Chap1 2020
Chap1 2020
Chap1 2020
Introduction à la Résonance
Magnétique Nucléaire
Alexandre Arnold
Bibliographie
▪ J. Keeler (2010), Understanding NMR spectroscopy, John Wiley & Sons, Chichester, 511 pages.
▪ I.N. Serdyuk, N.R. Zaccai & J. Zaccai (2007) Methods in molecular biophysics, Cambridge University
Press, Cambridge, 1120 pages.
▪ T.C. Pochapsky & S.S. Pochapsky (2007) NMR for physical and biological scientists, New York, Taylor &
Francis, 372 pages.
▪ M.L. Levitt, Spin dynamics: basics of nuclear magnetic resonance, Chichester, John Wiley & Sons, 2002. 686
pages.
▪ P.J. Hore, Nuclear magnetic resonance, Oxford, Oxford University Press, 2001.90 pages.
▪ R.S. Macomber, A Complete Introduction to Modern NMR Spectroscopy, New York, John Wiley & Sons, 1998.
382 pages.
▪ W.S.Price (1997) Pulsed-field gradient nuclear magnetic resonance as a tool for studying translational diffusion,
part 1: basic theory, Concepts Magn. Reson. 9, 299-336.
▪ S.Veeraraghavan (2008) NMR spectroscopy and its value: a primer, J. Chem. Edu. 85, 537-540.
3
Un peu d’histoire
1922 "Préhistoire" de la RMN → découverte du spin de l’électron (Stern et
Gerlach)
1938 Rabi mesure le spin nucléaire du 23Na selon le même principe (+interaction
avec les champs de radio-fréquences)
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Un peu d’histoire
1922 "Préhistoire" de la RMN → découverte du spin
1938 Rabi mesure le spin nucléaire du 23Na selon le même principe
Veeraraghavan (2008)
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Revue des principes de base – nucléaire
Le noyau des atomes est caractérisé par 4 propriétés physiques importantes:
▪ masse (1.6726 × 10−27 kg)
▪ charge électrique (1.602 × 10−19 C)
▪ magnétisme
▪ spin
▪ Différents isotopes d’un même élément peuvent donc avoir un nombre quantique de spin
différent:
12C a un spin 0 et 13C a un spin ½
16O a un spin 0 et 17O a un spin 5/2
1 12
1 H ½ 6 C 0
A 2 13
ZX 1 H 1 6 C ½
A = nucléons (p+n)
Z = protons (p) 6 14
3 Li 1 7 N 1
7 15
3 Li 3/2 7 N ½
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Revue des principes de base – nucléaire
B0
Le spin du noyau peut être visualisé comme un moment → z
Ԧ un vecteur pointant dans I
angulaire (moment angulaire de spin, 𝐼), y
la direction de l’axe autour duquel il tourne x
énergie
▪ Un seul niveau d’énergie = dégénérescence
Avec B0: il y a interaction entre le moment magnétique et le B0
▪ Les 2I+1 orientations du moment angulaire de spin I d’un noyau n’ont B0
plus la même énergie
énergie
C’est l’effet Zeeman -½
faible haute
énergie énergie
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Revue des principes de base – magnétique
Comme Iz = mħ: E = - m ħ B (1.5)
E d’autant plus grande que est élevé et que le champ magnétique est fort
Augmente la séparation d’énergie entre les niveaux
Les 2I+1 états d’un noyau de spin I sont donc séparés par une énergie E=ħB
Par exemple, pour un noyau de spin ½,
E(+½) = -½ ħB et E(-½) = ½ ħB
Sans B0
B0
m = -½
E=HħB
m = -1
E=DħB
m=0
E=DħB
m = +1
Niveaux d’énergie pour les noyaux d’hydrogène
(I=½) et de deutérium (I=1) dans un champ
magnétique. On peut constater l’influence des
différents rapports gyromagnétiques.
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Revue des principes de base – magnétique
La combinaison du moment magnétique et du moment
angulaire de spin entraîne, en présence d’un B0, un Iz = -½
B0 → →
mouvement de précession
Mouvement en forme de cône ayant un angle constant
entre le moment magnétique de spin et le B0 Iz = +½
Pour un noyau de I=½, le moment angulaire de spin peut
être parallèle ou anti-parallèle à la direction du champ
magnétique, i.e. dans les états ±½
▪ Il faut que la radiofréquence (RF) appliquée ait une énergie égale à celle de la transition
▪ La condition de résonance est donc: E = h = ħB ou = B/2 (1.7)
est la fréquence de Larmor (et de la radiation magnétique) en Hz
Effet Zeeman
sans B0 avec B0
Iz = -½ E = +½ħB
Iz = ±½
Énergie
E = ħB
RF
Iz = +½ E = -½ħB
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Revue des principes de base – résonance
Le rapport gyromagnétique étant différent pour chaque noyau, la fréquence de
résonance différera aussi, à un B0 donné
rayons
rayons X
ultraviolet
visible
infrarouge
micro-onde
radiofréquence
Spectre électromagnétique. Les régions élargies montrent les
fréquences RMN de certains noyaux dans un champ de 9.4 T ,
et des déplacements chimiques typiques en 1H (ppm).
▪ Nsup/Ninf = 0.99999
Iz = +½ 100 000
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Sensibilité de la RMN
Il y a donc une faible différence de population entre les deux niveaux
▪ Il y a presque autant de spins sur le niveau supérieur qu’inférieur
Contrairement aux autres techniques spectroscopiques qui ont un population négligeable dans l’état
excité!
▪ La transition vers le niveau supérieur est plus favorisée que la transition inverse de
seulement 1 spin sur 104
C’est comme si on détectait un noyau sur 104 !
▪ Le signal de RMN est donc plutôt faible!
▪ En comparaison, en spectroscopie IR ou UV, la différence de population entre les niveaux
d’énergie fondamental et excité est de loin supérieure = signal intense!
0.99995
0.99990
N1/N0
N1/N0
0.99990
0.99985 0.99980
0.99980
0.99970
0 200 400 600 800 1000
0 100 200 300 400
Fréquence (MHz) Température (K)
Noyau I (s
(
-1T -1
rad
) Fréquence Abondance Sensibilité
10
T -1 -1
s -7 (MHz) à (7,05T) naturelle (%) relative
1H 1/2 26,753 299,95 99,98 1,000
2H 1 4,107 46,044 0,016 0,0096
13C 1/2 6,728 75,42 1,11 0,016
14N 1 1,934 21,67 99,64 0,0010
15N 1/2 -2,713 30,41 0,37 0,0010
31P 1/2 10,840 121,42 100 0,066
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Inhomogénéités du champ magnétique
Le champ magnétique perçu par les noyaux dans le spectromètre n’est pas
homogène
Cette inhomogénéité a diverses origines et peut aussi être exploitée pour obtenir
des informations structurales et spatiales
Inhomogénéités Imagerie de
Gradients de champ magnétique
contrôlées RMN
Les gradients de champ sont appliqués dans une séquence sous forme d’impulsions
▪ C’est pourquoi on les nomme gradients de champ pulsés (pulsed field gradient, PFG)
3D gradient echo. Human head. Data courtesy of Dr. Ravi Menon, Robarts Research Institute, London,
Ontario, Canada. Varian 4T human imaging system. (www.varianinc.com)
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Inhomogénéités naturelles - interactions
Grâce aux inhomogénéités naturelles de champ magnétique perçues par les noyaux,
le signal de RMN d’un noyau sur le spectre rend compte de la position des noyaux
voisins
Inhomogénéité induite par les électrons des liaisons chimiques
Déplacement chimique
Couplage spin-spin
Inhomogénéité spatiale due à l’interaction dipolaire
Directe → Couplage dipolaire
CH3
Acide propanoïque
COOH
CH2
Toutefois, tous les 1H et 13C ne résonnent pas à cette fréquence car elle dépend
aussi la position des noyaux dans la molécule
▪ i.e. de leur environnement – de la distribution locale des électrons
Le champ magnétique (Beffectif) ressenti par un noyau dans un atome diffère quelque
peu du champ magnétique externe (B0)
▪ Il est plus petit dû à l’effet d’écran causé par les électrons environnants
Le B0 induit les électrons à circuler dans leurs orbitales atomiques
Cela génère un petit champ magnétique B’ dont la direction est opposée à B 0
B’ est proportionnel à B0 et typiquement de 104-105 fois plus petit
Du fait de la présence d’électrons, la fréquence de résonance d’un noyau est plus faible que
celle qu’on observerait si ce noyau était dénudé de ses électrons
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Inhomogénéités naturelles – déplacement chimique
Le champ magnétique au noyau s’écrit: Beff = (B0 – B’) = B0(1-) (1.11)
B0 (1 − )
On peut réécrire la condition de résonance: = (1.12)
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La dépendance de la fréquence de résonance d’un noyau à son environnement
électronique local offre une des plus importantes sources d’information structurale!
▪ C’est l’effet de déplacement chimique
▪ Le signal de RMN, pour un même isotope, va donc dépendre de la nature des liens qui
relient les noyaux à leurs voisins et de la structure des groupes d’atomes voisins
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Inhomogénéités naturelles – déplacement chimique
Le déplacement chimique est la différence entre la fréquence d’un noyau donné
et une fréquence de référence
▪ Comme le TMS (tétraméthylsilane)
▪ La différence de fréquences étant divisée par la fréquence de référence, est donc une
propriété moléculaire indépendante du champ magnétique utilisé pour le mesurer
▪ Il est donné en ppm (parties par million)
▪ Le TMS est largement utilisé comme référence car en plus d’être soluble dans de
nombreux solvants, ses 1H et son 13C sont fortement blindés
Ils sortent donc du côté des faibles fréquences sur le spectre
En conséquence, la plupart des déplacements chimiques en 1H et 13C sont positifs, ce qui est
pratique
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Inhomogénéités naturelles – déplacement chimique
Par convention, on trace les spectres RMN avec le déplacement chimique (et la
fréquence de résonance) augmentant de droite à gauche
downfield upfield
Sens du balayage en B0
https://www2.chemistry.msu.edu/faculty/reus
ch/virttxtjml/spectrpy/nmr/nmr1.htm Spectre de RMN-1H d’un mélange de solvants à 400 MHz.
Benzène, DMSO, acétone et acétonitrile avec TMS.
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Inhomogénéités naturelles – déplacement chimique
Quelques effets sur le blindage/déblindage
▪ L’électronégativité
La présence d’un atome électronégatif a pour effet de déblinder le noyau voisin
➔ Déplacement chimique plus élevé
▪ Les ponts H
Effet de déblindage
Le spectre informe également sur les interactions magnétiques entre les noyaux,
i.e. les couplages spin-spin ou couplages scalaires ou couplages-J
▪ Couplage propagé par les électrons de la liaison chimique
▪ Informe sur les liaisons et la stéréochimie
RMN = seule technique, avec cristallographie, à pouvoir donner
une structure moléculaire détaillée
L’interaction (couplage) d’un noyau avec ses voisins conduit des multiplets sur le
spectre
▪ La multiplicité est le nombre de pics dans le multiplet
▪ Cette multiplicité reflète le nombre de combinaisons possibles et la proportion des états
de spins (orientations) de noyaux voisins
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Inhomogénéités naturelles – couplage scalaire
Exemple des 1H méthyl dans le diéthyléther
▪ Les 1H du CH3 sont voisins des 1H du méthylène
▪ Chacun de ces 2 1H du méthylène peut être dans deux états
de spin
i.e. m = ±½
▪ Un 1H dans le groupe CH3 peut également être dans les états CH3-CH2-O-CH2-CH3
±½
▪ Pour n noyaux équivalents – i.e. 2 dans le méthylène - il y a
(2I+1)n combinaisons possibles
i.e. [(2·½)+1]2 = 4
❑ +½ +½ ; -½ +½; +½ -½ ; -½ -½
▪ La magnétisation totale M est la somme des valeurs
individuelles de m
i.e. M = +1, 0, -1
▪ Il y a deux possibilités d’avoir M = 0, d’où la plus grande M=-1 M=0 M=1
intensité Signal du méthyle divisé en triplet par les
1H méthylène
Patron 1:2:1
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Inhomogénéités naturelles – couplage scalaire
Pour généraliser:
▪ Si un noyau a n noyaux voisins équivalents, son signal sera divisé en n+1 résonances
▪ Les rapports d’intensité retrouvés dans les multiplets sont les coefficients d’une
distribution binomiale (1+x)n, tel que résumé dans le triangle de Pascal
0 1 1 1 Singulet A
1 2 11 2 Doublet AX
5 6 1 5 10 10 5 1 6 Sextet AX5
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Inhomogénéités naturelles – couplage scalaire
Les couplages hétéronucléaires donnent les mêmes types de subdivisions (splittings)
que les couplages homonucléaires
▪ Ex.: couplages scalaires Si-H et Si-C sur le spectre 29Si (spin ½) du tétraméthylsilane (TMS)
dans CDCl3
Tiré de http://chem.ch.huji.ac.il/nmr/techniques/1d/row3/si.html
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Inhomogénéités naturelles – couplage scalaire
L’énergie de 2 noyaux A et X (pas nécessairement de spin ½) couplés est donnée
par:
E = hJ AX m A m X (1.14)
Le couplage spin-spin le plus utile est celui impliquant des noyaux séparés par 3
liaisons, par exemple 3J dans H-C-C-H
▪ 3J varie avec l’angle dihèdre entre les 2 plans H-C-C
▪ Relation de Karplus pour des protons vicinaux:
3J = A + B cos + C cos2 (1.17) A = 2 Hz, B = -1 Hz, C =10 Hz
▪ On obtient la courbe de Karplus
La relation de Karplus est importante dans la détermination de la conformation de protéines
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Inhomogénéités naturelles – couplage scalaire
Cas des molécules organiques
(a) Les constantes de couplages 1H-1H trans à travers un lien C=C sont jusqu’à un facteur 2
supérieures aux couplages cis
(b) Les valeurs de couplage 3JHH pour les protons d’un cyclohexane dépendent de l’implication
des 1H axiaux ou équatoriaux
(a) (b)
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Inhomogénéités naturelles – couplage scalaire
Cas des peptides et protéines
▪ Le couplage entre le 1H du groupement amide et celui lié au C dans une chaîne
polypeptidique informe sur la conformation du squelette de la protéine
▪ Les hélices et les feuillets-, par exemple, ont des valeurs caractéristiques de 120o et de
180o pour l’angle , respectivement
O
R
O y C C
C
N
C
N
C c
H
H
H
Angles dihèdres feuillet- hélice-
Phe4
aromatique
Phe4 NH Met5 NH Tyr1
3J 3J aromatique
NH-Hα NH-Hα
Dans les systèmes anisotropes comme les solides, chaque paire de noyaux couplés
aura une orientation différente dans le champ magnétique
▪ L’interaction dipolaire peut fournir de l’information structurale et orientationnelle en RMN
de l’état solide
À suivre…
Des expériences de RMN exploitent le couplage dipolaire pour connaître la distance entre
des noyaux
Information structurale importante
Ex.: le couplage dipolaire influence également l’effet NOE
La réorientation rapide de l’interaction dipolaire est une source potentielle d’un champ
fluctuant pouvant stimuler la relaxation longitudinale