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01
‘Amir (عامِ ر
َ ) ibn Abd-Allah ibn Al-Jarrah ibn
Hilal ibn Ouhayb ibn Dabba ibn Al-Harith ibn
Fihr ibn Malik ibn Nadr ibn Kinana ibn Khou-
zayma ibn Moudrika ibn Ilyas ibn Moudar ibn
Nizar ibn Maad ibn Adnan, le Qourashite, Al-
Fihri, Al-Makki.
1
Allusion à la saqifa (lieu de réunion/tente) des Banou
Saïda où se réunirent les grands compagnons à la mort du
Prophète ()ﷺ.
1
Le Prophète ( )ﷺattesta pour lui du Paradis et le
surnomma « Le digne de confiance de cette com-
munauté ».
Ses vertus sont nombreuses et connues.
Il a rapporté un certain nombre de hadith et par-
ticipa à des batailles mémorables.
Ont rapporté de lui : Al-Irbad ibn Sariya, Jabir
ibn Abd-Allah, Abou Oumama Al-Bahili, Sa-
moura ibn Joundoub, Aslam l’esclave de Oumar,
Abderrahman ibn Ghanm et d’autres.
On trouve un hadith de lui dans le Sahih de
l’imam Mouslim, un dans le recueil d’Abou Issa1
et quinze dans le Mousnad de Baqi2.
1
At-Tirmidhi
2
Ibn Makhlad
2
la ville de Hérat1 : Abou Saad Mouhammad Ibn
Abderrahman nous a narré : Abou Amr ibn Ham-
dane nous a narré : Abou Ya’la Ahmad ibn Ali
nous a narré : Abd-Allah ibn Mouawiya Al-Qou-
rashi nous a rapporté : Hammad ibn Salama nous
a rapporté : D’après Khalid ibn Al-Hadha :
D’après Abd-Allah ibn Shaqiq : D’après Abd-
Allah ibn Souraqa : D’après Abou Oubayda ibn
Al-Jarrah qui a dit :
J’ai entendu le Messager d’Allah ( )ﷺdire : « Il
n’est pas un prophète après Nouh qui n’ait mis
en garde sa communauté contre le Dajjal et
certes je vous mets moi-même en garde contre
lui ! »
Puis il nous en fit la description et dit ( )ﷺ: « Il
est possible que certains de ceux qui m’ont vu ou
qui ont entendu mes propos le rencontrent ! »
Les compagnons dirent : Ô Messager d’Allah –
qu’Allah prie sur toi et te salut – comment seront
nos cœurs ce jour-là ; seront-ils tels qu’ils sont
aujourd’hui ?
Et le Prophète de dire : « Meilleurs encore peut-
être ! »
1
Située dans l’actuel Afghanistan, elle est une des villes
les plus majestueuses de l’ancien Khorassan.
3
Rapporté par At-Tirmidhi d’après Abd-Allah Al-
Joumahi. Et nous avons nous-même (Dhahabi)
notre propre chaîne de transmission jusqu’au
shaykh de Tirmidhi1 avec moins de rapporteurs2.
At-Tirmidhi a dit : Un hadith semblable est rap-
porté par Abd-Allah ibn Bousr et d’autres que
lui. Et ce récit d’Abou Oubayda (qu’Allah
l’agrée) est un récit singulier mais bon (hassan
gharib).
1
Ce que l’on nomme al-mouwafaqa dans la science du
hadith.
2
Que dans notre autre chaîne passant, elle, par Tirmidhi
4
et Abou Oubayda ibn Al-Jarrah se rendirent au-
près du Messager d’Allah ( )ﷺet ce dernier leur
présenta l’Islam. Il leur expliqua ses rites et tous
les cinq se convertirent en même temps. Ceci eut
lieu avant que le Prophète ( )ﷺn’intègre la mai-
son d’Al-Arqam1.
Abou Oubayda participa à la bataille de Badr,
dans laquelle son père fut tué.
Et il fit preuve d’une bravoure exceptionnelle le
jour de Ouhoud lorsqu’il retira, de ses dents,
deux des maillons du casque du Prophète ()ﷺ
qui étaient rentrés dans la joue de celui-ci suite à
un coup qu’il avait reçu. Il en perdit ses incisives
mais son sourire n’en fut qu’embelli. À tel point
que l’on disait : « Il n’est pas meilleure extrac-
tion dentaire que celle d’Abou Oubayda ! »
Et lorsque le Messager d’Allah ( )ﷺmourut,
Abou-Bakr dit sous la tente des Banou Saïda :
« J’agrée pour vous deux hommes : Oumar et
Abou Oubayda ! »
Az-Zoubayr ibn Bakkar a dit : Il ne reste au-
cune descendance d’Abou Oubayda, ni de ses
frères.
1
Demeure dans laquelle le Prophète ( )ﷺet ses compa-
gnons se réunissaient au tout début de l’Islam.
5
Il était parmi ceux qui ont immigré vers
l’Abyssinie1 d’après ce qu’ont rapporté Ibn Ishaq
et Al-Waqidi.
Je dis (Dhahabi) : Si cela s’avère vrai, il n’y est
alors pas resté longtemps.
Abou Oubayda demeure, en outre, parmi ceux
qui compilèrent2 le Coran majestueux.
1
Lors de la première hijra
2
Compiler ou mémoriser. Le terme () َج َم َع, en ce qui con-
cerne les compagnons, peut avoir les deux sens.
6
– Non, vous n’êtes que des renforts qui m’ont été
envoyés ! répliqua ‘Amr.
Face à la situation, Abou Oubayda ibn Al-Jarrah
– qui était un homme de comportement noble et
de caractère très doux – lui concéda le comman-
dement des troupes conformément à l’engage-
ment qu’il avait pris envers le Prophète ()ﷺ.1
Et il est rapporté de manière authentique, se-
lon plusieurs voies, que le Messager d’Allah ()ﷺ
a dit : « Chaque communauté a un digne de con-
fiance et le digne de confiance de cette commu-
nauté est Abou Oubayda ! »
Abderrahman ibn Mouhammad Al-Faqih et
d’autres nous ont informés (par ijaza2) ; ils ont
dit : Hanbal ibn Abd-Allah nous a informés : Hi-
bat-Allah ibn Mouhammad nous a narré : Abou
Ali ibn Al-Moudhib nous a narré : Abou Bakr
Al-Qati’i nous a informés : Abd-Allah ibn Mou-
hammad nous a rapporté : Mon père m’a rap-
porté : Abou Al-Moughira nous a rapporté : Saf-
foine nous a rapporté : D’après Shourayh ibn
Oubayd, Rashid ibn Saad et autres qu’eux ; ils
ont dit :
1
De ne pas se diviser ni diverger
2
Autorisation donnée à l’élève de transmettre d’après son
maître sans forcément l’avoir entendu
7
Lorsqu’Oumar ibn Al-Khattab eut atteint Sargh1,
l’information qu’une pandémie dévastatrice sé-
vissait au Sham lui parvint. Il dit alors : Si mon
heure venait à arriver et qu’Abou Oubayda était
vivant, désignez-le Calife !
Si Allah le Noble me demande pourquoi je l’ai
nommé à la tête de la communauté de Mouham-
mad, je répondrai : Certes, j’ai entendu le Mes-
sager ( )ﷺdire : « Chaque communauté a un
digne de confiance et le digne de confiance de
cette communauté est Abou Oubayda ! »
Les gens réprouvèrent quelque peu cela et di-
rent : « Qu’en est-il des grands Qourashites ? »
désignant par-là la lignée des Banou Fihr.
Oumar poursuivit : Et si mon heure arrive et
qu’Abou Oubayda n’est plus là, désignez alors
Mouadh ibn Jabal !
Si mon Seigneur me questionne sur cela, je di-
rai : Certes, j’ai entendu ton prophète dire :
« Mouadh ibn Jabal sera ressuscité d’entre les
savants le Jour du jugement et avec un degré
supplémentaire ! »
1
Village au nord de la péninsule arabique à proximité du
Sham
8
Et Hammad ibn Salama a rapporté : D’après
Al-Jourayri : D’après Abd-Allah ibn Shaqiq :
D’après ‘Amr ibn Al-‘Ass qui a dit :
On demanda au Messager d’Allah ( )ﷺ: « Qui
d’entre les gens t’est le plus cher ?
– Aïsha ! dit-il.
– Et d’entre les hommes ? ajoutèrent-ils.
– Abou Bakr !
– Et ensuite ?
– Ensuite, Abou Oubayda ibn Al-Jarrah ! »
Hammad a rapporté ce hadith sous cette forme
mais certains l’ont transmis autrement. Ils rap-
portent d’après Al-Jourayri : D’après Abd-Allah
qui a dit :
J’ai demandé à Aïsha lesquels des compagnons
du Prophète ( )ﷺlui étaient les plus chers ? Elle
dit : « Abou Bakr puis Oumar puis Abou Ou-
bayda ibn Al-Jarrah ! »
9
vous a rapporté : Abou Al-Walid nous a narré :
Shou’ba nous a narré : D’après Abou Ishaq : J’ai
entendu Sila ibn Zoufar : D’après Houdhayfa :
Le Messager d’Allah ( )ﷺa dit : « Je vais vous
envoyer un homme d’une extrême confiance ! »
Les compagnons attendirent de savoir qui
d’entre eux allait être désigné, espérant tous être
l’heureux élu. Puis le Prophète ( )ﷺdésigna
Abou Oubayda ibn Al-Jarrah !
Al-Boukhari et Mouslim rapportent tous deux ce
hadith d’après Shou’ba.
Et ils rapportent également le hadith de Khalid
ibn Al-Hadha : D’après Abou Qilaba : D’après
Anas :
Le Prophète ( )ﷺa dit : « Chaque communauté a
un digne de confiance et le digne de confiance de
cette communauté est Abou Oubayda ibn Al-
Jarrah ! »
10
Abou Yahya ibn Abou Mayssara nous a rap-
porté : Abdelwahhab ibn Issa Al-Wassiti nous a
rapporté : Yahya ibn Abou Zakariya nous a
narré : Abd-Allah ibn Outhman ibn Khouthaym
nous a rapporté : D’après Abou Az-Zoubayr :
D’après Jabir qui dit :
J’étais dans l’armée de Khalid qui rejoint Abou
Oubayda, en renfort, lors du siège de Damas.
Lorsque nous arrivâmes, Abou Oubayda dit à
Khalid : Avance et prie, tu es plus digne d’être
imam car tu arrives en renfort !
Khalid lui répondit alors : Il n’est pas envisa-
geable que j’avance devant un homme pour qui
j’ai entendu le Messager d’Allah ( )ﷺdire :
« Chaque communauté a un digne de confiance
et le digne de confiance de cette communauté est
Abou Oubayda ibn Al-Jarrah ! »
1
Ville du sud de l’Arabie saoudite frontalière avec le Yé-
men
11
renvoyer avec eux un homme d’une extrême
confiance.
Le Prophète ( )ﷺleur dit : « Je vais vous délé-
guer un homme répondant parfaitement à vos at-
tentes ! »
Les gens se demandèrent qui d’entre les compa-
gnons allait être désigné ? Jusqu’à ce que le Pro-
phète ( )ﷺdise : « Lève-toi Abou Oubayda et
pars avec eux ! »
(Abou Bakr ibn Abou Shayba) : Waki’ nous a
rapporté le même récit d’après Soufiane, d’après
Abou Ishaq.
At-Tourqoufi dans son Jouz1 : Abou Al-
Moughira nous a rapporté : Saffoine ibn ‘Amr
nous a rapporté : Abou Hisba Mouslim ibn
Akyas, l’esclave d’Ibn Kourayz, nous a rap-
porté : Un homme qui visita Abou Oubayda me
dit :
Je le trouvai en train de pleurer et je lui deman-
dai : Pourquoi pleures-tu ô Abou Oubayda ?
Il dit : Je pleure car j’ai entendu le Messager
d’Allah ( )ﷺmentionner le jour où Allah ferait
1
Les jouz ( ) ُج ْزءsont de petits recueils de hadith consa-
crés à un même sujet ou à un même individu.
12
grâce aux musulmans. Il évoqua le Sham et dit :
« Si Allah te prête vie, contente-toi ce jour-là de
trois esclaves : un pour t’assister, un pour voya-
ger et un pour servir ta famille ! Et contente-toi
de trois montures : une pour toi, une pour tes ef-
fets et une pour ton valet ! »
Quant à moi aujourd’hui, je regarde ma demeure
et la trouve remplie d’esclaves ! Je regarde mon
écurie et je la vois pleine de chevaux ! Comment
vais-je rencontrer le Messager d’Allah ( )ﷺaprès
cela alors qu’il nous recommanda :
« Ceux qui me sont les plus chers et qui seront
les plus proches de moi sont ceux que je rencon-
trerai dans l’état qu’ils étaient lorsque je les ai
laissés ! »
Ce récit, rapporté également par Ahmad dans son
Mousnad, d’après Abou Al-Moughira, est un ha-
dith singulier (gharib).
13
Le compagnon dans la chaîne de transmission de
ce récit est manquant (hadith moursal).
14
de trois : Abou Bakr, Oumar et Abou Ou-
bayda ! »
D’autres l’ont contredit dans la chaîne : on
trouve notamment dans le Mousnad d’Ibn Ja’d :
Zouhayr nous a rapporté : D’après Abou Ishaq :
D’après Abou Al-Ahwas : D’après Abd-Allah.
Puis il mentionna le récit.
1
Le Trésor public
15
Oumar embrassa la main d’Abou Oubayda. Puis
ils s’écartèrent et se mirent à pleurer tous les
deux.
16
Il m’est parvenu que Mouadh entendit, un jour,
un homme dire : Si Khalid ibn Walid avait été là,
les gens ne se seraient pas retrouvés dans la con-
fusion ! Allusion au siège que subit Abou Ou-
bayda. Mouadh dit alors : « Que dis-tu ?! Abou
Oubayda est en lui-même sujet aux miracles ; il
est par Allah le meilleur de ceux qui sont sur
Terre ! »
Rapporté par Al-Boukhari dans son Tarikh ainsi
qu’Ibn Saad.
1
Ascétisme
17
l’aménageais un peu ? » ou quelque chose du
genre.
Abou Oubayda lui répondit : « Ô Prince des
croyants, cela nous suffit à passer la sieste1 ! »
1
Allusion à ce que représente la vie d’ici-bas
18
nous suffit que ce qui nous sert à passer la sieste !
Puis Oumar de dire : La dounia nous a tous chan-
gés sauf toi Abou Oubayda !
Rapporté dans les Sounan d’Abou Dawoud par
la voie d’Ibn Al-Arabi.
Et ceci est, par Allah, le réel ascétisme ; non l’as-
cétisme de celui qui ne possède rien !
1
Pièces d’or de l’époque
19
qu’Abou Oubayda était en train d’inspecter les
troupes il dit :
« Combien de personnes veillent à la beauté de
leurs vêtements alors que leur religion est souil-
lée ?! Et combien pensent élever leur âme alors
qu’en fait ils la rabaissent ?! Empressez-vous de
troquer vos péchés passés pour vos bonnes ac-
tions futures ! »
20
besoin de toi dans une affaire. Rejoins-moi au
plus vite. »
Lorsqu’Abou Oubayda lut la lettre, il dit : Je sais
de quoi le Prince des croyants a besoin. Il sou-
haite préserver ce qui ne peut être préservé !
Il lui répondit alors : Je connais ton besoin et je
te demande de me démettre de ta volonté. Je suis
à la tête d’une troupe de soldats musulmans et
mon intérêt ne devance pas le leur !
Lorsqu’Oumar lut sa réponse, il se mit à pleurer.
On lui demanda si Abou Oubayda était mort ?
Il dit : Non mais peu s’en faut !
Puis Abou Oubayda mourut et la peste se répan-
dit.
21
D’après Ibn Abou Sayf Al-Makhzoumi : D’après
Al-Walid ibn Abderrahman (faqih, originaire du
Sham) : D’après Iyad ibn Ghoutayf qui relate :
Je rendis visite à Abou Oubayda ibn Al-Jarrah
alors que celui-ci était malade. Sa femme Tou-
hayfa était assise auprès de lui et lui avait le vi-
sage tourné vers le mur.
Je questionnai : Comment Abou Oubayda a-t-il
passé la nuit ?
– Récompensé ! répondit son épouse.
– Non, par Allah, la nuit ne m’a sûrement pas
valu de récompense ! rétorqua Abou Oubayda.
Les gens s’étonnèrent quelque peu de sa réponse.
– Vous ne me demandez pas pourquoi je vous dis
ça ? demanda-t-il alors.
– Te questionnerons-nous sur une chose que
nous réprouvons ?! répondit l’assemblée.
Abou Oubayda leur dit alors : Certes j’ai entendu
le Messager d’Allah ( )ﷺdire :
« Celui qui dépense une bonne chose dans la
voie d’Allah en aura sept-cents fois la récom-
pense !
22
Et celui qui dépense pour sa famille, visite un
malade ou bien éloigne un mal, sa bonne action
en vaut dix !
Quant au jeûne, il est une armure tant que celle-
ci n’est pas rompue !
Et quant à celui qu’Allah a éprouvé par une ma-
ladie dans son corps, cela lui vaut rémission des
péchés ! »
23
faim. Ils étaient alors trois-cents. Puis la mer re-
jeta subitement un cachalot. Abou Oubayda
s’écria alors : Ceci est une bête morte ! Puis il
dit : « Non, nous sommes les émissaires du Mes-
sager d’Allah ( )ﷺet dans la voie d’Allah ; man-
gez ! »
Jusqu’à la suite du récit qui se trouve dans les
deux Sahih…
1
Une des villes les plus majestueuses de Palestine, située
à environ 40 kms au nord-ouest de Jérusalem. Les
Omeyyades la prirent pour capitale administrative.
24
Eurent lieu ensuite la bataille de Fihl et la bataille
de la Prairie des Souffar1.
Abou Bakr avait, à ce moment-là, envoyé Khalid
à la conquête de l’Irak mais il lui ordonna ensuite
de rejoindre le Sham en renfort.
Khalid traversa alors l’ensemble des plaines dé-
sertiques en partance de Samawa2.
As-Siddiq le nomma ensuite à la tête de toutes
les armées. Puis ils prirent d’assaut Damas et
Abou Bakr mourut.
Oumar s’empressa alors de destituer Khalid et il
nomma Abou Oubayda à sa place.
Lorsque la nouvelle de sa désignation lui parvint,
il la dissimula un temps. Ceci de par son émi-
nente religiosité, son tact et sa grande sagesse.
Damas fut par la suite conquise sous son com-
mandement. À ce moment, il rendit sa nomina-
tion publique afin de pouvoir conclure un accord
avec les Byzantins. Ainsi, ils entrèrent pacifique-
ment, sous son autorité, par Al-Jabiyah3 alors
que Khalid pénétra dans la ville du côté est par la
1
Nom donné à une espèce d’oiseaux
2
Ville d’Irak
3
Entrée principale de Damas du côté ouest
25
force. Puis Abou Oubayda étendit le traité à son
ensemble.
1
Rivière située à l’extrême sud-ouest de la Syrie aux
frontières avec la Jordanie
2
Tuméfaction résultant de la peste
26
Et d’après Al-Aswad : D’après Ourwa : Abou
Oubayda et les siens avaient été épargnés par la
peste d’Emmaüs1. Abou Oubayda invoqua alors
en ces termes : Ô Allah, attribue une part de ce
fléau à la famille d’Abou Oubayda !
Quelque temps après, une pustule apparut sur
son petit doigt. Pendant qu’Abou Oubayda l’ob-
servait quelqu’un lui dit : Elle n’est rien !
Abou Oubayda dit alors : « J’espère qu’Allah y
mettra sa baraka car le peu qu’il bénît devient de
par sa grâce immense ! »
1
Village célèbre de Palestine situé non loin de Jérusalem
2
(Bayssane en arabe) : une des villes de Palestine au
passé historique le plus riche
27
La peste d’Emmaüs (‘Amawas) tire son appella-
tion du village du même nom. Situé entre Ramla
et Jérusalem. Quant à Al-Asma’i, il prétendit que
cela venait de ce que les gens disaient lors de
l’épidémie de peste : « ‘amma wa aassa ! » (Elle
s’est généralisée et a causé bien des peines).
28
سري أعالم النبالء
LES GRANDES FIGURES DE
L’ISLAM
SHAMS AD-DINE DHAHABI (748 h)
02
1
Ainsi que : As-Saïb ibn Yazid, Malik ibn Aous
ibn Al-Hadathane, Abou Outhman An-Nahdi,
Qays ibn Abou Hazim, Malik ibn Abou ‘Amir
Al-Asbahi, Al-Ahnaf ibn Qays At-Tamimi,
Abou Salama ibn Abderrahman et d’autres.
2
part du butin ainsi que la rémunération à laquelle
il avait droit.
1
Village important de l’époque situé à environ 70 kms au
sud de Damas
2
Tirmidhi
3
que le Messager d’Allah ( )ﷺa dit le jour d’Ou-
houd : « Le Paradis est promis à Talha ! »
Ibn Abou Khalid a dit : D’après Qays : J’ai vu la
main mutilée de Talha avec laquelle il défendit
le Prophète ( )ﷺle jour d’Ouhoud. Rapporté par
Al-Boukhari.
4
autre groupe de polythéistes ; il appela de nou-
veau :
– Qui pour s’en occuper ?
– Moi ! s’empressa Talha.
– Reste à ta place ! lui ordonna-t-il.
– Un homme des Ansar dit alors : Moi, ô Messa-
ger d’Allah !
– Vas-y ! lui dit le Prophète ()ﷺ.
L’homme sortit alors pour combattre et fut tué.
Et ceci n’eut cessé jusqu’à ce qu’il ne reste avec
le Prophète d’Allah que Talha seulement. Le
Prophète dit encore :
– Qui pour s’occuper d’eux ?
– Moi ! dit Talha.
C’est alors que Talha s’engagea et combattit
d’un combat équivalent aux onze autres dans le-
quel ses doigts furent tranchés. Il poussa à cet
instant un cri de douleur « hassi ! »
Le Messager d’Allah ( )ﷺlui dit alors : Si tu
avais dit, à la place, « bismillah » les anges t’au-
raient élevé aux yeux de tous !
Puis Allah repoussa les polythéistes. Les rappor-
teurs de ce récit sont tous de confiance.
5
Abou Al-Maali ibn Abou Asseroune le sha-
fiite nous a informé : Abdelmou’iz ibn Mouham-
mad nous a narré dans son livre : Tamim ibn
Abou Saïd nous a narré : Mouhammad ibn Ab-
derrahman nous a narré : Mouhammad ibn Ah-
mad nous a narré : Ahmad ibn Ali At-Tamimi
nous a narré : Mouhammad ibn Abou-Bakr Al-
Mouqadami et Abd Al-A’la nous ont rapporté ;
ils ont dit : Al-Mou’tamir nous a rapporté : J’ai
entendu mon père dire : Abou Outhman nous a
rapporté ; il a dit :
Il ne resta ce jour-là – le jour où le Messager
d’Allah ( )ﷺcombattit – que Talha et Saad ;
d’après ce que tous deux nous racontèrent.
Ce récit est rapporté par les deux Shaykhs1,
d’après Al-Mouqadami.
1
Al-Boukhari et Mouslim
6
l’homme étant passé de vie à trépas1 ; qui était-
ce ?
Les compagnons du Messager n’osant eux-
mêmes le questionner sur cela de par la grande et
profonde vénération qu’ils avaient pour lui.
L’homme le lui demanda alors une première fois
mais le Prophète ( )ﷺne lui répondit pas. Puis il
le questionna une seconde fois mais le Prophète
( )ﷺgarda à nouveau le silence.
C’est alors que j’entrai par la porte de la mos-
quée, dit Talha, portant ce jour-là des habits
verts. À cet instant, le Messager d’Allah ()ﷺ
m’aperçut et dit :
– Où est l’homme qui questionnait sur celui étant
passé de vie à trépas ?
– Moi, lui dit le bédouin.
– Voici celui que tu cherchais ! lui répondit le
Prophète ( )ﷺtout en désignant Talha.
1
De l’expression arabe ( ) َق َضى ن َْح َب ُهqui exprime implicite-
ment le fait de mourir
7
Messager d’Allah ( )ﷺdire : « Talha fait partie
de ceux qui sont passés de vie à trépas ! »
8
Zoubayr font partie de mon voisinage au Para-
dis ! »
Ibn Zaydane Al-Bajali et Abou Bakr Al-Jaroudi
ont également rapporté ce récit, comme cela,
d’après Al-Ashaj. Quant à Abou Ya’la Al-
Maoussili, il s’est singularisé en le rapportant
d’après Nadr : D’après son père : D’après
Ouqba.
1
« Al-Fayyad » en arabe, synonyme d’une abondante gé-
nérosité
9
l’expédition d’Al-Ashira1 « Talha le brave ».
Puis il le surnomma le jour de Khaybar « Talha
le généreux » !
(La chaîne de transmission de ce récit est légère-
ment faible)
1
Qui eut lieu en l’an 2 de l’hégire.
10
alors qu’il se trouve en possession d’une telle
somme d’argent ?
– N’as-tu pas pensé à certains de tes fidèles ca-
marades ? Au petit matin, demande donc que
l’on t’apporte divers récipients et partage la
somme, lui conseilla-t-elle.
– Qu’Allah te fasse miséricorde, bien-pensante
que tu es, fille de bien-pensant !
(Elle était Oum Koulthoum, la fille du véri-
dique1)
Puis, lorsque le matin arriva, il fit venir différents
récipients et partagea la somme entre les Mouha-
jirounes et les Ansar. Il adressa à cet égard une
écuelle à Ali. Sa femme, lui dit :
– Abou Mouhammad, ne nous as-tu pas réservé
une part dans tout cela ?
– Où étais-tu tout ce temps durant ? Tu n’as plus
qu’à te satisfaire de ce qu’il reste.
Sa femme termina : Il ne restait alors que l’équi-
valent d’une bourse contenant 1000 dirhams.
1
Abou Bakr
11
Oumar ibn Mouhammad nous a narré : Hibat-Al-
lah ibn Al-Houssayn nous a narré : Ibn Ghaylane
nous a narré : Abou Bakr As-Shafii nous a narré :
Ibrahim Al-Harbi nous a rapporté : Abd-Allah
ibn Oumar nous a rapporté : Mouhammad ibn
Ya’la nous a rapporté : Al-Hassan ibn Dinar
nous a rapporté : D’après Ali ibn Zayd qui a dit :
Un homme parmi les bédouins vint demander à
Talha de ses faveurs au nom d’un lien de parenté
qui les unissait. Talha lui dit alors :
Tu es le premier à me solliciter au nom de ce lien.
Je possède une terre et Outhman m’en donne
300 000 ; prends-là donc ! Où si tu le souhaites,
je la lui vends et t’en remets son prix.
L’homme choisit d’en avoir le prix et Talha le lui
remit.
12
La chaîne de ce récit est discontinue. De plus, Al-
Koudaymi est un rapporteur faible.
13
– Qu’as-tu ? Espérons que ce ne soit pas ta fa-
mille1 qui te soucie ?
– Non, tu es une épouse musulmane merveil-
leuse, je le jure ! Je suis seulement en possession
d’une somme d’argent et cela me préoccupe
beaucoup, lui répondit-il.
– Qu’est-ce qui te préoccupe ? Tu n’as qu’à la
partager avec tes compagnons !
Il fit, à ce moment-là, appeler son valet et lui de-
manda de distribuer la somme entre eux. Je ques-
tionnai alors le trésorier : Combien a-t-il donné ?
Il répondit : 400 000 !
1
Allusion à elle-même
14
Talha bénéficiait de revenus équivalant à 400
000 en provenance d’Irak. Et 10 000 dinars1,
plus ou moins, lui parvenaient des monts Sara-
wat2. Il tirait également des revenus de diffé-
rentes terres agricoles qu’il détenait.
Il ne laissait aucun membre des Banou Taïm
dans le besoin sans l’aider ou bien éponger ses
dettes.
Chaque année, lorsqu’il percevait ses rentes, il
faisait parvenir la somme de 10 000 à Aïsha.
Et il acquitta pour untel des Taïm la somme de
30 000.
1
Pièces d’or de l’époque
2
Chaîne montagneuse partant des environs de la Mecque
et s’étendant jusqu’au Yémen
3
Pièces d’argent de l’époque
15
journaliers de Talha n’étaient pas inférieurs à
mille dirhams !
16
Après ces trois Talha, puis deux Banou Zouhra1
S’en suivent deux dévots, amis de Ahmada
Leurs tombes à côté, de celle bien aimée
Quiconque veut chercher, en des gens la fierté
En aucun autres qu’eux, il ne la trouvera
1
Abderrahman ibn Aouf et Saad ibn Abi Waqqas descen-
dants de Zouhra
2
Situé à une centaine de kilomètres à l’est de La
Mecque ; c’est l’endroit où les pèlerins en provenance
d’Irak se sacralisent pour le pèlerinage.
17
pourquoi ne la délaisses-tu pas ?
– Ô Alqama, ne me blâme pas, répondit-il. Nous
étions, hier, unis face à nos ennemis mais nous
sommes devenus aujourd’hui deux montagnes
de fer se concurrençant l’une et l’autre !
Néanmoins, j’ai commis envers Outhman ce qui
ne peut être expié, selon moi, que par le prix de
mon sang et le fait que nous exigions sa ven-
geance !
Je dis (Dhahabi) : Ce dont parle Talha est le fait
qu’il ait feint d’ignorer ce qui se tramait contre
Outhman et qu’il ait quelque peu participer, lui
aussi, à ameuter les gens contre lui. Il le fit ce-
pendant selon un effort d’interprétation prove-
nant de sa part.
Il changea par la suite d’avis lorsqu’Outhman fut
tué et regretta de ne pas lui avoir porté secours.
Qu’Allah les agrée tous les deux.
Talha fut le premier à faire allégeance à Ali ; les
meurtriers d’Outhman l’y ayant contraint. Ils le
firent venir jusqu’à ce qu’il prête serment.
18
Lorsque les gens se rencontrèrent le jour d’Al-
Jamal, Kaab ibn Sour se leva et prit le Coran. Il
tourna alors avec au milieu des deux clans, adju-
rant les gens par Allah et l’Islam de préserver
leur sang. Il ne cessa de faire cela jusqu’à ce
qu’on le tue.
Talha compte parmi les premiers à être mort ce
jour-là.
Quant à Zoubayr, il voulut rejoindre ses fils mais
fut rattrapé et tué également.
19
Waki’ : Ismaïl ibn Abou Khalid nous a rap-
porté : D’après Qays qui a dit : Je vis ce jour-là
Marwan ibn Al-Hakam lorsqu’il décocha une
flèche en direction de Talha. Elle l’atteint au ge-
nou. Il se vida alors de son sang jusqu’à en mou-
rir.
Ce récit est rapporté par plusieurs rapporteurs
d’après Waki’.
Et dans la version d’Abdelhamid ibn Salih, tou-
jours selon Waki’, figure en plus la parole de
Marwan : « Il était de ceux qui ont contribué au
meurtre d’Outhman ; je ne demanderai plus, dé-
sormais, que vengeance soit faite ! »
Je dis (Dhahabi) : Le meurtrier de Talha est pé-
cheur au même titre que le meurtrier d’Ali !
20
abandonné dans le lit d’une rivière à sec. Il y des-
cendit et essuya la poussière de son visage. Puis
il dit :
« Tu étais bien plus cher à mes yeux, Abou Mou-
hammad, pour que je te retrouve ainsi, jeté à l’air
libre au fond d’une rivière. À Allah je me plains
de mes fautes apparentes et cachées ! »
Au sujet de l’expression employée (ُجري وبُ َجري
َ )ع,
Al-Asma’i1 a dit : Cela signifie : « Les pensées
et les peines qui font tumultes au fond de moi. »
1
Grand savant de la langue arabe du 2e siècle de l’hégire
21
« Faites l’annonce au meurtrier de Talha du feu
de l’enfer ! »
22
Messager d’Allah ()ﷺ. Je ne doute donc aucu-
nement qu’il ait pu entendre ce que nous n’avons
nous-même pas entendu !
De plus, crois-tu qu’un homme de bien oserait
dire du Prophète ( )ﷺce qu’il n’a pas pro-
noncé ?!
23
– La parole qu’il voulut faire prononcer à son
oncle… dit Oumar.
– Cela ne peut être que ça ! conclut Talha.
1
Sourate Al-Hijr, verset 47
24
tu sais vers qui te diriger ! »
1
Pièces d’argent
25
biens, dans leur ensemble, furent évalués à trente
millions de dirhams.
La parole la plus étonnante par laquelle je suis
passé, à ce sujet, est celle d’Ibn Al-Jawzi, en
commentaire d’un hadith, qui dit : Talha laissa
derrière lui l’équivalent de trente chameaux
chargés d’or !
26
Il fut tué au mois de Joumada Al-Akhira de
l’an 36 de l’hégire. Certains ont dit que ceci eut
lieu au mois de Rajab. Il avait alors soixante-
deux ans environ. Sa tombe se situe en périphérie
de Bassora1.
Yahya ibn Boukayr, Khalifa ibn Khayat et Abou
Nasr Al-Kalabadhi prétendirent que c’est Mar-
wan ibn Al-Hakam qui tua Talha.
Talha eut d’honorables enfants. Le plus pieux
d’entre eux étant Mouhammad As-Sajjad.
C’était un jeune enclin au bien, dévoué à l’ado-
ration et soumis totalement à Allah. Il naquit du
vivant du Prophète ( )ﷺet fut, lui aussi, tué le
jour d’Al-Jamal. Ali en fut d’ailleurs très attristé
et dit à ce propos : « Sa bienveillance envers son
père a eu raison de lui ! »
1
Basra
27
سري أعالم النبالء
LES GRANDES FIGURES DE
L’ISLAM
SHAMS AD-DINE DHAHABI (748 h)
03
الزبري بن العوام
ZOUBAYR IBN AL-‘AWAM
AU NOM D’ALLAH
LE CLÉMENT LE MISÉRICORDIEUX
1
La consultation qui eut lieu entre six des compagnons
du prophète ( )ﷺafin de désigner le nouveau calife
lorsqu’Oumar fut assassiné.
1
Il se convertit alors qu’il n’était encore qu’un
jeune homme ; il avait à peine seize ans.
1
Expression arabe
2
Ainsi que : Malik ibn Aous Al-Hadathane, Al-
Ahnaf ibn Qays, Abd-Allah ibn ‘Amir ibn Kou-
rayz, Mouslim ibn Joundoub, Abou Hakim son
esclave et autres qu’eux.
Conjointement, Al-Boukhari et Mouslim ont
rapporté deux de ses hadiths. Al-Boukhari, seul,
en a rapporté quatre. Et Mouslim, seul, en a rap-
porté un autre.
Al-Mouslim ibn Mouhammad et un groupe de
savants nous ont informés – par autorisation de
transmettre ; ils ont dit : Hanbal nous a narré :
Ibn Al-Houssayn nous a narré : Ibn Al-Moudhib
nous a rapporté : Abou Bakr Al-Qati’i nous a
narré : Abd-Allah ibn Ahmad nous a rapporté :
Mon père m’a rapporté.
()ح1
Et Mouhammad ibn Abdessalam nous a narré :
Abdelmou’iz ibn Mouhammad nous a narré : Ta-
mim nous a narré : Abou Saad le médecin nous a
narré : Abou ‘Amr Al-Hiri nous a narré : Abou
Ya’la nous a narré : Zouhayr nous a rapporté.
1
La lettre ( حqui signifie transfert/changement )تَحْ ِويلest
utilisée par les mouhadithounes (savants spécialistes du
hadith) lorsque ceux-ci souhaitent faire mention d’une
autre chaîne de transmission menant à l’un des rappor-
teurs du récit.
3
Ils ont dit1 : Abderrahman nous a rapporté :
Shou’ba nous a rapporté : D’après Jami’ ibn
Shaddad : D’après ‘Amir (Et dans la version
d’Abou Ya’la : J’ai entendu ‘Amir ibn Abd-Al-
lah ibn Zoubayr) :
D’après Abd-Allah ibn Zoubayr qui relate :
Je demandai à mon père : Pourquoi ne rapportes-
tu pas des hadiths du Messager d’Allah
( )ﷺcomme untel et untel ?
Il me répondit : Je ne l’ai pas quitté depuis le jour
où je me suis converti. Simplement, je l’ai en-
tendu dire : « Que prépare sa place en Enfer ce-
lui qui ment sur moi délibérément ! »
(Abou Ya’la n’a pas mentionné le mot « délibé-
rément »)
1
Ahmad et Zouhayr, rapporteurs des deux chaines de
transmission
4
Mouslim nous a rapporté : Abou Al-Walid nous
a rapporté. ()ح1
Et Bishr nous a rapporté : ‘Amr ibn Hakkam
nous a rapporté ; ils ont dit2 : Shou’ba nous a
narré : D’après Jami’ ibn Shaddad : D’après
‘Amir ibn Abd-Allah : D’après son père qui dit :
Je demandai à mon père : Pourquoi ne rapportes-
tu pas des hadiths du Messager d’Allah
( )ﷺcomme le fait Ibn Massoud ?
Il me répondit : En ce qui me concerne, je ne l’ai
plus quitté depuis ma conversion. Simplement, je
l’ai entendu dire : « Quiconque ment sur moi dé-
libérément, qu’il prépare sa place en Enfer ! »
Khalid ibn Abd-Allah At-Tahane a rapporté ce
récit dans les mêmes termes d’après Bayan ibn
Bishr : D’après Wabara : D’après ‘Amir ibn
Abd-Allah.
Quant à la voie de Shou’ba, elle a été rapportée
par Al-Boukhari, Abou Dawoud, An-Nassaï et
Al-Qazwini.
1
Le dédoublement de la chaîne a lieu, au niveau, de Ab-
delbaqi ibn Qani’
2
‘Amr ibn Hakkam et Abou Al-Walid
5
les montants d’une seule et même bride ! C’est-
à-dire : Ils sont tous nés la même année.
Et Al-Madaïni a dit : Talha, Zoubayr et Ali sont
tous les trois de la même génération.
L’orphelin d’Ourwa1 a dit : Zoubayr émigra
(hijra) alors qu’il n’avait que dix-huit ans. Son
oncle l’attachait et l’enfumait, pour le châtier,
mais Zoubayr ne cessait de répéter malgré tout :
« Jamais je ne retournerai à la mécréance ! »
Ourwa relate : Zoubayr vint au Prophète ()ﷺ
muni d’une épée et ce dernier le questionna
alors :
– Qu’as-tu ô Zoubayr ?
– On m’a dit que tu avais été tué ! répondit Zou-
bayr.
– Et que comptais-tu faire ? lui demanda le Pro-
phète ()ﷺ.
– J’aurais trancher la tête de ton meurtrier ! ré-
pondit-il.
Le Prophète invoqua alors pour lui et pour son
épée.
1
Surnom donné à Abou Al-Aswad, Mouhammad ibn Ab-
derrahman ibn Nawfal ibn Al-Aswad. Son père, Abder-
rahman, avait enjoint Ourwa ibn Zoubayr, dans son testa-
ment, de veiller sur lui.
6
Et Hisham, le fils de Ourwa, rapporte de son
père que Zoubayr était très grand ; ses pieds tou-
chaient le sol lorsqu’il enfourchait une monture.
Aussi, il était particulièrement velu. Sa mère,
Safiya, le frappait sévèrement alors qu’il n’était
qu’un enfant et était orphelin de père. On lui dit
une fois : Tu vas le tuer ou bien causer sa perte !
Elle répondit :
Moi si je le corrige, c’est pour qu’il marche droit
Et conduise une armée, au timbre qui foudroie
Aussi, il cassa, un jour, la main d’un enfant.
On amena donc le garçon auprès de Safiya, tout
en lui narrant l’incident, et celle-ci lui dit :
Comment as-tu trouvé la pierre1
Une saveur particulière
Ou rapide comme l’éclair
Ibn Ishaq a dit : Parmi ceux qui ont embrassé
l’Islam par la cause d’Abou Bakr demeurent –
d’après ce que l’on m’a rapporté : Zoubayr,
Outhman, Talha, Abderrahman et Saad.
Et d’après Oumar ibn Mouss’ab ibn Zoubayr :
Zoubayr combattit au côté du prophète d’Allah
alors qu’il n’avait que dix-sept ans.
1
Zoubayr étant le diminutif de « zabr » en arabe ( )زَ بْرqui
signifie pierre
7
Assad ibn Moussa : Jami’ Abou Salama nous a
rapporté : D’après Ismaïl ibn Abou Khalid :
D’après Al-Bahi qui a dit : Il n’y avait que deux
chevaux, le jour de Badr, au côté du Messager
d’Allah ( )ﷺ: L’un était monté par Zoubayr, sur
l’aile droite de l’armée, et le second par Al-
Miqdad ibn Al-Aswad sur le flanc gauche.
8
Zoubayr demeure parmi ceux qui ont immigré
vers l’Abyssinie d’après ce qu’ont relaté Moussa
ibn Ouqba et Ibn Ishaq. Il n’y est cependant pas
resté longtemps.
1
Ourwa le fils de Zoubayr
2
La mère de Ourwa étant Asma la fille d’Abou Bakr
3
La famille d’Imran, 172
9
toute. ﴾ Ils revinrent donc avec un bienfait de
la part d’Allah et une grâce ; et nul mal ne les
toucha1 ﴿ et ce sans qu’ils n’aient eu à affronter
l’ennemi de nouveau !
1
La famille d’Imran, 174
2
Tribu juive qui s’était alliée, pour combattre les musul-
mans, avec d’autres tribus arabes
10
Et d’autres ont rapporté : D’après Hisham :
D’après son père : D’après Ibnou Zoubayr1 : Le
Messager d’Allah ( )ﷺdit : « Chaque prophète a
un apôtre et mon apôtre à moi est Zoubayr ! »
Abou Mouawiya : D’après Hisham ibn Ourwa :
D’après Ibn Al-Mounkadir : D’après Jabir : Le
Messager d’Allah ( )ﷺa dit : « Zoubayr est mon
cousin germain2 et l’apôtre de ma commu-
nauté ! »
Younous ibn Boukayr : D’après Hisham :
D’après son père : D’après Zoubayr lui-même :
Le Messager d’Allah ( )ﷺme prit par la main et
dit : « À chaque prophète son apôtre et mon
apôtre à moi est Zoubayr le fils de ma tante pa-
ternelle ! »
1
Abd-Allah, le frère de Ourwa
2
Le fils de Safiya, sa tante paternelle
11
Messager d’Allah ( )ﷺdire : « À Chaque pro-
phète son apôtre et mon apôtre à moi est Zou-
bayr ! »
Shaybane et Hammad ibn Salama rapportent
également cette narration dans des termes équi-
valents.
De même que Jarir Ad-Dabbi : D’après Moug-
hira : D’après Oum Moussa qui relate : « Le
meurtrier de Zoubayr demanda la permission
d’entrer… » jusqu’à la suite du récit.
Et Yazid ibn Abou Habib a rapporté, d’après
Marthad Al-Yazani, que le Messager d’Allah
( )ﷺa dit : « Mon apôtre d’entre les hommes est
Zoubayr et celle d’entre les femmes est Aïsha ! »
Ibn Abou Arouba : D’après Ayoub : D’après
Nafi’ : Ibn Oumar entendit, un jour, un homme
appeler une personne « fils de l’apôtre du Mes-
sager d’Allah » ; il dit alors : À condition qu’il
soit de la famille de Zoubayr, sinon non !
Deux rapporteurs dignes de confiance rapportent
ce récit de lui1.
1
C’est-à-dire : de Ibn Abou Arouba
12
Et d’après Mouss’ab Az-Zoubayri, il désigne le
pur.
Quant à Al-Kalbi, il affirma que c’était l’ami in-
time.
1
Abd-Allah
2
Dont la robe et les crins sont de couleur fauve tirant sur
le roux
13
– Sache que ce jour-là le Messager d’Allah ()ﷺ
donna, pour ton père, ses parents en rançon ô
mon fils lorsqu’il dit : « Tire, pour toi mon père
et ma mère ô Zoubayr ! »
1
Hassan ibn Thabit
2
Pièce de mailles portée par le combattant sous son
casque
14
Abou Khaythama : Mouhammad ibn Al-Has-
san Al-Madini nous a rapporté : Oum Ourwa bint
Jafar m’a rapporté : D’après sa sœur Aïsha :
D’après son père : D’après son grand-père Zou-
bayr : Le Messager d’Allah ( )ﷺlui confia, le
jour de la conquête de La Mecque, le gonfalon1
de Saad ibn Oubada. Il pénétra alors dans l’en-
ceinte sacrée arborant deux bannières à la fois.
1
Bannière de guerre qui était suspendue à un fer de lance
15
d’aucune bataille menée par les musulmans ; je
trouvais, dans le pire des cas, les gens sur le che-
min du retour… »
Et At-Thawri a dit : Trois parmi les compagnons
incarnent la bravoure : Hamza, Ali et Zoubayr !
Hammad ibn Salama : D’après Ali ibn Zayd :
Quelqu’un ayant vu Zoubayr m’a rapporté qu’il
avait des traces, sur sa poitrine, en forme d’yeux,
des suites des coups d’épées et de lances qu’il
reçut.
Maamar : D’après Hisham : D’après Ourwa qui
a dit : Zoubayr avait sur son corps trois cicatrices
de coups d’épée. L’une d’entre elles se trouvait
sur son épaule ; j’aurais pu y faire rentrer mes
doigts si je l’avais voulu. Il en reçut deux à Badr
et une lors de la bataille de Yarmouk.
16
Il la sortit alors de son fourreau et vit l’entaille
en question. Il prononça à cet instant le vers sui-
vant : « Sur elles des entailles, marques de leurs
batailles1 »
Puis il la rengaina et me la remit.
Nous évaluâmes2 son prix à 3000 que certains
d’entre nous déboursèrent pour la conserver. Je
regrette de ne pas l’avoir gardée moi-même !
1
Vers de poésie connu
2
Cette parole et la suivante sont de Hisham, le fils de
Ourwa, qui est le rapporteur du récit. (voir Sahih Al-
Boukhari)
17
père, d’après Abou Hourayra, du Prophète ()ﷺ,
avec la mention de Ali en plus.
Et nous avions mentionné, dans la biographie des
Califes bien guidés, les fameux dix compagnons
ayant été promis au Paradis. Nous avions rap-
porté également, dans la biographie de Talha,
que le Prophète ( )ﷺavait dit : « Talha et Zou-
bayr font partie de mon voisinage au Paradis ! »
1
Nom donnée aux saignements de nez dans la terminolo-
gie médicale
18
se rendre au hajj et qu’il proclama ses dernières
volontés.
Un homme de Qouraysh le visita alors et lui de-
manda de désigner son successeur. Outhman
l’interrogea :
– L’ont-ils déjà évoqué ?
– Oui, répondit son visiteur.
– De qui s’agit-il ? demanda Outhman.
L’homme se tut.
Une seconde personne entra alors et Outhman
l’interrogea de la même manière mais celle-ci
garda aussi le silence.
– Est-ce Zoubayr ? demanda Outhman.
– Oui, lui répondirent-ils.
Outhman dit à cet instant : Par celui qui détient
mon âme entre ses mains, il est certes le meilleur
d’entre eux et celui que le Messager d’Allah
( )ﷺaimait le plus !
Abou Marwan Al-Ghassani a également rap-
porté ce récit, d’après Hisham, de manière iden-
tique.
19
ma mort, ou léguer en testament une chose, j’au-
rais désigné Zoubayr ; il est certes un pilier de la
religion ! »
Ibn Ouyaïna : Hisham ibn Ourwa nous a rap-
porté : D’après son père : Sept d’entre les com-
pagnons ont enjoint à désigner Zoubayr comme
calife ; parmi lesquels : Outhman, Ibn Massoud
et Abderrahman1.
Il avait pour habitude de préserver soigneuse-
ment l’héritage des orphelins et subvenait à leurs
besoins de son propre argent.
Ibn Wahb : ‘Amr ibn Al-Harith nous a rap-
porté : Hisham ibn Ourwa m’a rapporté : D’après
son père : Zoubayr partit vers l’Égypte dans le
but de combattre. L’émir qui était alors sur place
lui écrivit : La peste s’y est déclarée, retourne sur
tes pas !
Zoubayr dit alors : Je suis sorti pour l’épée et la
peste à la fois ! Il s’y rendit tout de même et fut
blessé au front mais il en sortit guéri.
1
Ibn Aouf
20
autres compagnons du Messager d’Allah ()ﷺ, à
ne prier que de courtes prières en comparaison
aux autres ?!
Zoubayr lui répondit alors : Nous devançons par
cela les insufflations sataniques !
1
« al-kharaj » dans la terminologie islamique
2
Ibn Thabit, le poète
21
des vers de poésie mais son assemblée ne sem-
blait guère captivée par celui-ci. Zoubayr s’assit
alors avec eux et leur demanda : Qu’avez-vous à
ne donner que si peu d’attention à la poésie d’Ibn
Al-Fouray’a1 ?! Il récitait ses vers en présence du
Messager d’Allah ( )ﷺet le Prophète l’écoutait
attentivement. Il en faisait les éloges et ne s’en
désintéressait pas !
Hassan prononça alors les vers suivants vantant
Zoubayr :
La guidée du Prophète, il a su s’y tenir
Et ses dires d’apôtre, sont conformes à ses actes
La voie du Messager, il la suit tel un pacte
Toujours la vérité, il cherche à soutenir
Le glorieux cavalier, au zèle légendaire
Au combat il se rue, à l’heure des grands jours
Au cœur de la bataille, pour lui aucun détour
Vers la mort il se tient, le premier volontaire
Un homme dont la mère, se nomme Safiya
Éduqué par un lion, dans leur digne demeure
Cousin du Messager, filiation la meilleure
Le secours de l’Islam, son rang lui octroya
Et combien son épée, a bravé de limites
Allah offre ses grâces, et ce abondamment
1
La mère de Hassan ibn Thabit
22
L’œuvre des gens ne vaut, en rien tes compli-
ments
Et mieux quand tu agis, toi fils de Hashimite
23
Nous lisions du temps du Messager d’Allah ()ﷺ,
d’Abou-Bakr, d’Oumar et d’Outhman le verset
suivant :
﴾ Et craigniez une épreuve dont les consé-
quences n’atteindront pas seulement les in-
justes d’entre vous ﴿.
Jamais alors nous ne pensions que nous aurions
nous-même été concernés par celle-ci. Jusqu’au
jour où il arriva ce qu’il arriva…
24
Ad-Doulabi dans son livre La Lignée pure1 :
Ad-Daquiqi nous a rapporté : Yazid nous a rap-
porté : J’ai entendu de Sharik : D’après Al-As-
wad ibn Qays : Quelqu’un m’a rapporté de Zou-
bayr : Je le vis talonner les cavaliers et les trans-
percer un à un avec sa lance. Soudain, Ali l’ap-
pela : « Abou Abd-Allah ! »
Zoubayr se rapprocha alors de lui au point où les
encolures2 de leurs montures se retrouvèrent côte
à côte. Ali lui dit :
– Je t’adjure par Allah : Te souviens-tu du jour
où nous nous prêtions à des confidences ? Le
Messager d’Allah ( )ﷺvint alors à nous et me
dit : Tu te confies à lui ? Par Allah, viendra un
jour où il te combattra injustement !
Aussitôt que Zoubayr entendit cela, il mit une
tape à sa monture et s’en alla sans plus ne retour-
ner au combat.
1
Référence à « Ahl al-bayt » (la famille et les descen-
dants du prophète )ﷺ
2
Cou du cheval
25
confiera à Talha ; quant à toi, quel intérêt as-tu à
combattre ton cousin Ali ?!
Dans d’autres versions que celle d’Abou Shihab,
se trouve l’ajout : Zoubayr fit alors demi-tour
mais Ibn Jourmouz le rattrapa et le tua.
1
Pièces d’or de l’époque
26
Abd-Allah ibn Mouhammad ibn Abdelmalik
Ar-Raqashi relate : D’après son grand-père :
D’après Abou Jarw Al-Mazini qui dit : Je fus té-
moin lorsqu’Ali et Zoubayr se retrouvèrent face
à face. Ali lui dit :
– Ô Zoubayr, je t’adjure par Allah : As-tu en-
tendu le Messager d’Allah ( )ﷺnous informer
que tu me combattrais injustement ?
– Oui, répondit Zoubayr, et je viens seulement de
m’en rappeler !
Puis Zoubayr se retira.
Rapporté par Abou Ya’la dans son mousnad. Ce
récit a également été rapporté sous d’autres
formes ; nous avons mentionnées nombre
d’entre elles dans notre livre Fath Al-Matalib1.
1
Ouvrage de l’imam Dhahabi consacré à Ali ibn Abi Ta-
lib
27
une chose que j’ai entendue du Messager d’Allah
( )ﷺet j’ai juré de ne pas le combattre !
Puis il dit sous forme de vers : Délaisser, pour
Allah, les choses dont je crains les conséquences
est meilleur pour cette vie et pour la religion !
Et on rapporte qu’il prononça également : Je sais
pertinemment – et si seulement ce que je savais
pouvait m’être utile – que la mort est certes
proche de la vie !
Peu après cela, il fut tué par Ibn Jourmouz.
1
Ville du sud de l’Irak, frontalière avec le Koweït, située
à une cinquantaine de kilomètres de Bassora
2
Ma protection
28
ce après qu’il ait poussé les musulmans à se com-
battre les uns les autres par l’épée ?
Oumayr ibn Jourmouz, Fadala ibn Habis et un
homme répondant au nom de Noufay’ les enten-
dirent. Ils partirent aussitôt à sa poursuite et le
trouvèrent, en chemin, avec Naïr.
Oumayr l’attaqua alors par derrière et le poi-
gnarda mais trop faiblement. Zoubayr put se dé-
gager et engager un combat contre lui. Oumayr
savait pertinemment qu’il ne pourrait faire face
et qu’il risquait de se faire tuer ; il appela alors à
la rescousse ses compères Fadala et Noufay’. Ils
se ruèrent ensuite, à trois, sur Zoubayr et le tuè-
rent.
29
l’agrée – et ses hommes restèrent alors à le pleu-
rer ! »
30
Abou Oussama : Hisham ibn Ourwa nous a
informés : D’après son père : D’après Zoubayr :
Je fis face le jour de Badr à Oubayda ibn Saïd ibn
Al-’Ass. Il était entièrement recouvert par ses
équipements et on ne lui voyait que les yeux. Il
avait pour surnom Abou Dhat-Al-Karish. Je fon-
dis alors sur lui muni d’un épieu et le poignardai
dans l’œil, ce qui le tua.
Et l’on m’informa1 que Zoubayr dit aussi : Je mis
mon pied sur lui et m’arc-boutai afin de pouvoir
l’enlever (l’épieu) ; ce que j’eu beaucoup de mal
à faire, sa pointe s’étant tordue.
Ourwa dit : Le Messager d’Allah ( )ﷺdemanda,
par la suite, cet épieu à Zoubayr et ce dernier le
lui offrit. Il le récupéra ensuite à la mort du Pro-
phète ( )ﷺet c’est Abou-Bakr qui, à son tour, le
voulut. Zoubayr le lui remit alors. Lorsqu’Abou-
Bakr mourut, c’est Oumar qui le convoita et Zou-
bayr le lui donna. Puis il le récupéra de nouveau
mais Outhman le sollicita une fois de plus et
Zoubayr le lui remit encore. Lorsqu’Outhman fut
assassiné, la famille d’Ali le récupéra mais Abd-
Allah ibn Zoubayr le leur réclama. Il resta alors
avec lui jusqu’à ce qu’il fut tué.
1
Le propos est de Hisham ibn Ourwa
31
Ce récit est un hadith singulier (gharib) ; Al-
Boukhari étant le seul à l’avoir rapporté.
32
Je dis (Dhahabi) : Cet évènement eut lieu lors de
la bataille de Yarmouk1 insha Allah car Abd-Al-
lah avait, lors de celle-ci, dix ans.
1
Rivière située à l’extrême sud-ouest de la Syrie aux
frontières avec la Jordanie
33
voûte céleste »1 ! Ceci car « ils sont sortis de
l’Islam ». Nous ignorons toutefois le devenir de
ces derniers et n’affirmons pas que l’enfer leur
est voué éternellement. Plutôt, nous nous abste-
nons de nous prononcer quant à leur sort.
Certains composèrent :
La rivière des Fauves, sa dernière demeure
À cet endroit sa tombe, voilà bien le malheur
De peine succombèrent, les remparts de Médine
À l’annonce de cette, nouvelle qui chagrine
1
Les termes usités entre guillemets sont les propos d’un
hadith
2
Ancienne unité de mesure perse qui équivaut à environ
5000 mètres. C’était la distance que l’on pouvait parcou-
rir à pied en une heure.
34
Al-Qahdami relate qu’il avait pour épouses à sa
mort : Asma la fille d’Abou-Bakr, ‘Atika la sœur
de Saïd ibn Zayd, Oum Khalid la fille de Khalid
ibn Saïd et Oum Mouss’ab Al-Kalbiya.
35
fit alors emprisonner et écrivit à son frère pour
savoir comment il devait agir avec lui ? Ce der-
nier lui répondit : Quelle chose mauvaise com-
mettrais-tu ! Crois-tu que je vais tuer un bédouin
pour le compte de Zoubayr ?! Laisse-le partir !
Mouss’ab le libéra alors. Ibn Jourmouz rejoint
ensuite un bastion, dans la région de Sawad1, sur
lequel il y avait une arcade. Il ordonna à un
homme de la faire tomber sur lui ; ce qui causa
sa mort. Il s’était mis, en effet, à détester la vie à
cause des horreurs qui lui étaient montrées en
rêve.
Ibn Qoutayba relate : Mouhammad ibn
Outba nous a rapporté : Abou Oussama nous a
rapporté : D’après Hisham : D’après son père :
Zoubayr laissa derrière lui différents biens pour
une valeur de cinquante millions de dirhams2
ainsi que la même somme en numéraire. Ce récit
a été rapporté tel quel.
Et Ibn Ouyaïna rapporte : D’après Hisham :
D’après son père : Le montant qui fut partagé de
l’héritage de Zoubayr s’élève à quarante mil-
lions.
1
Nom donné à la région de l’Irak conquise du temps du
calife Oumar
2
Pièces d’argent de l’époque
36
Abou Oussama : Hisham ibn Ourwa m’a in-
formé : D’après son père : D’après Ibnou Zou-
bayr qui raconte : Lorsque Zoubayr prit part au
conflit, le jour d’Al-Jamal, il m’appela. Je vins
alors à ses côtés et il me dit :
Ô mon fils, ne sera tué aujourd’hui qu’un homme
injuste ou bien victime d’une injustice. Quant à
moi, je ne me vois mourir, ce jour, que de la se-
conde manière ! Cependant, ce qui constitue ma
plus grande préoccupation, ce sont mes dettes.
Penses-tu qu’après les avoir toutes remboursées
il restera quelque chose de nos biens ? Mon fils,
vends ce que nous possédons et éponge-les dans
leur totalité !
Il légua à cet instant un tiers de ses biens, par tes-
tament, ainsi que le tiers du tiers à Abd-Allah.
Et s’il reste quelque chose après tout cela, qu’un
tiers revienne à tes enfants ! dit-il.
Hisham dit : Certains des enfants d’Abd-Allah –
tels que Khoubayb et ‘Abbad – avaient alors le
même âge que certains des enfants de Zoubayr.
Et il avait à ce moment-là neuf filles.
Abd-Allah dit : Il me chargea alors de régler ses
dettes et me dit : Ô mon fils, si tu rencontres une
quelconque difficulté dans cela, demande de
l’aide à mon allié !
37
Je ne voyais alors pas à qui il faisait allusion
jusqu’à ce que je lui demande :
– Ô mon père, qui est donc ton allié ?
– Allah le Très-Haut ! me répondit-il.
Et par Allah, à chaque fois que je rencontrais une
quelconque difficulté dans le remboursement de
ses dettes, j’invoquais par ces mots : Ô toi l’allié
de Zoubayr, éponge ses dettes ! La situation se
dénouait alors peu de temps après.
Puis Abd-Allah dit : Zoubayr fut tué et ne laissa
ni or, ni argent à l’exception de terres dans la Fo-
rêt1, d’une demeure à Médine, d’une à Bassora,
d’une autre à Koufa et enfin d’une dernière en
Égypte.
Le problème qui était est qu’à chaque fois qu’une
personne venait pour confier de l’argent à Zou-
bayr, ce dernier lui disait : Ceci n’est pas un dé-
pôt mais un prêt ; j’ai trop peur que cet argent se
perde !
Et jamais il n’exerça de fonction en tant que di-
rigeant, percepteur de l’aumône légale, des im-
pôts ou de quoique ce soit d’autre. Tout ce qu’il
a pu acquérir comme biens provenait des
1
Contrée notoire à proximité de Médine
38
batailles qu’il a menées avec le Prophète ()ﷺ,
Abou-Bakr, Oumar ou Outhman.
J’énumérai alors ses dettes et trouvai qu’elles
s’élevaient à deux-millions-deux-cents-mille !
Hakim ibn Hizam Al-Assadi rencontra, par la
suite, Abd-Allah et lui demanda :
– Ô mon neveu, à combien s’élèvent les dettes de
mon frère ?
Abd-Allah les lui cacha, pour commencer, et ré-
pondit :
– À cent-mille !
– Je ne pense pas que vous ayez les moyens de
les recouvrir, lui répliqua Hakim.
– Que dirais-tu alors si elles étaient de deux-mil-
lions-deux-cents-mille !! dit Abd-Allah.
– Je ne vous vois pas capable de rembourser une
telle somme, dit Hakim. Si, à l’avenir, vous n’y
arrivez pas, sollicitez-moi !
Zoubayr avait investi, dans la Forêt, pour un
montant de cent-soixante-dix-mille et Abd-Allah
put revendre le tout pour la somme d’un-million-
six-cents-mille. Puis il dit : Que ceux pour qui
Zoubayr avait une dette nous viennent à la Fo-
rêt !
39
Abd-Allah ibn Jafar se présenta alors. Zoubayr
avait une dette envers lui qui s’élevait à quatre-
cents-mille. Il dit à Ibnou Zoubayr :
– Si tu le souhaites, je m’en désiste pour vous.
– Non, lui répondit Ibnou Zoubayr.
– Attribuez-moi une parcelle de terre, dans ce
cas-là ! dit Abd-Allah ibn Jafar.
– Prends-donc cette partie-là, lui répondit Ibnou
Zoubayr, tout en lui montrant ce qu’il lui avait
attribué.
Ainsi, il la lui vendit en échange de sa dette. Il
restait alors quatre parts et demi.
Al-Moundhir ibn Zoubayr dit alors : Je prends
une part pour cent-mille.
‘Amr ibn Outhman dit également : Je prends une
part pour cent-mille !
Et Ibn Rabi’a dit lui aussi : Je prends une part
pour cent-mille !
Mouawiya demanda ensuite :
– Combien reste-t-il ?
– Une part et demi, lui répondit Abd-Allah.
– Je la prends pour cent-cinquante-mille ! dit
Mouawiya.
40
Plus tard, Ibn Jafar revendit sa part à Mouawiya
pour un montant de six-cent-mille.
Puis, lorsqu’Ibnou Zoubayr en eut fini de régler
les dettes de son père, ses frères lui dirent :
– À présent, partageons l’héritage !
– Non, répondit Abd-Allah, pas tant qu’il ne se
sera pas écoulé quatre années ! Ceci, afin que
ceux pour qui Zoubayr avait une dette puissent
venir nous la réclamer.
Il appelait ainsi, chaque année, au pèlerinage,
pour savoir si Zoubayr avait une dette envers
quelqu’un. Puis, une fois les quatre années ache-
vées, il donna à chacun sa part d’héritage.
Zoubayr avait, à sa mort, quatre épouses. Après
avoir soustrait le tiers, chaque épouse reçut un-
million-cent-mille ; le montant total de sa fortune
étant de cinquante-millions-deux-cents-mille.
41
la femme de Zoubayr, atteignit les quatre-vingt-
mille dirhams1.
Par ailleurs, cette dernière composa l’élégie sui-
vante :
Ibnou Jourmouz parvint, à trahir un héros
Le jour du choc où il, ne tournait point le dos
Ô ‘Amr il fut surpris, ce fut ta seule chance
Il n’aurait pas tremblé, face à tes défaillances
Que ta mère te perde, il n’avait pas d’égal
Parmi tous ceux qui vinrent, jusqu’au plus mati-
nal
Combien a-t-il bravé, de ces intempéries
Tu ne lui as pas nui, fils de truffe pourrie
Par Allah ton seigneur, tu l’as certes tué
Dans l’au-delà t’attend, le dam des meurtriers
1
Pièces d’argent
42
سري أعالم النبالء
LES GRANDES FIGURES DE
L’ISLAM
SHAMS AD-DINE DHAHABI (748 h)
04
1
La consultation qui eut lieu entre six des compagnons
du Prophète ()ﷺ, à la mort d’Oumar, afin de désigner qui
serait le nouveau Calife.
1
Nombre de hadiths ont été transmis par son in-
termédiaire.
Ont rapporté de lui : Ibn ‘Abass, Ibn Oumar et
Anas ibn Malik.
Ses fils : Ibrahim, Abou Salama, ‘Amr et
Mouss’ab des Banou Abderrahman. Ainsi que
Malik ibn Aous et autres qu’eux.
On trouve, conjointement, dans les deux Authen-
tiques, deux hadiths transmis par sa voie. Quant
à Al-Boukhari, seul, il en rapporte cinq de lui. Le
nombre total de ses hadiths, dans le Mousnad de
Baqi1, s’élève à soixante-cinq.
Il s’appelait, avant l’Islam, Abd-‘Amr (ou Abd
Al-Kaaba comme il fut aussi rapporté) mais le
Prophète ( )ﷺle surnomma, par la suite, « Ab-
derrahman ».
Parmi les compagnons qui ont également rap-
porté de lui figurent : Joubayr ibn Mout’im, Jabir
ibn Abd-Allah, Al-Miswar ibn Makhrama et
Abd-Allah ibn ‘Amir ibn Rabi’a.
Il se rendit, avec Oumar, à Al-Jabiya2, sur le côté
1
Ibn Makhlad
2
Village important de l’époque situé à 70 kms environ au
sud de Damas
2
droit de l’armée. Quant à l’expédition de Sargh1,
il se trouvait sur le flanc gauche.
1
Village situé au nord de la péninsule arabique, à proxi-
mité du Sham
2
La lettre ( حqui signifie transfert/changement )تَحْ ِويلest
utilisée par les mouhadithounes (savants spécialistes du
hadith) lorsque ces derniers font mention d’une autre
chaîne de transmission conduisant à un des rapporteurs
du récit.
3
الصوري
4
Savant spécialiste du fiqh
3
Ibrahim ibn Ahmad, l’imam, nous a rapporté :
Ali ibn Harb At-Taï nous a rapporté : Soufiane
ibn Ouyaïna nous a rapporté : D’après ‘Amr ibn
Dinar qui entendit Bajala raconter :
J’exerçais la fonction de scribe auprès de Jaz ibn
Mouawiya, l’oncle d’Al-Ahnaf ibn Qays. La
missive d’Oumar nous parvint alors et ce, un an
environ, avant la mort de ce dernier. Il y figurait
ceci : « Tuez tout sorcier ou sorcière. Séparez les
mazdéens1 mariés avec des membres de leur fa-
mille qui leur sont illicites et interdisez-leur,
lorsqu’ils mangent, d’émettre leurs murmure-
ments2 ! »
Nous exécutâmes alors trois sorciers et nous
nous mîmes à séparer tout individu marié avec
une femme lui étant interdite dans le Livre d’Al-
lah.
Jaz fit, par la suite, préparer un festin auquel il
les convoya à manger. Il posa son épée sur sa
cuisse puis fit apporter, sur un mulet ou deux,
toute une charge de brochettes en argent 3. Ils
mangèrent alors mais sans émettre leurs murmu-
rements.
1
Adeptes du mazdéisme, religion de la perse antique
2
Ceci était un rituel de leur religion.
3
Les mazdéens avaient coutume de manger avec.
4
Et Oumar ne préleva pas la jizya1 sur les maz-
déens jusqu’à ce qu’Abderrahman ibn ‘Aouf at-
teste que le Messager d’Allah ( )ﷺla préleva,
lui-même, sur les mazdéens de Hajar2.
Ce récit est un hadith singulier (gharib), transmis
par la voie de Soufiane, qui figure dans l’Authen-
tique d’Al-Boukhari ainsi que dans les Sounan
d’Abou Dawoud, d’At-Tirmidhi et d’An-Nassaï.
Et nous avons nous-même (Dhahabi) notre
propre chaîne de transmission jusqu’au shaykh3
du shaykh de l’imam Al-Boukhari4. Il est égale-
ment rapporté par Hajjaj ibn Arta, de manière ré-
sumée, d’après ‘Amr.
1
Impôt de capitation
2
Ville populaire du Bahreïn de l’époque
3
Soufiane ibn Ouyaïna
4
Ce qui se nomme dans la science du hadith « al-badal ».
5
Abou Al-Hassan, Ali ibn Ahmad Al-Alaoui
nous a informés : Mouhammad ibn Ahmad Al-
Qati’i nous a narré : Mouhammad ibn Oubayd-
Allah Al-Moujallid nous a narré :
()ح
De même qu’Ahmad ibn Ishaq, l’ascète, nous a
narré : Abou Nasr, Oumar ibn Mouhammad, At-
Taïmi nous a narré : Hibat-Allah ibn Ahmad As-
Shibli nous a narré :
Ils ont dit1 : Mouhammad ibn Mouhammad Al-
Hashimi nous a narré : Abou Tahir Al-Moukha-
lis nous a narré : Abd-Allah Al-Baghawi nous a
rapporté : Abou Nasr At-Tammar nous a rap-
porté : Al-Qassim ibn Fadl Al-Houddani nous a
rapporté : D’après An-Nadr ibn Shaybane qui re-
late : Je demandai à Abou Salama :
Narre-moi quelque chose que tu as entendu de
ton père et que ce dernier rapporte du Messager
d’Allah (! )ﷺ
Il me révéla alors : Mon père m’a rapporté, au
cours d’un Ramadan, que le Messager d’Allah
( )ﷺdit : « Allah vous a prescrit le jeûne du mois
de Ramadan et, quant à moi, j’ai institué ses
1
C’est-à-dire : Al-Moujallid et As-Shibli des deux
chaînes de transmission
6
prières de nuit. Quiconque donc, durant ce mois,
jeûne et prie la nuit, avec foi et en espérant la
récompense divine, sera absous de ses péchés et
se retrouvera comme le jour où sa mère le mit au
monde ! »
Ce récit est un hadith singulier mais bon (hassan
gharib). Il a été rapporté par An-Nassaï d’après
Ibn Rahaway, d’après An-Nadr ibn Shoumayl,
ainsi que par Ibn Majah d’après Yahya ibn Ha-
kim, d’après Abou Dawoud At-Tayalissi ; tous le
tenant d’Al-Houddani.
An-Nassaï précisa par ailleurs : Le plus juste au
sujet du hadith d’Az-Zouhri est qu’Abou Salama
le rapporte d’Abou Hourayra.
7
Alors que nous prîmes part à une assise avec Ou-
mar, ce dernier me questionna :
– As-tu entendu quelque chose du Messager
d’Allah ( )ﷺsur ce que doit faire le musulman
lorsqu’il a un oubli dans sa prière ?
– Par Allah, non ! répondis-je avant de le ques-
tionner à mon tour : L’as-tu entendu, toi, ô Prince
des croyants, ordonner quelque chose à ce sujet ?
– Par Allah, non ! répondit-il également.
Puis, alors que nous en restâmes sur nos réponses
respectives, Abderrahman ibn ‘Aouf vint à nous
et nous demanda : De quoi parliez-vous il y a
peu ?
Oumar l’informa alors de la question qu’il posa
à Ibn Abbas et Abderrahman lui dit :
– Moi, j’ai entendu le Messager d’Allah ( )ﷺor-
donner quelque chose à ce sujet !
– Tu es pour nous un digne de confiance, lui ré-
pondit Oumar avant de l’interroger : Qu’as-tu
donc entendu de lui ?
Abderrahman de répondre alors :
– Je l’ai entendu dire ( )ﷺ: « Lorsque l’un
d’entre vous a un oubli dans sa prière, au point
de ne plus savoir s’il a prié en plus ou en moins,
8
qu’il agisse ainsi : Dans le cas où il ne sait pas
s’il se trouve dans sa première ou dans sa deu-
xième raka, qu’il considère qu’il est dans la pre-
mière. Dans le cas où il ne sait pas s’il est dans
sa deuxième ou dans sa troisième raka, qu’il
considère qu’il est dans la deuxième. Et dans le
cas où il ne sait pas s’il est dans sa troisième ou
bien dans sa quatrième raka, qu’il considère
qu’il est dans la troisième raka ! Ceci, afin qu’il
en ait prié plus que pas assez dans l’éventualité
où il se serait trompé. Après cela, qu’il se pros-
terne deux fois, lorsqu’il est assis, juste avant la
salutation finale. Enfin, qu’il salue normalement
pour clore sa prière. »
Ce hadith est un récit jugé bon, authentifié par
At-Tirmidhi. Ce dernier le rapporte d’après
Boundar : D’après Mouhammad ibn Khalid ibn
‘Athma : D’après Ibrahim ibn Saad.
Quant à notre voie (Dhahabi), elle comporte un
maillon en moins dans la chaîne.
Ce hadith a également été rapporté par le hafizh
Ibn Assakir dans la biographie qu’il a apprêté à
Ibn ‘Aouf et dans laquelle figure la parole sui-
vante d’Oumar : « Informe-nous, tu es pour nous
un digne de confiance que nous agréons ! »
9
(Dhahabi) : Certes, même s’ils sont considérés
comme étant tous de confiance, certains compa-
gnons demeurent plus dignes et plus honorables
que d’autres ! Ce hadith en est la preuve car Ou-
mar se satisfit, ici, de l’information rapportée par
Abderrahman ; ce qu’il ne fit pas dans le récit sur
la permission d’entrer dans les demeures où il
demanda de produire un témoin. Dans le même
registre, Ali ibn Abi Talib déclara : J’avais pour
habitude de faire jurer quiconque voulait me rap-
porter un hadith du Messager d’Allah ()ﷺ.
Quant à Abou Bakr – lui qui prononça la vérité,
il ne m’était pas nécessaire de le lui demander
lorsqu’il me rapportait quelque chose, véridique
qu’il était !
Et Allah est plus savant.
1
Ibn Bakkar
10
Ibn Ishaq et Ibn Saad ont également attesté de
cette filiation. Quant à Al-Boukhari et Al-Fas-
sawi, à l’instar d’Ourwa et d’Az-Zouhri avant
eux, ils n’ont pas fait mention d’Abd dans la gé-
néalogie d’Abderrahman.
Pour Al-Haytham As-Shashi, Abou Nasr Al-Ka-
labadhi et d’autres, il s’agit en fait de : Abd-
‘Aouf ibn Abd Al-Harith ibn Zouhra.
La mère d’Abderrahman se nomme, quant à elle,
As-Shifa bint ‘Aouf ibn Abd ibn Al-Harith ibn
Zouhra comme l’ont mentionné un groupe de sa-
vants.
Et Abou Ahmad Al-Hakim a dit : « Sa mère est
Safiya bint Abd-Manaf ibn Zouhra ibn Kilab. Et
il a été dit également : As-Shifa bint ‘Aouf. »
11
de longs cils, et le nez busqué. Il avait également
de très grandes canines supérieures susceptibles
de lui blesser la lèvre du bas ! Ses cheveux lui
arrivaient en dessous des oreilles. Il avait un long
cou et le dos très large.
Et Ziyad Al-Bakkaï rapporte, d’après Ibn Ishaq :
Il n’avait plus d’incisives centrales, était gaucher
et, en plus de cela, il boitait ! Il perdit ses dents
au combat, le jour d’Ouhoud, lors duquel il reçut
une vingtaine de coups. Certaines d’entre elles le
touchèrent au pied, ce qui provoqua son handi-
cap et le fit boiter.
Al-Waqidi : Abd-Allah ibn Jafar nous a rap-
porté : D’après Yaqoub ibn Outba qui a dit : Ab-
derrahman était un homme grand de taille. Il
avait un beau visage aux traits fins. Il était légè-
rement vouté, blanc de peau, le teint rosé. Il ne
teignait pas ses cheveux blancs.
12
quelconque mérite dans les deux exodes (hijra)
que ce shaykh a accomplies ! »
Le même récit a été rapporté par Al-Aqadi :
D’après Abd-Allah ibn Jafar : D’après Abder-
rahman ibn Houmayd ibn Abderrahman :
D’après son père : D’après Al-Miswar ibn
Makhrama.
13
– Non, je t’en remercie. Indique-moi plutôt où se
trouve le marché ! lui répondit Abderrahman.
(Jusqu’à sa parole)
Son argent fructifia à tel point qu’il fit importer,
un jour, sept-cents montures transportant du blé,
de la farine et d’autres denrées alimentaires.
Lorsque le convoi pénétra Médine, un bruit
sourd se fit entendre !
Aïsha fut informée de ce dont il s’agissait et elle
dit alors : J’ai entendu, à ce propos, le Messager
d’Allah ( )ﷺdire : « Abderrahman ne rentrera
au paradis qu’à quatre pattes ! »
Lorsque ce récit parvint à Abderrahman, ce der-
nier dit : « Ô mère, sois témoin que j’apprête le
convoi dans son entièreté pour la voie d’Allah,
marchandises et bâts compris ! »
Rapporté par Ahmad dans son mousnad, d’après
Abdessamad ibn Hassan, d’après Oumara. Il pré-
cisa aussi concernant ce hadith : ceci est un récit
discordant (mounkar).
Je dis (Dhahabi) : On trouve, dans la version
d’Ahmad, les termes suivants :
Aïsha dit : J’ai entendu le Messager d’Allah ()ﷺ
dire : « Certes, j’ai vu Abderrahman rentrer au
paradis à quatre pattes ! »
14
Lorsque ceci parvint à Abderrahman, il dit : « J’y
entrerai debout tant que possible ! » Il fit alors
don de son convoi, marchandises et bâts compris,
pour la voie d’Allah.
1
Autorisation donnée à l’élève de transmettre d’après son
maître sans forcément l’avoir entendu
2
Al-Kindi ainsi qu’Abou Al-Faraj Al-Jawzi
15
(Jusqu’à sa parole)
C’est alors qu’Abderrahman ibn ‘Aouf tardait à
venir. Puis, au moment où j’eu désespéré qu’il
nous rejoigne, il arriva enfin ! Je lui dis :
– Abderrahman ?
– Pour toi mon père et ma mère ô Messager d’Al-
lah, j’ai bien cru que je ne te reverrai jamais ! ré-
pondit Abderrahman.
– Que s’est-il passé ? lui demanda le Prophète
()ﷺ.
– Il s’agit de ma fortune ; j’ai été longuement et
minutieusement interrogé sur celle-ci ! expliqua
Abderrahman.
16
Je dis (Dhahabi) : Quant à An-Nassaï, il ne l’es-
tima pas parmi les rapporteurs sur lesquels il
convient de s’appuyer.
Quoiqu’il en soit, même si Abderrahman eut mis
du temps à rejoindre le Messager d’Allah ( )ﷺà
cause du questionnement dont il fut l’objet, puis
qu’il entra au Paradis à quatre pattes – ceci de
manière métaphorique et imagée, son rang au Pa-
radis n’en est pas pour autant inférieur à celui
d’Ali ou Zoubayr. Qu’Allah soit satisfait d’eux
tous !
17
d’Al-Moughira ibn Shou’ba, ce dernier fut ques-
tionné :
– Est-ce que quelqu’un de cette communauté a
guidé le Prophète ()ﷺ, dans sa prière, en dehors
d’Abou Bakr ?
– Oui ! répondit-il. Puis Il mentionna qu’un jour
le Prophète ( )ﷺfit ses ablutions en passant ses
mains mouillées sur ses bottines et son turban et
pria une raka de la prière du soubh derrière Ab-
derrahman ibn ‘Aouf. J’étais avec lui, dit Al-
Moughira, et nous rattrapâmes, tous deux, la raka
que nous eûmes manquée.
Ce récit est également rapporté par Houmayd At-
Tawil, d’après Bakr ibn Abd-Allah : d’après
Hamza ibn Al-Moughira : D’après son père.
18
Ahmad dans le Mousnad : D’après Al-Haytham
ibn Kharija : D’après Rishdine : D’après Abd-
Allah ibn Al-Walid qui entendit Abou Salama, le
fils d’Abderrahman, rapporter ce hadith de son
père.
En fait aussi mention : Hisham : D’après Qa-
tada : D’après Al-Hassan : D’après Al-Moughira
ibn Shou’ba.
De même Zourara ibn Awfa qui relate, d’après
Al-Moughira ibn Shou’ba, que le Messager
d’Allah ( )ﷺpria derrière Abderrahman ibn
‘Aouf.
Il est aussi parvenu par la voie de Khoulayd ibn
Da’laj : D’après Al-Hassan : D’après Al-Moug-
hira. Ceci étant, Al-Hassan est un rapporteur fai-
sant usage de subterfuges dans ses récits (mou-
dalis) et il n’a pas entendu d’Al-Moughira.
19
Farwata ibn Qays : D’après ‘Ata ibn Abou Ra-
bah : D’après Ibnou Oumar.
1
Pièces d’or de l’époque
20
son père à qui le Messager d’Allah ( )ﷺdit :
– Ô Ibnou ‘Aouf, tu comptes parmi les riches et
tu n’accèderas au Paradis qu’en rampant ; fais-
donc un bon prêt à Allah le Très-haut et il dé-
liera, par cela, tes pieds !
– Quel prêt dois-je lui vouer ô Messager d’Al-
lah ? demanda alors Abderrahman.
Le Prophète ( )ﷺl’informa par la suite que Jibril
vint le voir et lui dit : « Ordonne-lui de remplir
son devoir d’hospitalité envers l’hôte, de dépen-
ser même en temps de malheur et de nourrir l’in-
digent ! »
21
pieds, par la grâce d’Allah, et lui permit de
compter parmi les héritiers du Firdaous. Il en sor-
tit ainsi, au final, sans dommage.
22
– Non, Dieu soit loué, répondit-elle, cependant je
ne répondrai à plus personne concernant cela
après toi !
Ce récit a également été rapporté par Ahmad,
d’après Abou Mouawiya : D’après Al-A’mash
qui dit : D’après Shaqiq : D’après Oum Salama.
1
(Moud en arabe) : unité de mesure, utilisée à l’époque,
qui équivaut à ce qui peut être contenu dans le creux
formé par les paumes des deux mains placées côte à côte
23
Abou Ismaïl le Précepteur : D’après Ismaïl
ibn Abou Khalid : D’après Sha’bi : D’après Ibn
Abou Awfa qui relate : Un jour, Abderrahman
ibn ‘Aouf se plaignit de Khalid auprès du Mes-
sager d’Allah ()ﷺ. Ce dernier lui dit alors :
– Ô Khalid, ne cause pas de tort à un homme qui
a participé à la bataille de Badr car certes si tu
dépensais en aumône l’équivalent, en or, du
mont Ouhoud, cela ne pourrait équivaloir à ce
qu’il a accompli !
– Ô Messager d’Allah, je ne fais que répondre à
leurs provocations ! dit Khalid.
– Ne causez pas de tort à Khalid, dit alors le Pro-
phète ()ﷺ, il est certes un sabre parmi les sabres
divins qu’Allah a apprêtés pour les mécréants !
Rabi’ ibn Tha’lab est le seul à rapporter ce récit
d’Al-Mouaddib (le Précepteur). Jarir ibn Hazim
l’a, quant à lui, rapporté d’après Al-Hassan mais
sans la mention du compagnon détenteur du ha-
dith (moursal).
24
Talha, Zoubayr, Saad et Abderrahman ibn ‘Aouf,
sur le mont Hira, il dit : « Du calme Hira ! Ne
sillonnent ton écorce qu’un prophète, un véri-
dique et un martyr ! »
Saïd mentionna, à cette occasion, qu’il faisait
partie lui aussi du groupe.
Jarir, Houshaym, Abou Al-Ahwas et Al-Abbar le
rapportent également de cette manière, d’après
Houssayn.
Le rapportent, aussi, les auteurs des Quatre sou-
nans et autres qu’eux par la voie de Shou’ba.
Quant à Ibn Idriss et Waki’, ils le rapportent
d’après Soufiane : D’après Mansour : D’après
Hilal ibn Yassaf.
Abou Dawoud dit à propos de ce hadith : Il est
également rapporté par Al-Ashja’i : D’après
Soufiane : D’après Mansour : D’après Hilal :
D’après Ibn Hayan : D’après Abd-Allah ibn Zha-
lim : D’après Saïd.
Qassim Al-Jarmi vient appuyer cette dernière
voie (moutaba’a) le rapportant lui aussi de Sou-
fiane.
Et le récit a été authentifié par At-Tirmidhi.
25
Il est également parvenu par la voie suivante :
D’après Soufiane : D’après Mansour et Hous-
sayn : D’après Hilal : D’après Saïd.
26
Maamar : D’après Az-Zouhri : Oubayd-Allah
ibn Abd-Allah m’a rapporté ceci : Alors que le
Messager d’Allah ( )ﷺdistribuait, un jour, de ses
grâces à un groupe d’individus dont Abderrah-
man ibn ‘Aouf faisait partie, il ne donna étrange-
ment rien à ce dernier. Abderrahman ibn ‘Aouf,
les larmes aux yeux, quitta alors le groupe. Il ren-
contra, par la suite, Oumar qui lui demanda :
– Qu’est-ce qui t’attriste autant ?
Abderrahman ibn ‘Aouf lui expliqua alors ce que
le Prophète ( )ﷺvenait de faire et dit :
– Je crains qu’il ait agit ainsi envers moi à cause
d’une rancœur qu’il me porte !
Oumar rapporta alors ceci au Prophète ( )ﷺet ce
dernier expliqua son geste en disant :
– Non, c’est simplement que sa foi ne le nécessi-
tait pas !
27
Abd-Allah ibn Jafar Az-Zouhri relate : Oum
Bakr, la fille d’Al-Miswar, nous a rapporté
qu’Abderrahman vendit une terre à Outhman
pour la somme de quarante-mille dinars1. Il dis-
tribua ensuite son montant aux pauvres des Ba-
nou Zouhra, aux Mouhajirounes et aux Mères
des croyants.
Puis Al-Miswar de raconter : J’apportai alors à
Aïsha sa part et cette dernière me questionna :
– De qui cela provient-il ?
– D’Abderrahman ! lui répondis-je. C’est alors
qu’elle me dit :
– J’ai certes entendu le Messager d’Allah ()ﷺ
dire : « Ne vous prendront en compassion après
ma mort que les véritables endurants ! »
Et Aïsha de conclure par ces mots : Qu’Allah
abreuve Ibnou ‘Aouf de l’eau délicieuse du pa-
radis ! (Salsabil)
Rapporté par Ahmad dans son mousnad.
1
Pièces d’or de l’époque
28
leur dit : « Seuls les endurants et véridiques,
après ma mort, me préserveront en ce qui vous
concerne ! »
1
La consultation qui eut lieu entre six des compagnons
du Prophète ()ﷺ, à la mort d’Oumar, afin de désigner qui
serait le nouveau Calife.
29
ibn Mihrane : D’après Ibnou Oumar : Abderrah-
man dit aux membres de la Consultation :
– M’autorisez-vous à désigner l’un d’entre vous
et, dans le même temps, à moi-même m’en dé-
sister ?
– Bien-sûr, répondit Ali, et je demeure le premier
à l’accepter ; j’ai certes entendu le Messager
d’Allah s’adresser à toi en te disant : « Tu es un
digne de confiance pour les gens du ciel et ceux
de la Terre à la fois ! »
Rapporté par As-Shashi dans son mousnad.
Abou Moualla, quant à lui, est un rapporteur
faible.
30
Abderrahman lui répondit alors par les mots sui-
vants :
– Puisse ta mère te perdre ! Nul n’accèdera à
cette fonction, après Oumar, sans qu’il ne soit as-
sujetti au blâme des gens !
Abou Ouways Abd-Allah a appuyé ce récit
(moutaba’a) en le rapportant également par la
voie d’Az-Zouhri.
31
Ibn Wahb : Ibn Lahi’a nous a rapporté :
D’après Yahya ibn Saïd : D’après Abou Oubayd
ibn Abd-Allah ibn Abderrahman ibn Azhar :
D’après son père : D’après son grand-père :
Lorsqu’Outhman fut pris, à répétition, par ses
saignements de nez, il convoqua Houmrane et lui
commanda ceci :
– Écris le nom de mon successeur : il s’agit
d’Abderrahman !
Houmrane se rendit alors auprès d’Abderrahman
pour lui annoncer cela :
– Me voilà porteur d’une excellente nouvelle !
lui dit-il.
– De quoi s’agit-il ? lui demanda Abderrahman.
– Outhman t’a désigné comme étant son succes-
seur au titre de Calife ! répondit Houmrane.
Abderrahman se leva alors, entre la tombe et le
minbar du Prophète ()ﷺ, puis il invoqua en ces
termes : « Ô Allah, si Outhman m’a désigné
comme étant son successeur au titre de Calife,
alors fait que je meurs avant lui ! »
Six mois à peine s’écoulèrent après cet évène-
ment et Allah reprit son âme.
32
Yaqoub ibn Mouhammad Az-Zouhri : Ibra-
him ibn Mouhammad ibn Abdelaziz nous a rap-
porté : D’après un homme : D’après Talha ibn
Abd-Allah ibn ‘Aouf qui relate : Les gens de Mé-
dine dépendaient tous d’Abderrahman ibn
‘Aouf : À un tiers d’entre eux, il prêtait de l’ar-
gent. À un autre tiers, il épongeait les dettes.
Quant au dernier tiers, il le gratifiait de présents !
33
Shouaïb ibn Abou Hamza : D’après Az-
Zouhri : Ibrahim ibn Abderrahman m’a rap-
porté le récit suivant : Alors qu’il était gravement
malade, Abderrahman ibn ‘Aouf perdit connais-
sance à tel point que ses proches crurent qu’il
était décédé. Ils recouvrirent alors son corps puis
se retirèrent un à un lorsque, tout à coup, il reprit
ses esprits et prononça le takbir : Allah akbar !
Aussitôt, sa famille reprit derrière lui la formula-
tion et dit : Allah akbar ! Puis Abderrahman leur
demanda :
– Ai-je perdu connaissance il y a peu ?
– Oui, répondirent-ils.
– Vous dites vrai ! leur dit Abderrahman.
Puis de continuer : Deux hommes – à l’air rude
et sévère – me prirent, pendant mon coma, et
m’annoncèrent :
– Suis-nous, nous t’emmenons comparaître de-
vant le Loyal et Tout-Puissant !
Ils m’emmenèrent alors jusqu’à ce que nous ren-
contrions un homme, sur notre chemin, qui leur
demanda :
– Où donc vous dirigez-vous avec lui ?
34
– Nous l’emmenons comparaître devant le Loyal
et Tout-Puissant ! répondirent les deux bour-
reaux.
– Faites demi-tour ! leur dit alors l’homme avant
d’ajouter : Il fait partie de ceux pour qui Allah a
prescrit la félicité et le pardon alors qu’ils se
trouvaient encore dans le ventre de leurs mères !
Ses enfants profiteront encore de lui jusqu’à ce
qu’Allah le décide !
Il resta alors en vie, après cet évènement, un mois
durant.
Rapporté par Az-Zoubaydi et un groupe de sa-
vants, d’après Az-Zouhri. Saad ibn Ibrahim le
rapporte également, d’après son père.
1
Pièces d’or de l’époque
35
cents dinars. Outhman, qui en faisait partie, les
accepta lui aussi.
Et d’après une autre chaîne de transmission, tou-
jours selon Az-Zouhri : Abderrahman légua
mille chevaux pour la voie d’Allah !
1
Planche avec laquelle les morts et les blessés sont trans-
portés.
36
d’Abderrahman se partagèrent s’éleva à trois-
cent-vingt-mille !
Layth ibn Abou Mouslim a rapporté la même
chose, d’après Moujahid.
L’auteur de « L’histoire de Damas » a certes
compilé les narrations d’Abderrahman en quatre
livrets.
Et lorsqu’il immigra à Médine (hijra), il y entra
pauvre ne possédant rien. Le Messager d’Allah
( )ﷺlui désigna alors pour frère de foi Saad ibn
Rabi’, un des chefs de la ville. Ce dernier lui pro-
posa sur-le-champ de lui faire grâce de la moitié
de sa fortune et de divorcer la plus belle de ses
deux femmes pour la lui donner ! Abderrahman
refusa toutefois et lui dit : « Qu’Allah te bénisse,
toi, ta famille et tes biens ! Montre-moi plutôt où
se trouve le marché ! »
Il se mit alors à acheter et à vendre puis à récolter
des bénéfices. C’est ainsi qu’en peu de temps, il
se retrouva avec de l’argent.
Il épousa alors une femme pour qui il donna une
pépite d’or en guise de dot. À cette occasion, le
Prophète ()ﷺ, ayant vu sur lui des traces de tein-
ture corporelle, lui dit : « Organise un repas de
noce ne serait-ce qu’en égorgeant un mouton ! »
37
Puis ses affaires dans le commerce prirent l’am-
pleur qu’on leur connait...
Al-Madaïni, Al-Haytham ibn ‘Adi et d’autres
savants ont daté sa mort à l’an 32. Al-Madaïni
mentionna qu’on l’enterra au Baqi’. Quant à Ya-
qoub ibn Al-Moughira, il prétendit qu’Abderrah-
man était âgé, à sa mort, de soixante-quinze ans.
Abou Oumar ibn Abd Al-Barr écrivit à son
propos : Le commerce lui réussit. Il légua mille
chameaux, trois-mille ovins et cent chevaux ! Il
avait aussi des plantations, au Jourf1, dont l’irri-
gation nécessitaient la mobilisation de vingt
bêtes de somme !
Je dis (Dhahabi) : Abderrahman est l’exemple
parfait de l’homme reconnaissant bien que for-
tuné. Quant à Ouways, sa personne incarne le
pauvre endurant. Abou Dharr – ou bien Abou
Oubayda – sont, pour leur part, le modèle de l’as-
cétisme et de la probité !
Houssayn Al-Jou’fi : D’après Jafar ibn Bourqane
qui relate : Il m’est parvenu qu’Abderrahman ibn
‘Aouf affranchit de l’esclavage trente-mille
foyers !
1
Endroit situé en périphérie de Médine devenu, à notre
époque, un quartier à part entière de la ville.
38
سري أعالم النبالء
LES GRANDES FIGURES DE
L’ISLAM
SHAMS AD-DINE DHAHABI (748 h)
05
1
La consultation qui eut lieu entre six des compagnons
du Prophète ()ﷺ, à la mort d’Oumar, afin de désigner qui
serait le successeur de ce dernier au poste de Calife.
1
Saad a transmis une quantité non négligeable
de hadiths. On en dénombre, conjointement dans
les Deux Authentiques, quinze. Par ailleurs, Al-
Boukhari, seul, en a rapporté de lui cinq et Mou-
slim seul en a, quant à lui, rapporté dix-huit.
2
‘Aoun qui a dit : J’ai entendu Jabir ibn Samoura
rapporter qu’Oumar dit à Saad :
– Ils se plaignent de toi dans absolument tout
jusqu’à dans ta façon de guider la prière !
– Quant à moi, j’allonge les deux premières et je
raccourci les deux suivantes ! répondit alors
Saad avant d’ajouter : Et je n’ai nullement l’in-
tention de délaisser ce qu’il m’est possible de
mettre en pratique de la prière du Messager d’Al-
lah (! )ﷺ
– C’est bien cette opinion que nous nous faisions
de toi ! conclut Oumar tout en l’acquiesçant.
Le nom d’Abou ‘Aoun At-Thaqafi est Mouham-
mad ibn Oubayd-Allah.
Quant au récit, il figure dans les Deux Authen-
tiques.
1
C’est-à-dire : par la voie de Mouhammad ibn Abdessa-
lam ibn Al-Moutahir
3
Outhman, dans la mosquée, et je lui adressai le
salam. Ce dernier, bien qu’ayant posé son regard
grand sur moi, ne me rendit toutefois pas la salu-
tation !
J’allai alors voir Oumar pour l’en informer et lui
dis :
– Ô Prince des croyants, est-ce que quelque
chose dans l’Islam a changé ?
– Comment ça ? s’étonna-t-il.
– En effet, je viens de croiser Outhman, l’ai salué
mais ce dernier ne m’a pas répondu ! Lui expli-
quai-je alors.
Oumar fit aussitôt appeler Outhman et, lorsque
ce dernier arriva, il lui demanda :
– Qu’est-ce qui t’a empêché de rendre la saluta-
tion à ton frère ?
– Aucunement ! répondit Outhman, semblant
nier cet agissement.
– Bien sûr que oui ! Lui rétorquai-je alors.
Outhman alla alors jusqu’à jurer et je jurai donc
à mon tour quand soudain, il retrouva ses esprits
et dit :
– Ça y est, je me rappelle ! Qu’Allah me par-
donne et accepte mon repentir ! Nous nous
4
sommes croisés, il y a peu, mais je méditais sur
une parole que j’ai entendu du Messager d’Allah
( ; )ﷺpar Allah, à chaque fois que je me la remé-
more, mon esprit et mon cœur s’envolent !
– Laisse-moi te dire de quoi il s’agit ! lui dis-je
alors avant de lui narrer le récit : Un jour, le Mes-
sager d’Allah ( )ﷺmentionna une invocation
mais il fut interrompu par un bédouin qui l’oc-
cupa du reste. Lorsqu’il eut terminé avec celui-
ci, il se leva ( )ﷺet c’est alors que je me mis à le
suivre. Puis, au moment où j’eus craint qu’il
rentre chez lui, je tapai le sol avec mon pied et il
se retourna. Il me dit alors :
– Abou Ishaq ?
– Oui, c’est moi ô Messager d’Allah ! répondis-
je.
– Que se passe-t-il ? me demanda-t-il.
– Rien de grave, le rassurai-je avant de lui expli-
quer : C’est simplement que tu as évoqué une in-
vocation mais le bédouin est arrivé à ce moment-
là…
– Oui, il s’agit de l’invocation du prophète de la
baleine : ﴾ Il n’y a de dieu que toi, gloire à toi,
j’étais certes du nombre des injustes ﴿ ; en effet,
nulle âme musulmane n’invoque son seigneur
5
par celle-ci sans qu’Allah ne l’exauce ! répondit
alors le Prophète ()ﷺ.
Rapporté par At-Tirmidhi par la voie d’Al-Fi-
ryabi, d’après Younous.
1
Nom d’un village situé au sud de l’actuelle Jordanie ;
c’est là qu’eut lieu le célèbre arbitrage entre Ali et Moua-
wiya.
2
Situé au nord de la péninsule arabique à proximité du
Sham
6
Saad répondit alors :
– Je suis certes plus versé en science qu’eux !
1
L’arbitrage qui eut lieu entre Ali et Mouawiya et qui fut
dirigé par ‘Amr ibn Al-‘Ass et Abou Moussa Al-Ashari.
7
Ibn Ouyaïna : D’après Ali ibn Zayd : D’après
Saïd ibn Al-Moussayb : D’après Saad qui dit :
J’ai interrogé le Messager d’Allah ( )ﷺ:
– Qui suis-je ?
– Saad ibn Malik ibn Wouhayb ibn Abd-Manaf
ibn Zouhra, répondit-il ( )ﷺavant d’ajouter :
Quiconque prétend le contraire encoure la malé-
diction d’Allah !
1
L’historien et rapporteur de hadiths
2
Célèbre fleuve de Médine qui prend sa source à une
centaine de kilomètres au sud de la ville
3
À l’époque de l’auteur, le mile équivalait approximati-
vement à 1,8 kilomètres.
8
père était petit de taille, ventru et fort. Il avait une
grosse tête et de gros doigts. Son corps était par-
ticulièrement velu. Il avait également pour habi-
tude de teindre ses cheveux en noir.
Quant à Ismaïl ibn Mouhammad ibn Saad, il a
dit : Saad avait les cheveux bouclés et une abon-
dante pilosité. Sa peau était basanée. Il avait le
nez plat et était grand de taille.
9
resté sept jours en constituant, durant cette pé-
riode, le tiers de l’Islam !
Et Youssouf ibn Al-Majishoune rapporte : J’ai
entendu Aïsha la fille de Saad dire : Mon père
demeura toute une journée, jusqu’au coucher du
soleil, en constituant à lui seul le tiers de l’Islam !
10
Et Al-Mass’oudi rapporte d’après Al-Qassim
ibn Abderrahman : Saad est le premier homme à
avoir décoché une flèche dans la voie d’Allah !
Il faisait partie des oncles maternelles du Pro-
phète ()ﷺ.
11
une troisième fois, et Saad, de nouveau, prit la
flèche, la tira et atteint sa cible qui s’écroula. Les
gens furent époustouflés par son action !
La chaîne de ce récit est discontinue.
12
parents en rançon pour personne d’autre que
Saad ! », il l’a rapporté via seize voies diffé-
rentes. Cette dernière a été transmise par Miss’ar,
Shou’ba et Soufiane, d’après Saad ibn Ibrahim,
d’après Ibn Shaddad.
1
Personne qui émigre. Ici, il s’agit de l’exode accomplie
par les compagnons du Messager d’Allah ( )ﷺde La
Mecque vers Médine.
13
Al-A’mash : D’après Ibrahim : Abd-Allah
ibn Mass’oud a dit : J’ai vu Saad, le jour de Badr,
combattant tel un cavalier faisant rage au sein
d’une troupe de fantassins !
Certains ont également rapporté ce récit d’après
Al-A’mash : D’après Ibrahim : D’après Alqama.
14
Le Messager d’Allah ( )ﷺme munit, le jour
d’Ouhoud, de tout ce que contenait son carquois
et me dit : « Tire, pour toi mon père et ma
mère ! »
Ce récit nous a été narré par Ahmad ibn Salama :
D’après Ibn Koulayb : Ibn Bayan nous a narré :
Ibn Makhlad nous a narré : Ismaïl As-Saffar
nous a informés : Al-Hassan ibn Arafa nous a
rapporté : Marwan nous a rapporté… jusqu’à la
suite du récit.
15
Le Messager d’Allah ( )ﷺs’endormit alors serei-
nement au point où je pus même l’entendre ron-
fler !
16
dit : J’ai certes vu rire le Messager d’Allah ()ﷺ
aux éclats, le jour d’Al-Khandaq1, jusqu’à en
apercevoir ses molaires !
En effet, il y avait un combattant parmi l’ennemi
qui se protégeait le visage à l’aide d’un bouclier ;
tantôt il l’abaissait et découvrait son front pour
regarder, tantôt il le remontait pour couvrir sa fi-
gure. Saad arma alors son arc et, au moment où
l’homme baissa son bouclier, il lui décocha une
flèche qui vint le frapper de plein fouet dans la
tête. L’homme tomba à la renverse, le pied en
l’air, et ceci fit rire aux éclats le Messager d’Al-
lah ( )ﷺà tel point que l’on en vit ses molaires !
1
La bataille du Fossé
17
– Il insulte Ali ibn Abi Talib ! répondit alors Al-
Moughira.
– Ô Moughir ibn Shouayib, ô Moughir ibn
Shouayib ! s’exclama Saïd avant de continuer :
Les compagnons du Messager d’Allah ( )ﷺse
font insulter en ta présence et tu ne blâmes pas
cela ni ne corriges ?! Quant à moi, je témoigne
de ce que mes oreilles ont entendu et de ce que
mon cœur a pu imprégner du Messager d’Allah
( ; )ﷺet jamais je ne proférerai un seul mensonge
à son encontre ! Certes, celui-ci déclara :
« Abou Bakr est au Paradis, Oumar est au Para-
dis, Ali est au Paradis, Outhman est au Paradis,
Talha est au Paradis, Zoubayr est au Paradis,
Abderrahman est au paradis et Saad ibn Malik
est au paradis ! »
Quant au neuvième croyant venant après ces
huit, le Paradis lui est lui aussi promis et, si je
l’avais voulu, je l’aurais cité ! ajouta Saïd. Un
brouhaha se fit alors entendre dans la mosquée et
les gens implorèrent Saïd qu’il leur cite le nom
de ce neuvième. Il répondit alors :
Vous m’avez imploré, il y a peu, par Allah et
certes Allah est immense : C’est moi qui suis ce
neuvième ! Puis Saïd de dire : Et le Messager
d’Allah ( )ﷺdemeure, quant à lui, le dixième !
18
Puis Saïd de conclure : Par Allah, une seule ba-
taille menée avec le Messager d’Allah ( )ﷺa
plus de poids que toutes vos œuvres réunies et ce
même s’il vous était accordé de vivre la vie que
Nouh a vécue !
Rapporté par Abou Dawoud, An-Nassaï et Ibn
Maja par la voie de Sadaqa.
19
Ibn Abou Foudayk : Moussa ibn Yaqoub nous a
rapporté : D’après Oumar ibn Saïd ibn Sourayj à
qui Abderrahman ibn Houmayd a rapporté :
D’après son père Houmayd ibn Abderrahman :
Saïd ibn Zayd m’a rapporté alors que nous étions
avec lui en petit groupe : Certes, le Messager
d’Allah ( )ﷺa dit : « Dix sont au Paradis : Abou
Bakr est au Paradis, etc. » et il cita parmi eux
Abou Oubayda.
Ibn Ouyaïna : D’après Souayr ibn Al-Khims :
D’après Habib ibn Abou Thabit : D’après Ibn
Oumar : Le Messager d’Allah ( )ﷺa dit : « Dix
d’entre les Qourashites sont au Paradis… » puis
il les cita un à un.
20
étonné que celui-ci insulte Ali de la sorte !?
Certes, je témoigne des dires du Messager d’Al-
lah ()ﷺ, alors que nous nous trouvions sur le
mont Hira (ou bien le mont Ouhoud) : « Du
calme ô Hira (ou Ouhoud), ne parcourent ton
écorce qu’un prophète, un véridique et un mar-
tyr ! » Puis Saïd cita le Prophète ()ﷺ, Abou
Bakr, Oumar, Outhman, Ali, Talha, Zoubayr,
Saad, Abderrahman et sa propre personne.
Qu’Allah soit satisfait d’eux tous !
Ce récit jouit de plusieurs voies ; parmi celles-
ci : ‘Assim ibn Ali : Mouhammad ibn Talha nous
a rapporté : D’après son père : D’après Hilal ibn
Yassaf : D’après Saïd directement avec les
termes : « Calme-toi ô Hira ».
21
Ouways se rendit, un jour, auprès de Mouham-
mad ibn ‘Amr ibn Hazm et déclara :
– Saïd ibn Zayd ibn ‘Amr ibn Noufayl a érigé
une digue sur mon terrain ! Va le voir et parle-
lui. Par Allah, s’il ne me restitue pas mon bien,
je crie au scandale dans la mosquée du Prophète
(! )ﷺ
– Ne fais pas cela ; il est un compagnon du Mes-
sager d’Allah ! Je suis certain qu’il ne te causera
aucun tort et ne prendra pas ce qui ne lui appar-
tient pas ! lui répondit Ibn ‘Amr.
Arwa se retira alors et se rendit, après cela, au-
près d’Oumara ibn ‘Amr et d’Abd-Allah ibn Sa-
lama. Elle leur affirma la même chose :
– Allez voir Saïd ibn Zayd car il m’a porté pré-
judice ! Celui-ci a construit une digue sur mon
terrain ! Par Allah, s’il ne rectifie pas cela, je vais
crier au scandale dans la mosquée du Messager
d’Allah (! )ﷺ
Oumara et Abd-Allah s’en allèrent alors voir
Saïd, dans sa demeure, près d’Al-Aqiq1. En arri-
vant près de lui, ce dernier leur demanda :
– Qu’est-ce qui vous amène ici ?
1
Fleuve notoire de Médine et de ses alentours
22
– Arwa est venue nous voir ; elle prétend que tu
as construit une digue sur son terrain. Elle a juré
par Allah que si tu ne lui restituais pas son bien,
elle crierait au scandale en plein cœur de la mos-
quée du Prophète ( ! )ﷺNous tenions à t’en in-
former directement, répondirent les deux com-
pères à Saïd qui, à son tour, leur répliqua :
– Quant à moi, j’ai certes entendu le Messager
d’Allah ( )ﷺdire : « On accrochera autour du
coup de tout individu, le jour de la Résurrection,
l’empan de terre qu’il aura pris sans droit et on
le fera venir avec depuis les Sept Terres ! »
Qu’elle vienne donc et prenne ce qui, soi-disant,
lui appartient ! Puis Saïd invoqua : Ô Allah, si
celle-ci a menti sur moi, ne lui prend pas la vie
avant de lui avoir pris la vue et fais que sa terre
devienne son tombeau ! Retournez auprès d’elle
et informez-la de ce que vous venez d’entendre.
Arwa fit alors le choix de détruire la digue en
question et de se faire construire, à la place, une
maison. Peu de temps après cet évènement, elle
perdit la vue. Il était aussi, dans ses habitudes, de
se lever la nuit et c’est sa servante qui l’aidait à
se diriger. Une nuit, elle se leva mais ne réveilla
pas la domestique. Elle trébucha alors dans le
puits de sa demeure et mourut.
23
(Dhahabi : Ce récit est à agencer dans la biogra-
phie de Saïd ibn Zayd)
24
ibn Qays Ar-Raqashi : Ayoub nous a rapporté :
D’après Nafi’ : D’après Ibn Oumar qui relate :
Alors que nous étions assis en compagnie du
Messager d’Allah ()ﷺ, celui-ci nous dit : « Un
homme parmi les habitants du Paradis va nous
rejoindre, par cette porte, d’ici peu ! » C’est
alors que nous vîmes apparaitre Saad ibn Abi
Waqas.
25
dit au sujet du verset ﴾ Et ne repousse pas ceux
qui invoquent leur Seigneur…1 ﴿ : Ce dernier a
été révélé à propos d’un groupe de six individus
dont Ibn Mass’oud et moi faisions partie.
1
Sourate Les Bestiaux ; verset 52
2
Sourate Louqman ; verset 15
26
elle se réveilla recrue de fatigue. En la voyant
ainsi, je lui dis :
– Ô mère, par Allah, sache que si tu avais cent
vies et que tu les perdais une à une, cela ne me
ferait pas pour autant changer de religion ! Que
tu manges ou ne manges pas, cela ne changera
strictement rien !
Face à ma détermination, elle ne put que recom-
mencer à s’alimenter normalement.
Rapporté par Abou Ya’la dans son Mousnad.
27
souffrant – alors que nous nous trouvions à La
Mecque – le Messager d’Allah ( )ﷺme rendit vi-
site. Il passa sa main sur mon visage ainsi que ma
poitrine et mon ventre puis invoqua : « Ô Allah,
guéris Saad ! » Mes entrailles ne cessent, depuis
ce jour, de ressentir la fraîcheur de sa main (! )ﷺ
Rapporté par Al-Boukhari et An-Nassaï.
28
D’après Qays : Saad m’a informé que le Messa-
ger d’Allah ( )ﷺprononça cette invocation : « Ô
Allah, exauce Saad lorsqu’il t’invoque ! »
Le même récit a été rapporté par Jafar ibn
‘Aoun : D’après Ismaïl : D’après Qays.
29
Abd-Allah dit alors « amine » et invoqua à son
tour :
– Ô Allah, accorde-moi demain un adversaire in-
trépide et haineux que je combattrai puis qui aura
le dessus sur moi, découpera mon nez et mes
oreilles ! Je te rencontrerai ainsi et tu me deman-
deras : Ô Abd-Allah, pour quelle raison ton nez
et tes oreilles ont-ils été mutilés de la sorte ? Je
te répondrai alors : Pour ta cause et celle de ton
envoyé ! Et tu me diras : Ceci est la vérité !
Saad dit : Son invocation fut certes meilleure que
la mienne. Je le vis en fin de journée ; le nez et
les oreilles découpés et suspendus à un fil !
30
– C’est bien l’opinion que nous nous faisions de
toi Abou Ishaq ! lui répondit le Calife.
Oumar délégua, par la suite, un groupe
d’hommes pour aller s’enquérir des agissements
de Saad à Koufa. Chaque mosquée dans laquelle
ils entraient, les fidèles de celle-ci ne pronon-
çaient à l’encontre de Saad que du bien. Jusqu’au
jour où ils se rendirent dans une mosquée des Ba-
nou ‘Abs. Là-bas, un homme répondant au sur-
nom d’Abou Sa’da leur dit :
– Puisque vous nous adjurez par Allah de témoi-
gner, et bien sachez qu’il ne tranche pas les dif-
férends avec justice, ne partage pas équitable-
ment les biens et ne se joint jamais aux cam-
pagnes militaires !
Lorsque Saad entendit cela, il invoqua de la
sorte : Ô Allah, si celui-ci ment, ôte-lui la vue,
allonge sa vie et expose-le aux troubles (fitna) !
Abdelmalik ajouta : Je le vis plus tard racoler les
jeunes esclaves au coin des rues ! Lorsqu’on lui
demandait « Que deviens-tu ? », il répon-
dait : « Un vieux barbon éprouvé ; l’invocation
de Saad m’a touché ! »
(Récit unanimement reconnu authentique)
31
Mouhammad ibn Jouhada : Zoubayr ibn ‘Adi
nous a rapporté : D’après Mouss’ab le fils de
Saad : Saad prononça un sermon à Koufa lors du-
quel il demanda :
– Ô habitants de Koufa, quel émir ai-je été pour
vous ?
Un homme se leva alors et dit :
– Par Allah, je ne t’ai connu que pour ton manque
de justice envers tes sujets, ta répartition inéqui-
table des biens et ton absence aux campagnes mi-
litaires !
Saad invoqua alors par l’invocation suivante :
– Ô Allah, si celui-ci ment, ôte-lui la vue, hâte
son indigence, allonge sa vie et expose-le aux
troubles (fitna) !
L’homme ne décéda pas avant d’avoir perdu la
vue ; devant, à cause de cela, palper les murs
pour se diriger. La pauvreté le toucha également
au point où il fut contraint de mendier. Il vécut
finalement jusqu’à la fitna d’Al-Moukhtar1 dans
laquelle il fut tué.
1
Al-Moukhtar At-Thaqafi
32
ibn Al-Moussayb qui raconte : Une esclave ap-
partenant à Saad sortit, un jour, vêtue d’un vête-
ment neuf. Mais alors que celle-ci marchait dans
la ville, le vent se mit malencontreusement à dé-
couvrir son habit et à laisser entrevoir des parties
de son corps. Oumar, pour ce fait, décida d’infli-
ger à la captive une correction. Lorsque Saad vit
cela, il voulut s’interposer mais fut lui aussi
frappé par le fouet. Furieux, ce dernier com-
mença alors à invoquer contre Oumar. Le Calife,
voyant cela, le munit sur le champ du fouet et lui
dit : « Rends-moi ce qui t’est dû ! ». Saad finit,
en définitive, par lui pardonner et par le gracier.
33
Massoud et un serviteur parmi les Banou Houd-
hayl ?! répliqua Saad.
– Oui, je suis bien Ibn Mass’oud, effectivement,
et toi tu es Ibn Hamna !
Hashim ibn Outba, alors présent, intervint entre
les deux compères et leur dit :
– Vous êtes tous deux des compagnons du Mes-
sager d’Allah ( )ﷺet les gens vous observent !
À ce moment, Saad jeta le bâton qu’il tenait puis
il leva ses mains :
– Ô Allah, Seigneur des cieux… commença-t-il
à invoquer avant qu’Ibn Mass’oud ne l’inter-
rompe :
– Prononce une bonne parole mais ne maudis
pas !
Saad s’arrêta alors et dit :
– Par Allah je le jure, si ce n’était la crainte d’Al-
lah, j’aurais invoqué contre toi d’une invocation
qui ne t’aurait pas loupé !
34
Et parmi les mérites étant attribués à Saad fi-
gure la conquête de l’Irak. C’est lui qui fut le
commandant des armées, lorsqu’Allah fit triom-
pher sa religion, le jour de la bataille d’Al-Qa-
disiyya.
Saad pénétra ensuite dans Ctésiphon1 et s’y
s’établit un temps. Puis il fut à nouveau émir, à
la tête des gens, et remporta la victoire lors de la
bataille de Jalula2. Allah mit ainsi fin, de manière
définitive, au règne des Chosroès3.
1
Appelée Al-Madaïne en arabe ()المدائن. Située à quelques
kilomètres au sud-est de Bagdad (qui n’existait pas en-
core à l’époque), Ctésiphon était la capitale de l’Empire
perse.
2
Forteresse située à environ 150 kms au nord-est de Bag-
dad dans laquelle une partie des troupes perses avait pris
place après leur mise en déroute.
3
Kisra en arabe. Du nom de plusieurs empereurs sassa-
nides, c’est de cette manière que les arabes nommèrent
par la suite les souverains perses.
4
Nom francophone donné à Al-Qadisiyya
35
Combien devinrent veuves, lors de notre retour
Quant aux femmes de Saad, elles comptaient
leurs atours
Lorsque Saad en eut vent, il invoqua contre cet
homme de la sorte : « Ô Allah, coupe-lui pour
cela la langue et les mains ! ». L’auteur des vers
reçut, par la suite, une flèche en pleine bouche et
perdit ainsi l’usage de la parole. Sa main fut éga-
lement tranchée lors des combats.
Saad souffrait, à ce moment-là, de plaies mul-
tiples sur le corps. Il informa alors les gens qu’il
ne pourrait se joindre à eux sur le champ de ba-
taille.
Ce récit a également été rapporté par Sayf ibn
Oumar, d’après Abdelmalik.
36
Cet évènement a été rapporté via de nombreuses
voies. Ibn Abi Dounia en a fait mention dans son
livre « Les Invocations exaucées1 ». De même
Zoubayr ibn Bakkar : D’après Ibrahim ibn
Hamza : D’après Abou Oussama : D’après Ibn
‘Aoun : D’après Mouhammad ibn Mouhammad
Az-Zouhri : D’après ‘Amir ibn Saad. Ibn Kou-
rayb l’a également rapporté d’après Abou Ous-
sama. Quant à Ibn Houmayd, il l’a rapporté
d’après Ibn Al-Moubarak : D’après Ibn ‘Aoun :
D’après Mouhammad ibn Mouhammad ibn Al-
Aswad.
Pour ma part (Dhahabi), j’en ai fait lecture sur
Oumar ibn Al-Qawwas : D’après Al-Kindi :
Abou Bakr le Juge nous a narré : Abou Ishaq Al-
Barmaki nous a narré de vive voix : Ibn Massi
nous a narré : Abou Mouslim nous a narré : Al-
Ansari nous a rapporté : Ibn ‘Aoun nous a rap-
porté.
Ibn ‘Oulaya l’a lui aussi rapporté d’après Mou-
hammad ibn Mouhammad.
1
مجابو الدعوة
37
Saad. Ce dernier lui demanda de cesser immédia-
tement lui disant : « N’insulte pas mes frères ! ».
L’homme continua malgré tout à proférer ses in-
jures. Saad se leva alors et alla prier deux unités
de prière puis il se mit à invoquer. Soudain, un
chameau de Bactriane1 surgit et traversa les gens
pour venir percuter l’individu et le projeter sur le
pavé. L’animal baraqua ensuite et l’écrasa avec
son poitrail sur le sol.
Je vis les gens suivre Saad pour le féliciter et lui
dire : « Tes invocations ont été exaucées ô Abou
Ishaq ! »
Je dis (Dhahabi) : Ce récit constitue un prodige,
à la fois pour l’auteur de l’invocation et à la fois
pour les trois ayant été insultés.
Jarir Ad-Dabbi : D’après Moughira : D’après
sa mère qui relate : Alors que nous rendîmes vi-
site à la famille de Saad, nous aperçûmes chez
eux une jeune fille naine. Je demandai alors à son
sujet :
– De qui s’agit-il ?
1
Région qui englobe les États actuels d'Afghanistan, du
Tadjikistan et de l'Ouzbékistan. Les chameaux ont la par-
ticularité d’y avoir deux bosses à l’inverse des chameaux
d’Arabie (ou dromadaires) qui n’en ont qu’une. Ils sont
par ailleurs plus imposants et plus velus que ces derniers.
38
– Tu ne la connais pas ? me répondirent-ils ; il
s’agit de la fille de Saad ! Elle eut le malheur de
tremper sa main dans le récipient des ablutions
de Saad et ce dernier invoqua spontanément :
« Que Dieu brise ton élan ! ». Elle cessa, depuis
ce jour, de grandir.
39
Khalifa ibn Khayat a dit : En l’an 15 eut lieu
la bataille d’Al-Qadisiyya à l’occasion de la-
quelle le commandant des musulmans était Saad.
Puis, en l’an 21, certains habitants de Koufa vin-
rent se plaindre à Oumar de leur émir à savoir
Saad. Oumar le destitua alors de ses fonctions.
Et Layth ibn Saad a dit : La conquête de Jalula
eut lieu en l’an 19 sous le commandement de
Saad.
Je dis (Dhahabi) : Les mazdéens furent, ce jour-
là, tués en masse. Il est rapporté que le butin de
guerre atteignit les trente millions de dirhams1 !
Abou Waïl précisa à ce sujet : Jalula fut appelée
la Victoire des victoires !
Az-Zouhri déclara : Lorsqu’Outhman devint Ca-
life, il destitua Al-Moughira de sa fonction de
gouverneur de Koufa pour nommer, de nouveau,
Saad à sa place.
1
Pièces d’argent de l’époque
40
moi ! ». Puis il dit : « Dans le cas où Saad ne se-
rait pas désigné, que mon successeur s’aide de
lui dans sa tâche. Certes, je ne l’ai nullement dé-
mis de ses fonctions de gouverneur de Koufa
pour incompétence ou trahison ! »
41
Al-Mouttalib : D’après Oumar ibn Saad qui re-
late : Lorsque ‘Amir le fils de Saad vint trouver
son père, ce dernier lui dit :
Ô mon fils, veux-tu que je sois une tête dans la
fitna ?! Par Allah, je m’en tiendrai aussi éloigné
que possible tant que je n’aurai pas entre les
mains une épée en mesure de ricocher lorsqu’elle
est dirigée vers un musulman et de tuer lorsque
c’est un mécréant qu’elle vise ! J’ai certes en-
tendu le Messager d’Allah ( )ﷺdire : « Allah le
Très-Haut aime le serviteur pieux, effacé, doté
d’une âme riche ! »
42
certaines choses, tu t’en désavoues et rejettes la
faute sur nous !
– Qu’Allah t’enlaidisse, d’où tiens-tu cela ?! lui
répliqua Ali – qu’Allah l’agrée – en le répriman-
dant, avant de poursuivre : Par Allah, nous
étions, à une époque, soudés ; tu étais alors
comme inexistant. Puis, lorsque les querelles
commencèrent, tu es apparu soudainement
comme les cornes du bouc apparaissent !
Ali se tourna ensuite vers la foule et dit : « Saad
ibn Malik et Abd-Allah ibn Oumar ont certaine-
ment un rang à part auprès d’Allah. Je jure que si
leur retraite est un péché, il n’est alors que mi-
nime et pardonné. Si à l’inverse c’est une œuvre
de bien, elle est dans ce cas immense et grati-
fiée ! »
43
qu’il me fasse voir de la vérité une chose à la-
quelle je pourrai m’accrocher. C’est alors que je
vis en rêve l’au-delà et la vie présente. Au milieu
des deux, se trouvait un mur vers lequel je me
dirigeai. Soudain, un groupe de personnes m’ap-
parut et ses membres me dirent :
– Nous sommes des anges !
– Où sont les martyrs ? leur demandai-je.
– Monte les marches ! me dirent-ils.
Je me mis alors à les gravir, une à une, lorsque
soudain j’aperçu Mouhammad et Ibrahim –
qu’Allah prie sur eux –, le premier s’adressant au
second :
– Implore le pardon pour ma communauté !
– Tu ignores quels crimes ils ont perpétrés après
toi, lui répondit Ibrahim avant de poursuivre : Ils
ont versé mutuellement leur sang et assassiné
leur imam ! Ne pouvaient-ils pas agir comme
agit Saad mon ami intime !?
Après cette vision, j’entrepris de me rendre au-
près de ce dernier pour lui faire part de ce songe.
Il en fut extrêmement réjoui et s’exclama ainsi :
– A certes échoué celui qu’Ibrahim – sur lui la
paix – n’a pas pris pour ami intime !
44
– Avec quel parti es-tu ? lui demandai-je alors.
– Ni avec l’un, ni avec l’autre ! me répondit-il.
– Que me recommandes-tu dans ce cas ?
– As-tu des bêtes ? demanda-t-il.
– Non, répondis-je.
– Dans ce cas, achètes-en et reste avec elles
jusqu’à ce que les choses s’éclaircissent ! con-
clut-il.
45
– Non ! me répondit-il.
– La moitié alors ? demandai-je.
– Non ! répondit-il de nouveau.
– Dans ce cas, le tiers ? lui dis-je.
– Oui, le tiers et c’est déjà beaucoup ! dit-il avant
d’ajouter : « Que tu laisses tes héritiers riches
après toi est préférable au fait que tu les laisses
pauvres, indigents, devant tendre la main aux
gens ! »
Puis il dit : « Il n’est pas impossible que, de tous
tes compagnons, c’est toi qui meurs le dernier !
Et sache qu’il n’est pas une dépense dont tu te
charges, en recherchant l’agrément d’Allah,
sans que tu ne sois récompensé pour celle-ci ;
même la bouchée que tu portes au palais de ta
femme ! »
Je lui dis ensuite :
– Ô Messager d’Allah, mourir sur une terre dont
j’ai émigré est pour moi redoutable !
– Tu pourrais bien rester en vie et profiter à une
foule de gens et, inversement, nuire à d’autres !
me répondit-il avant d’invoquer : « Ô Allah, raf-
fermis mes compagnons sur leur exode (hijra) et
préserve-les de retourner sur leurs pas ! Le mal-
chanceux est cependant Saad ibn Khawla ! »
46
Ce dernier ayant trouvé la mort à La Mecque, le
Prophète ( )ﷺeut pour lui cette parole de com-
passion.
Récit unanimement reconnu authentique, selon
des voies multiples, d’après Az-Zouhri.
47
Je dis (Dhahabi) : Saad s’est tenu éloigné des
querelles. Il ne participa pas à la bataille d’Al-
Jamal, ni à celle de Siffine, ni à l’Arbitrage ; bien
qu’il fût digne d’occuper la fonction de calife. Il
était doté d’un tempérament infiniment grand –
qu’Allah l’agrée.
48
Je dis (Dhahabi) : Par Allah, ceci est on ne peut
plus vrai. Ses efforts ont été couronnés de suc-
cès !
1
Endroit situé à une douzaine de kilomètres du centre de
Médine, vers le sud-ouest, non loin du miqat Dhou Al-
Houlayfa
49
puis s’écria : « Le restant des compagnons du
Messager d’Allah (» ! )ﷺ
An-Nou’mane ibn Rashid : D’après Az-Zouhri :
D’après ‘Amir le fils de Saad qui dit : Saad fut le
dernier des Mouhajirounes1 à mourir.
Al-Madaïni, Abou Oubayda et un groupe de sa-
vants mentionnèrent qu’il décéda en l’an 55.
Et Nouh ibn Yazid a rapporté, d’après le fils de
Saad, Ibrahim, que son père mourut à l’âge de 82
ans, en l’an 56. Il fut dit aussi : en l’an 57.
Abou Nouaym Al-Moulaï, quant à lui, prétendit
que sa mort eut lieu en l’an 58. Il fut suivi, dans
cet avis, par Qa’nab ibn Al-Mouhriz.
1
Ceux qui ont accompli l’exode de La Mecque vers Mé-
dine
50
سري أعالم النبالء
LES GRANDES FIGURES DE
L’ISLAM
SHAMS AD-DINE DHAHABI (748 h)
06
سعيد بن زيد
SAÏD IBN ZAYD
AU NOM D’ALLAH
LE CLÉMENT LE MISÉRICORDIEUX
1
Authentiques, deux seulement tandis qu’Al-
Boukhari, seul, en rapporte un troisième.
Ont transmis de lui : Ibn Oumar, Abou At-Tou-
fayl, ‘Amr ibn Hourayth, Zirr ibn Houbaysh,
Abou Outhman An-Nahdi, Ourwa ibn Zoubayr,
Abd-Allah ibn Zhalim, Abou Salama ibn Abder-
rahman et d’autres.
D’après la lecture qu’il m’a été donné de faire
sur Ahmad ibn Abdelhamid : L’imam Abou
Mouhammad Ibn Qoudama vous a informés en
l’an six-cent-dix-huit : La Scribe Shouhda bint
Ahmad nous a informés – via ma lecture : Tirad
ibn Mouhammad Az-Zaynabi nous a narré : Ibn
Rizqaway nous a narré : Abou Jafar Mouham-
mad ibn Yahya At-Taï nous a narré en l’an trois-
cent-trente-neuf : Ali ibn Harb nous a rapporté :
Soufiane nous a rapporté : D’après Abdelmalik
ibn Oumayr : D’après ‘Amr ibn Hourayth :
D’après Saïd ibn Zayd ibn ‘Amr : Le Prophète
( )ﷺa dit :
« Les terfesses1 font partie de la manne2 par la-
quelle Allah combla les Israélites ; leur suc est
un remède pour les yeux ! »
1
Champignons souterrains proches de la truffe
2
Nourriture providentielle que Dieu envoya aux Hébreux
lors de la traversée du désert
2
Rapporté par Al-Boukhari par la voie d’Ibn
Ouyaïna. Et nous avons nous-même (Dhahabi)
notre propre chaîne de transmission jusqu’au
shaykh1 du shaykh de l’imam Al-Boukhari avec
moins de rapporteur qu’en passant par ce der-
nier2.
3
En effet, Talha ibn Abd-Allah ibn ‘Aouf n’a pas
entendu ce récit directement de Saïd.
Malik, Younous et un groupe de savants le rap-
portent également, d’après Az-Zouhri, avec
l’ajout d’un maillon entre Talha et Saïd qui est :
Abderrahman ibn ‘Amr ibn Sahl Al-Ansari.
Quant à Al-Boukhari, il le rapporte par la voie
suivante : D’après Abou Al-Yamane : D’après
Shouaïb : D’après Az-Zouhri.
4
Il est par ailleurs le cousin de l’imam Oumar ibn
Al-Khattab (fils de son oncle paternel) et vécut
au côté du Prophète (ِ )ﷺmais il mourut avant
que ce dernier ne soit envoyé comme messager.
5
Peu après cela, ils se mirent à parcourir la Terre,
en quête de la foi originelle (al-hanifiya), ques-
tionnant les juifs, les chrétiens et les adeptes des
autres religions. Waraqa se convertit ainsi au
christianisme. Il en devint l’un des sages après
avoir acquis nombre de leurs écrits et s’être lar-
gement cultivé.
6
Zayd parcourut, par la suite, les contrées du
Sham et d’Arabie, en quête de la religion véri-
table, et il se rendit à Ninive1.
7
Mouhammad ibn Abd-Allah ibn Al-Mouhtadi-
Billah nous a narré.
Tous les trois1 rapportent : Mouhammad ibn
Mouhammad Az-Zaynabi nous a narré : Mou-
hammad ibn Oumar le Papetier (Al-Warraq)
nous a narré : Abd-Allah ibn Soulayman nous a
rapporté : Issa ibn Hammad nous a rapporté :
Layth ibn Saad nous a narré : D’après Hisham
ibn Ourwa : D’après son père : D’après Asma, la
fille d’Abou Bakr, qui relate : Je revois encore
Zayd ibn ‘Amr ibn Noufayl, adossé au mur de la
Kaaba, s’adressant aux gens : « Ô Qourashites,
je jure par Allah qu’aucun d’entre vous ne de-
meure sur la religion d’Ibrahim comme je peux
l’être ! »
Il s’efforçait, tant bien que mal, à sauver les
jeunes filles de l’infanticide pratiqué à son
époque. Lorsqu’un homme voulait tuer sa fille, il
lui disait : Arrête, ne la tue pas ! Je la prends en
charge et elle ne coûtera rien ! Il l’emmenait
alors avec lui et lorsque celle-ci grandissait, il di-
sait à son père : Si tu le souhaites, je te la rends
ou bien je continue à m’en occuper !
1
C’est-à-dire : Saïd ibn Ahmad ibn Al-Banna, Mouham-
mad ibn Oubayd-Allah ibn Az-Zaghouni et Abou Al-Fadl
Mouhammad ibn Abd-Allah ibn Al-Mouhtadi-Billah
8
Ceci est un récit authentique bien que singulier
(gharib) ; Layth étant le seul à le rapporter. De
plus, il ne le tient de Hisham que par voie écrite.
Al-Boukhari en a fait mention, dans son Authen-
tique, sans toutefois citer de chaîne ( ) ُم َعلَّقاmais en
commençant sa narration par : « Layth a dit :
Hisham m’a écrit... »
Ibn Ishaq l’aurait, quant à lui, entendu d’Hisham
de vive voix.
9
si vous le tuez, il deviendra pour moi une source
de clémence par laquelle je convoiterai la ba-
raka !
Le ou les maillons de la chaîne précédents Wa-
raqa sont cependant manquants (hadith moursal).
Si Waraqa avait réellement assisté à cela, il aurait
été du nombre des compagnons. Or, il mourut du
temps de la révélation et après l’avènement de la
prophétie, certes, mais avant que le Prophète
( )ﷺne reçoive l’injonction de transmettre le
message et d’appeler les gens à la foi comme ceci
figure dans l’Authentique d’Al-Boukhari.
10
convièrent alors à un repas qu’ils étaient en train
de partager. Zayd répondit toutefois :
Ô mon neveu, je ne mange pas de ce qui a été
sacrifié sur les pierres1 !
Depuis ce jour, on ne vit plus le Messager d’Al-
lah ( )ﷺmanger de ces viandes…
Al-Mass’oudi est cependant un rapporteur sur le-
quel on ne peut s’appuyer.
Rapporté par Ahmad dans son mousnad –
D’après Yazid : D’après Al-Mass’oudi – avec, à
la fin, l’ajout de la parole de Saïd :
– Ô Messager d’Allah, certes mon père était
comme tu l’as vu et comme on te l’a rapporté.
S’il avait vécu jusqu’à ta prophétie, il aurait sans
aucun doute cru en toi et été du nombre de tes
suiveurs ; invoque donc le pardon pour lui !
– C’est exact, je le ferai. Et il sera certes ressus-
cité en constituant une communauté à lui tout
seul !
1
Il y avait, avant l’Islam, tout autour de la Kaaba, des
pierres levées ()أنصاب. Les polythéistes s’en servaient
pour égorger et couper les offrandes qu’ils adressaient à
leurs idoles. Ces pierres ont été évoquées dans plusieurs
passages du Coran (voir sourate Al-Maïda ; versets 3 et
90).
11
Ce hadith a également été rapporté par Ibrahim
Al-Harbi selon cette voie : Ibrahim ibn Mouham-
mad nous a rapporté : Abou Qatane nous a rap-
porté : D’après Al-Mass’oudi : D’après Nou-
fayl : D’après son père : D’après son grand-
père : Zayd passa un jour au près du Messager
d’Allah ( )ﷺet d’Ibn Haritha alors qu’ils étaient
en train de partager un repas.
Ces derniers lui proposèrent de se joindre à eux
mais Zayd répondit : « Je ne mange pas de ce qui
a été immolé sur les pierres ! »
Depuis ce jour, on n’aperçut plus le Messager
d’Allah ( )ﷺmanger la viande de ces offrandes.
12
Toutefois, ce qui ne fait pas l’ombre d’un doute,
c’est que le Prophète (ِ)ﷺ, avant même la révé-
lation et la légifération de ces interdits, fut
exempt de tomber dans la fornication, la traitrise,
la trahison ou le mensonge. De même qu’il fut
préservé d’être ivre, de se prosterner pour les
idoles ou encore d’avoir recours aux flèches pour
trancher dans ses affaires mondaines1. Il n’était
pas connu non plus pour se parer de comporte-
ment abjects ou stupides ou bien pour proférer
des obscénités. Il ne laissait pas apparaître ses
parties intimes (awra). Jamais il n’accomplit la
circumambulation (tawaf), autour de la Maison
sacrée, nu. Le neuvième jour du pèlerinage, il ne
stationnait pas à Mouzdalifa, comme le faisait les
gens à son époque, mais il se tenait à Arafa.
Quoiqu’il en soit, si quelque chose de la sorte
avait été rapporté de lui, aucun grief n’aurait pu
lui être fait car il était comme celui qui ne sait
pas. Cependant, le rang parfait auquel il est hissé
1
Avant l’Islam, les arabes avaient recours à cette pratique
( )األزالمqui consistait à tirer au sort entre trois flèches sur
lesquelles était écrit « Dieu me l’ordonne », pour la pre-
mière, et « Dieu me l’interdit » pour la seconde. Quant à
la troisième, elle restait vierge de toute inscription. Les
arabes usaient de cette tradition pour les affaires impor-
tantes de leur vie. L’Islam l’a ensuite proscrite via les
versets 3 et 90 de la sourate Al-Maïda.
13
ne nous laisse pas penser que l’une de ces choses
put avoir lieu. Que les éloges d’Allah et la paix
soient sur lui !
14
me rendis, un jour, au près d’un moine et je lui
narrai mon histoire. Celui-ci me dit alors :
– Je vois que ce que tu cherches est la religion
d’Ibrahim – sur lui la paix. Ô frère du peuple de
La Mecque, sache que tu es à la recherche d’une
chose qui n’existe plus aujourd’hui ! Cependant,
la vérité se trouve dans ton pays : Allah va y en-
voyer un homme d’entre les tiens avec la religion
d’Ibrahim ; le culte originel (al-hanifiya) ! Ce
sera la plus noble des créatures auprès de lui !
15
La Terre se soumit, lorsqu’il lui ordonna
Les montagnes s’ancrèrent, ainsi il façonna
1
Connue de nos jours sous le nom d’Oum Ar-Rassas, en
Jordanie, c’est une ancienne cité située à une trentaine de
kilomètres au sud d’Amman et contenant, aujourd’hui, un
site archéologique avec des ruines des civilisations ro-
maine, byzantine et musulmane.
2
Cours d’eau situé au nord de La Mecque
16
dressa alors une nappe qu’il garnit de viande puis
il y convoya Zayd mais ce dernier répondit : « Je
ne mange pas de ce que vous sacrifiez sur vos
pierres mais seulement de ce sur quoi le nom
d’Allah a été prononcé ! »
Rapporté par Al-Boukhari avec, à la fin, l’ajout
suivant : Il blâmait les Qourashites et leur disait :
« Allah a créé les ovins et pourvu à leur subsis-
tance du ciel et de la Terre ; après quoi vous
égorgez au nom d’autres que lui ?! »
1
Cuir dans lequel la nourriture était transportée
17
plus en amont de la rivière, nous rencontrâmes
Zayd ibn ‘Amr. Le Messager d’Allah ( )ﷺet lui
se saluèrent mutuellement avant que le Prophète
ne lui dise :
– Comment se fait-il que ton peuple te répugne à
ce point ? (ou te mette autant en colère)
– Je jure que cela n’est, en aucun cas, dû à une
rancune que je leur porte. Cependant, je les con-
sidère dans un grand égarement ! répondit Zayd
avant de continuer :
J’ai sillonné les contrées en quête de la religion
véritable ; jusqu’à rencontrer les rabbins
d’Ayla1. Je les trouvai adorant Allah mais en lui
donnant toutefois des associés. On m’indiqua,
par la suite, un shaykh dans la péninsule Ara-
bique. Je me rendis donc auprès de lui et lui nar-
rai mon parcours. Celui-ci me dit :
« Tous ceux que tu as croisés ne suivent pas la
voie droite ; certes ce que tu recherches est la re-
ligion d’Allah et de ses anges ! Un Prophète est
cependant apparu sur tes terres – ou est sur le
point d’apparaitre. Retournes-y et suis-le ! »
1
Ville côtière située tout au sud de l’actuelle Jordanie, à
l’extrémité du golfe d’Aqaba, et frontalière avec la Pales-
tine
18
C’est alors que je m’en retournai mais je n’ai
jusqu’à présent rencontré personne !
À cet instant, le Messager d’Allah ( )ﷺfit bara-
quer sa monture. Nous le conviâmes alors à man-
ger du mouton que nous venions de faire cuire.
Zayd nous demanda :
– Qu’est-ce donc ceci ?
– Un mouton que nous venons d’égorger sur tel
autel ! nous répondîmes.
– Je ne mange pas de ce qui a été égorgé pour
autre qu’Allah ! nous dit-il alors.
Puis nous nous séparâmes et Zayd mourut avant
l’avènement de la prophétie. Le Messager d’Al-
lah ( )ﷺdit de lui plus tard : « Il sera ressuscité
en constituant à lui seul une communauté ! »
Rapporté par Ibrahim Al-Harbi dans son livre
« Al-Gharib », d’après deux de ses shaykhs,
d’après Abou Oussama, à la suite duquel il fit le
commentaire suivant : Quant au fait qu’il ait
égorgé sur un autel, deux hypothèses sont envi-
sageables : La première consiste à dire que c’est
Zayd ibn Haritha qui fit cela sans que le Prophète
( )ﷺne le lui ait demandé. Cela lui fut ensuite
attribué. En effet, Allah n’accorda pas à Zayd
l’infaillibilité et la réussite qu’il accorda à son
19
prophète. De plus, comment une telle chose au-
rait-elle pu se produire alors que le Prophète lui-
même – sur lui la paix –, avant la prophétie, n’ap-
prochait pas les idoles et défendait à Zayd de le
faire1 ; comment donc aurait-il pu tolérer
cela ? Ceci est un contresens !
Quant à la seconde hypothèse, elle consiste à dire
que la bête ait bien été sacrifiée pour Allah mais
que ceci eut lieu à proximité d’une statuette pour
laquelle les gens avaient initialement l’habitude
d’égorger…
Je dis (Dhahabi) : Cela semble fort plausible et,
comme nous le savons, seules les intentions ca-
ractérisent nos actes ! Quant à Zayd (ibn ‘Amr),
il ne fit que se baser sur ce qui était apparent et à
Allah appartenait la réalité des faits.
Il est également envisageable que le Prophète
( )ﷺse soit tu par crainte des représailles qui au-
raient pu en découler. Car même s’il réprouvait
l’adoration des idoles, nous savons très bien qu’il
ne l’exprimait pas ouvertement aux Qourashites,
avant la prophétie, et ne dénonçait pas leur infa-
mie avant qu’il n’eût été envoyé comme messa-
ger.
1
Zayd ibn Haritha était l’esclave du prophète ()ﷺ
20
Quoiqu’il en soit, il semble bien que Zayd –
qu’Allah lui fasse miséricorde – soit décédé
avant que le Prophète ne reçoive la révélation.
À son sujet, Ibn Ishaq fit mention de l’élégie que
Waraqa ibn Nawfal rima à sa mort :
Bien guidé et comblé, ainsi tu as vécu
Le fourneau de l’enfer, dès lors tu as vaincu
L’adoration de Dieu, tu l’as haut déclarée
En délaissant de fait, les idoles égarées
Tu as cherché le vrai, et tu l’as certes atteint
Le pur monothéisme, c’est ça que tu retins
À présent te voilà, dans noble résidence
Recevant les honneurs, de cette Providence
Celui qui est voué, au pardon du Seigneur
En trouvera l’accès, quels qu’en soient ses mal-
heurs
21
Saïd était marié avec sa cousine (la fille de son
grand-oncle paternel) à savoir Fatima, la sœur
d’Oumar ibn Al-Khattab. Par ailleurs, il se con-
vertit et cela avant même que le Prophète ()ﷺ
n’intègre la maison d’Al-Arqam1.
1
Demeure dans laquelle le prophète ( )ﷺet ses compa-
gnons se réunissaient au tout début de l’Islam ; Al-Arqam
est en outre un des premiers fidèles du messager d’Allah.
22
environ avant sa sortie de Médine) afin qu’ils
s’enquièrent des nouvelles de celle-ci. Les deux
émissaires atteignirent alors Al-Hawra1 où ils
restèrent postés. C’est alors que la caravane ar-
riva et passa devant eux. Elle poursuivit ensuite
sa route tout en longeant la côte.
L’information parvint avantageusement au pro-
phète d’Allah ( )ﷺavant même le retour des
deux hommes. Il motiva alors ses compagnons
au combat puis ils sortirent dans l’espoir d’inter-
cepter les voyageurs. Ces derniers ayant em-
prunté le littoral, ils marchèrent dès lors nuit et
jour.
Talha et Saïd, quant à eux, arrivèrent à Médine,
plus tard, avec l’information mais le jour de la
bataille seulement. Ils repartirent aussitôt pour
rejoindre le Prophète ( )ﷺmais trouvèrent les
hostilités achevées. Le Messager d’Allah ()ﷺ
leur accorda toutefois leur part du butin en plus
du salaire auquel ils avaient droit.
Saïd participa, par la suite, aux autres batailles
notamment celles d’Ouhoud et d’Al-Khandaq2.
1
Ancien village côtier, à proximité de l’actuelle ville
d’Umluj en Arabie saoudite. Il se situe à environ 250 ki-
lomètres au nord-ouest de Médine.
2
La bataille du Fossé
23
Il fut également présent lors du pacte d’Al-Hou-
daybiya.
Nous avons par ailleurs, dans les biographies
précédentes, cité nombre de hadiths indiquant
qu’il demeure parmi les gens du Paradis et les
martyrs.
24
Puis Saïd invoqua contre elle et dit : Ô Allah, si
elle ment, ôte-lui la vue et fais que sa terre de-
vienne son tombeau ! Arwa ne mourut finale-
ment pas avant de devenir aveugle et, un jour où
elle marchait sur son terrain, elle tomba dans un
trou et décéda.
Rapporté par Mouslim. Le même récit a été rap-
porté par Abdelaziz ibn Abou Hazim : D’après
Al-‘Ala ibn Abderrahman : D’après son père.
Il l’a également été par Al-Moughira ibn Abder-
rahman : D’après Abd-Allah ibn Oumar1 :
D’après Nafi’ : D’après Ibnou Oumar.
On trouve dans la version rapportée par Ibn
Abou Hazim : Arwa demanda à Saad qu’il in-
voque en sa faveur lui disant :
– Je reconnais t’avoir causé du tort !
Saïd lui répondit alors :
– Je ne retournerai sûrement pas à Allah une
chose qu’il m’a donnée !
1
Al-Oumari, l’arrière-arrière-petit-fils d’Oumar ibn Al-
Khattab. À ne pas confondre avec le célèbre Abd-Allah
ibn Oumar, le fils même d’Oumar.
25
parmi les membres de la Consultation1, n’in-
dique en aucun cas que ce dernier était d’un rang
inférieur, par rapport aux autres, quant à son mé-
rite et à son ancienneté dans l’Islam. Oumar
veilla simplement à ne plus avoir le moindre in-
térêt dans le califat. En effet, Saïd était le mari de
sa sœur et le fils de son cousin. Par conséquent,
s’il l’avait cité dans sa liste, les rafidas2 auraient
pu dire qu’Oumar l’eut favorisé. Il exclut ainsi
de sa nomination son fils et l’ensemble de ses
proches. De cette manière, les œuvres doivent
être faites pour Allah !
1
La consultation qui eut lieu entre six des compagnons
du prophète ()ﷺ, à la mort d’Oumar, afin de désigner qui
serait le successeur de ce dernier au poste de calife.
2
Chiites niant notamment la légitimité des trois premiers
califes. Ils sont la branche majoritaire à notre époque.
26
– Non, jusqu’à ce qu’arrive Saïd ibn Zayd et
qu’il prête lui-même serment, répondit Marwan
avant d’ajouter : Certes, il est le souverain de
cette contrée ; s’il le fait, tous les gens suivront !
– Ne souhaites-tu pas que je te le ramène ? lui
demanda alors l’homme.
Puis il mentionna la suite du hadith…
27
Ibn Saad : Abou Damra nous a narré : D’après
Yahya ibn Saïd : Nafi’ m’a informé : D’après Ib-
nou Oumar que lui-même fut appelé, en urgence,
auprès de Saïd ibn Zayd. C’était alors un ven-
dredi en toute fin de matinée. Il se rendit par con-
séquent à Al-‘Aqiq1 et délaissa la prière du ven-
dredi. Rapporté par Al-Boukhari.
1
Cours d’eau notoire de Médine et de ses alentours
2
Le terme « ( » وكان يذربIl souffrait de douleurs intesti-
nales) ne figure que dans les ouvrages de l’imam Dha-
habi. Dans tous les autres livres de hadiths, le terme usité
est « ( » وكان بدرياIl était parmi les combattants de Badr).
Il semblerait que cela soit dû à une erreur de copie ; la
graphie des deux mots étant très proche.
28
Saïd est mort à Al-‘Aqiq et c’est Saad ibn Abi
Waqas qui se chargea de sa toilette mortuaire. Il
enveloppa dans son linceul puis accompagna sa
dépouille.
Et il a été rapporté, par des voies multiples :
D’après Malik : Saïd ibn Zayd et Saad ibn Abi
Waqas décédèrent tous deux à Al-‘Aqiq.
Al-Waqidi précisa : Saïd ibn Zayd décéda en l’an
51 de l’hégire alors qu’il avait dépassé les
soixante-dix ans. Il fut inhumé à Médine et c’est
Saad ainsi qu’Ibnou Oumar qui se chargèrent de
le mettre en terre.
Abou Oubayd, Yahya ibn Boukayr et Shihab ont
tenu des propos similaires.
Al-Waqidi décrivit également Saïd ; il dit :
C’était un homme au teint basané, grand avec
une forte pilosité.
Al-Haytham ibn ‘Adi contredit cependant la plu-
part des narrations en prétendant que Saïd était
mort à Koufa.
Quant à Oubayd-Allah ibn Saad Az-Zouhri, il af-
firma que Saïd décéda en l’an 52.
Puisse Allah l’agréer !
29
Voilà pour ce qui nous a été donné de men-
tionner quant à la vie des dix promis au Paradis.
Ils demeurent, par ailleurs, les meilleurs des
Qourashites, les meilleurs des tous premiers
croyants, les meilleurs de ceux qui accomplirent
la hijra, les meilleurs de ceux ayant combattu à
Badr, les meilleurs de ceux qui prêtèrent serment
sous l’arbre et ils sont, de plus, les guides de cette
communauté, dans cette vie d’ici-bas et dans
l’au-delà !
Quant aux rafidas, qu’Allah les éloigne ! Leur
égarement est certes aussi immense que le sont
leurs passions. Comment en viennent-ils à recon-
naître le mérite d’un seul d’entre eux, seulement,
en déniant la valeur des neuf autres !? Ils ont
certes forgé, à leur encontre, les pires des men-
songes en prétendant qu’ils avaient caché un
texte qui désignait de droit Ali comme calife. Par
Allah, rien de tout ce qu’ils prétendent ne s’est
produit ! Ils les ont accusés de lui avoir arracher
cette fonction et d’avoir, par cet acte, désobéit au
Prophète ()ﷺ. Ils auraient préféré – selon leurs
dires – prêter serment d’allégeance à un simple
homme1, parmi les Banou Taïm, qui était obligé
de commercer pour vivre ; même pas pour un
1
Allusion à Abou Bakr qui n’était ni extrêmement for-
tuné, ni issu d’une tribu puissante
30
intérêt pécuniaire qu’ils auraient pu obtenir de
lui, ni même par peur de son clan. Malheur à
eux ! Est-ce qu’une personne qui possède un
soupçon de bon sens pourrait accomplir une
chose pareille ?! Admettons que ceci eût émané
de l’un d’entre eux, est-il possible que tous les
autres l’eussent acquiescé ?! Et quand bien
même ceci se serait produit, peut-on sincèrement
envisager qu’ils y soient parvenus en la présence
de milliers de compagnons, parmi les Mouhaji-
rounes et les Ansars, les souverains et cavaliers
de cette communauté et les héros de l’Islam ?!
Malheureusement, il n’y a aucun remède à la
souillure du rafidisme ; c’est une maladie que
l’on ne peut guérir ! La voie droite est cependant
ce qu’Allah insuffle, comme lumière, dans le
cœur de qui il veut. Il n’y a de force que par lui !
31
nous a rapporté : Abd Al-Mou’mine ibn ‘Abbad
Al-‘Abdi nous a rapporté : Yazid ibn Ma’ne nous
a rapporté : Abd-Allah ibn Shourahbil m’a rap-
porté : D’après un Qourashite : D’après Zayd ibn
Abou Awfa (qu’Allah l’agrée) qui relate : Alors
que je rejoignais le Messager d’Allah ( )ﷺdans
la mosquée de Médine, celui-ci se mit à appeler :
Où sont untel, untel et untel ? Il ne cessa alors de
chercher ses compagnons les plus proches et de
les convier jusqu’à ce qu’ils soient tous réunis
autour de lui. Il dit alors :
– Je vais vous narrer une chose aujourd’hui ; mé-
morisez-la et imprégniez-vous-en ! Certes Allah
a choisi parmi sa création ceux qu’il fera rentrer
au Paradis. Quant à moi, je vais désigner certains
d’entre vous et faire de vous des frères comme
Allah le fit avec les anges.
Lève-toi Abou Bakr ! Je te suis redevable pour
ce que tu as accompli pour moi et Allah t’en ré-
compensera. Et si j’avais dû prendre un ami in-
time dans ce monde, c’est assurément toi que
j’aurais choisi ! Tu es certes pour moi comme ce
qu’est la soutane pour mon corps !
Puis il dit : Approche ô Oumar ! Tu nous as
causé, en ce qui te concerne, moult désagréments
avant ta conversion. J’ai par la suite invoqué Al-
lah pour qu’il renforce sa religion par ton
32
intermédiaire ou celui d’Abou Jahl. Voilà ce
qu’il a finalement fait de toi. Tu demeures certes
de ma compagnie, au Paradis, le troisième d’une
triade ! Puis il fit de lui et d’Abou Bakr des
frères.
Il appela ensuite Outhman. Ce dernier se rappro-
cha alors du Prophète (ِ )ﷺjusqu’à ce que ses ge-
noux touchent les siens. À cet instant, le Messa-
ger leva ses yeux vers le haut et glorifia Allah par
trois fois. Il dit ensuite à son hôte : Tu as certes
un rang élevé auprès des habitants du ciel ! Et tu
demeures parmi ceux qui s’abreuveront, du Bas-
sin, de mes mains. Le sang jaillira, à cet instant,
de ta gorge et je te demanderai :
– Qui donc t’a fait cela ?
– C’est untel ! me répondras-tu.
Puis, le Prophète ( )ﷺappela Abderrahman ibn
‘Aouf : Approche, ô toi le digne de confiance
d’Allah et le digne de confiance dans le ciel ! Al-
lah t’octroiera d’utiliser tes biens au service de la
religion ! J’ai certes pour toi une invocation qui
t’est réservée.
– Choisis pour moi ô Messager d’Allah ! lui ré-
pondit Abderrahman.
33
– Tu me charges là d’un dépôt ; qu’Allah fasse
donc fructifier ton argent ! invoqua le Prophète
()ﷺ.
Puis il fit de lui et d’Outhman des frères.
Il appela ensuite Talha et Zoubayr. Ils se rappro-
chèrent alors de lui et le Prophète ( )ﷺleur dit :
Vous êtes tous les deux mes apôtres comme
l’étaient les apôtres d’Issa pour lui ! Puis il fit
d’eux deux des frères.
Il appela ensuite Saad et Ammar. Avant de faire,
également, d’eux deux des frères, il s’adressa à
Ammar et lui dit : Tu mourras sous les coups des
séditieux !
Puis il appela Abou Darda et Salman et dit : Ô
Salman, tu demeures parmi les membres de ma
famille (ahl al-bayt) ! Certes Allah t’a donné le
savoir de l’Islam et de ce qu’il y avait avant.
Et toi Abou Darda : Sache que si tu fais une re-
marque aux gens, ils t’en feront une. Et si tu les
ignores, eux ne t’ignoreront pas ; même si tu les
fuis, ils tenteront toujours de te rattraper. Dès
lors, laisse-leur une part de ton honneur que tu
retrouveras le Jour où tu en auras réellement be-
soin !
Il fit, ensuite, d’eux deux des frères.
34
Puis le Prophète ( )ﷺtourna son regard vers Ib-
nou Oumar et dit : Louange à Allah qui guide et
préserve de l’égarement !
À cet instant, Ali s’adressa à lui et dit :
– Ô Messager d’Allah, peu s’en faut pour que
mon âme ne flanche et que mon échine ne se
brise du fait que tu ne m’aies pas mentionné !
– Si je ne t’ai pas cité c’est pour te garder pour
moi ! lui répondit le Prophète ( )ﷺavant de pour-
suivre : Tu es certes pour moi comme ce qu’était
Haroun pour Moussa et tu demeures mon
héritier !
– Que vais-je hériter de toi ? lui demanda alors
Ali.
– Le Livre d’Allah et la sounna de son prophète !
lui dit-il ( )ﷺavant d’ajouter : Tu seras avec moi
au Paradis, dans ma demeure, en compagnie de
Fatima !
Puis il lut le verset : ﴾ Ils seront frères, face à
face sur des divans1 ﴿ ِ
1
Sourate Al-Hijr, verset 47
35
Il a également été rapporté par Mouhammad ibn
Jarir At-Tabari : D’après Houssayn Ad-Dari’ :
D’après Abd Al-Mou’mine mais sans le maillon
manquant « D’après un Qourashite ».
Quant à Mouhammad ibn Al-Jahm As-Simmari,
il le rapporte par cette voie : Abderrahim ibn
Waqid nous a rapporté : Shouaïb ibn Younous
nous a rapporté : Moussa ibn Souhayb nous a
rapporté : D’après Yahya ibn Zakariya : D’après
Abd-Allah ibn Shourahbil : D’après un indi-
vidu : D’après Zayd.
Moutayine en a également fait mention, de ma-
nière résumée et par cette voie : Thabit ibn Ya-
qoub nous a rapporté : Thabit ibn Hammad An-
Nasri nous a rapporté : D’après Moussa ibn Sou-
hayb : D’après Oubada ibn Noussaï : D’après
Abd-Allah ibn Abou Awfa.
Al-Hassan ibn Ali Al-Houlwani l’a, pour sa part,
rapporté par la voie suivante : Shababa ibn
Sawwar nous a rapporté : Abou Abd-Allah Al-
Bahili (dont le nom est Jafar ibn Marzouq) nous
a rapporté : D’après Ghiyath ibn Shouqayr :
D’après Abderrahman ibn Saqit : D’après Saïd
ibn ‘Amir Al-Joumahi :
Un jour, le Messager d’Allah ( )ﷺdit : Approche
Abou Bakr ! Approche Oumar ! Puis il cita ce
36
hadith de la fraternisation dans lequel il interver-
tit toutefois les noms, ajouta certains compa-
gnons et en omit d’autres.
Shababa s’est cependant singularisé par cette
version et elle ne demeure pas avérée.
Au sujet de la fraternisation des compagnons, ce
qui est notoire est que cela se soit produit entre
les Mouhajirounes et les Ansars afin qu’ils s’as-
sistent et s’entraident les uns les autres…
Saïd ibn Zayd a rapporté 48 hadiths. Deux
d’entre eux figurent, de manière conjointe, dans
les Deux Authentiques et Al-Boukhari, seul, en
a rapporté un troisième.
37
سري أعالم النبالء
LES GRANDES FIGURES DE
L’ISLAM
SHAMS AD-DINE DHAHABI (748 h)
8. ABOU SALAMA
1
Oubayda ibn Al-Harith ibn Al-Mouttalib Al-
Mouttalibi,
Saïd ibn Zayd ibn ‘Amr ibn Noufayl Al-‘Adawi,
Asma (la fille du Véridique),
Khabbane ibn Al-Aratt Al-Khouza’i (l’allié des
Banou Zouhra),
Oumayr ibn Abi Waqas (le frère de Saad),
Abd-Allah ibn Mass’oud Al-Houdhali (un autre
allié des Banou Zouhra),
Mass’oud ibn Rabi’a Al-Qari (parmi les combat-
tants de Badr),
Salit ibn ‘Amr ibn Abd-Shams Al-‘Amiri,
‘Ayash ibn Abou Rabi’a ibn Al-Moughira Al-
Makhzoumi et sa femme : Asma bint Salama At-
Tamimiya,
Khounays ibn Houdhafa As-Sahmi,
‘Amir ibn Rabi’a Al-‘Anzi (l’allié de la famille
Al-Khattab),
Abd-Allah ibn Jahche ibn Riab Al-Assadi (l’allié
des Banou Oumaya),
2
Jafar ibn Abi Talib Al-Hashimi et sa femme :
Asma bint ‘Oumays,
Hatib ibn Al-Harith Al-Joumahi ainsi que : son
épouse (Fatima bint Al-Moujallal Al-‘Amiriya),
son frère (Khattab), l’épouse de ce dernier (Fou-
kayha bint Yassar) et son autre frère (Ma’mar
ibn Al-Harith),
As-Saïb (le fils d’Outhman ibn Mazh’oune),
Al-Mouttalib ibn Azhar ibn Abd-‘Aouf Az-
Zouhri et sa femme : Ramla bint Abou ‘Aouf As-
Sahmiya,
Le Tousseur (An-Nahham)1 : Nou’aym ibn Abd-
Allah Al-‘Adawi,
‘Amir ibn Fouhayra (l’esclave du Véridique),
Khalid ibn Saïd ibn Al-‘Ass ibn Oumaya et sa
femme : Oumayma bint Khalaf Al-Khouza’iya,
Hatib ibn ‘Amr Al-‘Amiri,
Abou Houdhayfa ibn Outba ibn Rabi’a Al-
‘Abshami,
1
Il fut surnommé ainsi car le Prophète ( )ﷺdit dans un
hadith : « j’ai entendu, au Paradis, la toux de Nou’aym ! »
(rapporté par Al-Hakim)
3
Waqid ibn Abd-Allah ibn Abd-Manaf At-Ta-
mimi Al-Yarbou’i (l’allié des Banou ‘Adi),
Les fils d’Al-Boukayr ibn Abd-Ya-Layla Al-
Laythi : Khalid, ‘Amir, ‘Aqil et Iyas (par ailleurs
alliés des Banou ‘Adi également),
Ammar ibn Yassir ibn ‘Amir Al-‘Anssi – avec
un ( – نl’allié des Banou Makhzoum),
Souhayb ibn Sinane ibn Malik An-Namiri (qui
grandit au sein de l’Empire byzantin et dont le
patron fut, par la suite, Abd-Allah ibn Joud’ane),
Abou Dharr Joundoub ibn Jounada Al-Ghifari et
Abou Noujayh ‘Amr ibn ‘Abassa As-Soulami
Al-Bajali (ces deux derniers étant cependant re-
tournés dans leur contrée après leur conversion).
Ainsi, ces cinquante-là constituent le groupe des
tout premiers croyants (as-sabiqoune al-awa-
loune).
Se convertirent après : Le lion d’Allah : Hamza
ibn Abdelmoutalib et le Séparateur (Al-Farouq)
Oumar ibn Al-Khattab, dit la Gloire de l’Islam.
4
7. MOUSS’AB IBN OUMAYR
ُم ْص َعب بن ُع َم ْير
1
Compagnons qui émigrèrent de La Mecque à Médine
5
d’Allah. La récompense divine nous était, par
conséquent, inéluctablement promise. Certains
d’entre nous s’en allèrent, cependant, avant
même de n’avoir pu en goûter les délices. C’est
le cas de Mouss’ab ibn Oumayr qui fut tué le jour
d’Ouhoud. Il ne possédait comme biens, à cette
époque, qu’un unique pagne à rayures. Lorsque
nous essayions de couvrir son corps avec, ses
pieds dépassaient et lorsque nous couvrions ses
pieds, c’est sa tête qui débordait ! Le Messager
d’Allah ( )ﷺnous dit alors : « Couvrez sa tête et
mettez des feuilles de citronnelle1 sur ce qui dé-
passe de son corps ! » D’autres, parmi nous, ont
cependant la chance, aujourd’hui, de récolter les
fruits de leur labeur !
1
Idkhir en arabe ( )إذخِ ر: plante originaire d’Afrique et
d’Asie possédant, entre autres, des qualités aromatiques
et médicinales
2
Ibrahim ibn Abderrahman ibn ‘Aouf
6
ait été accordée que le temps de cette vie ! Puis
il fondit, de nouveau, en sanglots.
7
Ibn Ishaq : Salih ibn Kayssane m’a rapporté :
D’après Saad ibn Malik1 qui relate : Avant d’im-
migrer (hijra), nous connûmes des jours extrême-
ment difficiles au point où la situation devint, à
un moment, insupportable. Nous n’avions alors
d’autre choix que de quitter La Mecque. Puis, la
faim et la misère nous affectèrent, de nouveau,
mais nous nous y habituâmes peu à peu et nos
corps se renforcèrent. Quant à Mouss’ab ibn Ou-
mayr, il faisait partie des jeunes les plus aisés de
La Mecque et était comblé par ses parents. Mais
lorsqu’il fut éprouvé par ce qui nous toucha tous,
son organisme ne parvint cependant pas à
s’adapter. Je le revois ainsi, la peau sur les os,
flétrie telle la peau d’un serpent ! Je me souviens
que certains jours, il ne pouvait tenir debout faute
de trouver quelque chose à avaler. Nous étions
alors obligés de le porter, à l’aide de nos arcs, sur
nos épaules. J’ai le souvenir également qu’une
nuit, alors que j’étais sorti pour faire mes be-
soins, j’entendis quelque chose obstruer l’écou-
lement de mon urine. C’est alors qu’en palpant
avec mes mains, je trouvais un bout de peau qui
provenait d’un chameau. Je le pris et le lavai
jusqu’à le purifier parfaitement. Puis, je le fis
brûler avant de le moudre et d’en faire trois
1
C’est-à-dire : Saad ibn Abi Waqas
8
morceaux bien distincts qui furent ma nourriture
pendant un nombre de jours équivalent !
9
‘Amr ibn Mouadh Al-Aoussi (le frère de Saad)
et son neveu Al-Harith ibn Aous (le fils de son
frère),
Al-Harith ibn Ounays,
Oumara ibn Ziyad ibn As-Sakane,
Rifa’a ibn Waqsh et ses neveux : ‘Amr et Salama
(fils de Thabit ibn Waqsh, le frère de Rifa’a),
Sayfi ibn Qayzhi ainsi que son frère Janab,
‘Abbad ibn Sahl,
Oubayd ibn At-Tayihane,
Habib ibn Zayd,
Iyas ibn Aous,
Ces derniers étant tous des Achehaliyounes (Ba-
nou Abd Al-Achehal).
Al-Yamane (le père de Houdhayfa),
Zayd ibn Hatib Az-Zhoufari,
Abou Soufiane Ibn Harith Ibn Qays,
Hanzhala ibn Abou ‘Amir (celui que les anges
ont lavé),
Malik ibn Oumaya,
10
‘Aouf ibn ‘Amr,
Abou Haya ibn ‘Amr,
Abd-Allah ibn Joubayr ibn Nou’mane,
Khaythama (le père de Saad) ainsi que son pro-
tégé (halif) Abd-Allah,
Soubay’ ibn Hatib et son protégé Malik,
Et enfin Oumayr ibn ‘Adi.
Tous ceux-là faisaient partie de la tribu des Aous.
11
(Tous ces derniers étant des Banou Najjar)
Furent également tués parmi eux : leur esclave
Kayssane ainsi que Soulaym ibn Al-Harith et
Nou’mane ibn Abd-‘Amr.
12
Nou’mane ibn Malik,
Al-Moujadhar ibn Ziyad Al-Balawi,
Rifa’a ibn ‘Amr,
Malik ibn Iyas,
Abd-Allah (le père de Jabir),
‘Amr ibn Al-Jamouh, son fils Khallad ainsi que
son esclave Assir,
Soulaym ibn ‘Amr ibn Hadida et son esclave
‘Anetara,
Souhayl ibn Qays,
Dhakwane,
Et enfin Oubayd ibn Al-Mou’alla ibn Loudhane.
13
8. ABOU SALAMA
أبو َس َل َمة
14
Elle ne pensait alors pas pouvoir trouver
quelqu’un du rang de son ancien mari. C’était
sans se douter qu’il allait lui être accordé, à son
plus grand bonheur, de devenir l’épouse du Sou-
verain de l’humanité !
Abou Salama mourut alors qu’il était encore
dans la force de l’âge, en l’an 3 de l’Hégire,
qu’Allah l’agrée !
15
parole suivante : « Lorsque vous vous rendez au-
près d’un défunt, ne prononcez que de bonnes
paroles car les anges disent amine à vos invoca-
tions ! »
Elle rapporta en outre : Lorsqu’Abou Salama
mourut, je questionnai le Messager d’Allah
( )ﷺ:
– Que devrais-je dire, ô Messager d’Allah, en pa-
reil moment ?
– Dis : Ô Allah, pardonne-lui et accorde-nous
une issue heureuse après lui ! me répondit-il.
Allah m’octroya alors meilleur que lui à savoir le
Messager d’Allah lui-même ()ﷺ.
16
m’écriai : Quel être meilleur qu’Abou Salama
pourrais-je trouver ?! Je ne cessai de me répéter
cela mais finis tout de même par prononcer l’in-
vocation dans son entièreté…
C’est alors qu’à la fin de son délai de viduité,
Abou Bakr demanda sa main mais celle-ci re-
fusa. Puis, Oumar tenta, à son tour, sa chance
mais Oum Salama n’accepta pas non plus. Le
Prophète délégua alors quelqu’un dans le but de
l’épouser lui-même et sa réponse fut alors :
« Que le Messager d’Allah ( )ﷺet son envoyé
soient les bienvenus ! »
Jusqu’à la suite du récit…
17
les ! » Il avait, lors de cette razzia, cent-cin-
quante hommes en sa compagnie. Ils marchèrent
ainsi jusqu’à arriver au pied du mont Qatane,
dans l’une de leurs oasis. Là-bas, ils mirent la
main sur du bétail leur appartenant puis ils s’en
retournèrent à Médine une dizaine de jours envi-
ron après leur départ.
Oumar ibn Outhman ajouta : Et Abdelmalik ibn
Oubayd me rapporta que lorsqu’Abou Salama
revint à Médine, sa blessure commença à sérieu-
sement s’infecter. Il mourut ainsi, à trois nuits de
la fin du second mois de Joumada, en l’an 4.
Certaines versions mentionnèrent toutefois
qu’Abou Salama décéda en l’an 3.
18
Mouhajirounes1 et parmi les alliés d’Allah ; ces
pieux qui sont morts du vivant de leur prophète
et qui ont ainsi eu la chance que ce dernier ()ﷺ
accomplisse la prière funéraire sur eux !
Abou As-Saïb est, par ailleurs, le premier à avoir
été enterré au cimetière du Baqi’.
1
Compagnons qui émigrèrent de La Mecque vers Médine
19
Saïd ibn Al-Moussayb rapporta : j’ai entendu
Saad dire : Le Messager d’Allah ( )ﷺn’accepta
pas d’Outhman ibn Mazh’oune le vœu de chas-
teté qu’il voulut faire. S’il le lui avait permis,
nous nous serions très certainement châtrés éga-
lement !
1
Nom d’un arbuste épineux répandu en Arabie. Le cime-
tière fut nommé ainsi du fait que cette espèce y prolifé-
rait.
20
Outhman ibn Mazh’oune demeure, en outre,
de ceux qui s’était interdit de boire du vin avant
l’Islam :
Ibn Al-Moubarak : D’après Oumar ibn Saïd :
D’après Ibn Sabit : Outhman ibn Mazh’oune di-
sait : Pourquoi consommerais-je une boisson qui
à la fois : me fait perdre la raison, est susceptible
de faire de moi un sujet de moqueries auprès de
gens insignifiants et, de plus, est capable de me
pousser à forniquer avec des proche-parentes ?!
Puis il dit lorsque le vin fut interdit définiti-
vement : Malheur à cette boisson ; je m’étais
montré bien perspicace !
Ce récit n’est toutefois pas authentique car sa
chaîne est discontinue. De plus, l’interdiction de
consommer du vin est survenue après sa mort.
21
vers lui une seconde fois et, quand il releva de
nouveau la tête, ils aperçurent des larmes couler
sur son visage. Puis le Prophète se pencha vers
lui une troisième et, cette fois-ci, lorsqu’il releva
la tête, les gens le virent sangloter. Ils surent
alors que ce dernier pleurait et ils se mirent à
pleurer avec lui. À cet instant, le Prophète ()ﷺ
leur dit : « Arrêtez ; ceci provient du
diable ! Qu’Allah me pardonne. »
Puis il s’adressa à Outhman et lui dit : « Ô Abou
As-Saïb, tu as certes quitté cette vie sans n’avoir
perpétré quoique ce soit pouvant te nuire ! »
22
Les gens furent très peinés pour Outhman ibn
Mazh’oune et les femmes se mirent à pleurer.
Oumar voulut, à cet instant, les faire taire mais le
Prophète l’arrêta et lui dit :
– Doucement Oumar. Puis il s’adressa aux com-
pagnonnes et leur dit : « Prenez garde aux hulu-
lements du diable ! Certes ce qui émane des yeux
provient d’Allah et de la miséricorde mais ce qui
émane des mains et de la langue provient assu-
rément du diable ! »
1
Son nom est : Abderrahman ibn Ziyad ibn An’oum. On
dit de lui qu’il est le premier enfant musulman à être né
sur le continent africain.
23
La chaîne de transmission de ce récit est toute-
fois discontinue.
24
Le rapporteur précisa en outre : Quelques temps
plus tard, elle s’en retourna les voir et elle était,
cette fois-ci, couverte de teinture corporelle telle
une jeune mariée !
1
État et mode de vie des moines
25
Par ailleurs, on rapporte d’Oubayd-Allah ibn
Outba1 la parole suivante : L’emplacement de la
maison des Mazh’oune que l’on connait au-
jourd’hui, à Médine, a été défini par le Messager
d’Allah ( )ﷺlui-même !
Outhman ibn Mazh’oune décéda au cours du
mois de Shabane de l’an 3.
1
De la génération des compagnons des compagnons.
Mort en l’an 98. Il est l’un des fameux Sept Juristes de
Médine.
26
Ibrahim ibn Saad : D’après Ibn Shihab :
D’après Kharija ibn Zayd : D’après Oum Al-
‘Ala – qui compte parmi celles qui prêtèrent ser-
ment d’allégeance au Messager d’Allah (; )ﷺ
elle raconte : Outhman ibn Mazh’oune tomba
malade lors de son séjour chez nous. Nous nous
occupâmes alors de lui et ce jusqu’à son dernier
souffle. Lorsqu’il décéda, le Messager d’Allah
( )ﷺse rendit auprès de lui et je dis en sa pré-
sence :
– Je témoigne pour toi, ô Abou As-Saïb : Certes
Allah ne manquera pas de t’honorer !
– Qu’en sais-tu ? me rétorqua subitement le Pro-
phète ()ﷺ.
– Je ne sais pas, lui répondis-je, étonnée, avant
de lui dire : Je donnerais pour toi mon père et ma
mère, ô Messager d’Allah, mais si Allah ne l’ho-
nore pas lui, qui donc pourrait-il honorer
d’autre !?
– Quant à Outhman, son heure est arrivée et, par
Allah, je n’espère pour lui que le bien ! me ré-
pondit-il ( )ﷺavant d’ajouter : Quant à moi, je
suis le Messager d’Allah et je ne sais même pas
ce que l’on fera de mon être !
– Certes je jure que je ne vanterai les mérites de
plus personne après cela ! m’écriai-je alors.
27
Puis elle ajouta : Ceci me contraria particulière-
ment et je me couchai comme cela. C’est alors
que je vis, en rêve, de l’eau couler d’une
source qui appartenait à Outhman. J’en informai,
plus tard, le Messager d’Allah ( )ﷺet il me dit :
« Cela représente ses actions ! »
28
Et on rapporte d’Aïsha la fille de Qoudama
qu’elle décrit les fils de Mazh’oune ; elle dit : Ils
se ressemblaient beaucoup physiquement. Quant
à Outhman, il avait la peau très mate et une barbe
dense.
Qu’Allah l’agrée !
1
Les croyantes qui émigrèrent de La Mecque (hijra)
29
Qoudama a, à son actif, l’une des deux exodes
vers l’Abyssinie.
1
Sourate Al-Maïda, verset 93
30
Sa fille Aïsha le décrit : Mon père est mort en
l’an 36, à l’âge de 65 ans. Il n’avait pas pour ha-
bitude de teindre ses cheveux blancs. C’était un
homme grand, à la peau mate.
Qu’Allah l’agrée !
1
La bataille du Fossé
31
cours du califat d’Outhman ; Il était alors âgé
d’une soixantaine d’années.
1
Référence à un hadith dans lequel le Prophète ( )ﷺaf-
firma cela pour lui (voir Al-Boukhari 2809)
32
Abou Ma’shar et Al-Waqidi, As-Saïb participa
bien à la bataille de Badr. Quant à Ibn Ouqba, il
ne cita pas son nom parmi les combattants. His-
ham ibn Al-Kalbi prétendit par ailleurs : Celui
qui combattit à Badr est As-Saïb ibn Mazh’oune,
le frère germain d’Outhman.
Ibn Saad rétorqua cependant : Ceci est une er-
reur. Puis de dire un peu plus loin : Il fut atteint
par une flèche lors de la bataille d’Al-Yamama1,
en l’an 12 ; ce qui causa sa mort.
1
Région située au centre de la Péninsule arabique
33
Son prénom est Mihsham ( )مِ ْهشَمd’après ce qui a
été rapporté.
Abou Houdhayfa se convertit avant même que le
Prophète ( )ﷺet ses compagnons ne rejoignent
la maison d’Al-Arqam1.
Il participa aux deux exodes (hijra) vers
l’Abyssinie. Là-bas, son fils Mouhammad ibn
Abou Houdhayfa naquit ; celui même qui
s’insurgera plus tard contre Outhman ibn
‘Affane. C’est Sahla bint Souhail ibn ‘Amr qui
le lui donna, une des compagnonnes atteintes de
métrorragies2 et celle qui épousera, par la suite,
Abderrahman ibn ‘Aouf. Elle est connue
également pour avoir allaité Salim3, pubère, afin
que ce dernier puisse aller et venir, en sa
présence, librement. La majorité des savants de
l’Islam considèrent toutefois que cette
permission leur est spécifique.
34
duel. Sa sœur Oum Mouawiya Hind bint ‘Outba
rima alors :
Bigleux malencontreux, sous tes dents chevau-
chées
La foi de tes ainés, tu as bien débauchée
Ainsi tu remercies, celui qui t’a couvé
Par sa cause tu es, ce gaillard approuvé
Il précisa également : Abou Houdhayfa était
grand et avait un beau visage. Ses dents se che-
vauchaient les unes les autres.
Qu’Allah l’agrée, il mourut en martyr lors de la
bataille d’Al-Yamama1, lui et son protégé Salim.
1
Région du centre de la Péninsule arabique
35
l’oncle maternel de Mouawiya le Calife.
36
(moursal), figure sa parole : Si seulement cette
vie n’avait pu ressembler qu’à un crottin stérile !
Quant à Abou Houdhayfa, son frère, il est rap-
porté qu’il mourut à l’âge de 53 ans.
1
Située en Iran, c’était une ville majeure et un centre reli-
gieux de l’ancien Empire perse.
2
Personne qui se place sous la protection d’un homme
puissant
37
Ibn Abou Moulayka : D’après Al-Qassim ibn
Mouhammad qui relate : Sahla bint Souhayl,
l’épouse d’Abou Houdhayfa, se rendit au près du
Prophète ( )ﷺet lui dit :
– Ô Messager d’Allah, Salim est encore avec moi
dans le domicile conjugal et il a certes atteint
l’âge adulte !
– Allaite-le ; vous deviendrez illicites l’un pour
l’autre comme le reste des membres de ta fa-
mille ! lui enjoint alors le Prophète ()ﷺ.
Oum Salama ajouta par ailleurs : Les épouses du
Messager d’Allah ( )ﷺrefusèrent, par la suite,
que quiconque leur devienne illicite par ce pro-
cédé. Elles disaient : Ceci est une exception qui
n’a été accordée qu’à Salim !
1
Compagnons qui émigrèrent de La Mecque à Médine
38
Mouhajirounes, dans leurs prières, lorsque ces
derniers se trouvaient à Qouba. Et il y avait
parmi eux Oumar ; peu avant qu’il ne rejoigne le
Messager d’Allah ()ﷺ.
39
Qouba. Leur imam était alors Salim, le protégé
d’Abou Houdhayfa, car il était celui d’entre eux
qui connaissait le plus de Coran. Il y avait alors,
parmi eux, Oumar et Abou Salama ibn Abd Al-
Assad.
Oussama ibn Hafs a rapporté le même récit,
d’après Oubayd-Allah, mais avec les termes :
Lorsque les premiers Mouhajirounes arrivèrent à
Al-‘Ousba, avant la venue du Messager d’Allah
()ﷺ, c’est Salim qui les guidait dans leur prière.
40
Salim avait avec lui, ce jour-là, l’étendard des
Mouhajirounes. Il combattit ensuite jusqu’à la
mort.
1
Pièces d’argent de l’époque
41
Mon père m’a rapporté : ‘Affane nous a rap-
porté : Hammad nous a rapporté : D’après Ali
ibn Zayd : D’après Abou Rafi’ qui rapporte
qu’Oumar ibn Al-Khattab ordonna :
Que tous les captifs arabes qui seront vivants à
ma mort soient affranchis avec l’argent d’Allah !
Saïd ibn Zayd, alors présent, lui dit :
– Pourquoi ne désignerais-tu pas ton successeur,
d’entre les musulmans, comme Abou Bakr le
fit ? Les gens pourraient ainsi se fier à ta recom-
mandation comme ils se fièrent à celle d’Abou
Bakr le Véridique !
– Certes j’ai vu en ceux qui m’entourent une âpre
convoitise ! répondit-il alors avant de pour-
suivre : Pour cette raison, j’ai confié cette tâche
à ces six !
Puis il dit : S’il y avait deux hommes qui
m’avaient survécu et que j’aurais pu nommer à
ce poste en ayant pleinement confiance, ce sont :
Salim le protégé d’Abou Houdhayfa et Abou Ou-
bayda ibn Al-Jarrah !
Ali ibn Zayd est toutefois un rapporteur dont on
écrit les hadiths seulement ( )لينmais dont les nar-
rations, seules, ne peuvent être acceptées.
42
Ceci-étant, si ce récit s’avère authentique, il
montre la grande considération qu’Oumar avait
pour Salim et Abou Oubayda. Il indique égale-
ment que celui-ci ne voyait pas le titre de calife
réservé aux seuls Qourashites. Et Allah est plus
savant !
1
Personne qui use de ses deux mains avec la même faci-
lité
43
Mou’adh ibn ‘Afra et son frère ‘Aouf (le père de
ces deux derniers étant : Al-Harith ibn Rifa’a des
Banou Ghanm ibn ‘Aouf),
Haritha ibn Souraqa ibn Al-Harith ibn ‘Adi Al-
Ansari, l’enfant qui fut tué par un tir de flèche
perdu et pour qui le Messager d’Allah ( )ﷺdit :
« Ô Oum Haritha, ton fils a gagné les plus hauts
degrés du Paradis (Al-Firdaous) ! »,
Yazid ibn Al-Harith ibn Qays Al-Khazraji, dont
la mère est : Foussehame. Et il fut dit que
Foussehame était en fait son nom à lui,
Rafi’ ibn Al-Mou’alla Az-Zouraqi,
Saad ibn Khaythama Al-Aoussi,
Moubashir ibn Abd Al-Moundhir (le frère
d’Abou Loubaba),
Et ‘Aqil ibn Al-Boukayr ibn Abd-Ya-Layla Al-
Kinani Al-Laythi, l’un des fameux quatre frères
qui ont combattu ensemble lors de la bataille.
Ce qui porte le total des martyrs, du côté des
compagnons, à quatorze.
44
Outba ibn Rabi’a ibn Abd-Shams ibn Abd-Ma-
naf ainsi que son frère Shayba ; ils avaient, à eux
deux cumulés, 140 ans,
Abou Jahl ‘Amr ibn Hisham ibn Al-Moughira
Al-Makhzoumi,
Oumaya ibn Khalaf Al-Joumahi et son fils Ali,
Ouqba ibn Abou Mou’it ; ce dernier fut, par ail-
leurs, exécuté d’un coup de couteau à la gorge
après avoir été fait prisonnier,
Abou Al-Bakhtari Al-‘Ass ibn Hisham Al-
Assadi,
Al-‘Ass (le frère d’Abou Jahl),
Hanzhala ibn Abou Soufiane (le frère de
Mouawiya),
Les fils d’Abou Ouhayha : Oubayd et Al-‘Ass,
Al-Harith ibn ‘Amir An-Nawfali,
Touayma (l’oncle paternel de Joubayr ibn
Mout’im),
Harith ibn Zam’a ibn Al-Aswad et son père, ainsi
que Ouqayl (le frère de son père),
Nawfal ibn Khouwaylid Al-Assadi (le frère de
Khadija),
45
An-Nadr ibn al-Harith (mort exécuté),
Oumayr ibn Outhman (l’oncle paternel de Talha
ibn Oubayd-Allah),
Mass’oud Al-Makhzoumi (le frère d’Oum
Salama),
Abou Qays (le frère de Khalid ibn Al-Walid),
Qays ibn Al-‘Ad ibn Al-Moughira Al-
Makhzoumi,
Et enfin les fils d’Al-Hajjaj ibn ‘Amir As-
Sahmi : Noubayh et Mounabbi ainsi que les deux
fils de Mounabbi : Haritha et Al-‘Ass.
46
سري أعالم النبالء
LES GRANDES FIGURES DE
L’ISLAM
SHAMS AD-DINE DHAHABI (748 h)
15
1
cessèrent par conséquent une partie de leur nui-
sance envers lui…
2
Ad-Daghouli : Ahmad ibn Sayar nous a rap-
porté : Rafi’ ibn Acheras nous a rapporté : Kha-
lid ibn As-Saffar nous a rapporté : D’après Ibra-
him ibn As-Saïgh : D’après ‘Ata : D’après Jabir :
Le Prophète ( )ﷺa dit : « Hamza ibn Abdelmou-
talib est le prince des martyrs ! »
Hadith gharib (singulier)
3
Oumaya Ad-Damri qui relate : Nous sortîmes,
Oubayd-Allah ibn ‘Adi ibn Al-Khiyar et moi, en
expédition à l’époque de Mouawiya. C’est alors
que nous passâmes par Homs1 dans laquelle se
trouvait Wahchi. Ibn ‘Adi me dit alors :
– Voudrais-tu que l’on aille questionner Wah-
chi afin de savoir comment il a tué Hamza ?
Nous partîmes alors à sa recherche et deman-
dâmes après lui. Les gens nous dirent :
– Certes vous le trouverez dans le patio de sa de-
meure assis sur un duvet ! C’est un alcoolique
notoire mais, s’il est sobre, il s’exprime parfaite-
ment en arabe…
Nous nous rendîmes alors auprès de lui et trou-
vâmes un vieil homme noir assis sur son duvet.
On aurait dit un vautour. Il n’était pas saoul au
moment de notre visite. Nous le saluâmes. À cet
instant, il leva sa tête vers Oubayd-Allah ibn
‘Adi et dit :
– Tu es le fils de ‘Adi ibn Al-Khiyar ?
– Oui, répondit Oubayd-Allah.
– Par Allah, la dernière fois que je t’ai vu, c’est
lorsque je t’ai porté pour te remettre à ta mère des
1
Célèbre ville de Syrie
4
Banou Saad1, non loin de la rivière de Touwa2.
Elle t’allaita sur son chameau. Je revois encore
tes petits pieds !
– Nous sommes venus pour que tu nous racontes
comment tu as tué Hamza ?
– Je vais vous le raconter exactement comme je
l’ai raconté au Messager d’Allah ( ! )ﷺrépondit-
il avant de poursuivre : J’étais, à l’époque, sous
le joug de Joubayr ibn Mout’im. Tou’ayma ibn
‘Adi, son oncle paternel, avait été tué lors de la
bataille de Badr. Joubayr me dit alors :
– Si tu tues Hamza, tu es libre !
Je possédais, à ce moment-là, une javeline et
étais un fort bon lanceur ; rares étaient les fois où
je manquais ma cible. Je me rendis alors sur le
champ de bataille avec les combattants. Puis,
lorsque les deux groupes commencèrent à s’af-
fronter, je me mis à chercher Hamza. C’est alors
que je l’aperçu sur le flanc. Il faisait penser à un
dromadaire cendre tellement la poussière l’avait
recouvert ! Il terrassait les combattants un à un
avec son épée. Je me préparais, à cet instant, à le
1
Il veut sans doute signifier sa mère de lait car la mère
biologique de Oubayd-Allah ibn ‘Adi était une Qouras-
hite des Banou Abd-Shams.
2
Oued de La Mecque
5
viser quand Siba’ ibn Abd Al-Ouzza Al-
Khouza’i, soudainement, s’avança vers lui. Lors-
que Hamza le vit, il lui dit :
– Approche fils d’exciseuse !
Hamza lui assena alors un coup d’épée en pleine
nuque. Par Allah, je n’avais jamais vu quelqu’un
trancher une tête d’une manière aussi violente
que ça !
À cet instant, j’emmanchai ma javeline et, lors-
que je l’eus bien en main, je la lançai droit sur
lui. Elle alla se planter dans son abdomen et res-
sortit d’entre ses jambes. Là, il s’effondra. Il es-
saya ensuite, péniblement, de se relever mais fi-
nit par succomber définitivement. Je le laissai
ainsi, la javeline plantée, jusqu’à ce qu’il rende
l’âme puis je partis récupérer mon arme. N’ayant
besoin de combattre personne d’autre ce jour-là,
je m’en retournai ainsi à notre campement et at-
tendis paisiblement là-bas !
Plus tard, lorsque le Messager d’Allah ( )ﷺeut
conquis La Mecque, j’allai trouver refuge à Taïf.
Mais lorsque la délégation de Taïf embrassa
l’Islam, la Terre d’Allah devint pour moi bien
étroite malgré toute l’étendue de ses contrées ! Je
songeai alors à me rendre au Sham, au Yemen ou
dans d’autres endroits. Puis, alors que j’étais
6
grandement préoccupé par cela, un homme me
dit :
– Certes Mouhammad ne tue pas ceux qui se con-
vertissent à sa religion !
Je décidai alors de me rendre à Médine pour voir
le Messager d’Allah ()ﷺ. Lorsque j’arrivai près
de lui, il me dit :
– Wahchi ?
– C’est moi, lui répondis-je.
– Assieds-toi, me dit-il avant de me demander :
Raconte-moi comment tu as tué Hamza ?
Je lui ai alors raconté exactement comme je vous
l’ai narré. Il me dit ensuite :
– Malheur à toi ! Pars loin de moi afin que je ne
voie plus ton visage !
Pendant toute la durée de sa vie, je veillai donc à
me tenir aussi éloigné que possible de lui et ce
jusqu’à sa mort.
Puis, lorsque les musulmans entreprirent de
combattre Moussaylima, je partis avec eux muni
de la javeline avec laquelle j’avais tué Hamza.
Quand le combat éclata, je guettai attentivement
Moussaylima qui tenait dans sa main une épée.
Par Allah, je ne l’avais jamais vu auparavant.
7
Soudain, alors que je me préparais à le viser,
j’aperçus un homme des Ansar se diriger égale-
ment vers lui mais par une autre direction. Tous
deux nous préparions à le cibler. Puis, lorsque je
le pus, je lui lançai la javeline qui le transperça.
Au même moment, le Ansari lui asséna, à son
tour, un coup d’épée ! Je lui dis alors :
– Par ton Seigneur, c’est bien lui le seul à savoir
qui de nous deux a tué cet individu ! Quoiqu’il
en soit, s’il est mort par ma cause, j’aurais au fi-
nal tué le meilleur des hommes – après le Mes-
sager d’Allah ( – )ﷺet le pire d’entre eux !
1
C’est-à-dire Ibn Ishaq
8
le ressuscite d’entre les entrailles des fauves et
des rapaces ! »
On l’ensevelit alors dans un vêtement à rayures.
Lorsque l’on couvrait sa tête, ses pieds dépas-
saient et lorsque l’on voulait couvrir ses pieds,
c’est sa tête qui ressortait. Ce jour-là, le Messa-
ger d’Allah ( )ﷺne pria sur aucun des martyrs. Il
leur dit par ailleurs : « Je suis un témoin pour
vous ! »
Aussi, on enterrait les morts à deux ou à trois
dans les tombes. À chaque fois, on demandait :
Lequel d’entre eux connaissait le plus de Coran ?
Il était alors inhumé en premier. On pouvait uti-
lisé également le même linceul pour ensevelir
plusieurs martyrs à la fois !
9
découvrit le ventre. L’esclave abyssin en profita
alors pour lui lancer sa javeline qui vint lui trans-
percer l’abdomen !
10
donnai. Ses pieds ressemblaient étrangement aux
tiens !
À ce moment, Oubayd-Allah découvrit son vi-
sage puis il lui dit :
– Veux-tu nous raconter comment tu as tué
Hamza ?
– Si vous le souhaitez ! répondit-il avant d’enta-
mer son récit et de dire : Tou’ayma ibn ‘Adi ibn
Al-Khiyar avait été tué lors de la bataille de
Badr. Joubayr – qui était alors mon maître – me
dit :
– Si tu tues Hamza pour venger mon oncle, je
t’affranchis !
Puis, lorsque les gens sortirent à ‘Aynayne1 (nom
d’un monticule situé juste à côté d’Ouhoud et
qu’un oued sépare), Siba’ cria :
– Y a-t-il quelqu’un pour se battre en duel ?
– Est-ce que tu t’opposes à Allah et à son messa-
ger fils d’exciseuse ? lui répondit Hamza. Il lui
sauta ensuite dessus pour n’en faire qu’une bou-
chée.
À cet instant, je me postai derrière un rocher et
attendis qu’il passe devant moi. Je patientai
1
Autre nom donné au fameux mont des Archers
11
jusqu’au moment où je pus enfin le cibler. Ma
javeline vint alors lui transpercer l’abdomen
avant de ressortir du côté de sa hanche.
Jusqu’à sa parole : Plus tard, alors que je me
trouvais à Taïf, ils envoyèrent des émissaires au
Prophète ()ﷺ. On me dit à ce moment :
– Certes, il ne cause aucun tort aux envoyés !
C’est alors que je partis avec eux. Lorsque le
Prophète ( )ﷺme vit, il me dit :
– Tu es Wahchi ?
– Oui, répondis-je.
– Celui qui a tué Hamza ? me demanda-t-il.
– Effectivement, ce que l’on t’a rapporté de moi
est exact ! lui confirmai-je.
– Peux-tu faire en sorte que je ne vois plus ton
visage ? C’est la phrase qu’il me dit à ce mo-
ment-là.
Je m’en retournai alors. Puis, lorsqu’il mourut et
que Moussaylima entra en scène, j’eus la ferme
intention de partir le combattre et de le tuer afin
de me racheter du meurtre de Hamza. Je m’enga-
geai alors avec les troupes. Arriva ensuite ce
qu’il arriva entre les combattants ce jour-là. Sou-
dain, je vis au milieu des armées, depuis la fente
12
d’un mur, un homme couvert de poussière et la
chevelure complètement ébouriffée. Il était gris
comme un chameau ! Je le visai alors avec ma
javeline et celle-ci vint lui transpercer le thorax
avant de ressortir au niveau de ses omoplates. Au
même moment, un homme des Ansar se rua sur
lui et lui assena un coup d’épée en pleine tête…
Soulayman ibn Yassar précisa en outre : J’ai en-
tendu Ibnou Oumar rapporter : À cet instant, une
jeune fille, sur le toit d’une maison, cria : « L’es-
clave noir a tué le Prince des Croyants1 ! »
1
Elle veut dire Moussaylima ; ses suiveurs le considérant
comme un véritable prophète.
13
Allah l’Éternel, tu étais toutefois de ceux qui pré-
servent les liens familiaux et un fils bienveillant
envers son père !
Puis ils trouvèrent Hamza, le ventre étripé. Wah-
chi lui avait arraché le foie, pour le rapporter à
Hind, suite au vœu qu’elle avait fait le jour de la
mort de son père à Badr. Hamza fut enterré dans
un manteau à rayures qui, lorsque l’on couvrait
son visage avec, laissait dépasser ses pieds. Ils
utilisèrent alors des branches d’arbres pour le re-
couvrir entièrement.
1
Sourate Les Abeilles, verset 126
14
Abou Bakr ibn ‘Ayash : D’après Yazid ibn
Abou Ziyad : D’après Miqsam : D’après Ibnou
‘Abbas qui relate : Lorsque Hamza fut tué, sa
sœur Safiya se rendit sur le champ de bataille.
Elle rencontra alors Ali Et Zoubayr mais ces der-
niers feignirent de ne rien savoir. Elle partit alors
voir le Messager d’Allah ( )ﷺqui dit : « Je
crains qu’elle ne puisse le supporter ! » Puis il
posa sa main sur sa poitrine et invoqua pour elle.
À cet instant, elle s’écria : « À Allah nous appar-
tenons et à lui nous retournons ! » et fondit en
larmes.
Le Prophète ( )ﷺse rendit ensuite auprès de
Hamza qui avait été affreusement mutilé. À ce
moment, il dit : « Si cela n’avait pas suscité
l’émoi des femmes, je l’aurais laissé tel quel afin
qu’il soit ressuscité, le Jour du jugement,
du jabot1 des charognards et des entrailles des
fauves ! »
Puis on fit venir les morts, par sept2, et le Pro-
phète ( )ﷺpria sur eux. On les transportait en-
suite afin de laisser place à un autre groupe, à
1
Poche de l'œsophage des oiseaux dans laquelle ils stock-
ent les aliments
2
Dans la plupart des versions du récit, il est dit : « par
dix » ; neuf martyrs plus Hamza, le dixième, à chaque
tour.
15
l’exception de Hamza qui restait à l’endroit de la
prière mortuaire. Le Prophète ( )ﷺpriait, à
chaque fois, sept takbirates1 sur eux et ce jusqu’à
ce que l’ensemble des martyrs soient inhumés…
Ceci-dit, Yazid n’est pas un rapporteur sur lequel
on peut s’appuyer. Le plus probant, dans cette
question, est ce qui a été rapporté par Jabir qui
affirma que le Prophète ( )ﷺne pria sur personne
ce jour-là.
Par ailleurs, on trouve dans les Deux Authen-
tiques le hadith de ‘Ouqba qui rapporte que le
Messager ( )ﷺpria effectivement sur les martyrs
d’Ouhoud mais ce quelques jours avant sa mort
seulement.
1
Fait de prononcer « Allah akbar »
2
Le verset 126 de la sourate Les Abeilles
16
‘Aliya m’a rapporté : D’après Oubay ibn Kaab
qui relate : Soixante-dix d’entre les Ansar trou-
vèrent la mort le jour d’Ouhoud. Leurs corps su-
birent, pour la plupart, des mutilations multiples.
C’est alors que les survivants d’entre eux dirent :
Si un jour nous les battons, nous leur rendrons la
pareille et bien plus encore ! Jusqu’au jour où La
Mecque fut conquise. Là, un Ansari cria à deux
reprises : « Que l’on extermine tous les Qouras-
hites !! » C’est alors qu’Allah révéla sur son pro-
phète le verset ﴾ Et si vous ripostez… ﴿.
À ce moment, le Prophète ( )ﷺdit : « Laissez le
peuple saint et sauf ! »
1
Le fils de Safiya
17
décidèrent donc de tirer au sort pour les départa-
ger. Celui qui aurait été désigné serait ainsi en-
veloppé dans la meilleure des deux pièces.
Hamza fut donc inhumé dans un linceul et l’autre
homme, le Ansari, inhumé dans un autre…
18
﴾ Et ne pense pas que ceux qui sont tombés
dans le sentier d’Allah soient morts1 ﴿
1
Sourate La famille d’Imran, verset 179
19
سري أعالم النبالء
LES GRANDES FIGURES DE
L’ISLAM
SHAMS AD-DINE DHAHABI (748 h)
DE LA BIOGRAPHIE N°16
À LA BIOGRAPHIE N°33
AU NOM D’ALLAH
LE CLÉMENT LE MISÉRICORDIEUX
1
Mouhammad ibn Oumar nous a narré : Mou-
hammad ibn Salih nous a rapporté : D’après Ya-
zid ibn Roumane qui relate : Les fils d’Abou Al-
Boukayr : Ghafil, ‘Amir, Iyas et Khalid se con-
vertirent tous les quatre en même temps. Ils sont,
par ailleurs, les premiers à avoir prêter serment
d’allégeance au Messager d’Allah ( )ﷺdans la
demeure d’Al-Arqam1.
1
Maison dans laquelle le Prophète ( )ﷺet ses compa-
gnons se réunissaient aux prémices de l’Islam ; du nom
de son propriétaire : le compagnon Al-Arqam ibn Abou
Al-Arqam.
2
‘Aqil mourut en martyr lors de la bataille de
Badr. Il était alors âgé de 34 ans. C’est Malik ibn
Zouhayr Al-Joushami qui eut raison de lui.
1
Nom d’un endroit situé entre La Mecque et Ousfane (ou
Asfan). La contrée d’Ousfane se trouvant, elle, à environ
80 kilomètres au nord-ouest de La Mecque.
3
Boukayr : « Iyas ».
Ibn Saad mentionna : Le Messager d’Allah ()ﷺ
lui désigna pour frère de foi Al-Harith ibn
Khazma.
Il participa à la bataille de Badr et à toutes celles
qui suivirent. Il prit part également, plus tard, à
la conquête de l’Égypte et décéda en l’an 34.
1
Bataille qui eut lieu, en l’an 11, face à Moussaylima
l’Imposteur
4
20. MISTAH IBN OUTHATHA
مِ ْس َطح بن ُأ َثا َثة
1
Celui qui accomplit l’exode (hijra) de La Mecque vers
Médine
2
Évènement lors duquel Aïsha, la Mère de croyants, fut
accusé de fornication.
5
combattant de Badr – d’un mauvais œil pour une
faute qu’il aurait commise au cours de sa vie !
Celle-ci lui a été assurément pardonnée et sache
qu’il compte bien parmi les occupants du Para-
dis !
Quant à toi, le rafidite1, prends garde à crier sur
tous les toits que la Mère des croyants aurait
commis l’adultère alors qu’un texte divin est
venu l’innocenter ; tu provoquerais, de tes mains,
ta chute en Enfer et ton châtiment !
1
Autre nom donné aux chiites
6
Le Messager d’Allah ( )ﷺlui désigna, pour frère
de foi, Khounays ibn Houdhafa As-Sahmi.
Il participa à la bataille de Badr et à celles qui
eurent lieu après.
Il fit parti également de l’expédition chargée
d’exécuter Kaab ibn Al-Ashraf1.
Oumar et – après lui – Outhman le désignèrent
tous deux comme percepteur de la zakat.
Ont rapporté de lui : son fils Zayd, son petit-fils
Abou ‘Abs (dont le père est Mouhammad ibn
Abou ‘Abs) ainsi que ‘Abaya ibn Rifa’a.
Il mourut à Médine, en l’an 34, à l’âge de 70 ans.
C’est Outhman qui exécuta la prière mortuaire
sur lui et il fut inhumé au cimetière du Baqi’2.
1
Le fameux poète juif des Banou Nadir
2
Le célèbre cimetière de Médine
7
Il était sous la protection des Banou Al-Achehal,
d’après ce que certains ont rapporté à son sujet.
1
Savant du 3e siècle de l’Hégire auteur d’un recueil sur la
généalogie des Ansar
8
composèrent le groupe d’Al-Aqaba1 ainsi que
des soixante-dix de la seconde délégation2.
Le Messager d’Allah ( )ﷺlui désigna pour frère
de foi Outhman ibn Mazh’oune.
Ibnou At-Tayihane participa à la bataille de Badr
ainsi qu’à toutes celles qui eurent lieu après.
C’est lui que le Prophète ( )ﷺenvoya afin d’éva-
luer la récolte des dattes3, à Khaybar, après la no-
mination d’Ibnou Rawaha.
1
Nom d’un monticule à Mina, là où l’on accomplit le pè-
lerinage et la lapidation des stèles. C’est à cet endroit que
les premiers croyants de Médine se convertirent et prêtè-
rent serment d’allégeance au Prophète ()ﷺ, un an et demi
environ avant l’Exode. Al-‘aqaba (عقَبَةَ ), en arabe, signifie
entre autres : une montagne aux versants abrupts.
2
Rencontre qui eut lieu l’année suivante, au même en-
droit et à la même période, lors du pèlerinage.
3
Ils procédaient à une estimation avant les récoltes afin
de déterminer le montant de l’impôt à payer.
9
Messager d’Allah ( )ﷺétait là pour invoquer en
ma faveur à mon retour !
Salih ibn Kayssane affirma : Abou Al-Haythame
décéda lors du califat d’Oumar. D’autres que lui
ont rapporté qu’il est mort en l’an 20.
Al-Waqidi précisa en outre : Cette version est,
pour nous, plus vraisemblable que les narrations
qui mentionnent qu’il serait mort lors de la ba-
taille de Siffine1 dans les rangs d’Ali.
Sounqour nous a informés : Abdellatif nous a
informés : Abdelhaqq nous a narré : Abou Al-
Hassan Al-Hajib nous a narré : Abou Al-Hassan
le Baigneur2 (Al-Hammami) nous a narré : Ibnou
Qani’ nous a narré : Mouhammad ibn Bishr nous
a rapporté : Mouhammad ibn Jami’ le vendeur de
parfums (Al-‘Attar) nous a rapporté : Abdelha-
kim ibn Mansour nous a rapporté : Abdelmalik
ibn Oumayr nous a rapporté : D’après Abou Sa-
lama : D’après Abou Al-Haythame ibn At-Tayi-
hane : Le Messager d’Allah ( )ﷺa dit :
« Celui que l’on sollicite pour un conseil se doit
d’être digne ! »
1
Bataille qui opposa Ali et Mouawiya en l’an 37
2
Personne qui tient un établissement de bains
10
23. ABOU JANDAL
أبو َجنْدَ ل
1
Nom du pacte qui eut lieu, en l’an 6 de l’Hégire, près de
la Mecque, entre les musulmans et les polythéistes.
11
– Ô musulmans, vers la mécréance vous me ren-
voyez !?
Le malheureux avait réussi à fuir et se voyait re-
foulé…
Son histoire est connue et rapportée dans l’Au-
thentique ainsi que dans Al-Maghazi1 (Les Ex-
péditions militaires).
Il retrouva, par la suite, sa liberté, put émigrer et
accomplir le jihad. Il s’engagea, plus tard, dans
la lutte, au Sham, puis fut touché par la peste
d’Emmaüs, dans les terres du Jourdain, en l’an
18. C’est ainsi qu’il mourut martyr.
1
Livre de l’historien Al-Waqidi (130–207h)
12
considéré comme un combattant de Badr, qu’Al-
lah l’agrée !
Il participa, par la suite, à de nombreuses expé-
ditions militaires et eut moults actions méri-
toires. Il tomba en martyr le jour d’Al-Yamama1
alors âgé de 38 ans.
Certains rapporteurs ont, par ailleurs, affirmé
qu’il faisait partie des tous premiers croyants et
qu’il immigra en Abyssinie lors du premier
exode (hijra). Qu’Allah l’agrée !
1
Bataille qui eut lieu, peu après la mort du Prophète ()ﷺ,
face à Moussaylima l’Imposteur
13
prononcée – avec le fait que son fils ait été tué
lors de la bataille d’Al-Yamama, en l’an 12.
1
Le traité d’Al-Houdaybiya qui eut lieu en l’an 6
2
En rapport avec son nom « Souhayl » dérivé de sahal
( )سهلla facilité…
14
C’est lui, à l’origine, qui exhorta les Qourashites
à aller combattre les musulmans, leur disant :
« Ô descendance de Ghalib, allez-vous laisser
Mouhammad et ces sabéens1 s’emparer de votre
caravane ?! Si c’est de l’argent que vous voulez,
en voici ! Et si c’est des armes que vous souhai-
tez, en voilà ! »
Souhayl était, malgré tout, une personne indul-
gente et généreuse. Il était en outre extrêmement
éloquent.
Il prononça un discours, à La Mecque, à la mort
du Messager d’Allah ()ﷺ, dans des termes sem-
blables au discours prononcé par le Véridique2 à
Médine. Il sut ainsi rassurer les gens et il magni-
fia l’Islam.
1
C’est de cette manière que les polythéistes surnom-
maient les musulmans ; en référence à une secte judéo-
chrétienne de l’époque.
2
Abou Bakr
15
et aux longues prières de nuits qu’il accomplis-
sait. Aussi, il fondait très souvent en larmes à
l’écoute du Coran.
Il fut le commandant d’un des bataillons lors de
la bataille d’Al-Yarmouk1.
Al-Madaïni et d’autres savants prétendirent qu’il
mourut lors de cette même bataille. Quant à
Shafi’i et Al-Waqidi, ils prétendirent que Sou-
hayl succomba à la peste d’Emmaüs2.
Parmi ceux qui transmirent de lui : Yazid ibn
‘Amira Az-Zoubaydi et d’autres.
1
Célèbre bataille qui eut lieu en l’an 15 dans laquelle les
musulmans mirent en déroute les Byzantins. Yarmouk est
une rivière située tout au sud de la Syrie. C’est là qu’eu-
rent lieu les affrontements.
2
Village proche de Jérusalem
16
Le héros, celui qui chargeait virulemment au
combat,
Le compagnon du Messager d’Allah ( )ﷺet le
frère de son valet Anas ibn Malik.
Il participa à la bataille d’Ouhoud et fut de ceux
qui prêtèrent serment d’allégeance sous l’Arbre1.
1
En l’an 6, sur le chemin de La Mecque, lorsque
quelques centaines de compagnons prirent l’engagement
d’attaquer les Qourashites. Cela aboutira ensuite au traité
d’Al-Houdaybiya.
17
Al-Walid resta un mois durant à lui prodiguer
des soins.
Al-Bara est connu pour avoir tué en duel, lors des
batailles qu’il mena, une centaine de combattants
parmi les plus vaillants.
1
( )ت ُ ْستَرen arabe ; ville iranienne proche de l’Irak
2
Le célèbre compagnon Abou Moussa Al-Ash’ari ; il
était alors le gouverneur de Bassora et le chef des armées.
18
a bien l’intention de l’emprunter ! lui expliqua
alors Al-Bara.
– Compte sur moi ! conclut Majzaa.
Ce dernier fut donc le premier de l’escadron à
pénétrer dans le passage. À sa sortie, les Perses
lui fracassèrent la tête à l’aide d’une roche mais
les troupes purent s’infiltrer quand même dans la
cité. Al-Bara put lui aussi en sortir et engager les
combats au cœur de la ville. C’est là qu’il trouva
la mort, qu’Allah l’agrée ! Allah accorda ensuite
la victoire aux musulmans…
19
– Ô Seigneur, par toi je le jure : tu vas nous
rendre maîtres d’eux !
Jusqu’à la suite du récit…
20
– Quoi ? me répondit-il, penses-tu que je vais
mourir, ainsi, sur un lit ?! Par Allah, j’ai mis à
mort, à moi seul, plus de quatre-vingt-dix com-
battants !
27. NAWFAL
ن َْو َفل
Le cousin du Messager d’Allah ()ﷺ, fils de
son oncle paternel Al-Harith ibn Abdelmoutalib,
le Hashimite,
« Abou Al-Harith », le frère d’Abou Soufiane
ibn Al-Harith.
1
Ibn Sirine
2
Celui qui gouverne une satrapie (ancienne division ad-
ministrative de l’empire perse)
3
Ville côtière historique de l’est de la Péninsule arabique.
Elle correspond, de nos jours, à l’agglomération de Qatif,
en Arabie saoudite.
21
Nawfal était plus âgé que son oncle ‘Abbas. Il
fut de ceux qui participèrent à la bataille de Badr,
dans les rangs polythéistes, et fut capturé au
cours de celle-ci. C’est son oncle qui acquitta sa
rançon.
Puis il se convertit et émigra l’année d’Al-Khan-
daq1.
On rapporte que le Messager d’Allah ( )ﷺles dé-
signa, lui et ‘Abbas, frères de foi. En effet, ils
étaient associés, avant l’Islam, et conduisaient
leurs affaires ensemble.
1
La bataille du Fossé qui eut lieu en l’an 5.
2
Lorsque quelques centaines de compagnons, sur le che-
min de La Mecque, prirent l’engagement de combattre les
Qourashites en l’an 6. Connu aussi sous le nom de « ser-
ment de l’Arbre »
22
Sa date de mort est estimée à l’an 20. Et il fut dit
aussi l’an 25.
Nawfal était, par ailleurs, le doyen des Banou
Hashim en son temps.
23
29. ABD-ALLAH IBN AL-HARITH
ِ الح
ارث َ َع ْبدُ اهلل بن
1
( )ببّة: surnom que les Arabes donnaient aux nourrissons
bien portants
24
leur allégeance et ce dernier approuva Baba à ce
poste.
1
Nom d’un village important de l’époque situé à environ
70 kms au sud de Damas. C’est là qu’Oumar rencontra
les différents généraux musulmans du Sham.
25
Puis il dit : Il quitta Bassora et s’enfuit à Oman,
lors de la fitna d’Abderrahman ibn Mouhammad
ibn Al-Ache’ath, par crainte des représailles
d’Al-Hajjaj. C’est là-bas qu’il mourut, en l’an
84.
Abou Oubayd, quant à lui, prétendit que ceci eut
lieu en 83.
Je dis (Dhahabi) : Il était alors âgé de quatre-
vingt ans environ. On trouve des narrations de
lui, en grand nombre, dans les Six Livres mères
de hadiths. Il rapporta également de Saffoine ibn
Oumaya, d’Oum Hani (la fille d’Abou Talib) et
de Hakim ibn Hizam.
26
Il rapporta de son père ainsi que d’Ibnou ‘Abbas,
d’Abd-Allah ibn Khabbab ibn Al-Aratt et
d’Abd-Allah ibn Shaddad.
Quant à ceux qui ont transmis de lui, on compte :
‘Aoun (son frère), Az-Zouhri, ‘Assim ibn Ou-
bayd-Allah et Abdelhamid Al-Khattabi.
Abd-Allah faisait partie de l’entourage du calife
Soulayman1.
Ibn Saad précisa : Il est un rapporteur digne de
confiance bien que se trouvant dans peu de nar-
rations. Le simoun2 eut raison de lui, en l’an 97,
alors qu’il se trouvait à Al-Abwa3 en compagnie
de Soulayman le calife. C’est ce dernier qui ac-
complit la prière funéraire sur lui.
1
Le septième calife omeyyade, fils d’Abdelmalik ibn
Marwan
2
Tempête de désert, chaude et très violente
3
Village situé à mi-chemin entre Médine et La Mecque
27
Le cousin du Messager d’Allah (( )ﷺfils de son
oncle paternel),
Il rapporte un seul hadith dont l’énoncé est : « Le
Paradis est dû à quiconque rencontre Allah tout
en étant croyant ! »
C’est Salmane Al-Agharr qui transmit ce récit de
lui bien que l’on trouve, dans la chaîne de trans-
mission, Ibn Lahi’a.
Al-Hakim le cita, en outre, dans son Authen-
tique, parmi les compagnons mais il est le seul –
à ma connaissance – à en avoir fait mention.
28
d’Allah ( )ﷺse détourna de lui à cause du tort
qu’il lui avait causé auparavant. Puis, Abou Sou-
fiane se rabaissa réellement devant le Prophète
( )ﷺet ce dernier finit par avoir compassion de
lui.
Par la suite, sa religiosité se bonifiât considéra-
blement. Vint alors le jour de Hounayn, lorsque
les troupes prirent la fuite ; il resta à cet instant
aux côtés du Messager d’Allah ( – )ﷺlui et ‘Ab-
bas – en tenant fermement sa mule !
29
Qoutham (le fils de ‘Abbas) et Abou Soufiane
ibn Al-Harith.
Abou Soufiane était, en outre, un poète reconnu.
À son sujet, les vers suivants furent rimés par
Hassan1 :
Est-il possible que, l’on fasse parvenir
Au piètre Abou Soufiane, qu’il n’est qu’un sou-
venir
J’ai certes réfuté, toutes ses railleries
Pourvu qu’Allah me comble, de larges gâteries
1
Ibn Thabit, le Poète du Prophète ()ﷺ
30
Son décès survint quatre mois seulement après
celui de son frère Nawfal ibn Al-Harith comme
cela a été rapporté.
31
Chasser le doute était, le rôle du Prophète
De mots et de sagesse, révélations parfaites
32
Hammad ibn Salama : D’après Hisham ibn
Ourwa : D’après son père : Le Messager d’Allah
( )ﷺattesta : « Abou Soufiane ibn Al-Harith fi-
gure à la tête des jeunes du Paradis ! »
Il accomplit le pèlerinage et, en lui rasant la tête,
on lui arracha une boule de chair qu’il avait sur
le crâne ; c’est ce qui provoqua, quelque temps
après, sa mort. Il fut, par ailleurs, considéré
comme étant mort en martyr.
Son décès se situe aux alentours de l’an 20, dans
la ville de Médine.
33
سري أعالم النبالء
LES GRANDES FIGURES DE
L’ISLAM
SHAMS AD-DINE DHAHABI (748 h)
34
1
mois, avant que le Prophète ( )ﷺne l’envoie à la
tête des troupes lors de la bataille de Mouta, non
loin d’Al-Karak1. C’est là qu’il trouva le martyr.
Le Messager d’Allah ( )ﷺfut extrêmement heu-
reux lors de son retour mais, par Allah, sa mort
l’affecta également grandement !
Quelques narrations ont été transmises par sa
voie. Parmi ceux qui ont rapporté de lui figurent :
Ibnou Mass’oud, ‘Amr ibn Al-‘Ass, son fils
Abd-Allah ainsi qu’Oum Salama.
1
Village situé près de la mer Morte, dans l’actuelle Jor-
danie
2
s’empressèrent de prendre place à ses côtés, l’un
deux s’asseyant à sa droite et l’autre à sa gauche.
Là, ils dirent au monarque :
– Un groupe d’hommes de notre peuple s’est
rendu sur tes terres après avoir renié notre reli-
gion !
– Où se trouvent-ils ? leur demanda le Négus.
– Sur tes terres, ici-même ! lui répondirent-ils.
Le roi nous fit alors demander pour écouter ce
que nous avions à dire. À ce moment, Jafar dit :
« Je suis votre porte-parole ! » Nous acquies-
çâmes à sa volonté et nous rendirent donc auprès
du souverain. Lorsque Jafar s’introduit dans la
cour, il ne se prosterna pas pour adresser ses sa-
lutations. L’assemblée, offusquée par son atti-
tude, lui demanda alors :
– Pourquoi ne te prosternes-tu pas pour le roi ?
– Nous ne nous prosternons que pour Allah ! ré-
pondit Jafar.
– Et pourquoi cela ? demandèrent-ils.
– Allah nous a envoyé un messager et celui-ci
nous interdit formellement de nous prosterner
pour autre qu’Allah. Il nous incite, par ailleurs, à
accomplir la prière et à verser l’aumône !
3
À cet instant, ‘Amr l’interrompit et dit au Né-
gus :
– Certes, ils te contredisent au sujet du fils de
Marie et de sa mère !
– Ah bon ? Et que disent-ils à leur sujet ? de-
manda le monarque.
Jafar rétorqua alors :
– Nous disons exactement ce qu’Allah dit les
concernant : que ce dernier est l’Esprit d’Allah et
la Parole qu’il insuffla à Marie la Sainte-Vierge ;
celle qui ne fut approchée d’aucun homme !
À cet instant, le Négus prit du sol un morceau de
bois, le leva en l’air et dit :
– Ô Abyssiniens et vous autres, moines et
prêtres, qu’attendez-vous de moi ? Ces propos ne
nous nuisent aucunement ! Je témoigne que cet
homme est bien le Messager d’Allah et celui
dont Issa nous a parlé dans l’Évangile ! Par Al-
lah, si ce n’étaient les charges de mon royaume,
je me serais rendu auprès de lui pour lui porter
ses sandales et lui verser l’eau des ablutions !
Puis le Négus nous autorisa à nous installer là où
nous le désirions et fit rendre le présent que ‘Amr
et ‘Oumara lui avaient offert.
4
Le rapporteur du récit précisa en outre : Ibnou
Mass’oud s’en retourna, plus tard, avant le
groupe et put être de ceux qui participèrent à la
bataille de Badr.
Cet évènement a également été rapporté – dans
des termes à peu près similaires – par la voie de
Moujalid : D’après Shaabi : D’après Abd-Allah
ibn Jafar : D’après son père.
Ibn ‘Aoun l’a, lui aussi, transmis : D’après Ou-
mayr ibn Ishaq mais cette fois : D’après ‘Amr
ibn Al-‘Ass.
5
jusqu’à ce qu’Allah vous accorde une issue fa-
vorable ! »
Nous émigrâmes alors, par petits groupes,
jusqu’à ce qu’à être tous réunis, là-bas. Nous dé-
laissions, dès lors, la meilleure des habitations
mais nous obtenions, cependant, la meilleure des
cohabitations et notre religion s’en retrouvait
ainsi préservée !
1
Asma bint Oumays fut d’abord l’épouse de Jafar, puis
d’Abou Bakr, puis d’Ali.
6
– Il ne reste plus grand-chose pour moi dans ce
cas ! lui rétorqua Ali avant de poursuivre : Heu-
reusement que tu l’as formulé de la sorte, sinon
je me serais fâché !
– Quand bien même ils te seraient supérieurs,
est-ce une tare de compter parmi les trois meil-
leurs qui soient !? lui répondit alors Asma dans
le but de le flatter…
7
À cet instant, Jafar se leva subitement et dit :
– Pour toi mon père et ma mère, ô Messager
d’Allah, jamais je n’aurais pensé que tu me
places sous l’autorité de Zayd !
– Allez-y de la sorte ; tu ignores où se trouve le
bien ! lui répondit alors le Prophète ()ﷺ.
L’armée se mit, ensuite, en route et les informa-
tions concernant les troupes cessèrent pendant un
moment. Jusqu’au jour où le Messager d’Allah
( )ﷺprit place sur son estrade et fit appeler à la
prière en groupe. Là, il s’adressa à la foule et dit :
« Souhaitez-vous avoir des nouvelles de notre es-
cadron ? L’affrontement avec l’ennemi a bel et
bien eut lieu et Zayd est mort en martyr. Invo-
quez pour lui le pardon ! Jafar a donc hérité de
la bannière de guerre et il s’est rué vers les infi-
dèles jusqu’à ce que, lui aussi, se fasse tué !
Après quoi, c’est Ibnou Rawaha qui a pris l’éten-
dard et ce dernier resta ferme pour trouver, peu
après, également le martyr. Pour l’heure, même
si de base il ne figurait pas parmi les généraux,
c’est Khalid qui a récupéré la bannière, à sa
propre initiative. »
Puis le Messager d’Allah ( )ﷺleva ses deux
doigts vers le ciel et invoqua pour lui : « Ô Allah,
8
il est certes un sabre parmi les sabres divins ;
accorde-lui la victoire ! »
C’est depuis ce jour que Khalid fut surnommé
« L’Épée d’Allah ». Le Prophète ( )ﷺordonna
ensuite à ses compagnons et leur dit : « Mettez-
vous en route et allez rejoindre vos frères ; et que
personne ne fasse défection ! »
Les renforts partirent alors et ce sous un soleil de
plomb !
1
Dont la robe est de couleur fauve tirant sur le roux
2
C’est-à-dire : les jambes du cheval
9
Malheur aux Byzantins, que l’Enfer les radie
Je ne les trouverai, qu’en échangeant des flèches
10
son épée. Ils moururent, de ce fait, tous les
deux en même temps !
11
et que je pus apercevoir des larmes couler de ses
yeux. Je lui demandai alors :
– Ô Messager d’Allah, est-ce que quelque chose
t’est parvenu concernant Jafar ?
– Oui, il a été tué aujourd’hui ! me dit-il.
Nous nous mîmes alors à pleurer puis il s’en alla.
Il fit ordonner ensuite : « Préparez à manger
pour la famille de Jafar ; certes leurs esprits sont
occupés à autre chose ! »
Et d’après Aïsha qui relate : Lorsque la nouvelle
du décès de Jafar nous parvint, nous pûmes aper-
cevoir la tristesse sur le visage du Prophète (! )ﷺ
12
Il est rapporté, en outre, qu’il mourut alors qu’il
était dans la trentaine de son âge, qu’Allah
l’agrée !
13
Hafs ibn Ghiyath : D’après Jafar ibn Mou-
hammad : D’après son père1 qui relate : Alors
que la fille de Hamza avait rejoint les musulmans
et accomplissait, en leur compagnie, les circu-
mambulations, Ali la prit par la main et la fit
monter dans le palanquin de Fatima. Un peu plus
tard, ce dernier eut, à son sujet, une altercation
avec Jafar et Zayd :
– Elle est ma cousine et c’est moi qui l’ai faite
sortir de La Mecque ! dit-il.
– Elle est également ma cousine et sa tante ma-
ternelle est mon épouse ! rétorqua Jafar.
Le Prophète ( )ﷺles départagea, ensuite, et dé-
cida de la confier à Jafar, tout en disant : « La
tante maternelle est comme une mère ! »
À ce moment, réjoui, Jafar se leva et entama une
danse, à cloche-pied, autour du Messager d’Al-
lah ()ﷺ. Étonné, le Prophète ( )ﷺlui demanda :
– Qu’est-ce que ceci ô Jafar ?
– Ce sont les Abyssiniens ; je les ai vus faire cela
autour de leurs rois ! répondit-il…
La mère de cette dernière était en outre Salma
bint Oumays, la sœur d’Asma.
1
Mouhammad ibn Ali ibn Al-Houssayn ibn Ali, l’arrière-
petit-fils d’Ali
14
Ibn Ishaq : D’après Ibn Qoussayt : D’après
Mouhammad ibn Oussama ibn Zayd : D’après le
père de ce dernier qui entendit le Prophète ()ﷺ
dire à Jafar : « Tu me ressembles physiquement
et dans mon comportement ! Tu es certes de moi
et de ma généalogie ! »
Israïl : D’après Abou Ishaq : D’après Al-Bara ;
Par la voie également d’Houbayra ibn Maryam
et de Hani ibn Hani : D’après Ali ;
Tous deux1 rapportent que le Messager d’Allah
( )ﷺdit à Jafar, un jour : « Tu me ressembles à la
fois physiquement et moralement ! »
La même parole a été rapportée via les voies de
Hammad ibn Salama : D’après Thabit ( )حet de
‘Aouf : D’après Mouhammad2.
1
C’est-à-dire : Al-Bara (ibn ‘Azib) et Ali
2
Ibn Sirine
15
précédemment ; celle-ci relate : Lorsque les
Qourashites eurent connaissance de cela, ils se
réunirent et décidèrent d’envoyer une délégation
afin de rencontrer le monarque. C’est ‘Amr ibn
Al-’Ass et Abd-Allah ibn Rabi’a qui furent alors
désignés pour accomplir cette tâche. Ils rassem-
blèrent, dès lors, tout un tas de cadeaux à l’inten-
tion du Négus et de ses patrices1 puis ils se mi-
rent en route pour l’Abyssinie. Là-bas, ils dirent
au roi :
– De jeunes écervelés, de chez nous, ont renié
notre religion sans toutefois se convertir à la
tienne ! Ils professent une religion totalement
nouvelle, sortie de nulle part ! Pour l’heure, ils se
sont réfugiés dans ton royaume et notre peuple
nous mandate dans l’espoir que tu nous les
rendes !
À cet instant, les patrices dirent au Négus :
– Votre Majesté, certes ils disent la vérité !
– Par l’éternité de Dieu, je ne les leur livrerai cer-
tainement pas avant d’avoir entendu ce que ces
gens ont à dire ! rétorqua le Négus, énervé, avant
de s’exclamer : Comment en serait-il autrement
alors qu’ils sont venus chercher asile sur mes
1
Dignitaires ; c’est ce terme qui a été employé en arabe
ْ ) ِب.
(طريق
16
terres et ont agréé, de leur propre chef, de vivre
sous mon autorité !?
Rien ne rendit plus furieux ‘Amr ibn Al-‘Ass et
Abd-Allah ibn Rabi’a que l’acceptation du mo-
narque d’entendre les musulmans !
Le Négus fit alors dépêcher un messager et le
groupe se rendit à sa cour. C’est Jafar ibn Abou
Talib qui fut chargé de représenter les expatriés.
Une fois sur place, le monarque demanda :
– En quoi donc consiste votre religion ?
– Votre Majesté, nous étions auparavant un
peuple qui s’adonnait au culte des idoles. Nous
mangions la bête morte, ne respections pas le
voisinage et rendions licite les choses interdites
ainsi que la vie des gens ! Puis Allah nous en-
voya un prophète ; un homme de chez nous que
l’on connaissait pour sa fidélité, son honnêteté et
sa probité ! Celui-ci nous appelle à n’adorer
qu’Allah, l’Unique, et à préserver les liens de pa-
renté ! Il nous recommande également d’être
bienveillant envers nos voisins, d’accomplir la
prière et de jeûner !
– Auriez-vous, avec vous, des extraits de ce qu’il
professe ? demanda alors le Négus tout en con-
voquant ses évêques et en leur demandant de dé-
rouler, devant lui, leurs Écritures !
17
– Certainement ! répondit Jafar.
C’est alors qu’il entama, de mémoire, la lecture
de la sourate ﴾ kaf, ha, ya, ‘ayn, sad ﴿. À
l’écoute des versets, le Négus et les évêques fon-
dirent en larmes au point d’en humecter leur
barbe et leurs manuscrits ! Puis le monarque
s’exclama :
– Ce que nous venons d’entendre provient assu-
rément de la même lumière qui fut apportée par
Moussa ! Allez et venez dans mon royaume,
chers amis, comme bon vous semble !
Puis il s’adressa à ‘Amr ibn Al-‘Ass et Abd-Al-
lah ibn Rabi’a :
– Non, par Dieu, je ne répondrai pas favorable-
ment à votre demande et vous ne recevrez au-
cune grâce de ma part !
À ce moment, les deux émissaires quittèrent la
cour et ‘Amr s’exclama :
– Demain, je lui apporterai ce qui réduira leurs
arguments à néant ! C’est là qu’ils firent mention
au Négus de ce que les musulmans soutenaient
au sujet d’Issa…
18
Al-Waqidi mentionna que Jafar immigra en
Abyssinie accompagné de sa femme Asma bint
‘Oumays. Là-bas, elle enfanta leurs trois en-
fants : Abd-Allah, ‘Aoun et Mouhammad.
Ibn Ishaq, pour sa part, stipula que Jafar fut la 32e
personne à embrasser l’Islam.
19
à Jafar : « Tu me ressembles physiquement et mo-
ralement à la fois ! »
20
Cette traduction est la propriété exclusive de ISLAM PATRIMOINE. Toute réutilisation à des fins
commerciales entraînera systématiquement des poursuites judiciaires.
سري أعالم النبالء
LES GRANDES FIGURES DE
L’ISLAM
SHAMS AD-DINE DHAHABI (748 h)
زيد بن حارثة
36
ZAYD IBN HARITHA
1
Savant spécialiste du hadith
2
Personne atteinte de strabisme
1
payer sa rançon, c’est son oncle ‘Abbas qui se
chargea d’en acquitter le montant.
On rapporte que, ce jour-là, ‘Aqil demanda au
Prophète ( )ﷺ:
– Qui as-tu tué d’entre leurs leaders ?
– Abou Jahl est mort ! répondit le Prophète ()ﷺ.
– À présent, la voie t’est ouverte ! rétorqua-t-il
alors.
1
Unité de volume qui équivalait à 60 jointées (quantité
pouvant être contenue dans le creux formé par les paumes
des deux mains)
2
s’empara d’une bague sur laquelle des représen-
tations étaient gravées et il la donna à son père.
Maamar : D’après Zayd ibn Aslam qui relate :
‘Aqil revint, un jour, avec une aiguille à tricoter
et dit à sa femme :
– Voilà de quoi raccommoder tes vêtements !
À cet instant, un homme l’interpela :
– N’est-il pas défendu de s’accaparer du butin de
guerre, ne serait-ce que d’une aiguille !?
‘Aqil dit alors à son épouse :
– Je crains malheureusement qu’il ne te faille la
délaisser !
3
36. ZAYD IBN HARITHA
َز ْيدَبنَحارثة
4
son jeune, son pèlerinage, sa manière de marier
ainsi que dans l’ensemble des règles de la reli-
gion universelle !
Et tout comme Abou Al-Qassim fut le maître des
prophètes, le meilleur et le dernier d’entre eux,
Issa sera sans aucun doute le plus valeureux de
cette communauté lorsqu’il arrivera sur Terre ! Il
viendra clore le message et personne lui étant su-
périeur ne lui succèdera. Au contraire, l’heure
sera venue pour le soleil de se lever de l’occident
et Allah annoncera l’imminence de la Résurrec-
tion !
5
nous rendîmes à une pierre levée1 afin d’y égor-
ger une brebis que nous fîmes rôtir dans la fou-
lée. C’est alors que nous rencontrâmes Zayd ibn
‘Amr ibn Noufayl. Le Prophète ( )ﷺlui demanda
à cette occasion :
– Ô Zayd, pourquoi vois-je ton peuple te prendre
autant en aversion ?
– Ô Mouhammad, ce n’est en aucun cas – je le
jure – à cause d’un quelconque bien dont je leur
suis redevable. Ceci-étant, j’étais parti à la re-
cherche de cette fameuse religion et j’ai eu l’oc-
casion de rencontrer les rabbins de Fadak2. Je les
ai trouvés adorant Allah mais en lui donnant des
associés ! Je me suis alors rendu auprès des rab-
bins de Khaybar et je trouvai ces derniers prati-
quant exactement les mêmes rites. Ce fut le cas
également de tous les rabbins que je rencontrai,
par la suite, au Sham. C’est alors que je me dis :
Non, ce n’est assurément pas la religion que je
recherche !
1
Il y avait, avant l’Islam, tout autour de la Kaaba, des
pierres levées ()أنصاب. Les polythéistes s’en servaient
pour égorger et couper les offrandes qu’ils adressaient à
leurs idoles. Ces pierres ont été évoquées dans plusieurs
passages du Coran (voir sourate Al-Maïda ; versets 3 et
90).
2
Ville située à environ 200 kms au nord-est de Médine
6
À ce moment-là, un de leurs sages me dit :
– La législation sur laquelle tu questionnes n’est
plus pratiquée nulle part excepté par un shaykh
d’Al-Hira1 !
Je partis donc à sa rencontre. Lorsque celui-ci me
vit, il me demanda :
– À quelle tribu appartiens-tu donc ?
– Je viens du peuple gardien de la Maison sa-
crée ! lui répondis-je.
– Ce que tu cherches se trouve dans ton pays !
me rétorqua aussitôt l’homme avant d’ajouter :
Un prophète y a été envoyé et son étoile est ap-
parue ; tous ceux que tu as rencontrés auparavant
sont certes dans l’égarement !
Zayd ibn ‘Amr nous dit à cet instant : Ceci-étant,
rien ni personne ne s’est manifesté jusqu’à pré-
sent ! Ce dernier s’approcha enfin de notre mets
et questionna :
– Qu’est-ce donc ceci ô Mouhammad ?
– Un mouton que nous venons d’égorger pour
une pierre !
1
Al-Hira est une cité historique d’Irak, située à quelques
kilomètres au sud de Koufa.
7
– En ce qui me concerne, je ne mange rien de ce
sur quoi le nom d’Allah n’a pas été invoqué !
s’exclama-t-il alors.
C’est là que nous nous séparâmes. Puis le Mes-
sager d’Allah ( )ﷺet moi entamions, plus tard, la
circumambulation de la Kaaba avant de nous
rendre sur Safa et Marwa. Il s’y trouvait, à
l’époque, deux idoles façonnées de cuivre : Issaf
et Naïla. Lorsqu’ils finissaient leur circuit autour
de la Maison sacrée, les polythéistes avait pour
habitude d’essuyer leurs mains dessus. Le Pro-
phète ( )ﷺme dit à cet instant :
– Ne les touche pas car elles sont une infamie !
Curieux de savoir ce qu’il allait me dire, je pas-
sais malgré tout mes mains sur elles ! Le Pro-
phète ( )ﷺm’interpella alors :
– Ô Zayd, ne te l’avais-je pas défendu !?
Quelque temps après, Zayd ibn ‘Amr mourut et
la révélation descendit sur le Prophète ()ﷺ.
Plus tard, il dira à Zayd1 : « Certes, Zayd ibn
‘Amr sera ressuscité en constituant, à lui tout
seul, une communauté ! »
1
Zayd ibn Haritha
8
La chaîne de ce récit comporte cependant Mou-
hammad1 sur lequel on ne peut s’appuyer dans
les narrations. Par ailleurs, cette version est dotée
de plusieurs étrangetés comme il apparait claire-
ment.
1
Mouhammad ibn ‘Amr
2
Ibn Haritha
3
Aplati
9
Louwaïne : Houdayj nous a rapporté :
D’après Abou Ishaq qui relate : Un jour où Ja-
bala ibn Haritha se trouvait dans la cité, on lui
demanda :
– Qui de toi ou de Zayd est le plus grand ?
– Zayd est plus grand que moi bien que je sois né
avant lui ! répondit alors Jabala avant de pour-
suivre et de s’expliquer : Notre mère était issue
de la tribu des Tayï et, lorsqu’elle mourut, c’est
notre grand-père qui nous prit sous sa coupe. Un
jour, nos deux oncles paternels vinrent voir notre
grand-père et lui dirent :
– Nous avons plus de droit sur les enfants de
notre frère que tu n’en as sur eux !
Notre grand-père leur répondit alors :
– Prenez Jabala mais laissez Zayd !
C’est alors qu’ils me prirent et m’emmenèrent
avec eux. Plus tard, une cavalerie de Tihama1
razzia nos terres et captura Zayd. C’est ainsi qu’il
se retrouva sous le patronage de Khadija avant
que cette dernière ne l’offre au Messager d’Allah
()ﷺ.
1
Nom donné au littoral ouest de la Péninsule arabique
dont La Mecque fait partie
10
Abdelmalik ibn Abou Soulayman : Abou Fa-
zara nous a rapporté : Le Messager d’Allah ()ﷺ
aperçut Zayd ibn Haritha, enfant, un toupet sur la
tête. Son peuple l’avait mis à vendre à Al-Batha1.
Lorsqu’il retourna auprès de Khadija, celle-ci lui
demanda :
– Combien coûte-t-il ?
– 700 ! lui répondit le Prophète ()ﷺ.
– Tiens, les voici ! lui dit alors Khadija en lui ten-
dant la somme d’argent.
Le Messager d’Allah (َ )ﷺs’en alla donc acquit-
ter son prix et revint en sa compagnie. Là, il
s’écria :
– Certes, s’il m’appartenait, je l’aurais affran-
chi !
– Dans ce cas, il est à toi, lui répondit Khadija
avant de poursuivre et de lui dire : À présent, li-
bère-le !
1
Nom qui était donné à un segment de l’oued qui traver-
sait La Mecque
11
Moussa ibn Ouqba : D’après Salim : D’après
son père1 : Zayd ibn Haritha était appelé par les
gens « Zayd ibn Mouhammad » (le fils de Mou-
hammad). C’est alors que le verset suivant des-
cendit : ﴾ Appelez-les du nom de leurs pères,
cela est plus juste auprès d’Allah2 ﴿.
1
Abd-Allah ibn Oumar
2
Sourate Les Coalisés, verset 5
12
Ibn Ishaq et d’autres savants affirmèrent que
Zayd fut de ceux qui participèrent à la bataille de
Badr.
Salama ibn Al-Akwa’ témoigna : J’ai pris part à
de nombreuses campagnes militaires en compa-
gnie du Messager d’Allah ( )ﷺet de Zayd ibn
Haritha. Le Prophète (َ )ﷺle nommait fréquem-
ment à la tête des troupes !
Al-Waqidi : Mouhammad ibn Al-Hassan ibn
Oussama nous a rapporté : D’après Abou Al-
Houwayrith qui relate : Zayd ibn Haritha dirigea
en tout et pour tout sept expéditions militaires.
13
Ibn Ishaq : D’après Yazid ibn Abd-Allah ibn
Qoussayt : D’après Mouhammad ibn Oussama :
D’après son père qui relate : Le Messager d’Al-
lah ( )ﷺdit, un jour, à Zayd ibn Haritha : « Ô
Zayd, nous sommes liés par les liens du patro-
nage ; tu es certes de moi, affilié à moi et la per-
sonne qui m’est le plus cher ! »
Rapporté par Ahmad dans le Mousnad.
1
C’est-à-dire : ses deux mains droites. En arabe « » َوا ْي ُم هللا
qui est la contraction du mot أَ ْي ُمن, pluriel de َيمينqui si-
gnifie : la droite.
14
Dans la version d’Ismaïl, on trouve : « Quant à
son fils, il compte parmi les personnes aux-
quelles je tiens le plus ! »
Ibrahim ibn Tahmane : D’après Moussa ibn
Ouqba : D’après Salim : D’après son père qui fit
mention du même récit avec les termes : « Son
père convenait parfaitement au poste d’émir et il
était, de tous les gens, l’être qui m’était le plus
cher ! »
Salim ajouta en outre : À chaque fois que j’en-
tendais mon père rapporter ce hadith, il précisait
à la fin : « Par Allah, tous les gens en dehors de
Fatima ! »
15
envoyer le vêtement1 de la malheureuse au Pro-
phète ( )ﷺqui le brandit, à Médine, accroché
entre deux lances !
Rapporté par Al-Mouhamili : D’après Abd-Al-
lah ibn Shabib : D’après Ibrahim. Une partie du
récit a également été rapporté et jugé acceptable
(hassan) par At-Tirmidhi : D’après Al-Bouk-
hari : D’après le même Ibrahim…
16
cher au Messager d’Allah ( )ﷺque tu ne l’étais
et son père était également plus cher à ses yeux
que le tien !
17
leur mérite en commençant par Zayd. Il invoqua
ensuite à trois fois reprises : « Ô Allah, pardonne
à Zayd ! Ô Allah, pardonne à Zayd ! Ô Allah,
pardonne à Zayd ! » Puis il invoqua pour Jafar et
Ibnou Rawaha : « Ô Allah, pardonne à Jafar et
Ibnou Rawaha ! »
18
37. ABD-ALLAH IBN RAWAHA
َعبدَاهللَبنَرواحة
19
Abd-Allah ibn Rawaha assista à la bataille de
Badr et, avant cela, au serment d’Al-Aqaba1. Il
avait pour surnoms « Abou Mouhammad » et
« Abou Rawaha » bien qu’aucune descendance
ne lui survécut. Il était, par ailleurs, l’oncle ma-
ternel de Nou’mane ibn Bashir.
Abd-Allah comptait parmi les rares scribes des
Ansars. Le Prophète ( )ﷺlui délégua la gouver-
nance de Médine à l’occasion de l’expédition du
Rendez-vous de Badr2. Il le nomma également à
la tête d’un escadron de trente cavaliers qui fu-
rent chargés d’assassiner Oussayr ibn Rizam, le
Juif, à Khaybar.
Al-Waqidi mentionna que le Prophète ( )ﷺl’en-
voya également, là-bas, afin d’évaluer la récolte
de dattes3.
(Dhahabi) : À mon sens, ceci ne s’est produit
qu’une seule fois, deux tout au plus.
1
Serment d’allégeance que les premiers croyants de Mé-
dine prêtèrent avant l’exode (hijra). Il eut lieu, deux an-
nées consécutives, lors du pèlerinage à La Mecque non
loin d’un monticule, à Mina, que les arabes nommaient
Al-Aqaba.
2
Bataille qui devait avoir lieu deux ans après la première
bataille de Badr.
3
Pratique qui permettait notamment d’estimer le montant
des impôts
20
Qoutayba, quant à lui, affirma qu’Ibnou Rawaha
et Abou Darda étaient des demi-frères utérins1.
21
l’endroit où il se trouvait. Peu après, on rapporta
cela au Prophète (َ )ﷺet il invoqua pour lui :
« Qu’Allah augmente encore ta volonté d’obéir
au Seigneur et à son messager ! »
Une partie de ce récit a également été rapporté
par la voie d’Ourwa, d’après Aïsha.
22
Abou Darda relate : Nous étions en voyage,
avec le Messager d’Allah ( )ﷺun jour de très
forte chaleur. Personne d’entre nous ne jeûnait
hormis le Prophète ( )ﷺet Abd-Allah ibn Ra-
waha !
Ce récit a été transmis par plusieurs rapporteurs :
D’après Oum Darda : D’après Abou Darda.
1
Sourate Les Poètes, verset 224
23
qu’Allah fit descendre : ﴾ Excepté ceux qui
croient et accomplissent les bonnes œuvres1 ﴿.
1
Verset 227 de la même sourate
24
Moudrik ibn ‘Oumara rapporte : Ibn Rawaha
raconta : Je me rendis, un jour, à la mosquée du
Prophète ( )ﷺet pris place en face de lui. Sou-
dain, il me demanda :
– Ô Abd-Allah, comment est-ce que tes poèmes
te viennent ?
– Je médite sur un sujet en particulier puis je
compose des vers… lui répondis-je alors.
– Dans ce cas, dis-nous quelque chose sur les po-
lythéistes ! rétorqua le Prophète ()ﷺ.
Je n’avais, au préalable, rien préparé mais j’im-
provisai ceci :
Dites vous qui valez, moins qu’une pèlerine1
Depuis quand pour vos êtres, les arabes s’incli-
nent
Je vis alors que le Prophète ( )ﷺn’apprécia guère
que je compare son peuple à un simple vête-
ment ! Je me mis donc à rimer d’autres vers qui
sont les suivants :
Allah vous a aimé, ô vous les Hashimites
En cela à jamais, vous demeurez l’élite
Les traits de son visage, laissent entrevoir le bien
Mais vous les avez lus, de vos regards païens
1
Sorte de manteau
25
S’il vous avait sommés, de venir le défendre
Vous auriez prétexté, ne pas pouvoir com-
prendre
Ô qu’Allah le soutienne, dans toute sa mission
Comme il soutint Moussa, et tous ses compa-
gnons
À ce moment, le Prophète ( )ﷺme regarda tout
sourire et me dit : « Qu’Allah te soutienne
aussi ! »
26
l’occasion de la Oumra des accords d’Al-Hou-
daybiya1, Ibnou Rawaha, qui marchait devant
lui, rima :
Faites place ô impies, laissez-le donc passer
Recevez aujourd’hui, ce qu’il est décrété
Vos têtes de vos corps, seront décapitées
Vous oublierez dès lors, vos plus fidèles alliés
À ce moment, Oumar lui dit : Ô Ibnou Rawaha,
tu récites des poèmes dans un lieu sacré d’Allah
(haram) et devant le Messager ?! Lorsque le Pro-
phète ( )ﷺl’entendit, il lui dit : « Laisse-le Ou-
mar, ses vers les atteignent plus vite encore que
des flèches ! » Et dans une version : « Par celui
qui détient mon âme entre ses mains, ses paroles
leur font plus de mal encore que des rafales de
flèches ! »
Rapporté également par la voie de Maamar :
D’après Az-Zouhri : D’après Anas.
At-Tirmidhi précisa par ailleurs : Dans d’autres
narrations, il est mentionné que c’est Kaab qui
prononça ces vers, lorsque le Prophète ( )ﷺentra
dans la Mecque à l’occasion de la Oumra des
1
( )عمرة القضاءOumra que les musulmans accomplirent en
l’an 7 conformément aux engagements pris par les poly-
théistes, l’année passée, lors du traité d’Al-Houdaybiya.
27
accords d’Al-Houdaybiya. Cette version est plus
vraisemblable pour certains savants car Ibnou
Rawaha est mort lors de la bataille de Mouta et
cette oumra eut lieu après.
Je dis (Dhahabi) : Absolument pas ; Mouta a plu-
tôt eu lieu – et sans le moindre doute – six mois
après cet évènement !
1
Il s’agit du récit précédent.
28
Sans Allah nous n’aurions, pas trouvé la guidée
Donner par charité, ou songer à prier
Jusqu’à la suite des vers…
29
tribut. Lorsqu’ils lui adressèrent les présents en
question, Ibnou Rawaha leur dit :
– Ô vous autres, peuple juif ! Je jure par Allah
que vous êtes les créatures que je déteste le plus
sur cette Terre ! Ceci ne me conduira toutefois
pas à être injuste envers vous. Sachez que la cor-
ruption est formellement proscrite !
À ce moment-là, les juifs s’écrièrent :
– C’est ainsi que les cieux et la Terre vont bon
train !
Le même récit a été rapporté par la voie de Ham-
mad ibn Salama : D’après Abd-Allah (il nous
semble) : D’après Nafi’ : D’après Ibnou Oumar.
1
( )المِ َّزةen arabe : Célèbre village qui se situait en péri-
phérie de Damas et qui est, à notre époque, un quartier à
part entière de la ville.
2
Un faqih est un savant spécialiste de la législation isla-
mique
30
‘Abbas Az-Zaydi nous a rapporté : Mouhammad
ibn Harb nous a rapporté : Mouhammad ibn
‘Iyadh nous a rapporté d’Abdelaziz le neveu
d’Al-Majishoune (le fils de son frère) le récit sui-
vant : Il nous est parvenu qu’Abd-Allah ibn Ra-
waha avait une esclave avec laquelle il avait des
rapports sexuels à l’abri du regard de son épouse.
Un jour, cette dernière l’aperçut s’isoler avec la
captive ; elle lui dit alors :
– Préfèrerais-tu ton esclave à ta femme ?!
– Pas du tout ! lui répondit Ibnou Rawaha sem-
blant nier ce que son épouse affirmait.
– Dans ce cas, si tu dis vrai, lis un verset du Co-
ran !
C’est alors qu’Abd-Allah ibn Rawaha rima ces
vers :
La promesse d’Allah, est certes vérité
Au feu les mécréants, pour une éternité
– Lis un autre verset ! lui dit-elle encore.
Son Trône majestueux, flotte au-dessus de l’eau
Et au-dessus du Trône, notre Seigneur tout beau
L’édifice porté, par les plus nobles anges
Serviteurs rapprochés, prononçant ses louanges
À cet instant, elle s’exclama :
31
– C’est en Allah que j’ai foi ; certes mes yeux
m’ont trahie !
Ibnou Rawaha se rendit, peu après, auprès du
Messager d’Allah ( )ﷺet lui raconta l’anecdote.
Cela fit rire le Prophète ( )ﷺet il ne blâma point
Ibnou Rawaha pour cela.
32
On attribua également ces vers à Hassan.
1
Ces deux vers célèbres sont d’un poète arabe qui vécut
avant l’Islam.
33
Trop longtemps cela fait, que tu étais au calme
Crois-tu être autre chose, qu’un rien que l’on
diffame
Puis il descendit de sa monture et s’engagea au
combat jusqu’à trouver le martyre.
Et on rapporte qu’il rima aussi :
Que l’on te tue ou non, la mort tu trouveras
Te voici aujourd’hui, aux portes du trépas
Ce que tu convoitais, à présent s’offre à toi
La voie des deux compères, source de ton bon-
heur
Mais si tu la contournes, attends-toi au malheur
1
Ville du sud de la Jordanie
34
– Nous ne sommes pas venus ici pour rafler des
biens mais bien pour combattre et notre nombre
n’a que peu d’importance. Je suis d’avis que l’on
aille les affronter !
1
Village de l’époque proche de Mouta. Moab fut par ail-
leurs un célèbre royaume dont le nom est évoqué dans
plusieurs passages de la Bible.
35
Cette traduction est la propriété exclusive de ISLAM PATRIMOINE. Toute réutilisation à des fins
commerciales entraînera systématiquement des poursuites judiciaires.
سري أعالم النبالء
LES GRANDES FIGURES DE
L’ISLAM
SHAMS AD-DINE DHAHABI (748 h)
DE LA BIOGRAPHIE N°38
À LA BIOGRAPHIE N°54
AU NOM D’ALLAH
LE CLÉMENT LE MISÉRICORDIEUX
1
Nom du lieu où l’évènement s’est produit
2
Situé à environ 80 kms au nord-ouest de La Mecque
3
Tribu arabe
1
Banou Zhafar), Khalid ibn Al-Boukayr Al-Lay-
thi et Marthad ibn Abou Marthad Al-Ghanaoui.
J’ai mentionné tout ceci, en détail, dans les ba-
tailles du Prophète ()ﷺ1.
1
Référence à l’autre ouvrage encyclopédique de l’au-
teur : « L’Histoire de l’Islam »
2
Abou Bakr
2
L’escadron fit route jusqu’à atteindre le puits de
Ma’ouna1 auprès duquel il fit halte. Là, Haram
fut désigné pour remettre la missive du Prophète
( )ﷺà ‘Amir ibn At-Toufayl. Sans même daigner
regarder ce qu’il s’y trouvait, Ibn At-Toufayl tua
Haram sur le champ.
Il appela ensuite les hommes de Banou Soulaym
à la rescousse pour encercler les compagnons du
Messager d’Allah ( )ﷺqui ne purent faire le
poids face à la tribu. Tous périrent à l’exception
de Kaab ibn Zayd An-Najjari qui, bien que laissé
pour mort, put s’en sortir. Celui-ci participera
plus tard à la bataille du Fossé au cours de la-
quelle il trouvera le martyre.
At-Toufayl laissa également la vie sauve à ‘Amr
ibn Oumaya Ad-Damri après que ce dernier l’eut
informé être un descendant des Moudar.
1
Endroit situé à une centaine de kilomètres au sud-ouest
de Médine. Son emplacement exact a toutefois été perdu
avec le temps. Certains géographes ont tenté, ces der-
nières années, de le localiser mais en vain.
3
38. KOULTHOUM IBN AL-HIDM
ِ ُك ْل ُثوم بن
الهدْ م
1
Ibn Saad
2
Le célèbre Al-Waqidi
3
Lettre utilisée par les savants du hadith pour indiquer
que la chaîne, jusqu’à cet endroit, jouit d’une autre voie
de transmission. (Le حen arabe signifiant transfert/chan-
gement ح ِويلْ ) َت
4
: Ibn Abou Sabra nous a rapporté : D’après Outh-
man ibn Wathab : D’après Abou Ghatfane :
D’après Ibnou ‘Abbas.
Tous deux1 rapportent le témoignage suivant :
Koulthoum ibn Al-Hidm était un homme de haut
rang. Il embrassa l’Islam malgré son âge avancé
et ce avant que le Prophète ( )ﷺn’émigre de La
Mecque. Lorsque l’Élu arriva à Médine, c’est
chez lui qu’il séjourna en premier. Il échangeait
toutefois avec les compagnons dans la demeure
de Saad ibn Khaythama que l’on surnommait
« Le Repaire des célibataires ».
Al-Waqidi précisa que c’est ce qui conduit cer-
tains à dire que le Prophète ( )ﷺséjourna plutôt
chez Saad ibn Khaythama, lors de son arrivée à
Médine, et que Koulthoum ibn Al-Hidm, lui,
donna l’hospitalité à un groupe d’immigrés
(Mouhajirounes). Il ne resta cependant pas très
longtemps en vie car il mourut peu avant la ba-
taille de Badr – qu’Allah l’agrée. C’était un
homme vertueux.
1
C’est-à-dire : Moujammi’ et Ibnou ‘Abbas
5
39. ABOU DOUJANA AL-ANSARI
أبو ُد َجانَة األَنْصاري
6
Il répondit :
– Deux œuvres que je pratiquais semblent, pour
moi, ce qui m’est le plus profitable : Délaisser ce
qui ne me regarde pas et n’éprouver aucune
haine contre qui que ce soit parmi les musul-
mans !
Et d’après Anas ibn Malik : Abou Doujana se sa-
crifia, le jour d’Al-Yamama1, en se jetant à l’in-
térieur du verger. Lors de sa chute, il se cassa le
pied mais combattit malgré tout, dans cet état,
jusqu’à la mort – qu’Allah l’agrée.
Au sujet de sa filiation, on rapporta également
que le nom de son père était Aous fils de Kha-
rasha.
1
Bataille qui eut lieu contre Moussaylima l’Imposteur, en
l’an 11 de l’Hégire, peu après la mort du Prophète ()ﷺ.
Al-Yamama étant, par ailleurs, une région du centre de la
péninsule Arabique.
7
« Abou Doujana ». Lorsque le Messager d’Allah
( )ﷺles vit garder le silence, il s’exprima alors
ainsi : « Je me revois, le jour d’Ouhoud,
lorsqu’aucune créature de la Terre n’était près
de moi en dehors de Jibril, à ma droite, et de
Talha à ma gauche ! »
En outre, l’épée d’Abou Doujana était de très
bon augure puisque c’est celle-là même que le
Prophète ( )ﷺsoumit aux compagnons en leur
demandant :
– Qui d’entre vous donnera à cette épée tout son
droit ?
Ils hésitèrent alors, un instant, excepté Abou
Doujana qui interrogea :
– Et en quoi cela consiste, ô Messager d’Allah ?
– Que tu combattes avec dans le sentier d’Allah
jusqu’à ce qu’Allah t’accorde la victoire ou bien
que tu te fasses tuer !
Abou Doujana acquiesça alors à sa condition.
Peu avant le revers que subirent les musulmans,
il sortit l’épée en main en se dandinant – il ne
portait, à cet instant, sur lui qu’une modeste
8
tunique et s’était enroulé la tête d’un turban
rouge. Il rima ensuite ces rajazs1 :
Je suis un homme à qui, le fidèle a promis
Ceci lorsque nous fûmes, au pied de la montagne
Que l’on m’épargnera, d’être jeté au bagne
Avec l’épée d’Allah, je vaincrai l’ennemi
Le Messager d’Allah ( )ﷺs’écria alors : « C’est
bien là une démarche qu’Allah et son Messager
détestent, sauf en de telles circonstances ! »
Quant à la fameuse « amulette d’Abou Dou-
jana » c’est une histoire inauthentique ; j’ignore
par qui elle a été forgée.
1
Le rajaz est l’un des seize mètres de la poésie arabe.
9
Prophète ( )ﷺenvoya avec les Banou Lihyane.
Lorsqu’ils arrivèrent près d’Ar-Raji’1, le clan les
trahit et appela contre eux des renforts. Ils mirent
alors à mort la délégation du Prophète ( )ﷺà
l’exception de Khoubayb et de Zayd ibn Ad-
Dathina qu’ils capturèrent et revendirent à La
Mecque. Les deux compagnons furent, un peu
plus tard, exécutés à leur tour en représailles des
pertes que le Prophète ( )ﷺavait infligées aux
Qourashites. On les crucifia au Tan’im2.
1
Lieu situé à environ 80 kms de La Mecque, en direction
du nord-ouest
2
Endroit qui marque le début du territoire sacré de La
Mecque côté nord
10
Puis il invoqua : « Ô Allah, extermine-les tous
sans exception ! »
Al-Harith dit : J’ai assisté à cet évènement et, par
Allah, je n’aurais jamais cru que l’un d’entre
nous puisse s’en sortir après cela !
1
Houjayr et Ouqba ibn Al-Harith avaient la même mère.
2
Khoubayb avait tué Al-Harith ibn ‘Amir (le père de
Ouqba) lors de la bataille de Badr.
11
– J’aurais prié encore plus longtemps si vous
n’aviez pas pensé que je fais ça par peur de la
mort !
Khoubayb est ainsi le premier musulman à avoir
accompli cette œuvre, à savoir : prier deux unités
avant d’être exécuté.
Puis ils l’attachèrent au patibulum1 et, à cet ins-
tant, il invoqua : « Ô Allah, dénombre-les et tue-
les, un à un, sans en épargner un seul ! Ô Allah,
certes nous avons transmis le message de ton
Prophète ( ; )ﷺtransmets-lui donc, ce matin, ce
qui nous arrive ! »
Mouawiya dit à ce propos : J’étais présent ce
jour-là. Je revois encore Abou Soufiane2 me jeter
par terre pour me préserver de l’invocation de
Khoubayb ! En effet, ils avaient pour croyance
que lorsqu’une personne invoquait contre une
autre, si cette dernière s’allongeait au sol au
même moment, la supplication de son rival ne
saurait l’atteindre !
1
Partie transversale de la croix destinée au crucifiement
2
Le père de Mouawiya
12
qui l’ai tué ; j’étais bien trop petit pour cela !
C’est Abou Mayssara Al-Abdari qui mit la jave-
line dans ma main et qui attrapa, ensuite, mon
poignet pour frapper Khoubayb avec et le tuer !
13
sollicita, un peu plus tard, afin que je lui apporte
une lame pour qu’il puisse se raser les poils pu-
biens.
14
On trouve dans les Deux Authentiques1, par la
voie de Youssouf ibn Al-Majishoune : Salih ibn
Ibrahim ibn Abderrahman ibn ‘Aouf nous a
narré : D’après son père : D’après son grand-
père qui relate : Le jour de Badr, alors que j’étais
dans le rang des combattants, je regardai soudai-
nement à ma droite et à ma gauche et je me vis
entouré de deux jeunes à peine pubères. À cet
instant, mon souhait fut honnêtement de me trou-
ver au milieu de plus robustes qu’eux ! Lorsque
tout à coup, l’un des deux jeunes m’interpela et
me dit :
– Ô mon oncle, est-ce que tu connais Abou Jahl ?
– Oui, lui répondis-je, que lui veux-tu ?
– J’ai appris qu’il proférait des insultes contre le
Messager d’Allah ()ﷺ. Par Celui qui détient
mon âme dans ses mains, je jure que si je le ren-
contre, nous ne nous quitterons pas sans que ne
périsse celui d’entre nous deux qui est le plus
proche de la mort !
La détermination et le courage de ce jeune me
stupéfièrent alors ; lorsque le second m’inter-
pella également et m’argua la même chose !
1
Al-Boukhari et Mouslim
15
À peine m’avaient-ils dit cela que j’aperçus
Abou Jahl faire le tour des troupes.
– Le voyez-vous ? leur dis-je, Voici l’homme
que vous cherchez !
Ils se ruèrent alors sur lui, munis de leurs épées,
et eurent raison de lui. Puis ils s’en retournèrent
auprès du Prophète ( )ﷺpour l’informer de ce
qu’ils venaient d’accomplir. Le Messager d’Al-
lah ( )ﷺles questionna alors :
– Qui d’entre vous deux l’a tué ?
Les deux braves répondirent en même temps :
– C’est moi !
– Avez-vous essuyé vos épées ? demanda le Pro-
phète ()ﷺ.
– Non pas encore, répondirent-ils.
Le Messager d’Allah ( )ﷺregarda alors leurs
lames respectives et dit :
– Vous l’avez tué tous les deux !
Puis le Prophète ( )ﷺaccorda les effets d’Abou
Jahl à Mouadh ibn ‘Amr. Quant à l’autre jeune,
il s’agissait de Mouadh ibn ‘Afra.
16
Et du témoignage de Mouadh ibn ‘Amr lui-
même : Je fis d’Abou Jahl, le jour de Badr, une
affaire personnelle. Lorsqu’il m’en laissa l’occa-
sion, je me ruai sur lui et lui assénai un coup
d’épée qui vint lui trancher la moitié de la
jambe ! Son fils ‘Ikrima, quant à lui, put m’at-
teindre à l’épaule et ma main s’en retrouva à
moitié coupée, brinquebalante le long de moi, re-
tenue par un simple morceau de chair. L’inten-
sité du combat me fit toutefois ne pas m’en sou-
cier et je combattis le reste de la journée en la
traînant derrière moi. Mais lorsque celle-ci com-
mença à trop me faire souffrir, je l’arrachai défi-
nitivement de mon bras, à l’aide de mon pied, en
faisant pression dessus !
Par Allah, voilà ce qu’est la réelle bra-
voure ! Nous sommes loin de ceux qui perdent
leurs moyens et dont le cœur s’affole à la
moindre égratignure de flèche !
Cette histoire a été rapportée par Ibn Ishaq qui
ajouta : Mouadh vécut, par la suite, jusqu’à
l’époque d’Outhman. Puis il dit : Mouawidh ibn
‘Afra passa, également, près d’Abou Jahl et le
transperça. Il le laissa ensuite, au sol, agonisant.
Puis il combattit jusqu’à se faire tuer. Peu avant,
son frère ‘Aouf était lui aussi tombé en martyr au
17
cours de la bataille. Tous deux étaient les fils
d’Al-Harith ibn Rifa’a Az-Zouraqui.
Ibnou Massoud parvint aussi auprès d’Abou Jahl
et le trouva rendant l’âme. Il l’injuria alors sévè-
rement et lui trancha la tête !
1
Le Marchand d’aiguilles ou bien le Puisatier (celui qui
creuse des puits), le terme ( )أ ّبارpouvant désigner les deux
professions. Ahmad Al-Abbar était un grand savant du
hadith, connu pour son immense mémoire. L’imam Dha-
habi le mentionne dans le tome 10 de son ouvrage.
18
Richedine est toutefois le seul à avoir fait men-
tion de ce hadith et il est un rapporteur sur lequel
on ne peut s’appuyer. Par ailleurs, ce récit n’est
pas à attribuer à Mouadh ibn ‘Amr mais à son
père ‘Amr, pour lequel il fut dit que la mort le
trouva lors de la bataille d’Ouhoud. Comment
donc Abou Mansour aurait-il pu entendre ce récit
de lui ?!
19
Il demeure parmi les combattants de Badr et
mourut, en martyr, le jour d’Ouhoud.
20
– Si tu le souhaites, nous venons te voir et te fai-
sons écouter le Coran ? répondirent Mouss’ab et
le groupe de convertis qui étaient avec lui.
‘Amr ibn Al-Jamouh accepta alors et Mouss’ab
se rendit donc auprès de lui. Là, il lui récita, de
mémoire, une partie de la sourate Youssouf.
– Sachez que nous sommes influents auprès des
nôtres ! conclut ‘Amr. (Il était en effet le doyen
des Banou Salima)
Puis les musulmans prirent congé de lui et le
doyen se rendit auprès de Manaf1.
– Ô Manaf, tu sais pertinemment que c’est toi
que ces gens-là visent ; as-tu un quelconque
moyen de t’y opposer ? questionna-t-il.
Il accrocha alors une épée autour de son coup et
se retira. Un peu plus tard, des membres de sa
famille entrèrent et s’emparèrent de l’arme.
Lorsque ‘Amr s’en retourna, il s’exclama comme
suit :
– Ô Manaf, où donc est passée l’épée ? Malheur
à toi, même une brebis ne laisse pas n’importe
qui approcher sa croupe ! Les lendemains
1
L’idole qu’il vénérait
21
d’Abou Ji’ar1 ne laissent entrevoir rien de bon,
par Allah !
Puis il leur dit :
– Je dois vaquer à mes occupations ; je vous con-
fie Manaf, veillez sur elle !
Une fois parti, ils se saisirent de Manaf, la dislo-
quèrent puis l’attachèrent à un chien mort pour
finalement la jeter dans un puits.
À son retour, ‘Amr demanda :
– Comment allez-vous ?
– Pour le mieux, Sieur ; Allah a enfin purifié nos
demeures de l’infamie ! lui rétorquèrent-ils.
– Il semblerait que vous ayez fait fi de mes re-
commandations envers Manaf, je me trompe ?
– C’est exact ; jette donc un œil au fond du puits !
‘Amr se pencha alors et aperçut la statuette. Il
convoqua, après cet évènement, le reste de son
clan et leur professa :
– N’êtes-vous pas fidèles à ce que je pratique
moi-même ?
1
Nous n’avons pas trouvé pour quelle raison il l’avait
nommé ainsi ()أبو جعار, ni même qui il visait exactement :
lui-même, Manaf ou quelqu’un d’autre ?
22
– Assurément Sieur, tu es le doyen de notre
clan !
– Soyez témoins alors que j’ai foi en ce qui a été
révélé à Mouhammad !
Plus tard, lors de la bataille d’Ouhoud, le Messa-
ger d’Allah ( )ﷺdit : « Levez-vous afin de ga-
gner un Paradis, large comme les cieux et la
Terre, apprêté spécialement pour les pieux ! »
‘Amr ibn Al-Jamouh, bien qu’handicapé d’une
jambe, se releva alors et dit : « Par Allah, je sau-
tillerai avec ce pied au Paradis ! » Puis il s’enga-
gea au combat et tomba en martyr.
23
finit par prendre conscience de ses actes et se
convertit à l’Islam. Il rima ensuite ces vers :
Si tu étais je jure, une divinité
Tu n’aurais pas fini, jetée au fond d’un puits
Et ouf d’avoir rendu, sacrée ton entité
Ton mensonge à présent, est total’ment détruit
1
La lettre حindique un dédoublement de la chaîne de
transmission. Ici, le récit est rapporté par trois voies diffé-
rentes.
24
Al-Waqidi affirma : ‘Amr ibn Al-Jamouh ne
participa pas à la bataille de Badr. Il était handi-
capé d’un pied. Le jour d’Ouhoud, ses fils vou-
lurent l’empêcher de se rendre sur le champ de
bataille prétextant qu’il était excusé auprès d’Al-
lah. Celui-ci alla toutefois se plaindre auprès du
Messager d’Allah ( )ﷺqui dit alors à ses fils :
« Nul grief à vous pour ne pas le retenir ; il est
possible qu’Allah lui accorde le martyre ! »
Sa femme Hind (qui était par ailleurs la sœur
d’Abd-Allah ibn ‘Amr ibn Haram1) dit : Je le re-
vois encore prendre son bouclier en cuir et partir
en invoquant : « Ô Allah, ne me renvoie-pas ! »
Il trouva ensuite la mort, lui et son fils Khallad.
1
Le cousin de ‘Amr
25
Malik dit : Il fut enseveli avec Abd-Allah ibn
‘Amr ibn Haram dans un seul et même linceul.
Malik : Il parvint à Abd-Allah ibn Abderrahman
ibn Abou Saasaa que la tombe de ‘Amr ibn Al-
Jamouh et d’Ibnou Haram1 fut endommagée par
les eaux. Tous deux furent alors déterrés pour
être inhumer un peu plus loin. C’est là qu’on dé-
couvrit leurs corps intacts comme s’ils étaient
morts la veille ! L’un deux avait été enterré la
main posée sur une blessure qu’il avait reçue.
Lors de l’exhumation, on la lui remit le long de
son corps mais celle-ci vint se repositionner à
l’endroit même où elle se trouvait. Il s’était
écoulé, entre le jour d’Ouhoud et cet évènement,
près de quarante-six années !
1
De son nom Abd-Allah ibn ’Amr, le père de Jabir ibn
Abd-Allah et cousin de ‘Amr
26
Sa mère étant, quant à elle, issue des Thaqif1.
Oubayda est l’un des premiers compagnons à
avoir embrasser la foi bien que plus âgé que le
Messager d’Allah ( )ﷺde dix années. Il accom-
plit l’exode (hijra) en compagnie de ses deux
frères At-Toufayl et Houssayn ()حصين.
Oubayda ibn Al-Harith était de carrure moyenne
et avait un très beau visage. Il occupait, par ail-
leurs, une place de taille auprès du Messager
d’Allah ()ﷺ.
Il est notamment celui qui affronta, en duel, le
leader des polythéistes le jour de Badr. Ils se tou-
chèrent mutuellement et furent tous les deux
blessés. Hamza et Ali se ruèrent ensuite sur
‘Outba pour l’achever. Puis ils extirpèrent Ou-
bayda bien que déjà gravement atteint. Il finit par
décéder, à As-Safra2, au cours des dix derniers
jours de Ramadan, en l’an 2. Puisse Allah
l’agréer !
Auparavant, le Prophète ( )ﷺlui avait remis la
première bannière de guerre qui fut dressé en
Islam, lorsqu’il le désigna à la tête d’un escadron
1
Tribu arabe originaire de la ville de Taïf
2
Célèbre oued du Hijaz qui remonte, entre autres, de
Badr vers Médine
27
de soixante cavaliers parmi les Mouhajirounes1.
Ils rencontrèrent les Qourashites avec, à leur tête,
Abou Soufiane dans la localité de Thanyat-Al-
Mara2. Ceci fut le premier affrontement qui eut
lieu en Islam comme Ibn Ishaq affirma.
Abou Bakr,
Oumar,
Ali,
Saad,
Zoubayr,
Abou Oubayda,
Abderrahman ibn ‘Aouf,
Zayd ibn Haritha,
Mistah ibn Outhatha,
1
Compagnons ayant émigré de La Mecque vers Médine
2
Endroit situé à mi-chemin entre Médine et La Mecque,
non loin du littoral de la mer Rouge
28
Mouss’ab ibn Oumayr,
Ibnou Massoud,
Al-Miqdad,
Souhayb,
Ammar,
Abou Salama,
Zayd ibn Al-Khattab,
Saad ibn Mouadh,
‘Abbad ibn Bishr,
Abou Al-Haythame ibn At-Tayihane,
Qatada ibn Nou’mane,
Rifa’a et Moubashir, les deux fils d’Abd Al-
Moundhir (Leur frère Abou Loubaba, quant à lui,
n’y a pas participé car c’est lui qui fut chargé de
veiller sur Médine),
Abou Ayoub,
Oubay ibn Kaab,
Les fils de ‘Afra1,
1
Mouadh, Mouawidh, ‘Aouf et (chez certains savants)
Rifa’a. « ‘Afra » était le nom de leur mère, leur père étant
Al-Harith ibn Rifa’a des Banou Najjar (tribu médinoise).
29
Abou Talha,
Bilal,
‘Oubada,
Mouadh,
‘Itbane ibn Malik,
‘Oukacha ibn Mihssane,
‘Assim ibn Thabit,
Et enfin : Abou Al-Yassar.
Qu’Allah les agrée !
30
Abdelmoutalib, Arwa la Grande, Hind, Arwa et
Adam.
Adam, ce dernier, est le fameux bébé qui fut con-
fié à une nourrice des Houdhayl et qui, au cours
d’une rixe avec les Banou Layth ibn Bakr, fut tué
par un jet de pierre alors qu’il rampait devant les
maisons…
C’est à son sujet que le Prophète ( )ﷺdit :
« Quant à la première vengeance que je rends
caduque, elle est celle du fils de Rabi’a ibn Al-
Harith ! »
Il est dit, à propos du nom de ce dernier, que
quelqu’un lut en réalité, dans le manuscrit, le mot
« dam » ( دم ابن ربيعةle sang du fils de Rabi’a)
mais il lui rajouta un alif ( ; )اce qui donna Adam
(…)آدم
Ce qui semble le plus plausible, c’est que son
nom ne soit pas connu car il était, à ce moment-
là, trop petit.
On rapporta également qu’il s’appelait Tammam
()تمام.
Les doctes mentionnèrent que Rabi’a était plus
âgé que son oncle Al-‘Abbas de deux années.
31
Rabi’a ne participa pas à la bataille de Badr ; il
se trouvait, à cet instant, au Sham.
1
En l’an 5 de l’Hégire
2
Localité située à mi-chemin entre La Mecque et Médine
3
Al-‘Abbas était son oncle et Nawfal son frère. Rabi’a et
Nawfal étaient par ailleurs les cousins du Messager d’Al-
lah ()ﷺ.
4
Unité de volume qui équivalait à 60 jointées (quantité
pouvant être contenue dans le creux formé par les paumes
des deux mains)
32
Ce dernier participa aussi à la Conquête de La
Mecque et à la bataille de Hounayn. Il se fit cons-
truire une demeure à Médine. Puis il décéda lors
du califat d’Oumar.
1
Cette parole du Prophète ( )ﷺsemble être une figure in-
citant Rabi’a à faire davantage d’efforts dans les œuvres
pieuses…
33
47. ABD-ALLAH IBN AL-HARITH
ِ
الحارث عبد اهلل بن
1
Nom d’un oued connu qui passe par la ville de Badr. Il
était une route que les Médinois empruntaient pour ga-
gner la côte.
34
toutefois ne lui citer de chaîne de transmission.
Abd-Allah ibn Al-Harith ne laissa aucune des-
cendance.
35
Il fut mentionné que le Prophète ( )ﷺlui con-
fia la direction des affaires de Sanaa1. De Même,
il a été rapporté qu’Abou Bakr le nomma à la tête
de troupes lors de la conquête du Sham.
1
Capitale du Yémen
2
Dans les Tabaqates d’Ibn Saad, il s’agissait de Oumar.
L’orthographe des deux prénoms, en arabe, étant quasi-
ment similaire : ( )ع َُمرet ()ع َْمرو.
36
Il décéda lors de la bataille d’Ajnadayne1. Celui-
ci avait auparavant immigré à Médine, en com-
pagnie de Jafar ibn Abou Talib, au moment de la
conquête de Khaybar2.
Quant à sa fille mentionnée plus haut, elle vécut
jusqu’à très âgée. En effet, elle ne décéda qu’aux
alentours de l’an 90 !
Le père de Khalid était Abou Ouhayha, un des
notables de la période antéislamique. Il mourut
polythéiste peu avant la bataille de Badr. Il
laissa, par ailleurs, un certain nombre d’enfants
dont :
1
Grande bataille qui eut lieu, en l’an 13, contre les By-
zantins (voir la biographie d’Abou Oubayda ibn Al-
Jarrah)
2
En l’an 7
37
fréquemment au Sham.
C’est lui qui accorda sa protection à Outhman
ibn ‘Affane – son cousin – lorsque ce dernier fut
envoyé par le Prophète ()ﷺ, comme ambassa-
deur, à La Mecque, à l’occasion du traité d’Al-
Houdaybiya. Lorsqu’il l’aperçut, il rima ces
vers :
Approche mon cousin, et ne sois pas soucieux
Les Banou Saïd sont, certes maîtres des lieux
1
Le Bahreïn désignait autrefois l’ensemble des régions
du littoral est de la péninsule Arabique.
38
les plus authentiques.
Abane était par ailleurs le cousin d’Abou Jahl (sa
mère étant la tante paternelle de ce dernier).
1
En l’an 15
2
Sa filiation complète est : ‘Amr ibn Saïd ibn Al-‘Ass ibn
Saïd ibn Al-‘Ass ibn Oumaya. Son grand-père (Al-‘Ass)
était le frère de Khalid, d’Abane et de ‘Amr mais, à
39
‘Amr) délaissèrent leur fonction lorsqu’ils appri-
rent la mort du Messager d’Allah ()ﷺ. Abou
Bakr leur dit alors : Personne ne convient mieux
à ces postes que ceux qui ont été désignés par le
Messager d’Allah ( )ﷺlui-même : retournez
d’où vous venez !
Ils s’y refusèrent malgré tout et firent le choix de
partir au Sham1. C’est là-bas qu’ils tombèrent,
tous les trois, en martyrs – qu’Allah les agrée.
40
Son frère Maymoune ibn Al-Hadrami est celui à
qui l’on attribue le fameux « puits de May-
moune » qui se trouve dans les hauteurs de La
Mecque. Celui-ci l’avait creusé avant l’avène-
ment prophétique.
Al-‘Ala et Maymoune ont par ailleurs deux
autres frères du nom de : ‘Amr et ‘Amir.
Le Messager d’Allah ( )ﷺnomma Al-‘Ala gou-
verneur du Bahreïn, fonction qu’il conserva du
temps d’Abou Bakr et d’Oumar.
On rapporte qu’Oumar l’envoya ensuite à Bas-
sora, pour y exercer les mêmes fonctions, mais
Al-‘Ala décéda avant d’y parvenir.
La gouvernance du Bahreïn fut ensuite prise,
pour le compte d’Oumar, par Abou Hourayra.
Le hadith « Celui qui a accompli l’exode ne
s’établit pas, à La Mecque, plus de trois jours
après l’achèvement de ses rites ! » nous est par-
venu par sa voie. C’est As-Saïb ibn Yazid qui le
transmit de lui. De même, Hayane le Boiteux
(Al-A’raj) et Ziyad ibn Houdayr l’ont également
rapporté de lui.
Mansour ibn Zadhane mentionna – D’après
Mouhammad ibn Sirine – que lorsqu’Al-‘Ala ibn
41
Al-Hadrami écrivit au Prophète ()ﷺ, il com-
mença par son nom1.
Ibn Ishaq rappela aussi qu’Al-Hadrami, le père
d’Al-‘Ala et de la fratrie, s’était autrefois placé
sous la protection de Harb ibn Oumaya. Il venait,
à l’origine, des contrées de l’Hadramaout2 et son
nom était : Abd-Allah ibn ‘Abbad ibn As-Sadaf.
1
C’est-à-dire : Il écrivit : « De la part d’Al-‘Ala à l’atten-
tion du Prophète… »
2
Région du sud du Yémen
3
Endroit peu profond d’un cours d’eau. Nous émettons
toutefois des réserves quant au sens du mot employé par
Dhahabi ()الرقراق.
42
Al-‘Ala décèdera, plus tard, en l’an 21.
On rapporte d’Abou Hourayra le récit suivant :
Le Messager d’Allah ( )ﷺm’envoya avec Al-
‘Ala ibn Al-Hadrami à qui il recommanda de me
traiter avec bienveillance. C’est moi qui, par con-
séquent, étais chargé d’appeler à la prière pour
son compte.
Al-Miswar ibn Makhrama affirma : Le Prophète
( )ﷺconfia la responsabilité du Bahreïn à Al-
‘Ala mais il le destitua, un peu plus tard, et
nomma à sa place Abane ibn Saïd.
1
Située de nos jours dans l’agglomération d’Al-Ahsa,
dans l’est de l’Arabie saoudite
43
vers Az-Zara1 où ils se réfugièrent. Al-‘Ala les
poursuivit alors par Al-Khat2 le long de la côte.
Il les combattit et les assiégea jusqu’au décès du
Véridique3. Les habitants d’Az-Zara demandè-
rent, ensuite, un armistice qu’Al-‘Ala leur ac-
corda. Ce dernier s’attaqua ensuite aux tribus de
Darine4 desquelles il mit à mort les combattants
et fit captifs les progénitures. Puis il envoya
‘Afraja, à la tête d’une flotte de bateaux, en di-
rection de la côte perse. Ce dernier y conquit une
île sur laquelle il fit ériger une mosquée.
1
Az-Zara était à cette époque la ville principale du Ba-
hreïn (littoral est de la péninsule Arabique). Elle est au-
jourd’hui un quartier à part entière de la ville de Qatif.
2
Nom qui était donné à toute une partie du littoral ba-
hreïnien
3
Abou Bakr
4
Qui correspond, de nos jours, à la presqu’île de Tarout,
toujours dans l’agglomération de Qatif.
44
Abou Bakra mais, lorsqu’ils arrivèrent à Niyas1,
Al-‘Ala décéda.
1
Il semblerait que le nom exact soit Tiyas. Il désigne un
endroit se trouvant au sud du Koweït.
2
Désert sablonneux situé à environ 150 kms de l’actuelle
ville de Riyad, à l’est
3
La tradition musulmane préconise, lors des inhumations,
de creuser une première fosse dans laquelle une cavité
45
52. SAAD IBN KHAYTHAMA
َس ْعد بن َخ ْي َث َمة
46
Et lorsque le Messager d’Allah ( )ﷺinvita les
musulmans à combattre, à l’occasion de la ba-
taille de Badr, ils s’empressèrent de répondre à
son appel. Khaythama dit alors à Saad – son fils :
– Laisse-moi y aller. Quant à toi, reste auprès de
tes femmes !
Saad refusa toutefois et répondit :
– Si cela avait été pour une chose autre que le
Paradis, je t’aurais laissé y aller mais là, non !
Ils procédèrent alors à un tirage au sort et c’est la
pointe de Saad qui fut tirée. Ce dernier s’engagea
alors au combat et fut tué.
Quant à son père, Khaythama, il trouvera lui
aussi le martyre mais lors de la bataille d’Ou-
houd.
47
Al-Khazraji,
Un des apôtres de la nuit d’Al-‘Aqaba1.
Il était, par ailleurs, le cousin de Saad ibn
Mouadh (la mère d’Al-Bara étant la tante pater-
nelle de ce dernier).
Al-Bara était le souverain de son clan : les Banou
Salima.
Il est le premier à avoir prêter serment d’allé-
geance, la fameuse nuit, lors de la première ren-
contre d’Al-‘Aqaba.
C’était un homme noble, pieux et perspicace. Il
décéda au cours du mois de Safar, un mois avant
l’arrivée du Messager d’Allah ( )ﷺà Médine.
1
Al-‘Aqaba est le nom d’un monticule à Mina ; là où l’on
accomplit le pèlerinage et la lapidation des stèles. C’est à
cet endroit que les premiers croyants de Médine se con-
vertirent et prêtèrent serment d’allégeance au Prophète
()ﷺ, un an et demi environ avant l’Hégire. Al-‘aqaba
() َع َق َبة, en arabe, signifie entre autres : une montagne aux
versants abrupts.
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de notre peuple, adeptes du polythéisme, qui che-
minaient avec nous. Lorsque nous arrivâmes à
Dhou-Al-Houlayfa1, Al-Bara ibn Marour – qui
était notre chef et notre doyen – nous dit :
– Voyez-vous, j’ai souhaité ne plus donner le dos
à cet édifice2, par Allah, mais plutôt prier en sa
direction !
– Nous ne pouvons faire cela ! nous lui répon-
dîmes alors, en justifiant nos propos : Ce que
nous savons du Prophète, c’est qu’il ne prit qu’en
direction du Sham. S’orienter vers une autre di-
rection que celle-ci serait, par conséquent, inen-
visageable pour nous !
Malgré cela, je le voyais se tourner vers La
Mecque lorsque l’heure de la prière arrivait.
Nous le blâmâmes, pour cela, mais il ne voulut
rien entendre et continua à agir de la sorte. Puis,
lorsque nous arrivâmes à La Mecque, il me dit :
– Ô mon neveu, j’ai certes mis en pratique une
chose, au cours de notre voyage, qui me laisse
1
Endroit situé à environ 8 kms de la mosquée prophé-
tique, en direction du sud-ouest. C’est là que les pèlerins
de la ville et ceux venant du Sham entrent en état de sa-
cralisation (miqat).
2
Il entendait par là : la Kaaba.
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perplexe ; allons voir le Messager d’Allah ()ﷺ
et questionnons-le !
Nous n’avions, à cet instant, encore jamais ren-
contré le Prophète ( ; )ﷺce qui nous poussa à
questionner à son sujet. C’est alors que nous ren-
contrâmes un homme, près d’Al-Abtah1, qui
nous dit :
– Le connaissez-vous ?
– Non, nous lui répondîmes.
– Dans ce cas, connaissez-vous Al-‘Abbas ?
– Oui !
En effet, Al-‘Abbas avait pour habitude de se
rendre régulièrement à Médine, pour commer-
cer ; c’est pour cette raison que nous le connais-
sions.
– Il est la personne assise à côté d’Al-‘Abbas, en
ce moment, dans la mosquée ! nous indiqua alors
l’homme.
Nous nous dirigeâmes donc vers eux deux et
prîmes place à leurs côtés. Là, nous question-
nâmes Al-‘Abbas avant que le Messager d’Allah
( )ﷺlui-même ne demande :
1
Partie de la vallée de La Mecque située entre Mina et la
Mosquée sacrée
50
– Ô mon oncle, qui sont ces deux hommes ?
– Il s’agit d’Al-Bara ibn Marour – le chef de son
clan – et de Kaab ibn Malik !
– Le poète ? s’exclama alors le Messager d’Al-
lah ()ﷺ.
Al-Bara dit à cet instant :
– Ô Messager d’Allah, voilà ce que j’ai accom-
pli.
– Certes je prie dans une direction et il est préfé-
rable que tu t’y tiennes ! lui rétorqua alors le Pro-
phète ()ﷺ.
C’est ainsi qu’il se remit à prier en direction du
Sham.
Puis le Messager d’Allah ( )ﷺaccepta de nous le
serment, au cours de la deuxième nuit des nuits
d’Al-‘Aqaba1.
Ainsi mentionna-t-il l’histoire dans son intégra-
lité.2
1
Allusion aux trois jours passés à Mina, après l’achève-
ment des grands rites du pèlerinage ()أيام التشريق
2
C’est-à-dire : Ibn Ishaq
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dit : Al-Bara ibn Marour légua, à sa mort, un tiers
de ses biens au Prophète ()ﷺ, un autre tiers pour
les dépenses dans la voie d’Allah et, enfin, un
tiers à son fils. Lorsque le Prophète ( )ﷺeut con-
naissance de cela, il fit rendre l’argent à ses héri-
tiers légaux.
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Il demeure parmi les notables de son peuple. On
rapporte, via le hadith d’Abou Hourayra et de Ja-
bir, que le Messager d’Allah ( )ﷺdemanda aux
Banou Salima :
– Qui donc est à la tête de votre clan ô Banou
Salima ?
– Il s’agît d’Al-Jad ibn Qays, en dépit de son ava-
rice ! lui répondirent-ils.
– Et quoi de plus détestable que l’avarice ! s’ex-
clama alors le Prophète ( )ﷺavant de reprendre :
Votre chef est plutôt l’homme blanc à la cheve-
lure crêpelée : Bishr ibn Al-Bara !
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