ADHUC STAT (Rodolphe Navarro)
ADHUC STAT (Rodolphe Navarro)
ADHUC STAT (Rodolphe Navarro)
ADHUC STAT !
ALGDGADLU
Ding ! Tel est l’un des pictogrammes chinois qui désigne l’homme adulte, l’homme
accompli : un trait reliant la terre au ciel.
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Quelques notes de musique résonnent à mes oreilles, celle d’une cantate : la cantate
n° 199 de Jean-Sébastien Bach. Son titre « Mon cœur baigne dans le sang » n’est
pas très engageant ; n’étant pas grand amateur de musique baroque, il s’agit pour
moi d’une œuvre chargée et difficile d’accès. Elle fait partie des « cantata da
chiesa » traitant des souffrances du christ et des doutes du chrétien, elle a
cependant une particularité qui m’a particulièrement marqué : elle finit par une gigue
symbolisant l’espoir. Ceci pourrait parfaitement résumer le tableau du grade
d’apprenti au Rite Ecossais Rectifié, un rite chrétien par essence mais universel par
son message d’amour. Afin de renforcer ce caractère universel et intemporel je vous
propose donc de retrouver comme fil rouge de ce travail quelques citations d’un
personnage historique qui n’est ni chrétien, ni contemporain de Jean-Baptiste
Willermoz : Le mahatma Gandhi.
Chez les grecs et les romains les colonnes symbolisaient la relation entre l’homme et
les divinités, la relation entre la terre et le ciel, la reconnaissance de l’homme envers
la divinité, la puissance de Dieu en l’homme et la puissance de l’homme grâce à
Dieu. Elles représentaient aussi les limites d’un univers, le passage d’un monde à
l’autre.
Une colonne brisée symbolise généralement une mort violente survenue trop tôt, elle
symbolise aussi le deuil et la désillusion. Elle symbolise donc la première étape de
notre voyage et notre statut de cherchant : le désir de mettre fin à notre vie de
profane et de renaitre « maçoniquement ». Elle est ainsi la première marche à gravir
pour redevenir un « homme de désir ».
Mais cette colonne corinthienne, celle qui nous concerne, bien que brisée, reste
debout solidement ancrée sur sa base. L’espoir est donc permis et il ne s’agirait là
que d’un passage. Le rituel nous le dit : nous avons les moyens suffisants pour
retrouver notre état originel, à nous de savoir les employer.
La place du tableau de grade prend ici tout son sens : il est à l’orient, à l’endroit
même ou se trouve la lumière qui doit nous guider. La colonne brisée représente dès
lors la persévérance, l’effort d’élévation spirituelle par le travail.
« Adhuc Stat » traite donc de la chute adamique (la nature luxuriante du second plan
n’étant pas sans rappeler le jardin d’éden), de la quête de l’homme primordial et
donc notre capacité à redevenir ce lien spirituel reliant la terre aux cieux, de notre
capacité à retrouver la verticalité qui nous manque en parvenant à la réintégration
« L’homme est un dieu tombé qui se souvient des cieux » écrivait Lamartine.
La réintégration est le signe particulier du Rite Ecossais Rectifié, une doctrine stricte
et aride inspirée à Jean-Baptiste Willermoz par Martinez de Pasqually et empruntant
certains aspects à la stricte observance templière. Cette doctrine est axée sur l’état
originel, la condition actuelle et future de l’homme. Il s’agit d’un chemin spirituel qui
nous pousse à prendre conscience de notre état de cherchant, de persévérant et de
souffrant en s’appuyant sur une source biblique. Le Rite Ecossais Rectifié propose
d’emprunter le chemin inverse à celui décrit par René Guénon dans « La crise du
monde moderne » où « l’homme s’est détourné du ciel sous prétexte de conquérir la
terre », de redevenir un être spirituel : d’associer la divinité à l’homme et donc de
rétablir la colonne brisée.
Mais le tableau de grade nous rappelle surtout que la voie que nous avons choisi en
intégrant notre fraternité est axée sur le travail, la rigueur et l’exemplarité. Le travail
sur soi que l’on retrouve dans la gnose (appréhender le divin par la connaissance
intérieure). La rigueur et l’exemplarité qui sont sans doutes les emprunts les plus
marquants à la stricte observance templière :
« Personne n’a jamais vu Dieu ; si nous nous aimons les uns les autres, Dieu
demeure en nous, et son Amour est parfait en nous. Nous connaissons que
nous demeurons en Lui et qu’Il demeure en nous, en ce qu’Il nous a donné son
Esprit. »
« Celui qui n'aime pas n'a pas connu Dieu, car Dieu est amour »
(Première épitre de Jean)
J’ai dit.