Article RCM 1 (Etat de L'art)
Article RCM 1 (Etat de L'art)
Article RCM 1 (Etat de L'art)
1 Introduction
L’utilisation de structures métalliques et mixtes toujours plus élancées et flexibles a
parfois engendré des problèmes vibratoires dans les ouvrages d’art (Millenium Bridge,
passerelle Solférino) et même au niveau de planchers de bâtiments. Ces problèmes
peuvent être causés par l’activité humaine, comprenant la marche, ainsi que les activités
rythmiques qui se sont fortement développées ces dernières années (salles de sport,
danse, etc.). Les occupants peuvent alors ressentir un certain degré d’inconfort.
L’Eurocode fournit peu d’éléments pour le dimensionnement d’une structure vis-à-vis du
confort vibratoire [1]. Les limites de fréquence propre du mode fondamental de vibration
selon l’usage du plancher ne s’avèrent pas toujours suffisantes en pratique, notamment
en présence d’activités rythmiques. Des normes internationales, telles que l’ISO 2631 ([2],
[3]) et l’ISO 10137 [4] ou nationales comme DIN 4150-2 [5], fournissent toutefois des
éléments, afin d’évaluer le confort vibratoire des occupants d’une structure exposée à des
vibrations. Ces normes sont basées sur une approche en accélération ou vitesse qui seront
présentées dans la section 2 du présent article.
Suite aux retours d’expérience précédemment cités, des guides ont été proposés dans les
années 2000 par l’AISC/CISC [12] et le SCI [11], avec l’objectif d’évaluer le niveau de
performance vibratoire des planchers de construction. Ces guides sont basés sur une
approche en accélération et se réfèrent aux normes ISO précitées. Le guide HiVoSS [7],
basé sur un projet européen [6], adopte par contre une approche en vitesse et propose
des abaques permettant d’évaluer le confort de planchers soumis aux vibrations
verticales causées par la marche d’une seule personne. Les méthodes inhérentes à ces
trois guides sont présentées dans la section 3 et leurs limitations sont également mises en
évidence, afin de mettre en lumière leurs avantages et inconvénients et proposer des
pistes d’amélioration dans les prochains guides traitant du confort vibratoire.
1
2 Normes d’appréciation du confort vibratoire
2.1 Introduction
Deux normes internationales permettent aujourd’hui de traiter du confort des utilisateurs
d’une structure exposée à des vibrations, afin d’évaluer son niveau d’acceptabilité pour
l’usage prévu. L’ISO 2631, présentée dans la section 2.2, fournit des grandeurs, exprimées
en termes d’accélération, permettant d’apprécier le confort en tenant compte de la
direction de vibration, de la sensibilité fréquentielle et des effets temporaires.
L’ISO 10137 (voir section 2.3) propose quant à elle des critères d’acceptabilité et des
limites de confort basées sur les grandeurs issues de la norme précédente. Enfin, la norme
DIN 4150-2 (voir section 2.4) propose des critères de performance du confort vibratoire,
non plus basés sur l’accélération, mais sur la vitesse.
La norme internationale ISO 2631 ([2], [3]) fournit une procédure détaillée pour la
détermination analytique des grandeurs caractéristiques de la réponse vibratoire induite
par l’homme (principalement en accélération). Ces grandeurs sont utilisées dans
l’évaluation de l’impact de vibrations sur le corps humain (pour les récepteurs) vis-à-vis
de certains critères (santé, mal de mer, perception, confort). Nous nous limitons ici au
critère de confort vibratoire.
L’effet des vibrations dépend à la fois de leur direction d’incidence et de la position du
corps humain qui peut être debout, assis ou allongé. Le système de coordonnées
normalisé est présenté à la Figure 1 ; la perception humaine est généralement plus
importante vis-à-vis des vibrations dans la direction x ou y.
2
2.2.2 Pondérations fréquentielles
L’impact de la vibration sur les occupants d’une structure dépend de leur sensibilité vis-
à-vis de cette vibration, étroitement liée à sa fréquence d’incidence. En général, il existe
des plages de fréquences où la réponse associée doit être atténuée, car peu perceptible
par l’être humain, et ceci est effectué à l’aide de coefficients dits de pondération
fréquentielle, présentés sous forme de courbes, qui sont appliqués aux termes de réponse
(voir section 2.1.3).
Ces courbes (exprimées en dB) sont présentées à la Figure 2. La courbe Wm (voir Figure 2-b)
est obtenue par combinaison des deux courbes Wd et Wk (voir Figure 2-a).
a) Pondérations Wk, Wd et Wf
3
b) Pondération Wm
D’après ces courbes, la plage de fréquences la plus perceptible par l’homme se situe entre
4 et 8 Hz pour la direction z (Wk) et entre 0,5 et 2 Hz pour les directions x et y (Wd).
Le choix des courbes de pondération fréquentielle est effectué selon le Tableau 1, en
fonction de la direction de la vibration présentée à la Figure 1.
Pondération fréquentielle
Coefficient
Axe Position du corps Position du corps multiplicatif
connue inconnue
X Wd Wm 𝑘𝑥 = 1
Y Wd Wm 𝑘𝑦 = 1
Z Wk Wm 𝑘𝑧 = 1
Tableau 1 : Détermination des courbes de pondération fréquentielle [2,3]
La pondération fréquentielle diffère ainsi entre les axes d’incidence, puisque l’utilisateur
perçoit plus facilement les vibrations selon les axes x et y que selon l’axe z.
La méthode de base est appliquée dans le cas de vibrations continues. Elle consiste à
calculer une accélération efficace pondérée, qui tient compte de la réduction de réponse
dans les plages peu perçues par l’homme.
4
Cette accélération est calculée par direction de vibration selon deux cas :
Si l’on dispose de 𝑁𝑓 valeurs discrètes d’accélération dans le temps, un calcul
cumulatif d’accélération est effectué comme suit :
1
𝑁
𝑓
𝑎𝑤,𝑑 = [∑𝑖=1 (𝑊𝑖 𝑎𝑖 )2 ]2 (1)
Si l’on dispose d’un enregistrement continu de l’accélération, on effectue une
intégrale de celle-ci le long de la durée d’enregistrement 𝑇 comme suit :
1
1 𝑇 2
𝑎𝑤,𝑑 = [𝑇 ∫0 𝑎²𝑤,𝑑 (𝑡)𝑑𝑡] (2)
où :
𝑎𝑤,𝑑 est l’accélération efficace calculée pour chaque direction d (x, y ou z) ;
5
Elle est calculée à l’aide de la formule suivante :
1
𝑇 4
𝑉𝐷𝑉 = [ ∫0 𝑎𝑤,𝑑 (𝑡)𝑑𝑡]4 (5)
(a) (b)
Figure 3 : Courbe d’acceptabilité de base : (a) selon l’axe z, (b) selon les axes x et y [4]
6
Afin d’évaluer l’acceptabilité des vibrations, un coefficient de réponse marquant le degré
de dépassement de la limite de perception des vibrations, basé sur la détermination de
l’accélération efficace 𝑎𝑤,𝑟𝑚𝑠 selon la norme ISO 2631 (voir section 2.1.3), est calculé
comme suit :
𝑎𝑤,𝑟𝑚𝑠
pour l′ axe 𝑧
a𝑧
𝑅={ 𝑎𝑤,𝑟𝑚𝑠 (6)
pour les axes 𝑥 et 𝑦
a𝑥,𝑦
Le coefficient de réponse 𝑅 doit rester inférieur aux valeurs limites fournies dans le
Tableau 2, afin de garantir un niveau de confort acceptable pour les occupants.
Coefficients multiplicateurs de la
Période courbe de base
Utilisation
de jour Vibration continue(1) Vibration
/ Intermittente (2) impulsive
Travail de Jour 1 1
précision Nuit 1 1
Jour 2à4 30 à 90
Résidences
Nuit 1,4 1,4 à 20
Jour 2 60 à 128
Bureaux calmes
Nuit 2 60 à 128
Bureaux en Jour 4 60 à 128
général – Ecoles Nuit 4 60 à 128
Jour 8 90 à 128
Ateliers
Nuit 8 90 à 128
(1) Vibration continue : dure plus de 30 mn par jour.
(2) Vibration intermittente : se reproduit plus de 10 fois par jour.
Tableau 2 : Valeurs limites du coefficient de réponse [4]
Pour le cas de vibrations intermittentes (se reproduisant plus de 10 fois par jour), des
valeurs limites sont également données pour la valeur de dose de vibrations (voir section
2.2.4), dépendant de la durée d’exposition et de la probabilité de déclaration d’inconfort
de la part des occupants. En fonction du niveau de déclarations d’inconfort fixé par le
maître d’ouvrage, les valeurs limites de VDV sont fournies dans le Tableau 3.
7
Bâtiments d’habitation Déclarations d’inconfort
(durée) A faible probabilité Possible Probable
16 h le jour 0,2 à 0,4 0,4 à 0,8 0,8 à 1,6
8h la nuit 0,13 0,26 0,51
Tableau 3 : Valeurs limites de VDV (en 𝐦. 𝐬 −𝟕⁄𝟒 ) [4]
L’inconvénient majeur de cette méthode réside dans le fait qu’elle n’est utilisée que sur
les zones des planchers susceptibles de subir l’action de marche (notamment les couloirs)
qui doivent être préalablement connues et bien définies par les parties prenantes.
La norme allemande DIN 4150-2 propose une méthode visant à évaluer le niveau de
confort vibratoire des occupants d’un bâtiment subissant des vibrations continues ou non
continues dont la gamme des fréquences d’excitation est comprise entre 1 et 80 Hz. Cette
norme n’est généralement pas retenue par les guides d’évaluation du confort ([11], [12]),
du fait qu’elle soit basée sur la vitesse qui est plus difficile à mesurer en pratique que
l’accélération.
où :
𝑉(𝑓) est la transformée de Fourier de la réponse en vitesse ;
𝑓0 est une fréquence de référence égale à 5,6 Hz ;
𝑓 est la fréquence du signal d’entrée.
La pondération de la vitesse 𝑉(𝑓) a été effectuée pour tenir compte de la plage de
fréquences de vibrations perçue par l’être humain. En effectuant la transformée de
Fourier inverse de 𝐾𝐵(𝑓), on obtient la vitesse vibratoire temporelle 𝐾𝐵(𝑡) qui
constituera la base des grandeurs d’évaluation d’acceptabilité décrites ci-après.
8
2.4.3 Méthode de base
Cette méthode vise à déterminer l’amplitude efficace transitoire de vibration 𝐾𝐵𝜏 (𝑡0 ),
obtenue par l’équation suivante :
𝑡0 −𝑡
1 𝑡
0
𝐾𝐵𝜏 (𝑡0 ) = √𝜏 ∫𝑡=0 𝑒− 𝜏 𝐾𝐵 2 (𝑡) 𝑑𝑡 (8)
où :
𝜏 est la fenêtre temporelle d’intégration, prise égale à 0,125 s ;
𝐾𝐵(𝑡) est la vitesse vibratoire à l’instant 𝑡.
Il en découle la vitesse efficace transitoire maximale :
𝐾𝐵Fmax = max 𝐾𝐵𝜏 (𝑡0 )
𝑡0
Cette valeur est à comparer aux valeurs limites notées 𝐴𝑢 et 𝐴0 données dans le Tableau 4.
Jour Nuit
Classe Zone
𝑨𝒖 𝑨𝟎 𝑨𝒖 𝑨𝟎
1 Zone exclusivement commerciale 0,4 6 0,3 0,6
2 Zone principalement commerciale 0,3 6 0,2 0,4
3 Zone mixte 0,2 5 0,15 0,3
4 Zone résidentielle 0,15 3 0,1 0,2
5 Zone protégée 0,1 3 0,1 0,15
Tableau 4 : Valeurs limites de 𝑲𝑩𝐅𝐦𝐚𝐱 [5]
Dans le cas où 𝐴𝑢 < 𝐾𝐵𝐹𝑚𝑎𝑥 ≤ 𝐴0 , une alternative consiste à déterminer une vitesse
vibratoire oscillatoire d’évaluation, notée 𝐾𝐵𝐹𝑇𝑟 , qui tient compte de l’accumulation des
doses vibratoires tout au long de la période de vibration, dans la mesure où une excitation
plus sévère pendant une courte durée puisse être autorisée.
Cette vitesse est déterminée par l’équation suivante :
1 𝑇
𝐾𝐵𝐹𝑇𝑟 = √𝑁 ∑𝑁
𝑖=1 𝐾𝐵²𝐹𝑇𝑖 . √𝑇
𝑒
(9)
𝑟
où :
𝑁 est le nombre de cycles de 30 s pendant la durée d’évaluation ;
𝐾𝐵𝐹𝑇𝑖 est la valeur efficace transitoire maximale pendant un cycle de 30 s ;
9
𝑇𝑒 est la durée totale d’évaluation (de 6 h à 22 h le jour et de 22 h à 6 h la nuit) ;
𝑇𝑟 est la durée totale de vibration.
La vitesse vibratoire oscillatoire d’évaluation 𝐾𝐵𝐹𝑇𝑟 est ensuite comparée à une valeur
limite notée 𝐴𝑟 , donnée par le Tableau 5.
Jour Nuit
Classe Zone
𝑨𝒓 𝑨𝒓
1 Zone exclusivement commerciale 0,2 0,15
2 Zone principalement commerciale 0,15 0,1
3 Zone mixte 0,1 0,07
4 Zone résidentielle 0,07 0,05
5 Zone protégée 0,05 0,05
Tableau 5 : Valeurs limites de 𝑲𝑩𝑭𝑻𝒓 [5]
Le guide vise l’évaluation du confort vibratoire des planchers soumis aux vibrations
verticales causées par la marche de courte durée d’une seule personne. Les personnes
recevant les vibrations peuvent être debout, assises ou allongées sur le plancher.
10
3.2.2 Calcul de la réponse vibratoire
La réponse adoptée par ce guide est intitulée OS-RMS90 ; c’est la valeur efficace de réponse
en vitesse d’un seul pas de la marche d’une personne, couvrant 90 % de personnes
marchant normalement.
Cette valeur est obtenue à partir d’abaques établis dans le cadre du projet « VoF » [6], en
se basant sur des principes de la norme DIN 4150-2 [5]. Elle dépend à la fois de la
fréquence propre, de la masse généralisée (appelée « masse modale » dans le guide, à ne
pas confondre avec la « masse modale effective » utilisée dans le calcul parasismique) et
de l’amortissement du plancher.
3.2.2.1 Bases d’établissement des graphes d’OS-RMS90
La méthode HiVoSS est basée sur un modèle de charge normalisé d’un pas qui dépend du
poids de la personne 𝑄 ainsi que de sa fréquence de marche 𝑓𝑝 . Ce modèle est reproduit
successivement le long de la durée de la marche.
Le rapport de la force excitatrice (par pas de marche) sur le poids s’écrit [6] :
𝐹(𝑡)
= ∑8𝑖=1 𝑘𝑖 𝑡 𝑖 si 𝑡 ≤ 𝑡𝑠
{ 𝑄 (10)
𝐹(𝑡) = 0 si 𝑡 > 𝑡𝑠
où :
(𝑘𝑖 )1≤𝑖≤8 sont des coefficients dépendant de la fréquence 𝑓𝑝 [6];
11
Type Taux d’amortissement critique
Amortissement dû à la structure 𝜉1
Bois 6%
Béton 2%
Acier 1%
Mixte acier-béton 1%
Amortissement dû au mobilier 𝜉2
Bureau avec cloisons de 1 à 3 personnes 2%
Bureau sans armoires ni étagères 0%
Bureau ouverts « open space » 1%
Librairie 1%
Résidentiel 1%
Ecole 0%
Salle de sport 0%
Amortissement dû aux finitions 𝜉3
Faux-plafond 1%
Faux-plancher 0%
Chape flottante 1%
Amortissement total 𝜉 = 𝜉1 + 𝜉2 + 𝜉3
Tableau 6 : Taux d'amortissement critique [7]
12
Figure 4 : Exemple d’abaque pour déterminer l'OS-RMS90 [7]
Pour le cas de N modes propres, la valeur d’OS-RMS90 pour chaque mode i doit être
déterminée.
La valeur finale d’OS-RMS90 est ensuite approximée par l’équation suivante :
OS-RMS90 = √∑N
i=1(OS-RMS90,i )² (11)
13
OS-RMS90 Utilisation du plancher pour le récepteur des vibrations
Limite supérieure
Limite inférieure
Endroit sensible
Résidentiel
Commerce
Education
Industriel
Classe
Réunion
Bureau
Prison
Santé
Sport
Hôtel
A 0 0,1
B 0,1 0,2
C 0,2 0,8
D 0,8 3,2
E 3,2 12,8
F 12,8 51,2
Légende :
- Vert : Recommandé
- Jaune : Critique
- Rouge : Non recommandé
Tableau 7 : Recommandations d'acceptabilité [7]
N.B : Pour les planchers entrant dans l’usage « Sport », l’attention est portée sur le fait que
l’excitation étudiée est toujours la marche d’une seule personne, dont le confort est évalué
par rapport aux occupants avoisinants (sportifs ou spectateurs).
Le guide HiVoSS fournit une méthode d’évaluation de confort vibratoire, valable pour une
large gamme de bâtiments où la marche des individus représente l’activité vibratoire
prépondérante (espaces résidentiels, bureaux, hôtels, centres commerciaux, etc.). Selon
cette méthode, l’acceptabilité du confort vibratoire est évaluée sur la base de deux
paramètres, à savoir la réponse vibratoire et l’usage du plancher. Cette approche donne
une portée assez large à cette méthode, puisqu’elle ne prend en compte ni la position des
marcheurs, ni les formes modales, ni certains aspects additionnels, comme la direction
d’excitation, le type de vibration (permanente ou temporaire), ou la période du jour, qui
peuvent tous avoir de l’influence sur l’évaluation du confort vibratoire des individus, ce
qui a été confirmé par Royvaran et al. [8] et Muhammad et al. [9]. Par ailleurs, pour les
lieux dominés par les activités rythmiques ou par les vibrations régulières des machines,
l’évaluation du confort vibratoire doit être examinée de manière plus approfondie.
14
pour l’évaluation du confort vibratoire des planchers, chacune portant sur un domaine
d’application spécifique.
Cette méthode est valable pour tous types de planchers soumis à l’action d’une seule
personne (marche ou activités rythmiques). Cette méthode doit être privilégiée lorsque
l’analyse des propriétés vibratoires du plancher est effectuée à l’aide d’un modèle de
calcul par éléments finis. L’étude de réponse est effectuée d’abord selon une méthode de
base et, le cas échéant, une méthode additionnelle.
3.3.1.1 Méthode de base
15
Figure 5 : Réponse stationnaire [11]
Modèles de charge
La charge équivalente de la marche est décomposée en séries de Fourier [6] à quatre
harmoniques h :
où :
𝑄 est le poids moyen d’une personne, pris égal à 746 N ;
𝛼ℎ est le coefficient de Fourier de l’harmonique h ;
𝑓𝑝 est la fréquence de l’activité humaine ;
16
𝑡
Chaque activité rythmique est caractérisée par un ratio de contact 𝛼𝑐 = 𝑇𝑠 , où 𝑡𝑠 est la
durée de contact avec le sol pour une seule excitation et 𝑇 est la durée totale
correspondante.
Le Tableau 10 fournit les valeurs des paramètres du chargement pour les activités
rythmiques dépendant de 𝛼𝑐 .
𝒕𝒔
𝜶𝒄 = Type d’activité Paramètre h=1 h=2 h=3
𝑻
9 9 2
2 𝛼ℎ
Aérobic (faible impact) 7 55 15
3 𝜋 5𝜋 𝜋
∅ℎ − − −
6 6 2
𝜋 2
𝛼ℎ 0
1 2 3
Aérobic (fort impact) 𝜋
2 ∅ℎ 0 − 0
2
9 9 2
𝛼ℎ
1 5 7 3
Sauts usuels 𝜋 𝜋 𝜋
3 ∅ℎ − −
6 6 2
Tableau 10 : Paramètres des charges des activités rythmiques [11]
où :
𝜇𝑒,𝑛 est l’amplitude de la forme modale normalisée au point d’excitation e ;
(ℎ𝛽𝑛 )2
𝐷𝑛,ℎ =
√(1−(ℎ𝛽𝑛 )2 )²+(2𝜉ℎ𝛽𝑛 )²
17
Dans le cas où les amplitudes des formes modales sont inconnues, on prend de manière
conservative 𝜇𝑒,𝑛 = 𝜇𝑟,𝑛 = 1.
Taux d’amortissement
Type de plancher
critique
Planchers en acier 0,5 %
Planchers vides ou avec une petite quantité de meubles 1,1 %
Planchers cloisonnés avec des meubles en utilisation
3%
normale
Planchers avec cloisons participant à l’amortissement
4,5 %
des vibrations
Tableau 11 : Taux d'amortissement critique [11]
18
Pour la marche, la limitation de la longueur du parcours engendre une durée limitée
d’excitation. Par conséquent, le plancher n’atteint pas complètement l’état de résonance
au cours de la marche, ce qui conduit à une réduction de la réponse stationnaire.
Cette réduction est prise en compte en multipliant l’accélération 𝑎𝑤,𝑟𝑚𝑠,𝑒,𝑟,ℎ,𝑛 par un
coefficient de réduction de résonance 𝜌, donné par l’équation (15) :
−2𝜋𝜉𝐿𝑝 𝑓𝑝
𝜌 = 1 − 𝑒( 𝑣
)
(15)
où :
𝐿𝑝 est la longueur du parcours de marche ;
Le calcul précédent doit être effectué par rapport aux modes dominants de vibration, dont
la fréquence propre est inférieure à la fréquence de passage (fournie par le Tableau 8)
augmentée de 2 Hz.
L’accélération efficace pondérée pour tous les modes propres dominants est ensuite
calculée en combinant les réponses des 𝑯 harmoniques de marche selon les 𝑵 modes
dominants de vibration comme suit :
2
𝑎𝑤,𝑟𝑚𝑠,𝑒,𝑟 = √∑𝐻 𝑁
ℎ=1[∑𝑛=1(𝑎𝑤,𝑟𝑚𝑠,𝑒,𝑟,ℎ,𝑛 )] (17)
19
Dans ce cas, l’impact induit par chaque pas de marche est modélisé par un chargement
impulsif s’exprimant comme suit :
𝑓𝑝1,43 𝑄
𝐹𝐼 = 60 (18)
𝑓𝑛1,3 700
où :
𝑓𝑝 est la fréquence de marche ;
où :
𝐹𝐼 est la force impulsive excitatrice ;
𝑊𝑛 est le coefficient de pondération approprié par rapport à 𝑓𝑛 .
Les autres termes sont donnés par l’équation (14).
Dans ce cas, les modes propres dominants sont ceux dont la fréquence propre ne dépasse
pas le double de la fréquence propre fondamentale.
L’accélération totale de l’ensemble de ces modes sera alors :
𝑎𝑤,𝑒,𝑟 (𝑡) = ∑𝑁
𝑛=1 𝑎𝑤,𝑚𝑎𝑥,𝑒,𝑟,𝑛 𝑒
−𝜉2𝜋𝑓𝑛 𝑡
sin(2𝜋𝑓𝑛 √1 − 𝜉 2 𝑡) (20)
1 𝑇
𝑎𝑤,𝑟𝑚𝑠,𝑒,𝑟 = √𝑇 ∫0 𝑎²𝑤,𝑒,𝑟 (𝑡) (21)
1
où 𝑇 = 𝑓 .
𝑝
20
Le coefficient 𝑅 est à comparer avec les coefficients multiplicateurs par rapport à la limite
de perception, donnés ci-après.
La norme BS 6472 définit des coefficients multiplicateurs pour des occupations courantes
(hors hôpital) présentés dans le Tableau 13.
Coefficient multiplicateur
Période de
Lieu Vibration Vibration
jour
continue (1) impulsive(2)
Lieux de travail de Jour 1 1
précision Nuit 1 1
Jour 2à4 60 à 90
Résidentiel
Nuit 1,4 20
Jour 4 128
Bureaux
Nuit 4 128
Jour 8 128
Ateliers
Nuit 8 128
(1) Temps : 16 h le jour et 8 h la nuit
(2) Pour plus de 3 occurrences
Tableau 13 : Valeurs admissibles du coefficient R (lieux généraux) [11]
Pour les bureaux, contrairement à la valeur de 4 donnée dans le Tableau 13, le guide
recommande un coefficient multiplicateur égal à 8.
Pour le milieu hospitalier, les coefficients multiplicateurs sont tirés de la norme HTM 08-
01 et présentés dans le Tableau 14.
Cette méthode est utilisée lorsque les limites de confort sont dépassées selon la méthode
de base; elle repose sur les principes de la norme ISO 10137 (voir section 2.3.2), avec une
7
valeur de dose de vibration VDV (en m. s−4 ) donnée par l’équation suivante :
21
où :
𝑎𝑤,𝑟𝑚𝑠 est l’accélération efficace pondérée dans le cas stationnaire (voir équation (17))
ou transitoire (voir équation (21)) ;
𝑛𝑎 est le nombre d’occurrences de l’activité pour une durée d’exposition (16 h le
jour, ou 8 h la nuit) ;
𝐿𝑝
𝑇𝑎 est la durée d’activité humaine (𝑇𝑎 = ).
𝑣
Il est à noter que la méthode additionnelle n’est pas applicable pour le travail de précision
(1ère ligne du Tableau 14). Pour les autres usages, on utilise les limites d’acceptabilité du
Tableau 16, issues de la norme HTM 08-01.
Type de salle VDV limite (m/s1,75)
Pavillons, résidentiel (jour) 0,2
Laboratoires généraux, bureaux 0,4
Ateliers 0,8
Tableau 16 : Valeurs limites de VDV (autres usages) [11]
Dans le cas où le nombre de passages 𝑛𝑎 est inconnu, une autre alternative à cette
méthode est d’utiliser l’équation (23) pour déterminer un nombre maximal de passages
sur le plancher pendant la durée d’exposition étudiée :
4
1 𝑉𝐷𝑉
𝑛𝑎,𝑚𝑎𝑥 = 𝑇 [0,68 𝑎𝑚𝑎𝑥 ] (23)
𝑎 𝑤,𝑟𝑚𝑠
Cette méthode simplifiée est appliquée pour les planchers ordinaires soumis à une charge
de marche normale et couvre les planchers où une estimation forfaitaire de réponse est
souhaitée, ou lorsque les propriétés modales du plancher ne sont pas déterminées
numériquement. Des formules analytiques sont proposées à cet effet pour la fréquence
propre et la masse généralisée du mode fondamental et sont présentées en Annexe
(section A.2).
22
3.3.2.1 Méthode de base
La méthode de base n’est valable que pour les planchers ayant une fréquence propre
fondamentale supérieure à 3 Hz et est également développée pour les réponses
stationnaire ou transitoire (voir section 3.3.1).
3.3.2.1.1 Analyse stationnaire (3 Hz ≤ 𝑓1 ≤ 10 Hz)
L’accélération efficace pour l’analyse stationnaire s’écrit dans ce cas :
0,1𝑄
𝑎𝑤,𝑟𝑚𝑠 = 𝜇𝑒 𝜇𝑟 𝑊1 𝜌 (24)
2√2 𝑀1 𝜉
où :
𝜇𝑒 est l’amplitude de la forme modale normalisée du point d’excitation 𝑒 ;
𝜇𝑟 est l’amplitude de la forme modale normalisée du point d’étude de réponse 𝑟 ;
𝑄 est le poids moyen d’une personne, pris égal à 746 N ;
𝑀1 est la masse généralisée du mode fondamental ;
𝜉 est le taux d’amortissement critique du plancher ;
𝑊1 est le coefficient de pondération approprié par rapport à 𝑓1 ;
𝑓1 est la fréquence propre du mode fondamental ;
𝜌 est le coefficient d’amplification de résonance, obtenu à l’aide de l’équation (15).
Dans le cas où les amplitudes des formes modales sont inconnues, on prend de manière
conservative 𝜇𝑒 = 𝜇𝑟 = 1.
3.3.2.1.2 Analyse transitoire (𝑓1 > 10 Hz)
Pour une analyse transitoire, l’accélération efficace devient :
185 𝑄 𝑊1
𝑎𝑤,𝑟𝑚𝑠 = 2𝜋 𝜇𝑒 𝜇𝑟 (25)
𝑀1 𝑓10,3 700 √2
Dans le cas d’une direction de vibration inconnue, 𝑊1 peut être déterminé à partir la
Figure 8.
23
Figure 8 : Courbe de pondération fréquentielle pour une direction inconnue [11]
24
Figure 9 : Nombre maximal de passages pour les vibrations dans la direction de l’axe z pendant
16 h le jour (haut) et dans la direction des axes x et y pendant 8 h la nuit (bas) [11]
Cette méthode concerne les planchers soumis aux mêmes conditions que pour la méthode
précédente, en se limitant aux planchers légers. Les planchers légers couverts par cette
méthode possèdent des solives composées de profilés formés à froid, en Z ou en C.
3.3.3.1 Vérification de rigidité
Deux conditions doivent être vérifiées pour ces types de planchers, à savoir :
Une fréquence propre fondamentale dépassant 8 Hz dans le cas général et 10 Hz
dans le cas des couloirs de passage, sous charges permanentes additionnée d’une
charge égale à 0,3 kN/m², pour s’éloigner de l’état de résonance ;
Une flèche statique sous charge ponctuelle de 1 kN limitée pour assurer une
raideur suffisante au plancher. Elle doit être inférieure à la flèche limite donnée
dans le Tableau 17.
Portée (m) 3,5 3,8 4,2 4,6 5,3 6,2
Flèche (mm) 1,7 1,6 1,5 1,4 1,3 1,2
Tableau 17 : Flèches limites selon la portée du plancher [11]
Cette évaluation est à effectuer dans le cas où la détermination de réponse vibratoire est
exigée par les parties prenantes. La section A.2 de l’Annexe présente des expressions
analytiques permettant de déterminer la fréquence propre et la masse généralisée du
mode fondamental dans ce cas particulier.
3.3.3.2.1 Méthode de base
Puisqu’une fréquence propre élevée est exigée pour ces planchers, on ne tient compte que
de la réponse transitoire. L’accélération efficace pondérée s’écrit comme dans le cas de la
1ère méthode simplifiée (voir équation (25)).
25
Le coefficient de réponse R calculé avec l’équation (6) doit être inférieur à 16 pour tous
types d’usage.
3.3.3.2.2 Méthode additionnelle
Le nombre de passages de personnes pendant la durée d’exposition (16 h le jour et 8 h la
nuit) est comparé avec le nombre limite, obtenu par l’équation (23).
Les valeurs de 𝑉𝐷𝑉𝑚𝑎𝑥 (pour une faible probabilité de déclaration d’inconforts) sont
données ci-dessous :
Bâtiment résidentiel (16 h le jour) : 1,6 ;
Bâtiment résidentiel (8h la nuit) : 0,51.
Le guide SCI P354, basé sur les principes des normes ISO 2631 et ISO 10137, est le
document le plus complet qui traite du confort vibratoire des structures métalliques et
mixtes à l’heure actuelle. Une large gamme de structures est ainsi traitée, qui va des
bâtiments de bureau, aux hôpitaux et parkings, ainsi que des excitations humaines telles
que la marche et les activités rythmiques. La méthode générale qui nécessite l’utilisation
d’un modèle de calcul par éléments finis afin d’en extraire les propriétés vibratoires de la
structure, est relativement précise mais sera assez longue à mettre en œuvre. La 1ère
méthode simplifiée ne tient compte que du mode propre fondamental de vibration et
utilise un coefficient de Fourier égal à 0,1, d’où une estimation assez sécuritaire des
accélérations. Par l’analyse de plus de 50 planchers, il a été démontré par Royvaran et al.
[8] que cette méthode simplifiée est assez conservative.
La méthode décrite ci-après est appliquée pour des planchers ayant une fréquence
fondamentale supérieure à 3 Hz, subissant une action de la marche. Comme pour le guide
SCI, l’évaluation du confort dépend de la fréquence fondamentale du plancher étudié.
Le chargement associé à la marche est décomposé en séries de Fourier à 4 harmoniques
h comme suit :
26
où :
𝑄 est le poids moyen d’une personne, pris égal à 700 N ;
𝛼ℎ est le coefficient de Fourier de l’harmonique h ;
𝑓𝑝 est la fréquence de la marche.
où :
𝑃0 = 0,29 kN pour les bâtiments ;
𝑓𝑛 est la fréquence propre du mode considéré ;
𝜉 est le taux d’amortissement critique du plancher ;
𝑊𝑛 est le poids généralisé du plancher (lié à la masse généralisée du mode considéré).
Les taux d’amortissement critique 𝜉 à utiliser sont présentés dans le Tableau 19.
Usage du plancher 𝝃
Planchers avec peu d’éléments non structurels : centres commerciaux –
0,02
résidences - espaces de travail - lieux de culte
Planchers avec peu de cloisons : bureaux modulaires 0,03
Planchers avec cloisonnement massif 0,05
Tableau 19 : Taux d'amortissement critique [12]
𝑎0
Cette accélération doit être comparée à la valeur limite d’accélération , obtenue sur la
𝑔
base des courbes d’acceptabilité de la norme ISO 2631-2 (version 1989), présentées à la
Figure 10.
27
Figure 10 : Courbes d'acceptabilité des vibrations [12]
𝑎0
Les valeurs de sont prises de manière conservative en prolongeant le palier de chaque
𝑔
courbe ci-dessus pour toutes les fréquences, donnant lieu aux valeurs suivantes :
𝑎0
Pour les bureaux, résidences et lieux de culte : = 0,5 % ;
𝑔
𝑎0
Pour les centres commerciaux : = 1,5 %.
𝑔
Pour les planchers de fréquence propre fondamentale supérieure à 9 Hz, il faut, en plus
de la vérification précédente, éliminer le risque lié aux effets de la réponse transitoire qui
peut être induit par les harmoniques de la marche.
Pour cela, la flèche statique du plancher calculée sous une charge ponctuelle de 1 kN ne
doit pas dépasser 1 mm.
Pour le cas des activités rythmiques, la charge associée est décomposée en série de
Fourier à 3 harmoniques comme suit :
où :
𝑄 est le poids moyen d’une personne, pris égal à 700 N ;
𝛼ℎ est le coefficient de Fourier de l’harmonique h ;
𝑓𝑝 est la fréquence de l’activité rythmique considérée.
28
Sauts (aérobic) Dance Evènements sportif ou concert
Harmonique
𝒇𝒑 (𝑯𝒛) 𝜶𝒉 𝒇𝒑 (𝑯𝒛) 𝜶𝒉 𝒇𝒑 (𝑯𝒛) 𝜶𝒉
1 2-2,75 1,5 1,5-3 0,5 1,5-3 0,25
2 4-5,5 0,6 - - 3-5 0,05
3 6-8,25 0,1 - - - -
Tableau 20 : Paramètres des charges d'activités rythmiques [12]
Pour chaque harmonique d’excitation, il faut vérifier que l’accélération maximale reste
𝑎
inférieure à 𝑔0 , ce qui se traduit par une condition sur la fréquence propre 𝑓1 du mode
fondamental, présentée dans l’équation (30) :
𝑘 𝛼ℎ 𝑤𝑝
𝑓1 ≥ 𝑓𝑝 √1 + 𝑎0 (30)
𝑤𝑡
𝑔
où :
𝑎0
𝑘 =2; = 5% pour les sauts et aérobic ;
𝑔
𝑎0
𝑘 = 1,3 ; = 1,5 % pour la danse ;
𝑔
𝑎0
𝑘 = 1,7 ; = 5% pour le cas d’évènement sportif ou concert ;
𝑔
Evènement sportif ou
Sauts (aérobic) Dance
Harmonique concert
𝒇𝒑 (𝐇𝐳) 𝒘𝒑 (𝐤𝐏𝐚) 𝒇𝒑 (𝐇𝐳) 𝒘𝒑 (𝐤𝐏𝐚) 𝒇𝒑 (𝐇𝐳) 𝒘𝒑 (𝐤𝐏𝐚)
1 2,75 0,2 3 0,6 3 1,5
2 5,5 0,2 - - 5 1,5
3 8,25 0,2 - - - -
Tableau 21 : Paramètres caractéristiques d'activités rythmiques [12]
La limitation de fréquence donnée en 3.4.2.1 pouvant être assez pénalisante, une étude de
réponse peut être envisagée, notamment, lorsque le critère de la précédente méthode
n’est pas vérifié pour certains harmoniques. Pour un mode propre n (souvent le 1er mode),
trois cas possibles sont à envisager pour chaque harmonique de fréquence 𝑓𝑝 :
29
Si 0,83 𝑓𝑝 ≤ 𝑓𝑛 ≤ 1,2 𝑓𝑝 , la réponse est résonante et l’accélération maximale
s’écrit :
𝑎𝑝 𝑘 𝛼ℎ 𝑤𝑝
= 2𝜉 (31)
𝑔 𝑤𝑡
La méthode de marche propre au guide AISC néglige les propriétés des harmoniques
d’excitation dans la détermination de la réponse maximale, et la méthode des activités
rythmiques est limitée au seul mode fondamental de vibration dans la majorité des cas,
ce qui pourra résulter en une sous-estimation de la réponse en accélération en général.
En revanche, dans certains cas, le calcul de l’accélération maximale pourra résulter en un
jugement conservatif du confort vibratoire (cas des maxima locaux). L’analyse de
Royvaran et al. [8] sur le retour d’expérience de l’usage de bureaux et l’application de cette
méthode à plus de 50 planchers aux Etats-Unis montre tout de même qu’elle est assez
fidèle au ressenti des usagers. Ceci est également confirmé par les conclusions d’analyse
comparative de Muhammad et al. [9].
30
La première limitation commune réside dans le fait que l’ensemble des guides considère
le chargement humain comme une action périodique déterministe, avec au plus une
caractérisation semi-probabiliste, ce qui est loin d’être le cas dans la réalité. En effet,
chaque personne, au cours d’un mouvement donné, produit un chargement différent des
autres en termes d’amplitude et de fréquence (intervariabilité) et une même personne ne
peut pas reproduire exactement la même excitation durant son mouvement
(intravariabilité). Muhammad et al. [9] soulignent ce problème dans les guides étudiés et
préconisent la nécessité d’entamer une analyse de vibrations dans un cadre probabiliste
pour l’élaboration de modèles plus robustes dans les futures normes.
La seconde limitation est l’hypothèse que le plancher est sollicité par une seule personne
en conditions de service, ce qui n’est le cas que pour une catégorie limitée de planchers
(certains bureaux et espaces résidentiels). Le cas de la foule n’est pas étudié explicitement
par les guides (renvoi à des charges statiques équivalentes dans le guide SCI P354),
quoique très fréquent dans les constructions (bâtiments commerciaux et sportifs, gares,
etc.). Vijayan et al. [13] confirment l’impact de l’effet de groupe (surtout pour des
planchers élancés) et invitent à le prendre en compte dans le cadre de dimensionnement
des planchers. En pratique, le guide SCI propose des coefficients de Fourier pour le cas
d’un groupe effectuant des « sauts usuels » et l’annexe A de la norme ISO 10137 fournit
des coefficients qui prennent en compte l’effet de réduction de la force totale d’une foule
par rapport à la somme des forces des individus, aussi bien pour le cas de la marche que
pour le cas des activités rythmiques. Ceux-ci peuvent être adoptés dans les modèles de
charge des deux guides SCI et AISC pour avoir une première estimation d’accélération du
plancher soumis à une action de foule, sans pouvoir les utiliser dans le guide HiVoSS basé
sur une approche spectrale avec modèle de charge figé.
Compte tenu de ces insuffisances pouvant donner des résultats non sécuritaires, la prise
en compte plus poussée du caractère aléatoire du chargement humain, ainsi que de l’effet
d’un groupe de personnes sollicitant les planchers (avec étude de synchronisation),
seraient des éléments clés à promouvoir pour le développement de futures méthodes
d’évaluation du confort vibratoire des planchers.
31
4 Références
[1] NF EN 1993-1-1/NA: Eurocode 3 – Calcul des structures en acier – Annexe
Nationale à la NF EN 1993-1-1:2005 – Partie 1-1 : règles générales et règles pour
les bâtiments, AFNOR, Août 2013.
[2] ISO 2631-1: Mechanical vibration and shock – Evaluation of human exposure to
whole-body vibration – Part 1: General requirements, ISO, 1997.
[3] ISO 2631-2: Mechanical vibration and shock – Evaluation of human exposure to
whole-body vibration – Part 2: Vibration in buildings (1Hz to 80Hz), ISO, 2003.
[4] ISO 10137: Bases for design of structures – Serviceability of buildings and
walkways against vibrations, ISO, 2007.
[5] Deutsches Institut für Normung e. V. DIN (Norme allemande) 1999 « Vibrations
aux bâtiments, Partie 2 : effets sur les personnes dans les bâtiments », DIN 4150–
2, juin 1999.
[6] Sedlacek G. et al., Generalisation of criteria for floor vibrations for industrial, office,
residential and public buildings and gymnastic halls, Directorate-General for
Research, European Commission, EUR 21972 EN, 2006.
[7] Feldmann M. et al., Human-Induced Vibrations of Steel Structures (HiVoSS), RFCS,
2008.
[8] Royvaran M., Avci O, Davis B., Analysis of floor vibration assessment methods using
a large database of floors framed with W-shaped members subjected to walking
excitation, Journal of Constructional Steel Research 164, 2020.
[9] Muhammad Z.O., Reynolds P., Vibration Serviceability of Building Floors:
Performance Evaluation of Contemporary Design Guidelines, Journal of
Performance of Constructed Facilities, 2019.
[10] Wyatt T.A, Design guide on the vibration of floors, SCI P076, The Steel Construction
Institute, 1989.
[11] Smith A.L., Hicks S.J., Devine P.J., Design of Floors for Vibration: A New Approach
(Revised Edition, February 2009), SCI publication P354, The Steel Construction
Institute, 2009.
[12] Murray T.M., Allen D.E., Ungar E.E., Floor Vibrations Due to Human Activity,
Steel Design Guide Series N°11, American Institute of Steel Construction and
Canadian Institute of Steel Construction, AISC, 2003.
[13] Vijayan A., Abraham N.M., Kumari S D A., Analysis of structures subjected to crowd
loads, Procedia Structural Integrity, 2019.
32
Annexe : Calcul simplifié des propriétés modales
Cette annexe présente des méthodes analytiques proposées par les trois guides
d’évaluation de confort, permettant de déterminer la fréquence propre et la masse
généralisée du mode fondamental de vibration, lorsque l’analyse du plancher par la
méthode des éléments finis ne peut pas être effectuée.
Le lecteur est renvoyé aux préconisation de l’Eurocode 4 pour le calcul des paramètres
géométriques et inertiels mixtes évoqués au niveau des méthodes analytiques.
Il convient de tenir compte d’une masse surfacique qui est la masse propre du plancher
additionnée des autres charges permanentes (mobilier, finitions). Lorsque le concepteur
peut être sûr de l’existence de ces dernières charges, il convient de prendre en compte les
charges semi-permanentes dans une limite de 10 % des charges permanentes nominales.
Une fraction de 10 à 20 % de la masse due aux charges d’exploitation est ajoutée à ces
charges, avec la prise en compte d’une masse minimale représentative d’une personne de
30 kg pour les planchers très légers. De plus, il faut prendre un module élastique du béton
augmenté de 10 % par rapport au module sécant statique.
Pour la fréquence propre, trois méthodes sont présentées pour les planchers mixtes : la
méthode directe, la méthode de Dunkerley et la méthode des flèches.
A.1.2.1 Méthode directe
𝜋 𝐸 𝐼
𝑦 𝑦 𝑏 2 𝑏 4 𝐸 𝐼
𝑓1 = √ 𝜇 𝑙4 √1 + [2 ( 𝑙 ) + ( 𝑙 ) ] 𝐸𝑥 𝐼𝑥 (35)
2 𝑙 𝑦 𝑦
33
où :
𝐸𝑦 𝐼𝑦 est la raideur flexionnelle du plancher mixte selon la direction y ;
Cette méthode superpose deux modes propres : celui d’une dalle isotrope (s – slab) et
celui d’une poutre mixte (b – beam). La fréquence propre totale s’écrit :
1 1 1
= 𝑓²+𝑓 (36)
𝑓1 ² 𝑠 𝑏²
𝛼 𝐸 ℎ3
𝑓𝑠 = 2𝜋𝑙2 √12 𝜇 𝑐(1−𝜈2 ) (37)
𝛽 3𝐸 𝐼
𝑓𝑏 = 𝜋 √ 𝛾𝜇𝑎𝑙4𝑏 (38)
𝑙
où :
ℎ est l’épaisseur de la dalle ;
𝐸𝑐 est le module d’élasticité du béton ;
𝐸𝑎 est le module d’élasticité de l’acier ;
𝐼𝑏 est le moment d’inertie de la poutre mixte ;
𝜈 est le coefficient de Poisson du béton (de l’ordre de 0,2) ;
𝜇 est la masse surfacique de la dalle (en kg/m²) ;
𝜇𝑙 est la masse linéique de la poutre (en kg/m, avec largeur d’entraxe de la dalle).
Les valeurs des coefficients 𝛼, 𝛽 et 𝛾 dépendent des conditions d’appui des dalles et des
poutres, selon les Tableaux 22 et 23.
𝒍
Conditions d’appui 𝜶 (avec 𝝀 = )
𝒃
Simplement appuyée sur 4 bords 𝛼 = 1,57 (1 + 𝜆2 )
Encastrée sur 2 bords opposés 𝛼 = 1,57 √1 + 2,5 𝜆2 + 5,14 𝜆4
Encastrée sur 3 bords 𝛼 = 1,57 √5,14 + 2,92 𝜆2 + 2,44 𝜆4
Encastrée sur 1 bord 𝛼 = 1,57 √1 + 2,33 𝜆2 + 2,44 𝜆4
Encastrée sur 2 bords perpendiculaires 𝛼 = 1,57 √2,44 + 2,72 𝜆2 + 2,44 𝜆4
Encastrée sur 4 bords 𝛼 = 1,57 √5,14 + 3,13 𝜆2 + 5,14 𝜆4
Tableau 22 : Coefficient 𝜶 [7]
34
Conditions d’appui 𝜷 𝜸
Bi-encastrée 4 0,37
Encastrée-articulée 2 0,2
Bi-articulée 2 0,49
Console 0,5 0,24
Tableau 23 : Coefficients 𝜷 et 𝜸 [7]
La fréquence propre d’un plancher peut être approximée par l‘équation (39) :
18
𝑓1 = (39)
√𝛿𝑚𝑎𝑥
Où 𝛿𝑚𝑎𝑥 (en mm) est égal à la somme de la flèche de la poutre mixte et de celle de la dalle,
la dernière est déterminée en supposant une déformation nulle pour les poutres.
La masse généralisée est basée sur la détermination des flèches de la dalle et de la poutre,
selon l’équation (40) :
𝛿𝑥2 +𝛿𝑦
2
8 𝛿𝑥 𝛿𝑦
𝑀1 = 𝑀𝑡𝑜𝑡 [ + 𝜋2 ] (40)
2𝛿 2 𝛿2
où :
𝑀𝑡𝑜𝑡 est la masse totale du plancher ;
𝛿𝑥 est la flèche de la poutre ;
𝛿𝑦 est la flèche de la dalle considérant la déformée de la poutre comme nulle ;
Lorsque la raideur transversale de la dalle est négligeable devant celle de la poutre mixte,
le calcul peut se limiter à la masse généralisée de la poutre mixte seule, déterminée par
l’une des équations présentées dans le Tableau 24 (𝜇𝑙 étant sa masse linéique).
35
A.2 Guide SCI P354
Les équations simplifiées présentées dans cette section ne sont jamais utilisées dans le
cadre de la méthode générale présentée dans la section 3.3.1.
A.2.1 Généralités
Les méthodes présentées dans cette section s’appliquent aux méthodes simplifiées du
guide SCI (voir sections 3.3.2 et 3.3.3).
La fréquence propre du mode fondamental dépend de deux modes de déformation :
Mode des poutres secondaires, entraînant une flèche 𝛿𝑏 (en mm) ;
Mode des poutres principales, entraînant une flèche 𝛿𝑝 (en mm).
36
Configuration 𝜹𝒃 𝜹𝒑
𝑚𝑔𝑏 5𝐿4 𝑏 3
( + ) -
384 𝐸 𝐼𝑏 𝐼𝑠
où :
𝑚 est la masse surfacique du plancher ;
𝑔 est l’accélération de la pesanteur ;
𝐸 est le module d’Young de l’acier ;
𝐼𝑏 est le moment d’inertie de la poutre secondaire mixte ;
𝐼𝑝 est le moment d’inertie de la poutre principale mixte ;
37
Dans le Tableau 27, 𝐼 et 𝐿 sont respectivement le moment d’inertie et la portée de la travée
étudiée. M est l’indice de la travée la plus longue et S est celui de la travée la plus courte.
Pour le cas de la 2nde méthode simplifiée, les planchers légers sont généralement
beaucoup plus flexibles dans la direction des poutres secondaires. Par conséquent, la
fréquence propre est calculée uniquement par rapport à ce mode :
18
𝑓1 = (42)
√𝛿𝑏
où :
𝑚 est la masse surfacique totale du plancher ;
𝐿𝑒𝑓𝑓 est la longueur effective du plancher ;
38
Figure 12 : Géométrie de la 1ère configuration [11]
1
(𝐸𝐼) 4
𝑆 = 𝜂 (1,15) 𝑛𝑥 −1
[ 𝑚𝑓2𝑠 ] (45)
1
où :
𝑚 est la masse surfacique totale du plancher ;
𝑓1 est la fréquence propre fondamentale du plancher ;
(𝐸𝐼)𝑏 est la raideur flexionnelle de la poutre secondaire mixte ;
(𝐸𝐼)𝑠 est la raideur flexionnelle de la dalle (selon l’axe fort) ;
𝜂 est un coefficient prenant en compte l’influence de la fréquence propre sur la
réponse de la dalle, obtenu d’après le Tableau 28.
Fréquence propre 𝜼
𝑓1 < 5 Hz 0,5
5 Hz ≤ 𝑓1 ≤ 6 Hz 0,21𝑓1 − 0,55
𝑓1 > 6 Hz 0,71
Tableau 28 : Coefficient η [11]
39
A.2.3.1.2 2nde configuration : dalle entre les semelles des poutres – planchers minces
Dans cette configuration, la dalle est placée sur les semelles inférieures des poutres,
entraînant les caractéristiques géométriques illustrées par la Figure 13.
1
(𝐸𝐼) 4
𝑆 = 2,25 [ 𝑚𝑓2𝑠 ] (47)
1
Les caractéristiques géométriques d’un plancher léger sont présentées à la Figure 14.
40
Figure 14 : Géométrie d’un plancher léger [11]
𝐼
𝐿𝑒𝑓𝑓 = 𝑛𝑦 [0,2 𝐿2𝑦 − 2,1𝐿𝑦 + 7,5] √5,3×10
𝑏
−6 (48)
𝐼
𝑏
𝑆 = 0,75 (𝐿𝑥 + 1) √5,3×10 −6 + 5,9 (0,6 − 𝛿𝑗 ) (49)
41
A.3.2 Fréquence propre
Cette fréquence propre est d’ailleurs communément exprimée en fonction des flèches
des solives et traverses :
𝑔
𝑓1 = 0,18√∆ (52)
𝑗 +∆𝑔
où :
𝑔 est l’accélération de la pesanteur ;
∆𝑗 est la flèche statique d’une solive ;
Pour les bâtiments de grande hauteur (ayant plus de 6 étages), il convient d’ajouter le
déplacement axial des poteaux ∆𝑐 :
𝑔
𝑓1 = 0,18√∆ (53)
𝑐 +∆𝑗 +∆𝑔
Pour des travées indépendantes, deux cas se présentent concernant le calcul de la flèche
pour la poutre étudiée (solive ou traverse) :
Poutre simplement appuyée :
5𝑤 𝐿4
∆𝑖 = 384 𝑖𝐸 𝑖𝐼 (54)
𝑠 𝑖
Poutre en console :
𝑤 𝐿4
∆𝑖 = 8 𝐸𝑖 𝐼𝑖 (55)
𝑠 𝑖
où :
∆𝑖 est la flèche de la poutre étudiée ;
𝐿𝑖 est la portée de la poutre ;
𝑤𝑖 est le poids surfacique supporté par la poutre ;
𝐸𝑠 𝐼𝑖 est la raideur flexionnelle de la poutre.
Pour le cas des travées continues, cette flèche est multipliée par les mêmes coefficients
correcteurs du guide SCI, donnés dans le Tableau 26.
42
A.3.3 Poids généralisé
Le poids généralisé est utilisé dans la méthode de marche, présentée dans la section 3.4.1.
Les poids des deux modes des solives et des traverses sont combinés à partir de l’équation
(56) :
𝑊𝑗 ∆𝑗 +𝑊𝑔 ∆𝑔
𝑊1 = (56)
∆𝑗 +∆𝑔
où :
𝑊𝑗 est le poids généralisé supporté par une solive ;
où :
𝐿𝑓 est la longueur du plancher étudié ;
𝐶𝑗 est un coefficient égal à 2 pour des solives intérieures et 1 pour des solives de rive ;
1 𝑑𝑒3
𝐷𝑠 est le moment d’inertie équivalent de la dalle, obtenu par : 𝐷𝑠 = 𝑛 , tel que :
12
ℎ𝑟𝑒𝑣ê𝑡𝑒𝑚𝑒𝑛𝑡
- 𝑑𝑒 = ℎ𝑑𝑎𝑙𝑙𝑒 + est l’épaisseur utile du plancher ;
2
𝐸𝑠
- 𝑛=𝐸 est le coefficient d’équivalence acier/béton ;
𝑐,𝑑𝑦𝑛
𝐷𝑗 est le moment d’inertie d’une solive divisé par l’entraxe entre solives 𝑆.
43
A.3.3.2 Largeur effective des traverses
où :
𝑙𝑓 est la largeur du plancher étudié ;
𝐶𝑔 est un coefficient dépendant de l’assemblage entre les solives et les traverses, égal à :
𝐷𝑔 est le moment d’inertie d’une traverse divisé par la portée moyenne des solives 𝐿𝑗 .
2
Pour une traverse positionnée en rive, la largeur s’écrit : 𝐵𝑔 = 3 𝐿𝑗 .
𝐿𝑔
∆𝑔′ = 𝐵 ∆𝑔 (60)
𝑗
𝑔
𝑓1 = 0,18√∆ (61)
𝑗 +∆𝑔 ′
𝑊𝑗 ∆𝑗 +𝑊𝑔 ∆𝑔 ′
𝑊1 = (62)
∆𝑗 +∆𝑔 ′
44