : D’après Miqsam : D’après Ibnou
‘Abbas qui relate : Lorsque Hamza fut tué, sa
sœur Safiya se rendit sur le champ de bataille.
Elle rencontra alors Ali Et Zoubayr mais ces der-
niers feignirent de ne rien savoir. Elle partit alors
voir le Messager d’Allah (‫ )ﷺ‬qui dit : « Je
crains qu’elle ne puisse le supporter ! » Puis il
posa sa main sur sa poitrine et invoqua pour elle.
À cet instant, elle s’écria : « À Allah nous appar-
tenons et à lui nous retournons ! » et fondit en
larmes.
Le Prophète (‫ )ﷺ‬se rendit ensuite auprès de
Hamza qui avait été affreusement mutilé. À ce
moment, il dit : « Si cela n’avait pas suscité
l’émoi des femmes, je l’aurais laissé tel quel afin
qu’il soit ressuscité, le Jour du jugement,
du jabot1 des charognards et des entrailles des
fauves ! »
Puis on fit venir les morts, par sept2, et le Pro-
phète (‫ )ﷺ‬pria sur eux. On les transportait en-
suite afin de laisser place à un autre groupe, à

1
Poche de l'œsophage des oiseaux dans laquelle ils stock-
ent les aliments
2
Dans la plupart des versions du récit, il est dit : « par
dix » ; neuf martyrs plus Hamza, le dixième, à chaque
tour.

15
l’exception de Hamza qui restait à l’endroit de la
prière mortuaire. Le Prophète (‫ )ﷺ‬priait, à
chaque fois, sept takbirates1 sur eux et ce jusqu’à
ce que l’ensemble des martyrs soient inhumés…
Ceci-dit, Yazid n’est pas un rapporteur sur lequel
on peut s’appuyer. Le plus probant, dans cette
question, est ce qui a été rapporté par Jabir qui
affirma que le Prophète (‫ )ﷺ‬ne pria sur personne
ce jour-là.
Par ailleurs, on trouve dans les Deux Authen-
tiques le hadith de ‘Ouqba qui rapporte que le
Messager (‫ )ﷺ‬pria effectivement sur les martyrs
d’Ouhoud mais ce quelques jours avant sa mort
seulement.

De même, il est rapporté, par la voie d’Abou


Hourayra et d’Ibnou ‘Abbas, sa parole – Que la
paix soit sur lui : « Certes si je bats les Qouras-
hites, j’en mutilerai soixante-dix d’entre eux ! »
C’est alors que le verset ﴾ Et si vous ripostez2 ﴿
fut révélé.

Adnan : Issa ibn Oubayd Al-Kindi nous a in-


formé : Rabi’ ibn Anas m’a rapporté : Abou Al-

1
Fait de prononcer « Allah akbar »
2
Le verset 126 de la sourate Les Abeilles

16
‘Aliya m’a rapporté : D’après Oubay ibn Kaab
qui relate : Soixante-dix d’entre les Ansar trou-
vèrent la mort le jour d’Ouhoud. Leurs corps su-
birent, pour la plupart, des mutilations multiples.
C’est alors que les survivants d’entre eux dirent :
Si un jour nous les battons, nous leur rendrons la
pareille et bien plus encore ! Jusqu’au jour où La
Mecque fut conquise. Là, un Ansari cria à deux
reprises : « Que l’on extermine tous les Qouras-
hites !! » C’est alors qu’Allah révéla sur son pro-
phète le verset ﴾ Et si vous ripostez… ﴿.
À ce moment, le Prophète (‫ )ﷺ‬dit : « Laissez le
peuple saint et sauf ! »

Younous ibn Boukayr : D’après Hisham ibn


Ourwa : D’après son père qui relate : Safiya ap-
porta, le jour d’Ouhoud, deux pièces de toile afin
d’ensevelir le corps de Hamza avec. Lorsque le
Messager d’Allah (‫ )ﷺ‬l’aperçut, il ne souhaita
pas qu’elle voie son frère dans cet état. Il envoya
alors Zoubayr1 pour la retenir et pour prendre les
linceuls. Il y avait alors, aux côtés de Hamza, un
Ansari qui gisait aussi sur le sol. Le Prophète
(‫ )ﷺ‬et les compagnons réprouvèrent, à cet ins-
tant, de choisir le plus beau des deux tissus pour
Hamza et de laisser l’autre à l’Ansari. Ils

1
Le fils de Safiya

17
décidèrent donc de tirer au sort pour les départa-
ger. Celui qui aurait été désigné serait ainsi en-
veloppé dans la meilleure des deux pièces.
Hamza fut donc inhumé dans un linceul et l’autre
homme, le Ansari, inhumé dans un autre…

Ibn Ishaq : D’après Ismaïl ibn Oumaya :


D’après Abou Zoubayr : D’après Saïd ibn Jou-
bayr : D’après Ibnou Abbas qui rapporte : Le
Prophète (‫ )ﷺ‬énonça : Lorsque vos frères tom-
bèrent sur le champ de bataille, le jour d’Ou-
houd, Allah réincarna leurs âmes dans des corps
d’oiseaux de couleur émeraude. Ainsi, ils vont et
viennent en s’abreuvant des fleuves du Paradis et
en se délectant de ses fruits. Après un temps, ils
s’en retournent dans des lanternes, faites d’or,
suspendues à l’ombre du Trône ! Après avoir
trouvé ce qui les eût comblés comme nourritures,
boissons et séjours de repos, ils dirent : Qui donc
pourrait transmettre à nos frères que nous
sommes vivants, dans le Paradis, et que nous y
recevons grâcieuses subsistances ? Qu’ils ne re-
noncent, dès lors, pas à la guerre et au jihad !
À cet instant, Allah dit : Moi, je vais leur trans-
mettre !
Et c’est ainsi que fut révélé le verset :

18
﴾ Et ne pense pas que ceux qui sont tombés
dans le sentier d’Allah soient morts1 ﴿

Ibn Ishaq : ‘Assim ibn Oumar m’a rapporté :


D’après Abderrahman ibn Jabir ibn Abd-Allah :
D’après son père : Lorsque l’on parlait de la ba-
taille d’Ouhoud en présence du Messager d’Al-
lah (‫)ﷺ‬, il disait : « Je le jure, j’aurais aimé ce
jour-là que l’on m’abandonne avec mes compa-
gnons au pied de la montagne ; je serais ainsi
mort avec eux ! »
Et il est rapporté de Jabir – via une chaîne de
transmission cependant viciée – que lorsque le
Prophète (‫ )ﷺ‬comprit que Hamza était mort, il
se mit à pleurer. Puis, lorsqu’il vit son corps mu-
tilé, dans cet état, il fondit en sanglots !

1
Sourate La famille d’Imran, verset 179

19
‫سري أعالم النبالء‬
LES GRANDES FIGURES DE
L’ISLAM
SHAMS AD-DINE DHAHABI (748 h)

DE LA BIOGRAPHIE N°16
À LA BIOGRAPHIE N°33
AU NOM D’ALLAH
LE CLÉMENT LE MISÉRICORDIEUX

NOUS LUI DEMANDONS SON AIDE

16. ‘AQIL IBN AL-BOUKAYR


‫َعاقِل بن ال ُب َك ْير‬

‘Aqil ibn Al-Boukayr (ou Ibn Abou Al-Bou-


kayr comme certains ont rapporté) ibn Abd-Ya-
Layla ibn Nashib ibn Ghiyara ibn Saad ibn Layth
ibn Boukayr ibn Abd-Mana ibn Kinana, Al-Lay-
thi.
Mouhammad ibn Saad, après avoir mention-
ner sa filiation, affirma : Son nom avant l’Islam
était Ghafil (qui signifie insouciant). Puis le
Messager d’Allah (‫ )ﷺ‬le rebaptisa « ‘Aqil » (qui
veut dire bien-pensant). Abou Al-Boukayr
s’était, autrefois, mis sous la protection de Nou-
fayl ibn Abd Al-Ouzza, le grand-père d’Oumar.
Abou Ma’shar et Al-Waqidi ont dit que le nom
de ce dernier était bien « Abou Al-Boukayr » (le
père d’Al-Boukayr). Quant à Moussa ibn Ouqba,
Ibn Ishaq et Ibn Al-Kalbi, ils prétendirent qu’il
s’appelait tout simplement « Al-Boukayr ».

1
Mouhammad ibn Oumar nous a narré : Mou-
hammad ibn Salih nous a rapporté : D’après Ya-
zid ibn Roumane qui relate : Les fils d’Abou Al-
Boukayr : Ghafil, ‘Amir, Iyas et Khalid se con-
vertirent tous les quatre en même temps. Ils sont,
par ailleurs, les premiers à avoir prêter serment
d’allégeance au Messager d’Allah (‫ )ﷺ‬dans la
demeure d’Al-Arqam1.

Mouhammad ibn Oumar nous a narré : Abd


Al-Jabbar ibn Oumara nous a rapporté : D’après
Abd-Allah ibn Abou Bakr qui relate : Toute la
famille d’Abou Al-Boukayr accomplit l’exode
(hijra), hommes et femmes inclus. Leurs mai-
sons, à la Mecque, furent scellées dans leur tota-
lité. C’est Rifa’a ibn Abd Al-Moundhir qui leur
offrit l’hospitalité à Médine.
On rapporte, par ailleurs, que le Messager d’Al-
lah (‫ )ﷺ‬désigna à ‘Aqil « Moubashir ibn Abd
Al-Moundhir » comme frère de foi. Ils furent
tous les deux tués, par la suite, lors de la bataille
de Badr. Et il a également été rapporté que le
frère de foi de ‘Aqil était Moujadhar ibn Ziyad.

1
Maison dans laquelle le Prophète (‫ )ﷺ‬et ses compa-
gnons se réunissaient aux prémices de l’Islam ; du nom
de son propriétaire : le compagnon Al-Arqam ibn Abou
Al-Arqam.

2
‘Aqil mourut en martyr lors de la bataille de
Badr. Il était alors âgé de 34 ans. C’est Malik ibn
Zouhayr Al-Joushami qui eut raison de lui.

17. KHALID IBN AL-BOUKAYR


‫َخالِد بن ال ُب َك ْير‬
Le frère de ‘Aqil : Khalid le fils d’Al-Boukayr
(ou d’Abou Al-Boukayr)
Ibn Saad mentionna : Le Messager d’Allah (‫)ﷺ‬
lui désigna pour frère de foi Zayd ibn Ad-
Dathina.
Khalid participa aux batailles de Badr et d’Ou-
houd. Puis il fut tué lors de l’expédition d’Ar-
Raji’1, au mois de Safar de l’an 4. Il était alors
âgé de 34 ans également.

18. IYAS IBN ABOU AL-BOUKAYR


‫إِ َياس بن أبي ال ُب َك ْير‬
Le frère de ‘Aqil et de Khalid : le fils d’Abou Al-

1
Nom d’un endroit situé entre La Mecque et Ousfane (ou
Asfan). La contrée d’Ousfane se trouvant, elle, à environ
80 kilomètres au nord-ouest de La Mecque.

3
Boukayr : « Iyas ».
Ibn Saad mentionna : Le Messager d’Allah (‫)ﷺ‬
lui désigna pour frère de foi Al-Harith ibn
Khazma.
Il participa à la bataille de Badr et à toutes celles
qui suivirent. Il prit part également, plus tard, à
la conquête de l’Égypte et décéda en l’an 34.

19. ‘AMIR IBN ABOU AL-BOUKAYR


‫َعامِر بن أبي ال ُب َك ْير‬
Le quatrième de la fratrie : ‘Amir le fils
d’Abou Al-Boukayr
Ibn Saad mentionna : Le Messager d’Allah (‫)ﷺ‬
lui désigna pour frère de foi Thabit ibn Qays ibn
Shammas. Il participa à la bataille de Badr et à
toutes les autres en compagnie du Messager
d’Allah (‫)ﷺ‬.
Je dis (Dhahabi) : Les fils d’Abou Al-Boukayr
ont le mérite d’être la seule fratrie de quatre à
avoir participé à la bataille de Badr.
‘Amir tomba martyr le jour d’Al-Yamama1.

1
Bataille qui eut lieu, en l’an 11, face à Moussaylima
l’Imposteur

4
20. MISTAH IBN OUTHATHA
‫مِ ْس َطح بن ُأ َثا َثة‬

Mistah ibn Outhatha ibn Abbad ibn Al-Mout-


talib ibn Abd-Manaf ibn Qoussay, Al-Moutta-
libi,
Le Mouhajir1 et combattant de Badr,
Celui dont le nom est cité dans la calomnie d’Al-
Ifk2.
C’était un homme très pauvre qu’Abou Bakr ai-
dait financièrement.
Ibn Saad en fit mention et le décrit : Il était petit
de taille, les yeux enfoncés, et avait de grosses
mains.
Il vécut jusqu’à l’âge de 56 ans.
Il dit ensuite : Il décéda en l’an 34 de l’Hégire.
Qu’Allah l’agrée !
Prends garde, ô toi qui ferait preuve d’un peu
trop d’audace, à regarder ce compagnon –

1
Celui qui accomplit l’exode (hijra) de La Mecque vers
Médine
2
Évènement lors duquel Aïsha, la Mère de croyants, fut
accusé de fornication.

5
combattant de Badr – d’un mauvais œil pour une
faute qu’il aurait commise au cours de sa vie !
Celle-ci lui a été assurément pardonnée et sache
qu’il compte bien parmi les occupants du Para-
dis !
Quant à toi, le rafidite1, prends garde à crier sur
tous les toits que la Mère des croyants aurait
commis l’adultère alors qu’un texte divin est
venu l’innocenter ; tu provoquerais, de tes mains,
ta chute en Enfer et ton châtiment !

21. ABOU ‘ABS


‫أبو َع ْبس‬
« Abou ‘Abs » ibn Jabr ibn ‘Amr ibn Zayd ibn
Jousham ibn Haritha ibn Al-Harith, Al-Aoussi,
dont le prénom est : Abderrahman.
Un des grands combattants de Badr dont la pos-
térité demeure, aujourd’hui, à Médine et à Bag-
dad.
Il était parmi les rares, à cette époque, à savoir
écrire l’arabe. C’est lui qui détruisit, avec Bourda
ibn Niyar, les idoles des Banou Haritha.

1
Autre nom donné aux chiites

6
Le Messager d’Allah (‫ )ﷺ‬lui désigna, pour frère
de foi, Khounays ibn Houdhafa As-Sahmi.
Il participa à la bataille de Badr et à celles qui
eurent lieu après.
Il fit parti également de l’expédition chargée
d’exécuter Kaab ibn Al-Ashraf1.
Oumar et – après lui – Outhman le désignèrent
tous deux comme percepteur de la zakat.
Ont rapporté de lui : son fils Zayd, son petit-fils
Abou ‘Abs (dont le père est Mouhammad ibn
Abou ‘Abs) ainsi que ‘Abaya ibn Rifa’a.
Il mourut à Médine, en l’an 34, à l’âge de 70 ans.
C’est Outhman qui exécuta la prière mortuaire
sur lui et il fut inhumé au cimetière du Baqi’2.

22. IBNOU AT-TAYIHANE


‫ابن ال َّت ِّي َهان‬
« Abou Al-Haythame », Malik ibn At-Tayi-
hane ibn Baly ibn ‘Amr ibn Al-Haf ibn Qouda’a,
Al-Ansari.

1
Le fameux poète juif des Banou Nadir
2
Le célèbre cimetière de Médine

7
Il était sous la protection des Banou Al-Achehal,
d’après ce que certains ont rapporté à son sujet.

Ceci-étant, Abd-Allah ibn Mouhammad ibn Ou-


mara Al-Ansari1 prétendit qu’il était un véritable
Aous.
Il dit : Abou Al-Haythame est le fils d’At-Tayi-
hane ibn Malik ibn ‘Amr ibn Zayd ibn ‘Amr ibn
Jousham ibn Al-Harith ibn Al-Khazraj ibn ‘Amr
ibn Malik ibn Al-Aous. Sa mère est issue de la
tribu de ce même Jousham mentionné précédem-
ment.

Al-Waqidi rapporte : Ibnou At-Tayihane de-


meurait parmi ceux qui réprouvaient l’adoration
des idoles à l’époque antéislamique. Il procla-
mait le monothéisme (tawhid), lui et As’ad ibn
Zourara. Ils sont, tous deux, parmi les premiers
Ansars à s’être convertis.
Abou Al-Haythame demeure, en outre, parmi les
huit (ou les six) qui rencontrèrent le Messager
d’Allah (‫ )ﷺ‬à La Mecque et qui embrassèrent
l’Islam. Il fait également partie des douze qui

1
Savant du 3e siècle de l’Hégire auteur d’un recueil sur la
généalogie des Ansar

8
composèrent le groupe d’Al-Aqaba1 ainsi que
des soixante-dix de la seconde délégation2.
Le Messager d’Allah (‫ )ﷺ‬lui désigna pour frère
de foi Outhman ibn Mazh’oune.
Ibnou At-Tayihane participa à la bataille de Badr
ainsi qu’à toutes celles qui eurent lieu après.
C’est lui que le Prophète (‫ )ﷺ‬envoya afin d’éva-
luer la récolte des dattes3, à Khaybar, après la no-
mination d’Ibnou Rawaha.

Et d’après Mouhammad ibn Yahya ibn Hab-


bane : Le Messager d’Allah (‫ )ﷺ‬délégua Abou
Al-Haythame afin d’estimer la récolte de dattes.
Par la suite, Abou Bakr souhaita le mandater,
pour la même fonction, mais celui-ci refusa. Il
disait : Lorsque je partais pour cette tâche, le

1
Nom d’un monticule à Mina, là où l’on accomplit le pè-
lerinage et la lapidation des stèles. C’est à cet endroit que
les premiers croyants de Médine se convertirent et prêtè-
rent serment d’allégeance au Prophète (‫)ﷺ‬, un an et demi
environ avant l’Exode. Al-‘aqaba (‫عقَبَة‬َ ), en arabe, signifie
entre autres : une montagne aux versants abrupts.
2
Rencontre qui eut lieu l’année suivante, au même en-
droit et à la même période, lors du pèlerinage.
3
Ils procédaient à une estimation avant les récoltes afin
de déterminer le montant de l’impôt à payer.

9
Messager d’Allah (‫ )ﷺ‬était là pour invoquer en
ma faveur à mon retour !
Salih ibn Kayssane affirma : Abou Al-Haythame
décéda lors du califat d’Oumar. D’autres que lui
ont rapporté qu’il est mort en l’an 20.
Al-Waqidi précisa en outre : Cette version est,
pour nous, plus vraisemblable que les narrations
qui mentionnent qu’il serait mort lors de la ba-
taille de Siffine1 dans les rangs d’Ali.
Sounqour nous a informés : Abdellatif nous a
informés : Abdelhaqq nous a narré : Abou Al-
Hassan Al-Hajib nous a narré : Abou Al-Hassan
le Baigneur2 (Al-Hammami) nous a narré : Ibnou
Qani’ nous a narré : Mouhammad ibn Bishr nous
a rapporté : Mouhammad ibn Jami’ le vendeur de
parfums (Al-‘Attar) nous a rapporté : Abdelha-
kim ibn Mansour nous a rapporté : Abdelmalik
ibn Oumayr nous a rapporté : D’après Abou Sa-
lama : D’après Abou Al-Haythame ibn At-Tayi-
hane : Le Messager d’Allah (‫ )ﷺ‬a dit :
« Celui que l’on sollicite pour un conseil se doit
d’être digne ! »

1
Bataille qui opposa Ali et Mouawiya en l’an 37
2
Personne qui tient un établissement de bains

10
23. ABOU JANDAL
‫أبو َجنْدَ ل‬

« Abou Jandal » ibn Souhayl ibn ‘Amr ibn


Abd-Shams ibn Abd-Woud ibn Nasr ibn Hisle
ibn ‘Amir ibn Louay ibn Ghalib ibn Fihr, Al-
‘Amiri, de la tribu des Qourashites.
Son nom est Al-‘Ass (‫)العاص‬.
Il demeure parmi les plus nobles compagnons.
Lorsqu’il se convertit à l’Islam, son père l’em-
prisonna et le séquestra. Il réussit à s’enfuir en-
suite, pour rejoindre les musulmans, le jour d’Al-
Houdaybiya1. Il arriva alors sur les lieux en boi-
tillant, à cause des entraves qu’il avait aux pieds.
Son père, présent pour conclure le traité avec le
Prophète (‫)ﷺ‬, dit en le voyant :
– Ô Mouhammad, celui-ci est le premier que je
vais te réclamer au nom du pacte !
Le Messager d’Allah (‫ )ﷺ‬essaya, à cet instant,
d’intercéder en sa faveur mais Souhayl ibn ‘Amr
– son père – refusa. Ils le leur rendirent, par con-
séquent, et Abou Jandal criait :

1
Nom du pacte qui eut lieu, en l’an 6 de l’Hégire, près de
la Mecque, entre les musulmans et les polythéistes.

11
– Ô musulmans, vers la mécréance vous me ren-
voyez !?
Le malheureux avait réussi à fuir et se voyait re-
foulé…
Son histoire est connue et rapportée dans l’Au-
thentique ainsi que dans Al-Maghazi1 (Les Ex-
péditions militaires).
Il retrouva, par la suite, sa liberté, put émigrer et
accomplir le jihad. Il s’engagea, plus tard, dans
la lutte, au Sham, puis fut touché par la peste
d’Emmaüs, dans les terres du Jourdain, en l’an
18. C’est ainsi qu’il mourut martyr.

24. ABD-ALLAH IBN SOUHAYL


‫َع ْبدُ اهلل بن ُس َه ْيل‬

Abd-Allah ibn Souhail, le frère d’Abou Jan-


dal.
Il s’engagea, avec son père, le jour de Badr tout
en dissimulant sa foi. Puis, lorsque les troupes se
rencontrèrent, il rejoint le camp des musulmans
et prit part à la bataille. Il est, de la sorte,

1
Livre de l’historien Al-Waqidi (130–207h)

12
considéré comme un combattant de Badr, qu’Al-
lah l’agrée !
Il participa, par la suite, à de nombreuses expé-
ditions militaires et eut moults actions méri-
toires. Il tomba en martyr le jour d’Al-Yamama1
alors âgé de 38 ans.
Certains rapporteurs ont, par ailleurs, affirmé
qu’il faisait partie des tous premiers croyants et
qu’il immigra en Abyssinie lors du premier
exode (hijra). Qu’Allah l’agrée !

Al-Waqidi mentionna : Lorsqu’Abou Bakr


accomplit le pèlerinage avec les musulmans –
l’année qui précéda le pèlerinage d’Adieu, il ren-
contra, à La Mecque, Souhayl ibn ‘Amr (qu’Al-
lah l’agrée). Ce dernier lui dit alors :
– Il m’est parvenu que le Messager d’Allah (‫)ﷺ‬
a dit « Le martyr intercèdera, le Jour du juge-
ment, pour soixante-dix d’entre les membres de
sa famille ! » ; j’espère bien, ô Abou Bakr,
qu’Abd-Allah commencera par moi !
Cette parole d’Abou Souhail ne coïncide toute-
fois pas – s’il s’avère qu’il l’ait vraiment

1
Bataille qui eut lieu, peu après la mort du Prophète (‫)ﷺ‬,
face à Moussaylima l’Imposteur

13
prononcée – avec le fait que son fils ait été tué
lors de la bataille d’Al-Yamama, en l’an 12.

25. SOUHAYL IBN ‘AMR


‫ُس َه ْيل بن َع ْمرو‬

Le père d’Abou Jandal et d’Abd-Allah : Sou-


hayl ibn ‘Amr, dont le surnom était « Abou Ya-
zid ».
Il était l’orateur des Qourashites, l’un des plus
éloquents d’entre eux et, en outre, un de leurs no-
tables.
Lorsque le Prophète (‫ )ﷺ‬le vit arriver, le jour du
traité1, il dit : « Les choses nous ont été sahal2
(facilitées) ! »
Il n’embrassa l’Islam que lorsque La Mecque fut
conquise mais sa religiosité se bonifie considéra-
blement par la suite.
Souhayl avait été fait prisonnier lors de la ba-
taille de Badr. Il fut ensuite libéré moyennant
rançon.

1
Le traité d’Al-Houdaybiya qui eut lieu en l’an 6
2
En rapport avec son nom « Souhayl » dérivé de sahal
(‫ )سهل‬la facilité…

14
C’est lui, à l’origine, qui exhorta les Qourashites
à aller combattre les musulmans, leur disant :
« Ô descendance de Ghalib, allez-vous laisser
Mouhammad et ces sabéens1 s’emparer de votre
caravane ?! Si c’est de l’argent que vous voulez,
en voici ! Et si c’est des armes que vous souhai-
tez, en voilà ! »
Souhayl était, malgré tout, une personne indul-
gente et généreuse. Il était en outre extrêmement
éloquent.
Il prononça un discours, à La Mecque, à la mort
du Messager d’Allah (‫)ﷺ‬, dans des termes sem-
blables au discours prononcé par le Véridique2 à
Médine. Il sut ainsi rassurer les gens et il magni-
fia l’Islam.

Zoubayr ibn Bakkar mentionna : Souhayl de-


vint, par la suite, un serviteur aux nombreuses
prières, jeûnes et aumônes. Son clan et lui s’en-
gagèrent dans le jihad au Sham. On rapporte que
sa couleur de peau et son apparence changèrent
considérablement suite à ses jeûnes à répétition

1
C’est de cette manière que les polythéistes surnom-
maient les musulmans ; en référence à une secte judéo-
chrétienne de l’époque.
2
Abou Bakr

15
et aux longues prières de nuits qu’il accomplis-
sait. Aussi, il fondait très souvent en larmes à
l’écoute du Coran.
Il fut le commandant d’un des bataillons lors de
la bataille d’Al-Yarmouk1.
Al-Madaïni et d’autres savants prétendirent qu’il
mourut lors de cette même bataille. Quant à
Shafi’i et Al-Waqidi, ils prétendirent que Sou-
hayl succomba à la peste d’Emmaüs2.
Parmi ceux qui transmirent de lui : Yazid ibn
‘Amira Az-Zoubaydi et d’autres.

26. AL-BARA IBN MALIK


‫ال َب َراء بن َمالِك‬

Al-Bara ibn Malik ibn An-Nadr ibn Damdam


ibn Zayd ibn Haram ibn Joundoub ibn ‘Amir ibn
Ghanm ibn ‘Adi ibn An-Najjar, le Ansari, An-
Najjari, Al-Madani (le Médinois).

1
Célèbre bataille qui eut lieu en l’an 15 dans laquelle les
musulmans mirent en déroute les Byzantins. Yarmouk est
une rivière située tout au sud de la Syrie. C’est là qu’eu-
rent lieu les affrontements.
2
Village proche de Jérusalem

16
Le héros, celui qui chargeait virulemment au
combat,
Le compagnon du Messager d’Allah (‫ )ﷺ‬et le
frère de son valet Anas ibn Malik.
Il participa à la bataille d’Ouhoud et fut de ceux
qui prêtèrent serment d’allégeance sous l’Arbre1.

Il est rapporté qu’Oumar écrivit aux généraux


musulmans leur disant : « Ne confiez pas à Al-
Bara le commandement d’une troupe car sa har-
diesse démesurée pourrait les conduire à la
perte ! »

Il nous est parvenu également que, lors de la


bataille contre Moussaylima l’Imposteur, Al-
Bara ordonna à ceux qui étaient avec lui qu’ils le
portent sur un bouclier, à l’aide de leur lance,
afin de le jeter au-dessus du mur du verger où se
trouvaient les troupes. Une fois à l’intérieur, il se
rua sur eux et combattit jusqu’à réussir à déver-
rouiller la porte. Il fut blessé, ce jour-là, à plus de
quatre-vingt endroits sur son corps. Khalid ibn

1
En l’an 6, sur le chemin de La Mecque, lorsque
quelques centaines de compagnons prirent l’engagement
d’attaquer les Qourashites. Cela aboutira ensuite au traité
d’Al-Houdaybiya.

17
Al-Walid resta un mois durant à lui prodiguer
des soins.
Al-Bara est connu pour avoir tué en duel, lors des
batailles qu’il mena, une centaine de combattants
parmi les plus vaillants.

Maamar : D’après Ayoub : D’après Ibn Sirine


qui relate : Lors du siège de Shushtar1, Al-
Ash’ari2 informa Al-Bara ibn Malik en ces
termes :
– On nous a indiqué un souterrain qui donne au
milieu de la ville. Constitue une équipe afin d’y
pénétrer !
Al-Bara ibn Malik se tourna alors vers Majzaa
ibn Thaour auquel il dit :
– Indique-moi une personne agile et robuste
parmi tes hommes !
– Pourquoi cela ? demanda alors Majzaa.
– Je vais avoir besoin de lui ! répliqua Al-Bara.
– Dans ce cas, je suis ton homme ! lui dit Majzaa.
– On nous a indiqué un passage souterrain et on

1
(‫ )ت ُ ْستَر‬en arabe ; ville iranienne proche de l’Irak
2
Le célèbre compagnon Abou Moussa Al-Ash’ari ; il
était alors le gouverneur de Bassora et le chef des armées.

18
a bien l’intention de l’emprunter ! lui expliqua
alors Al-Bara.
– Compte sur moi ! conclut Majzaa.
Ce dernier fut donc le premier de l’escadron à
pénétrer dans le passage. À sa sortie, les Perses
lui fracassèrent la tête à l’aide d’une roche mais
les troupes purent s’infiltrer quand même dans la
cité. Al-Bara put lui aussi en sortir et engager les
combats au cœur de la ville. C’est là qu’il trouva
la mort, qu’Allah l’agrée ! Allah accorda ensuite
la victoire aux musulmans…

Salama : D’après son oncle ‘Aqil : D’après


Az-Zouhri : D’après Anas : Du Prophète (‫ )ﷺ‬:
« Combien de serviteurs les gens mésestiment, à
cause de leur apparence miséreuse ou de leurs
vieux vêtements ; pourtant, s’ils jurent par Allah,
Allah les exauce ! Al-Bara ibn Malik compte très
certainement parmi eux ! »
Celui-ci se trouva, un jour, face à une armée de
polythéistes qui prenait le pas sur les musul-
mans ; les gens lui dirent alors :
– Ô Al-Bara, le Messager d’Allah (‫ )ﷺ‬dit de toi
que si tu jures, Allah t’exauce ; exécute-toi
donc !
Ce dernier dit alors :

19
– Ô Seigneur, par toi je le jure : tu vas nous
rendre maîtres d’eux !
Jusqu’à la suite du récit…

Abdessalam ibn Moutahhar : Abou Sahl Al-


Basri nous a rapporté : D’après Mouhammad ibn
Sirine qui relate : Anas rendit visite à son frère
Al-Bara, un jour, et trouva ce dernier en train de
chantonner. Il s’étonna alors et lui dit :
– Tu chantes !?
– Quoi ? lui répondit Al-Bara, as-tu peur que je
meurs dans mon lit alors que j’ai terrassé, à moi
seul, quatre-vingt-dix-neuf polythéistes, en duel,
en dehors de ce que j’ai tué avec l’aide des mu-
sulmans ?!
Et dans une autre version :
– Ô mon frère, tu chantonnes des poèmes alors
qu’Allah te les a remplacés par le Coran ?!

Hammad ibn Salama rapporte : Thabit préten-


dit qu’Anas raconta : Je me rendis auprès d’Al-
Bara et le trouvai en train de fredonner tout en
faisant résonner son arc. Je lui dis :
– Comptes-tu rester comme cela encore long-
temps ?

20
– Quoi ? me répondit-il, penses-tu que je vais
mourir, ainsi, sur un lit ?! Par Allah, j’ai mis à
mort, à moi seul, plus de quatre-vingt-dix com-
battants !

Ibn ‘Aoun : D’après Mouhammad1 : Al-Bara


affronta en duel le satrape2 d’Az-Zarah3. Il le
transperça avec sa lance et le terrassa. Il s’appro-
pria ensuite les effets qu’il avait sur lui.
Il tomba en martyr le jour de la bataille de Shush-
tar, en l’an 20.

27. NAWFAL
‫ن َْو َفل‬
Le cousin du Messager d’Allah (‫)ﷺ‬, fils de
son oncle paternel Al-Harith ibn Abdelmoutalib,
le Hashimite,
« Abou Al-Harith », le frère d’Abou Soufiane
ibn Al-Harith.

1
Ibn Sirine
2
Celui qui gouverne une satrapie (ancienne division ad-
ministrative de l’empire perse)
3
Ville côtière historique de l’est de la Péninsule arabique.
Elle correspond, de nos jours, à l’agglomération de Qatif,
en Arabie saoudite.

21
Nawfal était plus âgé que son oncle ‘Abbas. Il
fut de ceux qui participèrent à la bataille de Badr,
dans les rangs polythéistes, et fut capturé au
cours de celle-ci. C’est son oncle qui acquitta sa
rançon.
Puis il se convertit et émigra l’année d’Al-Khan-
daq1.
On rapporte que le Messager d’Allah (‫ )ﷺ‬les dé-
signa, lui et ‘Abbas, frères de foi. En effet, ils
étaient associés, avant l’Islam, et conduisaient
leurs affaires ensemble.

Nawfal fut de ceux qui s’engagèrent lors du


serment de Ridwan2. Puis, quand vint le jour de
Hounayn, il mit à disposition trois-mille lances
afin de soutenir le Messager d’Allah (‫)ﷺ‬. Il fut,
ce jour-là, parmi ceux qui ne reculèrent pas et qui
restèrent fermes.
Je ne lui connais aucune narration, ni même
d’autres informations le concernant, en dehors de
ce que je viens de mentionner ici.

1
La bataille du Fossé qui eut lieu en l’an 5.
2
Lorsque quelques centaines de compagnons, sur le che-
min de La Mecque, prirent l’engagement de combattre les
Qourashites en l’an 6. Connu aussi sous le nom de « ser-
ment de l’Arbre »

22
Sa date de mort est estimée à l’an 20. Et il fut dit
aussi l’an 25.
Nawfal était, par ailleurs, le doyen des Banou
Hashim en son temps.

28. AL-HARITH IBN NAWFAL


ِ ‫الح‬
‫ارث بن ن َْو َفل‬ َ

Al-Harith, le fils de Nawfal,


Il se convertit en même temps que son père.

Al-Harith ibn Nawfal fut le gouverneur de La


Mecque du temps d’Oumar et d’Outhman. Le
Prophète (‫ )ﷺ‬lui confia également certaines res-
ponsabilités de son vivant.
On rapporte qu’il s’expatria à Bassora où il fit
construire une demeure.

Il décéda lors du califat d’Outhman, âgé de 70


ans environ.

23
29. ABD-ALLAH IBN AL-HARITH
ِ ‫الح‬
‫ارث‬ َ ‫َع ْبدُ اهلل بن‬

Le fils d’Al-Harith : Abd-Allah ibn Al-Harith


ibn Nawfal le Hashimite,
Il était surnommé « Baba1 ».
Il naquit du vivant du Prophète (‫)ﷺ‬.
C’est lui que les habitants de Bassora désignè-
rent, à la mort de Yazid, comme gouverneur.

Zoubayr ibn Bakkar dit : Abd-Allah ibn Al-


Harith était le neveu de Mouawiya ibn Abou
Soufiane (le fils de sa sœur Hind). On rapporte,
à ce propos, les vers que cette dernière rima alors
qu’elle le berçait enfant :
Ô Baba, ô Baba, je marierai Baba
Ô Baba, ô Baba, beauté de la Ka’ba

Les habitants de Bassora tombèrent d’accord,


après la fuite d’Oubayd-Allah ibn Ziyad, pour le
nommer à la tête de leurs affaires. Ils écrivirent
ensuite à Ibnou Zoubayr pour lui faire part de

1
(‫ )ببّة‬: surnom que les Arabes donnaient aux nourrissons
bien portants

24
leur allégeance et ce dernier approuva Baba à ce
poste.

Abd-Allah ibn Al-Harith transmit des narra-


tions d’Oumar, d’Outhman, d’Oubay ibn Kaab,
d’Ali, de ‘Abbas, de Kaab Al-Ahbar et d’autres.
En outre, les récits qu’il rapporte directement du
Messager d’Allah (‫ )ﷺ‬font défaut du dernier
maillon de la chaîne (hadith moursal).
Il était aussi présent à Al-Jabiya1 en compagnie
d’Oumar.
Ont rapporté de lui : Ses fils (Ishaq et Abd-Al-
lah), Abou At-Tayah Yazid ibn Houmayd, Ibnou
Shihab, Abdelmalik ibn Oumayr, Yazid ibn
Abou Ziyad (son esclave), Abou Ishaq As-
Sabi’i, Oumar ibn Abdelaziz et d’autres.

Ibn Saad précisa : Il est un rapporteur de con-


fiance de la génération des successeurs des com-
pagnons (tabi’i). Nourrisson, sa mère sollicita
pour lui la bénédiction du Prophète (‫ )ﷺ‬qui lui
insuffla un peu de sa salive et invoqua pour lui.

1
Nom d’un village important de l’époque situé à environ
70 kms au sud de Damas. C’est là qu’Oumar rencontra
les différents généraux musulmans du Sham.

25
Puis il dit : Il quitta Bassora et s’enfuit à Oman,
lors de la fitna d’Abderrahman ibn Mouhammad
ibn Al-Ache’ath, par crainte des représailles
d’Al-Hajjaj. C’est là-bas qu’il mourut, en l’an
84.
Abou Oubayd, quant à lui, prétendit que ceci eut
lieu en 83.
Je dis (Dhahabi) : Il était alors âgé de quatre-
vingt ans environ. On trouve des narrations de
lui, en grand nombre, dans les Six Livres mères
de hadiths. Il rapporta également de Saffoine ibn
Oumaya, d’Oum Hani (la fille d’Abou Talib) et
de Hakim ibn Hizam.

30. ABD-ALLAH IBN ABD-ALLAH


IBN AL-HARITH
ِ ‫الح‬
‫ارث‬ ِ
َ ‫َع ْبدُ اهلل بن َع ْبد اهلل بن‬

Abd-Allah, le fils d’Abd-Allah ibn Al-Harith


ibn Nawfal,
« Abou Yahya », le Hashimite,
Le frère d’Ishaq et de Mouhammad.

26
Il rapporta de son père ainsi que d’Ibnou ‘Abbas,
d’Abd-Allah ibn Khabbab ibn Al-Aratt et
d’Abd-Allah ibn Shaddad.
Quant à ceux qui ont transmis de lui, on compte :
‘Aoun (son frère), Az-Zouhri, ‘Assim ibn Ou-
bayd-Allah et Abdelhamid Al-Khattabi.
Abd-Allah faisait partie de l’entourage du calife
Soulayman1.
Ibn Saad précisa : Il est un rapporteur digne de
confiance bien que se trouvant dans peu de nar-
rations. Le simoun2 eut raison de lui, en l’an 97,
alors qu’il se trouvait à Al-Abwa3 en compagnie
de Soulayman le calife. C’est ce dernier qui ac-
complit la prière funéraire sur lui.

31. SAÏD IBN AL-HARITH


ِ ‫الح‬
‫ارث‬ ِ
َ ‫َسعيد بن‬

Saïd ibn Al-Harith ibn Abdelmoutalib,

1
Le septième calife omeyyade, fils d’Abdelmalik ibn
Marwan
2
Tempête de désert, chaude et très violente
3
Village situé à mi-chemin entre Médine et La Mecque

27
Le cousin du Messager d’Allah (‫( )ﷺ‬fils de son
oncle paternel),
Il rapporte un seul hadith dont l’énoncé est : « Le
Paradis est dû à quiconque rencontre Allah tout
en étant croyant ! »
C’est Salmane Al-Agharr qui transmit ce récit de
lui bien que l’on trouve, dans la chaîne de trans-
mission, Ibn Lahi’a.
Al-Hakim le cita, en outre, dans son Authen-
tique, parmi les compagnons mais il est le seul –
à ma connaissance – à en avoir fait mention.

32. ABOU SOUFIANE IBN AL-HARITH


ِ ‫الح‬
‫ارث‬ َ ‫أبو ُس ْف َيان بن‬

Abou Soufiane ibn Al-Harith le Hashimite,


Le cousin du Prophète (‫( )ﷺ‬fils de son oncle pa-
ternel) dont le nom entier est : Al-Moughira ibn
Al-Harith ibn Abdelmoutalib ibn Hashim.
Le frère de Nawfal et de Rabi’a.
Lorsque le Prophète (‫ )ﷺ‬fut sur le point de con-
quérir La Mecque, il partit à sa rencontre avec
l’intention de se convertir mais le Messager

28
d’Allah (‫ )ﷺ‬se détourna de lui à cause du tort
qu’il lui avait causé auparavant. Puis, Abou Sou-
fiane se rabaissa réellement devant le Prophète
(‫ )ﷺ‬et ce dernier finit par avoir compassion de
lui.
Par la suite, sa religiosité se bonifiât considéra-
blement. Vint alors le jour de Hounayn, lorsque
les troupes prirent la fuite ; il resta à cet instant
aux côtés du Messager d’Allah (‫ – )ﷺ‬lui et ‘Ab-
bas – en tenant fermement sa mule !

Son fils Abdelmalik rapporte de lui la parole


du Prophète (‫ )ﷺ‬suivante : « Ô descendants de
Hashim, prenez garde à l’argent de l’aumône ! »

Abou Soufiane était, par ailleurs, le frère de


lait du Prophète (‫ ; )ﷺ‬Halima les ayant allaités
tous les deux.
Hisham ibn Al-Kalbi et Zoubayr ont dit que son
prénom était Al-Moughira. D’autres savants ont
affirmé que son nom était « Abou Soufiane » et
qu’Al-Moughira était, en réalité, le prénom de
son frère.
Aussi, on rapporte que les quatre personnes qui
ressemblaient le plus au Prophète (‫ )ﷺ‬physique-
ment étaient : Jafar, Al-Hassan (le fils d’Ali),

29
Qoutham (le fils de ‘Abbas) et Abou Soufiane
ibn Al-Harith.
Abou Soufiane était, en outre, un poète reconnu.
À son sujet, les vers suivants furent rimés par
Hassan1 :
Est-il possible que, l’on fasse parvenir
Au piètre Abou Soufiane, qu’il n’est qu’un sou-
venir
J’ai certes réfuté, toutes ses railleries
Pourvu qu’Allah me comble, de larges gâteries

Ibn Ishaq : D’après ‘Assim ibn Oumar :


D’après un rapporteur qui lui narra le récit sui-
vant : Puis, le jour de Hounayn, les gens s’enfui-
rent et c’est à partir de ce moment que le Pro-
phète (‫ )ﷺ‬se mit à aimer Abou Soufiane. Il at-
testa pour lui du Paradis et dit : « J’espère bien
qu’il devienne le successeur de Hamza ! »

On rapporte qu’Abou Soufiane se rasa la tête


lors d’un pèlerinage, et qu’à cette occasion, on
lui arracha une excroissance de chair qu’il avait
sur le crâne. Celle-ci s’infecta et il mourut peu de
temps après son retour à Médine. C’est Oumar
qui pria sur lui.

1
Ibn Thabit, le Poète du Prophète (‫)ﷺ‬

30
Son décès survint quatre mois seulement après
celui de son frère Nawfal ibn Al-Harith comme
cela a été rapporté.

Abou Ishaq As-Sabi’i rapporte :


Lorsqu’Abou Soufiane ibn Al-Harith ibn Abdel-
moutalib se retrouva aux affres de la mort, il dit :
« Ne vous attristez pas pour moi ; certes je n’ai
rien commis qui puisse me nuire depuis ma con-
version ! »

Ibn Ishaq rapporte également l’élégie qu’Abou


Soufiane rima à la mort du Prophète (‫ )ﷺ‬:
La nuit se fit bien longue, et court fut mon som-
meil
Celui que l’on tourmente, bien loin est son réveil
Heureux je m’en trouvais, d’avoir versé ces
larmes
Pourtant insignifiantes, face à ce grand vacarme

Un soir qui rencontra, des esprits ravagés


Lorsque l’on annonça, la mort du Messager
Les adieux étaient faits, aux annonces divines
Apportées par l’archange, afin qu’elles illumi-
nent

Ce qui descend du ciel, de tout est plus en droit


La vie des créatures, pour elles se foudroient

31
Chasser le doute était, le rôle du Prophète
De mots et de sagesse, révélations parfaites

Il nous montrait la voie, et nous ne craignions


rien
L’égarement semblait, banni du quotidien
Jamais nous n’avions vu, homme de cette taille
Au sein de la planète, au fond de ses entrailles

Ma chère Fatima, je conçois ton émoi


Accepter le décret, cependant est la voie
Satisfais-toi des gens, de leurs condoléances
Et en cela espère, d’Allah la récompense

Les vertus de ton père, rappelle avec ferveur


Même si aucun mot, ne décrit son labeur
L’endroit où il repose, la meilleure des tombes
Il lui revient de droit, le respect qu’il incombe

Ibn Saad affirma qu’aucune descendance


d’Abou Soufiane ne subsista.
Hammad ibn Salama : D’après Ali ibn Zayd :
D’après Saïd ibn Al-Moussayb qui rapporte :
Abou Soufiane priait la moitié de la journée et ce
même en été ! Il ne s’arrêtait qu’au moment où
la prière devenait détestable et reprenait juste
après le Zhour pour finir à l’heure d’Al-Asr !

32
Hammad ibn Salama : D’après Hisham ibn
Ourwa : D’après son père : Le Messager d’Allah
(‫ )ﷺ‬attesta : « Abou Soufiane ibn Al-Harith fi-
gure à la tête des jeunes du Paradis ! »
Il accomplit le pèlerinage et, en lui rasant la tête,
on lui arracha une boule de chair qu’il avait sur
le crâne ; c’est ce qui provoqua, quelque temps
après, sa mort. Il fut, par ailleurs, considéré
comme étant mort en martyr.
Son décès se situe aux alentours de l’an 20, dans
la ville de Médine.

33. JAFAR IBN ABOU SOUFIANE


‫َج ْع َفر بن أبي ُس ْف َيان‬

Jafar le fils d’Abou Soufiane. Il demeure


parmi les compagnons. Jafar fait partie – avec
son père – de ceux qui restèrent courageusement
aux côtés du Prophète (‫ )ﷺ‬le jour de Hounayn.
Il vécut jusqu’au milieu du califat de Mouawiya
d’après ce qu’Ibn Saad rapporta de lui.

33
‫سري أعالم النبالء‬
LES GRANDES FIGURES DE
L’ISLAM
SHAMS AD-DINE DHAHABI (748 h)

34

‫جعفر بن أيب طالب‬


JAFAR IBN ABOU TALIB
AU NOM D’ALLAH
LE CLÉMENT LE MISÉRICORDIEUX

NOUS LUI DEMANDONS SON AIDE

34. JAFAR IBN ABOU TALIB


‫َج ْع َفر بن أبي طالب‬

Le noble, le martyr, le grand,


L’Étendard des combattants sur le sentier d’Al-
lah,
« Abou Abd-Allah »,
Le cousin du Messager d’Allah (‫ – )ﷺ‬fils de son
oncle paternel Abd-Manaf ibn Abdelmoutalib
ibn Hashim ibn Abd-Manaf ibn Qoussay,
Le Hashimite,
Frère d’Ali ibn Abou Talib dont il est l’aîné de
dix ans.

Il accomplit les deux exodes (hijra) et rejoint


Médine depuis l’Abyssinie. Il y retrouva les mu-
sulmans, juste après leur prise de Khaybar. Puis
il s’établit dans la ville prophétique, quelques

1
mois, avant que le Prophète (‫ )ﷺ‬ne l’envoie à la
tête des troupes lors de la bataille de Mouta, non
loin d’Al-Karak1. C’est là qu’il trouva le martyr.
Le Messager d’Allah (‫ )ﷺ‬fut extrêmement heu-
reux lors de son retour mais, par Allah, sa mort
l’affecta également grandement !
Quelques narrations ont été transmises par sa
voie. Parmi ceux qui ont rapporté de lui figurent :
Ibnou Mass’oud, ‘Amr ibn Al-‘Ass, son fils
Abd-Allah ainsi qu’Oum Salama.

Houdayj ibn Mouawiya : D’après Abou Is-


haq : D’après Abd-Allah ibn Outba : D’après Ib-
nou Mass’oud qui relate : Le Messager d’Allah
(‫ )ﷺ‬envoya une délégation de quatre-vingt
hommes, auprès du Négus, dont Jafar, Abou
Moussa, Abd-Allah ibn Ourfouta, Outhman ibn
Mazh’oune et moi-même faisions partie. Les
Qourashites, quant à eux, déléguèrent parallèle-
ment ‘Amr ibn Al-‘Ass et ‘Oumara ibn Al-Walid
pour rencontrer le souverain, accompagnés d’un
présent lui étant destiné. Lorsque ces derniers pé-
nétrèrent dans l’assise du Négus, ils le saluèrent
en se prosternant devant lui. Puis ils

1
Village situé près de la mer Morte, dans l’actuelle Jor-
danie

2
s’empressèrent de prendre place à ses côtés, l’un
deux s’asseyant à sa droite et l’autre à sa gauche.
Là, ils dirent au monarque :
– Un groupe d’hommes de notre peuple s’est
rendu sur tes terres après avoir renié notre reli-
gion !
– Où se trouvent-ils ? leur demanda le Négus.
– Sur tes terres, ici-même ! lui répondirent-ils.
Le roi nous fit alors demander pour écouter ce
que nous avions à dire. À ce moment, Jafar dit :
« Je suis votre porte-parole ! » Nous acquies-
çâmes à sa volonté et nous rendirent donc auprès
du souverain. Lorsque Jafar s’introduit dans la
cour, il ne se prosterna pas pour adresser ses sa-
lutations. L’assemblée, offusquée par son atti-
tude, lui demanda alors :
– Pourquoi ne te prosternes-tu pas pour le roi ?
– Nous ne nous prosternons que pour Allah ! ré-
pondit Jafar.
– Et pourquoi cela ? demandèrent-ils.
– Allah nous a envoyé un messager et celui-ci
nous interdit formellement de nous prosterner
pour autre qu’Allah. Il nous incite, par ailleurs, à
accomplir la prière et à verser l’aumône !

3
À cet instant, ‘Amr l’interrompit et dit au Né-
gus :
– Certes, ils te contredisent au sujet du fils de
Marie et de sa mère !
– Ah bon ? Et que disent-ils à leur sujet ? de-
manda le monarque.
Jafar rétorqua alors :
– Nous disons exactement ce qu’Allah dit les
concernant : que ce dernier est l’Esprit d’Allah et
la Parole qu’il insuffla à Marie la Sainte-Vierge ;
celle qui ne fut approchée d’aucun homme !
À cet instant, le Négus prit du sol un morceau de
bois, le leva en l’air et dit :
– Ô Abyssiniens et vous autres, moines et
prêtres, qu’attendez-vous de moi ? Ces propos ne
nous nuisent aucunement ! Je témoigne que cet
homme est bien le Messager d’Allah et celui
dont Issa nous a parlé dans l’Évangile ! Par Al-
lah, si ce n’étaient les charges de mon royaume,
je me serais rendu auprès de lui pour lui porter
ses sandales et lui verser l’eau des ablutions !
Puis le Négus nous autorisa à nous installer là où
nous le désirions et fit rendre le présent que ‘Amr
et ‘Oumara lui avaient offert.

4
Le rapporteur du récit précisa en outre : Ibnou
Mass’oud s’en retourna, plus tard, avant le
groupe et put être de ceux qui participèrent à la
bataille de Badr.
Cet évènement a également été rapporté – dans
des termes à peu près similaires – par la voie de
Moujalid : D’après Shaabi : D’après Abd-Allah
ibn Jafar : D’après son père.
Ibn ‘Aoun l’a, lui aussi, transmis : D’après Ou-
mayr ibn Ishaq mais cette fois : D’après ‘Amr
ibn Al-‘Ass.

Mouhammad ibn Ishaq : D’après Az-Zouhri :


D’après Abou Bakr ibn Abderrahman : D’après
Oum Salama qui relate : À un moment, la vie à
La Mecque devint, pour nous, impossible à cause
des nombreux torts auxquels les fidèles du Mes-
sager d’Allah (‫ )ﷺ‬s’exposaient. Ils subissaient
d’énormes persécutions et demeuraient impuis-
sants face à cela. Quant au Messager d’Allah
(‫)ﷺ‬, bien qu’il ne pouvait assurer leur défense,
il bénéficiait toutefois de la protection de son
clan et de son oncle et n’était pas victime, par
conséquent, de tout ce que l’on faisait subir à ses
compagnons. Il finit donc par leur dire : « Il y a
un roi, en Abyssinie, qui ne tolère pas l’injus-
tice ! Rendez-vous sur ses terres et restez-y

5
jusqu’à ce qu’Allah vous accorde une issue fa-
vorable ! »
Nous émigrâmes alors, par petits groupes,
jusqu’à ce qu’à être tous réunis, là-bas. Nous dé-
laissions, dès lors, la meilleure des habitations
mais nous obtenions, cependant, la meilleure des
cohabitations et notre religion s’en retrouvait
ainsi préservée !

Shaabi rapporte : Plus tard, Ali épousa Asma


bint Oumays. Un jour, les deux fils de cette der-
nière, Mouhammad ibn Jafar et Mouhammad ibn
Abou Bakr1, rivalisèrent au sujet des vertus de
leurs géniteurs respectifs ; tous deux prétendant
en face de l’autre : « Mon père a plus de mérite
que le tien ! »
Ali dit alors à leur mère :
– Ô Asma, juge entre eux deux !
Celle-ci répondit alors :
– Quant à Jafar, je n’ai pas vu de jeune meilleur
que lui ! Et quant à Abou Bakr, il n’avait pas
d’équivalent parmi les hommes d’un âge mûr !

1
Asma bint Oumays fut d’abord l’épouse de Jafar, puis
d’Abou Bakr, puis d’Ali.

6
– Il ne reste plus grand-chose pour moi dans ce
cas ! lui rétorqua Ali avant de poursuivre : Heu-
reusement que tu l’as formulé de la sorte, sinon
je me serais fâché !
– Quand bien même ils te seraient supérieurs,
est-ce une tare de compter parmi les trois meil-
leurs qui soient !? lui répondit alors Asma dans
le but de le flatter…

Moujalid : D’après Shaabi qui rapporte ce té-


moignage d’Abd-Allah, le fils de Jafar : « Ja-
mais, je n’ai demandé une chose à Ali, au nom
de mon père, sans que celui-ci ne me l’ac-
corde ! »

Ibnou Mahdi : Al-Aswad ibn Shaybane nous


a rapporté : D’après Khalid ibn Shoumayr qui re-
late : Nous reçûmes la visite d’Abd-Allah ibn
Rabah et, alors que les gens s’étaient réunis au-
tour de lui, ce dernier entama une narration ; il
dit : Abou Qatada nous a raconté que, lorsque le
Messager d’Allah (‫ )ﷺ‬envoya l’Escadron des
généraux, il dit à l’armée : « Votre commandant
est Zayd ! Et s’il venait à lui arriver quelque
chose, que Jafar prenne sa place ! Et si Jafar ve-
nait à périr, rangez-vous sous les ordres d’Ibnou
Rawaha ! »

7
À cet instant, Jafar se leva subitement et dit :
– Pour toi mon père et ma mère, ô Messager
d’Allah, jamais je n’aurais pensé que tu me
places sous l’autorité de Zayd !
– Allez-y de la sorte ; tu ignores où se trouve le
bien ! lui répondit alors le Prophète (‫)ﷺ‬.
L’armée se mit, ensuite, en route et les informa-
tions concernant les troupes cessèrent pendant un
moment. Jusqu’au jour où le Messager d’Allah
(‫ )ﷺ‬prit place sur son estrade et fit appeler à la
prière en groupe. Là, il s’adressa à la foule et dit :
« Souhaitez-vous avoir des nouvelles de notre es-
cadron ? L’affrontement avec l’ennemi a bel et
bien eut lieu et Zayd est mort en martyr. Invo-
quez pour lui le pardon ! Jafar a donc hérité de
la bannière de guerre et il s’est rué vers les infi-
dèles jusqu’à ce que, lui aussi, se fasse tué !
Après quoi, c’est Ibnou Rawaha qui a pris l’éten-
dard et ce dernier resta ferme pour trouver, peu
après, également le martyr. Pour l’heure, même
si de base il ne figurait pas parmi les généraux,
c’est Khalid qui a récupéré la bannière, à sa
propre initiative. »
Puis le Messager d’Allah (‫ )ﷺ‬leva ses deux
doigts vers le ciel et invoqua pour lui : « Ô Allah,

8
il est certes un sabre parmi les sabres divins ;
accorde-lui la victoire ! »
C’est depuis ce jour que Khalid fut surnommé
« L’Épée d’Allah ». Le Prophète (‫ )ﷺ‬ordonna
ensuite à ses compagnons et leur dit : « Mettez-
vous en route et allez rejoindre vos frères ; et que
personne ne fasse défection ! »
Les renforts partirent alors et ce sous un soleil de
plomb !

Ibn Ishaq : Yahya ibn ‘Abbad nous a rap-


porté : D’après son père qui relate : Mon père de
lait – qui demeure parmi les Banou Mourra ibn
‘Aouf – m’a dit un jour : Je revois encore Jafar,
le jour de Mouta, lorsqu’il se jeta de sa monture
alezane1 et lui trancha les jarrets2 avant de fondre
sur l’ennemi et de mourir en martyr !
Ibn Ishaq précisa en outre : Jafar est le premier,
dans l’histoire de l’Islam, à avoir accompli cela.
Il rapporta également les vers suivants :
Heureux de se sentir, proche du Paradis,
De ses fruits et délices, de son eau pure et fraîche

1
Dont la robe est de couleur fauve tirant sur le roux
2
C’est-à-dire : les jambes du cheval

9
Malheur aux Byzantins, que l’Enfer les radie
Je ne les trouverai, qu’en échangeant des flèches

Al-Waqidi : Abd-Allah ibn Mouhammad ibn


Oumar ibn Ali nous a rapporté : D’après son
père : Un des soldats byzantins assena un coup
d’épée à Jafar qui le coupa littéralement en
deux ! On trouva, par la suite, sur l’une des deux
parties de son corps, plus de trente blessures !
Abou Ouways : D’après Abd-Allah : D’après
Nafi’ : D’après Ibnou Oumar qui relate : Le jour
de Mouta, nous perdîmes Jafar de vue. Nous dé-
nombrâmes, plus tard, plus de quatre-vingt-dix
coups d’épées et de lances sur ce qui fut retrouvé
de son corps !
Oussama ibn Zayd Al-Laythi : D’après Nafi’ qui
rapporte d’Ibnou Oumar le récit suivant : Je pris
Jafar contre ma poitrine, le jour de Mouta, et je
comptai sur le seul devant de son corps plus de
quarante coups et blessures !

Abou Ahmad Az-Zoubayri : D’après ‘Amr


ibn Thabit : D’après son père : Alors que le Mes-
sager d’Allah (‫ )ﷺ‬interrogea au sujet de Jafar,
un homme lui répondit : Je l’ai vu, lorsque le By-
zantin le transperça avec sa lance ; Jafar continua
malgré tout d’avancer vers lui et le frappa avec

10
son épée. Ils moururent, de ce fait, tous les
deux en même temps !

Saadane ibn Al-Walid : D’après ‘Ata :


D’après Ibnou ‘Abass qui relate : Alors que le
Messager d’Allah (‫ )ﷺ‬était assis et qu’Asma ibn
‘Oumays se trouvait près de lui, il dit :
– Ô Asma, je viens de voir passer Jafar et celui-
ci était accompagné de Jibril et de Mikaïl. Il m’a
informé avoir combattu l’ennemi, tel et tel jours,
et nous a adressé le salam ; rends-lui donc la sa-
lutation !
Certes, il m’a aussi dit avoir reçu, lors de sa ren-
contre avec les polythéistes, soixante-treize bles-
sures sur le seul devant de son corps ! Il porta la
bannière de guerre avec sa main droite et l’on lui
coupa. Il la prit ensuite, avec sa main gauche, et
l’on lui trancha également ! C’est alors qu’il
m’affirma : Allah a remplacé mes mains par des
ailes avec lesquelles je vole, dans le Paradis, en
compagnie de Jibril et de Mikaïl ; je me délecte
de tous les fruits que j’y trouve !

Et d’après une autre narration d’Asma : Le


Messager d’Allah (‫ )ﷺ‬me rendit visite, un jour,
et appela les fils de Jafar. C’est là qu’il les accola

11
et que je pus apercevoir des larmes couler de ses
yeux. Je lui demandai alors :
– Ô Messager d’Allah, est-ce que quelque chose
t’est parvenu concernant Jafar ?
– Oui, il a été tué aujourd’hui ! me dit-il.
Nous nous mîmes alors à pleurer puis il s’en alla.
Il fit ordonner ensuite : « Préparez à manger
pour la famille de Jafar ; certes leurs esprits sont
occupés à autre chose ! »
Et d’après Aïsha qui relate : Lorsque la nouvelle
du décès de Jafar nous parvint, nous pûmes aper-
cevoir la tristesse sur le visage du Prophète (‫! )ﷺ‬

Abou Shayba Al-‘Abssi : Al-Hakam nous a


rapporté : D’après Miqsam : D’après Ibnou ‘Ab-
bas : Le Messager d’Allah (‫ )ﷺ‬dit : « J’ai vu
Jafar sous la forme d’un ange au Paradis. Il vo-
lait, les plumes de ses ailes entachées de sang ! »
Abd-Allah ibn Jafar Al-Madini : D’après Al-
‘Ala : D’après son père : D’après Abou Hou-
rayra : Du Prophète (‫ )ﷺ‬: « J’ai vu Jafar au Pa-
radis avec des ailes ! »
Un récit similaire a été transmis par la voie d’Ib-
nou ‘Abbas et d’Al-Bara.

12
Il est rapporté, en outre, qu’il mourut alors qu’il
était dans la trentaine de son âge, qu’Allah
l’agrée !

Abd-Allah ibn Noumayr : D’après Al-Ajlah :


D’après Shaabi qui relate : Lorsque le Messager
d’Allah (‫ )ﷺ‬s’en retourna de Khaybar, il eut la
joie de retrouver Jafar. Il le prit alors dans ses
bras, lui embrassa la tête et dit :
« Je dois avouer ne pas savoir ce qui me réjouit
le plus : le retour de Jafar ou bien la prise de
Khaybar ! »
Et dans la version de Mouhammad ibn Rabi’a :
D’après Ajlah : Il lui embrassa le front, le prit
contre lui et lui donna l’accolade…

Ibn Ishaq prétendit que le Messager d’Allah


(‫ )ﷺ‬désigna, à Jafar, Mouadh ibn Jabal comme
frère de foi. Al-Waqidi le contredit, toutefois, en
arguant que la fraternisation qu’avait l’habitude
le Prophète (‫ )ﷺ‬de pratiquer, entre les compa-
gnons, cessa après la bataille de Badr et la des-
cente du verset de l’héritage ; or Jafar se trouvait,
à ce moment-là, en Abyssinie.

13
Hafs ibn Ghiyath : D’après Jafar ibn Mou-
hammad : D’après son père1 qui relate : Alors
que la fille de Hamza avait rejoint les musulmans
et accomplissait, en leur compagnie, les circu-
mambulations, Ali la prit par la main et la fit
monter dans le palanquin de Fatima. Un peu plus
tard, ce dernier eut, à son sujet, une altercation
avec Jafar et Zayd :
– Elle est ma cousine et c’est moi qui l’ai faite
sortir de La Mecque ! dit-il.
– Elle est également ma cousine et sa tante ma-
ternelle est mon épouse ! rétorqua Jafar.
Le Prophète (‫ )ﷺ‬les départagea, ensuite, et dé-
cida de la confier à Jafar, tout en disant : « La
tante maternelle est comme une mère ! »
À ce moment, réjoui, Jafar se leva et entama une
danse, à cloche-pied, autour du Messager d’Al-
lah (‫)ﷺ‬. Étonné, le Prophète (‫ )ﷺ‬lui demanda :
– Qu’est-ce que ceci ô Jafar ?
– Ce sont les Abyssiniens ; je les ai vus faire cela
autour de leurs rois ! répondit-il…
La mère de cette dernière était en outre Salma
bint Oumays, la sœur d’Asma.

1
Mouhammad ibn Ali ibn Al-Houssayn ibn Ali, l’arrière-
petit-fils d’Ali

14
Ibn Ishaq : D’après Ibn Qoussayt : D’après
Mouhammad ibn Oussama ibn Zayd : D’après le
père de ce dernier qui entendit le Prophète (‫)ﷺ‬
dire à Jafar : « Tu me ressembles physiquement
et dans mon comportement ! Tu es certes de moi
et de ma généalogie ! »
Israïl : D’après Abou Ishaq : D’après Al-Bara ;
Par la voie également d’Houbayra ibn Maryam
et de Hani ibn Hani : D’après Ali ;
Tous deux1 rapportent que le Messager d’Allah
(‫ )ﷺ‬dit à Jafar, un jour : « Tu me ressembles à la
fois physiquement et moralement ! »
La même parole a été rapportée via les voies de
Hammad ibn Salama : D’après Thabit (‫ )ح‬et de
‘Aouf : D’après Mouhammad2.

Shaabi rapporte : Lorsqu’Ibnou Oumar sa-


luait Abd-Allah ibn Jafar, il lui disait : « As-sa-
lam alayka, ô toi dont le père a deux ailes ! »

Ibn Ishaq : D’après Az-Zouhri : D’après


Abou Bakr ibn Abderrahman : D’après Oum Sa-
lama et son récit de l’exode vers le royaume du
Négus – dont nous avons mentionné une partie

1
C’est-à-dire : Al-Bara (ibn ‘Azib) et Ali
2
Ibn Sirine

15
précédemment ; celle-ci relate : Lorsque les
Qourashites eurent connaissance de cela, ils se
réunirent et décidèrent d’envoyer une délégation
afin de rencontrer le monarque. C’est ‘Amr ibn
Al-’Ass et Abd-Allah ibn Rabi’a qui furent alors
désignés pour accomplir cette tâche. Ils rassem-
blèrent, dès lors, tout un tas de cadeaux à l’inten-
tion du Négus et de ses patrices1 puis ils se mi-
rent en route pour l’Abyssinie. Là-bas, ils dirent
au roi :
– De jeunes écervelés, de chez nous, ont renié
notre religion sans toutefois se convertir à la
tienne ! Ils professent une religion totalement
nouvelle, sortie de nulle part ! Pour l’heure, ils se
sont réfugiés dans ton royaume et notre peuple
nous mandate dans l’espoir que tu nous les
rendes !
À cet instant, les patrices dirent au Négus :
– Votre Majesté, certes ils disent la vérité !
– Par l’éternité de Dieu, je ne les leur livrerai cer-
tainement pas avant d’avoir entendu ce que ces
gens ont à dire ! rétorqua le Négus, énervé, avant
de s’exclamer : Comment en serait-il autrement
alors qu’ils sont venus chercher asile sur mes

1
Dignitaires ; c’est ce terme qui a été employé en arabe
ْ ‫) ِب‬.
(‫طريق‬

16
terres et ont agréé, de leur propre chef, de vivre
sous mon autorité !?
Rien ne rendit plus furieux ‘Amr ibn Al-‘Ass et
Abd-Allah ibn Rabi’a que l’acceptation du mo-
narque d’entendre les musulmans !
Le Négus fit alors dépêcher un messager et le
groupe se rendit à sa cour. C’est Jafar ibn Abou
Talib qui fut chargé de représenter les expatriés.
Une fois sur place, le monarque demanda :
– En quoi donc consiste votre religion ?
– Votre Majesté, nous étions auparavant un
peuple qui s’adonnait au culte des idoles. Nous
mangions la bête morte, ne respections pas le
voisinage et rendions licite les choses interdites
ainsi que la vie des gens ! Puis Allah nous en-
voya un prophète ; un homme de chez nous que
l’on connaissait pour sa fidélité, son honnêteté et
sa probité ! Celui-ci nous appelle à n’adorer
qu’Allah, l’Unique, et à préserver les liens de pa-
renté ! Il nous recommande également d’être
bienveillant envers nos voisins, d’accomplir la
prière et de jeûner !
– Auriez-vous, avec vous, des extraits de ce qu’il
professe ? demanda alors le Négus tout en con-
voquant ses évêques et en leur demandant de dé-
rouler, devant lui, leurs Écritures !

17
– Certainement ! répondit Jafar.
C’est alors qu’il entama, de mémoire, la lecture
de la sourate ﴾ kaf, ha, ya, ‘ayn, sad ﴿. À
l’écoute des versets, le Négus et les évêques fon-
dirent en larmes au point d’en humecter leur
barbe et leurs manuscrits ! Puis le monarque
s’exclama :
– Ce que nous venons d’entendre provient assu-
rément de la même lumière qui fut apportée par
Moussa ! Allez et venez dans mon royaume,
chers amis, comme bon vous semble !
Puis il s’adressa à ‘Amr ibn Al-‘Ass et Abd-Al-
lah ibn Rabi’a :
– Non, par Dieu, je ne répondrai pas favorable-
ment à votre demande et vous ne recevrez au-
cune grâce de ma part !
À ce moment, les deux émissaires quittèrent la
cour et ‘Amr s’exclama :
– Demain, je lui apporterai ce qui réduira leurs
arguments à néant ! C’est là qu’ils firent mention
au Négus de ce que les musulmans soutenaient
au sujet d’Issa…

Shabab précisa que la mère d’Ali, de Jafar et


de ‘Aqil était : Fatima la fille d’Assad ibn Has-
him ibn Abd-Manaf.

18
Al-Waqidi mentionna que Jafar immigra en
Abyssinie accompagné de sa femme Asma bint
‘Oumays. Là-bas, elle enfanta leurs trois en-
fants : Abd-Allah, ‘Aoun et Mouhammad.
Ibn Ishaq, pour sa part, stipula que Jafar fut la 32e
personne à embrasser l’Islam.

Ismaïl ibn Ouways : Mon père nous a rap-


porté : D’après Al-Hassan ibn Zayd : Ali fut le
premier homme à se convertir et Zayd lui em-
boîta le pas. Jafar fut, quant à lui, le troisième
d’entre eux. Puis vint Abou Bakr en quatrième
ou cinquième position…

Abou Jafar Al-Baqir affirma : Le Messager


d’Allah (‫)ﷺ‬, le jour de Badr, réserva à Jafar une
part du butin ainsi que la rémunération à laquelle
il avait droit !
Et il est rapporté, par des voies multiples, que
lorsque Jafar rentra d’Abyssinie, le Prophète
(‫ )ﷺ‬dit : « Le retour de Jafar me réjouit peut-
être plus encore que la prise de Khaybar ! »
Une version mentionne que le Prophète (‫ )ﷺ‬alla
vers lui, le prit dans ses bras et l’embrassa…
On trouve aussi, dans l’Authentique, selon le ré-
cit d’Al-Bara et d’autres, que le Prophète (‫ )ﷺ‬dit

19
à Jafar : « Tu me ressembles physiquement et mo-
ralement à la fois ! »

Ahmad : ‘Affane nous a rapporté : Wouhayb


nous a rapporté : Khalid nous a rapporté :
D’après Ikrima : D’après Abou Hourayra qui a
dit : « Après la mort du Messager d’Allah (‫)ﷺ‬,
aucunes sandales, ni aucune monture, ne furent
chaussées ou enfourchées par un être meilleur
que Jafar ibn Abou Talib ! » Il veut signifier que
nul n’était plus généreux et hospitalier que lui !
Récit rapporté par tout un groupe de savants,
d’après Khalid, avec cependant un léger défaut
dans la chaîne de transmission. Oubayd-Allah
ibn ‘Amr le rapporte également, via la voie de
Khalid, mais d’après Abou Qilaba : D’après
Abou Hourayra.

Ibn ‘Ajlane : D’après Al-Maqbouri : D’après


Abou Hourayra : Nous surnommions Jafar « le
Père des nécessiteux » ! Il nous emmenait chez
lui afin de nous nourrir. Parfois, il ne trouvait
rien d’autre à nous offrir qu’un fond d’outre,
contenant un restant de miel ! Nous la prenions
alors, l’éventrions et léchions ce qu’il y avait à
l’intérieur…

20
Cette traduction est la propriété exclusive de ISLAM PATRIMOINE. Toute réutilisation à des fins
commerciales entraînera systématiquement des poursuites judiciaires.
‫سري أعالم النبالء‬
LES GRANDES FIGURES DE
L’ISLAM
SHAMS AD-DINE DHAHABI (748 h)

‫عقيل بن أيب طالب‬


35
‘AQIL IBN ABOU TALIB

‫زيد بن حارثة‬
36
ZAYD IBN HARITHA

‫عبد اهلل بن رواحة‬


37
ABD-ALLAH IBN RAWAHA
AU NOM D’ALLAH
LE CLÉMENT LE MISÉRICORDIEUX

NOUS LUI DEMANDONS SON AIDE

35. ‘AQIL IBN ABOU TALIB AL-HASHIMI


‫عَقَيلَبنَأبيَطالَبَالهاشَمي‬

‘Aqil est l’aîné de la fratrie des fils d’Abou


Talib et le dernier d’entre eux à être décédé. Il
est, par ailleurs, le grand-père du mouhadith1
Abd-Allah ibn Mouhammad ibn ‘Aqil.
‘Aqil eut nombre d’enfants, parmi lesquels :
Mouslim, Yazid (d’où provient son surnom
« Abou Yazid »), Saïd, Jafar, Abou Saïd le Stra-
bique2 (Al-Ahwal), Mouhammad, Abderrahman
et Abd-Allah…
Il n’était pas encore converti, lors de la bataille
de Badr, et fut contraint d’y participer dans les
rangs des polythéistes. C’est là qu’il fut fait pri-
sonnier par les musulmans. N’ayant pas de quoi

1
Savant spécialiste du hadith
2
Personne atteinte de strabisme

1
payer sa rançon, c’est son oncle ‘Abbas qui se
chargea d’en acquitter le montant.
On rapporte que, ce jour-là, ‘Aqil demanda au
Prophète (‫ )ﷺ‬:
– Qui as-tu tué d’entre leurs leaders ?
– Abou Jahl est mort ! répondit le Prophète (‫)ﷺ‬.
– À présent, la voie t’est ouverte ! rétorqua-t-il
alors.

Ibn Saad mentionna : ‘Aqil accomplit l’exode


(hijra) vers Médine au tout début de l’an 8. Il put
ainsi prendre part à l’expédition de Mouta mais
resta un long moment en convalescence après
son retour. Aucune mention n’est, à ce propos,
faite de lui au cours des divers évènements qui
suivirent tels que la conquête de La Mecque,
celle de Hounayn ou encore le siège de Taïf.
Le Prophète (‫ )ﷺ‬avait l’habitude de le gratifier,
chaque année, de cent-quarante wasq1 provenant
des récoltes de Khaybar.
Abd-Allah ibn Mouhammad ibn ‘Aqil rapporta
que, lors la bataille de Mouta, son grand-père

1
Unité de volume qui équivalait à 60 jointées (quantité
pouvant être contenue dans le creux formé par les paumes
des deux mains)

2
s’empara d’une bague sur laquelle des représen-
tations étaient gravées et il la donna à son père.
Maamar : D’après Zayd ibn Aslam qui relate :
‘Aqil revint, un jour, avec une aiguille à tricoter
et dit à sa femme :
– Voilà de quoi raccommoder tes vêtements !
À cet instant, un homme l’interpela :
– N’est-il pas défendu de s’accaparer du butin de
guerre, ne serait-ce que d’une aiguille !?
‘Aqil dit alors à son épouse :
– Je crains malheureusement qu’il ne te faille la
délaisser !

Issa ibn Abderrahman : D’après Abou Ishaq :


Le Messager d’Allah (‫ )ﷺ‬dit, un jour, à ‘Aqil :
« Ô Abou Yazid, je t’aime doublement : D’une
part car tu es, pour moi, un proche-parent et,
d’autre part, car tu étais très cher à mon oncle ! »
Ibn Jourayj : D’après ‘Ata qui relate : J’ai vu
‘Aqil ibn Abou Talib, vieillard, transportant en-
core d’énormes outres !
On rapporte qu’il mourut au temps de Moua-
wiya. D’autres anecdotes le concernant seront
mentionnées au cours du livre…

3
36. ZAYD IBN HARITHA
َ‫ز ْيدَبنَحارثة‬

Zayd ibn Haritha ibn Sharahil (ou Shourahbil)


ibn Kaab ibn Abd Al-‘Ouzza ibn Yazid ibn Ymr
Al-Qays ibn ‘Amir ibn An-Nou’mane,
Le Commandant, le Martyr, celui ayant grandi
dans la maison prophétique et dont le nom figure
dans la sourate Les Coalisés (Al-Ahzab),
« Abou Oussama »,
Le Kalbien puis le Mouhammadien,
Le Prince des esclaves et le premier d’entre eux
à avoir embrassé l’Islam,
Le bien-aimé du Messager d’Allah (‫ )ﷺ‬et le père
d’un des bien-aimés du Messager d’Allah (‫– )ﷺ‬
ce dernier n’aimant indéniablement que ce qui
est bon !
En outre, Allah le Très-Haut, dans son Livre, ne
nomma aucun compagnon expressément en de-
hors de Zayd ibn Haritha et d’Issa ibn Maryam
(Que la paix soit sur lui) ; Issa qui descendra en
justicier, à la fin des temps, et se conformera à
cette communauté de miséricorde dans sa prière,

4
son jeune, son pèlerinage, sa manière de marier
ainsi que dans l’ensemble des règles de la reli-
gion universelle !
Et tout comme Abou Al-Qassim fut le maître des
prophètes, le meilleur et le dernier d’entre eux,
Issa sera sans aucun doute le plus valeureux de
cette communauté lorsqu’il arrivera sur Terre ! Il
viendra clore le message et personne lui étant su-
périeur ne lui succèdera. Au contraire, l’heure
sera venue pour le soleil de se lever de l’occident
et Allah annoncera l’imminence de la Résurrec-
tion !

Abou Al-Fadl ibn ‘Assakir nous a informés :


Abd Al-Mou’iz ibn Mouhammad nous a narré :
Tamim nous a narré : Abou Saad nous a narré :
Ibn Hamdane nous a narré : Abou Ya’la Al-
Maoussili nous a narré : Boundar nous a rap-
porté : Abd Al-Wahab At-Thaqafi nous a rap-
porté : Mouhammad ibn ‘Amr nous a rapporté :
D’après Abou Salama et Yahya ibn Abderrah-
man : D’après Oussama ibn Zayd : D’après son
père qui relate :
Un jour de forte chaleur, alors que nous nous
trouvions à La Mecque, je sortis avec le Messa-
ger d’Allah (‫ )ﷺ‬en croupe derrière lui. Nous

5
nous rendîmes à une pierre levée1 afin d’y égor-
ger une brebis que nous fîmes rôtir dans la fou-
lée. C’est alors que nous rencontrâmes Zayd ibn
‘Amr ibn Noufayl. Le Prophète (‫ )ﷺ‬lui demanda
à cette occasion :
– Ô Zayd, pourquoi vois-je ton peuple te prendre
autant en aversion ?
– Ô Mouhammad, ce n’est en aucun cas – je le
jure – à cause d’un quelconque bien dont je leur
suis redevable. Ceci-étant, j’étais parti à la re-
cherche de cette fameuse religion et j’ai eu l’oc-
casion de rencontrer les rabbins de Fadak2. Je les
ai trouvés adorant Allah mais en lui donnant des
associés ! Je me suis alors rendu auprès des rab-
bins de Khaybar et je trouvai ces derniers prati-
quant exactement les mêmes rites. Ce fut le cas
également de tous les rabbins que je rencontrai,
par la suite, au Sham. C’est alors que je me dis :
Non, ce n’est assurément pas la religion que je
recherche !

1
Il y avait, avant l’Islam, tout autour de la Kaaba, des
pierres levées (‫)أنصاب‬. Les polythéistes s’en servaient
pour égorger et couper les offrandes qu’ils adressaient à
leurs idoles. Ces pierres ont été évoquées dans plusieurs
passages du Coran (voir sourate Al-Maïda ; versets 3 et
90).
2
Ville située à environ 200 kms au nord-est de Médine

6
À ce moment-là, un de leurs sages me dit :
– La législation sur laquelle tu questionnes n’est
plus pratiquée nulle part excepté par un shaykh
d’Al-Hira1 !
Je partis donc à sa rencontre. Lorsque celui-ci me
vit, il me demanda :
– À quelle tribu appartiens-tu donc ?
– Je viens du peuple gardien de la Maison sa-
crée ! lui répondis-je.
– Ce que tu cherches se trouve dans ton pays !
me rétorqua aussitôt l’homme avant d’ajouter :
Un prophète y a été envoyé et son étoile est ap-
parue ; tous ceux que tu as rencontrés auparavant
sont certes dans l’égarement !
Zayd ibn ‘Amr nous dit à cet instant : Ceci-étant,
rien ni personne ne s’est manifesté jusqu’à pré-
sent ! Ce dernier s’approcha enfin de notre mets
et questionna :
– Qu’est-ce donc ceci ô Mouhammad ?
– Un mouton que nous venons d’égorger pour
une pierre !

1
Al-Hira est une cité historique d’Irak, située à quelques
kilomètres au sud de Koufa.

7
– En ce qui me concerne, je ne mange rien de ce
sur quoi le nom d’Allah n’a pas été invoqué !
s’exclama-t-il alors.
C’est là que nous nous séparâmes. Puis le Mes-
sager d’Allah (‫ )ﷺ‬et moi entamions, plus tard, la
circumambulation de la Kaaba avant de nous
rendre sur Safa et Marwa. Il s’y trouvait, à
l’époque, deux idoles façonnées de cuivre : Issaf
et Naïla. Lorsqu’ils finissaient leur circuit autour
de la Maison sacrée, les polythéistes avait pour
habitude d’essuyer leurs mains dessus. Le Pro-
phète (‫ )ﷺ‬me dit à cet instant :
– Ne les touche pas car elles sont une infamie !
Curieux de savoir ce qu’il allait me dire, je pas-
sais malgré tout mes mains sur elles ! Le Pro-
phète (‫ )ﷺ‬m’interpella alors :
– Ô Zayd, ne te l’avais-je pas défendu !?
Quelque temps après, Zayd ibn ‘Amr mourut et
la révélation descendit sur le Prophète (‫)ﷺ‬.
Plus tard, il dira à Zayd1 : « Certes, Zayd ibn
‘Amr sera ressuscité en constituant, à lui tout
seul, une communauté ! »

1
Zayd ibn Haritha

8
La chaîne de ce récit comporte cependant Mou-
hammad1 sur lequel on ne peut s’appuyer dans
les narrations. Par ailleurs, cette version est dotée
de plusieurs étrangetés comme il apparait claire-
ment.

Al-Hassan ibn Oussama ibn Zayd relate : Le


Prophète (‫ )ﷺ‬était plus âgé que Zayd2 de dix an-
nées. Quant à ce dernier, il était petit de taille,
très mat de peau et avait le nez camus3 !
Récit rapporté par Ibn Saad, d’après Al-Waqidi
qui dit : Mouhammad ibn Al-Hassan ibn Ous-
sama nous a rapporté : D’après son père.
Ibn Saad précisa ensuite : C’est de cette manière
qu’il fut décrit dans cette narration. Toutefois, il
est rapporté, dans d’autres versions, qu’il avait la
peau très blanche et que c’est Oussama, son fils,
qui lui était noir.
C’est pour cette raison que lorsque Moujaziz le
Physionomiste attesta de sa célèbre parole « Ces
pieds sont bien issus du même sang ! », cela ré-
jouit grandement le Prophète (‫)ﷺ‬.

1
Mouhammad ibn ‘Amr
2
Ibn Haritha
3
Aplati

9
Louwaïne : Houdayj nous a rapporté :
D’après Abou Ishaq qui relate : Un jour où Ja-
bala ibn Haritha se trouvait dans la cité, on lui
demanda :
– Qui de toi ou de Zayd est le plus grand ?
– Zayd est plus grand que moi bien que je sois né
avant lui ! répondit alors Jabala avant de pour-
suivre et de s’expliquer : Notre mère était issue
de la tribu des Tayï et, lorsqu’elle mourut, c’est
notre grand-père qui nous prit sous sa coupe. Un
jour, nos deux oncles paternels vinrent voir notre
grand-père et lui dirent :
– Nous avons plus de droit sur les enfants de
notre frère que tu n’en as sur eux !
Notre grand-père leur répondit alors :
– Prenez Jabala mais laissez Zayd !
C’est alors qu’ils me prirent et m’emmenèrent
avec eux. Plus tard, une cavalerie de Tihama1
razzia nos terres et captura Zayd. C’est ainsi qu’il
se retrouva sous le patronage de Khadija avant
que cette dernière ne l’offre au Messager d’Allah
(‫)ﷺ‬.

1
Nom donné au littoral ouest de la Péninsule arabique
dont La Mecque fait partie

10
Abdelmalik ibn Abou Soulayman : Abou Fa-
zara nous a rapporté : Le Messager d’Allah (‫)ﷺ‬
aperçut Zayd ibn Haritha, enfant, un toupet sur la
tête. Son peuple l’avait mis à vendre à Al-Batha1.
Lorsqu’il retourna auprès de Khadija, celle-ci lui
demanda :
– Combien coûte-t-il ?
– 700 ! lui répondit le Prophète (‫)ﷺ‬.
– Tiens, les voici ! lui dit alors Khadija en lui ten-
dant la somme d’argent.
Le Messager d’Allah (َ‫ )ﷺ‬s’en alla donc acquit-
ter son prix et revint en sa compagnie. Là, il
s’écria :
– Certes, s’il m’appartenait, je l’aurais affran-
chi !
– Dans ce cas, il est à toi, lui répondit Khadija
avant de poursuivre et de lui dire : À présent, li-
bère-le !

Soulayman ibn Yassar et d’autres prétendi-


rent que Zayd ibn Haritha fut la première per-
sonne à se convertir à l’Islam.

1
Nom qui était donné à un segment de l’oued qui traver-
sait La Mecque

11
Moussa ibn Ouqba : D’après Salim : D’après
son père1 : Zayd ibn Haritha était appelé par les
gens « Zayd ibn Mouhammad » (le fils de Mou-
hammad). C’est alors que le verset suivant des-
cendit : ﴾ Appelez-les du nom de leurs pères,
cela est plus juste auprès d’Allah2 ﴿.

Ismaïl ibn Abou Khalid : D’après Abou ‘Amr


As-Shaybani qui relate : Jabala ibn Haritha me
raconta, un jour, s’être rendu auprès du Messager
d’Allah (‫ )ﷺ‬pour lui demander de renvoyer
Zayd, son frère, avec lui. Le Prophète (‫ )ﷺ‬lui dit
alors :
– Le voici. S’il veut partir, je ne l’en empêcherai
pas !
À ce moment-là, Zayd s’interposa et dit :
– Non ! Par Allah, je ne choisirai personne
d’autre que toi !
Le choix de mon frère était effectivement bien
plus perspicace que le mien ! s’exclama finale-
ment Jabala.
C’est Ali ibn Moussehir qui entendit ce récit di-
rectement d’Ismaïl.

1
Abd-Allah ibn Oumar
2
Sourate Les Coalisés, verset 5

12
Ibn Ishaq et d’autres savants affirmèrent que
Zayd fut de ceux qui participèrent à la bataille de
Badr.
Salama ibn Al-Akwa’ témoigna : J’ai pris part à
de nombreuses campagnes militaires en compa-
gnie du Messager d’Allah (‫ )ﷺ‬et de Zayd ibn
Haritha. Le Prophète (َ‫ )ﷺ‬le nommait fréquem-
ment à la tête des troupes !
Al-Waqidi : Mouhammad ibn Al-Hassan ibn
Oussama nous a rapporté : D’après Abou Al-
Houwayrith qui relate : Zayd ibn Haritha dirigea
en tout et pour tout sept expéditions militaires.

Al-Waqidi : Le neveu d’Az-Zouhri (fils de


son frère) nous a rapporté : D’après son oncle :
D’après Ourwa : D’après Aïsha qui relate : Lors-
que Zayd ibn Haritha rentra de son expédition
(l’expédition dite d’Oum Qirfa), le Messager
d’Allah (‫ )ﷺ‬se trouvait alors en ma compagnie.
Zayd frappa soudainement à la porte et le Mes-
sager d’Allah (‫ )ﷺ‬se leva aussitôt laissant tom-
ber son vêtement, si bien qu’une partie de sa nu-
dité apparut ! C’était la première fois que je le
voyais ainsi. Puis il prit Zayd dans ses bras et
l’embrassa avant de le questionner sur sa mis-
sion. Zayd l’informa alors de la réussite qu’Allah
lui avait accordée.

13
Ibn Ishaq : D’après Yazid ibn Abd-Allah ibn
Qoussayt : D’après Mouhammad ibn Oussama :
D’après son père qui relate : Le Messager d’Al-
lah (‫ )ﷺ‬dit, un jour, à Zayd ibn Haritha : « Ô
Zayd, nous sommes liés par les liens du patro-
nage ; tu es certes de moi, affilié à moi et la per-
sonne qui m’est le plus cher ! »
Rapporté par Ahmad dans le Mousnad.

Ismaïl ibn Jafar et Ibnou ‘Ouyaïna : D’après


Abd-Allah ibn Dinar qui a entendu d’Ibnou Ou-
mar le récit suivant :
Alors que le Messager d’Allah (‫ )ﷺ‬avait désigné
Oussama à la tête d’un escadron, certaines per-
sonnes remirent en cause la légitimité de ce der-
nier à commander des troupes. Le Prophète (‫)ﷺ‬
s’exprima alors en ces termes : « Si vous le criti-
quez, vous critiquez certes son père avant lui ! Et
par les deux dextres d’Allah1, ce dernier conve-
nait parfaitement à ce poste et demeurait parmi
ceux qui m’étaient le plus cher ! Quant à son fils
que voici, il est – après Zayd – la personne à la-
quelle je tiens le plus ! »

1
C’est-à-dire : ses deux mains droites. En arabe « ‫» َوا ْي ُم هللا‬
qui est la contraction du mot ‫ أَ ْي ُمن‬, pluriel de ‫ َيمين‬qui si-
gnifie : la droite.

14
Dans la version d’Ismaïl, on trouve : « Quant à
son fils, il compte parmi les personnes aux-
quelles je tiens le plus ! »
Ibrahim ibn Tahmane : D’après Moussa ibn
Ouqba : D’après Salim : D’après son père qui fit
mention du même récit avec les termes : « Son
père convenait parfaitement au poste d’émir et il
était, de tous les gens, l’être qui m’était le plus
cher ! »
Salim ajouta en outre : À chaque fois que j’en-
tendais mon père rapporter ce hadith, il précisait
à la fin : « Par Allah, tous les gens en dehors de
Fatima ! »

Ibrahim ibn Yahya ibn Hani Al-Chajari : Mon


père m’a rapporté : D’après Ibn Ishaq : D’après
Az-Zouhri : D’après Ourwa : D’après Aïsha qui
relate : Lorsque Zayd ibn Haritha arriva chez
nous, le Messager d’Allah (‫ )ﷺ‬se leva brusque-
ment au point de laisser tomber son vêtement par
terre ! Il lui embrassa alors le front. Oum Qirfa
avait, à ce moment-là, envoyé quarante cavaliers,
d’entre ses enfants et petits-enfants, afin de com-
battre le Messager d’Allah (‫)ﷺ‬. Le Prophète
(‫ )ﷺ‬désigna alors Zayd à la tête d’un escadron
qui parvint à les exterminer dans leur entièreté,
Oum Qirfa comprise. Ce dernier fit ensuite

15
envoyer le vêtement1 de la malheureuse au Pro-
phète (‫ )ﷺ‬qui le brandit, à Médine, accroché
entre deux lances !
Rapporté par Al-Mouhamili : D’après Abd-Al-
lah ibn Shabib : D’après Ibrahim. Une partie du
récit a également été rapporté et jugé acceptable
(hassan) par At-Tirmidhi : D’après Al-Bouk-
hari : D’après le même Ibrahim…

Moujalid : D’après Shaabi : D’après Aïsha de


laquelle on rapporte la parole suivante : Si Zayd
avait été vivant, le Messager d’Allah (‫ )ﷺ‬l’au-
rait désigné calife !
Waïl ibn Daoud : D’après Al-Bahi : D’après
Aïsha qui dit : À chaque fois que le Messager
d’Allah (‫ )ﷺ‬envoyait Zayd dans une expédition
militaire, il le désignait à la tête des troupes. Et
s’il lui avait survécu, il l’aurait très certainement
nommé au poste de calife ! Rapporté par An-
Nassaï.

Abd-Allah ibn Oumar relata : Mon père con-


fia à Oussama ibn Zayd des responsabilités plus
importantes que les miennes. Lorsque je le lui fis
remarquer, il me répondit : Il était certes plus
1
Vêtement ou cotte de mailles ; le terme arabe (‫ )دِرْ ع‬pou-
vant avoir les deux sens

16
cher au Messager d’Allah (‫ )ﷺ‬que tu ne l’étais
et son père était également plus cher à ses yeux
que le tien !

Al-Waqidi dit : Lors de la bataille de Mouta,


le Messager d’Allah (‫ )ﷺ‬confia le commande-
ment à Zayd et il le préféra aux autres généraux.
Lorsqu’ils rencontrèrent l’ennemi, tous combat-
tirent directement au sol. Zayd s’empara alors de
la bannière de guerre et, suivi par toutes ses
troupes, il chargea l’ennemi. C’est là qu’une
lance vint le transpercer et lui arracher la vie ;
qu’Allah l’agrée !
Le Messager d’Allah (‫ )ﷺ‬pria alors pour lui (en
invoquant) puis il dit : « Demandez le pardon
pour votre frère ; il vient de rentrer au Paradis
à grands pas ! »
La bataille de Mouta eut lieu en l’an 8, lors du
premier mois de Joumada. Zayd avait alors 55
ans.

D’après tout un groupe de savants : D’après


Ismaïl ibn Abou Khalid : D’après Abou Ishaq :
D’après Abou Mayssara qui relate : Lorsque la
nouvelle du décès de Zayd, de Jafar et d’Ibnou
Rawaha parvint au Messager d’Allah (‫)ﷺ‬, il se
leva et prononça un discours dans lequel il vanta

17
leur mérite en commençant par Zayd. Il invoqua
ensuite à trois fois reprises : « Ô Allah, pardonne
à Zayd ! Ô Allah, pardonne à Zayd ! Ô Allah,
pardonne à Zayd ! » Puis il invoqua pour Jafar et
Ibnou Rawaha : « Ô Allah, pardonne à Jafar et
Ibnou Rawaha ! »

Hammad ibn Zayd : D’après Khalid ibn Sa-


lama Al-Makhzoumi qui relate : Le Messager
d’Allah (‫ )ﷺ‬regagna sa demeure après avoir ap-
pris le décès de Zayd et de ses compagnons. Sur
son chemin, il rencontra la fille de Zayd les yeux
pleins de larmes. À cet instant, il ne put se con-
tenir et éclata lui aussi en sanglots. Étonnés, cer-
tains compagnons l’interrogèrent : Qu’est-ce que
ceci ô Messager d’Allah ? Il répondit alors : « Ce
que peut éprouver un être pour son bien-aimé ! »
Rapporté par Moussadad et Soulayman ibn Harb
par la voie de Hammad.
Houssayn ibn Waqid : D’après Ibn Bourayda :
D’après son père qui rapporte du Messager d’Al-
lah (‫ )ﷺ‬la parole suivante : « J’ai été accueilli,
au Paradis, par une jeune femme et lorsque je lui
posai la question : De qui es-tu l’épouse ? Elle
me répondit : De Zayd ibn Haritha ! »
Ce récit jouit d’une bonne chaîne de transmis-
sion.

18
37. ABD-ALLAH IBN RAWAHA
َ‫عبدَاهللَبنَرواحة‬

Abd-Allah ibn Rawaha ibn Tha’laba ibn Ymr


Al-Qays ibn Tha’laba,
L’heureux émir et martyr,
« Abou ‘Amr », le Ansari,
Al-Khazraji,
Le combattant de Badr,
L’un des apôtres médinois,
Le poète.
Des narrations du Prophète (‫ )ﷺ‬ainsi que de Bi-
lal ont été transmises par sa voie.
Parmi ceux qui ont rapporté de lui : Anas ibn
Malik et Nou’mane ibn Bashir. De même, Qays
ibn Abou Hazim, Abou Salama ibn Abderrah-
man, ‘Ata ibn Yassar, Ikrima et d’autres ont
transmis par sa voie mais avec, toutefois, la pré-
sence d’un intermédiaire dans leurs transmis-
sions (moursal).

19
Abd-Allah ibn Rawaha assista à la bataille de
Badr et, avant cela, au serment d’Al-Aqaba1. Il
avait pour surnoms « Abou Mouhammad » et
« Abou Rawaha » bien qu’aucune descendance
ne lui survécut. Il était, par ailleurs, l’oncle ma-
ternel de Nou’mane ibn Bashir.
Abd-Allah comptait parmi les rares scribes des
Ansars. Le Prophète (‫ )ﷺ‬lui délégua la gouver-
nance de Médine à l’occasion de l’expédition du
Rendez-vous de Badr2. Il le nomma également à
la tête d’un escadron de trente cavaliers qui fu-
rent chargés d’assassiner Oussayr ibn Rizam, le
Juif, à Khaybar.
Al-Waqidi mentionna que le Prophète (‫ )ﷺ‬l’en-
voya également, là-bas, afin d’évaluer la récolte
de dattes3.
(Dhahabi) : À mon sens, ceci ne s’est produit
qu’une seule fois, deux tout au plus.

1
Serment d’allégeance que les premiers croyants de Mé-
dine prêtèrent avant l’exode (hijra). Il eut lieu, deux an-
nées consécutives, lors du pèlerinage à La Mecque non
loin d’un monticule, à Mina, que les arabes nommaient
Al-Aqaba.
2
Bataille qui devait avoir lieu deux ans après la première
bataille de Badr.
3
Pratique qui permettait notamment d’estimer le montant
des impôts

20
Qoutayba, quant à lui, affirma qu’Ibnou Rawaha
et Abou Darda étaient des demi-frères utérins1.

Ahmad dans son Mousnad : Abdessamad


nous a rapporté : ‘Oumara nous a rapporté :
D’après Ziyad An-Noumayri : D’après Anas qui
relate : Ibnou Rawaha avait pour habitude,
lorsqu’ils rencontraient l’un de ses camarades, de
lui dire : « Viens, nous allons croire le temps
d’une heure ! » Un jour, un des compagnons
qu’il sollicita pour cela se mit en colère et partit
se plaindre auprès du Prophète (‫ )ﷺ‬:
– Ô Messager d’Allah, vois-tu Ibnou Rawaha, il
délaisse ta foi pour la foi d’une durée d’une
heure !
– Qu’Allah fasse miséricorde à Ibnou Rawaha ;
il aime les assises que les anges vantent avec
fierté ! lui répondit alors le Prophète (‫)ﷺ‬.

Hammad ibn Zayd : Thabit nous a rapporté :


D’après Abderrahman ibn Abou Layla : Ibnou
Rawaha se rendit, un jour, auprès du Prophète
(‫ )ﷺ‬alors que ce dernier prononçait un discours
et demandait aux gens de s’asseoir. Bien qu’en-
core à l’extérieur de la mosquée, lorsqu’Ibou Ra-
waha entendit cela, il s’assit immédiatement à
1
Ils avaient la même mère

21
l’endroit où il se trouvait. Peu après, on rapporta
cela au Prophète (َ‫ )ﷺ‬et il invoqua pour lui :
« Qu’Allah augmente encore ta volonté d’obéir
au Seigneur et à son messager ! »
Une partie de ce récit a également été rapporté
par la voie d’Ourwa, d’après Aïsha.

Hammad ibn Salama : Abou Imrane Al-


Jaouni nous a narré : Un jour, Ibnou Rawaha per-
dit connaissance. Le Prophète (‫ )ﷺ‬se rendit alors
à son chevet et invoqua : « Ô Allah, si son heure
est venue, facilite-lui les choses ; sinon, guéris-
le ! »
Lorsqu’il se réveilla, un peu plus tard, Ibnou Ra-
waha dit au Prophète (َ‫ )ﷺ‬:
– Ô Messager d’Allah, j’ai vu ma mère lors de
mon coma ; elle se lamentait et disait : Ô ma
montagne, ô mon échine ! À cet instant, un ange
leva un marteau immense, en l’air, et me de-
manda :
– Es-tu réellement comme ceci ?
Si je lui avais répondu par l’affirmative, il m’au-
rait fracassé le crâne avec !

22
Abou Darda relate : Nous étions en voyage,
avec le Messager d’Allah (‫ )ﷺ‬un jour de très
forte chaleur. Personne d’entre nous ne jeûnait
hormis le Prophète (‫ )ﷺ‬et Abd-Allah ibn Ra-
waha !
Ce récit a été transmis par plusieurs rapporteurs :
D’après Oum Darda : D’après Abou Darda.

Maamar : D’après Thabit : D’après Ibnou


Abou Layla qui relate : Quelqu’un épousa la
femme d’Ibnou Rawaha, après sa mort, et lui dit :
– Sais-tu pourquoi je me suis marié avec toi ?
J’espérais que tu m’informes des œuvres
qu’Abd-Allah accomplissait chez lui !
Celle-ci lui mentionna effectivement un certain
nombre de choses que je n’ai pas retenues ex-
cepté sa parole : À chaque fois, qu’il voulait ren-
trer ou sortir de chez lui, il accomplissait deux
unités de prière. Jamais il ne délaissa cette ac-
tion !

Ourwa dit : Lorsque fut révélé le verset َ﴾


Seuls les égarés suivent les poètes1 ﴿, Ibnou Ra-
waha s’exclama en ces termes : Malheur à moi,
je suis certes l’un d’entre eux ! C’est alors

1
Sourate Les Poètes, verset 224

23
qu’Allah fit descendre : ﴾ Excepté ceux qui
croient et accomplissent les bonnes œuvres1 ﴿.

Ibn Sirine affirma : Les poètes du Messager


d’Allah (‫ )ﷺ‬étaient au nombre de trois : Abd-
Allah ibn Rawaha, Hassan ibn Thabit et Kaab ibn
Malik !

On rapporte que lorsque le Prophète (‫ )ﷺ‬dé-


signa les trois généraux pour la bataille de
Mouta, il dit : « L’Émir des troupes est Zayd. S’il
venait à lui arriver quelque chose, que Jafar le
remplace. Et si Jafar n’en était plus capable non
plus, que ce soit Abd-Allah ibn Rawaha qui di-
rige ! »
Plus tard, lorsque Zayd et Jafar tombèrent en
martyrs, au cours de la bataille, Ibnou Rawaha
eut en aversion de prendre le commandement. Il
rima alors les vers suivants :
Le combat t’est prescrit, je le jure ô mon âme
Que tu t’en satisfasses, ou bien que tu le blâmes
Trop longtemps cela fait, que tu étais au calme
Trouverais-tu ce jour, le Paradis infâme
Il s’engagea ensuite au combat et fut lui aussi
tué !

1
Verset 227 de la même sourate

24
Moudrik ibn ‘Oumara rapporte : Ibn Rawaha
raconta : Je me rendis, un jour, à la mosquée du
Prophète (‫ )ﷺ‬et pris place en face de lui. Sou-
dain, il me demanda :
– Ô Abd-Allah, comment est-ce que tes poèmes
te viennent ?
– Je médite sur un sujet en particulier puis je
compose des vers… lui répondis-je alors.
– Dans ce cas, dis-nous quelque chose sur les po-
lythéistes ! rétorqua le Prophète (‫)ﷺ‬.
Je n’avais, au préalable, rien préparé mais j’im-
provisai ceci :
Dites vous qui valez, moins qu’une pèlerine1
Depuis quand pour vos êtres, les arabes s’incli-
nent
Je vis alors que le Prophète (‫ )ﷺ‬n’apprécia guère
que je compare son peuple à un simple vête-
ment ! Je me mis donc à rimer d’autres vers qui
sont les suivants :
Allah vous a aimé, ô vous les Hashimites
En cela à jamais, vous demeurez l’élite
Les traits de son visage, laissent entrevoir le bien
Mais vous les avez lus, de vos regards païens

1
Sorte de manteau

25
S’il vous avait sommés, de venir le défendre
Vous auriez prétexté, ne pas pouvoir com-
prendre
Ô qu’Allah le soutienne, dans toute sa mission
Comme il soutint Moussa, et tous ses compa-
gnons
À ce moment, le Prophète (‫ )ﷺ‬me regarda tout
sourire et me dit : « Qu’Allah te soutienne
aussi ! »

Ibn Sirine relate : Hassan et Kaab répliquaient


aux polythéistes en usant des mêmes procédés
que ces derniers : ils citaient dans leurs poèmes
les différentes batailles et autres prouesses dont
les musulmans se targuaient.
Quant à Ibnou Rawaha, il les assenait, lui, en blâ-
mant leur mécréance et en mettant en avant le fait
qu’ils en étaient des figures !
Rien ne leur fut plus détestable que cela, plus
tard, lorsqu’ils se convertirent et devinrent clair-
voyants ; ils avaient en aversion tous ces vers !

Thabit : D’après Anas qui relate : Lorsque le


Prophète (‫ )ﷺ‬entra dans La Mecque, à

26
l’occasion de la Oumra des accords d’Al-Hou-
daybiya1, Ibnou Rawaha, qui marchait devant
lui, rima :
Faites place ô impies, laissez-le donc passer
Recevez aujourd’hui, ce qu’il est décrété
Vos têtes de vos corps, seront décapitées
Vous oublierez dès lors, vos plus fidèles alliés
À ce moment, Oumar lui dit : Ô Ibnou Rawaha,
tu récites des poèmes dans un lieu sacré d’Allah
(haram) et devant le Messager ?! Lorsque le Pro-
phète (‫ )ﷺ‬l’entendit, il lui dit : « Laisse-le Ou-
mar, ses vers les atteignent plus vite encore que
des flèches ! » Et dans une version : « Par celui
qui détient mon âme entre ses mains, ses paroles
leur font plus de mal encore que des rafales de
flèches ! »
Rapporté également par la voie de Maamar :
D’après Az-Zouhri : D’après Anas.
At-Tirmidhi précisa par ailleurs : Dans d’autres
narrations, il est mentionné que c’est Kaab qui
prononça ces vers, lorsque le Prophète (‫ )ﷺ‬entra
dans la Mecque à l’occasion de la Oumra des

1
(‫ )عمرة القضاء‬Oumra que les musulmans accomplirent en
l’an 7 conformément aux engagements pris par les poly-
théistes, l’année passée, lors du traité d’Al-Houdaybiya.

27
accords d’Al-Houdaybiya. Cette version est plus
vraisemblable pour certains savants car Ibnou
Rawaha est mort lors de la bataille de Mouta et
cette oumra eut lieu après.
Je dis (Dhahabi) : Absolument pas ; Mouta a plu-
tôt eu lieu – et sans le moindre doute – six mois
après cet évènement !

Abou Zour’a le Damascène (Dimashqi) dit :


J’ai questionné Ahmad ibn Hanbal sur le hadith
d’Anas « Le Prophète (‫ )ﷺ‬entra à La Mecque et
Ibnou Rawaha tenait l’étrier de sa monture »1, il
me répondit : Ce récit n’a aucun fondement !

Et d’après Qays ibn Abou Hazim : Le Messa-


ger d’Allah (‫ )ﷺ‬demanda, un jour, à Abd-Allah
ibn Rawaha de descendre de sa monture afin
d’animer le convoi par ses vers de poésie.
– Ô Messager d’Allah, j’ai certes délaissé tout
ceci ! lui répondit cependant Ibnou Rawaha.
À cet instant, Oumar le somma :
– Écoute et fais ce qu’on te dit !
Ibnou Rawaha s’exécuta alors et rima :

1
Il s’agit du récit précédent.

28
Sans Allah nous n’aurions, pas trouvé la guidée
Donner par charité, ou songer à prier
Jusqu’à la suite des vers…

Ismaïl ibn Abou Khalid : D’après Qays qui


relate : Un jour, Ibnou Rawaha se mit à pleurer
devant son épouse. Le voyant dans cet état, cette
dernière ne put, elle aussi, contenir ses larmes.
Étonné, il lui demanda :
– Qu’as-tu ?
– Le fait de te voir verser ces larmes ne me laisse
pas indifférente ! répondit la bienveillante.
Ibnou Rawaha s’expliqua alors :
– Certes, j’ai pris conscience que j’allais être ex-
posé au feu et je n’ai pas la moindre idée si je
vais pouvoir en réchapper ou non !

Az-Zouhri : D’après Soulayman ibn Yassar


qui relate : Le Prophète (‫ )ﷺ‬dépêcha Ibnou Ra-
waha, à Khaybar, afin d’évaluer le montant de
l’impôt que les juifs dussent verser sur leurs cul-
tures de dattes. Ces derniers décidèrent alors de
rassembler un certain nombre de bijoux, appar-
tenant à leurs femmes, afin de les offrir à Ibnou
Rawaha, en contrepartie de quoi ils espéraient,
de sa part, un allègement dans son évaluation du

29
tribut. Lorsqu’ils lui adressèrent les présents en
question, Ibnou Rawaha leur dit :
– Ô vous autres, peuple juif ! Je jure par Allah
que vous êtes les créatures que je déteste le plus
sur cette Terre ! Ceci ne me conduira toutefois
pas à être injuste envers vous. Sachez que la cor-
ruption est formellement proscrite !
À ce moment-là, les juifs s’écrièrent :
– C’est ainsi que les cieux et la Terre vont bon
train !
Le même récit a été rapporté par la voie de Ham-
mad ibn Salama : D’après Abd-Allah (il nous
semble) : D’après Nafi’ : D’après Ibnou Oumar.

Ismaïl ibn Abderrahman nous a informés :


Mouhammad ibn Al-Mousnid nous a narré, dans
le village de Mazzeh1 : Abdane ibn Razine nous
a narré : Nasr ibn Ibrahim le Faqih2 nous a rap-
porté : Abdelwahhab ibn Al-Houssayn nous a
narré : Al-Houssayn ibn Mouhammad ibn Ou-
bayd nous a rapporté : Mouhammad ibn Al-

1
(‫ )المِ َّزة‬en arabe : Célèbre village qui se situait en péri-
phérie de Damas et qui est, à notre époque, un quartier à
part entière de la ville.
2
Un faqih est un savant spécialiste de la législation isla-
mique

30
‘Abbas Az-Zaydi nous a rapporté : Mouhammad
ibn Harb nous a rapporté : Mouhammad ibn
‘Iyadh nous a rapporté d’Abdelaziz le neveu
d’Al-Majishoune (le fils de son frère) le récit sui-
vant : Il nous est parvenu qu’Abd-Allah ibn Ra-
waha avait une esclave avec laquelle il avait des
rapports sexuels à l’abri du regard de son épouse.
Un jour, cette dernière l’aperçut s’isoler avec la
captive ; elle lui dit alors :
– Préfèrerais-tu ton esclave à ta femme ?!
– Pas du tout ! lui répondit Ibnou Rawaha sem-
blant nier ce que son épouse affirmait.
– Dans ce cas, si tu dis vrai, lis un verset du Co-
ran !
C’est alors qu’Abd-Allah ibn Rawaha rima ces
vers :
La promesse d’Allah, est certes vérité
Au feu les mécréants, pour une éternité
– Lis un autre verset ! lui dit-elle encore.
Son Trône majestueux, flotte au-dessus de l’eau
Et au-dessus du Trône, notre Seigneur tout beau
L’édifice porté, par les plus nobles anges
Serviteurs rapprochés, prononçant ses louanges
À cet instant, elle s’exclama :

31
– C’est en Allah que j’ai foi ; certes mes yeux
m’ont trahie !
Ibnou Rawaha se rendit, peu après, auprès du
Messager d’Allah (‫ )ﷺ‬et lui raconta l’anecdote.
Cela fit rire le Prophète (‫ )ﷺ‬et il ne blâma point
Ibnou Rawaha pour cela.

Ibn Wahb : Oussama ibn Zayd m’a rapporté


que Nafi’ lui raconta l’histoire suivante : Ibnou
Rawaha était marié à une femme dont il redoutait
la jalousie. Parallèlement, il possédait une es-
clave avec laquelle il avait des rapports sexuels.
Un jour où il coïta avec elle, son épouse l’in-
forma les avoir surpris.
– Soubhanallah ! s’exclama Ibnou Rawaha cher-
chant, en cela, à se disculper.
– Si tu dis vrai, récite-donc quelque chose et nous
verrons bien si tu es en état de grande impureté
ou non !
C’est alors qu’Ibnou Rawaha rima ce qui suit :
De Mouhammad j’atteste, qu’il est un envoyé
Du Dieu qui au-dessus, des cieux s’est élevé
Du père de Yahya, les œuvres pieuses émanent
De son fils mêmement, tous deux gardés du
blâme

32
On attribua également ces vers à Hassan.

Sharik : D’après Al-Miqdam ibn Shourayh :


D’après son père : D’après Aïsha qui rapporte :
Il arrivait au Prophète (‫ )ﷺ‬de réciter des vers de
poésie d’Abd-Allah ibn Rawaha et il prononçait
parfois :
Des nouvelles te parviendront,
De bouches qui te surprendront1

Ibn Ishaq : Mouhammad ibn Jafar ibn Zou-


bayr nous a rapporté : D’après Ourwa qui relate :
Abd-Allah ibn Rawaha prit alors la bannière
(après la mort de son prédécesseur). Il hésita un
moment puis s’engagea avec sur sa monture. Le
temps qu’il prépare son âme au combat, on le
voyait hésiter à maintes reprises…
Ibn Ishaq ajouta : Il me parvint d’Abd-Allah ibn
Abou Bakr ibn Hazm qu’il rima à cet instant :
Le combat t’est prescrit, je le jure ô mon âme
Que tu t’en satisfasses, ou bien que tu le blâmes
Quand les gens vocifèrent, que leur fureur s’en-
flamme
Trouverais-tu ce jour, le Paradis infâme

1
Ces deux vers célèbres sont d’un poète arabe qui vécut
avant l’Islam.

33
Trop longtemps cela fait, que tu étais au calme
Crois-tu être autre chose, qu’un rien que l’on
diffame
Puis il descendit de sa monture et s’engagea au
combat jusqu’à trouver le martyre.
Et on rapporte qu’il rima aussi :
Que l’on te tue ou non, la mort tu trouveras
Te voici aujourd’hui, aux portes du trépas
Ce que tu convoitais, à présent s’offre à toi
La voie des deux compères, source de ton bon-
heur
Mais si tu la contournes, attends-toi au malheur

Al-Walid ibn Mouslim déclara : J’ai entendu


dire que les troupes cheminaient alors dans les
environs de Ma’an1. C’est là qu’on les informa
que les Byzantins avaient réuni une armée gigan-
tesque pour les combattre. Zayd consulta alors
ses compagnons et l’un d’eux lui dit : « Tu as pu
pénétrer sur leurs terres et montrer ta force, à pré-
sent rebrousse chemin ! »
Ibnou Rawaha, qui lui aussi était présent, garda
le silence mais lorsque Zayd l’interrogea, il lui
répondit :

1
Ville du sud de la Jordanie

34
– Nous ne sommes pas venus ici pour rafler des
biens mais bien pour combattre et notre nombre
n’a que peu d’importance. Je suis d’avis que l’on
aille les affronter !

Ourwa ibn Zoubayr rapporte : Le Prophète


(‫ )ﷺ‬dit : « Et s’il arrive quelque chose à Ibnou
Rawaha, que les musulmans s’accordent sur l’un
d’eux ! »
Ils cheminèrent alors et firent halte à Ma’an. Là,
ils apprirent qu’Héraclius se trouvait à Moab1 à
la tête d’une armée de 200 000 soldats : 100 000
Byzantins et 100 000 Arabes issus de différentes
tribus. C’est à cet instant qu’Ibnou Rawaha mo-
tiva ses troupes et dit : Ô musulmans, je jure par
Allah que la chose que vous prenez en aversion
maintenant est celle-là même qui vous a conduit
jusqu’ici : la mort dans le sentier d’Allah !
Leur nombre ne dépassait pas alors les 3000
combattants.

1
Village de l’époque proche de Mouta. Moab fut par ail-
leurs un célèbre royaume dont le nom est évoqué dans
plusieurs passages de la Bible.

35
Cette traduction est la propriété exclusive de ISLAM PATRIMOINE. Toute réutilisation à des fins
commerciales entraînera systématiquement des poursuites judiciaires.
‫سري أعالم النبالء‬
LES GRANDES FIGURES DE
L’ISLAM
SHAMS AD-DINE DHAHABI (748 h)

DE LA BIOGRAPHIE N°38
À LA BIOGRAPHIE N°54
AU NOM D’ALLAH
LE CLÉMENT LE MISÉRICORDIEUX

NOUS LUI DEMANDONS SON AIDE

CHAPITRE SUR LES MARTYRS


D’AR-RAJI’1
‫الر ِجيع‬
َّ ‫ُش َهداء‬
En l’an 4, le Prophète (‫ )ﷺ‬confia une mission
d’espionnage à une dizaine de compagnons dont
‘Assim ibn Thabit ibn Abou Al-Aqlah l’Ansari
était le chef. Lorsqu’ils arrivèrent, lui et ses
hommes, dans les environs d’Asfan2, ils se firent
surprendre par un clan de Houdhayl3 composé
d’une centaine d’hommes. Le commando musul-
man fut alors mis à mort à l’exception de Khou-
bayb ibn ‘Adi et de Zayd ibn Ad-Dathina qui fu-
rent capturés et revendus, plus tard, à La
Mecque.
Parmi les huit compagnons morts ce jour, on dé-
nombre : Abd-Allah ibn Tariq (le protégé des

1
Nom du lieu où l’évènement s’est produit
2
Situé à environ 80 kms au nord-ouest de La Mecque
3
Tribu arabe

1
Banou Zhafar), Khalid ibn Al-Boukayr Al-Lay-
thi et Marthad ibn Abou Marthad Al-Ghanaoui.
J’ai mentionné tout ceci, en détail, dans les ba-
tailles du Prophète (‫)ﷺ‬1.

LES MARTYRS DU PUITS


DE MA’OUNA
‫ُش َهداء بِ ْئر َم ُعونة‬

La même année, le Prophète (‫ )ﷺ‬envoya qua-


rante hommes sous le commandement d’Al-
Moundhir ibn ‘Amr As-Saïdi – un des combat-
tants de Badr. Parmi les compagnons qui l’ac-
compagnèrent, on compte :
Haram ibn Milhane An-Najjari,
Al-Harith ibn As-Simma,
Ourwa ibn Asma,
Nafi’ ibn Boudayl ibn Warqa Al-Khouza’i,
Et ‘Amir ibn Fouhayra (l’esclave du Véridique2).

1
Référence à l’autre ouvrage encyclopédique de l’au-
teur : « L’Histoire de l’Islam »
2
Abou Bakr

2
L’escadron fit route jusqu’à atteindre le puits de
Ma’ouna1 auprès duquel il fit halte. Là, Haram
fut désigné pour remettre la missive du Prophète
(‫ )ﷺ‬à ‘Amir ibn At-Toufayl. Sans même daigner
regarder ce qu’il s’y trouvait, Ibn At-Toufayl tua
Haram sur le champ.
Il appela ensuite les hommes de Banou Soulaym
à la rescousse pour encercler les compagnons du
Messager d’Allah (‫ )ﷺ‬qui ne purent faire le
poids face à la tribu. Tous périrent à l’exception
de Kaab ibn Zayd An-Najjari qui, bien que laissé
pour mort, put s’en sortir. Celui-ci participera
plus tard à la bataille du Fossé au cours de la-
quelle il trouvera le martyre.
At-Toufayl laissa également la vie sauve à ‘Amr
ibn Oumaya Ad-Damri après que ce dernier l’eut
informé être un descendant des Moudar.

1
Endroit situé à une centaine de kilomètres au sud-ouest
de Médine. Son emplacement exact a toutefois été perdu
avec le temps. Certains géographes ont tenté, ces der-
nières années, de le localiser mais en vain.

3
38. KOULTHOUM IBN AL-HIDM
ِ ‫ُك ْل ُثوم بن‬
‫الهدْ م‬

Koulthoum ibn Al-Hidm ibn Ymr Al-Qays


ibn Al-Harith ibn Zayd ibn Oubayd ibn Zayd ibn
Malik ibn ‘Aouf ibn ‘Amr ibn ‘Aouf ibn Malik
ibn Al-Aous,
Al-Ansari, Al-‘Aoufi,
Le Shaykh des Ansars,
Celui chez qui le Prophète (‫ )ﷺ‬séjourna lorsqu’il
rejoint Médine par Qouba ; Koulthoum était
alors déjà très âgé.
L’auteur des Tabaqates1 rapporte : Mouhammad
ibn Oumar2 nous a narré : Moujammi’ ibn Ya-
qoub nous a rapporté : D’après Saïd ibn Abder-
rahman ibn Rouqaysh : D’après Abderrahman
ibn Yazid ibn Jariya : D’après son oncle paternel
Moujammi’. (‫)ح‬3
Mouhammad ibn Oumar nous a narré également

1
Ibn Saad
2
Le célèbre Al-Waqidi
3
Lettre utilisée par les savants du hadith pour indiquer
que la chaîne, jusqu’à cet endroit, jouit d’une autre voie
de transmission. (Le ‫ ح‬en arabe signifiant transfert/chan-
gement ‫ح ِويل‬ْ ‫) َت‬

4
: Ibn Abou Sabra nous a rapporté : D’après Outh-
man ibn Wathab : D’après Abou Ghatfane :
D’après Ibnou ‘Abbas.
Tous deux1 rapportent le témoignage suivant :
Koulthoum ibn Al-Hidm était un homme de haut
rang. Il embrassa l’Islam malgré son âge avancé
et ce avant que le Prophète (‫ )ﷺ‬n’émigre de La
Mecque. Lorsque l’Élu arriva à Médine, c’est
chez lui qu’il séjourna en premier. Il échangeait
toutefois avec les compagnons dans la demeure
de Saad ibn Khaythama que l’on surnommait
« Le Repaire des célibataires ».
Al-Waqidi précisa que c’est ce qui conduit cer-
tains à dire que le Prophète (‫ )ﷺ‬séjourna plutôt
chez Saad ibn Khaythama, lors de son arrivée à
Médine, et que Koulthoum ibn Al-Hidm, lui,
donna l’hospitalité à un groupe d’immigrés
(Mouhajirounes). Il ne resta cependant pas très
longtemps en vie car il mourut peu avant la ba-
taille de Badr – qu’Allah l’agrée. C’était un
homme vertueux.

1
C’est-à-dire : Moujammi’ et Ibnou ‘Abbas

5
39. ABOU DOUJANA AL-ANSARI
‫أبو ُد َجانَة األَنْصاري‬

Son nom complet est : Simak ibn Kharasha ibn


Laoudhane ibn Abd-Woud ibn Zayd As-Saïdi.
Il portait, le jour d’Ouhoud, un turban rouge.
On rapporte que le Prophète (‫ )ﷺ‬lui désigna
pour frère de foi ‘Outba ibn Ghazouane.
Al-Waqidi mentionna : Lors de la bataille d’Ou-
houd, Abou Doujana resta fidèlement aux côtés
du Prophète (‫ )ﷺ‬et s’engagea à le défendre
jusqu’à la mort. Il participera, plus tard, à la ba-
taille contre Moussaylima l’Imposteur au cours
de laquelle il trouvera le martyre.
Mouhammad ibn Saad affirma : On trouve des
descendants d’Abou Doujana, jusqu’à ce jour, à
Médine et à Bagdad.

Zayd ibn Aslam rapporte : On visita Abou


Doujana alors que celui-ci était malade. De ma-
nière très étonnante, son visage resplendissait de
lumière.
– Comment se fait-il que ton visage soit si ra-
dieux ? lui demanda-t-on.

6
Il répondit :
– Deux œuvres que je pratiquais semblent, pour
moi, ce qui m’est le plus profitable : Délaisser ce
qui ne me regarde pas et n’éprouver aucune
haine contre qui que ce soit parmi les musul-
mans !
Et d’après Anas ibn Malik : Abou Doujana se sa-
crifia, le jour d’Al-Yamama1, en se jetant à l’in-
térieur du verger. Lors de sa chute, il se cassa le
pied mais combattit malgré tout, dans cet état,
jusqu’à la mort – qu’Allah l’agrée.
Au sujet de sa filiation, on rapporta également
que le nom de son père était Aous fils de Kha-
rasha.

Salih ibn Moussa : D’après Souhayl ibn Abou


Salih : D’après son père : D’après Abou Hou-
rayra : Lorsque les hostilités prirent fin, les com-
pagnons du Messager d’Allah (‫ )ﷺ‬se mirent à se
vanter, les uns les autres, de leurs différents ex-
ploits. Talha, quant à lui, ne dit rien et se tut. Il
en fut de même pour Simak ibn Kharasha dit

1
Bataille qui eut lieu contre Moussaylima l’Imposteur, en
l’an 11 de l’Hégire, peu après la mort du Prophète (‫)ﷺ‬.
Al-Yamama étant, par ailleurs, une région du centre de la
péninsule Arabique.

7
« Abou Doujana ». Lorsque le Messager d’Allah
(‫ )ﷺ‬les vit garder le silence, il s’exprima alors
ainsi : « Je me revois, le jour d’Ouhoud,
lorsqu’aucune créature de la Terre n’était près
de moi en dehors de Jibril, à ma droite, et de
Talha à ma gauche ! »
En outre, l’épée d’Abou Doujana était de très
bon augure puisque c’est celle-là même que le
Prophète (‫ )ﷺ‬soumit aux compagnons en leur
demandant :
– Qui d’entre vous donnera à cette épée tout son
droit ?
Ils hésitèrent alors, un instant, excepté Abou
Doujana qui interrogea :
– Et en quoi cela consiste, ô Messager d’Allah ?
– Que tu combattes avec dans le sentier d’Allah
jusqu’à ce qu’Allah t’accorde la victoire ou bien
que tu te fasses tuer !
Abou Doujana acquiesça alors à sa condition.
Peu avant le revers que subirent les musulmans,
il sortit l’épée en main en se dandinant – il ne
portait, à cet instant, sur lui qu’une modeste

8
tunique et s’était enroulé la tête d’un turban
rouge. Il rima ensuite ces rajazs1 :
Je suis un homme à qui, le fidèle a promis
Ceci lorsque nous fûmes, au pied de la montagne
Que l’on m’épargnera, d’être jeté au bagne
Avec l’épée d’Allah, je vaincrai l’ennemi
Le Messager d’Allah (‫ )ﷺ‬s’écria alors : « C’est
bien là une démarche qu’Allah et son Messager
détestent, sauf en de telles circonstances ! »
Quant à la fameuse « amulette d’Abou Dou-
jana » c’est une histoire inauthentique ; j’ignore
par qui elle a été forgée.

40. KHOUBAYB IBN ‘ADI


‫ُخ َب ْيب بن َع ِدي‬

Khoubayb ibn ‘Adi ibn ‘Amir ibn Majda’a


ibn Jahjaba,
Le Ansari, le Martyr.
Ibn Saad le cita en précisant : Il participa à la ba-
taille d’Ouhoud et demeure parmi ceux que le

1
Le rajaz est l’un des seize mètres de la poésie arabe.

9
Prophète (‫ )ﷺ‬envoya avec les Banou Lihyane.
Lorsqu’ils arrivèrent près d’Ar-Raji’1, le clan les
trahit et appela contre eux des renforts. Ils mirent
alors à mort la délégation du Prophète (‫ )ﷺ‬à
l’exception de Khoubayb et de Zayd ibn Ad-
Dathina qu’ils capturèrent et revendirent à La
Mecque. Les deux compagnons furent, un peu
plus tard, exécutés à leur tour en représailles des
pertes que le Prophète (‫ )ﷺ‬avait infligées aux
Qourashites. On les crucifia au Tan’im2.

Maslama ibn Joundoub relate : D’après Al-


Harith ibn Al-Barsa : On amena Khoubayb à La
Mecque où il fut revendu. On le conduit ensuite
aux limites du territoire sacré pour être exécuté.
Une fois sur place, il demanda :
– Laissez-moi accomplir deux unités de prière !
Cela lui fut accordé et, une fois celles-ci ache-
vées, Khoubayb s’exclama :
– Si vous n’aviez pas pensé que je fais ça par
crainte, j’aurais duré bien plus de temps !

1
Lieu situé à environ 80 kms de La Mecque, en direction
du nord-ouest
2
Endroit qui marque le début du territoire sacré de La
Mecque côté nord

10
Puis il invoqua : « Ô Allah, extermine-les tous
sans exception ! »
Al-Harith dit : J’ai assisté à cet évènement et, par
Allah, je n’aurais jamais cru que l’un d’entre
nous puisse s’en sortir après cela !

Ibn Ishaq : D’après ‘Assim ibn Oumar qui re-


late : Lorsque les ‘Adal et les Al-Qarra trahirent
Khoubayb et ses compagnons, à Ar-Raji’, ils le
ramenèrent ensuite, lui et Yazid ibn Ad-Dathina,
à La Mecque. Là-bas, Houjayr ibn Abou Ihab
acheta Khoubayb pour le compte d’Ouqba ibn
Al-Harith ibn ‘Amir – son frère utérin1 – afin que
ce dernier puisse venger la mort de son père2. Ils
préparèrent alors les poutres devant servir à le
crucifier et l’emmenèrent avec eux. Une fois ar-
rivés au Tan’im, Khoubayb leur dit :
– Pourriez-vous me laisser accomplir deux unités
de prière ?
– Cela t’est accordé ! lui répondirent-ils.
Khoubayb se mit alors à prier puis, une fois ses
deux unités accomplies, il dit :

1
Houjayr et Ouqba ibn Al-Harith avaient la même mère.
2
Khoubayb avait tué Al-Harith ibn ‘Amir (le père de
Ouqba) lors de la bataille de Badr.

11
– J’aurais prié encore plus longtemps si vous
n’aviez pas pensé que je fais ça par peur de la
mort !
Khoubayb est ainsi le premier musulman à avoir
accompli cette œuvre, à savoir : prier deux unités
avant d’être exécuté.
Puis ils l’attachèrent au patibulum1 et, à cet ins-
tant, il invoqua : « Ô Allah, dénombre-les et tue-
les, un à un, sans en épargner un seul ! Ô Allah,
certes nous avons transmis le message de ton
Prophète (‫ ; )ﷺ‬transmets-lui donc, ce matin, ce
qui nous arrive ! »
Mouawiya dit à ce propos : J’étais présent ce
jour-là. Je revois encore Abou Soufiane2 me jeter
par terre pour me préserver de l’invocation de
Khoubayb ! En effet, ils avaient pour croyance
que lorsqu’une personne invoquait contre une
autre, si cette dernière s’allongeait au sol au
même moment, la supplication de son rival ne
saurait l’atteindre !

Ibn Ishaq dit : Et Yahya ibn ‘Abbad m’a rap-


porté : D’après son père : D’après Ouqba ibn Al-
Harith qui raconta : Par Allah, ce n’est pas moi

1
Partie transversale de la croix destinée au crucifiement
2
Le père de Mouawiya

12
qui l’ai tué ; j’étais bien trop petit pour cela !
C’est Abou Mayssara Al-Abdari qui mit la jave-
line dans ma main et qui attrapa, ensuite, mon
poignet pour frapper Khoubayb avec et le tuer !

Abd-Allah ibn Idriss : ‘Amr ibn Outhman ibn


Maouhab (l’esclave d’Al-Harith ibn ‘Amir) m’a
rapporté le témoignage suivant de Maouhab :
Lorsqu’ils me confièrent la garde de Khoubayb,
celui-ci me dit : Je te demande trois choses :
Abreuve-moi d’une bonne eau, ne me tends pas
ce qui a été égorgé sur les pierres1 et fais-moi sa-
voir lorsqu’ils voudront me tuer !

Ibn Ishaq : Ibn Abou Najih nous a rapporté :


D’après la captive de Houjayr « Mawiya » chez
qui Khoubayb avait été enfermé ; celle-ci rap-
porta – après avoir embrassé l’Islam plus tard :
Par Allah, je le vis à travers la porte, lorsqu’il
était prisonnier ; il tenait dans sa main une
grappe de raisons, de la taille d’une tête
d’homme, qu’il mangeait alors qu’il n’y avait, à
cette époque, pas de raisin à La Mecque ! Il me
1
Il y avait, avant l’Islam, tout autour de la Kaaba, des
pierres levées (‫)أنصاب‬. Les polythéistes s’en servaient
pour égorger et couper les offrandes qu’ils adressaient à
leurs idoles. Ces pierres ont été évoquées dans plusieurs
passages du Coran (voir sourate Al-Maïda ; versets 3 et
90).

13
sollicita, un peu plus tard, afin que je lui apporte
une lame pour qu’il puisse se raser les poils pu-
biens.

41. MOUADH IBN ‘AMR IBN AL-JAMOUH


‫الجموح‬
َ ‫ُم َعاذ بن َع ْمرو بن‬

Mouadh ibn ‘Amr ibn Al-Jamouh ibn Kaab le


Ansari,
Al-Khazraji, As-Salami,
Le Médinois et combattant de Badr,
L’un des apôtres de la ville prophétique,
Celui qui tua Abou Jahl.
Jarir ibn Hazim rapporta : D’après Ibn Ishaq : Il
est Mouadh ibn ‘Amr ibn Al-Jamouh ibn Zayd
ibn Haram ibn Kaab ibn Ghanm ibn Kaab ibn Sa-
lima, l’un des combattants de la bataille de Badr.
Ibnou ‘Abbas transmit de lui.
Mouadh ibn ‘Amr vécut jusqu’à la fin du califat
d’Oumar.

14
On trouve dans les Deux Authentiques1, par la
voie de Youssouf ibn Al-Majishoune : Salih ibn
Ibrahim ibn Abderrahman ibn ‘Aouf nous a
narré : D’après son père : D’après son grand-
père qui relate : Le jour de Badr, alors que j’étais
dans le rang des combattants, je regardai soudai-
nement à ma droite et à ma gauche et je me vis
entouré de deux jeunes à peine pubères. À cet
instant, mon souhait fut honnêtement de me trou-
ver au milieu de plus robustes qu’eux ! Lorsque
tout à coup, l’un des deux jeunes m’interpela et
me dit :
– Ô mon oncle, est-ce que tu connais Abou Jahl ?
– Oui, lui répondis-je, que lui veux-tu ?
– J’ai appris qu’il proférait des insultes contre le
Messager d’Allah (‫)ﷺ‬. Par Celui qui détient
mon âme dans ses mains, je jure que si je le ren-
contre, nous ne nous quitterons pas sans que ne
périsse celui d’entre nous deux qui est le plus
proche de la mort !
La détermination et le courage de ce jeune me
stupéfièrent alors ; lorsque le second m’inter-
pella également et m’argua la même chose !

1
Al-Boukhari et Mouslim

15
À peine m’avaient-ils dit cela que j’aperçus
Abou Jahl faire le tour des troupes.
– Le voyez-vous ? leur dis-je, Voici l’homme
que vous cherchez !
Ils se ruèrent alors sur lui, munis de leurs épées,
et eurent raison de lui. Puis ils s’en retournèrent
auprès du Prophète (‫ )ﷺ‬pour l’informer de ce
qu’ils venaient d’accomplir. Le Messager d’Al-
lah (‫ )ﷺ‬les questionna alors :
– Qui d’entre vous deux l’a tué ?
Les deux braves répondirent en même temps :
– C’est moi !
– Avez-vous essuyé vos épées ? demanda le Pro-
phète (‫)ﷺ‬.
– Non pas encore, répondirent-ils.
Le Messager d’Allah (‫ )ﷺ‬regarda alors leurs
lames respectives et dit :
– Vous l’avez tué tous les deux !
Puis le Prophète (‫ )ﷺ‬accorda les effets d’Abou
Jahl à Mouadh ibn ‘Amr. Quant à l’autre jeune,
il s’agissait de Mouadh ibn ‘Afra.

16
Et du témoignage de Mouadh ibn ‘Amr lui-
même : Je fis d’Abou Jahl, le jour de Badr, une
affaire personnelle. Lorsqu’il m’en laissa l’occa-
sion, je me ruai sur lui et lui assénai un coup
d’épée qui vint lui trancher la moitié de la
jambe ! Son fils ‘Ikrima, quant à lui, put m’at-
teindre à l’épaule et ma main s’en retrouva à
moitié coupée, brinquebalante le long de moi, re-
tenue par un simple morceau de chair. L’inten-
sité du combat me fit toutefois ne pas m’en sou-
cier et je combattis le reste de la journée en la
traînant derrière moi. Mais lorsque celle-ci com-
mença à trop me faire souffrir, je l’arrachai défi-
nitivement de mon bras, à l’aide de mon pied, en
faisant pression dessus !
Par Allah, voilà ce qu’est la réelle bra-
voure ! Nous sommes loin de ceux qui perdent
leurs moyens et dont le cœur s’affole à la
moindre égratignure de flèche !
Cette histoire a été rapportée par Ibn Ishaq qui
ajouta : Mouadh vécut, par la suite, jusqu’à
l’époque d’Outhman. Puis il dit : Mouawidh ibn
‘Afra passa, également, près d’Abou Jahl et le
transperça. Il le laissa ensuite, au sol, agonisant.
Puis il combattit jusqu’à se faire tuer. Peu avant,
son frère ‘Aouf était lui aussi tombé en martyr au

17
cours de la bataille. Tous deux étaient les fils
d’Al-Harith ibn Rifa’a Az-Zouraqui.
Ibnou Massoud parvint aussi auprès d’Abou Jahl
et le trouva rendant l’âme. Il l’injuria alors sévè-
rement et lui trancha la tête !

Ahmad ibn Salama nous a informés : D’après


Ibn Massoud le Chamelier (Al-Jammal) : Abou
Ali nous a narré : Abou Nouaym nous a infor-
més : Soulayman ibn Ahmad nous a rapporté :
Ahmad Al-Abbar1 nous a rapporté : Al-Haytham
ibn Kharija nous a rapporté : Richedine ibn Saad
nous a rapporté : D’après Abd-Allah ibn Al-Wa-
lid At-Toujibi : D’après Abou Mansour, l’es-
clave des Ansars, qui rapporte avoir entendu
‘Amr ibn Al-Jamouh dire : J’ai entendu le Mes-
sager d’Allah (‫ )ﷺ‬rapporter : Certes Allah élevé
soit-il attesta :
« Ceux parmi mes serviteurs qui sont mes alliés
et les plus chers de toute ma création sont ceux
qui sont évoqués à mon nom et qui sont la cause
que je sois évoqué aux leurs ! »

1
Le Marchand d’aiguilles ou bien le Puisatier (celui qui
creuse des puits), le terme (‫ )أ ّبار‬pouvant désigner les deux
professions. Ahmad Al-Abbar était un grand savant du
hadith, connu pour son immense mémoire. L’imam Dha-
habi le mentionne dans le tome 10 de son ouvrage.

18
Richedine est toutefois le seul à avoir fait men-
tion de ce hadith et il est un rapporteur sur lequel
on ne peut s’appuyer. Par ailleurs, ce récit n’est
pas à attribuer à Mouadh ibn ‘Amr mais à son
père ‘Amr, pour lequel il fut dit que la mort le
trouva lors de la bataille d’Ouhoud. Comment
donc Abou Mansour aurait-il pu entendre ce récit
de lui ?!

42. MOUAWIDH IBN ‘AMR


‫ُم َع ِّوذ بن َع ْمرو‬

Mouawidh ibn ‘Amr ibn Al-Jamouh le Ansari,


As-Salami,
Il participa à la bataille de Badr en compagnie de
ses deux frères : Mouadh et Khallad. Ibn Ishaq
n’en fit toutefois pas mention. Et Allah est plus
savant.

43. KHALLAD IBN ‘AMR


‫َخ ََّّلد بن َع ْمرو‬

Le frère de Mouadh et de Mouawidh : Khallad.

19
Il demeure parmi les combattants de Badr et
mourut, en martyr, le jour d’Ouhoud.

44. ‘AMR IBN AL-JAMOUH


‫الجموح‬
َ ‫َع ْمرو بن‬

‘Amr ibn Al-Jamouh ibn Zayd ibn Haram ibn


Kaab ibn Ghanm ibn Kaab ibn Salima ibn Saad
ibn Ali ibn Assad ibn Sarida ibn Tazid ibn
Jouchm ibn Al-Khazraj,
Le Ansari,
As-Salami, Al-Ghanmi,
Le père de Mouadh, Mouawidh et Khallad – que
nous venons de citer – ainsi que d’Abderrahman
et Hind.

Thabit Al-Bounani rapporte : D’après


‘Ikrima : Lorsque Mouss’ab ibn Oumayr arriva à
Médine pour enseigner la religion aux Médinois,
‘Amr ibn Al-Jamouh dépêcha vers lui un envoyé
afin de le questionner :
– Quelle est cette religion avec laquelle vous
nous êtes venus ?

20
– Si tu le souhaites, nous venons te voir et te fai-
sons écouter le Coran ? répondirent Mouss’ab et
le groupe de convertis qui étaient avec lui.
‘Amr ibn Al-Jamouh accepta alors et Mouss’ab
se rendit donc auprès de lui. Là, il lui récita, de
mémoire, une partie de la sourate Youssouf.
– Sachez que nous sommes influents auprès des
nôtres ! conclut ‘Amr. (Il était en effet le doyen
des Banou Salima)
Puis les musulmans prirent congé de lui et le
doyen se rendit auprès de Manaf1.
– Ô Manaf, tu sais pertinemment que c’est toi
que ces gens-là visent ; as-tu un quelconque
moyen de t’y opposer ? questionna-t-il.
Il accrocha alors une épée autour de son coup et
se retira. Un peu plus tard, des membres de sa
famille entrèrent et s’emparèrent de l’arme.
Lorsque ‘Amr s’en retourna, il s’exclama comme
suit :
– Ô Manaf, où donc est passée l’épée ? Malheur
à toi, même une brebis ne laisse pas n’importe
qui approcher sa croupe ! Les lendemains

1
L’idole qu’il vénérait

21
d’Abou Ji’ar1 ne laissent entrevoir rien de bon,
par Allah !
Puis il leur dit :
– Je dois vaquer à mes occupations ; je vous con-
fie Manaf, veillez sur elle !
Une fois parti, ils se saisirent de Manaf, la dislo-
quèrent puis l’attachèrent à un chien mort pour
finalement la jeter dans un puits.
À son retour, ‘Amr demanda :
– Comment allez-vous ?
– Pour le mieux, Sieur ; Allah a enfin purifié nos
demeures de l’infamie ! lui rétorquèrent-ils.
– Il semblerait que vous ayez fait fi de mes re-
commandations envers Manaf, je me trompe ?
– C’est exact ; jette donc un œil au fond du puits !
‘Amr se pencha alors et aperçut la statuette. Il
convoqua, après cet évènement, le reste de son
clan et leur professa :
– N’êtes-vous pas fidèles à ce que je pratique
moi-même ?

1
Nous n’avons pas trouvé pour quelle raison il l’avait
nommé ainsi (‫)أبو جعار‬, ni même qui il visait exactement :
lui-même, Manaf ou quelqu’un d’autre ?

22
– Assurément Sieur, tu es le doyen de notre
clan !
– Soyez témoins alors que j’ai foi en ce qui a été
révélé à Mouhammad !
Plus tard, lors de la bataille d’Ouhoud, le Messa-
ger d’Allah (‫ )ﷺ‬dit : « Levez-vous afin de ga-
gner un Paradis, large comme les cieux et la
Terre, apprêté spécialement pour les pieux ! »
‘Amr ibn Al-Jamouh, bien qu’handicapé d’une
jambe, se releva alors et dit : « Par Allah, je sau-
tillerai avec ce pied au Paradis ! » Puis il s’enga-
gea au combat et tomba en martyr.

Et d’après ‘Assim ibn Oumar : ‘Amr ibn Al-


Jamouh ne se convertit que tardivement. En ef-
fet, il adorait, avant cela, une idole du nom de
Manaf. Pendant ce temps, certains jeunes des Ba-
nou Salima avaient embrassé la foi. Ils atten-
daient alors la tombée de la nuit pour se rendre
dans la pièce où se trouvait l’idole. Là, ils s’en
emparaient et s’en allaient la jeter dans la fosse
la plus répugnante qu’ils pouvaient trouver, tête
la première ! Cela affligeait grandement ‘Amr
qui la ramassait, pour la laver et la parfumer de
nouveau mais, à chaque fois, les jeunes recom-
mençaient. Au bout d’un certain temps, ‘Amr

23
finit par prendre conscience de ses actes et se
convertit à l’Islam. Il rima ensuite ces vers :
Si tu étais je jure, une divinité
Tu n’aurais pas fini, jetée au fond d’un puits
Et ouf d’avoir rendu, sacrée ton entité
Ton mensonge à présent, est total’ment détruit

Rapporté par : Mouhammad ibn Mouslim :


D’après ‘Amr ibn Dinar (‫)ح‬1, Fitr ibn Khalifa :
D’après Habib ibn Abou Thabit (‫ )ح‬et Ibnou
Ouyaïna : D’après Ibn Al-Mounkadir : Le Mes-
sager d’Allah (‫ )ﷺ‬demanda un jour :
– Ô membres des Banou Salima, qui donc est
votre doyen ?
– Il s’agit d’Al-Jad ibn Qays, même si nous le
connaissons pour être particulièrement avare !
répondirent-ils.
– Quoi de plus vilain que l’avarice ! s’exclama
alors le Prophète (‫ )ﷺ‬avant de reprendre : Votre
doyen est plutôt ‘Amr ibn Al-Jamouh, l’homme
aux cheveux blancs et crépelés !

1
La lettre ‫ ح‬indique un dédoublement de la chaîne de
transmission. Ici, le récit est rapporté par trois voies diffé-
rentes.

24
Al-Waqidi affirma : ‘Amr ibn Al-Jamouh ne
participa pas à la bataille de Badr. Il était handi-
capé d’un pied. Le jour d’Ouhoud, ses fils vou-
lurent l’empêcher de se rendre sur le champ de
bataille prétextant qu’il était excusé auprès d’Al-
lah. Celui-ci alla toutefois se plaindre auprès du
Messager d’Allah (‫ )ﷺ‬qui dit alors à ses fils :
« Nul grief à vous pour ne pas le retenir ; il est
possible qu’Allah lui accorde le martyre ! »
Sa femme Hind (qui était par ailleurs la sœur
d’Abd-Allah ibn ‘Amr ibn Haram1) dit : Je le re-
vois encore prendre son bouclier en cuir et partir
en invoquant : « Ô Allah, ne me renvoie-pas ! »
Il trouva ensuite la mort, lui et son fils Khallad.

Israïl : D’après Saïd ibn Masrouq : D’après


Abou Ad-Douha qui relate : ‘Amr ibn Al-Ja-
mouh dit, un jour, à ses deux fils : « Lors de la
bataille de Badr, vous m’avez empêché d’accé-
der au Paradis mais je jure que si Allah me prête
vie, je finirai par y entrer ! »
Oumar dit à ce propos : Je n’avais alors que lui
en tête et, lorsque je me mis à le chercher, je
l’aperçus en première ligne !

1
Le cousin de ‘Amr

25
Malik dit : Il fut enseveli avec Abd-Allah ibn
‘Amr ibn Haram dans un seul et même linceul.
Malik : Il parvint à Abd-Allah ibn Abderrahman
ibn Abou Saasaa que la tombe de ‘Amr ibn Al-
Jamouh et d’Ibnou Haram1 fut endommagée par
les eaux. Tous deux furent alors déterrés pour
être inhumer un peu plus loin. C’est là qu’on dé-
couvrit leurs corps intacts comme s’ils étaient
morts la veille ! L’un deux avait été enterré la
main posée sur une blessure qu’il avait reçue.
Lors de l’exhumation, on la lui remit le long de
son corps mais celle-ci vint se repositionner à
l’endroit même où elle se trouvait. Il s’était
écoulé, entre le jour d’Ouhoud et cet évènement,
près de quarante-six années !

45. OUBAYDA IBN AL-HARITH


ِ
‫الحارث‬ ‫ُع َب ْيدة بن‬

Oubayda ibn Al-Harith ibn Al-Mouttalib ibn


Abd-Manaf ibn Qoussay le Qourashite, Al-
Mouttalibi.

1
De son nom Abd-Allah ibn ’Amr, le père de Jabir ibn
Abd-Allah et cousin de ‘Amr

26
Sa mère étant, quant à elle, issue des Thaqif1.
Oubayda est l’un des premiers compagnons à
avoir embrasser la foi bien que plus âgé que le
Messager d’Allah (‫ )ﷺ‬de dix années. Il accom-
plit l’exode (hijra) en compagnie de ses deux
frères At-Toufayl et Houssayn (‫)حصين‬.
Oubayda ibn Al-Harith était de carrure moyenne
et avait un très beau visage. Il occupait, par ail-
leurs, une place de taille auprès du Messager
d’Allah (‫)ﷺ‬.
Il est notamment celui qui affronta, en duel, le
leader des polythéistes le jour de Badr. Ils se tou-
chèrent mutuellement et furent tous les deux
blessés. Hamza et Ali se ruèrent ensuite sur
‘Outba pour l’achever. Puis ils extirpèrent Ou-
bayda bien que déjà gravement atteint. Il finit par
décéder, à As-Safra2, au cours des dix derniers
jours de Ramadan, en l’an 2. Puisse Allah
l’agréer !
Auparavant, le Prophète (‫ )ﷺ‬lui avait remis la
première bannière de guerre qui fut dressé en
Islam, lorsqu’il le désigna à la tête d’un escadron

1
Tribu arabe originaire de la ville de Taïf
2
Célèbre oued du Hijaz qui remonte, entre autres, de
Badr vers Médine

27
de soixante cavaliers parmi les Mouhajirounes1.
Ils rencontrèrent les Qourashites avec, à leur tête,
Abou Soufiane dans la localité de Thanyat-Al-
Mara2. Ceci fut le premier affrontement qui eut
lieu en Islam comme Ibn Ishaq affirma.

LES GRANDS COMBATTANTS DE


LA BATAILLE DE BADR
‫َأ ْعيان ال َبدْ ِر ِّيين‬

Abou Bakr,
Oumar,
Ali,
Saad,
Zoubayr,
Abou Oubayda,
Abderrahman ibn ‘Aouf,
Zayd ibn Haritha,
Mistah ibn Outhatha,

1
Compagnons ayant émigré de La Mecque vers Médine
2
Endroit situé à mi-chemin entre Médine et La Mecque,
non loin du littoral de la mer Rouge

28
Mouss’ab ibn Oumayr,
Ibnou Massoud,
Al-Miqdad,
Souhayb,
Ammar,
Abou Salama,
Zayd ibn Al-Khattab,
Saad ibn Mouadh,
‘Abbad ibn Bishr,
Abou Al-Haythame ibn At-Tayihane,
Qatada ibn Nou’mane,
Rifa’a et Moubashir, les deux fils d’Abd Al-
Moundhir (Leur frère Abou Loubaba, quant à lui,
n’y a pas participé car c’est lui qui fut chargé de
veiller sur Médine),
Abou Ayoub,
Oubay ibn Kaab,
Les fils de ‘Afra1,

1
Mouadh, Mouawidh, ‘Aouf et (chez certains savants)
Rifa’a. « ‘Afra » était le nom de leur mère, leur père étant
Al-Harith ibn Rifa’a des Banou Najjar (tribu médinoise).

29
Abou Talha,
Bilal,
‘Oubada,
Mouadh,
‘Itbane ibn Malik,
‘Oukacha ibn Mihssane,
‘Assim ibn Thabit,
Et enfin : Abou Al-Yassar.
Qu’Allah les agrée !

46. RABI’A IBN AL-HARITH


ِ
‫الحارث‬ ‫َربِي َعة بن‬

Rabi’a ibn Al-Harith ibn Abdelmoutalib ibn


Hashim le Hashimite,
« Abou Arwa ».
Il eut pour enfants : Mouhammad, Abd-Allah,
Al-Harith, Al-‘Abbas, Oumaya, Abd-Shams,

L’imam Dhahabi traite de leurs biographies dans le tome


2 du livre.

30
Abdelmoutalib, Arwa la Grande, Hind, Arwa et
Adam.
Adam, ce dernier, est le fameux bébé qui fut con-
fié à une nourrice des Houdhayl et qui, au cours
d’une rixe avec les Banou Layth ibn Bakr, fut tué
par un jet de pierre alors qu’il rampait devant les
maisons…
C’est à son sujet que le Prophète (‫ )ﷺ‬dit :
« Quant à la première vengeance que je rends
caduque, elle est celle du fils de Rabi’a ibn Al-
Harith ! »
Il est dit, à propos du nom de ce dernier, que
quelqu’un lut en réalité, dans le manuscrit, le mot
« dam » ‫( دم ابن ربيعة‬le sang du fils de Rabi’a)
mais il lui rajouta un alif (‫ ; )ا‬ce qui donna Adam
(‫…)آدم‬
Ce qui semble le plus plausible, c’est que son
nom ne soit pas connu car il était, à ce moment-
là, trop petit.
On rapporta également qu’il s’appelait Tammam
(‫)تمام‬.
Les doctes mentionnèrent que Rabi’a était plus
âgé que son oncle Al-‘Abbas de deux années.

31
Rabi’a ne participa pas à la bataille de Badr ; il
se trouvait, à cet instant, au Sham.

Ibn Saad dit : Puis, lorsqu’Al-‘Abbas et Naw-


fal voulurent rejoindre le Messager d’Allah (‫)ﷺ‬,
à l’occasion de la bataille du Fossé1, Rabi’a les
accompagna jusqu’à Al-Abwa2. Mais, au mo-
ment où il voulut faire demi-tour, ses deux com-
pères3 lui dirent :
– Où vas-tu ? Tu retournes au pays du poly-
théisme pour combattre encore le Messager
d’Allah (‫ )ﷺ‬et le démentir ? À présent, il est de-
venu puissant et à la tête d’un nombre considé-
rable d’hommes ! Viens avec nous !
Il continua alors la route avec eux et, au moment
de leur arrivée à Médine, ils étaient tous les trois
musulmans !

Chaque année, le Prophète (‫ )ﷺ‬gratifiait


Rabi’a de cent wasq4 des dattes de Khaybar.

1
En l’an 5 de l’Hégire
2
Localité située à mi-chemin entre La Mecque et Médine
3
Al-‘Abbas était son oncle et Nawfal son frère. Rabi’a et
Nawfal étaient par ailleurs les cousins du Messager d’Al-
lah (‫)ﷺ‬.
4
Unité de volume qui équivalait à 60 jointées (quantité
pouvant être contenue dans le creux formé par les paumes
des deux mains)

32
Ce dernier participa aussi à la Conquête de La
Mecque et à la bataille de Hounayn. Il se fit cons-
truire une demeure à Médine. Puis il décéda lors
du califat d’Oumar.

Il est rapporté du Prophète (‫ )ﷺ‬le hadith sui-


vant : « Quel excellent serviteur il y a en la per-
sonne de Rabi’a ibn Al-Harith ; si seulement il
raccourcissait un peu ses cheveux et retroussait
son vêtement ! »1
Par ailleurs, Rabi’a était associé avec Outhman
dans le commerce.
On trouve également, dans le fameux hadith de
Jabir, sur les rites du pèlerinage : « Et la pre-
mière vengeance que je rends caduque est celle
de Rabi’a ibn Al-Harith ! » Il entendait par là
(‫ )ﷺ‬le prix du sang auquel Rabi’a avait le droit
pour la mort de son fils.
On rapporte qu’il décéda au cours de l’an 13.
Quant à sa mère, elle était Ghaziya la fille de
Qays ibn Tarif.

1
Cette parole du Prophète (‫ )ﷺ‬semble être une figure in-
citant Rabi’a à faire davantage d’efforts dans les œuvres
pieuses…

33
47. ABD-ALLAH IBN AL-HARITH
ِ
‫الحارث‬ ‫عبد اهلل بن‬

Abd-Allah ibn Al-Harith ibn Abdelmoutalib


le Hashimite,
Le frère de Rabi’a et de Nawfal.
Il s’appelait à l’origine « Abd-Shams » avant que
son nom ne soit changé.
Les doctes rapportèrent qu’il immigra un peu
avant la conquête de La Mecque. Le Prophète
(‫ )ﷺ‬le rebaptisa alors « Abd-Allah ».
Plus tard, il accompagna l’Élu (‫ )ﷺ‬à l’occasion
d’une de ses campagnes militaires et c’est là
qu’il décéda, à As-Safra1. Le Prophète (‫ )ﷺ‬l’en-
sevelit avec sa propre tunique (c’est-à-dire : la
tunique prophétique).
Il a été rapporté que le Messager d’Allah (‫ )ﷺ‬dit
à son sujet : « Il est un bienheureux qui a rejoint
le bonheur ! »
Ibn Saad agença ce hadith, de cette manière, sans

1
Nom d’un oued connu qui passe par la ville de Badr. Il
était une route que les Médinois empruntaient pour ga-
gner la côte.

34
toutefois ne lui citer de chaîne de transmission.
Abd-Allah ibn Al-Harith ne laissa aucune des-
cendance.

48. KHALID IBN SAÏD


‫خالِد بن َس ِعيد‬

Khalid ibn Saïd ibn Al-‘Ass ibn Oumaya ibn


Abd-Shams ibn Abd-Manaf ibn Qoussay,
Le Noble, le Grand,
« Abou Saïd » le Qourashite, l’Omeyyade,
L’un des tout premiers croyants.

Il est rapporté de sa fille, Oum Khalid, le té-


moignage suivant : Mon père est la cinquième
personne à avoir embrasser l’Islam. Il immigra
en Abyssinie où il demeura plus de dix ans. C’est
là-bas que je vis le jour.

De même, Ibrahim ibn Ouqba rapporta de cette


dernière : Mon père est la première personne à
avoir écrit « Bismillah Ar-Rahman Ar-Rahim »
(Au nom d’Allah, le Clément, le Miséricor-
dieux).

35
Il fut mentionné que le Prophète (‫ )ﷺ‬lui con-
fia la direction des affaires de Sanaa1. De Même,
il a été rapporté qu’Abou Bakr le nomma à la tête
de troupes lors de la conquête du Sham.

Moussa ibn Ouqba affirma : Nos maîtres nous


ont informés qu’un jour Khalid tua un poly-
théiste. Il revêtit alors ses effets dont un vêtement
fait de soie. Les gens se mirent alors à le regarder
pendant que ‘Amr2 se trouvait à ses côtés. Ce
dernier s’agaça alors et dit :
– Qu’est-ce que vous regardez ? Accomplissez
ce qu’il a accompli et vous revêtirez pareil vête-
ment !

On rapporte que lorsque Khalid fut tué,


l’homme qui eut raison de lui se convertit, peu
après, à l’Islam et dit :
– Qui donc est cet homme ? J’ai vu une lumière
émaner de lui jusqu’au ciel !

Au sujet de sa description, on dit que Khalid


était particulièrement beau.

1
Capitale du Yémen
2
Dans les Tabaqates d’Ibn Saad, il s’agissait de Oumar.
L’orthographe des deux prénoms, en arabe, étant quasi-
ment similaire : (‫ )ع َُمر‬et (‫)ع َْمرو‬.

36
Il décéda lors de la bataille d’Ajnadayne1. Celui-
ci avait auparavant immigré à Médine, en com-
pagnie de Jafar ibn Abou Talib, au moment de la
conquête de Khaybar2.
Quant à sa fille mentionnée plus haut, elle vécut
jusqu’à très âgée. En effet, elle ne décéda qu’aux
alentours de l’an 90 !
Le père de Khalid était Abou Ouhayha, un des
notables de la période antéislamique. Il mourut
polythéiste peu avant la bataille de Badr. Il
laissa, par ailleurs, un certain nombre d’enfants
dont :

49. ABANE IBN SAÏD


‫َأبان بن َس ِعيد‬

Abane ibn Saïd dit « Abou Al-Walid »


l’Omeyyade.
Ce dernier n’embrassa l’Islam que tardivement.
Il était un commerçant aisé qui voyageait

1
Grande bataille qui eut lieu, en l’an 13, contre les By-
zantins (voir la biographie d’Abou Oubayda ibn Al-
Jarrah)
2
En l’an 7

37
fréquemment au Sham.
C’est lui qui accorda sa protection à Outhman
ibn ‘Affane – son cousin – lorsque ce dernier fut
envoyé par le Prophète (‫)ﷺ‬, comme ambassa-
deur, à La Mecque, à l’occasion du traité d’Al-
Houdaybiya. Lorsqu’il l’aperçut, il rima ces
vers :
Approche mon cousin, et ne sois pas soucieux
Les Banou Saïd sont, certes maîtres des lieux

Abane se convertit le jour de la conquête de


La Mecque. Non, plutôt avant celle-ci ! Puis il
émigra (hijra). Cela, lorsque ses deux frères Kha-
lid (que nous venons de citer précédemment) et
‘Amr arrivèrent à Médine en provenance
d’Abyssinie. Ils écrivirent alors à leur frère pour
l’inviter à l’adoration d’Allah. Ce dernier répon-
dit favorablement à leur appel et s’empressa de
rejoindre la ville prophétique.
Plus tard, en l’an 9, le Messager d’Allah (‫ )ﷺ‬lui
confia la responsabilité du Bahreïn1.
Il mourut en martyr, lui et son frère Khalid, lors
de la bataille d’Ajnadayne d’après les narrations

1
Le Bahreïn désignait autrefois l’ensemble des régions
du littoral est de la péninsule Arabique.

38
les plus authentiques.
Abane était par ailleurs le cousin d’Abou Jahl (sa
mère étant la tante paternelle de ce dernier).

50. ‘AMR IBN SAÏD


‫َع ْمرو بن َس ِعيد‬

‘Amr ibn Saïd l’Omeyyade,


Le frère d’Abane et de Khalid.
Il a son actif deux exodes (hijra) : l’une vers
l’Abyssinie et l’autre vers Médine.
Un hadith est rapporté par sa voie dans le Mous-
nad de l’imam Ahmad.
Il fut tué en martyr le jour d’Al-Yarmouk1 ou –
comme il fut mentionné également – lors de la
bataille d’Ajnadayne, avec ses deux frères,
qu’Allah les agrée.
‘Amr ibn Saïd l’Orateur (Al-Achedaq)2 rapporta
que ses trois oncles paternels (Khalid, Abane et

1
En l’an 15
2
Sa filiation complète est : ‘Amr ibn Saïd ibn Al-‘Ass ibn
Saïd ibn Al-‘Ass ibn Oumaya. Son grand-père (Al-‘Ass)
était le frère de Khalid, d’Abane et de ‘Amr mais, à

39
‘Amr) délaissèrent leur fonction lorsqu’ils appri-
rent la mort du Messager d’Allah (‫)ﷺ‬. Abou
Bakr leur dit alors : Personne ne convient mieux
à ces postes que ceux qui ont été désignés par le
Messager d’Allah (‫ )ﷺ‬lui-même : retournez
d’où vous venez !
Ils s’y refusèrent malgré tout et firent le choix de
partir au Sham1. C’est là-bas qu’ils tombèrent,
tous les trois, en martyrs – qu’Allah les agrée.

51. AL-‘ALA IBN AL-HADRAMI


‫الح ْض َرمي‬
َ ‫ال َع ََّلء بن‬

Son nom est : Al-‘Ala ibn Abd-Allah ibn


Imad ibn Akbar ibn Rabi’a ibn Mouqana’ ibn
Hadramaout.
Il fait partie de ceux qui étaient sous la protection
des Banou Oumaya et compte parmi les Mouha-
jirounes2 les plus nobles.

l’inverse de ces derniers, il n’embrassa pas l’Islam. Il fut


tué lors de la bataille de Badr dans les rangs des poly-
théistes.
1
Dans le but de participer au jihad contre les Byzantins
2
Compagnons qui ont accompli l’Exode (hijra) de La
Mecque vers Médine

40
Son frère Maymoune ibn Al-Hadrami est celui à
qui l’on attribue le fameux « puits de May-
moune » qui se trouve dans les hauteurs de La
Mecque. Celui-ci l’avait creusé avant l’avène-
ment prophétique.
Al-‘Ala et Maymoune ont par ailleurs deux
autres frères du nom de : ‘Amr et ‘Amir.
Le Messager d’Allah (‫ )ﷺ‬nomma Al-‘Ala gou-
verneur du Bahreïn, fonction qu’il conserva du
temps d’Abou Bakr et d’Oumar.
On rapporte qu’Oumar l’envoya ensuite à Bas-
sora, pour y exercer les mêmes fonctions, mais
Al-‘Ala décéda avant d’y parvenir.
La gouvernance du Bahreïn fut ensuite prise,
pour le compte d’Oumar, par Abou Hourayra.
Le hadith « Celui qui a accompli l’exode ne
s’établit pas, à La Mecque, plus de trois jours
après l’achèvement de ses rites ! » nous est par-
venu par sa voie. C’est As-Saïb ibn Yazid qui le
transmit de lui. De même, Hayane le Boiteux
(Al-A’raj) et Ziyad ibn Houdayr l’ont également
rapporté de lui.
Mansour ibn Zadhane mentionna – D’après
Mouhammad ibn Sirine – que lorsqu’Al-‘Ala ibn

41
Al-Hadrami écrivit au Prophète (‫)ﷺ‬, il com-
mença par son nom1.
Ibn Ishaq rappela aussi qu’Al-Hadrami, le père
d’Al-‘Ala et de la fratrie, s’était autrefois placé
sous la protection de Harb ibn Oumaya. Il venait,
à l’origine, des contrées de l’Hadramaout2 et son
nom était : Abd-Allah ibn ‘Abbad ibn As-Sadaf.

Ibn Lahi’a : D’après Abou Al-Aswad :


D’après Ourwa qui relate : Abou Bakr le Véri-
dique l’envoya (c’est-à-dire : Al-‘Ala) à la tête
d’une armée en direction du Bahreïn, là où les
tribus avaient apostasié. Il ne se retrouva alors
séparé d’eux que par la mer – ou plutôt par le
gué3 – qu’il traversa avec ses troupes à pied ! Ils
franchirent également un endroit par lequel les
bateaux pouvaient naviguer et qui ne cesse d’être
emprunté, jusqu’à ce jour, par les embarcations !
Al-‘Ala put alors les combattre et Allah le fit
triompher. C’est ainsi que les tribus reversèrent,
à nouveau, ce qu’il leur incombait de la zakat.

1
C’est-à-dire : Il écrivit : « De la part d’Al-‘Ala à l’atten-
tion du Prophète… »
2
Région du sud du Yémen
3
Endroit peu profond d’un cours d’eau. Nous émettons
toutefois des réserves quant au sens du mot employé par
Dhahabi (‫)الرقراق‬.

42
Al-‘Ala décèdera, plus tard, en l’an 21.
On rapporte d’Abou Hourayra le récit suivant :
Le Messager d’Allah (‫ )ﷺ‬m’envoya avec Al-
‘Ala ibn Al-Hadrami à qui il recommanda de me
traiter avec bienveillance. C’est moi qui, par con-
séquent, étais chargé d’appeler à la prière pour
son compte.
Al-Miswar ibn Makhrama affirma : Le Prophète
(‫ )ﷺ‬confia la responsabilité du Bahreïn à Al-
‘Ala mais il le destitua, un peu plus tard, et
nomma à sa place Abane ibn Saïd.

Mouhammad ibn Saad, quant à lui, dit : Abou


Bakr envoya Al-‘Ala ibn Al-Hadrami en tant que
chef de guerre. C’est ainsi qu’il quitta Médine à
la tête d’un escadron de seize cavaliers. Il lui
prescrit, par ailleurs, d’enrôler, sur sa route, tous
les musulmans qu’il pourrait rencontrer afin de
combattre l’ennemi. Al-‘Ala chemina alors avec
ses troupes jusqu’à atteindre la citadelle de
Juatha1 qu’il assiégea. Aucun d’entre les antago-
nistes n’en réchappa. Il se dirigea ensuite vers
Qatif où se trouvait des non-arabes. Il les com-
battit avant que ces derniers ne prennent la fuite

1
Située de nos jours dans l’agglomération d’Al-Ahsa,
dans l’est de l’Arabie saoudite

43
vers Az-Zara1 où ils se réfugièrent. Al-‘Ala les
poursuivit alors par Al-Khat2 le long de la côte.
Il les combattit et les assiégea jusqu’au décès du
Véridique3. Les habitants d’Az-Zara demandè-
rent, ensuite, un armistice qu’Al-‘Ala leur ac-
corda. Ce dernier s’attaqua ensuite aux tribus de
Darine4 desquelles il mit à mort les combattants
et fit captifs les progénitures. Puis il envoya
‘Afraja, à la tête d’une flotte de bateaux, en di-
rection de la côte perse. Ce dernier y conquit une
île sur laquelle il fit ériger une mosquée.

Moujalid : D’après Shaabi : Oumar écrivit à


Al-‘Ala pour lui ordonner de se rendre auprès de
‘Outba ibn Ghazouane : « Je te nomme à son
poste » lui dit-il, « Je te pense plus à même d’oc-
cuper sa fonction mais reconnais-lui toutefois ses
mérites ! »
Al-‘Ala partit alors, accompagné d’un petit
groupe parmi lequel figuraient Abou Hourayra et

1
Az-Zara était à cette époque la ville principale du Ba-
hreïn (littoral est de la péninsule Arabique). Elle est au-
jourd’hui un quartier à part entière de la ville de Qatif.
2
Nom qui était donné à toute une partie du littoral ba-
hreïnien
3
Abou Bakr
4
Qui correspond, de nos jours, à la presqu’île de Tarout,
toujours dans l’agglomération de Qatif.

44
Abou Bakra mais, lorsqu’ils arrivèrent à Niyas1,
Al-‘Ala décéda.

Par ailleurs, Abou Hourayra disait : J’ai vu


d’Al-‘Ala trois choses qui ne cesseront de me
surprendre à jamais : Lors de la prise de Darine,
il traversa la mer à cheval ! Aussi, lorsque nous
étions en route pour le Bahreïn, dans le Dahna2,
il invoqua Allah et l’eau se mit à jaillir tout à
coup ! Nous pûmes dès lors tous nous abreuver.
Une fois en route, l’un de nous s’aperçut qu’il
avait oublié une partie de ses effets. Al-‘Ala le
renvoya alors et lorsque l’homme arriva sur
place, il constata qu’il n’y avait plus une seule
goutte d’eau !! Enfin, lorsqu’il mourut, nous fai-
sions également face à une pénurie d’eau. C’est
alors qu’Allah fit apparaitre un nuage et des-
cendre la pluie ! Nous pûmes ainsi accomplir sa
toilette funéraire dignement. Nous creusâmes en-
suite sa tombe, à l’aide de nos épées, sans toute-
fois ne lui aménager de niche (lahd)3.

1
Il semblerait que le nom exact soit Tiyas. Il désigne un
endroit se trouvant au sud du Koweït.
2
Désert sablonneux situé à environ 150 kms de l’actuelle
ville de Riyad, à l’est
3
La tradition musulmane préconise, lors des inhumations,
de creuser une première fosse dans laquelle une cavité

45
52. SAAD IBN KHAYTHAMA
‫َس ْعد بن َخ ْي َث َمة‬

Saad ibn Khaythama ibn Al-Harith ibn Malik


ibn Kaab ibn An-Nahat ibn Kaab ibn Haritha ibn
Ghanm ibn As-Salm,
« Abou Abd-Allah » le Ansari, le Aoussi,
L’un des combattants de Badr et l’un des apôtres
médinois,
Le frère utérin de Nou’mane ibn Thabit dit
« Abou Dayah ».
Aucun descendant ne lui survécut après l’an 200.
Quant à ses ascendants, Ibnou Al-Kalbi prétendit
que le nom du fils de Kaab était, en réalité, « Al-
Hanat » et non « An-Nahat ».
Le Prophète (‫ )ﷺ‬désigna à Saad ibn Khaythama
comme frère de foi : Abou Salama ibn Abdelas-
sad.
Les doctes mentionnèrent, par ailleurs, que Saad
faisait partie des douze apôtres médinois.

latérale est ensuite creusée, sur le côté, afin d’y placer le


mort. C’est ce qu’on appelle « al-lahd ».

46
Et lorsque le Messager d’Allah (‫ )ﷺ‬invita les
musulmans à combattre, à l’occasion de la ba-
taille de Badr, ils s’empressèrent de répondre à
son appel. Khaythama dit alors à Saad – son fils :
– Laisse-moi y aller. Quant à toi, reste auprès de
tes femmes !
Saad refusa toutefois et répondit :
– Si cela avait été pour une chose autre que le
Paradis, je t’aurais laissé y aller mais là, non !
Ils procédèrent alors à un tirage au sort et c’est la
pointe de Saad qui fut tirée. Ce dernier s’engagea
alors au combat et fut tué.
Quant à son père, Khaythama, il trouvera lui
aussi le martyre mais lors de la bataille d’Ou-
houd.

53. AL-BARA IBN MAROUR


‫ال َب َراء بن َم ْع ُرور‬

Al-Bara ibn Marour ibn Sakhr ibn Khansa ibn


Sinane,
Le Noble, l’Apôtre,
« Abou Bishr » le Ansari,

47
Al-Khazraji,
Un des apôtres de la nuit d’Al-‘Aqaba1.
Il était, par ailleurs, le cousin de Saad ibn
Mouadh (la mère d’Al-Bara étant la tante pater-
nelle de ce dernier).
Al-Bara était le souverain de son clan : les Banou
Salima.
Il est le premier à avoir prêter serment d’allé-
geance, la fameuse nuit, lors de la première ren-
contre d’Al-‘Aqaba.
C’était un homme noble, pieux et perspicace. Il
décéda au cours du mois de Safar, un mois avant
l’arrivée du Messager d’Allah (‫ )ﷺ‬à Médine.

Mouhammad ibn Ishaq : Maabad ibn Kaab


m’a rapporté : D’après son frère Abd-Allah :
D’après leur père qui dit : Nous partîmes de Mé-
dine afin de rencontrer le Prophète (‫ )ﷺ‬à La
Mecque. Il y avait, à ce moment-là, les pèlerins

1
Al-‘Aqaba est le nom d’un monticule à Mina ; là où l’on
accomplit le pèlerinage et la lapidation des stèles. C’est à
cet endroit que les premiers croyants de Médine se con-
vertirent et prêtèrent serment d’allégeance au Prophète
(‫)ﷺ‬, un an et demi environ avant l’Hégire. Al-‘aqaba
(‫) َع َق َبة‬, en arabe, signifie entre autres : une montagne aux
versants abrupts.

48
de notre peuple, adeptes du polythéisme, qui che-
minaient avec nous. Lorsque nous arrivâmes à
Dhou-Al-Houlayfa1, Al-Bara ibn Marour – qui
était notre chef et notre doyen – nous dit :
– Voyez-vous, j’ai souhaité ne plus donner le dos
à cet édifice2, par Allah, mais plutôt prier en sa
direction !
– Nous ne pouvons faire cela ! nous lui répon-
dîmes alors, en justifiant nos propos : Ce que
nous savons du Prophète, c’est qu’il ne prit qu’en
direction du Sham. S’orienter vers une autre di-
rection que celle-ci serait, par conséquent, inen-
visageable pour nous !
Malgré cela, je le voyais se tourner vers La
Mecque lorsque l’heure de la prière arrivait.
Nous le blâmâmes, pour cela, mais il ne voulut
rien entendre et continua à agir de la sorte. Puis,
lorsque nous arrivâmes à La Mecque, il me dit :
– Ô mon neveu, j’ai certes mis en pratique une
chose, au cours de notre voyage, qui me laisse

1
Endroit situé à environ 8 kms de la mosquée prophé-
tique, en direction du sud-ouest. C’est là que les pèlerins
de la ville et ceux venant du Sham entrent en état de sa-
cralisation (miqat).
2
Il entendait par là : la Kaaba.

49
perplexe ; allons voir le Messager d’Allah (‫)ﷺ‬
et questionnons-le !
Nous n’avions, à cet instant, encore jamais ren-
contré le Prophète (‫ ; )ﷺ‬ce qui nous poussa à
questionner à son sujet. C’est alors que nous ren-
contrâmes un homme, près d’Al-Abtah1, qui
nous dit :
– Le connaissez-vous ?
– Non, nous lui répondîmes.
– Dans ce cas, connaissez-vous Al-‘Abbas ?
– Oui !
En effet, Al-‘Abbas avait pour habitude de se
rendre régulièrement à Médine, pour commer-
cer ; c’est pour cette raison que nous le connais-
sions.
– Il est la personne assise à côté d’Al-‘Abbas, en
ce moment, dans la mosquée ! nous indiqua alors
l’homme.
Nous nous dirigeâmes donc vers eux deux et
prîmes place à leurs côtés. Là, nous question-
nâmes Al-‘Abbas avant que le Messager d’Allah
(‫ )ﷺ‬lui-même ne demande :

1
Partie de la vallée de La Mecque située entre Mina et la
Mosquée sacrée

50
– Ô mon oncle, qui sont ces deux hommes ?
– Il s’agit d’Al-Bara ibn Marour – le chef de son
clan – et de Kaab ibn Malik !
– Le poète ? s’exclama alors le Messager d’Al-
lah (‫)ﷺ‬.
Al-Bara dit à cet instant :
– Ô Messager d’Allah, voilà ce que j’ai accom-
pli.
– Certes je prie dans une direction et il est préfé-
rable que tu t’y tiennes ! lui rétorqua alors le Pro-
phète (‫)ﷺ‬.
C’est ainsi qu’il se remit à prier en direction du
Sham.
Puis le Messager d’Allah (‫ )ﷺ‬accepta de nous le
serment, au cours de la deuxième nuit des nuits
d’Al-‘Aqaba1.
Ainsi mentionna-t-il l’histoire dans son intégra-
lité.2

Et Yahya ibn Abd-Allah ibn Abou Qatada a


rapporté : D’après sa mère : D’après son père qui

1
Allusion aux trois jours passés à Mina, après l’achève-
ment des grands rites du pèlerinage (‫)أيام التشريق‬
2
C’est-à-dire : Ibn Ishaq

51
dit : Al-Bara ibn Marour légua, à sa mort, un tiers
de ses biens au Prophète (‫)ﷺ‬, un autre tiers pour
les dépenses dans la voie d’Allah et, enfin, un
tiers à son fils. Lorsque le Prophète (‫ )ﷺ‬eut con-
naissance de cela, il fit rendre l’argent à ses héri-
tiers légaux.

Plus tard, lorsqu’il immigra à Médine, Al-Bara


était déjà décédé. Le Prophète (‫ )ﷺ‬demanda
alors qu’on lui indique sa tombe. Il s’y rendit et
fit aligner les rangs des musulmans pour y enta-
mer une prière mortuaire sur son compagnon dé-
funt. Il invoqua à cette occasion : « Ô Allah, ac-
corde-lui ton pardon, ta miséricorde et fais-le
rentrer dans ton Paradis ; ce que tu as déjà
fait ! »

La nuit d’Al-‘Aqaba, des soixante-dix apôtres,


Al-Bara était le plus valeureux d’entre eux. Il est
le premier à avoir prêter serment d’allégeance au
Messager d’Allah – Que les éloges d’Allah et la
paix soient sur lui.

Quant à son fils il est :

54. BISHR IBN AL-BARA


‫بِ ْشر بن ال َبراء‬

52
Il demeure parmi les notables de son peuple. On
rapporte, via le hadith d’Abou Hourayra et de Ja-
bir, que le Messager d’Allah (‫ )ﷺ‬demanda aux
Banou Salima :
– Qui donc est à la tête de votre clan ô Banou
Salima ?
– Il s’agît d’Al-Jad ibn Qays, en dépit de son ava-
rice ! lui répondirent-ils.
– Et quoi de plus détestable que l’avarice ! s’ex-
clama alors le Prophète (‫ )ﷺ‬avant de reprendre :
Votre chef est plutôt l’homme blanc à la cheve-
lure crêpelée : Bishr ibn Al-Bara !

Je dis (Dhahabi) : Bishr est celui qui mourut


en mangeant de la brebis empoisonnée, avec le
Prophète (‫)ﷺ‬, le jour de Khaybar.
Il compte, en outre, parmi les grands combattants
de la bataille de Badr !

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53
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