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Cours AEP

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Ecole Africaine des Métiers de l’Architecture et de

l’Urbanisme (EAMAU)

Institut Inter-état d’Enseignement Supérieur et de Recherche

Filière Gestion Urbaine

Note de cours

GESTION DE L’EAU ET DES DECHETS


DANS UN ENVIRONNEMENT URBAIN :
Aspect AEP
CHAPITRE 1

GENERALITES SUR L’AEP

Rappel des objectifs du chapitre :


A la fin de ce chapitre, les élèves doivent maîtriser :
les objectifs de la mise en place d’un système d’AEP ;
la notion de source d’approvisionnement en eau potable ;
la notion de cadres et de limites (portées) d’un projet d’AEP ;
les différentes étapes dans la mise en place d’un système d’AEP ;
les normes de potabilité d’une eau de consommation.

1.1. Objectif de la mise en place d’un système d’AEP

L’eau, c’est la vie dit-on ; la disponibilité de l’eau est une condition essentielle
au développement socio-économique de toute communauté. Les vielles grandes
civilisations ont été établies à proximité des points d’eau (rivières, lacs, mers), là où
l’accès à l’eau était facile.
Aujourd’hui, les villes ne sont plus nécessairement à proximité des points
d’eau ; même si c’est le cas, l’eau disponible n’a pas toujours la qualité requise pour
répondre aux besoins des populations ; le plus souvent, elle n’est même pas en quantité
suffisante. Il a donc fallu que l’homme développe des techniques d’adduction d’eau.
La mise en place d’un système d’alimentation (Adduction) d’eau a pour
objectif :
« De fournir en quantité suffisante une eau de bonne qualité à la
population d’une agglomération »
Cette conception de l’objectif de l’AEP soulève un certain nombre de questions
dont : Comment interpréter la notion de :

− bonne qualité,
− quantité suffisante.
La notion de bonne qualité est définie par des normes pour chaque pays ;
l’organisation Mondiale de la Santé (OMS) a également défini les normes d’une eau
potable. Quelques unes de ces normes sont donnés dans le chapitre 4 qui porte sur la
Production de l’eau.

2
Les difficultés dans la détermination de la « quantité suffisante d’eau » à fournir
à une population peuvent être mieux appréciées en analysant les interrogations
suivantes :

− de quelle quantité d’eau une personne a – t – elle besoin chaque jour ?


− que dire des besoins en eau des différentes personnes :
(de différents ages) d’une même famille ?
d’une maison à une autre de la même ville ?
d’une ville à une autre d’une même région d’un pays ?
d’une région à une autre d’un même pays ?
etc.
− les besoins en eau d’un individu sont – ils les mêmes :
d’une heure à une autre dans la même journée ?
d’un jour à l’autre de la même semaine, du même mois ou de la même
année ?

Dans la réalité, les besoins en eau d’une personne donnée varient dans le temps
et dans l’espace. L’expérience a également montré que plus l’homme dispose d’eau,
plus il en consomme.
Au plan technique, il faut alors produire l’eau potable ; c'est-à-dire, la prélever
de son gîte naturel à l’état brut, et s’il y a lieu, la traiter, puis la distribuer. La
distribution implique le transport de l’eau potable produite jusqu’aux prises d’eau des
immeubles.
De nos jours, l’exploitant d’un service des eaux ne doit plus se préoccuper
uniquement des usagers, mais aussi de l’environnement. Dans le cadre de
l’Alimentation en Eau Potable (AEP) des agglomérations, il doit chercher à réduire au
maximum les impacts nuisibles à l’environnement et causés par :

− la production de l’eau potable,


− son acheminement vers l’agglomération ;
− son stockage temporaire éventuellement,
− sa distribution

Le cycle hydrologique (figure 1.1) a montré que l’eau est une ressource
naturelle renouvelable ; cependant, sa répartition inégale sur la terre la rend plus
disponible à certains endroits que d’autres ; d’autre part, là où elle est disponible, sa
mauvaise gestion peut contribuer à sa détérioration, voire sa disparition.

3
Les figures 1.1 et 1.2 montrent deux représentations du cycle de l’eau dans un
environnement urbain.

Milieu 6 7 6 J Milieu
Naturel Naturel
13
3
3 a b
A B C D H 12 I
V
1 Λ
a b 10 8 9
2
11
K
4 5

Sous – sol

Figure 1.1 : Schématisation du cycle de l’eau en ville

1. Eau de lavage et filtrats de la déshydratation des boues de la station de traitement.


2. fuites d’eau dans les canalisations d’amenée et de distribution et dans les réservoirs.
3. Eau évaporée par les utilisateurs (ou par évapotranspiration)
4. Fuites d’eau dans les circuits de consommation et trop plein de leurs réservoirs.
5. Eau rejetée directement par les utilisateurs dans le milieu naturel.
6. Eaux pluviales tombées sur les agglomérations.
7. Eaux prélevées directement par les usagers dans le milieu naturel.
8. Trop plein des réservoirs d’orages F
9. Fuites d’eau des égouts et des émissaires
10. Eaux drainées par les égouts et les émissaires dans le milieu naturel par défaut
d’étanchéité (drainage des nappes ou des sources)
11. Filtrats non recyclés de la déshydratation des boues ou déchets de l’usine d’épuration
12. Eau épurée rejetée au milieu naturel
13. Eau réutilisée après traitement complémentaire.

4
Pluie
(2)
Ruissellement

(3)

1.2.2 Le Σ Réseau
bilan hydrologique Traitement
D’égouts primaire
Comme le volume total d’eau sur terre est pratiquement constant, le cycle
hydrologique global peut être considéré comme un système fermé pour lequel il n’y a ni
entrée ni sortie d’eau. Cependant, il existe plusieurs sous systèmes hydrologiques ouverts
Traitement ceux que l’ingénieur
(espaces de référence plus restreints) qui sont justement Traitement
est
5 Consommateur secondaire Σ
des boues
généralement amené à analyser. A ces sous systèmes, on peut appliquer le principe de la
conservation de la masse en considérant la ressource eau : c’est le bilan hydrologique.

L’expression générale du bilan hydrologique s’écrit


(1)
dS
I– 0= 1.1
Distributiondt (5)

Avec Déchets
5
solides
S = emmagasinement d’eau dans le système ;
I = entrées d’eau par unité de temps ;
Usine de traitement
O = sortie d’eau par unité de temps ;
dS/dt = variation de l’emmagasinement d’eau par unité de temps.
dt = intervalle de temps considéré pour l’établissement du bilan

La figure 1.4 présente le schéma de principe pour l’application du bilan


hydrologique.

Milieu naturel
(4)

(1) Eau potable (4) Milieu récepteur

(2) Réseau d’égouts (5) Déchets solides

(3) Eau usée

Figure 1.2 : L’eau dans le Système urbain

5
La pollution du milieu naturel (gîtes d’eau) provient généralement des rejets
d’eau, surtout de leur qualité avant le rejet.
L’action humaine affecte donc les quantités disponibles et la qualité des eaux.
Les pollutions induites par les activités humaines peuvent être d’ordre physique (eaux
chaudes ou froides, matières minérales ou organiques en suspension, radioactivité),
chimique (polluants minéraux ou organiques), bactériologiques (micro-organismes,
virus, bactéries).
Les pollutions peuvent être diffuse (engrais, produits phytosanitaires),
ponctuelles ou localisées (stockages des produits polluants, décharges, puisards,
aéroports) ou linéaires (routes, autoroutes, voies ferrées).

1.2. Les gîtes d’eau

Les eaux provenant de la précipitation représentent la quasi-totalité des apports


d’eau au sol. Après une précipitation abondante, trois processus peuvent intervenir :

− Une partie des eaux précipitées s’infiltrent dans le sous sol et contribue à
l’alimentation des eaux souterraines : c’est l’infiltration.
− Une autre partie s’écoule vers le réseau hydrographique et les surfaces d’eau
libre : c’est le ruissellement de surface.
− Une dernière partie s’évapore et retourne dans l’atmosphère.

1.2.1. Les ressources en eau souterraine

1.2.1.1. Les sources

La source constitue l’exutoire de la nappe ou du gisement. Son débit varie selon


la nature des terrains dans lequel l’eau circule et de la charge piézométrique de l’eau
au point de sortie. Le coefficient de perméabilité intervient pour accentuer ou diminuer
le bombement de la surface supérieure de la nappe, selon que les terrains sont
faiblement ou très perméable.
Pour une même source, le débit varie donc avec la hauteur ou puissance de la
nappe, hauteur qui est notamment en rapport avec l’intensité des précipitations
atmosphériques ; car c’est l’intensité de la précipitation qui conditionne l’infiltration
de l’eau pluviale.

6
1.2.1.2. Différents types de sources

1.2.1.2.1. Source d’affleurement

Une vallée ouverte dans une formation perméable, calcaire fissuré ou sable, et
qui atteint, dans le fond, une couche imperméable ou moins perméable (calcaire
compact) présente, en général, sur ces flancs, une ligne de sources au contact de
l’imperméable (figure1.3). Ces sources se manifestent en un point par lequel l’eau
pourra se frayer plus facilement un passage.
Dans le cas d’une source d’affleurement, l’écoulement apparaît presque
toujours à une cote plus basse que celle de l’assise imperméable sur laquelle l’eau
circule. L’eau se fraye, en effet, un chemin au travers des terrains de couverture où elle
risquera, d’ailleurs, de se contaminer (figure 1.4).

Figure 1.3 : Source d’affleurement


Figure 1.4 : Ecoulement
à l’approche de la surface

1.2.1.2.2. Sources de déversement

Quand une vallée est ouverte dans des formations fissurées en surface
seulement, comme dans le granit, l’eau apparaît au point de rencontre des fissures. Ce
sont des sources de déversement (figure1.6). Leur débit est ordinairement faible.

Source d’émergence
Source de S
déversement
S’ S
S’
Granit

Figure 1.6 : Source de Figure 1.7 : Source


déversement d’émergence (1er cas)

1.2.1.2.3. Source d’émergence

Si le fond de la vallée n’atteint pas l’imperméable, des sources S et S’ (figure


1.7) peuvent prendre naissance au point de rencontre de l’écoulement avec la surface
7
topographique. Ces sources sont alimentées par la partie supérieure de la nappe : elles
sont appelées sources d’émergence. Elles peuvent tarir si la nappe est trop basse.
Il se peut qu’au point de rencontre avec la surface topographique, la nappe ne
trouve pas d’exutoire mais qu’en fond de vallée, au passage des alluvions qui la
tapissent ordinairement, l’eau surgisse, remontée de la nappe par une cassure verticale
du terrain. Elle s’étale alors en formant un bassin naturel envahi, ordinairement, d’une
abondante végétation et à partir duquel s’effectue un écoulement en direction du
ruisseau ou de la rivière proche. C’est un autre aspect de la source d’émergence et le
plus intéressant car le tarissement est peu probable. La remontée s’effectue avec une
certaine pression H, résultant de la différence d’altitude entre le dessus de la nappe et
la sortie (figure 1.8).

Figure 1.8 : Source d’émergence (2e cas)

1.2.1.2.4. Emergence descendue

Il peut arriver que sous l’influence de l’érosion, des falaises calcaires s’effritent
et que les matériaux s’accumulent à leur base.
Si ces calcaires reposent sur un fond imperméable, il peut se faire qu’un
écoulement qui, normalement, devait s’effectuer au pied de la falaise (en S),
apparaisse en réalité un peu plus loin (en S’), après un passage dans les éboulis (figure
1.9). S’ est dite émergence descendue. Il y a dans ce cas, danger de pollution entre S et
S’.

8
Figure 1.9 : Source descendue

Les eaux souterraines forment la quasi-totalité des stocks d’eau liquide


globalement présents sur les continents. Les eaux peuvent apparaître en surface dans
les cours d’eau (figure 1.10a) ou sous la forme des sources (figure 1.3 à 1.9). Mais
elles sont généralement stockées dans des aquifères dans le sous sol : nappes libres,
nappes artésiennes (figure 1.10 et 1.13).

Figure 1.10 : Types de nappes alluviales

9
VALLEE
N N
N
Z. Active E
Z. Passive
E
Z. Stagnante
M

Figure 1.11 : Cheminement de l’eau dans une nappe

Zone de recharge de la nappe

Nappe
Niveau de la nappe
J

Figure 1.12 : Puits artésien Figure 1.13 : Puits artésien


ordinaire jaillissant

Dans les îles ainsi que dans les zones côtières, l’eau douce cohabite avec l’eau
salée dans le sous-sol (figures 1.14 et 1.15)

ILE

MER
Eau douce

ρ1
H
h

Eau salée
Zone d’eau ρ2
saumâtre
A

Figure 1.14 : Répartition des zones d’eau douce et salée dans une île

10
CONTINENT

MER

Eau douce

Eau salée

Figure 1.15 : Répartition des zones d’eau douce et salée dans une zone côtière

1.3. Les contraintes dans la réalisation d’un projet d’AEP

1.3.1. Les besoins en eau et les activités humaines

L’évaluation des besoins est une activité très délicate. Elle dépend de la façon
dont on se sert de l’eau. Comme il a été vu au 1.1, les besoins en eau d’un individu
varient dans le temps et dans l’espace ; ils varient également avec l’activité que fait la
personne ; ils dépendent enfin du mode de vie de la personne.
Il est important de signaler le gaspillage de l’eau dû au mauvais fonctionnement
de l’appareil (fuîtes d’eau dans les douches et w.c.) et à un mauvais comportement de
l’usager (la quantité d’eau utilisée pour se laver les mains en laissant le robinet ouvert
est loin plus importante que la quantité nécessaire à une telle opération).

1.3.2. Les données techniques pour l’étude

Elles ne sont généralement pas disponibles.

− Le débit du cours d’eau sur le site d’un barrage doit être estimé à partir d’autres
données, généralement la pluviométrie qui elle-même dans la réalité varie dans
l’espace et dans le temps.
− La population destinataire est inconnue ; elle doit être estimée en fonction des
horizons de la prévision ; l’évolution de la population dépend de l’évolution de la
ville.
− L’utilisation de l’eau d’un cours d’eau à l’amont d’un barrage n’est pas toujours
prévisible au moment de sa conception.

11
− Les besoins des services publics, des commerces et des industries dépendent aussi
de l’évolution et du développement socio-économique de la ville.

1.4. Les étapes dans la mise en place d’un système d’AEP

1.4.1. Position du problème

La mise en place d’un système d’AEP est la solution à un problème qui peut
être présenté en une série de questions dont :

− Pourquoi réaliser un tel projet ?


− Pour qui faut – il réaliser le projet (population, activités économiques, etc.) ?
− Comment réaliser le projet ?
− Combien coûtera la réalisation d’un tel projet ?
− Quelles sont les sources de financement possible d’un tel projet ?

1.4.2. Initiative du projet

− La mise en place d’un système d’AEP peut être une initiative de la collectivité
concernée.
− Un individu ou un groupe d’individus appartenant ou non à la collectivité peut
prendre l’initiative du projet.
− L’initiative du projet peut provenir d’une décision politique (surtout en période de
compagne électorale).

1.4.3. Etude d’un avant projet d’AEP

− Etude de données
• Bien se pénétrer du sujet
• Récolte des informations et données techniques avec tout ce que cela peut
présenter comme difficulté.
• Identifier les captages possibles
• Relever et noter l’altitude des captages ainsi que l’altitude moyenne de
l’agglomération adduction gravitaire ou par refoulement.
− Examen des besoins
• Evaluation des besoins (voir chapitre 4)
• Prendre en compte les extensions futures si nécessaire.
12
− Dégrossissage de l’avant projet
• Examen des différents tracés possibles de l’adduction en prenant en compte
les chemins et routes existants ; noter les obstacles à franchir : ponts, rivières,
routes, voies ferrées, etc.
• Identification et examen des emplacements possibles du ou des réservoirs.
• Passer aux détails
Le captage (voir chapitre 4)
L’usine de traitement (s’appuyer sur les spécialistes disponibles en la
matière ; voir chapitre 4)
L’adduction (voir chapitre 6)
Les réservoirs (voir chapitre 5)
La distribution (voir chapitre 7)

13
CHAPITRE 2

PRODUCTION DE L’EAU POTABLE

Rappel des objectifs du chapitre :


A la fin de ce chapitre, les élèves doivent maîtriser la notion :
de besoins et demande en eau d’une agglomération ;
sur les techniques de captage des eaux (de surface et souterraines) ;
sur les techniques de traitement des eaux (de surface et souterraines).

2.1. Généralités sur la notion de production de l’eau potable

La première phase dans l’établissement d’un système d’Alimentation en Eau


Potable (AEP) est la production de cette eau potable. Cette phase comporte différentes
parties qu’on peut énumérer d’une façon non exhaustive comme il suit :

− évaluation des besoins en eau potable ;


− identification des points potentiels de captage d’eau ;
− captage ;
− transport s’il y a lieu, vers une station de traitement ;
− traitement s’il y a lieu (transformation de l’eau brute captée en eau potable) ;
− stockage s’il y a lieu.
Le transport et le stockage seront respectivement traités dans les chapitres 5
(Transport) et 6 (réservoirs).
Au début de ce chapitre, il convient de définir, de clarifier ou de préciser
quelques notions.
Un besoin est une nécessité exprimée par un individu ou un groupe d’individus
(une collectivité), une activité (industrie, commerce, etc.). Le besoin peut également
être défini comme la quantité d’eau nécessaire pour une utilisation donnée.
Dans l’étude des besoins et de la demande en eau, il faut distinguer :

− le besoin unitaire ou élémentaire : c’est la quantité d’eau nécessaire pour une


certaine utilisation au niveau d’un usage particulier : une douche, un lavabo, un
W.C., un robinet de puisage, etc.

14
− le besoin global par jour pour un usager : c’est la somme des besoins unitaires
découlant de l’utilisation que l’usager peut faire de l’eau chaque jour.
− la demande : c’est la quantité d’eau à prélever dans le milieu naturel à chaque
instant de la journée pour garantir (ou couvrir) les différents besoins, en prenant
en compte toutes les pertes, depuis le prélèvement jusqu’à l’utilisation.

2.2. Besoins et demande en eau potable

2.2.1. Besoins en eau d’une population

L’évaluation des besoins unitaires est très complexe parce qu’elle dépend de la
façon dont l’eau est utilisée :

− La quantité d’eau nécessaire pour une douche varie d’un milieu à un autre ; d’un
individu à un autre dans le même milieu et d’un instant à un autre pour le même
individu dans le même milieu (quand il fait froid et quand il fait chaud ; une
douche après un type d’activité, sport ou travail salissant).
− L’importance de la chasse (volume d’eau nécessaire pour une chasse dans un
W.C) varie d’un type de réservoir de W.C. à un autre et pour le même type de
réservoir, d’une installation à une autre (suivant le réglage effectué par le poseur
ou l’utilisateur).
− L’évaluation des besoins doit prendre en compte un certain gaspillage dû à l’état
de fonctionnement du système d’adduction, à un mauvais réglage de la machine
(appareil sanitaire) ou à une mauvaise gestion de l’usager.
Le besoin est donc un paramètre circonstanciel : il se rapproche du minimum
technique si l’eau est rare (ou chère compte tenu du prix de revient de la production) et
s’en écarte beaucoup si l’eau est abondante, peu coûteuse ou gratuite.
En général les besoins en eau d’une population ou d’une ville dépendent :

− des normes et modes de vie des habitants,


− du climat de la région,
− des activités commerciales, industrielles et agricoles dans l’agglomération,
− du coût et de la qualité de l’eau.
Remarque :
Dépendamment de la quantité d’eau dont on dispose, l’homme s’organise pour
l’utiliser complètement. C’est pour cette raison qu’on observe une très grande

15
fluctuation des besoins élémentaires établis par divers auteurs pour différents pays
(tableau 2.1).

Tableau 2.1 : Besoins élémentaires de certains pays par litre et par jour
Boisson Lavage Lavage
Pays cuisine vaisselle linge Hygiène W.C Divers Total

G.B 4,6 13,7 13,7 45,5 49,9 46 132

Belgique 4 11 à 20 11 à 20 38 42 22 128 à 146

R.F.A 3à6 4à6 20 à 40 30 à 55 20 à40 26 à 30 100 à 170

Suède 10 20 20 55 50 9 164

U.S.A 11 14 33 170 - 11 240

2.2.1.1. Besoins à usage domestique

On distingue ci-dessous, des chiffres moyens pour différents usages (hors


gaspillage) de l’eau dans une maison :

− Chasse d’eau W.C : 8 à 10 litres/usage


− Lavabo : 10 litres/usage
− Douche : 100 litres/usage
− Bain : 150 à 200 litres/usage
− Machine à laver la vaisselle :
10 couverts : 50 litres/cycle
12 couverts : 80 litres/cycle
− Machine à laver le linge :
4 kg : 80 à 100 litres/cycle
5 kg : 120 à 220 litres/cycle

Pour avoir les besoins totaux, il faut y ajouter ceux de la climatisation,


de l’arrosage et du lavage de voitures (50 à 150 litres/jour/habitant).

16
2.2.1.2. Besoins des services publics

Les besoins de certains services publics sont présentés ci-dessous :

− Ecoles sans douches ou piscines 100 l/jour/élève


− Hôpitaux 100 - 600 l /jour/lit
− Bâtiments publics 40-60 l/jour/employé
− Arrosage chaussée 1 l/jour/m²
− Arrosage jardin 5 - 10 l/jour/m²
− Abattoirs :
• Gros bétail 300-500 l/tête
• Petit bétail 220-300 l/tête
− Piscines 100 - 200 m3/jour
− Bains publics 160-180 l/visiteur
Un important besoin à couvrir est celui de la lutte contre l’incendie pour
laquelle il faut prévoir au droit de chaque « poteau d’incendie » un débit permettant de
fournir 60m3/h pendant 2 heures, avec une pression de 1 bar.
Les besoins du service d’eau pour les usines de traitement d’eau (lavage des
filtres), les réservoirs et le réseau peuvent atteindre 2 à 3% des volumes produits. Pour
le réseau d’assainissement, ceux pour les chasses et les ouvrages peuvent représenter 1
à 2 % des volumes totaux utilisés par la ville, au total 3 à 5 %.

2.2.1.3. Besoins des commerces et des bureaux

Les besoins par type de commerce ou de bureau sont les suivants :

− Maisons de commerce :
• Sans restaurant ni climatisation 100 à 400 l/j/employé
• Avec restaurant et climatisation 400 à 500 l/j/employé
− Boulangerie 150 à 250 l/j/employé
− Coiffeur 200 à 300 l/j/employé
− Restaurant 15 à 20 l/j/visiteur
− Hôtel 200 à 600 l/j/lit
− Bureaux :
• Sans cantine ni climatisation 10 à 30 l/j/employé
• Avec cantine ou espaces verts 30 à 100 l/j/employé
17
• Avec cantine + climatisation générale 100 à 225 l/j/employé
− Boucherie 250 à 400 l/j/employé

2.2.1.4. Besoins des industries

Ces besoins peuvent être classés suivant l’usage qu’on en fait à l’intérieur de
l’usine : refroidissement, chaudière, procédé, eau de lavage, eau pour l’évacuation des
déchets, etc. Le tableau 2.2 indique l’estimation de la quantité d’eau nécessaire à la
fabrication de certains produits.

Tableau 2.2 : Les besoins des industries


Produits Norme : m3
Acier 6 à 300
Rayonne 400 à 11 000
Savon 1 à 35
Plastique 1à2
Papier 80 à 1 000
Carton 60 à 400
Essence 0,1 à 40
Coton (teinturerie) 7 à 35
Bière 8 à 25
Sucre 3 à 400

N.B. : Les quantités les plus importantes en volume sont celles des eaux de
refroidissement.

2.2.1.5. Autres besoins en eau

On peut citer d’autres besoins tels que :

− les besoins agricoles ;


− les besoins des centrales thermiques ;
− etc.
Le Tableau 2.3 indique les besoins des centrales thermiques

18
Tableau 2.3 : Besoins des centrales thermiques
Réchauffement
accepté

Circuit Thermique : 35m3 /s 7°


ouvert Nucléaire : 40m3 /s 10°
Prélèvement pour une
tranche de 1 000 MW
Circuit
fermé 20 à 30 fois moins 0,2°

Remarque :
Pour la France, les consommations quotidiennes globales sont en général
estimés comme suit :

− Communes rurales 150 l/j/personne


− Communes moyennes 200 à 250 l/j/personne
− Grandes villes 350 à 400 l/j/personne
Pour les pays en voie de développement, l’OMS préconise une valeur de 35 à
40 l/j/personne.
Généralement on peut estimer qu’une installation d’alimentation en eau pour
une collectivité plus ou moins centralisée nécessiterait une fourniture d’eau
d’environ :

− 0,3 l/s pour 1000 personnes lorsque l’eau est surtout distribuée par les bornes
fontaines publiques ;
− 1,5 l/s (ou plus) pour 1000 personnes lorsqu’il a prédominance de branchements
particuliers (maisons ou cours).

2.2.2. Demande en eau

2.2.2.1. Définition

C’est la quantité d’eau qu’il faut mobiliser au niveau de la ressource pour


pouvoir faire face au ″besoin quantitatif″.
Il faut ajouter aux besoins réels, les pertes de transfert et les divers types de
gaspillage pouvant se produire entre le captage et l’utilisation.

19
La différence entre les besoins et la demande dépend de l’efficacité de la chaîne
de fourniture et du bon réglage du dispositif interne de mise à disposition.
Cette dernière considération qui dépend de l’utilisateur, est fonction de la
perception que ce dernier a de ce que représente pour lui ″l’eau″, pour son activité et
pour son mode de vie.
La demande est finalement une donnée très complexe et très sensible aux
conditions extérieures à la structure de production.
Dans le cas des réseaux d’alimentation en eau : la demande est la quantité d’eau
qu’il faut prélever (à la source : réservoir s’il y en a un) pour l’amener à l’utilisateur
après un traitement éventuel pour lui permettre de faire face à ses besoins.
Suivant l’intervalle de temps considéré, on aura une demande :

− horaire ;
− journalière (quotidienne) ;
− hebdomadaire ;
− mensuelle ;
− annuelle.
La demande peut porter sur :

− des valeurs moyennes ;


− la pointe évaluée en fréquence de dépassement.
Elle pourra couvrir les besoins purement domestiques, les besoins municipaux,
collectifs ou industriels, actuels ou futurs.

Le terme ″demande″ doit donc toujours être précisé en lui adjoignant un


qualificatif (horaire, journalière, etc.).
La demande doit enfin s’apprécier en termes statistiques permettant de préciser
les valeurs significatives et les écarts.
Ces éléments sont essentiels pour la fiabilité et la sécurité de la distribution.

2.2.2.2. Demande face aux besoins spécifiques

La demande d’un réseau à l’aval d’un réservoir, sur une période d’une journée
au moins (jour, semaine, mois, année), est égale aux besoins spécifiques (élémentaires)
des différents usagers corrigés des diverses pertes.

20
La demande horaire n’est pas égale à la somme des besoins horaires corrigés
des pertes ; car, tous les besoins horaires ne se manifestant pas à la même heure, il y a
foisonnement.
Par contre, il y a pointe horaire dans la journée lorsqu’il y a quasi simultanéité
pour certaines utilisations (la toilette, la cuisine, etc.).
A partir de l’ensemble des demandes horaires le long de l’année, on peut mettre
en évidence un maximum de la pointe horaire certains jours de l’année.
La figure 2.1 montre une variation journalière de la demande ; on peut observer
que la pointe représente 1,4 fois la moyenne horaire.

1,6
demande horaire / demande

1,4
1,2
horaire moyenne

1
0,8
0,6
0,4
0,2
0
0 5 10 15 20 25 30
heures

Figure 2.1 : Modulation journalière de la consommation d’eau

2.2.2.3. Consommation aux temps de pointe

Aux temps de pointe il y a simultanéité pour certaines utilisations. Pour tenir


compte de cette simultanéité on utilise un coefficient nommé : coefficient de pointe. Il
représente le rapport entre la consommation au temps de pointe et la consommation
moyenne pour un intervalle de temps donné. Ainsi il peut être horaire, journalier,
hebdomadaire, etc.

− Le coefficient de pointe horaire (= heure de pointe/ heure moyenne du jour


considéré) conditionne le plus souvent le dimensionnement des conduites de
distribution et des réservoirs. On admet souvent un coefficient de pointe horaire de
1,6 mais la valeur de ce coefficient peut varier sensiblement d’un service à l’autre,
ainsi que l’emplacement des heures de pointe au cours de la journée ; elles se
manifestent principalement au début de la matinée, au moment des repas, au
coucher du soleil. Les besoins industriels se manifestent principalement pendant
les heures de travail.

21
− Le coefficient de pointe journalière (= jour de pointe/ jour moyen) conditionne
le plus souvent le dimensionnement des installations, si l’on admet que la
permanence du service public est un objectif primordial et que la régulation inter
journalière est assurée par les réservoirs. Très variables suivant les services, il est
souvent compris entre 1,3 et 1,8 mais il peut dans certaines régions, notamment
dans les régions touristiques où la simultanéité est très forte, dépasser 1,8.

2.2.2.4. Les pertes

Les pertes représentent l’ensemble des fuites sur l’ensemble du réseau


d’adduction d’eau. Elles varient suivant le type de tuyaux utilisés, leur vétusté, la
nature du terrain et évidemment aussi la qualité de l’entretien des équipements.
On considère qu’il est difficile de réduire les pertes à moins de 10% (par rapport
à la production) même pour un réseau neuf, et que 15% de pertes caractérisent un
réseau en bon état et très bien entretenu. C’est au-delà de 20% que l’on doit réagir et
organiser des campagnes anti-fuites (ou envisager de changer des tuyaux).
Les pertes chez les abonnés correspondent aux fuites du réseau interne et aux
fuites des points de distribution (80% proviennent des W.C.)

2.2.2.5. Demande en eau et mode de vie

La demande en eau n’est pas une variable exogène ; elle dépend de la situation
socio-économique. Le diagramme de la figure 2.2 montre les rapports entre ressources
en eau, demande et les facteurs socioéconomiques.

Ressource en eau

Facteurs économiques Mode de vie


et sociaux

Demande de
ressources nouvelles
et qualité

Figure 2.2 : Demande en eau et facteurs externes

22
La relation étroite entre le mode de vie et la demande en eau est mise en
évidence par le tableau 2.4.
Tableau 2.4 : Demande et mode de vie
Lieu de résidence Demande en eau
Population rurale 12 à 50 m3 / habitant /an
Maison individuelle 110m3
Immeubles collectifs :
- HLM 60 m3
- Grand luxe 200 m3
Bureau 25 m3 / employé

Paris 150 m3/habitant


Lyon 140 m3/habitant
New York 500 m3/habitant

2.2.2.6. Demande en eau et démographie

2.2.2.6.1. Prévision de la demande

Les responsables de la gestion de l’eau se trouvent confrontés à la nécessité de


faire des prévisions d’évolution de la demande en eau avec les principaux objectifs
suivants :

− planifier la gestion des ressources en eau pour la satisfaction des différentes


demandes ;
− planifier le développement des systèmes de production, adduction et distribution
de façon adéquate ;
− prévoir les ressources financières provenant des ventes d’eau dans un cadre
tarifaire donné ;
− prendre les décisions journalières de gestion qui permettent de minimiser les coûts
tout en maintenant la qualité et la sécurité du service.
Le contexte socio-économique ainsi que la politique mise en place influencent
énormément la demande en eau d’une collectivité.
Dans les pays industrialisés, les évolutions du passé sont bien connues ; la
politique du secteur de l’eau est bien structurée ; l’évolution de la demande en eau est
bien maîtrisée.

23
Dans les pays en voie de développement et intermédiaires, seule une fraction de
la population a accès au réseau de distribution d’eau potable. L’évolution de la
demande en eau n’est pas maîtrisée ; la mise en place d’une politique cohérente de
développement de l’alimentation et de la desserte en eau qui tient compte des
contraintes de la mobilisation des fonds d’investissement nécessaires, du
développement de l’efficacité technique des sociétés distributrices d’eau dans le
respect des équilibres financiers ainsi que de la capacité des usagers à payer l’eau peut
conditionner le développement de la demande en eau.

2.2.2.6.2. Estimation de la population

Des modèles mathématiques et des graphiques permettent l’estimation de la


population aux différents horizons. Les principaux facteurs qui influencent l’évolution
de la population sont entre autres :

− le développement des activités économiques ;


− l’accroissement de la population (naissances, décès et migration).
L’estimation d’une population peut se faire à court, à moyen ou à long terme.
D’une manière générale, les sources d’information utiles aux prévisions
démographiques sont à rechercher dans :

− les recensements nationaux


− les statistiques d’immigration et d’émigration ;
− les statistiques de naissance et de décès ;
− les plans d’aménagement du territoire fixant les règles d’urbanisation.

− Les estimations à court terme


L’estimation à court terme se fait pour une durée qui varie de 1 à 10 ou 15 ans.
On utilise :

− la progression arithmétique ;
− le taux constant en pourcentage ;
− la progression géométrique ;
− la méthode du taux décroissant ;
− le prolongement graphique d’une tendance.

24
Progression arithmétique

dy
= Ku
dt

y = population
t = temps (année)
Ku = constante du taux d’accroissement uniforme

On peut écrire :

y2 t2
∫ y1
dy = K u ∫ dt
t1

y1 = population au recensement précédent le dernier (au temps t1)


y2 = population au dernier recensement (t2)

L’intégration donne :

y2 − y1
Ku =
t2 − t1

d’où l’on peut écrire la relation suivante

y2 − y1
y= (t − t2 )
t2 − t1

qui est l’expression de la progression arithmétique de l’estimation à court terme de la


population.

t = la fin de la période de prédiction


y = population estimée à la fin de cette période

L’utilisation de cette méthode nécessite la connaissance de la population aux


temps t1 et t2

25
Taux constant en pourcentage

Pour des intervalles de temps égaux, cette méthode utilise un pourcentage


d’accroissement constant.
Exemple : Supposons qu’une population passe de 90 000 à 100 000 en 10 ans.

Le pourcentage d’accroissement sera

100000 − 90000
= 11%
90000

Pour les 10 prochaines années, on peut estimer

100 000 + 0,11x100 000 = 111 000 habitants

Pour une bonne estimation par cette méthode, il faut connaître la population à
des intervalles de temps réguliers : t ; t+∆t ; t+2∆t ; et constater que le pourcentage
d’accroissement est constant.

Progression géométrique

dy
= K p ⋅ y équation différentielle à variables séparables.
dt

Avec Kp = accroissement constant en pourcentage par unité de temps.

En intégrant, on obtient
ln y2 − ln y1
Kp =
t2 − t1
Une estimation géométrique de la population serait

ln y = ln y2 + K p (t − t2 )

26
Méthode du taux décroissant

On peut écrire

dy
= K D ( z − y)
dt
où Z= limite de saturation de la population à être estimée
et KD l’accroissement constant par unité de temps en pourcentage

y2 dy t2
∫ y1 ( z − y)
= K D ∫ dt
t1

L’intégration donne

yn = y2 + ( z − y1 )(1 − e− kD ∆t )

Pour une estimation à court terme d’une population dans une région limitée
(∆t = tn – t2).

− Les estimations à long terme (10 à 50 ans)


Elles demeurent beaucoup moins précises que l’estimation à court terme à cause
des changements qui peuvent intervenir dans les facteurs d’évaluation.

Méthode logistique

On sait que toute population va se développer d’après une courbe en S. Sur un


papier logistique (papier spécial de probabilité), une telle courbe devient une droite. Ce
qui facilite son extrapolation.
Cette méthode présuppose trois données de population également espacées dans
le temps. Ces années sont choisies de façon que la première donnée soit au début de la
période de données disponibles, la deuxième vers le milieu de la courbe et une autre
vers la fin des données récentes.

27
K
Yc =
1 + 10( a +bx )

Où Yc = ordonnée de la courbe
x = intervalle de temps à partir de X0

2Y0Y1Y2 − Y12 (Y0 + Y2 )


K=
Y0Y2 − Y1

K − Y0
a = log
Y0

1 Y ( K − Y1 ) 
b =  log 0 
n Y1 ( K − Y0 ) 

n intervalle de temps entre X0 , X1 et X2 par exemple 20 ans ou 40 ans.

En résumé, on a :
K
Yc =
1 + 10( a +bx )
2Y0Y1Y2 − Y12 (Y0 + Y2 )
K=
Y0Y2 − Y1
K − Y0
a = log
Y0
1 Y ( K − Y1 ) 
b =  log 0 
n Y1 ( K − Y0 ) 

Méthode de comparaison graphique avec d’autres agglomérations

Cette méthode consiste à comparer le comportement d’une cité A pour laquelle


on veut estimer la population à d’autres agglomérations B, C, D, E qui dans le passé
on atteint la population actuelle de la cité A. La méthode présuppose que le
développement de la cité A dans les années futures se fera de façon identique à celui
connu dans les années passées par les cités B, C, D et E.

28
Remarque :
L’estimation de la population n’est pas aussi facile que cela pourrait sembler
l’être. Dans la mesure du possible, il faut recourir à l’expertise d’un démographe
lorsque le projet prend une certaine ampleur.

2.2.3. Les débits de dimensionnement des installations

2.2.3.1. Les modèles de consommation

Le modèle déterministe qui a présidé au dimensionnement de la plupart des


installations actuellement en service a consisté à dimensionner les installations de
manière à couvrir toutes les contingences qui peuvent survenir au cours de leur
fonctionnement. Ce déterminisme consiste à couvrir l’événement horaire le plus
contraignant au cours de n’importe quel jour de l’année de référence.
Le modèle probabiliste utilise la loi des grands nombres pour minimiser les
diamètres des conduites des grands réseaux, notamment la probabilité d’ouverture
simultanée par des abonnés (taux de satisfaction de 90% par exemple). Dans ces
conditions les lois de continuité en hydraulique ne sont plus applicables. La
détermination des diamètres des conduites est alors numérique.

2.2.3.2. La chaîne de production : Captage, Adduction,


Traitement

Le débit de production est donné par la formule suivante :

D jm × C ps × Cpj
Q prod =
ηt × ηr × T

Qprod : le débit de production en m3/h ;


Djm : demande journalière moyenne ;
Cps : coefficient de pointe saisonnière ;
Cpj : cœfficient de pointe journalière ;
ηt : pertes de traitement (4 à 5%) ;
ηr : pertes de distribution (10 à 20%)
T : temps de fonctionnement de l’installation concernée (captage, adduction d’eau
brute, station de traitement) en heure

29
Le débit d’adduction d’eau potable est donné par :

D jm × Cps × C pj
Qadd =
ηr × T

où T est le temps de fonctionnement de la conduite d’adduction d’eau potable en h ;


Qadd, le débit d’adduction en m3/h, les autres paramètres étant ceux définis plus haut.

2.2.3.3. La distribution

Le réseau de distribution est dimensionné sur la base de débit de pointe horaire :

D jm × C ps × Cpj × Cph
Q ph =
ηr × 24
Qph : débit de pointe horaire en m3/h;
Cph : coefficient de pointe horaire.

Suivant son rôle, le stockage sert de tampon entre la production et la


consommation. On a :

Qprod ≤ Qph

2.3. Captage des eaux

2.3.1. Captage des eaux souterraines

2.3.1.1. Les gisements d’eaux souterraines

Dans le choix d’un point d’eau, d’après le Conseil Supérieur d’Hygiène


publique en France, il faut rechercher avant toute autre solution, celle qui permet de
trouver en quantité suffisante, des eaux naturellement pures. On ne devra pas alors
recourir aux eaux de surface pour les traiter que lorsqu’il sera impossible, dans des
conditions économiques acceptables, de faire appel aux eaux souterraines.
La figure 2.3 schématise le captage des différents types de gisements d’eaux
souterraines.

30
Figure 2.3 : Schéma synthétique de captage des différents types de gisements

2.3.1.2. Captage des sources

2.3.1.2.1. Cas d’une source d’affleurement

Le captage de telles sources à l’abri de toutes contaminations de surface ou


autres s’effectue grâce à la construction d’une galerie établie au sein même du
gisement.
Dans le but de recouper le maximum de filets liquides, et si plusieurs sources
apparaissent le long d’un affleurement, l’implantation de la galerie de captage pourra
être faite selon une direction sensiblement perpendiculaire au sens de l’écoulement
souterrain, soit, en gros, parallèlement au fond de la vallée.
Dans le cas d’une source unique, il sera préférable de pénétrer, au contraire,
perpendiculairement au flanc de la vallée. Tout dépendra du parcours présumé de la
circulation souterraine en liaison avec la source. La considération de l’altitude du plan
d’eau à la sortie de la source guidera le choix de la profondeur du captage.
Si les conditions de stabilité de l’ouvrage sont satisfaisantes, on ne ménagera
pas de radier de façon à recouper éventuellement des diaclases dans cette zone (figures
2.4 et 2.5). Le captage pourra donc s’effectuer par le radier, mais dans l’hypothèse de
la galerie parallèle au fond de la vallée, il s’effectuera principalement sur le côté où le
piédroit côté coteau sera ajouté pour faciliter l’entrée de l’eau.

31
Figure 2.4 : Captage d’une source d’affleurement

Figure 2.5 : Protection de la


galerie de captage

L’ouvrage de tête qui sera construit à la sortie de la galerie d’accès recevra les
eaux du captage dont une partie ou la totalité sera, suivant le cas, utilisée pour les
besoins à satisfaire ; il faudra donc avoir la possibilité d’évacuer éventuellement le
trop plein à l’ancien lit, ruisseau ou rivière (figure 2.6).

32
Figure 2.6 : Dispositions types de l’ouvrage de tête

2.3.1.2.2. Cas des sources d’émergences

Si la source apparaît en flanc de coteau (premier cas envisagé), son captage se


présentera d’une manière analogue à celui d’une source d’affleurement.
Si elle apparaît en fond de vallée (deuxième cas), cas assez fréquent, il suffira
pour atteindre le gîte géologique, de dégager l’émergence, c’est-à-dire de mettre à nu
la cassure après enlèvement des terrains de couverture.
La cassure peut être relativement proche du sol. Dans ce cas, un simple pavillon
en maçonnerie recouvrira l’émergence à partir de laquelle l’eau sera évacuée par un
canal en maçonnerie (figure 2.7). Une maçonnerie en pierres sèches stabilisera les
parois inclinées de l’excavation.
Si la cassure est profonde, il faudra l’atteindre en traversant les terrains de
couverture eu moyen d’un puits qui, en fait, sera une cheminée étanche d’un bout à
l’autre (figure 2.8).

Figure 2.7 : Pavillon de captage

33
Figure 2.8 : Captage d’une source d’émergence profonde

N.B :
Dans tout captage de source, il faut se souvenir qu’il est hasardeux parfois, de
modifier l’altitude de l’émergence naturelle d’une source. En la surélevant
artificiellement, nous pouvons avoir un détournement des filets vers des exutoires plus
bas. En abaissant le plan d’eau par pompage direct dans la source, en vue d’obtenir un
débit supérieur à celui fourni naturellement, nous risquons de voir arriver des eaux
d’une autre origine.

2.3.1.3. Captage dans les sables et graviers (gisements peu


profonds)

Le captage des gisements peu profonds se fait soit :

− au moyen de puits verticaux ;


− au moyen de drains horizontaux ;
− au moyen de puits à drains rayonnants.
Dans le cadre du captage au moyen de puits verticaux, pour obtenir, les
meilleurs débits, il y a toujours avantage à prévoir un ouvrage de grand diamètre dans
le but de limiter la vitesse de l’eau à son arrivée dans le puits.
Il faut cependant, rester dans des limites raisonnables, car des diamètres trop
importants nécessitent la mise en œuvre d’une énergie coûteuse.

34
Pratiquement, le diamètre utile du puits, c'est-à-dire le diamètre de l’excavation
faite dans la formation aquifère, et qui ne doit pas être confondu avec le diamètre
intérieur du puits, est compris entre 1,80 m pour les puits dans les alluvions et 2,50 m
pour les puits dans les formations fines (sable de dune, par exemple).
Un puits rationnellement établi s’alimente par sa périphérie dans toute
l’épaisseur de la nappe aquifère. La figure 2.9 montre la constitution d’un puits
vertical.
Un cuvelage cylindrique en béton armé bien étanche est descendu au travers des
terrains de couverture et vient s’encastrer dans la tête des terrains aquifères. Son but
est d’isoler l’ouvrage des venues éventuelles d’eau de surface et limiter ainsi les
risques de pollution. Il est complété, près de la surface du sol, par une dalle circulaire
en béton armé qui a un double rôle : empêcher le cuvelage de descendre et isoler
l’ouvrage des infiltrations superficielles. Le creusement du puits sera poursuivi
d’environ 1,00 m à 1,50 m dans le substratum, afin de pouvoir effecteur un pompage
au débit maximal.

Figure 2.9 : Coupe d’un puits de captage

La construction d’un puits est une opération délicate qui doit être conduite
rationnellement. Elle suit quatre (4) phases (figure 2.10) :

− phase 1 : fonçage du cuvelage. On exécute le fonçage du cuvelage d’avant-puits ;


le cuvelage descend par son propre poids au fur et à mesure que l’on extrait à

35
l’aide dune benne, les terres comprises à l’intérieur. Les maçonneries se
poursuivent donc à partir du milieu du sol et s’arrêtent nettement en dessous du
niveau statique de la nappe. Pour limiter les frottements du terrain contre le fût de
l’avant-puits au fur et à mesure de sa descente, la base des maçonneries présente
un léger fuit extérieur. Elles reposent sur un rouet métallique formant trousse
coupante.
− phase 2 : fonçage des viroles. En vue de la mise en place des buses captantes, on
dispose, concentriquement au cuvelage et dans l’hypothèse où ce dernier présente
un diamètre intérieur de 2 m, des viroles pleines en tôle d’acier de 1,8 m de
diamètre chargées en tête par des gueuses de fonte ou poussées par des vérins et
qui descendront, comme précédemment, à mesure de l’extraction des terrains
enserrés par le tubage (à la benne preneuse dans les sables, au trépan puis à la
benne preneuse dans la traversée de terrains durs).
− phase 3 : mise en place des buses captantes. La colonne de buses captantes est
assemblée à terre puis descendue à l’intérieur du tubage précédent.
− phase 4 : gravillonnage et arrachage de viroles. Dans cette phase, il est procédé au
gravillonnage sous l’eau de l’espace annulaire compris entre le tubage et la
colonne captante pendant que, progressivement, le tubage est arraché. Ainsi,
l’opération terminée, les gravillons auront été arrosés d’eau chlorée ou
permanganatée en vue d’éliminer toute cause de pollution de ce coté.

Les drains sont des ouvrages d’une certaine longueur ; ils sont établis au sein de
la nappe selon un profil qui présente une légère pente vers un ouvrage d’extrémité
étanche où sont aménagés des appareils de pompage (figure 2.11)
La longueur des drains dépend du débit à extraire ; elle est généralement
supérieure ou égale à 100m.
La technique des puits à drains rayonnants (figure 2.12) consiste
essentiellement à capter l’eau au moyen de drains horizontaux foncés à partir d’un
puits vertical qui, lui n’est pas captant mais joue plutôt un rôle de collecteur de l’eau
des drains. La station de pompage est généralement établie directement au dessus du
puits ; il faut alors prendre toutes les précautions requises pour éviter la pollution de
l’eau.

36
Terrain Terrain
de de
Nappe couverture Nappe couverture

1,80
Aquifère Aquifère

Substratum Substratum

Phase 1 : Fonçage du cuvelage Phase 2 : Fonçage de viroles ∅ 1,80

Terrain Terrain
de de
Nappe couverture Nappe couverture

Aquifère
Aquifère Aquifère
Aquifère

Substratum Substratum

Phase 3 : Mise en place des Phase 4 : Gravillonnage et


buses captantes arrachage des viroles

Figure 2.10 : Phases de construction d’un puits

Figure 2.11 : Coupe d’un drain captant

37
Figure 2.12 : Captages d’eaux par drains rayonnants

2.3.1.4. Captage dans les terrains fissurés

Si la prospection géologique, la documentation régionale, laissent prévoir en


profondeur une circulation aquifère possible, sanitairement bien protégée le gîte peut
être atteint à l’aide de puits conçus exactement de la même façon que ceux décrits pour
les captages dans les terrains meubles.

38
Si le puits tombe sur un réseau de diaclases bien alimentées, le débit sera bon,
mais l’ouvrage peut aussi bien ne recouper que des filets secondaires ou la craie
compacte et, dans ce cas le résultat est médiocre ou mauvais.

2.3.1.5. Captages profonds

Lorsqu’une nappe a été reconnue dans un étage géologique profond ; il est


nécessaire, en vue de la capter, d’avoir recours à des travaux en général très délicats :
les forages.
Les forages sont différents des puits par leurs dimensions ; en général, leur
diamètre est plus petit, et ils sont exécutés à des profondeurs plus grandes, quoique
cette distinction revête des exceptions. Ils ont en général une durée de vie de 10 ou 15
ans. Ils périssent par ensablement progressif ou par colmatage. L’agressivité de
certaines eaux est aussi à l’origine d’usures prématurées.
Quand le captage s’effectue dans les sables fins, l’exploitation devient délicate.
En terrains cohérents fissurés, les aléas sont moins grands ; mais dans les sables fins,
on n’aura recours à ce mode de captage qu’après avoir épuisé toutes les autres
possibilités.
Parmi les méthodes de forage, on peut citer :

− Forages par percussion avec tiges pleines


Ils ne sont utilisés que pour les profondeurs faibles. Un trépan accroché à des
tiges pleines, est soulevé puis lâché brutalement sur la roche qu’il désagrège. Un outil,
dit soupape soit à clapet, soit à boulet, permet d’extraire les débris.

− Forages par percussion au câble


Le trépan, surmonté d’une tige assez lourde, est accroché à un câble et soumis à
des mouvements rapides provoquant le martèlement et la désagrégation de la roche.
L’enlèvement des déblais se fait comme dans le cas des forages par percussions avec
des tiges pleines.

− Forage par percussion avec tiges creuses


Les tiges creuses sont parcourues par un courant d’eau qui débouche par deux
évents situés sur le trépan. Ces injections d’eau empêchent le coincement de l’outil
contre les parois. La circulation de cette eau est entretenue par une pompe installée en
surface. L’eau remonte, avec tous les débris du forage, dans l’espace annulaire
compris entre le forage et les tiges. Le matériel est très lourd et nécessite la mise en
œuvre d’une importante énergie.

39
− Forage au rotary
Il peut être utilisé, soit un trépan spécial, soit un outil terminé par une couronne
en acier denté très dur, ou munie de diamants industriels.
Dans leur construction, les forages ne sont pas toujours exécutés avec un
diamètre uniforme. Les difficultés croissant généralement avec la profondeur, on est
amené à réduire progressivement le diamètre du trou. On obtient finalement un forage
télescopique.
Quand le forage a été exécuté sur une certaine hauteur, les terres, qui se tenaient
grâce à l’injection d’eau boueuse, sont maintenues alors par un tubage. En cas de
changement de diamètre, un recouvrement des tubages est effectué sur une certaine
hauteur (une dizaine de mètres).
Lorsque le dessus de la couche aquifère est atteint, le tubage est arrêté et on
descend, à l’intérieur de l’ensemble télescopique, une colonne de tubes de diamètre
uniforme appelée colonne d’exploitation.
Il est procédé ensuite à la cimentation de l’espace annulaire compris entre la
colonne d’exploitation et les tubages télescopiques.
Il faut maintenant poursuivre le forage dans la couche aquifère (ceci peut se
faire au rotary). Une fois la côte voulue atteinte, la crépine du puits est mise en place ;
elle joue le rôle des buses captantes des puits ordinaires. C’est l’un des éléments
essentiels d’équipement du forage et son choix demande à être effectué avec soin.
Cette crépine est constituée par un tube, le plus souvent en acier inoxydable ; il est
percé de nombreuses fenêtres, dont les plus petites dimensions seront fixées soit
d’après la granulométrie de l’aquifère, soit d’après celle du gravier d’apport. La mise
en place de la crépine peut s’effectuer de diverses manières.

2.3.1.6. Effet du pompage sur le profil piézométrique d’une


nappe.

Considérons une nappe d’épaisseur H montrée à la figure 2.13.


Creusons un puits de section circulaire, de rayon r, descendu jusqu’au
substratum supposé horizontal ; fixons un repère hox.
En l’absence de tout pompage, l’eau, dans le puits s’élève à la hauteur initiale
H.
En pompant un débit constant Q0, au bout d’un certain temps, un régime
d’équilibre va s’établir ; autour du puits, la nappe va s’affaisser en forme d’entonnoir

40
appelé « cône d’affaissement » ou « cône de rabattement » ; la hauteur d’eau dans le
puits sera constant et égal à h. La différence (H-h) s’appelle la dénivellation de
pompage ou rabattement qu’on désigne ∆.
h

R
r


H
h

x
O
Figure 2.13 : Nappe s’écoulant vers un puits en pompage

Le débit de pompage Q est fonction du rabattement ∆ qui lui-même est fonction


de la perméabilité du sol ; lorsqu’on énonce le débit d’un puits, il convient de le faire
suivre de la valeur du rabattement ∆. A cet effet, il est quelquefois fait appel à la
notion de débit spécifique qui est le débit extrait pour une dénivellation de 1 mètre,
soit Q/∆ ; il s’exprime en m3/h/m si Q est exprimé en m3/h et ∆ en mètres.
L’expression du débit d’un puits est développée à partir du profil de la courbe
piézométrique et est donnée pour les nappes libres par :

Kπ ( H 2 − h2 )
Q=
R
ln  
r
En log décimaux, cette formule devient :

Kπ ( H 2 − h2 )
Q=
R
2,3ln  
r

41
Avec Q en m3/s
K (coefficient de perméabilité) en m/s
H, h, R et r sont en m
R s’appelle le rayon d’influence, c'est-à-dire la distance entre l’axe du puits et le point
où l’affaissement est quasi nul (le front de réalimentation). Il est démontré que le
rayon d’influence R dépend du coefficient de perméabilité K ainsi que du débit Q.
NB:
Plusieurs autres considérations dont la théorie des puits ne sauraient être
intégrées au programme de ce cours. Il est conseillé aux élèves désireux d’en savoir
plus de consulter les ouvrages d’Hydraulique souterraine.

2.3.1.7. Amélioration de la perméabilité autour d’un puits

Les alluvions sont constituées par des éléments de grosseurs variables dont il
résulte une structure interne, formée d’un enchevêtrement d’éléments moyens et
grossiers dans les vides desquels des éléments fins forment le remplissage (figure
2.14).
Généralement, le départ de ces éléments fins, dans une certaine mesure, ne doit
pas nuire à l’équilibre de l’édifice graveleux. Leur présence ne facilite pas le passage
de l’eau à travers la structure initiale ; si par un mécanisme quelconque on provoque le
départ des éléments fins, on favorise le passage facile de l’eau à travers la structure
(amélioration de la perméabilité autour du puits) (figure 215).

Figure 2.14 : Constitution d’une alluvion

42
Figure 2.15 : Effet de pompage sur les grains d’une
alluvion
Considérons les tranches 1, 2, 3, autour du puits ; lors d’un pompage, les
vitesses moyennes d’afflux de l’eau vers le puits dans ces différentes tranches seront
caractérisées par V1, V2 et V3.
Les vitesses vont décroître au fur et à mesure que l’on s’éloigne du puits étant
donné que, pour le même débit, la section de passage de l’eau augmente (figure 2.16).
Or, l’entraînement de particules d’une certaine grosseur dépend de l’intensité de la
vitesse.
En déposant autour du puits, une grille (de retenue des particules) dont les
ouvertures de diamètre D, ne permettent pas le passage des éléments moyens et
grossiers, mais laissent passer les éléments fins, l’effet du pompage serait l’extraction
des particules fines de la structure autour du puits, augmentant ainsi la perméabilité
autour du puits.
Ce résultat est obtenu en effectuant lors de la réalisation du puits de « pompage
de formation » avec des débits très élevés par rapport au débit d’exploitation.
En désignant par S, la section ; C la circonférence du puits et h la profondeur
d’eau par rapport à la base du puits ; on a alors :
S1 = C1 h1 ; S2 = C2 h2 et S3 = C3 h3

43
Niveau d’eau avant le pompage

h1 h2 h3
ligne de la base du puits

C3

C2
C1 C

Figure 2.16 : Sections d’écoulement autour du puits


Remarque :
La formule donnant le débit extrait d’un puits artésien en nappe captive (figure
2.17), est de la forme :

2Kπ e ( H − h )
Q=
R
ln  
r

Figure 2.17 : Pompage dans une nappe captive

44
2.3.1.8. Conséquence de la déformation de la surface
piézométrique de la nappe au cours des pompages

Comme cela a été vu en 2.3.1.6, l’effet de pompage modifie la surface


piézométrique de la nappe.

2.3.1.8.1. Répercussion sur une nappe alluvionnaire

Dans le cas d’une nappe en charge sur une rivière, le pompage dans un puits
établi près des rives peut attirer une quantité d’eau de la rivière d’autant plus grande
que le puits sera proche de la rive et que le rabattement sera plus important (figure
2.18). Il faut alors prendre des dispositions appropriées pour éviter la contamination de
la nappe par les eaux de surface véhiculées par la rivière.

Figure 2.18 : Déformation d’une nappe par pompage ou par drainage

2.3.1.8.2. Répercussion sur une nappe en bord de mer

La hauteur h de la lentille d’eau douce sous le niveau de la mer varie comme


(H-h =hf) (figure 2.19).

MER O

Eau douce
H
h

Eau salée

Figure 2.19
Figure : Surface
4.19 deséparation
: Surface de séparationdesdes
eauxeaux
doucedouce etàsalée
et salée à l’état statique
l’état statique

45
Lorsqu’un puits est établi dans une zone côtière en vue de pomper l’eau douce,
la déformation de la surface piézométrique par le pompage va entraîner une diminution
de (H-h), donc une diminution de h (figure 2.20)
La surface de séparation des eaux douces et salées va, de ce fait, monter et il y a
risque d’entraîner, par la base du puits, une eau saumâtre si le rabattement de la nappe
est trop grand.
En considérant les paramètres de la figure 2.20, on peut éviter une telle
contamination en respectant la condition suivante :
P < h’

Avec h’ = 30Np
Np = niveau d’eau dans le puits (au moment du pompage et après équilibre) par
rapport au niveau de la mer.
P = profondeur du puits au-dessous du niveau de la mer

Figure 2.20 : Déformation de la surface de séparation


des eaux douce et salée en compagne
.

46
2.3.2. Captage des eaux de surface

L’utilisation des eaux de surface en alimentation en eau des populations


nécessite certaines réserves et il y a lieu de procéder à un traitement approprié avant de
les livrer à la consommation.
Il arrive souvent, cependant, qu’en l’absence d’eaux souterraines en quantité
suffisante, on soit obligé d’avoir recours à ce mode d’alimentation dont les
inconvénients peuvent être résumés comme suit :

− température variable de l’eau ;


− composition chimique variable ;
− contamination possible par pollution en amont ;
− eau moins agréable à boire que celle issues des réserves souterraines, surtout si les
moyens de traitement appliqués sont mal adaptés ;
− plus grande vulnérabilité que les eaux souterraines par grande sécheresse.
En revanche, les avantages sont appréciables : sécurité quant à la permanence
du débit (sauf sécheresse excessive) et facilité de la prise.
Nous examinons successivement :

− le captage en rivière ;
− le captage à partir d’un barrage réservoir ou d’un lac naturel ou artificiel.
Rappelons que pour ces captages, le géologue agréé devra donner son avis et
définir les périmètres de protection correspondants.

2.3.2.1. Captage en rivière

La prise en rivière doit toujours être effectuée en amont des agglomérations


pour prévenir les pollutions provenant d’un rejet d’eaux usées ou résiduaires
quelconques à la rivière.
La prise peut s’effectuer :

− soit dans le fond du lit (figure 2.21) après dragage et remplissage avec de gros
graviers autour de la crépine d’aspiration. Il faut toutefois vérifier que la rivière ne
charrie pas trop de matériaux fins tels que l’argile ou des limons qui pourraient
colmater rapidement la crépine ;
− soit dans le fleuve ou la rivière même (figure 2.22) à une certaine distance des
berges. La prise elle-même doit être protégée par une estacade pour éviter la

47
détérioration pour les corps flottants et aussi dans un but de signalisation aux
mariniers si la rivière est navigable ;
− soit sur la berge, à une profondeur convenable, dans le but d’éviter d’une part
l’influence des fermentations du fond du lit et d’autre part la présence éventuelle
d’hydrocarbures ou de mousses à la surface de l’eau. C’est le dispositif auquel on
a le plus souvent recourt. Il peut être très simple (figure 2.23) si la rivière est
propre et si le débit puisé est modeste. Pour un débit plus important et si l’eau de
la rivière est chargée, la prise qui, de toute manière est protégée à l’entrée du canal
par une grille grossière (écartement des barreaux : 50 à 100 mm) nettoyée
manuellement, sera complétée à l’aval par un dégrillage plus fin constitué par une
ou plusieurs grilles en série verticales ou inclinées dont l’écartement des barreaux
peut descendre jusqu’à 3 mm. D’ordinaire, on effectue un dégrillage moyen
(écartement 20 mm) avec une grille unique. Ce dégrillage est le plus souvent
automatique et s’effectue dès que le colmatage est tel que la perte de charge à
amont - aval de la grille dépasse une valeur fixée à l’avance entre (0,05 et 0,15m).
Il est bon de compléter le canal par un seuil d’arrêt des alluvions (figure 2.24).

Figure 2.21 : Prise dans le fond du lit

Figure 2.22 : Prise au milieu de la rivière

Figure 2.23 : Prise sur berge. Cas simple

48
Figure 2.24 : Prise sur berge. La rivière charrie un débit important

A la prise proprement dite, peuvent être adjoints des postes divers (déshuilage,
tamisage, préchloration), de façon à n’envoyer sur les installations de traitement par
l’intervention éventuelle de l’usine d’eau brute (ce qui est le cas le plus général)
qu’une eau déjà bien préparée.

2.3.2.2. Collecte à partir d’un barrage-réservoir ou d’un lac

Un barrage-réservoir peut être établi de deux manières :

− soit sur le fleuve ou la rivière elle-même et, en général, près des sources où les
vallées sont plus encaissées ;
− soit dans un bassin naturel distinct du lit du fleuve ou de la rivière dans lequel
l’eau est amenée par un canal alimenté par ces cours d’eau. Cela peut être une
grande cuvette où les accumulations risquent de causer moins de dommages que
dans le bassin principal et où le sous-sol revêt des qualités d’imperméabilité plus
grandes. C’est un cas d’espèce pour chaque barrage et, outre les précautions à

49
prendre pour son établissement et sa construction, il y a lieu d’examiner le
comportement de l’eau ainsi accumulée, considération applicable également à
toute réserve dans laquelle l’eau ne se renouvelle que lentement, tels que les lacs
naturels et les étangs profonds.

L’eau diffère de celle transportée par un cours d’eau par une stratification de la
température, d’une part, et par stratification de la composition d’autre part.
Notons que l’eau douce atteint sa masse volumique maximale pour 4°C ; de 0 à
4°C, elle va en augmentant ; elle décroît par contre avec la température quand celle-ci
dépasse 4°C.
La faune et la flore interviennent différemment avec la profondeur. Dans les
couches éclairées de la surface il y aura, par la flore, une libération d’oxygène et une
consommation de CO2. Mais, plus profondément, les poissons, les bactéries vont
consommer de l’oxygène et rejetteront du CO2. Il en résulte, pour l’eau, une
stratification de composition. La couche insolée sur une épaisseur variable sera bien
oxygénée et relativement épurée. La zone profonde sera riche en matières organiques
et en co2 mais, risque d’être très pauvre en O2.
Cependant, cette vue d’ensemble de l’évolution de la qualité de l’eau selon la
profondeur peut revêtir des aspects divers avec la composition de l’eau d’apport qui
concourt à l’alimentation de la retenue. Si le bassin drainé par le cours d’eau
alimentaire du barrage ne reçoit pas d’effluents nocifs industriels ou autres, ce qui doit
être la règle, la retenue aura un hypolimnion et la surface de séparation des deux
couches s’appelle la thermocline) encore suffisamment oxygéné et sera du type
oligotrophe. Au contraire, si les précautions sanitaires (définitions des périmètres de
protection) n’étaient pas prises ou si elles devenaient insuffisantes, la retenue risquerait
d’évoluer vers l’eutrophisation c’est-à-dire l’enrichissement du milieu en matières
fertilisantes (phosphore, azote etc.), aboutirait à des modifications symptomatiques
telles que production accrue d’algues et autres plantes aquatiques, insuffisance
d’oxygène pour l’hypolimnion et la retenue, dégradation de la pêche, etc.
N.B :
En France, la circulaire du 10/06/76 sur l’assainissement des agglomérations
précise qu’en cas de contournement d’une réserve d’eau destinée à l’alimentation
publique, le tracé de tout ouvrage d’évacuation d’eaux usées devra être établi à une
distance minimale de 35 m des berges.
Il est à noter :

50
− qu’aucun problème d’eutrophisation n’est à craindre si la retenue peut être
vidangée partiellement, ou mieux, totalement au moins une fois l’an,
− qu’aucune dégradation de l’eau n’est également à redouter si le cours d’eau
alimentaire ne reçoit aucun déversement d’eaux usées ou résiduaires,
− qu’il y a lieu de s’en tenir à une profondeur de retenue de l’ordre de 10 à 20 m afin
que l’eau du barrage reste suffisamment oxygénée.

Dans l’impossibilité de créer une telle retenue «et qu’on doive s’orienter vers un
lac artificiel non curable ou difficilement curable, on devrait toujours faire procéder,
en plus d’étude physique et chimique habituelle, à une étude limnologique, écologique
et biologique du biotope qui va prendre naissance.
Les considérations ci-dessus montrent combien la prise en lac naturel pourtant
fort séduisant a priori, peut poser des problèmes aux exploitants devant la tendance à
l’eutrophisation de ces belles réserves. Pour un lac assez profond, le maximum de
profondeur se situant au centre, les meilleurs conditions semblent être réunies en
effectuant la prise loin des rives, à une trentaine de mètres sous le niveau de la surface,
au moyen d’une conduite se situant à plus de 5 à 6 m au-dessus de ce fond.

2.3.3. Captage des eaux de pluies

Dans de nombreuses parties du monde, des captages d’eau de pluie et des


réserves de stockage ont été construits depuis les temps anciens. Quelques uns sont
encore utilisés. L’eau de pluie est récupérée lorsqu’elle s’écoule des toits ou ruisselle
sur des surfaces préparées à cette intention.
Dans beaucoup de pays d’Europe, d’Afrique et d’Asie, la récupération de l’eau
de pluie était très utilisée pour l’alimentation en eau domestique, particulièrement dans
les zones rurales. Cela se pratique encore dans certains pays. Cependant, lorsqu’on a
commencé à installer des distributions sans canalisation pour l’alimentation,
l’importance de l’eau de pluie comme source d’alimentation a nettement diminué.
Dans les régions arides où les gens vivent surtout dans un habitat dispersé, la
récupération de l’eau de pluie peut constituer la seule alternative.
Dans les pays en voie de développement, l’eau de pluie est parfois utilisée
comme complément à l’alimentation en eau par canalisation.
Il convient d’examiner le cas de la récupération de l’eau de pluie dans les pays
où la pluie intervient sous forme d’orage d’intensité considérable, avec des intervalles

51
durant lesquels il n’y a pratiquement pas de pluie. Il faut alors un dispositif adapté
pour l’interception et le stockage de l’eau.
Une eau de pluie raisonnablement pure peut être collectée à partir des toits de
tuiles, d’ardoises, de tôles ondulées ou en aluminium et stockée dans une citerne. Les
toits en chaume ou en plomb ne conviennent pas en raison des risques qu’ils font
courir à la santé.
La gouttière du toit doit être en pente régulière vers la conduite de reprise car si
elle présente des points bas, il se formera des accumulations d’eau qui attireront les
moustiques (figure 2.25).

Figure 2.25 : Dispositif de captage d’eau de pluie

La citerne sera placée à proximité de la maison, de façon à ce que les tuyaux de


descente soient aussi réduits que possible. Elle doit être rigoureusement étanche, et
protéger du froid et de la chaleur. On évitera de la placer contre un bâtiment car la
moindre fuite serait génératrice d’humidité. On utilisera le moindre repli de terrain
pour l’enterrer à proximité de la maison, tout en limitant les terrassements. Souvent
construite en maçonnerie, la citerne sera réalisée en béton armé avec enduit étanche
intérieur, si elle et d’assez grande capacité. Dans ce cas la forme cylindrique est assez
économique. Elle reposera sur le sol par l’intermédiaire d’une forme en gros béton de
0,15 à 0,20 m d’épaisseur. La couverture sera constituée soit par une dalle plate, soit
par une coupole mince. Elle sera aménagée de façon à en faciliter l’accès, notamment
grâce à un trou d’homme garni de tampon en béton armé ou en fonte ou en tôle. On
s’efforcera de recouvrir la citerne d’une couche de terre de 0,30m d’épaisseur

52
moyenne, de façon à mettre l’eau à l’abri des variations de températures. En dehors du
tuyau d’arrivée et d’aspiration, on placera un trop-plein.
La conduite de descente sera aménagée de sorte que les premières eaux d’une
pluie chargée d’impuretés qui se sont déposées sur le toit durant la saison sèche ne
puissent pas se mélanger au réservoir d’eau claire et soient évacuées à l’extérieur. Pour
cela on utilise un citerneau, capacité avec flotteur qui dirige le flot d’eau sur la citerne
dès que celui-ci a été rempli. Si un tel dispositif est en général indiqué, par contre, il ne
permet pas de recueillir les pluies de faible débit. Aussi est-il préférable dans ce cas de
doter la citerne d’un filtre à gravier et à charbon activée. La surface du filtre doit être
en rapport avec la surface de la toiture et surtout avec la nature des précipitations. Il
faut éviter le filtre s’il on veut recueillir l’eau des précipitations orageuses qui sont très
abondantes. L’eau de citerne est souvent polluée par les poussières qui peuvent
recouvrir les toits, et, comme elle peut séjournée longtemps dans la citerne où des
dépôts sont fréquents, il est prudent de la filtrer avant consommation avec un filtre à
charbon.
La quantité d’eau de pluie qui peut être obtenue par le captage de l’eau du toit
dépend essentiellement de la surface du toit et de la pluviométrie locale annuelle. Une
pluviométrie de 1 mm sur 1 m2 fournira environ 0,8 l d’eau compte tenu de
l’évaporation et des autres pertes.

Exemple :
Pour un toit mesurant 5 m x 8 m en plan, avec une pluviométrie annuelle
moyenne de 750 mm, la quantité d’eau de pluie susceptible d’être recueillie peut être
estimée à :
5 x 8 x 750 x 0,8 = 24000 litres par an
24000
Ou = 66 litres par jour
365

En tenant compte de certaines années qui sont plus sèches que la moyenne et
aussi des saisons sèches de durée exceptionnelle, le toit et le stockage sont à prévoir
pour un débit supérieur d’environ 50 % aux besoins en eau des populations qui
dépendent de l’approvisionnement avec un stockage suffisant. Le captage du toit de
l’exemple pourrait en année sèche fournir encore quelques 40 litres par jour ce qui
correspond à une consommation de base d’eau de boisson d’une famille de six
personnes. On peut estimer le volume de stockage nécessaire pour un ménage en
calculant le volume d’eau qui serait utilisé au cours de la plus longue période sans

53
pluie prévisible. Pour une saison sèche moyenne de trois mois, le volume de stockage
nécessaire serait : 3 x 30 x 40 = 3600 litres
Pour permettre de supporter de longues périodes sans pluie dans les années
entièrement sèches un surplus de 50 % devrait être prévu et le volume de stockage
serait alors de 5400 litres.

2.4. Traitement des eaux

L’eau constitue l’élément majeur du monde minéral et biologique. C’est


également le vecteur privilégié de la vie et de l’activité humaine. En tenant compte des
usages domestiques, industriels et agricoles, la consommation moyenne d’eau par an et
par habitant est d’environ 100 m3 dans les pays en voie de développement et peut
atteindre 1500 m3 aux USA.
Cependant l’eau dont nous disposons dans la nature n’est pas souvent
directement utilisable pour la consommation humaine ni pour l’industrie ; car elle n’est
pas suffisamment pure. Lors de sa circulation dans le sol ou à la surface de la terre,
l’eau se pollue et se charge en matières en suspension ou en solution : particules
d’argiles, déchets de végétation, organismes vivants, sels divers, matières organiques,
gaz. Les composés présents dans les eaux naturelles peuvent être classées
schématiquement en deux catégories : les substances dissoutes (minérales et
organiques) et les particules en suspension. La présence de ces différentes impuretés
impose le traitement des eaux avant son utilisation pour les rendre aptes aux
applications envisagées (par exemple la consommation).
Considéré souvent comme un symbole de pureté l’eau est progressivement
devenu le produit alimentaire le plus surveillé et est soumise à ce titre aux normes de
qualité les plus sévères. Cela a eu pour conséquence d’amplifier la technicité requise
pour la production de l’eau potable. Le traitement de l’eau peut alors faire l’objet de
divers cours plus ou moins spécialisés.

2.4.1. Caractéristiques d’une eau potable

Une eau est dite potable quand elle satisfait à un certain nombre de
caractéristiques la rendant propre à la consommation humaine. Les normes s’appuient
sur des travaux médicaux établissant les « doses maximales admissibles » (quantités de
substances qu’un individu peut absorber sans risque, tous les jours de sa vie, avec une
marge de sécurité confortable).

54
Les normes sont réparties en sept (7) groupes :

− Les paramètres organoleptiques : ces paramètres concernent la couleur, la


transparence, la saveur et l’odeur de l’eau. cependant ces critères n’ont pas de
valeur sanitaire directe. Une eau peut être trouble, colorée ou avoir une odeur
particulière et néanmoins être consommable.
− Les paramètres physico-chimiques : il s’agit des caractéristiques de l’eau telles
que le pH, la température, la concentration en minéraux, la conductivité… Ces
caractéristiques sont en relation avec la structure naturelle de l’eau.
− Les paramètres concernant les substances indésirables : ce sont des substances
pouvant avoir une incidence sur la santé sans provoquer de désagréments à court
terme et dont la présence est tolérée en faible quantité. Il s’agit par exemple des
nitrates, du fluor…
− Les paramètres concernant les substances toxiques : les normes fixées sont
sensiblement inférieures aux seuils considérés comme acceptables en toxicologie,
c’est pourquoi les teneurs tolérés sont très faibles. Ces paramètres concernent
entre autres le plomb et le chrome.
− Les paramètres microbiologiques : l’eau ne doit pas contenir de bactéries ou de
virus pathogènes. Par contre, les germes banals y sont admis mais en faible
quantité, en effet puisque l’eau est un milieu vivant, une vie bactérienne
inoffensive et limitée y est normale.
− Les pesticide et produits apparents : beaucoup de substances appartiennent à cette
catégorie ; leur présence dans l’eau est limitée à de très petite quantité.
− Les paramètres concernant les eaux adoucies ou déminéralisées : les eaux
adoucies ou déminéralisées doivent tout de même contenir une teneur minimale en
calcium ou en magnésium (pour la dureté) et en bicarbonate (pour l’alcalinité).
Le tableau 2.5 donne les normes légales ou recommandées d’eau potable pour
l’Union Européenne et les Etats-Unis. Un tiret (-) indique qu’il n’y a pas (encore) de
norme préconisée.

2.4.2. Principes des procédés de traitement

Pour épurer l’eau il faut généralement combiner plusieurs traitements


élémentaires dont les bases peuvent être physiques (techniques séparatives), chimiques
(oxydation, désinfection) ou biologiques et qui ont pour objet d’éliminer les matières
en suspension puis les substances colloïdales et enfin certaines substances dissoutes
(minérales ou organiques).
55
Tableau 2.5 : Normes de potabilités d’une eau
Paramètres Union Européenne Etats-Unis
Paramètres physico-chimiques
pH de 6,5 à 9 de 6,5 à 8,5
Chlorures (Cl-) en mg/l max 200 max 250
Sulfates (SO42-) en mg/l max 250 max 250
Magnésium (Mg2+) en mg/l max 50 -
Sodium (Na+) en mg/l max 150 -
Potassium (K+) en mg/l max 12
Aluminium (Al3+) en mg/l max 0,2 max 0,2
Substances indésirables
Argent (Ag+) en µg/l max 10 max 100
Cuivre soluble (Cu) en mg/l max 1 max 1,3
Fer soluble (Fe) en mg/l max 0,2 max 0,3
Fluorures (F-) en mg/l max 1,5 max 4
Manganèse (Mn) en mg/l max 0,005 max 0,05
Nitrates (NO3-) en mg/l max 50 max 45
Nitrites (NO2-) en mg/l max 0,1 max 3
Oxydabilité (O2 au KMnO4) en mg/l max 5 -
Zinc (Zn2+) en mg/l max 5 max 5
Ammonium (NH4+) en mg/l max 0,5
Substances toxiques
Chrome soluble (Cr) en µg/l max 50 max 100
Cyanures (Cn-) en mg/l max 0,05 max 0,2
Phosphore (P) en mg/l max 5
Plomb (Pb) en µg/l max 50 max 15
Arsenic (As) en µg/l max 50 max 50
Nickel (Ni) en µg/l max 50 -
Mercure (Hg) en µg/l max 1 max 2
Cadmium (Cd2+) en µg/l max 5 max 5

La séparation des particules solides et de l’eau peut se faire selon deux


principes différents, à savoir, l’action directe de la pesanteur par simple décantation en
fonction du poids spécifique des particules et la filtration sur un milieu granulaire (en
général du sable). Toutefois en raison de la grande dispersion de taille des particules,
on cherche à faire grossir les éléments en suspension en réduisant d’abord les forces

56
électrostatiques qui les maintiennent écartés, grâce à des coagulants, puis en
augmentant les collisions entre les éléments déstabilisés pendant la floculation, ce qui
fait grossir les éléments en suspension tout en augmentant le poids et la vitesse de
chute. Cela, conduit à un flocon plus facile à décanter et à filtrer. Dans la mesure où
les colloïdes présents dans les eaux naturelles sont toujours chargés négativement, les
coagulants utilisés sont des sels minéraux à cations polyvalents, principalement les sels
de fer et d’aluminium. Lorsque les eaux brutes, après traitement physique préalable,
comportent des matières organiques dissoutes en quantité appréciable, de
l’ammoniaque, du fer ou du manganèse des algues ou encore une couleur prononcée,
une oxydation préalable permet d’en faciliter l’élimination par des traitements de
clarification et d’affinage.
Les traitements spécifiques comme par exemple les procédés d’adsorption,
principalement sur charbon actif visent à éliminer des composés organiques dissous du
type pesticides, solvants chlorés, hydrocarbures,…
Les traitements de correction ou d’équilibre (neutralisation, décarbonatation et
reminéralisation) sont donc susceptibles d’être utilisés.
La figure 2.26 montre les principales étapes du traitement d’une eau destinée à
l’alimentation.

Coagulation/Floculation Désinfection
Prise Dégrillage Pompage Distribution
sédimentation Filtration Polissage Réserve
d'eau

Addition de produits
chimiques Addition de produits
Bassin chimiques
Floculation Décanteur

Filtres
Bassin
mélange
rapide

Boues
Pompage haute
pression
Pompage basse
pression

Figure 2.26 : Etapes de traitement d’une eau potable.

2.4.2.1. Les prétraitements

Avant de procéder au traitement de l’eau, il faut la débarrasser de façon simple


des éléments les plus grossiers qui pourraient gêner la mise en œuvre des procédés
plus complexes.

57
On utilise pour cela des moyens mécaniques :

− le dégrillage ;
− le dessablage et le débourbage ;
− le tamisage.
Le dégrillage sert à protéger les pompes et les canalisations contre des corps
flottants grâce à des barreaux espacés de 5 ou 10 centimètres qui sont nettoyés
manuellement ou mécaniquement avec si possible, rejet dans une conduite
d’évacuation.
Les macro- tamis permettent, grâce à des mailles de 0,3 à 3 mm montées sur des
chaînes sans fin qui sont mues mécaniquement, de déverser dans un canal
d’évacuation les éléments fins retenus : il s’agit essentiellement des matières en
suspension, débris de végétaux et d’animaux, d’insectes, de mollusques, de crustacés
d’eau douce, d’alluvions, d’algues, d’herbes, etc.
Le dessablage a pour but d’extraire des eaux brutes les graviers, sables, et
particules minérales plus ou moins fines pour éviter les dépôts, protéger les tamis,
pompes et autres appareils contre l’abrasion, éviter les surcharges des stades de
traitement suivants.
Le débourbage est une étape de traitement qui précède la clarification dans le
cas d’eau très chargée en limons ou en sable fin. Il est utilisé principalement en amont
des décanteurs principaux quand la teneur en matières en suspension de l’eau brute est
supérieure à 2 g/l.

2.4.2.1.1. Préoxydation

Pratiquée en début de traitement, la préoxydation a plusieurs objectifs :

− l’élimination de l’azote ammoniacal ;


− l’élimination du fer et du manganèse (l’oxydation de ces éléments les transforme
en hydroxydes insolubles facilement séparables du liquide par décantation et
filtration).
− l’élimination de la couleur ;
− l’amélioration de la clarification ;
− le maintien de la propreté des installations de traitement c'est-à-dire la lutte contre
la prolifération d’organismes (algues, phytoplanctons) qui ne sont pas pathogènes
mais qui nuisent au bon fonctionnement de certains ouvrages comme les
décanteurs et les filtres.

58
2.4.2.1.2. Préchloration

Le chlore est introduit dans l’eau sous forme de chlore gazeux (Cl2) ou
d’hypochlorite de sodium (NaClO).
Lorsque le chlore est introduit dans une eau contenant de l’azote ammoniacal ou
des amines, il se forme dans un premier temps des composés de substitution, les
chloramines. Dans un second temps, une dose accrue de chlore détruit ces chloramines
en les oxydant en azote gazeux. La préchloration présente toutefois l’inconvénient de
former des composés organiques chlorés dont les trihalométhanes (THM) qui peuvent
avoir des effets nocifs sur la santé de l’homme. La préchloration est remplacée sur la
plupart des usines :

− soit par une chloration au seuil (maximum de formation des monochloramines)


qui offre l’avantage de protéger les décanteurs sans l’inconvénient de la formation
des THM ;
− soit par une préozonation ;
− soit par une suppression totale de la préchloration.
Dans les deux derniers cas, l’azote ammoniacal est alors éliminé :

− soit par procédé biologique ;


− soit par le chlore en fin de traitement après élimination des matières organiques.

2.4.2.1.3. L’oxydation par le dioxyde de chlore

Le dioxyde de chlore (ClO2) est également un très bon oxydant. Son efficacité
vis-à-vis de la couleur est supérieure à celle du chlore. Elle l’est également vis-à-vis
des goûts. Parmi les avantages de ces réactifs on peut citer qu’ils oxydent rapidement
le fer et le manganèse, il permettent donc l’élimination de ces métaux. ClO2 permet
aussi de dégrader un certain nombre de composés organiques, sans former de
trihalométhanes indésirables. Enfin, tout comme le chlore, le dioxyde de chlore aide à
maintenir la propreté des ouvrages de décantation et de filtration.
L’oxyde de chlore ne réagit pas avec l’azote ammoniacal et ne permet pas de
l’éliminer. Il donne naissance à des sous produits, tels que les chlorites et les chlorates,
que l’on soupçonne toxiques.

2.4.2.1.4. Préozonation

Utilisée en remplacement de la préchloration sur les eaux chargées en matières


organiques et en algues, la préozonation présente les avantages suivants :
59
− pas de formation de sous produits chlorés (trihalométhanes) ;
− elle favorise la coagulation floculation décantation (phénomène de polymérisation
des matières organiques et des colloïdes). Les doses d’ozones utilisés sont de
l’ordre de 0,3 à 0,5 mg d’ozone par mg de carbone organique total (COT).

2.4.2.1.5. L’oxydation par le permanganate de potassium

Le traitement des eaux de consommation par le permanganate de potassium


n’est pratiqué que dans le cas d’eaux brutes riches en fer et en manganèse. En effet,
KMnO4 est plus efficace que les autres oxydants vis- à- vis de l’oxydation de ces deux
métaux mais il est environ trois fois plus coûteux.

2.4.2.2. Aération

Dans les bassins aérés, une aération mécanique fournit de l’oxygène dissout
pour le traitement de l’eau brute. Un type de système d’aération est constitué de
soufflantes qui amènent l’air à des tubes poreux disposés près du fond du bassin. Il en
résulte une production de bulles fines qui se trouvent régulièrement dispersés au sein
de l’eau à traiter.

2.4.2.3. La clarification

C’est au cours de cette étape que sont extraites de l’eau brute les matières en
suspension et les matières colloïdales, principales responsables de la turbidité de l’eau.
Elle vise à clarifier l’eau et à la rendre bactériologiquement pure et exempte de
micropolluants.
Dans sa forme la plus complète la clarification fait appel à des processus de
séparation liquide solide : la décantation, la filtration qui seront précédés, pour les
particules les plus fines essentiellement les colloïdes, de traitement de précipitation et
de croissance de ces particules : la coagulation, la floculation. Ces deux procédés de
type physico-chimiques, ont pour but de créer avec les colloïdes, des agrégats
suffisamment lourds pour qu’ils puissent être séparés du liquide par simple
décantation.
De plus une grande partie de la matière organique dissoute contenue dans l’eau
se trouve retenue à la surface des flocs et sera donc éliminée.

60
2.4.2.3.1. La coagulation

Les particules colloïdales caractérisées par leurs dimensions très faibles (< 1 µ)
possèdent la propriété de se maintenir en équilibre au sein de l’eau sous l’effet de
forces électrostatiques de répulsion.
Pour éliminer ces particules, on introduit dans l’eau des réactifs chimiques
appelés « coagulants » dont l’hydrolyse conduit à la déstabilisation des colloïdes et à la
formation de précipités insolubles.
Les colloïdes déchargés sont alors absorbés sur les précipités, l’ensemble forme
un « floc » qui tombe très lentement.
L’action de ces réactifs étant instantanée, leur injection dans l’eau doit être
accompagnée d’une agitation violente créée gravitairement par des chutes, des
étranglements, des obstacles, etc. ou au moyen d’agitateurs rapides à l’hélice.
Les réactifs coagulants utilisés sont généralement des sels de métaux trivalents
de fer et aluminium. Les principaux sont le sulfate d’alumine, le polychlorure
d’aluminium, le chlore ferrique…
La coagulation est un phénomène très complexe ; aussi la méthode la plus sure
et la plus rationnelle pour déterminer dans chaque cas la nature du réactif à utiliser et
les quantités à mettre en œuvre doit s’appuyer sur l’expérience.
Par la coagulation, on obtient également l’élimination de la couleur due aux
matières organiques dissoutes ou colloïdales ainsi que la disparition de nombreux
polluants.

2.4.2.3.2. La floculation

La floculation aura pour but d’accroître le volume, le poids et la cohésion du


floc formé.
Ce grossissement est obtenu par la création d’une turbulence modérée
favorisant la collision entre les particules de floc.
Ces turbulences sont créées soit par le mouvement hydraulique de l’eau
traversant des chicanes ou des plaques perforées, soit au moyen d’agitateurs
mécaniques à brassage lent (agitateur à pales) installés dans des bassins, l’ensemble
constituant le floculateur.

61
Dans certains cas on a recours à des produits appelés « floculants » ou
« adjuvants de floculation » qui permettront également une meilleure capture des
colloïdes et augmenteront la vitesse de sédimentation du floc.
Les floculants les plus couramment utilisés sont des macromolécules
organiques naturelles (alginate de sodium) ou des polymères organiques de synthèses
(polyacrylamides).

2.4.2.3.3. La décantation

Le floc étant formé, il reste à instaurer un régime hydraulique qui lui permettra
ainsi qu’à toutes les particules en suspension de se déposer dans un ouvrage d’où l’on
pourra les évacuer commodément. C’est le but de la décantation et le rôle des
décanteurs.
Depuis les années 70, les décanteurs quelque soit leur principe de
fonctionnement hydraulique, sont équipés plus ou moins systématiquement de
modules lamellaires (ou tubulaires ou de plaques parallèles ; figure 2.27). Les lamelles
ont un rôle double :
- augmentation des débits hydrauliques (ou de la surface de décantation) ;
- amélioration de la qualité de l’eau clarifiée.
Le tableau 2.6 rassemble pour chaque catégorie décrite ci-dessous, quelques
exemples de décanteurs et leurs performances typiques en traitement de clarification
d’eau de rivière.

− Les décanteurs statiques


Ces décanteurs ne font pas intervenir les procédés destinés à optimiser la
floculation au sein du décanteur. Ils sont circulaires ou rectangulaires, raclés ou non.
Ils sont généralement à flux horizontal. Les vitesses hydrauliques sont comprises entre
0,5 et 2 m/h. L’épaississement des boues est faible (moins de 5 g/l). Ils doivent être
précédés d’un ou de plusieurs organes de floculation.

62
Figure 2.27 : Décanteur lamellaire. Principe

Tableau 2.6 : Principales familles de décanteurs


Vitesse
Concentration
apparente sur la
Type Exemples Floculateur des boues
zone de
extraites g/l
décantation m/h
Décanteur à flux horizontal en tête ou
0,5 – 2 1-5
statique ou vertical intégré
sans lamelle
intégré 3–5 2 – 10
(pulsator)
Décanteur à lit avec lamelles
de boue (superpulsator
intégré 6 – 10
pulsator
lamellaire)
sans lamelles
Décanteur à intégré 2–3 5 – 10
(turbocirculator)
recirculation de
boues avec lamelles
en tête 15 – 22 20 - 40
(Densadeg)

− Les décanteurs à lit de boues


Dans les décanteurs à lit de boue, les boues formées par la floculation
constituent une masse en expansion à travers laquelle l’eau passe de manière régulière
et uniforme. De cette manière on augmente les chances de rencontre des particules
colloïdales qui traversent une zone plus concentrée en flocs. L’eau brute à traiter est
introduite à la base du lit de boues et flocule en passant à travers le « lit filtrant »

63
rencontrant progressivement des couches de plus en plus denses et concentrées (figure
d’un pulsator).

− Les décanteurs à recirculation de boues (figures 2.28 et 2.29)


Ce type d’appareil est caractérisé par un dispositif, en général interne,
permettant de ramener une partie des boues épaissies dans la zone de floculation (à
l’aide d’un racleur).
Le rôle de cette recirculation est d’accroître la masse de contact présente dans le
floculateur ; elle augmente ainsi la probabilité de chocs entre particules, permet de
diminuer le temps nécessaire à une bonne floculation et assure une densité supérieure
du floc. Ces appareils sont généralement cylindro-conique, la partie centrale où est
situé le dispositif de recirculation jouant le rôle de floculateur (Turbocirculator).

Figure 2.28 : Schéma de principe du Densadeg

2.4.2.3.4. La flottation

La flottation permet, dans le cas d’eau peu trouble mais riche en matières
organiques et en algues, de remplacer efficacement la décantation. Située après la
floculation, la flottation sépare le floc formé par entraînement en surface à l’aide de
fines bulles d’air. Les boues extraites par raclage en surface sont généralement plus
concentrées que celles d’un décanteur convention. La flottation est à recommander
pour :

64
Figure 2.29 : Vue de dessus du Densadeg de Morsang III

− les eaux peu chargées en matières en suspension (eaux de lacs, de barrages, par
exemple) ;
− les eaux produisant un floc léger décantant mal ;
− les eaux riches en plancton qui, par suite de l’activité chlorophyllienne des algues,
ont tendance à être saturées en oxygène, ce qui contrarie la décantation et
provoque une remontée du floc, dans le cas de l’utilisation de la décantation.

La flottation possède en outre, les avantages suivants :

− grande souplesse d’emploi : le démarrage de l’installation est très rapide,


pratiquement instantané ;
− épaississement des boues : les boues produites peuvent dans certains cas être
dirigées directement vers le système de déshydratation, sans qu’il soit nécessaire
de mettre en œuvre une étape d’épaississement intermédiaire.

Quelque soit le procédé de séparation (décantation ou flottation) utilisée, la plus


grande partie des matières en suspension est éliminée au cours de cette étape, la
fraction restante sera séparée du liquide par la filtration.

2.4.2.3.5. La filtration

Le procédé général de filtration consiste à faire passer l’eau à travers un milieu


poreux qui est le plus souvent du sable.
Les processus mis en œuvre sont de nature physique et biologique.

65
Selon la vitesse d’écoulement de l’eau à travers le milieu filtrant, les processus
biologiques sont plus ou moins importants. Ils sont généralement favorisés par des
vitesses lentes.
Ainsi, suivant l’objectif recherché, on effectue :

− soit une filtration rapide (vitesse comprise entre 5 et 10 m3/m2/h)


− soit une filtration lente (vitesse de quelques mètres cubes par jour).
- La filtration rapide (figure 2.30)
La filtration rapide s’applique à des eaux préalablement traitées. Pour une eau
floculée et décantée ou flottée et c’est le cas le plus fréquent en traitement d’eau de
surface, la filtration aura pour but d’obtenir une clarification poussée de l’eau par
l’élimination des dernières particules en suspension qui n’auront pas pu être retenues
par le décanteur.
La rétention des particules se fera :

− pour les grosses particules, par simple effet de tamisage dans la partie supérieure
du filtre,
− pour les particules les plus fines, par effet de paroi à différents niveaux à
l’intérieur du même filtre.
Le pouvoir d’arrêt du filtre sera d’autant plus grand que le diamètre des grains
sera faible et que le temps de séjour de la particule dans le filtre sera long, les chances
de rencontre avec la surface d’un grain étant ainsi accrues. Le choix de la
granulométrie du milieu filtrant, de la hauteur des couches et de la vitesse de filtration
jouera un rôle fondamental sur l’efficacité de ce procédé.
Avant d’atteindre une perte de charge maximale et éviter le colmatage du filtre,
il faut laver le filtre. Le lavage s’effectue en général à contre courant en envoyant de
bas en haut un débit d’eau et un débit d’air, l’air permettant d’agiter le sable et de
détacher les particules fixées sur les grains, l’eau permettant d’évacuer ces particules.
La filtration s’effectue généralement sur une couche unique de sable. Elle peut
être également réalisée sur deux ou plusieurs couches : filtration sur filtres
multicouches (en général sable et anthracite). La filtration rapide est réalisée par
passage de l’eau à travers un lit filtrant à des vitesses de 4 à 15m/h.

66
Figure 2.30 : Filtration rapide

- La filtration lente (figure 2.31)


Elle constitue à elle seule un traitement quasiment complet de l’eau brute.
Ce procédé est de plus en plus remplacé par les traitements physico-chimiques
(coagulation, floculation, décantation, etc.). Dans ce procédé, l’eau à traiter,
débarrassée de la majeure partie des matières en suspension par des traitements de
dégrossissage et de préfiltration est admise sur des filtres à sable où elle percole à une
vitesse très lente (0,5 à 5m/jour)
Il se forme à la surface du filtre une accumulation de particules vivantes et
inertes qui conduit à la formation d’une couche au sein de laquelle règne une activité

67
biologique. C’est l’action des micro-organismes (algues et bactéries) présents dans ce
film et des métabolites qu’ils excrètent qu’assurera la biodégradation et l’assimilation
de nombreuses substances minérales et organiques véhiculées par l’eau brute. A ces
processus biologiques s’ajoutent des effets purement physiques de rétention des
particules solides et des micro-organismes dans le milieu filtrant.

Figure 2.31 : Filtration lente

2.4.2.4. Traitements d’affinage

Les prétraitements physiques, la préoxydation et la clarification, constituent les


procédés de base pour traiter une eau superficielle.
A ces procédés, peuvent s’ajouter un traitement d’affinage par adsorption
combiné ou non à une oxydation par l’ozone de l’eau clarifiée.

2.4.2.4.1. Traitement d’affinage par ozonation

Il précède généralement une étape d’adsorption sur charbon actif en grains.


Cette combinaison permet une réduction importante de la matière organique et du
potentiel de formation des sous-produits d’oxydation et de désinfection.
L’ozone, outre ses propriétés désinfectantes, réagit avec les substances
minérales comme le fer et le manganèse pour former des oxydes insolubles. Il élimine
efficacement la plupart des goûts et des odeurs ; il transforme certaines molécules à
longue chaîne, en molécules plus courtes, de poids moléculaire plus faible ; ces
molécules sont généralement plus facilement biodégradables. Il contribue aussi à la
destruction de micropolluants comme les phénols et certains détergents et pesticides.

2.4.2.4.2. Traitement d’affinage par adsorption

L’adsorption définit la propriété de certains matériaux de fixer à leur surface


des molécules extraites de la phase liquide ou gazeuse dans laquelle ils sont immergés.
Parmi les matériaux adsorbants, le charbon actif est actuellement le plus utilisé
en traitement d’eau potable.

68
Le charbon actif est un squelette carboné d’origine organique, minéral ou
végétal qui, par oxydation ménagée à haute température a acquis une intense porosité.
Grâce à l’importante surface développée, le charbon est un adsorbant qui peut retenir à
sa surface des molécules de toutes tailles. Il est utilisé pour éliminer les matières
organiques responsables de développement de goûts et d’odeurs, de nombreux
polluants et micropolluants tels que les phénols, les hydrocarbures, les pesticides, ainsi
qu’à l’élimination du carbone organique dissous.

2.4.2.5. La désinfection

La désinfection a pour objectif la destruction de tous les organismes pathogènes


à la sortie de l’usine. Elle doit être effectuée de manière à maintenir un résiduel
bactériologique sur tout le réseau de distribution afin d’éviter toute dégradation de la
qualité de l’eau par prolifération de micro-organismes.
Son efficacité dépend de plusieurs facteurs dont :

− le pouvoir létal du désinfectant employé, en général chlore, dioxyde de chlore et


ozone ;
− le temps de contact réel du réactif avec l’eau à traiter ;
− les conditions physico-chimiques ambiantes (pH, température, turbidité,…) ;
− la qualité des traitements en amont.

2.4.2.6. Les traitements spécifiques

Les traitements spécifiques concernent principalement les eaux souterraines


(élimination du fer, manganèse, nitrates) et la mise à l’équilibre de l’eau avant
distribution.
Ils peuvent être divisés en 2 types de procédés :

− les procédés par voie chimique pour la remise à l’équilibre de l’eau ;


− les procédés par voie biologique pour le fer, le manganèse et les nitrates ou parfois
l’azote ammoniacal.

2.4.2.6.1. Traitement spécifique par voie chimique

Pour son transport jusqu’au robinet de l’usager, l’eau sera véhiculée au moyen
de canalisations généralement en fonte et en acier. Or, la présence d’oxygène dans
l’eau et son contact avec le métal entraînent le déclenchement de processus

69
électrochimiques qui se traduisent par une dissolution du fer et conduisent par là même
à l’altération des conduites. C’est le phénomène de corrosion.
Pour lutter contre ce phénomène, on cherchera à créer à partir des bicarbonates
de l’eau et su fer des canalisations un dépôt à la surface de celles-ci qui constituera une
couche protectrice empêchant ainsi la poursuite de la corrosion.
Si l’eau contient une certaine quantité excédentaire de CO2, un traitement devra
être mis en œuvre pour l’éliminer ou le transformer. C’est la neutralisation. Elle a
pour but de ramener le pH de l’eau à une valeur voisine de son pH d’équilibre.
Plusieurs types de procédés peuvent être mis en œuvre :

− l’aération généralement effectuée en tête ou en fin de traitement ;


− l’addition de réactifs alcalins : dans ce cas la neutralisation peut être réalisée soit
en totalité à la sortie de l’installation sur l’eau traitée ou en tête de l’installation
dans certains cas particuliers (déferrisation, démanganisation), soit partiellement à
l’entrée de l’installation lors d’un ajustement du pH de floculation puis achevée en
fin de traitement par ajout de réactifs (chaux, soude).
Si l’eau est trop incrustante et que la minéralisation de l’eau est élevée, il est
alors nécessaire de diminuer la teneur en sel de calcium et de magnésium : c’est la
décarbonatation. Elle vise donc à éliminer une partie des bicarbonates présents dans
l’eau, l’autre partie devant permettre le dépôt de la couche protectrice. Le traitement
est obtenu par introduction d’une base forte, telle que la soude qui en réagissant sur les
bicarbonates entraîne la formation de précipités.
Si la teneur en bicarbonates ou en calcium est trop faible, il s’avère nécessaire
d’augmenter ces paramètres : c’est la reminéralisation ou recarbonatation. Elle vise
à augmenter les teneurs en minéraux en vue de permette la formation de la couche
protectrice. Il existe plusieurs procédés dont :

− si l’eau présente une quantité suffisante de CO2 libre, on pratiquera une filtration
sur un matériau à base de carbonate de calcium ;
− si la teneur en CO2 libre est insuffisante on mettra en œuvre une addition
successive de gaz carbonique et de chaux.

2.4.2.6.2. Traitement spécifique par voie biologique

− Elimination des nitrates


Deux procédés peuvent être envisagés : la dénitratation, au moyen de résines
échangeuses d’ions qui est le procédé physicochimique le plus répandu, mais qui pose

70
toutefois le problème des éluats contenant de fortes concentrations de nitrates et
chlorures de sodium, et la dénitrification biologique, qui transforme l’ion nitrate en
azote gazeux. Plusieurs techniques de dénitrification ont vu le jour, fondées sur
l’utilisation, soit de bactéries autotrophes en présence de soufre, soit de bactéries
hétérotrophes qui nécessitent l’addition d’une source carbonée. Ces procédés
biologiques sont nécessairement suivis d’une filtration sur charbon et désinfection.

− Elimination de l’azote ammoniacal


L’ion ammonium est éliminé par nitrification. En dehors de la chloration, c’est
le procédé de nitrification biologique qui est le plus couramment utilisé. Il consiste à
provoquer la transformation de l’ammoniaque en nitrates au moyen de bactéries
nitrifiantes fixées sur support (la pouzzolane) où circule l’eau.

− Déferrisation – démanganisation
L’élimination du fer et du manganèse consiste à les faire passer de leur forme
dissoute à une forme oxydée insoluble qui peut être retenue par filtration. Deux
procédés peuvent être utilisés : le procédé physicochimique dans lequel les étapes
d’oxydation et de filtration sont séparées, le procédé biologique où l’action catalytique
des bactéries, du fer ou du manganèse accélère l’oxydation.

2.4.3. Les filières de traitement

Quelque soit la qualité de la ressource à traiter, la filière de traitement mis en


œuvre doit conduire à l’obtention d’une eau répondant aux normes sur l’eau potable.
La complexité d’une filière de traitement est directement reliée à la qualité de la
ressource à traiter. Ces ressources peuvent être classées selon quatre (4) types en
fonction des valeurs maximales des principaux paramètres de potabilités (tableau 2.7).
Pour chacune de ces classes d’eau, une ou plusieurs filières de traitement sont
envisageables.

2.4.3.1. Classe de qualité 1 : désinfection

Certaines eux souterraines dont la qualité varie peu, ne nécessitent que la mise
en place d’un traitement de désinfection.

71
Tableau 2.7 : Classification des ressources en eau – Classes de qualité d’eau brute
Classes de qualité d’eau brute
1 2 3 4
Bactériologie
Coliformes < 50 < 50 < 5 000 < 50 000
totaux (/100ml)
Coliformes
<20 < 20 < 2 000 < 20 000
fécaux (/100ml)
Streptocoques
< 20 < 20 < 1 000 < 10 000
fécaux (/ml)
Salmonelles 0 (dans 5 l) 0 (dans 5 l) 0 (dans 1 l) 0 (dans 1 l)
Turbidité NTU < 0,5 < 20 NTU - -
MES (mg/l) <2 < 25 < 1 000 < 1 000
pH 6,5 < pH < 8* 6,5 < pH < 8* 5,5 < pH < 9 5,5 < pH < 9
COT (mg/l) <2 <2 <4 <8
+
NH4 (mg/l) < 0,05 < 0,5 < 1,5 < 1,5
Fer (mg/l) < 0,1 < 0,2** - -
Manganèse
< 0,05 < 0,05 - -
(mg/l)
Micropolluants
absence absence absence absence
organiques
Présence dans
l’eau brute ou
Goûts et odeurs absence*** absence*** absence***
générés en cours
de traitement
* Si pH>8, correction de pH obligatoire.
** Si Fe > 0,2 ; Mn > 0,05 prévoir un traitement spécifique.
*** Absence dans l’eau brute et pas de génération en cours de traitement.

2.4.3.2. Classe de qualité 2 : coagulation sur filtre/désinfection

Dans cette classe d’eau on trouve essentiellement les eaux souterraines et


certaines eaux superficielles, dont la turbidité peut varier brutalement en fonction de la
pluviométrie.
Ces eaux ont généralement les mêmes caractéristiques que celles définies pour
la classe précédente, mais une concentration ne matières en suspension nécessitant la
mise en œuvre d’un procédé de filtration avec ajout de coagulant, suivi d’une
désinfection.

72
2.4.3.3. Classe de qualité 3

Cette classe d’eau concerne essentiellement des eaux superficielles riches en


matières en suspension et dont la teneur en matières organiques ne dépasse pas 4mg/l.
Ces eaux sont caractérisées également par des teneurs en micropolluants
inférieures aux normes de potabilité.
Dans cette classe de qualité d’eau on trouve certaines rivières à régime
torrentiel et également certaines eaux souterraines riches en fer et/ou en manganèse
complexées avec des matières organiques.
La filière de traitement la plus couramment utilisée pour ce type d’eau
comprend une préoxydation, une clarification et une désinfection. Dans le cas d’eaux
se chargeant rapidement en matières en suspension, un débourbage peut être nécessaire
avant l’étape de préoxydation et de clarification.

2.4.3.4. Classe de qualité 4

Cette classe de qualité d’eau concerne la plupart des eaux superficielles en


particulier celles dont le carbone organique total (COT) ou la couleur sont importants
et qui contiennent même de façon épisodique ou saisonnière des micropolluants
(pesticides en particulier).
Dans cette catégorie d’eau on trouve également les eaux de barrages qui
présentent une couleur et un COT importants.
Ces eaux brutes se caractérisent également par des concentrations en algues
plus ou moins importantes qui devront être éliminées au cours de l’étape de
clarification et qui sont génératrices de mauvais goûts.
Les filières de traitement mise en place sur ce type d’eau seront plus ou moins
complexes suivant la concentration en COT et la nature ou la concentration des
micropolluants. Elles comporteront une étape de préoxydation, une clarification et un
traitement d’affinage.

Quelle que soit la filière de traitement choisie et la classe d’eau, cette filière doit
prévoir avant la chloration finale une mise à l’équilibre de l’eau, qui peut se résumer à
une simple aération ou à une correction de pH mais qui peut aussi faire appel à
d’autres techniques.

73
Figure 2.32 : Les trois filières de l’usine de Morsang-sur-Seine.

2.4.4. Les automatismes

De plus en plus le processus de traitement est automatisé aussi bien dans les
grandes installations de production d’eau potable que dans les petites.
L’automatisme dans les usines de traitement recouvre principalement trois
domaines :

− la mesure et le contrôle de différents paramètres avec leur affinage en salle de


contrôle,
− la régulation qui consiste à maintenir une grandeur donnée à une valeur précise
dite de consigne au moyen d’un organe de réglage (débit, dosage de réactif,…),
− la gestion d’une fonction comportant des éléments complexes (par exemple le
lavage des filtres).
Le tableau 2.8 montre un exemple d’application de l’automatisation au
traitement de l’eau. Pour chaque élément de la chaîne, sont explicités les automatismes
disponibles. Les éléments de commande sont généralement regroupés dans une salle
de contrôle qui comporte la visualisation des paramètres les plus intéressantes et la
position des organes essentiels de la station. Un microordinateur peut piloter la marche
de l’ensemble, le personnel de commande et de contrôle pouvant se limiter alors à un
agent (hors maintenance).
L’automatisation d’une station de traitement, grâce à son fonctionnement
permanent, est en mesure de corriger rapidement certaines caractéristiques du
traitement et de détecter les anomalies dès leur apparition. Elle permet d’avoir entre
74
autre une meilleure qualité du lavage des filtres, une qualité quasi constante de l’eau et
une surveillance permanente des paramètres de qualité.
Tableau 2.8 : Exemple d’application de l’automatisme au traitement de l’eau

75
CHAPITRE 3

LES RESERVOIRS

Rappel des objectifs du chapitre :


A la fin de ce chapitre, les élèves doivent maîtriser les notions :
de réservoir en AEP ;
sur les rôles et fonctions des réservoirs en AEP ;
sur les techniques élémentaires de dimensionnement des réservoirs ;
sur les équipements et autres accessoires des réservoirs en AEP ;
sur quelques critères de choix des réservoirs.

3.1. Définition

Un réservoir est un ouvrage d’art qui permet de stocker l’eau pendant les
périodes de fortes disponibilités et d’alimenter le système d’adduction ou de
distribution pendant les périodes de faibles disponibilités et de demande forte.
Ainsi, un barrage réservoir érigé sur un cours d’eau permet d’emmagasiner
l’eau pendant les périodes de crues et de comparer la faiblesse des débits pendant les
périodes d’étiages ; c’est une de régularisation du débit durant le cycle hydrologique
naturel.
Un réservoir dans un système d’AEP proprement dit, a pour objet, de réaliser
une liaison et une transition entre un régime d’adduction approximativement constant
mais souvent discontinu et un régime de distribution permanent mais essentiellement
variable.
Dans le cas des adductions gravitaires qui transitent chaque jour un débit
sensiblement constant, le réservoir est absolument indispensable pour pouvoir restituer
l’eau au moment des heures de pointe.
Dans le cas des adductions pour refoulement, certains techniciens contestent la
nécessité du réservoir ; ils estiment qu’en raison de la régularité (possible) de la
fourniture du courant électrique, de la qualité du matériel électromécanique disponible
et du maillage des réseaux de distribution, les réservoirs ne sont plus indispensables et
que l’eau potable produite peut être injectée directement dans le réseau avec des débits
variables selon les besoins. Les arguments peuvent tenir lorsque la ville possède des

76
possibilités d’alimentation différentes ou si des servitudes particulières d’esthétique ou
autres sont imposées (contraintes additionnelles). Dans la réalité, les fonctions d’un
réservoir dans un réseau d’AEP sont diverses.

3.2. Fonctions d’un réservoir

Les fonctions des réservoirs peuvent être considérées sous deux aspects (tableau
3.1) :

− Technique ;
− Economique.

Tableau 3.1 : Fonctions d’un réservoir

Fonctions techniques Fonctions économiques

- Régulation du débit - Réduction des investissements sur les


- Sécurité d’approvisionnement ouvrages de production
- Régulation de la pression - Réduction des investissements sur le
- Simplification de l’exploitation réseau de distribution
- Réacteur participant au traitement - réduction des dépenses d’énergie

3.2.1. Fonctions techniques

Les principales fonctions assurées par les réservoirs du point de vue technique
peuvent être présentées de la façon suivante :

3.2.1.1. Régulation du débit

Le réservoir permet d’adapter la production à la consommation. Dans la


conception des ouvrages de production, on considère généralement un temps journalier
de fonctionnement inférieur ou égal à 24 heures pour la fourniture du volume
correspondant à la consommation journalière totale du réseau.
Mais, comme la consommation journalière présente des fluctuations
importantes, il est judicieux, au point de vue technique et économique de faire jouer
aux réservoirs un rôle d’appoint pour la satisfaction des besoins instantanés de pointe.

77
La figure 3.1 schématise le rôle de régulation du débit par le réservoir. En
adduction gravitaire, le débit de l’adduction est à peu près constant ; en admettant que
la demande journalière est égale à 24a m3 et que l’adduction fournit a m3/h. En
admettant que le débit de pointe est 3a m3/h, au moment des pointes, l’adduction
continue de fournir a m3/h et la contribution du réservoir fait que demande de 3a m3/h
est livrée à la distribution.
En effet, la présence de réservoirs sur le réseau, diminue la capacité qui serait
exigée des équipements de production, si ceux-ci devraient assurer seuls l’alimentation
du réseau pendant les pointes instantanées de consommation.

a m3/h
adduction

3a m3/h
distribution

Figure 3.1 : Schématisation du rôle régulateur de débit par le


réservoir

3.2.1.2. Sécurité d’approvisionnement

Le réservoir permet de poursuivre l’approvisionnement du réseau lorsqu’il


arrive un incident sur les équipements d’alimentation du réseau de distribution :

− pollution de l’eau brute alimentant la station de traitement ;


− interruption de l’alimentation en énergie ;
− défaillances d‘origines diverses des installations de production;
− rupture d’une canalisation d’adduction ;
− etc.

3.2.1.3. Régulation de pression

La charge du réservoir (niveau d’eau dans le réservoir) conditionne et stabilise


(aux pertes de charge près) la charge piézométrique sur le réseau de distribution.

78
3.2.1.4. Simplification des problèmes d’exploitation

La présence de réservoirs sur le réseau permet des arrêts pour l’entretien ou la


réparation de certains équipements ou installations :

− ouvrages de production ;
− stations de pompage ;
− canalisations maîtresses ;
− etc.
(Cette fonction se rapproche de celle de la sécurité d’approvisionnement).

3.2.1.5. Réacteur participant au traitement

Les réservoirs disposés à l’aval immédiat d’une station de traitement jouent un


rôle de réacteur participant au traitement en assurant un temps de contact plus
important entre l’agent désinfectant (certains produits dont le temps de réaction est
long) et l’eau. Ceci favorise une désinfection adéquate de l’eau traitée avant sa
distribution.

3.2.2. Fonctions économiques

3.2.2.1. Réduction des investissements sur les équipements


de production et des ouvrages de transport

La réduction des débits de pointe instantanés au niveau de la production permet


la réduction des investissements au niveau des équipements de production et des
ouvrages de transport et de distribution (réduction des diamètres des canalisations).

3.2.2.2. Réduction des dépenses d’énergie

− Réduction de la puissance installée et de la puissance souscrite en pointe pour la


station de pompage ;
− La présence des réservoirs permet le pompage durant les heures de plus faible coût
de l’énergie.

3.3. Emplacement des réservoirs

En éloignant le réservoir de l’agglomération, on est conduit à augmenter soit :

− la hauteur du réservoir pour compenser la perte de charge linéaire (∆H = jL) ;


79
− le diamètre des conduites maîtresses pour réduire la perte de charge totale en
réduisant la perte de charge unitaire j.
La perte de charge totale étant fonction de la longueur de la conduite (distance
du réservoir à l’agglomération) on a généralement intérêt à placer les réservoirs au
centre de gravité de l’agglomération (figure 3.2) : c’est la solution économique.

Figure 3.2 : Emplacement optimal du réservoir

D’autres considérations peuvent cependant influencer le choix de


l’emplacement du réservoir :

− le relief (figure 3.3) ;


− le problème que peut poser l’extension de l’agglomération dans une direction
donnée peut être résolu par la mise en place d’un réservoir d’équilibre
complémentaire (figure 3.4).

a)
b)

Figure 3.3 : Intervention du relief dans l’emplacement du réservoir

80
Figure 3.4 : Réservoir d’équilibre

On peut signaler également le cas des adductions de grande longueur qui allient,
à la fois, l’adduction par refoulement et l’adduction gravitaire (figure 3.5)

Figure 3.5 : Adduction refoulement – Gravitaire

3.4. Capacité des réservoirs

3.4.1. Les besoins en eau

La détermination de la capacité des réservoirs doit prendre en compte les


besoins à satisfaire.
Les chiffres présentés au chapitre 4 sont donnés à titre indicatif. Les besoins en
eau dépendent généralement de la politique nationale, régionale ou locale.

81
Dans l’étude d’un projet d’AEP, il faut toujours envisager les augmentations de
la consommation dans le temps, dues aux progrès de l’hygiène (50 à 80 % en 25 ans),
les extensions possibles de l’agglomération (extensions du réseau de distribution), et
prendre en compte les pertes dans le réseau de distribution ; à titre indicatif, la
« Lyonnaise des eaux » donne :

− réseau bien entretenu 20 % ;


− réseau moyennement entretenu : 25 à 35 % ;
− réseau mal entretenu : 50 %.
Tout réservoir doit également comporter une réserve d’incendie. L’importance
de la réserve qui doit être disponible à tout moment pour incendie, est à fixer avec les
autorités compétentes des services d’incendie.

3.4.2. Répartition journalière maximale des débits de


consommation

En fonction des informations ci-dessus, la somme des besoins journaliers qu’il


faut satisfaire peut être établie. On en déduit la demande.

Désignons par C, cette demande et par ″a″ le débit moyen d’adduction


C
(alimentation du réseau) sur 24 heures ; autrement dit, a = ; dans la réalité, « a »
24
correspond à la demande moyenne horaire.
Les débits sortants varient selon l’heure de la journée, le jour de la semaine, la
saison etc.
Compte tenu des maximums observés, certains auteurs ont recherché la
répartition, dans le courant d’une journée, des maximums maximorums.
Les résultats varient suivant les agglomérations d’une même région et d’une
région à une autre.
Pour une ville française peu importante, les chiffres suivants ont été avancés à
titre indicatif :

− de 6h à 7h --------------------------1,0a
− de 7h à 11h ------------------------3,5a
− de 11h à 16h ----------------------0,4a
− de 16h à 18h ----------------------2,0a
− de 18h à 22h ----------------------0,5a

82
− de 22h à 6h -----------------------0,125a

″a″ est l’adduction (flux d’eau venant de la production) à débit constant,


uniformément réparti sur 24 heure. Pour une ville plus importante, l’amplitude des
variations serait plus atténuée et la pointe ne dépasse guerre 2 à 2,5a.

3.4.3. Capacité théorique des réservoirs

A partir des informations ci-dessus, on peut établir les diagrammes représentés


à la figure 3.6 d’où l’on peut déduire que le volume théorique du réservoir dans le cas
d’une adduction continue (sur les 24 heures de la journée) est de 10a.

Figure 3.6 : Capacité théorique en adduction continue

Le tableau 3.2 peut aider à la compréhension de la figure 3.6

83
Tableau 3.2 : Evolution de l’adduction et de la distribution pour une adduction de
24h/24h

Volume à la fin de la période


Période Différence
Adduction Distribution
0h à 6h 6a 0,75a +5,25a
6h à 7h 7a 1,75a 5,25a
7h à 11h 11a 15,75a -4,75a
11h à 16h 16a 17,75a -1,75a
16h à 18h 18a 21,75a -3,75a
18h à 22h 22a 23,75a -1,75a
22h à 24h 24a 24,00a 0

Le graphe d’où l’on tire le volume représente en fait la variation de la différence


entre l’évolution de l’adduction et celle de la distribution (l’adduction - distribution) ;
après le volume théorique du réservoir est obtenu en faisant la différence entre le
maximum (+5,25a) et le minimum (-4,75a) ; soit :

V= 5,25a – (-4,75a) = 10a

Figure 3.7 : Capacité théorique en adduction 10h/24

84
Si par souci de réduire le coût de l’énergie ou pour d’autres raisons judiciaires,
on procède à une marche de nuit de l’adduction pendant 10 heures, de 20h à 6h, la
figure 3.7 montre que dans cette hypothèse, le volume théorique devient 22a.

Tableau 3.3 : Evolution de l’adduction et de la distribution pour une adduction de


10h/24h
Période Volume à la fin de la période Différence
Adduction Distribution
0h à 6h 14,4a 0,75a +13,65a
6h à 7h 14,4a 1,75a +12,65a
7h à 11h 14,4a 15,75a -1,35a
11h à 16h 14,4a 17,75a -3,35a
16h à 18h 14,4a 21,75a -7,35a
18h à 20h 14,4a 22,75a -8,35a
20h à 22h 19,2a 23,75a -4,55a
22h à 24h 24,0a 24,0a 0

Tout comme dans le cas précédent, le tableau 3.3 explique les informations de
la figure 3.7 ; on trouve ici 22a comme volume du réservoir.

V= 13,65a – (-8,35a) = 22a.

N.B:
En alimentation urbaine, la capacité du réservoir doit être prise au moins égale à
50 % de la plus forte consommation journalière (12a) sans la prise en compte d’autres
sujétions telle la réserve d’incendie.

Remarque :
On peut obtenir les mêmes résultats en utilisant toujours la méthode du bilan
hydrologique sur un cycle d’une journée hydrologique (qu’il faut déterminer) en
utilisant un intervalle de temps ∆t = 1heure. C’est ce que font les tableaux 3.4 et 3.5 ;
cette méthode a l’avantage d’indiquer le moment où le réservoir est pratiquement vide
et le moment où il est plein. Il donne une idée du niveau d’eau dans le réservoir aux
différentes heures de la journée sous l’hypothèse de la répartition admise pour la
demande journalière.

85
Tableau 3.4 – Détermination de la capacité théorique du réservoir (adduction
continue sur 24 heures)
Variation de Bilan
e
Période Adduction Distribution l’emmagasinement 1 journée 2e journée
∆S
0à1 a 0,125a +0,875 0 -4,375a
1à2 a 0,125a +0,875 0 -3,500a
2à3 a 0,125a +0,875 0 -2,625a
3à4 a 0,125a +0,875 0 -1,750a
4à5 a 0,125a +0,875 0 -0,875a
5à6 a 0,125a +0,875 0 0
6à7 a a 0 0 0
7à8 a 3,5a -2,5a -2,5a
8à9 a 3,5a -2,5a -5,0a
9 à 10 a 3,5a -2,5a -7,5a
10 à 11 a 3,5a -2,5a -10,0a
11 à 12 a 0,4a +0,6a -9,40a
12 à 13 a 0,4a +0,6a -8,80a
13 à 14 a 0,4a +0,6a -8,20a
14 à 15 a 0,4a +0,6a -7,6a
15 à 16 a 0,4a +0,6a -7,0a
16 à 17 a 2a -a -8,0a
17 à 18 a 2a -a -9,0a
18 à 19 a 0,5a +0,5a -8,5a
19 à 20 a 0,5a +0,5a -8,0a
20 à 21 a 0,5a +0,5a -7,5a
21 à 22 a 0,5a +0,5a -7,0a
22 à 23 a 0,125a +0,875a -6,125a
23 à 24 a 0,125a +0,875a -5,25a

86
Tableau 3.5 : Détermination de la capacité théorique du réservoir (adduction
continue de 20h à 6h : soit 10 heures)
Période Adduction Distribution Différence Bilan
e
1 journée 2e journée
0à1 2,4a 0,125a +2,275 0 -11,375a
1à2 2,4a 0,125a +2,275 0 9,10a
2à3 2,4a 0,125a +2,275 0 -6,825a
3à4 2,4a 0,125a +2,275 0 -4,550a
4à5 2,4a 0,125a +2,275 0 -2,275a
5à6 2,4a 0,125a +2,275 0 0
6à7 0 a -a -a
7à8 0 3,5a -3,5a -4,50a
8à9 0 3,5a -3,5a -8,0a
9 à 10 0 3,5a -3,5a -11,5a
10 à 11 0 3,5a -3,5a -15,0a
11 à 12 0 0,4a -0,4a -15,4a
12 à 13 0 0,4a -0,4a -15,8a
13 à 14 0 0,4a -0,4a -16,2a
14 à 15 0 0,4a -0,4a -16,6a
15 à 16 0 0,4a -0,4a -17,0a
16 à 17 0 2a -2,0a -19,0a
17 à 18 0 2a -2,0a -21,0a
18 à 19 0 0,5a -0,5a -21,5a
19 à 20 0 0,5a -0,5a -22,0a
20 à 21 2,4a 0,5a +1,9a -20,1a
21 à 22 2,4a 0,5a +1,9a -18,20a
22 à 23 2,4a 0,125a +2,275a -15,925a
23 à 24 2,4a 0,125a +2,275a -13,65a

3.4.4. Capacité pratique des réservoirs

La détermination de la capacité théorique du réservoir est basée sur une


répartition des débits de distribution qui peut varier d’une agglomération à une autre.
Comme il est très difficile de connaître avec précision les modalités de la
distribution, il est généralement recommandé en alimentation urbaine, de se rapprocher
(autant que faire se peut) d’une capacité correspondant à une journée de
consommation, augmentée éventuellement de la réserve d’incendie.

87
Il faut également prendre en compte « un volume mort » (fond du réservoir’
dont l’introduction de l’eau dans le réseau de distribution, correspondrait à une eau
chargée de dépôts et impropre à la consommation ; ce volume peut être estimé à une
tranche d’eau de l’ordre de 10 à 20 centimètres correspondant au fond du réservoir.
Cette capacité sera arrondie pour arriver à des chiffres comme 200 ; 500 ; 750 ;
1 000 m3, etc.
La hauteur de l’eau dans la cuve doit être comprise entre 3 et 6 m ; une hauteur
de 4 à 5 m est une bonne moyenne.
Les hauteurs exagérées qui donneraient, dans le réseau, des variations de
pression trop grandes, sont à éviter. Néanmoins, les réservoirs de grande capacité des
agglomérations importantes peuvent avoir des hauteurs d’eau de l’ordre de 7 à 10 m

3.5. Tentative de classification des réservoirs

Les réservoirs peuvent être classés de diverses manières suivant des critères
définis. Le tableau 3.6 montre quelques possibilités de classification.

Tableau 3.6 : Possibilités de classification des réservoirs

Situation par Disposition Rôle joué Pression d’air Matériaux de


rapport à la par rapport au-dessus du construction
distribution au sol plan d’eau utilisés

- Réservoir en - Souterrain - Réservoir - Pression - Maçonnerie


charge sur le principal atmosphérique
réseau - Semi enterré - Béton armé
ou précontraint
- Réservoir - Au sol - Réservoir - Contre-
nécessitant une d’équilibre pression d’air - Acier
surpression - Surélevé (ou disposé sur le
château d’eau) réseau_

On peut généralement considérer quatre classes de réservoirs

− Les réservoirs au sol (enterrés, semi - enterrés ou sur le sol) ; (figure 3.8).
Généralement, ils alimentent gravitairement le réseau de distribution.

88
Figure 3.8 : Réservoir cylindrique enterré

− Les réservoirs avec station de suppression associés ; ce sont généralement des


réservoirs au sol. Ils alimentent les réseaux de distribution nécessitant une
surpression.
− Les réservoirs surélevés (figures 3.9 et 3.10) Ce sont des réservoirs dont la cuve
est disposée sur une tour.
− Les réservoirs sous-pression où un dispositif de compresseurs d’air maintient au-
dessus du plan d’eau, une pression supérieure à la pression atmosphérique.

Figure 3.9 : Silhouettes de réservoirs surélevés


89
Figure 3.10 : Réservoir surélevé

3.6. Critères de choix des réservoirs

Divers facteurs interviennent dans le choix du type de réservoir :

− conditions topographiques de la région à desservir ;


− conditions hydrauliques de la distribution : volume du réservoir, pression à
assurer ;
− type de décideur : maître d’ouvrage, maître d’œuvre ou exploitant.
Les critères les plus souvent considérés pour le choix sont :

− les facteurs économiques : investissement, fonctionnement ;


− la sécurité d’approvisionnement ;
− la facilité d’exploitation ;
− les possibilités d’adaptation au réseau ;
− les possibilités d’insertion harmonieuse dans le site.

Le tableau 3.7 indique l’intérêt des divers types de réservoirs vis-à-vis de ces
critères.

90
Tableau 3.7 : Critères de choix des différents types de réservoirs
Réservoir en charge sur le Réservoir nécessitant une
réseau surpression

Réservoir avec Réservoir au


Réservoir au Réservoir
Critère contre- sol avec station
sol surélevé
pression d’air de surpression

. économie
- Investissement +++ + ++ ++
- Fonctionnement +++ +++ ++ +

. Sécurité
d’approvisionnement +++ +++ ++ +
. Facilité d’exploitation +++ ++ + +
. Possibilité
d’adaptation au réseau + + +++ +++
. Inscription dans le site +++ + ++ +++

+++ Solution favorable


++ Solution moyennement favorable
+ Solution peu favorable

3.7. Quelques principes de construction des réservoirs

Les réservoirs doivent être construits en matériaux durables. Ils doivent être
couverts, à l’abri des contaminations, des eaux souterraines d’infiltration, des pluies et
des poussières. Ils doivent être aérés tout en restant à l’abri du froid et de la chaleur et,
de plus, visitables. Il sera bon de prévoir un compartimentage pour faciliter les
nettoyages. Dans les réservoirs enterrés, ce compartimentage conduit à prévoir deux
cuves semblables dont l’ensemble fait la capacité totale. Dans les réservoirs surélevés,
on aménage deux cuves concentriques. Ils doivent, en outre, comporter une chambre
de manœuvre où sont rassemblés les organes de réglage nécessaires.

3.8. Equipements des réservoirs

Le tableau 3.8 présente une liste non exhaustive des équipements susceptibles
d’être installés dans un réservoir.

91
Tableau 3.8 : Equipements des réservoirs

Fonction Equipements

- Vannes diverses
- Clapet
- Equipement de trop plein
- Vidange
- Siphons pour réserve incendie
Hydraulique - Canalisation de liaison
- Compteur
- Clapet à rentrée d’air
- Purgeur d’air

- Niveau
- Débit
- Equipement de télétransmission
Exploitation
- Télécommande
- Poste de livraison électrique

- Appareil de manutention
- Joint de montage

Entretien - Eclairage
- Trappes de visite pour le personnel et le
matériel

- Trappes de visite pour le personnel et le


matériel
Nettoyage
- Equipements spéciaux pour le nettoyage
- Pompe d’alimentation en eau

92
Tableau 3.8 : Equipements des réservoirs (suite)

Fonction Equipements

- Equipements ou dispositions pour le


renouvellement de l’eau
- Equipements ou dispositions pour le
renouvellement de l’air
Qualité de l’eau
- Robinet de prélèvement
- Equipements de désinfection, analyseurs,
- Dispositifs de protection contre les actes de
malveillance et les instruisions

- Passerelle
- Echelle à crinoline
Sécurité lors des interventions - Garde-corps
- Ancrages pour harnais de sécurité
- Eclairage

- Suivant les réservoirs : compresseur d’air,


Divers protection thermique des équipements,
alarmes diverses

93
CHAPITRE 4

ADDUCTION DES EAUX

Rappel des objectifs du chapitre :


A la fin de ce chapitre, les élèves doivent maîtriser les notions :
de transport de l’eau en AEP ;
de canalisation en AEP ;
sur la spécificité des canalisations de transport d’eau en AEP ;
sur les stations de pompage en AEP ;
sur quelques problèmes spécifiques aux adductions en AEP.

4.1. Définition

L’adduction des eaux est le transport de ces dernières du point où elles se


trouvent au point où on veut l’avoir (l’amener).
Dans un système d’AEP, on peut considérer l’adduction sous trois formes :

− le transport des eaux brutes (non traitées) des zones de captage aux zones
(stations) de traitement ;
− le transport des eaux potables (eaux traitées) des zones (stations) de traitement aux
zones de distribution (des utilisateurs) ;
− le transport des eaux potables des zones de captage aux zones de distribution.
Jean – Loupe rapporte que « l’exemple de système d’adduction de grande
envergure reste certainement celui de l’état de Californie. Dans cette région, 70% des
ressources en eau sont situées au nord alors que plus de 77% de la consommation se
trouve au sud. Ce vaste complexe comprend les éléments suivants :

− 1 065 km d’aqueducs,
− 16 réservoirs,
− 5milliards de KWh de production,
− 1 barrage de 213m de hauteur de chute,
− un système d’évaluation de 610m pour le passage d’un col,
− 105 km de canaux à ciel ouvert,
− de nombreux tunnels ».
94
4.2. Types d’aqueducs

Les aqueducs peuvent être des canalisations en charge, des canaux ouverts et
des tunnels ou galeries. Le choix entre ces diverses solutions est essentiellement
économique ; il s’agit de déterminer la configuration la plus rentable eu égard aux
éléments suivants :

− Topographie
− Charge hydraulique disponible
− Méthodes de construction
− Coût initial et d’exploitation
− Qualité de base de l’eau captée
− Risque de contamination lors du transport.

4.2.1. Canaux à surface libre

C’est une méthode de transport de l’eau à la pression atmosphérique ; le


gradient hydraulique est égal à la pente de la surface libre. Son choix est déterminé
par :

− Une topographie permettant un écoulement gravitaire avec excavation et


remblayage minimum, lors de l’établissement du canal.
− Une hauteur de chute hydraulique suffisamment faible pour permettre de garder
dans la mesure du possible, l’écoulement en régime fluvial.
Ces installations doivent être étanches pour éviter la contamination et les fuites
de l’eau durant le transport. Elles sont généralement utilisées pour le transport des
eaux brutes (non traitées).

4.2.2. Canalisation en charge

Elles servent à transporter l’eau sous pression. On les utilise généralement pour
transporter l’eau brute, lorsque la topographie ne permet pas l’établissement des
canaux à surface libre et que les hauteurs de chutes sont élevées ou que le déplacement
de l’eau nécessite la mise sous pression de cette dernière. Construites en béton
précontraint, en acier, en fonte ou en fibrociment d’amiante, elles sont soit enterrées
soit posées sur le sol. Un aqueduc constitué en tout ou en partie de canalisations en
charge, nécessite l’utilisation d’un grand nombre d’éléments ou d’équipements
annexes ; entre autres :

95
− Vanne de cantonnement
− Clapets non – retour
− Soupapes de purge (points hauts)
− Drains de vidange (points bas)
− Equipements contre les coups de bélier
− Joints d’expansion
− Joints d’étanchéité
− Trappes de visite
− Station de pompage
− Etc.

4.2.3. Tunnels

Ils permettent la traversée des montages et des cours d’eau, ils peuvent
fonctionner à surface libre ou en charge. Leur faisabilité est liée à la qualité du roc.

4.3. Considérations hydrauliques

Comme il s’agit du transport de l’eau, les équations courantes d’écoulement


doivent être rappelées.

4.3.1. Ecoulement en charge

4.3.1.1. Lignes de charge ou diagramme d’énergie

L’équation de Bernoulli, développée à partir du principe de la conservation de


l’énergie, s’énonce, en considérant deux points de l’écoulement le long d’une
canalisation :

A B

96
PA VA2 P V2
HA = + zA + = B + z B + B + ∆H AB = H B + ∆H AB
ω 2g ω 2g

Dans cette expression :


H = hauteur ou charge totale
P
= hauteur ou charge de pression
ω
z = hauteur ou charge de position (ou d’élévation)
P
+ z = hauteur ou charge piézométrique
ω
V = vitesse de l’écoulement
g = accélération gravitationnelle
∆Η AB = perte de charge totale entre les points A et B.

La perte de charge totale est la somme des pertes de charge linéaire ∆Hf et des
pertes de charge singulières (ou locales) ∆HL.
Diverses formules permettent la détermination de ces pertes de charge. Elles
n
sont de la forme : ∆H f = K f Q

A partir de l’équation de l’énergie, on peut déterminer et représenter


graphiquement la variation des charges (totale et piézométrique) le long d’une
canalisation (figure 4.2).

V A2 ∆H AB
2g

VB2
HA 2g
P A
ω PB HB
ω
B
A Canalisation

ZB
ZA
Niveau de référence zéro ; z=0

Figure 4.2 Diagramme d’énergie ou lignes de charge

97
4.3.1.2. Perte de charge linéaire (ou par frottement)

a) Formule universelle
Karman et Prandtl ont apporté une grande contribution à la compréhension du
phénomène de perte de charge ; ils ont proposé en 1930, ce qu’il convient d’appeler
aujourd’hui, la formule universelle ; sa forme générale dans le cas des écoulements en
charge est :
2
λ V
j =
4R h 2g
avec
∆H f
j = pertes de charge par unité de longueur ( ) ; sans dimension.
L
∆Hf = perte de charge linéaire (due essentiellement au frottement et à la turbulence
dans le cas des écoulements turbulents) ; en mètres
L = longueur de la canalisation en mètres.

Ainsi, ∆ H f = jL ; en mètres

V = vitesse moyenne de l’écoulement dans la canalisation ; en m/s


λ = coefficient de frottement (ou facteur de frottement)
S
Rh = rayon hydraulique = ; en mètres.
P
S = section mouillée ou section transversale (m2)
P = périmètre mouillé (m)
g= accélération de la gravité
Dans certains ouvrages, la formule universelle prend le nom de formule de
Colebrook ou formule de Darcy – Weisbach ; tous ces auteurs ont apporté
d’importantes contributions dans l’élaboration de cette formule.
Lorsque la section de la canalisation est circulaire, on trouve

D
Rh =
4
NB : Dans la suite, pour alléger le texte, le rayon hydraulique sera noté R au lieu de
Rh.

98
L’expression de la formule universelle devient alors :

λ V 2
j =
D 2g
ou
λL V 2
∆ H =
D 2g
D = diamètre de la canalisation
En exploitant l’équation de continuité
Q = VS

Q 4Q
On trouve V= =
S 2
πD

La formule universelle prend alors la forme :

8λ L
∆H =
2 5
gπ D

ε
Le coefficient de rugosité λ qui est fonction de la rugosité relative ( ) et du
D
VD
nombre de Reynolds ( R e = pour les sections circulaires) peut être déterminé à
υ
partir du diagramme de Moody (figure 4.3) ou bien par la formule de Colebrook.

1 ε 9, 35
= 1,14 − 2 log10 ( + )
υ D Re υ

υ est la viscosité cinématique du liquide en m2/s


En posant

8λ L
Kf =
2 5
gπ D

On peut finalement mettre l’expression de la perte de charge linéaire sous la


forme :
2
∆H f = K f Q

99
Figure 4.3 Diagramme de Moody

NB :

La formule universelle, compte tenu de la rigueur utilisée dans son


développement devrait donner des résultats plus précis que les autres formules ;
malheureusement son utilisation bute généralement sur les difficultés dans la
détermination du coefficient de frottement λ.

b) La formule de Manning – Strickler


La formule de Strickler est donnée par l’expression :

100
2 1
V = ks R h 3 j2

∆H f D
avec j= et Rh = dans le cas d’une section circulaire.
L 4
ks = coefficient de Strickler
On obtient après par substitution et réarrangement des termes :
4/3
(4) L 2
∆Η f = V
2 4/3
ks D

4Q
ou en remplaçant V par
2
πD

10 / 3
4 L 2 10, 29359L 2
∆Η f = Q = Q
2 2 16 / 3 2 16 / 3
π ks D ks D

10, 294 L 2
∆Η f = Q
2 16 / 3
ks D

Et en posant :

10, 294 L
Kf =
2 16 / 3
ks D
on peut écrire

2
∆Η f = K f Q

La formule de Manning est presque identique à celle de Strickler ; elle est


donnée par la relation
2 1
1
V = R h 3 j2
n

1
avec n (coefficient de Manning) =
ks

101
c) Formule de Hazen - Williams
Surtout utilisée en Amérique du Nord (S.A), cette formule s’écrit :
0,63 0,54
V = 1, 318CR j

Avec
V = vitesse en pied/s
C = coefficient de Hazen - Williams (sans dimension)
R = rayon hydraulique en pied
j = ∆H/L, pente de la ligne d’énergie, rapport de la perte de charge ∆H sur la longueur
L (sans dimension)
La version de cette équation en système international (SI) s’écrit :
0,63 0,54
V = 0, 8492CR j
Avec V en m/s et R en m.
Dans le cas d’une conduite circulaire, on obtient une formule de débit :

Q = 0, 4322CD2,63 (∆Η / L)0,54 [S.A]

2,63 0,54
Q = 0, 2785CD ( ∆Η / L) [S.I]

Tout comme pour les autres formules, on peut tirer :

L 1/ 0,54
∆Η f = Q
2,63 1/ 0,54
[0, 2785CD ]

10, 692L 1,852


∆Η f = Q
1,852 4,87
C D
et en posant
10, 692L
Kf =
1,852 4,87
C D

La perte de charge linéaire est donnée par


1,852
∆Η f = K f Q

avec D, le diamètre de la conduite respectivement en pieds ou en mètres.

102
NB : 1pied = 12pouces ; 1pouce = 2,54cm
1pied = 30,48cm = 0,305m
1m = 3,281pieds.
Le coefficient de Hazen – Williams est directement proportionnel au débit et
dépend de la rugosité de la conduite ; il peut varier avec l’âge de cette dernière, en
voici quelques exemples :
Matériau C
Fonte neuve 130
Fonte (5ans) 120
Fonte (20ans) 100
Béton 130
Acier neuf 120
Ciment d’amiante 140
Chlorure de polyvinyle (PVC) 150

4.3.1.3. Pertes de charge singulières ou locales

Comme son nom l’indique, ce sont des pertes de charge qui se produisent
localement. Elles arrivent dans les singularités comme :

− Les changements de section


− Les changements de direction
− Les accessoires comme les robinets – vannes
− Etc.
Elles sont déterminées par l’expression de forme générale:
2
V
∆Η L = K L
2g
ou pour les conduites de section circulaire,

8K L 2
∆Η L = Q
2 4
gπ D

et en posant

103
' 8K L
KL =
2 4
gπ D
on trouve
' 2
∆Η L = K L Q

pour chaque singularité.


Le coefficient KL, déterminé expérimentalement est donné dans des tableaux ; il
dépend de la nature et de certaines caractéristiques de la singularité ; par exemple, la
forme de l’ouverture d’une vanne ou l’angle d’ouverture d’un coude.
Les pertes de charge singulières sont généralement faibles dans les systèmes
d’adduction ; on ne les considère que lorsqu’elles deviennent importantes.

4.3.1.4. Perte de charge totale

C’est la somme des pertes de charge linéaire et des pertes de charge singulières.
Autrement dit,

∆Η = ∆Η f + Σ∆Η L

Comme on le verra au chapitre 5 (Distribution), dans le calcul des systèmes


d’AEP, on considère, en première approximation, que la somme des pertes de charge
singulières (Σ∆HL) représente un pourcentage des pertes de charge linéaires (∆Hf).
Cette considération peut s’expliquer de la façon suivante :

∆Η = ∆Η f + Σ∆Η L

ce qui peut encore s’écrire


∆Η
∆Η = ( ∆Η f + Σ∆Η L )
∆Η

∆Η f Σ∆Η L
=( + ) ∆Η
∆Η ∆Η

Posons :
∆Η f ∆Η f
x= ⇒ ∆Η =
∆Η x
Σ∆Η L
y=
∆Η

104
On peut donc écrire

∆Η f
∆Η = ( x + y ).
x
ou
y
∆Η = (1 + ) ∆Η f
x
y
en posant =α
x
on trouve finalement

∆Η = (1 + α ) ∆Η f

En remplaçant ∆Hf par son expression, on trouve


n
∆Η = (1 + α ) K f Q

et en posant
K = (1 + α ) K f

On trouve finalement
n
∆Η = KQ
K est appelé par certains auteurs, la résistance de la conduite.

4.3.1.5. Quelques exemples de diagrammes d’énergie

a) Conduite de diamètre variable entre deux réservoirs


Dans cette configuration, on peut évaluer le débit qui passe d’un réservoir à
l’autre en utilisant l’équation de Bernoulli (figure 4.4).
Sachant que la charge dans le réservoir du côté A est :
2
PA VA
ΗA = + ZA +
ω 2g
Et que pour le côté B :
2
PB VB
ΗB = + ZB +
ω 2g
on obtient
Η A − Η B = ∆Η

105
2
V
2g

∆H

P/γ
2
V
2g

P/γ
A

Z
B

Figure 4.4 Canalisation formée de 2 conduites entre deux réservoirs

La perte de charge totale est composée de la perte par frottement dans la


première conduite de longueur L1 et diamètre D1, la perte par frottement dans la
deuxième conduite de longueur L2 et de diamètre D2 et la perte de charge singulière
dans le rétrécissement entre les 2 conduites :

8 λ L1 λ L2 K L
∆Η = ( + + )
2 5 5 4
π g D1 D2 D2

d’où
g(H A − H B )
Q=π
λ L1 λ L2 KL
8( + + )
5 5 5
D1 D2 D2

b) Conduite entre deux réservoirs avec une vanne de réglage du débit sur le
réservoir aval (figure 4.5).

En raisonnant de la même façon qu’en a) on trouve :

106
8 λL KL 2
∆Η = ( + )Q
2 5 4
π g D D

d’où :

π g(H A − H B )
Q=
2 λL
D 8( + KL )
D

Dans un robinet – vanne, le coefficient varie de près de zéro à l’infini.

2
V
2g

∆H

P/γ
2
V
2g

P/γ

Figure 4. 5 : Conduite entre deux réservoirs avec une vanne de réglage du débit sur le
réservoir aval

c) Conduite entre un réservoir et une sortie à l’air libre (figure 4.6)

Ici puisque l’écoulement sort en B à la pression atmosphérique, Pb = 0 et Vb est


inconnu (comme on n’arrive pas dans un réservoir dont le niveau est connu, le niveau
de charge nette est inconnu).

107
2
V
∆H
2g

P/γ

2
V
2g

Figure 4.6 : Conduite entre un réservoir et une sortie à l’air libre

En admettant une vitesse constante le long de la conduite, on peut écrire :


2
VB
H A − ( zB + ) = ∆Η
2g
en posant
2
2 Q
V =
2
S
avec, pour une conduite circulaire :
2
πD
S=
4

on obtient :
8 λL 2
H A − zB = (1 + )Q
2 4
gπ D D

on trouve finalement :

g (H A − zB )
Q = πD
λL
8(1 + )
D

108
4.3.1.6. Conduites équivalentes

Très souvent, avant d’entreprendre l’analyse d’un réseau d’AEP, il devient


important de le simplifier en substituant à un ensemble de conduites, une seule
conduite appelée « conduite équivalente » ; il s’agit d’une conduite virtuelle dont le
comportement hydraulique est identique à l’ensemble des conduites réelles.
a) Conduites en série

1 2 m

A B

− La perte de charge totale sur une canalisation formée de m conduites en série, est
égale à la somme des pertes de charge sur chacune des m conduites
∆HT = ∆H1 + ∆H 2 + .......... + ∆H m

− Le débit est le même dans toutes les conduites


QT = Q1 = Q2 = .......... = Qm

− La perte de charge est liée au débit par une relation du type


n
∆Η = KQ

En désignant par Ke la résistance de la conduite équivalente, la perte de charge


totale sur toute la canalisation devient
n n n n
∆ΗT = K e Q = K1Q1 + K 2 Q2 + .......... K n Qm
T

Mais comme les débits sont les mêmes, on a :


n n
∆ΗT = K e Q = K1 + K 2 + .......... K m )Q
T

d’où l’on tire


K e = K1 + K 2 + .......... K m

Ke = ΣK i

109
b) Conduites en parallèle
1

− La perte de charge est la même sur chaque conduite i


∆ΗT = ∆Η1 = ∆Η 2 = .......... = ∆Η m

− Le débit total est la somme des débits dans chaque conduite


QT = Q1 + Q2 + ..........Qm

− Le débit est lié à la perte de charge par une relation du type


β
Q = T ∆Η

En effet de la relation
n
∆Η = KQ

on tire :
1 1/ n 1/ n
Q=( ) ∆Η
K

et en posant :
1 1
β = T =
β
n K

On trouve finalement
β
Q = T ∆Η
T est appelé la conductance de la conduite
On peut donc écrire

β β β
QT = T1∆Η1 + T2 ∆Η + .......... + Tm ∆Η
2 m

110
Et comme toutes les conduites ont les mêmes pertes de charge, on trouve :
β β
QT = Te ∆ΗT = (T1 + T2 + .......... + Tm ) ∆Η T

D’où l’on tire


Te = T1 + T2 + ..........Tm

Te = ΣTi

4.3.2. Ecoulement à surface libre

4.3.2.1. Formule de Manning – Strickler

L’équation de Manning – Strickler est la plus utilisée dans les calculs portant
sur les écoulements à surface libre, généralement lorsque la pente du canal est
inférieure à 10% et que le régime est permanent uniforme ; son expression générale est
de la forme :

1 2 / 3 1/ 2
V = R I
n
n = coefficient de Manning
S
R = rayon hydraulique =
P
S = section mouillée
P = périmètre mouillé
I = Pente longitudinale (du fond du canal)

4.3.2.2. Formule de Bazin

En Europe, on utilise beaucoup la formule de Bazin dont l’expression est :

87 RI
Q=S
γ
1+
R
Avec
S = section mouillée (m2)
γ = coefficient de frottement de Bazin (compris généralement entre 0,12 et 0,16).

111
Remarque :
La formule de Manning – Strickler aussi bien que celle de Bazin sont deux
types de la formule de Chézy dont l’expression est :

V = C RI

Avec
C = coefficient de Chézy
1 1/ 6
Dans le cas de Manning : C = R
n

Dans le cas de Strickler : C = k s R


1/ 6

87 R
Dans le cas de Bazin : C =
γ+ R

Les tableaux 4. 1 à 4. 3 donnent certaines valeurs des coefficients de Manning,


de Strickler et de Bazin compte tenu de la nature des canalisations.

Tableau 4.1 : Valeurs du coefficient de Bazin


Nature des parois Valeur du coefficient
Enduit de ciment parfaitement lisse 0,06
Revêtement en pierres de taille 0,16
Canaux demi-circulaires en béton 0,30
Revêtement de maçonnerie ordinaire - perré 0,46
Canaux en terre bien conservées 1,00
Canaux en terre enherbés 1,30
Canaux en terre sans entretien - colatures 1,75
Canaux d'entretien très négligé formes dégradées 2,30

112
Tableau 4. 2 : Valeur de «n» pour la formule de Manning
Nature des parois Etat des parois
Désignation des canaux Très bon Bon Assez bon Mauvais
Ciment lissé 0,010 0,011 0,012 0,013
Mortier de ciment 0,011 0,012 0,013 0,015
Aqueduc en bois raboté 0,010 0,012 0,013 0,014
Aqueduc en bois non raboté 0,011 0,013 0,014 0,016
canaux revêtus de béton 0,012 0,014 0,016 0,018
Moellons bruits assemblés au ciment 0,017 0,020 0,025 0,030
Pierres sèches 0,025 0,030 0,033 0,035
Moellons adressés 0,013 0,014 0,015 0,017
tôle plissée demi-circulaire 0,022 0,025 0,027 0,030
tôle liesse demi-circulaire 0,011 0,012 0,013 0,015
Canaux et fossés en terre 0,017 0,020 0,022 0,025
Canaux et fossés avec pierres lisses 0,025 0,030 0,033 0,035
Canaux et fossés avec pierres rugueuses 0,035 0,040 0,045 0,050
Canaux en terre à larges méandres 0,022 0,025 0,027 0,030
Canaux en terre draguée 0,025 0,027 0,030 0,033
Canaux avec lit de pierres enherbés 0,025 0,030 0,035 0,040
Canaux à fond en terre et rive empierrées 0,028 0,030 0,033 0,035

Tableau 4.3 : Valeur du coefficient de Strickler


n ks n ks
0,010 100 0,030 33
0,011 91 0,033 30
0,012 83 0,035 29
0,013 77 0,040 25
0,014 71 0,045 22
0,015 67 0,050 20
0,016 63 0,055 18
0,017 59 0,060 17
0,018 55 0,070 14
0,019 53 0,075 13
0,020 50 0,080 12
0,022 45 0,090 11
0,025 40 0,100 10
0,027 36 0,125 8
0,028 36 0,150 7

113
4.3.2.3. Profondeur normale

La notion de profondeur normale permet la détermination des conditions


d’écoulement dans un canal pour un débit donné. A partir de l’expression du débit, on
obtient une relation qui n’est vérifiée que par une profondeur hm compte tenue de la
géométrie de la section et de la pente longitudinale I du canal. A partir de l’équation de
Manning par exemple, on a :

1 2 / 3 1/ 2
Q= S ( hn )[ R ( hn )] I
n
Avec
S (hn) = section mouillée, fonction de la profondeur normale hn
R (hn) = rayon hydraulique, fonction de la profondeur normale hn

La résolution d’une telle équation (non linéaire) fait généralement appel aux
méthodes numériques.

4.3.2.4. Section optimale (ou section de débit maximum ou


section la plus efficace)

Dans le but d’optimiser les dimensions de la section d’écoulement d’un canal,


on cherche à maximiser le rayon hydraulique R en considérant la section mouillée
constante ; il faut donc minimiser le périmètre mouillé. Dans le cas des sections
trapézoïdales isocèles (figure 4.6) on a trouvé que ce résultat est obtenu lorsque

h
R=
2
L

1 1
m m

Figure 4.6 : Section trapézoïdale isocèle

De cette relation, on déduit les autres caractéristiques géométriques de la


section mouillée :

114
h
R=
2

2
b = 2h( 1 + m − m)

2
L = 2h 1 + m

2 2
S = h (2 1 + m − m )

2
P = 2 h (2 1 + m − m )

4.4. Hauteur d’élévation HP d’une pompe (charge fournie par la


pompe)

∆H2
Zb
B

HP ∆H5

ZA 2

∆H1
A

1
Pompe

Figure 4.7 : Schéma de principe d’une pompe refoulant l’eau du réservoir A vers le
réservoir B

Dans le cas d’une pompe refoulant l’eau du réservoir A vers le réservoir B, sous
l’hypothèse que les niveaux d’eau dans les réservoirs restent constants, on peut
déterminer la charge effectivement fournie par la pompe en considérant :

− d’une part, la courbe caractéristique de la pompe,


− et d’autre part, une équation liant le débit de pompage à la hauteur d’élévation HP

115
Hp Courbe de la perte de charge

Hp
Courbe caractéristique
de la pompe

Qp Q

Figure 4.8 : Courbe hauteur – débit de pompage

Les courbes caractéristiques des pompes sont généralement fournies par le


fournisseur de la pompe, elle peut être de la forme :

2
H P = H 0 + BQ + CQ

avec
Hp = hauteur d’élévation
Q = Débit de pompage
B et C des coefficients.

La courbe des pertes de charge exprime la variation de la charge d’élévation Hp


en fonction de la variation des pertes de charge (∆HAB) qui elles mêmes sont fonction
du débit et des caractéristiques des canalisations (Résistance de la conduite K).

H P = ∆H S + ∆H AB

∆H S = Hauteur statique (H B − H A = Z B − Z A )
2
∆H AB = ∆H1 + ∆H 2 = ( K1 + K 2 )Q

Finalement,
2
H P = ∆H S + ( K1 + K 2 )Q

116
Le point de fonctionnement est le point d’intersection des deux courbes, de
coordonnées (Q, Hp).
Le débit de pompage dépend donc des caractéristiques de la pompe mais aussi
de celles des canalisations dont dépend la perte de charge.

4.5. Durée de vie des équipements

Le tableau 4. 4 présente la durée de vie utile de certains équipements,


généralement considérée en Amérique du Nord.
Tableau 4. 4 : Durée de vie des équipements d’AEP
Equipements Vie utile (an)
Barrage et tunnel 50 – 75

Conduite d’adduction 25 – 50

Usine de filtration 20 – 25

Conduite > 300mm 25 – 30

Conduite < 300mm 15 – 20

Poste de pompage 15 – 20

Pompe 5 – 10

4.6. Les stations de pompage

4.6.1. Conditions d’établissement de la conduite de


refoulement

4.6.1.1. Conditions techniques

4.6.1.1.1. Tracé

En vue de l’établissement de la conduite de refoulement, il y aura lieu de tenir


compte de certains impératifs que l’on s’efforcera, dans la mesure du possible, de
respecter.

117
Tout d’abord, il importe de rechercher un profil en long aussi régulier que
possible, établi, de préférence, avec une rampe toujours dans le même sens vers le
réservoir d’accumulation.
Il y a lieu d’éviter, en effet, les contre-pentes qui, au droit du point haut ainsi
formé, peuvent donner lieu, en exploitation, à des cantonnements d’air plus ou moins
difficiles à évacuer.
De plus, en cas d’arrêt inopiné, et si les dispositions prises pour s’opposer aux
effets du coup de bélier n’ont pas été suffisantes, il peut apparaître en ces points hauts,
en régime transitoire, par suite de la dépression régnant dans la conduite, une
cavitation entraînant une rupture de la veine liquide pouvant occasionner des
éclatements de canalisation au cours de la phase de surpression qui succède.
Le tracé idéal est celui qui correspond à une rampe régulière de la station de
pompage vers le réservoir (Figure 4.9).

Figure 4.9 : Profil de conduite régulièrement ascendant

Enfin, si le tracé ne peut être accepté que moyennant une succession de points
hauts, des cantonnements d’air seront à craindre en A et B (Figure 4.10) et un ou
plusieurs dispositifs anti – bélier pourront être éventuellement installés, si l’étude
montre la possibilité d’une cavitation en ces points.
R

Figure 4.10 : Profil quelconque

118
Dans certains cas, la topographie des lieux imposera une adduction mixte
refoulement – gravitaire. Ce pourra être le cas lorsque la distance entre le point de
puisage et le réservoir est importante, ce qui suppose un profil accidenté.
Nous aurons, par exemple, les cas suivants :

− Le puisage est situé au pied d’un coteau plus élevé que le réservoir (Figure 4.11).
Un réservoir intermédiaire R1 recevra l’eau provenant de la conduite de
refoulement SR1. L’eau s’écoulera ensuite par gravité jusqu’en R2.
R1

R2

Figure 4.11 : Adduction mixte refoulement - gravitaire

− Le puisage est à flanc de coteau (Figure 4.12). Le tronçon PS sera gravitaire et SR


constituera la conduite de refoulement.
R

P S

Figure 4.12 Adduction mixte gravitaire - refoulement

4.6.1.1.2. Profil piézométrique du refoulement

Soit une pompe P qui élève l’eau entre deux plans situés aux altitudes z0 et z3.
Déterminons la valeur de l’énergie H qu’il y a lieu de communiquer à l’eau en vue
d’accomplir ce travail. Appliquons à cet effet le théorème de Bernoulli (Figure 4.13) :

− entre le plan 0 et le plan 1 situé à l’entrée de la pompe ;


− entre le plan 1 et le plan 2 situé à la sortie de la pompe ;
− entre le plan 2 et le plan 3 d’arrivée au réservoir.

119
X A X'

Ja + Jr

3
R
Z3 P3 V3

H
Z3
Hg

2 Z2 P2 V2
Z1 P1 V1 P Z2
1
Z1
0
Z0 P0 V0
Z0
Plan de référence

Figure 4.13 : Profil piézométrique d’une conduite de refoulement

On a :
P0 V 02 P V 2
z0 + + = z1 + 1 + 1 + ε a
ϖ 2g ϖ 2g
Si εa représente les pertes de charge entre les plans 0 et 1.

P1 V 12 P V 2
z1 + + + H = z2 + 2 + 2 + ε r
ϖ 2g ϖ 2g
Si εr représente les pertes de charge entre les plans 1 et 2.
On en déduit par addition :

2 2
 P − P0   V 2 − V 0 
H = ( z2 − z0 ) +  2  +   + ε r + ε a
 ϖ   2g 
Au niveau d’aspiration, l’eau est immobile, donc V0 = 0.

2
 P − P0   V 2 
H = ( z2 − z0 ) +  2  +   + ε r + ε a
 ϖ   2 g 
Appliquons enfin le théorème de Bernoulli entre les plans 2 et 3.

P2 V 22 P V 2
z2 + + = z3 + 3 + 3 + ε R
ϖ 2g ϖ 2g
Si εR représente les pertes de charge entre les plans 2 et 3.
En définitive, on obtient :
2 2
 P − P0   V 3 − V 0 
H = ( z3 − z0 ) +  3  +   + ε r + ε a + ε R
 ϖ   2g 

120
Or, P3 = P0 = pression atmosphérique, la conduite débouchant à l’air libre et, de plus,
2
V0 = 0 et V 3 est négligeable. Il reste, si l’on appelle :
2g
z3 = z0 = Hg ou hauteur géométrique
ε a = Ja ou pertes de charge à l’aspiration
εr + εR = Jr ou pertes de charge au refoulement

H = H g + Ja + Jr
H s’appelle hauteur manométrique totale ou hauteur nette d’élévation et représente
donc l’énergie globale à mettre en jeu au départ de pompe pour élever l’eau jusqu’au
réservoir.

4.6.1.2. Conditions économiques

Du point de vue économique, conduite de refoulement et station de pompage


sont liées.
En effet, plus le diamètre de la conduite est petit pour un même débit à relever,
plus la perte de charge Jr sera grande, plus le moteur d’entraînement devra être
puissant, donc, plus l’énergie dépensée sera importante.
Il est donc intuitif qu’il existe un diamètre économique pour la conduite de
refoulement résultant d’un compromis entre les deux tendances suivantes :

− les frais d’amortissement de la conduite, qui croissent avec le diamètre de la


canalisation ;
− les frais d’exploitation de la station de pompage, qui décroissent quand le diamètre
augmente, par suite de la diminution des pertes de charge.
Une formule très simple permet de dégrossir le problème. C’est la formule dite
de Bresse qui donne le diamètre économique D en mètres d’une conduite refoulant un
débit Q en m3/s.

D = 1, 5 0 Q
On peut aussi noter la formule de VIBERT
0,154 0,154
n e
Din = 0,99   ×  × Q0,46
A f 
Din = Diamètre intérieur en m
n = temps de pompage en heures/24

121
e = prix du kWh
f = prix du kilogramme de conduite
A = Valeur de l’annuité constante du remboursement d’un emprunt d’une unité
de monnaie
Q = débit en m3/s.

4.6.2. Les pompes

Nous n’aurons en vue, sous cette dénomination, que les pompes centrifuges, les
plus universellement utilisées, laissant de côté les pompes volumétriques ou pompes à
piston.

4.6.2.1. Constitution d’une pompe centrifuge et principe de


fonctionnement

Une pompe centrifuge est construite pour répondre à des conditions précises de
fonctionnement : débit Q à élever à une hauteur H.
D’une façon générale, une pompe comporte :

− Un organe mobile, la roue, encore appelée turbine, ou impulseur, ou rotor :


− Des organes fixes à savoir :
• un diffuseur encore appelé stator ;
• des canaux de retour.
Quand la pompe ne comporte qu’une seule cellule, elle est dite monocellulaire
et se compose d’une volute, ou corps de pompe, qui joue le rôle du diffuseur de la
pompe multicellulaire (Figure 4.14).
La roue est formée d’aubages dont la concavité de la courbure est dirigée à
l’opposé du sens de rotation.
Le principe de fonctionnement d’une pompe centrifuge est le suivant :
Supposons la pompe pleine d’eau. Sous l’effet de la rotation de la turbine,
entraînée par le moteur, l’eau, qui arrive dans la région axiale, ou oeillard, est projetée
à la périphérie et, de ce fait, engendre une dépression, ce qui provoque un appel des
tranches suivantes et, par suite, un écoulement continu de la veine liquide, laquelle est
recueillie par la volute ou par le diffuseur, et dirigée dans la conduite de refoulement.

122
Figure 4.14 : Pompe monocellulaire

4.6.2.2. Rôle des différents organes d’une pompe


multicellulaire

− Considérations sur les vitesses et les angles de la turbine (Figure 4.15)

La turbine est animée d’une certaine vitesse de rotation ω qui lui est
communiquée par le moteur qui l’entraîne.
Considérons un aubage de cette turbine ; la vitesse tangentielle au droit des
points d’entrée (1) et de sortie (2) de l’aubage est proportionnelle aux rayons de la
roue relatifs à ces points :

U1 = ωr1
U2 = ωr2

Figure 4.15 : Triangles de vitesses et angles caractéristiques

123
Quant à l’eau, qui remplit l’espace compris entre deux aubages successifs, elle
est animée, du fait de la rotation, d’une vitesse relative W par rapport à ces aubages et
qui se compose de la vitesse tangentielle, ou d’entraînement, précédente pour donner
une vitesse absolue V.
C’est ainsi qu’aux points (1) et (2) ci-dessus, on aura :

− à l’entrée de l’aubage, en (1), les vitesses U1, W1 et V1 ;


− à la sortie de l’aubage, en (2), les vitesses U2, W2 et V2.
Pour que l’écoulement s’effectue sans heurts, W1 et W2 devront être tangents à
l’aubage, respectivement à l’entrée et à la sortie, ce qui permettra de tracer cet aubage.
A l’entrée de la roue, l’eau pénètre à peu près radialement dans la turbine. En
conséquence, sa vitesse absolue V1 formera, avec U1, un angle α1 très voisin de 90° et
W1 sera déterminé par la règle du parallélogramme.
L’homologue, à la sortie de la roue, de l’angle α1 est l’angle α2. Sa valeur
permettra de tracer l’aubage du diffuseur faisant suite à la turbine.

− Rôle de la turbine
Nous allons démontrer que l’énergie transmise à l’eau, grâce à la rotation de la
turbine, a pour effet d’augmenter, à la fois, la pression et la vitesse de l’eau.
Appliquons au mouvement absolu de l’eau entre les aubages le théorème des
moments des quantités de mouvement par rapport à l’axe de la pompe.
A l’instant t, la masse d’eau contenue entre deux aubages occupe un espace
limité par la section abcd et, à l’instant (t + dt), un espace limité par la section a’b’c’d’
(Figure 4.16).

c' a'
c a
b
b'

d
d'

Figure 4.16 : Section abcd = section a’b’c’d’

124
La variation des moments de quantité de mouvement entre ces deux périodes
est :

dm (V2 r2 cos α 2 − V1 r1 cos α 1 )

Le moment des forces extérieures par rapport à l’axe de la pompe représente le


couple C :

dm
(V2 r2 cos α 2 − V1 r1 cos α 1 ) = C
dt

En considérant la totalité des aubages dans lesquels circule un débit Q (m3/s), la


masse volumique de l’eau étant prise égale à 1000 kg/m3 :
dm = 1000 Q dt
En conséquence, la variation des moments de quantité de mouvement peut
s’écrire :

1000 Q (V2 r2 cos α 2 − V1 r1 cos α 1 ) = C

Or, si P est la puissance, en joules/s, absorbée par une pompe refoulant un débit
Q (m3/s) à une hauteur théorique Ht, nous avons :

P = C ω = 1000 Q H t g

1000 Q H t g
d’où : C =
ω

et nous pouvons écrire la relation des moments comme suit :

1000 Q (V2 cos α 2 ω r2 − V1 cos α 1ω r1 ) = 1000 Q H r g

Aussi, ω r1 = U1 et ω r2 = U1

Donc, après simplification :

V2 U 2 cos α 2 − V1 U 1 cos α 1
Ht =
g

C’est l’équation d’Euler.


Avec α1 = 90°, l’expression se simplifie et devient :

125
V2 U 2 cos α 2
Ht =
g

Or, dans le triangle des vitesses, à la sortie, nous avons :

W22 = U 22 + V22 − 2 U 2 V2 cos α 2


L’expression d’Euler avec α1 = 90° devient en définitive :

V22 − V12 V12 + U 22 − W22


Ht = +
2g 2g

Le premier terme de cette somme caractérise une augmentation de l’énergie


cinétique par suite d’une augmentation de la vitesse.
Le deuxième terme caractérise un accroissement de pression.

− Rôle du diffuseur
Le diffuseur a pour rôle de transformer en pression une partie de la grande
vitesse V2 de l’eau à sa sortie de la turbine.
A cet effet, et pour que l’eau parvienne à l’entrée de la cellule suivante avec la
même vitesse V1 qu’elle possédait à l’entrée de la cellule précédente, afin d’avoir
autant de cellules identiques, il suffit de diminuer progressivement V2 à l’intérieur du
diffuseur, jusqu’à obtenir la vitesse V1.

− Rôle des canaux de retour


Ces canaux ont pour rôle de ramener, à l’entrée de la roue suivante, l’eau avec
sa vitesse basse V1 qu’elle possède à sa sortie du diffuseur. Ils présenteront donc une
section constante et seront disposés de façon à orienter la veine liquide d’une manière
convenable à l’entrée de la cellule. Parfois, la diffusion se poursuit dans les canaux de
retour : leur section n’est alors plus constante.

− Cas d’une pompe monocellulaire


Dans ce cas, c’est la volute qui joue le rôle du diffuseur et qui transforme en
pression une partie de la vitesse V2 de l’eau à sa sortie de la turbine.
Cette transformation s’effectue principalement à la sortie de la volute, dans la
partie tronconique divergente qui raccorde, au-dessus de l’axe horizontal, le corps de
pompe à la canalisation de refoulement.

126
Quand à la volute elle – même, sa section est croissante depuis son origine, où
elle est pratiquement nulle, et où l’on retrouve l’angle α2, jusqu’à sa sortie où elle est
maximale. Les débits croissent également depuis l’origine jusqu’à la dernière section
recevant le débit global refoulé par la roue. En conséquence, la vitesse à l’intérieur de
la volute reste sensiblement constante.

4.6.2.3. Eléments nécessaires permettant le choix d’une


pompe centrifuge

Dans les cas usuels, il faut fournir les indications suivantes :


1. Schéma de l’installation, coté dans la mesure du possible.
2. Liquide à pomper (nom usuel). Débit désiré.
3. Principaux agents corrosifs : acide sulfurique, acide chlorhydrique, etc. (pour le
cas de mélanges, en définir les pourcentages).
4. Ph, dans le cas des solutions aqueuses.
5. Impuretés et autres éléments non indiqués en 3 (sels métalliques ou substances
organiques, même en pourcentage très faible).
6. Poids spécifique de la solution à une température déterminée.
7. Températures maximum, minimum et normale.
8. Tension de vapeur aux températures précédentes.
9. Viscosité.
10. Air dissous dans le liquide (sans air, avec un peu d’air ou saturé).
11. Autres gaz dissous (en p.p.m ou en cm3 par litre).
12. Solides en suspension (poids spécifique, quantité, diamètre des particules,
caractéristiques de dureté).
13. Type d’utilisation (continue, intermittente ou autre).
14. Préciser si l’attaque du métal est ou non indésirable.
15. Décrire des essais préalables éventuellement réalisés.
16. Indiquer ce que l’on considère comme durée économique (parfois un
remplacement fréquent des pompes peut être plus économique que le montage
d’une pompe très chère).

4.6.2.4. Détermination de la puissance des pompes

L’objectif de cette partie est de permettre aux élèves d’avoir des notions
élémentaires sur la détermination de la puissance des pompes à installer sur un

127
système hydraulique lorsque les conditions d’installation du système hydraulique
l’exigent.

4.6.2.4.1. Définition des hauteurs d’élévation

En tenant compte de la figure 4.17, on adoptera les symboles suivants :

Figure 4.17 :

Z1 - Cote de la surface libre dans le réservoir d’aspiration,


Z2 - Cote de la surface libre dans le réservoir de refoulement.
(Si les surfaces libres des réservoirs de refoulement ou d’aspiration ne sont pas à la
pression atmosphérique, Z1 et Z2 seront remplacés par les charges piézométriques h1 et
h2 données par les cotes atteintes par le liquide dans des tubes piézométriques branchés
sur les réservoirs).
Zb – Cote de l’axe de la pompe, si les pompes sont à axe horizontal ; cote du centre de
gravité de la section d’entrée, si les pompes sont à axe vertical.
Za – Cote de la ligne de charge relative de l’axe de la bride d’aspiration de la pompe.
Zc – Cote de la ligne de charge relative de l’axe de la bride de refoulement de la
pompe.
Z’a – Cote de la ligne piézométrique relative de l’axe de la bride d’aspiration.
Z’c – Cote de la ligne piézométrique relative de l’axe de la bride de refoulement.
Ya = Z1 – Zb - Hauteur géométrique ou charge statique, d’aspiration. Négative dans le
schéma a) ; positive dans le schéma b).
Yc = Z2 – Zb – Hauteur géométrique ou charge statique de refoulement.
Y = Z2 – Z1 – Hauteur géométrique ou charge statique totale.

128
ha = Z’a – Zb – Hauteur manométrique d’aspiration : indication d’un manomètre placé
sur la bride d’entrée de la pompe, par rapport au plan horizontal de cote Zb, exprimée
en colonne de liquide. Négative dans le schéma a) et positive dans le schéma b).
hc = Z’c – Zb - hauteur manométrique de refoulement : indication d’un manomètre
placé sur la bride de refoulement, par rapport au plan Zb, exprimée en colonne de
liquide.
h = Z’c – Z’a - Hauteur manométrique totale : indication d’un manomètre
différentiel placé entre les brides d’entrée et de sortie, exprimée en colonne de liquide.
Ua - vitesse dans la section d’entrée de la pompe.
U a2
= charge cinétique dans la section d' entrée.
2g
Uc - vitesse dans la section de sortie de la pompe.
U c2
= charge cinétique dans la section de sortie.
2g
U a2
H a = Za − Zb = h a + − Hauteur totale d'aspiration. Négative dans le schéma a)
2g
Positive dans schéma b)
2
U
H c = Z c − Z b = hc + c − Hauteur totale de refoulement.
2g

H = Zc – Za - Hauteur totale ou charge totale.

∆Ha = Z1 – Za – Pertes de charge singulières et linéaires (par frottement), dans la conduite


d’aspiration.

∆Hc = Zc – Z2 – Pertes de charge singulières et linéaires, dans la conduite de refoulement.


Ces diverses grandeurs sont liées par les relations suivantes :

Y = Yc – Ya
h = hc – ha
H = HC – Ha
Si Ua = Uc, on a aussi h =H

4.6.2.4.2. Charge nette absolue : H0

Elle est définie, en mètres, par la relation :

Ho = ho + Ha -hv
où :
h0 – pression atmosphérique en mètres.

129
ha – hauteur totale d’aspiration en mètres : négative dans le schéma a) ; positive dans
le schéma b) (figure 4.17)
hv – tension de la vapeur en mètres.
h0 + Ha est la valeur que prend la hauteur totale d’aspiration, si l’on considère non plus
les pressions relatives, mais les pressions absolues.

Si ho et hv sont exprimés en kgf/m², et représentés respectivement par po et pv, on


obtient,
P0 − Pv
H0 = + Ha
ϖ
ϖ étant le poids volumique du liquide en kgf/m3

4.6.2.4.3. Puissances et rendements

On utilise habituellement les diverses grandeurs définies ci-dessous :


Puissance utile de la pompe –
Pu : puissance correspondant au travail réalisé par la pompe.
Q est le débit pompé en m3/s
et H est la hauteur totale en mètres ;
on peut écrire, avec ϖ exprimé en kgf/m3 :

ϖQH 9,81
Pu = ϖQH kgfm / s = cV = ϖQH kW
75 1000

Puissance absorbée par la pompe – Pa : Puissance fournie sur l’axe de la pompe.


Pu
Rendement de la pompe - r = : rapport de la puissance utile à la puissance absorbée.
Pa
Donc

ϖQH ϖQH 9,81


Pa = cV = 0,736 kW = ϖQH kW
75r 75r 1000r

De même, on peut définir la puissance utile du moteur P’u, la puissance


absorbée par le moteur P’a et le rendement du moteur r’.
Dans le cas d’une transmission rigide : Pa = P’u. Dans le cas d’une transmission
par courroie, en représentant par r’’ le rendement de la transmission Pa = r’’ P’u.
On peut considérer à titre d’exemple les valeurs suivantes de rendements
comme bons pour les pompes centrifuges :

130
Basse
Caractéristiques Haute pression Grands débits
pression
Q : 1/s 3 25 2 25 100 150 1000 2000
r 0,56 0,78 0,53 0,81 0,84 0,86 0,90 0,91

4.6.2.4.4. Couplage de pompes en parallèle

Considérons plusieurs pompes couplées en parallèle, trois par exemple (figure


4.18), dont les courbes H = f(Q) sont respectivement (1), (2) et (3) ; on obtient la
courbe correspondant à l’ensemble (courbe (1) + (2) +(3)) en additionnant les
abscisses des courbes H individuelles. Le point de fonctionnement A est l’intersection
de la courbe, ainsi obtenue, avec la courbe

n
Qt = ∑Qi
i =1

Ht = Hi

Figure 4. 18 : Couplage de pompes en parallèle

H1 caractéristique de l’installation. On obtient le débit élevé par chaque pompe


en menant une horizontale par le point A et en déterminant son intersection avec
chacune des courbes (1), (2), (3). La charge totale est égale à HA pour chacune des
pompes et pour l’ensemble.

4.6.2.4.5. Couplage de pompes en série (figure 4.19)

Dans ce cas, la courbe H de l’ensemble est obtenue en additionnant les


ordonnées des courbes H correspondant à chacune des pompes.
131
On obtient le point de fonctionnement A, par intersection de la courbe H de
l’ensemble avec la courbe H1, caractéristique de l’installation.
Le débit de toutes les pompes est évidemment le même et égal à QA. Les
hauteurs d’élévation sont respectivement H1, H2 et H3. On doit remarquer, cependant,
que le couplage de pompes en série peut présenter des difficultés considérables ; en
effet, la pompe (3) est construite pour subir une pression inférieure à la pression à
laquelle elle sera réellement soumise.
C’est pourquoi, en général, il vaut mieux employer des pompes multicellulaires
au lieu des pompes en série.

Qt =ΣQi
Ht = Hi

Figure 4.19 : Couplage de pompes en série

Remarque :
Le problème de couplage des pompes est abordé ici sans détails ; l’objectif visé
est de donner à l’élève une idée sur les modes d’assemblage de plusieurs pompes pour
atteindre un objectif précis.

4.6.3. Les moteurs d’entraînement des pompes

4.6.3.1. Expression de la puissance

La puissance à fournir par le moteur est déterminée d’après la valeur trouvée


pour la puissance absorbée par la pompe et pour le point de fonctionnement considéré.

132
Toutefois, pour prévenir certains imprévus d’exploitation, il sera prudent de
majorer la puissance absorbée par la pompe des quantités suivantes :

− 30 % pour une puissance absorbée de moins de 4 kw ;


− 20 % pour une puissance absorbée comprise entre 4 et 20 kw ;
− 10 % pour une puissance absorbée supérieure à 20 kw.
En effet, une baisse de voltage diminue la puissance du moteur dans le rapport
du carré des tensions ; un serrage anormal du presse-étoupe de la pompe augmente la
puissance absorbée.
Quand à la puissance absorbée par le moteur ou puissance aux bornes s’il s’agit
d’un moteur électrique, son expression sera la suivante :

Ppompe ( kW )
Pmoteur ( kW ) =
ρmoteur ×ρtransmission

4.6.3.2. Les moteurs électriques d’entraînement

4.6.3.2.1. Généralités

Ce sont, les moteurs les plus utilisés et ceux qui se prêtent le mieux à une
commande automatique, ce qui est précieux en exploitation.
Les moteurs qui conviennent pour l’entraînement à vitesse constante des
pompes centrifuges sont les moteurs asynchrones qui comprennent les moteurs à
simple ou double cage, et les moteurs à bague, c’est – à – dire à rotor bobiné.

4.6.3.2.2. Modes de démarrage des moteurs à cage

En vue de la réduction de l’appel de courant, les moteurs à cage peuvent


démarrer grâce à une alimentation du stator sous tension réduite.
On y parvient par les artifices suivants :

− Interposition de résistances statoriques disposées ordinairement dans l’armoire


métallique du tableau de commande des moteurs de la station de pompage (figure
4.20).
U
− Couplage du stator en étoile (chaque phase est sous la tension ) et passage,
3
ensuite, au couplage triangle (figure 4.21).

133
− Démarrage sur autotransformateur.

L’élimination des résistances s’effectue grâce à des relais chronométriques


réglés au préalable. Le démarrage sur résistances statoriques absorbés, à couple de
démarrage égal, une intensité supérieure à celle des autres artifices.

Figure 4.20 : Démarrage Figure 4.21 : Démarrage


sur résistances statoriques étoile - triangle

4.6.3.2.3. Modes de démarrage des moteurs à rotor bobiné

C’est par l’introduction de résistances rotoriques que de tels moteurs sont


démarrés, le stator restant toujours sous pleine tension.
La pointe d’intensité se trouve diminuée par suite de l’augmentation de
l’impédance et le couple de démarrage accru par l’introduction de ces résistances.
En effet, la caractéristique mécanique du moteur asynchrone a la forme donnée
par la figure 4.22 et, en augmentant la résistance R du rotor, la courbe se déplace dans
le sens de la flèche en donnant des valeurs de plus en plus grandes pour le couple de
démarrage.
Pratiquement, les rotors sont bobinés en étoile et l’extrémité libre de chaque
phase est reliée à une bague isolée, montée sur l’arbre. Chaque bague est reliée par un
balai à un enroulement d’un rhéostat triphasé (figure 4.23).
Il n’existe pas de règle absolue permettant de fixer le choix d’un moteur destiné
à entraîner une pompe centrifuge. Toutefois, le moteur à cage, par sa robustesse, sa
simplicité de fonctionnement, ses dispositifs variés de démarrage, l’emporte nettement
dans les cas courants sur le moteur à rotor bobiné, plus délicat, par suite de la présence
des enroulements du rotor et dont les bagues, avec leurs balais, constituent des
sujétions d’exploitation.

134
Figure 4.22 : Caractéristique du moteur en fonction de R Figure 4.23 : Démarrage sur
résistances rotoriques

4.6.4. L’usine élévatoire

4.6.4.1. Considérations sur l’emplacement de l’usine

4.6.4.1.1. Cas du captage de source

a) Le point d’eau est proche du réservoir

Dans ce cas, l’usine doit se situer à proximité du point d’eau (Figure 4.24).
Rappelons qu’en aucun cas, l’aspiration sera directement raccordée sur la source elle-
même, mais sur l’ouvrage de tête ou un bassin en liaison gravitaire avec lui.

Figure 4.24 : La source est près du réservoir

b) Le point d’eau est éloigné du réservoir

Dans ce cas, la topographie des lieux nécessitera une étude particulière afin de
trouver l’emplacement le plus rationnel et le plus économique.

135
Une énergie hydraulique, peut parfois commandée l’emplacement de l’usine.
Par exemple (Figure 4.25), si le point d’eau est une source d’affleurement S et que le
réservoir soit situé en R, on peut imaginer une usine hydraulique en U à laquelle l’eau
serait amenée par gravité, puis refoulée en R.
S’il n’est pas possible d’installer une turbine, on pourra utiliser la charge
disponible jusqu’en U’ où sera installée une usine électrique. On obtient ainsi : une
adduction gravitaire SU’, un refoulement U’R et le profil piézométrique est SU’MR.
(Figure 4.26).

Figure 4.25 : Une vallée sépare la source du réservoir

Figure 4.26 : Usine prévue en U’

136
4.6.4.1.2. Cas du captage par puits

Cas d’un puits unique


Le bâtiment d’usine sera édifié directement au – dessus de l’ouvrage et
comportera aussi bien l’abri du groupe élévatoire que les locaux nécessaires
éventuellement à la transformation du courant électrique.
Le groupe sera, bien souvent, du type à axe vertical. Ce sera, d’ailleurs, la seule
solution si le niveau de la nappe déprimée par le pompage s’établit à une cote trop
basse pour installer un groupe à axe horizontal. Toutes dispositions devront être prises
en vue d’éviter les pollutions et, dans ce but, le puits sera obturé par un capot étanche
(Figure 4.27).

Figure 4.27 : Coupe-type d’une installation de pompage sur puits

137
Cas de plusieurs puits groupés dans un champ captant
Deux dispositions peuvent être envisagées

− Première disposition
Un groupe élctro-pompe vertical sera, comme dans le cas d’un puits unique,
disposé au-dessus de chaque puits, constituant ainsi autant de petites usines
élémentaires qui devront refouler le débit qu’elles assureront jusqu’au réservoir de
l’agglomération.
Dans ce cas, le bâtiment au – dessus de chaque puits pourra ne comporter que le
seul abri pour le groupe, les parties H.T. et B.T. pouvant être incluses dans un bâtiment
unique avec tableau de commande et de contrôle donnant les indications de
fonctionnement de chacun des groupes.
Ce bâtiment unique devra se situer sensiblement au centre de gravité de
l’ensemble des puits, de façon à équilibrer au mieux les câbles en vue de réduire au
minimum leurs sections, compte tenu des chutes de tension admissibles. Chaque
pompe refoule alors dans un collecteur général débitant vers le réservoir (figure 4.28).

Figure 4.28 : Plan type d’une installation de pompages individuels

Cette disposition reste la seule valable lorsque la différence de niveau entre le


plan de pompage et le sol est importante et, en tout état de cause, supérieure à 6,00 m
environ.

− Deuxième disposition
Tous les puits (figure 4.29 b) sont réunis par un collecteur en dépression, de
façon que les ouvrages se trouvent sous la dépendance d’une usine unique.

138
Figure 4.29 a : Première disposition Figure 4.29 b : Deuxième disposition

Les têtes de puits ne comportent donc aucun organe mécanique et les pompes
sont rassemblées dans une seule usine qui refoule vers le réservoir de la ville.
Cette disposition n’est valable que si la différence de niveau entre le plan de
pompage et le plan de pose des pompes, différence à laquelle il y a lieu d’ajouter les
pertes de charge, conduit à une hauteur d’aspiration correcte, c’est-à-dire, en gros,
inférieure à 6,00 m, cette condition étant, en fait, fonction de la capacité pratique
d’aspiration des pompes.
Dans le cas de la figure 4.29 b, l’aspiration est divisée en deux branches ; la
perte de charge à l’aspiration sera celle correspondant à une seule branche, puisque les
deux branches constituent deux conduites en parallèle.
Chaque puits sera équipé d’un robinet - vanne de réglage (figure 4.30) qui
introduira, par le degré de son ouverture, une certaine perte de charge en fonction du
débit qui le traversera. Une caractéristique pourra être ainsi établie pour chaque
ouvrage et viendra s’ajouter à la caractéristique des conduites par addition des
abscisses ou des ordonnées, selon le mode de raccordement des puits sur le collecteur
général en dépression.
En définitive, lorsque le niveau de la nappe déprimée sera relativement proche
du sol, nous aurons le choix entre les deux dispositions que nous venons d’exposer
(figure 4.29 a et 4.29 b).
En vue de faciliter ce choix, examinons les avantages et les inconvénients de
chacun de ces deux systèmes.
Du point de vue du captage proprement dit, la deuxième disposition permet de
d’exploiter économiquement chaque puits d’après ses possibilités maximales.

139
Figure 4.30 : Tête de puits sur réseau d’aspiration général

En effet, les débits retirés d’un ensemble de puits varient pour des raisons
diverses d’un ouvrage à l’autre ; c’est de règle, ordinairement, pour les captages dans
la craie. En ce qui concerne les captages dans les nappes alluvionnaires, des
différences de perméabilités locales, des apports profonds en provenance du
substratum, parfois, font que certains ouvrages débitent plus que d’autres.
Or, le réglage du débit pourra s’effectuer une fois pour toutes dans la deuxième
disposition, alors que dans la première, on devra disposer, pour le même résultat,
d’une pompe spéciale adaptée à chaque puits, ce qui compliquera l’approvisionnement
du secours, à moins d’installer une pompe identique pour tous les ouvrages, le réglage
du débit s’effectuant par vannage sur le refoulement, au détriment du rendement
général.

Du point de vue frais de premier établissement, dans la deuxième disposition, la


présence d’un long collecteur en dépression nécessitera la construction de caniveaux
dans lesquels sera posée la conduite, en vue de pouvoir déceler rapidement et
commodément les rentrées d’air éventuelles et éviter, les contaminations.

140
Il en résultera des dépenses supplémentaires s’ajoutant à celles de l’usine
unique qui nécessitera, par ailleurs, des travaux de génie civil plus importants que ceux
représentés par la somme des petites usines de la première disposition.

Du point de vue exploitation, les installations groupées de la deuxième


disposition faciliteront l’exploitation et c’est un aspect du problème qu’il ne faut pas
négliger.
Néanmoins, si la conduite d’aspiration est très longue, le maintien du vide dans
le collecteur peut créer des sujétions. C’est ainsi que la première mise en marche ou la
remise en marche après un arrêt prolongé ne seront pas immédiates, car il y aura lieu
d’établir le vide dans l’aspiration.
Par contre, si l’usine doit refouler des débits variables, la première disposition
permet de le faire aisément et économiquement en mettant en marche le nombre
convenable de groupes. La souplesse de l’installation sera donc plus grande. Dans la
deuxième disposition, et si l’usine ne comporte que de grosses unités, la nécessité
d’arriver au même résultat conduirait à serrer les robinets – vannes, donc à diminuer le
rendement, à moins que l’usine ne soit équipée de groupes convenables permettant une
exploitation bien définie.

− Relèvement en deux temps


Jusqu’à présent, les dispositions de relèvement décrites concernaient un
relèvement effectué directement entre le plan de pompage et le niveau du réservoir à
alimenter.
Dans le relèvement en deux temps, l’eau est d’abord élevée vers un réservoir au
sol ou sur des installations de traitement ; les groupes de premier relèvement
travaillent ainsi sous une faible hauteur de refoulement. Ils sont appelés groupes
d’exhaure.
Dans un deuxième temps, l’eau est reprise par des groupes situés dans une usine
principale aspirant dans le réservoir au sol pour la refouler définitivement vers le
réservoir de l’agglomération.

4.6.4.1.3. Cas du captage d’eaux de surface

L’usine élévatoire fera partie des installations générales de captage et de


traitement.

141
Quant à l’usine d’eau brute, son emplacement sera choisi, de préférence, à
proximité immédiate de la prise. Si elle devait, pour des raisons particulières, en être
éloignée, la liaison rivière – usine pourrait s’effectuer à l’aide d’une conduite
d’aspiration en forme de siphon dont le principe et le calcul sont indiqués au
paragraphe suivant. Etant donné, ordinairement la faible hauteur d’élévation devant
l’importance du débit, il est à penser que les pompes de l’usine d’eau brute seront du
type hélice ou hélico-centrifuge.

4.6.4.1.4. Cas spécial de pompage dans les sables très fins

On peut toujours craindre, dans une station de pompage destinée à relever les
eaux de puits creusés dans les sables très fins, un entraînement du sable. On y remédie
déjà, en réalisant convenablement le captage lui- même, mais la sécurité peut encore
être augmentée en ne disposant pas la pompe centrifuge dans le puits lui – même.
En effet, la succion au démarrage risque de solliciter trop fortement la nappe si
la pompe est placée directement à l’intérieur du puits. Le puits de captage est alors
relié par une conduite d’aspiration formant siphon à un puisard central étanche où
s’effectuera le pompage (figure 4.31). Grâce à un point haut établi près du puisard,
l’amorçage du siphon s’effectuera par le jeu d’une pompe à vide avant que n’entre en
fonctionnement la pompe de relèvement. Il s’effectuera ainsi une mise en place
progressive du niveau N de pompage dans le puits. La hauteur h sous laquelle
fonctionne le siphon est égale à la perte de charge dans les conduites d’aspiration.
L’emplacement de l’usine se situera approximativement au centre de gravité des
puits d’alimentation.

Figure 4.31 : Schéma de principe d’une installation par siphonnage

142
CHAPITRE 5

DISTRIBUTION DE L’EAU POTABLE

Rappel des objectifs du chapitre :


A la fin de ce chapitre, les élèves doivent maîtriser les notions :
de distribution d’eau potable dans une agglomération urbaine ;
de réseau hydraulique en AEP ;
sur les techniques élémentaires de calcul des réseaux hydrauliques en AEP ;
sur quelques problèmes spécifiques aux distributions d’eau potable ;
sur les équipements des réseaux de distribution d’eau potable.

5.1. Introduction

Le chapitre 2 a fait l’objet de la production de l’eau potable ; le chapitre 3 a


traité des ouvrages de stockage de l’eau. L’eau potable produite doit être transportée
vers les utilisateurs ; c’est ce qui a fait l’objet du chapitre 4. Le présent chapitre traite
de la distribution.

5.2. Définitions

Un réseau de distribution peut être soit ramifié, soit maillé.


Le réseau ramifié est utilisé dans les zones rurales ou dans les petites
agglomérations ; la figure 5.1 présente un schéma de principe d’un réseau ramifié.

10
12 6
11 9 5
2
G J L 4
R A 1
B
C E F
I
K 7
3
13 8
14

Figure 5.1 : Réseau ramifié

143
Une canalisation principale est généralement placée sur la rue principale
(ABCEF) ; des canalisations secondaires (AI, AG, BJ, BK, CL) sont branchées sur
elle, alimentant elles-mêmes, des canalisations tertiaires, etc.
Un tel système de conduites est appelé « réseau ramifié ». Son plus grand défaut
est que l’écoulement de l’eau dans le réseau, s’effectue toujours dans le même sens ;
lorsqu’il arrive un arrêt d’écoulement en un point quelconque du réseau, toutes les
conduites placées en aval de ce point se retrouvent privées d’eau.
Cet inconvénient est supprimé en assurant l’alimentation en retour de la
canalisation principale et des canalisations secondaires, en faisant en sorte qu’elles
puissent recevoir l’eau dans un sens opposé au précédent ; l’écoulement dans ces
conduites peut donc se faire dans un sens comme dans l’autre. A cet effet, il faut
prévoir d’autres canalisations (figure 5.2). Les canalisations tertiaires et quaternaires
qui alimentent de petites rues peuvent continuer à recevoir l’eau par une seule
extrémité. Il deviendrait très coûteux d’assurer l’alimentation en retour de toutes les
conduites tertiaires et quaternaires.
Le réseau ainsi réalisé prend le nom de « réseau maillé ».

10
12 6
11 9 5
2
G L
J 4
R A 1 R’
B
C E F
I

7
K 3
13 8
14

Figure 5.2 : Réseau maillé

Le réseau maillé s’impose généralement pour les moyennes et les grandes


agglomérations ; les rues de ces agglomérations, le plus souvent, sont elles – mêmes
raccordées entre elles de façon à former des mailles ; les conduites, en suivant les rues
forment alors des mailles.
Lorsque la charge disponible en F peut devenir faible au point que le service
dans la région extrême du réseau (par rapport au réservoir R) devienne défectueux aux
heures de pointe, il devient avantageux, quand le relief du terrain le permet, d’installer

144
un second réservoir R’ à un niveau un peu inférieur à R ; ce second réservoir prend
alors le nom de « réservoir d’équilibre ».
Un réseau de distribution est composé de différents types de conduites que l’on
peut classer selon leur fonction ou selon leur diamètre. Il y a les conduites maîtresses
ou principales, les conduites secondaires ou artérielles, les conduites tertiaires ou
locales ou mineures.

5.2.1. Les conduites maîtresses ou principales

Les conduites maîtresses ou principales sont celles qui relient l’usine de


traitement d’eau ou la station de refoulement aux différents quartiers de la ville. Leur
diamètre est généralement supérieur ou égal à 405mm.
Les conduites maîtresses importantes peuvent être doublées par des conduites
d’alimentation tertiaires de façon à éviter les branchements particuliers, directement
sur des conduites de gros diamètres, ce qui créerait des points faibles sur la conduite
maîtresse.

5.2.2. Les conduites secondaires ou artérielles

Les conduites secondaires ou artérielles sont raccordées aux conduites


maîtresses avec lesquelles elles peuvent former des réseaux maillés. Les branchements
particuliers (aux maisons ou immeubles) peuvent quelquefois se faire sur ces
conduites. Elles sont distantes les unes des autres d’environ 1000m.

5.2.3. Les conduites locales ou mineures ou tertiaires

Les conduites tertiaires sont raccordées aux conduites secondaires avec


lesquelles, elles peuvent éventuellement former des réseaux maillés. Les branchements
particuliers sont faits sur les conduites tertiaires.

5.2.4. Autres définitions

− Nœuds : un nœud est la rencontre de deux ou plusieurs conduites.


− Boucle : une boucle ou maille est formée de trois ou plusieurs conduites, qui dans
leur raccordement, se renferment sur elles – mêmes.
− Saignée : dans les calculs des réseaux de distribution, on regroupe les débits
soutirés le long des conduites et on suppose qu’ils sont soutirés en un seul point, à
un nœud : chacun de ces débits porte le nom de saignée.
145
5.3. Quelques caractéristiques hydrauliques

Pour qu’un réseau de distribution ait une performance satisfaisante, il doit


pouvoir être en mesure de fournir les débits et les volumes d’eau requis, à des
pressions acceptables en tout point du réseau et en tout temps de sa vie utile. C’est
pour cette raison qu’il faut identifier les situations les plus critiques pour concevoir un
réseau qui se comporte de façon satisfaisante dans toutes les conditions.

5.3.1. Débits

La première étape dans la mise en place d’un système d’AEP est l’évaluation
des volumes d’eau qu’il faut fournir à une agglomération pour satisfaire ses besoins
actuels et futurs. Outre la consommation d’eau de la population, il faut prendre en
compte les besoins des services publics, les besoins industriels et commerciaux ainsi
que la protection contre les incendies ; aux besoins estimés, il faut ajouter les pertes
pour avoir les demandes comme cela a été mentionné dans le chapitre 4, la production
de l’eau potable.
Les conduites du réseau doivent pouvoir transiter les débits instantanés les plus
élevés, en prenant en compte les débits de pointe.
Lorsque « a » est le débit moyen horaire (le volume d’eau journalier réparti sur
24 heures), on lui applique un coefficient de pointe α ; ce coefficient varie de 1,4 pour
les grandes agglomérations à 3 (voire 3,5) pour de petites agglomérations.

5.3.2. Diamètres

Les diamètres sont choisis en se référant aux albums des diamètres normalisés,
donnés par les fournisseurs.
Il faut éviter de choisir des diamètres inférieurs à 60mm voire 80mm. Le
diamètre des tronçons sur lesquels il est prévu l’installation de bouches d’incendies,
doit être supérieur ou égal à 100mm.

5.3.3. Vitesses

La vitesse de l’écoulement de l’eau dans les conduites sera de l’ordre de 0,5 à


1,0 m/s. Sans que cette considération ne soit impérative, on évitera les vitesses
supérieures à 1,0m/s. Certains auteurs proposent une vitesse maximale inférieure ou
égale à 1,25m/s. Dans le dimensionnement des réseaux, il faut toujours calculer la

146
vitesse moyenne de l’écoulement dans la conduite, de façon à s’assurer qu’elle est
admissible.

5.3.4. Pression

Le réseau de distribution doit être calculé pour satisfaire aux conditions


suivantes :

− Une charge minimale de 3,00m doit être prévue sur les robinets de puisage les
plus élevés (5,00m dans le cas de chauffe – eau instantané).
− Afin de préserver une bonne tenue des canalisations et de leurs joints, il faut éviter
des pressions supérieures à 40m ; de telles pressions risquent d’apporter des
désordres (fuites surtout) et certains bruits désagréables (coup de bélier) dans les
installations intérieures des abonnés.
Si, pour certaines raisons, de telles pressions devraient se manifester, il faut, en
vue de les diminuer, soit envisager une distribution étagée, soit prévoir l’installation
sur le réseau d’appareils réducteurs de pression.
A titre indicatif, et selon la hauteur des immeubles, il faut prévoir les
pressions maximales suivantes, au sol, exprimés en mètres d’eau :
12 à 15m, pour un étage
16 à 19m, pour 2 étages
20 à 23m, pour 3 étages
24 à 27m, pour 4 étages
29 à 32m, pour 5 étages
33 à 36m, pour 6 étages
37 à 40m, pour 7 étages

Les propriétaires des immeubles très élevés doivent installer des groupes
surpresseurs pour l’alimentation en eau des étages supérieurs.

5.4. Méthodes d’alimentation des réseaux

5.4.1. Distribution gravitaire

Le réseau est branché sur un réservoir suffisamment élevé pour assurer les
débits et les pressions requis ; l’écoulement est gravitaire.

147
C’est la méthode la plus simple et la plus fiable lorsque la conduite principale
est bien protégée contre les bris éventuels.
Cette méthode offre la possibilité d’associer au réseau un système de pompage
mobile pour lutter contre les incendies.

5.4.2. Refoulement direct

L’eau est refoulée directement dans le réseau à partir d’une station de pompage.
C’est la méthode la moins avantageuse en raison des possibilités :

− d’arrêts involontaires des pompes ;


− d’une distribution de la pression sur le réseau difficile à contrôler ;
− des coûts d’énergie élevés, surtout durant les périodes de pointe.

5.4.3. Alimentation mixte

Le réseau est branché sur des réservoirs élevés. L’eau est refoulée vers les
réservoirs en période de basse consommation.
Cette méthode est économique lorsque le pompage est fait avec un rendement
maximum. Elle offre aussi la possibilité d’association d’un système de pompage
mobile pour lutter contre les incendies.

5.5. Dimensionnement des réseaux

5.5.1. Considérations générales

Avant d’entreprendre le dimensionnement d’un réseau de distribution, un


certain nombre d’informations doit être rassemblé. Il s’agit entre autres :

− du relief de la zone qui peut être analysé à partir des cartes topographiques ; cette
analyse permet de déterminer l’incidence du relief sur les pressions au sol, surtout
aux nœuds ;
− de la densité de la population et des différentes activités socioéconomiques des
différentes zones de l’agglomération ; ces informations vont permettre d’estimer
les débits dans les canalisations devant alimenter ces zones.

148
Toutes les informations pertinentes sont résumées sur des cartes topographiques
et un premier portrait du réseau peut être dessiné avec les débits (saignées) aux nœuds
appropriés.

5.5.2. Choix initial des diamètres des conduites

Afin de pouvoir simuler le comportement du réseau, il faut, à partir de quelques


principes, normes ou autres considérations, faire un premier choix des diamètres des
conduites du réseau ; il va de soi que l’expérience est d’un grand secours dans
l’accomplissement de cette tâche. Dans ce qui suit, quelques considérations sont
énumérées.

− Les diamètres peuvent être choisis en considérant une vitesse égale à 1m/s.
− Dans les impasses ou lorsque les réseaux ne sont que partiellement maillés, il est
souhaitable d’utiliser des conduites ayant plus de 150mm de diamètre.
− On peut choisir des diamètres inférieurs à 150mm lorsque la protection contre
l’incendie n’a pas à être assuré.
− Pour les conduites secondaires, il serait plus avantageux de prévoir pour une zone
donnée, deux conduites séparées de quelques rues plutôt qu’une seule conduite
d’un plus grand diamètre ; cette disposition rend plus flexible l’exploitation du
réseau.
− Lorsqu’il faut traverser un obstacle (une voie de chemin de fer, une autoroute, une
rivière, etc.) il est préférable de le faire à plus d’un endroit afin de garantir la
sécurité de l’approvisionnement (la continuité du service).

La simulation du comportement du réseau permet d’apprécier la conformité des


premiers diamètres choisis et des corrections appropriées sont faites. L’appréciation
peut porter sur l’importance des pertes de charge sur une conduite particulière par
rapport aux autres ; mais c’est surtout la pression à des nœuds particuliers qui doit
guider les corrections à apporter aux premiers choix.

5.5.3. Détermination des conduites équivalentes

Dans le but de diminuer la quantité de calculs nécessaires à l’étude d’un réseau,


il est quelquefois utile de remplacer plusieurs conduites par une conduite équivalente.
D’autre part, pour le calcul des pressions aux différents nœuds, on doit généralement
remplacer les pièces d’équipement ou accessoires ou autres singularités (changement
de section ou de direction, les tés, les vannes, etc.) par des conduites équivalentes ;

149
dans ce dernier cas, on ajoute aux longueurs des conduites (réelles) sur lesquelles se
trouvent ces pièces, des longueurs de conduites (fictives) de même diamètre afin de
produire les mêmes pertes de charge.
En posant :

∆Η f = 2 5
.L.Q 2 (Les pertes de charge linéaires)
gπ D

V2 8
∆Η L = C L = 2 4
.CL Q 2 (Pertes de charge singulières)
2 g gπ D

8 λ D
∆Η L = CL .( ).( )Q 2
gπ D 2 λ D 4

On peut alors écrire

8λ CL D
∆Η L = .( ).Q 2
gπ D 2 4 λ

pour chaque singularité.

On trouve donc par analogie, la longueur équivalente ( L'i ) de la singularité i


par :

CLi D
L'i =
λ
Lorsqu’il y a « n » singularités sur la conduite, alors :
n
( Σ CLi ) D
i =1
L'i =
λ
L’expression de la conduite équivalente a été développée au chapitre 6 pour les
conduites en série ainsi que pour les conduites en parallèle :

− Conduites en série
∆Η e = K eQe2
avec
K e = ∑ Ki

150
− Conduites en parallèle
Qe = Te ∆Η β
avec
1
T=

et
Te = ∑ Ti
Dans le cas d’une réhabilitation où il faut remplacer un certain nombre de
conduites par une seule conduite, la conduite équivalente n’est plus fictive mais réelle.
Il faut cependant choisir le diamètre approprié pour garantir la longueur nécessaire au
transport de l’eau.


∆Η = K eQe = 2 5
LeQe2
gπ D

Alors, la longueur équivalente Le est calculée par

gπ 2 D 5 ∆Η
Le =
8λ Qe2
où D est le diamètre de la conduite choisie pour remplacer les autres.

5.5.4. Calcul des réseaux ramifiés

Un réseau est dit ramifié lorsque les conduites qui le composent se divisent
successivement depuis un point commun d’alimentation sans jamais se refermer en
circuit (figure 5.3).
Pour calculer un réseau ramifié, l faut :

− Donner un nom à chaque conduite et à chaque nœud (identification des conduites


et des nœuds).
− Déterminer des saignées aux différents nœuds.
− Déterminer du débit venant du réservoir
− Vérifier de l’égalité QR = ∑ Qsaignées

− Déterminer des pressions au sol aux différents points terminaux (E, I, J, S, T, O1,
O2 et O3).

151
QC

E
C

I
A B Q I QE
R1
QB QJ
QR F
1
S J
QS
G
M N T
P
QO
2 QO
1 QT

X O2 O1 W
O3
QO
3

Figure 5.3 : Schéma de principe d’un réseau ramifié

Les pressions au sol aux nœuds terminaux sont données par les conditions
d’exploitation du réseau (les équipements sanitaires susceptibles d’être utilisés par les
usagers ainsi que les niveaux des immeubles dans les différentes zones de
l’agglomération.
Le calcul d’un réseau ramifié peut se faire de différentes manières compte tenu
des hypothèses de base, formulées à partir des données disponibles.

.5.4.1. La charge au niveau du réservoir est imposée, donc


connue

− On peut alors écrire pour chacun des points terminaux, une équation de la forme :

Η R − Ηter min ale = ∑ ∆Η i


Avec
HR = charge au niveau du réservoir
Hterminal = charge au nœud terminal
∑∆Hi = somme des pertes de charge dans les conduites reliant le réservoir au nœud
terminal.

− On vérifie l’équation de continuité à chaque nœud

∑ Qin = ∑ Qout
∑Qint = somme des débits qui arrivent au nœud
∑Qout = somme des débits qui partent du nœud.

152
Le problème revient à déterminer le diamètre de chacune des conduites ou
alors, la vitesse de l’écoulement de l’eau dans chacune des conduites ; il faut
remarquer que la détermination de l’un de ces deux paramètres (vitesse ou diamètre)
entraîne la détermination de l’autre par la relation :

4Q
V=
π D2

1/ 2
 4Q 
D=
 π V 
En désignant par
Nc = nombre de conduites dans l’ensemble du réseau
Nn = nombre de nœuds terminaux
m = Nc - Nn
On peut théoriquement résoudre le problème en s’imposant soit :

− des charges appropriées à m nœuds intermédiaires ;


− m vitesses dans m conduites ;
− m diamètres de m conduites.

Il faut cependant prendre en considération le fait que dans la pratique, la vitesse


de l’écoulement dans chaque conduite doit être inférieure à 1,25m/s (voire 1m/s) et
supérieure à 0,5m/s pour éviter des désordres dans le comportement hydraulique du
réseau ou des dépôts dans la conduite.
Dans la pratique, on peut finalement résoudre le problème par deux méthodes :

− la méthode des vitesses maximales


− la méthode de la perte de charge unitaire j minimale.

5.5.4.1.1. La méthode des vitesses maximales

A partir de chaque nœud terminal, on détermine le diamètre de chaque tronçon


terminal du réseau en considérant la vitesse maximale (1,0m/s) par :
1/ 2
 4Qi 
Di =  
 π Vmax 

153
Le diamètre calculé permet de choisir un diamètre normalisé donné par les
albums des fournisseurs. Avec le diamètre choisi, on calcule la vitesse réelle dans la
conduite pour s’assurer qu’elle reste dans l’intervalle admissible

0,5m / s ≤ V ≤ 1, 25m / s

On calcule ensuite la perte de charge sur le tronçon

8λ L
∆Η i = (1 + α ) 2 5
Q2
gπ D

ou toute autre formule équivalente compte tenu du coefficient de perte de charge dont
on dispose.
Les nœuds terminaux se trouvant en aval des conduites terminales, on calcule
les charges aux nœuds amont des conduites terminales.
Lorsqu’on arrive à un nœud commun à plusieurs branches, on retient la charge
maximale, sans toutefois engendrer une vitesse trop élevée dans les autres branches.

Remarque :
Comme la vitesse maximale varie de 0,5 à 1,25m/s, avant d’admettre la charge
maximale à un nœud commun à plusieurs branches, on peut toujours jouer sur la
vitesse pour réduire au minimum la charge maximale admissible.
Le calcul se poursuit de la même façon et on calcule les charges aux différents
nœuds en partant des nœuds terminaux et en remontant au réservoir.
Si en arrivant au réservoir, on trouve une charge supérieure à la charge prévue,
il faut alors prévoir des surpresseurs au départ de la conduite principale.
A la fin des calculs, on vérifie les pressions aux différents nœuds (de préférence
du réservoir vers les nœuds terminaux) ; lorsque la pression finale à un nœud est trop
élevée pour une branche à l’aval, il faut prévoir sur cette branche des appareils
réducteurs de pression.

5.5.4.1.2. Méthode de la perte de charge unitaire minimale

L’une des méthodes préconisées pour le calcul des réseaux ramifiés (tout
particulièrement pour le dimensionnement des distributions intérieures) est la méthode
de la perte de charge qui requiert la détermination d’une canalisation guide. Il s’agit en
fait d’identifier le parcours (du point initial à un point terminal) sur lequel la perte de

154
charge par unité de longueur est minimum sur les conduites formant ledit parcours.
Après avoir déterminé les dimensions des tuyaux sur ce parcours, on détermine la
charge aux différents nœuds sur ce parcours et ces derniers deviennent alors des points
initiaux pour les parcours complémentaires.
L’exemple qui suit illustre la méthode ; la perte de charge est calculée par la
formule de Flamant.

Exemple d’application
On considère le système hydraulique de la figure ci-dessous ; les données de
base sont consignées dans le tableau ci-dessous ; en supposant que les pertes de charge
singulières représentent 15 % des pertes de charge linéaires, déterminer le diamètre
des conduites en utilisant la formule de Flamant.

T Robinet de cour
2

14

13 R (LAVABO)
P -3,0

(Evier de cuisine) J 12
7 11 (WC) 0
2,5 5,0
I 6 G 9
M
K 10 N (Douche)
5,0 5
5 4 F (Lavabo)
2

B 2 C

3 E (Robinet)
1 2

A Compteur
7,0

155
A 1 B 2 C 3 E C 4 F B 5 G 6 I 7 J
Charge H 7,0 2,0 2,0 2,5
(m)
Longueur 3,0 2,0 1,5 2,5 3,5 1,5 2,0
L (m)
Débit Q 0,4 0,1 0,2
(l/s)

G 6 I 7 J I 8 K G 9 M 10 N
Charge H 2,5 5,0 4,5
(m)
Longueur 1,5 2,0 2,0 1,5 2,5
L (m)
Débit Q 0,2 0,1 0,25
(l/s)

M 11 0 G 12 P P 13 R P 14 T
Charge H 5,0 3,0 2,0
(m)
Longueur L 3,5 3,0 3,5 3,0
(m)
Débit Q (l/s) 0,1 0,1 0,7

Solution
La perte de charge par unité de longueur j d’après la formule de Flamant est :
7
V 4
j = 0, 00092 5
D4
ou
7
Q4
j = 0, 001404043 19
D 4
On peut donc tirer :
4
 0, 001404043Q 4 
7 19

D= 
 j 

L’analyse du système fait ressortir les parcours suivants :

Parcours AE AF AJ AK AN AO AR AT

jm 0,6689 0,57971 0,39130 0,17391 0,20704 0,15123 0,26756 0,34783

156
On retient donc j = 0,15123 pour le calcul des pertes de :

HA − HE
j AO = = 0,15123
1,15 LAE

Pour le calcul des pertes de charge sur les conduites 1, 5, 9 et 11.

∆H i = j AO . (1,15Li )

On trouve alors :

N°conduite 1 5 9 11
∆Н 0,521739 0,608696 0,26087 0,608696

Les charges aux nœuds sur ce parcours deviennent fixes ; soit :

Point A B G M
Charge H (m) 7,0 6,4783 5,8696 5,6087

Après ce calcul, on se retrouve avec 4 sous systèmes avec comme :

Point initial B G G M
Points terminaux E,F J,K R,T N

Le tableau 5.1 donne le récapitulatif des résultats des calculs.


Calcul des débits
Q14 = QT = 0,7 l/s = 0,0007 m3/s
Q13 = QR = 0,1 l/s = 0,0001 m3/s
Q12 = Q13 + Q14 = 0,0007 + 0,0001 = 0,0008 m3/s
Q7 = Qj = 0,2 l/s = 0,0002 m3/s
Q8 = QK = 0,1 l/s = 0,0001 m3/s
Q6 = Q7 + Q8 = 0,0002 + 0,0001 = 0,0003 m3/s
Q10 = QN = 0,25 l/s = 0,00025 m3/s
Q11 = Q0 = 0,1 l/s = 0,0001 m3/s
Q9 = Q10 + Q11 = 0,00025 + 0,0001 = 0,00035 m3/s
Q5 = Q6 + Q9 + Q12 = 0,0003 + 0,00035 + 0,0008 = 0,00145 m3/s
Q3 = QE = 0,4 l/s = 0,0004 m3/s
Q4 = QF = 0,1 l/s = 0,0001 m3/s
Q2 = Q3 + Q4 = 0,0004 + 0,0001 = 0,0005 m3/s
Q1 = Q2 + Q5 = 0,0005 + 0,00145 = 0,00195 m3/s

157
Connaissant les débits Qi, on détermine les diamètres par la formule.
4 /19
 0, 001404043Qi 4 
7

Di =  
 ji 
Les diamètres calculés sont dans le tableau 5.1.

Tableau 5.1 : Récapitulatif des résultats : DETERMINATION DES DIAMETRES


Point L H ∆Н J Q D V OBSERVATIONS
3
N° m m m m/m m /s m m/s
cond

A 7,0
1 3,0 0,52174 0,15123 0,00195 0,03748 1,76786 Vitesse trop élevée
B 6,4783
2 2,0 1,99034 0,86536 0,0005 0,01572 2,5756 Vitesse trop élevée
C 4,4879
3 1,5 2,48792 1,44227 0,0004 0,013 3,01152 Vitesse trop élevée
E 2,0 0,0004
C 4,48792
4 2,5 2,48792 0,86536 0,0001 0,00869 1,68632 Vitesse trop élevée
F 2,0 0,0001
B 6,47826
5 3,5 0,60870 0,15123 0,00145 0,0336 1,63526 Vitesse trop élevée
G 5,86957
6 1,5 0,37267 0,21604 0,0003 0,01744 1,25529
I 5,49689
7 2,0 2,99689 1,303 0,0002 0,01029 2,40435 Vitesse trop élevée
J 2,5 0,0002
I 5,49689
8 2,0 0,49689 0,21604 0,0001 0,01164 0,94013
K 5 0,0001
G 5,86957
9 1,5 0,26087 0,15123 0,00035 0,0199 1,12497
M 5,60870
10 2,5 1,10870 0,38563 0,00025 0,01444 1,52707 Vitesse trop élevée
N 4,5 0,00025
M 5,60870
11 3,5 0,60870 0,15123 0,0001 0,01255 0,80903
O 5 0,0001
G 5,86957
12 3,0 1 ,32441 0,38389 0,0008 0,02218 2,06998 Vitesse trop élevée
P 4,54515
13 3,5 1,54515 0,38389 0,0001 0,01031 1,19759
R 3 0,0001
P 4,54515
14 3,0 2,54515 0,73772 0,0007 0,0184 2,63119 Vitesse trop élevée
T 2 0,0007

158
Remarque :
La détermination des débits de projet pour le dimensionnement des
canalisations intérieures dépend du nombre et de la nature des appareils alimentés par
chaque canalisation.

.5.4.2. La charge HR au niveau du réservoir n’est pas imposée


et il faut la déterminer

On utilise la méthode des vitesses maximales. La charge au niveau du réservoir


est celle obtenue lorsqu’en remontant des nœuds terminaux vers le réservoir, on y
arrive avec HR

5.5.5. Calcul des réseaux maillés

Un réseau est dit maillé lorsque les conduites qui le composent, forment des
circuits fermés comme le montre la figure 5.4 :

QC
I E
C R3

Q I QR
A B QE 3
R1
QB QJ
QR
1 S
J
G
QS
N P
M T
QT
X O W
QO
QR
2
R2

Figure 5.4 : Schéma de principe d’un réseau maillé

Pour calculer un réseau maillé, il faut :

− donner un nom à chaque conduite et à chaque nœud (identification des conduites


et des nœuds) ;
− déterminer les saignées aux différents nœuds ;
− déterminer les débits venant des réservoirs ;
− vérifier l’égalité ∑ QR = ∑ Qsaignées .
159
La plus ancienne méthode de calcul des réseaux maillés est la méthode de
Hardy Cross.

.5.5.1. Calcul des réseaux mailles par la méthode de Hardy


Cross (cas général)

La méthode de Hardy Cross peut généralement s’appliquer quel que soit


l’équation utilisée pour le calcul des pertes de charge.

Position du problème
Soit le système de conduites représenté par la figure 5.5 :

QA
B
A 5
1 C
4

2 6
I
II

QG E
G 3 7
F QE

Figure 5.5 : Réseau maillé avec 2 mailles

n
Il s’agit là d’un réseau maillé caractérisé par la relation ∑ ∆H = ∑ KQ = 0
dans chaque maille lorsqu’un sens de l’écoulement est déterminé.
La méthode de Hardy Cross consiste à procéder à une répartition rationnelle des
débits dans les conduites de façon à satisfaire l’équation de continuité à chaque nœud.
Après avoir rempli cette condition, on procède à la correction des débits
supposés par approximations successives en écrivant :

Q = Qi , j + ∆Q j
i , j +1

L’erreur ∆Q j est obtenue par l’expression

∆Q =
∑ KQ
n
(
avec les signes de ∆ H = K Q
n
)
n∑ KQ
n −1
(
sans prise en com pte des signes de Q )

160
Démonstration
Le calcul des pertes de charge se fait généralement par une expression de la
forme.
n
∆H = KQ
Les coefficients K et n dépendent de la formule spécifique utilisée. Dans le cas
des canalisations circulaires, on a :

FORMULE K n

(1 + α )8λ L
UNIVERSELLE 2
2 5
gπ D

2
(1 + α ) 10, 29359 n L
MANNING - STRICKLER 2
16
D3

(1 + α ) 10, 65092 L
HAZEN -WILLIAMS 1,852
1,85 4,87
C D

(1 + α ) 0, 001404039 L
FLAMANT 1,75
19
D4

α est la fraction des pertes de charge linéaires que représentent les pertes de charge singulières

Le développement en série de Taylor d’une fonction f(x) aux environs d’une


valeur particulière de x est de la forme.
2
∆x
f ( x + ∆ x ) = f ( x ) + ∆ xf ' ( x ) + ( )
f " x + ........
2!
2
En considérant ∆x petit, alors ∆x ≈ 0 ; on obtient alors :
'
f ( x + ∆x ) = f ( x ) + ∆xf ( x )
En posant : Q = Qs + ∆Q

161
 f ( Q ) = KQ n


 f ' ( Q ) = nKQ
n −1


 f ( Q + ∆Q ) = KQ + ∆Q nKQ
n
(
n −1
)
On a alors

∆H = KQ
n
(
= K Qs + ∆Q )
n n
(
= KQs + ∆Q nKQ
n−1
)
Ainsi donc,

n
(
∑ ∆H = 0 = ∑ KQs + n ∑ KQ
n−1
∆Q )
D’où :

n
∑ KQs
∆Q = − n −1
n∑ KQ

L’expression de ∆Q pour les différentes formules mentionnées plus haut est :

FORMULE ∆Q

2
∑ KQ
UNIVERSELLE −
2 ∑ KQ

2
∑ KQ
MANNING - STRICKLER −
2 ∑ KQ

1,85
∑ KQ
HAZEN -WILLIAMS −
0,85
1, 85 ∑ KQ

1,75
∑ KQ
FLAMANT −
0,75
1, 75∑ KQ

162
.5.5.2. Méthode de calcul

− Etape 1 : à partir des caractéristiques des conduites, on calcule les coefficients


Ki ; on tient compte des KLi qu’on ajoute aux Ki lorsque les pertes de charge
singulières sont importantes.
− Etape 2 : on répartit le plus logiquement possible les débits dans les conduites en
respectant le principe de continuité aux nœuds (détermination des valeurs initiales
des débits) :

∑Q in = ∑ Q out

ou tout simplement
_
∑ =0
Q

− Etape 3 : les débits ainsi déterminés sont des débits supposés Qsi, dans les
différentes conduites i.
− Etape 4 : on calcule pour chaque conduite i, la perte de charge ∆Hi = K i Q sin , et pour
chaque maille, on fait la somme algébrique

n
∑ ∆Hi = ∑ Ki Q si = 0

avec Qsi = débit supposé en tenant compte du signe des ∆Hi.


La somme algébrique des pertes de charge dans un circuit fermé devrait être
nulle ; mais comme les débits sont répartis arbitrairement, Σ∆Hi calculé est presque
toujours différent de zéro. Cela vient du fait qu’on commet une erreur ∆Q sur les
débits supposés au départ. En supposant que l’erreur ∆Q est la même sur chaque débit
dans un circuit fermé, on peut écrire :

Q ri = Q si + ∆Q

avec
Qri = débit réel recherché (débit que transporte réellement la conduite i),
Qsi = débit supposé dans la conduite i,
∆Q = différence entre le débit réel et celui supposé ; il est à noter que ∆Q peut être
négatif ou positif.

Ainsi donc, lorsque ∑ KiQsin = 0 n’est pas vérifiée, on passe à l’étape suivante :

163
− Etape 5 : on calcule pour chaque maille, la somme des KiQsi (qui permet d’obtenir
n∑ K i Q si ) sans tenir compte du signe.

− Etape 6 : on estime l’erreur ∆Q en tenant compte de son signe on calcule pour


chaque maille :

∆Q = −
∑K Q i
n
si (avec signe)
n∑ K Q i
n −1
si
(sans signe)

− Etape 7 : on corrige les débits supposés en utilisant l’équation

Qri = Qsi + ∆Q

Avec ces débits corrigés (qui deviennent les nouveaux débits supposés c'est-à-
dire les nouvelles valeurs initiales), on recommence à l’étape 3.
Le processus ne s’arrête que lorsque l’équation de la somme algébrique des
pertes de charge tous les circuits est nulle ou négligeable.

Remarque

− Pour les conduites communes à deux mailles, en prenant la conduite BF de


l’exemple de la figure 5.5, on fait :
QriI = QsiI + ∆QI − ∆QII
et
Q riII = QsiII + ∆Q II − ∆Q I

i indique le numéro de la conduite,


I ou II indique le numéro de la maille.

Les problèmes inhérents à la méthode de Hardy – Cross :

− convergence lente,
− impossibilité dans certains cas de trouver la solution au problème posé,
ont incité les chercheurs à développer d’autres techniques d’analyse et de calcul plus
efficaces et (toujours) exploitables sur ordinateur. Mais, le cadre du présent cours ne
nous permet pas d’aborder ces méthodes.

164
.5.5.3. Considération du service en route dans le
dimensionnement d’un réseau

Dans le calcul d’un réseau de distribution, les considérations sur les débits ne
sont pas aussi simples comme présentées jusqu’ici ; en effet, une conduite dans un
réseau, outre le débit d’extrémité, doit pouvoir distribuer, sur son parcours, l’eau aux
abonnés par les nombreux branchements particuliers raccordés sur elle : c’est le débit
en route.
Dans un projet, le débit en route est généralement considéré proportionnel, soit
au nombre d’habitants, soit à la longueur L de la conduite (la longueur de la rue).

A B
QA QB

Figure 5.6 : Service en route d’une conduite

Le problème peut être posé de la façon suivante :


Le débit d’entrée à l’amont d’une conduite AB est QA (débit d’amont) et le
débit de sortie à l’aval est QB (débit d’extrémité); entre A et B, la conduite a distribué
le débit Qroute (d’une façon linéaire) de sorte que :
Qroute = QA − QB

Avec quel débit faut – il dimensionner la conduite AB ?


Comme QB doit nécessairement passer dans la conduite AB, on peut :

− Soit calculer la conduite comme si elle devrait transporter


QA = QB + Qroute

Dans ce cas, le diamètre calculer est supérieur au diamètre qu’il faut.

− Soit calculer la conduite avec un débit Qd tel que


QB < Qd < QA
Le débit de dimensionnement Qd est alors inférieur à QA mais supérieur à QB.
C’est ce qui se fait généralement dans un calcul rigoureux pour déterminer le
diamètre de la conduite AB. On démontre que :

Qd = QB + 0,55Qroute

165
Cette méthode conduit à des diamètres plus faibles qu’en prenant comme débit
de calcul QA, appelé débit d’amont.
La différence se fait d’autant plus sentir que le débit d’extrémité QB est faible
devant Qroute. La limite est celle du d’extrémité nul (conduite en impasse) ; dans ce cas,
l’application de la formule s’impose.
Le calcul rigoureux est généralement employé pour l’étude des réseaux
importants. Dans le cas des installations moyennes (ou petites), on peut faire le calcul
avec le débit d’amont QA, d’autant plus que cette méthode introduit une plus grande
sécurité dans les résultats de calcul.

5.6. LES APPAREILS ACCESSOIRES DES RESEAUX D’EAU


POTABLE

La gestion d’un réseau de distribution d’eau exige qu’on recoure à des pièces
d’équipements. Il s’agit des appareils auxiliaires tels que :

− Les vannes d’isolement, de réduction de débit et de vidange;


− Les clapets ou disconnecteurs hydrauliques ;
− Les poteaux d’incendie ;
− Les compteurs ;
− Les branchements etc.…

5.6.1. Les robinets vannes

Ils font partie de la robinetterie des systèmes de distribution. Les robinets


vannes sont communément appelés vannes. L'obturateur sous le nom d'opercule se
déplace perpendiculairement à la veine (ou sens d'écoulement) fluide au droit du siège.
Ces genres de robinet sont adaptés aux canalisations de grand diamètre.

166
Figure 5.13 : Exemple de robinet vanne

On distingue des vannes d’isolement, des vannes de réduction de débit, des


vannes de vidange etc…

5.6.2. Les vannes d’isolement

Dans cette catégorie, on distingue :

− Des robinets à opercule

Schéma Nomenclature Exemple


REP DÉSIGNATION
1 Volant de manœuvre
2 Tige de manœuvre
3 Fouloir
4 Étoupe
5 Chapeau
6 Opercule (monobloc taraudé)
7 Siège
8 Corps
9 Bride de raccordement

− Des robinets à soupape


L'obturateur sous le nom de soupape se déplace parallèlement à la veine fluide
au droit du siège. La fermeture se réalise contre le courant du fluide. Comme
caractéristiques, on note la perte de charge importante, la possibilité de réglage, le sens
de montage gravé sur le robinet.

Schéma Nomenclature Exemple


REP DÉSIGNATION
1 Volant de manœuvre
2 Tige de manœuvre
3 Écrou de manœuvre
4 Fouloir
5 Étoupe
6 Soupape
7 Siège
8 Corps

167
9 Bride de raccordement
10 Chapeau

− Des robinets à piston


L'obturateur sous le nom de piston coulisse selon son axe entre deux garnitures
d'étanchéité. La fermeture se réalise contre le courant du fluide.

• Perte de charge importante.


• Autorise le réglage.
• Sens de montage (gravé sur le robinet).

Schéma Nomenclature Exemple


REP DÉSIGNATION
1 Volant de manœuvre
2 Écrou de manœuvre
3 Tige de manœuvre
4 Piston
5 Fouloir
6 Garniture d'étanchéité
7 Chemise
8 Corps
9 Bride de raccordement

10 Arcade

− Des robinets à tournant


L'obturateur sous le nom de tournant, est percé d'un orifice appelé « lumière»
qui se déplace autour de son axe de révolution dans un corps appelé boisseau
orthogonalement au sens d'écoulement du fluide.

• Perte de charge négligeable à pleine ouverture.


• Débit total en un quart de tour du levier de commande.
• Sens de montage suivant le modèle.

Le tournant existe sous différentes formes : conique, cylindrique, sphérique. La


lumière suivant le cas est de forme trapézoïdale, rectangulaire ou circulaire. Le corps
pour les tournants coniques et cylindriques peut-être : foncé (fond du corps non percé)
ou défoncé (fond du corps percé).

168
Schéma Nomenclature Exemple
REP DÉSIGNATION
1 Arbre de manœuvre
2 Garniture d'étanchéité
3 Fouloir
4 Tournant (conique)
5 Bride de raccordement

6 Corps (boisseau foncé)

− Des robinets à papillon


L'obturateur sous le nom de papillon, se déplace autour de son axe de révolution
orthogonalement au sens d'écoulement du fluide.
• Perte de charge négligeable à pleine ouverture (veine fluide peu perturbée).
• Débit total en un quart de tour du levier de commande.
• Très faible encombrement pour des sections de passage importantes.
Ce type de robinet peut-être à brides ou non. Le papillon suivant les cas peut-
être excentré (déporté) ou non par rapport à son axe de rotation.

Schéma Nomenclature Exemple


REP DÉSIGNATION
1 Arbre de manœuvre
2 Papillon
3 Corps

4 Bride de raccordement

5.6.3. Les vannes de régulation

Dans un système de distribution, la grandeur réglante (paramètre de réglage) est


très souvent un débit. Outre, la vanne de régulation de débit qui limite et stabilise le
débit à une valeur de consigne constante qu’elle quelles que soient les variations de
pression aval et amont, on distingue d’autres variantes telles que :

− Les vannes de régulation aval

169
Elle fonctionne à action directe ou indirecte. Son but est de garantir une
pression aval constante. La vanne à action directe est liée à un ressort tandis que la
vanne à action hydraulique possède une commande qui se situe hors de l’appareil.

− Les vannes de régulation amont


Elles maintiennent la pression aval à une valeur de consigne, quelles que soient
les variations de pression et le débit à l’aval. Comme d’ailleurs dans le cas précédent,
la vanne règle le débit pour assurer qu’à l’amont la pression reste suffisante. En
freinant le débit, on diminue la perte de charge, et on augmente la pression. On obtient
ainsi un compromis entre un minimum de pression à l’amont et un minimum de débit à
l’aval.
L'actionneur le plus courant, pour manœuvrer automatiquement ces type de
vannes est constitué par un servomoteur pneumatique (ou électrique) comportant un
diaphragme en élastomère (membrane) sur une des faces duquel est appliqué la
pression d'air modulé par le régulateur (ou son convertisseur).

Schéma Nomenclature Exemple


REP DÉSIGNATION
1 Arrivée signal pneumatique
2 Diaphragme (membrane)
3 Boîtier
4 Ressort
5 Tige de commande
6 Arcade
7 Presse étoupe
8 Clapet
9 Siège

10 Corps

5.6.4. Les ventouses et les appareils de purge d’air

Ces appareils (figure 5.14) sont installés aux points hauts sur le profil en long
de la canalisation. De l’eau emprisonnée dans un tuyau, même en charge, produit de
l’air. L’eau tout le long de son parcours passe par différents états de pression qui
provoque un dégazage. Les bulles subissent une poussée de l’eau en mouvement, et la
fameuse force d’Archimède vers le haut. Les ventouses ont principalement pour rôle
d’évacuer cet air occlus.

170
L’air compressible est le pire ennemi des installations. Les bouchons d’air se
compriment et décompriment créant des pressions qui varient sans cesse. Les sous-
pressions sont souvent plus dévastatrices que les surpressions. De même si l’on ne
prévoit pas d’entrée d’air lorsque l’on vide les tuyaux, cela engendre le phénomène de
vacuum qui engendre des déformations et dégradations importantes des tuyaux. On
injecte donc de l’air par les ventouses.

5.6.5. Les vidanges

L’eau distribuée peut être chargée en éléments solides. On constate une


sédimentation de ces matériaux solides au niveau des points bas de la conduite. Pour
prévenir l’apparition de problèmes dans le futur, surtout dans le cas d’adductions
longues on équipe de vidange de gros diamètre les points bas de la conduite. Ces
vidanges (figure 5.15) seront régulièrement ouvertes de manière à éliminer les dépôts
solides.

a) Ventouse pour petites quantités d’air ; b) ventouses pour grandes quantités d’air ;
c) ventouse universelle.
Figure 5.14 : Type de ventouses

171
Figure 5.15 : Exemple de vidange

5.6.6. Les clapets de non retour

Cet appareil est destiné à empêcher le passage d'un fluide en sens inverse au
sens normal de fonctionnement de l'installation. Ils sont utilisés dans les stations de
pompage à l’aval des pompes et au point bas des canalisations d’aspiration. Ils peuvent
servir également à empêcher les phénomènes de retour des eaux industrielles ou de
vidange dans les canalisations d’eau public. Le dispositif peut se présenter sous l’une
des trois formes de la figure suivante.

5.6.7. Les branchements

Le branchement est la conduite particulière d’alimentation en eau d’un


immeuble. De façon générale, un branchement classique comprend :

− Un collier de prise en charge ;


− Un robinet d’arrêt équipé de tabernacle, de tube allonge et de bouche à clé,
− Un robinet d’arrêt avant compteur situé dans la niche compteur ;
172
− Un compteur.

Figure 5.16 : Branchement : Prise en charge

Figure 5.17 : Branchement : Prise à vide

5.6.8. Autres équipements

.6.8.1. Les anti-béliers

Les coups de bélier sont des ondes de suppression et de dépression liées à un


changement brutal de l’écoulement dans la conduite. Il est très fortement recommandé
d’éviter les coups de bélier qui peuvent provoquer des dégâts extrêmement importants,
parfois à retardement. Les coups de bélier correspondent à la transformation brusque
de l’énergie cinétique de l’eau en pression. Le fait de bloquer l’eau brusquement par
une vanne engendre des ondes de suppression et de dépression qui se propagent dans
l’adduction en s’amortissant peu à peu.
173
Pour des installations rustiques et de petite taille, un équipement anti-bélier est
coûteux et difficilement justifié. Les mesures à prendre seront donc plutôt de type
préventif.
A la conception, on évitera les vannes quart de tour, les vidanges équipées d’un
simple bouchon et les ventouses avec un gros orifice d’expulsion de l’air. A la remise
de l’ouvrage, on sensibilisera les bénéficiaires et le technicien chargé de la
maintenance aux risques de coups de bélier liés à des manœuvres brusques.

.6.8.2. Les poteaux d’incendie

Comme leur nom l’indique, les poteaux d’incendie installés dans le réseau de
distribution permettent de fournir aux pompiers l’eau dont ils ont besoin pour
combattre les incendies. Les règles qui régissent leur installation sont principalement
fixées par les normes.
La superficie desservie par chaque poteau d’incendie dépend du débit dont on a
besoin pour combattre l’incendie ; les poteaux d’incendie sont plus nombreux et
rapprochés lorsque ces débits sont élevés. Ils doivent être reliés aux conduites du
réseau par des conduites de raccordement d’au moins 150 mm de diamètre dotées
d’une vanne d’isolement.
Par ailleurs, la distance qui sépare les poteaux d’incendie situés le long des rues
ne doit pas dépasser 200m dans les quartiers résidentiels. Dans les quartiers huppés et
commerciaux, on rapproche les poteaux d’incendie à 100m de distance.

174
Figure 5.18 : Différentes parties d’un poteau d’incendie

175
a) Coupe b) Plan

Figure 5.19 : Installation d’un poteau d’incendie

176
5.6.9. Recommandations d'usage pour la robinetterie

.6.9.1. Installation de la robinetterie

Tout appareil de robinetterie est inséré dans une installation conçue pour assurer
un rôle déterminé. Pour le montage, certaines précautions sont à prendre :

− Propreté de l'installation.
Prévoir systématiquement la pose de filtre en amont, avant tout autre appareil
de robinetterie ou de régulation. Nettoyer soigneusement l'appareil et la tuyauterie,
insister particulièrement sur les portées de joint des brides (par soufflage d'air
comprimé par exemple).

− Vérification de l'installation pour le montage correct des appareils.


Il y a lieu de s'assurer de l'alignement des deux tronçons de la tuyauterie et du
parallélisme des brides de raccordement.

− Équipement de l'installation pour suppression des contraintes anormales.


Il est important que les appareils n'aient pas à supporter en plus des efforts
provoqués par la pression et/ou par la température, ceux dus à leur propre poids, et /ou
aux dilatations des tuyauteries.

− Montage des appareils en fonction du sens d'écoulement du fluide.


Il faut tenir compte de la flèche gravée sur l'appareil.

− Position du volant ou de la servocommande.


L'appareil doit être monté tige de commande placée sur un axe vertical.

− Réglage du presse-étoupe.
Neuf les robinets sont généralement livrés presse-étoupe desserré pour éviter le
fluage de la garniture.

.6.9.2. Entretien de la robinetterie

La longévité d'un appareil dépend pour une grande part de son entretien
périodique.

− Lubrification des parties frottantes ;


− Contrôle des niveaux de graisse ou d'huile pour les appareils motorisés ou
possédant des réducteurs ;
− Vérification constante des efforts de manœuvre ;

177
− Contrôle des différents points d'étanchéité ;
− Vidange des appareils de robinetterie lorsque l'installation est hors service.

178
CHAPITRE 6

LES OUVRAGES D’AEP

Rappel des objectifs du chapitre :


A la fin de ce chapitre, les apprenants doivent savoir planifier, contrôler et gérer l’exécution
d’un réservoir.

6.1. GENERALITES

L’eau de consommation subit les phases suivantes :

− le captage,
− le traitement,
− le transport,
− le stockage,
− et la distribution.

Ce circuit se fait à travers des ouvrages dont les principaux sont :

− les bassins et les forages pour le captage ;


− les conduites pour les transports ;
− les réservoirs pour le stockage.

Le présent chapitre portera sur les réservoirs à savoir :

− les bassins : les petits barrages en terre ;


− les réservoirs d’eau.

179
6.2. LES PETITS BARRAGES

6.2.1. Différents types d’ouvrages de stockage de crue

6.2.1.1. Ouvrages de stockage de crues

6.2.1.1.1. Les petits barrages

Les petits barrages ont pour vocation de créer des retenues d'eau. Ces stockages
d'eau sont destinés:

− à la production agricole ;
− à l'approvisionnement en eau du bétail ;
− à l'approvisionnement en eau des villages ;
− à la pèche et à l'artisanat.

Il existe trois (3) grandes catégories de barrages :

− les barrages de retenue d'eau de surface (figure 6.1) ;


− les barrages de retenue d'eau souterraine (figure 6.2) ;
− les barrages mixtes (eau souterraine et eau de surface) (figure 6.3).

TN

Couche peu
perméable

Figure 6.1 : Barrage de retenue d’eau de surface

TN

Couche
imperméable
Figure 6.2 : Barrage de retenue d’eau souterraine

180
TN

Couche
perméable

Couche
imperméable
Figure 6.3 : Barrage mixte (eau souterraine et eau de surface)

6.2.1.1.2. Les mares artificielles (figure 6.4)

Elles sont généralement de dimension réduites et sont creusées dans les bas-
fonds à sol profond et colmatés. Les eaux sont destinées :

− à l'arrosage de petits jardins ;


− à l'approvisionnement en eau ;
− à l'artisanat.

6.2.1.2. Les ouvrages d’épandage de crues

6.2.1.2.1. Les micro-barrages à digue déversante (figure 6.5)

Leur vocation est principalement la culture inondée ou la submersion semi-


contrôlée. Ils permettent :

− la submersion des terres cultivables ;


− l'arrêt de l'érosion et la reconstitution des sols.

6.2.1.2.2. Les micro-barrages à digue filtrante (figure 6.6)

Ces ouvrages permettent selon les cas :

− une bonne infiltration de l'eau ;


− la submersion des terres cultivables.

181
a – Coupe en travers

b – Vue en plan

Figure 6.4 : Mares artificielles

Figure 6.5 : Digue déversante

Figure 6.6 : Digue filtrante


182
6.2.1.3. Les micro-barrages à fonctionnement mixte :
Déversant/filtrant (figure 6.7)

Ce sont des digues filtrantes partiellement colmatées "en pied". Elles permettent
de cumuler les avantages des deux types précédents.

Figure 6.7 : Digue déversante/filtrante

6.2.2. Etablissement d’un projet

6.2.2.1. Les étapes de la conception

L'organisation se fera suivant le schéma que voici:

− comprendre et analyser la demande ;


− étudier et analyser le milieu ;
− déterminer les objectifs ;
− déterminer le type d'ouvrage adapté à la situation ;
− repérer et visiter les sites ;
− choisir la technique de construction ;
− réaliser les études techniques ;
− évaluer les conséquences de l'aménagement ;
− organiser et préparer l'action.

6.2.2.2. Etude du milieu

6.2.2.2.1. Documents disponibles

− Les photographies aériennes : relief, organisation du paysage, géologie,


hydrologie, végétation, etc.
− Les cartes thématiques : cartes topographiques, routières, hydrologiques.
− Pédagogiques, géologiques, de végétation, climatiques, etc.
− Les relevés et les études climatologiques: pluviométrie, évaporation,
ensoleillement, régime des vents, etc.

183
− Documents divers : ces documents peuvent provenir des travaux de recherche,
d'étude de projet, de stage, etc.
− Les photographies aériennes et les cartes sur les milieux humains et agricoles :
habitat, communication, zone cultivée, etc.

6.2.2.2.2. Personnes ressources

− Activités de développement : agronome, pédologue, géologue, sociologue,


géographe, etc.
− Activités de recherche : agronome, pédologue, géologue, sociologue, géographe,
etc.
− Activités administratives : Préfet, sous-préfet, agent administratif (chef canton
chef de village).

6.2.2.2.3. Savoir paysan

− Les notables
− Les masculins et les féminins
− Les anciens et jeunes
− Ethnie et clan etc.

6.2.2.2.4. Observation par soi-même du terrain

Elle permet d'affirmer ou de vérifier les informations et de découvrir le milieu à


étudier.

− Découverte du paysage : Crète, versant, bas-fond, quartier, village, zone de


culture.
− Compréhension de chaque unité : que cultive-t-on sur les versants, les plateaux,
les bas-fonds? Pourquoi? Comment? Caractéristiques de la zone : pente, type de
sol, érosion, fertilité et dégradation.
− Découverte le milieu rural : parcelle, travaux agricoles, éléments de culture.

6.2.2.3. Etude du site

6.2.2.3.1. Situation et plan de bas - fond : plan de masse

Localiser le bas - fond dans l'espace du paysage villageois. Cette localisation


peut se faire à partir d'une carte (figure 6.8).

184
Figure 6.8 : Localisation du site dans le paysage

6.2.2.3.2. Configuration du site : topographie

Des levés topographies de la zone permettent de connaître la configuration du


site :

− plan de situation : on y mentionne : le cours d'eau, les courbes de niveau, la


position des habitations, le tracé, les points particuliers (figure 6.9) ;

185
− profil en travers de l'axe du d'eau : on y mentionne le tracé du bas - fond de la
cuvette, les hauteurs relatives des point relevés (figure 6.10) ;
− profil en long de l'axe du cours d'eau (figure 6.11).
Il permet de connaître de l'amont vers l'aval, les caractéristiques du terrain
(pente, rupture de pente) on y mentionne les mêmes choses que sur le profil en travers.

- pente longitudinale : 0,5%


- pente latérale : 3,5%
- surface du plan d’eau à la côte 101 m = 60 000 m2
- périmètre de la cuvette de retenue : 950 m
- hauteur d’eau maximale : 3 m

Figure 6.9 : Exemple d’exploitation du plan de situation


186
- Longueur maximale autorisée du déversoir = 165 m Echelle verticale 1m
- Longueur mouillée du barrage plein : l = 165 m
- Hauteur d’eau maximale = 3 m Echelle horizontale 10m
- Hauteur d’eau hors ravine = 2,5m

Figure 6.10 : Exemple d’exploitation du profil en Travers de l’axe du marigot : profil en


long dans l’axe de l’ouvrage

- Longueur maximale du plan d’eau = 490 m Echelle verticale 1m


- Hauteur d’eau maximale = 3 m
- Pente du marigot dans la cuvette de retenue d’eau = 0,6% Echelle horizontale 50m

Figure 6.11 : Exemple d’exploitation du profil en long dans la cuvette (axe du marigot)

187
6.2.3. Différents types de barrages

6.2.3.1. Les barrages en terre

Il existe trois types :

− les digues homogènes (figure 6.12) ;


− les digues à noyau étanche (figure 6.13) ;
− les digues à masque amont avec membrane d'étanchéité souple (figure 6.14).

Figure 6.12 : Barrage en terre – Digue homogène

1 Protection du talus amont


2 Matériau assez perméable
3 Noyau argileux imperméable
4 Protection du talus aval
5 Drain filtre
6 Tranche d’ancrage et d’étanchéité de profondeur variable
Le drain filtre peut être arrêté contre le talus aval du noyau étanche au
niveau normal de la retenue, c’est-à-dire à la côte du seuil du déversoir ce
qui permet une économie.
Figure 6.13 : Barrage en terre à noyau étanche (Coupe en travers)

188
1 Perré épais (0,5 m) 5 Terre de la digue
2 Couche de protection (0,2 m de sable) 6 Perré de couronnement du barrage
3 Couche de pose (0,2 m de sable) (facultative) 7 Tranchée d’étanchéité en argile
4 Membrane souple

Figure 6.14 : Barrage à masque amont avec membrane souple d’étanchéité (Coupe en
travers)

La terre à compacter est constituée de:

- argile 20 % (φ ≤ 2 mm)
- limon 15 %
- sable fin 45 %
- sable grossier 20 %

6.2.3.2. Barrages en gabions et enrochements (figure 6.15)

6.2.3.2.1. Caractéristiques

Les gabions sont des cages en grillage galvanisé qui a la forme d'un
parallélépipède rectangle remplie de pierres.
Un barrage en gabion est un ouvrage en zones hétérogènes :

− à l'amont la digue est un remblai de terre compactée ;


− l'aval la digue est un massif pierreux en enrochements ouvert de gabion ou
totalement gabionné.
Les barrages en gabion sont à déversoir total (lame d'eau déversant passant sur
la quasi totalité de la digue).

189
a) Coupe en travers
1 Massif de terre compactée 6 Massif de gabions et/ou enrochement
2 Perré gravillonné sur couche de pose 7 Parement aval
3 Butée du perré 8 Bassin de dissipation
4 Tranchée d’ancrage et d’étanchéité 9 Tapis filtrant
5 Filtre 10 Enrochement parafouille

b) Position et caractéristiques des


drains et des filtres

Figure 6.15 : Barrage en gabions et enrochements

190
6.2.3.2.2. Avantages

− Ouvrages souples et déformables. Ils sont bons pour les fondations peu stables.
− Technologie de mise oeuvre éléments pierreux adaptés aux villageois.
− Gabions réalisables par des ateliers artisanaux.

6.2.3.2.3. Inconvénients

− Le déversoir total condamne la zone cultivables de l'aval de l'ouvrage.


− Lame d'eau déversant d'épaisseurs inférieures à 70 cm.

6.2.3.3. Barrages en maçonnerie de moellons (figure 6.16)

6.2.3.3.1. Caractéristiques

− Lame d'eau déversante inférieure à 50cm


− Hauteur inférieure à 4m
− Longueur inférieure à 200m
− Capacité de stockage variable
− Parement amont : mur d'étanchéité vertical
− Parement aval : pente 1/1 ou
gabion en marches de 50cm x 50cm.

6.2.3.3.2. Différente types de barrages en maçonnerie

− Barrage à talus aval en pente.


− Barrage à aval en gradins.

6.2.3.4. Digues déversantes (figure 6.17)

Le massif aval est en béton cyclopéen :


Ciment (CPA) 350kg
Sable 420l
Gravier 420l
Pierraille 210l
Eau 300l

191
Figure 6.16 : Barrage en maçonnerie de moellons

192
Figure 6.17 : Digues déversantes

193
6.2.3.5. Digues filtrantes (figure 6.18)

Figure 6.18 : Digues filtrantes

194
Figure 6.18 (suite) : Digues filtrantes

6.2.3.6. Digues mixtes (figure 6.19)

Figure 6.19 : Ouvrage mixte filtrant - déversant

195
6.2.4. Conception de l’ouvrage

6.2.4.1. Le bassin

6.2.4.1.1. Capacité

La capacité du bassin se détermine à partir :

− de la surface du bassin versant;


− de la crue décennale : crue que l'on risque d'observer en moyenne tous les 10 ans;
− de la crue du projet : crue maximale admise pour le projet. On a :

Qprojet = C .Q10

Q10 : crue décennale


Qprojet : crue du projet
C : coefficient

C : 1,45 pour les risque élevés


C : 2 à 2,5 ou 3 pour les risques faibles.

Souvent on prend Q projet = Q 100


Q100 : crue centennale

6.2.4.1.2. Perméabilité du bassin

Des sondages permettent de juger la perméabilité des terrains.

6.2.4.1.3. Dépôts solides (figure 6.20)

Ces dépôts sont :

− des débris organiques ;


− sables, limons, argiles.

6.2.4.2. Evacuateur de crues

6.2.4.2.1. Caractéristiques

Il est formé (figure 6.21) :

− d'un déversoir ;

196
− d'une zone de réception en pied de barrage où l'eau est contrôlée et perd son
énergie érosive ;
− d'un coursier qui conduit l'eau au chenal.

Figure 6.20 : Dynamique des apports solides dans une cuvette

197
Figure 6.21 : Evacuateur de crue

6.2.4.2.2. Différents types d'évacuation

− Evacuateur central (figure 6.22).


− Evacuateur latéral (figure 6.23).
− Evacuateur de crue en béton (figure 6.24).
− Evacuateur de crue en gabion (figure 6.25).

198
Figure 6.22 : Evacuateur central

Figure 6.23 : Evacuateur latéral

199
Figure 6.24 : Evacuateur de crue en béton cyclopéen ou maçonnerie pour petits barrages
en terre

200
Figure 6.25 : Exemple de déversoirs gabionnés pour petit barrage en terre

6.2.4.3. La digue

6.2.4.3.1. Infiltration dans la digue : Drains et filtres (figure 6.26)

− Tracé de la ligne de saturation : trajectoire de la goutte d’eau la plus haute.


− Mise en place des drains et filtres constitués de sable, de gravier et de pierrailles.
Leur rôle est d'évacuer les eaux d'infiltration à l'extérieur de la digue et d'éviter

201
que ces eaux ne détériorent le massif des terres compactées et évitant le transport
par les eaux des éléments fins

Figure 6.26 : Drains et filtres

6.2.4.3.2. Infiltration sous la digue (figure 6.27)

L'eau d'infiltration ne doit pas atteindre l'aval du barrage mais sous le massif de
gravillons ou d'enrochement ou l'eau de résurgence est évacuée sans dommage.
Pour ce faire, la règle de Lame doit être vérifiée.

6.2.4.3.3. Protection de la digue (figure 6.28)

− La protection de talus amont se fait généralement par perré gravillonné.


− La protection du talus aval se fait généralement par enherbement.
− La protection de la crête est fonction de son rôle.

202
Figure 6.27 : Infiltration sous la digue

203
Figure 6.28 : Type de protection de la digue

6.3. LES RESERVOIRS

6.3.1. Généralités

6.3.1.1. Définition

Un réservoir est une enveloppe contenant un liquide. Ce liquide est


généralement de l’eau et parfois des liquides autres que l’eau, on peut trouver le vin, la
bière, le lait, les hydrocarbures, etc.
Ces réservoirs peuvent être :

− soit posés sur le sol, soit légèrement ou complètement enterrés, soit sur une
superstructure ;
− soit sur des pylônes de grande hauteur (châteaux d’eau) ou sur des bâtiments.
Ces réservoirs peuvent être découverts (bassins) ou munis d’une couverture.

204
6.3.1.2. Formes en plan

La forme en plan peut être quelconque. La plupart du temps, les petits


réservoirs sont carrés ou rectangles, bien que la forme circulaire soit la moins
coûteuse.
Par conséquent il serait irrationnel de chercher pour un réservoir une forme
autre que circulaire.
Parfois des considérations esthétiques conduisent aussi au choix des autres
formes.
En ce qui concerne les dimensions, elles sont fortes bien variables selon
l’utilisation du bassin. Ainsi par exemple pour les réservoirs d’eau potable, la hauteur
h varie de 2 m pour les petits réservoirs à 11 m pour les gros.
Les exigences techniques à satisfaire dans la construction d’un réservoir sont :

− Résistance : Le réservoir doit dans toutes ses parties, équilibrer les efforts
auxquels il est soumis.
− Etanchéité : Il doit constituer pour le liquide qu’il contient un volume clos sans
fuite. Il doit donc être étanché, c’est-à-dire non fissuré ou fissuré dans les
conditions acceptables (ne permettant pas des fuites).
− Durabilité : Le réservoir doit durer dans le temps, c’est-à-dire que matériau (béton
pour la plus part des cas) dont il est constitué doit conserver ses propriétés initiales
après un contact prolongé avec le liquide qu’il est destiné à contenir.
− Revêtement : Le revêtement intérieur, s’il protège le béton sous jasent doit aussi
protéger le liquide de l’influence du béton.

6.3.1.3. Effets à prendre en compte lors du dimensionnement


des réservoirs

Ils sont de différentes natures :

− poids propre du réservoir et de ses ouvrages annexes ;


− charge due au liquide contenu ;
− poussée des terres ;
− surcharges divers d’exploitation ;
− variations de température ;
− influence du retrait ;
205
− effets climatiques : vent ;
− influence des séismes.

6.3.1.4. Classification de réservoirs

On peut les classer selon :

6.3.1.4.1. La position du réservoir par rapport au sol.

− Au niveau du sol (ou très peu enterré) : le radier du réservoir est toujours placé au
contact du sol sur un béton maigre de 5 à 10 cm d’épaisseur.
− Dans le sol (enterré) : une fouille déterminera la position du radier en profondeur.

Sol

a) au sol b) peu enterré

c) enterré

Figure 6.29 : Position du réservoir par rapport au sol

− Sur poteaux (légèrement surélevé).


− Sur pylônes ; cas des châteaux d’eau.
− Sur bâtiment : ce peut être là une façon économique d’utiliser quasi gratuitement
un pylône existant pour alimenter non seulement le bâtiment porteur lui-même,
mais ceux voisins d’un niveau inférieur.

6.3.1.4.2. La forme de la cuve

− Les réservoirs carrés ;


− les réservoirs rectangulaires ;
− les réservoirs circulaires ;
− les réservoirs de forme quelconque.

206
6.3.1.4.3. Selon le mode de fermeture

− Les réservoirs non couverts (bassin);


− les réservoirs couverts.

6.3.1.4.4. Selon la complexité de la construction

− Les réservoirs simples ;


− les réservoirs multiples ;
− les réservoirs superposés ;
− les réservoirs superposés et multiples.

6.3.1.4.5. Selon l’usage

− Les réservoirs d’emmagasinement quand il s’agit seulement de liquides divers ;


− les bassins de traitement (pour épuration des eaux usées) ;
− les bassins sportifs (piscines).

6.3.1.4.6. Selon la nature du liquide conservé

− Les réservoirs à eau ;


− les cuves à vin, bière, cidre, etc. ;
− les citernes à produit noir (goudron, bitume) ;
− les réservoirs à hydrocarbure (pétrole, essence, huile minérale).

Notons que pour les bassins, la question de leur aspect n’a pratiquement pas
besoin d’être évoqués. Dans le cas des réservoirs au sol, la côte esthétique ne peut plus
être négligé. Mais c’est dans le cas des châteaux d’eau que le souci esthétique doit être
primordial ; une telle construction devant être absolument une ″œuvre d’art″.

6.3.2. CONCEPTION GENERALE DES RESERVOIRS

6.3.2.1. Bassins rectangulaires posés sur le sol

On distingue de petits et de grands bassins.

207
6.3.2.1.1. Petits bassins

Ils comportent un radier et des parois avec goussets d’angles, horizontaux et


verticaux. Les parois sont d’épaisseur constante ou variable avec un minimum de 7 cm
en haut.

Figure 6.30

6.3.2.1.2. Bassins de grandes dimensions horizontales

* Le radier peut être réalisé de différentes façons :

Figure 6.31 :

Les charges des parois peuvent être réparties sur le sol par un radier plus ou
moins épais, par un radier nervuré ou par un radier en quadrillage. On préfère
généralement le radier épais bien qu’il conduise à un volume important de béton car le

208
terrassement est beaucoup plus simple. Par ailleurs en très mauvais terrain, les deux
autres types nécessitent des coffrages perdus.

Figure 6.32 :

* Les parois peuvent être :


− d’épaisseur variable ; c’est la solution la plus simple ;
− stabilisées par des consoles extérieur dans le cas des grandes hauteurs (h>3m).
La paroi peut alors être plane avec ou sans nervures horizontales ou courbe avec
voûte tendue ou mieux comprimée.

Figure 6.33 :

Les consoles peuvent aussi être encastrées sur les poutres du radier et si le
radier est quadrillé ou sur une bascule permettant l’équilibre sont le radier comporte
des joints.

209
Figure 6.34 :

6.3.2.1.3. Bassins de grandes dimensions verticales (figure 6.35)

Ils peuvent être réalisés :

− en paroi d’épaisseur constante ou variable ;


− en paroi mince avec raidisseurs extérieurs horizontaux ;
− en paroi mince avec poutre orthogonales.

6.3.2.2. Bassins circulaires posés sur le sol

6.3.2.2.1. Petits bassins

On les traite comme les bassins rectangulaires.

6.3.2.2.2. Bassins de grandes dimensions horizontales

Le radier est, soit une dalle pleine, épaisse, soit une dalle mince sur quadrillage
de poutres orthogonales (figure 6.36)
Jusqu’à 20 à 30 m de diamètre, la paroi encastrée sur le radier est d’épaisseur
constante ou variable.
Au-delà de 30 m, les déformations prennent une telle importance qu’il vaut
mieux recourir aux voûtes, comme dans le cas des réservoirs rectangulaires.

210
Figure 6.35 :

211
Figure 6.36 :

6.3.2.2.3. Bassins de grandes hauteurs

La paroi d’épaisseur variable constitue la solution la plus satisfaisante.


Notons qu’on peut remarquer des bassins de formes quelconques posés sur le
sol par l’intermédiaire soit d’un radier polygonal, soit d’un radier à courbure variable
continue.

Figure 6.37 :

6.3.2.3. Réservoirs rectangulaires posés sur le sol

Un réservoir diffère d’un bassin par le fait qu’il est couvert. Notons qu’ici les
charges sont plus importantes ; mais le radier d’un réservoir se traite exactement
comme celui d’un bassin.
Il en va différemment quelquefois des parois.
La couverture est organisée comme un plancher. Pour des réservoirs de grandes
dimensions en plan, l’appui de la couverture sur les parois extérieures ne suffit plus.
On doit prévoir des poteaux intérieurs et un système de poutraison orthogonale. Les
panneaux entre poutres peuvent être des dalles planes ou des voûtes minces en bonnet
d’évêque.

212
Figure 6.38 :

6.3.2.3.1. Petits réservoirs

Les parois sont d’épaisseur constante. Elles prennent appuis sur le radier et la
couverture.

6.3.2.3.2. Réservoirs de grandes dimensions en plan

Jusqu’à 3 m et même 3,5 m la dalle mince avec nervures verticales extérieures


conduit à une solution économique.

6.3.2.3.3. Réservoirs de grande hauteur

Ils se traitent comme nous l’avons vu pour les bassins du type correspondant.

6.3.2.3.4. Très grands réservoirs

L’exécution de parois planes étanches n’est possible qu’avec les petits


réservoirs. Pour les grands réservoirs cela devient impossible car on ne peut pas
exécuter sans joint de dilation des éléments de béton armé dépassant 25 à 30 mètres. Il
vaut mieux dans ce cas des structures permettant des libres mouvements de dilations et
de retraits. Considérons par exemple la couverture d’un très grand réservoir,pour la
largeur transversale importante, l’allongement des tirants sera très important, et surtout
pourra être très différent d’un tirant à l’autre, pour des raisons suivantes :

213
− les aciers ne sont pas toujours rigoureusement rectilignes, ils présentent le plus
souvent des brisures locales pouvant influer sur leur allongement ;
− les liaisons en tête de contreforts peuvent ne pas être rigoureusement identiques ;
− le module d’élasticité du béton peut être très variable

Il convient alors d’utiliser la souplesse de déformation des voûtes minces, qui


peuvent se déformer par simple variation de courbure sans introduction d’efforts
parasites générateurs de fissures. Les parois sont alors constituées soit :

− par des contreforts massifs, régulièrement espacés soit pleins, soit évidés
− par des voûtes cylindriques entre contreforts, concaves, ou convexes à
génératrices verticales, ou inclinées.

Figure 6.39

Chaque voûte entre contreforts est alors autonome quant à ses déformations. La
réalisation du radier ne présente aucune difficulté si le terrain est très résistant. Dans le
cas contraire, il est intéressant de profiter, là aussi des possibilités des voûtes pour
réaliser le radier à l’aide des voûtes symétriques de celles de la couverture.
214
Figure 6.40

6.3.2.4. Réservoir circulaire posé sur le sol

6.3.2.4.1. Petits réservoirs

Les réservoirs classiques, comportent un radier plein, des parois pleines,


d’épaisseur constantes ou variable et une calotte de couverture avec une ceinture ou
une dalle. Là encore il n’est guère prudent à cause des déformations et donc des risque
de fuites de dépasser 30 m de diamètre

Figure 6.41

6.3.2.4.2. Réservoir de grandes dimensions en plan D > 30 m

On adopte la paroi auto stable, comme dans le cas des grands bassins. Des
poteaux pour soutenir la couverture sont nécessaires, comme pour les réservoirs
rectangulaires.

215
Figure 6.42

On peut couvrir soit par des dalles sur poutraison orthogonal soit mieux à l’aide
d’une coupole centrale et ou plusieurs voûtes toriques périphériques.

6.3.2.4.3. Réservoirs de grande hauteur

On adopte généralement les dispositions de la figure suivante.

Figure 6.43

6.3.2.4.4. Très grands réservoirs

Les impératifs sont les mêmes que ceux des réservoirs rectangulaires à savoir,
libre dilation des parois des couvertures et des radiers.
Le problème devient extrême complexe pour les grands volumes.

216
La fondation de ces grands réservoirs peut présenter quelquefois des difficultés
en mauvais terrains. Le système constructif de coupole peut alors s’appliquer
économiquement, pour le fond du réservoir.

6.3.2.5. Réservoir surélevé

6.3.2.5.1. Réservoir rectangulaire sur pylône

L’organisation des réservoirs rectangulaires surélevés est pratiquement la même


que celle des cuves des réservoirs rectangulaires posés sur le sol.
Bien entendu le radier qui porte le liquide contenu peut être soit une dalle plus
ou moins épaisse, soit une dalle à nervures parallèles, soit une dalle à nervures
orthogonales.
Le pylône lui-même peut être constitué :

− par un voile mince plein, voûte ou non


− par des poteaux : verticaux ou ayant un fruit, entretoisés ou non par un ou
plusieurs cours de poutres horizontales. On dispose généralement 4 poteaux.

Figure 6.44 :

Autrefois, la cuve était posée en tête de pylône sur des poutres de contour
ceinturant le poteau.
Un moyen d’accès à la cuve doit être prévu : escalier en échelle.
Dans le cas des grands réservoirs sur pylône, il y a lieu, bien entendu, de pendre
les mêmes précautions que dans celui des grands réservoirs posés sur le sol, c’est-à-
dire de permettre le libre jeu des forces élastiques, des dilatations et du retrait.

217
Deux moyens sont possibles :

− réaliser vers le centre de la cuve, deux portiques doubles, rigides sur 4 poteaux et
articuler en tête et en pied tous les autres poteaux (articulations sphériques) ;
− réaliser sur chacun des faces, des palées rigides entre deux ou trois poteaux (avec
voilée ou échappe) et articuler tout le poteau en tête et au pied (articulation
sphérique) sauf ceux des palées dont les articulations en tête seront cylindrique.

6.3.2.5.2. Réservoirs circulaires (forme de révolution)

Nous avons donné des silhouettes de réservoirs circulaires surélevés ou château


d’eau, nous étudierons successivement la cuve puis le pylône.

• La cuve
On distingue trois parties :

− la partie principale de forma circulaire en plan ou paroi


− la couverture
− le fond avec la jonction au pylône

Parois

Selon la forme de sa courbe méridienne, la cuve peut affecter différents


aspects :

− cylindrique (a)
− conique : soit vers le bas (b) ; soit vers le haut (c) avec un épanouissement vers le
haut (d) ou vers le bas (e)
− cylindro-conique (f)
− en tulipe (g)
− hyperbolique (h)
Toutes ces formes peuvent être lisses ou au contraire munies de nervures
verticales ou inclinées.

218
Figure 6.45

Couverture

Elle peut être constituée par :

− une dalle plate (pente 1 cm par mètre) ;


− une coupole sphérique ou parabolique ;
− un cône ;
− un tronc de cône ;
− une dalle plate avec arrondis ;
− une coupole plate avec arrondis ;
− une demi – sphère ;
− un ellipsoïde de révolution ;
− un cône et une coupole ;
− un tore et une coupole ;
− une dalle et une coupole ;

A la jonction couverture – paroi, on dispose une ceinture circulaire.

219
La couverture est dotée de différents organes : Cheminée d’accès, trappes de
visites, dispositifs d’aération.

Figure 6.46

Fonds

Le fond se traite soit en dalle épaisse plane, soit en coupole comprimée soit en
coupole tendue ou en tronc de cône, soit en coupole avec tore périphérique.
Des ceintures sont aménagées en fond de cure à l’intersection avec les parois
d’une part et le pylône d’autre part.
La cuve peut comporter plusieurs compartiments, deux généralement, de
capacités égales ou différentes. La division s’opère à l’aide de voiles cylindriques ou
comiques placés ou non au droit des ceintures

Figure 6.47 :

220
• Pylône
Le pylône support de cuve peut revêtir deux aspects pylône sur poteaux ou
pylône sur tour.

Poteaux

Le nombre de poteaux varie selon l’importance de la cuve : trois est un


minimum qui peut présenter de gros avantages sur mauvais terrain, la stabilité étant
toujours assurée. Les petits réservoirs en ont couramment 4, 6 ou 8 (quelquefois : 10 à
12). On dépasse rarement ce chiffre, sinon il faut disposer la cuve sur deux couronnes
concentrique de poteaux. Si l’escalier est prévu en tour, celle-ci constitue un autre
poteau. La section transversale des poteaux peut être quelconque, mais le plus
généralement : carrée, circulaire, rectangulaire ou en lame mince. Ils peuvent être
verticaux ou inclinés, s’évasant vers le haut ou vers le bas.

Figure 6.48 :

221
Tour
La tour peut être constituée par :

− un simple voile mince d’épaisseur variable ou constante


− un voile mince raidi par des nervures verticales intérieures et extérieures
− un voile mince raidi par des nervures horizontales ; intérieures.

La première disposition est moins coûteuse pour les petits réservoirs. Le


deuxième donne une silhouette d’excellent aspect.
La troisième peut être intéressante dans le cas de très gros réservoirs de grande
hauteur elle permet de parer, mieux que les voiles minces seul, aux efforts
d’ovalisation dus au vent.
La tour peut continuer plus ou moins le profil de la cuve ou, au contraire, d’être
franchement différente. Cette forme peut être (figure 6.49) :

− cylindrique ;
− conique évasée en haut ;
− conique évasée en bas ;
− cylindro-conique ;
− hyperbolique.

On peut aussi réaliser une combinaison de tour et de pylône.


Rien de particulier n’est à signaler pour les fondations : semelles continues ou
isolées, radier, puits ou pieux selon le cas.

6.3.3. Revêtement, isolation et étanchéité

Les conditions climatiques extérieures, la nature du fluide emmagasiné , la


nécessité de le conserver sans fuite et aussi l’aspect recherché peuvent imposer
certaines dispositions concernant : les revêtements intérieurs et extérieurs de la cuve,
de la tour ou du pylône – support.

222
Figure 6.49

6.3.3.1. Fonction à assurer

Certaines concernent les revêtements extérieurs, d’autres les revêtements


intérieurs. En ce qui concerne les revêtements extérieurs, il faut s’occuper tout d’abord
de l’esthétique recherchée et ensuite de la nécessité de prévoir, pour certains fluides,
une protection thermique appropriée.
Les revêtements intérieurs des réservoirs, doivent assurer une étanchéité
parfaite et protéger le béton au contact du fluide emmagasiné, qui peut être nocif.

6.3.3.2. Revêtements extérieurs

Ils sont généralement inutiles, le béton des parois pouvant être laissé brut de
décoffrage. C’est le cas en particulier des :

− cuves de traitement d’eaux usées ;


− piscines ;
− cuves à boissons alimentaires (vins, alcool) pour lesquelles on exige pour le
liquide conservé une température absolument constante ;
− cuves à produits noirs.

223
Dans les autres cas, il est généralement nécessaire de prévoir des enduits.
Dans le cas des grands réservoirs, l’expérience monte que l’inertie thermique de
la masse d’eau d’une part et de la masse de béton d’autre part, sont telles que les
variations de température de l’eau sont relativement faible et que par suite toute
isolation thermique est dans ce cas superflue. On estime généralement qu’au-delà de
800 à 1 000 m3, il n’y a pas à prendre de précaution spéciale.
Pour les petits réservoirs il faut donc isoler thermiquement la masse d’eau :
paroi fond, couverture.
Différentes procédés sont possible :

Paroi

− Lame d’air isolante entre deux parois de béton armé ;


− Paroi de briques creuses extérieure, introduite dans le coffrage ;
− Paroi de brique (creuses ou pleines) construite extérieurement avec vide d’air.

BA BA BA
Briques
creuses Briques

couche
Vide d'air isolante
Figure 6.50 :

Couverture

La méthode utilisée pour la protection thermique de la couverture consiste à


prévoir une couche de terre de 30 à 60 cm d’épaisseur qui apporte en plus une inertie
thermique importante.

Figure 6.51

224
On peut adopter la protection analogue a celle réalisée pour la paroi, soit couche
de briques creuses, soit isolement moderne ; de toute façon une précaution s’impose :
c’est d’éviter absolument l’introduction d’eau de pluie dans la couche de protection ce
qui réduit sérieusement ces qualités isolantes. Il faut donc réaliser une protection
d’étanchéité, par un enduit au ciment (dosage 600 kg/m3) grillagé avec papier kraft
sous jase, pour éviter l’imprégnation de l’isolation par l’eau de gâchage.

6.3.3.3. Revêtements intérieurs

Les deux fonctions, protection du béton et étanchéité, seront examinées pour


chaque cas d’espèce en fonction du liquide emmagasiné.

6.3.3.3.1. Réservoir d’eau potable

L’eau potable n’attaque pas le béton lorsqu’elle est presque toujours légèrement
ou franchement alcaline. Il convient seulement, par conséquent, que les cuves soient
étanchéité ainsi différents procédés sont utilisés :

− Etanchéité obtenue dans la masse même du béton avec un dosage (l’ordre de 400
kg/m3), une granulométrie et une mise en œuvre appropriées, il faut donc faire un
béton plein (et non seulement compacte, car celle-ci pourrait être creux) à
minimum de grains fin et enduire au minimum sino totalement.
− Enduit au mortier de ciment dégrossissage et le second enduit proprement dit. Le
dosage, autrefois classique, était de 1 000 à 1200 kg de ciment par m3 de mortier.
Il semble qu’on puisse réduire beaucoup de 600 à 800 kg par exemple.

6.3.3.3.2. Réservoirs d’eaux usées

Ces cuves peuvent être dangereux par l’hydrogène sulfuré qu’elles peuvent
contenir qui est fixé par l’hydrate de calcium du béton et du mortier sous forme de
sulfure de calcium et ensuite oxydé pour donner du sulfate de calcium, ou transformé
directement en acide sulfurique. Dans ce cas la protection se fait avec les revêtements
étanches que nous avons vus précédemment. Mais il y a toujours intérêt à mettre le
réservoir en service, le plus longtemps possible après durcissement du mortier pour
que la carbonatation ait le temps de ce faire.

6.3.3.3.3. Réservoirs d’eau de mer

Béton et enduit se traitent comme cela est devenu classique pour les travaux à la
mer :

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− ciments spéciaux ;
− béton et mortier très pleins, éviter les reprises ;
− long durcissement avant la mise en service ;
− protection sérieuse des armatures par le béton 4 à 5 cm.

De plus un enduit bitumineux est requis.

Figure 6.52 :

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Figure 6.53 :

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